Chapitre 98 : Les problèmes d’un forgeron
Table des matières
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Chapitre 98 : Les problèmes d’un forgeron
Partie 1
***Point de vue d’Elleyzabelle***
Pendant le rituel de Nundaba, le temps passait si lentement que c’était comme si un petit humain maigre traînait derrière lui une montagne entière. Les nains qui étaient venus dans la cour du temple m’ont regardée comme si j’étais un objet d’exposition. Beaucoup avaient exprimé leur conviction que je ne durerais pas plus d’une journée et même certains avaient délibérément fait des remarques sexuelles de manière à troubler ma concentration.
En tant que dragonne et fille de la reine Elliessara Seyendraugher, je tenais devant de telles tentatives pathétiques. Personne n’avait le droit de marcher sur la plate-forme de l’âme, alors au mieux, ce qu’ils pouvaient faire, c’était rester près du bord et me lancer des mots sans signification. Je les avais ignorés comme un mouton ignore les fourmis sur le sol et se concentre uniquement sur le loup savoureux qui venait.
Pour moi, le loup était un accord commercial entre l’Albeyater et la Trindania, tandis que la véritable friandise qui m’avait fait baver était l’alliage Celestium-Zaradin, imprégné de la magie des nains, l’élément nécessaire pour créer un remède contre le poison de la mort de Dieu, la potion aux larmes de Lumenos, Lumenya et Nocturnia.
Ainsi, j’avais persévéré et enduré les regards lubriques de certains nains, les insinuations sexuelles des autres. J’avais continué à lire les versets idiots de leurs livres religieux et je m’étais concentrée pour rester en état de transe. Mais le soir du troisième jour, alors que le sablier était sur le point de verser ses dernières gouttes de sable, le sol se mit à trembler.
« Q-Qu’est-ce qui se passe ? » Demanda l’un des nains qui passaient par là.
« R-Regardez ! Le temple du dieu de feu ! Les murs craquent ! » Cria une naine.
La panique commença à s’aggraver encore lorsqu’un des acolytes sortit du temple en flammes. Il s’était jeté dans un gros tas de neige à proximité et avait réussi à éteindre les flammes. Plusieurs autres nains s’étaient enfuis avec un prêtre du dieu du feu. Tous toussaient de la fumée qui les envahissait tout à coup, alors que quelques-uns avaient été brûlés par les incendies.
« I-Il y a de la lave… Il y a de la lave au premier étage ! » Cria l’un des prêtres.
Lave ? avais-je pensé en regardant le temple.
Le sol tremblait, mais c’était parce qu’il se passait quelque chose dans la montagne. D’un côté, près du temple du dieu de la Terre, une épaisse couche de glace commençait à s’étendre vers les falaises escarpées, tandis que de l’autre côté, les pierres devenaient rouges et se brisaient sous l’effet de la chaleur. Un épais nuage de vapeur montait vers le ciel à cause de la hausse soudaine de la température.
Que se passe-t-il ? Le volcan entre-t-il en éruption ? Je pensais avec inquiétude en regardant les prêtres qui essayaient d’éloigner tout le monde le plus possible des deux temples.
Après un autre tremblement de terre, la glace cessa de s’étendre, mais pas la fureur de la montagne.
Je m’étais levée et j’avais crié après l’un des acolytes qui venaient par ce chemin « Toi là ! Que se passe-t-il ? »
« Hein ? Princesse d’Albeyater, euh… nous ne le savons pas, mais le temple du dieu du feu a été soudainement inondé de lave et de la glace a commencé à se répandre du temple du dieu de la Terre ! Si nous ne faisons rien, la ville d’Exaver sera en danger ! » Répondit-il paniquer.
« De la lave et de la glace ? » Murmurai-je en fronçant les sourcils.
En regardant la montagne, tout ce que je pouvais voir était la vapeur de la neige fondue qui s’élevait furieusement tandis que des fissures sur le flanc de la montagne se répandaient partout pour tenter de libérer la pression accumulée à l’intérieur.
« Qu’est-ce que ces deux-là ont fait ? » Dis-je alors que je tournais mon regard vers les pauvres nains qui partaient en panique.
Je pensais quitter la plate-forme de l’âme, mais à ce moment-là, je vis Kataryna sortir du Temple du dieu de la Terre. Elle avait un sourire très serein et charmant.
