Réincarné en mercenaire de l’espace – Tome 8
Table des matières
- Prologue
- Chapitre 1 : Dans la capitale impériale : Partie 1
- Chapitre 1 : Dans la capitale impériale : Partie 2
- Chapitre 1 : Dans la capitale impériale : Partie 3
- Chapitre 1 : Dans la capitale impériale : Partie 4
- Chapitre 2 : Le système Kormat : Partie 1
- Chapitre 2 : Le système Kormat : Partie 2
- Chapitre 3 : Défense planétaire : Partie 1
- Chapitre 3 : Défense planétaire : Partie 2
- Chapitre 3 : Défense planétaire : Partie 3
- Chapitre 3 : Défense planétaire : Partie 4
- Chapitre 4 : Une vie autochtone étrange : Partie 1
- Chapitre 4 : Une vie autochtone étrange : Partie 2
- Chapitre 4 : Une vie autochtone étrange : Partie 3
- Chapitre 4 : Une vie autochtone étrange : Partie 4
- Chapitre 4 : Une vie autochtone étrange : Partie 5
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 1
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 2
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 3
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 4
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 5
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 6
- Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV : Partie 7
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 1
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 2
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 3
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 4
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 5
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 6
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 7
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 8
- Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III : Partie 9
- Épilogue
- Illustrations
***
Prologue
Je m’étais réveillé en sentant quelqu’un grimper dans mon lit. Je ne voyais que la lumière du soleil à travers mes yeux fermés, mais j’avais quand même réussi à saisir l’intrus et à le serrer dans mes bras. Il s’était d’abord débattu, mais il céda étonnamment facilement. Après ça, je m’étais endormi, la chaleur confortable de son corps contre le mien.
« Bonjour ! » appela Mimi. « Oh ? Maître Hiro ? » Sa voix semblait beaucoup plus lointaine que prévu.
« Hm… ? »
Hein ? Mimi n’est pas l’intruse… ? Elma ne fait pas ça, et les jumelles pourraient le faire, mais elles seraient venues ensemble… J’avais tâté l’intrus partout. Elle avait l’air d’avoir la taille de Mimi.
« Nnh..., » ma main avait touché quelque chose de doux et de moelleux. Non. Elle n’est pas aussi dotée que Mimi.
Hmm ? Où suis-je exactement ?
« Euh… Dois-je revenir dans une heure ? » La voix hésitante de Mimi m’avait réveillé d’un seul coup. Une sueur froide commença à couler dans mon dos et j’avais arraché la couverture.
Une fille était dans mon lit, me regardant avec des joues rouges et des larmes dans les yeux. « Sois gentille, s’il te plaît… Eh bien, je suppose que tu peux me malmener un peu… »
« Chris !? » J’avais hurlé. « Chris, pourquoi ? »
Heureusement, mes cris n’ont pas réveillé tout le monde au domaine du comte Dalenwald dans la capitale impériale. C’est vraiment le manoir d’un noble. Cette excellente insonorisation m’a sauvé la vie.
« Quel culot de crier comme ça ! » Chris se gonfla les joues d’une moue furieuse.
« Hé, j’ai dit que j’étais désolé. » La culpabilité que je ressentais était totalement éclipsée par le fait qu’elle était absolument adorable. Ce n’était pas non plus comme si elle était sérieusement en colère, elle s’en remettait en un rien de temps.
Après le tournoi, nous étions retournés à Grakius Secundus, où nous avions récupéré deux jumelles mécaniciennes aux yeux morts avant de retourner à la capitale. Nous étions actuellement invités au manoir du comte Dalenwald pendant que nous faisions quelques courses dans la capitale. Ma deuxième demande d’atterrissage à la capitale avait été acceptée étonnamment facilement. Pourquoi ? Qui l’eût cru ? Était-ce parce que j’étais célèbre ? Parce que j’avais des droits d’accès ? Parce que j’étais un mercenaire de rang platine ? Peut-être était-ce dû à mon étoile d’or.
« Quoi qu’il en soit, tu pourrais peut-être ne pas recommencer ? » demandai-je. « Mon cœur n’en peut plus. »
« Est-ce que ça a accéléré les battements de ton cœur ? »
« Assez vite pour me faire croire que j’avais une crise cardiaque. »
Pour le dire franchement, je n’en peux plus.
Chris — Christina Dalenwald — est l’unique héritière du titre et de la fortune du comte Dalenwald.Abraham Dalenwald, son grand-père, est l’actuel chef de la famille Dalenwald. Les parents de Chris avaient été assassinés par son oncle, et la bataille de succession qui s’en était suivie — son père était le précédent héritier — s’était soldée par l’exécution de cet oncle par Abraham. L’équipage du Krishna s’était retrouvé mêlé à ce conflit, ce qui nous avait amenés à travailler avec Chris pendant un certain temps. Cela avait conduit Chris et moi à développer une… Eh bien, le mot « amical » n’était pas le meilleur terme pour décrire notre relation. Quoi qu’il en soit, j’avais gagné la confiance de son grand-père.
Chris est une jolie fille aux cheveux noirs et aux yeux d’un violet si foncé qu’ils semblaient presque entièrement noirs. Elle était petite, de la taille de Mimi, et sa silhouette… Comment dire ? Disons qu’elle grandirait probablement à l’avenir. Chris m’aimait bien — peut-être un peu trop — mais je n’avais pas posé le petit doigt sur elle. C’était la petite-fille d’un comte, après tout. Et contrairement à Mimi, elle était mineure. Même moi, j’ai des règles.
Mimi, qui marchait avec nous, était intervenue. « Ah, ha ha… Cela m’a aussi surprise. »
Mimi est une fille normale issue d’une colonie, du moins c’est ce que nous pensions. Nous avions récemment appris que sa grand-mère était la sœur cadette de l’empereur. C’était un classique, un trope commun : la personne d’apparence la plus normale dans la pièce finissait toujours par lâcher la plus grosse bombe de toutes. Lorsque nous avions appris la vérité sur sa généalogie, il était bien trop tard pour que je m’abstienne d’être intime avec Mimi. J’étais prêt à me battre contre l’Empire Grakkan lui-même pour elle, mais l’empereur était étonnamment compréhensif. Il s’était arrangé pour que la vérité soit étouffée afin qu’elle puisse continuer à vivre une vie de liberté avec nous en tant que mercenaire.
Bien sûr, cela avait conduit à tout ce tournoi, où j’avais fini par attirer beaucoup plus d’attention que je ne l’aurais voulu à l’origine. Mais c’était le prix à payer pour garder Mimi à mes côtés.
J’avais quitté Mimi et Chris pour aller me préparer dans la salle de bains. Là, j’étais tombé sur Elma, qui venait de finir de se préparer.
« Bonjour, Elma. »
« Bonjour, Hiro. As-tu bien dormi ? »
« Oui, mais j’ai eu un sacré choc au réveil », m’étais-je plaint.
Elma me regarda d’un air interrogateur, de longues oreilles fines dépassant d’une cascade de cheveux argentés. Elle n’était pas seulement une mercenaire chevronnée avec cinq ans d’expérience, elle était aussi la fille du vicomte Willrose. C’était une autre information que j’avais apprise récemment, mais elle n’était pas si surprenante que cela. Elma avait toujours eu l’air d’une « fille riche », alors je m’en doutais. Apprendre le passé d’Elma n’était peut-être pas choquant, mais rencontrer sa famille avait été un véritable fiasco. Son père était furieux que j’aie sali sa magnifique fille, et son frère, obsédé par sa sœur, m’avait provoqué en duel. Sa sœur et sa mère s’étaient rangées de notre côté. Elles nous avaient aidés à calmer son père, et j’avais gagné le respect de son frère pendant le tournoi. Et nous avions tous vécu heureux jusqu’à la fin de nos jours.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi me regardes-tu comme ça ? »
« Tu es toujours aussi belle, Elma. »
« Bon sang.., » Elma rougit et me donna une tape sur le bras. « Est-ce qu’on est obligés de faire ça si tôt le matin ? »
Heureusement, cette mignonne savait quand se retenir. Quand je l’énervais vraiment, elle me mettait en position de soumission meurtrière. Franchement, ne la mettez pas en colère. Je suis peut-être capable de me battre convenablement de nos jours, mais sa force brute m’a toujours botté le cul, sans parler de sa vitesse de réaction.
Je terminai rapidement de me préparer et me rendis à la salle à manger du manoir. Mimi et Chris s’y trouvaient déjà, accompagnés d’une femme portant des pièces mécaniques enfoncées de chaque côté de la tête, en tenue de servante. Elle semblait être là pour aider à préparer le petit-déjeuner.
« Bonjour, Mei. »
« Bonjour, Maître. » Elle s’inclina, sans expression.
Mei est un type d’androïde appelé Maidroïde, dont l’apparence a été choisie par votre serviteur. De ses cheveux noirs brillants et de ses yeux intenses à sa tenue de soubrette chic de style victorien et à ses lunettes à monture rouge, sans oublier sa poitrine galbée — bien que moins grosse que celle de Mimi… Oui, Mei était la parfaite Maidroïde. Je n’avais pas lésiné sur la personnalisation de ses caractéristiques, faisant de Mei une machine de premier ordre suffisamment puissante pour battre facilement les robots de combat ordinaires.
« Où sont les naines ? » lui demandai-je.
« Elles m’ont demandé de ne pas les réveiller, car elles sont “trop fatiguées pour vivre”. »
« Bon sang… »
Les deux mécaniciennes naines qui assuraient la maintenance de notre vaisseau dormaient encore. Je ne connaissais pas tous les détails, mais elles ne s’entendaient apparemment pas bien avec les gens du bureau principal de Space Dwergr. Space Dwergr ne voulait pas se frotter à moi, alors quand je leur avais dit que j’emmenais mes mécaniciens sur la planète capitale, ils les avaient libérées sans hésiter. Quoi qu’il en soit, il valait mieux les laisser se reposer pour le moment.
« Quoi qu’il en soit, prenons le petit-déjeuner. Qu’en est-il du comte ? »
« Mon grand-père travaille au château impérial aujourd’hui. Mais il sera à la maison ce soir, alors je suis sûre qu’il se joindra à nous pour le dîner », répondit Chris.
Aha, le grand comte Dalenwald est donc occupé. Le métier de noble doit être assez difficile.
« Alors très bien. Nous serons de retour ce soir », déclarai-je. « Faisons un peu d’exercice après le petit-déjeuner, puis allons faire des courses ou un autre truc du genre. Nous pourrions même déjeuner dans un endroit agréable. »
« D’accord ! Je vais chercher de bons restaurants dans les environs ! » Les yeux de Mimi pétillaient à la perspective d’un futur délicieux. Je m’étais demandé si sa grand-mère s’était enfuie, car elle était tout aussi impatiente de découvrir et d’essayer de nouveaux aliments fabuleux, ainsi que la liberté et l’aventure.
« Fantasmer sur le déjeuner, c’est bien, mais passons d’abord le petit-déjeuner, d’accord ? » intervint Elma.
« D’accord… »
Chris observa leur échange avec un sourire nostalgique. Peut-être se souvenait-elle du temps que nous avions passé ensemble sur la planète océanique.
« Te joins-tu à nous pour le petit-déjeuner, Chris ? » demandai-je.
« Oui, Sire Hiro. »
Je ne pourrais pas rester avec elle pour toujours, mais j’essaierais de me rattraper en créant des souvenirs tant que nous le pourrions. Et puis, je pouvais utiliser les passerelles librement maintenant, alors peut-être qu’il ne serait plus si difficile de retrouver Chris.
+++
J’avais terminé mes exercices en solo sur le terrain d’entraînement après un léger entraînement à l’épée — ou suffisamment léger pour ne pas me blesser, du moins — avec Mei dans la cour du manoir. C’est alors que les mécaniciennes se réveillèrent enfin.
« Bonjour… » bailla Tina.
« Je suis désolée que nous ayons dormi trop longtemps », dit Wiska.
Ces deux-là étaient d’ailleurs des jumelles. La rouquine qui bâillait avec un faux accent de guilde rurale était la sœur aînée, Tina. Celle qui s’excusait était la plus jeune, Wiska, polie, sérieuse avec des cheveux bleus. Elles avaient l’air aussi jeunes que Chris — peut-être même plus jeunes qu’elle — mais elles étaient en fait des adultes de mon âge. Pourquoi avaient-elles l’air d’adultes coincés dans des corps d’enfants ? Eh bien, c’étaient des naines. Dans cet univers de science-fiction, les naines n’avaient pas de mignon nez en bouton ni de barbe, comme c’était le cas dans les histoires fantastiques dans lesquelles on les trouvait couramment, elles ressemblaient à de petites filles humaines. Elles avaient toutes deux une force surhumaine qui défiait leur apparence. Si vous vous montriez grossier avec elles, vous risquiez d’avoir des ennuis.
« Ne vous en faites pas », répondis-je. « Qu’est-ce que vous voulez faire pour le petit déjeuner ? Si vous mangez maintenant, vous n’aurez plus de place pour le déjeuner. »
« Voulez-vous que je vous prépare du thé avec du lait et du sucre ? » proposa Mei.
« Oui, je t’en prie ! »
« Merci beaucoup. »
Mei commença rapidement à préparer du thé pour les jumelles. Elles satisferont leur appétit avec un léger goûter pour l’instant et déjeuneront avec nous plus tard.
« Du shopping, hein ? Où allons-nous ? » demanda Tina.
« Hmm… Je suppose qu’on va acheter des vêtements et d’autres choses. » Elma haussa les épaules.
« Mais vous avez acheté une robe récemment, n’est-ce pas ? » fit remarquer Wiska.
« Oui, mais je parle de vêtements normaux, de tous les jours. La capitale vend beaucoup de beaux vêtements fabriqués avec la nouvelle technologie Edge-Tech. On peut aussi commander des vêtements sur mesure. »
« Pourquoi ne pas acheter des vêtements normaux ? »
Eh bien, je n’ai aucune idée de ce que signifie « Edge-Tech ». Oh, quand j’y pense, j’ai acheté à Mimi et Elma des sous-vêtements en matière anti-laser… Est-ce comme ça que ça s’appelle ? Edge-Tech ?
« Les vêtements Edge-Tech sont tellement plus confortables, même si le design est le même. De plus, leur ligne pour mercenaires est fabriquée avec des matériaux anti-laser et résistants aux lames. Il y a même des nano-tissus médicaux qui arrêtent les saignements et soignent les blessures. »
« Hein… » J’avais réfléchi pendant un instant. « Ça a l’air cool. Nous devrions l’essayer. Si ça nous plaît, on en achètera. »
« Et à quel point ces produits sont-ils chers ? » demande Tina en grimaçant.
« Je suis sûre qu’on peut se le permettre maintenant, frangine. » Wiska avait raison. Elles pouvaient probablement se permettre de faire des folies ces jours-ci. Après tout, elles touchaient une prime conséquente.
Les jumelles n’étaient pas des membres officiels de l’équipage du Krishna ou du Lotus Noir, mais des mécaniciennes prêtés par le fabricant du Lotus Noir. Les circonstances étaient pour le moins anormales, mais elles étaient essentiellement là pour deux raisons : étudier leur nouveau modèle en action et présenter les excuses de la Space Dwergr. Comme je l’ai dit, c’est un peu bizarre.
***
Chapitre 1 : Dans la capitale impériale
Partie 1
« Ouf ! En tout cas, ça, c’était du shopping ! »
Une heure plus tard, nous étions arrivés dans un centre commercial rempli de magasins vendant des produits Edge-Tech et nous avions commencé à faire du shopping.
« Ça te plaît tant que ça, hein ? » Tina pencha la tête d’un côté, dubitative.
« Bien sûr », avais-je répondu. Je ne sais pas ce qu’il en est pour elle, mais j’étais plus que satisfait.
J’avais acheté un bouclier personnel, un appareil de la taille d’une canette de soda qui utilisait une technologie de pointe pour créer une barrière protectrice autour de l’utilisateur. Le rendement du bouclier était variable et assez puissant, grâce à ses deux blocs d’énergie. Au niveau le plus bas, il pouvait vous protéger pendant de longues périodes contre les insectes, les vers et autres animaux des planètes frontières, souvent venimeux et porteurs de maladies dangereuses. En augmentant la puissance, il pouvait même vous protéger des tirs de fusils laser. Bien sûr, vous ne pourriez pas tenir cela très longtemps, mais vous pourriez toujours échanger les blocs d’énergie.
« Mais à quoi ça va te servir ? »
« Au combat terrestre, bien sûr. Ce sera également pratique si nous nous retrouvons sur une planète frontalière. »
« Est-ce que nous prévoyons vraiment d’aller sur l’une d’entre elles ? » Tina leva les yeux vers moi.
« Euh, c’est possible », avais-je dit en détournant les yeux.
Pour le dire franchement, j’avais acheté l’appareil thermique caméléon sans savoir si je l’utiliserais vraiment un jour, et elle s’était avérée utile… Cela le sera certainement aussi. Probablement. D’accord, peut-être.
« Quoi qu’il en soit, il ne faut pas s’inquiéter des petites choses. »
« Tu ne penses peut-être pas que c’est grave de lâcher autant d’Eners d’un seul coup, chéri, mais ne gaspille pas tout ton argent. »
« Ça aidera si la situation se présente, alors ce n’est pas comme si c’était du gâchis. »
« D’accord, je ne me chamaillerais pas avec toi sur ça. Je suis trop gentille. »
« Ah, Tina, tu es si gentille », dis-je en sourdine. « Merci beaucoup. »
« Ah ha ha ! » Tina avait ri malgré ses protestations. « Ouais, très sincère. Bref, es-tu sûr de ne pas vouloir rejoindre les autres ? »
« Je ne devrais probablement pas dire ça, mais les femmes prennent toujours vraiment beaucoup de temps quand elles font du shopping… Surtout quand elles cherchent de nouveaux vêtements. »
J’étais en train de me promener dans le centre commercial avec Tina. Toutes les autres étaient en train de faire un pèlerinage dans toutes les boutiques vendant des produits Edge-Tech. Tina et moi nous étions éclipsées pour regarder, vous savez, des choses amusantes.
« Tu n’as pas tort. Wis adore s’habiller joliment, et elle met du temps à choisir ses vêtements. »
« Ne fais-tu pas de shopping, Tina ? »
« Non. Wis fait tous les achats pour moi. Nous avons la même taille et la même forme. » Tina avait levé son pouce en me regardant et m’avait fait un clin d’œil. Et tu es d’accord pour me dire ça ?
« Et toi, chéri ? »
« Eh, je demanderai aux filles de m’expliquer tout ça plus tard. Et si j’en veux, je commanderai des trucs qui ressemblent à ce que j’ai en ce moment. »
« Je parie que ton armoire est pleine, mais c’est toujours la même chose. »
« Ha ha ha. »
Elle a vu juste, en fait, alors je vais m’en moquer. Écoute, ma garde-robe est confortable, fonctionnelle, facile à entretenir, et n’importe qui peut dire au premier coup d’œil que je suis un mercenaire. C’est super pratique !
Nous nous étions promenés un peu, nous moquant de certaines boutiques au passage, quand j’entendis soudainement ma sonnerie provenir de ma poche de poitrine. Ont-elles déjà fini ? C’était rapide ! pensai-je en sortant mon terminal et en regardant l’écran.
« Chéri ? Tu n’as pas l’air en forme. »
J’avais dû faire une drôle de tête sans m’en rendre compte. Le nom affiché sur mon terminal n’était pas Mimi, Elma ou Mei. C’était le lieutenant commander Serena. Ou plutôt le lieutenant-colonel Serena, puisqu’elle avait été promue.
« Bonjour », dis-je en répondant à l’appel. « Ici Hiro. »
« Cela fait un moment, Capitaine Hiro. J’espère que vous avez eu l’occasion de vous détendre un peu ces derniers temps ? »
« Oui, et c’est grâce à vous. Nous séjournons actuellement dans le domaine impérial du comte Dalenwald. Alors, à quoi dois-je ce plaisir ? »
« On passe directement aux choses sérieuses, n’est-ce pas ? J’apprécie votre franchise, mais un mercenaire de Rang Platine ayant l’Étoile d’Or ne devrait-il pas être plus enclin à la conversation ? »
« Eh bien, excusez-moi. J’essaierai de faire mieux, désolé. » J’avais décidé de m’excuser et de passer à autre chose.
« Vous devriez le faire. Maintenant, pour ce qui est de notre discussion sur l’achat de robots de combat de qualité militaire… »
« Oh, avez-vous demandé une permission pour moi ? »
« Oui ! Cela a été accepté sans problème. Je vais envoyer le certificat numérique à votre terminal. Vous n’aurez plus qu’à vous rendre chez un fabricant de robots à votre convenance. Présentez votre certificat, et vous ne devriez pas avoir de problème avec votre achat. Je joins également une lettre d’introduction. La famille Holz a investi dans Eagle Dynamics, elle sera donc plus qu’heureuse de vous accueillir. »
« Roger. Merci, Lieutenant Colonel. »
« Et avec ça, j’ai remboursé ma dette pour l’affaire de la guerre du cristal. N’oubliez pas de me rembourser pour tous les ennuis que vous m’avez causés, d’accord ? »
« Oui, oui. Mais ne me faites pas trop travailler désormais. »
« Hee hee… Alors au revoir. » Elle raccrocha.
Ne vous moquez pas de moi ! C’est effrayant ! Quel genre de travail ennuyeux va-t-elle m’imposer ? Et le fait qu’elle puisse me convoquer de n’importe où et à n’importe quel moment, maintenant que je peux utiliser les passerelles, ne me fait pas vraiment chaud au cœur. Bon sang !
« Changement de programme. Finalement, cela sera encore plus de shopping cet après-midi. »
« On va acheter des robots de combat, hein ? J’ai hâte d’y être ! » Tina était visiblement excitée à l’idée de pouvoir manipuler de nouveaux méchas — pardon, des robots de combat à la pointe de la technologie et de qualité militaire.
Moi aussi, j’étais enthousiaste. Quel homme n’aime pas les robots de combat ?
+++
Nous avions déjeuné dans un restaurant haut de gamme de type : bar à sushi. Pendant que nous mangions, j’avais demandé à Mei de fixer un rendez-vous chez Eagle Dynamics, afin que nous puissions nous y rendre directement après le repas.
Le bureau d’Eagle Dynamics occupait une structure très impressionnante située près de la division militaire du château impérial. Lorsque nous étions arrivés, j’avais levé les yeux pour admirer sa taille impressionnante. Oui, c’est un grand bâtiment. Des robots de sécurité étaient postés à l’entrée, tandis que des robots de toutes sortes étaient exposés.
« On m’a dit que leur usine était souterraine. »
« Oh, donc ils fabriquent aussi ici ? »
« Wôw, regardez combien il y en a ! » s’exclama Mimi. « Et ils ont tous l’air si forts ! »
« N’est-ce pas ? Ils sont tous fascinants. Beaucoup d’entre eux sont rarement vus », dit Chris.
J’avais souri pendant qu’elles discutaient avec enthousiasme des robots de combat exposés. Puis, je les avais regardés attentivement.
« Nous n’avons pas besoin de gros robots, n’est-ce pas ? » demanda Elma.
« Tout à fait. Je veux surtout qu’ils combattent les pirates qui tentent de monter à bord du Lotus Noir. »
« Et pour faire goûter aux pirates leur propre médecine en arraisonnant leurs navires ? »
« Exactement. »
Dans ce cas, les robots de combat de la taille d’une voiture ou d’un camion étaient hors de question. Les plus petits, de la taille d’une voiture, pouvaient circuler dans les couloirs du Lotus Noir, mais il serait impossible de les y déployer. Ils seraient limités au hangar et à l’espace de chargement.
« Petits ou moyens…, » marmonnai-je pour moi-même.
« N’est-il pas mignon celui-là, Chris ? » demanda Mimi.
« Oh, il l’est ! »
Mimi et Chris s’accroupirent et examinèrent un robot de combat de taille standard, du moins pour les plus petits. Il avait la taille d’un petit chien, et bien qu’il ait une faible endurance, il possédait des canons laser mortels. Selon leurs caractéristiques, certains pouvaient même charger les ennemis avant de s’autodétruire. C’était l’un des robots de combat les plus difficiles à gérer.
« Hmm. Est-ce qu’on veut rester dans le basique ou se spécialiser ? » se demanda Tina à voix haute.
« Le spécialiser augmenterait ses performances, mais j’aime les robots polyvalents », répondit Wiska. « Oh, Sœurette, celui-ci est fascinant ! »
« Oh, un type modulaire, hein ? »
Les jumelles examinèrent principalement les robots de taille moyenne, qui allaient de la taille d’un gros chien à celle d’une grosse moto. C’était le choix le plus évident. Il y avait même des modèles humanoïdes, qui mesuraient un peu moins de deux mètres et demi.
« Je parie que les humanoïdes sont les plus populaires », m’étais-je dit.
« Je ne sais pas », dit Elma d’un air sceptique. « Je ne pense pas que le fait d’être humanoïde les rende intrinsèquement meilleurs. »
« Oui, c’est vrai, » répondis-je.
***
Partie 2
Et de toute façon, les grands stupides comme ça pouvaient paraître plus héroïques, mais ils n’étaient pas les plus pratiques. Personnellement, je trouvais que les quadrupèdes avec des armes sur le dos étaient un choix plus logique.
« Pour combattre à l’intérieur, nous avons besoin de quelque chose qui puisse manœuvrer dans des espaces restreints. Au lieu de donner la priorité au nombre de jambes, nous devrions nous concentrer sur les boucliers, la durabilité et la puissance de feu. »
« Tu as peut-être raison », acquiesça Elma avant de passer à la présentation des robots mi-lourds. Ils manquaient de mobilité, mais compensaient ce manque par un blindage et des boucliers solides, ainsi qu’une grande puissance de feu. Leurs armes à feu de type fusil laser et leurs lance-grenades n’étaient pas à dédaigner.
« Penses-tu qu’ils seraient appropriés ? » demandai-je.
« Je n’aime pas leur lenteur. Ça ne sert à rien s’ils n’arrivent pas à temps au combat. »
« C’est vrai. »
Des gens en costume — des employés d’Eagle Dynamics — s’approchaient tandis qu’Elma et moi discutions de nos options, Mimi et Chris les suivant à la trace.
« Capitaine Hiro, je présume ? » demanda l’un des employés. « Je m’appelle Pijo. Êtes-vous ici pour votre rendez-vous ? »
« Enchanté, Pijo », répondis-je. « Je suis le capitaine Hiro, et voici Elma, l’un des membres de mon équipage. »
« Oui, c’est ce que nous ont dit Mlle Mimi et Mlle Christina. C’est un honneur de vous rencontrer. »
Pijo était plutôt costaud pour un employé de bureau d’âge moyen. Je n’aurais pas été surpris s’il s’était présenté comme un soldat ou un mercenaire. « Suivez-moi dans notre bureau. Je peux vous donner des informations sur tous nos modèles, y compris les plus récents, et vous montrer quelques options qui pourraient répondre à vos besoins. »
« Je vous en prie. Tina, Wiska ! » J’avais appelé les jumelles et nous nous étions dirigé vers le bureau d’Eagle Dynamic. « On y va maintenant ! »
Mei nous avait suivis. À bien y réfléchir, elle n’avait pas dit grand-chose depuis notre arrivée. « J’aimerais également avoir ton avis, Mei. »
Elle marqua une pause, comme si elle hésitait. « Je comprends. » Elle s’inquiétait peut-être de tout l’argent que nous avions déjà dépensé pour le Lotus Noir après avoir tant insisté sur ses opinions. Personnellement, j’avais pensé que c’était mieux ainsi. Elle n’avait pas à s’inquiéter de l’aspect financier de la chose.
☆☆☆
Le personnel d’Eagle Dynamics nous avait vraiment déroulé le tapis rouge.
Est-ce à cause de la lettre d’introduction de Serena ? Ou était-ce parce que nous étions accompagnés de nobles ? Voulaient-ils simplement témoigner leur respect à la nouvelle tête brûlée du rang Platine avec une étoile d’or ? Je n’en sais rien, mais cela ne me dérange pas.
« C’est comme si nous étions des VIP ! »
« Devrions-nous vraiment être traités comme ça ? »
Tina et Wiska, en revanche, n’étaient pas très à l’aise avec ce traitement.
« Vous vous y habituerez au bout d’un moment », déclara Mimi en leur souriant avec gentillesse.
C’est gentil de sa part d’essayer d’apaiser leurs nerfs. Attendez, est-ce qu’elle les apaise ? On dirait presque un avertissement.
« On m’a dit que vous souhaitiez acheter des robots de combat de qualité militaire aujourd’hui, » dit Pijo.
« Oui, c’est ce qui est prévu. Nous aimerions ajouter quelques équipements de maintenance à notre commande, si possible. »
« Je vois… Notre société a une longue expérience des affaires avec la flotte impériale. Je suis certain que vous serez satisfait. » Pijo m’avait fait un sourire et avait hoché la tête en se frottant les mains.
C’est assez ouvertement cupide de sa part. J’étais un peu mal à l’aise. Mais bon, j’avais une lettre d’invitation de la famille Holz, il n’aurait pas l’idée de me rouler dans la farine. S’il était assez stupide pour essayer, cela ferait honte à la famille Holz et lui causerait plus de problèmes que cela n’en valait la peine.
« Nous avons remarqué que vous regardiez nos modèles à l’extérieur, » continua-t-il. « Qu’est-ce que vous voulez acheter exactement ? »
« Notre objectif principal est de nous protéger des pirates qui abordent notre vaisseau mère tout en lançant notre propre contre-attaque. Nous aimerions également pouvoir les déployer pour des atterrissages d’urgence sur des planètes, juste au cas où. »
« Je vois. Alors des robots lourds polyvalents et de taille moyenne, c’est ce qu’il y a de mieux. »
« Oui, je pensais la même chose. »
Il avait mis le doigt sur l’essentiel. C’est bien un maître commerçant que nous avons là.
« Ces modèles offrent également la plus grande variété d’options disponibles. Si vous souhaitez acheter des systèmes de maintenance et des modules en plus de vos robots de combat, je vous recommande le modèle Arachne. »
Pijo tapota sur sa tablette et fit apparaître le modèle Arachne. Il s’agissait d’un robot avec un corps lourd sur quatre jambes épaisses avec quatre points d’ancrage pour installer des armes et d’autres équipements. En échangeant son module de sac à dos, il pouvait être doté de fonctions spéciales, comme la charge de l’ennemi, la surveillance des cibles, les communications et le repérage.
« Je vois… C’est très cool. »
« C’est sûr ! »
« Mais ce n’est pas très mignon. »
Mimi, je ne pense vraiment pas que tu sois censée classer les machines de mort sur une échelle de mignonnerie.
« Ha ha ha, eh bien, ici, nous considérons tous nos robots comme nos enfants adorables et bien-aimés », répondit Pijo avec légèreté. « Le modèle militaire de l’Arachne possède un petit générateur qui lui permet de fonctionner pendant de longues périodes sans avoir besoin d’être rechargé. Il dispose également d’une grande puissance, ce qui vous permet de choisir votre équipement en toute tranquillité. »
Pijo avait présenté plusieurs unités Arachne, chacune avec des équipements différents. L’équipement standard comprenait deux fusils laser sur les bras et un petit générateur de bouclier sur le sous-bras. De petites nacelles de missiles, des lance-grenades et d’autres équipements similaires étaient fixés sur les sacs à dos.
« Celui-ci possède les caractéristiques standard. Il se défend à l’aide du bouclier du sous-bras et éradique les ennemis avec des tirs précis. Les lasers montés sur le bras peuvent être remplacés par des lasers divisés et des munitions réelles, si vous le souhaitez. Le sac à dos peut également être utilisé à de multiples fins. Tout d’abord, de manière offensive grâce aux lanceurs de missiles et de grenades. Les capacités de commandement du sac à dos comprennent un pack de commandement accompagné d’un pack de communication et d’un équipement de guerre anti-électronique. Pour le soutien, il dispose d’un pack médical qui comprend des nanobots médicaux et autres. Il est également capable d’effectuer des réparations grâce à un pack qui lui permet d’effectuer des réparations d’urgence sur d’autres unités. Pour l’assaut, il dispose d’un pack qui lui permet de se déplacer en trois dimensions. Il peut même porter des dispositifs de camouflage optique et des neutralisateurs électroniques pour améliorer sa furtivité. »
« Je vois. Donc, en gros, plus vous achetez, plus votre éventail de stratégies potentielles s’élargit. »
« En effet. Et ils ne sont pas seulement utiles pour le combat. Leurs bras principaux et secondaires sont parfaits pour les travaux légers, comme le transport d’équipement et la construction de fortifications. Ils ont également une capacité de charge supplémentaire, ce qui leur permet de transporter des fournitures lors d’expéditions. »
« Combien coûte une arme ? »
« Le prix standard est de 70 000 Ener. Mais comme vous avez une lettre d’invitation de la famille Holz, nous sommes prêts à vous accorder des réductions encore plus importantes, surtout si vous achetez plusieurs unités avec leurs systèmes d’entretien et de modules. »
« D’accord. Eh bien, pour commencer… » J’avais fait une pause, réfléchissant aux options qui s’offraient à nous. « Donnez-moi le prix de dix machines avec des systèmes de maintenance et de modules, ainsi qu’un ensemble complet de pièces optionnelles. »
« Volontiers, monsieur ! » Pijo sourit et commença ses calculs.
Je vais lui demander de nous montrer quelques modèles supplémentaires, et nous partirons de là. Mais il vaut mieux suivre les conseils des pros dans ce genre de cas, tant qu’on en sait assez pour ne pas se faire arnaquer en achetant de la merde.
☆☆☆
Il nous montra ensuite plusieurs autres modèles, mais nous avions finalement opté pour les robots de combat militaires de type Arachne. Je n’avais pas pu refuser vu leur grande polyvalence et leur faible encombrement. Il y avait des modèles plus puissants, mais je ne les avais pas retenus. Ils étaient trop spécialisés pour le combat, ce qui réduisait leur polyvalence.
La lettre d’introduction de Serena et notre commande groupée avaient permis de réduire le prix unitaire à 600 000 Eners. Les systèmes de modules et les options ajoutaient 600 000 Eners supplémentaires, ce qui faisait un total de 1 200 000 Ener.
« Hein… C’est moins cher que ce à quoi je m’attendais », s’était dit Mimi.
« Oh, non ! » hurla Tina. « Mimi apprend à traiter l’argent comme un mercenaire ! »
« Mimi, 1 200 000 Eners, c’est beaucoup d’argent », répliqua Wiska. « Une personne moyenne ne gagne qu’environ 1 500 Eners par mois. Il faudrait plus de soixante-six ans pour gagner autant d’argent ! »
Leur argument persuasif sembla ramener Mimi à la raison. « Je suppose que c’est le cas… »
Bien, Mimi, bien. Viens du côté obscur… C’est bien plus amusant ici !
« Maintenant que j’y pense, Mei n’est-elle pas plus performante que les robots ? » demanda Chris.
« Sans aucun doute », répondis-je.
« Oui, » dit Elma.
Mei inclina la tête. « Merci pour vos louanges. »
« Cela veut-il dire que vous auriez mieux fait de vous procurer des Maidroids de haut niveau, comme Mei ? »
« Hmm, je suis sûr que c’est une option, mais… Mei ? »
« Oui, Maître. Mlle Chris a raison de dire qu’il serait possible de se procurer plusieurs Maidroids de haut niveau. Cependant, mon modèle de base coûte à lui seul 480 000 Eners. Une fois les options supplémentaires et les installations de maintenance incluses, le coût dépasserait facilement les 550 000 Ener. En d’autres termes, deux d’entre eux coûteraient 1 100 000 Eners. Acheter dix robots de combat de qualité militaire pour une centaine de milliers d’ENER de plus est bien plus rentable. »
Mei comparait objectivement les coûts et l’efficacité des deux produits.
***
Partie 3
« De plus, il y a la question du temps de fonctionnement, » continua-t-elle. « Pour les Maidroids comme moi, deux heures d’entretien sont recommandées toutes les quarante-huit heures de fonctionnement afin de maintenir des performances et une apparence optimales. Si je suis blessée, je dois être réparée par mon fabricant. En revanche, les robots de combat peuvent fonctionner jusqu’à deux semaines sans nécessiter d’entretien, à moins qu’ils ne soient gravement endommagés. Même dans ce cas, ils peuvent être réparés grâce à des compétences de base en matière de maintenance et à des systèmes modulaires, à condition que les matériaux nécessaires soient disponibles. En bref, les robots de combat sont bien meilleurs dans une bataille moyenne grâce à leur facilité d’entretien et à leurs capacités de combat à long terme. »
« Je vois, » dit Chris. « Mei est peut-être beaucoup plus puissante en termes de force pure, mais les robots de combat de qualité militaire sont plus robustes, moins chers et plus faciles à utiliser. »
« Cependant, Mei est bien plus apte à garder Chris, Mimi, Tina et Wiska, » ajoutai-je. « Nous ne pouvons pas vraiment amener des robots de combat dans les colonies ou les emmener à la capitale lorsque nous voulons nous promener tranquillement, n’est-ce pas ? »
« C’est vrai. Ils sont bien trop intimidants pour cela. »
« Hé, et moi ? » demanda Elma.
« Nous deux, nous n’avons pas besoin de gardes du corps », répondis-je. Si nous avions besoin de Mei pour nous protéger, nous serions dans une bien mauvaise situation. Du genre, au milieu d’un champ de bataille avec des balles qui sifflent devant nous et des lasers à esquiver. Elma n’avait pas l’air convaincue pour une raison ou une autre, mais je l’avais repoussée. « Quoi qu’il en soit, nous achetons les robots de combat par excès de prudence. Je doute que nous les utilisions très souvent. »
« C’est vrai. Ce n’est pas comme si des pirates attaquaient et essayaient d’aborder ton navire tous les jours. »
« D’accord, » dit Mei. « Je n’ai pas non plus l’intention de les laisser commettre de telles violences sur le Lotus Noir de mon maître. »
Chris avait l’air de vouloir demander pourquoi nous achetions des robots de combat. Et oui, d’accord, c’est juste. Mais écoutez. Nous n’avons pas eu de chance. Mieux vaut prévenir que guérir.
« On a tous fini ici ! Et si on retournait au manoir ? » demandai-je au groupe. « Il est presque l’heure du dîner. »
« D’accord. Mon grand-père ne devrait pas lui aussi tarder à rentrer », dit Chris.
☆☆☆
« J’ai une requête à formuler. » Le comte Dalenwald entra dans le vif du sujet, sans même dire bonjour.
« Grand-père, s’il te plaît ! » cria Chris avec colère.
Nous étions retournés au manoir de Dalenwald et avions retrouvé le grand-père de Chris. Dès qu’il nous avait aperçus, il avait commencé à nous fourguer des tâches. Qu’est-ce que c’est que ça ? Tu penses qu’il est fou ? Bon sang, moi aussi. Là, on dépasse le stade de la franchise et on entre de plain-pied dans le domaine du « je-ne-sais-quoi ».
« Hé, pas besoin de s’énerver comme ça », avais-je dit en guise d’introduction. « Mais c’est un peu brusque. »
« En effet. » Le comte Dalenwald acquiesça. D’un geste rapide de la main, son holoécran nous montra une carte du système Kormat.
« Le système Kormat… C’est un voisin du système Dexar, n’est-ce pas ? »
« En effet. Kormat III est une planète habitable qui vient de terminer un long processus de terraformation. Cela signifie que la famille Dalenwald commencera à la coloniser dès que possible. J’aimerais demander votre protection pendant les premières étapes de la colonisation. Si des problèmes surviennent sur Kormat III, il vous appartiendra de les résoudre. »
« Protéger un effort de colonisation, hein ? » répondis-je. « Nous prendrons les honoraires habituels des gardes du corps pour traiter avec les pirates, mais il y aura un supplément pour la résolution des problèmes planétaires. De plus, il sera impossible de gérer les pirates qui se ruent sur la planète si je suis seul sur le terrain. »
Le Krishna et le Lotus noir ne pouvaient couvrir qu’une partie de la planète à eux seuls, après tout. Si des tonnes de pirates s’abattaient sur la planète en même temps, il nous serait physiquement impossible de les repousser tous.
« Bien sûr, je comprends. La famille Dalenwald affectera bien entendu ses propres forces à la défense de Kormat III. Nous demanderons également l’aide de la flotte impériale. Vous nous rejoindrez simplement en tant que mercenaire. »
« Alors cela dépend du salaire. » Je me tournai vers Elma. « Quel est déjà le prix courant pour un mercenaire de rang Platine ? » demandai-je.
