Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 2 – Chapitre 6

Bannière de Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe ***

Épisode 6 : Illusion

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Épisode 6 : Illusion

Partie 1

Je m’étais levé du lit soudainement et j’avais regardé l’horloge sur le mur. Il était encore un peu plus de sept heures et j’avais poussé un soupir de soulagement.

En fait, j’avais eu peur là-bas, pensai-je.

Nous dormions habituellement à la belle étoile ou en camping, alors nous n’avions pas eu beaucoup de mal à trouver une place pour dormir. Je me sentais mal pour les gens qui étaient venus nous chercher, mais nous ne pouvions pas vraiment expliquer que nous devions nous réveiller de nos rêves.

« Je devrai m’excuser la prochaine fois que nous nous verrons. Il a eu la gentillesse de nous guider à travers la ville et nous a même acheté des brochettes. Je me sens mal pour lui, » déclarai-je.

J’avais vu le bras de Marie glisser sur le côté pendant que je murmurais ça. Elle m’avait enlacé tout à l’heure, mais elle dormait maintenant dans son pyjama bleu ciel, alors qu’elle était placée confortablement vers le haut.

Je voulais aussi continuer à dormir. Cependant, je devais aller travailler un jour de plus jusqu’à ce que le week-end arrive, et après ça, je pourrais profiter de mon petit voyage avec elle.

Ouais, je commence vraiment à me sentir motivé maintenant, pensai-je.

J’avais doucement posé sa main sur sa poitrine, puis j’avais quitté le lit en silence afin de ne pas la réveiller.

Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’était qu’un dragon légendaire se joindrait à nous pour ce voyage… Je ne pouvais pas imaginer ce qui allait se passer, et j’avais le sentiment que ce ne serait pas juste un « petit voyage ». Ce serait mal si elle commençait à s’énerver, mais il n’y avait pas lieu de s’inquiéter pour ça maintenant. Même si quelque chose arrivait, je ne pouvais rien y faire.

Je m’étais promené à pieds nus, alors que j’étais perdu dans mes pensées. Il était probablement préférable de décider de certaines choses qui n’étaient pas liées au voyage, comme ce qu’il fallait manger à notre retour. Elle pouvait manger une tonne d’après ce que j’avais pu voir, et je ne pensais pas qu’elle était trop difficile quand il s’agissait du choix de nourriture. Selon moi, la nourriture n’avait pas besoin d’être trop extravagante, mais je devais m’assurer que nous en avions assez.

« J’ai besoin de nourriture bon marché et savoureuse, et d’un tas d’autres choses. Je vais devoir y réfléchir un peu plus…, » murmurai-je.

Le curry serait le plus facile, mais on en avait mangé l’autre jour. Je voulais quelque chose qui venait de ce pays parce que nous venions de rentrer.

« Quelque chose de très populaire… Oh ! » m’exclamai-je.

Une idée m’était venue à l’esprit, alors au moins je n’avais plus à m’inquiéter de ça. Cela devrait répondre aux critères auxquels je pensais.

Il y avait une chose plus importante dans mon esprit. La Magi-Drake était peut-être magnifique, mais elle ne pouvait pas se promener dehors avec ses cornes et sa queue. Elle avait dit que ce ne serait pas un problème lorsque je lui en avais parlé hier, mais je me demandais ce qu’elle voulait dire par là.

J’étais en train de mettre du pain fraîchement grillé sur une assiette quand j’avais entendu un bâillement derrière moi. Mariabelle étirait ses membres, puis elle regarda autour d’elle avant de descendre du lit.

« Bonjour. Ai-je dormi tard ? Laisse-moi t’aider à préparer le petit déjeuner, » déclara Marie.

« Bonjour, Marie. Pourrais-tu préparer les assiettes ? » demandai-je.

Elle avait fait un geste. « Laisse-moi faire ! » alors qu’elle bâillait. Puis elle avait mis ses pantoufles et s’était approchée de moi.

La cuisine de mon appartement n’était pas très grande. Je n’avais qu’à me retourner pour voir la porte d’entrée, et il n’y avait qu’un pot de verdure qui marquait la limite de la cuisine. En raison de cet espace limité, nos fesses s’étaient heurtées l’une à l’autre au fur et à mesure que nous faisions nos préparatifs matinaux.

Pendant que j’ouvrais le frigo, les yeux féeriques de Marie me regardaient.

« Alors, à propos de la Magi-Drake… N’as-tu pas dit qu’elle avait une névrose maternelle ? Qu’est-ce qu’on fait d’habitude au Japon pour ça ? » demandai-je.

« Hmm, je pense que tant qu’elle peut s’amuser et oublier la garde de ses enfants, tout devrait bien se passer. Il faut qu’elle fasse des choses comme du shopping ou de mini vacances. Mais pour te le dire franchement, je ne suis pas sûr qu’elle puisse profiter du shopping juste après son arrivée au Japon, » répondis-je.

Je pense qu’il était juste de dire que quiconque venu au Japon en provenance de l’autre monde pour la première fois serait plutôt confus. Le fait d’aller faire des achats serait plus agréable après s’être habitué à ce monde.

Mais pour le dire franchement, ma raison principale était que je ne voulais pas dépenser d’argent, mais je n’avais pas besoin de lui dire cela…

« Je vois. Alors peut-être que ta suggestion de mini vacances était la meilleure solution. Mais cela demande aussi de l’argent, n’est-ce pas ? D’après ce que tu m’as dit, il ne semble pas que tu aies trop de marge de manœuvre pour dépenser ton revenu, » déclara Marie.

« J’en ai un peu de côté. C’est une bonne chose que nous ayons planifié notre voyage dans les environs. Il y a des sources chaudes là-bas, donc je suis sûr qu’elle va les apprécier, » répondis-je.

Le visage de la fille s’était marqué par un sourire. Puis elle avait applaudi et m’avait regardé d’un air joyeux.

« Je ne peux plus attendre ! Des sources chaudes japonaises entourées de verdure… J’adore les bains. Se détendre dans quelques sources chaudes semble si luxueux, » déclara Marie avec entrain.

Ouais, je le savais. Marie prenait toujours son temps à se baigner, et je l’entendais toujours fredonner là-dedans. Et c’était sans parler que les sources chaudes où nous allions étaient sensées guérir les blessures et les maladies.

Il semblait que la jeune fille avait complètement oublié de préparer le petit déjeuner à cause de toute cette excitation. Quand je lui avais parlé, j’avais eu l’impression qu’elle s’en était rendu compte et elle avait préparé la table en toute hâte.

J’étais moi-même très heureux de ce qui s’annonçait. Dès que j’aurais fini de travailler pour la journée, je serais libre de profiter des deux prochains jours. Malgré mon âge, je n’arrivais pas à contenir mon excitation.

Avec ces pensées en tête, j’avais rapidement préparé notre repas. J’avais placé les oignons et la viande hachée que je faisais cuire sur la poêle à frire dans une assiette séparée, puis j’avais fait fondre du beurre dans de la farine. Après ça, j’avais ajouté un peu de lait, je l’avais mélangé, puis j’en avais rajouté… Après avoir répété le processus plusieurs fois, cela avait commencé à se transformer en une sauce blanche et lisse. C’était ce que l’on appelait de la béchamel. Il avait fallu un peu de travail, mais je ne pensais pas que cela valait la peine de sortir et d’acheter de la sauce préfabriquée.

