Chapitre 25 : Un baiser sous la pluie
Partie 1
***Point de vue de Seryanna***
La porte derrière moi avait été claquée, la clé tournée, verrouillée, et j’étais tombée à genoux au sol. Les larmes me montaient aux yeux, mes émotions éclatant ainsi.
J’étais fâchée, frustrée et en colère contre cet idiot d’humain ! De toutes les choses qu’il aurait pu dire, c’était les seuls mots que je ne voulais pas entendre !
Pourquoi ne pouvait-il pas simplement dire qu’il a fait tout ce chemin pour moi ?! avais-je crié intérieurement en serrant les poings, en perçant presque des trous dans mes paumes avec mes ongles.
Au moins, j’étais partie avant que tout le monde ne puisse me voir pleurer. En tant que chevalière, je devais toujours garder la tête haute, et être fière devant tout le monde. Rien n’était supposé m’affecter, me troubler, mais j’étais là, pleurant à cause de quelques mots prononcés par un simple humain stupide.
J’étais une honte…
Toc ! Toc !
« Qui est-ce ? » avais-je demandé en essuyant mes larmes.
« Ce n’est pas Alkelios, » une femme avait répondu.
J’avais immédiatement reconnu cette voix.
« Kataryna ? » demandai-je.
« Oui. Ouvre. Je suis seule. Le crétin est en bas avec ta sœur, » m’avait-elle répondu.
« Comment puis-je croire que tu dises la vérité ? » demandai-je pendant que je me levais.
« Franchement, fillette ? Ouvre, avant que je n’ouvre cette porte et te fasse manger ta propre queue ! » me menaça-t-elle.
En déglutissant, j’avais tourné la clé dans la serrure et avais ouvert la porte. La porte avait grincé, et j’avais regardé à l’extérieur. Là, j’avais vu la dragonne aux écailles argentées qui me regardait en haussant les sourcils et croisant les bras.
« Est-ce que tu vas me laisser entrer ou me laisser poiroter ici ? » demanda-t-elle.
J’avais hoché la tête et j’étais ensuite sortie du chemin. Après qu’elle fut entrée, j’avais fermé à nouveau la porte à clé et l’avais regardée.
« Le garçon t’a fait pleurer, n’est-ce pas ? » Elle avait souri.
« Ce n’est pas vrai. » Je lui avais répondu avec un regard, ne voulant pas admettre la vérité.
« Tes yeux sont rouges et tes larmes coulent alors que nous parlons, » avait-elle indiqué.
J’avais essuyé mes larmes, en essayant d’effacer la preuve, mais quelle en était l’utilité ? Elles n’arrêteraient pas de couler.
Le visage rouge et les joues humides, j’avais abandonné et je m’étais assise sur le lit. Kataryna s’était assise à côté de moi, mais elle n’avait rien dit. Elle resta silencieuse et regarda par la fenêtre pendant un moment.
« Comment était le voyage ? » demandai-je en essayant de ne pas pleurer.
« Assez amusant. Nous avons fini par voyager à dos de Coq Royal au lieu de venir en volant. Nous nous sommes perdus dans une mine abandonnée, quasiment noyés dans une rivière, avons été poursuivis par des monstres. Tu sais, les trucs habituels, » dit-elle en haussant les épaules, mais il n’y avait rien d’habituel dans cette aventure.
La plupart des aventuriers ou des voyageurs empruntaient généralement la route la plus sûre, voyageant sur des sentiers connus. Les monstres les évitaient généralement, et les bandits avaient plus de difficultés à choisir une proie appropriée. Pour moi, c’était un voyage plutôt ennuyeux sans aucune personne m’ayant attaquée. J’étais bien préparée, mais d’après les paroles de la dragonne, il n’y avait qu’une partie attirant ma curiosité.
« Un Coq Royal ? » demandai-je.
Même moi je connaissais ce nom. Mon Maître en avait aussi un, et il était terriblement possessif envers elle et était aussi fort que fier.
« Oui, il en a invoqué un en utilisant une compétence. C’était vraiment étrange, » elle hocha la tête.
« Une compétence ? » Je m’étais alors souvenue du fait qu’Alkelios était un humain d’un autre monde invoqué par un Dieu.
Si je n’avais pas déjà été témoin de ses talents et de sa chance, j’aurais peut-être pensé à lui comme d’un fou, mais trop de choses ne correspondaient pas quand je le comparais aux humains dépeints par mon grand-père. L’une d’elles était le fait que je le trouvais attirant. D’après ce qu’on m’avait dit, les humains méprisaient instinctivement toutes les autres espèces, d’autant plus qu’ils étaient ennemis de leur royaume. Alkelios n’avait jamais montré de haine ou de mépris pour moi, c’était en fait le contraire. Mais il s’agissait d’une raison de plus pour laquelle je ne comprenais pas les mots qu’il m’avait déclarés avant ça.
