Chapitre 29 : Le dernier compte à rebours
Partie 2
**Point de vue de Kléo***
« NON ! Où sont-ils ?! Où sont-ils ?! » cria l’homme en attrapant le cristal à deux mains.
Il semblerait qu’il ait perdu la trace des deux personnes à l’intérieur du donjon. Ils n’étaient certainement pas morts, ils avaient juste disparu de l’intérieur des tunnels, ou peut-être qu’ils avaient trouvé qu’il les suivait et avait réussi à éviter son sort ?
Dans ma cage, je ne pouvais que faire un sourire moqueur. Si c’était bien Alkelios qui était dans le donjon, alors cet homme le sous-estimait lourdement. Il était le seul et unique humain avec une capacité lui permettant d’emprunter la puissance de ses amis dragons. J’étais l’un d’entre eux, mais aussi ma sœur, une chevalière, et Kataryna, qui était une dragonne ayant atteint l’éveil supérieur. Il y avait aussi le pouvoir emprunté à mon grand-père, mais ce qui était étonnant et simplement hallucinant à propos de sa capacité était le fait qu’il ne nous volait pas notre pouvoir, mais en faisait une copie.
En d’autres termes, plus nous étions forts, plus il devenait fort.
La seule chose dont je pouvais m’inquiéter était le fait que cet homme devant moi pouvait avoir une capacité semblable à la sienne, après tout, il était capable de m’amener ici contre ma volonté.
« C’est étrange… Je ne peux pas les localiser. C’est comme si le donjon les avait engloutis ! » Dit-il en colère.
Je n’avais rien dit.
Finalement, il se lassa de les chercher et s’éloigna du cristal. Cela ne servait à rien de les localiser s’ils trouvaient un moyen de contourner son sort, mais cela signifiait en soi qu’ils étaient plus ou moins conscients du fait qu’ils étaient surveillés. Comme je ne savais pas exactement comment fonctionnait ce sort, je ne savais pas quelles étaient les façons possibles d’interférer ou de le dissiper.
« Et nous y voilà, » j’avais entendu la voix d’Alkelios venir de l’extérieur de cette pièce.
« Ça ne peut pas être..., » l’homme avait l’air inquiet et réfléchissait à ce qu’il devait ensuite faire.
Son regard se dirigea vers moi et retourna à son bureau. En allant là-bas, il plaça une bague avec le sort de bourse et absorba l’ensemble du laboratoire. Il avait continué à faire la même chose avec tout le reste, en accordant une attention particulière à ses papiers écrits dans une langue étrangère. Il n’avait rien laissé derrière lui. J’étais restée là comme seule témoin.
« Hmph ! » Il se retourna et se dirigea vers la sortie.
Une baguette magique était apparue dans sa main gauche.
Qu’est-ce qu’il prépare ? Me demandai-je.
« Explosion, » avait-il dit avant de partir.
Un froid parcourut mon échine. Les chaînes autour de mes poignets avaient commencé à briller d’une forte lumière violette, et des caractères étranges étaient apparus sur eux. Ils changeaient chaque seconde, décomptant quelque chose.
« Non… Qu’est-ce que c’est ? » avais-je dit, surprise en essayant de me libérer de mes chaînes.
Je ne savais pas ce que c’était, mais c’était effrayant. L’énergie magique qui se rassemblait en elles n’était pas une blague, alors j’avais essayé désespérément de me libérer.
« Arg ! Je ne peux pas… Je ne peux pas les enlever..., » déclarai-je en luttant jusqu’à ce que mes poignets commencent à saigner.
J’avais entendu des pas à côté de moi, et je m’étais arrêtée un instant pour regarder en arrière. Là devant moi se tenait Iolaus. Son épée dégainée.
« Thraherkleyoseya..., » déclara-t-il en me regardant dans les yeux.
La peur avait traversé tout mon corps alors que je comprenais pourquoi il était là… et la raison pourquoi un paladin se tenait devant un nécromancien enchaîné avec son épée dégainée.
« Non, s’il te plaît..., » je me tortillai et fermai les yeux.
***Point de vue d’Iolaus***
Ce monstre absurde était fou en demandant de l’aide au donjon, mais qui étais-je pour dire ça ? Comparé à lui, j’étais faible. Je ne pouvais rien faire pour l’arrêter, mais là encore, aucun dragon n’avait jamais essayé quelque chose comme ça, du moins à ce que j’en savais.