J’avais ajouté les ingrédients de tout à l’heure dans la sauce bouillante, puis j’avais mélangé les macaronis. J’avais juste besoin de transférer le tout dans une assiette résistante à la chaleur et d’ajouter un peu de fromage, puis c’était fini.

« Marie, tu réchauffes ça au four pour ton repas de midi, d’accord ? C’est juste un gratin normal, mais je pense qu’il aura bon goût quand il sera fraîchement cuit, » annonçai-je.

« Oh, de la nourriture cuite au four. La dernière fois, c’était si bon… C’est un peu gênant, mais je me suis dit : “Délicieux !” pour moi toute seule, » déclara Marie.

Oh, c’était plutôt sympa à entendre. Cuisiner était beaucoup plus gratifiant quand il y avait quelqu’un d’autre pour en profiter. Et c’était d’autant le cas avec Marie, car ses réactions étaient faciles à comprendre et j’avais l’impression que ma nourriture devenait cent fois plus agréable à manger.

« Je dois aller travailler, alors allons manger, » déclarai-je.

Nous nous étions assis à table et avions dit « Itadakimasu » ensemble. Puis nous avions commencé à manger notre petit déjeuner.

***

Oh oui, après mon départ pour le travail, Marie faisait apparemment les cent pas devant le four à l’heure du dîner, incapable de s’éloigner de l’odeur parfumée du fromage qui fondait. C’était un arôme que les enfants et les adultes pouvaient apprécier, et j’étais sûr qu’elle avait hâte de pouvoir le manger.

Elle avait soufflé sur le gratin chaud et l’avait mis dans sa bouche. La sauce fondante et crémeuse mélangée à du fromage grillé était appétissante et avait une saveur riche et délicieuse. La saveur douce du lait avait été considérablement rehaussée par le fromage salé. Après avoir enduré la chaleur qui avait failli lui brûler la langue, la saveur avait éclaté d’un seul coup. Elle avait saisi sa fourchette sans réfléchir, et elle avait fait un bruit inintelligible, puis s’était penchée sur sa chaise comme si toute l’énergie avait disparu de son corps. Par la suite, le son de ses mots « délicieuses… » avait pu être entendu pendant un moment.

***

Partie 2

Le Koto Ward s’était rapidement transformé alors que la nuit s’installait. Après une longue journée de travail, j’étais monté dans l’autobus qui me ramenait chez moi, un peu épuisé. Bien sûr, je n’étais pas en retard et j’étais sorti du travail à l’heure normale, mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter que Marie soit seule à la maison. Elle me disait tout le temps que j’étais vraiment surprotecteur, mais j’étais sûr que la plupart des gens ressentiraient la même chose s’il y avait une elfe dans leur chambre.

J’avais vu les lumières de la ville passer devant moi alors que j’y réfléchissais. Après plusieurs arrêts, mon téléphone avait vibré dans ma poche de poitrine. J’avais regardé l’écran et j’avais réalisé que mes préoccupations antérieures avaient été complètement inutiles.

« Kitase-san, où êtes-vous maintenant ? Marie-chan et moi allons regarder un film. Si vous êtes presque à la maison, aimeriez-vous vous joindre à nous pour le regarder ? »

Une jolie image m’avait été envoyée avec le message. Kaoruko devait donc l’aider à apprendre le japonais aujourd’hui. Elles devraient mieux s’entendre si elles traînaient encore ensemble si tard.

J’avais souri avec soulagement, puis j’avais tapé mon message sur l’écran de mon téléphone. « Je suis sur le point de rentrer chez moi, » lui répondis-je.

Le bus avait ralenti jusqu’à un arrêt. J’étais descendu de là, puis j’avais commencé à avancer sur le trottoir de mon immeuble. La porte actionnée par air comprimé du bus s’était fermée avec un « psssh… » et le bus était parti pour son prochain arrêt.

Pendant ce court laps de temps, une jeune fille était apparue sur un balcon et avait agité la main. Il semblerait que ses longues oreilles étaient cachées sous une bande pour les cheveux. Elle se tenait clairement sur la pointe des pieds pour me faire signe, et je ne pouvais m’empêcher de sourire en voyant ça.

Après avoir vécu seul si longtemps, j’avais été surpris de voir à quel point ma vie avait changé depuis sa venue.

« Ce soir, cela va être sympa. Je me demande quel genre d’anime nous allons regarder, » pensai-je à voix haute quand le signal au passage pour piétons devint vert et je me mis à marcher. Bien que je savais qu’elle cherchait un traducteur, il allait sans dire que mes pas étaient plus légers que d’habitude.

J’avais ouvert la porte après ça, et une fille avait couru vers moi avec excitation. Un peu plus tard, elle avait serré mon pyjama quand j’étais sorti du bain. Elle avait aussi récemment pris un bain et sa peau était vraiment rayonnante.

En regardant autour de soi, la sensation qu’il y avait quelque chose de différent était probablement due à la disposition. Il y avait un canapé pour se détendre dans le salon spacieux, et il y avait un grand téléviseur qui était sans comparaison possible avec la mienne si petite. C’était si spacieux, mais l’appartement avait deux chambres de plus. Cela m’avait fait réaliser à quel point le terme « 2LDK » était majeur. C’était à peu près deux fois plus grand que chez moi.

Hmm, c’est assez fou quand je le dis comme ça…

« La télé est si grande ! Viens ! Dépêchons-nous d’aller regarder l’anime ! » déclara Marie.

Marie sauta de haut en bas, tirant sur mon pyjama pour me pousser à avancer. Marie était clairement excitée, mais je voulais d’abord remercier Kaoruko, qui était assise là-bas avec un grand sourire.

« Merci de nous laisser utiliser votre bain, » déclarai-je.

« Oh, pas du tout. Il semblait que Marie-chan était impatiente de commencer. Elle étudiait si dur jusqu’à votre arrivée. Ça m’étonne de voir à quel point elle apprend vite, » déclara Kaoruko.

Elle jeta un coup d’œil à la table du salon, et quelques matériels d’écriture y avaient été soigneusement mis de côté. J’avais pris le cahier pour trouver tout ce que Marie avait appris ce jour-là, écrit à l’intérieur, puis j’avais hoché la tête.

Je m’étais tourné vers la fille qui avait hâte de commencer l’émission, lui parlant en japonais plutôt qu’en elfique.

« Bonsoir. Quel anime vas-tu regarder ce soir ? » lui demandai-je.

« B-Bonsoir. Euh, je vais regarder, un anime japonais très amusant, » répondit Marie.

Sa prononciation et son choix de mots étaient un peu maladroits, mais elle avait très bien fait passer son message.

Impressionné, je lui avais souri. « Alors, regardons-le ensemble. » Je lui avais tenu la main pendant qu’elle réagissait joyeusement.

Elle avait étudié sérieusement, alors je me devais de la récompenser. Je l’avais guidée jusqu’à la meilleure place sur le canapé, puis j’avais versé un peu du jus que j’avais apporté avec la permission de Kaoruko. Les préparatifs étant terminés, je m’étais assis à côté de Marie sur le canapé, comme elle me l’avait demandé.

Alors que Marie n’était toujours pas habituée à ce genre de divertissement, elle m’admirait avec une excitation enfantine. « J’ai hâte de voir un autre titre du même réalisateur. Je suis comme une enfant de bonne humeur, même si je suis une adulte. »

Attends, est-elle vraiment une adulte ? Elle donnait des coups de pied comme une enfant agissait comme une enfant à l’intérieur et à l’extérieur, et ses actions étaient plutôt enfantines… mais j’avais décidé de ne rien dire.

