Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 1 – Chapitre 3 – Partie 2

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Épisode 3 : Magi Drake

Partie 2

Je me trouvais dans une situation étrange. Là, devant moi, la dragonne était assise sur la patte arrière des restes de sa vraie forme et plaçait de la bière et un bento sur la patte avant.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Je pensais qu’on était en mission de vie ou de mort jusqu’à tout récemment. Mais je préférais ne pas mourir, alors j’avais servi l’arkdragon tel un serveur. J’avais versé la bière dorée dans un verre que j’avais apporté, l’arkdragon y jetant un coup d’œil sans s’empêcher de cligner des yeux tout le temps. Malgré tout ce qu’elle avait dû voir au cours des milliers d’années qu’elle avait vécues, les fines bulles qui pétillaient à la surface semblaient l’intéresser beaucoup.

« Hmm, donc c’est ce qu’on appelle le verre de ces derniers jours. Je vois qu’il permet de profiter de cette belle vue dorée à travers le conteneur, » déclara la dragonne.

« Oui, c’est du verre spécialement pour la bière. Je crois que le meilleur moyen d’en profiter, c’est de le boire après une bouchée de nourriture, » déclarai-je.

J’avais eu raison d’apporter une fourchette au cas où Marie en aurait besoin. En passant, c’était étrange que la verrerie et les baguettes retournent sur mon oreiller quand je me réveillais, mais c’était quelque chose que je devais examiner plus tard.

Comme conseiller, le dragon plaça d’abord la côtelette dans sa bouche. La chaleur résiduelle du sol était agréable et humide, et les jus pleins d’umami s’infiltraient dans la viande de porc parfumée. Les yeux du dragon s’élargirent immédiatement, et je regardai sans voix quand la queue du dragon humanoïde claqua contre le sol. Elle avait alors crié « Hmmmmmmmm !! » pendant un moment, puis elle commença à manger la nourriture à pleine vitesse.

« Hng ! Nng ! Bien ! Tellement bonnnnnn ! »

Le fait de voir une beauté aux cheveux noirs agir comme ça, c’était tout un spectacle. La scène de son repas était beaucoup plus intense que nous l’imaginions, et Marie et moi ne pouvions que la fixer sans dire un mot.

Tandis que le dragon mâchait joyeusement sa nourriture, elle se souvint enfin de l’événement principal. Elle regarda le verre à bière bouillonnant et fit sortir une déglutition audible, ses yeux d’obsidienne scintillant d’anticipation. Finalement, le liquide ambré fut versé dans la gorge du dragon. Le katsudon salé avait été recouvert avec la bière fraîche et cela avait fait une combinaison fantastique. Le goût amer de l’orge demandait un peu de temps pour s’y habituer, mais ce n’était pas un problème pour l’arkdragon, vu son amour pour la bière.

Le goût amer se transformait rapidement en saveur délicieuse, et vous ne pouviez vous empêcher d’incliner le verre et de boire de bon cœur. La carbonatation issue du processus de brassage l’avait rendu d’autant plus rafraîchissant. Si vous poussiez un soupir satisfait, l’arôme de l’orge passera par votre nez. C’est peut-être la raison pour laquelle une bière avait si bon goût après une longue journée de travail.

« Urrrgh. C’est ça ! H-Hm... pas mal. Je dirais, la note de passage... Est-ce que tous les humains mangent des friandises comme celle-ci ? » demanda la dragonne.

« Oh, non, non. La cuisine était faite maison, et l’alcool vient du Japon. Je ne pense pas que vous trouveriez ces choses vendues normalement ici, » déclarai-je.

En entendant ma réponse, ses sourcils joliment formés tombèrent tristement en murmurant. « Dommage. J’envisageais de conquérir une colonie humaine... »

Ce n’était pas loin... J’avais failli faire annihiler une colonie.

J’étais content qu’elle ait l’air d’aimer ça.

