Almadianos Eiyuuden – Tome 4 – Chapitre 121

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Chapitre 121

« Hmmm ! »

Felbell s’étira tout en bâillant.

Avant même qu’elle ne s’en rende compte, les sombres sentiments et la fatigue qu’elle avait accumulés avaient disparu comme s’ils n’avaient jamais existé.

Depuis combien de temps ne s’était-elle pas réveillée dans une humeur aussi rafraîchie ?

Peut-être depuis le lendemain de son mariage, au moment où la façade d’Albert avait commencé à s’écailler, révélant sa déception.

Ce ne fut qu’au moment où ses pensées avaient atteint ce point que Felbell avait réalisé qu’elle n’était pas morte.

Il n’aurait pas dû y avoir de méthode pour la sauver, elle avait subi une blessure mortelle.

Maintenant qu’elle y pensait, elle avait le vague sentiment d’avoir eu une conversation avec quelqu’un, juste au bord de la mort.

« On dirait que tu es réveillée. »

« Eh ? … Mlle Skuld ? »

Felbell fut déconcertée de trouver la princesse folle d’Asgard, qu’elle avait eu peur d’approcher auparavant, regardant son visage.

« Tes blessures physiques ont été guéries, mais il semblerait que tu aies accumulé bien plus que cela. Tu as dormi pendant trois jours. »

« Trois… jours ? »

Pas étonnant qu’elle se sentait renaître après s’être débarrassée de tant de fatigue.

« Tu pensais être morte, et pourtant tu es là, vivante et en bonne santé. Ce n’est pas si mal, n’est-ce pas ? »

« … Je ne le nierai pas. »

Elle était sûre qu’elle avait donné son accord pour mourir par la lame d’Albert à ce moment-là.

Elle n’avait cependant aucun sentiment de satisfaction à l’égard de ce résultat.

L’homme qui lui avait tout juré s’était enfui et l’avait laissée en disgrâce.

Quelle femme au monde voudrait être abandonnée et assassinée par son propre mari !

Alors que de telles pensées lui traversaient l’esprit, des sentiments écœurants commencèrent à refaire surface dans sa poitrine.

« Alors que tu pensais être morte, tu t’es sentie en quelque sorte libérée de tes chaînes, n’est-ce pas ? »

« As-tu éprouvé un sentiment similaire, Mlle Skuld ? »

« En effet. Pour être honnête, je n’arrive toujours pas à croire que je sois toujours en vie. Après tout, j’ai toujours vécu pour me battre et mourir. »

Depuis le jour où son père avait été assassiné en guise de punition, Skuld cherchait un homme qui pourrait la tuer et surpasser Heimdall.

Mais, ayant survécu afin de se voir défaite, elle avait l’impression qu’il lui restait trop de choses à faire dans la vie.

La vie était pleine de possibilités, n’est-ce pas ?

Elle sentait qu’elle pouvait trouver du plaisir à rester au lit jusqu’au lever du soleil, ou encore à se bourrer le ventre de sucreries jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus déjeuner.

Plus important encore, elle était impatiente de se battre à nouveau en duel avec cet homme.

Non, si possible, on pourrait aller plus loin et… faire ceci, et cela… Et même cela !

« Aaah »

Felbell s’était retrouvée à sourire alors qu’elle regardait Skuld. Celle-ci s’était soudainement mise à rougir tout en faisant tournoyer ses index.

C’était réconfortant. Elle avait l’air bien trop innocente pour porter le titre de princesse folle.

« Serait-ce possible… que tu sois tombée amoureuse ? »

« L, L’amour ? Amoureuse ? Moi ? »

« Oh, viens-tu juste de le réaliser ? »

« Iiiiiiiiiiiiih »

Paniquée, Skuld agita ses mains de façon chaotique.

Felbell sentait qu’elle pouvait voir en elle son ancien visage, celui de l’époque où elle était tombée amoureuse d’Albert.

Son propre amour avait pris une tournure malheureuse, mais elle ne pouvait s’empêcher de souhaiter que l’amour de Skuld réussisse.