« Qui est-ce ? » Fut la première chose à laquelle je demandais, car le changement soudain m’étonnait plus qu’il n’aurait dû.
Ah, c’était ma faute en tant que princesse pour avoir fait preuve d’une telle courtoisie irrespectueuse.
« Rugissement ! !! »
Le rugissement fort avait secoué le sol et le tremblement de terre avait été si puissant qu’il m’avait fait perdre l’équilibre et j’étais tombée sur le derrière. En levant les yeux, je vis alors une grande dragonne à écailles rouge alors qu’elle volait hors de la bouche du volcan.
C’était certainement mon chevalier, Seryanna Draketerus, mais à quoi pensait-elle à se transformer ?
Elle était entourée d’une vapeur brûlante qui aurait créé une cloque sur la peau d’un nain et elle avait l’air de prendre un bain de lave. On pouvait encore voir de la roche fondue s’écouler de son grand corps et, avec chaque battement de ses ailes, elle le répandait sur toute la montagne.
Si jusqu’à présent les nains étaient simplement effrayés, ils étaient maintenant absolument terrifiés, figés sur place à la vue d’un être aussi puissant. Pour être honnête, même si j’avais été surprise, normalement, aucun dragon ne devrait être capable de survivre dans de telles conditions. Certes, les éveillés supérieurs étaient parfois capables de faire des merveilles, mais ce n’était que parce qu’ils avaient les compétences et la force pour les appuyer. Un tel contrôle précis sur un seul élément n’existait pas, pourtant Seryanna semblait l’utiliser avec nonchalance.
Elle était restée là-haut, volant quelques instants dans le ciel. La dragonne regardait sans cesse la bouche du volcan comme si elle était triste de la laisser derrière elle. C’était le même regard que j’avais il y a longtemps lorsque mon frère Elovius m’avait demandé de choisir entre continuer à manger mon gâteau d’anniversaire et aller saluer le général Brekkar pour la première fois. En tant que jeune princesse, je voulais beaucoup rencontrer le célèbre général, mais je ne voulais pas non plus abandonner mon gâteau, j’étais persuadée que mon père allait l’avaler avant que mère ait la chance de l’arrêter. C’était ce qui s’était passé la dernière fois, après tout, et finalement, cela s’était reproduit cette fois encore. Le sacrifice pour ma rencontre tant attendue avec le général Brekkar avait été mon propre gâteau d’anniversaire.
Avec un rugissement triste, la dragonne secoua la lave restante de son corps et commença à faire le tour du volcan plusieurs fois avant de finalement décider de descendre. Elle volait vers la cour du temple.
Est-ce qu’elle ne vole pas un peu trop vite ? Et… pourquoi a-t-elle l’air si fatiguée ? J’avais réfléchi et j’avais senti un frisson me parcourir le dos.
Mon instinct m’avertissait d’un danger imminent. Je devais fuir de là.
Je m’étais levée, mais mes jambes étaient engourdies à cause de la longue période assise, et tout mon corps était fatigué à cause de mon manque de sommeil. Après avoir fait mes premiers pas, je m’étais retrouvée à genoux, les mains tremblantes de faiblesse. J’avais à peine l’énergie de me relever, encore moins de fuir cet endroit.
C’est mauvais ! J’avais réfléchi et j’avais levé les yeux.
La dragonne étendit ses ailes pour ralentir sa descente, mais il était déjà trop tard pour que je lui échappe. Ses griffes acérées avaient pénétré dans la plate-forme de l’âme, provoquant des fissures qui s’étendaient comme les racines d’un arbre. Le sol sous mes pieds tremblait et je m’étais vite retrouvée roulante sur le bord, en essayant de me protéger des blessures en me couvrant avec mes ailes.
Je pensais que peut-être Kataryna se précipiterait pour m’aider, mais son aide n’était jamais arrivée. Peut-être qu’elle se remettait encore du rituel qu’elle avait entrepris. Si je me sentais si engourdie et épuisée d’énergie, je ne pouvais pas imaginer l’état dans lequel mes deux chevaliers devaient être après avoir enduré ces salles spéciales à l’intérieur des temples.
Je m’étais arrêtée à quelques pas du bord. Je repliai mes ailes et me poussai du sol. En face de moi, je pouvais voir les nains s’enfuir et les entendre appeler les gardes et les Illuminés de l’armée.