Marie, qui avait suivi le déroulement des événements, m’avait posé une question alors que je mettais une main sur ma poitrine en poussant un soupir de soulagement.

« Elle a aimé ça ? Elle doit l’avoir fait, vu la qualité de ta cuisine. Alors, de quoi discutais-tu avec la draconienne tout à l’heure ? » demanda Marie.

« Oh, elle a dit qu’elle allait nous donner l’une de ses écailles en remerciement. Tu en voulais une, alors j’ai pensé que ce serait bien, » déclarai-je.

Les yeux de Marie s’élargirent de surprise, puis elle chuchota, « Un bento contre une écaille de l’arkdragon !? »

D’après ce que j’avais entendu la dernière fois, une écaille de dragon semblait extrêmement précieuse. Bien que personnellement, je ne savais pas grand-chose à ce sujet.

« C’est incroyablement précieux. En fait, un mage donnerait probablement tout ce qu’il a pour s’en procurer une. C’est un objet magique qui peut te fournir de la magie et cela peut augmenter les limites de tes capacités, de sorte que les gens paieront autant qu’ils le peuvent, » expliqua Marie.

« Ouais, je n’ai aucune idée de quoi tu parles, » déclarai-je.

C’était difficile pour moi de visualiser un prix aussi vague quand tout ce qui m’intéressait, c’était de voyager et de voir les curiosités. C’est peut-être le résultat d’un état d’esprit : « Je préfère me promener dans ce monde fantastique plutôt que de traiter avec d’autres personnes. »

Clang !

Un son mélancolique avait retenti. Je m’étais tourné vers la source et j’avais trouvé une draconienne qui regardait une boîte à bento vide, apparemment au bord des larmes.

Ah... Cette dragonne était très facile à lire quand elle était sous forme humanoïde. Ça me rendait triste rien qu’en la regardant.

« Tout est parti..., » murmura la dragonne.

« Oh, j’en ai un autre, » déclarai-je.

 

 

La beauté tourbillonnait autour de moi, puis étendit rapidement sa main vers moi. Soudain, elle avait eu l’air de réaliser quelque chose. Elle plissa les sourcils et ramassa une pierre du sol.

« Je vous rembourserai, bien sûr, comme il se doit. Et ce caillou ? J’admets que je ne comprends pas leur valeur, mais les humains semblent avoir une haute opinion d’eux, » déclara la dragonne.

« Euh... Marie ? Tu es d’accord pour échanger ce caillou ? » demandai-je.

Le bento restant était censé être celui de Marie, alors j’avais pensé lui demander son avis. Je lui avais montré la pierre bleue que la draconienne m’avait donnée, et Marie l’avait regardée avec curiosité.

« Qu’est-ce que cette pierre bleue... ? On dirait qu’elle a changé de couleur. Non, c’est plutôt... quelque chose qui s’est infiltré et qui s’est solidifié à l’intérieur... Kazuhiho, peux-tu lui demander ce que c’est ? » demanda Marie.

« Excusez-moi, c’est quoi cette pierre ? » demandai-je.

« Une pierre qui a été trempée dans mon sang. Comme vous le savez, j’ai pondu mes œufs. Depuis lors, le sang a été absorbé dans les roches environnantes, » déclara la dragonne.

Hein, donc les dragons ont le sang bleu...

Du sang durci, ou un katsudon. Je n’avais aucune idée de ce qui valait plus. J’avais de nouveau demandé à Marie de me donner son avis et, pour une raison ou une autre, elle était devenue sans expression et très calme.

« Hein ? Marie ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.

« ... ly... »

« Reprends tes esprits. Cela va ? » demandai-je.

« Donne-lui le bento pour cette pierre. Rapidement..., » déclara Marie.

Les yeux de Marie brillaient étrangement. Incapable de refuser sa pression intense et un peu effrayante, j’avais hoché la tête avec enthousiasme et déclarai à la draconienne que nous accepterions son offre. Le visage de la dragonne s’éclaira d’un sourire éclatant en réponse.