Voyant cela, Kaoruko gloussa depuis le canapé monoplace tout près.

« Mais c’est très étrange. Moi aussi, je suis excitée, comme si on m’avait ramenée à ma propre enfance. Je pense que c’est grâce à Marie-chan que je peux ressentir ça, » déclara Kaoruko.

J’avais acquiescé de la tête. Qu’il s’agisse de cuisine ou de cinéma, le fait d’avoir quelqu’un qui s’amusait vraiment autour de moi m’avait aussi apporté de la joie. C’était d’autant plus le cas si l’on considérait qu’elle appréciait quelque chose qui avait été produit par mon pays d’origine.

Je l’avais regardée en y réfléchissant, et elle avait tapoté mon genou quelques fois. C’était le signal qui me disait de commencer parce qu’elle ne pouvait vraiment plus attendre.

« Baisse-t-on la lumière pour le spectacle ? » demandai-je.

« Oui, s’il te plaît, » répondit Marie.

Kaoruko appuya sur un bouton de la télécommande, et la teinte de la pièce s’estompa avec un bip électronique. C’était comme si seulement la télé et nous trois existions dans la pièce. La fille avait applaudi alors que le film d’animation avait commencé à jouer.

Un bleu vif remplissait l’écran. Il était plus lumineux que le ciel bleu, et semblait être la couleur préférée de ce réalisateur. Il teignait la pièce dans un bleu similaire, et nous fixions l’écran comme si nous y étions aspirés.

Cela m’avait fait me souvenir de l’époque où ce film avait commencé à être regardable au cinéma, et j’avais tout simplement adoré ce moment. C’était comme si vous aviez tourné la page, pour arriver dans une toute nouvelle histoire alors qu’un monde inconnu se déployait sous vos yeux.

Cette fois, le commencement de la petite histoire était un peu plus tendu que les autres que nous avions vues. L’héroïne qui était apparue à l’écran affichait une expression sombre, et son environnement était aussi sombre que notre pièce. Un écho profond et grondant indiquait que ce n’était pas quelque part au-dessus du sol. Cela ressemblait à un bon vieux type d’anime à l’ancienne qui faisait directement appel aux émotions avec peu de narration.

L’elfe avait pu un peu comprendre la situation sans mon interprétation juste par les expressions du visage de la protagoniste et le mouvement dans son environnement.

À l’extérieur de la fenêtre se trouvait un monde de nuit, et de là, des personnages vêtus de noir avaient émergé. Les scènes d’un personnage fuyant les méchants étaient souvent utilisées dans les films, mais c’était une jeune fille impuissante qui s’était enfuie dans le cas présent.

Marie s’était raidie face à l’atmosphère tendue et s’était agrippée à ma manche sans réfléchir. Les ombres qui poursuivaient l’héroïne s’étaient rapprochées d’elle, puis elles étaient arrivées.

« Ah ! » s’écria Marie.

Marie était si surprise qu’elle s’était assise droite sur le canapé, les yeux fixés sur l’écran. Le long cri strident du navire qui avançait à travers les nuages ressemblait vraiment à une scène de cauchemar.

Mais l’incident ne s’était pas arrêté là. Des éclairages étincelants avaient été montrés sur l’écran comme pour annoncer le début du film, puis la musique avait commencé à jouer et le titre avait été affiché. Les yeux de Marie brillaient d’une certaine fascination.

« Wooow ! J’en ai la chair de poule… C’est vraiment comme un monde dans un livre d’images. Tout comme pour le dernier anime que nous avons regardé, la musique est si belle qu’elle fait bondir mon cœur, » déclara Marie.

J’avais ressenti la même chose. J’avais déjà vu cela de nombreuses fois auparavant, mais ce n’était pas à cause de la fréquence à laquelle je l’avais regardée que j’avais ressenti cela dans ma poitrine. Bien qu’il ait été difficile de mettre mes émotions en mots.

« C’est comme… il y a une histoire dans la musique. Une histoire sans mots ni lettres, ce qui la rend d’autant plus mémorable, » déclara Marie.

Elle avait posé sa tête sur ma poitrine, et son expression était celle d’une enfant qui était complètement immergée dans une histoire. Son visage semblait apprécier tous les messages des chansons qui faisaient battre nos cœurs.

L’elfe avait probablement été un peu décontenancée. La scène suivante avait été si tendue, mais l’atmosphère avait complètement changé avec l’apparition de l’autre protagoniste. C’était un jeune garçon énergique, et son sourire avait commencé à s’élargir lorsqu’il lui avait pris la main et lui avait ouvert la voie. C’était comme si elle apprenait à sourire pour la première fois, et son expression adorable avait aussi fait sourire Marie.

Finalement, la dernière partie de l’histoire s’était fait voir. L’histoire s’était remplie de personnages attrayants et les merveilleux véhicules qui étaient apparus avaient alors stimulé l’imagination des spectateurs.

Le dernier anime que nous avions regardé s’adressait aux enfants, mais il s’agissait plutôt d’un tour de montagnes russes qui, à première vue, semblait destiné aux jeunes enfants.

Le jeune garçon avait une énergie inattendue de la part de quelqu’un avec un si petit gabarit et avait plongé la tête la première dans le danger sans hésitation. Marie grimaçait chaque fois où elle voulait des scènes simples, mais dramatiques où il tombait et mourrait presque.

« Ah, hya ! Waaaah !? »

N’ayant pas l’habitude de ce genre d’action, elle s’était accrochée à moi pendant tout ce temps. Elle était positionnée comme si elle grimpait aux arbres, et je sentais son cœur battre contre moi.

« Ahh, j’aimerais que ce garçon se calme un peu… Ah, ah ! Ne bouge pas ! » s’écria Marie.

À ce moment-là, le sol sous le garçon avait disparu…

Marie avait réagi exactement de la même façon que l’héroïne. Ses lèvres se serraient et elle me serrait si fort que je pouvais à peine respirer. Son soupir de soulagement était parfaitement en phase avec la fille à l’écran, et elle était si mignonne que j’avais dû sourire.

L’analogie des montagnes russes s’appliquait non seulement à l’action, mais aussi à l’histoire elle-même. Jusque-là, il y avait eu des changements soudains dans les moments forts et les moments calmes, mais le point culminant était carrément intimidant et il y avait plein de scènes qui exigeaient toute l’attention du spectateur. Je sentais la tension de l’elfe qui me tenait comme si j’étais un oreiller.

C’était un peu difficile en tant qu’homme d’avoir son corps mou pressé contre le mien, mais j’avais réussi à continuer à expliquer les points clés comme si j’étais le narrateur. J’avais essayé de le rendre plus agréable pour elle au cas où elle ne comprenait pas les mots japonais utilisés là.

Elle avait continué à regarder fixement jusqu’à ce que l’histoire se termine enfin. Le méchant avait été vaincu avec succès, et une conclusion chaleureuse et mystique nous attendait. C’était la quintessence de l’idéal qui concluait une histoire fantastique.

« Haaah... »

Marie poussa un soupir de soulagement et glissa sur le canapé. La musique douce avait commencé à jouer comme si c’était une considération attentionnée de leur part. Les gens qui l’avaient regardé dans les salles de cinéma n’auraient probablement pas non plus pu se lever avant que le générique ne soit terminé.