Kurats ne vint rendre visite à Felbell qu’une fois l’heure de midi passée. Il vit qu’elle était complètement rétablie aujourd’hui.

« Tu as l’air en bonne santé, c’est super. La vérité est que je suis venu te demander quelque chose. »

Le cœur de Felbell bondit quand elle entendit cette voix familière et profonde.

C’était effectivement la voix de l’homme qui lui avait parlé alors qu’elle était au bord de la mort.

Elle se sentait étrangement gênée de ne pas pouvoir deviner, à partir de ses vagues souvenirs, ce qu’elle avait pu dire à ce moment-là.

« Je crois que c’est la première fois que nous nous rencontrons ainsi, Seigneur Bashtar. »

Elle avait entendu parler de lui d’innombrables fois à la suite des plaintes et des abus d’Albert, mais c’était la première fois qu’elle le rencontrait en personne.

Sans compter la fois où il était venu la sauver, bien sûr.

« Alors je vais me présenter officiellement. Je suis Kurats Hans Almadianos de Bashtar. J’ai beaucoup entendu parler de vous par l’intermédiaire de Lunaria, Votre Altesse. »

Felbell se souvenait de sa petite sœur, quand elles avaient dû se séparer en deux factions.

Elle avait été la seule à partager avec elle une bonne relation sans hiérarchie ni statut superflu.

Contrairement à elle, sa petite sœur était du type joyeux et ouvert. Tout le monde était attiré par son excentricité.

Si Felbell avait obtenu le soutien de la noblesse, c’était parce qu’elle avait le talent d’Albert à ses côtés. Si les deux sœurs avaient participé individuellement à un concours de popularité, Lunaria aurait gagné.

Felbell avait toujours été jalouse de sa petite sœur, innocente et simple.

Et plus Lunaria devenait sauvage, plus Felbell s’entêtait à se comporter comme une bonne enfant.

Cela l’avait à tous les coups fait passer pour une marionnette facile à manipuler pour Albert et les autres.

Si elle avait vécu aussi librement que Lunaria dès le début, sa vie aurait-elle été un peu différente ?

« Vous m’avez sauvée, n’est-ce pas ? »

« Ah oui, Lunaria me l’a demandé. En plus, je ne pourrais pas dormir la nuit si je vous laissais mourir comme ça. »

« Elle vous l’a demandé ? »

Il y avait une certaine irritation dans cette question.

Sa fierté ne lui permettait pas d’approuver que sa petite sœur lui accorde sa sympathie après qu’elles soient devenues les responsables de deux factions ennemies.

« Et si je voulais mourir ? »

« Je vous demanderai alors si vous voulez encore renoncer à votre vie pour le bien de cet homme ? »

« … Kuh »

Cette réaction n’était pas seulement logique, mais aussi émotionnelle.

Elle ne pensait plus être prête à mourir pour le bien d’Albert.

Les racines de ses sentiments pour lui s’étaient complètement fanées. Peu importe la quantité d’eau qu’elle y versait, elles ne refleuriront plus jamais.

« J’y ai réfléchi. Les gens ne sont pas assez forts pour se forcer à croire en une idée qui la conduira à leur propre mort. »

Sacrifier sa vie pour quelqu’un était quelque chose qui ne pouvait littéralement être fait qu’une fois.

Une fois cette opportunité gâchée, il était impossible de le refaire.

« Mais pour l’instant, je veux vous poser une question afin d’obtenir une confirmation. Votre mari est apparemment détenu par Asgard. »

« Détenu ? »

« Ils essaient probablement de lui faire endosser la responsabilité de la défaite. Je suppose qu’il n’a plus aucune valeur maintenant qu’il a été chassé de son propre territoire. »

Comme je le pensais, on en est arrivé là.

Felbell n’avait rien trouvé à dire, car c’était malheureusement bien dans ses attentes.

Elle savait qu’Albert n’avait plus de pouvoir car il avait perdu à la fois son territoire et son influence après sa défaite.

Le seul qui n’avait pas compris que cela allait arriver était Albert lui-même.

Mourir courageusement sur la terre de ses ancêtres était la chose la plus élémentaire qu’il aurait pu faire pour protéger son honneur, mais en fin de compte, il avait rejeté cette option.

