100 en Chance et une Compétence en Domptage de Dragons – Tome 3 – Chapitre 67

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Chapitre 67 : Le son du cor

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Chapitre 67 : Le son du cor

Partie 1

***Points de vue de Kataryna***

En regardant ce champ de bataille où les traînées de fumée de ces incendies s’élevaient haut dans le ciel, je m’étais demandé depuis combien de temps je ne m’étais pas retrouvée en train d’attaquer une armée ?

Autour de moi, j’avais des alliés et des amis, devant moi, j’avais un ennemi que je pouvais abattre librement. C’était tous des dragons qui avaient peut-être une famille quelque part, qui étaient peut-être gentils et honnêtes, qui rêvaient et sentaient le monde comme moi, mais dans une guerre, ils n’étaient que des morceaux de viande qui n’hésiteraient pas à me tuer si je ne les tuais pas en premier.

Est-ce que je devais me sentir dérangée ou malade ?

Quand on arrive sur le champ de bataille, on devrait…

S’ils ressentaient de la joie ou du bonheur en prenant la vie d’un autre dragon, ils n’étaient pas des soldats agissant sur ordre, mais des monstres. Un soldat poserait son épée si l’ordre lui était donné, mais l’autre continuerait de poursuivre une quête trempée dans le sang d'innocent.

En fermant les yeux, j’entendais mes alliés parler entre eux, les supérieurs donnant des ordres et leurs subordonnés les suivant. Pour l’instant… il n’y avait pas de sons d’épées se heurtant.

Nous nous préparions à l’attaque imminente. Celle qui était impossible à éviter, du moins pas avec les cartes que nous avions encore dans nos mains.

Sur ce champ de bataille, les dragons seraient ceux qui montreraient leur puissance et les dragonnes leur sagesse, mais mes amis et moi ne faisions pas partie de la norme. Nous étions des dragonnes ne pouvant pas seulement nous battre.

En parlant de cela, Alkelios nous avait dit, alors que nous nous dirigions ici, de nous tenir à moins de 100 mètres de lui pendant notre bataille pour recevoir un bonus de force de sa part. C’était vrai, alors que je restais à ses côtés, je me sentais plus forte, plus rapide, capable de manier plus de magies. La sensation que j’avais de lui était-elle celle de la sécurité ? Ça aussi, mais je recevais aussi une poussée d’énergie, une pointe d’adrénaline tout en gardant le sentiment que je pouvais faire plus que d’habitude, que je pouvais pousser plus loin que mes limites.

Tous les amis d’Alkelios ressentaient cela…

En même temps, j’avais moi-même constaté à quelle vitesse tout le monde avait progressé. Il avait dit que c’était juste dix fois le taux normal, une valeur ridicule, mais en réalité, c’était beaucoup plus.

Comment serait-il préférable pour moi de décrire ce bonus ? Si un dragon pouvait s’entraîner pendant dix ans et atteindre seulement 100 de puissance, il connaîtrait alors des moments de progression lente, normale ou rapide.

Eh bien, le bonus d’Alkelios avait tout simplement brisé ce concept. Chaque goutte de force de vie que nous recevions d’un monstre ou chaque fois que nous nous entraînions, c’était comme si nous le faisions avec les performances maximales et un taux d’amélioration rapide, peu importe l’état de nos conditions réelles. Je pouvais tuer accidentellement un Dayuk blessé et bénéficier de la vie obtenue après avoir combattu à la mort contre lui. Si cela ne suffisait pas, alors tout cela avait été amplifié dix fois.

C’était ridicule, mais grâce à cela, moi qui n’avais pas augmenté en puissance depuis je ne sais combien de décennies, j’étais devenue plus forte.

Ceux qui avaient montré la plus grande croissance, cependant, étaient bien sûr Iolaus et Seryanna. Tous deux avaient suivi un régime d’entraînement infernal dans lequel ils se poussaient au-delà de leurs limites. Ils n’avaient pas tenu le coup de pouce pour acquis et avaient plutôt pensé à cela comme si cela n’avait jamais été le cas.