Quand j’avais tourné la tête en arrière, j’ai vu la plate-forme d’âme remplie de profondes et nombreuses fissures qui menaçaient de la transformer à tout moment en un gros tas de roches brisées. En plus de cela, ma Chevalière royale, aux écailles rouges, regardait autour d’elle avec des yeux lourds qui montraient à quel point elle était fatiguée et somnolente. Peut-être qu’elle n’était même pas pleinement consciente de ce qui se passait autour d’elle en ce moment.
Comme un animal sauvage, Seryanna renifla l’air autour d’elle puis se retourna sur place. Les morceaux de la plate-forme de l’âme s’effondrèrent au moment où elle le faisait et j’arrivais à peine à garder mon équilibre. Mais c’était à ce moment-là que la dragonne m’avait regardée.
Avec ses lèvres se transformant en un sourire ravi, elle me sortit de là où je me tenais et me rapprocha d’elle.
« NON ! Seryanna ! Arrête ça tout de suite ! Je te l’ordonne ! » Je l’avais appelée, mais elle n’avait pas bougé.
Avec ses gros doigts écaillés enroulés autour de moi, dont seul un puissant guerrier pouvait se libérer par la force brute, Seryanna enroula alors son corps énorme autour de moi comme un félin qui voulait protéger ses petits.
Comme une bête sauvage, une fois installée, elle m’avait léché avec son énorme langue, me couvrant, moi la princesse qu’elle avait juré de protéger et d’obéir, de bave.
« Beurk ! » J’avais grimacé en essuyant la salive visqueuse de mon visage.
Cette toge embarrassante était maintenant trempée et était devenue transparente. Je ne pouvais pas sortir maintenant même si je le voulais. Cela aurait été scandaleux, impensable, honteux pour quelqu’un comme moi !
Ainsi, je m’étais résignée à mon destin disgracieux et avais attendu dans l’espoir que cette dragonne endormie revienne bientôt à elle.
« Seryanna, imbécile de Chevalière royale ! Je ne suis pas ton oreiller ! » Je m’étais plainte une dernière fois.
À la fin, moi aussi, je m’étais retrouvée à tomber dans les griffes tentantes du sommeil réparateur. Mes paupières lourdes m’avaient trahie et j’avais dormi dans les bras de Seryanna, qui me protégeait des regards froids et inesthétiques.
Quant à Kataryna, je viendrais à découvrir plus tard pourquoi elle n’était pas intervenue pour m’aider. Bien qu’elle prétende être une puissante éveillée supérieure capable de continuer à se battre pendant des jours, elle s’était endormie aussitôt après avoir quitté le Temple du Dieu de la Terre. Même le saccage de Sire Seryanna ne parvint pas à la réveiller, et sa propre queue abattit tout nain qui s’approchait trop d’elle comme si elle avait un esprit bien à elle.
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***Point de vue de Andu'Yang'Ores***
À la suite du désastre causé par ces trois dragonnes, de nombreux nains de la capitale s’étaient retrouvés troublés par les séquelles. D’un côté de la montagne, nous devions nous inquiéter du sang d’Urugudu, des coulées de lave qui coulaient causées par la dragonne rouge, tandis que de l’autre côté, de nombreux éleveurs de Hanba se plaignaient de leurs prairies gelées et de leurs murs de glace infranchissables.
Sans la gravité de ces événements, je me serais ridiculisé en entendant parler du garde qui avait la barbe devenue de la glace à cause du gel instantané, ou du type malchanceux qui allait aux toilettes seulement pour découvrir qu’une rivière de lave s’était formée juste en dessous et qui avait été emportée par les courants.
Pour ma part, je ne voudrais certainement pas qu’un cataclysme m’attrape avec mon pantalon abaissé tout en faisant mes besoins pour découvrir que, le moment suivant, je suis devenu capitaine d’Ol Crap Bottom, le fléau odorant des mers de lave infinies !
En dépit de ces circonstances regrettables, nous, les nains, nous étions retrouvés, il semblerait que les trois dragonnes aient réussi à compléter le rituel, et aucun prêtre n’avait osé commenter cette décision. Après tout, un temple avait fini par être un entrepôt glacial et l’autre, une zone de lave. Quant à la plate-forme d’âme, elle devait être remplacée par une autre, plus robuste cette fois-ci, peut-être fabriquée en Celestium enchanté.
