Épisode 5 : C’est l’heure du repos, Mademoiselle Magi Drake
Table des matières
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Épisode 5 : C’est l’heure du repos, Mademoiselle Magi Drake
Partie 1
Voooooom…
Nous étions en train d’avancer dans une dimension totalement noire à des vitesses extrêmes. La vue était semblable à celle d’un voyage en métro, sauf qu’il n’y avait rien nous entourant. Malgré cela, on ne sentait pas beaucoup de vent.
Il s’agissait de ma capacité connue sous le nom de Trayn, le Guide des Voyageurs, qui nous avait permis de voyager sur de longues distances. Les destinations possibles se limitaient aux endroits que j’avais visités possédant des monuments dédiés au dieu du voyage. Bien que cela soit extrêmement pratique, il était limité par le fait qu’il y avait une restriction de poids, qu’il utilisait un précieux créneau de compétences et qu’il ne pouvait être utilisé qu’une fois par jour. Il était utilisé par une petite poignée de marchands ambulants, mais il n’était pas adapté au transport de marchandises à grande échelle.
Ma passagère, Marie, avait eu peur au début, mais elle s’y était habituée, car elle était assise à côté de moi. Mais je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi elle avait une expression si amère…
« Haah... Je me retrouve de nouveau avec cette robe. J’aurais aimé pouvoir passer un autre jour à porter les autres vêtements, » murmura Marie.
Elle avait l’air plutôt déprimée à l’idée de reprendre ses vêtements habituels. Elle adorait vraiment porter de jolis vêtements… je m’étais fait une note mentale à propos de ça.
« C’est dommage, mais il fait beau là où nous allons. D’ailleurs, c’est toi qui étais gênée de ne pas porter des vêtements appropriés à une sorcière, Marie, » répliquai-je.
Nous ne voulions pas que ces jolis vêtements dans un style arabe se froissent, alors nous les avions laissés dans l’atelier de Mewi. Nous avions prévu de revenir bientôt pour pouvoir prendre notre temps.
« Mais tu étais vraiment mignonne avec. J’ai toujours pensé que tu avais une structure faciale élégante, donc les vêtements ont tendance à t’aller très bien, » déclarai-je.
« Oh, le penses-tu vraiment ? Hm… Tu dis toujours ces choses-là, mais cela me déconcerte parce qu’il fait trop sombre pour voir ton visage endormi, » répliqua Marie.
Elle avait semblé troublée alors que son visage semblait chaud. Est-ce que mon visage me gênait à ce point ? Quand j’y pense, Marie portait toujours sa robe, alors son séjour au Japon et dans d’autres régions lui avait peut-être appris la joie de porter des vêtements différents. Je n’avais pas beaucoup d’argent de côté, mais ça ne me dérangeait pas de casser la tire-lire pour acheter des vêtements à quelqu’un qui était si adorable.
Alors que j’y avais pensé, elle s’était tournée vers moi avec des yeux accusateurs.
« Je sais que tu as guidé secrètement mes actions, comme cette fois avec les vêtements. Tu m’attires avec tes manières sournoises, et avant que je m’en rende compte, je suis impliquée dans une nouvelle forme de divertissement, » déclara Marie.
« Tu me fais passer pour une sorte d’escroc… Ce n’est peut-être pas très loin de la vérité… Je ne sais pas pourquoi, je veux juste te parler de toutes sortes de choses amusantes, » répondis-je.
Elle m’avait tapoté légèrement le front comme pour me dire. « Et voilà, c’est reparti. »
Il y avait une légère odeur d’encens étranger provenant de ses cheveux soyeux. J’avais l’impression qu’on revenait d’un voyage à l’étranger.
« Maintenant qu’on peut passer du temps ensemble, je veux faire des tas de choses amusantes avec toi. Je n’ai jamais vécu comme ça avant, alors j’ai vraiment hâte de le faire, » déclarai-je.
« Oh, ça a l’air merveilleux. Peut-être que tu es vraiment meilleur quand ton visage est caché, » répliqua Marie.
Attends, quoi ? Mon visage n’est-il pas nécessaire ? pensai-je.
Je n’aimais pas quand elle me disait ça, mais je sentais que mon cœur semblait vouloir bondir hors de ma poitrine quand elle s’appuyait sur moi, et j’avais admis que mon visage était après tout peut-être inutile.
Son corps doux se pressait contre moi, et il était difficile de contrôler mes battements de cœur quand je pouvais sentir sa chaleur à travers sa robe. Mais elle était tout à fait calme, et je pouvais la sentir respirer beaucoup plus près que d’habitude. Même en entendant ce son apaisant, je me sentais heureux.
« Tu as raison. On dirait qu’il y a plus de choses que tu peux ressentir quand tu ne peux pas voir, » répondis-je.