À ce rythme, ces deux individus deviendraient des éveillés supérieurs dans un an ou deux ? Mentalement parlant, ils étaient déjà proches de cet état. Seryanna avait également eu un bon coup de pouce grâce au fait qu’elle était une dragonne supérieure de la Haute Flamme.

Néanmoins, tous pourraient probablement gérer eux-mêmes un éveil supérieur. Ce n’est pas parce qu’une personne atteint le niveau de puissance 1000 qu’il avait la force d’atteindre ce statut et si l’on ne s’entraînait pas correctement, il était normal que nos compétences se rouillent.

« À quoi penses-tu ? » me demanda Seryanna en m’approchant par-derrière.

Elle portait l’armure et une arme fabriquée par Alkelios. C’était des objets ridicules qui pouvaient soigner le porteur et offrir une défense incroyable. Et surtout, il avait été conçu à la fois pour améliorer les compétences de Seryanna et pour être utilisé par elle personnellement. Je ne pouvais même pas entrer dans cette fichue armure, et encore moins l’utiliser.

Son arme s’appelait Drachenkrieg. Je ne savais pas ce que ce nom signifiait, mais Alkelios non plus. Apparemment, quand il fabriquait une arme très puissante, son nom était donné par les dieux, comme le disaient les anciennes rumeurs. C’était la même chose avec mon arme, une épée longue à deux mains portant le nom Ledyanoy Potseluy, mais si je devais deviner, cela signifiait peut-être Baiser Glacé ?

Alkelios m’avait dit qu’il se souvenait de l’époque où je l’avais embrassé quand il l’avait fait, mais cette épée, lorsqu’elle était tenue, dégageait une aura froide qui était chaude au toucher, mais qui était froide pour tout le monde. C’était en effet comme un baiser de glace, chaud quand partager avec son bien-aimé et froid mordant, quand donné à un ennemi. Cette arme pouvait également amplifier ma magie de glace, mais je pouvais aussi la sentir se synchroniser avec ma magie d’éclair. Lorsque j’avais essayé d’utiliser un sort de combo élémentaire, je l’avais parfaitement canalisé à travers la lame et le lancement avait été fait plus rapidement que jamais auparavant.

L’épée de Seryanna était semblable en ce qui concerne le feu, mais j’avais compris que si elle était complètement déchaînée, elle transformerait tout ce qui l’entourait en un enfer ardant où elle seule pourrait marcher en sécurité.

J’avais également reçu une armure d’Alkelios. Elle était bleue avec des taches blanches ici et là, contrairement à celle de Seryanna qui était un mélange de rouge et de noir, mais tout comme la sienne, la mienne avait renforcé mes défenses par un nombre ridicule et ne m’avait pas restreinte du tout. Je misais beaucoup sur ma vitesse lors de mes attaques, et cette armure était parfaite à cet égard. Elle pouvait aussi renforcer ma magie élémentaire, me permettant ainsi d’utiliser des techniques de renforcement du corps avec de la glace ou de la foudre.

Pour être honnête, je sentais que mon pouvoir avait au moins doublé avec ses dons.

« À propos de cette guerre… et d’Alkelios. » Répondis-je à Seryanna.

« C’est sa première, n’est-ce pas ? » Dit-elle alors qu’elle s’approchait de moi et regardait dans les confins du champ de bataille.

« En fonction de la manière dont il agira et se sentira après cela, nous saurons avec certitude s’il nous faut apprivoiser un monstre ou guérir un saint blessé. » Lui dis-je.

« Heh. Alkelios n’est pas un saint, il n’aura pas de problème à tuer des dragons, mais ce qui m’inquiète, c’est comment il va réagir face à l’autre humain s’il se montre. » Elle répondit et ferma les yeux pendant une seconde.

« Je suis juste heureuse qu’il ne soit pas un de ces nobles enfants idiots qui tremblent sous leurs tentes en criant après les soldats et en disant que dans les guerres, des dragons meurent. Ou si vous tuez quelqu’un, ils meurent… c’est comme si vous veniez de découvrir que l’eau est humide et que le feu brûle. » Je secouai la tête.

