Almadianos Eiyuuden – Tome 4 – Chapitre 99

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Chapitre 99

Afin de vaincre le marquis rebelle de Strasbourg, le royaume mobilisa 12 000 soldats dirigés par l’ancien bras droit d’Albert, le marquis Lagrange.

C’était une armée exceptionnellement importante pour une armée qui ne fait pas partie des forces principales du royaume.

En revanche, l’armée d’Albert était composée de 6000 soldats réguliers et de 2000 mercenaires, soit une force totale de 8000 hommes.

Bien que cette différence ne soit pas suffisante pour respecter la règle du 3:1, qui stipule que les forces de l’attaquant doivent être au moins trois fois plus importantes que celles de l’ennemi pour remporter la victoire, Lagrange pensait que la pression psychologique que les troupes de l’ennemi subiraient en servant un rebelle serait suffisante pour faire tomber Albert.

« Je suppose que tu es vraiment fini, Albert. »

Normalement, Albert aurait pu rassembler plus de 10 000 hommes en rassemblant ses propres forces avec celles de ses proches. Le fait qu’il n’ait réussi à en rassembler que 6000 montrait que ses proches l’avaient abandonné.

Bien qu’il ait été très présent à la cour royale, il n’avait pas de réalisations à son actif en matière de guerre.

Parier sur le sort de toute la famille aurait été trop risqué.

Comment est-il devenu si bête qu’il n’a pas réalisé que cela arriverait ? … Est-ce que c’est ce qu’ils voulaient dire quand ils disent que la pauvreté émousse l’esprit ?

« Peu importe. Si cela signifie qu’il sera la pierre angulaire de ma gloire, alors qu’il en soit ainsi. »

Lagrange lui-même n’avait que 4000 hommes, ce qui était moins qu’Albert, mais suffisant pour que son armée soit considérée comme une force exceptionnelle.

De plus, le comte Crusoé avait amené 1000 soldats, le baron de Villepin 500, et Lagrange avait amené 1500 hommes supplémentaires des comtes Reine et Fyon, qui étaient des nobles de sa maison.

En outre, ils avaient été rejoints par 5000 soldats de l’armée du royaume, dirigée par le général Leclerc.

Lecerc avait la réputation d’être un homme sérieux et honnête qui avait vaincu ses ennemis grâce à sa fermeté et à sa persévérance.

Le territoire de Strasbourg était une terre fertile avec un rendement annuel élevé. Cela constituait une récompense très attrayante.

De nombreux nobles grinçaient furieusement des dents lorsqu’ils apprirent que Lagrange allait prendre la tête de son asservissement.

De sa position de traître honteux, il avait obtenu la chance de réaliser ses aspirations vers l’honneur et aux récompenses.

Ce n’était pas l’exploit d’un homme ordinaire.

« C’est spectaculaire, Monsieur le Marquis Lagrange. »

Le baron Villepin n’avait pas contenu son excitation. C’était la première fois de sa vie qu’il voyait une armée de plus de 10 000 soldats.

Si la menace que représentait l’empire Asgard était un sujet brûlant, Jormungand avait longtemps adopté une attitude passive face aux grands conflits.

C’était la première fois depuis des décennies que le royaume avait mobilisé une force aussi importante.

S’il y avait une exception à mentionner, ce serait le défilé cérémonial du Nouvel An.

« Ne soyez pas négligent, Monsieur Villepin. Au moins pas avant d’avoir obtenu la victoire. »

« Bien sûr, je ferai de mon mieux pour vous ! »

Les résultats de cette bataille allaient déterminer les récompenses qui suivraient.

Dans ces conditions, Lagrange et Villepin n’avaient pas l’intention de ménager l’ennemi.

Le problème étant qu’ils étaient trop optimistes. Ils avaient le sentiment que la victoire était presque certaine.

Leurs ambitions dérivaient dans l’atmosphère détendue typique de ceux qui ne considèrent pas la défaite.

Contrairement à eux, Leclerc était un professionnel et leur attitude lui tapait sur les nerfs.