« Hm ? De quoi parles-tu… ? Quoi qu’il en soit, tu devais savoir que j’ai aussi hâte à tout cela. Je parle du Japon, mais aussi dans ce monde. » Elle m’avait encore tapoté le front, mais c’était beaucoup plus doux cette fois. « Arilai était vraiment spécial, mais c’était très amusant. Nous avons pu déployer un peu nos ailes là-bas. Et nous avons le voyage au Japon ce week-end, n’est-ce pas ? Je ne peux pas attendre ! »
Le week-end approchait dans quelques jours seulement et c’était là où nous allions faire notre premier voyage. Chichibu n’était pas trop loin de l’endroit où je vivais, et la vue devrait être belle. En plus, selon la météo, il devrait faire beau. Je le lui avais donc annoncé. Elle m’avait redit à quel point elle était excitée par ça.
Pendant ce temps, nous nous étions appuyés l’un contre l’autre, échangeant nos températures corporelles. Il n’y avait pas eu beaucoup de conversation après cela, mais j’avais l’impression que mon cœur était en paix. Nous étions restés ainsi pendant un certain temps jusqu’à ce que nous ressentions de légères vibrations. Notre environnement était devenu plus lumineux, signalant que nous approchions de notre destination.
Nous n’avions voyagé qu’une vingtaine de minutes, mais j’avais senti quelque chose de chaud dans ma poitrine. L’environnement était devenu encore plus lumineux, et nous étions arrivés au monument dédié aux voyageurs.
***
Partie 2
J’avais déjà entendu dire que les ruines de Nazul-Nazul étaient une ville souterraine qui avait été détruite il y a 1 000 ans. Selon des documents historiques, des sorciers de grande puissance et de puissants soldats beaucoup plus forts que ceux des temps modernes y vivaient. Mais toute leur splendeur était maintenant des choses du passé, et les seuls sons qui résonnaient dans les vastes ruines souterraines étaient nos pas, y compris ceux de l’homme-lézard, qui nous guidait.
Deux esprits de lumière flottaient autour de nous, nous permettant de voir sans problèmes. L’humidité sur le pavé de pierre rendait la semelle glissante, et j’avais instinctivement attrapé le bras de Marie qui avait failli trébucher.
« Oh, m-merci. Puis-je me tenir contre toi ? J’ai peur de glisser à nouveau, » déclara Marie.
« Cela ne me dérange pas. Je suis sûr que tu es très préoccupé par les ordres à donner à tes esprits. Et merci de nous avoir guidés, au fait, » déclarai-je.
J’étais passé à la langue reptilienne pour ma déclaration finale, qui était dirigée vers l’homme-lézard qui ouvrait la voie. Il avait dirigé ses yeux ronds vers moi, puis avait semblé cligner des yeux alors qu’une membrane translucide couvrait brièvement ses globes oculaires.
Sa bouche de crocodile s’était ouvert en grand pendant qu’il parlait. « Non, non, on m’a dit d’escorter poliment nos invités à leur arrivée. Si vous vous souvenez, vous êtes passé par derrière la dernière fois. Maintenant, j’ai la permission de vous montrer l’entrée principale en tant qu’invité. »
Je ne savais pas qu’il y avait des entrées devant ou derrière. Tout cela avait probablement été arrangé par la Magi-Drake, mais j’étais reconnaissant que nous puissions procéder ainsi sans même avoir besoin de regarder la carte.
J’avais traduit pour Marie, puis elle avait incliné la tête avec curiosité. « Oh, alors je me demande si elle n’est pas dans cette terrible situation. J’ai cru qu’il s’était passé quelque chose, à en juger par la faiblesse du sang du dragon qui brillait. »
« Je ne peux pas le dire avec certitude parce qu’on la voit à peine en personne, mais… il y a certainement quelque chose qui cloche, » annonça l’homme-lézard. « Nous avons même été effrayés par les grognements occasionnels que nous avons entendus. Les œufs devraient déjà avoir éclos, mais… »
Il avait commencé à regarder autour de lui avec prudence. Il y avait peut-être eu un changement dont je n’étais pas au courant. Bien que je ne pouvais pas imaginer dans quel genre d’ennuis la légendaire Magi-Drake pourrait avoir…
Nous avions continué à travers les habitations des hommes-lézards, puis nous nous étions dirigés de plus en plus profondément sous terre. Ils semblaient tous sociables alors qu’ils nous saluaient, mais ils nous auraient probablement accueillis avec leurs crocs dénudés si nous avions été des intrus. En fait, leurs crocs étaient déjà visibles naturellement.
Quoi qu’il en soit, nous avions franchi plusieurs portes cachées, puis nous nous étions retrouvés dans un silence total en descendant de longs escaliers. Tout ce que nous avions dit produisait de l’écho, ce qui nous avait fait ressentir une sensation un peu bizarre. Les statues qui nous entouraient semblaient être du genre à commencer à se déplacer et à nous attaquer parce que nous avions troublé la paix.
