Chapitre 100
Finalement, l’attaque que Leclerc guettait n’aura jamais eu lieu.
La force punitive avait atteint le château de Strasbourg sans encombre.
Les soldats de Lagrange et des autres nobles se sentirent alors très sûrs d’eux.
« Nos ennemis sont des traîtres ! Tuez-les sans pitié ! »
« Si nous accumulons suffisamment d’acquis, nos récompenses seront sans fin ! »
Contrairement à la force punitive hostile qui parlait déjà d’exploits et de récompenses, comptant ses poulets avant qu’ils n’éclosent, les forces du côté de Strasbourg agissaient lentement et sans enthousiasme.
Elles se battaient pour préserver leur vie, mais sur le plan émotionnel, elles ne voulaient pas tuer leurs compatriotes.
Parce qu’ils se trouvaient à l’intérieur de la forteresse qu’était le château de Strasbourg, ils étaient à peine capables de maintenir leur combativité. Mais il était évident que Strasbourg ne durerait pas plus de trois jours avant de commencer à voir des déserteurs.
« Tenez le coup ! Une attaque de ce niveau ne peut pas faire tomber notre château ! »
Malgré les circonstances, la seule grâce salvatrice de Strasbourg était l’armée que Benoît avait formée de tout son être.
Lorsque le siège commença, ils réussirent à repousser les vagues d’attaques de la force punitive, leur causant ainsi d’importants dégâts.
Leur défense s’apparentait à un solide mur de fer. Même Leclerc, qui était réputé pour ses solides stratégies, exprima son admiration.
Cependant, il y avait une règle inviolable dans les sièges qui disait que repousser un ennemi ne signifiait pas obtenir une victoire.
Le moral des forces n’allait jamais s’élever par le simple fait d’empêcher l’ennemi d’attaquer. La seule victoire digne d’être notée serait celle qui découlerait du fait de prendre l’initiative et de passer à l’offensive.
Mais quelle que soit la qualité de leur combat, les soldats ne pouvaient pas se battre sans aucun espoir de victoire.
En ce sens, le moral de l’armée de Strasbourg était au bord de l’effondrement.
Bon sang… Ils n’ont toujours pas fini ? À ce rythme, nous allons…
Benoît continua de commander calmement ses forces, mais ce n’était que lorsque des sueurs froides apparurent sur son dos que Lagrange et les autres hommes de la noblesse cessèrent d’attaquer.
Benoît avait rapidement levé la main droite pour donner le signal afin de poursuivre les ennemis dans leur retraite.
Quoi qu’il en soit, le moment le plus vulnérable pour une armée était celui où elle tournait le dos à l’ennemi pour battre en retraite.
Mais à ce moment-là.
« Avancez. »
L’armée dirigée par Leclerc était à l’affût, prête à intervenir au bon moment pour protéger les forces de la noblesse dans leur retraite.
Ayant déjà anticipé cela, Benoît renforça sa résolution.
Leclerc était connu comme un général adepte des stratégies défensives. Il était beaucoup trop dangereux de contre-attaquer.
Benoît rugit sur ses soldats, sachant que c’était un point décisif.
« Mercenaires, laissez-moi ces derniers, et allez-y ! Si vous faites tomber les soldats qui s’enfuient, je vous donnerai toutes les récompenses que vous voulez ! »
Les forces mercenaires se précipitèrent comme une marée qui allait dévorer les soldats des nobles, tandis que Benoît se tournait vers les forces personnelles du royaume, dirigées par Leclerc, qui avançaient actuellement de façon ordonnée.
Les forces personnelles de la noblesse étaient plus nombreuses et n’avaient pas la persévérance nécessaire pour résister à quoi que ce soit. Si les soldats de Leclerc pouvaient être abattus, ceux de Lagrange ne seraient plus rien.
Benoît renforça sa ligne de front en y envoyant les dernières forces de réserve qu’il avait préparées.
Cependant, la détermination de Leclerc n’était pas inférieure à la sienne.
« Ne vous inquiétez pas ! La justice est de notre côté ! »
« OOOOOOH ! »
Le moral des soldats du royaume était au plus haut.