Après une expérience aussi passionnante, cela nous avait donné envie de nous plonger dans de la musique douce.

La tête de la fille avait glissé le long de mon corps jusqu’à ce qu’elle repose sur ma cuisse. Avec l’étourderie de ses yeux et la légère courbure de ses lèvres, il était difficile de décrire l’expression de son visage à ce moment-là.

« Qu’en penses-tu, Marie ? » demandai-je.

Je lui avais caressé les cheveux alors que je lui avais demandé ça, et elle avait poussé un profond soupir.

« Cela me donne envie de dire que le Japon est le meilleur pays du monde. J’ai l’impression d’avoir gagné quelque chose en le regardant, comme une sorte de trésor précieux, » répondit Marie.

Oui, je savais ce qu’elle ressentait. C’était normal, et cela démontrait à quel point l’histoire et la fin étaient merveilleuses. Tant et si bien que j’avais déjà pu le regarder encore et encore.

Marie se retourna et me regarda directement. Il semblait qu’elle était encore trop capturée dans le monde de l’histoire pour rallumer les lumières. Je voulais attendre encore un peu qu’elle soit prête à revenir.

« Ouais… C’était plus voyant que le précédent, et c’est difficile à décrire, mais… c’était merveilleux. Les gens, les véhicules… et ce garçon diligent te ressemblaient tellement. C’est trop mignon, » déclara Marie.

« Hein, tu crois ça ? Pour être honnête, je ne pense pas que ce mot me décrive très bien, » répondis-je.

Elle avait ri face à ma réponse. Puis elle m’avait tendu la main avec son doigt pointant vers moi et m’avait touché le bout du nez.

« Vraiment ? Tu as peut-être l’air fatigué, mais c’est ce que je pense. Mais… Hm, ça te dérange si je dis quelque chose d’égoïste ? » demanda Marie.

Son ton était enjoué, mais il y avait de la sincérité dans ses yeux. Cela m’avait fait réaliser qu’elle était après tout une adulte, considérant que ce n’était pas souvent qu’elle me disait ce qu’elle avait en tête d’une telle façon depuis tout le temps que nous avions passé ensemble. Il était peut-être temps pour moi de lui tendre la main comme le garçon du film.

« Vas-y, » déclarai-je.

Ma réponse fut plus douce que je ne l’espérais, et nos deux yeux s’élargirent immédiatement. J’avais cherché une excuse, mais elle m’avait arrêté avec un doigt. Son doigt toucha mes lèvres, puis dans le même ton doux que le mien, elle chuchota en elfique.

« Je veux partir à l’aventure et voyager en terres inconnues avec toi. Et pour ce vieux donjon, c’est aussi le cas. Je ne peux plus contenir ma curiosité après avoir vu ce film, » déclara Marie.

« D’accord, Marie. Je t’emmènerai où tu veux, quoi qu’il arrive. Tu vas devoir reconnaître la grandeur de mes talents de pêcheur si nous voulons voyager ensemble dans des régions inexplorées, mais je suis sûr que cela ne te dérange pas, » déclarai-je.

Elle avait souri, et m’avait répliqué avec un joyeux, « Absolument pas ! ». Puis Mademoiselle l’Elfe avait donné des coups de pied dans les deux sens, toujours allongée sur mes genoux.

À ce moment-là, nous avions entendu quelqu’un se racler la gorge et cela nous avait fait sursauter. Nos yeux se tournèrent lentement vers la source du bruit. Kaoruko était assise là, le dos droit et les joues légèrement rougissantes. Nous nous étions immédiatement séparés l’un de l’autre.

« Oh, s’il vous plaît, ne faites pas attention à moi ! Je sais à quel point vous êtes proches, et je ne le dirai pas à mon mari qui travaille à la fonction publique ! » Elle parlait plus vite que d’habitude et faisait des gestes des deux mains. Même quelqu’un qui apprenait encore le japonais comme Marie pouvait comprendre l’essentiel du message.

Le visage de Marie devint rouge vif quand elle baissa les yeux sans un mot, et je me couvris le visage des deux mains.

Nous l’avons fait maintenant…, pensai-je.

Nous étions tellement absorbés par le film que nous avions complètement oublié que nous avions de la compagnie. J’avais encore beaucoup à apprendre…

J’avais inventé une excuse pour dire que nous n’étions que des parents qui s’entendaient bien, et nous étions partis après avoir remercié Kaoruko pour son hospitalité.

Mademoiselle l’Elfe et moi avions échangé des regards, nous avertissant l’un l’autre d’être plus prudents…

Ce jour-là, nous avions conclu une autre histoire. Nos couvertures étaient remplies de la chaleur de nos corps, et les paupières lourdes de la fille m’avaient dit qu’elle était déjà à mi-chemin dans ses rêves.

Le chat noir dans le livre d’images avait finalement atteint sa destination après avoir vécu de nombreux événements bizarres. Nous avions été interrompus plusieurs fois par le sommeil, alors elle faisait de son mieux pour rester éveillée cette fois-ci. Le chat noir se réjouissait avec les deux mains en l’air et le sourire de Marie était aussi grand que le sien.

« La fin, » murmurai-je, et ses yeux se tournèrent vers moi. Elle avait un sourire somnolent et heureux, et ses jolis yeux se fermèrent lentement. Quelques instants plus tard, elle faisait de doux bruits indiquant qu’elle dormait.

Je l’avais regardée partir dans le monde de ses rêves, et j’avais fermé le livre. Ce livre d’outre-mer nous avait dressé un tableau si frappant au cours des derniers jours. J’étais sûr que les enfants qui le liraient après nous seraient tout aussi excités qu’elle.

Mon rôle était probablement similaire. Je lui avais appris à lire et à écrire, je lui avais montré les joies de ces histoires, et elle allait continuer à grandir en conséquence. J’avais eu la chance de pouvoir en être témoin de si près.

« Alors je sais déjà ce que je dois faire. Je t’emmènerais où tu veux. Je te protégerais et m’assurerai que tu t’amuses comme jamais, » déclarai-je.

J’y avais renoncé une fois, mais il suffisait de franchir deux obstacles pour entrer dans l’ancien donjon. Je devais être reconnu comme son garde du corps, et trouver un allié puissant.

« Alors nous devons continuer à aller de l’avant. » Je ne savais pas quoi faire pour ce dernier, mais je ferais ce que je pouvais. Nous serions dans un monde de rêve de toute façon, et je n’étais pas qu’un simple salarié là-bas.

J’avais doucement posé le livre pour ne pas faire de bruit, puis j’avais placé la couverture jusqu’à ses épaules. Sa chaleur m’endormait aussi, et avant même que je puisse bâiller, ses mains et ses pieds doux s’enroulaient autour de moi.

Elle dit toujours que je l’endors, mais regarde celle qui dit ça, m’étais-je dit.

J’avais souri à nouveau quand elle avait appuyé sa joue contre moi dans son sommeil.

Bonne nuit, Mademoiselle l’Elfe, pensai-je.

J’avais décidé de tout donner demain.