« Je suppose que tu as entendu le fils du baron pleurer dans sa tente ? » Demanda-t-elle avec un sourire ironique.

« Malheureusement oui. Alors, j’ai décidé de le geler jusqu’à son cou et lui dire ensuite que s’il ne veut pas se battre, il peut rester comme ça jusqu’à la fin du combat, mais si les ennemis percent et finissent par tuer tout le monde à qui il tient dans sa ville natale, il devrait savoir que tout aurait pu être de sa faute. » Je riais.

« Ce n’est pas un peu exagéré ? » M’avait-elle demandée.

« Nah! Faire trop, ç’aurait été de le geler complètement, puis de donner à son père un pic à glace pour le faire sortir. » Je haussai les épaules.

« Tu devrais entrer. Le roi est prêt à partager sa stratégie de combat avec nous. Cela devait être révisé après avoir vu ce que l’ennemi avait fait dans ces champs. La reine a déjà pris des mesures pour importer plus de nourriture des royaumes voisins et augmenter les productions dans les zones non touchées. » Me dit-elle.

« Est-elle là maintenant ? Eh bien, c’est une bonne chose qu’elle prenne des mesures pour limiter au maximum les dégâts causés, cependant... » Dis-je avant de plisser les yeux vers la ligne ennemie « Qui aurait pu deviner que Dankyun réussirait à réunir 364 000 dragons pour se battre sous lui ? »

« Et six éveillés supérieurs... » Fit remarquer Seryanna.

« Ce n’est pas si mal, nous en avons dix de notre côté et tu pourrais être considéré comme la 11e. » Je lui avais fait un sourire ironique.

« Je me demande à propos de cela. » Elle sourit ironiquement.

« Aie plus confiance en ton pouvoir. » Je lui avais dit cela puis m’étais dirigée vers la tente servant de quartier général.

***

***Point de vue d’Alkelios***

C’était une bonne chose que je révise mes compétences plus tôt. Les valeurs dans les statistiques de mes amis étaient impressionnantes et les miennes étaient carrément ridicules. Cependant, je n’avais toujours pas la confiance de pouvoir sortir de ce combat sans accrocs.

En premier lieu, c’était une guerre. Tout pouvait mal tourner, peu importe sa puissance. Un seul moment de distraction suffit à faire succomber même un éveillé supérieur face à la lame d’un simple soldat. Tout ce qu’ils avaient à faire était de s’approcher suffisamment et d’être prêt à frapper, à porter un coup à cet instant précis.

De retour sur Terre, c’était la même chose. Cela s’appelait les balles perdues ou quelque chose du genre. Essentiellement, les gens étaient blessés ou tués par des balles perdues qui avaient volé dans tous les sens à cause d’une fusillade ou d’un déchargement accidentel du voisin de l’autre côté de la ville. En fait, j’avais entendu la même chose à propos d’un certain stand de tir militaire en Roumanie où les balles avaient survolé le mur de protection et avaient atterri dans la cour des civils, cassant des objets et y laissant des trous. Heureusement, personne n’était encore mort et, grâce aux médias, l’armée avait été obligée de faire amende honorable.

Parce que je ne voulais pas que quelque chose comme cela se produise et que je craigne que mes amis se blessent gravement ou soient tués pendant cette guerre, j’avais fait plusieurs souhaits fondés sur ma chance qui visaient à les protéger des flèches et des sorts.

Si un soldat normal de la Terre m’entendait, il se serait probablement moqué et m’aurait dit que je m’inquiétais trop. La mort sur le champ de bataille était inévitable, peu importe le camp, et c’était l’un des risques à prendre en compte lorsque l’on y entrait. Espérer ou prier que rien ne se produise était un point de vue idéaliste qui ne se réalisera jamais.

Pourtant, je poursuivais toujours cet idéal avec le pouvoir de ma chance.