Bien qu’ayant encore des provisions en réserve, l’armée de Strasbourg s’était fatiguée pendant les quelques jours de combat qui avaient mené à ce moment.
Pendant ce temps, les forces dirigées par Leclerc conservaient encore leurs forces, car elles n’avaient pas perdu d’énergie jusqu’à présent.
L’armée de Strasbourg était sous pression.
« Repoussez-les ! »
Malgré les circonstances, Benoît dut prendre une décision pour faire face aux difficultés imprévues de la bataille.
Il avait d’abord prévu d’épuiser les forces de Leclerc, puis de chercher une occasion de jouer son atout. Cependant, la pression exercée par Leclerc dépassa toutes ses attentes.
De plus, le moral de l’armée de Strasbourg avait atteint un niveau dangereusement bas. Sans les ordres précis de Benoît, les lignes défensives de Strasbourg se seraient effondrées depuis longtemps.
À ce stade… Je ne peux que tenter un coup !
Benoît aurait souhaité couper les lignes de ravitaillement de l’ennemi ou les user beaucoup plus tôt.
Avalant tous ces regrets, il appela son adjudant.
« Ne visez pas la victoire. Résistez juste un moment. Je vais sortir ! »
« Quoi ? … Va-t-il ouvrir la porte du château ? Est-ce que cela signifie qu’il a l’intention de se rendre ? »
Contrairement à l’optimisme de ses propos, l’expression de Leclerc était sinistre.
Ses longues années d’expérience ainsi que son intuition naturelle lui donnaient des signaux d’alarme, lui disant qu’il y avait quelque chose d’anormal au niveau de la porte du château.
Certains de ses soldats avaient déjà franchi les murs du château et étaient en train d’engager un combat au corps à corps avec l’ennemi.
Il pensait être en mesure de prendre le contrôle total du château en quelques heures.
Et pourtant, le camp de Strasbourg choisissait de négliger les murs du château pour faire une sortie… Cela signifiait à tous les coups qu’ils étaient sur le point de sortir leur carte maîtresse.
« AVANCEZ ! »
Suite au rugissement de Benoît, un groupe d’hommes portant des armures massives, atteignant une hauteur d’environ 2,5 mètres, se déplaça hors de la porte du château comme les flèches d’un arc.
Construites grâce à la technologie des Cavaliers Magiques, partiellement partagée par l’empire Asgard, il s’agissait des premières armures mécaniques magiques de Strasbourg, appelées Alphonse.
Leur mobilité, la puissance de leur charge, ainsi que leur défense, étaient toutes à des lieues au-dessus de celle de la cavalerie lourde que le monde avait connue jusqu’alors.
En quelques secondes, elles s’avançaient comme une marée d’éléphants, piétinant les soldats sur la ligne de front du royaume, les transformant en morceaux de viande.
Face à la puissance de collision excessivement élevée du modèle Alphonse, même les soldats de Leclerc n’avaient pas été épargnés par les secousses.
À l’exception de Kurats, qui l’avait combattue en Laponie, personne dans le royaume de Jormungand n’avait jamais vu le modèle de Cavalier Magique d’Asgard, Chaos.
Et il n’y avait pas d’armée au monde qui ne tomberait pas dans la confusion en étant soudainement piétiné par des armes inconnues.
« Interdiction de rentrer sans la tête de leur général ! »
Benoît, qui avait pris la tête de cette force blindée, n’avait pas prêté attention aux soldats réguliers du royaume.
Il se concentrait entièrement sur la poursuite de son avance.
La vérité était que le nombre d’Armures Alphonse disponible était encore assez faible à l’heure actuelle et que la technologie ne permettait pas de le faire fonctionner pendant une très longue durée.
Benoît devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour obtenir des résultats dans ce court laps de temps.
Et si ce résultat pouvait être la tête de Leclerc, alors tant mieux.
C’était pourquoi il avait attendu que Leclerc se montre en première ligne avant de révéler cet atout.
Cette phase était très importante. Elle apporterait à ses soldats l’espoir de victoire dont ils auraient besoin pour s’attaquer à leur propre royaume en tant qu’ennemi sans s’autodétruire.
