Almadianos Eiyuuden – Tome 3 – Chapitre 72

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Chapitre 72

« Argh ! C’est exaspérant ! Comment ce plébéien a-t-il pu monter si haut dans la hiérarchie ? »

Albert lança furieusement le verre dans sa main vers le sol. Cette pièce en verre raffinée, qui pouvait se vendre à un prix élevé n’importe où sur le continent, se brisa bruyamment en de nombreux petits fragments brillants.

Albert s’enfonça lourdement dans son canapé et poussa un profond soupir.

J’ai fait une terrible erreur.

Il ne pouvait pas s’empêcher d’être à la fois étonné et violemment en colère.

S’il était vrai que la princesse Frigga qui était venue au royaume était la vraie et qu’il s’était trompé à son sujet, Albert ne se serait pas permis, en général, de s’énerver autant pour une telle affaire.

Il avait laissé sa conviction d’avoir été aveugler dans son jugement par sa victoire.

En tout cas, le statut d’Albert était maintenant tombé à zéro.

Le pire de tout, c’est qu’il avait perdu les faveurs du roi.

Les nobles de sa faction, qui le flattaient tout le temps, avaient tous unanimement refusé de coopérer avec lui.

Même le Premier ministre, qui était relativement proche de lui, lui avait donné un regard de mépris. Le rappel de cette humiliation faisait encore mal.

« Merde ! Vu la façon dont les choses se passent, même Asgard va m’abandonner ! »

Albert avait prévu assez tôt que le royaume de Jormungand serait conquis par Asgard.

C’est pourquoi il avait prévu de contribuer à l’invasion d’Asgard, de les rendre redevables envers lui, afin que sa souveraineté sur Jormungand soit reconnue par l’empire.

Pour cela, il fallait absolument faire comprendre à l’empire Asgard qu’Albert était le véritable successeur au trône, et qu’il serait plus profitable pour eux de le prendre comme allié plutôt que de lui être hostile.

Cependant, dans l’état actuel des choses, Albert n’était rien d’autre qu’un noble qui était devenu le partisan d’Asgard, et qui ne méritait aucun traitement de faveur.

Si c’était le cas, alors sa trahison de son pays était tout à fait inutile.

Albert était né dans l’une des plus prestigieuses familles du royaume. Il était lié au Premier ministre et il était une figure de proue du royaume, avec la première princesse comme épouse.

Son orgueil ne lui permettrait jamais d’accepter de recevoir le même traitement que n’importe quel noble de la région.

Si cela avait été son but, il aurait accepté docilement de rester dans le monde politique comme un noble régulier et éminent, visant seulement à devenir un Premier ministre.

« … Peut-être que je devrais me réconcilier avec… Non ! Il n’y a absolument aucune chance que cela arrive ! »

Albert avait également la possibilité de laisser le passé derrière lui et d’essayer de faire son retour à la cour royale de Jormungand.

Cependant, cela signifiait qu’il devait accepter ouvertement de montrer qu’il était en dessous de ce roturier, Kurats.

Et c’était une chose qu’Albert ne pouvait pas supporter de faire. Cette humiliation serait plus qu’il ne pourrait supporter.

Après tout, la personne qui lui avait pris son droit au trône juste sous son nez n’était autre que Kurats.

Alors, que dois-je faire ?

Jusqu’à il y a quelques jours, Albert s’attendait à ce qu’environ 20 % des nobles du pays le suivent et tournent le dos au gouvernement en cas d’invasion par l’empire Asgard.

Mais maintenant, il n’aurait probablement que le soutien de quelques parents et peut-être d’une petite noblesse qui partagerait les frontières avec son territoire.

Le marquis de la maison de Strasbourg était une famille noble distinguée, mais quand il s’agissait de puissance militaire pure, ils n’avaient rien de spécial.

Compte tenu de tout cela, Albert n’avait manifestement plus assez d’armes pour attirer l’attention de l’empire Asgard.