Quand j’étais revenu au sol, je m’étais rendu à la tente du quartier général où une réunion stratégique allait avoir lieu. Tous mes amis étaient déjà là et portaient leurs armures et armes que je leur avais fabriquées. Ils étaient reconnaissants pour ça et très impressionnés quand je leur avais dit ce qu’elles pouvaient faire.

« Alkelios, vous êtes le dernier à arriver, » déclara Feryumstark qui se tenait de l’autre côté d’une grande table sur laquelle était disposée la carte de la région.

Contrairement à moi, tous les autres dragons et toutes les dragonnes ici étaient dans leur forme humaine, pas dans leur forme hybride, ce qui m’avait obligé à les regarder de haut.

« Je m’excuse, je suis allé jeter un coup d’œil depuis le ciel à la force de l’ennemi. » Lui dis-je alors que je m’inclinais respectueusement devant lui et les autres.

Ce n’était pas poli ou sage de faire attendre son supérieur.

« Pas besoin de vous excuser, mais dites-moi, comment les choses se passent de là-haut ? » Demanda-t-il en me regardant.

La reine Elliessara était également présente à côté de lui avec la princesse Elleyzabelle. Le Premier ministre Elovius était dans la capitale. En cette période de guerre, ne pas avoir le pouvoir au centre de l’état est absolument idiot.

Je fermai les yeux pendant une seconde et lui dis : « En utilisant une version optimisée de “cette” compétence, je pourrais éliminer une grande majorité de leurs forces, mais cela ne ferait que causer des dommages à la région au point qu’une reconstruction à grande échelle serait nécessaire ainsi que d’empoisonner les terres pour les décennies à venir. Voulez-vous que je l’utilise ? » Demandai-je en ouvrant les yeux et en le regardant directement.

« Non. » Répondit la reine à sa place.

« Je suis d’accord avec mon épouse sur ce point, mais j’aimerais également connaître l’opinion de chacun sur ce point. » Avait déclaré le roi en jetant un regard à tous ceux présents ici.

***

Partie 2

« Si ce dragon a un pouvoir aussi terrifiant, alors pourquoi ne pas simplement leur jeter une version plus faible en guise d’avertissement ? Cela baisserait le moral de leurs forces et renforcerait celui des nôtres. » Suggéra un dragon avec des écailles brunes foncées et une armure à plaque en Dregaryum.

Ce dragon au regard féroce avec une épée à deux mains dans son dos s’appelait Reyades Undrakan. Comme tous les six autres présents, il était l’un des nombreux éveillés supérieurs sous le commandement du roi et de la reine.

« Parce que cette région fait partie du royaume. Si nous gagnons cette guerre, les cultures pourront repousser dans un an ou deux et les pertes seraient récupérées, mais si j’utilisais cette attaque, la région concernée n’aurait aucune chance de se rétablir pendant des décennies. » Répondis-je en exprimant mon désir de ne pas utiliser Itsy Bitsy Boom!

Peu importe la qualité d’une arme nucléaire pour gagner une guerre facilement, si je n’avais aucun moyen de m’en occuper, ce serait la même chose que d’empoisonner ma propre terre. En outre, il y avait des innocents dans ces régions et peut-être que tous les soldats de cette armée ridicule ne s’étaient pas rendus sur le champ de bataille volontairement. Je pouvais imaginer Draejan enrôler les dragons locaux capables dans ses forces tout en prenant les armes et armures des dragonnes combattantes.

« Je ne vois pas le problème ? Ne pouvons-nous pas simplement l’envoyer là-bas ? » Demanda Reyades en se grattant l’arrière de la tête.

« Si nous ne pouvons gagner sans compter sur le puissant sort d’Alkelios sur nos propres terres, il serait préférable de ne pas prétendre que nous sommes de fiers guerriers-dragons défendant l’honneur et la justice ! » Déclara Feryumstark.