Ce dragon avait dit qu’il avait gagné sa force absurde en vivant dans la forêt Seculiar, qui était renommée pour ses dangers terribles, mais je le trouvais absurde. Personne ne pourrait survivre seul dans cet endroit ! L’un de mes aînés avait essayé de défier cette forêt avant, mais il avait échoué lamentablement. Il avait un niveau de puissance de 146, pourtant il était revenu avec une main en moins et une cicatrice sur le visage. Même sa propre femme ne l’avait pas reconnu. Cela lui avait tout coûté, pourtant ce non éveillé prétendait avoir vécu là ?
Peut-être, que sa force pouvait ajouter une pointe de vérité en ses mots, mais quelque chose en moi ne le croyait pas.
« Nous sommes presque au bout de ce tunnel..., » déclarai-je marchant derrière lui.
« Oui. Attends un instant. » Nous nous sommes tous deux arrêtés, et il a fermé les yeux. « Yeux de chatons ! » déclara-t-il en activant son sort.
Ses pupilles étaient passées de normales à celles d’une bête. Ils étaient fendus verticalement.
Je n’avais aucune idée de ce qu’il essayait de faire, mais j’avais patiemment attendu. Peut-être que c’était une sorte de capacité de reconnaissance ? Si c’était le cas, je n’avais jamais entendu parler d’un sort avec un nom si étrange.
Quelques instants plus tard, ses yeux étaient revenus à la normale.
« Voici le plan. Tu restes tranquille, et je vais essayer de distraire le gars à capuche noir qui a kidnappé Kléo. Pendant que je l’attire, tu vas libérer Kléo, » m’avait-il dit.
« Pourquoi devrais-je te faire confiance, et pourquoi me ferais-tu confiance pour la vie de Thraherkleyoseya ? » lui avais-je demandé en le regardant les yeux.
« Eh bien... » Il détourna les yeux.
« Et si je voulais tout simplement… la tuer ? » lui demandai-je, mais ces mots pesaient lourdement sur mon âme.
Après ce que ce dragon non éveillé m’avait dit plus tôt aujourd’hui, je ne pouvais pas ressentir le même désir de tuer mon ancienne amoureuse. Ses paroles avaient bouleversé toutes mes mœurs, mais ce n’était pas la logique de ces mots, mais peut-être la confiance qu’il mettait derrière eux. Peut-être que j’étais un échec en tant que Paladin ?
« Tu as hésité un moment. C’est pourquoi je suis certain que tu ne le feras pas. En outre, je souhaite qu’elle ne soit pas blessée et que nous la sauvions en toute sécurité. Tu ne la tueras pas et si tu essayes… tu vas mourir. Je te le garantis, » m’avait-il dit avec une telle force et confiance que cela m’avait égaré.
Comment un dragon peut-il mettre autant de foi et de confiance dans un avenir incertain ? Je me demandais.
« Nous y sommes… Allons-y, » avait-il ordonné.
J’avais hoché la tête et dégainé mon épée.
Il s’était placé devant moi et avait tourné à gauche. J’étais allé à droite et m’étais caché à l’intérieur des ombres du labyrinthe. Là, j’avais trouvé un guerrier squeletté. Je m’arrêtais et déglutis, levant mon épée. Le monstre m’avait regardé et avait secoué ses os. Il n’avait pas attaqué, ce qui était étrange.
« Et nous y voilà ! » avait crié Alkelios.
Je l’avais entendu, mais je craignais que si j’attaque un squelette ou que je me fasse attaquer par celui-ci alors l’ennemi m’ait certainement repéré.
Je prie Lumenya, Déesse de la Lumière, et Lumenos, son mari, que ce qu’il a dit à propos du donjon étant notre allié temporaire soit vrai... alors encore, quel était le nom de ce dragon ? Par les Dieux, je mourrai à la suite d’un homme dont je ne me souvenais même pas le nom ! pensais-je intérieurement pendant que je regardais les trous servant d’yeux du squelette devant moi.
D’une manière surprenante, il n’avait pas agi. Il ne m’avait pas attaqué.
Bien qu’un peu étonné par ce fait, j’avais remarqué que l’homme à capuche quittait la pièce. Je savais que c’était le moment où je devais agir et je m’étais précipité à l’intérieur de la pièce. Il ne m’avait pas suivi.
Là, j’avais trouvé Thraherkleyoseya… ses poignets saignaient à cause de ses tentatives de luttes pour se libérer de ses chaînes, qui semblaient enchantées d’ailleurs.
À quel point a-t-elle lutté pour finir comme ça ? pensais-je d’un coup en ayant un frisson.