A-t-il changé d’avis après avoir sauvé Kléo ? m’étais-je demandé en regardant le sol.
« Il est l’humain le plus étrange et le plus intéressant que je n’ai jamais vu ! » déclara Kataryna en souriant.
« Pour moi, il est le premier humain que je n’ai jamais rencontré..., » déclarai-je à voix basse.
« Hm ? »
Je laissai échapper un soupir et regardais la dragonne argentée.
« Voulais-tu dire ses mots en les disant ? » demandai-je avec la voix tremblante.
« Quels mots ? » elle inclina la tête vers la gauche, et le bout de sa queue s’agita de gauche à droite comme un pendule à l’envers.
« À pro-propos de vouloir t’accoupler avec lui et d’avoir un œuf ? » continuai-je.
« Oui, » elle hocha la tête sans montrer le moindre doute.
« C’est ainsi..., » je laissai échapper un autre soupir puis baissai les yeux.
« Oh ? L’aimes-tu ? Tu l’aimes, n’est-ce pas ? » La dragonne avait souri en m’interrogeant.
« Je-Je..., » rougissante, je détournai la tête.
J’étais gênée, et même si je savais que je ne pouvais le cacher, je ne pouvais toujours pas dire ces mots.
« Ma pauvre enfant, tu n’as pas à t’inquiéter de moi ! » Elle me tapota la tête.
« Que veux-tu dire par là ? Tu as clairement dit que tu voulais t-t’accoupler avec lui ! » avais-je rétorqué en lui lançant un regard noir.
« Tu rougis comme une jeune fille venant de recevoir la confession du garçon qu’elle aime, » déclara Kataryna en me faisant un large sourire.
J’étais tombée dans son piège.
« Euh..., » j’avais baissé la tête et fermé les yeux.
« Comme je l’ai dit, je veux seulement qu’il me fasse un enfant, je ne veux pas être son amante. Je pense que tu es mieux adaptée pour ça, » déclara-t-elle en me tapotant l’épaule.
« N’est-ce pas… N’est-ce pas tromper ? » demandai-je en lui jetant lentement un coup d’œil.
« Pour les humains peut-être, » elle haussa les épaules.
« Pourquoi n’est-ce pas la même chose pour nous ? » lui avais-je demandé.
La dragonne avait souri et tout à coup, elle me repoussa sur le lit, se posant sur moi et me regardant droit dans les yeux.
« Parce que nous sommes des dragons, des enfants stupides, et j’ai atteint l’éveil supérieur. Une fois que tu l’auras atteint, tu réaliseras que toutes tes croyances passées ne seront plus les mêmes. Il n’y a pas de mal à vouloir porter l’enfant d’un homme que je trouve digne. D’ailleurs, je doute qu’il y ait une autre occasion pour moi avant longtemps… Cependant, alors que je ne reçois qu’une partie de lui, tu obtiens le reste et bien plus encore. Mais pour moi, c’est assez, car je ne souhaite rien de plus. Si les Dieux ont d’autres projets pour moi, seul le temps me le dira, » déclara-t-elle en gigotant.
J’avais attentivement écouté ses paroles. Le regard dans ses yeux était celui d’une femme disant la vérité et de quelqu’un n’ayant pas peur d’assumer ses choix. Après tout, porter l’œuf d’un homme n’étant même pas son compagnon n’était pas quelque chose, que n’importe quelle femme pouvait accepter avec une telle facilité et une détermination sans faille. En même temps, j’avais l’impression que si je la laissais faire, je pourrais perdre Alkelios pour de bon.
Et s’il la trouve meilleure que moi ? Elle est déjà éveillée… Elle est plus belle et plus forte que moi. Je suis une chevalière, donc, je ne suis pas sûre de pouvoir être avec lui, commençai-je à réfléchir, mais chaque mot qui circulait dans mon esprit provoquait une vive douleur dans mon cœur.
« Pourquoi ne le veux-tu pas comme compagnon ? » demandai-je en déglutissant.
Un doux sourire apparut sur ses lèvres, et elle me regarda avec des yeux attentifs pendant un moment avant de répondre.
