Chapitre 15 : Danger imprévu
Partie 2
***Point de vue du dragon assis encapuchonné.***
Quand j’avais vu cette non éveillée renverser le thé sur la table, j’avais pensé que quelque chose n’allait pas avec mes yeux. Mon cœur s’était arrêté et tout mon corps s’était raidi. La plus grande peur que j’avais en ce moment était que, d’une façon ou d’une autre, elle avait compris que quelque chose n’allait pas avec la tasse. Heureusement, elle ne nous avait pas interrogés et était partie paisiblement.
Avec un soupir de soulagement, j’avais regardé mon collègue et lui avais demandé « Était-ce la tasse ? »
« Oui, c’est celle enchantée. J’y ai mis assez de somnifères pour assommer tout un troupeau de moutons, mais de penser qu’elle le renverserait, quelle malchance... » déclara-t-il en secouant la tête.
En effet. Si elle avait bu ce thé, elle serait tombée inconsciente et serait restée ainsi pendant plus d’une journée. Nous aurions pu lui voler son armure et son arme, les vendre à un forgeron au marché noir et en récupérer un sac d’or décent. Pour l’empêcher d’en parler, nous l’aurions marqué avec le symbole de notre groupe et ensuite nous nous serions amusés avec elle. Comme elle n’était pas éveillée, il n’y avait pas besoin de s’inquiéter d’une ponte. La honte et l’humiliation qui en résulterait l’auraient sûrement empêchée d’en parler. Nous n’aurions pas eu besoin de cette bague à nouveau pour poursuivre notre commerce.
« Elle doit avoir la chance des dieux..., » déclara mon collègue alors qu’il nettoyait le désordre qu’elle avait provoqué.
« Ou elle est aussi malchanceuse qu’un démon... envoie un message au patron, elle voudra en entendre parler. Nous ne pouvons pas avoir un grand chevalier comme elle qui s’immisce dans nos affaires. Son grand-père ne s’occupera pas de nous tant que nous resterons en dehors de la ville. Il n’enverra pas les gardes après nous, mais elle, c’est une autre histoire, » avais-je ordonné.
« Alors, tu nettoies cela, et je vais chercher le patron. Elle est dans la grotte nord, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Oui. Vas-y rapidement, » lui dis-je en attrapant le chiffon.
Il avait couru en partant.
***Point de vue d’Alkelios***
Une demi-heure...
Voilà le temps qu’il avait fallu au dragon pour analyser toutes les plantes que j’avais récoltées et pour qu’il puisse estimer un prix relatif pour elles ici et dans la capitale. Au moment où j’étais entré dans le magasin, il avait plissé les yeux vers moi et avait immédiatement demandé qui m’avait envoyé ici. Quand j’avais mentionné le nom de Seryanna, il avait demandé quel genre d’herbes j’avais ramené de la forêt, mais une fois qu’il avait aperçu les plantes rares trouvées, sa mâchoire semblait être tombée jusqu’au sol.
Les estimations de Seryanna à propos de la première plante étrange que j’avais trouvée étaient un peu fausses. Elle ne valait pas 20 pièces d’or, mais 35 ici et 70 dans la capitale. Il s’agissait d’un type de plante pouvant guérir beaucoup de maladies dont beaucoup de médicaments avaient besoin. Il voulait me l’acheter, mais je ne pouvais la laisser partir. Je me devais de la garder. Cependant, les autres, ce n’était pas trop le cas. J’avais fini par vendre environ la moitié des plantes, me faisant gagner 47 pièces d’or, 38 d’argent, et 24 de cuivre.
Honnêtement, il y avait quelques pièces de monnaie là-dedans, et il me restait encore un tas d’herbes dans le sac, mais elles étaient toutes bonnes pour une chose ou une autre d’après la compétence Barman. J’étais curieux de les essayer, mais il y avait d’autres plantes pour lesquelles je me sentais réticent à abandonner. Ma première conjecture était que ma chance y était pour quelque chose, mais je ne pouvais comprendre pourquoi cette compétence faisait ça.
Laissant échapper un soupir, je m’éloignai de quelques pas de l’entrée du magasin et m’assis près d’un mur. Je n’avais aucune idée de l’endroit où se trouvait Seryanna, et je ne me rappelais pas si je lui avais dit où nous devions nous rejoindre après avoir fini nos affaires. Bien sûr, je n’avais pas peur des voleurs ou quoi que ce soit de ce genre puisque je faisais confiance à ma chance. Un souhait me rendait invisible à leurs yeux, mais là encore, je pouvais me défendre avec mes statistiques actuelles.