« Ce serait 200 000 Ener par jour. »
« Alors je vous offre 300 000 Ener par jour », déclara le Comte Dalenwald. « Nous mettrons de côté un million supplémentaire au cas où nous aurions besoin de plus de votre part. »
« Je peux accepter ces conditions. Combien de temps allons-nous rester coincés avec vous ? »
« Un mois au minimum, mais pas plus de trois au maximum. Nous négocierons un nouveau contrat à la fin du premier mois si nous avons besoin de vous plus longtemps. Cela vous convient-il ? »
« Trois au maximum, hein ? Cela me convient. Mimi, Elma ? »
« Je suis d’accord ! »
« Pareil. »
« Voilà, c’est fait », dis-je. « Envoyez la demande par l’intermédiaire de la guilde des mercenaires, s’il vous plaît. »
« C’est parfait. Je m’en occupe immédiatement », répondit le comte Dalenwald. Nous nous étions serré la main, le contrat ayant été mutuellement accepté. « Chris, tu commanderas la flotte de colonisation. Prouve-moi que tu peux réussir. »
Chris, qui avait écouté en silence jusqu’à présent, accepta. « Oui, grand-père. »
Ah, c’est donc comme ça qu’il compte former son successeur, hein ? Le fait qu’il nous ait mis dans le coup, c’est sa façon de lui donner un coup de main.
« Ok, les filles, faisons de notre mieux pour aider Chris à réussir. »
« Oui, c’est ça ! » Mimi souriait jusqu’aux oreilles.
« Bien sûr. » Elma sourit doucement à Chris.
C’est vrai que c’est une bonne chose. Peut-être que ces robots de combat nous seront utiles dans l’immédiat, après tout.
Pendant ce temps, les jumelles étaient restées paralysées face à l’intense et noble visage du comte Dalenwald. Elles étaient habituées à Chris, mais le comte les avait laissées si stupéfaites qu’elles ne pouvaient toujours pas bouger. Le fait que Mimi ait agi si naturellement en présence du comte prouvait à quel point elle s’était adaptée à la vie de mercenaire.
« Nous avons donc droit à de belles vacances pendant que nous observons l’effort de colonisation, hein ? » dis-je.
« Je me demande comment c’est ? » se demanda Mimi.
« Je ne l’ai jamais vu moi-même, mais d’après ce que j’ai entendu, il suffit de trouver un endroit avec un bon terrain, d’y placer son vaisseau et de commencer à développer les environs », expliqua Elma.
Nous avions bavardé tranquillement. Il semblait que nous étions tous sur la même longueur d’onde : nous n’allions absolument pas parler et nous porter la poisse. Pas cette fois-ci. Malheureusement, Chris n’avait pas compris.
« Les pirates apparaissent souvent au début de la colonisation, ciblant les colons et les ressources. Nous devrons être prudents », avait-elle prévenu.
J’ai — non, nous avons tous les trois — soupiré et mis notre visage dans nos mains, maudissant notre cruel destin.
Alors même si nous ne portons pas la poisse, quelqu’un d’autre le fera, hein ?
☆☆☆
Après avoir accepté la demande du comte Dalenwald, nous avions rapidement commencé à nous préparer à notre nouveau travail. Tout ce que nous avions à faire était d’acheter une tonne de cartouches de nourriture en cas d’urgence, des médicaments pour le module médical, des packs d’énergie pour nos armes laser, quelques vérifications rapides, un peu de maintenance légère sur les deux vaisseaux, transporter et installer les robots de combat ainsi que leurs systèmes de modules… Ok, oui, c’est peut-être un peu beaucoup.
« Et voilà les médias, » gémis-je, « qui nous dérangent quand nous sommes le plus occupés. »
Tina était dans la salle de chargement, le système de transport et les robots de chargement s’affairaient à déplacer des objets. « Je suis vraiment désolée, chéri », s’était-elle excusée.
J’avais secoué la tête. « Non, ce n’est pas ta faute. Ni celle de Wiska. Nous avons terminé notre travail avec ce tournoi de fous, il est donc temps pour nous de remplir notre part du marché. »
Ce tournoi avait vraiment été un calvaire. Les batailles de vaisseaux étaient une chose, mais j’avais toujours détesté les combats au corps à corps… Et pourtant, j’étais là, un maître de l’épée, comme un Jedi contrôlant la Force. Mais ils ne sont pas seulement des maîtres de l’épée, ils peuvent prédire l’avenir et faire tout un tas d’autres choses au combat. Ils peuvent même utiliser la Force pour vous repousser, vous étrangler, vous envoyer de l’électricité… toutes sortes de choses comme ça. Ouais, je ne peux probablement pas battre l’un de ces types…
« Alors, qu’est-ce qu’on fait ? Je me dis qu’il va falloir organiser des réunions et tout ça. »
« Hum, nous avons leurs coordonnées. »
« Ah, alors nous allons donc devoir les contacter d’abord. »
Nous ne leur avions pas donné nos coordonnées, c’était donc notre seule option. Je ne voulais vraiment pas qu’ils les aient — j’avais mes propres préjugés sur les médias. Pour être honnête, ils m’avaient donné la pire première impression possible.
J’avais sorti mon terminal mobile, puis j’avais récupéré l’adresse de contact sur la tablette de Wiska et je les avais appelés.
« Oui, c’est Wamdo. » L’homme qui répondit avait l’air tendu.
« Capitaine Hiro à l’appareil. Tina et Wiska de Space Dwergr m’ont donné votre numéro. J’ai entendu dire que vous vouliez faire un rapport sur mon vaisseau. Parlons-en. »
Un tas de coups, de cliquetis et de bruissements avaient retenti depuis le terminal, suivis de quelques jurons très colorés. Je l’avais mis en mode haut-parleur, si bien que Tina et Wiska l’avaient regardé avec des yeux ébahis.
« Excusez-nous ! Merci beaucoup de nous avoir contactés ! Nous attendions votre appel ! »
J’imaginais le type qui s’inclinait frénétiquement en signe d’excuse à l’autre bout du fil. Il semblait différent des autres journalistes qui avaient envahi le Lotus Noir.
Je n’entendais plus la voix des autres. Il avait dû se déplacer dans un endroit plus calme. Plus calme, il avait commencé à parler de leurs projets de reportage. En résumé, Space Dwergr serait rejoint par d’autres sociétés de médias pour une couverture commune de nos exploits actuels. Ils apporteraient chacun leur propre matériel d’enregistrement et échangeraient des informations tout au long de l’opération.
« Je vois. Eh bien, c’est à vous de décider de la marche à suivre. Il y a juste un problème », avais-je prévenu.
« Un problème, monsieur ? »
« Oui. Nous allons travailler avec une certaine famille noble…, » j’avais fait une pause. « Euh, je suppose qu’il n’y a pas de mal à vous donner le nom. Nous avons reçu une demande du comte Dalenwald. »
« Ah… » Wamdo sursauta, choqué.
Si les médias voulaient faire un reportage sur un mercenaire travaillant pour un noble, ils devaient d’abord obtenir la permission de ce dernier. Naturellement, c’était leur travail, pas le mien. Mais je n’allais pas faire comme si je n’étais pas impliqué, je les mettrais en contact avec le comte Dalenwald, mais les négociations retombaient sur leurs épaules, pas sur les miennes. Ce n’était pas comme s’il y avait une situation urgente qui exigeait qu’ils fassent un rapport sur moi, après tout. J’avais une responsabilité envers Space Dwergr selon les conditions d’achat du Lotus Noir, mais ce n’était pas une obligation absolue. Le contrat stipulait que je pouvais refuser si cela interférait avec mon travail. En d’autres termes, si mon client ne voulait pas que les médias soient impliqués, c’était terminé.
« Je veux bien que vous fassiez des reportages sur moi, mais je ne peux pas parler au nom de mon client. Vous devrez donc vous adresser à lui. »
« Si vous pouviez nous aider, ce serait… »
« Je vais demander à mon client pour que vous puissiez obtenir un rendez-vous avec lui, mais je ne peux pas vraiment divulguer les détails de mes demandes. Vous savez bien mieux que moi comment cela marche, alors mettez tout cela ensemble et trouvez quelque chose. »
« Argh… Je vous remercie. »
« Pas de problème. Je ferai ce que je peux », dis-je à Wamdo, qui semblait souffrir d’un mal de ventre soudain. Puis, j’avais appelé Chris.
« Oui, c’est Christina. Avez-vous besoin de quelque chose, Sire Hiro ? »
« Oui, je suis désolé. Je sais que c’est un peu soudain, mais… »
***
Partie 4
Je ne savais pas ce qui s’était exactement passé entre l’équipe de Wamdo et ceux du comte Dalenwald, mais il semblait qu’il avait réussi à obtenir la permission du comte.
« Cependant, j’ai entendu dire qu’il leur avait donné tout un tas de règles », expliqua Tina.
« Apparemment, on leur a dit de filmer Mlle Christina en même temps que toi », ajouta Wiska.
Mimi était en train de manger son petit déjeuner habituel — un plat sucré et jaune ressemblant à du porridge — mais la cuillère s’arrêta à mi-chemin de sa bouche et elle pencha la tête. « Chris ? Pourquoi ? »
« Je suppose qu’il veut que les médias racontent comment son futur héritier dirige une planète entière, afin de renforcer sa réputation et son autorité. Vous savez, un article qui explique qu’elle est jeune mais qu’elle fait bien son travail et qu’elle utilise bien l’Étoile d’Or, le mercenaire de rang platine Hiro, ou n’importe quoi d’autre. Cela lui vaudra le respect des nobles. »
« Oh, je vois…, » Mimi acquiesça.
Honnêtement, je n’avais aucune idée de la façon dont ce vieil homme brutal avait pu négocier avec les médias comme ça, mais le fait qu’il ait pu les utiliser à son avantage et à celui de Chris était la preuve qu’il était un noble de naissance, et bien éduqué.
« Comment se passe l’approvisionnement ? » demandai-je. « Il semblerait que les robots de combat devraient être prêts d’ici la fin de la journée. »
« Le réapprovisionnement devrait lui aussi être terminé dans la journée », répondit Mimi. « Oh ! J’ai vendu à un bon prix les matériaux issus des formes de vie en cristal que nous avions stockés. »
« Merveilleux. Je laisse à ta discrétion ce que nous emmènerons dans le système Kormat. »
« Oui, monsieur », répondit-elle avec un sourire. Une fois qu’elle aurait acquis suffisamment d’expérience en matière de commerce, je pourrais peut-être lui confier la gestion d’un vaisseau de transport. Mais alors, nous ne pourrions plus être ensemble. Ce n’est pas possible. Je vais trouver autre chose.
« Tu fais des grimaces bizarres, chéri », fit remarquer Tina sans ambages.
« Peut-être qu’il a des pensées étranges. »
« C’est grossier. Je pensais juste à notre avenir », avais-je dit en plantant ma fourchette dans la nourriture de type petit déjeuner-steak produite par notre cuiseur Steel Chef 5. Hm, fantastique comme toujours, Steel Chef. C’est difficile de croire que ce truc est fait d’algues, de krill et d’assaisonnement.
« Quoi qu’il en soit, laissons cela de côté et concentrons-nous sur ce qui se trouve juste devant nous. Le thème d’aujourd’hui est “la sécurité avant tout”. Nous allons probablement devoir travailler sur le navire toute la journée, alors soyez prudents et ne faites pas d’erreurs. »
Par-dessus tout, je ne voulais pas que l’on oublie de tout vérifier au moins trois fois. Honnêtement, la plupart des efforts logistiques dans cet univers ne consistaient qu’à donner des ordres aux machines et à les laisser faire le travail. Cependant, j’avais entendu dire que certaines stations moins bien équipées et des planètes non développées chargeaient et déchargeaient souvent des choses à l’aide d’armures de forces spéciales et de machines à fourche à l’ancienne.
« J’ai compris. Nous ferons attention aux accidents. »
« C’est très rassurant de la part de quelqu’un qui lance régulièrement des gens comme des boulets de canon », dis-je, ayant moi-même reçu un tel coup.
« Pas très convaincant, frangine. » Wiska avait plissé les yeux d’irritation — naturellement, c’était elle le boulet.
« Allez, ne sois pas si dure avec moi. J’ai essayé de faire mieux ! »
« Vraiment ? » Wis soupira.
« Vraiment, Wis ! Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que je ne suis pas sincère ! »
Je souris, regardant les jumelles naines se taquiner l’une l’autre tandis que j’engloutissais mon petit déjeuner avec sérieux. Les choses étaient calmes depuis quelques jours. J’espérais juste que cela resterait ainsi. C’est donc le calme avant la tempête, hein ? Je n’ai fait qu’être pessimiste, n’est-ce pas ? Ha ha ha…
☆☆☆
« C’est un honneur de vous rencontrer en personne. Je suis Wamdo, de la division des médias de Space Dwergr. »
« Capitaine Hiro. Enchanté », dis-je en serrant la main de Wamdo, qui était inhabituellement petit.
D’autres membres du personnel se trouvaient derrière lui. Certains étaient des nains, comme Wamdo, mais il y avait aussi des humains, des elfes, des hommes bêtes, des lézards et quelques autres dont je ne savais rien, mais qui avaient tous une apparence humaine. Une sacrée brochette d’exotiques.
« Sont-ils tous ici pour une couverture commune ? » demandai-je.
« Oui. Mobius Strip, Fomalhaut Entertainment et Nyatflix ont tous envoyé du personnel. Permettez-moi de vous les présenter. »
Chacun des représentants des trois sociétés me salua.
« Je suis Allen, de la deuxième division média de Mobius Strip. »
« Bonjour.Zwya, Fomalhaut Entertainment, département documentaire. »
« Je suis Nya de Nyatflix ! »
Allen était un elfe. Zwya était un extraterrestre de type homme-bête avec une fourrure qui ressemblait presque à des flammes. Et la femme nommée Nya était une beauté à la peau brune. Dans un jeu comme l’Appel de Cthulhu, elle aurait une Apparence de 18 ou plus. Elma était sexy, certes, mais Nya l’était encore plus. J’avais juré au plus profond de moi de ne jamais, au grand jamais, m’approcher d’elle. Je devais laisser Mei s’occuper d’elle.
Chaque entreprise avait envoyé cinq membres du personnel, soit vingt au total. Mais le Lotus Noir pouvait très bien les accueillir tous.
« Il y a plusieurs choses que je veux vous dire, maintenant que vous montez à bord de mon vaisseau », annonçai-je. « Tout d’abord, ma parole a force de loi ici. Si je dis que le blanc est noir et que le bas est en haut, alors c’est le cas. Vous l’accepterez sans poser de questions. Est-ce compris ? Si ce n’est pas le cas, vous pouvez partir maintenant. »
L’équipe des médias s’était pliée à cette exigence sans broncher. Contrairement à Space Dwergr qui avait foncé sur mon vaisseau la première fois, ils étaient étrangement polis et bien élevés.
« Ensuite, » poursuivis-je, « Vous n’aurez pas le droit de circuler librement dans mon vaisseau. Plus précisément, vous ne pourrez pas entrer dans le pont, le hangar, la soute, la salle des générateurs ou les espaces privés de mon équipage sans ma permission et sans être accompagné d’un membre de l’équipage. »
Ils ne semblaient pas très satisfaits de ces restrictions, mais l’air tendu s’était un peu détendu lorsque j’avais ajouté la mise en garde sur la nécessité de demander la permission.
« Dernier point, mais non des moindres : bien que Wiska et Tina ne soient pas des membres officiels de mon équipage, elles sont traitées comme telles. Elles ne sont pas soumises aux mêmes règles que vous, et il vous est interdit d’essayer directement ou indirectement de les influencer pour qu’elles travaillent en votre faveur. Dès que j’apprendrai que quelqu’un le fait, je vous jetterai tous dans une capsule de sauvetage et je vous éjecterai dans l’espace. Je tiens mes promesses et croyez-moi, j’ai la force de les tenir. Vous avez tous vu le tournoi, n’est-ce pas ? »
Ils se redressèrent et répondirent : « Oui, monsieur ! »
Oui, bonne réponse. Je suis surpris de voir à quel point ils écoutent.
« Je suppose que cela suffit pour l’instant. Nous lancerons l’opération demain après-midi. J’ai préparé trois salles par entreprise, douze au total. Vous pouvez discuter entre vous de la manière dont vous les répartirez. Si vous avez d’autres questions ou demandes, je vous invite à les poser. » J’avais fait une pause. « Rien pour l’instant ? Demandez plus tard si vous voulez. Vous pouvez passer la journée à l’intérieur ou à l’extérieur du vaisseau, cela ne fait aucune différence pour moi. Mais soyez prévenus : si vous n’êtes pas sur le vaisseau à l’heure prévue pour notre départ demain, nous vous laisserons derrière nous. »
Il faudrait que Mei calcule le coût de leur séjour sur le Lotus Noir et le facture à leurs employeurs plus tard. Pour moi, c’était de l’argent de poche, mais comparé aux profits des formes de vie cristalline, ce n’était rien de plus qu’une erreur d’arrondi.
En parlant de la Guerre de Cristal, nous avions fait 2 millions d’Eners de bénéfices avec les matériaux de forme de vie cristalline que nous avions stockés à l’avant-poste de la Flotte impériale, et ce après avoir déduit les coûts d’achat, les frais de manutention et autres. La prime de Mimi s’élèverait à 3 % de ce montant, soit environ 60 000 Eners. Une somme exorbitante, n’est-ce pas ? Mais apparemment, c’était la norme dans ce monde. Dans cet univers, posséder son propre vaisseau était une entreprise très coûteuse.
Les pays, les nobles et les grandes entreprises possédaient souvent des dizaines, des centaines, voire des milliers de navires de commerce. C’est ce qui les amenait à engager des mercenaires comme moi. Oui, c’est le cercle de la vie.
Après mon discours, chaque groupe avait pris ses bagages et était monté à bord du Lotus noir. Mei avait envoyé une clé de sécurité au terminal de chacun. Enfin, tout le monde, sauf… Attends, Wamdo, pourquoi te diriges-tu vers moi avec tous ces bagages ? Ce n’est pas le bon chemin, mon pote.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » avais-je demandé.
« J’ai pensé qu’il fallait que vous sachiez, au cas où : tout le personnel envoyé pour cette session de reportage est formé pour traiter avec les nobles. »
« Oh ? C’est pour cela qu’ils avaient des manières inhabituelles ? »
« Je suppose que c’est possible. Permettez-moi de m’excuser encore une fois pour ce que notre personnel vous a fait la dernière fois. »
« Ce n’est pas comme si c’était de votre faute, Wamdo. Vous n’avez pas à vous excuser, mais j’apprécie. Considérez les excuses comme acceptées. »
« Je vous remercie. » Wamdo s’inclina, fit demi-tour et s’éloigna avec des bagages aussi gros que lui sur le dos.
Le groupe de Wamdo semblait bien mieux se comporter que ceux qui avaient foncé sur mon navire, mais c’était peut-être une raison de plus pour être vigilant en leur présence. Wamdo avait dit qu’ils avaient l’habitude de traiter avec des nobles, ce qui incluait probablement les représentants des autres compagnies. En d’autres termes, ces types avaient une tonne d’expérience avec le genre de personnes qui pouvaient les réduire en miettes pour tout ce qu’ils percevaient comme une offense. Je doutais que ces journalistes aient des intentions malveillantes, du moins pour le moment, mais ils avaient absolument le potentiel de nous faire du mal si nous baissions nos gardes. Et je devais manger et dormir dans le même vaisseau que ces gens pour le mois à venir… Oui, je devais rester sur mes gardes.
« Et moi qui pensais que ce serait un travail facile. Bon sang. »
La vie ne se déroule jamais comme on le voudrait, n’est-ce pas ?
***
Chapitre 2 : Le système Kormat
Partie 1
Au centre du système Kormat se trouvait une étoile de type G de la séquence principale, semblable au Soleil de la Terre. Cette étoile était entourée par une poignée de planètes rocheuses et gazeuses, ainsi que par une ceinture d’astéroïdes, qui était une source établie de divers minerais. Chacun de ces gisements n’était qu’une variété de minerais ordinaires, aucune source de métal rare n’ayant été confirmée, mais ils étaient toujours très demandés en raison de la polyvalence du minerai. C’est pourquoi la famille Dalenwald avait rapidement établi des colonies d’extraction, de raffinage et de commerce dans la région. De plus, les troisième et quatrième planètes du système étant potentiellement habitables, ils avaient commencé à les terraformer avec l’aide de l’empire. La troisième, Kormat III, venait de terminer le processus.
« Et la quatrième planète ? »
« Son environnement est si glacial qu’il faudra probablement dix ans de plus pour la rendre habitable. La terraformation est un processus énorme. »
« Eh bien, vous changez une planète entière pour qu’elle réponde à vos besoins. Ça a l’air d’être un gros travail. »
Je n’avais aucune connaissance technique de la manière dont la terraformation était réalisée, bien sûr. Peut-être utilisaient-ils des nanomachines d’une manière ou d’une autre ? Cela semblait possible. Mais à bien y réfléchir, la méthode changeait probablement en fonction de la planète en question. Peu importe que cela prenne des années, des dizaines d’années ou même des centaines d’années, transformer un endroit où les gens ne pouvaient pas vivre en un endroit où ils pouvaient le faire était tout simplement trop difficile à comprendre pour moi.
« Bref, les pirates de l’espace. Par le passé, ils s’attaquaient généralement aux métaux raffinés. Cependant, nous nous attendons à une augmentation des attaques contre les vaisseaux de passagers, les colonies commerciales fournissant des matériaux aux zones résidentielles, et les vaisseaux commerciaux se dirigeant vers ces installations. C’est là que nous intervenons. »
« C’est évident, » continuai-je, « Mais nous ne pouvons pas faire tout le travail à nous seuls. La famille Dalenwald a engagé de nombreux mercenaires supplémentaires pour travailler à nos côtés, et ils ont renforcé leurs forces privées qui protègent actuellement le système Kormat. Il a également mentionné que la flotte impériale avait envoyé des vaisseaux. »
« La flotte impériale… » Mimi m’avait jeté un coup d’œil.
Oui, je sais ce que tu penses. Nous allons probablement la croiser à nouveau. C’est le cas neuf fois sur dix. C’est une opération anti-pirate, après tout. C’est tout à fait dans les cordes de l’unité de chasse aux pirates.
« Oui, je me dis qu’elle va s’impliquer. Ce n’est pas gagné, alors autant se résigner à notre sort. »
« D’accord. »
« Oui. »
Wamdo et les autres étaient déconcertés par notre échange, mais cela ne me dérangeait pas. Ils n’avaient pas besoin d’explication. Je ne voulais pas qu’ils répandent des rumeurs parce que j’avais parlé à tort et à travers de quelque chose qui n’arriverait peut-être même pas.
« Nous sommes les seuls mercenaires que la famille Dalenwald a engagés directement. Je suis sûr que nous serons mis à rude épreuve la plupart du temps, mais n’oubliez pas : plus nous travaillons, plus nous gagnons d’argent. Donnons tout ce que nous avons ! »
« D’accord ! »
« Oui, gagnons de l’argent ! »
« C’est l’heure du décollage. Notre destination est la colonie commerciale du système Kormat. Après le départ, nous rejoindrons la flotte d’escorte du comte Dalenwald et utiliserons la passerelle pour nous rendre dans le système Nipak. Nous passerons ensuite par les systèmes Melkit, Jeagle et Wellick avant d’atteindre le système Kormat. »
Mimi, Elma et Mei, qui se tenaient derrière nous, répondirent promptement : « Aye-aye, Capitaine », à mes ordres.
C’est ainsi que le Lotus Noir — et le Krishna bien à l’abri dans sa soute — quitta enfin Grakius Secundus.
Quatre dispositifs d’enregistrement avaient filmé le tout en silence.
☆☆☆
« C’est un peu… »
« Ce n’est pas ce que vous aviez imaginé ? »
Allen — l’elfe du département des médias de Mobius Strip — acquiesça. « Oui, pas tout à fait. »
Nous parlions dans le salon près du réfectoire. C’était un grand espace ouvert avec des canapés confortables, un terrarium avec des plantes vivantes et un grand holo-écran conçu pour passer des appels et regarder des films. Parfait pour se détendre pendant les longs voyages dans l’espace et l’hyperespace.
« Être mercenaire ne signifie pas que l’on court à droite et à gauche vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Je dirais même que nous passons plus de temps à voyager. De plus, nous suivons la flotte d’escorte du comte Dalenwald en ce moment, alors je doute que nous voyions des combats. »
Seul un idiot s’attaquerait à la flotte d’escorte d’un noble. Ils étaient bien plus lourdement armés que les flottes de transport normales, donc même si votre embuscade réussissait, ils répliqueraient avec une force inimaginable.
« De plus, la flotte impériale surveille la passerelle, et les responsables de cette zone savent que le comte Dalenwald est de passage. Il serait honteux de laisser un autre noble se faire attaquer sur votre territoire. »
« En d’autres termes, nous pouvons espérer qu’il ne se passera rien tant que vous travaillerez avec le comte Dalenwald ? »
« Plus ou moins. Je suis sûr que ce n’est pas la seule raison pour laquelle vous êtes surpris. Nous vivons probablement beaucoup plus luxueusement que vous ne le pensiez. »
« Ha ha ha… » Allen balaya ma déclaration d’un vague sourire.
De nombreux autres membres de l’équipe des médias se détendaient également dans le salon. Mei se tenait à proximité. Mimi et Elma buvaient du thé dans la salle à manger avec quelques membres du personnel féminin, et Tina et Wiska faisaient visiter le hangar au personnel de Space Dwergr avec ma permission.
« C’est ce qu’a dit Elma à son arrivée à bord. Tina et Wiska aussi », avais-je dit. « Je ne sais pas ce qu’il en est pour les autres mercenaires, mais je ne vis certainement pas la débauche et le style de vie du diable. Nous passons de longs moments sur notre vaisseau, alors pour quelle raison cela ne serait-il pas agréable et confortable ? Je pense que le fait de vivre dans un environnement agréable nous permet d’être plus performants. »
« Est-ce donc l’un de vos problèmes, capitaine Hiro ? »
« Oui, c’est vrai. Ça ne sert à rien de faire semblant d’être une sorte de dur à cuire. »
Il était objectivement préférable d’installer du papier peint et un beau sol plutôt que d’être entouré de métal nu. Et si nous devions vivre avec les mêmes vieilles cartouches de nourriture jour après jour, il fallait au moins qu’elles soient délicieuses. Qui voudrait manger volontairement de la nourriture fade ? De même, il est évident que vous dormirez mieux dans un lit doux et confortable que dans un lit dur comme de la pierre. Un sommeil de qualité permet un travail de qualité.
☆☆☆
« C’est ainsi que Maître Hiro nous a aménagé l’espace. »
« Je vois. Donc le fait que l’intérieur soit aussi luxueux qu’un navire de passagers de classe est en fait dû à vous, Mlle Mimi. »
« Oh, hum, je ne sais pas trop… L’intérieur du Krishna a toujours été agréable, après tout. Mais je pense qu’il n’a atteint son plein potentiel qu’après le remodelage. »
« Moi aussi, j’ai été surprise la première fois que je suis montée à bord du Krishna. » Elma secoua la tête. « C’est un petit navire, mais l’intérieur est aussi luxueux que possible. »
Elma s’était toujours concentrée sur ce que faisaient « la plupart des mercenaires ». J’avais toujours pensé que j’en savais plus sur le mercenaire moyen, moi aussi, mais Maître Hiro avait balayé toute préoccupation et avait fait une rénovation coûteuse en se disant que cela n’avait pas d’importance tant que nous pouvions vivre confortablement. Il est vraiment spécial.
« Désolé de changer de sujet, mais puis-je poser une question plus délicate ? » demanda Nya. Ses yeux orange brûlaient d’une excitation à peine contenue.
De quoi s’agit-il ? Quelque chose de privé ?
« Mlle Mimi, êtes-vous...? Non, vous êtes la sœur de la princesse Luciada, n’est-ce pas ? J’aimerais avoir une réponse honnête. »
« Ah… C’est ce que vous vouliez savoir. »
Nous nous ressemblons, après tout. Si nous échangions nos vêtements, personne ne pourrait nous différencier, à l’exception de Maître Hiro.
« Je ne suis absolument pas la sœur de la princesse. Je n’ai aucun lien de parenté direct avec Sa Majesté l’empereur ou le prince héritier. Ils ont effectué une comparaison des génomes avant notre visite, et cela a été confirmé. Il s’agit honnêtement d’une ressemblance fortuite. »
« Vraiment ? »
« Vraiment », avais-je affirmé. « Le chef de la garde royale et le médecin de la cour sont venus en personne sur notre navire pour vérifier. Nous avons été surpris par cette visite soudaine. »
Elma m’avait soutenu. « Oui, nous l’avons été. J’avais quitté la capitale depuis un moment et je n’avais pas vu les débuts de la princesse Luciada. Avec les autres de l’équipage, nous avons seulement appris que Mimi était le portrait craché de la princesse. Nous étions tous stupéfaits. »
Je ne mens pas vraiment. Mes parents, dont je me souviens à peine, sont apparentés à la jeune sœur de Sa Majesté, Celestia, mais ce n’est pas techniquement une lignée directe !
Pour être plus précis, j’étais à peine au bout d’une branche de l’arbre généalogique de la famille impériale. Celestia s’était enfuie de chez elle. Les tests génomiques avaient confirmé que j’étais très certainement sa petite-fille, mais rien d’autre ne le prouvait. J’étais une cousine au second degré de la princesse Luciada et une petite-nièce de Sa Majesté.
La princesse Luciada et Sa Majesté avaient proposé de me faire entrer dans la famille royale, mais je ne voulais pas quitter Maître Hiro ni l’attacher à moi. J’avais choisi d’être le sosie de la princesse Luciada et rien de plus.
« C’était vraiment une surprise », avais-je convenu. « Je ne suis qu’une fille ordinaire d’une colonie frontalière, après tout. »
« Ce n’est pas de chance, n’est-ce pas ? » commente Nya. « Ou… peut-être que c’est de la chance… »
« Hmm, je me le demande… Quoi qu’il en soit, je suis heureuse comme ça. »
« Pourriez-vous me parler de votre éducation, Mlle Mimi ? » Nya s’accrocha à un nouveau sujet.
C’est bien. Je suis contente que son intérêt ait été détourné. Dans ce cas, je vais lui raconter comment j’ai rencontré Maître Hiro.
☆☆☆
« Bonté divine… C’est énorme ! »
« En effet. »
Après un peu moins d’une semaine de repos, nous étions arrivés à la station commerciale du système Kormat. Une flotte de vaisseaux de colonisation — de gros vaisseaux, probablement plus longs que les cuirassés de la flotte impériale — était stationnée à côté. Les vaisseaux avaient la forme d’un champignon. Ou peut-être serait-il plus juste de dire qu’ils avaient plutôt la forme de balles courtes et effilées ?
« Ce sont les modèles de vaisseaux Heavy Double de la société Geogate. Ils plongent dans l’atmosphère comme ça, puis se retournent avant d’atterrir. Après l’atterrissage, les vaisseaux servent de base à la colonie. Une fois leur fonction remplie, ils sont démantelés et utilisés pour construire de nouvelles installations. »
« J’ai entendu dire que la partie inférieure de la coque sert d’entrepôt de distribution après l’atterrissage. Le reste est démantelé. »
« Waouh… Et ils en ont cinq, hein ? Je suppose que cela signifie qu’ils établissent cinq colonies à la fois. »
« Et nous les protégerons et les soutiendrons toutes. »
« Je comprends qu’il faut les protéger, mais comment les soutenir ? » Mimi pencha la tête d’un air interrogateur.
Oui, ce n’est vraiment pas très intuitif, n’est-ce pas ?
« Développer une planète nouvellement colonisée est une entreprise dangereuse », avais-je expliqué. « Parfois, des espèces indigènes dangereuses attaquent votre base, alors ils auront besoin d’un soutien aérien rapproché, juste au cas où. »
« De quoi rapproché...? »
« En gros, ils nous demanderont de tirer de temps en temps sur la vie planétaire avec les canons laser du Krishna. Ou alors s’ils ont besoin d’aplanir des rochers ou des montagnes pour que les colonies puissent s’étendre. Le dernier cas est plus rare. »
Les colons avaient leur propre équipement, après tout. Ils n’auraient pas besoin d’un vaisseau spatial pour cela. Mais ils pourraient nous demander notre aide si l’obstacle était particulièrement dangereux — comme un nid de créatures agressives, une zone remplie de plantes vénéneuses ou des gaz nocifs qui pourraient être libérés lors de la destruction.
« Ouah… Il y a tellement de choses à faire. »
« Oui, c’est vrai. Mais les attaques de pirates sont le problème le plus courant. »
Les navires des colons n’étaient pas bien armés. Ils pouvaient s’occuper de la faune indigène, certes, mais ils ne pouvaient pas résister aux attaques des pirates. Les planètes aux premiers stades de la colonisation étaient faciles à piller, qu’il s’agisse des ressources naturelles ou des colons eux-mêmes. Les colons isolés sont des cibles de choix pour les trafiquants.
« Après le réapprovisionnement de la colonie, le projet de développement commencera », avais-je annoncé. « Les choses vont se bousculer, comme d’habitude. »
« Tu abandonnes déjà, Hiro ? »
« Écoute, nous allons avoir des problèmes quoi que je fasse. Préparons-nous à atterrir », dis-je, dépité, en me dirigeant vers le hangar.
***
Partie 2
La colonie commerciale de Kormat Prime était prospère. Avec l’achèvement de la terraformation de Kormat III et le début de la colonisation, Kormat Prime servait désormais de base pour les matières premières qui avaient été collectées pour l’effort de colonisation, ainsi que pour la nourriture et les articles de luxe pour les colons. Les échanges commerciaux avaient été multipliés par dix. Auparavant, ils ne vendaient que du minerai et des métaux raffinés extraits dans le système Kormat. Aujourd’hui, ils se préparaient déjà à étendre la colonie en prévision de l’achèvement de la terraformation de Kormat IV.
« Il y a tellement de monde ici ! »
« Oui, je parie qu’on peut trouver un acheteur pour n’importe quoi ici en ce moment. »
Au début de la colonisation, tout était rare. La nourriture, les médicaments, les articles ménagers, les matériaux de construction, et j’en passe, toutes sortes de marchandises étaient acheminées par d’interminables caravanes de vaisseaux de transport. Tout ce qui était rassemblé ici était chargé dans les vaisseaux de colonisation et emmené sur Kormat III.
« Notre premier travail consistera à garder les vaisseaux des colons pendant qu’ils débarquent », dit Elma.
« Il est certain qu’aucun idiot ne s’en prendrait à eux pendant qu’ils débarquent », avais-je répondu.
Attaquer les vaisseaux pendant qu’ils débarquent est un excellent moyen de perturber leur schéma d’entrée. Toutes les marchandises — et les personnes — à bord seraient réduites en cendres lors d’un atterrissage en catastrophe. Tout ce qui resterait serait sans valeur. À quoi cela servirait-il ? Vous ne feriez cela que si votre but était d’interférer avec les efforts de colonisation du Comte Dalenwald — vous n’en tireriez aucun bénéfice autrement.
Bien sûr, ce n’était pas une bonne idée de toute façon — le Comte Dalenwald ne resterait pas les bras croisés pendant que son peuple se faisait massacrer, et il avait toute la puissance de l’Empire à sa disposition. Et le fait que l’Empire vous capture vivant signifiait que vous pouviez être condamné à un sort pire que la mort.
« Maintenant, rendez-vous avec Chris. »
« Oh, oui. Je suis affamée ! » s’exclama Tina.
« Tu as fait exprès de manger léger, n’est-ce pas, frangine ? »
« Elle a un sacré appétit », dis-je en riant.
« Je ne suis pas la seule ! » Tina jeta un coup d’œil à Mimi.
Hé, ne fais pas l’innocente. Est-ce que tu as mangé un petit déjeuner léger juste pour faire de la place pour le dîner ?
Mimi détourna le regard et changea rapidement de sujet. « D’accord, dépêchons-nous ! Nous ne voulons pas faire attendre notre cliente ! »
« Oui, oui… »
Mimi et Tina s’étaient empressées d’avancer, ouvrant la voie vers l’hôtel où nous avions prévu de retrouver Chris.
☆☆☆
« À la colonisation de Kormat III. À la vôtre ! »
« À la vôtre ! »
Suivant l’exemple de Chris, tous les participants à la fête lèvèrent leur verre et avalèrent leur boisson.
« Ah ! » Les deux naines et Elma soupirèrent de satisfaction comme des vieillards après avoir vidé leurs verres.
D’ailleurs, je buvais du jus de fruits à 100 % au lieu de l’alcool.
« Je vais chercher à manger, Maître Hiro ! » déclara Mimi.
« Va aussi m’en chercher ! » l’appela Tina.
« Sœurette, s’il te plaît. Tu pourrais au moins être un peu plus polie… »
La nourriture était servie sous forme de buffet, de sorte que chacun était libre de remplir son assiette avec ce qu’il voulait. Mimi et les autres s’étaient précipités sur la nourriture.
« Elles ne peuvent pas s’arrêter une seconde, n’est-ce pas ? » plaisanta Elma.
« C’est toi qui dit ça alors que tu es Miss “Je suis déjà dans mon deuxième verre”. »
Elle ignora le commentaire et avala le reste d’un trait. Son premier verre avait été une bière, mais celui-ci avait été une sorte de vin.
« S’il te plaît, ne te saoule pas comme une folle », avais-je supplié.
« Ne t’inquiète pas ! Je me retiens. » Eh bien, elle irait bien. Probablement. Pour être honnête, elle buvait tous les jours, mais elle n’était presque jamais complètement bourrée. Tina le faisait parfois, au grand dam de Wiska.
« Il y a vraiment beaucoup de monde ici, hein ? »
« Cela montre bien le nombre de personnes impliquées dans ce travail. »
Comme nous n’avions pas tous de badge, je ne savais pas qui était qui ni comment ils étaient impliqués dans l’effort de colonisation. Mais une chose était claire : la salle était bondée. Cependant, aucun fêtard ne s’était approché de nous, probablement à cause des auras violentes qu’Elma et moi dégagions. Je portais mes vêtements habituels de mercenaire. Mimi, Elma et les jumelles étaient elles aussi dans leur tenue normale, si bien que tout le monde pouvait dire au premier coup d’œil que nous étions des mercenaires.
« Penses-tu que j’ai maintenant l’air d’un mercenaire ? » demandai-je.
« Bien sûr », répondit Elma. « Je veux dire, des tonnes de gens ont vu ta performance au tournoi, n’est-ce pas ? Elle a été diffusée dans tout l’Empire. »
« Haha. Et me voilà désarmé. » J’avais laissé mon pistolet laser et mon épée à l’hôtel, ainsi que les armes de Mimi et d’Elma.
« Maître, » dit Mei, qui se tenait derrière moi.
« Hmm ? Oh… »
Quelqu’un s’approchait. Une belle femme en uniforme militaire blanc, flanquée de ses subordonnés, s’approchait en me fixant du regard. Le lieutenant-colonel Serena. Je regardai le plafond et poussai un gémissement d’agonie. « Vous savez, vous faites ça à chaque fois. Je suis blessée. »
« Sans vouloir vous offenser. Si je suis comme ça, c’est parce que mes cauchemars se sont réalisés. »
« Je ne suis pas sûre que vous compreniez le sens de “sans vouloir vous offenser”. »
Ha ha ha. La conversation est vraiment délicate.
« Donc, le fait que vous soyez ici signifie… »
« Je suis ici pour chasser les pirates, comme d’habitude. Tout comme vous. »
« Bon sang… »
Mei avait déniché des boissons — non alcoolisées, bien sûr — et les distribuait au groupe de Serena pendant que nous parlions.
« Merci », dit Serena. « Alors, j’ai une proposition à faire. »
« Oui, Lieutenant Colonel ? »
« Pourquoi ne travaillerions-nous pas ensemble ? Quand c’est possible, du moins. Nous connaissons bien les mouvements de l’autre maintenant, je pense que nous ferions une bonne équipe. »
« Je ne suis pas contre, mais nous avons besoin de la permission du client avant de travailler avec une unité qui a une chaîne de commandement différente », avais-je dit. « De plus, la flotte impériale et le comte Dalenwald ont sûrement des priorités différentes en ce qui concerne les personnes à protéger. »
« C’est certainement vrai. Je vais donc en discuter directement avec le comte Dalenwald. »
« Amusez-vous bien. » Je saluai Serena qui s’en alla.