Le sang coulait de ses blessures et pour l’instant, elle ne semblait pas être consciente de moi, mais plus je la regardais, plus je voyais une femme, une ancienne amoureuse, essayant de se libérer de ses chaînes et non plus seulement une féroce nécromancienne.
Je m’étais arrêté devant sa cage, et c’est alors qu’elle m’avait remarqué.
En levant les yeux vers moi, des larmes coulaient sur ses joues. Elle avait peur.
Je pensais que les nécromanciens n’étaient que mes monstres sans cœur… Les ténèbres corrompues… alors pourquoi pleures-tu ? m’étais-je demandé alors que je sentais mon cœur vaciller.
« Thraherkleyoseya..., » je l’avais appelée, mais je m’étais arrêté.
Que vais-je lui dire ? Non… tout ce que ce dragon m’a dit est un mensonge ! Je dois la tuer ici ! Au nom de mes Dieux… Je dois la tuer… je dois tuer ça… ça…, pensais-je en saisissant la poignée de mon épée.
« Non, s’il te plaît..., » elle se tortilla jusqu’à ce qu’elle touche le mur.
Les mains levées vers moi et fermant les yeux, elle tremblait et essayait de se protéger de moi.
Le sang coulait sur ses poignets, sa peau était coupée et déchirée par ses tentatives pour se libérer. Des larmes coulaient sur ses joues et tout son corps tremblait.
Alors que j’étais devant une telle femme, je tenais mon épée prête à la tuer.
« S'il te plaît… S’il te plaît, ne me fais pas de mal, Iolaus..., » gémit-elle.
Mon cœur s’était gelé à cet instant.
Ma propre main tremblait lorsque j’ouvrais la porte.
« S’il te plaît…, » m’avait-elle supplié.
Mes Dieux exigent la mort de tous les nécromanciens… ils me demandent de vous tuer… de vous tuer, Thraherkleyoseya, pour la justice, pour la paix, pour… l’amour… Pensais-je en levant mon épée. Amour ? pensais-je à nouveau. Je m’étais souvenu des paroles de ce dragon. Je m’étais souvenu ce qu’il avait dit à propos de la signification d’aimer. Je m’étais souvenu de mes propres mots. Non ! Je secouai la tête et serrai les dents. Tout mon corps était tendu et tremblait, mais pas à cause de la peur, mais par l’indécision. Si elle n’avait pas ce pouvoir… alors, j’aurais continué de l’aimer… Je l’aime toujours… l’ancienne, mais… Je m’arrêtais et attrapais mon propre visage, luttant contre mes pensées.
« Je ne peux pas utiliser la magie… Ces chaînes me tueront quand même… si je dois mourir… alors au moins ça pourrait être par tes mains…, » Thraherkleyoseya avait dit quelque chose d’impensable.
Abaissant ses mains et pleurant, elle leva les yeux vers moi avec une expression envoyant des lances de culpabilité et de douleur dans ma poitrine. Il semblerait qu’elle soit à bout. Elle ne voyait pas d’échappatoire. Sa seule chance, le dragon non éveillé… n’était pas là.
Au lieu de cela, j’étais là, l’homme l’ayant trahie… l’homme qui l’aimait…
« Thraherkleyoseya..., » déclarai-je en levant mon épée.
Elle ferma les yeux et attendit. Les runes sur ses poignets changeaient de plus en plus rapidement. Maintenant était le moment de vérité… mon choix final. Elle était juste ici devant moi, sans défense, facile à tuer.
Je ne peux pas trahir mes dieux… Les Dieux de la Lumière ! Le… Je m’étais arrêté et puis m’étais souvenu de quelque chose… De la Déesse des ténèbres Nocturnia. Les Dieux… Les histoires… Non, pourquoi je pense à ça ? Je secouai la tête, mais le souvenir revint, l’histoire de deux anciens amants Lumenos et aussi le mari de Nocturnia… Elle est sa seconde épouse, mais tandis que le temple de la Lumière la voit comme une imposteuse, une voleuse, une menteuse, Lumenos ne l’était pas. Comment un Dieu de la Lumière peut-il partagé son amour entre la Déesse de la Lumière et une des Ténèbres… à moins que… Je me souvenais de ce que le dragon non éveillé avait dit à propos de l’amour.
« AARGH! » Criai-je de tous mes poumons en balançant mon épée.
Ma décision était prise, mais à travers elle… Je me demandais si j’avais trahi mes Dieux.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.