« On n’a pas de temps à perdre à faire du tourisme en ce moment, » déclarai-je.
« Je sais, mais c’est vraiment dommage. Je voulais les voir se réanimer de mes propres yeux…, » déclara Marie.
C’était un spectacle impressionnant, mais l’homme-lézard m’avait regardé avec une expression qui criait. « Qu’est-ce qu’il a cet humain ? » Bizarre, je ne pensais pas avoir dit quoi que ce soit qui puisse rendre un monstre aussi bizarre…
Finalement, nous étions arrivés devant une entrée géante. J’avais même dû lever les yeux pour l’admirer dans sa totalité. Son côté effrayant convenait à la pièce du dernier boss. C’était bouleversant de penser qu’un ornement aussi complexe avait été fait par un dragon.
J’avais été émerveillé pendant un certain temps, alors que c’était comme si j’avais été frappé par la foudre. C’était semblable à un style architectural occidental, mais le superbe sens de l’équilibre devait selon moi provenir de dessins d’anciennes choses depuis longtemps disparues. Je ne pouvais même pas y toucher sans prendre plusieurs grandes respirations pour me calmer d’abord. Tout ce que je voyais aurait largement suffi pour faire tomber dans les pommes tout amateur de donjon. Après m’être dit que je devais me calmer, j’avais essuyé la sueur de mes mains.
« Il y a un sentiment de féminité qui s’y est ajouté… Je ne pense pas que cela ait été confié à un artisan. Selon moi, cela ressemble presque à l’expression des histoires dans son esprit…, » déclarai-je.
Je m’étais assez finalement calmé pour être capable de tendre la main vers l’ornement. À ce moment-là, j’avais eu l’impression de comprendre ce que ressentaient les Otakus de trains. Si j’avais eu un appareil photo entre les mains, j’aurais sûrement pris toutes les photos que je pouvais. Pendant mes jours de congé, il est certain que j’aurais après ça ouvert mon album fait avec elles et j’y jetterais un coup d’œil avec fascination, en soupirant de joie. Et dire que j’allais la toucher de mes propres mains…
« Arrête d’être ridicule. C’est parti. Allons-y, » déclara Marie.
Marie m’avait tiré par la manche et ma main tendue avait glissé dans les airs. J’en aurais presque pleuré.
« Eh bien, je vais repartir maintenant. Je n’ai pas le droit d’y entrer sans permission. » L’homme-lézard cligna des yeux pendant qu’il parlait. Il semblait qu’il cherchait le bon moment pour partir.
Il semblait avoir un sentiment de déception dans ses yeux lorsqu’il me regardait et, pour une raison ou une autre, Marie acquiesça d’un signe de tête, même si elle était incapable de le comprendre. Mais elle, bien sûr, comprenait le geste universel de dire au revoir. Nous lui avions tous les deux fait signe en réponse et des remerciements pour nous avoir guidés là-bas.
L’homme-lézard qui agitait la main avait l’air plutôt mignon, comme si c’était quelqu’un en costume intégral…
Puis, quelque chose s’était passé après nos adieux. Comme si notre présence avait été remarquée, les grandes portes métalliques avaient commencé à s’ouvrir. Si nous avions été des explorateurs normaux, nous aurions probablement eu de gros problèmes. J’étais aussi sûr qu’une glorieuse musique de combat aurait commencé à jouer alors que nous regardions l’énorme dragon noir étendu dans l’espace dégagé entouré de rochers. Cette seule vue aurait signifié une mort certaine pour nous.
« Euh, excusez-nous…, » déclarai-je.
Mais nous étions invités dans ce cas, et la Magi-Drake agitait la queue pour nous accueillir tout en restant couchée. Elle remua ensuite le bout de sa queue, et les roches environnantes commencèrent à briller ici et là. C’était comme si elle avait appuyé sur un interrupteur, et j’avais été un peu surpris qu’elle ait eu un sens de l’hospitalité, malgré son apparence terrifiante.
« Ah ! Regarde, regarde ! Des petits dragons ! » cria Marie.
« Oh, tu as raison ! Ils sont si petits et mignons, » répondis-je.
Quand j’avais levé les yeux, il y avait environ trois petits drakes qui grimpaient sur le dos de leur mère. Leurs écailles étaient blanches, probablement parce qu’ils étaient nés récemment.
Ce qui était plus inquiétant, c’était à quel point la Magi-Drake semblait apathique. Elle était si majestueuse la dernière fois que nous étions venus ici, mais elle était simplement allongée là, complètement vidée d’énergie. Sa bouche était légèrement entrouverte.
