Chapitre 16 : Le secret de Brekkar
Le feu engloutissait tout le manoir alors que tous les serviteurs et quelques dragons de la ville essayaient de l’éteindre. Ils invoquaient des sphères d’eau, puis les envoyaient, ou les versaient sur les flammes.
Même de loin, je pouvais voir l’effort qu’ils faisaient pour essayer d’éteindre le feu. Les rares qui n’avaient pas de sorts d’eau utilisaient des seaux d’eau du puits local ou ils aidaient ceux ayant été touchés par les flammes. Normalement à cette époque, un incendie ne pouvait être contrôlé qu’en démolissant les bâtiments voisins et en laissant le feu s’éteindre, mais avec l’aide des sorts d’eau, ils avaient une chance de sauver le manoir.
Pendant ce temps, je courrais après Seryanna aussi vite que possible, mais elle ressemblait à un guépard en train de courir et m’avait semé depuis longtemps dans la poussière. Une fois qu’elle était réapparue à mes yeux, je l’avais vu debout à côté de son grand-père. Je pensais que je l’avais finalement rattrapée, mais juste quand j’étais à environ dix mètres d’elle, elle se retourna.
Pendant un moment, j’avais vu une expression douloureuse sur son visage. Je m’arrêtai et restai immobile un moment, fronçant les sourcils et me demandant la raison d’un tel regard. Avant que j’aie eu l’occasion de l’appeler, la dragonne rousse tourna la tête et courut aussi vite qu’elle le pouvait dans cette direction.
« Seryanna ! » Avais-je appelé, mais en vain, elle était déjà partie.
Qu’est-ce qui vient de se passer ? M’étais-je demandé en allant parler à la seule personne pouvant m’éclairer.
« Alkelios... » avait déclaré Brekkar.
Le vieil homme était soutenu par une servante. Il était blessé et son armure était fissurée à divers endroits. Sans aucun doute, il venait de traverser une dure bataille, mais qui oserait l’attaquer ? Il n’était pas quelqu’un que n’importe qui pouvait combattre, après tout, sa force dépassait les 2000.
« Que s’est-il passé ? » lui avais-je demandé.
L’homme regarda sa maison en feu. Le feu se défendait contre les sorts des dragons, mais petit à petit, il était en train de s’éteindre. Pourtant, les dégâts étaient immenses. Tant de choses avaient été détruites, je ne pouvais imaginer comme il allait se remettre de cette perte. Pourtant, c’était juste un bâtiment, c’était une bonne chose que lui et ses domestiques avaient eu le temps de sortir.
Puis j’avais remarqué que Kléo n’était pas là. Je clignai des yeux surpris et regardais autour de moi. Cette farceuse était probablement quelque part dans le coin se plaignant de sa robe, du désordre et de tout le reste. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale alors que je pensais à une autre alternative, mais… ça ne pouvait pas être ça, non ?
« Où est Kléo ? » lui avais-je demandé.
« Elle est... » Brekkar me regarda, il serra le poing et baissa les yeux. « Je n’ai pas pu la protéger..., » déclara-t-il.
« Quoi ? » J’étais surpris de l’entendre dire ces mots. Les yeux écarquillés, je m’étais retourné vers l’enfer enragé qui luttait pour rester allumé en dévorant le manoir. « Tu me dis qu’elle est toujours là-dedans ? » demandai-je en serrant le poing.
Je n’ai pas de sort à base d’eau, mais si je prends une couverture humide sur moi… Si j’ai de potions de soin et que je me précipite, alors peut-être que je pourrais la sauver. Je suis fort maintenant, je peux le faire, pensais-je en me préparant à courir vers elle, oubliant un instant ma compétence de Dompteur de Dragon qui me permettait de la suivre.
« Non ! Elle n’est pas là ! » déclara Brekkar avant que je n’y entre.
J’étais revenu vers lui.
« Quoi ? Alors où est-elle ? Que s’est-il passé ici ? » L’avais-je interrogé.
« Bandits… Ils se sont appelés les Dagues Jumelles. Les salauds ont parlé d’une dette et ont mis le feu au manoir. Pendant ce chaos, l’un d’eux a saisi ma petite-fille et s’est enfui. Je l’ai poursuivi, mais leur chef… elle m’a arrêté. Je n’ai jamais pensé que quelqu’un de si puissant soit ici. Si seulement j’avais ma force normale, alors tout cela aurait été un jeu d’enfant pour moi, mais maintenant… Je suis trop faible. Elle m’a vaincu avec facilité et a pris Kléo comme “compensation”. Ces salauds ont même brûlé le stock de Champignon Sanglant que j’avais... Ils ont mis le stockage entier en feu..., » déclara-t-il en serrant les poings.