Soupir... Ce n’est pas un jeu vidéo. Maintenant que j’y pense, même si je suis ridiculement fort comparé au passé, le fait que je n’ai aucune idée de comment utiliser mes capacités actuelles signifie que je suis tout à fait inutile lors d’un combat. Je suis comme l’un des boss de premiers niveaux dans un jeu. Beaucoup de points de vie, une grande force, mais qui n’attaque que comme un idiot et n’a aucune compétence spéciale. Tout ce que vous avez à faire pour le vaincre est de courir autour de lui et de frapper dans ses côtes avec votre cure-dent. Peut-être que je devrais demander à Seryanna quelques leçons de combats ? Ouais, je pense que je vais juste faire cela ! pensai-je en regardant le ciel sans trop y penser.
« Alkelios, comment s’est passée la vente ? » demanda la dragonne.
Clignant des yeux de surprise, j’avais regardé à ma gauche en la voyant.
« Un peu plus de 47 pièces d’or. Est-ce que tu as aussi fini ? » lui avais-je demandé.
« Oui. » Elle hocha la tête et me sourit. « Avec cet argent, nous pourrions commencer à t’obtenir un équipement de départ. Rester habiller comme cela n’est pas bon pour l’aventure, » m’avait-elle dit.
« Oh ? Vraiment ? Cela à l’air excitant ! Que devrais-je obtenir en premier ? Une épée de feu, peut-être ? Ou une armure plaquée de diamants ? » demandai-je en sautant d’excitation.
« Rien de si ridicule ! D’ailleurs, tu ne saurais même pas les utiliser correctement pour le moment, » m’avait-elle répondu.
« Ah..., » je fis un visage triste exagéré et levai les yeux vers elle avec des yeux de chiots.
« Ne me regarde pas comme ça... Je suis sérieuse, une armure plaquée de diamants n’existe même pas, » déclara-t-elle rapidement, en me tapant sur le front.
« Aie ! Au moins, l’épée de feu est réelle..., » grognai-je en me frottant le front.
« Oui, les humains idiots l’utilisent souvent en pensant que ce serait une puissante épée, » elle tapota alors la poignée de sa lame. « Les enchantements sont ce qui fait la différence dans une arme. Certains sont puissants d’autres faibles, mais utilisés correctement, il est possible de transformer une épée en cuivre en une arme ridicule, » avait-elle expliqué.
« Comment le sais-tu ? » Demandai-je.
« Je t’ai déjà dit que je connais un bon forgeron, n’est-ce pas ? »
« Je pense que je m’en souviens vaguement. Tu m’as aussi dit que tu avais un animal de compagnie et que tu m’embrasserais une fois arrivé dans cette ville. Mais je n’en ai encore rien vu, » lui déclarai-je en croisant les bras et en secouant la tête.
« Je n’ai jamais dit cette dernière partie. Quant à Tulip, elle chasse actuellement dans la forêt. Elle reviendra probablement dans un jour ou deux. Tu pourras la rencontrer alors... Hm, ça me donne une bonne idée ! Pourquoi n’allons-nous pas te chercher un animal de compagnie ? » me demanda-t-elle en hochant la tête.
« Et l’alimentation ? » lui avais-je demandé en haussant un sourcil.
« Es-tu plus fort que Kléo ? » m’avait-elle demandé.
« En force oui. Mais je doute être plus fort qu’elle en magie. »
« Peu de personnes peuvent la battre en magie, mais si tu es plus fort qu’elle, nous pouvons aller à Andromède pour t’inscrire à la Guilde des Aventuriers. » Expliqua-t-elle.
« C’est un nom plutôt générique, mais quelque chose comme ça existe vraiment ? Aussi, pourquoi ne pouvons-nous pas tout simplement nous inscrire ici ? » lui avais-je demandé en montrant le sol.
« Pourquoi la guilde construirait-elle une succursale ici ? Ce n’est pas une grande ville, il n’y a pas de donjon, et la plupart des problèmes sont réglés soit par les gardes, soit par mon grand-père, » avait-elle expliqué.
Honnêtement, j’étais surpris de l’entendre dire cela. Dans mon monde, dans les jeux les guildes posaient un hall partout où elles le pouvaient tant que ce n’était pas un village. Tomeron étant une ville, je pensais qu’il y aurait un hall. Elle disait qu’ils n’en construisent que lorsqu’il y avait suffisamment d’activités et de demandes dans la région pour satisfaire les aventuriers avides.
« Logique..., » dis-je.
« Alors, allons-y et achetons des équipements de base. On peut aller demain vers Andromède pour t’enregistrer comme aventurier et t’acheter un animal de compagnie, » Seryanna me tapota l’épaule et sourit.
« D’accord, mais être humain ne posera pas de problèmes, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.
Considérant le fait que mon espèce se batte en continu contre la sienne, je m’inquiétais du fait de la mettre dans une position désagréable.