« Soupir. Sa Majesté a toujours été quelqu’un qui préférerait ne pas employer des moyens sournois à moins que cela ne soit absolument nécessaire. »

Celui ayant parlé était Leone Sylvara, un dragon de vent avec des écailles vert claire, de beaux cheveux longs argentés noués derrière et portant une longue robe bleue. Il était le spécialiste de la communication du royaume.

Moyens sournois ? Eh bien... vous pourriez dire que c’est une manière lâche d’attaquer... Même si en temps de guerre, faut-il vraiment se soucier autant des moyens utilisés pour y mettre fin ? Même le massacre de milliers d’innocents ne serait-il pas alors justifié par le malheur du vaincu ? Je veux dire, j’ai utilisé cette compétence sur cette armée d’insectes et je ne me sentais pas vraiment coupable, mais c’était une armée au milieu d’une terre en friche..., pensais-je alors que j’essayais de trouver en moi une raison de l’utiliser.

Ce n’était pas un terrain vague avec une armée d’insectes ressemblant à des extra-terrestres en plein milieu... Des villes et villages étaient à proximité, des villages habités par des dragons innocents, espérant et priant les Dieux que cette guerre n’emporte pas leurs proches. Les tuer de sang-froid ou détruire leurs moyens de survie en irradiant ces plaines n’était pas quelque chose que je voulais faire…

« Je suis d’accord avec cette décision. En matière de guerre stratégique, il est certes judicieux d’empoisonner les réserves de nourriture et d’eau de l’ennemi, mais dans ce cas, ils envahissent nos terres. Empoisonner nos propres provisions équivaudrait à leur accorder une victoire provisoire, » déclara la dragonne se tenant du côté gauche de la reine.

Elle avait de longs cheveux noirs soyeux qui lui descendaient jusqu’à la taille et contrastaient avec ses écailles d’un blanc pur. En tant que dragonne de l’élément de lumière, elle était une guérisseuse renommée, du moins c’est ce qu’elle disait.

Ah oui, cette terre n’appartient pas à Embryger. Ces colonies font partie d’Albeyater, avais-je pensé en laissant échapper un soupir de soulagement dans mon esprit.

J’étais heureux d’avoir trouvé une autre raison de ne pas utiliser mes compétences.

« Je préférerais gagner cette guerre avec de l’acier et du sang, pas avec un sort qui semble faire plus de mal que de bien. » Se moqua Moros Onias.

Ce dragon avait des écailles grises et était de deux éléments : la glace et la terre. Il était du genre à laisser ses épées parler, c’est pourquoi, lorsqu’il m’avait rencontré pour la première fois, il avait immédiatement demandé un duel avec moi. J’avais respectueusement décliné. Se battre contre un éveillé allié juste avant le début d’une guerre n’était pas ce qu’on pourrait appeler intelligent.

« Moi aussi, je suis d’accord avec Onias ici, peu importe à quel point mes paroles me surprennent. » Berros Mandrakea laissa échapper un soupir, puis plissa les yeux au regard du dragon en question.

Ce dragon était une avant-garde. Sa grande taille, son armure solide, son grand bouclier et sa lance en guise d’arme lui avaient valu d’être l’un des mieux à même de prendre le poids d’une attaque. C’était un dragon avec des écailles brunes, ce qui montrait qu’il était de l’élément Terre.

« Je m’en fiche tant que je peux couper quelques têtes et laisser mes invocations se déchaîner ! Hihi! » avait déclaré Mendeles Unvar.

Ce dragon était de l’élément eau, et ses écailles bleues étaient brillantes et bien entretenues. Mendeles était, comme il l’avait dit, un dragon spécialisé dans l’invocation de la magie, qu’il renforçait avec des sorts à longue portée. Ce qui m’inquiétait pour lui, c’était sa personnalité plutôt enfantine. En dépit d’être un assez vieux éveillé, il se comportait plus ou moins comme un garçon de 12 ans. Cependant, Feryumstark m’avait assuré que, lorsqu’il s’agissait de combattre, il était un petit diable dangereux et sournois. Il n’était pas un dragon qui devrait être sous-estimé à cause de cela.