Pour être francs, nous serions probablement capables d’abattre plus de pirates en travaillant ensemble, mais je serais alors moins agile. De plus, l’unité de chasse aux pirates de Serena avait une puissance de feu bien supérieure à celle du Krishna et du Lotus Noir réunis. Cette différence de puissance de feu était directement proportionnelle à la diminution du nombre total de tués pour nous. Cela signifiait moins d’argent pour nous. De plus, les navires pirates seraient anéantis. Ce serait une surenchère totale. Nous n’aurions pas pu capturer les navires, ce qui nous aurait rapporté encore moins d’argent.
Travailler avec l’Unité de chasse aux pirates était une situation perdante pour nous. Du moins dans ce sens.
« Je suis sûre que Chris refusera », dit Elma.
« Absolument. »
Nous utiliser pour abattre sans pitié les pirates serait, d’une certaine manière, une victoire militaire pour Chris. En nous laissant sous le contrôle de l’Unité de chasse aux pirates, elle ne pourrait plus nous utiliser, et Chris n’aurait d’autre choix que de refuser la demande de Serena. Elma et moi étions d’accord sur ce point.
« Franchement, être un noble semble n’être qu’une source d’ennuis, » murmurai-je.
« Il n’y a aucun doute là-dessus. Ils doivent se soucier des apparences dans tout ce qu’ils font. »
Cela voulait dire quelque chose, venant d’une fille qui s’était enfuie de chez elle pour échapper à ses propres responsabilités de noble.
« Bon, eh bien, je propose qu’on aille chercher à manger. On ne peut pas boire l’estomac vide. »
« Oui, j’ai besoin d’un en-cas avec mon alcool. »
« Bois avec modération, s’il te plaît », lui avais-je rappelé. « Tu viens aussi, Mei. »
« Oui, Maître. »
Je m’avançai dans les profondeurs de la salle où la fête battait son plein, Elma et Mei en tête.
☆☆☆
Une foule nombreuse s’était rassemblée autour de la table du buffet. Apparemment, le menu de ce soir comprenait beaucoup d’aliments originaires de Kormat III.
« J’espère qu’il n’y a rien de trop bizarre…, » dis-je, effrayé par ce que je pourrais trouver.
« Ils ne serviraient rien qui puisse perturber l’estomac des gens. Organiser une fête qui donnerait lieu à une intoxication alimentaire ruinerait définitivement leur réputation. »
Oui, c’est vrai. « Je suppose que tu as raison. »
Rassuré, je m’approchai de la table et découvris une créature de la taille d’un chien, ressemblant à une chenille, qui avait été grillée en entier. Des marques brunes de carbonisation bordaient son corps blanc, preuve qu’elle avait été cuite à la perfection.
J’avais lancé un regard à Elma. Elle m’avait rendu mon regard.
« Ne me regarde pas comme ça. Je suis sûre que c’est bon. »
Euh… Bien ? En es-tu sûr ?
« Regarde, ils sont en train de le distribuer. Allez, allez ! »
« Vraiment… ? »
Elma me poussa vers la table où était servie la viande de chenille géante. Les autres convives ne s’approchaient pas non plus, pensant sans doute la même chose que moi. Avec un peu d’insistance de la part d’Elma, je fus la première personne à en prendre.
Attends, Mimi est là-bas… Hé, ne fais pas comme si tu ne me voyais pas ! Vas-tu vraiment m’abandonner quand j’en ai besoin ?
Le chef coupa un morceau de la chenille, le plaça dans une assiette et me le tendit.
« Et voilà ! »
« Merci… »
L’exosquelette de la chenille et son intérieur gluant étaient servis sur une sorte de biscuit, accompagnés d’une sauce verte.
« Hm ? » Au moment où je l’avais mis en bouche, un arôme rafraîchissant me traversa les narines. La sauce verte avait des notes agréables d’une herbe qui ressemblait un peu à du basilic, et la combinaison de l’exosquelette croustillant et du craquelin croquant donnait une texture satisfaisante. Une saveur riche et fromagère avait envahi ma bouche.
« Je déteste presque le dire, mais c’est vraiment bon », avais-je admis.
« N’est-ce pas ? Cela peut paraître grotesque, mais la saveur est exquise », déclara le chef.
« Encore, s’il vous plaît. »
« Bien sûr, monsieur. » Le chef me servit une autre portion dans mon assiette.
Hmm, c’est très bon.
Elma regardait la scène avec incrédulité, même si c’était elle qui m’avait forcé à essayer la chenille. J’avais demandé au chef une autre portion et je l’ai tendue à Elma.
« Wôw, c’est bon ! »
« Je te l’avais dit ! »
Notre courageux test gustatif, suivi de l’avis positif d’Elma, avait rapidement enhardi d’autres invités à essayer les chenilles et les craquelins pour eux-mêmes.
« Si Kormat III peut en produire davantage, je suis sûre qu’il prospérera », déclara-t-elle.
« L’élevage de chenilles ? Je n’ose pas imaginer ce qu’elles deviennent quand elles grandissent. »
« Arrête, s’il te plaît. Je veux juste savourer de la bonne nourriture… »
Si la larve était si grosse, quelle était la taille des adultes ? Bon sang, s’agissait-il même d’une larve ? J’étais curieux, mais je n’avais pas vraiment envie d’ouvrir cette boîte de Pandore. Il est temps de changer de sujet.
« La colonisation ne consiste pas seulement à rendre une planète habitable pour les humains, n’est-ce pas ? »
« Je ne crois pas. C’est important d’avoir des produits spécialisés, non ? Au moins, ça doit aider. »
« C’est logique… Mais je n’arrive pas à croire que des créatures bizarres comme celles-là ne disparaissent pas au cours du processus de terraformation. »
« Certains animaux s’adaptent, d’autres non. Je suis sûre que beaucoup d’autres espèces ont disparu. »
« Est-ce comme ça que ça marche ? » Huh. Cette chose était donc assez forte pour survivre à la terraformation. Ce n’est pas vraiment une surprise, vu sa taille.
Maintenant que j’y pense, vous avez dû rencontrer une tonne de difficultés lors de la terraformation. Je me doutais bien que les groupes de protection de l’environnement allaient s’insurger, mais peut-être que la menace implicite de l’autorité d’un noble suffisait à faire taire les dissidents. Les efforts de colonisation nécessitaient une tonne d’argent, et ceux qui profitaient de l’investissement étaient probablement en mesure d’étouffer ces mouvements sans même lever le petit doigt.
Pendant que je me livrais à ces pensées innocentes, Mimi et les autres s’approchaient. Elles avaient eux aussi des crackers à la chenille. Tu es devenue forte, Mimi.
« Mimi, » dis-je. « Je ne peux pas croire que tu m’aies abandonné tout à l’heure. »
« A-ah ha ha… Je suis désolée. »
« Elle t’a juste laissé prendre l’avant-garde, chéri ! » me rassura Tina.
« Je t’ai trouvé bien courageux », ajouta Wiska. « C’est un peu trop pour moi… » Notamment, elle n’avait pas ce plat dans son assiette, optant plutôt pour un arrangement bien équilibré d’éléments à l’aspect bien plus appétissant.
« Wis n’est pas très courageuse quand il s’agit de nourriture. »
« Ce n’est pas bon d’être difficile », ai-je dit.
« Je suppose que oui, mais… les bestioles, c’est un peu… »
Je ne vais pas la forcer. Étonnamment, aucun des aliments à base d’insectes que j’ai mangés dans cet univers n’a été un échec jusqu’à présent. Comme quoi les aliments à l’aspect rebutant ne restent pas sans raison, surtout dans un univers à la technologie aussi avancée.
Elma me tira par la manche. « Oh, voici la dame d’honneur de ce soir. »
« Hmm ? » J’avais suivi son regard et j’avais repéré Chris, qui venait d’entrer dans la salle. Elle portait une belle robe, pas trop chic, avec peu de froufrous et une coupe raffinée et modeste. Je n’étais pas vraiment une critique de mode, mais cela lui donnait un air moins féminin et plus… mature.
« Bonjour, capitaine », me salua-t-elle. « La fête vous plaît-elle ? »
« Oui, Mlle Christina. J’étais en train de goûter la spécialité locale », dis-je en jetant un coup d’œil à la chenille géante grillée à moitié découpée. Chris frémit légèrement. Il semblerait que la simple vue de cette chose lui avait causé des dommages mentaux, même lorsqu’elle était en mode « jeune fille raffinée ».
« Je suis ravie que cela vous plaise… »
« Je suis vraiment désolé, » avais-je murmuré en m’excusant. Chris s’efforçait de garder le sourire.
Je vais juste me déplacer et bloquer la chenille de son champ de vision…
La fête s’était déroulée sans problème. J’avais bavardé avec Chris et j’avais dégusté des mets rares avec Mimi le reste de la nuit. Au milieu de tout ce plaisir, j’avais remarqué les médias qui filmaient la fête. Comme ils n’avaient pas été invités, ils avaient dû se passer de tous les plats et boissons de luxe. Pauvres bâtards.
***
Chapitre 3 : Défense planétaire
Partie 1
« Les vaisseaux de colons un à cinq vont maintenant commencer à descendre dans l’ordre numérique », annonça Mimi.
« Je doute que les pirates nous attaquent à ce stade du processus, mais ils ne sont pas les seuls dangers. Reste sur tes gardes. Mei, augmente la portée du radar au maximum. Oublions la furtivité. »
« Compris », répondit Mei. « J’ai également augmenté la sensibilité du radar passif au maximum. »
Sur mes instructions, elle activa les radars actifs et passifs au maximum de leur capacité, surveillant de près tout vaisseau s’approchant de ce secteur. Les informations recueillies seraient traitées par elle et par l’ordinateur principal du Lotus Noir, tandis que nous resterions à l’affût de toute menace.
Le cockpit du Krishna comportait cinq sièges : celui du pilote principal, celui du copilote, celui de l’opérateur principal, celui du sous-opérateur et un siège supplémentaire. Allen, l’elfe de Mobius Strip, occupait ce siège supplémentaire pour la journée.
« Comment ça ? Les pirates ne sont-ils pas le seul danger ? Pourriez-vous nous éclairer ? » demanda-t-il.
« Attaquer à ce stade est très risqué et très peu rémunérateur, c’est pourquoi les pirates n’attaquent généralement pas. Après tout, ils n’obtiendront rien si leur butin potentiel brûle dans l’atmosphère ou si un vaisseau de colonisation s’écrase de manière catastrophique. Si quelqu’un attaque maintenant, c’est uniquement parce qu’il veut faire perdre du temps et des efforts au comte Dalenwald. »
« Hein ? Mais c’est… »
« Je ne dis pas que c’est probable, mais il serait stupide de penser que ce n’est pas le cas. Certaines personnes veulent juste être sous les feux des projecteurs, et il y a toujours un ivrogne qui cherche les ennuis. »
Les seuls non-pirates qui attaqueraient en ce moment seraient des nobles rivaux ou les mécréants habituels que l’on trouve dans toute société. On ne sait jamais où et quand se présente quelqu’un prêt à faire quelque chose de fou juste pour faire parler de lui.
« Maître Hiro », déclara Mimi. « Détectes-tu quelque chose d’étrange à propos des débris au-dessus de notre côté tribord ? »
« Voyons voir… Hein, c’est plus froid que les autres débris qui l’entourent.
Furtivité thermique, peut-être ? Mei, ping la cible, juste au cas où. »
« Bien reçu. »
Envoyer un ping à une cible signifie vérifier si elle est disposée à communiquer. Je ne savais pas comment cela fonctionnait sous le capot, mais il s’agissait d’une fonction qui envoyait une demande de communication dans un rayon très limité. En termes de jeu vidéo, il s’agissait en fait d’une cible que vous aviez verrouillée. S’il ne répondait pas, vous n’auriez pas commis de faute en supposant qu’il préparait un mauvais coup et en l’abattant.
« Pas de réponse, » dit Mei.
« Euh… euh… Déployons l’EML et tirons pour voir ce que cela provoque. »
« Aye-aye. Déploiement de l’EML. »
Le Lotus Noir déploya son canon électromagnétique et visa les débris suspects signalés par Mimi. Juste à ce moment-là, nous avions reçu un appel d’un des croiseurs de la famille Dalenwald qui s’occupait de la sécurité.
« Ici Judgment One. Nous avons remarqué que vous avez déployé vos armes et demandons une explication. »
« Capitaine Hiro du Lotus Noir et du Krishna à l’appareil. Nous avons découvert des débris suspects à basse température. Ils n’ont pas répondu à notre ping, et ils s’approchent de la trajectoire de descente des vaisseaux-colons, donc nous allons les détruire. »
« C’est entendu. Nous surveillerons la situation et ferons le suivi si nécessaire. »
« Bien reçu. Tire avec l’EML, Mei. »
« Oui, Capitaine. Mise à feu de l’EML. »
Il y eut un éclair de lumière suivi d’une explosion d’électricité violette qui se déplaçait littéralement plus vite que l’œil ne pouvait le suivre. Une signature thermique avait été enregistrée à partir des débris pendant un moment. Peut-être essayait-il de s’échapper ? Quoi qu’il en soit, il était trop tard. Le tir de l’EML pulvérisa les débris suspects.
« Confirmation d’une signature énergétique lors de l’explosion », dit Mei. « Le débris doit être un petit navire. »
« Bien reçu. Envoye les données à Judgment One, s’il te plaît. »
« Aye-aye. »
« Si rapide à tirer…, » Allen frémit.
« C’est de leur faute. Se trouver dans un endroit comme celui-ci est déjà suspect, et en plus ils ont refusé de répondre à notre demande de communication. »
En fin de compte, nous ne saurons jamais ce que ce vaisseau suspect avait prévu, mais cela n’avait pas d’importance, la réponse était « rien » maintenant qu’il avait été réduit en miettes. Ils ne pouvaient pas être en train de préparer quelque chose de bien s’ils se faufilaient avec une furtivité thermique. Nous aurions pu tenter de les capturer, mais cela aurait été risqué, ils auraient pu en profiter pour attaquer l’un des vaisseaux-colons. Nous avions fait ce qu’il y avait de mieux dans cette situation.
« Ils ont entamé leur descente », annonça Mimi.
« Mimi, commence l’enregistrement. »
« Roger ! »
Les vaisseaux colons descendirent sur Kormat III, laissant des traînées de lumière dans leur sillage. Les voir s’abaisser comme un seul homme, avec de faibles différences de temps et de trajectoire, était un spectacle incroyable. Chacun de ces énormes vaisseaux transportait environ dix mille personnes — soit cinquante mille au total — qui allaient devenir les tout premiers colons de Kormat III.
« Oh, pourriez-vous nous envoyer vos données plus tard ? » demanda Allen.
« Bien sûr, à condition que le comte Dalenwald donne sa permission. » Je m’étais dit que ce n’était pas un problème, mais j’allais le demander au comte, juste au cas où.
« Merci beaucoup. Que ferez-vous à partir de maintenant ? »
« En général, nous travaillons avec les autres unités de sécurité pour patrouiller dans le système Kormat, en particulier dans la zone proche de la planète. Dans le cas présent, il se peut que l’on nous demande de chasser les pirates de manière proactive. »
Connaissant nos accomplissements jusqu’à présent — ceux du Krishna et du Lotus Noir combinés — il était probable qu’ils préfèrent nous utiliser comme une unité de guérilla, volant dans le système stellaire à la recherche de bases pirates, au lieu de nous laisser à un endroit et d’oublier que nous étions même là.
« Je vois… »
« N’est-ce pas le genre de scoop excitant que vous vouliez ? »
Au lieu de répondre, Allen laissa échapper un rire sec. « Ha ha ha. »
C’est ce que vous pensez, n’est-ce pas ? Même un amateur sait qu’il est peu probable de tomber sur des pirates de l’espace en traînant dans un grand système stellaire.
☆☆☆
« Stop ! Ne tirez pas ! Nous nous rendons ! »
« Je vous donne dix secondes pour arrêter vos moteurs et vous éjecter. Si vous prenez plus de temps, je tire. Si vous essayez de fuir, je détruis tout le cockpit. Êtes-vous prêt ? Un, deux, trois… »
« Ok, je le fais ! Je le fais tout de suite ! » hurla-t-il désespérément. Les moteurs s’arrêtèrent et il éjecta le bloc du cockpit.
La plupart du temps, les petits vaisseaux étaient capables de détacher l’ensemble du bloc de cockpit comme une sorte de capsule de sauvetage, exactement comme cela. Bien sûr, le bloc de cockpit seul n’était pas capable de voyager plus vite que la lumière. Il se déplaçait lentement, mais il était étanche, solide et équipé de systèmes de survie minimaux et d’un équipement de communication de base.
« Je te laisse le soin de le récupérer, Mei. »
« Oui, capitaine. »
« Récupérons le butin et les débris en attendant son arrivée. »
« Aye-aye ! »
Mimi et Elma se mirent au travail en pilotant les drones de récupération. Pendant ce temps, je scannais les navires pirates détruits. Cela permettrait par la même occasion à Tina et Wiska d’évaluer l’équipement qui valait la peine d’être récupéré, les épaves à récupérer, etc.
« Vous êtes sans pitié », déclara l’invité d’aujourd’hui.
« Je crois que j’ai entendu la même phrase il y a quelques jours… Les pirates sont des salauds. Vous touchez la prime, qu’ils soient morts ou vivants, et il est généralement trop risqué de prendre la peine d’emmener les pirates vivants aux autorités chargées de l’application de la loi. Cela revient à se balader avec de la merde dans la poche et à chercher une poubelle. D’habitude, j’ignore les supplications et je me contente de les tuer, mais nous voulons que les choses restent propres et sans massacre pour les téléspectateurs, n’est-ce pas ? »
« Ha ha ha… Je vous remercie de votre attention. » Zwya de Fomalhaut rit sèchement. Son visage était si poilu que je ne pouvais pas dire quelle était son expression, mais il aurait probablement été d’une pâleur mortelle s’il avait été humain.
« Savez-vous ce qui arrive aux vaisseaux qu’ils attaquent ? C’est un miracle si on s’en sort en ne perdant que la cargaison. La plupart du temps, ils prennent aussi votre vie. Et parfois, c’est vous qui êtes le butin. Vous voyez ce que je veux dire ? »
Zwya fit une pause, puis dit : « Vous voulez dire du trafic au marché noir à des fins d’esclavage sexuel ou d’expérimentation humaine illégale. »
« Vous avez compris. Mais vous n’êtes qu’à mi-chemin. Il est rare qu’ils vous traitent comme une esclave sexuelle “normale”. Il existe de nombreuses options pour s’envoyer en l’air — vous pouvez acheter un Sexdroid, ou utiliser la RV, ou n’importe quoi d’autre. Mais les personnes qui veulent des esclaves sexuels vivants ? Ce sont des gens qui ont des fétichismes vraiment dérangés. Rien que de m’en souvenir, j’ai envie de vomir. »
J’avais déjà sauvé quelques esclaves sexuels — des personnes qui avaient été soumises aux désirs de leur acheteur. Ils faisaient partie des produits manipulés par les pirates de l’espace. Les victimes de la traite qui servaient de cobayes pour des expériences humaines étaient sans doute mieux loties, même si on leur faisait porter des colliers et des bracelets spéciaux — certains avaient même des puces spéciales implantées en eux — qui les empêchaient de défier leurs nouveaux maîtres.
« Nous avons affaire à des gens qui sont plus qu’heureux de faire des choses horribles à des innocents pour leur propre profit et leur propre plaisir. Si nous les laissons partir, ils feront du mal à quelqu’un d’autre. Je tue toujours à vue. »
« Je vois. » Zwya acquiesça solennellement. Je ne pouvais qu’imaginer son histoire avec ce genre de choses.
« Maître Hiro, le Lotus Noir approche. »
« J’ai compris. Restez sur vos gardes pour éviter les pillards. »
« Aye-aye. Une fois que nous aurons tout récupéré, nous repartirons, n’est-ce pas ? »
« Oui. Nous avons déjà beaucoup de marchandises, après tout. »
Non seulement nous avions beaucoup de pièces détachées récupérées sur les navires détruits, mais nous avions aussi obtenu le petit navire pirate non endommagé qui s’était rendu. Nous avions aussi un prisonnier, alors nous avions décidé de vendre notre butin et de livrer le pirate.
☆☆☆
« Hmm, les petits vaisseaux de transport sont très demandés en ce moment, n’est-ce pas ? Ils ne peuvent pas contenir autant de marchandises, mais les vaisseaux qui peuvent aller rapidement de la surface de la planète à la colonie commerciale se vendent toujours bien. Ça a bien marché pour nous. Je ne peux m’empêcher de sourire. »
Un acheteur avait été rapidement trouvé, et j’avais regardé le petit vaisseau de transport réaménagé (anciennement un vaisseau pirate) sortir du hangar. Ah oui ! Je ne peux vraiment pas m’empêcher de sourire.
Des pièces prélevées sur les carcasses de vaisseaux récupérés avaient été placées dans une cellule relativement intacte, fixées avec des plaques prélevées sur d’autres carcasses de vaisseaux, et transformées en un autre petit vaisseau de transport, que nous avions également vendu à la colonie. Les installations du vaisseau n’étaient pas en parfait état, mais si vous ne parcouriez que de courtes distances — comme de la surface à la colonie, par exemple — les systèmes de survie les plus élémentaires feraient l’affaire. Dans le pire des cas, il suffisait de porter une combinaison spatiale conçue pour travailler à l’extérieur des vaisseaux, et tout se passait bien. Ce n’est pas que je m’en souciais, puisque c’était bon et vendu.
***
Partie 2
La belle représentante de Nyatflix, Nya, se tenait à côté de moi tandis que nous regardions les vaisseaux être transportés. « Par curiosité, combien les navires se sont-ils vendus ? » demanda-t-elle.
« Voyons voir, c’était environ 50 000 pour le petit et un peu moins de 100 000 pour le moyen », avais-je répondu. Nous avions vendu un petit et un moyen vaisseau aujourd’hui. Les deux avaient été transformés en vaisseaux de transport, en mettant l’accent sur la vitesse et l’espace de chargement. « Les générateurs intacts, les générateurs de bouclier et d’autres pièces se sont également vendus à un prix élevé en raison de la demande. En tout, je pense qu’ils ont été vendus pour environ 150 000 Eners, soit un total de 300 000 Eners. Ajoutez 320 000 Eners pour les primes, et nous avons gagné un total de 620 000 Eners aujourd’hui. »
La famille Dalenwald nous donnait également une allocation journalière de 300 000 Eners. Cette chasse aux pirates avait duré trois jours, ce qui représentait 900 000 Eners. Total global : 1,52 million d’Eners.
Dix pour cent des ventes de navires et de pièces détachées iraient à Tina et Wiska. Mimi recevrait 1 % du total des récompenses et 3 % iraient à Elma. Cela signifie que ma part serait d’environ 1 400 000 Ener. Une fraction de cette somme serait consacrée aux frais d’entretien du vaisseau, aux frais de stationnement, aux frais de nourriture, à l’élimination des déchets, à l’eau, à l’oxygène… à des choses comme ça.
« M. Hiro, pourquoi ne m’offrez-vous pas un repas ? Je suis plutôt du genre dévouée, vous savez », déclara Nya.
« Non, merci. C’est bon pour moi. » J’avais rejeté froidement sa demande avec un petit rire. Elle était sexy, oui, mais quelque chose me criait que je ne devais jamais, au grand jamais, poser un doigt sur cette femme.
« Quel dommage ! » Elle haussa les épaules et commença à s’éloigner, si bien que je compris que la question n’était pas sérieuse. « Mais être avec vous semble très amusant, vous savez… Êtes-vous sûr de ne pas vouloir de moi ? Ce n’est pas le plaisir qui manque… »
« Je vais bien. Vraiment. »
Ces derniers temps, je n’avais même pas besoin de dire quoi que ce soit à voix haute, il suffisait de penser aux problèmes pour qu’ils apparaissent. Je n’allais certainement pas en rajouter. De plus, il y avait quelque chose de troublant dans la façon dont elle avait dit « amusant ».
« C’est vraiment dommage », déclara Nya en soupirant avec tristesse.
« Nous partons demain à 13 heures, heure de la colonie. Nous serons dehors pendant encore trois jours d’affilée, alors profitez de votre temps libre d’ici là pour vous dégourdir les jambes et vous détendre. »
« Je comprends. Quels sont vos projets ? »
« Indécis, jusqu’à ce soir. J’ai un dîner privé ce soir. Privé. Désolé, mais vous devrez vous abstenir d’en parler. »
« Un dîner privé, dites-vous ? Comme c’est intéressant… » Les yeux de Nya brillaient d’excitation. Son effronterie était vraiment étonnante.
« Ne vous ai-je pas dit de ne pas en parler ? » dis-je en riant.
☆☆☆
J’avais porté les jumelles, qui s’étaient endormies dans le hangar, jusqu’à leur chambre dans le Lotus Noir. Ensuite, j’avais aidé Mimi à commander des consommables de remplacement pour les vaisseaux. L’heure de notre rendez-vous approchant, j’avais jeté une certaine elfe éméchée dans la nacelle médicale, j’avais réveillé les naines encore endormies et j’avais quitté le Lotus Noir avec toute la bande. Enfin, tout le monde sauf Mei, à qui j’avais demandé de rester. Elle ne mangeait pas, et Elma et moi n’aurions pas besoin de garde du corps. Je me contenterai d’accorder à Mei toute l’attention qu’elle mérite à notre retour. Oui, c’est sûr. C’est un peu bizarre, mais c’est suffisant pour se faire pardonner. Parfois, je ne comprends pas du tout les Maidroids.
« Nous avons donc un dîner avec Chris aujourd’hui ? » confirma Mimi.
« Oui, c’est ça. Après tout, nous n’avons pas pu parler beaucoup pendant le dernier. »
Chris avait géré la soirée en tant que représentant de la famille Dalenwald, et nous n’avions donc pas pu parler beaucoup devant les autres invités. Ce soir, c’était différent, il s’agissait d’un dîner très privé entre amis dans la salle privée d’un restaurant chic.
« Chris est dans une situation difficile. Veille à la réconforter, Hiro », dit Elma.
« Oui, c’est ce qui est prévu. »
« Les nobles ont la vie dure… », songea Tina. « Elle est si petite, mais elle a des dizaines, voire des centaines de milliers de vies sur ses petites épaules. »
« Je sais que je ne serais pas capable de le supporter », acquiesça Wiska.
Je ressentais la même chose. Chris était probablement bien informée sur tout cela, étant donné son statut, mais prendre la responsabilité — et le commandement — de tant de vies devait s’accompagner d’une pression énorme. Je devrais peut-être la laisser s’exprimer un peu. Du moins, c’est ce que j’avais supposé…
« Serre-moi plus fort, s’il te plaît. »
« Euh, d’accord… »
« Tiens, Chris, ouvre ! »
« Aah… »
« Essaie celui-là aussi ! Il est délicieux. »
Moins de dix minutes plus tard, je m’étais retrouvé assis, les jambes croisées en serrant Chris sur mes genoux — une obligation, apparemment — tandis que Mimi et Wiska lui donnaient du pudding et du gâteau. Elma et Tina appréciaient le spectacle en buvant leur verre, comme des ivrognes qu’elles étaient.
« Elle devait vraiment être à bout. »
« Je ne plaisante pas. Être gâté comme ça doit être agréable, hein ? Elle avait l’air un peu cadavérique avant. »
Chris était arrivée avant nous dans la salle que nous avions réservée, mais elle n’avait pas l’air bien quand nous l’avions trouvée. Elle avait des yeux froids et morts et était allongée sur le sol comme un cadavre. Cela m’avait surpris au plus haut point. J’avais cru qu’elle était morte, ou quelque chose comme ça.
Elle s’était levée, lentement et comme un zombie, lorsqu’elle avait remarqué notre arrivée, m’avait pris la main en silence et m’avait fait asseoir les jambes croisées avant de s’asseoir sur mes genoux. Ensuite, elle avait dit qu’elle voulait des sucreries, ce qui nous amène à maintenant.
« Chaque jour — chaque jour — ils m’en imposent davantage. Les contrats, les demandes et la paperasse s’empilent en montagne sur mon bureau », gémit Chris. « Du travail, du travail, du travail et encore du travail. Ça ne finit jamais, jamais, jamais… »
« Voilà, voilà. Tu n’as pas besoin de penser à ça maintenant. Je vais te caresser les cheveux, d’accord ? »
« Heh heh… Eh heh heh… »
« En fait, ça marche. » Elma avait ri.
« Lui donne-t-on quelque chose à boire ? » demanda Tina.
« De l’alcool… »
« Ne donne pas d’alcool à une mineure ! » J’avais jeté la chose la plus proche à portée de main — une sorte de graine d’edamame — sur le front de Tina.
« Oups ! Toujours mineure ? J’avais complètement oublié, vu qu’elle n’a pas l’air si différente de nous. »
Elle avait beau avoir l’air d’une adulte, ça n’en faisait pas une. En réalité, c’était Tina et Wiska qui étaient les plus bizarres. C’étaient des naines, après tout, et elles avaient l’air jeunes bien qu’elles aient le même âge que moi.
« Tu as vraiment beaucoup subi, hein, Chris ? »
« Mlle Christina… Non, Chris, laissez-nous vous gâter autant que possible, d’accord ? » dit Wiska d’un ton apaisant en caressant les cheveux de la jeune fille.
Je lui avais laissé la tâche de caresser les cheveux et je m’étais contenté de serrer Chris dans mes bras. Il fallut trente minutes entières pour qu’elle redevienne normale.
☆☆☆
« Je suis désolée que vous ayez dû voir ça », s’excusa Chris.
« Ce n’est plus la peine d’essayer de sauver les apparences maintenant. »
Chris rougit, silencieuse. Puis elle commença à me gifler à plusieurs reprises.
« Aïe, aïe ! Bon sang, je suis désolé ! »
Oui, oui, je sais. Je suis désolé d’avoir été impoli, mais pourriez-vous arrêter de me frapper ?
« Eh bien, tant pis pour vous, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas la gâter toi-même ? »
« On ne la ramène pas à la maison ! »
Nos deux ivrognes sourient en nous taquinant. Arrêtez, vous deux. Ne harcelez pas une mineure comme ça.
Maintenant que Chris était revenue à la normale, Mimi et Wiska avaient commencé à manger.
« Delicieushhh… »
« Hm, c’est si parfaitement cuit… »
Elles étaient en train de manger une sorte de steak. La viande ressemblait beaucoup à du bœuf. Apparemment, cette espèce allait être importée d’une autre planète et élevée sur Kormat III. Pourquoi se préoccuper d’importer des spécialités d’autres planètes alors qu’il suffirait d’élever les animaux et de vendre leur viande ici ? Tout est bon tant que l’on gagne de l’argent à la fin, n’est-ce pas ?
« Tu as l’air d’être très sollicitée », dis-je. « Es-tu sûre que tu vas bien ? »
« Ça ira tant que nous pourrons passer le processus de développement initial. On dit que le travail devient plus facile avec le temps. Après tout, toutes les personnes impliquées — moi y compris — s’amélioreront avec l’expérience. »
« On dirait que c’est plus facile parce qu’on est habitué, pas parce que c’est plus facile. »
« Ha… Ha ha… » La lumière commença à disparaître des yeux de Chris.
Oookay, encore une fois, je me suis trompé en disant la mauvaise chose. Je n’ai aucune idée du type d’œuf que c’est, mais regarde, Chris ! Des omelettes roulées !
« Franchement, je ne sais pas comment nous pourrions t’aider dans ton travail… Mais si tu as besoin de te défouler ou de te faire dorloter, nous sommes là pour toi. »
Avait-elle au moins quelqu’un d’autre vers qui se tourner ? Peut-être pas. Ses parents n’étaient plus là, et son grand-père, le comte Dalenwald, se trouvait dans un autre système stellaire, où il gouvernait son propre territoire. Elle avait peut-être un ou deux serviteurs dont elle était proche, mais probablement pas assez pour ce genre de choses. Tous ses collègues de travail étaient ses subordonnés, ce qui rendait également cela inapproprié.
« C’est tout ce dont j’ai besoin. » Chris s’était penché tout près de moi. Nous étions peut-être amis, mais le fait qu’elle fasse cela devant tant de monde devait signifier qu’elle était vraiment épuisée. « Au fait, comment avez-vous passé ces derniers jours ? »
« Oh, toujours la même chose. Embuscade contre les pirates, capture des pirates, destruction des pirates. On efface et on recommence. Nous avons abattu une cinquantaine de navires pirates au cours des trois derniers jours. »
« C’est incroyable ! En fait, le nombre total de navires pirates abattus a tendance à augmenter ces derniers temps. »
« Oh ? Ça augmente à ce point ? »
« Pour l’instant, oui. »
« Hein. Ils doivent venir d’autres systèmes stellaires. »
Les pirates de l’espace surgissaient de nulle part, à l’infini, pour causer des ennuis aux gens normaux. Sauf que ce monde n’était plus un jeu, alors ce n’était pas comme s’ils étaient programmés pour se reproduire à l’infini. Plus on tuait, plus leur nombre devait diminuer. Le fait que le nombre de tués augmentait signifiait qu’ils devaient arriver des environs plus vite que nous ne les détruisions.
« Il y a peut-être des pirates célèbres parmi eux. Tu devrais faire attention », l’avais-je prévenue.
« Attention ? » Chris leva les yeux vers moi. « Qu’est-ce que je dois faire ? »
Hmm, bonne question.
« Tout d’abord, je pense que tu devrais être prête à mobiliser des forces à grande échelle à tout moment. Les grands groupes de pirates ont tendance à stocker tous leurs biens volés et leurs esclaves dans une base, tu devrais donc être prête à attaquer dès que tu en découvriras une. »
« Intéressant. Tu penses donc que je devrais avoir suffisamment de mercenaires supplémentaires et de forces de la flotte impériale disponibles pour les affecter à des fins offensives en cas de besoin. »
« C’est à peu près ça. Mais attention à la répartition des forces. Si tu ne peux pas défendre la planète lorsque tu chasses les pirates, cela irait à l’encontre du but. »
« Je vois… »
« Il s’agit là de conseils donnés du point de vue d’un mercenaire. Un politicien peut avoir une vision tout à fait différente des choses, le plus important est donc de rester en contact avec le comte. »
« Mon grand-père… Hmm… » Chris réfléchit un instant, mais elle accepta rapidement. « D’accord, je lui parlerai demain. »
Cet effort de colonisation était une sorte de test pour voir si elle avait l’étoffe d’un chef, mais cela ne signifiait pas qu’on attendait d’elle qu’elle fasse tout par elle-même. Après tout, la vie de tous ceux qui étaient sous la responsabilité de Dalenwald était en jeu.
« Parler de travail en ce moment, ça fait un peu désordre, vous ne trouvez pas ? » me gronda Elma.
« Où suis-je censée parler de ça avec Chris ? » Elle était la future comtesse. Même en tant que rang platine avec une étoile d’or, je ne pourrais pas parler ainsi en public.
« Hm ? Tu sais, tu as peut-être raison. Mais au moins, parle-lui de quelque chose de plus… coloré. »
« Colorée ? Désolé, nous n’avons pas vraiment vécu une vie colorée ces derniers temps. » Tout ce que nous avons fait, c’est repérer et tuer des pirates, après tout.
« À ce propos, que font les équipes médiatiques sur ton navire pour passer le temps ? » demanda Chris.
« Oh, eux ? Eh bien… »
J’avais parlé à Chris des journalistes et elle nous avait régalés de toutes les plaintes farfelues qu’elle avait reçues. La plus drôle était celle d’un célibataire qui s’était retrouvé déployé dans un endroit rempli de couples mariés et qui s’était plaint : « Ici, tout le monde est amoureux, et je suis seul. Ça craint… Vous avez besoin d’aide ? S’il vous plaît ? »
***
Partie 3
Après notre dîner, Chris avait été emmenée par les gardes de la famille Dalenwald. Lorsque nous étions rentrés au Lotus Noir, j’avais été soulagé de constater que j’avais reçu un message me remerciant et m’informant qu’elle avait rejoint son logement sans encombre.
Le lendemain, nous avions repris notre travail régulier de mercenaires. Le Krishna traversait le système Kormat, tandis que le Lotus Noir nous suivait, ramassant notre butin.
Pourquoi avons-nous utilisé cette stratégie ? Je n’utiliserais jamais le Lotus Noir comme appât pour un navire pirate alors que les médias étaient à bord. Les capacités défensives du Lotus Noir étaient bien plus élevées, grâce aux robots de combat de qualité militaire, mais c’est juste au cas où, vous savez ?
« Maître Hiro ! Un signal de détresse ! »
« C’était rapide. »
Nous avions capté le signal de détresse peu après avoir quitté Kormat Prime. Apparemment, des pirates attaquaient un navire de passagers relativement important.
« Fais-leur savoir que nous sommes en route », avais-je dit à Mimi. « Dis aussi au Lotus Noir de venir avec nous. »
« Roger ! »
Je regardais dans ma périphérie Mimi envoyer des messages à travers sa console pendant que je tournais le Krishna vers la source du signal. C’était assez loin. Il faudra attendre cinq minutes entières avant d’y arriver.
« Aucun autre vaisseau n’est à portée pour arriver à temps », me déclara Elma. « Je vais faire un rapport sur le signal de détresse et les coordonnées de la source à Kormat Prime. »
« Merci. »
Il est probable que nous mettions fin à la situation avant qu’une autre aide ne puisse arriver, mais il pourrait y avoir des gens qui auraient besoin de soins ou de remorquer des vaisseaux endommagés. Il n’y a pas de raison de ne pas leur apporter ce soutien.
« Sauver un navire civil ? Cela ressemble à une fantastique séance de photos ! »
« Soyez sérieux… »
Nya de Nyatflix était à bord du Krishna, préparant déjà son matériel de tournage avec enthousiasme. Je suppose que c’est tout ce que cela représente pour elle, hein ?
« Nous y serons bientôt, » annonçai-je. « La bataille risque d’être mouvementée, alors n’oubliez pas de boucler vos ceintures de sécurité. »
« Aye-aye, Capitaine ! » répondit Nya.
J’avais éteint le moteur FTL. Le boom habituel avait retenti, et les étoiles étaient passées de lignes à des points lumineux singuliers. Parmi eux, je vis un grand vaisseau de passagers, dont les propulseurs étaient détruits. Deux vaisseaux pirates de taille moyenne s’y attachaient, et plus d’une dizaine de vaisseaux plus petits se dirigeaient vers nous.
« C’est ce que nous aimons voir ! » J’avais aussitôt activé nos systèmes d’armes et commencé les manœuvres de combat.
« Deux vaisseaux moyens, quatorze petits ! Ils essaient de monter à bord du vaisseau de passagers ! » déclara Mimi.
« Commençons tout ça. On écrase les mouches ! Surveille surtout les vaisseaux moyens ! »
« D’accord ! »
J’avais affronté les petits vaisseaux de front. J’avais tiré avec nos canons de DCA au passage de l’un d’entre eux pour le détruire instantanément. Les pirates avaient tiré avec des lasers et des canons multiples sur nous en retour, mais cela n’avait eu aucun effet. Il était pratiquement impossible pour de petits vaisseaux de briser les boucliers du Krishna.
J’avais désactivé l’assistance au vol et j’avais actionné les propulseurs de contrôle d’attitude pour tourner de 180 degrés. Ensuite, j’avais remis l’assistance au vol en marche et j’avais accéléré à fond. Maintenant, je les attaquais par l’arrière.
« Petit - ! » avait crié l’un des pirates en réalisant ma position. Il se ressaisit rapidement et donna des ordres à ses vaisseaux. « Tout le monde, dispersez-vous ! »
Ah bon ? Ils ont un commandant compétent.
« Wôw ! ? Mes boucliers ! Nooooonnnn ! »
Cependant, l’énorme différence de performance entre nos vaisseaux ne pouvait pas être surmontée aussi facilement. Mes quatre canons laser lourds avaient déchiré leurs pitoyables boucliers comme du papier. Le premier tir avait facilement épuisé leurs boucliers. Le second avait transpercé leur blindage et leur armature. Et puis, boum ! Ils explosent. C’est normal. Cette fois-ci, j’avais dû viser particulièrement bien, car le vaisseau n’avait perdu que ses capacités de vol, il n’avait pas explosé.
« Gardez vos distances ! Entourez-les et tuez-les ! Évitez le combat à un contre un ! » aboya le pirate.
« Solide analyse », déclara Elma.