***

Partie 3

J’avais soupiré en regardant au-dessus de moi. Il y avait deux grands bâtiments à l’intérieur des locaux, et celui qui se trouvait juste devant moi était relativement nouveau et sophistiqué. C’était encore avant l’heure du déjeuner, mais il y avait un flux constant de ce qui semblait être des étudiants. Ils avaient l’air d’étudiants universitaires lorsqu’ils se promenaient en robes assorties. Le bâtiment à l’arrière était une construction plus imposante et avait un aspect approprié pour des sorciers. Avec le corbeau perché sur son toit, cela donnait une sensation un peu flippante qui m’empêchait de vouloir m’approcher trop près.

« Alors, dans quelle bâtisse vas-tu, Marie ? » demandai-je.

« Celle à l’arrière, bien sûr. Il existe de multiples installations royales de sorcellerie, construites dans le but d’utiliser le savoir. C’est un lieu d’étude parfait pour ceux qui ont la chance d’avoir une bonne lignée, et il ne diffère pas beaucoup du grand public jusqu’à ce que tu accèdes à la classe novice. C’est pourquoi ils n’ont pas de personnel, » répondit Marie.

Marie avait fait un geste avec son bâton de sorcière. Je pensais qu’elle m’avait expliqué que c’était fait à partir d’une crinière de licorne.

En y repensant, il n’était pas surprenant que ce soit une installation royale. Leur mission était de dévoiler les mystères du savoir ancien, c’est pourquoi il était dirigé par le royaume. Cela avait probablement été transformé en un centre de connaissances pour les nobles et autres pour des raisons financières. En même temps, cela avait permis de faire connaître les anciens donjons à de jeunes gens prometteurs, qui se distingueront peut-être plus tard en temps de guerre.

La route sur laquelle nous avions marché était bien entretenue, et j’avais l’impression qu’il y avait de l’argent qui jaillissait de tous les coins de rue.

L’elfe, dont la taille n’était pas très différente de la mienne, leva fièrement la tête et tourna ses yeux vers moi.

« Eh bien, j’ai séché un cours, mais je n’assiste pas aux cours pour le grand public à moins que je ne sois instructeur, » annonça Marie.

« Quoi !? Es-tu quelqu’un qui a de l’autorité, Marie ? » demandai-je.

« Je te l’ai déjà dit. Seules quelques rares personnes peuvent devenir des sorciers spirituels. Tu as tendance à m’écouter, mais je suppose que ces choses-là ne t’intéressent pas vraiment, » répondit Marie.

Elle s’était fait une fausse idée. Nous nous promenions toujours ensemble, alors je pensais que les sorciers avaient beaucoup de temps libre… mais je ne devrais probablement pas dire ça.

J’avais l’air d’avoir négligemment laissé mes pensées se manifester sur mon visage, et elle m’avait fait un regard suspicieux.

« Oh, c’est vrai ? Sache que je ne perdais pas mon temps à jouer. Comme preuve, je reçois un salaire, » annonça Marie.

Qu-Qu-Quoi !? Le choc sur mon visage était palpable. Alors, c’était donc ça…

J’étais un vagabond qui errait dans ce monde sans but et sans perspectives. Maintenant que j’y pense, mon aversion sérieuse pour le travail, même dans mes rêves, me donnait l’impression d’être une personne plutôt désespérante.

« Pff… Aaaaahahahaha ! » Mon visage devait avoir l’air plutôt drôle, parce que Marie riait tout en se serrant l’estomac.

« Hein… ? Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? Toute ma vie est soudain devenue plutôt sombre…, » demandai-je.

« Hahahahahaha ! Je n’ai jamais vu ton visage avoir l’air aussi somnolent qu’avant ! Arrête, arrête donc ça ! Ne t’approche pas avec cette tête ! M-Mes côtés ! » s’exclama Marie.

Elle avait laissé tomber son précieux bâton sur le sol, et mon visage avait l’air de vouloir pleurer. Malheureusement pour moi, cela avait duré plusieurs minutes…

Marie avait fait signe d’au revoir alors qu’elle disparaissait vers la guilde des sorciers. Après son rapport, on se retrouvait et on irait voir la Magi-Drake qui nous attendait aux ruines. Puis j’escorterais les deux dames lors d’un voyage aux sources chaudes.

Mais avant ça, j’avais déjà pris ma décision et j’avais donc été jusqu’à la porte de la Guilde des Aventuriers. Comme elle me l’avait rappelé tout à l’heure, mon existence actuelle était incroyablement superficielle et insignifiante. J’étais un garçon qui pouvait être emporté par une petite rafale, mais c’était la vie que j’avais choisie.

La réceptionniste était une dame, et elle m’avait regardé avec une expression désintéressée. Ouais, ça m’avait semblé à peu près approprié.

« Bienvenue, gamin. Qu’est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-elle.

« Je veux aller dans un donjon avec une jolie fille. J’ai besoin d’être classé pour le faire, alors j’espérais le faire ici, » répondis-je.

« Vraiment ? » demanda-t-elle avec le même ton désintéressé.

Oui, j’avais besoin d’être évalué là-bas. Cela m’aiderait à montrer mes compétences à la Guilde des Sorciers, et ils comprendraient que je serais capable d’agir comme garde du corps… Mais c’était la première fois que je visitais un tel établissement, et je n’avais aucune idée des résultats. C’était pour ça que je n’en avais rien dit à Marie. On s’était promis de ne pas garder de secrets, mais j’aimais mieux voir ça comme une surprise.

J’étais un peu anxieux alors que je remplissais le contrat, qui stipulait des choses effrayantes comme que je ne tienne pas de grief si je mourais ou si je me blessais. Puis je devais procéder à un test de combat rapproché environ une heure plus tard. Je devrais probablement corriger ma personnalité qui m’avait fait diriger mes pensées vers n’importe quelle demande donnée par une fille mignonne…

Avec ces pensées en tête, j’avais affronté l’homme qui semblait être une sorte d’instructeur. Nous étions dans une cour intérieure étonnamment spacieuse. Ce n’était pas comparable à la Guilde des Sorciers d’avant, mais le bâtiment était neuf et il semblait y avoir beaucoup de personnes ici.

J’avais levé les yeux de la cour à deux étages, et le soleil semblait être en train de descendre. En voyant ça, j’avais réalisé que je n’avais pas trop de temps devant moi. Je m’étais tourné vers l’homme devant moi.

« Jusqu’où allez-vous monter mon grade ? J’aimerais l’augmenter le plus haut possible, » déclarai-je.

« Haha, tu es un impatient. Même si je ne suis pas assez fort, il y a des pros à l’étage. Tu peux me défier sans crainte. Mais assure-toi de t’excuser auprès de moi en ayant imaginé que tu étais bien plus fort que moi, » déclara-t-il.

L’homme avait eu un sourire affable. Il semblait avoir la quarantaine et avait la peau foncée, les cheveux noirs et une barbe noire. Pourtant, il donnait une impression de propreté et semblait avoir un bon sens de la vertu. Il avait accepté un paiement que la plupart des enfants ne seraient pas en mesure de payer, alors il semblait qu’il allait me juger en fonction de ça.

Ainsi, j’avais décidé d’aller me donner en spectacle pour une fois. J’avais fait une erreur lors de mon dernier combat d’homme à homme, mais j’aimerais faire bon usage de mon image fantôme cette fois-ci.

J’avais demandé s’il avait une épée disponible qu’il pourrait me prêter avant le début du match, et il m’avait regardé comme si j’étais une sorte de dingue.