« Quant à moi, je suis plus curieux de savoir ce que ce puissant dragon peut faire au lit, » déclara Novias Oshika avec un doux ronronnement dans le ton de sa voix.

Son armure laissait peu à l’imagination. Ses écailles vertes et son corps voluptueux pourraient faire ressortir le désir intérieur de tout homme, mais c’était exactement son but. Oshika était une séductrice de l’élément Vent, qui utilisait la douce caresse du vent pour attirer autant les dragons que les dragonnes dans le but qu’ils commettent des erreurs pendant leur combat et laissent une ouverture par laquelle elle pourrait décrocher une frappe fatale. On m’avait également dit qu’elle était très bonne avec les attaques à distance et les sorts de restriction. Elle pouvait arrêter des milliers de dragons si elle le souhaitait, puis les frapper sans merci avec sa magie à distance.

« Arrête ! » Seryanna lança un regard noir à la dragonne en plaçant sa main sur le manche de son épée.

« Oh, mon Dieu, la femme est effrayante ! Mais… » Oshika lui fit un clin d’œil. « Ça ne me dérange pas de faire un plan à trois avec toi. »

« Tu devrais arrêter, à moins de vouloir savoir comment c’est d’être congelée et cuite vivante. » Kataryna fixa Oshika du regard.

« Tout le monde, s’il vous plaît, calmez-vous, » déclara Feryumstark. Les deux dragonnes se tournèrent le dos avec un « hmph ! » Seryanna avait aussi choisi de l’ignorer. « Bien, maintenant Brekkar, quel est ton point de vue sur tout cela ? » Demanda-t-il.

« Je pense, votre Majesté, que nous devrions suivre le jugement d’Alkelios. Il connaît ses compétences mieux que quiconque et s’il prétend fermement que cela nous ferait plus de mal que de bien, alors je m’oppose à son utilisation. » Dit le dragon à la taille rouge, avec un signe de tête.

« Je vois... Dans ce cas, le vote a été donné. Alkelios, vous ne devez utiliser cette compétence que si c’est notre dernier recours. Je ne veux pas détruire et empoisonner mes terres à un tel degré non plus. C’était autre chose si nous parlions du territoire de l’ennemi. » Feryumstark déclara ça puis laissa échapper un soupir.

« En parlant de ça, qu’est-il arrivé de l’invasion humaine ? » Demanda Sylvara.

« Oui, j’en ai entendu parler aussi. Leone, Malavan et moi-même sommes rentrés de notre quête pour trouver un traitement curatif à la reine, à cause de l’Appel Général, » avait-il déclaré.

Je vois, donc il y avait un groupe qui a été envoyé pour trouver un remède après tout. Je pensais que c’était un peu étrange qu’il n’y ait personne pour le rechercher, mais n’ont-ils pas reçu la note indiquant qu’un remède avait été trouvé ? J’ai pensé et puis j’ai demandé : « Comment ça s’est passé ? »

« Malheureusement, il y a beaucoup d’impasses. » Dit-il en secouant la tête.

« J’ai la recette si vous le voulez. » Je haussai les épaules.

« Quoi ? » L’homme m’avait regardé avec de grands yeux.

« Nous nous éloignons du sujet là. Parlons de mon traitement plus tard, concentrons-nous maintenant sur cette bataille. De plus, je vous ai envoyé plusieurs lettres, mais grâce à des espions, elles ne sont jamais parvenues, semble-t-il, » déclara Elliessara en déployant l’éventail qu’elle tenait à la main et regardant Leone Sylvara.

« J’ai entendu parler de cela aussi... Néanmoins, c’est une joie que quelqu’un ait trouvé un traitement, mais en ce qui concerne l’invasion humaine, je me demande si ce n’était pas une distraction afin de garder nos forces séparées, » Sylvara demanda d’un ton calme, mais sa queue remuait comme celle d’un chien heureux.

« C’est exactement ce qui s’est passé, » avait déclaré Feryumstark.