« Oui, oui, oui ! Je savais que vous comprendriez ! Alors, on a un accord ! » déclara la dragonne.

Alors que je lui tendais l’autre bento, la draconienne l’avait pris contre ses seins amples comme si c’était un cadeau d’un amant, puis lui donna un tendre baiser. Immédiatement après, elle avait démontré son appétit qui était loin de celui d’une dame en le dévorant, et j’avais de nouveau été surpris par l’extrême différence avec son apparence.

J’admirais l’intensité du repas d’un dragon quand j’avais entendu Marie marmonner quelque chose pour elle-même.

« Dragon... Sang de dragon... Du sang de dragon... pour un bento..., » murmura Marie.

Elle regardait la pierre qu’elle avait reçue avec une expression sans émotion.

Ouais, elle a sa propre intensité bizarre, m’étais-je dit.

Notre mission était donc terminée, même si je n’avais aucune idée que nous allions recevoir comme cadeau, du sang de dragon et une écaille de dragon au lieu de courir pour sauver nos vies.

 

***

 

« Enfant de l’homme, vous êtes le bienvenu. Et la prochaine fois, vous apporterez plus de ce “bento”. Trois... non, quatre exemplaires, » m’avait dit l’arkdragon quand les grilles de fer avaient été ouvertes. Ses yeux étaient pleins d’intelligence, malgré ses commentaires plutôt stupides... mais j’avais décidé de ne pas trop m’attarder là-dessus.

« Alors je vous reverrai. Merci pour votre hospitalité, » déclarai-je.

J’avais fait signe, et notre rencontre avec le dragon avait pris fin. Mais en laissant les ruines, j’avais remarqué que Marie titubait au hasard.

« Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu faim ? Accroche-toi à ma main, j’ai peur que tu ne te blesses, » déclarai-je.

« Oui, merci..., » déclara Marie.

Elle m’avait pris la main sans hésitation. C’était comme si nous étions des amants, et je n’avais pas pu m’empêcher d’en être heureux. Je me disais que c’était un peu dommage que nous soyons de la même hauteur dans ce monde, contrairement au Japon, où Marie me parlait en levant un peu les yeux.

« On dit que le sang de dragon peut guérir n’importe quelle maladie... Ceci et l’écaille sont si précieux que je ne sais pas quoi faire..., » déclara Marie.

« Je-Je vois... Alors peut-être que tu devrais le vendre quelque part ou le partager avec une personne malade, » déclarai-je.

« ... C’est ça le problème, » Marie secoua la tête. « Ils valent tous les deux une fortune, mais les gens vont certainement soulever des questions sur la façon dont je les ai acquis. Il serait impossible de garder le secret. Voilà à quel point ils sont précieux. »

Elle semblait incroyablement troublée pour quelqu’un qui venait d’obtenir des objets d’une telle valeur. J’avais trouvé cela étrange et j’avais admiré les ruines dans l’obscurité. Alors la réponse m’avait frappé.

« Oh, je comprends... Alors les gens découvriront l’endroit où dort le magi drake, » déclarai-je.

Marie hocha la tête.

J’avais entendu dire que les magi drakes n’apparaissent qu’une fois tous les 1000 ans, quand il était temps de pondre leurs œufs. Quelqu’un de puissant pourrait y voir une occasion d’attaquer. Mais c’était l’arkdragon légendaire dont nous parlions, tous ceux qui la défiaient ne rentreraient pas indemnes chez eux. Mais serait-elle capable de se battre et de protéger ses œufs en même temps... ?

« Ah, donc c’est ça. Je comprends enfin pourquoi cet endroit a été réduit en ruines, » déclarai-je.

« Hm... ? » demanda Marie.

J’avais dû piquer sa curiosité, car ses yeux se tournaient vers moi.

« Une fois tous les 1000 ans, l’arkdragon pond ses œufs. Les résidents de ces ruines ont dû essayer de mettre la main dessus, » déclarai-je.