Si tel est le cas, alors peut-être que prendre la tête d’une révolte tout de suite lui ferait gagner des points ? Non, car il n’aurait plus de valeur aux yeux du roi et serait à jamais marqué comme un traître.

Le visage de Rosberg traversa l’esprit d’Albert. De son point de vue, Rosberg était plus un monstre qu’un être humain.

Et en toute logique, les forces d’Albert étaient bien trop faibles pour qu’il puisse même rêver vaincre Rosberg.

« … Bon sang. S’il n’y avait pas eu ce foutu mage… »

S’il n’y avait pas eu ce Kurats Hans Almadianos Von Gaura…

La princesse Lunaria serait morte depuis longtemps, Lapland aurait été détruite, et leur destruction aurait grandement pacifié les nobles de Jormungand.

Qui aurait pu penser qu’un seul homme pouvait affronter et vaincre les forces d’Asgard avec son seul pouvoir ?

À ce moment, Albert avait été frappé par un éclair de lucidité.

C’est ça ! Cet homme est la clé de tout ça !

Kurats était capable d’utiliser un type de magie complètement différent du système magique de saint Arthurius qui était répandu dans le monde entier.

Il avait aussi la force de soulever d’une seule main un rocher massif de la taille d’une colline et de le lancer facilement sur ses ennemis.

On dit qu’il a tué des centaines de soldats asgardiens en utilisant cette méthode.

En outre, ceux qui avaient survécu à ses attaques ressentirent une telle crainte face à sa puissance absolue qu’ils ne pouvaient même pas faire le moindre effort pour aider leurs camarades.

Sur un champ de bataille, les soldats qui ne pouvaient pas surmonter leur peur étaient inutiles.

L’empire Asgard ne pouvait pas ignorer un homme aussi dangereux. Ils devaient certainement mettre au point une sorte de manœuvre pour se débarrasser de cette menace, soit en l’assassinant, soit en faisant de lui un allié.

Étant donné les circonstances actuelles de la princesse Lunaria, il était très peu probable que Kurats change de camp.

Cela étant, l’empire Asgard comprendra probablement bientôt qu’arrêter Kurats était l’étape la plus importante à réaliser pour capturer le royaume de Jormungand.

Ainsi, tuer Kurats serait une réalisation suffisante pour qu’Albert renforce sa position aux yeux d’Asgard.

Cependant, le tuer une fois que sa valeur politique atteindrait des sommets encore plus élevés serait encore mieux.

« J’ai besoin de quelqu’un ici ! »

« Maître, vous m’avez appelé ? »

Alors qu’un majordome qui travaillait ici depuis de nombreuses années s’avançait gracieusement, Albert lui donna un ordre sans essayer de cacher son excitation.

« Va recueillir des informations sur cet homme ! D’où vient-il sa famille ? Ce qu’il aime, ses femmes, ses faiblesses ! Vérifie tout ! Je me fiche de ce que cela doit coûter ! »

À ce stade, les faiblesses communes ne suffiraient probablement pas à entraîner la chute de Kurats… Mais, au final, ce n’était encore qu’un arriviste sans soutien.

Il ne serait pas difficile de le saboter. Et si Albert réussissait à le faire céder, il pourrait peut-être même l’utiliser comme pièce d’échec par la suite.

En tout cas, Albert ne considérait plus Kurats comme un simple roturier, mais comme un rival politique.

◆ ◆ ◆

« Hmm, c’est du bon thé. »

Dans une salle VIP pour nobles d’un certain café de la capitale de Jormungand.

Kurats agissait avec une totale insouciance pendant que Frigga et Lunaria se préparaient à déménager à Bashtar.

« … Il n’y a pas assez de serviteurs, il nous en faut bien plus ! »

« Ne pouvons-nous pas engager des gens sur place ? »

« Vous pensez qu’il y a quelqu’un dans le territoire de Bashtar qui est assez fou pour y rester par choix !? Ils s’échapperont tous à la première occasion qu’ils trouveront ! »

« Mais ils auraient l’opportunité d’être les serviteurs directs de la famille d’un comte… »

La vérité était que Kurats et Cornelia n’avaient pas beaucoup de préparatifs à faire avant de partir.

