Chapitre 13
Il s’agissait de l’après-midi du lendemain où Kurats revint rendre visite au château royal.
Bien qu’il avait eu l’intention de venir plus tôt, il avait été retardé par Cornelia qui avait commencé à lui faire des remontrances alors qu’il était sur le point de partir.
« Me sauver était plus que suffisant. Toute cette histoire à propos de devenir un noble entre autres choses ne te ressemble pas, ne te force pas trop, » avait-elle déclaré.
Cornélia avait toujours vécu avec Kurats, alors elle avait peur d’aller dans des endroits inaccessibles.
Cependant, Kurats ne pouvait pas se permettre de rester confiné dans le village de Gaura. Le criminel qui avait mis le parasite en Lunaria était toujours en fuite, et bien que Kurats soit maintenant un noble, on ne pouvait pas dire qu’il était réellement en sécurité.
Il y avait beaucoup de tensions qui étaient arrivées avec le fait qu’il soit devenu un noble.
Quand Kurats y avait réfléchi, il savait qu’il y aurait de sérieux obstacles sur son chemin pour épouser sa sœur s’il devait y avoir un noble de rang plus élevé qui souhaitait aussi que Cornelia devienne sa femme.
Par conséquent, à l’avenir, Kurats devait avoir plus de pouvoir, plus de force, et surtout plus de détermination, de sorte qu’il n’y aurait pas de plaintes même s’il devait lui-même épouser Cornelia.
{Veux-tu vraiment finir tes jours dans une telle décharge ?}
Il était inutile de souligner que Bernst avait un conseil faussé et légèrement hypocrite à offrir concernant le processus de pensée de Kurats.
Mais finalement, Kurats avait réussi à convaincre Cornelia, et s’était téléporté à la capitale royale, où il avait été accueilli par un homme maigre et un peu vieux.
« Vous... êtes-vous “ce” mage ? Vous venez juste de vous téléporter alors que vous n’avez reçu aucune formation en magie... Comment ? Comme je le pensais, vous travaillez pour le royaume de Bifuregast, n’est-ce pas ? » déclara l’homme maigre.
« Pourquoi devrais-je répondre ? Qui es-tu censé être ? » demanda Kurats.
Peut-être parce que sa fierté avait été blessée par la question de Kurats, une veine était apparue sur le front de l’homme alors qu’il criait.
« Mon nom est Mordred Beauvoir, et je suis le chef des mages de la cour royale ! Vous allez répondre à ma question dès maintenant ! »
Le roi avait dit que Kurats se montrerait aujourd’hui, alors Mordred l’attendait depuis le matin.
D’une certaine manière, on pouvait penser qu’il perdait son temps à ne rien faire, mais Mordred ne faisait qu’être très assidu.
Parce qu’il avait traversé beaucoup d’épreuves pour obtenir sa position dans le royaume, et l’homme devant lui était quelqu’un qui pouvait lui arracher ça.
« Heureux de faire ta connaissance, je suis le baron des Kurdes Hans Almadianos de Gaura, j’ai reçu l’ordre de rapporter quelque chose au palais, alors je te prie de bien vouloir garder tes questions pour plus tard. »
« Tu n’étais qu’un simple roturier il y a seulement quelques jours ! Reste à ta place ! » cria Mordred en changeant même sa manière de parler.
Ayant été rejeté de cette manière, Mordred avait à peine réussi à s’empêcher d’utiliser la magie.
Bien qu’il fût à la tête des mages de la cour royale, il n’échapperait pas à la punition s’il utilisait la magie pour tuer ou blesser quelqu’un devant le palais royal.
« J’ai un rapport pour Sa Majesté le roi, chef des mages de la cour royale, si tu as des affaires avec moi, je vais devoir te demander pour le moment de les reporter pour une autre occasion. Si tu veux bien pardonner ma grossièreté, je vais devoir te laisser, » déclara Kurats.
Alors que Kurats commençait à avancer comme s’il ne pensait plus à l’homme devant lui, la dernière retenue de Mordred venait d’être réduite en poussière.
« Tu dois sûrement plaisanter ! Tu n’iras nulle part sans répondre à mes questions ! » cria Mordred.
Mordred pensait que s’il menaçait simplement Kurats sans lui causer de blessures, il serait probablement capable d’expliquer la situation. En ce moment, il ne pouvait pas laisser tomber cet homme impoli.
À la suite de ce raisonnement, Mordred commença à rassembler son mana, mais à ce moment-là, Kurats prit la parole.