« Parce que je ne suis pas dans son cœur de la même manière que toi. Avec moi, il est seulement un ami, et je respecte cela. D’autres hommes n’auraient pas hésité à me sauter dans les bras, mais pas lui… Même durant tout le voyage, il n’a jamais cessé de parler de toi ou de penser à toi. Nous avons tous dormi ensemble, mais il ne m’a pas touché comme il souhaiterait te toucher..., » elle avait ensuite fermé les yeux un moment. « Pourtant pour moi… ce n’est pas douloureux de le voir ainsi. » Elle avait ouvert les yeux. « Au contraire, j’admire en quelque sorte ce côté de lui… Comme je l’ai dit, peu d’hommes peuvent le faire. Quant à savoir pourquoi je veux qu’il me fasse un œuf, eh bien… C’est juste que je n’ai jamais eu de famille, et je ne pense pas que j’aurais la chance d’en avoir une de si tôt. C’est pourquoi je ne peux que lui demander de m’aider en tant qu’ami. Et toi… Tu ne le vois pas comme un ami. Tu ne veux pas juste être une amie pour lui, tu veux être plus. » Elle sourit.
Même si je ne voulais pas l’admettre, je savais qu’elle disait vrai. Je ne voulais pas juste être son amie, mais il y avait tellement de choses agissant contre nous, tant d’ombres se jetaient sur nous et menaçaient de briser le petit lien nous liant. J’avais peur de la façon dont nous pourrions finir, de l’endroit où ce chemin nous mènerait, et de notre rupture imminente.
Cela ne serait-il pas trop douloureux pour moi ? Mais encore une fois, Kataryna veut seulement qu’il lui fasse un œuf, alors que je pourrais l’avoir tout entier, même si ce n’était qu’un petit moment. Mais puis-je le faire ? pensais-je en regardant les yeux de la dragonne.
« Oui, je veux être plus que ça… Mais comment puis-je lui dire ? » Je fermai les yeux et versais à nouveau quelques larmes.
Si elle avait raison, alors les mots qu’il m’avait dits étaient là parce qu’il ne savait pas comment je me sentais. Fondamentalement, il avait trébuché dans ses propres sentiments.
« Eh bien..., » elle se recula, mais juste à ce moment, il y avait eu une grosse claque venant de la porte.
« Ooops ! Euh… je ne voulais pas… Je ne savais pas que vous étiez comme ça… Je veux dire… Je suis désolé… Et pour la porte… Au revoir, » déclara à ce moment-là un Alkelios agité alors qu’il lâchait la poignée cassée et se précipita dehors.
« De quoi parle-t-il ? » demanda la dragonne aux écailles argentées un peu confuse.
En regardant la situation, nous avions toutes les deux remarqué en même temps la position étrange dans laquelle nous nous trouvions.
Cet idiot a mal compris ! Non, attends ! Comment peut-il en premier lieu mal comprendre quelque chose comme ça !? avais-je crié intérieurement en rougissant.
« Eh bien, je ne suis pas contre ça de temps en temps. Un trio n’est pas si mal avec les bons dragons, tu sais ? » Kataryna m’avait déclaré ça avec un clin d’œil.
« S’il te plaît, arrête avec les blagues salaces ! » Je l’avais repoussée et avais couru après Alkelios.
Je devais arrêter cet idiot.
***Point de vue d’Alkelios***
Laissant échapper un long soupir déprimé, je me cognais la tête sur la table. L’hydromel était collant, mais j’étais trop énervé pour le laver maintenant. Eh bien, une chose était claire, j’avais fait une erreur, et ma seule et unique dragonne rousse s’était éloignée de moi… encore une fois.
« Je suis un idiot..., » grognai-je.
« Eh bien, d’habitude, je ne vois pas ma sœur si énervée à moins de faire quelque chose de très très stupide. Comme le fait de voler sa culotte et l’utiliser comme un drapeau pour conquérir des terres inconnues, » déclara la dragonne à écailles noire en s’asseyant devant moi.
Elle portait une robe de lolita gothique, légèrement déchirée et complètement trempée, semblable aux armures d’invocateur dans le MMORPG auquel je jouais sur Terre. Eh bien, mes quêtes journalières avaient probablement expiré maintenant, tout comme mes sept jours de bonus.
Je laissai échapper un soupir en me souvenant que je n’avais pas touché à un ordinateur depuis un mois. Eh bien, il n’y avait aucun moyen d’obtenir une connexion internet au milieu d’un royaume dragon sur une autre planète dans un autre univers… non ?
« Eh oh ! Est-ce que tu m’écoutes ? » Kléo m’avait pincé la joue.
Clack !
Je l’avais mordue.
« HAN ! H-hey ! Q-Qu’est-ce que tu fais ?! » Elle a crié et a rapidement retiré sa main.
« Laisse-moi tranquille..., » grognai-je.
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.
PS : Un humain qui mord un dragon… C’est pas l’inverse normalement ?
Ouaips, il commence à devenir sauvage le bougre.
Si il continue comme ça il va pas finir dragon mais écureuil. MDR