Les seuls préparatifs nécessaires étaient pour le bien de Lunaria, car elle était la princesse d’un pays, et pour la même raison, Frigga. Eh bien, Frigga était habituée à être sur les champs de bataille, donc il s’agissait surtout de Lunaria.

« Hé ! Toute cette opération te concerne, comment se fait-il que tu boives ton thé tranquillement !? »

« Qu’est-ce que je suis censé faire ? Je n’étais encore qu’un roturier jusqu’à récemment, ne fais pas de demandes absurdes. »

« Ce n’est pas absurde. Mais devoir est de faire face au développement de Bashtar ? Ça, c’est absurde ! »

Kurats rejeta les plaintes de Lunaria avec un sourire féroce.

« Ce n’est pas absurde pour moi. »

C’était un territoire de monstres, rien de plus. Même si un aristocrate monstre régnait sur la région, Kurats pouvait très facilement massacrer ce type d’ennemi.

Plutôt que d’avoir peur, il espérait trouver un adversaire qui en valait la peine.

En matière de combat, même le tristement célèbre territoire de Bashtar ne pouvait pas faire ressentir à Kurats un quelconque sentiment de danger.

« Je pense qu’on devrait d’abord s’occuper de l’aspect militaire des choses. On pourrait s’occuper de rassembler les gens sur le territoire et tout le reste, non ? »

Normalement, pour ce genre d’opération, la première étape serait de rassembler les serviteurs, les soldats et les mercenaires, puis d’organiser une armée, et ensuite de s’occuper de tout, des fournitures aux tactiques militaires.

Cependant, maintenir une armée sans fonds suffisants était beaucoup trop difficile au départ.

Le roi avait bien accordé à Kurats un certain capital lorsqu’il avait accepté de s’occuper de Bashtar, mais ce n’était qu’une petite somme.

« … J’ai oublié que tu es une véritable armée à toi tout seul. »

À lui seul, Kurats avait vaincu une armée de plus de 40 000 Asgardiens.

Il pourrait en effet être capable d’annihiler facilement les monstres occupant Bashtar.

« … Mais on n’est jamais trop prudent. J’ai entendu dire que l’homme à qui Rosberg avait demandé de le prendre sous sa coupe était l’une des personnes présentes lors de la grande invasion de Bashtar il y a 70 ans. Apparemment, c’était un combat serré, même pour lui. »

Oho, Kurats montra un large sourire.

Si cet aristocrate démoniaque, Triastera, était aussi fort que Rosberg, alors le combat contre lui n’allait probablement pas être à sens unique.

« Pourquoi as-tu l’air si heureux ? Tu as vraiment des muscles à la place du cerveau ! »

« … Hmm, excusez-moi… »

Le groupe avait entendu une petite voix timide venant de leur côté.

« J’ai entendu dire que vous recrutiez des serviteurs… »

La voix venait d’une femme qui ressemblait à un petit animal mignon que vous ne pouviez pas vous empêcher de taquiner.

Deux queues de cheval blond rose se déplaçaient avec elle sur le dessus de sa petite tête.

Elle n’avait pas du tout l’air de quelqu’un qui aurait sa place dans un groupe de serviteurs allant à Bashtar.

« Ai-je mal entendu ? Je suis désolée ! Je suis tellement désolée ! Je suis désolée d’être née ! S’il vous plaît, ayez pitié de ma stupide personne ! »

« Non non non, tu n’as pas mal entendu, ok ? ! Pour l’instant, arrête de te prosterner ! »

Ne voulant pas ressembler à des brutes vicieuses, le groupe s’était empressé d’aider la fille à se relever avant qu’elle ne puisse se frotter la tête sur le sol plus longtemps.

