Chapitre 51
« Je vois, la combinaison de ton armure et de ton épée magique est vraiment un spectacle à voir. »
Frigga n’avait pas laissé une seule égratignure sur elle-même, car elle avait méthodiquement bloqué les attaques continues de Nageling avec sa propre épée, Murasame.
Sachant qu’elle perdrait immédiatement la vie si elle perdait sa concentration un seul instant, Frigga était exaltée.
C’était la première fois qu’elle affrontait un adversaire aussi habile.
À son grand regret, Lapland n’avait pas d’épéiste au niveau de Brigitte.
Personne ne s’était jamais tenu sur le même terrain que Frigga, et cela l’avait laissée dans un sombre état de solitude. Mais maintenant, c’était comme si toute cette obscurité avait été dissipée.
« C’est amusant ! Je ne me suis pas autant amusé depuis des lustres. »
« Argh ! Es-tu une sorte de folle de combat ? Dégoûtant. »
« Oh, ça te dérange ? Tu laisses apparaître tes vrais sentiments. »
« Ça n’a pas d’importance, parce que tu es sur le point de mourir ! »
Voici la raison qui poussait Brigitte a parler d’une façon virile : c’était pour maintenir les apparences en tant que chef d’escadron.
Elle était donc contrariée d’avoir montré par erreur sa vraie personnalité dans le feu de l’action.
D’ailleurs, contrairement à Brigitte, le ton viril de Frigga n’était pas simulé.
« C’est tellement irritant ! Je suis tellement plus rapide que toi et pourtant ça ne mène nulle part ! Pourquoi ?! »
« On dirait que ma maîtrise du sabre est meilleure que la tienne. »
Frigga sourit triomphalement, la tête haute.
Le talent de Brigitte au sabre dépendait trop des capacités de son épée ainsi que de la vitesse accordée par le vent de son armure.
Par conséquent, lorsque son équipement s’était avéré insuffisant, ses attaques étaient devenues assez monotones.
« Merde ! Je vais te tuer ! Je vais t’effacer de la surface de ce monde ! »
« Je suis sûr que tu le veux, mais le peux-tu vraiment ? Après tout, je n’ai pas encore utilisé mon armure. »
« Hein ? »
Aux yeux de Cabernard, on aurait dit que Kurats avait été mis dans le pétrin par les attaques des balistes et des canons magiques.
Bien sûr, Kurats n’avait absolument pas à avoir honte ici. Le fait qu’il n’ait pas encore subi de blessures mortelles était déjà plus qu’effrayant.
En même temps, Cabernard ressentit un semblant de soulagement maintenant que tous les éléments de son plan avaient été mis en place.
Ce qu’il craignait le plus, c’était que Kurats combinait sa force aberrante avec la guérilla, mais cela ne s’était pas produit.
Compte tenu de leur faible mobilité, les canons magiques et les balistes ne pouvaient montrer leur pleine puissance qu’en cas de siège, contre une cible immobile.
Alors Cabernard s’était demandé quelle était la meilleure façon d’utiliser de telles armes contre quelqu’un comme Kurats ?
Il avait finalement conclu que la seule façon d’y parvenir était de maîtriser stratégiquement Kurats et de le soumettre ensuite à une pluie d’attaques.
Et ce plan fonctionnait actuellement comme prévu.
« Il était trop hautain. Aussi monstrueux qu’il soit, il n’y a pas d’être invincible dans ce monde. »
Pendant que Cabernard parlait tout seul, l’incantation des mages prit fin.
C’était l’incantation d’un sort nouvellement développé par l’institution de recherche de l’empire Asgard. Il s’appelait « Testament ».
Sa puissance était supérieure de plus de 30 % à celle des sorts anti-armée conventionnels.
C’était une technique brutale, capable de tuer instantanément un monstre de haut niveau.
Aussi anormal qu’il fût, il n’y avait rien que Kurats puisse faire contre un tel sort.
Le fait qu’il devait éviter de recevoir un coup direct des canons magiques était une preuve suffisante.
« Incantation terminée, maintenant on est prêt à lancer le sort ! »
Cabernard prit une grande respiration, convaincu que le temps de sa vengeance était venu.
« FEU ! »
Le sort du « testament » provoqué par la puissance combinée de plusieurs centaines de mages avait généré une chaleur qu’aucun autre sort anti-militaire ne pouvait égaler.
Il pourrait instantanément brûler un corps humain sans laisser un seul grain de poussière derrière lui.
Une lumière blanche aveuglante couvrait Kurats et le sol sous ses pieds, avant de tourner comme un typhon et d’avaler tout sur son passage.
Cette scène mythique était comme une représentation de la fin du monde.
À ce moment-là, tout le monde croyait que rien à portée de la lumière blanche n’aurait pu survivre.