 

***

 

L’homme avait été un aventurier pendant plus de vingt ans, et avait accompli plus d’une centaine de missions au cours de sa carrière. Il avait tant accompli, mais, comme il l’avait admis librement, s’était dû à sa capacité à diriger ses compagnons plutôt qu’à un talent pur et simple au maniement de l’épée. Il était le leader fiable qui pouvait retourner le flux même dans des situations les plus désespérées en soutenant tout le monde autour de lui. Ayant vécu de cette façon, il avait été approché par la Guilde des Aventuriers au moment même où il était sur le point de prendre sa retraite.

Malgré une telle histoire, l’homme s’était réveillé et s’était retrouvé dans une grande confusion. Une serviette mouillée bloquait sa vision, et les spectateurs firent entendre leur voix avec une vive émotion.

… Avait-il été assommé au milieu d’une bataille ? Son expérience l’avait conduit à la mauvaise conclusion, et il s’était rapidement assis.

« Pops, reste à terre ! » s’exclama une voix plus loin de lui.

« Quoi !?? Qu’est-ce que tu es... Attends, c’est quoi ce bordel !? »

Dans son champ de vision se trouvait un jeune aventurier, comme ceux dont il s’était toujours occupé. Puis il s’était rendu compte qu’il portait des vêtements décontractés au lieu d’une armure, et s’était finalement souvenu de la situation dans laquelle il se trouvait.

Ceux qui se trouvaient autour de la cour intérieure regardaient par les fenêtres, et les voix excitées pouvaient être entendues tout autour d’eux. C’était comme un Colisée, alors qu’il aurait dû être juste un examen pour juger de son rang.

Tenant sa tête palpitante, il avait réussi à soulever le haut de son corps. Puis, il vit un homme debout au milieu de l’espace dégagé avec une épée dans sa main. Il rengaina son épée incurvée, puis se mit en position…

« Je crois rêver ! Pourquoi Brandish se bat-il ? »

« C’est le troisième ! C’est qui ce gamin, Pops !? » demanda une voix, mais l’homme ne comprenait toujours pas toute la situation. Après tout, d’après sa mémoire, il ne pouvait pas suivre les mouvements du garçon et il avait été battu sans pouvoir faire la moindre chose. On lui avait demandé de céder à plusieurs reprises, mais sa fierté d’adulte ne l’avait pas laissé faire, ce qui l’avait mis K.O..

La scène devant ses yeux lui avait fait se demander s’il rêvait encore. La bagarre se déroulait juste devant lui, mais il ne pouvait toujours pas voir les mouvements du garçon. Il semblait que le garçon se promenait droit jusqu’à la portée d’attaque du maître épéiste avant de recevoir une frappe de sa lame, mais il continuait à marcher comme si de rien n’était.

Non, ce n’était pas ça…

Il avait disparu comme de la fumée dans le vent, et lorsque l’épée de son adversaire avait à nouveau été gainée, le garçon se tenait là, l’air insouciant. Il n’avait pas bougé d’un pas de sa position initiale.

« Utilise-t-il une vraie épée ? Et… il utilise la Zone Mortelle !? »

« Le maître l’a prévenu qu’il pourrait finir par mourir ! Mais ce gosse est resté là à rire et a dit qu’il avait l’habitude ! »

Il ne pouvait pas le comprendre.

L’homme qu’on appelait « maître » était la troisième personne la plus compétente de la Guilde des Aventuriers. Il avait une personnalité minutieuse, qui se manifestait dans sa capacité à couper à travers les ennemis qui entraient dans son domaine en un clin d’œil. En raison du pouvoir destructeur absolu issu de son talent, ce n’était pas souvent qu’il le montrait en public. C’est ce qui expliquait la ferveur du public qui avait rempli la cour par ailleurs ordinaire.

« Tu te fous de moi ! » l’homme avait gémi alors qu’il était incapable de comprendre ce qu’il voyait.

Le garçon ne s’était pas éloigné d’un pas de là où il se tenait, mais il était soudain apparu du flanc de Brandish. Brandish avait hurlé comme une sorte d’oiseau et le frappa avec une attaque en croix.

L’homme regarda le garçon s’évanouir comme de la fumée en courant avec de sueur sur son visage, puis réapparaître par-derrière, sur le flanc opposé, et ainsi de suite.

Le fait de regarder un utilisateur d’illusions en pleine action était un spectacle assez particulier. Le bruit occasionnel du métal indiquait que le vrai était quelque part dans les illusions.

Le bruit des pas avait retenti, et le garçon qui se tenait debout à un certain endroit s’approcha lentement. Était-ce un rêve, ou un cauchemar… ?

L’expression de Brandish semblait indiquer qu’il se posait cette question, et ne pouvait que continuer à frapper tout ce qui entrait dans sa zone d’attaque et à repousser désespérément les attaques qu’on lui lançait. Sa vitesse de réaction semblait indiquer qu’il avait déjà renoncé à discerner s’il attaquait une illusion ou son adversaire.

Cependant, cela signifiait bien sûr qu’il s’était rapidement essoufflé.

Whoosh !

Brandish frappa vers une silhouette, mais cela l’avait seulement fait disparaître, et un grand sentiment de fatigue s’empara de lui. Au lieu de cela, son véritable adversaire était apparu par-derrière, et au moment où le garçon était entré dans son domaine d’attaque, il avait été submergé par une rafale de coups rapides.

Le garçon avait habilement bloqué trois coups d’épée dirigés contre lui dans les airs, et la foule avait oublié de respirer en les regardant avec admiration. Même cligner des yeux gênerait le spectacle devant eux.

« C’est impossible… A-t-il réussi à vaincre la Zone Mortelle ? »

Alors que l’homme qu’ils appelaient Pops marmonnait, le garçon avait détruit la zone mortelle en frappant son adversaire à l’épaule et les deux côtés de l’abdomen en une succession rapide de coups avec une précision parfaite. Il serait trop difficile de reprendre l’avantage à partir de là.

Après avoir vu Brandish se faire lentement repousser en prenant des coups sur tout son corps, il s’était soudainement réveillé. Il s’était alors levé dans un air agité et avait crié. « C’est assez ! Le match est terminé ! »

La Guilde de l’Aventurier avait laissé sortir des acclamations. Il pouvait enfin respirer à nouveau après avoir vu la bataille entre deux experts.

 

 

L’homme s’attendait à ce que le garçon soit arrogant vu qu’il était talentueux, mais il semblait assez poli pour saluer et remercier chacun de ses adversaires. Cela ne semblait pas un comportement typique pour un jeune garçon, mais cela semblait leur donner une impression favorable.

Le fait est qu’il y avait très peu de personnes compétentes et humbles. L’excitation du match avait duré plusieurs jours et avait fait l’objet de longues conversations dans la Guilde des Aventuriers.

À l’insu du garçon, au cours de ces conversations, on lui avait donné un autre nom : Le Spectre.

***

Une fille s’était déplacée en trottinant avec un léger jogging. Ses beaux cheveux raides ondulaient alors qu’elle courait avec son précieux bâton dans les bras, et sa beauté attirait les regards de ceux qui l’entouraient. Je suppose que les hommes ne pouvaient pas vraiment s’empêcher de se sentir heureux quand ils voyaient une jolie fille. Elle me rendait nerveux en la regardant courir ainsi, alors j’aurais préféré qu’elle marche à la place…

Notre point de rencontre était un parc situé près de la Guilde des Sorciers. Le soleil se couchait déjà, alors il ferait nuit quand nous serions arrivés aux ruines si nous ne nous dépêchions pas.