« On m’a dit d’utiliser la force pour éliminer toute personne qui interférait avec mes fonctions. Alors, laisse-moi te le demander qu’une seule fois. As-tu vraiment la volonté de te mettre sur mon chemin ? » demanda Kurats.
Mordred avait inconsciemment reculé de trois pas alors qu’il sentait que le corps de Kurats atteignait deux fois sa largeur.
Il sentait une épaisse aura de mort, comme s’il faisait face à un énorme ours.
Mordred avait l’impression d’être tué avec le cou brisé par le simple fait de toucher Kurats.
Il avait dégluti en réalisant finalement à quel point Kurats était anormal.
Au même moment, il renforçait sa propre détermination, car il était maintenant encore plus convaincu que cet homme était une menace pour sa position et qu’il devrait se débarrasser de lui.
« Humph, je ne peux pas laisser un homme impoli comme vous errez seul dans le palais, je vais vous conduire devant Sa Majesté, » déclara Mordred.
« Comme tu le souhaites, » répondit Kurats.
☆☆☆
« Oooh! Est-ce que monsieur Kurats est enfin arrivé !? » demanda Rosberg.
Contrairement à Lunaria, qui affichait un large et brillant sourire, Rosberg affichait son grognement avec un froncement de sourcils.
« Je comprends que cet homme a guéri Son Altesse, mais ne lui fait-elle pas trop confiance ? »
Pour ce jour, Lunaria s’était maquillée et portait une robe large et extravagante qui ne ressemblait en rien à sa tenue habituelle d’entraînement légère.
En plus de cela, elle portait d’une manière inhabituelle du parfum d’osmanthus.
Compte tenu de ces faits, il était naturel que le tuteur autoproclamé de Lunaria, Rosberg, ait du mal à garder son calme.
D’ailleurs, ne vas-tu pas me demander de t’entraîner aujourd’hui pour la première fois après tout ce qui s’est passé ?!
Rosberg était le professeur d’arts martiaux de Lunaria, et il avait été charmé par son talent au combat et son caractère fort quand elle était encore très jeune. Par conséquent, il lui semblait étrange qu’elle ne soit pas revenue à l’épée juste après que son état physique soit revenu à la normale.
Se demandait-il si ses talents à l’épée s’étaient ternis pendant qu’elle était dans le coma ? Et, en premier lieu, Lunaria se demanderait-elle si c’était le cas ? Ne retournerait-elle pas à l’entraînement malgré tout ?
Dans un certain sens, cette réaction aurait été plus étrange pour une femme dans cette société, mais Rosberg était trop un « parent » poule pour être capable de penser à cela.
Après avoir vu à quel point Lunaria s’était réjouie en attendant, Rosberg avait endurci sa résolution de voir le vrai visage de Kurats.
Il lui était impossible de confier Lunaria à un homme médiocre.
Dans tous les cas, cet homme devrait d’abord traverser le mur qu’était l’épéiste magique Rosberg.
Mais bien sûr, je suis l’épée du royaume, je ne serais pas un obstacle facile à franchir !
Tout en réfléchissant, Rosberg, l’épéiste le plus remarquable du royaume, tenait le manche de son épée préférée, qui pendait à sa taille, attendant d’être tirée.
Ces deux-là n’étaient pas les seuls à attendre Kurats.
Dans une autre pièce, les élites du pays s’étaient rassemblées. Sans parler du roi, même le Premier ministre et Albert, le marquis de Strasbourg, étaient venus. C’était tout un spectacle à voir.
Mais face à ces poids lourds qui portaient le royaume sur leurs épaules, le calme de Kurats n’était pas affecté.
« Grâce à la bonté de Sa Majesté, j’ai pu protéger ma sœur. Jamais dans ma vie je n’oublierais cette faveur, » déclara Kurats.
« C’est bon, mais ne vous inquiétez pas à ce sujet, baron Kurats. Après tout, je n’ai fait que rattraper les erreurs de mon propre serviteur, » répondit le roi.
Mhmm, on dirait qu’il était vraiment allé au village de Gaura et qu’il était revenu à la capitale royale en un seul jour…
Le roi savait déjà que Kurats avait utilisé la magie de la téléportation, mais la puissance de ce sort était tout simplement trop choquante.
Les mages normaux pouvaient se téléporter sur quelques kilomètres au maximum. Même les meilleurs mages ne pouvaient se téléporter que dans un rayon de vingt kilomètres au maximum.
Donc, comme on pouvait s’y attendre, la capacité de Kurats à se téléporter sur des centaines de kilomètres n’avait pas déçu les attentes du roi.