« Dagues Jumelles ? Quoi ? Il y a quelqu’un de suffisamment puissant pour même te vaincre ? » demandai-je, surpris.
« Oui... C’est une femme avec des écailles argentées. Sa force est grande. Je peux dire qu’elle ne faisait que jouer avec moi, mais elle n’avait aucune intention de me tuer, moi ou mes serviteurs. SI elle le voulait, elle aurait facilement pu le faire… Franchement, je ne comprends pas pourquoi elle m’a laissée la vie sauve. C’est comme si elle n’avait pas peur de la vengeance..., » Brekkar parla et baissa les yeux.
Le regard qu’il avait et le ton de sa voix m’indiquèrent que ce n’était pas seulement l’opinion d’un vieil homme vaincu, mais l’expérience d’un vétéran. Il pouvait facilement dire ceux qui voulaient le tuer et ceux ne le souhaitant pas, mais la façon dont il en parlait donnait l’impression que cette dragonne était la seule à penser ainsi.
De toute façon, elle était capable de vaincre facilement Brekkar. Cela signifiait qu’elle n’était pas un adversaire facile, même pour Seryanna. En fait, il était hautement probable qu’elle finirait dans un état pire que celui du vieux dragon.
Un frisson parcourut ma colonne vertébrale alors que je comparais nos forces dans mon esprit. Pas la peine d’espérer la vaincre, je ne pouvais même pas rattraper Seryanna, et elle n’était pas au niveau de Brekkar, mais ce bandit l’avait facilement vaincu.
J’avais dégluti et me souvins de l’air peiné dans les yeux de la dragonne rousse.
En repensant à Brekkar, j’avais immédiatement deviné ce qu’elle avait en tête.
Seryanna est allée après eux… Pensai-je.
« Qu’est-ce qui va arriver à Kléo ? » lui avais-je demandé.
Le vieil homme avait baissé les yeux et avait serré les dents.
« Elle sera vendue à un noble ou envoyée dans un autre royaume pour devenir une esclave, » il frappa alors le sol du poing, du sang jaillit de ses blessures et un petit cratère se forma à l’endroit de l’impact. « Je ne peux pas croire que je les laisse l’emmener ! Ils vont payer pour ça ! » rugit-il furieusement.
Alors que l’énergie magique se rassemblait autour de lui. Il eut soudain une quinte de toux, et cracha du sang. Ses mains tremblaient et ses yeux rougissaient. C’était comme si le fait de rassembler de l’énergie magique lui faisait mal.
« Statut de Brekkar, » avais-je dit et le menu était apparu sous mes yeux.
Nom : Brekkar Draketerus
Espèce : Dragon
Statut d’éveil : 2/2 conditions accomplies
Niveau : 824
Force : 2430 (-1250 blessures)
Vitesse : 1810 (-1220 blessures)
Dextérité : 2108 (-1400 blessures)
Magie : 1004
Chance : 24
Excellence magique : 34 %
Buff actuel : Dompteur de Dragon augmente de trois fois la quantité d’énergie de vie et magique absorbée.
Debuff actuel : affecté par une Diminution des statistiques due à une blessure. Les points sont diminués en fonction de l’emplacement et la sévérité de la blessure.
Debuff du Berserk : Toutes les statistiques diminuées de 2000 points. Énergie magique diminuée de 1000 points. Niveau lors de l’apparition de cette compétence -1000. Si l’individu est sous le niveau 1000, cela entraînera la mort immédiate ou une paralysie complète selon la chance. Statistiques irrécupérables même une fois soignées.
Maladie : Explosion Berserker : Quand un individu de niveau 200 ou supérieure force sur ses canaux d’énergies à la limite, ils peuvent éclater et provoquer ce que l’on appelle des vortex magiques de la mort. Ceux-ci absorbent l’énergie magique et la condensent constamment, ce qui fait que l’individu est incapable d’utiliser sa propre magie. Au fil du temps, l’individu perdra sa force et sa capacité à utiliser l’énergie magique. Une fois ce stade atteint, les vortex magiques de la mort atteignent un point critique menant à la destruction de l’individu à travers ce qui est connu sous le nom d’Explosion de Magie Interne. Le rayon d’explosion dépend de l’individu. État actuel d’énergie 84 %. Rayon 23km. Heure estimée avant la mort : 2 semaines, 3 jours, 23 heures, 34 minutes et 16 secondes. Remède : Potion de brize de nuit d’un million de morts.