« Avec la mobilisation soudaine de notre armée sur deux fronts séparés, j’ai dû écrire beaucoup de lettres et rassembler beaucoup de preuves à envoyer aux pays voisins. La dernière chose que nous voudrions serait de nous faire attaquer par eux aussi, car ils pensaient que nous avions lancé une campagne d’invasion, » avait expliquer Elliessara.

« Votre Majesté, mais comment pouvez-vous être sûre que ces lettres parviendront à la destination ? » Demanda Vérone.

« En fait, ils ont déjà atteint leur destination. J’ai utilisé la vitesse de vol de Kataryna pour cela. » Répondit-elle d’un ton calme.

« Tu m’as vraiment fait beaucoup voler... » La dragonne aux écailles argentées laissa échapper un soupir.

« Une fois que j’ai découvert que mes lettres n’avaient jamais atteint leur objectif, je devais changer de stratégie. Pour cela, comme je l’ai déjà dit, et je renforcerai encore cette déclaration devant toutes les personnes présentes ici, Kataryna Georg, je vous suis redevable, » déclara Elliessara en lui faisant un signe de tête.

« Soupir, ne t’inquiète pas. » Kataryna haussa les épaules.

« Vos Majestés, quel est le plan d’attaque ? » Demanda Brekkar, s’assurant que la conversation ne s’éloignait plus.

S’il s’agissait d’une réunion entre dragons réguliers, cette réunion aurait atteint son point culminant il y a bien longtemps, et Leurs Majestés auraient été les seules à parler jusqu’à présent. Cependant, tout le monde ici était un éveillé supérieur ou pas loin de là. Notre état d’esprit général et notre façon de voir les choses étaient plutôt en retrait.

« Faisons un petit récapitulatif des forces ennemi. Ils ont six éveillés supérieurs confirmés. L’un d’eux est un mercenaire d’Ozur, deux ont été envoyés par la faction dans Embryger, l’un vient de l’état vassal Novarak, l’un est un mercenaire errant sans pays d’origine, et le dernier vient d’Olvia. Cependant, ce ne sont que les éveillés supérieurs connus et confirmés rapportés par nos espions. J’ai des raisons de penser que Draejan et ses hommes ont peut-être amené d’autres personnes ou qu’il est lui-même devenu un éveillé supérieur, » avait expliqué le roi en plaçant une sculpture en bois représentant un soldat dragon sur la carte.

« J’ai entendu dire que nous étions confrontés à 364 000 dragons. Comment souhaitez-vous que nous combattions contre eux avec nos 26 000 ? » avait demandé Brekkar.

« S’attaquer de front serait une erreur. Ils peuvent nous submerger avec le nombre, et c’était probablement ce qu’ils visaient depuis le début. » Feryumstark avait répondu.

« Je me demande si mon histoire va se répéter, » se demanda Kataryna avec un sourire aux lèvres.

« C’est possible, mais je veux que vous et Alkelios vous occupiez des éveillés supérieurs. Vous formerez une équipe de chasseurs. Les sœurs Draketerus ainsi que l’apprenti de Brekkar viseront les commandants-dragons de l’armée ennemie. Quant à moi et Brekkar, nous formerons un groupe et agirons en tant que généraux de cette armée, ainsi que chasseur d’éveillé supérieurs, » avait-il expliqué.

« Et le reste d’entre nous ? » Demanda Undrakan.

« Reyades Undrakan, Leone Sylvaran et Malavan Verona agiront en tant que gardes de la reine du royaume d’Albeyater. Ils doivent la défendre de leurs vies et si la situation empire, vous devez vous retirer avec elle à Drakaria et appliquer une stratégie défensive. » Feryumstark ordonna d’un ton ferme.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » avaient répondu tous les trois en même temps en saluant.

Pourquoi ai-je le sentiment que mon groupe reçoit un traitement différent de celui de ces autres éveillés supérieurs ? Ou peut-être que nous ne sommes pas habitués aux ordres ou à la procédure standard ? Cela pourrait être aussi bien… pensai-je.