« Eh bien, hier, vous avez parlé d’un sujet assez préoccupant, » continua le roi.
« Voulez-vous parler de ce monstre qui a causé la maladie de Lunaria ? » demanda Kurats.
Face à ces mots, un petit éclat sombre était apparu dans les yeux du Premier ministre.
C’était parce que les mots de Kurats pouvaient très bien annoncer la mort de nombreux aristocrates.
« S’il vous plaît, attendez. J’ai laissé le monstre sous la garde de Son Altesse Lunaria, » déclara Kurats.
« Quoi ? Va-t-elle bien ? » s’écria le roi.
Le roi n’aurait jamais pu s’attendre à ce que Lunaria elle-même soit la seule gardienne du parasite qui l’avait rendu malade. Et si ce monstre avait fini par la blesser à nouveau ?
« Je m’excuse, père, Kurats m’a dit de garder le secret, » déclara Lunaria.
Comme si elle attendait les mots de Kurats, Lunaria apparut dans la pièce avec un large sourire clairement visible sur le visage.
« Tu es trop capricieuse ! C’est une chance que rien de mal ne te soit arrivé. Mais au cas où cela aurait été le cas, crois-moi quand je te dis que je lui aurais tranché la tête immédiatement ! » s’écria le roi.
Cette pensée était très pénible pour le roi, surtout après qu’il se fût laissé ravir, pensant que sa fille avait enfin été guérie pour de bon.
Avec l’expression ludique d’un enfant fier de son méfait, Lunaria se tourna vers Kurats.
« Vous m’avez confié cela et maintenant je vous le rends, monsieur Kurats, » déclara Lunaria.
« Merci beaucoup, je me suis assuré de sceller le parasite avec soin, donc il n’y avait pas du tout de danger, » déclara Kurats.
« J’en étais sûr, » déclara Lunaria.
Il semblerait qu’ils ont tous les deux des personnalités assez gênantes, en pensant à cela, le roi Christopher avait parlé d’une manière déconcertée.
« Je suis content que tu sois devenue si énergique, Lunaria... Mais je voudrais que tu corriges tes manières de garçon manqué juste un tout petit peu. »
« Oh ! Mais je crois que j’ai réellement grandi pour devenir assez “distinguée”, » répondit-elle.
« Et moi je crois que tu devrais rechercher ce mot dans un dictionnaire, » répliqua Christopher avec un rire et un léger signe de la main. Et cela avait marqué la fin de la conversation entre le père et la fille.
Juste après cela, Christopher avait plissé les yeux.
« Maintenant, donnez-moi les détails de la situation, baron, » demanda le roi.
« Comme vous le souhaitez, » Kurats s’inclina très respectueusement devant le roi.
Malgré son corps inhabituellement grand, son action bien entraînée était toujours légère et digne.
« Le monstre que j’ai enfermé à l’intérieur de ce bidon d’eau est un parasite qui peut imiter le mana de son hôte et l’absorber jusqu’à la mort de son hôte. Basé sur son apparence, je suppose que c’est un monstre aquatique, » expliqua Kurats.
« Je vois, ça peut imiter le mana de la personne, alors c’est pourquoi ça n’a pas été détecté par les analyses de mana des mages, » déclara le roi.
« S-Si c’est bien ça, alors comment avez-vous réussi à le détecter ! » demanda Mordred.
Si Mordred était resté silencieux, cela aurait été la même chose que de reconnaître que les mages de la cour royale étaient inutiles.
La vérité était que Kurats — ou plutôt, Bernst, avait laissé entendre que l’incapacité des mages de la cour en était la cause.
{Hmph, c’est tout simplement parce qu’ils sont devenus si arrogants à propos de leurs techniques enfantines.}
Mais il était tout simplement impossible à Mordred d’approuver une telle réclamation.
« J’ai réussi à le remarquer parce que je suis pour ainsi dire spécial, » répondit Kurats.
« C-C’est un non-sens ! » s’écria Mordred.
« Vous deux, un peu de tenue, vous êtes en présence du roi, » avec une expression aigre, le Premier ministre Eustache avait arrêté Mordred qui commençait à perdre toute retenue.
Et tandis que Mordred agissait de manière assez immature, Eustache croyait que Kurats était aussi à blâmer pour l’avoir provoqué.
« Je suis profondément désolé pour vous avoir offensé, j’en ai déjà parlé à Sa Majesté, mais les sorts que j’utilise n’appartiennent pas au même système que celui qui est actuellement connu dans le monde, » déclara Kurats.
Kurats : Tact = 0 Capacité à semer la discorde = 100