Hum… est-ce qu’elle ressemblait toujours à ça ? Je pensais qu’elle avait plutôt l’impression d’être une « boss » qui causerait le désespoir dans le cœur par sa seule apparence. Marie et moi nous nous étions regardés, partageant ce sentiment sans paroles.
Juste à ce moment-là, ses mots dans le langage des dragons résonnèrent dans la pièce et elle commença à briller au niveau de sa poitrine. Une silhouette brillante et humanoïde avait alors atterri sur le sol, ses longs cheveux noirs vacillant alors qu’elle redressait sa posture.
« Ah, hey ! »
Marie m’avait couvert les yeux, m’empêchant de voir la femme dans sa tenue d’Ève. Elle était très voluptueuse malgré ses jambes longues et minces et son corps serré, et elle avait une attirance mature qui contrastait avec celle de Marie.
Ma vision étant bloquée, je n’entendais que des crépitements. C’était probablement le son de la création de sa robe faite d’un matériau rigide comme elle l’avait fait la dernière fois.
Une fois que Marie avait libéré ses mains de mes yeux, la Magi-Drake sous une forme de femme-draconienne se dirigeait lentement vers nous. Son armure noire présentait une conception complexe, mais elle lui permettait une large gamme de mouvement. Elle semblait trop solide pour être brisée par des mains humaines. La voir faire des ajustements mineurs à son armure aurait eu l’air plutôt cool. Ses longues et minces jambes étaient encore une fois non couvertes par l’armure et donc, elles étaient visibles.
La Magi-Drake, qui était plus grande que nous, avait alors ouvert la bouche. « Bienvenue, enfants de l’homme. Cela fait un certain temps, mais comme vous pouvez le constater, j’ai eu les mains incroyablement occupées. »
« Je vois qu’ils sont enfin nés. Félicitations ! » déclarai-je.
Elle hocha la tête avec une expression de fierté bien visible sur son visage. Ses yeux d’obsidienne se rétrécissaient et son visage souriant était vraiment beau et unique. S’il y avait quelque chose qui nuisait à sa beauté, c’était le fait qu’elle avait l’air un peu fatiguée et pâle, et que ses cheveux étaient très effilochés.
« Ha, ha, ha, si vous êtes ici, vous devez l’avoir apporté. Je sais que vous l’avez. Donnons-leur l’occasion de dîner avec vous, enfants de l’homme, » déclara la dragonne.
Elle avait redressé sa posture en rigolant, puis…
Clunk !
Le dragon lâcha ses baguettes sur la boîte à bento qui ne contenait que quelques grains de riz, alors qu’elle était au bord des larmes. On l’avait déjà mangé à l’atelier de Mewi, mais elle n’y croyait pas. Peut-être qu’elle ne voulait pas. J’avais du mal à supporter de voir des larmes couler dans ses yeux et elle s’était mise à renifler. Pour quelqu’un qui était habituellement si majestueux, ses émotions étaient beaucoup trop évidentes. C’était probablement parce qu’elle n’était pas habituée à un corps humain, mais la douleur reflétée sur son visage était très douloureuse à voir.
« U-Um, nous étions inquiets qu’il vous soit arrivé quelque chose, et nous sommes venus sans rien préparer…, » déclarai-je.
« … Mais… »
« Hein ? Qu’est-ce que c’était ? » demandai-je.
« Il est vide ! J’ai travaillé si dur pour élever des enfants, et vous me dites que je ne dois apprécier que l’odeur ? Waaaah ! » s’écria la dragonne
J’avais été surpris de la voir tomber à genoux. Il semblait qu’elle n’était pas seulement déçue par le manque de nourriture. Elle avait commencé à expliquer à quel point il était difficile d’élever ses petits.
« Les enfants sont si indisciplinés. Ils étaient adorables au début, mais ils sont comme de petits démons qui rampent sans fin. Et je n’ai cessé de les nourrir de ma magie depuis tout ce temps. Tout ce temps, sans dormir ni manger… depuis si longtemps…, » déclara la dragonne.
Les sourcils de Marie se déformèrent en raison de l’inquiétude tandis que l’elfe frottait le dos de la Magi-Drake avec sympathie. Il devait y avoir tellement de choses que le dragon retenait dans son cœur, et les larmes commencèrent à couler sur son visage.
« Ah, je vous envie. Vous avez votre mâle à vos côtés. Ha, ha, ha, celui-là est toujours en train de voler quelque part, faisant ce qu’il veut. Je souhaite aussi faire quelque chose d’agréable. Je veux aller jouer… Si seulement je pouvais au moins attaquer une ville humaine, » déclara-t-elle.
Attends, est-ce qu’elle vient de dire quelque chose d’effrayant… ? pensai-je.