« Ils prennent le Marquis de Strasbourg beaucoup trop à la légère… »

Ayant participé à de nombreux petits conflits territoriaux, Leclerc savait combien il était difficile de se battre en territoire ennemi.

Un avantage géographique en soi était suffisamment menaçant pour que l’adversaire mérite l’attention, surtout si son armée n’était qu’une fois et demie plus petite.

Compte tenu de tous ces points, Leclerc ne pouvait pas croire que les nobles osaient être convaincus de leur victoire.

Mais là encore, la personnalité prudente de Leclerc avait été l’une des raisons pour lesquelles il avait été choisi pour les rejoindre dans cette opération. C’était son rôle.

« Ne baissez pas votre garde ! Envoyez les éclaireurs pour renforcer les recherches ! »

« Oui ! »

Confiant ou pas, avoir une grande armée avec un moral d’acier n’était pas une mauvaise chose.

Tant qu’ils ne permettaient pas à l’ennemi de compenser la différence par une attaque-surprise ou d’adopter une stratégie qui diviserait leurs troupes, le camp du royaume aurait naturellement l’avantage.

Malgré cela, Leclerc avait le sentiment que quelque chose n’allait pas. Le camp d’Albert était sinistrement inactif. Ils n’avaient même pas essayé de faire quoi que ce soit pour déranger leurs attaquants.

Cela dit, Leclerc pouvait naturellement trouver une bonne explication à ce silence de l’ennemi.

Il s’agirait d’une tournure d’événement extrêmement inattendue, mais néanmoins possible.

Peut-être, il y a quelques mois, lorsqu’il s’était engagé dans cette voie, Albert n’avait-il pas prévu la situation actuelle. Cela pourrait être le résultat d’une série d’erreurs de calcul.

Il avait été abandonné par les parents sur lesquels il avait fondé ses espoirs, et la réticence de ses soldats à se rebeller contre leur royaume rendait leur moral terriblement bas.

Dans ces circonstances, si Albert laissait son armée faire une sortie maladroite, ce moment serait leur fin.

Quoi qu’il en soit, il devait obtenir la victoire lors de ce premier affrontement.

Et c’était ainsi qu’Albert se trouva obligé d’attendre l’occasion parfaite, une chance qui lui garantirait la victoire.

Mais elle ne vint jamais.

Ce qui était venu dans son attente, c’était l’ennemi, qui atteignit son château.

Ce genre d’impasse psychologique comique, bien qu’improbable, était parfois le lot des commandants lâches qui n’étaient pas prêts à tout risquer face aux incertitudes de la guerre.

« Votre Excellence, si nous n’élaborons pas de stratégie et que nous sommes assiégés, le moral de nos troupes ne durera pas. »

L’homme, qui était dans la seconde moitié de son âge moyen, semblait avoir une aura d’intelligence et de lucidité. Il grognait contre son supérieur.

« Vous croyez que je ne le sais pas !? Plus importants encore, nous avons besoin d’un plan qui nous apportera une victoire certaine ! »

Benoît était un homme de talent, dont les compétences n’avaient pas échappé à Albert. Cela lui avait valu le poste de stratège du marquis.

Il secoua la tête pour contenir sa rage intérieure.

« Il n’y a pas d’absolu dans la bataille. C’est pourquoi j’ai dit et répété que nous devons toujours avoir au moins deux ou trois plans d’urgence préparés, au cas où des erreurs seraient commises ! »

Benoît avait suggéré de nombreuses tactiques, dont la préparation d’une force détachée pour contourner l’ennemi et lancer une attaque-surprise, ainsi que l’adoption d’une politique de terre brûlée, en brûlant les villages des habitants pour empêcher l’ennemi d’accéder à leurs ressources.

Le problème de ces tactiques était qu’elles réduiraient légèrement les forces du château d’Albert chaque fois, mais la vraie raison pour laquelle Albert avait refusé l’ordre était qu’il ne voulait pas abaisser sa réputation en sacrifiant les habitants de son propre territoire.