Pour les nains, cette question avait également un côté positif. Vous voyez, la dame au souffle de feu avait réussi à redémarrer l’ancienne Grande Forge Urugudu. La lave qu’elle avait créée avait débordé dans l’ancienne relique et avait permis à ses flammes de brûler à nouveau. J’avais ainsi grand espoir de pouvoir récupérer l’ancien marteau d’Umidaba.
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Partie 2
Cette relique était une chose que tous les forgerons de Trindania connaissaient et tous voulaient mettre la main dessus. Malheureusement, ce n’était pas si facile. Le marteau était enchanté pour que seuls les individus dignes puissent le soulever et utiliser son formidable pouvoir.
Pour ce faire, il fallait pénétrer dans les bols d’Urugudu alors que ses flammes ravageaient l’intérieur. Pour tout nain normal, c’était de la folie, mais pour moi, cela pourrait bientôt devenir réalité.
Pour ma part, je ne voulais pas obtenir le marteau, je voulais confirmer son existence de mes propres yeux, mais pour ce faire, il me faudrait un peu d’aide.
Ainsi, j’avais attendu patiemment jusqu’à ce que les dragonnes se rétablissent et soient allées négocier avec Sa Majesté l’empereur Mush’Nomv’Azer.
Tout d’abord, les trois dragonnes s’étaient présentées devant Sa Majesté le deuxième jour après avoir terminé le rituel. Il n’y avait aucun moyen de bouger l’une ou l’autre jusqu’à ce qu’elles se réveillent, et celle avec des écailles dorées n’était pas du tout contente de la façon dont la dragonne rouge continuait à baver sur elle dans son sommeil. Pour ma part, je n’aurais même pas eu le courage de me rapprocher d’une bête aussi redoutable qui pour un seul grincement, pouvait dévoiler une énorme rangée de crocs acérés.
La cérémonie de remise des prix avait débuté par la présentation des trois personnes devant Sa Majesté, qui avait ensuite annoncé à tous les chefs de tribus qu’ils faisaient maintenant partie de Trindania. En tant que telles, elles pourraient maintenant recevoir des propositions de nains, acheter une maison sur ce continent ou même créer une entreprise. En même temps, nos lois les protégeaient autant qu’elles les rendaient responsables de leurs propres actions sur nos terres.
Pour nous, nains, cette déclaration de Sa Majesté accompagnée du succès du rituel de Nundaba s’apparentait à ce que les grands esprits eux-mêmes les acceptaient. Il n’y avait pas de plus grand honneur que des étrangers comme elles puissent recevoir, mais c’était une récompense bien méritée, à mon avis.
La cérémonie s’était ensuite poursuivie, chacune recevant un symbole de leur succès, un totem sculpté à la main par Sa Majesté. C’était beau et enchanté pour durer très longtemps. En l’utilisant, elles pouvaient maintenant entrer et sortir de Trindania à leur guise. C’était leur laissez-passer dans notre empire.
À leur sortie de la salle d’audience, elles avaient été escortées par Sa Majesté dans la salle du bal où un somptueux buffet les attendait. Il y avait même ces délicieux escargots croustillants et des sortes d’araignées frits parmi ses mets délicats. Tandis que j’appréciais leur goût croquant, les dragonnes s’éloignèrent d’elles. D’autre part, elles avaient mangé beaucoup de viande Hanba et de fruits divers. Chacune d’entre elles avait mangé autant qu’une famille entière de nains, et elles pouvaient aussi tenir leur alcool ! Même Sa Majesté avait été surprise par leur appétit insatiable.
Alors, alors qu’ils profitaient de la fête, j’avais attrapé une assiette d’araignées frites et je m’étais approché de Sa Majesté, l’empereur Mush’Nomv’Azer.
« Vieil ami, je ne t’ai presque pas vu là-bas ! Où t’étais-tu caché ? » Me demanda-t-il dès qu’il me vit.
« Ici et là, Votre Majesté. L’odeur des araignées frites et des escargots croustillants m’a fait sortir de mon humble forge. » Je lui fis un sourire enjoué, puis grignotai une araignée.
Le goût des créatures frites était absolument divin, mais rencontrer l’une d’entre elles après l’âge adulte était terrifiant. Ces petites choses peuvent atteindre un mètre, avec des crocs énormes.
« Il doit y avoir quelque chose de plus, Andu'Yang'Ores, après tout, tu n’es pas le type de nain qui aime se faufiler dans des fêtes comme celle-ci ? »
« Je ne peux pas duper tes yeux, mon ami. Oui, j’ai fait tout le chemin ici pour les rencontrer et leur demander si elles seraient assez gentilles pour m’aider pour un petit projet. » Je lui dis alors que je laissais mon accent glisser, mais ça ne comptait pas.