Marie m’avait lancé un regard troublé. C’était peut-être ce qu’ils appelaient la « névrose maternelle ». Je ne savais pas que les dragons avaient aussi du mal à élever des enfants, mais cela devait avoir été dur pour elle si elle n’avait même pas eu le temps de dormir. Le grognement que l’homme-lézard avait mentionné et la faible lueur que nous avions vue sur l’objet imprégné de sang du dragon étaient probablement dus à cela.
« Euh. Ce serait dangereux d’attaquer les gens, alors ne le faites pas, » déclarai-je.
« Je le sais, je le sais. Je suis une dragonne prudente. Les survivants rancuniers n’apporteront que plus d’ennuis, alors je m’assurerai de choisir un petit village, » déclara la dragonne.
Elle avait légèrement souri, mais ce n’était pas rassurant du tout, Madame la Magi-Drake. Cela ne m’aurait pas dérangé quand je pensais que ce monde n’existait que dans mes rêves, mais c’était juste inquiétant maintenant que je savais que ce n’était pas le cas.
***
Partie 3
Hmm, mais ce n’était pas quelque chose qui pouvait être résolu avec un peu de bentos. Au Japon, les maris avaient tendance à consacrer leur temps de loisirs à leur femme, mais je me demandais comment c’était dans ce monde. En y repensant, je m’étais souvenu du voyage à Chichibu que nous avions planifié pour le week-end.
« Oh, ça vous dirait de vous joindre à nous pour un voyage au Japon ? Ah, ça ne vous intéresserait probablement pas, n’est-ce pas ? » J’avais ri, mais mon rire s’était vite dissipé.
Les larmes de la dragonne s’arrêtèrent immédiatement. Puis, les étincelles qui semblaient visibles dans ses yeux m’avaient dit. « C’est une idée merveilleuse. »
« Oui, oui, c’est exact. Ce corps n’est que l’un des nombreux noyaux de dragon. Je visiterai le monde de la réalité avec les enfants de l’homme tout en m’occupant de mes petits ici. Comme c’est excitant ! »
Uh-oh. J’avais peut-être suggéré quelque chose qui pourrait devenir un gros problème. Et il n’y avait aucune chance que je puisse vraiment revenir en arrière maintenant…
Nous avions déjà révélé mon secret sur la possibilité de voyager entre nos deux mondes, mais je ne pouvais pas imaginer ce qui arriverait si un dragon légendaire nous suivait au Japon. Même Mariabelle me regardait fixement, et j’avais senti quelque chose de froid remonter le long de ma colonne vertébrale.
***
Lorsque nous étions sortis du labyrinthe souterrain, la vue extérieure avait complètement changé. Au loin se trouvait le château royal enveloppé dans le crépuscule, avec un ciel azur de l’autre côté. L’air était plus frais qu’avant, et j’étais content d’avoir fait que Marie ne porte plus son habit dans le style arabe.
Mais quand je m’étais retourné, ses yeux violets étaient froids et elle n’était manifestement pas contente.
« … Je n’arrive pas à croire que tu aies promis une telle chose. Qu’est-ce que tu comptes faire ? » demanda Marie.
« Désolé, ça m’a échappé. Je ne pensais pas inviter une Magi-Drake au Japon…, » répondis-je.
Ses doigts pâles qui m’avaient tendu la main jusqu’à maintenant m’avaient pincé la joue. Et alors que je me tenais là, surpris, elle m’avait aussi pincé l’autre joue. Elle avait rapproché son visage renfrogné du mien, et bien qu’elle soit fâchée contre moi, cela m’avait fait bondir le cœur en la voyant si près.
« Je pense que tu es bien trop négligent quand tu es dans ce monde. On dirait que tu as besoin de moi pour te discipliner, » déclara Marie.
Après avoir dit ça, elle se rapprocha encore plus de mon corps comme pour m’empêcher de m’échapper. Elle semble s’y être habituée maintenant. En tant qu’homme, c’était assez troublant quand elle pressait ses petits seins contre moi comme elle le faisait quand on dormait ensemble dans le lit. Elle avait ensuite tiré mes joues de haut en bas, me donnant une sensation étrange qui se situait quelque part entre la douleur et un chatouillement. C’était troublant, parce que… ça me rendait si heureux que je ne savais pas quoi faire.
« Et qu’est-ce qui est si drôle ? Tu ne sais pas encore ce qui arrive quand tu me mets en colère. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais j’ai discipliné beaucoup de nouveaux venus dans la Guilde des Sorciers. Je fais tellement peur qu’on me surnomme la Fée des Glaces, » déclara Marie.
Fée des… des glaces ? C’est bizarre, je ne la vois que comme une fée de la nourriture, pensai-je.
… La situation serait devenue encore plus compliquée pour moi si je l’avais dit à haute voix, alors j’étais resté silencieux.