J’avais dégluti et avais sélectionné la potion pour le traitement. La réponse que j’avais eue.
Niveau insuffisant barman pour brasser cette potion, niveau 3 requis.
Potion de brize de nuit d’un million de morts : nécessite le rang de Grand-Maître Alchimiste. Nécessite un laboratoire d’alchimie. Nécessite 2000 Points de magie et 30 % d’excellence magique.
Requiers les herbes normales et magiques suivantes : Herbe Illusoire, Herbe Requin de la Tempête, Nocturne, sept pétales d’Arc-en-Ciel, un Cauchemar Pourpre, Olgan, Rosiette, Larme du Dragon d’Or, Herbe d’Ogre.
Requiers aussi du miel d’abeille, et de l'Eau de Myriade.
La liste d’ingrédients était incroyable, mais il n’y avait pas le Champignon Sanglant dedans.
Si c’est le remède, qu’est-ce Brekkar prenait jusqu’à maintenant ? M’étais-je demandé et avais vérifié pour voir si je ne l’avais pas manqué.
Après avoir vu qu’il n’était pas dans la liste, j’avais regardé dans les yeux du dragon et lui avais directement demandé. « Tu as la maladie de l’Explosion Berserker ? »
Il avait serré les dents et avait regardé le sol.
« D’ici deux semaines, tu vas mourir, Seryanna et Kléo le savent-elles ? » lui avais-je demandé.
« Maître ? » Les domestiques et majordomes étaient tous surpris en m’entendant.
« Non, elles ne le savent pas… J’allais le garder secret et… quand je sentirai mon heure arriver, j’allais fuir vers la forêt Séculiar. » Il ferma les yeux et le serviteur à côté de lui haleta de surprise.
« Champignon Sanglant… pourquoi les as-tu utilisés ? » L’avais-je interrogé.
« S’il est utilisé avec d’autres plantes, il peut alléger un peu la douleur et absorber mon énergie magique, me permettant de survivre un peu plus longtemps... » Il me regarda ensuite et me demanda. « Vas-tu leur dire ? »
J’avais fermé les yeux et je m’étais frotté le front à deux doigts.
Pour sauver ce vieil homme, je devais améliorer ma compétence Barman et mettre un tas de points dans la magie et l’excellence magique. Pour acquérir ces points, j’étais forcé de gagner quelques niveaux, et tout cela seulement si je survivais à cette expérience en premier.
Je soupirai.
Moi et ma chance maudite…, grognai-je en plaçant le sac devant lui.
« Vieux fou, pourquoi n’es-tu pas allé chercher un Grand-Maître Alchimiste pour te préparer le traitement ? » lui avais-je demandé.
« Quel traitement ? Cet état est incurable ! » avait-il grogné.
« Qui a dit ça ? » avais-je demandé en levant un sourcil.
« Tout le monde ! » Avait-il crié.
« Mais pas moi, » avais-je dit en haussant les épaules.
Il plissa les yeux et me demanda. « Toi… tu connais la méthode de traitement ? » Demanda-t-il.
À ce moment, j’avais réalisé que j’avais un atout précieux dans ma main. C’était quelque chose que même Brekkar avait abandonné. Plus encore, il était un vieux général avec beaucoup d’influence et de pouvoir, sans compter que si je le guérissais, la guerre contre les humains pourrait changer.
Cette situation… C’est assez dangereux, n’est-ce pas ? me suis-je demandé, mais ensuite, je m’étais souvenu de l’expression de tristesse de Seryanna.
Elle avait presque abandonné sa propre position, elle avait travaillé dur pour juste aller chercher ces Champignons Sanglants inutiles, elle m’avait sauvé, ce vieil homme m’avait accepté chez lui sans se demander si j’étais un danger pour sa famille. J’étais humain, alors logiquement, il n’aurait dû avoir que de la haine et de la colère à mon égard, pourtant il n’en avait pas ou ne l’avait pas montré.
Ma décision pourrait finir par influencer toute la guerre et rapprocher les dragons de la victoire. Un seul mot pouvait provoquer la mort d’innombrables humains et même de terriens ayant rejoint ce combat.
C’était naturel pour moi d’y penser et peut-être demander une sorte de récompense. Je pourrai même le forcer à me donner Seryanna, peut-être... Mais encore une fois… je n’étais pas un salaud.