« Peut-être, mais ça ne veut pas dire qu’ils peuvent gagner, » répondis-je. S’ils m’encerclaient, je m’en sortirais et les détruirais un par un. Leur commandant n’était pas mauvais, mais leurs mouvements n’étaient pas parfaits. Cela n’aurait aucun sens s’ils ne travaillaient pas à l’unisson.
« Merde ! Il est trop fort ! »
« Je n’arrive pas à le toucher ! »
« Ce n’est pas pour autant que vous pouvez vous enfuir, bande d’idiots ! »
Attendez, vous allez vous enfuir alors que vos amis sont en plein milieu d’une attaque d’abordage ? S’ils survivent et tombent sur vous plus tard, ils vont être furieux.
Cependant, ils ne vivraient pas assez longtemps pour voir cette éventualité. J’avais abattu l’un après l’autre chaque vaisseau, nettoyant les petits vaisseaux pirates.
« Arrêtez ! Ou nous tuerons tout le monde sur ce vaisseau de passagers ! » demandèrent les deux vaisseaux de taille moyenne restants.
« Haha ! » répondis-je en riant. « Rendez-vous maintenant, et peut-être que je vous laisserai vivre. »
En général, je ne négociais pas avec les pirates. De toute façon, ce n’était pas comme s’ils pouvaient tuer tout le monde à bord. Ils voulaient kidnapper les passagers et les vendre au marché noir. Ils ne tueraient jamais volontairement leur propre butin. Ils ne pourraient pas.
Mais on ne sait jamais ce qu’un rat acculé peut faire.
« Quel est le plan ? » demande Elma.
« Ils s’arrêtent. Et je vais les déchirer membre par membre. »
Sur ce, j’avais orienté mes armes vers les propulseurs principaux des vaisseaux de taille moyenne. Après les avoir détruits, je détruirais leurs armes. Après cela ? Le Lotus Noir ne tarderait pas à arriver. Les pirates n’étaient pas les seuls à pouvoir effectuer des attaques d’abordage.
☆☆☆
Normalement, il serait extrêmement difficile de détruire spécifiquement les modules individuels d’un vaisseau, comme les propulseurs et les armes. Cependant, les choses étaient devenues beaucoup plus faciles lorsqu’ils étaient à l’arrêt. C’est encore plus vrai lorsqu’ils sont en plein embarquement. Ils étaient en fait des cibles faciles.
« Non ! Arrêtez-vous ! »
« Pourquoi ? Juste parce que vous l’avez dit ? »
Je tournai rapidement autour des vaisseaux moyens, qui étaient amarrés au grand vaisseau, et j’utilisai mes canons laser lourds pour détruire leurs propulseurs principaux. Naturellement, ils avaient dû baisser leurs boucliers pour monter à bord du vaisseau de passagers, ils ne pouvaient donc pas se défendre pour le moment. Quelques coups de mes lasers lourds, et leurs modules étaient comme cassés.
Les voix frénétiques des pirates retentirent dans nos communications. « Maudits sois-tu !Nous avons des passagers ici. Des otages ! »
Ha ha ha ! Ceux qui aboient ne mordent pas. Jacassez tant que vous le voulez. Vos propulseurs ont disparu, alors vous êtes coincé.
« Vous entendez ça ? Ils disent qu’ils ont des otages. » Je m’étais esclaffé.
Voyant mon sourire diabolique, Elma avait immédiatement joué le jeu. « Oui, je les ai entendus. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Mimi m’avait regardé avec des yeux écarquillés, alors j’avais mis un doigt sur mes lèvres, indiquant de se taire. Nya s’était contentée de sourire et d’attendre.
« Alors si nous intervenons davantage, vous tuerez les otages ? » demandai-je au pirate. « Très bien ! Tuez-les tous. Cela augmentera votre prime, ce qui signifie plus d’argent pour moi. »
« Qu… !? »
« Nous sommes des mercenaires, vous savez », ajouta Elma. « Pas des héros. Pourquoi nous soucierions-nous des otages ? »
« Par contre, cela ne veut pas dire qu’on n’a pas d’émotions », avais-je ajouté. « Nous ressentons parfois une juste indignation. Et voilà le truc : nous allons vous capturer vivants. Gardez cela à l’esprit. »
« La loi impériale est assez sévère pour les criminels. Ils vont adorer faire de vous des exemples. »
« Vous êtes foutus de toute façon. Les choses seront bien meilleures pour vous si vous abandonnez. »
« Salopardddddddddss ! »
Oh, il est en colère. Mais je m’en moquais et j’avais continué à détruire les armes des deux vaisseaux. À présent, ils étaient nus et sans défense.
Alors que j’avais terminé mes préparatifs, le Lotus Noir était sorti du FTL avec un boom.
« Je suis désolée de t’avoir fait attendre, Maître. »
« Le timing est parfait, Mei. Demande à nos robots de combat d’envahir les bateaux pirates attachés à ce navire de passagers privé. Une fois les navires pirates saisis, qu’ils se dirigent vers le navire de passagers et soumettent les pirates qui s’y trouvent. »
« Compris. Je les enverrai avec des armes non létales. »
« Excellent. Nous surveillerons pour les renforts. Tu commandes les robots. N’oublie pas de faire savoir à Tina et Wiska qu’il faut commencer la récupération. »
« Aye-aye. »
Notre appel avec le Lotus noir s’était terminé. Les communications avec les pirates avaient également été coupées à un moment donné, probablement parce qu’il s’agissait d’une conversation ouverte. En apprenant que des robots de combat s’en prenaient à eux, ils s’étaient probablement préparés à se battre.
« Maintenant, nous n’avons plus qu’à regarder le feu d’artifice », avais-je dit.
« Oh ? On ne va pas les aborder ? » Nya, qui avait souri en silence pendant tout ce temps, avait exprimé sa déception.
J’avais haussé les épaules. « Nous ne savons pas combien de pirates il y a à bord, mais deux navires de taille moyenne en totalisent probablement trente. Face à ça, nous avons dix robots de combat à la pointe de la technologie, même s’ils n’utilisent que des armes non létales. Il n’y a aucune raison de risquer nos propres peaux. »
« Ahhh… Mais ma séance photo… »
« Je ne vais pas risquer ma vie pour que vous puissiez prendre de belles photos. »
D’ailleurs, c’est pour ça que j’avais dépensé autant d’argent pour les robots de combat de qualité militaire : pour combattre les pirates quand ils envahissaient notre navire ou d’autres, et pour envahir nous-mêmes les navires pirates.
J’avais subi un entraînement difficile, qui m’avait fait vomir du sang. Cela avait fait de moi un bon combattant, certes, mais cela ne voulait pas dire que j’avais envie de me lancer dans toutes les batailles, avec ou sans armure de force. Si je pouvais résoudre ces problèmes plus efficacement en dépensant de l’argent, c’est ce que je ferais. Comme tout le monde, d’ailleurs ?
***
Partie 4
« Tout le monde, préparez-vous à la bataille ! Voici venir ces satanées boîtes de conserve ! »
Merde ! Ce salaud de mercenaire ne s’est pas du tout soucié des otages ! J’étais là, en fait sur le point de tuer tout le monde à bord, mais j’ai trop peur de ce qui se passera après. Quoi que je fasse, je risque d’être capturé, mais je ne tuerai pas les otages devant d’autres personnes.
Les criminels de classe B, comme les anciens pirates, pouvaient s’en tirer en faisant des travaux forcés jusqu’à ce qu’ils meurent. S’ils avaient de la chance, ils seraient à nouveau libres un jour. Mais si nous massacrions des innocents en plein jour, nous serions à coup sûr des criminels de classe A. Les criminels de classe A étaient en fait des cobayes privés de tous les droits de l’homme. Les scientifiques pouvaient les utiliser comme ils le voulaient, même si cela les tuait, et je n’étais pas du genre à m’intéresser à cette merde.
Ils te lançaient dans l’espace, puis te jetaient dans une capsule médicale juste pour pouvoir recommencer. Et ce n’était que le début. Les gars qui avaient le cerveau grillé à cause de la RV expérimentale étaient les plus chanceux. Les pauvres bâtards utilisés comme cobayes pour l’expérimentation génétique étaient parmi les plus mal lotis. Laissez-moi vous dire que le fait d’être maintenu en vie pour obtenir des données alors que vous gémissez d’agonie est un véritable cauchemar. Je ne voulais pas que cela m’arrive, quoi qu’il arrive.
« Escouade d’invasion ! Ne faites pas de conneries, comme de tuer les otages ! Si vous le faites, je vous livrerai moi-même à ces maudits scientifiques pendant que je m’en tirerai à bon compte ! »
Une cavalcade d’injures était revenue par le communicateur, mais je m’en moquais. J’avais pris soin d’enregistrer tout cela dans le journal. Au moins, cela me permettrait d’échapper à la pire des punitions. Soudain, j’avais entendu quelque chose frapper mon vaisseau. Ce n’était pas ce fichu mercenaire qui attaquait, pour autant que je puisse en juger. Attendez, des dégâts sur le blindage ? Non. C’était le bruit d’une nacelle d’abordage !
« Merde, ils sont là ! » J’avais sorti mon pistolet laser usé de son étui et j’avais couru hors du cockpit. Je vais arracher la tête de ces soldats de plomb et les transformer en jouets !
☆☆☆
Mei avait envoyé dix robots de combat au total, cinq pour chaque vaisseau. Des rapports occasionnels avaient été envoyés en réponse.
« Prise de contrôle du vaisseau ennemi. »
« Attaque à la grenade EMP confirmée. Dommages minimes. »
« Neutralisation réussie de deux combattants ennemis. »
« Confirmation de la suppression des navires ennemis. Préparation pour entrer dans le navire de passagers. »
Ceux d’entre nous qui se trouvaient dans le cockpit du Krishna avaient une vue plongeante. Sous la direction de Mei, les robots avaient neutralisé avec efficacité les pirates en masse.
« Ils les ont vraiment écrasés, n’est-ce pas ? » se dit Mimi.
« J’espère bien », répondis-je. « Sinon, j’aurais l’impression d’avoir gaspillé les 60 000 Ener que j’ai dépensés pour chacun d’eux. »
« Mais nous avons facilement vaincu les robots de combat sur Sierra III, n’est-ce pas ? »
« Leur capsule d’atterrissage avait été touchée lors de la descente, et ils avaient subi de lourds dommages dus aux lasers avant de pouvoir s’activer complètement. De plus, il n’y avait qu’une seule nacelle. Si les robots de cette capsule d’atterrissage avaient tous démarré correctement et attaqué en même temps, nous aurions été en danger. »
« Je vois. Est-ce ça la différence ? »
En y repensant, nous avions régulièrement de la malchance, mais nous n’avions jamais eu le pire dans aucune situation. Cependant, nous étions encore un peu trop malchanceux pour mon confort personnel.
« C’est un peu facile, hein ? »
« Seulement parce que j’ai dépensé de l’argent pour obtenir l’équipement qui rendrait les choses faciles. Il faudra attendre longtemps avant qu’il ne soit rentabilisé. »
En général, la prime sur la tête d’un pirate était versée qu’il soit mort ou vivant, mais la capture d’un pirate vivant donnait droit à un bonus. Si tu veux vraiment gagner de l’argent en chassant les pirates, des choses comme un vaisseau mère qui peut ramener des tonnes d’objets et des robots de combat qui peuvent les envahir et les capturer vivants augmenteront tes revenus à pas de géant. Certes, tu dois investir beaucoup d’argent pour en arriver là, et il te faudra du temps pour rentrer dans tes frais. Mais je gagnerai beaucoup plus d’argent ainsi que je ne l’aurais jamais fait en tant que simple mercenaire avec un petit vaisseau.
« J’ai besoin de plus de photos ! » s’écria Nya. « C’est une opération de sauvetage de civils, mais il n’y a pas eu de moment fort ! J’ai besoin de mon point culminant ! »
« Ne soyez pas ridicule ! Argh, ne vous appuyez pas non plus sur moi par-derrière ! Et enlevez vos seins de ma tête ! Nous sommes en pleine bataille, idiote ! Je vais vous jeter dans l’espace ! »
« Si fort… »
« Ah ha ha… »
Les filles, je ne peux pas enlever mes mains du volant, alors pouvez-vous s’il vous plaît enlever cette idiote de moi ? De plus, je ne la laisserai plus jamais entrer dans le cockpit du Krishna. Ce n’est pas un jeu, bon sang !
☆☆☆
« D’accord, alors nous allons vous débarrasser de ces crétins. »
« Merci. »
Les soldats de la flotte impériale avaient salué. Je les avais salués à mon tour et je les avais regardés transporter les pirates que nos robots de combat avaient maîtrisés. Par chance, un navire de la flotte impériale avait capté le signal de détresse du navire de passagers et était arrivé en fonçant, alors nous avions profité de l’occasion pour leur remettre les pirates capturés. La flotte impériale allait également ramener l’un des vaisseaux pirates de taille moyenne capturés à Kormat Prime pour nous, et le Lotus noir transporterait l’autre. Pendant ce temps, nous avions stocké deux petits navires délabrés et de pièces détachées dans le hangar du Lotus noir.
Cela signifiait que nous pouvions bricoler deux vaisseaux de transport moyens et deux petits vaisseaux de transport à vendre. Ajoutez à cela les primes de capture et de vie des pirates ainsi que la récompense pour avoir sauvé le vaisseau de passagers, et vous obtenez une belle somme d’argent. Une fois de plus, je ne pouvais pas m’empêcher de sourire.
Les jumelles mécaniciennes regardaient avec excitation les restes du petit navire qui étaient transportés à l’intérieur. Elles étaient sérieusement excitées.
« Woo-hoo ! J’adore les défis ! »
« Faisons de notre mieux, soeurette ! »
J’avais vu cette étincelle dans leurs yeux, elles devaient adorer pouvoir s’amuser avec des vaisseaux spatiaux, sans retenue. Obtenir une part des recettes était sans doute encore plus motivant.
« S’il vous plaît, ayez pitié… Ne voyez-vous pas à quel point je me sens mal ? » supplia Nya. Elle s’était agenouillée en signe d’excuse à mes pieds, mais je l’avais ignorée. Sois reconnaissante de ne pas avoir été jetée dans l’espace.
« Nyatflix en a fini, ce qui veut dire que c’est au tour de Fomalhaut, » annonçai-je.
« Ha ha ha ! Ça ne vous dérange pas si je le fais ! » Zwya, l’homme-bête de Fomalhaut Entertainment, avait ri bruyamment en montant à bord du Krishna.
« Grrrrrr… » Nya lui lança un grognement haineux. Mais lorsqu’elle réalisa que je la regardais, elle me fit un clin d’œil dragueur, effrontée au possible.
Et maintenant ?
« Je… je rembourserai cette gaffe avec mon corps, si c’est ce que vous voulez ! », supplia-t-elle.
« Moins cinq points pour Nyatflix. »
« Noooon ! Attendez, on a des points maintenant !? »
Pas de tentative évidente de me séduire ?
Les autres membres du personnel de Nyatflix regardèrent Nya avec agacement, qui continuait à nuire à leur réputation. J’espère que tu t’en souviendras longtemps, même si le fait qu’elle puisse encore faire des blagues ne m’inspire pas beaucoup de confiance.
« Si vous perdez dix points au total, vous gagnez un beau voyage dans l’espace dans une capsule de sauvetage. »
« D’accord… » Nya s’affaissa tristement.
L’histoire de la capsule de sauvetage était une blague, bien sûr. Mais si elle fait encore des blagues, je ramène toute l’équipe de tournage de Nyatflix à Kormat Prime et je les y laisse.
« Je ne veux pas que vous fassiez quelque chose de stupide parce que vous pensez que vous vous en sortirez si vous ne le faites qu’une fois. Essayez, et vous serez éliminée. »
« Ha ha ha, je sais », acquiesça Wamdo de Space Dwergr.
« Nous ne ferions jamais une telle chose. » Allen de Mobius Ring avait souri.
Ne croyez pas que je n’ai pas remarqué que vous vous êtes crispés pendant une seconde. Un capitaine voit tout !
Cela ne faisait pas longtemps que nous avions quitté Kormat Prime, mais nous avions beaucoup de butin, alors il faudrait y retourner et le vendre. Voler avec une soute pleine affecterait notre mobilité, sans parler du fait que nous ne pourrions pas en récolter davantage. Cela dit, interrompre notre patrouille pour vendre immédiatement notre butin irait à l’encontre du but. Nous jetterons donc les débris du bateau pirate et le reste dans un espace de stockage que nous avons réservé. Ensuite, nous repartirons tout de suite.
« Nous resterons ici dans la colonie pour travailler à la remise en état de ces navires. »
« Bien reçu. Je doute qu’il se passe quelque chose, mais soyez prudentes, juste au cas où. »
« Oui, monsieur ! »
Les jumelles mécaniciennes resteraient sur Kormat Prime pour travailler sur les vaisseaux que nous vendrions. Il n’y aurait pas de danger tant qu’elles resteraient sur place et se concentreraient sur leur travail, alors je m’étais dit que tout irait bien. Le port était particulièrement sûr, grâce à la flotte impériale et à la sécurité de la colonie qui le surveillaient de près.
« Nous resterons également dans la colonie pour les interviewer, si vous êtes d’accord », dit Wamdo.
« Bien sûr, mais ne vous mettez pas en travers de leur chemin. »
« Mais bien sûr. »
Wamdo et son équipe de Space Dwergr resteront donc dans la colonie. Zwya, ceux de Fomalhaut Entertainment, monterait à bord du Krishna tandis que le reste du personnel de Fomalhaut, Nyatflix et Mobius Strip enregistrerait sur le Lotus noir.
Après avoir garé le Krishna dans le hangar du Lotus noir, j’avais fait une pause dans le salon. Là, Allen avait alors dit quelque chose de bizarre.
« Vous êtes très occupé par votre travail. Ou peut-être devrais-je dire diligent ? »
« Hmm ? Est-ce ce que vous pensez ? »
« Oui. Vous êtes bien différents de nos propres idées préconçues sur les mercenaires. »
« Je ne sais pas vraiment à quoi ressemble l’image commune d’un mercenaire. »
Je n’étais pas né dans cet univers, alors il y a beaucoup de choses que j’ignorais. Ce n’est pas comme si j’avais tardé à apprendre ce genre de choses, mais le bon sens de mon ancien monde était encore gravé dans mon esprit, ce qui rendait difficile l’accoutumance aux valeurs et aux stéréotypes de cet univers.
« Le mercenaire moyen a tendance à être une personne qui gagne beaucoup d’argent, qui dépense tout en plaisirs frivoles, et qui paresse généralement jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau à court d’argent. »
« C’est vrai. Mais pas vous, capitaine Hiro. À cet égard, vous êtes très… diligent ? Stoïque ? »
« Diligent et stoïque, hein ? » Je n’en savais rien. Je m’amusais tout le temps avec Mimi, Elma et Mei. Je mangeais des plats délicieux tous les jours, grâce au Steel Chef. Et j’avais tendance à acheter des choses sans vraiment réfléchir à leur coût.
« Pour parler franchement, » dit Nya, « on s’attendrait à ce que vous tourniez autour de ces deux charmantes dames toute la journée et toute la nuit. »
« Voulez-vous perdre encore des points ? »
« Non, non ! Je parle juste du point de vue du téléspectateur moyen ! C’est ça !? » s’écrie Nya. Elle regarda Zwya et Allen, espérant leur accord, mais ils se contentèrent de rire sèchement et de la balayer du revers de la main. Ils n’étaient peut-être pas d’accord, mais le fait qu’ils ne soient pas ouvertement en désaccord était la preuve qu’ils avaient pensé la même chose.
« Nous allons considérer les points comme une blague », avais-je dit. « Mais est-ce à ça que vous voulez en venir, hein ? Si vous passiez tout votre temps à faire des bêtises, vous ne prendriez jamais la peine d’améliorer votre vaisseau, et vos sens s’émousseraient. Je doute que vous vous amélioriez un jour dans votre travail. »
« Cette déclaration est impressionnante de stoïcisme en soi. »
« Hiro s’efforce toujours de s’améliorer », ajouta Elma.
« Je ne veux pas que mes sens s’émoussent. Je ne veux pas mourir, et je ne veux pas perdre mon équipage. Des vies sont en jeu. Alors pourquoi ferais-je des économies ? » Ce serait une chose si je mourais à cause de ma propre erreur stupide, mais les vies de Mimi et d’Elma reposaient aussi sur mes épaules. C’était le fardeau le plus lourd à porter.
« Un mercenaire de rang platine avec une étoile d’or a vraiment un état d’esprit complètement différent. »
« Eh, peut-être que je suis juste un bourreau de travail. Quoi qu’il en soit, la pause est terminée. Le Krishna va bientôt décoller. Il faut qu’on se remette à patrouiller. Mei, continue d’analyser ces caches de données pour moi. »
« Oui, laisse-moi faire. »
***
Chapitre 4 : Une vie autochtone étrange
Partie 1
« Alors, ne va-t-on pas voir quelque chose de plus… rock-and-roll ou quelque chose comme ça ? » Zwya s’était plaint.
« Quelle partie exactement d’une patrouille de routine vous attendez-vous à voir être du rock-and-roll ? »
Pendant environ deux heures après avoir quitté Kormat Prime, nous avions poursuivi notre travail de patrouille sans problème. Nous avions une certaine liberté dans ce système en vertu des ordres du comte Dalenwald, mais si nous ne tombions pas sur des pirates de l’espace, ce serait juste un petit trajet agréable. Nous avions anéanti tout le groupe de pirates qui avait attaqué le vaisseau de passagers, alors il se pourrait que nous ne voyions plus de pirates dans cette zone pendant un moment.
« Oh, nous avons un message urgent des forces de défense de Kormat III ! » annonça Mimi.
« Gah. Eh bien, voilà le rock-and-roll que vous vouliez. C’est ce qu’on obtient en vous laissant parler. »
« Woo-hoo ! »
« N’applaudissez pas… Alors, Mimi, de quoi ont-ils besoin ? »
« Euh… Il semblerait qu’une faune agressive originaire de Kormat III soit en train d’attaquer une colonie. Ils veulent que tous les vaisseaux capables de mener des raids aériens se dépêchent de rejoindre Kormat III et d’apporter un soutien aérien. »
« Des raids aériens ? » répétai-je, confus. Quelle demande insensée !
Ils venaient peut-être à peine de commencer à développer la région, mais faire une demande de sauvetage urgent juste à cause d’une attaque d’animaux, c’était bizarre. Les colons n’auraient pas les armes les plus puissantes — ils n’étaient pas des militaires, après tout — mais ils auraient dû avoir au moins des fusils et des pistolets laser, qui étaient bien plus puissants que des armes utilisant des balles de métal et de la poudre à canon. Le vaisseau qui leur servait de base aurait dû avoir un générateur de bouclier ainsi que des armes comme des tourelles laser et des canons multiples. Mais surtout, il était très étrange qu’ils n’aient pas eu connaissance d’une faune aussi dangereuse jusqu’à présent. Ils auraient dû étudier la zone avant et après la terraformation. On aurait pu penser qu’ils l’auraient découverte et neutralisée depuis le temps.
« C’est un peu louche. Sommes-nous sûrs que cela vient des forces de défense de Kormat III ? » demandai-je.
« Hum, oui. Absolument », répondit Mimi.
Je marquais une pause. « Vérifie deux fois avec leur QG, juste au cas où. Et avec le client aussi. Oh, et assure-toi d’enregistrer tous les journaux de communication. »
Puisque Zwya était à bord, il serait probablement préférable d’éviter d’utiliser directement le nom de Chris. Cependant, même si nous cachions notre relation professionnelle, n’importe qui avec un cerveau pourrait comprendre que nous étions proches.
« J’ai compris ! »
« Qu’est-ce qu’on fait ? » demanda Elma.
« Nous ne pouvons pas ignorer un message du quartier général des forces de défense. Mimi, fais savoir à Mei que nous nous rendons à Kormat III. »
« D’accord ! » Mimi avait beaucoup à faire dans ces moments-là.
Je dois dire que le fait qu’elle puisse gérer autant de travail sans difficulté est la preuve qu’elle est une opératrice de premier plan maintenant. Je devrais ajuster à nouveau l’échelle de ses salaires bientôt…
« Mettons le cap sur Kormat III. »
« Aye-aye, je prépare la route », répondit Elma rapidement. Nous étions déjà en voyage FTL, nous n’avions donc pas besoin de passer par tout le processus de démarrage.
« Alors, Elma, qu’en penses-tu ? »
« Eh bien, c’est bizarre. Ce qui ne veut pas dire que je dirai que ça ne peut pas arriver. » Elle avait aussi en ce moment des doutes sur cette demande de raid aérien.
« Soit ils ont négligé quelque chose, soit la terraformation a provoqué une sorte de mutation rapide, hein ? »
« Ça, ou alors c’est un sabotage intentionnel de la part d’une tierce personne. »
« Ah, ça c’est une théorie possible. »
Le sabotage intentionnel d’un tiers — la possibilité que quelqu’un ait apporté de puissantes armes biologiques sur la planète et les y ait élevées en secret… Je ne peux pas dire que c’est impossible. Si quelqu’un voulait saboter les intérêts de la famille Dalenwald, c’était tout à fait envisageable. Si cette tierce personne était démasquée, ce serait la fin de l’histoire. Mais s’il ne l’était pas, ce serait un moyen de harcèlement extrêmement efficace. Quoi qu’il en soit, cela s’avérerait un obstacle majeur aux efforts de colonisation de la famille Dalenwald si les événements en cours entraînaient de lourdes pertes près des colonies.
« Et le fait qu’ils ne soient pas équipés pour y faire face eux-mêmes signifie…, » J’avais frémi.
« Ce n’est pas garanti, mais oui. Il est probable que cela ait été orchestré par une tierce personne », confirma Elma.
« Oh… »
« Voilà le rocher, alors on se lance ! »
« Je ne connais pas encore le niveau de menace. Et assurez-vous de couper la conversation que nous venons d’avoir », avais-je prévenu Zwya. « À moins bien sûr que vous ne veuillez potentiellement vous retrouver au milieu de disputes secrètes entre nobles. »
« Ha ha ha, bien sûr ! Les batailles spatiales sont bien plus divertissantes que ces dialogues sombres et collants, de toute façon. Mais les gens de Nyatflix pourraient être intéressés. »
En fait, oui. Nya serait tout à fait d’accord.
De toute façon, ce serait notre première bataille sous gravité planétaire depuis un certain temps. Si nous étions confrontés à la faune indigène, ce serait probablement comme chasser des canards assis. Il faudrait quand même que je fasse attention et que je ne fasse rien de stupide, comme, par exemple, piquer du nez directement dans le sol.
☆☆☆
Boum ! Dans un rugissement, les étoiles qui s’étaient étirées en lignes se transformèrent à nouveau en taches.
« Voyage FTL interrompu. Calcul de la trajectoire de descente jusqu’à l’emplacement de la cible ! » annonça Mimi.
« D’accord, nous allons faire une petite pause avant que tout le monde ne commence à descendre. Avons-nous des informations sur l’ennemi ? »
« Oui, hum… Voilà. Je te l’affiche à l’écran maintenant. » Mimi avait affiché sur l’écran du cockpit les animaux sauvages qui attaquaient les installations de Kormat III.
« Wôw, c’est fou. Ils ont dépassé le stade de l’intimidation et de la méchanceté pure et simple… On dirait une masse de pure méchanceté. »
« Oui, ça ne ressemble pas à un être vivant naturel. »
La… chose… affichée sur l’écran ne pouvait être décrite que comme sinistre. Elle était d’une couleur brun jaunâtre, et le fait que sa peau ait une apparence très humaine ne faisait qu’empirer les choses.
Il y avait en gros trois types différents de la créature. Le premier mesurait cinq mètres de haut et possédait plus de vingt pattes — chacune ressemblant à une jambe humaine — qu’il utilisait pour poursuivre ses proies. Elle se servait ensuite de ses deux bras pour la battre à mort avant de l’engloutir. Ses dents étaient également semblables à celles d’un humain, ce qui était pour le moins effrayant. Ses mains étaient recouvertes d’une matière rocheuse et tranchante qui était, paraît-il, assez puissante pour transformer un humain désarmé en viande hachée d’un seul coup.
Le deuxième type avait aussi des tonnes de pattes, mais elles ressemblaient plus aux pattes d’un éléphant. Tout son corps était aérodynamique, comme un bateau retourné. Son front était recouvert de la même substance rocheuse que le premier type, et il s’en servait apparemment pour charger et percuter les choses. Même les fusils et les pistolets laser étaient inefficaces contre ce revêtement rocheux. La chose mesurait environ quinze mètres de long et sept mètres de haut, ce qui la rendait beaucoup plus grande que le premier type.
C’est le troisième type qui posait vraiment problème. Celle-ci était plus petite que les deux autres et ne mesurait que deux mètres. Il se déplaçait sur six pattes semblables à celles d’un humain. Bien qu’il ne se déplaçait pas très vite et qu’il n’avait pas de revêtement rocheux, il possédait un canon laser intégré aussi puissant que les fusils lourds laser. Leur puissance et leur portée surpassaient nettement celles des fusils laser dont disposaient les colons. Ces engins avaient une puissance de feu suffisante pour abattre des missiles à tête chercheuse, des drones d’attaque et même des vaisseaux sans bouclier.
« Ils ont tout un dispositif de première et de deuxième ligne, hein ? Les animaux sauvages dotés de rayons laser destructeurs sont-ils fréquents ? »
« Ce ne sont pas les premières formes de vie bizarres que nous voyons. Tu te souviens des formes de vie cristalline ? »
« Oui, c’était quelque chose, mais… »
Les formes de vie cristalline étaient des êtres agressifs et inorganiques qui étaient non seulement capables de voyager dans l’espace interstellaire, mais aussi de tirer des lasers et de mystérieux faisceaux d’énergie. Pourtant, il s’agissait bien de formes de vie. Mais ce que j’essayais de demander, c’était si une planète habitable connue possédait des formes de vie aussi puissantes. Être capable de cracher du poison est une chose. Les lasers intégrés étaient manifestement trop puissants pour qu’un seul prédateur puisse les manier.
« Je déteste me répéter, mais ça ne ressemble vraiment pas à un être vivant naturel », déclara Elma.
« C’est sûr. Quoi qu’il en soit, tuons-les et finissons-en. »
« Vous êtes terriblement désinvolte. Ne recensez-vous pas un sentiment de danger ? » demanda Zwya.
J’avais haussé les épaules, sans prendre la peine de me retourner. « Dix mille, un million, peu importe — ils ne représentent aucune menace pour le Krishna. »
« Si leur puissance est similaire à celle d’un canon laser, » expliqua Elma, « alors leur portée sera limitée à l’intérieur de l’atmosphère de la planète. Les canons laser du Krishna sont beaucoup plus puissants et ont une portée beaucoup plus longue, nous pouvons donc les écraser de loin. »
« De plus, nous avons le Lotus noir. Nous pouvons utiliser les données d’observation du Krishna pour tirer avec les canons multiples et le canon EML depuis la stratosphère. »
Les multicanons étaient souvent considérés comme à peine mieux que des tireurs de pois, mais ils étaient extrêmement efficaces contre les ennemis dépourvus de boucliers. Il s’agissait de canons de vaisseaux qui tiraient aussi vite que des mitraillettes. Les balles étaient si grosses que je pouvais à peine les tenir, bien que je n’aie aucune idée de leur calibre réel. Si un humain sans armure en prenait une de plein fouet, il serait réduit en miettes d’un seul coup. Les animaux sauvages qui se déchaînent sur cette planète ne feraient pas exception à la règle.
Quant à l’EML à l’avant du Lotus noir, il pourrait affecter les colonies s’il était tiré à pleine puissance sans précaution. La puissance de feu — ou la vitesse initiale — pouvait être ajustée librement, cependant, alors Mei pourrait probablement faire en sorte que ça fonctionne.
« Je vois… En d’autres termes, nous avons une différence écrasante de puissance de feu. »
« Oui. Je pense que ce sera un massacre à sens unique. »
« Notre chemin d’entrée a été calculé et fixé ! Je vais maintenant afficher le trajet. »
« J’ai compris. Lotus noir, suis-nous. »
« Aye-aye. »
J’avais suivi l’itinéraire que Mimi avait tracé et j’avais commencé la descente vers Kormat III.
Cependant, lorsque nous avions commencé à descendre, Zwya cria. « Wôw !? Est-ce qu’on va s’en sortir ? » Ce devait être la première fois qu’il entrait dans l’atmosphère d’une planète.
« Oui. Entrer dans l’atmosphère, c’est un peu effrayant, hein ? »
L’air de l’autre côté du bouclier brûlait d’une couleur rouge. Tout tremblait et le bruit était intense. Je savais que la compression adiabatique rendait l’air super chaud et tout ça, mais pourquoi l’autre côté du bouclier s’est-il mis à brûler ? Est-ce qu’il générait du plasma en raison de la chaleur ?
« Dans le ciel au-dessus de la destination. »
« Oh, ils sont là. »
***
Partie 2
D’autres cuirassés s’étaient déjà déployés et fauchaient la faune qui se précipitait en essaim. Les lasers à haut rendement des cuirassés frappaient la surface, soufflant les monstres ainsi que la terre sur laquelle ils se trouvaient.
Les gens l’avaient souvent mal compris, mais les canons laser ne faisaient pas fondre les cibles avec leurs lasers surpuissants. En fait, ils vaporisaient ce qu’ils irradiaient, ce qui provoquait une explosion. C’est la chaleur et l’impact qui détruisaient réellement la cible. En d’autres termes, pendant qu’ils tiraient sur la faune à la surface, ce qu’ils faisaient en réalité, c’était de provoquer une tempête d’explosions, de chaleur et de destruction avec leurs lasers.
« Active les systèmes d’armement », avais-je ordonné. « Réduis la puissance au minimum pour donner la priorité à la cadence de tir. »
« Compris. Ajustement en cours », répondit Elma.
« Lotus noir, concentre-toi aussi sur l’utilisation de ta tourelle laser. N’utilise les multicanons que si la colonie est en danger. »
« Aye-aye, Maître. »
Les balles des multicanons et les munitions de l’EML n’étaient pas vraiment bon marché. Les lasers n’utilisaient pas de munitions, ce qui les rendait beaucoup plus faciles pour mon portefeuille.
« Franchement, regardez combien il y en a. »
« C’est un peu dégoûtant… »
Il semblerait qu’ils s’étaient déjà occupés de tous les lanceurs de laser à longue distance, alors les cibles restantes n’étaient plus que les premières lignes et les chargeurs. Ce serait un véritable massacre. Ces créatures terrestres ne pouvaient pas nous toucher depuis tout ce chemin. Tout ce que nous avions à faire, c’était de nous assurer que le bouclier de la colonie ne soit pas détruit.
Sur mes quatre canons laser lourds, j’avais orienté les deux plus bas vers les animaux sauvages qui s’approchaient de la colonie et les deux plus hauts vers ceux qui se trouvaient plus loin. En utilisant la puissance minimale, la cadence de tir était plus rapide et l’irradiation laser durait plus longtemps, ce qui rendait tellement simple ce nettoyage.
« Au moins, les habitants auront de quoi manger après ça », remarqua Elma.
« Hein ? » Mimi et moi avions sursauté à l’unisson.
Qu’est-ce qu’il y a ? Ils vont les manger !?
« Il s’agit manifestement de formes de vie organiques. J’imagine que tu peux probablement les décomposer en protéines. »
« Beurk, c’est dégoûtant. »
« Quel goût pensez-vous qu’ils ont ? » se demanda Mimi.
« Hein ? » Je l’avais regardée avec étonnement.
« Quoi ? » Elle me regarda à son tour, tout aussi surprise.
Hum… N’est-elle pas dégoûtée par leur aspect ? Est-ce sa curiosité culinaire qui l’a emporté ?
« Je pense qu’ils pourraient avoir bon goût ! » balbutia-t-elle.
« Bien sûr… D’accord. »
Ceux qui se trouvaient sur la ligne de front avaient l’air clairement humanoïdes, alors je n’avais aucun appétit pour eux. La mission de Mimi était de goûter à toute la nourriture que la galaxie avait à offrir. Sa force mentale était, euh… louable. Bien sûr, faisons comme ça. Moi ? Non. Je passe mon tour.
☆☆☆
Notre tâche accomplie, nous avions immédiatement commencé notre ascension à travers l’atmosphère de Kormat III.
« Alors, quand tout est terminé, vous retournez directement dans l’espace ? » murmura Zwya.
« Eh bien, oui. Nous sommes des mercenaires, alors…, » j’avais laissé tomber.
« Tirer sur des trucs depuis notre vaisseau, c’est notre principale activité », ajouta Elma. « Les renseignements et les intrigues ne font pas partie de notre domaine d’expertise. »
« Ça ne sert à rien d’utiliser une tronçonneuse ou une hache pour faire de la chirurgie, n’est-ce pas ? »
Après avoir écrasé la « faune » manifestement non naturelle, nous avions trouvé des structures de surface bizarres qui semblaient être leurs nids et nous les avions oblitérés avec l’EML du Lotus Noir et d’autres canons. À ce stade, les soldats lourdement armés de la flotte impériale étaient probablement en train de fouiller le nid de manière exhaustive.
« Mais n’es-tu pas curieux ? Il ne s’agissait manifestement pas de véritables animaux sauvages indigènes. »
« Eh bien, oui, bien sûr que je suis curieux, mais ce n’est pas de mon ressort. Je peux les aider s’ils ont besoin de plus de puissance de feu après l’enquête, mais ça ne sert à rien d’essayer d’assister à des choses dont je ne sais rien. Je serais bien plus utile en chassant les pirates. C’est mieux pour nous aussi. »
« Parce qu’on gagne plus d’argent comme ça ! » s’exclama Mimi avec enthousiasme.
« Exactement ! » J’avais levé le pouce vers elle.
« Êtes-vous vraiment d’accord ? » dit Zwya, inquiet.
C’est ainsi que fonctionne le travail de mercenaire. Le Krishna, le Lotus Noir et moi étions tous forts, et Mimi et Elma étaient des équipières fantastiques, mais cela ne signifiait pas que nous pouvions tout faire.
« Il faut les bonnes personnes aux bons endroits, pour que chacun puisse faire ce qu’il sait faire le mieux. Il n’y a rien de bon à ce que nous mettions notre nez dans les affaires des autres juste pour le plaisir. »
« Je vois. » Zwya semblait convaincu.
En vérité, mettre notre nez dans des affaires qui ne nous concernent pas ne ferait que faire passer notre malchance à la vitesse supérieure. Nous serions certainement entraînés dans quelque chose d’affreux. Je n’avais pas besoin de plus d’ennuis dans ma vie. J’en avais déjà assez comme ça.
« D’ailleurs, dans des moments comme ça — ! »
Mes paroles furent interrompues par la voix de Mei qui résonnait dans le cockpit. « Maître, un rapport », dit Mei.
« Qu’est-ce qu’il y a ? Oh, as-tu fini de lire les caches de données ? »
Pendant l’attaque d’abordage des pirates, nous avions capturé deux vaisseaux qui n’étaient pratiquement pas endommagés, à l’exception de leurs armes et de leurs propulseurs. L’embuscade des robots les avait déstabilisés et ils n’avaient pas détruit ou effacé le contenu de leurs caches de données ou de leurs boîtes noires. Par conséquent, Mei s’était attelée à les analyser.
« Oui. J’ai maintenant l’emplacement de leur cachette ainsi que des données sur leurs transactions. »
« Fantastique. Alors nous vendrons les données de localisation à la flotte impériale », dis-je. « Ou bien devrions-nous d’abord le signaler à Chris ? »
« Oui, je crois que ce serait la meilleure solution. Mlle Christina pourra mettre les forces de la flotte impériale au travail beaucoup plus rapidement et efficacement que nous. De plus, j’ai appris quelque chose d’autre à partir des données… »
« Ah oui ? Qu’est-ce que c’est ? »
« Il semblerait que quelqu’un finance et équipe ces pirates afin de saboter les efforts de colonisation actuels du comte Dalenwald. Les flux d’argent et de fournitures sont bien trop importants pour des pirates ordinaires. »
« Ha… Discutons-en aussi avec Chris. Je te laisse le soin de prendre les dispositions qui s’imposent. »
« Oui, Maître. Je veillerai à ce que ce soit fait. »
L’appel du Lotus noir, qui contenait actuellement Mei et le reste de l’équipe des médias, se termina. Il se trouve que le Krishna avait également fini de quitter l’atmosphère à ce moment-là. Maintenant que j’avais un moment pour reprendre mon souffle, je m’étais tourné vers Zwya, qui était assis dans le sous-siège à l’arrière du cockpit.