« Je suis désolé, Marie. À partir de maintenant, je ne manquerai pas d’en discuter avec toi d’abord, » lui avais-je promis.
« C’est une évidence. Nous allons passer tellement de temps ensemble, alors je ne permettrai pas de secrets ou d’actions égoïstes. Est-ce bien compris ? » demanda Marie.
Je ne pouvais rassembler qu’un « Oui, madame » avec les joues encore pincées, mais il me semblait que la Fée des Glaces m’avait pardonné. Elle avait fait entendre un mignon « Hmph ! » puis elle m’avait lentement libéré.
Mais mon cœur battait plus fort que jamais. C’était probablement parce qu’elle avait mentionné comment nous allions « passer tant de temps ensemble ».
Quant à Marie, elle avait incliné la tête et avait demandé ce qui n’allait pas. Il semblerait qu’elle n’avait aucune idée de l’importance du choc qu’avaient occasionné ses paroles. Il aurait été grossier de la pousser à le faire, alors j’avais décidé de me concentrer sur notre objectif initial. Je m’étais raclé la gorge, puis je m’étais tourné vers elle.
« Ne t’inquiète pas pour ça. Quoi qu’il en soit, nous devrions aller à la Guilde des Sorciers avant le coucher du soleil. Mais je ne sais pas combien de temps elle restera ouverte, » déclarai-je.
Elle cligna des yeux, surprise. Il semblerait qu’elle avait tout oublié de la situation après que j’eus invité la Magi-Drake au Japon. J’avais alors sorti une lettre enroulée de mon sac à bandoulière. C’était la licence du Royaume d’Arilai permettant l’entrée dans l’ancien donjon.
« Ah ! Nous devons nous présenter à la Guilde des sorciers ! Oh non, le soleil va bientôt se coucher ! » s’exclama Marie.
Ce n’était pas grand-chose si on se présentait le lendemain, mais Marie avait tapé dans ses petits pieds avec une expression emplie d’anxiété. Elle était droite de nature, donc elle voulait probablement le faire le plus tôt possible.
Mais à ce moment-là, quelqu’un nous avait complètement pris par surprise.
« Alors je vais délivrer cette licence pour vous. »
Les vêtements de l’homme avaient bougé quand il s’était levé, et mon esprit s’était figé. Il y avait en lui quelque chose qui me faisait penser à une épée dégainée, une aura qui ne pouvait être obtenue que par le combat. Il se tenait là avec un sourire artificiel et un corps en pleine forme, portant des lunettes de soleil, ce qui n’était pas courant dans ce monde, et avait deux épées suspendues à sa taille.
Depuis quand était-il assis ici ? Comment savait-il qu’on serait là ? Nous venions de sortir d’une ruine souterraine.
Mon cœur avait finalement recommencé à battre, et pour une raison inconnue, mon corps s’était naturellement préparé à la bataille. Comment était-il au courant pour le permis ? Cet homme n’était pas un voleur ordinaire.
« Qui êtes-vous ? Tu le connais, Marie ? » demandai-je.
« Je crois que c’est Sire Sven, un sorcier spécialisé dans l’anti-magie, » répondit Marie.
Ohh, OK. J’avais vraiment pensé que c’était un ennemi, à en juger par l’air contre nature qui l’entourait. Je ne savais pas qu’il y avait de tels sorciers dans ce monde.
« Bonsoir. Je suis Kazuhiho, l’escorte de Mariabelle, » déclarai-je
« Bonsoir, Sire Sven. Quelle coïncidence de vous voir ici ! » déclara Marie.
Nous avions souri et nous nous étions inclinés poliment, mais l’homme avait soupiré pour une raison quelconque, se frottant le front. Je l’avais peut-être imaginé, mais c’était presque comme s’il était affligé par l’atmosphère paisible que nous émettions. Puis, comme pour se ressaisir, il avait tendu sa grande main vers nous.
« Donnez-moi tout de suite le permis, » ordonna-t-il.
« Oh, oui, c’est juste là. S’il vous plaît, donnez-moi le permis de substitution en échange, » répliqua Marie.
C’était comme un échange dans un bureau du gouvernement. Je ne connaissais pas grand-chose de la Guilde des Sorciers, mais tout cela était bien réel et ce n’était pas du tout quelque chose issue de la fantasy. Ils semblaient assez importants dans leur hiérarchie sociétale aussi, alors j’étais content de l’avoir évité jusqu’à maintenant.
« C’est quoi ce regard ? Nous devons faire les choses correctement et donner l’exemple à ceux qui nous admirent. C’est une procédure élémentaire que même un enfant peut faire. On se moquera de vous derrière votre dos que si vous ne vous souvenez même pas de devoir fait quelque chose comme ça. Est-ce ce que vous voulez ? » demanda Marie.