100 chances, le pied…, grognais-je intérieurement, voyant toutes ces choses m’arrivant à la suite à cause de cette statistique.
À genoux à côté du vieux dragon, je posai ma main sur son épaule et le regardai droit dans les yeux.
« Je suis ton ami et tu es mon ami, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.
Brekkar me regarda dans les yeux un peu confus et répondit. « Oui. » Il n’y avait pas de honte ou de regret dans sa voix.
« Alors, ne t’inquiète pas, je vais créer le remède pour toi si ta petite-fille m’aide un peu à gagner en force. Dans ce sac, tu as une partie du remède. La potion s’appelle Potion de brize de nuit d’un million de morts. Seul un grand Maître-Alchimiste avec la même quantité de magie et d’excellence magique que Kléo pourra la faire. Tu auras également besoin d’une table d’alchimiste, un laboratoire, le tout ainsi que les herbes suivantes : Herbe Illusoire, Herbe Requin de la Tempête, Nocturne, Sept Pétales Arc-en-ciel, un Cauchemar Pourpre, Olgan, Rosiette, Larme du Dragon d’Or, Herbe d’Ogre. Ensuite, tu auras besoin de miel d’abeille et d’Eau de Myriade. Tu as la moitié de tout ça dans ce sac. » Je lui avais tout dit.
« Pour-Pourquoi, me dis-tu quelque chose d’aussi important ? Si ce que tu dis est vrai, alors cette potion pourrait sauver d’innombrables dragons souffrant de cette condition, et si je retourne sur les champs de bataille, les dragons deviendraient plus forts… N’es-tu pas inquiet pour tous les humains que je pourrai tuer grâce à cela ? Si tu me laisses ainsi, je suis juste un inutile dragon blessé, mais avec ton remède… Pourquoi ? » Me demanda-t-il.
Brekkar n’était pas un imbécile apparemment, il réalisa en un instant les implications de cette potion sur la bataille entre humains et dragons, mais en même temps, j’étais humain. Mes actions n’avaient aucun sens pour lui. Il me connaissait à peine, je le connaissais à peine. Je n’avais pas besoin d’offrir un secret si important, bien que je ne le voyais pas comme tel, honnêtement parlant.
« Brekkar, penses-tu vraiment que j’ai besoin d’une raison pour sauver la vie d’un ami ? D’ailleurs, je dois trop de choses à Seryanna, et je l’aime. Si tu meurs, elle serait triste, et si elle découvrait que j’avais le remède à cela depuis le début, elle ne me parlerait plus jamais pour le reste de ma vie, » dis-je en laissant échapper un soupir, montrant que c’était une situation que je souhaitais éviter.
« BWAHAHAHAHA! » Le vieux dragon éclata de rire. « Penser qu’il y ait un humain si honorable ! Même si tu n’es pas un dragon, je ne pense pas que ça soit mauvais pour ma petite-fille de te tenir compagnie quelques décennies de plus ! » dit-il en parlant d’une voix forte. « Moi, Brekkar Draketerus déclare que tu es un ami à vie ! Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, ceux de la famille Draketerus t’aideront volontiers ! » Il acquiesça ensuite la tête d’un air satisfait.
« Merci..., » lui avais-je dit en espérant ne pas condamner toute l’espèce humaine… Eh bien, juste au cas où… je souhaite que la guerre entre humains et dragons finisse par s’arrêter d’une façon ou d’une autre, de préférence sans la destruction complète des deux côtés. J’avais ensuite regardé dans la direction qu’avait prise Seryanna.
« Va, mon ami. Je vais m’occuper des choses ici, mais reviens vivant, » déclara Brekkar d’un air sérieux.
J’avais hoché la tête et avais ensuite couru aussi vite que je le pouvais après la dragonne rousse.
Quoi qu’il arrive, je souhaite que Seryanna, Kléo et moi revenions en vie de cela… Maintenant, je sais qu’il y a un Dieu là-bas, alors je souhaite que cette nuit ne devienne pas une tragédie ! pensai-je en entrant dans la forêt.
Une fois de plus, j’avais oublié d’utiliser ma compétence pour retrouver Kléo… j’étais pressé...
Merci pour le chapitre.
PS : Et c’est le premier chapitre que j’avais pas lu en anglais ! Houra !
malheureusement, moi jen ai lu environ 50 de plus a l’époque-_-
j’ai hate que la trad en arrive la pour que j’ai le plaisir de le lire en vf
Comme je te comprend !
Merci pour les chapitres
Merci pour le chapitre.