On pouvait dire que cette décision était due aux faiblesses de celui qui n’avait aucune expérience de la bataille.

Il était sur le point d’être soumis par le royaume, et pourtant il s’inquiétait des questions politiques de l’après-guerre. C’était un non-sens.

Seul le camp qui avait une stratégie gagnante pouvait se permettre de s’inquiéter de tels détails.

« Dans ces circonstances, nous n’avons pas d’autre choix que de rassembler les soldats les plus loyaux et de faire une sortie tout ou rien quand l’occasion se présente. »

« N’y a-t-il rien d’autre que nous puissions faire ? Ce barbare géant a repoussé une armée d’Asgard de son propre chef, non !? »

« S’il vous plaît, ne me comparez pas à ce monstre ! »

Ces attentes étaient très mal placées. Il s’agissait en fait de demander à Benoît de devenir soudainement une armée d’un seul homme.

Si ce monstre pouvait être comparé à quelqu’un d’autre, ce n’était pas Benoît.

« Il est trop tard. Nous ne pouvons plus nous permettre de ne pas prendre de risques. »

Albert fronça les sourcils et fit un signe de tête à Benoît avec beaucoup de réticence. C’était parce qu’il comprenait que s’opposer aux vues de Benoît à ce stade ne serait que préjudiciable à lui-même.

« Écoutez, je ne permettrai pas de perte ici. Nous ferions mieux de gagner ! »

Albert cria d’une voix qui ne laissait aucune place à la discussion.

« Compris. Après tout, si nous perdons ici, je ne saurais pas pour quoi j’ai travaillé tout ce temps. »

Dans le passé, Benoît aurait pu obtenir une position notable au sein de l’armée du royaume s’il le souhaitait, et pourtant il avait rejeté la gloire et la célébrité, décidant de devenir le stratège d’Albert à la place.

C’était parce qu’il était secrètement amoureux de Felbell.

Felbell était l’épouse d’Albert, la première princesse de Jormungand.

Benoît était conscient de la différence de statut entre elle et lui.

C’était pourquoi il n’avait jamais envisagé de laisser ses sentiments porter leurs fruits.

Il se contentait de pouvoir la regarder de son côté.

S’il pouvait être d’une quelconque utilité pour celle qui finirait par régner en tant que reine du royaume, il serait satisfait.

Benoît avait entraîné les forces d’Albert avec ce seul désir sincère.

Grâce à cela, l’armée de Strasbourg devint assez puissante pour se faire un nom dans le royaume.

Benoît n’aurait jamais pu imaginer la chute et la rébellion éventuelles d’Albert.

Si nous perdons ici, alors Son Altesse Felbell…

Non seulement Felbell subirait la honte d’être prisonnière, mais dans le pire des cas, elle serait remise en récompense aux aristocrates participant à l’asservissement du territoire.

S’en tenant à sa vie de dévouement désintéressé, Benoît ne pouvait pas laisser Felbell connaître un destin aussi triste.

Et ce maudit Albert… Comment se fait-il que ce misérable incompétent et lâche ait fini par être le mari de Son Altesse !

Albert n’était qu’un homme impuissant qui ne pouvait même pas donner le bonheur à sa propre femme.

Benoît avait maudit le destin qui avait uni Albert et Felbell dans le mariage.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Je peux comprendre qu’un ennemi est toujours dangereux ereux sur son territoire mais comme l’auteur nous l’explique, le territoire du marquis est très riche donc des terres arables (richesses = terres où l’on récolte de la nourriture) mais les terres arables sont en très grande majorité des plaines ou des étendue plus au moins plat.
    Donc à moins de nous sortir des tactiques de guérilla que le marquis refuse de faire ou de l’apparition de mini-boss pour aider Albert, le royaume devrai battre facilement cette révolte.
    (je n’ai pas pris en compte les Deus ex machina car les « méchants » n’ont que très rarement un plot armor)

    Sinon merci pour le chapitre.

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