Sven avait ouvert la bouche pour lui crier dessus, mais il referma sa bouche peu après, comme s’il avait changé d’avis après avoir vu son comportement intense. Voyant son expression, Marie s’était sentie mal à l’aise.
« Oh, je suis vraiment désolée. Si vous avez oublié, vous pouvez obtenir le formulaire au deuxième guichet. Si vous pouvez simplement remplir les sections nécessaires…, » commença Marie.
« Très bien. Oubliez ça, dépêchez-vous de le livrer vous-même ! » L’homme l’avait interrompue en criant sa réponse. Il semblait que ce type n’aimait pas beaucoup ce genre d’intervention. Il y avait aussi des gens qui détestaient vraiment la paperasse dans mon entreprise.
Pendant que j’y réfléchissais, une silhouette parée de noir était sortie de l’obscurité.
« Euh, Patron ? Qu’est-ce qu’on va faire ? » demanda l’homme.
« La ferme ! On retourne à la guilde ! » déclara Sven.
Marie et moi avions cligné des yeux l’un vers l’autre, nous demandant pourquoi en premier lieu ils étaient tous les deux venus nous accueillir.
Nous avions franchi les portes d’entrée de la ville et étions entrés dans la ville à la tombée de la nuit, qui était remplie de gens qui faisaient leurs courses pour le dîner. Il y avait des moutons qui traversaient la route pour rentrer dans leur étable, les vendeurs de rue qui déversaient du ragoût chaud dans les bols. Tout cela et les routes en ornières et les toits asymétriques m’avaient fait ressentir un peu de nostalgies. La vapeur montait d’un peu partout, et il y avait un sentiment de vitalité dans cette ville animée. Un tel spectacle n’existait pas dans le monde moderne, c’était donc intéressant à voir.
Je m’étais étiré, en admirant le paysage animé de la ville.
« Ahh, si agréable et cool. Ce temps est nettement plus facile à gérer ici, » déclarai-je.
« Je suis d’accord. Nous avons appris quelques méthodes pour nous rafraîchir à Arilai, mais je préfère de loin faire une promenade par ici, » répondit Marie.
Les nuits dans le désert étaient aussi assez froides, bien sûr, mais nous nous étions endormis tout de suite et nous ne les avions pas vraiment vécues. Bien que j’aie entendu dire que la différence de température était assez extrême, je n’avais pas particulièrement envie de le tester.
Sven, qui écoutait notre conversation, s’était approché de nous. « J’ai entendu dire que vous avez trouvé un donjon là-bas. Mais deux gosses comme vous vont finir par se faire tuer. Je vais le conquérir pour vous à la place, alors vous devriez m’être reconnaissant. »
« Oh, je vois. J’ai hâte d’y être, » répondis-je.
Marie était occupée à regarder une échoppe de rue qui faisait rôtir du mouton, alors j’avais souri et j’avais répondu pour elle. Après un certain temps, Sven avait baissé ses épaules. Il semblait aussi dangereux qu’une lame nue tout à l’heure, mais son humeur avait complètement changé. Même la personne en noir qui se tenait derrière lui semblait perdue.
« Je ne sais pas… Ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais. Hé, elfe ! Si vous avez faim, dépêchez-vous d’acheter quelque chose ! Quoi… ? Vous n’avez pas d’argent !? Vous auriez dû être récompensé pour avoir trouvé le donjon… Oh, vous ne l’avez pas encore eu ? Je vois… »
L’homme devint de plus en plus découragé à mesure que Marie répondait par une explication troublée.
C’était vrai, Marie avait épuisé tout son argent de poche parce que nous ne nous attendions pas à un long séjour. Heureusement, je n’avais pas de tels problèmes parce que je n’avais pas l’habitude de dépenser de l’argent.
Quoi qu’il en soit, Sven tortillait son corps depuis un certain temps, et cela me faisait un peu pitié pour lui. Je n’avais pas combattu beaucoup de gens dans le passé, donc je ne pouvais pas en être sûr, mais à en juger par la façon dont il se comportait, il devait avoir un niveau assez élevé. Il aurait pu être plus haut que moi, mais j’avais l’impression qu’on était à peu près au même rang. Cela expliquerait pourquoi il voulait être le représentant pour entrer dans l’ancien donjon en agissant si mal.
Tandis que j’étais perdu dans mes pensées, une brochette de mouton était apparue soudain devant moi. L’huile dégoulinait de la viande rôtie et la légère odeur des épices avait stimulé mon appétit. Derrière, il y avait le visage remarquablement renfrogné de Sven, qui disait. « Cette elfe ne voulait pas se taire, alors vous vous dépêchez et vous mangez aussi. » Son visage était peut-être effrayant, mais il avait l’air sympa.
« Je… Merci. Je suis désolé que vous ayez fini par payer pour nous, » déclarai-je.