« Comme je le disais, dans des moments comme celui-ci, les ennuis viennent généralement à nous sans que nous ayons besoin de montrer le bout de notre nez. C’est amusant, non ? »
« Très amusant », dit Zwya en souriant. « Même si je ne souhaiterais moi-même jamais avoir autant de malchance. »
« Au moins, vous ne seriez jamais à court d’histoires. »
Quand je marchais dans la rue, je rencontrais de jolies filles. Quand j’allais dans l’espace, je captais des signaux de détresse et je devais sauver des vaisseaux de passagers des pirates. Quand j’atterrissais sur des colonies, je devais combattre des formes de vie mutantes bizarres dans mon armure de puissance. Lorsque je combattais des pirates et que je fouillais dans leur butin, je ramassais encore plus de jolies filles. Quand je partais en vacances, la planète se faisait attaquer par des pirates. Quand je gardais des navires nobles, je me retrouvais pris dans des disputes entre nobles. Quand j’allais acheter un vaisseau, je me retrouvais avec deux jolies filles naines. Quand je remplissais une demande de transport à titre d’essai, je me retrouvais dans une guerre entre la flotte impériale et des formes de vie cristallines. Et quand j’allais à la capitale pour recevoir ma récompense, je me retrouvais dans un tournoi stupide.
En gros, j’ai eu la chance la plus merdique qu’un mec puisse avoir !
« Je suis juste un gars normal. Je n’ai pas assez de vie en moi pour survivre à tous ces problèmes », plaisanta Zwya.
« C’est vrai… »
« Vraiment ? »
« Oui, c’est vrai. »
Nous avions tous les trois exprimé notre accord sincère. J’étais peut-être plus grand que nature aux yeux de beaucoup, mais je n’étais finalement qu’un type normal.
☆☆☆
Chris avait pris une décision rapide après avoir reçu des nouvelles de Mei. Elle avait rapidement contacté la flotte impériale en secret et avait rassemblé leurs élites ainsi que l’armée personnelle de la famille Dalenwald afin d’anéantir le repaire des pirates.
Les gens se déplaçaient souvent en secret lorsqu’il s’agissait d’attaquer ces repaires de pirates. Pourquoi ? Parce que les pirates s’enfuiraient si vous faisiez savoir publiquement que vous aviez l’intention de les attaquer. Leurs yeux et leurs oreilles s’étendaient souvent aux colonies voisines, car les pirates payaient les gens pour obtenir des informations.
« C’est pourquoi vous devez être prudent si vous prévoyez de faire un raid sur un repaire de pirates », avais-je expliqué.
« Est-ce la raison pour laquelle nous ne pouvons pas non plus quitter votre navire ? »
« Exactement. Si je vous laisse partir et que vous commenciez à divulguer des infos, ce serait un désastre. »
« Elle ne nous fait pas confiance ? »
Allen et Nya avaient une avalanche de questions à me poser.
« Il y a plein de façons de soutirer des informations à quelqu’un, même s’il n’a pas envie de les partager », dit Elma. « De toute façon, ce n’est que pour deux jours. »
Le Krishna et le Lotus Noir étaient en attente à Kormat Prime jusqu’à ce qu’on nous donne l’ordre de décoller. De toute façon, il faudrait du temps pour rénover et vendre ces navires pirates capturés, alors c’était assez pratique pour nous.
« Nettoyer l’intérieur est encore plus difficile que les réparations… »
« C’est vraiment sale… Je ne peux pas le supporter. »
J’avais eu une courte conversation avec les jumelles hier soir. La pauvre Wiska, qui ne sait pas faire le ménage, avait l’air traumatisée. D’après elle, l’intérieur des bateaux pirates était dégoûtant. Apparemment, ils étaient dans un état si délabré qu’il serait plus rapide de remplacer tout l’intérieur que de le nettoyer.
« Ton navire est étincelant de propreté comparé au leur, chéri, je préfère ça. »
« Il est plus grand, plus lumineux, plus propre, et on y mange tellement bien… »
Je leur avais dit de ne pas trop se forcer, mais elles avaient fort à faire pour réparer les deux navires de taille moyenne. Elles se réveillaient, allaient travailler tôt, rentraient tard, se douchaient et retournaient se coucher. Les robots de combat pouvaient les aider, si on leur donnait le bon équipement, alors je les avais envoyés avec les robots de maintenance du Lotus noir pour aider Tina et Wiska. Ils feraient aussi d’excellents gardes du corps.
D’ailleurs, nous avions laissé les deux naines quitter le vaisseau. Comme elles n’étaient pas au courant de la cachette des pirates, il n’y avait aucun risque de fuite. Je leur avais juste dit que nous allions attendre ici un moment pour nous reposer et les laisser travailler. J’avais cependant l’impression qu’elles se donnaient plus de mal que d’habitude à cause de ça, alors j’avais prévu de demander à Elma de leur dénicher de bons alcools.
« Je vois qu’être mercenaire n’est pas un travail facile. Il y a tellement de facteurs à prendre en compte. »
« Oui. J’imaginais beaucoup plus tuer des pirates, dépenser de l’argent et m’amuser. »
Wamdo et Zwya semblaient à parts égales, impressionnés et déçus, mais je les avais ignorés.
« C’est ce que vous imaginiez, n’est-ce pas ? Je suis bien obligé d’être d’accord. »
« Oui. C’est comme ça que ça se passe normalement. »
« C’est normal pour nous. »
Mimi et Elma étaient d’accord avec elles, mais une fois de plus, j’avais ignoré leur badinage. J’étais là, à penser que je ne faisais que suivre mes rêves, et elles continuaient à me traiter d’ennuyeux et de stoïque. À quoi ressemblaient les mercenaires dans cet univers, au juste ? Avec toutes les conneries que je recevais, je me posais la question.
Alors que tout le monde me tyrannisait, Mei était la seule à prendre ma défense. « Je pense que le mode de vie de mon maître est tout à fait admirable. »
C’est ma Mei ! Je lui ferai soigner mon pauvre cœur brisé plus tard et je pleurerai directement contre sa poitrine. Une partie de moi avait l’impression de tomber dans ses combines — ou peut-être dans les ruses de l’intelligence artificielle — mais je me disais que rien de mal n’arriverait si je la laissais me gâter, même en le sachant. Probablement.
Nous avions donc passé quelques jours à attendre sur le Lotus noir que Chris et la flotte impériale terminent leurs préparatifs. Et pendant ce temps, nous avions rassemblé notre courage pour le raid à venir sur la cachette des pirates.
***
Partie 3
Wamdo était assis à l’arrière du cockpit le jour du raid. « Voilà qui ressemble à une bonne occasion de prendre des photos, » murmura-t-il joyeusement.
Il aurait probablement une vue spectaculaire. Le quartier général des pirates qui avaient tenté de ravager le système stellaire était sur le point d’être écrasé par une force conjointe composée de l’armée du système stellaire, de la flotte impériale et de mercenaires. Et nous, les héros, étions sur le point de détruire ces méchants pirates de l’espace. Quelle séquence pourrait être meilleure que celle-là ?
« Alors, vous êtes avec nous aujourd’hui, hein ? »
« Oui. Nous avons après tout laissé les autres entreprises prendre leur tour jusqu’à présent. » Il affichait un sourire amical, mais j’avais vu clair dans son jeu. Il s’était frayé un chemin jusqu’à Krishna juste le bon jour — ou peut-être qu’il avait planifié cela depuis le début. Si j’avais raison, il était beaucoup plus rusé qu’il n’en avait l’air.
« Comment allez-vous procéder pour attaquer la cachette des pirates ? »
« En gros, les cuirassés et les croiseurs militaires prendront de l’avance sur eux avec leurs plus gros canons. Ils détruiront les installations principales, comme leurs hangars et leurs docks, ce qui empêchera les pirates de s’échapper. Cependant, beaucoup d’entre eux ne seront pas stationnés à ces endroits, alors ils se disperseront et essaieront de s’enfuir. »
« Continuez. »
« C’est là que nous, les mercenaires, entrons en jeu. Nous sommes rapides et légers, alors nous nous cachons le long des itinéraires de fuite prévus des pirates et nous les traquons pendant qu’ils essaient de s’enfuir. Nous sommes un peu comme des chiens de chasse. »
« Je vois. Vous laissez le combat face à face aux militaires pendant que vous les encerclez et les poursuivez. » Wamdo écoutait attentivement, faisant prendre des photos du cockpit par ses drones photographiques et enregistrant notre conversation pendant tout ce temps. Il assemblera probablement tout cela pour en faire un documentaire plus tard.
« Cela fait si longtemps que nous n’avons pas fait de raid sur une cachette ! » lança Mimi.
« On dirait un festival, non ? » plaisantai-je. Nous aurions même droit à un feu d’artifice lorsque nous aurions fait exploser les navires pirates. « Mei, es-tu prête là-bas ? »
« Oui, Maître. Mes préparatifs sont terminés. »
Le Lotus noir, transportant à son bord les autres employés des médias, allait les bombarder aux côtés de la flotte impériale cette fois-ci. Après tout, le grand EML placé à l’avant du navire était plus puissant que les canons principaux de la flotte impériale et avait une plus grande portée que ces derniers. Malgré leur puissance, les EML étaient plus lents et plus difficiles à utiliser que les canons laser, ce qui avait empêché la flotte impériale de les adopter.
« Nous travaillons séparément aujourd’hui, alors fais attention », avais-je prévenu Mei.
« Je pense que c’est à moi de dire ça », avait-elle répondu.
C’est juste. Mei avait à ses côtés la flotte impériale, l’armée de ce système stellaire et l’armée privée du comte Dalenwald, mais nous étions seuls dans un petit vaisseau dans une bataille rapprochée contre des pirates.
« Très bien, alors prie pour notre sécurité. »
« Oui, je le ferai. Bonne chance dans vos efforts, et revenez sains et saufs. »
« Merci. Toi aussi. »
Qui les androïdes prient-ils, d’ailleurs ? On n’avait pas l’impression qu’ils prient un dieu quelconque. En fait, je suppose qu’ils pourraient croire aux dieux, aux miracles et à d’autres choses. Le fait qu’ils aient évolué de programmes informatiques de base à une intelligence artificielle sensible est après tout lui-même le résultat de miracles successifs.
Nous avions été briefés pendant que nous attendions. La mission était exactement la même que celle que j’avais expliquée à Wamdo, il n’y avait pas d’ajouts notables. En gros, il s’agissait d’une procédure standard. C’est ainsi que fonctionnent les procédures standard, les stratégies types et autres. Bien sûr, il fallait faire preuve de souplesse lorsque la situation l’exigeait, mais se battre en suivant la procédure est très efficace, à moins que quelque chose de fou ne se produise. C’était particulièrement vrai lorsque vous disposiez d’une force écrasante. Je devais faire preuve de plus de créativité et de vivacité d’esprit lorsque je me battais seul contre plusieurs ennemis, mais c’était une situation tout à fait différente.
À la fin du briefing, Chris était apparu sur l’écran du cockpit.
« Cette opération a pour but de protéger non seulement les résidents du système Kormat, mais aussi chaque citoyen impérial de tous les systèmes voisins, ainsi que les voyageurs. »
Je pensais qu’elle allait faire un discours, mais si c’était le cas, c’est sûr qu’elle faisait des déclarations bizarres.
« La famille Dalenwald va bénéficier de pas mal de choses, mais ne vous y trompez pas : vos efforts ici permettront de sauvegarder des vies innocentes et l’avenir de nombreuses personnes. Les soldats impériaux recevront les honneurs militaires. Les mercenaires recevront une récompense supplémentaire en plus des primes individuelles sur les têtes des pirates… »
Un sourire s’était épanoui sur son visage comme un muguet — beau, délicat, plein de poison — ne laissant entrevoir qu’une infime partie du danger qu’il renfermait.
« Pour le bien de notre fortune commune, allez disperser ces pirates. J’attends avec impatience vos résultats. »
☆☆☆
Après avoir été envoyés au combat par le sourire charmant, mais dangereux de Chris, nous étions arrivés à notre secteur désigné et nous nous étions cachés derrière un astéroïde. J’avais réduit la puissance des moteurs et les systèmes de survie au minimum pour maintenir la furtivité.
« Oh mon dieu, le discours de Mlle Christina m’a donné des frissons ! » s’exclama Wamdo à voix basse.
« Vous n’avez pas besoin de chuchoter à ce sujet », gémis-je. « En fait, est-ce qu’on doit vraiment en parler maintenant ? »
« Donner des frissons » était probablement l’intention de Chris. Et il n’était pas nécessaire de baisser le ton juste parce que nous étions en mode furtif. Nous aurions beau crier, nos voix ne franchiraient pas les murs de Krishna. Et même si c’était le cas, nous étions de toute façon entourés par l’espace.
Mimi et Elma avaient eu un sourire ironique devant le changement soudain de l’innocente Chris.
« Ah ha ha… Chris — hum, Mlle Christina — est une noble, après tout. »
« Oui, on dirait qu’elle s’en sort plutôt bien, à plus d’un titre. »
On disait que les enfants grandissent vite, mais peut-être que les filles de nos jours mûrissent encore plus vite.
« Il ne reste plus beaucoup de temps avant le début de l’opération. Tout le monde se prépare au combat. » J’avais regardé le groupe, les incitant à se concentrer. « Essayez de ne pas vous mordre la langue, de ne pas vous pisser dessus, de ne pas vomir ou quoi que ce soit d’autre, Wamdo. »
« Ha ha ha. J’ai même mis une couche, juste au cas où… Je ferai de mon mieux. »
Quelqu’un qui vomirait en plein milieu d’une bataille dans un espace clos comme celui-ci serait la pire chose qui soit. Il faudrait continuer à se battre malgré la puanteur, au moins jusqu’à la fin de la bataille. Et ce serait aussi la pire chose à nettoyer. Je passe mon tour, merci.
« Les couches sont un équipement essentiel pour les nouveaux venus sur les navires. N’est-ce pas ? » dis-je d’une voix égale. Je fixais les panneaux devant moi, sans jeter le moindre coup d’œil à Mimi.
J’avais eu l’impression que quelqu’un me lançait des coups de poignard à l’arrière gauche de ma tête… Non, je dois me faire des idées. Je veux dire, je disais juste que c’était une règle générale, tu sais ? Tu es sortie de la couche, Mimi, alors il n’y a pas de quoi s’énerver. C’est tout ce qu’il y a de mieux.
« D’accord. Ahem. Alors, de toute façon… c’est l’heure ! Allons-y ! »
« Tu es terriblement détendu juste avant une bataille… Passage de la puissance du moteur en mode combat. Redémarrage de tous les systèmes. »
« Mmgh… Capteurs et systèmes radars actifs. Prêts à tout moment. »
« Ha ha ha, c’est enfin l’heure ! Donnons le coup d’envoi. »
Juste au moment où nous avions chargé de derrière l’astéroïde, des tirs de canons laser avaient frappé la cachette des pirates. Je ne pouvais pas voir à travers la lumière crue et les puissantes explosions, mais il était probablement sûr de supposer que le Lotus Noir bombardait le repaire des pirates — un grand astéroïde modifié — en ce moment même.
« Mesdames, allons nous faire de l’argent. »
« Aye-aye ! » répondirent Mimi et Elma.
J’avais augmenté la puissance des propulseurs au maximum et je m’étais précipité vers le champ de bataille.
C’est l’heure d’une rare bataille à grande échelle. Démolissons-les !
☆☆☆
« Deux heures, au-dessus de nous ! Trois engins ennemis ! » annonça Mimi.
« Descendons-les », avais-je ordonné.
« Aye-aye », dit Elma, prête à intervenir. « Systèmes d’armes en attente. »
Trois navires pirates ne nous avaient pas remarqués et tentaient de s’enfuir. J’avais tiré avec les canons laser lourds sur celui qui était devant. Quatre lances de lumière avaient frappé le ventre du navire, mais ne l’avaient pas transpercé. Elles avaient été bloquées par les boucliers des pirates.
« Bon équipement. »
« Au moins, leurs boucliers sont décents. »
« Gah ! ? E-ennemis ! » hurla le pirate.
J’avais tiré une fois de plus. Les lasers transpercèrent cette fois ses boucliers, son blindage et sa coque, provoquant la chute de son vaisseau.
« Vous l’avez juste… tué ? » demanda Wamdo, visiblement effrayé.
« Bien sûr », répondis-je sans ambages.
J’avais tiré une autre salve sur l’un des deux vaisseaux restants, qui avait effectué des manœuvres d’évitement. Une fois de plus, mes lasers avaient été bloqués. Heureusement, leur panique rendait leurs actions faciles à lire. Ils avaient beau accélérer, voler en ligne droite ne les mènerait nulle part.
« N-nooonnnn ! » Une autre série de feux d’artifice sanglants se déclencha.
« St-stop ! Je me rends ! Je me rends ! » supplia le dernier pirate en détachant le bloc de son cockpit pour se tirer d’affaire. Il ne pouvait pas être reconnecté à moins d’être amené à un quai de maintenance, donc au minimum, il avait perdu ses capacités de combat.
« Mimi, marque-le pour moi. »
« C’est compris ! » Mimi avait utilisé sa console pour poser des étiquettes électroniques sur le bloc du cockpit renfloué et le vaisseau spatial à peine endommagé. Normalement, je ne m’embêtais pas avec cette fonction, mais revendiquer des droits de propriété était important dans les grandes batailles comme celle-ci.
« Suivant. »
« D’accord ! Plusieurs signaux en dessous de nous à neuf heures. Les alliés sont aussi là. Ils sont en pleine bataille en ce moment même. »
Je m’étais dirigé dans la direction indiquée par Mimi jusqu’à ce que la bataille en cours soit devant nous.
« Ils sont en train de perdre », fit remarquer Elma.
« Il y a une tonne de pirates, et en plus ils ont l’air très bien équipés. Je crois que je viens de voir un tir de blaster ionique. »
« C’est ennuyeux. »
Les blasters ioniques étaient une arme de soutien avec une forte attrition du bouclier, mais ils infligeaient des dégâts extrêmement faibles au blindage et aux coques. Ils étaient plus chers que les canons laser et les multicanons plus largement disponibles. Et bien sûr, leur vitesse de vol était encore plus lente que celle des multicanons, mais les effets d’un blaster ionique étaient incroyables. Si ton ennemi possède des blasters ioniques, tu te retrouveras sans bouclier et tu subiras de lourds dégâts en un rien de temps. C’était une arme vraiment redoutable, à n’en pas douter.
***
Partie 4
« Ici le Krishna », avais-je informé les gens de notre côté. « Je vais me joindre à la fête, si ça ne vous dérange pas. »
« S’il vous plaît, faites-le ! Ces gars-là ont un équipement étrangement bon ! Soyez prudent ! »
« Bien reçu, » répondis-je en me jetant dans la mêlée.
J’avais d’abord jeté mon dévolu sur celui qui avait un blaster ionique. Les utilisateurs qualifiés aimaient se jeter dans la mêlée et tirer à bout portant avec leurs blasters ioniques et leurs multicanons, mais les manieurs de blaster ionique inexpérimentés restaient souvent à une distance plus sûre pour essayer de viser. Oui, c’est une description parfaite de ce type.
« Wôw ! Ne viens pas plus près — ! »
« Un. »
J’avais tiré avec les deux gros canons de DCA juste au moment où j’étais passé, détruisant à la fois les boucliers et le vaisseau. Les canons de DCA étaient une arme très situationnelle, mais si vous frappiez à une distance extrêmement proche, vous pouviez pour le dire simplement ignorer les boucliers et infliger des dégâts massifs au blindage et à la coque du vaisseau. Ils étaient parfaits pour les mêlées intenses, comme celle-ci.
« Wôw, whoa, whoa ! Eep ! »
J’avais cru entendre Wamdo couiner de peur derrière moi, mais je n’avais pas eu le temps de lui prêter attention. Oh, ce vaisseau ennemi est sur une trajectoire qui va nous frôler. Allez, prends donc quelques tirs de DCA complémentaires sur ton chemin. Ne sois pas timide.
« Celui qui a quatre bras, c’est un problème ! Visez-le ! »
« Écrasons-le ! »
« Ha ha ha, drôle de blague. »
Le fait qu’ils viennent droit sur moi rendait en fait les choses plus pratiques. J’avais concentré mes tirs droit devant moi, brisant leur encerclement incomplet avec facilité avant de faire faire demi-tour au vaisseau. Ensuite, je les avais combattus de front pendant qu’ils me poursuivaient. Quelle que soit la qualité de leur équipement, ce ne sont que des pirates. Tant que je surveillais les blasters ioniques et les missiles à tête chercheuse, ils n’étaient pas du tout effrayants.
« Qu’est-ce qu’il a, ce type ? Pourquoi je n’arrive pas à le toucher ? »
« Vous devez le toucher ! Continuez à foncer ! »
Le pirate avait raison. Ils étaient en train de me frapper. Esquiver les tirs de canons laser était difficile, et quand ils tiraient un barrage assez épais de tirs multicanons, certains seraient inévitables. Mais quelques coups ne pouvaient pas traverser le triple bouclier du Krishna tant que je ne laissais pas les vrais tueurs de boucliers — les blasters ioniques et les missiles à tête chercheuse mentionnés plus haut — me toucher.
Et maintenant que j’avais attiré tant d’attention…
« Haha ! Ton flanc est grand ouvert ! »
« Ne te mets pas trop à l’aise, mon pote ! »
Les mercenaires qui avaient été débordés il y a quelques minutes reprirent de la vigueur et déchirèrent les pirates qui avaient concentré leur attention sur moi. Les mercenaires s’étaient d’abord concentrés sur les vaisseaux les plus menaçants, ciblant immédiatement ceux qui étaient équipés de blasters ioniques et de missiles à tête chercheuse. Je n’avais pas eu besoin de dire un mot.
« Bon sang ! Pourquoi !? »
« H-hey, ne t’enfuis pas ! »
Réalisant qu’ils étaient maintenant désavantagés, les pirates effrayés s’étaient précipités pour s’échapper. Bien sûr, comme nous sommes des mercenaires, nous n’allions pas rester assis à les regarder s’enfuir. Nous, les mercenaires, écrasions les pirates, même lorsqu’ils tentaient de s’échapper. C’est notre travail.
« Yeehaw ! Il est temps de chasser les rats ! » J’avais appelé par le biais des communications. « Premier arrivé, premier servi, les gars ! »
« Allez, ne croyez pas que vous vous échapperez aussi facilement ! »
« Ha ha ha ! Tu te secoues le cul pour moi, hein ? Ne t’enfuis pas, maintenant ! Ton butin et ta vie sont à moi ! »
Lorsque les pirates tournaient la queue et s’enfuyaient, ils ne devenaient guère plus que de délicieuses proies que nous, mercenaires, devions traquer.
« Parfois, il est difficile de dire lesquels d’entre vous sont les pirates…, » marmonna Wamdo.
« Ah ha ha… » Mimi avait répondu par un petit rire ironique.
Quelle impolitesse ! Je pense que nous sommes des mercenaires exemplaires.
☆☆☆
En raison de la qualité inattendue de l’équipement des pirates, il y avait eu quelques pertes parmi les mercenaires et les soldats, mais la bataille avait été un succès dans l’ensemble. Ou du moins, cette phase l’avait été. Les armées combinées enverraient des fantassins dans la base et nettoieraient l’intérieur.
Quant à nous, nous récupérions la ferraille du champ de bataille. En d’autres termes, nous pillions les navires pirates vaincus. Les pirates avaient tendance à partir avec des choses vraiment précieuses dans leurs navires lorsque vous attaquiez leurs bases.
« Pourquoi cela ? » demanda Wamdo.
« Eh bien, ils essaient de récupérer le plus possible d’objets de valeur et de biens de leur base, vous savez ? Peu importe à quel point votre base secrète est secrète, des informations sont toujours divulguées. Ils sont toujours prêts à s’enfuir à tout moment », dis-je en fouillant dans le butin.
En plus des habituelles cartouches de nourriture, de l’eau potable, de l’alcool, des fournitures médicales, des drogues et du métal rare, ils avaient aussi des matériaux vendables, des produits de haute technologie et des gens dans des caissons de sommeil cryogénique — probablement des esclaves illégaux.
« Voilà qui fait beaucoup… Bon sang ! »
Le système Kormat comptait beaucoup de pirates à la recherche d’esclaves illégaux. Il fallait s’y attendre, mais c’était tout de même pénible à gérer. L’empire Grakkan et la famille Dalenwald prendraient probablement en charge et s’occuperaient des esclaves illégaux et des autres personnes kidnappées dans ce cas.
D’ailleurs, j’avais déjà remis le bloc du cockpit du vaisseau de ce type qui s’était effondré. Je ne savais pas quel sort lui serait réservé, mais peut-être qu’il renaîtrait et vivrait comme une personne bon et gentil dans sa prochaine vie.
« La principale source de revenus des mercenaires est les primes sur les pirates de l’espace, mais vous ne pouvez pas sous-estimer ce que vous gagnerez sur leur butin. Bon sang, maintenant que nous avons un vaisseau mère, nous gagnons probablement plus avec le butin qu’avec les primes proprement dites. »
« Au fait, quels ont été vos résultats au combat cette fois-ci ? » me demanda Wamdo.
« Euh… Mimi ? »
« Quarante-deux petits vaisseaux et huit vaisseaux moyens. Exactement cinquante au total. »
« Nous n’en avons pas eu autant que prévu cette fois-ci, » commente Elma, « C’est dû au fait que les pirates étaient bien équipés. »
« Nous nous rattraperons avec le butin. »
« Cinquante navires… C’est vraiment impressionnant », songea Wamdo, visiblement impressionné.
À propos, les récompenses de cette opération étaient de 5000 Ener par petit vaisseau et de 20 000 par vaisseau moyen. Cela nous fait 370 000 Eners pour aujourd’hui, sans compter la prime de chaque navire pirate. Nous pourrions également vendre le butin, l’équipement récupéré et les vaisseaux que nous aurions remis en état. Je ne savais pas encore à combien tout cela s’élèverait, mais nous étions en train de faire un malheur ! Je ne pouvais pas effacer le sourire de mon visage.
« C’est super de voir Maître Hiro s’amuser », dit Mimi.
« Il n’est pas dépensier, mais il aime vraiment son argent », déclara Elma.
« N’est-ce pas formidable de voir son sang, sa sueur et ses larmes littéralement récompensés ? » avais-je répondu.
« Alors, diriez-vous que le travail de mercenaire est gratifiant ? »
« Gratifiant, hein ? Je suppose que oui. »
« Oui. Nous sommes les employées de Hiro, alors nous ne touchons pas directement les primes, mais nous gagnons quand même bien notre vie. »
« Combien, si je peux me permettre ? » demanda Wamdo en hésitant.
« Je reçois 1 % de nos revenus totaux », dit Mimi. « Elma reçoit 3 %. »
« Cela… semble plutôt bas, non ? » Wamdo pencha la tête d’un air interrogateur. Oui, 1 à 3 pour cent de nos revenus totaux, ça ne semble pas important. D’autant plus qu’elles mettaient leur vie en jeu.
« Je ne peux pas encore le dire avec certitude, car je ne connais pas les bénéfices finaux, mais je suis presque sûre que ma part sera de plus de 100 000 Ener », répond Elma.
« Je pense que je vais toucher plus de 30 000 Ener. Et ce n’est que pour aujourd’hui ! »
En entendant leurs chiffres estimés, Wamdo secoua la tête et se massa le front. « Ah, maintenant je comprends. Le monde des mercenaires est vraiment un monde qui dépasse mon imagination. Au fait, à quoi dépensez-vous vos gains ? »
« À acheter des boissons savoureuses et d’autres choses. »
« Manger de la nourriture délicieuse. Des choses comme ça. »
« Bien sûr. Mais qu’en est-il des vêtements, des bijoux… ? »
« Hmm… Si Hiro le voulait, je pense que je pourrais y réfléchir. »
« Il nous achète vraiment déjà tout ce dont nous avons besoin, alors… »
En effet, si je voulais qu’Elma ou Mimi porte quelque chose, alors je l’achetais moi-même. J’achetais aussi les accessoires dont elles avaient besoin. Non pas qu’elles aient l’occasion de porter des bijoux fantaisie trop souvent, car nous devions être prêts pour la bataille. Les bijoux et autres accessoires qui tomberaient et voleraient dans le cockpit seraient à la fois ennuyeux et dangereux.
« … Comme on s’y attend d’un homme qui a deux petites amies. »
« Oui. » Elma sourit doucement.
« C’est exactement Maître Hiro. » Mimi souriait pour une raison que j’ignorais.
Oui, d’accord, quand vous le dites aussi franchement, c’est vraiment embarrassant. Et puis, pourquoi avez-vous arrêté de ramasser du butin ? Remettez-vous au travail ! Chop chop !
☆☆☆
J’étais en train de collectionner des pièces de vaisseau qui se vendaient bien, malgré mon désintérêt pour elles — blasters ioniques, générateurs de boucliers étonnamment puissants, souvent utilisés par les mercenaires débutants et moyens, et autres — lorsque Mim fronça les sourcils et se mit à tapoter avec ferveur sur la console.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » lui avais-je demandé.
« Hum, je ne sais pas encore très bien… La flotte impériale et l’armée du système stellaire qui nettoient actuellement la cachette semblent être en colère pour quelque chose. »
« Qu’est-ce qu’il y a ? Les pirates de l’espace font-ils quelque chose de bizarre ? »
« Comme d’utiliser un cristal chantant ? »
« C’est un peu trop fou… » soupira Elma. « Mais peut-être qu’ils ont organisé une contre-offensive inattendue. »
« Quoi qu’il en soit, nous avons déjà le contrôle total de ce secteur. Même s’ils gagnent au corps à corps, nous pouvons tout transformer en débris spatiaux, n’est-ce pas ? »
Même si les pirates parvenaient à vaincre trois armées combinées au corps à corps, il n’y avait aucun moyen pour eux de se sortir de ce mauvais pas tant que nous contrôlions le secteur. Ils ne pouvaient ni s’échapper, ni détruire les forces écrasantes qui les encerclaient. C’est pourquoi les pirates se rendaient normalement rapidement à ce stade et mettaient fin au conflit.
***
Partie 5
« On dirait qu’ils sont obstinés. Certains d’entre eux résistent », dit Mimi. « Nous avons déjà un nombre surprenant de victimes. »
« Hein ? Comment diable peuvent-ils battre des soldats de la flotte impériale entraînés, en armure de puissance et armés jusqu’aux dents ? » J’avais fait une pause. « Oh. »
« As-tu trouvé quelque chose ? » me demanda Elma.
« Je veux dire… Est-ce que c’est possible ? »
« Nous ne pouvons pas dire que ça ne l’est pas sans avoir vu par nous-mêmes. »
Il semblait que nous étions arrivés à la même conclusion. Mimi et Wamdo, eux, n’avaient eu que l’air confus de notre compréhension tacite.
« Il n’y en a pas beaucoup qui peuvent tenir tête aux soldats de la flotte impériale, » expliquai-je. « Mais je parie que tu peux penser au type exact de chose qui peut déchirer les armures de force comme du papier, dévier les lasers qui leur sont tirés, et même les renvoyer au tireur. »
« Hein ? » Mimi avait eu l’air surprise. « Ça veut dire… »
« Une faction noble opposée ? Des suprématistes de l’épée, peut-être...? » demanda Wamdo.
« Nous n’en sommes pas sûrs », déclara Elma. « Peut-être que certains de ces monstres de Kormat III se sont retrouvés par hasard à se déchaîner là-dedans. »
« Même des soldats très entraînés trouveraient le combat contre ces monstres épuisant…, » Et littéralement, en plus. Les armures électriques pourraient peut-être résister à un tir… Non, peut-être même pas autant. Ces choses étaient plutôt grosses, mais peut-être… juste peut-être… J’avais continué à ramasser du butin en réfléchissant à tout ça, jusqu’à ce que je voie un coin de la cachette des pirates s’illuminer. « C’est moi ou… »
Avant que je puisse terminer ma phrase, le Krishna avait capté quelque chose qui sortait précipitamment de la base et qui venait vers nous comme une chauve-souris de l’enfer. Mimi avait réagi.
« Quelque chose… Non, un vaisseau de suppression approche, et vite ! »
« Je vais péter des plombs », dis-je en gémissant. Mon humeur s’était dégradée. Je ne serais pas surpris si j’émettais littéralement une sorte d’aura sombre.
« Allons, allons… » Elma fit de son mieux pour me calmer.
Laissez-moi vous l’expliquer ! Les vaisseaux de suppression avaient des moteurs de propulsion surpuissants qui surpassaient ceux du Krishna. Ils étaient équipés de boucliers si solides que même nos armes fantaisistes ne pouvaient pas entamer. Ils avaient aussi une seule arme, une corne d’éperonnage, qui annulait les boucliers ennemis et transperçait leur coque. C’était l’arme la plus folle de la flotte impériale, c’est sûr ! Elle avait été développée sur la base d’une idée absolument folle : éperonner votre cible, puis envoyer de nobles combattants à l’épée à bord pour commettre un petit meurtre. Je m’étais sérieusement demandé si les développeurs, les approbateurs et les constructeurs n’avaient pas tous pris de sérieuses pilules de folie.
Quoi qu’il en soit, j’avais décidé de l’ignorer parce que cela n’avait rien à voir avec mon argent. Bien sûr, c’est à ce moment-là que le lieutenant-colonel Serena avait appelé par l’intermédiaire des communications à champ large et avait ordonné : « Capitaine Hiro ! Arrêtez-les ! »
Euh…
« Oookay, Krishna à l’appareil. Voulez-vous que je le détruise, n’est-ce pas ? »
« Absolument pas ! Capturez-les vivants ! »
« Pensez-vous que je suis une sorte de faiseur de miracles ? »
Elle nous en demandait manifestement beaucoup trop. Capturer le vaisseau ? Il était plus rapide que le Krishna et avait en plus d’épais boucliers. Le priver de ses capacités de mouvement sans le détruire ? D’accord, peut-être — juste peut-être — que je pourrais le détruire, si je le pilonnais avec des lasers lourds, si je lui envoyais une vague de DCA au passage et si j’utilisais des torpilles réactives antinavires.
« Arrêtez-le ! Si vous ne pouvez pas, poursuivez-le aussi longtemps que vous le pouvez ! »
« Vous vous moquez de moi… »
« Ridicule, comme d’habitude. » Elma s’esclaffa.
« Oui… » Mimi soupira.
« Alors c’est ça votre capacité légendaire à attirer les ennuis ? »
« Taisez-vous ! J’ai peut-être déjà abandonné, mais je ne céderai jamais ! Je refuse d’accepter cela comme un fait ! » Quoi qu’il en soit, nous devions arrêter ce stupide vaisseau de suppression d’une manière ou d’une autre. Sans le détruire.
« Vous pouvez le faire, monsieur le mercenaire de rang platine. Ou bien voulez-vous dire que vous ne pouvez pas ? » railla Serena.
« Je crois aussi en moi ! »
« Hiro se donne parfois l’air vraiment stupide… »
« Je pense qu’il la laisse juste le provoquer jusqu’au désespoir », répondit Mimi à voix basse.
Je te remercie ! Au moins, quelqu’un ici me comprend. Quand les gens se moquent de moi comme ça, je n’ai pas d’autre choix que de jouer le jeu. Je ne crains aucun navire de suppression ! Je vais vous traquer et vous écraser !
☆☆☆
« Ils se sont donc finalement échappés. »
« Oui, madame. »
Nous n’avions pas pu vaincre les boucliers ou la vitesse du vaisseau de suppression. Pour être honnêtes, nous étions en FTL et nous essayons de le suivre pendant que nous parlions. Les vaisseaux de suppression avaient un moteur FTL, mais ils n’avaient pas d’hyperpropulsion, donc ils ne devraient pas pouvoir s’échapper du système Kormat. Au moins, c’est déjà ça.
« Nous les suivons toujours, alors… »
« Un vaisseau de suppression solitaire ne peut pas aller bien loin, et le voyage interstellaire est hors de question. Ils devront s’arrêter quelque part pour se réapprovisionner ou essayer de trouver des vaisseaux. Les éclaireurs de la flotte impériale sont en route, alors continuez la poursuite s’il vous plaît. »
« Aye-aye », répondis-je en saluant. Le lieutenant-colonel Serena hocha la tête une fois, puis raccrocha.
« Eh bien, c’est sa faute. C’est elle qui demande l’impossible », dit Elma en haussant les épaules.
« C’est sûr, » Mimi était d’accord.
Ce serait une chose si elle m’avait demandé de le détruire, mais il était totalement insensé de penser que je pouvais arrêter un vaisseau de suppression à pleine vitesse. Mes canons laser lourds ne pourraient pas traverser son bouclier, et même si ma DCA pouvait annuler ses boucliers dans une certaine mesure, il serait impossible de détruire son système de propulsion à lui tout seul. Je doute que les torpilles réactives antinavires aient la moindre chance de l’atteindre. Et même si c’était le cas, l’ensemble disparaîtrait sans laisser la moindre trace. Il ne nous resterait rien à capturer.
« Je vois que nous avons aussi laissé le Lotus noir derrière nous. »
« Même cette chose ne peut pas suivre le Krishna qui avance à toute vitesse. Mais nous ne faisons que les suivre, il n’y a pas de réel danger. Le Lotus noir nous suivra lorsqu’il aura fini de collecter le butin. »
Tant que nous étions dans le même système stellaire, le Krishna et le Lotus noir pouvaient se suivre, quelle que soit la distance. Apparemment, ça avait un rapport avec un truc de réseau d’information intrasystème, mais je ne connaissais pas les détails. C’est en fait une fonction de groupe dans Stella Online.
« Alors, cette route… Est-ce qu’on va maintenant vers Kormat IV ? » demandai-je.
« On dirait bien, » répondit Elma.
« Notre trajectoire est parfaitement alignée sur la trajectoire orbitale de Kormat IV. Penses-tu qu’ils prévoient d’atterrir ? »
« J’ai un très mauvais pressentiment à ce sujet. J’aimerais que nous puissions les arrêter avant qu’ils n’atterrissent, mais… »
S’ils se dirigeaient vers Kormat Prime, nous pourrions nous attendre à ce qu’ils prévoient de changer de vaisseau. Mais s’ils se dirigeaient vers Kormat IV, une planète encore en cours de terraformation ? Je n’avais que de mauvais pressentiments à ce sujet.
Les planètes en cours de terraformation avaient un environnement extrêmement inhospitalier pendant le processus. L’environnement était en train de passer d’un milieu totalement inhospitalier à quelque chose d’un peu plus propice à la vie, après tout. Des catastrophes naturelles bizarres se produisaient sans doute sur toute la planète en ce moment même.
« Hiro… »
« Maître Hiro… »
« Hmm ? Oh. C’est la merde. »
Bon sang ! J’ai baissé ma garde ! J’ai porté la poisse ! J’aurais voulu qu’on les arrête avant qu’ils n’atterrissent ! S’il te plaît, non ! Je ne veux vraiment pas atterrir sur une planète en pleine terraformation ! Pardonnez-moi, les filles !
☆☆☆
« B-bien, ce n’est pas comme si nous devions les poursuivre une fois sur place, non !? »
« J’espère que non… »
« Ah ha ha… Eh bien, j’ai marqué leur point de descente. »
Naturellement, nous ne les avions pas devancés sur Kormat IV. Lorsque nous étions arrivés, le vaisseau de suppression avait déjà commencé à atterrir. Détruire leurs systèmes de propulsion à ce stade ne ferait que transformer leur atterrissage en un atterrissage en catastrophe. Comme on nous avait dit de ne pas les détruire, nous avions les mains liées.
Cependant, le Krishna était un petit vaisseau capable d’effectuer des voyages interstellaires. Il était équipé de toutes sortes de capteurs puissants, il était donc facile de calculer précisément leur point d’atterrissage depuis une orbite basse. Ainsi, nous avions marqué leur point d’atterrissage précis et étions restés en orbite basse autour de Kormat IV, les maintenant effectivement coincés à la surface de la planète.
« Je comprends que les planètes en cours de terraformation sont extrêmement dangereuses, » dit Wamdo. « Pourquoi restons-nous ici ? »
« S’ils changent de vaisseau pour un autre capable de voyager dans l’espace et qu’ils essaient de s’enfuir, nous pourrons les attaquer dès qu’ils essaieront de s’échapper de l’atmosphère de la planète », avais-je expliqué.