« Comme je l’ai déjà dit, tant que tu as la recommandation d’un chevalier, tu seras en sécurité. Grand-père t’en écrira sûrement une, » m’avait-elle rassuré.
« Alors, je suppose que c’est bon. Où devrions-nous acheter une armure, » demandai-je.
Avec un sourire, Seryanna m’entraîna dans quelques boutiques marchandes de cette ville. Les gens étaient heureux de faire un marché avec la petite-fille de Brekkar. Certains d’entre eux avaient même sorti les meilleures armures qu’ils avaient. En d’autres termes, ils savaient qu’elle avait de l’argent, et essayaient donc de le lui faire dépenser. Grâce à ma compétence Identificus Processus Juridicus, j’étais capable de repérer les mauvaises armes et armures, mais étonnamment, ce que les marchands lui recommandaient était en fait de haute qualité. Ils n’essayaient pas de la tromper, peu importe la manière.
Quelque temps plus tard, après avoir essayé toutes sortes d’armes et d’armures, nous avions fini par acheter des choses de base. J’avais une cotte de mailles en acier, une armure en cuir dur avec des bottes et un casque, une épée courte en acier et un sac à dos. Après cela, nous étions allés vers l’enchanteur et nous étions assurés que mon armure ne se briserait pas si je me déplaçais à pleine vitesse. La manière de faire cela était d’y insuffler périodiquement de la magie, sinon elle s’userait. La partie étrange était que cela n’apparaissait pas sur la liste de mon identification.
En ce qui concerne les conversations, c’était surtout dans le sens de : nous voulons ça ; porte ça ; fais ceci ; combien est-ce ? Pendant ce temps, j’étais la poupée habillée par la dragonne rousse.
Il y avait beaucoup d’armes et armures destinées à être utilisées par les dragons anthropomorphes. Les versions non éveillées étaient plutôt rares, donc nous n’avions pas trop le choix, c’était pourquoi nous vérifions tout.
« Voilà, tu es maintenant équipé, » avait déclaré Seryanna une fois que nous avions quitté l’enchanteur.
« Je n’arrive toujours pas à croire qu’il n’y ait pas de sort pour augmenter la résistance de l’armure, » lui dis-je en regardant mes gants.
Pour être honnête, je m’attendais à ce que l’enchanteur en ait un, mais maintenant que j’y pense, aucun objet sur lequel j’avais utilisé ma compétence d’identification n’avait montré sa résistance et son endurance. Si c’était cassé, c’était simplement marqué cassé. Si c’était ébréché, je pouvais voir où. Si c’était utilisable, alors c’était dit.
Cela m’avait fait réaliser que je ne pouvais juger une armure par ses enchantements et son apparence dans ce monde. Je suppose ce que Seryanna avait dit à propos de l’épée de cuivre pouvant devenir incroyablement puissante, était vrai, mais le prix serait élevé. Pourtant, cela serait une énorme perte de ressource, la dragonne ne m’avait pas menti, c’était possible.
« Les enchantements d’absorptions de dégâts magiques et physiques sont les moins chers et les plus communs sur les armures. Je pense que tu en as eu pour un prix décent, » m’avait-elle dit.
« C’est seulement 10 %. Cela ne se rapproche pas de ce que tu as, » avais-je souligné.
« C’est vrai, mais cette armure est un peu spéciale. Personne ne peut l’avoir. Plus la compétence de l’artisan est grande, plus la chance de le trouver dans la capitale ou dans une grande ville de commerce, où il aura le plus de clients, sera grande, » avait-elle expliqué.
Cela ne changeait pas beaucoup d’un jeu. La différence dans la rareté des objets et les niveaux était toujours évidente lorsque l’on comparait les marchands de la ville de départ et ceux d’une grande ville.
« Hm ? » avais-je remarqué quelque chose au loin. C’était une traînée de fumée noire. « Qu’est-ce que c’est ? » Demandai-je à la dragonne en la lui montrant.
« Quoi ? » Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
Je pensais que quelqu’un avait peut-être commencé un barbecue quelque part, mais quand Seryanna vit la fumée, son visage était devenu sérieux et elle avait serré son épée, j’avais su que quelque chose n’allait pas.
« Le feu... et il vient du manoir de grand-père..., » annonça-t-elle.
« Quoi ? » Demandai-je, mais elle ne perdit pas plus de temps à me répondre et se précipita dans cette direction.
« Ah ! Attends-moi ! » avais-je crié en lui courant après, tout en essayant de ne pas faire tomber mon sac.
Y a-t-il eu un feu accidentel ? Arson, peut-être ? Mais qui oserait attaquer quelqu’un comme Brekkar et Seryanna ? J’espère que le vieil homme est en sécurité, comme d’ailleurs tous les autres là-bas..., pensai-je en essayant de suivre la redoutable dragonne.
Merci pour le chapitre.