« Peu importe, je me rembourserais bien assez tôt. Bref, je croyais que vous étiez son garde du corps. Où est votre épée ? » demanda Sven.
« Oh, elle a été détruite il y a peu de temps. Je vais devoir en trouver une autre bientôt, » déclarai-je.
J’avais ignoré l’air exaspéré qu’il avait sur le visage et j’avais mordu le mouton. Ma bouche était remplie d’huile et d’une forte odeur…
Wôw, ça a un goût étonnamment mauvais, pensai-je.
Il semblait que personne ne faisait vraiment d’efforts dans la cuisine de ce monde. Inquiet, j’avais regardé à côté de moi. Bien sûr, Mademoiselle l’Elfe affichait aussi un visage triste.
« Comme c’est injuste. Il avait l’air si savoureux… C’est comme ça que la nourriture dans ce monde nous trompe. Ça me donne envie de pleurer, » déclara Marie.
« Pauvre petite chose. Quand on retournera de l’autre côté, je te donnerai à manger autant que tu le veux… En parlant de ça, il est temps qu’on dorme, » déclarai-je.
Nous avions passé le mouton à la personne en noir, l’avions remercié pour le repas, puis nous nous étions enfuis. Il se tenait là avec une expression vide, mais la réception de la guilde était déjà fermée et nous allions y aller demain de toute façon, donc c’était pour le mieux.
Vous devez comprendre qu’en tant que membres de la société, nous avions le devoir de ne jamais être en retard. C’était particulièrement vrai lorsqu’il s’agissait d’aller au lit à l’heure. Mais il n’y avait aucune raison de lui expliquer cela.
Finalement, nous étions allés dans une auberge bon marché à proximité et nous nous étions couchés tout de suite.
L’homme se tenait dans la rue, regardant l’auberge bon marché avec une veine saillante sur le front. La personne en noir le suivait, grignotant une brochette de mouton pendant qu’il parlait d’un ton inquiet.
« Qu’est-ce qu’on fait ? On a enfin trouvé l’auberge, mais ils ne devraient pas pouvoir s’échapper, non ? » demanda l’homme en noir.
« Crois-tu que je vais faire une erreur comme ça ? J’ai mémorisé la sensation produite par la présence de ces gosses. Tant qu’ils sont dans ce pays, ils ne peuvent échapper à mon Oracle. Jamais de la vie cela n’arrivera, » déclara Sven.
Il fixa du regard le sorcier en noir, qui avait failli lâcher la brochette en raison de la peur. Puis, quelques minutes plus tard…
Enragé, Sven frappa le sol avec une chaise en bois. Des éclats de bois avaient été projetés partout. Avec la pleine lune derrière lui, l’homme avait fouillé chaque pièce avec des yeux injectés de sang. Il les suivait jusqu’à il y a un instant, mais ils avaient soudain disparu. Leur sac, leurs vêtements, leur bâton de sorcier, tout avait disparu avec eux comme s’ils faisaient une sorte de farce.
« Ils se sont échappés… Ces foutus morveux !! » cria Sven.
Son rugissement meurtrier avait résonné dans toute l’auberge, causant de grandes nuisances aux autres clients. Il allait sans dire qu’il leur causerait encore plus d’ennuis en cherchant les deux jusqu’au matin…
« Trouve-les ! Ils doivent encore être tout près ! » cria Sven.
« Heheh, je pense que vous oubliez ma magie spécialisée, Patron, » déclara l’homme en noir.
Il semblerait qu’ils avaient encore des moyens de les trouver. C’était difficile à dire à cause de l’habillement entièrement noir, mais le subordonné semblait sourire. Voyant cela, le sourire dangereux de Sven était revenu sur son visage.
Il y avait une chaîne reliée au bâton dans la main du sorcier, qui flottait dans les airs de son propre chef. Une lumière était apparue à ce moment-là, formant une image floue de deux yeux, d’un nez et d’une bouche. Quoi que ce soit, il était clair que ce n’était pas de ce monde.
« C’est exact, ta nécromancie. Avec cela…, » déclara Sven.
« Oui… Peu importe où ils se cachent, ils n’échapperont jamais à mes fantômes. Ces enfants passeront leurs nuits à se cacher dans la peur ! Et c’est vous qui les pourchasserez, patron, » déclara l’homme en noir.
Le sorcier avait laissé échapper un rire sinistre… mais malheureusement pour eux, les deux enfants étaient partis depuis longtemps non seulement de cette ville, mais de ce monde, et leurs efforts en utilisant la nécromancie avaient fini en vain. Ils étaient devenus désespérés après s’être mis à espérer inutilement et avoir continué à chercher jusqu’à l’épuisement. « Ils sont partis… » ils murmurèrent avec le soleil matinal se répandant sur eux, s’écroulant en raison du sommeil.