En raison de la gravité, même les vaisseaux spatiaux les plus avancés ne pouvaient pas espérer se lancer directement vers le haut s’ils voulaient échapper à l’atmosphère. Ils ne pourraient pas non plus effectuer de manœuvres d’évitement, ce qui les laisserait sans défense. Si leur nouveau vaisseau était plus petit, il serait facile de cibler ses systèmes de propulsion.
« Il est difficile d’aller dans l’espace lorsque votre trajectoire orbitale est bloquée. Si vous contrôlez l’espace, alors vous contrôlez le combat. C’est pourquoi chaque nation interstellaire consacre autant d’efforts à l’entretien de sa flotte spatiale. »
Même la forteresse la plus puissante avec les soldats, les chars, les navires et les armes aériennes les plus puissants ne pourrait pas arrêter un bombardement orbital s’ils étaient coincés du côté de la planète. Fondamentalement, les combats dans cet univers étaient décidés par qui pouvait s’emparer de l’espace extra-atmosphérique.
« Dans ce cas, pourquoi le vaisseau de suppression a-t-il fui vers Kormat IV ? » insista-t-il.
« Soit Kormat IV a quelque chose qui va inverser la situation ou un moyen de s’échapper pour eux. Ou bien ils cherchent simplement à gagner du temps. »
« Gagner du temps ? »
« S’ils n’ont pas d’atout dans leur manche là-bas, alors ils espèrent une aide extérieure ou prient pour que quelque chose nous force à battre en retraite. Je pense qu’ils ont fui vers Kormat IV pour une raison, mais cette raison me dépasse. »
En fait, il y avait une autre possibilité, mais j’espérais vraiment me tromper.
« Quoi qu’il en soit, nous restons en attente jusqu’à l’arrivée des troupes de la flotte. Nous retournons après ça à la colonie et vendrons notre butin après leur avoir remis les choses. »
« Tu es désespéré », fit remarquer Elma.
« Ah ha ha… » Mimi rit nerveusement. « B-bien, il n’y a aucune raison pour que nous nous attendions à devoir atterrir sur Kormat IV. On va sûrement s’en sortir ! »
Voulez-vous bien arrêter ça toutes les deux ? Arrêtez de tenter le destin comme ça ! Je n’atterrirai pas ! Je refuse !
***
Chapitre 5 : Planète poussiéreuse Kormat IV
Partie 1
Une heure plus tard, nous étions dans une capsule d’atterrissage de la flotte impériale.
« Je veux y retourner ! »
« Absolument pas. »
En face de moi était assise la lieutenante-colonelle Serena, portant une armure de combat légère au lieu de son habituel uniforme militaire bien rangé. Nous étions entourés de marines de la Flotte impériale, certains portant des armures de combat lourdes et d’autres des combinaisons conçues pour piloter des armures de force. Au moins, il y avait quelques femmes chamois dans la mer d’hommes chamois qui m’entourait, ce qui rendait la situation un peu moins désagréable.
En parlant d’agréable, je portais actuellement mon armure de combat légère et la monture thermique caméléon que j’avais achetée à Vlad Prime. Le fait d’y attacher un pack d’énergie me permettait d’être à l’aise dans des environnements difficiles allant de -50 à 50 degrés Celsius. La capuche qui l’équipait me protégeait également des typhons et des tempêtes de sable, et la fonction caméléon me camouflait dans n’importe quel environnement. J’avais aussi une gourde high-tech qui pouvait recueillir jusqu’à deux litres d’eau par jour grâce à l’humidité de l’air. Un masque universel prétendait me protéger des gaz nocifs, des bactéries et virus inconnus, et même des armes biologiques. De nombreux autres articles divers de survie étaient également inclus. Naturellement, j’étais aussi équipé de mes deux épées, de mon pistolet laser et de mon fusil laser. J’étais entièrement paré pour le combat.
« Le fugitif Goeritz Ixamal est un maître de l’épée qui a été augmenté par la cybernétique et la biotechnologie. Vous et moi sommes les seules personnes de ce système stellaire à avoir une chance contre lui. »
« Pourquoi ne pas l’encercler et le griller avec des lasers ? » Seuls les suprémacistes de l’épée penseraient que cela signifie que nous devons régler les choses par un combat à l’épée. Pourquoi ne pas utiliser des armes plus civilisées ?
« Nous avons tenté de le faire lors de la conquête de la base pirate, et nous avons subi de lourdes pertes. De plus, nous devons le capturer vivant, quoi qu’il en coûte. »
« Pourquoi ? »
« Goeritz est le frère cadet du comte Ixamal. On dit qu’il est le bras droit du comte lorsqu’il s’agit d’affaires qui nécessitent de se salir les mains. Nous n’avons pas réussi à le capturer ni à l’interroger. Maintenant qu’il est entre nos mains, nous ne pouvons pas le laisser filer. Une fois que nous l’aurons capturé et que nous lui aurons soutiré des informations, nous pourrons écraser le comte Ixamal. Il faut absolument le prendre vivant. »
« Je ne comprends pas toutes ces histoires de politique, mais je comprends que vous vouliez personnellement voir ce comte Ixamal tomber. »
« Je suppose que c’est tout ce que vous avez besoin de comprendre. » Serena soupira. « Considérez la famille du comte Ixamal comme une bande de nobles corrompus. »
Des nobles corrompus ? Eh bien, si son bras droit travaille avec des pirates, il est évident qu’il ne prépare rien de bon. Je ne veux pas mettre mon nez dans les affaires des nobles, alors je ne la questionnerai pas davantage à ce sujet.
Je croyais que l’intelligence artificielle surveillait de près les nobles pour qu’ils ne fassent pas de folies ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une bonne idée de poser ouvertement des questions à ce sujet ici. Les nobles comme Elma et Chris semblaient toujours hésiter à parler de l’intelligence artificielle, après tout. C’est peut-être une entente tacite, ou un secret de polichinelle dont je ne suis pas au courant, ou le genre de choses dont on ne peut vraiment pas parler ouvertement.
« De toute façon, ma spécialité, c’est de me battre dans mon vaisseau spatial », avais-je rappelé à Serena. « Le combat au corps à corps, ce n’est pas mon truc. »
« Ha ha ha, je vous en prie. Vous avez montré de telles prouesses pendant le tournoi de Sa Majesté, n’est-ce pas ? Je suis sûre que vous vous en sortirez. Personne à part nous deux ne peut s’occuper de lui de toute façon, alors je vous suggère de vous résigner maintenant. Et oui, j’ai la permission de votre cliente. Pas qu’ils puissent refuser, bien sûr, étant donné qu’il s’agit d’une demande officielle de la Flotte impériale. »
« Vous jouez au plus malin, en utilisant votre autorité gouvernementale comme ça. »
« Quelle impolitesse ! Toutes mes actions étaient légales et tout à fait dans mes droits. » Le lieutenant-colonel Serena haussa les épaules, parant chacun de mes mots avec aisance. Grrr.
« Trente secondes avant l’atterrissage ! » annonça quelqu’un.
« À toutes les forces, préparez-vous à l’atterrissage ! » rugit le lieutenant-colonel Serena. « Pas de bavardage ! Tout le monde se tait, maintenant ! »
« Aye-aye ! » répondirent les marines à l’unisson. Ils formaient un grand peloton militaire unifié, alors pourquoi avais-je été jeté avec eux tout seul ?
« Maintenant, en avant - vers les profondeurs de ce monde en proie aux affres infernales de la terraformation ! »
Serena avait souri au moment où le vaisseau avait commencé à pénétrer dans l’atmosphère de la planète, ce qui l’avait fait trembler violemment.
« Aaaaaagh, nooooooo ! Laissez-moi rentrer à la maison ! »
Mes cris étaient tombés dans l’oreille d’un sourd, car le vaisseau avait continué à descendre cruellement vers la surface de Kormat IV.
☆☆☆
« Sécurisez le site d’atterrissage ! Allez, allez, allez ! » Les marines étaient sortis de la navette dès que nous avions atterri, et Serena avait aboyé des ordres. « Marines blindés, vérifiez et enfilez votre équipement ! Ingénieurs, préparez les projecteurs de matériaux ! Tout de suite ! »
Ils travaillèrent rapidement, vérifiant leur équipement et établissant une base.
Il n’y avait pas à dire : le site d’atterrissage était tout simplement le pire environnement possible. La température était inférieure à zéro, et le seul point positif était qu’il était trop aride pour qu’il y ait de la neige. Mais les vents violents soulevaient du sable, et si je ne portais pas de masque, mon visage serait probablement couvert d’égratignures.
Pendant ce temps d’arrêt où les marines installaient leur camp, j’avais utilisé mon terminal pour communiquer avec le Krishna. Mon masque universel était connecté sans fil à mon terminal, affichant l’écran dans mon champ de vision.
« Hiro à l’appareil. Nous avons atterri sans encombre, pour ce que ça vaut. »
« Mimi est là. C’est un soulagement. »
« Oui. Alors, tu as réussi à me suivre à la trace ? »
« Tout va bien », répondit Elma. « Nous pouvons te proposer des tirs de soutien à chaque fois que tu en auras besoin. »
« Je compterai sur vous en cas d’urgence. Mais ne me frappez pas. »
« Aie un peu confiance en moi. J’ai reçu une formation complète en tant que sous-pilote du Krishna, tu sais. »
« Oui, j’imagine. »
Elma s’était habituée au Krishna depuis le temps, en tant que copilote du vaisseau. Elle n’était pas encore aussi douée que moi, mais elle pilotait tout de même bien le vaisseau. Rappelez-vous qu’Elma pilotait ce cercueil mobile, le Cygne Galactique, avec ses commandes bizarres. Elle n’était pas une mauvaise pilote, loin de là. Elle ne l’était pas du tout. Si elle affinait ses compétences en désactivant les mécanismes d’équilibrage du vaisseau, elle serait capable d’élever ses capacités à un tout autre niveau.
« Je déteste me battre sans mon armure de force. »
« Qu’est-ce que tu vas faire d’autre ? Tu ne peux pas utiliser tes épées avec une armure de force. »
« As-tu pensé à acheter une armure de puissance pour les épéistes ? » suggéra Mimi. « Nous avons l’espace nécessaire pour cela. »
« Il faudra que je me penche sur la question. »
Certaines armures légères avaient une telle amplitude de mouvement que c’était comme si tu ne portais rien du tout, tout en augmentant ta puissance et ta mobilité. L’ajout de pièces optionnelles, comme les packs de saut, vous permettait même de voler sur de courtes distances. L’inconvénient, c’est que le revêtement était à peine plus résistant qu’une armure de combat normale. Mais comme il s’agissait d’une armure de force, elle était très résistante aux intempéries et s’adaptait à l’environnement. Il fallait vraiment que je me penche sur la question, ça me serait probablement d’une grande aide dans des situations comme celle-ci.
« Tu sais, Mimi, le fait que tu suggères un équipement coûteux pour surmonter ces situations est la preuve que tu t’habitues au mode de vie des mercenaires. »
« Oui, c’est ça. Continue comme ça, et tu seras bientôt une vraie mercenaire, » dit Elma d’un ton taquin.
« A-ah ha ha… Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. »
N’aie pas l’air si incertaine. Laisse-toi faire. Ce sera facile.
« Quoi qu’il en soit, quelle est la suite, Hiro ? »
« Est-ce que je peux vraiment ne pas attendre dans notre belle base sécurisée que quelqu’un d’autre trouve la cible ? »
Pendant que nous parlions, je regardais les projecteurs de matériaux construire une base d’apparence étonnamment solide à une vitesse stupéfiante. Je n’avais aucune idée du type de technologie sauvage qu’ils utilisaient, mais ils imprimaient la base comme une imprimante 3D construisant un modèle, sauf qu’à la place, ils utilisaient la lumière pour imprimer un bâtiment en taille réelle.
Sérieusement, comment cela fonctionne-t-il ? Il s’agit manifestement d’un appareil de pointe et de haute technologie. Je suppose que ce n’est pas plus étrange qu’un personnage de jeu vidéo qui abat des arbres à mains nues ou qui construit des murs et des plafonds dans les airs sans aucun support.
Avant que Mimi ou Elma ne puissent répondre, quelqu’un m’accosta par-derrière. « Bien sûr que vous ne pouvez pas », dit une voix familière. Lorsque je m’étais retourné, j’avais vu le lieutenant-colonel Serena dans son armure de combat. Elle avait son épée habituelle à la hanche, en plus de plusieurs autres pièces d’équipement. « Vous et moi sommes les atouts de la prochaine bataille contre Goeritz, Hiro. Les forces normales s’effondreraient devant lui, c’est pourquoi vous et moi mènerons l’avant-garde pendant notre recherche. »
« Euh, lieutenant-colonel ? Le commandant n’est-il pas normalement censé se tenir à l’arrière de l’armée ? »
« Vous êtes vraiment démodé, non ? Avec un appareil de commandement, je peux gérer les informations avec facilité. Il est tout à fait naturel qu’un commandant noble se tienne à l’avant-garde avec leur pensée accélérée et parallélisée. Un commandant de la flotte impériale se bat sur la ligne de front tout en commandant l’ensemble de l’armée. »
« C’est vrai, bien sûr. » En d’autres termes, j’allais devoir mener l’avant-garde avec Serena par ce temps affreux. Oui. Tout simplement génial. « Je veux rentrer à la maison… »
« Absolument pas ! » Le lieutenant-colonel Serena affichait un sourire éclatant derrière le casque translucide qui recouvrait son visage.
Allez au diable !
***
Partie 2
« Des ennemis approchent ! Vingt-deux au total ! »
« Hiro et moi allons engager le combat. Soutenez-nous. »
« Aye-aye ! »
« Allez, on y va. »
« Ah, maudits soient-ils ! » fut mon cri de guerre alors que je courais sur le champ de bataille à la suite de Serena, qui avait déjà dégainé son épée et s’élançait dans la mêlée.
Quant à moi, je manie une grande épée et une plus petite. Il ne s’agissait pas d’épées en acier ordinaires, bien sûr. Il s’agissait de lames renforcées à haute fréquence dont le tranchant et la durabilité rivalisaient avec les sabres laser de Jedi. Honnêtement, je ne saurais pas dire si ces choses comptent pour de la haute technologie ou de la basse technologie.
« Je prends la gauche », dit-elle sèchement.
« Oui, oui ! » J’avais regardé Serena se précipiter directement sur le côté gauche de l’ennemi, sa grande épée prête à l’emploi.
Ensuite, je m’étais précipité sur le flanc droit. Nous étions face à d’étranges formes de vie humanoïdes déformées, faites de ce qui ressemblait à du tissu musculaire nu et rouge foncé. Les articulations de leurs bras et de leurs jambes étaient faites d’un matériau rocheux. Leur caractéristique la plus frappante ? Ils avaient tous l’air tordus. Littéralement.
Trois d’entre eux s’étaient jetés sur moi d’un seul coup, mais c’était fait de manière précipitée et cela manquait de coordination. Malgré leur apparence humaine, leurs mouvements étaient résolument inhumains.
L’un d’eux enroula son corps comme un ressort, puis se jeta sur moi, ses bras rocailleux écartés alors qu’il volait comme une flèche. J’avais esquivé sur le côté et l’avais coupé en deux avec mon épée droite. Le deuxième avait claqué comme un fouet, mais j’avais fait tomber son bras droit avec mon épée de gauche. Le troisième s’était ensuite élancé sur moi comme le premier, enroulé pour jaillir, mais j’avais esquivé et donné un coup de mes deux épées, le coupant en trois morceaux.
Grâce à la fenêtre d’opportunité que Serena et moi leur avions ouverte, les marines avaient chargé avec leurs fusils et lanceurs laser pour faucher les hostiles, que nous avions provisoirement appelés les Twisteds. J’avais enfoncé mon épée gauche dans le sol et j’avais sorti un pistolet laser de son étui sur ma cuisse, ajoutant ainsi à leurs tirs. Bien sûr, j’avais réglé mon laser sur létal.
« Tch ! » J’avais fait claquer ma langue devant un Twisted qui avait réussi à passer à travers la grêle de lasers, j’avais donné un coup d’épée avec ma main droite et j’avais paré sa charge avant de lui envoyer un barrage de lasers dans son dos sans défense. Tu ne peux pas te détendre une seule seconde avec ces choses-là.
« Demande de rapport de pertes ! » appella Serena.
« Équipe A, aucune perte ! »
« Équipe B, aucune perte ! »
« De même ! L’équipe C n’a aucune perte ! »
Il semblait que nous étions tous sortis indemnes de cette attaque. Je rengainai mes épées et rengainai mon arme laser avec un soupir.
« Lieutenant-colonel, je pense qu’il est dangereux de continuer », déclarai-je.
« Si les choses continuent ainsi, je ne prévois aucun problème. Nous avons beaucoup de soutien dans notre dos », répondit-elle en rengainant son épée et en regardant le ciel.
Il était impossible de voir très loin à l’œil nu à travers la tempête de poussière qui faisait rage, mais le HUD de mon masque universel affichait le Krishna ainsi que de petits vaisseaux appartenant à la flotte impériale. Les petits vaisseaux tiraient tous des lasers par intermittence devant nous, provoquant à chaque fois une lumière éblouissante et des boums explosifs.
« Je suppose que oui… Mais vous êtes certainement très forte, lieutenant-colonel. »
Six cadavres de Twisted, chacun tranché en deux, gisaient là où elle avait donné un coup d’épée. Elle en avait tué deux fois plus que moi — un indicateur clair et simple de son habileté.
« Une simple différence de nature, à mon avis. Mon maniement de l’épée est agressif. Je fonce pour les abattre, alors que vous avez tendance à attendre en embuscade », dit Serena en m’observant de la tête aux pieds. « Si nous nous battions à mort, même moi, je ne peux pas prédire qui restera debout. Je doute que je subisse une défaite unilatérale, mais je ne me vois pas non plus vous écraser. »
« Je crois que vous vous faites un peu trop d’illusions. Je ne croiserai absolument pas les lames avec vous. » L’idée de me battre contre la femme qui venait d’abattre six Twisteds en un instant était bien trop effrayante. Je passe mon tour. Je préfère m’enfuir. « Pourtant, ces Twisteds… C’est autre chose, hein ? »
« En effet. Nous les analyserons plus tard, mais au premier coup d’œil, ils ressemblent étrangement à la faune indigène agressive apparue sur Kormat III. Regardez ces bras rocheux. »
Serena utilisa son pied pour jouer avec le bras d’un des Twisteds qui gisait à ses pieds. Les parties rocheuses étaient extrêmement dures, selon l’endroit où elles étaient frappées, elles pouvaient même résister à des coups directs de fusils laser. Cependant, elles n’étaient rien face à nos lames tranchantes.
« Cependant, n’y a-t-il pas moyen de rendre cela un peu plus sûr et plus facile ? »
« Ce serait difficile. Les véhicules militaires légers se transformeraient en cercueils s’ils mettaient la main dessus. »
Les véhicules de reconnaissance à haute mobilité — VR en abrégé — étaient plus résistants et plus durables que les armures motorisées et étaient naturellement plus mobiles que n’importe quelle infanterie. Ils seraient toujours impuissants s’ils étaient pris d’assaut par les Twisteds, bien sûr. Trois VR et les douze marines en armure de puissance qu’ils transportaient avaient déjà été sacrifiés lors de la mission de reconnaissance précédente, ce qui avait conduit à l’abandon de toute autre opération de reconnaissance basée sur les VR.
« Les capteurs des petits vaisseaux ne peuvent pas non plus les détecter. Quelle galère royale… ! »
Les fines particules métalliques causées par les machines de terraformation avaient été fouettées par les violentes tempêtes de poussière. Il était donc particulièrement difficile pour les capteurs de fonctionner correctement dans les zones touchées, ce qui ajoutait à la complexité de la situation. Le site d’atterrissage du vaisseau de suppression avait été marqué par le Krishna, mais cette tempête de poussière spéciale avait quelque peu faussé le positionnement de la marque. Par conséquent, nous avions dû nous frayer lentement un chemin dans cet environnement horrible à la recherche du navire de suppression, tout en gardant un œil sur les attaques des Twisted. Ha ha ha, au diable tout ça !
« Vous savez, avec tous ces Twisteds, pensez-vous que ce type… euh, ce noble, pourrait être mort à l’heure qu’il est, non ? » demandai-je.
Nous avions réussi à repousser les Twisteds grâce à une combinaison de soutien aérien important et rapproché, d’équipement solide, du nombre et de la puissance de feu. Notre cible n’avait rien de tout cela. Si les Twisteds l’attaquaient, il ne tiendrait probablement pas longtemps.
« Ce serait un problème. Nous devrions localiser son cadavre et revenir avec au moins une partie de celui-ci. Cela devrait être une preuve suffisante que Goeritz conspirait avec des pirates dans le système Kormat. » Serena cessa finalement de donner des coups de pied au bras du Twisted et haussa les épaules. « D’ailleurs, il est en sécurité s’il reste dans son vaisseau de suppression. Mais surtout, si ces Twisteds et la faune agressive de Kormat III sont de son fait, alors il a sûrement des moyens de les contrôler. Si c’est le cas, nous devrons nous emparer de ces moyens. »
« Oui, je pense que c’est le cas. Si nous pouvions les contrôler, nous n’aurions plus à nous inquiéter de ceux qui se trouvent ici ou sur Kormat III. »
« Exactement. Maintenant, il semble que les troupes soient prêtes. Allons de l’avant. »
« Aye-aye, madame. »
Serena marcha devant moi pour mener ses troupes à travers la tempête de poussière qui faisait rage. J’avais rejoint leurs rangs et j’avais suivi le lieutenant-colonel.
☆☆☆
La moitié du sable avait été transformée en verre par la chaleur des explosions laser, il crépitait et craquait sous nos pieds. La tempête de poussière signifiait que la visibilité était horrible, mais malgré les conditions affreuses, nous avions quand même rencontré la faune monstrueuse.
« Cela confirme que les “animaux sauvages” qui attaquent ici sont fabriqués par l’homme », m’avait dit Serena, en regardant droit devant elle. Nous portions toutes les deux des casques qui couvraient entièrement nos têtes, alors ces mots étaient passés par nos communicateurs.
« Ils sont exactement comme ceux de Kormat III. »
« En effet. Le fait qu’ils soient presque identiques est une preuve. »
Elle ne pouvait pas déclarer qu’ils étaient identiques sans un test ADN, d’où le « presque ». Ce n’était pas impossible, mais il était extrêmement improbable que les êtres qui étaient apparus sur Kormat III et IV n’aient aucun lien de parenté malgré leur apparence similaire et leur hostilité.
« Lieutenant-colonel, nous avons détecté ce que nous pensons être le vaisseau de suppression ! »
« Merveilleux. Partagez l’information avec les vaisseaux au-dessus de nous. »
« Madame, oui, madame ! »
L’emplacement avait été immédiatement partagé sur le HUD de mon masque universel. Sans surprise, ce n’était pas très loin. Nous étions après tout venus à la surface parce qu’il était impossible de faire des recherches depuis le ciel.
« On y va en marchant ? » demandai-je.
« Ce n’est pas loin. Pensez au temps qu’il faudrait pour sécuriser un site d’atterrissage d’un appareil, monter à bord de l’appareil de débarquement, ranger nos armes déployées, faire l’appel, et tout le reste. Je doute que le temps gagné soit vraiment perceptible. »
« C’est très bien. » Ça ne valait pas la peine de se plaindre, alors j’avais marché comme un bon garçon.
***
Partie 3
« Vaisseau de suppression repéré devant nous ! Il est échoué, coincé dans le sol ! »
« Envoyez d’abord des drones pour enquêter sur l’intérieur. Nous ne voulons pas être accueillis par des explosifs réactifs. Ingénieurs, installez un générateur de bouclier et construisez une base provisoire. »
« Aye-aye ! »
Sous la direction de Serena, les marines s’étaient mis au travail. Je n’avais rien à faire, alors je m’étais contenté de rester debout en m’espaçant un peu. Oh, mais je gardais aussi un œil sur les ennemis, bien sûr.
« Des explosifs réactifs, hein ? Croyez-vous qu’il a eu l’occasion de les installer ? » demandai-je.
« Peut-être. Peut-être pas. Il est possible qu’il ait trafiqué le générateur du vaisseau de suppression, quoi qu’il en soit. Nous ne voudrions pas nous approcher négligemment et finir par être soufflés, n’est-ce pas ? »
« Oui, je suis d’accord avec vous. »
Si tu surcharges le générateur d’un vaisseau spatial avec de mauvaises intentions, il peut se transformer en un puissant explosif, tout aussi puissant que les explosifs réactifs plus typiques. Tu ne pouvais pas faire d’attentat suicide comme ça dans Stella Online, mais je n’avais aucune preuve que les gens ne le faisaient pas dans cet univers.
L’éclaireur qui utilisait le drone avait signalé qu’il n’y avait rien de dangereux à l’intérieur du vaisseau de suppression, et une équipe de recherche était entrée. Nous avions déjà confirmé que la cible n’était pas à l’intérieur, alors Serena et moi attendions et observions depuis la belle base de défense sécurisée.
« On fait une pause et on mange quelque chose, puisqu’on a un moment ? »
« Bien sûr. »
Cette base temporaire était protégée par un générateur de bouclier terrestre qui repoussait les tempêtes de poussière qui faisaient rage à l’extérieur, ce qui signifie que nous pouvions enlever nos casques pour manger et boire. J’avais enlevé mon masque universel alors que le lieutenant-colonel Serena ordonnait à ses subordonnés de faire une pause déjeuner par roulement. Je leur avais jeté un coup d’œil et j’avais sorti les rations que Mimi et Elma avaient préparées.
« Beurk, qu’est-ce que c’est ? » demanda Serena.
Ce que j’avais sorti de mon sac à dos était un monstre extraterrestre qui ressemblait à un facehugger. Oh, oui. Ce truc. C’est moche, mais ça n’a pas si mauvais goût que ça. La partie qui ressemble à une coquille est étonnamment douce et ressemble à du potiron, tandis que l’intérieur ressemble à une pâte sucrée et crémeuse. J’avais entendu dire que certains pays les utilisent comme rations.
« C’est étonnamment savoureux », dis-je.
« Avez-vous déjà mangé ce truc avant !? »
« Euh, oui… ? »
Pourquoi se trouvait-il dans mon sac à dos à un moment pareil, telle était la question. Mimi n’était pas une farceuse, alors Elma devait être la coupable. J’avais même vu Elma tirer la langue de façon amusante lorsque je l’avais découverte. Cependant, c’est Mimi qui s’occupait habituellement de ces ingrédients plus étranges. J’avais aussi préparé mon sac à dos avec Mimi, alors il était possible qu’il se trouve ici en toute connaissance de cause. Il faudra que j’interroge ces deux-là quand je rentrerai au navire. N’oubliez pas ça, les filles…
« Hum… »
« Probablement une jolie petite farce jouée par mes jolies petites membres d’équipage, ha ha ha… »
Faisons comme si je n’avais pas vu le facehugger. J’avais remis la chose dans mon sac à dos et j’avais cherché quelque chose d’autre à manger. Finalement, j’avais trouvé quelque chose d’autre enterré au fond. C’était emballé dans quelque chose qui ressemblait à du papier d’aluminium et étiqueté Ration militaire de type 3, Royaume de Pénitence. Au dos, il y avait les ingrédients et les informations nutritionnelles de chaque portion. C’était à peu près aussi gros qu’un de ces gâteaux castella vendus entiers dans les supermarchés. Il était dense aussi, ce qui, m’étais-je dit, était la garantie d’un repas satisfaisant.
« Qu’est-ce que c’est ? » me demanda Serena.
« Euh… On dirait des rations provenant d’un endroit appelé le royaume de Pénitence ? »
« Oh, je vois. C’est assez loin, mais les relations entre eux et l’Empire ne sont pas mauvaises. »
« Huh. Au moins, ça ressemble à de la vraie nourriture, alors je vais essayer. » Tout le paquet était rempli de quelque chose qui ressemblait à un quatre-quarts dense.
« Ça sent bon. »
C’est vrai. Le parfum était sucré, comme une sorte de fruit. Oui, Serena est vraiment une fille, la façon dont les sucreries l’attirent tout de suite. Je veux dire qu’il y a aussi beaucoup d’hommes qui ont la dent sucrée — les sucreries ne me dérangent pas.
« Voulez-vous une bouchée ? » lui avais-je proposé.
« Bien sûr. Je serais aussi heureuse de partager mes rations avec vous. »
J’avais cassé une portion raisonnable des rations qui ressemblaient à du gâteau quatre-quarts pour Serena avant de mordre moi-même dedans. Elle m’avait rendu la pareille avec une sorte de saucisse sèche. Oh attends, je sais ce que c’est.
« C’est ça… Saucisse militaire. »
« Oh ? En avez-vous déjà entendu parler ? »
« Nous avons acheté un assortiment de rations militaires il y a quelque temps et nous les avons toutes goûtées. »
Les rations du royaume de Pénitence étaient dans ma main droite, et une saucisse de la flotte impériale dans ma main gauche. J’avais décidé de mordre d’abord dans la première. Elle avait une texture épaisse et humide, semblable à celle du pain. Elle était sucrée, mais cette douceur ne provenait pas uniquement du sucre. Des fruits secs avaient été mélangés à la pâte, et le gâteau avait été imbibé de sirop pour rester humide. Non, j’avais aussi goûté de l’alcool, alors ils utilisaient probablement aussi du saké sucré.
« Oh. J’ai l’impression d’avoir déjà mangé quelque chose comme ça », m’étais-je dit.
« Vraiment ? »
« Hmm… Qu’est-ce que c’était ? » Oh oui, maintenant je me souviens ! Du Stollen… Une sorte de gâteau aux fruits allemand, je crois. Bon, il n’y a aucun moyen d’expliquer ça à Serena, alors je laisse tomber et je passe à autre chose. Il est temps de goûter cette saucisse militaire. « Hm. La nourriture salée fait vraiment du bien quand on est fatigué. »
« Le fait de transpirer a effectivement tendance à vous donner envie de quelque chose de salé. »
Ça avait encore le goût d’une saucisse sèche bon marché vendue dans les supérettes, mais Serena avait raison, j’avais vraiment envie de cette saveur intense et salée. J’avais toujours l’impression qu’il manquait un petit quelque chose, et la texture n’était pas bonne — ce n’était pas très charnu, du tout — mais il y avait du sel et de la graisse. C’était comme un complément salé et calorique pourri.
« Je crois que je préfère les rations du Royaume de Pénitence », décida Serena.
« Je suis d’accord avec vous. »
Cependant, manger trois portions de ce genre par jour deviendrait vite ennuyeux. Ce serait aussi une sacrée corvée. Le truc est tellement gros que tu t’ennuierais à mi-chemin. Mais si je devais les évaluer individuellement, je dirais que la ration de type 3 du royaume de Pénitence est à la fois plus savoureuse et plus satisfaisante.
Bien sûr, la flotte impériale avait beaucoup d’autres rations que les saucisses — des crackers et autres, ainsi que divers plats principaux et d’accompagnement — et c’est peut-être elle qui avait remporté le vote le plus satisfaisant dans l’ensemble. Tant qu’ils n’avaient rien de trop mauvais que je ne connaissais pas, en tout cas.
« Allez-vous aussi manger… ce que c’est que cette autre chose ? » Elle avait frémi.
« Je veux dire, oui, si j’en ai l’occasion. Pour être honnête, je pense que ça a meilleur goût que les rations de la flotte impériale et du royaume de Pénitence. »
« Hein. » Serena m’avait regardé, dubitative, mais j’avais goûté aux trois moi-même, alors je savais que j’avais raison. Si l’occasion se présentait, il faudrait que je lui fasse goûter une bouchée.
☆☆☆
Boom. Boom. Boom.
Le sol tremblait, et des monstres de cinq mètres de haut avaient bondi dans la tempête de poussière.
« Un Grappler est passé ! »
« Où est notre soutien aérien rapproché !? »
« Ils sont surchargés en ce moment ! »
La chose ressemblait hideusement aux humains, malgré son apparence monstrueuse : deux bras recouverts de roches, de multiples jambes assez grandes pour piétiner facilement une personne moyenne, un visage sans yeux, une bouche baveuse, et des dents beaucoup trop semblables aux miennes.
« Hiro, vous et moi devons nous battre. »
« Vous voulez vous battre contre ces choses avec des épées ? Êtes-vous folle ? »
« Tout être vivant peut être tué si vous lui coupez la tête. J’attire son attention par devant. »
« Hé, attendez ! »
Serena avait tenu son épée à deux mains et avait foncé vers la grande forme de vie agressive, que nous avions provisoirement appelée un Grappler. Je l’avais suivie, troublé. Je ne pouvais pas vraiment laisser la lieutenante-commandante y aller seule.
« Bon sang ! »
L’armure de combat blanche de Serena avait semblé attirer l’attention du Grappler. Ne me demandez pas comment il l’a vue, puisqu’il n’a pas d’yeux. Il avait poussé un cri menaçant et avait levé son bras rocheux, prévoyant sans doute de transformer Serena en chair à pâté d’un seul coup.
Le bras rocheux s’était écrasé sur le sol, créant une explosion qui avait caché Serena dans un nuage de poussière. Ce ne serait pas drôle si ce coup l’avait écrasée — mais j’avais vu dans le HUD de mon masque universel une Serena en bonne santé passer derrière le bras rocheux.
C’est ça, les appareils de haute technologie. La poussière et le sable ne sont rien à côté.
« Prends ça ! » J’avais tranché le fossé entre la roche et la chair alors que son bras rocheux était encore enfoncé dans le sol. Cette lame à particules renforcée pouvait couper le blindage d’une armure de force avec facilité. La chair vivante et les os auraient tout aussi bien pu être du papier de soie.
« GYAAAAARGH !? »
Du sang noir avait jailli du bras coupé du Grappler, qui recula en agonisant. Au même moment, il avait balancé son bras restant en diagonale vers moi depuis le haut.
J’avais retenu ma respiration, et le monde autour de moi avait ralenti — c’était comme si le temps lui-même s’étirait. Je m’étais alors déplacé pour échapper au bras de la bête, l’air lourd et poussiéreux qui semblait s’enrouler autour de moi s’éloigna. J’avais aligné ma lame sur le bras attaquant pour le découper, roche et tout le reste.
Je tenais fermement l’épée, si je n’alignais pas mes mouvements sur le bras de l’ennemi et ne le tranchais pas avec précision, mon épée se briserait. Le Grappler chancela en criant à nouveau à l’agonie, le sang jaillissant de la coupure.
« C’est très bien. Vous avez la note maximale », déclara Serena à travers le communicateur de mon masque universel. Je me demandais où elle était — et je l’avais finalement aperçue sur l’épaule du Grappler. Elle avait dû courir tout droit vers le haut de son corps.
« Haaah ! »
Il y avait eu un éclair de lumière. Au-dessus de l’épaule du Grappler, Serena avait brandi son épée — officiellement appelée épée monomoléculaire — et lui avait tranché la tête d’un seul coup. Le Grappler s’était raidi d’un seul coup et était tombé droit devant lui… directement sur moi…
« Wôw ! Bon sang ! Merde ! » Je m’étais précipité vers l’arrière et j’avais réussi à éviter de justesse la chute du Grappler. Serena avait atterri gracieusement à côté de moi. Maudite sois-tu d’être aussi cool dans des moments pareils ?
Elle sourit. « Je vois que vous avez été négligent jusqu’au bout. »
« Contrairement à vous, je ne suis qu’un roturier peu raffiné et un mercenaire. »
« Ne vous rabaissez pas comme ça. Vous êtes, sans l’ombre d’un doute, un guerrier capable de surmonter sa peur et d’affronter de puissants ennemis. Débraillé ou non, cela mérite le respect, » déclara Serena, avec le plus grand sourire jamais affiché sur son visage en ce moment.
J’ai l’impression qu’elle me mène en bateau, mais… Oui… Recevoir un compliment, c’est plutôt embarrassant.
« Euh, d’accord. Alors… Comment se passe le reste de la bataille ? »
« On dirait qu’ils ont aussi réglé les choses de leur côté. »
Le seul gros qui avait percé était le Grappler que nous avions abattu. Il y avait aussi eu des dizaines de Twisteds, mais les marines s’en étaient débarrassés sans difficulté.
« Des lacunes dans notre soutien aérien, hein ? Qu’est-ce que vous faites là-haut ? »
« C’est ma faute. On l’a raté, celui-là », s’excusa Elma à travers le communicateur.
***
Partie 4
Je n’étais pas vraiment en colère contre elle. J’avais l’impression qu’il y avait beaucoup d’ennemis dehors, alors si un seul avait réussi à s’en sortir, c’est qu’ils avaient dû bien se débrouiller. De plus, le Krishna n’était pas le seul vaisseau à fournir un soutien aérien. Des mercenaires et de petits navires de la flotte impériale travaillaient à ses côtés. À côté de moi, Serena réprimandait ses propres vaisseaux de soutien, leur disant de ne pas laisser passer un autre gros.
« Utilise aussi les canons de défense antiaérienne », lui avais-je dit. « Je sais que c’est du gâchis, mais c’est mieux que de les laisser passer. »
« C’est vrai. Nous vous rembourserons le coût de vos munitions, après tout », ajouta Serena.
« Tu entends ça ? Ne sois pas avare. »
« Roger. Nous leur donnerons la monnaie de leur pièce. »
Mon appel avec le Krishna s’était terminé.
« Je pense que nous pouvons nous en sortir pour le moment… »
« Oui, cela suffira pour l’instant. »
J’avais vu une petite montagne devant moi au milieu des vents déchaînés qui soufflaient de la poussière partout. Non, pas une montagne — cette chose n’était clairement pas une structure naturelle.
Après avoir fini d’enquêter sur le vaisseau de suppression, nous avions marché en suivant les traces trouvées par les éclaireurs. Nous avions combattu plein de Twisteds et de Grapplers en chemin, jusqu’à ce que nous arrivions enfin au pied de l’étrange structure.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je. « On dirait une grande fourmilière. »
« Je suis certaine que c’est leur nid. Nous en avons rencontré de plus en plus fréquemment au fur et à mesure que nous approchions. »
Ce qui ressemblait à une fourmilière géante à première vue était en fait une structure extrêmement grande en forme de montagne bosselée. D’après le HUD de mon masque universel, elle mesurait plus de 300 mètres de haut. Était-elle faite de terre ? Elle ne ressemblait pas au sol environnant, elle était plutôt d’un brun rougeâtre.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Ça a l’air facile à détruire. » Peu importe sa taille, ce n’était qu’un tas de terre. Ce n’est pas comme s’il pouvait résister aux canons laser d’un vaisseau qui vaporisent les blindages, détruisent les coques et font exploser les boucliers.
« J’aimerais bien, mais… »
« Est-ce que capturer ce qu’il a dans le ventre est vraiment si important ? Qui était-ce déjà ? Goeritz, ou qui que ce soit d’autre ? »
« C’est exact, » dit Serena. « Bien que, pour être clair, ce n’est pas moi qui le veux. Ce sont mes supérieurs qui le veulent. »
« Mais charger dans le nid de l’ennemi avec nos forces et sans soutien aérien est une chose objectivement stupide à faire. »
Jusqu’à présent, nous avions réussi à repousser les attaques des monstres avec le soutien de vaisseaux spatiaux. Si nous devions combattre ces Grapplers sans aucun soutien aérien, nous aurions certainement des pertes à gauche et à droite. Pour être juste, les marines étaient de véritables forces d’infanterie de l’empire Grakkan, contrairement aux colons, qui n’étaient armés que de fusils laser. La puissance, l’équipement militaire et l’entraînement des marines étaient d’un tout autre niveau que ceux des locaux. Nous pourrions encore réussir à tirer notre épingle du jeu, à condition d’y aller en sachant qu’il faudrait faire des sacrifices.
« Ne vous inquiétez pas. Les renforts arrivent. Nous ne sommes que des éclaireurs chargés de trouver leur base. Nos renforts sont ceux qui sont censés constituer la véritable force de combat. »
« Oh, vraiment ? »
Je pensais que nous avions déjà une force de frappe assez solide. Ils en avaient une plus importante ? Serena avait reçu un appel alors que je me tenais là, observant avec curiosité. Après un moment de chuchotements étouffés, elle leva les yeux au ciel et déclara : « Ils arrivent. »
« D’en haut ? »
Je lui avais emboîté le pas et j’avais levé les yeux. Les vaisseaux spatiaux et les navires de débarquements dans le ciel au-dessus de nous s’écartaient du chemin. Haut dans le ciel, bien au-dessus des autres vaisseaux, un grand nombre de quelque chose pleuvait.