En fait, même la barrière défensive de haute qualité de l’armée d’Asgard était à peine capable de résister à la température de la lumière qui atteignait plusieurs milliers de degrés.
Au fur et à mesure que la lumière s’éteignait, elle révélait lentement ce qui restait du sol, que la chaleur avait transformé en magma bouillant et chaud.
Bien qu’ils aient également été exposés à cette chaleur rayonnante, les soldats du camp d’Asgard applaudissaient avec joie.
Parce que leur adversaire, cette monstrueuse calamité de l’ennemi, n’était nulle part visible.
« On l’a fait ! On a réussi ! »
« Prends ça, monstre ! »
« La magie de l’empire est la meilleure au monde ! Il n’y a pas d’ennemi qu’on ne puisse abattre ! »
Cet homme avait gardé son sang-froid après être tombé du ciel.
Cet homme pouvait lancer des pierres qui pesaient des dizaines de tonnes, et pouvait utiliser des sorts qui correspondaient à la magie combinée de centaines de mages.
Cet homme avait détruit tout ce qu’ils croyaient être du bon sens.
Mais maintenant, cet homme était à terre.
L’armée de leur empire l’avait fait tomber.
Les acclamations explosives et orageuses des soldats étaient assez fortes pour atteindre le ciel, où Brigitte et Frigga se battaient encore.
« On dirait que cet homme trop sûr de lui est déjà mort. C’est une honte. »
Brigitte trouvait regrettable qu’elle n’ait pas pu le tuer personnellement après qu’il ait prétendu être plus fort qu’elle et se soit échappé.
Elle pensait qu’elle pourrait au moins essayer d’utiliser sa mort pour provoquer Frigga et lui faire baisser sa garde, mais elle n’avait montré aucune trace d’ouverture.
À la place, Frigga balança ses longs cheveux longs et blancs et ricana, comme si elle ridiculisait Brigitte.
« Penses-tu que Mr Kur — Mathers sera tué par quelque chose de ce niveau ? »
« Hein ? Bien sûr qu’il est mort ! Comment quelqu’un pourrait-il survivre à ça ?! »
Brigitte avait gueulé sur Frigga en pointant du doigt les terribles conséquences du sort des mages.
Le sol ressemblait au chaudron bouillant d’une sorcière.
N’importe quelle personne qui pourrait survivre ne serait pas un être vivant.
Et Kurats n’était pas un dieu.
Brigitte en était très consciente puisqu’elle était sur le point de lui couper le bras tout à l’heure.
« Je n’en serais pas si sûre. »
Mais Frigga n’était toujours pas secouée.
Bien qu’elle ne le connaissait pas depuis longtemps, elle comprenait tout de même un peu sa personnalité.
Dans ces moments-là, la méthode préférée de Kurats était…
« Bonjour tout le monde. Avez-vous apprécié votre petit plaisir ? J’espère que ce n’était pas trop court. »
Sa méthode préférée était de permettre aux espoirs de ses ennemis de s’élever, puis de les écraser à nouveau dans un puits de désespoir.
Un sort de tir antipersonnel à grande vitesse et à très longue distance serait une menace bien plus grande pour Kurats qu’un sort anti-armée mal réalisé.
Après tout, il avait toujours eu la possibilité de se téléporter.
Malgré tout, il avait des traces de brûlures sur ses vêtements. Ceci était dû au fait qu’il était resté immobile jusqu’au dernier moment, juste avant que le sort du « Testament » ne puisse le toucher.
Cabernard avait deviné juste, cette attaque était en effet assez puissante pour tuer Kurats si cela l’avait frappé directement.
Mais bien sûr, c’était seulement si les mages pouvaient le frapper directement.
« Malheureusement, je n’ai pas eu la gentillesse d’attendre que tu me frappes. »
Comme il l’avait dit, Kurats avait encore disparu.
« Une technique de téléportation instantanée ?! »
Les yeux de Cabernard s’élargirent avec surprise.
Maintenant qu’il y avait pensé, il aurait dû s’y attendre.
Bien que Cabernard ne connaissait personne qui pouvait le faire si vite et sans incantation, la téléportation avait toujours été l’un des mouvements caractéristiques des mages.
Dans la seule faction des mages d’Asgard, il y avait des douzaines de personnes qui étaient capables de le faire.
Kurats avait attendu que le sort du « Testament » soit lancé avant de s’échapper.
Cabernard l’avait compris.
Mais on ne pouvait pas en dire autant des forces d’Asgard. Alors que l’homme qu’ils croyaient mort se présentait calmement devant eux, ils étaient immédiatement tombés dans un état de panique.
Le pouvoir écrasant du sort « Testament » n’avait fait qu’accentuer le contrecoup.