« Alors le dragon persistant les a poursuivis jusqu’à leur ville souterraine, les habitants se sont enfuis, et elle y est restée depuis... Il serait normalement étrange d’y penser, mais étant donné que la ville a été anéantie il y a 1 000 ans, tout s’aligne, » déclara Marie.

Quelque chose que j’avais dit avait dû l’aider à se décider sur les cadeaux du dragon, parce qu’elle semblait soudain retrouver son comportement habituel. Je l’avais regardée dans la confusion alors qu’elle déverrouillait mon sac et mettait les objets à l’intérieur.

« Alors, c’est réglé. Nous déciderons quoi faire de cet objet une fois que les bébés auront grandi et quitté leur nid. Et c’est à tous les coups plus sûrs pour toi de les garder, » déclara-t-elle.

« Quoi ? J’espère ne pas les perdre..., » déclarai-je.

Marie avait gloussé, puis m’avait serré dans ses bras. Par rapport à l’époque où nous étions au Japon, cependant, ses seins se pressaient contre moi à une position beaucoup plus élevée.

« Si ça arrive, cela arrivera, c’est tout. Ne t’inquiète pas, je ne t’en voudrais pas. Un jour, on pourrait se vanter dans un pub et dire : “On a déjà rencontré le légendaire arkdragon”, » déclara Marie.

« Hmm, mais tout ce qu’on a fait c’est la regarder manger du katsudon... On pourrait au moins se vanter auprès des enfants, » déclarai-je.

Son visage souriant s’était figé avec mon commentaire, puis son visage était devenu rouge. Je ne savais pas pourquoi elle réagissait ainsi, mais je la trouvais très séduisante.

Le temps que nous sortions dehors, dans les bras l’un de l’autre, le soleil commençait déjà à se coucher. Puis nos estomacs avaient grogné de façon audible, et j’avais réalisé que nous n’avions rien mangé de toute la journée.

« Pourquoi n’irions-nous pas à Sissle ? Ils sont bien connus pour leurs repas légers. À tel point que tu pourrais, manger autant que tu le veux et ne jamais être rassasié, » déclara Marie.

« Ouais, ça pourrait être sympa de temps en temps. Oh, et si on se logeait pour la nuit ? Je vais retourner au Japon, mais n’as-tu pas à t’inquiéter de l’endroit où dormir ? » demandai-je.

J’avais regardé son visage pendant que nous marchions vers la ville. Il y avait quelque chose que je ne pouvais pas lui demander la nuit précédente...

Sera-ce un au revoir ?

Je lui avais parlé avec désinvolture, mais je me sentais en fait assez nerveux. Mais les oreilles de la jeune elfe se redressèrent en riant joyeusement.

« Non, je n’ai pas non plus besoin de m’inquiéter pour ça. Je vais dans ton pays avec toi, après tout. Et comme tu l’as promis au début, je te demanderai de m’apprendre ta langue. Je veux dire le japonais, bien sûr, » déclara Marie.

J’avais été pris par surprise, mais une partie de moi s’y attendait aussi. J’avais le sentiment que nous allions passer beaucoup plus de temps ensemble. Par exemple, je rentrais du travail et une adorable elfe m’attendait pour faire du bento. Ensuite, on partirait ensemble dans un autre monde. Ne serait-ce pas une vie merveilleuse ?

Un sourire s’était répandu sur mon visage alors que nous marchions vers Sissle, mais Marie avait une expression de perplexité pendant qu’elle me bombardait de questions. Avant même de nous en rendre compte (peut-être parce que mes pas semblaient si légers), nous étions arrivés à destination beaucoup plus tôt que prévu.

***

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre! Et voila encore une histoire mignonne.

  2. amateur_d_aeroplanes

    Mais qu’ont t’ils tous avec la cuisine japonaise ? Je l’amène dans un restaurant gastronomique français et elle verra la différence 🙂

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