« Je suis désolée pour l’attente. Mon rapport a pris plus de temps que prévu, » déclara Marie.

« C’est bon, je viens aussi d’arriver. Allons chercher la Magi-Drake maintenant, » déclarai-je.

Marie avait souri joyeusement et elle lui déclara. « D’accord ! » Ses joues étaient rouges, probablement à cause de la longue course qu’elle avait faite pour arriver ici. Elle replaça ses cheveux en désordre et prit des bouffées d’air lentes et profondes pour stabiliser sa respiration.

« Oh… » Alors que nous marchions côte à côte, elle semblait remarquer quelque chose et me toucha l’épaule. « Ta chemise est effilochée à l’épaule. Tu as encore dû t’accrocher sur quelque chose. »

« Ah, tu as raison. Ce n’est pas bon… Je n’avais pas encore prévu d’acheter de nouveaux vêtements, » répondis-je.

« Ne t’inquiète pas, je peux arranger ça pour toi plus tard. Ou alors, veux-tu que je t’aide à choisir de nouveaux vêtements ? Celles-ci sont assez abîmées, alors on pourrait t’acheter quelque chose de tout nouveau, » déclara Marie.

Oof, je devrais refuser… J’avais dépensé tant d’argent lors de l’examen de classement tout à l’heure. J’avais essayé de changer de sujet, mais je n’étais pas très habitué à garder des secrets, alors elle m’avait regardé avec méfiance.

Oh ouais, j’avais réussi à gagner le Rang A pour le combat en mêlée, donc j’étais plutôt soulagé à ce sujet. J’avais besoin de battre des adversaires de rang supérieur si je voulais avancer davantage, mais c’était trop compliqué et trop tard pour en trouver un à ce stade. Cela devrait suffire à prouver mes compétences à la Guilde des Sorciers, et de toute façon, j’étais trop occupé avec le voyage à venir pour faire tout cela.

Même si c’était les pensées présentes dans ma tête, elles ressemblaient à des excuses…

Il ne me restait plus qu’une tâche à accomplir. Il me fallait trouver un tank pour notre groupe. C’était pour le dire franchement le plus difficile, sans aucune solution à laquelle je pouvais penser… Mais mes pensées avaient été rapidement interrompues par la fille qui me tirait sur la manche.

« Je suis tellement excitée pour le voyage au Japon ! Alors, dans quel genre d’endroit allons-nous ? Existe-t-il des plats délicieux ? Je n’ai pas fait beaucoup de voyages avant, » déclara Marie.

« Tu n’as plus qu’à attendre et voir. Mais oui, je suis sûr qu’il y aura plein de délicieux plats, » déclarai-je.

Elle s’était réjouie de ça, et nous avions marché ensemble alors qu’elle me tenait toujours par la manche. Nous étions de bonne humeur en prévision du voyage, ce qui expliquait probablement pourquoi aucun de nous n’avait remarqué ce qui se cachait derrière nous…

***

Partie 4

En raison du temps qu’il avait passé à voyager seul, Kazuhiro était extrêmement compétent avec sa compétence de Perception. Cela lui permettait de détecter ceux qui se cachaient, et c’était une compétence essentielle pour éviter les embuscades. Mais si un adversaire possédait la compétence « Se Cacher » avec un niveau de compétence plus élevé, il serait capable d’éviter la détection.

Une grande silhouette était apparue de derrière un bâtiment, avec une épée placée sur chacun de ses côtés. Il s’appelait Sven, l’homme qui avait passé toute la nuit à chercher l’elfe et le garçon l’autre jour. On pourrait s’attendre à ce qu’il se mette tout de suite en colère, mais il se tenait là, profondément enfoncé dans ses pensées.

« Je les ai enfin trouvés, mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de Magi-Drake… ? Pourquoi parlent-ils d’un dragon légendaire ? » demanda Sven.

« Les attrapons-nous avant qu’ils ne s’enfuient à nouveau ? Si nous les blessons ici, vous serez sûrement choisis pour les remplacer, » avait suggéré celui vêtu de noir, et Sven avait ri.

À en juger par la façon dont ce garçon était sorti et avait obtenu un rang pour le combat en mêlée, il essayait probablement d’être reconnu comme le garde du corps de l’elfe. Cela signifie qu’il n’avait pas renoncé à explorer le donjon.

Cependant, le fait d’obtenir l’approbation de la Guilde des Sorciers de ce pays n’était pas si simple. Même s’il avait Oracle, sa faible capacité à lire l’avenir, il ne pouvait pas voir une journée dans le futur, mais ce résultat était certain selon lui.

« La fille elfe a déjà rendu la licence, et il est évident qu’il va échouer à obtenir l’approbation. Je suis déjà sûr d’être celui qui sera chargé d’explorer le donjon. Plus important, je dois savoir s’ils sont sur le point d’aller voir la vraie Magi-Drake, » déclara Sven.

Il avait plissé ses yeux et avait souri, pensant que cela pourrait s’avérer encore plus rentable que l’ancien donjon.

Puis, selon l’ordre de Sven, un fluide noir avait commencé à les envelopper. La lumière terne luisante avec des yeux et une bouche indiquait que c’était l’œuvre d’une sorte de fantôme. La capacité de disparaître sans laisser de trace était utile non seulement dans les donjons, mais aussi à l’extérieur.

Après que le liquide noir l’enveloppe complètement, il fit bouger sa robe, révélant un écusson rare donné seulement à une poignée d’individus qui avaient mérité un rang aussi prestigieux.

Il semblait que quelque chose d’étrange avait tendance à se produire quand on se mêlait de ce garçon. Telles étaient les pensées du nécromancien paré de noir en descendant dans l’obscurité.

Non seulement ils les avaient complètement perdus de vue l’autre soir, mais ils n’avaient aucune idée que les deux se dirigeraient vers les ruines Nazul-Nazul, pas trop loin de la ville.

Une faible odeur de moisissure provenant de la voie d’eau pouvait être sentie et le goutte-à-goutte de l’eau pouvait être entendu. Ils pouvaient sentir la présence de monstres qui préféraient les endroits humides, mais ils n’étaient pas détectés à cause des fantômes qui les enveloppaient.

Soudain, Sven se retourna avec une expression emplie de doute.

« … Ces ruines souterraines ont déjà fait l’objet d’une enquête, non ? » demanda Sven.

« O-Oui. Il y a encore plusieurs mystères non résolus au sujet des ruines de Nazul-Nazul, comme la raison pour laquelle elles ont été détruites, mais l’enquête de la Guilde des Sorciers aurait déjà dû être terminée, » répondit l’autre.

Pourtant, à bien y penser, le fait qu’il y avait encore « plusieurs mystères non résolus » à leur sujet était déjà étrange en soi. Ils avaient mené une enquête extrêmement approfondie. Alors pourquoi renonceraient-ils à faire la moitié du chemin pour enquêter sur une région si proche ?

Mais ces pensées furent interrompues par les paroles de Sven.

« Que se passe-t-il… ? »

En sortant de la voie navigable pour voir ce qu’il montrait du doigt, il y avait quelqu’un qui avait une conversation joyeuse avec un homme-lézard, un monstre. Les cris qu’ils faisaient étaient difficiles à discerner, mais ça aurait pu être une sorte de langage reptilien.