« N’ai-je pas mal entendu ? Aaah, je suis désolée, je suis vraiment désolée. Pardonnez-moi d’en être arrivé à un tel malentendu par moi-même ! »

« Tu n’as rien fait de mal, tu ne devrais pas t’en vouloir ! »

Le fait que cette fille soit devenue si prompte à se blâmer pour tout était assez merveilleux.

Une fois que la fille se fut enfin calmée, le groupe lui offrit une tasse de thé, ce qui l’aida à se détendre. Elle semblait le trouver délicieux.

Ce n’est qu’après avoir bu qu’elle s’était enfin mise à parler.

« Mon nom est Colette Denier. Je suis une perceptrice d’impôts au service du royaume… Ou plutôt, je l’étais. »

« Tu l’étais ? Pourquoi donc ? »

« Pour être honnête avec vous, j’ai découvert qu’un supérieur commettait une fraude, et quand j’ai confronté mon supérieur avec mes conclusions, il a déformé les faits pour faire croire que j’étais la coupable, et j’ai été renvoyée hier. »

Colette avait les larmes aux yeux pendant qu’elle parlait.

« Impardonnable. Ton patron, et cet autre supérieur qui a conspiré avec lui ! Ils sont tous les deux impardonnables ! »

Alors que Cornelia mettait les mains sur ses hanches en signe d’indignation, Colette secouait la tête d’un côté à l’autre.

« L’autre supérieur ? Non, c’était la même personne en fait… »

« Quoi !? Qui rapporte un cas de fraude à la personne qui l’a commis !? »

« iiih ! »

Quand elle avait vu le visage de Lunaria, qui avait mis toute son exaspération dans sa réplique, Colette s’effondra en pleurant et s’accrocha au bras de Kurats.

La réaction soudaine de Lunaria était parfaitement justifiée, mais pour une raison inconnue, l’échange la faisait passer pour une adulte qui intimidait un enfant.

« C’est bon, il n’y a plus besoin d’avoir peur. À part ça, y a-t-il autre chose dans cette histoire de fraude ? »

« Heehee. »

Alors Kurats lui brossa la tête, Colette gloussa comme si elle était chatouilleuse.

Qu’est-ce que tu es, une enfant !?

« Je vérifiais les impôts du territoire d’un noble, quand j’ai découvert que le montant des impôts que nous étions censés recevoir d’eux et le montant qui nous arrivait étaient très différents. »

« Pourquoi ne l’as-tu pas découvert avant ? »

« Le territoire était censé recevoir un traitement préférentiel sur leurs taux d’imposition parce qu’ils étaient accablés de prétendues dépenses pour des projets d’infrastructure et des affaires militaires… C’est pourquoi leurs taux d’imposition étaient bas. Mais je n’ai trouvé aucune preuve de ces prétendues dépenses. »

« Je vois, en bref, leurs taux d’imposition avaient été illégalement modifiés. »

« Oui, et j’ai finalement découvert que celui qui avait approuvé ce taux d’imposition réduit n’était autre que mon supérieur, le directeur général, Serge Debary. »

Lunaria était stupéfaite.

« Étais-tu du bureau de collecte des impôts numéro 3 !? »

« Étais-tu haut placée dans ce bureau, Colette ? »

Cornelia avait gentiment poursuivi avec cette question.

« Oui, je suis en fait un officier exécutif de seconde classe du département d’inspection du bureau… Je veux dire, c’est ce que j’étais. »

Alors qu’elle se souvenait du fait qu’elle était maintenant au chômage, Colette n’avait pas pu retenir ses larmes une fois de plus.

Bam !

« Iiih !! »

Quand Kurats frappa doucement et furtivement la table, Colette cria et s’accrocha de nouveau à son bras.

Bam !

« Iiih ! »

Bam ! Bam !

« Iiiiih ! Iiih ! »

« Arrête de jouer ! »

Kurats avait continué à jouer avec Colette jusqu’à ce que Cornelia y mette fin avec un coup de karaté admirablement bien exécuté sur son front.

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