« Quel genre de projet ? » Demanda-t-il en mettant l’araignée dans sa bouche.
« Tu te souviens de la Grande Forge Urugudu ? » Demandai-je.
« Oui, j’ai entendu dire que ses flammes se sont rallumées. » Il acquiesça.
« En effet, elles l’ont fait. » Je hochai la tête. « Et avec la résurrection de la forge, le Marteau d’Umidaba peut être récupéré, si la légende dit vrai. » Je le lui dis et lui offris une autre araignée.
« Le marteau d’Umidaba ? L’objet légendaire que les nains rêvent de récupérer depuis des siècles. Penses-tu vraiment pouvoir l’obtenir ? » M’avait-il demandé avec un regard sérieux dans les yeux.
« Non, mais je souhaite l’apercevoir. Si je peux confirmer son existence, alors peut-être… eh bien, juste peut-être qu’un jeune pourra, à l’avenir le revendiquer comme sien. » Répondis-je avec un sourire ironique.
« Hm, tu devrais avoir plus confiance en toi, vieux fou. Je pense que tu es tout à fait apte à revendiquer le marteau. » Il me sourit et me tapota l’épaule gauche.
« Non, Votre Majesté, je crois que je ne suis pas assez digne pour cela. Il y en a beaucoup d’autres qui ont beaucoup d’expérience que moi, par exemple… le jeune homme qui a fabriqué les armures et les armes des dragonnes. » Dis-je, puis je pointai celle aux écailles argentées qui parlait avec celle aux écailles rouges.
« Hm, sont-elles aussi impressionnantes ? » Demanda Sa Majesté.
« Absolument ! » Je hochai la tête.
« Pourtant, il n’est pas un nain. Andu'Yang'Ores, tu es le meilleur forgeron nain de Trindania ! Ton habileté est incomparable, il est donc juste que tu utilises ce marteau et non un étranger ! Tu devrais avoir plus confiance en toi ! Pourquoi ne demanderais-je pas à la princesse Elleyzabelle si elle peut nous prêter ses deux chevalières pour cette tâche ? Je pourrais avoir besoin de cracher quelque chose d’autre. Hm, cet alliage Celestium-Zaradin dont elle a parlé plus tôt pourrait faire l’affaire. » Dit-il en se frottant la barbe.
« Que voudrait-elle avec cette chose inutile ? L’alliage lui-même n’est bon que s’il est utilisé pour forger. N’avoir que de la poussière n’aide en rien. Même si elle le demandait en grande quantité, il est toujours extrêmement difficile de le reformer, » avais-je dit.
« Je ne sais pas pourquoi elle en a besoin, mais elle semblait très intéressée par ça. Je vais lui faire savoir et voir ce qu’elle répond. » Dit-il avec un sourire, puis il se dirigea vers le groupe de dragonnes.
Hm, je me demande comment on appelle un groupe de dragons ou de dragonnes ? Un troupeau peut-être ? Je m’étais dit en retournant manger mes araignées fries.
Pendant que l’Empereur leur parlait de cette stupide demande de ma part, j’avais regardé autour du buffet les autres chefs de tribus qui avaient assisté à toute la cérémonie. Les femmes humaines étaient également ici, mais elles étaient restées à l’arrière, loin du centre. Elles étaient toutes souriantes et gloussaient en discutant avec certains des invités ici. Les liens créés entre eux pendant la période de la révolution avaient été robustes et testés à travers la boue de bataille. C’était une grande différence par rapport aux dragonnes qui venaient de terminer le rituel de Nundaba.
Les nains en général n’étaient pas le groupe le plus social, car des années difficiles de tyrannie leur avaient rendu plus difficile l’ouverture, même à ceux qui les entouraient, sans parler des étrangers. C’est la raison pour laquelle un spectacle comme celui-ci était une chose rare à voir, quel que soit le lieu où l’on se trouvait dans l’ensemble de l’empire Trindania, mais avec les changements récents et un peu de bonne volonté de la part des esprits, cela deviendrait, espérons-le, un jour commun à l’avenir.