« En ce moment, il est comme un enfant non désiré pour Asgard. Ils ont dit qu’ils nous le livreront pour que nous puissions faire ce que nous voulons de lui, mais seulement si nous leur donnons quelque chose en échange. »

Le pays qui voulait le plus punir Albert était, bien sûr, Jormungand, pas Asgard.

Il était le mari de la princesse, et pourtant il s’était rebellé contre le royaume et avait même fait entrer une nation ennemie sur son territoire.

Même s’il était déchiré membre par membre, cela ne suffirait naturellement pas à le faire payer.

« Que ferez-vous, seigneur Bashtar ? »

« Eh bien, je suis sûr qu’ils seraient aux anges si nous leur remettions son altesse Felbell ou le général Skuld. »

« Aaaah, pas question ! Je ne veux plus retourner dans ce pays ! »

Skuld, qui avait jusqu’alors écouté discrètement, s’était accrochée à la manche droite de Kurats comme un enfant qui venait d’être pris en train de faire des bêtises.

« Elle s’est vraiment attachée à vous. »

« Je suis aussi surpris que vous… Hé, ne me regardez pas comme ça. »

Kurats se sentait mal à l’aise de voir que Felbell le regardait comme s’il était l’ennemi de toutes les femmes.

« Relax, c’est bon. Je n’ai pas l’intention de te livrer à eux. »

« Entendu ! Je n’ai maintenant aucune raison de me battre pour Asgard ! Je vais plutôt travailler avec toi pour les vaincre ! »

La très honnête Skuld était redevenue visiblement vive, donnant à Felbell un sentiment agréable.

Elle aussi avait été comme Skuld. Tout comme elle, elle réagissait de façon excessivement émotionnelle à chaque mouvement de celui qu’elle aimait.

Mais aujourd’hui…

« Vous ne voulez pas le sauver, n’est-ce pas ? »

« J’étais prête à mourir avec lui, mais je n’ai pas l’intention de vendre mon corps pour lui. »

« Évidemment. »

Même pour deux personnes qui s’aimaient, la dignité était quelque chose qui devait être respecté quoiqu’il arrive.

C’était particulièrement vrai pour les membres de la famille royale et les aristocrates. Ils étaient censés protéger leur dignité avec leur propre vie.

« Alors je leur dirai que je ne leur donnerai rien. »

« Non, envoyez-leur une épée. Je veux au moins lui donner la possibilité de prendre sa propre décision. »

Si Albert pouvait assumer personnellement la responsabilité de ses actes, il serait en mesure d’effacer un tant soit peu son déshonneur.

Cependant, Kurats et Felbell savaient tous deux que cela serait impossible pour Albert.

« En espérant qu’il en fasse bon usage. »

Bien que ces mots n’aient été qu’une simple consolation pour Felbell, Kurats ne put s’empêcher de les dire

Felbell réalisa que Kurats était plus doux qu’elle ne le pensait.

Il parlait délibérément mal d’Albert afin que Felbell ne se sente pas coupable de survivre.

Mais il était également prêt à aider Felbell à envoyer ses dernières pensées à Albert.

Peu d’hommes étaient assez prévenants pour s’inquiéter de telles choses.

Il semblerait que Lunaria se soit trouvé un très bon partenaire.

« Maintenant, que vais-je devenir ? »

Felbell avait été maintenue en vie et capturée.

On pouvait supposer que cela signifiait qu’elle ne serait probablement pas tuée, mais il était toujours possible qu’elle soit maintenue en vie pour être exécutée en public afin de servir d’exemple.

La solution la plus envisageable était d’enfermer Felbell quelque part jusqu’à ce que Lunaria donne naissance à un héritier.

Elle finirait peut-être par devenir le jouet d’autres nobles qui avaient été enfermés avant elle.

Si tel devait être son destin, Felbell avait bien l’intention de s’ôter la vie par tous les moyens.

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.
    Elle va juste rejoindre le Harem de Kurats.

  3. Totalement d’accord c’était génial merci pour le chapitre

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