« Wôw, c’est quoi ce bordel ? Un bombardement orbital ? »
« Non. Renforts. »
Ils tombèrent de l’espace, enveloppés dans la chaleur et les flammes de la compression adiabatique, et atterrirent autour de la structure. La terre elle-même vola en éclats sous leur atterrissage impitoyable. La terre et la poussière avaient volé dans les airs alors qu’un grand tremblement de terre gronda sous nos pieds.
« C’est une sacrée entrée. Et eux ? »
« La vraie force terrestre », déclara Serena.
« Impressionnant… »
Des piquets métalliques s’enfoncèrent dans le sol. Quelque chose — je ne savais pas quoi — dégoulinait sur le sol et commençait à changer de forme. C’étaient des soldats de métal sans sang, ni larmes, ni peur de la mort. Ils avaient des os en métal bien plus solides que ceux de n’importe quel humain, un blindage, des muscles spéciaux en fibres métalliques qui pouvaient transformer une personne normale en viande hachée d’un seul coup, et la capacité de manier des armes lourdes qu’aucun humain ne pourrait jamais espérer soulever.
Il y avait toute une variété de robots de combat lourds, allant de la taille humaine à cinq mètres de haut.
« Des robots de combat de qualité militaire, hein ? » Mentalement, je criais : « Wôw, comme Titanfall ! », mais j’avais réussi à m’empêcher de le dire à voix haute.
« Exactement. On se met à l’écart et on regarde la scène se mettre en place ? »
Les ingénieurs avaient commencé à construire un solide avant-poste, l’achevant en un clin d’œil. J’avais suivi Serena alors qu’elle se dirigeait vers celui-ci.
☆☆☆
Un grand homme a dit un jour : « En matière de combat, le nombre est tout ! » Voir cette bataille se dérouler m’avait amené à croire ces paroles.
« Nos forces sont trop écrasantes. Elles sont condamnées », avais-je dit avec suffisance.
« Elles ne sont pas tout à fait les nôtres », m’avait rappelé Serena.
« Oui, je suis au courant. »
Les robots de combat de taille humaine tiraient des lasers mortels de leurs bras. Lorsque les Twisteds s’accrochaient à eux, ils les dominaient tout simplement, les arrachaient et les écrasaient. Les robots moyens de deux à trois mètres de haut étaient encore plus féroces. Ils étaient équipés de lanceurs de plasma, ce qui leur permettait d’écraser de front les grands Grapplers et les Bulls — des ennemis dotés d’un puissant blindage qui chargeaient pour attaquer. Mais les combattants ultimes étaient les grands robots de cinq mètres de haut.
« Les géants sont géniaux », avais-je commenté.
Grands, mais agiles, ils se tenaient en première ligne, fauchant les plus gros ennemis avec leur artillerie et leurs attaques au corps à corps, tout en en repoussant d’autres avec leurs boucliers. Vu leur taille, ils devaient avoir de la puissance de générateur à revendre.
« Les robots de combat de classe Titan sont l’épine dorsale de la guerre terrestre », expliqua Serena. « Entre vous et moi, la majorité des combattants de surface de la flotte impériale sont des robots de combat. »
« Oui, ils sont littéralement remplaçables. Et pas chers non plus. »
Serena avait répondu par un haussement d’épaules sans mot dire.
Tant que tu n’étais pas vraiment pressé, il fallait entre quinze et dix-huit ans pour qu’un humain devienne un candidat viable pour devenir soldat. Quinze ans, c’était trop jeune à mon avis, mais c’était le minimum requis pour que ton corps soit considéré comme suffisamment développé pour l’armée, au moins. Bien sûr, si vous étiez dans l’urgence, vous pouviez avoir des soldats plus rapidement que cela.
Il ne s’agissait pas seulement d’enfants soldats, mais aussi de soldats clonés créés à l’aide de la biotechnologie. En voyant les robots de combat déployer devant moi en ce moment, je m’étais dit que l’empire Grakkan n’allait probablement pas dans cette direction… ou du moins je l’espérais. Je n’avais pas entendu de rumeurs à ce sujet, du moins, jusqu’à présent. D’un autre côté, les Twisteds étaient presque certainement le produit d’une technologie similaire, et leur présence ici était la preuve que quelqu’un dans ou près de l’Empire utilisait sans aucun doute la biotechnologie à des fins militaires.
Quoi qu’il en soit, revenons-en au coût et à la facilité de remplacement. En bref, oui, utiliser des gens comme soldats était extrêmement coûteux. Mais les robots de combat ? Leur construction coûtait de l’argent, certes, mais ils étaient bien moins chers que d’élever et de s’occuper d’un humain pendant au moins quinze ans. Cela vaut aussi bien pour le coût monétaire réel que pour le temps nécessaire.
Une fois que vous avez une chaîne de production, les robots de combat peuvent être produits en masse, à condition que vous ayez les ressources nécessaires. Tu n’avais pas besoin de continuer à les former — il suffisait de transférer les données de combat d’un vieux robot à ton nouveau robot, et hop, tu avais instantanément un soldat expérimenté. Tu n’as pas à te préoccuper de choses comme le paiement des pensions ou des salaires des survivants, de les nourrir ou de leur fournir un traitement médical. De ce point de vue, il n’y avait que des avantages et aucun inconvénient.
« Et pas cher, en plus », avais-je répété.
« Pourquoi avez-vous dit ça deux fois ? »
« Tout simplement en pensant à tous les ennuis que la flotte impériale doit gérer. »
« Votre inquiétude n’est pas nécessaire et n’est pas souhaitée. »
S’ils pouvaient transformer les vaisseaux spatiaux en robots de combat — des robots de combat spatiaux ? — alors ils pourraient réduire les coûts encore plus, n’est-ce pas ? Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Peut-être que l’Empire Grakkan hésitait à transformer toutes ses forces en unité robotique, étant donné ses conflits passés avec l’intelligence artificielle. Quoi qu’il en soit, les voilà qui utilisent des robots de combat comme forces de surface. Peut-être parce qu’ils voulaient garder leurs options ouvertes ? Un bombardement orbital était envisageable dans un tel cas. Je m’étais retrouvé un peu intéressé par tout cela.
« Comment avez-vous réussi à obtenir une force aussi importante ? » demandai-je.
« À l’origine, ils ont été envoyés pour combattre la faune agressive sur Kormat III. Nous les avons simplement réaffectés à Kormat IV. »
« Oh, je vois. »
Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’apparition des Grapplers sur Kormat III. Le système Kormat n’était pas très éloigné d’une passerelle, il ne fallait donc pas trop de temps pour contacter la capitale ou faire venir des forces d’autres endroits. Cela signifiait que les transports étaient bien meilleurs ici que dans les systèmes frontaliers sans passerelle à proximité, comme le système Izulux où nous avions combattu les formes de vie cristallines ou le système Tarmein où j’avais rencontré Mimi et Elma.
« C’est quand même un peu ennuyeux, non ? »
« Voulez-vous vous lancer dans la bataille ? Je vous en prie », proposa Serena.
« Non, merci. Je passe mon tour. »
Je serais de la viande morte si je me lançais dans un combat entre des robots de combat et des animaux sauvages agressifs. Cet univers pouvait parfois ressembler au jeu vidéo Stella Online, mais il était bien réel. Je ne ressusciterais pas si je mourais ici — du moins, je ne le pensais pas — et mourir était la dernière chose que je voulais faire.
« Eh bien, nous ne savons pas quelles ressources sont à leur disposition. Cela risque de prendre un certain temps encore, alors vous êtes libre de vous ménager pour l’instant. »
« Ça me paraît bien. »
Je vais donc surveiller le wargame pendant un moment. D’autres capsules de largage de robots de combat pleuvaient du ciel. Je les avais regardées descendre et j’avais attrapé la gourde que j’avais à la hanche.
***
Partie 5
« Nous avons aussi pu le voir ! C’était incroyable ! Tu étais trop cool ! »
« Wamdo était lui aussi heureux de toutes les photos qu’il a prises. »
« C’est bon à entendre. »
J’avais conversé avec Mimi et Elma à travers mon masque universel. Les robots de combat et les Twisteds se livraient toujours une bataille féroce, mais la coordination parfaite des robots de combat et leur incroyable puissance de feu continuaient à submerger les Twisteds. Ce n’était qu’une question de temps avant que les robots n’atteignent la construction d’où surgissaient leurs monstres.
« J’ai été très impressionnée lorsque tu as combattu ce géant avec ton épée. »
« C’était génial ! Je t’enverrai les données que Wamdo nous a données ! »
Une petite fenêtre s’était ouverte sur le HUD de mon masque universel et avait diffusé une vidéo de moi et du lieutenant-colonel Serena en train de combattre le Grappler, filmée sous un angle parfait.
« Très bel angle de prise de vue, » dis-je.
Un orbe était apparu au-dessus de mon épaule dans la vidéo. C’était un appareil photographique autonome qui me suivait partout en utilisant le même type de technologie que les sphères de gravité que nous avions l’habitude d’utiliser pour boire dans le cockpit. Il combinait des hologrammes avec quelques autres types de technologie pour enregistrer mes mouvements et mon environnement à la surface de la planète. Tu sais, tu dois vraiment te demander pourquoi les gens de cet univers continuent à utiliser la technologie de façon aussi bizarre.
« Alors, vous n’êtes plus en service, les filles ? » leur avais-je demandé.
« Les navires d’assaut de la flotte impériale sont ici », répondit Elma. « Ils sont spécialisés dans l’attaque de cibles au sol, donc nous n’aurons pas l’occasion d’agir. Nous sommes en attente, juste au cas où nous devrions protéger votre camp. »
« Ah, je vois. Il doit avoir de grandes capacités de soutien en tant que vaisseau d’assaut », avais-je pensé en regardant une pluie de plasma vert s’abattre sur le champ de bataille.
D’après ce que j’avais appris, ces boulets de plasma étaient en fait une application de la technologie des boucliers. Ils emprisonnaient du plasma ultra-chaud à l’intérieur d’un bouclier extrêmement faible et le lançaient. Les tirs étaient lents et ne pouvaient pas aller très loin, c’est pourquoi ils n’étaient généralement pas adoptés par les mercenaires qui se battaient dans l’espace. Ils avaient mis au point des accélérateurs de plasma, mais même dans ce cas, les munitions volaient trop lentement pour être utilisées facilement… Malgré une limite de munitions, les torpilles anti-navires étaient beaucoup plus faciles à utiliser, d’autant plus que la vitesse du vaisseau ajoutait à leur élan.
En ce qui concerne les armes à plasma, elles étaient utilisées par les robots de combat de la flotte impériale. Elles étaient extrêmement puissantes. Les nouveaux canons de deuxième génération tiraient du plasma enfermé dans un bouclier, tandis que les canons de première génération tiraient des munitions physiques qui provoquaient une explosion de plasma au moment où elles touchaient la cible. Ils étaient à peu près aussi puissants l’un que l’autre, mais la deuxième génération, qui utilise les boucliers, n’avait pas de limite de munitions. Comme le plasma était enfermé dans des boucliers, l’arme elle-même s’usait très peu. Obtenez un générateur assez fou, et vous aviez pratiquement des munitions illimitées.
« Cette vidéo est elle aussi assez géniale », dit Elma.
« C’est vrai ! », acquiesça Mimi. « C’est tellement rassurant de voir les robots de combat de la flotte détruire ces monstres. »
« C’est comme regarder un film d’action, hein ? C’est rare de voir des robots de combat faire tout le travail. »
Cet univers avait toutes sortes de produits vidéo pour se divertir. Bien sûr, il y en avait beaucoup où la flotte impériale combattait des extraterrestres hostiles avec lesquels elle ne pouvait pas communiquer, mais il y en avait aussi des tonnes avec des situations comme celle dans laquelle nous nous trouvions en ce moment. Les robots de combat y jouent généralement un petit rôle, tandis que les soldats — y compris les non-humains, bien sûr — se chargent de la plupart des combats. Mais en réalité, il semblerait que les robots de combat fassent la majorité des combats.
« Eh bien, Wamdo a beaucoup d’images de soldats impériaux en train de se battre — sans m’inclure, bien sûr », avais-je dit. « Je suis sûr qu’ils trouveront un moyen de contourner le problème. »
« C’est ce que je pense aussi », dit Mimi.
Il semblait que la noblesse de l’empire Grakkan avait tendance à éviter l’intelligence artificielle, allant même jusqu’à hésiter à leur confier des tâches importantes. Eh bien, peut-être que leur noblesse se contenterait de s’appuyer sur la sueur de leur front plutôt que sur les machines ? Ce n’est pas ce que je sais.
« Une fois que les robots de combat auront planté le décor, je suppose que le jeu se terminera par un combat à l’épée entre Serena et moi contre le boss final. Wôw, c’est un peu comme un film de guerre, n’est-ce pas ? »
« Tu dois avoir une bagarre dans un vaisseau en feu, un combat au couteau ou un combat à l’épée à la fin. Toujours », dit Elma d’un ton détaché.
« Ah ha ha… C’est peut-être plus réaliste que je ne le pensais…, » plaisanta Mimi.
Alors, cet univers a aussi des clichés de cinéma, hein ? Un combat dramatique et final au corps à corps avec le méchant, c’est cool et tout, mais dans la réalité, je pense que tu opterais pour une fin plus propre avec, disons… une attaque au gaz toxique ou quelque chose comme ça.
☆☆☆
« Bien sûr que ça ne marchera pas, » déclara Serena.
« Ça ne marchera pas ? »
« Vous et moi sommes équipés pour éviter ce problème. Il est fort probable qu’il le soit aussi. »
« Je vois. »
Son casque et mon masque universel étaient tous deux capables de se défendre contre les armes biologiques et chimiques. Le mien était du genre à ne couvrir que le visage, plutôt que toute la tête, donc il ne me protégerait pas des poisons qui s’infiltraient dans ta peau.
Devrais-je acheter une armure de combat comme celle de Serena pour être mieux préparé à l’avenir ? Une armure légère, c’est un peu tout ce dont j’ai besoin… Eh bien, les fabricants d’armures de force légères s’occupent probablement aussi des armures de combat, alors j’y réfléchirai le moment venu.
« Comment ça se passe maintenant ? » lui avais-je demandé.
« Une partie de nos forces s’est déjà infiltrée et sécurise la tête de pont. Leurs forces extérieures devraient bientôt être nettoyées. » Serena avait tapoté l’air du bout des doigts. Elle utilisait probablement une interface sur le HUD de son casque pour donner des ordres aux robots de combat et à ses soldats, même si je ne pouvais pas le voir moi-même. Honnêtement, c’était impressionnant qu’elle puisse faire son travail aussi bien tout en discutant avec moi comme ça, une preuve de plus qu’elle était bel et bien une noble.
« D’ailleurs, si on devait faire ça, autant détruire l’endroit avec un bombardement orbital dès qu’on l’a trouvé. »
« Oh, c’est vrai. Nous devons le capturer vivant, n’est-ce pas ? Bon sang, quelle galère ! »
« Ne soyez pas grossier. De toute façon, dans le pire des cas, on confirme sa mort et on prouve qu’il s’agit bien de Goeritz. Cela suffira amplement. »
« Nous n’avons pas vraiment besoin de lui couper la tête, n’est-ce pas ? »
Serena fronça les sourcils. « Lui couper la tête… ? Quel genre de barbare êtes-vous ? »
D’accord, écoute. Entendre ça de la part de quelqu’un qui brandit allègrement son épée dès qu’elle en a l’occasion n’est pas vraiment convaincant. Tu viens d’enlever la tête d’un Grappler pour en faire un trophée, n’est-ce pas ?
« Enfin, assez parlé de décapitation », dis-je en changeant de sujet. « Pourquoi Goeritz s’est-il enfui ici ? »
« Je présume que c’est pour gagner du temps. Je crois qu’il avait prévu de se terrer dans cette forteresse et d’attendre que la famille Ixamal envoie des renforts. »
« Hmm. Vraiment ? »
Il y a quelque chose qui ne me convient pas. Maintenant qu’il est ainsi acculé, il n’a aucun moyen de s’échapper. Je doute qu’il y ait une sortie secrète aussi profondément dans cette structure, mais je suppose que c’est ainsi que fonctionnent la plupart des forteresses. Ce n’est pas vraiment un endroit idéal pour se terrer. D’ailleurs, tout Kormat IV est un cul-de-sac. Une fois ici, tu ne peux pas échapper à la flotte impériale. Leurs forces et celles de la famille Dalenwald sont déployées et en orbite. S’il tente de sortir de l’atmosphère, il sera immédiatement capturé.
« Est-il possible qu’il ait utilisé une sorte de foreuse et qu’il ait creusé son chemin en dessous de nous ? » suggérai-je.
« Je n’ai jamais entendu parler d’une telle chose. Est-ce que ça existe ? »
« Je n’en ai jamais entendu parler. » Cet univers avait probablement la technologie nécessaire pour que cela se produise, mais je ne savais pas si cela existait vraiment.
« Ne pensez-vous pas qu’il est un peu idiot de théoriser sur quelque chose quand on ne sait même pas si cela existe ? »
« Juste. Bon, d’autres possibilités… Et s’il détruisait des preuves ? »
Serena haussa un sourcil. « Détruire des preuves ? »
« Il devrait déjà savoir que sa priorité absolue est d’éviter d’être capturé vivant ou d’être retrouvé mort et que son identité soit prouvée. Et s’il laissait les Twisteds le manger pour que son corps soit irrécupérable, ou pour nous forcer à le déclarer disparu ou quelque chose comme ça ? »
« Eh bien… Ce serait une tournure des plus désagréables. Nous devrions fouiller la structure à la recherche de tout “reste”, ouvrir les estomacs des Twisteds, fouiller dans leur contenu, et ainsi de suite. Mais si c’était son plan, je suppose qu’il préférerait écraser son vaisseau de suppression à la surface de la planète. »
J’avais fait une pause. « C’est logique. »
L’atterrissage en catastrophe sur la planète détruirait proprement toute preuve — la sienne ou autre. S’il était prêt à mettre fin à ses jours pour détruire des preuves, alors ce serait plus sûr. Il semblerait que l’hypothèse de la « destruction de preuves » soit peu probable maintenant.
« Étant donné les actions des Twisted, je suis certaine qu’il panique », déclara Serena. « Peut-être que quelque chose que même lui n’aurait pas pu prévoir est en train de se produire. »
« Pensez-vous que c’est le cas ? »
« Oui. Je doute qu’il s’attendait à ce que vous le suiviez jusqu’à Kormat IV. Il espérait utiliser la vitesse du vaisseau de suppression pour vous semer, mais vous avez réussi à tenir jusqu’au bout et à découvrir sa cachette. L’opération de reconnaissance qui a suivi a également permis d’identifier la structure qui lui sert de base. De plus, l’escouade de débarquement destinée à Kormat III a été réaffectée ici, ce qui nous donne un avantage. »
« Il est donc complètement foutu. Mais il n’arrêtera pas de résister, et il ne se rendra pas… »
***
Partie 6
Je ne savais pas quel genre de type était ce Goeritz, mais il avait brisé l’encerclement de la flotte impériale et s’était enfui jusqu’à Kormat IV. C’était clairement un mauvais perdant, à défaut d’autre chose.
« Dans ce cas, » continuai-je, « Peut-être que se terrer et attendre d’être secouru est sa meilleure option. »
« Je pense que c’est le cas. Cependant, le système Kormat est un territoire de Dalenwald. La flotte impériale essaie également de le capturer depuis un certain temps. Je pense qu’il est impossible pour la famille Ixamal d’intervenir, même si Goeritz y met du sien. »
« Il est donc complètement foutu. »
« Oui, sa lutte est vaine. Mais nous n’avons guère la possibilité de jouer le jeu, déplacer une armée n’est pas vraiment gratuit. »
« Oh, je vois… Je vois. »
Peut-être qu’il essayait vraiment d’être une nuisance. En gros, il avait déjà perdu. Maintenant, il essayait simplement d’entraîner le plus de monde possible dans sa chute, tout en faisant le plus de dégâts possible à la famille Dalenwald. Ils devront probablement supporter une grande partie des coûts de cette opération militaire, après tout.
« Qu’est-ce que vous voyez, exactement ? »
« Sa motivation, peut-être », avais-je expliqué. « Peut-être qu’il essaie juste de semer le plus d’ennuis possible. Vous savez, être une vraie plaie pour que ses opposants perdent le plus de choses. Il sait qu’il est foutu de toute façon. »
Serena fronça les sourcils et soupira de colère. « On dirait bien que c’est ce que feraient les Ixamals. »
Comment des nobles avec une telle réputation pouvaient-ils agir à leur guise pendant si longtemps ? Il devait y avoir des circonstances compliquées derrière tout ça. Non pas que cela ait de l’importance ou quoi que ce soit d’autre. Tout ce que je savais, c’est qu’il valait mieux éviter la famille Ixamal à tout prix.
☆☆☆
Malgré mes inquiétudes, l’opération s’était déroulée sans encombre. Un point d’entrée avait été ouvert, la tête de pont avait été sécurisée, et la seule chose qui restait à faire était de continuer à nettoyer les lieux et à enquêter. Il y avait eu quelques pertes de robots de combat en cours de route, mais rien ne les arrêtait. Ils avaient continué à submerger l’ennemi avec leur puissance de feu et leur blindage jusqu’à ce qu’ils aient enfin atteint leur destination — le bunker souterrain.
« Toute la partie en surface a été un fiasco, hein ? »
« Il était nécessaire de la nettoyer et de la sécuriser. Nous ne voudrions pas avoir de regrets persistants. »
« Je suppose que c’est vrai. » Se faire prendre pour cible par-derrière en descendant ne serait pas drôle. Nettoyer la structure de surface en premier avait probablement été une bonne décision.
« Hmm…, » murmura Serena.
« Quelque chose ne va pas ? »
« Les robots de combat qui nettoient la section souterraine ont découvert une structure artificielle. Il semblerait que nous ayons touché le jackpot. »
« Ça a l’air d’être une bonne nouvelle. »
Mais qu’est-ce que c’était exactement ? Peut-être une sorte d’usine qui a créé les Twisteds ? Mais une usine a besoin de matériaux, quelle que soit l’avancée technologique de cet univers. Il ne peut pas y avoir d’endroit qui génère des Twisteds à l’infini, alors d’où viennent ces matériaux ?
« Je me demande comment cela affecte le processus de terraformation », m’étais-je dit. « Bon sang, ça va être pénible s’il y en a plus à la surface de la planète. »
« Je suis sûre que nous pouvons les détruire avec un bombardement orbital. »
« Je ne m’attendais pas à une solution aussi musclée de votre part. »
« C’est efficace, » dit Serena d’un ton détaché. « Saisir et détruire chacun d’entre eux avec des troupes au sol ne serait qu’un gaspillage d’argent. »
C’est peut-être vrai, mais tu n’as pas peur de détruire l’environnement ? Attends, je suppose que ça n’a pas d’importance, puisqu’il s’agit d’une terraformation. Nous pourrions détruire l’environnement ainsi que les Twisteds et nous contenter de les réparer plus tard, hein ? C’est efficace.
« Goeritz se trouve probablement dans la structure souterraine. Allons-y », dit-elle.
« Oui, oui, madame. »
Pourquoi ne pas laisser les robots de combat finir le travail ? me suis-je demandé. C’est vrai, il faut qu’on ramène ce type en vie. Je n’aimais pas ça, mais je m’étais dit que je devais jouer le jeu. J’espère seulement que c’est la dernière bataille. Allons-y.
☆☆☆
Le couloir souterrain était rempli de piles de cadavres de Twisted qui avaient été massacrés par les robots de combat.
« Endroit confortable. »
« Oui, bien qu’il semblerait y avoir quelques bizarreries dans son fonctionnement. »
Nous avions emprunté le couloir à bord d’un aéroglisseur conçu à l’origine pour traverser des terrains accidentés. Il pouvait contenir six personnes, y compris le conducteur, et bien qu’il ne soit pas très rapide, il franchissait facilement les terrains accidentés, les pentes raides inattendues, les falaises de plusieurs mètres de haut, et ainsi de suite. Comme la sphère de gravité, elle avait été fabriquée en combinant la gravité et la technologie de contrôle inertiel.
« Ils ont vraiment bien nettoyé l’endroit. Je n’ai vu aucune trace d’ennemis. »
« Même s’il en restait, les robots à grande mobilité qui nous accompagnent s’en chargeraient rapidement. »
À côté du véhicule en vol stationnaire, dont la vitesse maximale était de 30 kilomètres à l’heure, se trouvait un robot de combat à usage militaire à la silhouette acérée. C’était un robot bipède avec des jambes à articulation inversée qu’il utilisait pour courir et sauter rapidement aux côtés de l’équipe d’invasion des structures souterraines. Je ne connaissais pas sa puissance de feu, mais sa mobilité à elle seule le rendait sans doute difficile à affronter. Ce n’était probablement même pas sa vitesse maximale.
Il est temps de faire un petit exercice de réflexion : que ferais-je si je devais l’affronter ? Eh bien, il n’avait pas l’air très robuste, alors je viserais probablement les jambes et réduirais sa mobilité. Qu’est-ce que c’est que ça ? Pourquoi ne pas simplement courir ? Bien sûr, je pourrais fuir. Je ne chercherais pas à me battre à la loyale contre un robot de combat d’une précision quasi parfaite. À l’époque de Stella Online, ces choses étaient de véritables tireurs d’élite. Ils vous touchaient presque à 100 %. Si vous n’aviez pas l’armure ou les boucliers nécessaires pour résister à leurs lasers, vous ne pouviez espérer qu’un match nul, au mieux. Leur vitesse de réaction était également plus rapide que celle d’un humain, bien que les robots de sécurité privée soient souvent sous-cadencés pour éviter qu’ils ne soient trop dangereux.
« Alors, comment se déroule la bataille ? »
« Il a mis en place un bouclier, » dit Serena. « Il fait vraiment de son mieux pour gagner du temps. Bien sûr, il sera brisé au moment où nous arriverons. »
Les boucliers avaient d’incroyables capacités défensives, protégeant les vaisseaux même lorsqu’ils entraient en collision avec des débris spatiaux lors d’une propulsion FTL. Cependant, ils n’étaient pas tout-puissants, mais relativement faibles face aux lasers surpuissants, aux armes à plasma super-chaud, et aux explosions et ondes de choc des missiles. Et lorsque deux boucliers interagissaient, ils s’épuisaient rapidement l’un l’autre.
Les torpilles réactives antinavires du Krishna étaient également équipées de dispositifs d’attrition, qui utilisaient le même phénomène de bouclier contre bouclier pour saturer les défenses de leurs cibles. C’est du moins ce qu’indiquait la description de l’article de Stella Online. Je n’avais pas confirmé si tout cela était vrai ou non dans cet univers.
« Au fait, comment comptent-ils s’y prendre pour passer ? » J’avais supposé qu’ils utiliseraient une sorte d’équipement militaire pour faire le travail. Mais Serena me répondit seulement que je le saurais quand je le verrais. Oh ho ! Des secrets militaires ? me dis-je naïvement. Quant à savoir ce que j’ai vu ?
« Il n’y a pas de meilleur moyen que celui-ci », avait-elle déclaré fièrement.
Je n’avais pu dire qu’une chose lorsque je l’avais vu de mes propres yeux : « Ça, c’est de la force brute comme je n’en ai jamais vu. »
Des dizaines de robots de combat militaires avaient tiré avec leurs lasers sur le bouclier qui protégeait l’installation, tandis que les robots de classe Titan, hauts de cinq mètres, l’éperonnaient, leurs boucliers à pleine puissance. Eh bien, « éperonner » ne décrivait pas tout à fait la situation… Il s’agit plutôt de l’écraser avec leurs boucliers. Mais en gros, c’est un éperonnage.
« Le bouclier semble plus solide que prévu, mais il ne tiendra pas longtemps à ce rythme. »
« Et quand il se brisera, ce sera à notre tour de nous battre ? »
« Non, cela devra attendre encore un peu. Nous enverrons d’abord des robots de combat. »
Pendant que nous parlions, le bouclier commença à vaciller avant de disparaître soudainement. À l’instant où il disparut, les lasers des robots de combat frappèrent le mur de la structure. De petites explosions retentirent, laissant derrière elles des marques de brûlure. Oui, dans cet univers, les boucliers ne se fissurent pas et n’éclatent pas comme dans un certain jeu de combat.
Après avoir confirmé que le bouclier avait été sursaturé et avait disparu, les robots de combat de petite et moyenne taille avaient infiltré l’installation en formation ordonnée. Le robot de classe Titan était trop gros, alors il était resté coincé ici avec nous en attente.
« D’abord, nous allons prendre le contrôle du bouclier et des générateurs principaux. Nous ne voulons pas que le bouclier nous piège à l’intérieur ou risquer une explosion des générateurs. »
« Ça me semble être la bonne solution, mais qu’est-ce que j’en sais ? »
Je n’étais pas un tacticien ou quoi que ce soit d’autre, mais ça me semblait intelligent. Sécuriser une issue de secours, c’est l’Infiltration 101. Et si nous sécurisions le générateur principal, nous pourrions aussi éteindre les armes défensives de l’ennemi.
« Je vois que vous êtes toujours aussi désordonné… C’est bientôt l’heure. Préparez-vous. »
« Aye-aye. »
Nous devions encore décider des choses avec nos épées à la fin, malgré tous les combats que les robots avaient vus. Pourquoi ? Pourquoi ne pas simplement l’écraser avec des robots de combat ? Serena avait dit que nous pourrions récupérer son cadavre dans le pire des cas, n’est-ce pas ? Est-ce que c’était une question d’influence de la noblesse ?
« Notre cible a été retrouvée dans les profondeurs de l’installation », dit Serena un peu moins de trente minutes plus tard. « Allons-y. »
« Bien reçu. »
Il semblerait que les robots de combat aient réussi à piéger ce Goeritz. Les marines étaient entrés en action sur les ordres de Serena. Comme nous, ils n’avaient rien à faire depuis l’arrivée des robots de combat, alors ils étaient impatients de passer à l’action.
Serena prit la tête, les marines de la flotte impériale la suivant de près. Je m’étais joint à eux, mais j’avais un mauvais pressentiment que je n’arrivais pas à dissiper.
Y a-t-il un moyen pour ce type de renverser la situation maintenant ? Je m’étais creusé la tête alors que nous entrions dans l’installation construite par l’homme. Nous devions entrer nous-mêmes, même si je n’aimais pas ça personnellement. Il s’agissait d’une opération militaire, après tout, et je n’étais qu’un mercenaire que mon client avait engagé. Que cela vous plaise ou non, je devais me joindre à eux.
***
Partie 7
L’intérieur de l’installation était d’un blanc ostensible qui donnait l’impression d’un centre de recherche. Il n’y avait pas d’horribles Twisteds ici, mais nous avions trouvé les restes détruits de tourelles laser et autres, gracieuseté des robots de combat qui avaient pris l’endroit d’assaut plus tôt.
« Est-ce de ça qu’ils sont faits ? »
« Probablement. »
On pouvait voir de nombreux objets métalliques en forme de tubes au-delà d’une vitre qui longeait le côté gauche du couloir. Les tubes étaient tous vides. Qu’y avait-il à l’intérieur ? Vu l’endroit, il semblerait qu’ils avaient probablement contenu ce dont les Twisteds étaient faits.
« Cela signifie que devant nous se trouve… »
« L’usine de production, très probablement. Je crois que c’est fondamentalement la même chose que les usines de production de viande artificielle. »
« En avez-vous déjà vu, lieutenant-colonel ? »
« Pas mal, à cause de certaines affaires concernant des usines illégales de viande artificielle. »
« Oh… je vois. »
On dirait qu’elle est allée en enfer et qu’elle en est revenue plusieurs fois.
Des usines à viande artificielles, hein ? Nous avions combattu des monstres bizarres qui n’étaient pas des Twisteds dans le système Arein. Les Twisteds sont cependant beaucoup plus forts.
« Des bruits de bataille se font entendre devant nous ! » rapporta un soldat.
« Les robots de combat font des tirs de suppression. Dépêchons-nous. » Serena s’était mise à courir. Je l’avais suivie de près jusqu’à ce que nous arrivions dans une pièce spacieuse.
« Euh… » J’avais pointé du doigt quelque chose qui se débattait sauvagement contre les robots de combat à grande mobilité : un Twisted à l’apparence humaine qui mesurait plus de deux mètres et demi et qui brandissait une épée dans chacun de ses quatre bras. « Est-ce notre objectif ? »
Serena acquiesça. « En effet, c’est le cas. »
Hein ? Sérieusement ? Cette chose ? Est-ce qu’elle est encore humaine ?
« Et nous sommes censés capturer cette chose vivante ? »
« Si possible, oui. »
« Bonne chance pour essayer de l’interroger. »
Comment décrire ce type ? C’était une créature extraterrestre avec quatre bras, et ses fibres musculaires rouge foncé étaient recouvertes de cette substance rocheuse qui ressemble à une armure. Même si nous le capturions vivant, il ne semblait pas que nous puissions lui soutirer la moindre information. Mais en même temps, je ne voyais aucun moyen de prouver que cette monstruosité était Goeritz si nous le tuions et ramenions son cadavre.
« Ses mouvements sont de plus en plus précis, n’est-ce pas ? » fis-je remarquer.
« Peut-être s’habitue-t-il à sa nouvelle forme. Si nous ne nous débarrassons pas de lui rapidement, les choses risquent de mal tourner. »
« Ne peut-on pas l’abattre avec une volée de lasers ? »
« À ce propos… » Serena tourna les yeux vers le monstre déchaîné à quatre bras, incitant les robots de combat à tirer avec leurs lasers tous en même temps. Même un être doté de quatre bras ne pouvait pas repousser des dizaines, voire plus d’une centaine d’attaques laser simultanées.
« VERRRRRR IMPUDENTTTTTTTTT ! »
Il s’est avéré qu’il pouvait en repousser un bon nombre. Ses épées dévièrent des dizaines de lasers, les renvoyant directement sur les robots de combat, qui commencèrent à exploser. Un seul coup ne les mettait pas à terre, mais les dégâts s’accumulaient.
Et même si les lasers qu’il n’avait pas pu repousser l’avaient touché…
« Ils ne sont pas très efficaces. »
Ce n’est pas comme si les tirs de laser ne faisaient rien. Toutes les blessures qu’il recevait se régénéraient rapidement, et ils n’avaient pas l’air d’avoir le moindre effet sur les parties rocheuses.
« En effet, » déclara Serena. « Cette armure rocheuse est un problème, sans parler de sa capacité de régénération. Les armes à plasma pourraient fonctionner, mais elles sont lentes. Il se contenterait de les esquiver. »
« Allez-vous me dire que les épées sont la seule option, n’est-ce pas ? »
« Exactement. Allons-y. » Serena sortit son épée de son fourreau et s’avança.
« Franchement, je ne veux pas… » J’avais suivi à contrecœur, en sortant ma propre paire d’épées.
☆☆☆
« Lieutenant-colonel »
Une épée s’était rapprochée, produisant des vents de la force d’un ouragan. J’avais paré avec l’épée courte dans ma main gauche avant de frapper le bras rocheux avec la plus longue dans ma main droite. L’épée s’était enfoncée dans le bras de la bête, mais pas assez profondément. J’avais l’impression que mon épée risquait de se briser si je poussais plus loin, alors j’avais rapidement reculé.
« Quoi — !? » Serena s’était baissée pour éviter un coup de pied circulaire. « Qu’est-ce qu’il y a ? »
Lorsque le mastodonte s’était retourné, il brandissait une épée — non, deux épées — vers elle. Cependant, elle trancha sa propre arme horizontalement, évitant un coup et déviant l’autre. Elle n’avait pas beaucoup de marge de manœuvre.
« Vous devriez peut-être — » Clang ! « Reconsidérer l’idée — » Clang ! « de le capturer vivant ! » Je l’avais exhortée à reconsidérer notre stratégie tout en parant les poussées continues des deux bras avec lesquels il ne l’attaquait pas.
Il serait impossible de capturer cette créature à quatre bras — que nous pensions être Goeritz, malgré son absence de traits humains — sans le blesser. Ce n’était pas qu’il tenait quatre épées, elles étaient fusionnées à ses bras. De plus, je doutais qu’il ait l’acuité mentale nécessaire pour accepter la défaite.
« MOURRRRREZZZZZ ! »
Apparemment, il était temps d’ignorer Serena et de m’attaquer. La bête me taillada sauvagement avec ses quatre bras.
J’avais retenu mon souffle, et le monde s’était mis à tourner au ralenti. J’avais fait un pas en avant, évitant un coup lent, mais destructeur, avant de m’accroupir pour en esquiver un deuxième qui m’arrivait par le côté dans le but de me trancher l’estomac. La troisième attaque, une poussée diagonale venant d’en haut, je l’avais parée avec mon épée courte. Le déplacement de la quatrième épée s’était stoppé juste avant qu’elle ne m’atteigne, le monstre arrêtant son attaque. Tch. Je t’aurais coupé le poignet si tu avais continué comme ça. Cependant, j’avais réussi à me faufiler entre ses attaques et j’étais maintenant à portée de frappe.
Réagissant à l’attaque soudaine, il tenta de me frapper avec un coup de genou qui aurait tout aussi bien pu être un bélier.
« GRAAAAAAAAH !? »
C’était vraiment très imprudent de sa part. J’avais synchronisé un coup d’épée de la main droite avec sa contre-attaque, et j’avais enfoncé mon épée profondément dans la zone située juste au-dessus de son genou. Du sang noir avait jailli de la plaie. J’avais sauté et roulé sur le côté pour sortir de la zone d’éclaboussures alors qu’il tombait en arrière.
Le ridicule d’un monstre n’a pas d’importance. S’il avait des jambes et utilisait des muscles pour se déplacer, alors il ne pourrait pas tenir debout si tu le coupais au-dessus du genou — le quadriceps — jusqu’à l’os. C’était une règle absolue. Du moins pour les bipèdes.
Le lieutenant-colonel Serena avait immédiatement saisi cette opportunité.
« Raaaaah ! » Elle donna plusieurs coups d’épée, coupant les épées de chacun de ses bras. Puis, ensemble, nous lui avions retiré entièrement ses membres.
« On dirait qu’il est fini. Alors, quel est le plan ? Parce que, euh, le gars va mourir comme ça à cause de la perte de sang. »
« Pas forcément. » Serena jeta un regard sur les quatre bras armés sectionnés, sans jamais lâcher son épée. J’avais suivi sa ligne de mire et j’avais vu les blessures se refermer lentement. Beurk, vraiment ? L’hémorragie s’est déjà arrêtée.
« Alors on va vraiment le transporter vivant ? Les gens vont péter les plombs quand ils le verront. »
Serena avait pris un air las derrière son casque transparent. « Nous faisons ce que nous devons faire pour la mission. »
Eh bien, je suis sûr que la flotte impériale a un moyen de transporter des formes de vie bizarres et dangereuses en toute sécurité. Je ne sais pas comment ils font et je m’en fiche. Il est hors de question que je vous aide pour cette partie. Absolument pas. Je refuse.
« Vous savez, j’ai réfléchi… Est-ce que ces épées pourraient servir de preuves ? » demandai-je.
« Oui, en effet, » répondit Serena. « Nous pourrions être en mesure d’identifier le propriétaire en retraçant leurs numéros de série, leurs inscriptions et leurs fabricants. »
Elle ordonna à ses marines de se préparer à l’élimination de la bête que l’on croyait être Goeritz.
Quatre épées, hein ? Si Goeritz utilisait à l’origine deux épées, alors d’où venaient les deux autres ? Bon sang, combien de personnes se trouvaient sur ce navire de suppression ?
« Croyez-vous vraiment que c’est Goeritz ? »
« Je ne peux pas l’affirmer avec certitude. Qui qu’il soit, il n’a pas conservé sa forme originelle. Il est également possible que cette bête n’ait été qu’une distraction pour couvrir sa fuite. »
Serena elle-même n’était pas entièrement convaincue. Si ce n’est que cette créature avait presque certainement été synthétisée en combinant plusieurs épéistes — probablement des nobles — avec des Twisteds, d’après le nombre d’épées.