Pour être juste, à l’époque, il était un peu difficile de faire confiance à son propre voisin lorsque la plupart des parents avaient peur d’être amenés devant les soldats par leurs propres enfants. La principale raison pour laquelle la plupart d’entre nous avaient choisi de nous battre dans cette rébellion était d’avoir la liberté de parler et de sourire quand nous le voulions, sans craindre d’être jetés en prison ou tués sur le coup. Les nains s’étaient battus parce qu’ils voulaient être libres et les Héros humains qui étaient apparus à l’improviste étaient arrivés au bon moment pour nous accorder ce rêve.
Encore une fois, qui étais-je pour exprimer mon opinion sur de telles questions ? En tant que forgeron, je m’étais souvent retrouvé plongé dans ma forge, un marteau à la main et des bruits de coups puissants dans les oreilles, sans m’intéresser à la politique sur la place.
Mais être un forgeron n’était pas une excuse pour fermer les yeux sur la souffrance de mes proches. C’est pourquoi j’avais rejoint Mush’Nomv’Azer dans sa rébellion pour vaincre l’ancien roi Amezer'Davos'Eldra. À ma grande surprise, plus je m’étais plongé dans cette affaire, plus j’avais vu à quel point les nains détestaient ce bâtard d’ancien roi. Tellement, en fait, que la majorité d’entre eux avaient demandé à ce que le nom de l’ancien roi soit effacé de toute notre histoire.
C’est pourquoi il était si facile pour les nains de suivre la déclaration d’effacement du vieux roi. C’était eux qui le voulaient au départ, et non l’actuel empereur, comme nous l’avions dit à ces dragons.
Environ une demi-heure plus tard, alors que je commençais à sentir la liqueur m’engourdir les nerfs, j’avais vu Mush’Nomv’Azer s’approcher de moi. Il me faisait un sourire d’une oreille à l’autre.
Je connais ce regard, avais-je pensé.
C’était son regard « J’ai eu une meilleure offre que ce à quoi je m’attendais », mais pour moi c’était aussi le look « Tu me dois une faveur ». La dernière fois qu’il s’était approché de moi comme ça, j’avais fini par gaspiller tout mon métal en épées et armures pour son armée. Bien que ce ne soit pas de grosse demande pour mes compétences, mais il n’avait pas demandé d’utiliser uniquement des alliages de Zaradin. J’avais littéralement versé des larmes en voyant le métal précieux utilisé pour fabriquer quelque chose comme ça ! Mon honneur de forgeron avait été souillé !
« Alors ? » avais-je demandé en plaçant ma chope sur la table voisine.
Elle était vide de toute façon.
« Bonne nouvelle, mon ami ! Elles ont accepté de t’aider à récupérer ce marteau si tu peux leur fournir de la poussière d’alliage Celestium-Zaradin imprégnée de la magie des nains antiques ! », déclara-t-il d’un ton joyeux.
« Espèce d’idiot. » Je me frappai le front avec ma propre paume et laissai échapper un gémissement de douleur.
« Hein ? » L’empereur imbécile me regardait comme s’il ne savait pas ce qu’il venait de leur promettre.
« Comment peux-tu promettre quelque chose que nous ne possédons pas ?! » lui demandai-je.
« On ne le possède pas ? » Il fronça les sourcils.
« Non. Le seul qui puisse fabriquer un alliage Celestium-Zaradin nécessite un marteau de forgeron légendaire, un outil pour lequel je donnerais bien mon bras ! »
Ah, mon accent, avais-je pensé, mais j’avais choisi de l’ignorer.
« Comme le marteau d’Umidaba ? »
« Oui, comme le marteau d’Umidaba, mais ce n’est qu’une légende. »
« Alors si tu l’avais ? » Pressa-t-il.
« Je leur ferais tout un lingot de cette fichue chose. »
« Merveilleux ! Ensuite, je leur dirai de se préparer. Demain, c’est bon, non ? Oui, c’est bon. Attends-les demain matin à l’ancienne Grande Forge Urugudu ! », déclara-t-il en me tapotant l’épaule juste avant de se retourner pour informer les dragonnes.
J’avais l’impression d’avoir reçu un coup de marteau au visage après qu’un apprenti forgeron l’ait perdu. Il m’avait fallu quelques bonnes minutes avant que mon vieux cerveau ne recommence à travailler.
« Demain, faire quoi où ? » avais-je demandé.
Eh bien, je n’avais pas dit qu’il fonctionnait correctement…
Merci pour le chapitre.