« Berros Mandrakea, Mendeles Unvar, Novias Oshika et Moros Oniar, vous quatre devez avancer et soutenir notre armée de 26 000 hommes, qui seront séparés en quatre groupes différents. Ne vous engagez pas dans des batailles avec des éveillés supérieures, sauf en cas d’absolue nécessité. Les chasseurs vont essayer de les éliminer avant qu’ils ne deviennent un problème pour vous. Dans cette bataille, nous avons un désavantage en nombre de soldats, mais nous avons l’avantage en nombre d’éveillés supérieurs, » avait déclaré Feryumstark en les regardant tous.

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté ! » avaient répondu tous les quatre en même temps et avaient salué, tout comme les trois précédents.

« Euh ! si vous le voulez, Votre Majesté, je pourrais offrir mes armures et mes armes produites en masse aux commandants de notre armée et à des officiers importants ? » Proposai-je en levant la main.

« Ce serait utile. Vous avez déjà prouvé que vous étiez un excellent forgeron et enchanteur ! » Feryumstark m’avait félicité et avait hoché la tête.

« En effet, les dragonnes ont de très bonnes armes et armures. La tienne aussi est impressionnante ! » déclara Unvar avant de laisser échapper un soupir.

« C’est ma meilleure œuvre jusqu’à présent, » avais-je répondu.

« Mais est-il sage de changer d’équipement si tard ? Pourront-ils l’utiliser au maximum des possibilités ? » S’interroge Sylvara.

« Ils devront le faire, bien qu’il soit vrai qu’il aurait été préférable que vous le fassiez plus tôt, » avait déclaré Brekkar.

« Désolé, cela ne m’était simplement pas venu à l’esprit, » répondis-je en me grattant l’arrière de la tête.

Les griffes de dragon étaient très bonnes pour le dos.

« C’est mieux s’ils ont une épée solide au combat, même s’ils ne sont pas encore complètement habitués, qu’elle se casse après la première frappe, » déclara Unvar en hochant la tête.

« Je ne vois donc aucun problème à ce que nos commandants et nos capitaines changent d’équipements. En tant que telle, je déclare la réunion ajournée ! Que les dieux nous surveillent et nous guident sur le chemin de la victoire ! » Déclara Feryumstark avec fermeté.

« Que la victoire soit avec le royaume Albeyater ! » Avions-nous tous répondu d’un ton fort en saluant le roi et la reine.

Après avoir quitté la tente, j’avais rendu visite à chaque commandant et capitaine de notre armée et leur avais remis à chacun un ensemble d’armure et arme fabriquée par moi. Ils étaient de loin supérieurs à ce qu’ils avaient jusqu’à présent et étaient censés les protéger contre la plupart des attaques de niveau 500 à 700. Je doutais cependant qu’ils soient capables d’affronter un éveillé supérieur. Il y avait peu de chance que cela se produise.

En ce qui concerne l’armure et l’arme, j’avais dit à tous les dragons et dragonnes à qui je l’avais donnée qu’il s’agissait d’un prêt du royaume d’Albeyater et qu’il ne fallait pas le voir comme un cadeau. À la fin de cette guerre, si Sa Majesté jugeait que c’était acceptable pour eux, cela ne me dérangeait pas qu’ils me fassent les demandes nécessaires à cet effet. Bien sûr, je n’avais pas peur qu’ils n’acceptent pas cette offre. Une fois qu’ils avaient vu mes objets prêtés pour le combat, ils étaient certains de passer des commandes, même pour plus ! Transformer cela en un joli bénéfice et me faire dormir sur une grosse pile d’or ne me semblait pas si mauvais. Eh bien, j’espérais juste qu’aucun petit nain agaçant ne viendrait voler mon trésor.

Et peu de temps après avoir équipé le dernier commandant, j’avais entendu le son du cor qui annonçait l’attaque imminente de l’ennemi.

« Alors, ça a commencé... » Dis-je en me rendant à l’endroit où étaient mes amis.

***

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