« C’est sans espoir ! »
« Ce foutu monstre ! »
Si « Testament » ne pouvait pas faire tomber Kurats, alors il n’y avait absolument aucun moyen de gagner.
C’était ce que les soldats avaient cru comprendre.
Cependant, ils avaient tort.
Bien que ce soit extrêmement difficile, il était possible d’enterrer Kurats six pieds sous terre avec un coup direct d’un sort anti-militaire. Il n’était même pas nécessaire que ce soit le sort « Testament ».
Le problème, c’était qu’à part Cabernard, seuls quelques commandants d’escadrons avaient pu le comprendre.
« Vous vous comportez comme des gosses gâtés, et je pense qu’il est temps de vous punir ! »
Après s’être téléporté, Kurats s’était retrouvé juste devant les canons magiques.
Ils étaient sans défense devant son corps massif.
{Tu n’as plus qu’un peu de pouvoir magique. Ne rate pas ta sortie.}
{Je vais les battre avant de rentrer chez moi.}
« Ne vous inquiétez pas des tirs amis ! Tirez sur ce monstre ! »
Au milieu de la confusion, au lieu de se laisser tuer sans rien faire, le commandant responsable de cette section ordonna à ses unités de tirer les canons magiques à bout portant.
En effet, s’ils pouvaient tirer un seul coup de feu sur Kurats à cette distance, cela changerait tout le cours de la bataille.
Son idée était anormale, mais on ne pouvait pas dire qu’il s’agissait d’une erreur de jugement.
« Comme si tu pouvais me frapper avec une arme qui ne peut même pas bouger correctement ! »
Mais bien qu’il s’agisse du dernier type de canons magiques nés de l’automatisation de l’empire Asgard, il n’était pas encore facile de changer l’orientation de leurs canons.
Tout ce que Kurats devait faire pour les réduire à l’impuissance, c’était de se téléporter à leurs côtés.
« Ne viens pas ici ! NE VIENS PAS ICI ! »
Les espoirs du pitoyable commandant n’étaient pas parvenus jusqu’aux cieux.
« Hors de mon chemin ! »
Avec leurs fours d’amplification en pierre magique intégrés et leurs barils, les canons magiques atteignirent une longueur totale d’environ 12 mètres.
Kurats posa sa main sur l’un des longs canons, puis le souleva de toutes ses forces.
« Quoi… ! »
Un homme de deux mètres de haut portait un canon magique qui pesait des dizaines de tonnes sur son épaule.
Les soldats étaient sans voix devant ce manque de respect des lois de la physique.
Kurats avait commencé à balancer le canon dans toutes les directions.
C’était loin d’être le premier spectacle surréaliste de la journée.
« Courrez ! »
Ce n’était plus un ennemi que l’on pouvait combattre.
Tandis que les soldats se dispersaient dans toutes les directions, Kurats abattait tous les canons magiques sur son passage.
Crack !
Crush!
Bam !
Chaque fois qu’il y avait un bruit de métal qui se brisait, se fissurait ou s’écrasait, un canon magique de grande valeur était détruit sans qu’on puisse le reconnaître.
« Merde ! Unités des mages, vous tous, abattez-le ! »
Même si les mages préparaient un autre sort anti-militaire alors que Kurats était occupé à détruire les canons, il pourrait toujours se téléporter pour éviter l’attaque.
Cela étant, Cabernard avait pensé qu’il n’y avait pas d’autre choix que d’essayer de submerger Kurats de sorts individuels, même s’ils n’étaient pas puissants.
« Lance à feu ! »
« Non ! »
Kurats avait utilisé le canon magique comme bouclier pour se défendre contre les attaques venant de toutes parts.
Ces sorts étaient assez faibles pour être lancés par des individus. Ils ne pouvaient pas passer à travers l’immense masse d’un canon magique.
Les lances de feu réchauffèrent la surface du canon juste assez pour le faire rougir, mais elles se dispersèrent immédiatement après.
« Ce foutu monstre ! » gémit Cabernard.
Celui-ci avait perdu le compte du nombre de fois qu’il avait murmuré ces mots depuis le début de la bataille.
« Vous m’avez bien accueilli aujourd’hui. J’attends avec impatience notre prochaine réunion ! »
Alors qu’il l’avait dit, Kurats avait jeté le canon magique.
Voyant l’objet métallique géant tomber vers eux, les soldats s’étaient précipitamment échappés.
Le canon massif avait généré un puissant tremblement de terre à l’atterrissage, mais à ce moment-là, Kurats avait déjà disparu du champ de bataille.
« … c’est… fini ? »
Personne n’avait répondu au marmonnement de Cabernard.
La seule marque laissée par le passage tyrannique de Kurats était les épaves des canons qu’il avait détruites.
Merci pour le combat 🙂