Un peu plus tard.
Benoît se rapprochait du quartier général de l’ennemi.
À ce moment-là, le nombre d’Armures Alphonse était réduit de 30 %.
Certaines avaient été détruites, d’autres avaient cessé de fonctionner à cause de dysfonctionnements, mais il en restait suffisamment pour constituer une force considérable.
« Général Leclerc ! Vous feriez mieux de vous préparer ! »
La centaine de soldats Alphonse devint une marée écrasante, qui se précipita vers le quartier général de l’ennemi.
D’un point de vue extérieur, la victoire de Benoît était pratiquement assurée.
Mais en arrivant au quartier général, il n’y avait aucun signe de la cible, Leclerc.
Sans parler de Leclerc lui-même, même ses gardes n’étaient pas là.
L’endroit était complètement vide.
L’état excessivement ordonné de l’endroit fit savoir à Benoît qu’il s’était fait avoir.
« Non ! Est-ce que Leclerc s’attendait déjà à tout ça !? »
« Axe de visée, prêt. »
« Convergence magique, faite. »
« Canal d’amplification magique, activé. »
« … Malheureusement pour vous, vous n’êtes pas le seul à avoir apporté un atout. »
Ayant réussi à voir à travers le dernier recours de l’ennemi, Leclerc montra un sourire audacieux.
Il s’apprêtait à introduire l’atout qu’il avait mis en place tout à l’arrière de ses forces.
Il s’agissait d’une épine qui tirait parti d’une nouvelle technologie révolutionnaire capable d’amplifier considérablement le pouvoir magique grâce à l’utilisation de matériaux de monstres.
Les soldats mages envoyés en renfort par l’ordre des mages du royaume avaient mis tous ensemble en place une formation. Ils l’avaient utilisée pour lancer l’énorme sort.
« Feu souverain, Surtr Lævateinn. »
Un faisceau à haute température, comprimé à l’extrême limite, fut tiré sur les modèles Alphonse, se confrontant à leurs extraordinaires défenses magiques.
« Activez vos barrières magiques à puissance maximale ! »
« C’est inutile ! Nous ne pouvons pas le bloquer ! »
Bien que le modèle Alphonse ait une grande résistance à la chaleur, il avait à peine tenu quelques secondes avant de fondre progressivement.
En état de choc, Benoît ne pouvait rien faire d’autre que de regarder impuissant les atouts qu’il avait perdus, ainsi que les nombreux efforts et l’argent investis.
« Pardonnez-moi, mademoiselle Felbell. »
Il n’avait jamais cherché de récompense dans cette bataille. La seule chose qu’il voulait, c’était que Felbell soit heureuse.
Mais à cet instant, il n’avait plus les moyens de la protéger.
S’il était sur le point de perdre la vie, il souhaitait au moins utiliser le temps qu’il lui restait pour prier pour Felbell.
Il lui était de toute façon absolument impossible d’obtenir la victoire avec les forces qui lui restaient.
« L’atout de l’ennemi a été éliminé. Éliminez-les immédiatement ! »
Leclerc était convaincu que le déroulement de la bataille penchait entièrement dans sa direction à ce moment-là.
Il ne restait plus qu’à profiter de cette occasion pour attaquer afin de faire tomber Strasbourg.
De plus, les forces de la noblesse, qui avaient été poursuivies par les mercenaires, étaient sur le point de revenir.
Dans un sens, Leclerc avait raison d’être optimiste, mais en même temps, dans un autre sens, il avait complètement tort.
Il croyait que la victoire était déjà déterminée et elle l’aurait été, en effet, si Albert avait été le seul ennemi.
« Si ennuyeux. Ils ne peuvent même pas gagner contre de si petits alevins ? »
Ce que même Benoît n’avait pas prévu, c’était le dernier recours qu’Albert ne voulait absolument pas utiliser.
La force du Jaguar rouge, dirigée par la princesse folle Skuld, commença à se déplacer comme s’ils étaient partis se promener.
merci pour le chapitre
Merci pour ce 100e chapitre 🙂