« Ils rient. Ah ! Ils viennent d’avoir une conversation ! »

« C’est tout à fait incroyable. Ils sont connus pour être des monstres très agressifs et violents. Ils engendrent des sous-espèces avancées à gauche et à droite en raison de leurs inépuisables capacités de reproduction, qui peuvent représenter un danger même pour nous… »

Ils fixaient tout simplement ça, la bouche bée.

Il y avait ceux qui avaient appris la langue des monstres, mais c’était difficilement utilisable parce qu’ils se faisaient attaquer dès qu’ils essayaient de l’utiliser pour communiquer. L’interrogatoire était considéré comme le seul moyen d’y parvenir.

Soudain, le groupe s’était mis à marcher plus profondément dans les ruines. Le personnage vêtu de noir hocha la tête lorsque Sven fit des signes de la main, puis les deux hommes les poursuivirent prudemment le long du cours d’eau.

Étonnamment, il semblait que l’homme-lézard guidait le petit groupe. Non seulement cela, mais ce qui semblait être un mur ordinaire s’était ouvert, et le groupe avait continué comme s’il y était habitué.

Le duo avait soigneusement suivi l’exemple, et Sven avait levé les yeux avant de poser une autre question. « … Te souviens-tu de tout cela dans les rapports d’enquête ? »

« C’est de la magie très avancée, ils ne l’ont peut-être pas remarquée, » répondit l’autre.

Ils inclinèrent la tête, perplexes. Même si elle était bien cachée, le pouvoir de la magie ne devait pas être sous-estimé. Ils auraient dû remarquer l’espace de l’autre côté et fouiller chaque recoin de la zone. Mais les ornements sur les murs exsudaient la beauté artistique et étaient beaucoup plus complexes que ceux des ruines souterraines d’où ils venaient.

En même temps, ils avaient remarqué que l’atmosphère avait radicalement changé. L’air de quelque chose issu d’un autre monde était si épais, et des perles de sueur froide roulaient sur leurs joues.

« C’est quoi… cet endroit ? C’est encore en vie. Il ne s’agit pas seulement de ruines délabrées, » commenta Sven après avoir vu des gardiens protecteurs debout au niveau de la passerelle comme s’il protégeait quelque chose.

Même de loin, il était clair que c’était très dangereux. N’importe lequel d’entre eux pourrait être de niveau 70 ou plus et capable de trancher la plupart des aventuriers comme des légumes sur une planche à découper. Ils avaient même crié intérieurement pour que le garçon et l’elfe s’arrêtent alors que les deux continuaient à marcher nonchalamment… Puis leurs mâchoires avaient touché le sol tandis que le groupe continuait à plaisanter et à rire, en passant à côté des gardiens sans être attaqué.

Ils se frottaient les yeux avec incrédulité.

« Qu’est-ce qui se passe ici ? À en juger par sa construction et ses ornements, ce gardien est une machine à tuer des temps anciens, » déclara Sven.

Le personnage vêtu de noir acquiesça d’un signe de tête en accord avec la voix grognant de Sven. Toutefois, il s’avérerait difficile de se rapprocher afin d’enquêter. L’un d’eux était peut-être gérable, mais il y en avait au moins dix dans leur champ de vision immédiat.

C’était difficile à dire à cause de l’habillement entièrement noir, mais le nécromancien se retourna avec un visage angoissé. « Patron, ils nous remarqueront même à travers ma magie si on s’approche ! »

« Je sais, je sais. J’utiliserai mon Oracle pour enquêter sur eux, » déclara Sven.

Après ça, ses yeux sauvages brillèrent derrière ses lunettes de soleil.

L’Oracle était en effet une compétence rare. Il pourrait jeter un coup d’œil dans les détails de l’avenir, y compris des choses que l’utilisateur n’aurait pas pu remarquer autrement. Ses effets étaient obscurs, comme une sorte de rêve précognitif, mais Sven avait appris à le contrôler librement au fil des années.

Mais immédiatement après l’avoir activée, le corps de Sven avait été trempé par de la sueur.

« Non… pas possible… C’est la vraie chose. La Magi-Drake… Niveau 1200… Attends, quoi ? Elle a donné naissance à des petits !? » s’écria Sven.

Il fit entendre sa voix jusqu’à ce que cela devienne un cri, et à ce moment-là, la Magi-Drake se tourna vers lui en regardant à travers l’Oracle. Seul l’utilisateur était capable de voir dans ce monde, mais elle l’avait certainement regardé directement et avait fait un grognement.

En réalisant qu’elle pouvait l’envoyer voler d’un simple souffle, mais ne le faisant pas en faveur d’une punition plus appropriée, les gardiens étaient revenus à la vie avec un lourd son métallique. De fines lignes argentées apparurent sur leurs lames et ils commencèrent à se balancer dans les airs comme pour se réchauffer en vue de l’action. Leur maîtrise de l’épée était inattendue pour de si grands corps, et les deux intrus sentaient la mort qui les attendait.

« Patron !! »

Sven trembla de peur alors que le nécromancien s’agrippait à lui. Le nécromancien chanta alors l’incantation pour un sort d’évasion, mais si même un seul mot était prononcé incorrectement, ils seraient coupés en morceaux par les épées massives qui envoyaient des étincelles dans l’air en traînant contre les murs en pierre.

Bien sûr, la magie ne s’activerait que si la Magi-Drake le permettait. La silhouette vêtue de noir savait que ce domaine lui appartenait.

Je suis désolé, s’il vous plaît, aidez-nous, pardonnez-nous, pensa Sven.

Des cris d’excuses internes avaient été mêlés aux chants, et le sort avait été achevé.

Une colonne d’eau avait fait irruption dans le sombre cours d’eau d’où ils venaient. L’eau n’était pas plus haute que leurs genoux, mais ils s’affolèrent comme s’ils étaient en train de se noyer. Ils s’étaient ensuite assis et s’étaient regardés avec des yeux injectés de sang, émettant de très longs soupirs. Le visage de Sven exprimait non seulement la peur de la rencontre intime avec la mort, mais aussi celle d’être témoin de l’existence monumentale de la Magi-Drake.

« Je n’arrive pas à croire qu’on soit en vie…, » déclara Sven.

C’était les mots qu’il avait finalement rassemblés après avoir stabilisé son souffle. Il était clair qu’il avait pensé à d’innombrables scénarios possibles pour survivre à ce moment en regardant simplement le regard épuisé clairement visible sur son visage.

Le nécromancien avait ressenti la même chose. Si la Magi-Drake en avait eu envie, elle aurait pu empêcher le sort de s’activer et ils n’en seraient jamais sortis vivants.

« Je suppose… qu’elle nous a laissé partir, » déclara le nécromancien.

« Une Magi-Drake ? Ce n’est pas… Je suppose que c’est la seule explication possible. Ce n’était pas un monstre ordinaire. C’était quoi ce dragon ? » demanda Sven.

Sven se couvrit le visage des deux mains et poussa à nouveau un long soupir. En même temps, la pression avait disparu. C’était comme la nuit où le garçon et l’elfe avaient soudainement disparu.

En effet, qu’aurait-il pu leur arriver ? Avaient-ils disparu de ce monde après avoir été mangés par la Magi-Drake ? Même l’Oracle, le don du ciel, ne pouvait pas détecter leur présence. Mais Sven sentait dans ses tripes que ce n’était pas le cas…

***

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