« Mais dans ce cas, » poursuit-elle, « Je me pose des questions sur la chronologie. Même si les Twisteds ne les ont pas attaqués, il n’y avait pas de place sur le vaisseau de suppression pour des véhicules terrestres, et je doute qu’ils aient un équipement qui fonctionnerait sur Kormat IV. Ils se sont très probablement rendus à cette structure à pied, et il leur a fallu pas mal de temps pour atteindre son centre. Mais s’ils contrôlaient parfaitement les Twisted, on ne peut pas exclure la possibilité qu’ils aient chevauché des Grapplers ou des Bulls, les utilisant pour se déplacer à grande vitesse… »
« Il y a donc une contrainte physique et temporelle, hein ? Si c’est le cas, il semble assez peu probable que Goeritz se soit échappé… »
« Probablement pas. Nous poursuivrons nos recherches dans tous les cas, bien sûr. »
Un mauvais sentiment m’envahit au moment même où je me disais : Oui, c’est logique. Non, non, bien sûr que non… Mais juste au cas où, je devrais m’en assurer.
« Alors… je peux retourner à ma vraie mission, n’est-ce pas ? »
« Non. Goeritz est peut-être encore là, après tout. » Serena m’avait fait un grand sourire.
Vous ne me laissez toujours pas partir ? En fait, non, ne répondez pas à cette question. Je ne veux plus rien savoir.
☆☆☆
Une enquête approfondie avait fini par réfuter la possibilité que Goeritz se cache encore dans la bâtisse. Je devais admettre que c’était un soulagement que nous ayons trouvé l’usine de production des Twisted à l’arrière et confisqué les données sur la façon de les contrôler. Elles étaient encore en cours d’analyse, mais si tout se passait bien, ils seraient en mesure de forcer l’arrêt de tous les Twisteds de la planète — ou en d’autres termes, ils ordonneraient aux Twisteds de se suicider.
Si cette bête à quatre bras n’était pas Goeritz, il faudrait alors envisager la possibilité qu’il se soit échappé d’une façon ou d’une autre. Heureusement, la horde de robots de combat qui se trouve maintenant sur la planète s’en chargera. Serena m’avait dit que je pourrais être rappelé pour combattre Goeritz, selon la façon dont les choses se seront déroulées. Franchement, je ne veux plus jamais atterrir sur une planète en pleine terraformation. Non, merci.
En fin de compte, j’avais dû passer trois jours de plus sur Kormat IV, le temps que l’enquête sur l’installation soit terminée, avant d’être finalement libéré du commandement de Serena et de retourner à mon poste habituel, le Krishna.
***
Chapitre 6 : Planète coloniale Kormat III
Partie 1
Après la mission d’atterrissage sur Kormat IV, nous étions retournés à nos journées agréables, calmes — et peut-être un peu ennuyeuses. En raison de la destruction de leur repaire, les activités des pirates s’étaient totalement arrêtées. Les Twisted de Kormat III et IV avaient tous été désactivés de force, grâce aux données fraîchement analysées. Cela signifiait que toute menace avait disparu, et que les travaux de colonisation se déroulaient actuellement sans problème.
« Ainsi, la paix est revenue dans le système Kormat et, sous la direction d’une jeune femme de la famille Dalenwald, ses habitants ont fait un pas audacieux vers le progrès. »
« Qu’est-ce que tu racontes encore ? » me demanda Elma, irritée.
« Une sorte d’… autobiographie ? Allen m’a suggéré de le faire. Apparemment, il y a une forte demande pour les autobiographies de mercenaires. Les gens les traitent comme des romans. »
« Oh, oui, j’en vois un peu partout. Ils exagèrent tous clairement leurs exploits. »
« Je ne sais pas… Je pense que les exploits de Maître Hiro ont déjà l’air exagérés, même quand il ne fait que dire la vérité…, » dit Mimi avec ironie.
« C’est vrai. »
Les gens penseraient sans doute que je raconte des conneries dès qu’ils liront que j’ai débarqué sur une planète au milieu d’un vaisseau spatial et que j’utilise des épées au lieu d’armes à feu. Le bon sens, ici dans l’empire Grakkan, voulait que personne ne puisse utiliser d’épées. Eh bien, à l’exception des nobles. Bien sûr, n’importe quel idiot pouvait manier une épée. Ce n’est pas comme si elles étaient moins tranchantes si un simple citoyen les maniait. Si vous vouliez utiliser votre épée pour dévier les lasers ou renvoyer les tirs laser sur votre ennemi, vous deviez dépenser de l’argent pour une augmentation corporelle. Et c’était impossible à se permettre si tu n’étais pas un noble. Même si j’ai pu le faire sans rien de tout cela, d’une manière ou d’une autre.
« Et combien de fois il a des ennuis… ! » ajouta Elma.
« Ce n’est pas possible que ce soit le karma. Je rencontre tellement d’ennuis que je ne peux que croire que je suis maudit. »
« Ah ha ha… E-bien, au moins tu ne manques pas de travail. »
Mimi n’avait pas tort, il y avait toujours une sorte de récompense à la fin. Je recevais des membres d’équipage formidables comme Mimi et Elma, des tonnes d’argent, un vaisseau mère avec une excellente mécanique, d’énormes récompenses, une citoyenneté de première classe, des droits de propriétaire terrien, des privilèges de passerelle, et ainsi de suite. Les choses allaient très bien de ce point de vue, mais de la façon la plus épuisante qui soit.
Dans son siège à l’arrière du cockpit du Krishna, Zwya parcourut sa tablette. « Vous savez, j’aimerais bien avoir plus d’images utilisables, » se plaignit-il.
Et qu’est-ce que tu veux que je fasse pour ça ?
« L’activité des pirates est en baisse », lui avais-je dit. « Je doute qu’il y ait des séances de photos de sitôt. »
« Ils ne peuvent pas vendre leur butin s’ils n’ont pas de base, quel que soit le nombre de navires de passagers qu’ils attaquent », expliqua Elma. « Les seuls pirates qui travailleraient dans le système Kormat en ce moment sont ceux qui se sont ruinés ou ceux qui s’emparent d’un petit butin sur le chemin d’un autre système. »
« Hmm ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » demande Zwya avec intérêt. Il semblait ne pas trop connaître le mode de vie des pirates.
« Les repaires de pirates agissent essentiellement comme des marchés noirs physiques », avais-je dit. « Les pirates attaquent les navires marchands et les navires de passagers pour récupérer du butin et des esclaves, les ramènent dans leur repaire et les vendent là-bas. »
« Mais ils ne les vendent pas pour de l’argent, » ajoute Elma. « Ils font du troc contre du métal rare facilement vendable, des produits de tous les jours et des articles de luxe. Des marchands véreux achètent en gros le butin accumulé, puis le revendent. Et tout cela au vu et au su de tous. »
« Si tu attaques et détruis l’un de leurs repaires, les pirates et les marchands du marché noir tombent tous les deux. Les pirates et les marchands du marché noir des systèmes environnants subissent également d’importants dégâts. »
« Je vois. Mais d’après ce que vous dites, cela ferait des marchands du marché noir la racine de ce mal. Vaincre les pirates est important, naturellement, mais ne serait-il pas préférable de dénoncer les marchands qui commercent sur le marché noir ? »
C’était une bonne question. Couper les racines était plus efficace que d’élaguer les extrémités, après tout.
« Combien de marchands — de navires marchands — pensez-vous qu’il y ait dans l’espace ? » J’avais commencé mon explication. « Et des moyens. Et des petits. Et des commerçants indépendants qui font des affaires sur leur propre vaisseau en solo. Pensez-vous pouvoir vérifier que chacun d’entre eux ne contient pas de marchandises de pirates ? Même si vous le faisiez, vous ne sauriez peut-être même pas quoi chercher. »
Il y eut un moment de pause. « Ce serait difficile. »
« De nombreux magasins dans les colonies vendent des marchandises provenant de sources suspectes. La réalité, c’est qu’il y a de petites colonies et des stations situées à la frontière qui dépendent des marchands du marché noir. Certains de ces marchands font même des affaires avec les habitants de la planète. »
Zwya se gratta la crinière, qui brillait comme du feu. « C’est beaucoup de choses à analyser… »
En fin de compte, tu as besoin de marchands ambulants si tu veux faire fonctionner une station ou une colonie. Très peu d’entre elles pouvaient devenir véritablement autonomes. Presque toutes les colonies et stations, grandes ou petites, faisaient du commerce avec d’autres pour fournir à leurs résidents les produits de première nécessité. Qu’elles soient suspectes ou non, ni les stations ni les colonies ne pouvaient se permettre d’être pointilleuses en ce qui concerne les marchands. S’ils fournissaient les marchandises dont vous aviez besoin à un prix raisonnable, alors vous deviez faire abstraction de certaines choses ici et là.
« Ces problèmes de société sont trop importants pour qu’un seul mercenaire puisse les régler », finit-il par admettre.
« Selon votre point de vue, c’est grâce à ces problèmes que nous avons du travail et la possibilité d’améliorer les choses », déclara Elma en haussant les épaules.
Si les pirates disparaissaient demain, nous, les mercenaires, mourrions de faim. Eh bien, s’ils disparaissaient vraiment, je devrais probablement devenir chasseur de bêtes de l’espace ou faire du mercenariat au sens propre du terme — une épée pour les conflits internationaux. Pas littéralement, bien sûr, puisque j’utiliserais probablement un vaisseau spatial et des canons laser à la place de mon épée.
« Euh, d’accord, ne parlons plus de ce genre de choses, » dis-je. « Parlons de quelque chose de plus… de plus bas ! »
« De la bassesse d’esprit ? »
« Comme notre système de récompense actuel ou quelque chose comme ça ! »
« En quoi est-ce une bassesse d’esprit ? » Elma me lança un regard noir, mais je l’avais ignoré. Au moins, il s’agissait d’une discussion beaucoup plus immédiate et moins élevée que les questions sociales enracinées dans la piraterie spatiale.
« Hum, donc nous recevons une somme de base de 300 000 Ener, » expliquai-je. « Et on nous garantit un minimum négociable d’un million si on a besoin de nous pour autre chose. Nous avons été embauchés pour trente jours au minimum, et aujourd’hui c’est le vingtième jour. Ça fait donc un minimum de neuf millions, en tout et pour tout. »
« Nous avons été envoyées pour l’attaque aérienne sur Kormat III, alors ce sera une prime d’un million d’Ener, » ajouta Mimi.
« Je me demande comment ils vont gérer l’atterrissage de Kormat IV », dit Elma. « Étant donné que la vie de Hiro est en danger, je propose qu’on leur demande trois millions d’Eners. »
« En supposant que ça marche, on arrive à neuf millions plus quatre autres millions, ce qui fait treize millions. Oh, et on nous garantit aussi un million pour l’attaque de la base pirate, ce qui fait quatorze. Nous aurons les primes des pirates et les récompenses pour les meurtres en plus de cela, ce qui fera probablement… disons… cinq millions et demi de plus ? Plus sept millions pour la réparation et la vente de ces navires. Je ne sais pas combien nous gagnerons encore dans les dix prochains jours. Je m’attends à ce qu’on constate une baisse. »
« En tout, le total s’élève à environ 26 650 000 Ener. C’est vraiment une estimation approximative, cependant, il y a donc une marge d’erreur. »
« Incluez les primes et les ventes de navires au cours des dix prochains jours, et nous pourrions dépasser les trente millions. Il y a beaucoup moins de pirates maintenant, il ne faut donc pas s’attendre à une augmentation des primes. »
« Trente millions d’Eners en un mois… » Zwya s’était interrompue. « C’est incompréhensible. À quoi allez-vous utiliser tout cet argent ? »
J’avais gonflé ma poitrine avec fierté. « Mon but est de construire une maison individuelle de luxe sur une planète résidentielle, afin de pouvoir vivre librement et luxueusement jusqu’à ma mort ! »
« C’est un sacré rêve. Mais… »
« Mais ? »
« Vous pourriez atteindre votre but rien qu’avec les revenus de cette mission, n’est-ce pas ? Et vous avez aussi des droits de citoyen de première classe, n’est-ce pas ? » Zwya me jeta un regard perplexe.
Quoi ? Non, bien sûr que je ne peux pas. Construire une maison sur une planète résidentielle coûterait cent millions. Attends, attends… Acheter des droits de citoyenneté de première classe coûte beaucoup d’argent, mais si tu as déjà cela, alors tout ce dont tu as besoin, c’est de l’argent pour le terrain et la construction. Cela signifie que…
J’avais sursauté. « Ça pourrait marcher, après tout ! »
« Oui, probablement ? »
« Je le pense aussi. »
Elma et Mimi avaient confirmé mes soupçons.
Hein ? J’ai donc atteint mon objectif sans même m’en rendre compte ? Ouah, je suis vraiment si lent à la détente ?
***
Partie 2
« Tu ne t’en es pas rendu compte jusqu’à maintenant ? »
« Je pensais que tu faisais exprès de l’ignorer ! »
« Arrête ! Vos mots sont comme des poignards en plein dans mon cœur ! »
Laissez-moi vous présenter quelques excuses pour ma propre défense. Oui, je me suis souvenu que j’avais des droits de citoyen de première classe, grâce au tournoi de l’empereur. Cela m’était simplement sorti de l’esprit parce que j’étais tellement concentré sur le fait de pouvoir utiliser les passerelles librement. De plus, j’avais concentré toute mon attention sur l’entraînement infernal de Mei et la révélation choquante du passé de Mimi, et je n’avais donc pas eu le temps de fantasmer sur mon objectif ultime. Et puis nous avions fini par accepter ce nouveau travail directement après ça.
« Alors, notre héros à l’Étoile d’Or va-t-il prendre sa retraite ? Ça me semble un peu tôt, non ? » plaisanta Zwya.
« Je veux dire, je pourrais… »
Il n’avait pas tort. Oui, une fois que nous aurions terminé ce travail, je pourrais probablement acheter un terrain et construire une maison individuelle avec une cour. J’avais aussi assez d’argent pour vivre confortablement après cela. Je vivrais une vie agréable et confortable avec Mimi, Elma et Mei… Ça a l’air sympa. Ce n’est pas si mal du tout.
« Mais ça a l’air un peu ennuyeux, non ? » dis-je.
« Ennuyeux, c’est lui qui le dit ! »
« Je pense simplement qu’il est trop tôt pour prendre sa retraite et s’installer. Il y a encore des endroits que je veux voir. Je ne pense pas qu’être paresseux pour le reste de ma vie soit fait pour moi, vous savez ? »
C’est vraiment ce que je ressentais. Cela ne me dérangeait certainement pas de passer du temps libre avec les filles, et je serais fou de joie si j’avais des enfants avec Mimi et Elma. Mais cela ne voulait pas dire que j’étais prêt à commencer cette vie dès que ce travail serait terminé.
« De toute façon, rien de tout cela n’arrivera tant que je n’aurai pas discuté avec Mimi, Elma et Mei. Tina et Wiska ont aussi leur mot à dire. Ce ne serait pas une mauvaise idée de déterminer où je veux construire ma maison, même si nous ne prenons pas encore notre retraite. »
En fonction de ce que nous avions décidé, sécuriser d’abord un terrain pourrait être une bonne idée. Si nous le faisions, nous pourrions construire une maison n’importe quand, tout à fait à notre guise. Nous avions beaucoup d’argent, alors autant acheter un grand terrain. Oh, mais cela coûtera plus cher en impôts, n’est-ce pas ? Il faudrait qu’on en discute aussi.
« Mais surtout… »
« Surtout ? »
« Je n’ai pas trouvé mon soda. Je peux peut-être vivre confortablement sur une planète maintenant, bien sûr, mais je ne peux pas vraiment me détendre et me relaxer sans mon soda bien-aimé. »
« Oh… »
« C’est vrai… Cette histoire de “soda” dont tu n’arrêtes pas de parler. »
Mimi et Elma hochèrent la tête en signe de compréhension… et d’une bonne dose d’exaspération. Vous ne comprenez pas à quel point j’ai besoin de ce soda ! Il m’est aussi précieux que l’eau qui donne la vie.
« C’est quoi ce “soda” dont vous parlez ? » demanda Zwya.
« Oh, vous vous intéressez au soda ? » J’avais tourné mon siège pour lui expliquer. « Eh bien — ouf ! »
Elma donna un coup de pied dans mon siège, me faisant tourner dans ma position initiale. Ça, c’est de l’impolitesse.
« Il ne se taira jamais à ce sujet, alors ne lui demandez pas. Voici la version courte : c’est apparemment une boisson sucrée et gazeuse avec un arôme artificiel. »
« Une boisson gazeuse ? »
« C’est une sorte de boisson étrange qui pétille quand on la boit », ajouta Mimi. « Mais à cause de sa fabrication, elle explose si vous l’ouvrez dans un vaisseau spatial ou une colonie. »
« Wôw, ça a l’air effrayant. »
« Ce n’est pas effrayant », avais-je insisté. « Je vous promets que ce n’est pas dangereux. Ce n’est pas du tout effrayant ! »
Tch. C’est donc vraiment une boisson obscure dans cet univers. Pas seulement les sodas d’ailleurs, mais les boissons gazeuses en général…
En plus de cela, la capacité à cuisiner des aliments normaux comme la viande, les légumes et les fruits de mer était considérée comme tellement de niche que seuls les spécialistes s’y essayaient. La situation alimentaire dans cet univers était un mystère complet pour moi. Peut-être était-ce simplement le résultat d’une amélioration extrême de l’efficacité du processus de vol spatial qui avait conduit les gens à oublier les bases, comme la cuisine à base de cartouches non alimentaires et les boissons gazeuses.
Zwya fredonna pensivement. « Vous savez, vous trouverez peut-être ce que vous cherchez si vous vous rendez soit dans un système stellaire d’origine qui chérit les traditions anciennes, soit sur une planète frontalière nouvellement intégrée à l’Empire. »
J’avais fait pivoter mon siège pour lui faire face à nouveau. « D’accord, dites-m’en plus. »
Il avait souri, montrant un croc acéré. De toute évidence, c’était la réaction qu’il attendait.
« J’en serais ravi, mais j’ai besoin de quelques informations en retour. »
« Continuez. »
« Hmm… Dites, vous sembliez terriblement proche de ce lieutenant-colonel de la flotte impériale. Parlez-moi un peu de votre relation avec elle, et je vous donnerai ce que vous voulez. »
« Bien sûr. »
Des informations sur Serena, c’était un petit prix à payer pour une piste sur Soda. Cela ne m’avait pas fait de mal du tout, alors j’étais prêt à cracher tous les haricots qu’elle voulait.
Hein ? Ma promesse à Serena ? Mais le soda ! Je suis sûr que c’est bon tant que je ne lui montre pas la vidéo de Serena en train de se saouler comme une folle. Je lui dirai juste comment nous nous sommes rencontrés et ce que nous avons fait ensemble jusqu’à présent. Ce n’est pas comme si je divulguais des secrets.
« Et si vous partagiez d’abord ? » lui dis-je.
« D’accord. En gros, le système stellaire d’origine d’une race ou d’une ethnie possède généralement un nombre surprenant d’aliments traditionnels et de produits spécialisés. Les chefs employés par les nobles et les gens riches de la classe supérieure sont généralement des maîtres cuisiniers des spécialités et des aliments traditionnels de cette planète. »
« Je vois. Pensez-vous que mon soda pourrait faire partie de ces aliments rares et de ces spécialités ? »
« C’est exact. L’Empire Grakkan contient quelques systèmes stellaires domestiques de ce genre, et les secteurs hyperéloignés de l’Empire récemment ajouté — ce que nous appelons les mondes périphériques — devraient aussi avoir beaucoup de produits obscurs. »
« Des mondes périphériques, hein ? »
Les mondes périphériques ne sont pas seulement des secteurs éloignés, comme le système Tarmein, que l’on pourrait comparer à des zones rurales sur Terre, ou des secteurs frontaliers voisins d’autres Empires. Ils se trouvaient à la limite de tout l’univers connu, les lignes de front absolues de l’Empire en perpétuelle expansion. Personne ne savait ce qu’il y avait au-delà, ni qui s’y trouvait.
« Je parie que nous ne manquerions pas de travail dans les mondes frontaliers, mais… »
« La flotte impériale n’est pas très présente près des mondes périphériques, alors il y a un peu trop de pirates », dit Elma en soupirant.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » Mimi pencha la tête en s’interrogeant sur nos réactions.
« La flotte impériale est très peu présente sur les mondes périphériques, alors les pirates n’ont qu’à appeler des renforts lorsqu’ils se heurtent à un ennemi puissant », expliquai-je.
« Hein ? Mais… oh, je vois. Parce que la flotte ne viendra pas. »
« Exactement. »
Si des pirates de l’espace appelaient des renforts dans un système patrouillé par la flotte impériale, celle-ci accourait. Mais dans les mondes périphériques, la flotte impériale avait fort à faire pour défendre les colonies et les stations, ce qui permettait aux pirates de submerger effrontément toute proie sur laquelle ils jetaient leur dévolu grâce à leur nombre.
« Nous aurions le choix des planètes, c’est sûr, mais c’est risqué. »
« Quelle que soit la force de Hiro et du Krishna, même eux ont leurs limites, » approuva Elma.
C’était très risqué, mais c’était aussi très rentable, alors il y avait des marchands qui gagnaient leur vie en allant sur les mondes périphériques. En général, les marchands qui travaillaient dans ce genre d’endroits voyageaient en grandes flottes. Ceux qui se rendaient sur les mondes périphériques avaient tendance à voyager dans ce que j’appellerais des convois armés. Ils armaient lourdement leurs navires marchands et engageaient des escortes, tout cela pour résister aux attaques à grande échelle de pirates.
« Agir seuls serait risqué, mais les gardes du corps ne manqueraient pas. Nous pourrions peut-être parcourir les mondes périphériques en tant qu’escortes de convoi armé. Ajoutez à cela les armes et la capacité de transport du Lotus noir, et il pourrait même être accepté comme navire de ravitaillement. »
« Oui. Vendre nos services aux convois armés près des mondes périphériques pourrait être une bonne idée, » approuva Elma.
« C’est une bonne idée, mais ne devrions-nous pas commencer par chercher des planètes d’origine plus sûres dans le territoire de l’Empire ? » suggéra Mimi.
« Oui, c’est vrai. »
Explorer les mondes limitrophes en tant que membre d’un convoi armé semblait amusant, mais la première étape naturelle était de se promener sur le territoire impérial. Nous devrions choisir une planète pour y construire une maison, après tout.
« Je pense que nous pouvons nous attendre à bien d’autres choses de la part du capitaine Hiro, non ? » Zwya sourit.
« On dirait bien. Je me dis que nous sommes trop jeunes pour prendre une retraite paisible, de toute façon », dis-je en haussant les épaules.
Tout cela allait devoir attendre au moins dix jours de plus, jusqu’à ce que notre travail dans le système Kormat soit terminé. Il semblait peu probable que la situation exige que notre contrat soit prolongé, alors il serait bon de planifier notre prochain objectif.
Nous allons chercher une planète pour y construire une maison, rechercher mon salut gazeux et voir les curiosités en chemin. Cela semblait être un bon plan.
☆☆☆
Quelques jours s’étaient écoulés sans encombre. Nous avions nettoyé les pirates qui s’attardaient, capturé leurs navires, remis ceux qui s’étaient rendus pour une prime supplémentaire et vendu les navires capturés. Nos mécaniciennes avaient été de loin les plus occupées d’entre nous au cours des derniers jours.
« Allez, allez ! Vous pouvez le faire, les filles ! » J’avais applaudi d’un air sarcastique.
« J’apprécie, mais nous avons aussi nos limites, tu sais, » se plaignit Tina.
« Tu es devenu très précis, alors il n’y a pas trop de dégâts », m’avait complimenté Wiska. « C’est comparativement à avant un travail facile. »
« Il m’arrive d’être prévenant. » J’avais détruit les propulseurs principaux des pirates avant qu’ils ne puissent s’échapper, leur infligeant des dégâts graduels tout en les incitant à se rendre, et détruisant finalement le bloc du cockpit seul lorsqu’ils refusaient. Cela facilitait les réparations et le rééquipement.
« Le Lotus noir a été un bon achat. Grâce à vous deux, il sera vite rentabilisé. »
« Nos poches sont aussi plus profondes que jamais ! »
« Même si le travail est plus difficile qu’à Space Dwergr. »
« Je suis désolé pour ça. Vraiment, désolé. » Je ne pouvais rien faire d’autre que de m’excuser.
Euh, écoutez, faites-moi savoir si vous avez des suggestions pour améliorer le lieu de travail, d’accord ? De nouveaux outils, n’importe quoi de ce genre, c’est bien. Mais je ne peux pas vous donner moins de travail. Je veux dire, je peux y réfléchir. Je peux… Hé, arrêtez de me balancer ces clés à molette comme ça ! Arrêtez tout de suite !
***
Partie 3
Après avoir été persuadé (physiquement) par les mécaniciennes, je m’étais précipité hors du hangar et m’étais échappé vers le salon du Lotus Noir. Les représentants des médias des trois entreprises y étaient en train de se détendre. Ils m’avaient salué lorsque j’étais entré.
« Eh bien, capitaine Hiro, on dirait que votre travail est presque terminé, hein ? Ça veut dire que le nôtre touche aussi à sa fin. »
« C’est dommage de devoir quitter le Lotus noir. C’est comme un hôtel de grande classe. »
« C’est tellement spacieux, et il y a une nourriture tellement délicieuse… »
« Ah oui ? Je parie qu’en temps normal, vous ne pouvez pas vous permettre ce luxe avec la paie de Formalhaut, n’est-ce pas ? »
« Ah ? »
« Voulez-vous répéter ça ? »
Zwya de Fomalhaut et Nya de Nyatflix semblaient sur le point de devenir violents, alors je les avais ignorés et j’avais décidé de parler plutôt à Wamdo de Space Dwergr et à Allen de Mobius Strip.
« Où dois-je vous laisser descendre ? » leur avais-je demandé. « Vous n’allez pas me demander de vous emmener jusqu’à la capitale, n’est-ce pas ? »
« Ce ne sera pas nécessaire. Il y a des vols réguliers entre le système Kormat et le système de Dexar. De là, nous pourrons en prendre un en direction de la capitale. »
« Ah. Nous n’avons donc pas à nous inquiéter quant à votre trajet retour pour rentrer chez vous. »
« Même si nous détestons partir… »
« C’est comme ça quand on vit quelque part pendant un mois. Je parie que le Lotus noir semblera terriblement silencieux sans vous. »
Au cours du dernier mois, nous avions accueilli cinq personnes par entreprise, ce qui signifie que vingt membres du personnel des médias ont séjourné au Black Lotus et à Krishna.
Le Lotus noir était trop grand pour notre bande habituelle de six personnes — Mimi, Elma, Mei, Tina, Wiska et moi. Les choses semblaient plus animées lorsque l’équipe des médias était à bord. Il y avait toujours quelqu’un qui traînait dans le salon, et nous mangions souvent à peu près en même temps, si bien que les repas étaient bruyants. En perdant vingt personnes d’un coup, l’endroit donnera l’impression d’être très vide.
« Ha ha ha ! Je suis sûr que vous aimeriez bien que nous soyons partis pour pouvoir flirter avec Miss Mimi et Miss Elma en plein air, non ? »
« Je mentirais si je disais que vous avez tort sur ce point. »
« On dit que derrière chaque grand homme se cache une grande femme… ou deux, ou trois, » commenta Wamdo. « Mais qu’en est-il des mécaniciennes de Space Dwergr ? »
« Allez, je ne suis pas si dépourvu de principes. »
« Vraiment ? Elles sont pourtant jeunes et belles. »
« C’est ça le problème », répondit Allen avec un petit rire ironique. « Elles ont l’air un peu trop jeunes pour nous, les non-nains… »
« Oui, c’est comme il dit. » Je suis d’accord. Elles étaient vraiment mignonnes, et elles avaient leur propre charme, mais elles avaient l’air bien trop jeunes… Je savais que c’étaient de vraies femmes naines adultes, bien sûr, mais je ne pouvais pas passer outre leur apparence. « Et puis, ce n’est pas comme si j’étais obligé d’être avec une femme juste parce qu’elle est sur mon vaisseau. Elles ont le droit d’être avec qui elles veulent, après tout. »
« Vous êtes plus romantique que je ne le pensais. »
« Franchement, vous n’avez pas l’air d’avoir la mentalité du mercenaire ordinaire. Vous êtes vraiment plus… stoïque. Et pure, d’une certaine façon. Ou peut-être immature. »
« Est-ce censé être un compliment !? »
Wamdo et Allen avaient ri. Hm, ouais… Ça va me manquer d’avoir ces conversations débiles avec d’autres mecs.
☆☆☆
Après avoir quitté le salon, j’étais retourné dans le cockpit du Krishna, où j’avais trouvé Mimi et Elma prêtes à discuter de nos projets d’avenir.
« Allons-nous faire une petite pause à Kormat Prime avant notre départ ? » demanda Mimi.
« Eh, moi je dis qu’on fait autant de pause qu’on veut », dit Elma en haussant les épaules. « Nous n’avons pas besoin de nous presser. Nous sommes en train de terminer un gros travail, alors personne ne nous tuera si nous nous reposons un peu. »
« Je ne veux pas non plus mettre tout le monde dehors comme ça. Nous resterons à Kormat Prime jusqu’à ce que les médias obtiennent un vaisseau pour le système de Dexar. D’ici là, je me dis qu’on pourrait tout aussi bien se reposer et réfléchir à notre prochaine destination. »
« Je pense que c’est une bonne idée », acquiesça Mei à travers l’écran du cockpit. Mimi et Elma ne soulevèrent aucune objection.
Il nous restait encore quelques jours sur notre contrat initial avec la famille Dalenwald, mais à ce rythme, il n’y aurait pas de prolongation. Wamdo et les autres planifiaient déjà leur retour à la maison. Rien ne garantissait qu’ils auraient des arrangements d’ici la fin du contrat, cependant, alors je leur avais donné la permission de rester sur le Lotus Noir aussi longtemps qu’ils en auraient besoin.
« En attendant, je pense à choisir un terrain pour notre maison… Je suppose que n’importe quel endroit convient, n’est-ce pas ? » me suis-je dit.
« Quel genre d’endroit serait le plus confortable pour nous ? » demanda Mimi.
« J’ai besoin d’un endroit avec un climat agréable », déclara Elma. « Les différences de température extrêmes ne me conviennent pas. Je veux aussi être dans un système stellaire avec une bonne sécurité, nous ne voulons pas être attaqués au hasard par des pirates ou impliqués dans des guerres, n’est-ce pas ? »
« Oui, c’est vrai. J’aimerais vivre sur une planète où les seules choses qui tombent du ciel sont la pluie et la neige, pas les bombardements orbitaux », avais-je dit.
« Ce serait horrible ! » Mimi était tout à fait d’accord.
« Dans ce cas, nous voulons une planète avec une sécurité solide et un contrôle du climat par la terraformation », rajouta Elma. « Honnêtement, si tu veux utiliser tes relations, tu pourrais trouver une planète sur le territoire du comte Dalenwald assez rapidement. »
« Il est très probable qu’ils t’accorderont un traitement préférentiel en ce qui concerne les prix et les taxes, » renchérit Mei. « Ça leur serait bénéfique à eux aussi. »
« Vraiment ? Comment cela ? »
« Si tu construisais une résidence sur une planète du système Kormat et en faisais ton quartier général, ils pourraient te compter parmi les forces disponibles lorsque des pirates de l’espace ont besoin d’être neutralisés. Même si ce n’est pas le cas, ils peuvent s’attendre à ce que tu chasses régulièrement les pirates, contribuant ainsi à la sécurité du système stellaire. Tu as également la possibilité de servir directement la famille Dalenwald, ce qu’elle apprécierait naturellement. En bref, ils n’ont aucune raison de ne pas bien te traiter. »
« C’est logique… »
On aurait dit que c’était le genre de choses que les nobles pensaient. Mes compétences étaient à tous les coups demandées, cependant, alors j’en étais fier. Mais je ne pouvais pas m’emballer, je devais rester humble. Allez, je ne suis pas si génial que ça. Pssh.
« D’accord, alors je discuterai de l’achat du terrain avec Chris plus tard. Ah oui, et notre prochaine destination ? Avez-vous une idée ? »
« Hmm, c’est une question difficile, » acquiesça Mimi. « J’ai fait des recherches sur les planètes-mères trouvées dans l’Empire après notre dernière conversation. »
« Oh ho. Qu’as-tu appris ? »
« Il y a quelques endroits où nous ne sommes pas encore allés. Il y a le système Leafil, d’où viennent les elfes. Puis il y a le système Galakis, d’où viennent les nains. Le système d’Amarzul abrite les repirika. Et il y a aussi le système d’origine des tectas, le système Sirrus. »
« Oh, je suis déjà allée sur Leafil II », dit Elma. « Papa et maman m’y ont emmenée quand j’étais petite. Je suis née et j’ai grandi dans la capitale impériale, mais on dit que tout le monde a besoin d’aller explorer ses racines à un moment ou à un autre. »
« Wôw. »
Alors les systèmes mères sont vraiment spéciaux, hein ?
« Je n’ai jamais beaucoup réfléchi aux systèmes mères, mais j’ai vraiment été émue lorsque nous avons atterri à la capitale. »
« Vraiment ? » C’était un sentiment que je ne connaissais pas du tout. Je mentirais si je disais que je n’avais pas envie de retourner sur Terre avec le Krishna, mais cela provoquerait probablement un énorme chahut si je le faisais. Ne t’approche PAS de la Terre, ou ils te poursuivront avec des avions de chasse.
« En parlant de…, » commença Elma.
« Ah oui ? »
« Te souviens-tu quand tu as bu ce truc sur Sierra III et que tu as fait une drôle de tête avant de me le faire boire aussi ? Ça sentait beaucoup la concoction médicinale que j’ai dû boire sur Leafil II. »
« Intéressant… »
J’avais fait goûter à Elma de la bière de racine par le passé. La bière de racine était à l’origine une boisson composée de diverses herbes et épices qui s’était ensuite ramifiée en de nombreuses recettes uniques. Le soda en est un exemple. En d’autres termes, la planète Leafil II du système mère elfique pourrait bien avoir été la base de la naissance du soda.
« D’accord, » dis-je. « Nous allons au système Leafil. »
« C’était rapide. »
« Je n’aurais peut-être pas dû parler comme ça », soupira Elma. « Meh, je suis sûre que Hiro peut s’en occuper maintenant. »
Qu’est-ce qu’Elma vient de dire ? Dois-je m’inquiéter ? Eh, ça n’a pas autant d’importance que l’existence possible du Soda. Et si Leafil II avait une sorte de plante qui ressemblait à un fruit à soda ? Et s’il y avait une boisson gazeuse qui ressemblait à du soda ? J’étais concentré totalement sur cette question singulière.
☆☆☆
Alors que nous passions le reste de notre temps de contrat à Kormat Prime, nous avions reçu une demande de travail de la part de Chris.
« Une inspection ? » avais-je demandé.
« Oui. Nous nous sommes débarrassés des armes biologiques des Ixamals. Maintenant que le site a été sécurisé, j’aimerais l’inspecter moi-même. J’aurai besoin d’une escorte. »
« Je vois. »
Ce n’était pas inhabituel, d’autant plus que nous étions certains que le site était maintenant sûr. Je ne savais pas comment les colons réagiraient à l’idée de l’inspecter après coup. Chris avait travaillé dur pour que le site soit sûr jusqu’à présent, alors peut-être que tout finirait par s’arranger. Elle pourrait aller dire aux gens que tout est sûr, et ils n’auraient plus à s’inquiéter. Mais dans ce cas, je pense qu’il vaudrait mieux prendre un chevalier de la famille Dalenwald et organiser une cérémonie officielle, plutôt que de m’emmener. Non pas que moi, un étranger, j’avais mon mot à dire dans tout ça.
« Ce n’est pas comme si nous faisions des raids aériens », avais-je dit. « C’est dans les limites du contrat, alors bien sûr, nous sommes d’accord. Nos horaires sont libres, nous pouvons donc partir quand cela te convient. »
Nous avions des patrouilles quotidiennes à heures fixes, mais nous n’avions quasiment pas détecté de pirates ces derniers jours. De plus, une demande émanant directement de notre client supplanterait évidemment toute patrouille déjà programmée. Toutes prétentions mises à part, faire un petit tour en gardant Chris serait bien plus amusant que ces patrouilles infructueuses.
« Très bien, » répondit Chris. « Alors, allons-y tout de suite. Je viendrai directement vers vous, alors assurez-vous d’être prêt. »
« Tout de suite ? D’accord, mais tu as déjà réglé toutes les formalités nécessaires, n’est-ce pas ? Je vais être furieux si les gens commencent à penser que je t’ai kidnappée. Je suis aussi en train d’enregistrer cette conversation pendant que nous parlons. »
« Je serai là dans une heure », se corrigea-t-elle avec un sourire. Hé ! Ce n’est pas drôle ! Plus de blagues, s’il te plaît.
« S’il te plaît, ne sois pas une mauvaise fille. J’aime les Chris mignonnes et honnêtes. »
« Tu me fais rougir. »
« Parfois, j’ai l’impression que nous avons deux conversations différentes. »
Chris gloussa sur l’holoaffichage, apparemment ravie de notre échange. Je n’étais pas un comédien, mais je voulais sincèrement la faire rire chaque fois que c’était possible. Elle était tellement stressée ces derniers temps.
« Quoi qu’il en soit, je vais préparer le Krishna pour le lancement », dis-je. « Qu’est-ce qu’on veut faire pour les médias ? »
« Hmm, je pense que j’aimerais qu’ils ne s’en mêlent pas aujourd’hui. Je serai déguisée, après tout. »
« J’ai compris. Es-tu d’accord pour que Mimi et Elma se joignent à nous ? »
« Oui. Prenez bien soin de moi, d’accord ? » Sur ce, Chris raccrocha.
Bon, maintenant que c’est décidé, il va falloir que j’invite Mimi et Elma. Mais elles étaient parties quelque part en ce moment, alors je leur enverrai juste un résumé sur notre application de messagerie.
***
Partie 4
« Tout le monde, prenez bien soin de moi aujourd’hui, » sourit Chris.
Je n’avais pas pu m’empêcher de me tenir la tête avec consternation en voyant son accoutrement. Un short qui descendait jusqu’au genou, une chemise d’apparence robuste, une veste, et euh, une sorte de casque gadget avec des oreilles de chat dessus. Elle était également armée d’un pistolet laser à la hanche et d’un grand couteau de combat — probablement similaire aux épées que Serena et moi utilisions. À part les oreilles de chat, c’était le look complet de la mercenaire.
« Ouah ! Chris, tu es si mignonne ! » Les yeux de Mimi pétillèrent.
« Au moins, elle a l’air d’une mercenaire. » Elma inspecta ses vêtements, véritablement impressionnée à sa manière.
« Est-ce ça ton déguisement ? » demandai-je.
« Oui, c’est ça. J’ai pensé que cela aurait l’air plus naturel si je devais voyager avec vous. »
« Et tu l’as préparé et tout… Un peu trop minutieux, tu ne trouves pas ? »
« Je suis une noble, après tout. » Chris avait souri et avait gonflé sa poitrine avec fierté. La logique était incompréhensible, mais je m’étais retrouvé bizarrement convaincu. Peut-être voulait-elle dire que, parce qu’elle était noble, elle pouvait réfléchir plus vite que nous, les plébéiens, et qu’elle se préparait donc à une grande variété de possibilités de manière plus approfondie que tout le monde.
« D’accord, ça marche. Mais es-tu sûre de vouloir aller jeter un coup d’œil à cet endroit en tant que mercenaire et non en tant que noble ? »
« Oui, c’est ce qui est prévu. Vous devriez recevoir l’autorisation d’atterrir d’une minute à l’autre. »
Un bip était sorti de la poche de ma veste juste au moment où elle terminait sa phrase. Il semblerait que mon terminal avait reçu quelque chose.
« Excuse-moi. Euh, voyons voir… Permis d’atterrissage illimité ? »
« Oui. Comme le nom l’indique, tu seras libre d’atterrir sur Kormat III aussi souvent que tu le souhaites à l’avenir. Il est dans mes droits de t’accorder ce permis, c’est donc ce que j’ai fait. »
« Illimité… Bien sûr, j’accepte. Merci ! »
« Bien sûr. Je veillerai à ce que tu puisses rentrer à la maison quand tu le souhaites. »
Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? Je veux dire, je peux deviner, mais j’ai peur de demander. Chris est-elle vraiment une sorte de yandere obsessionnelle ? J’ai l’impression qu’elle utilise son statut pour éliminer tous les obstacles entre nous auxquels elle peut penser…
« Quoi qu’il en soit, maintenant que tu es là, allons-y. Tu ne veux pas tomber sur les médias, n’est-ce pas ? » dis-je en jetant un coup d’œil à l’entrée du hangar.
« C’est vrai. »
Toute l’équipe des médias était assise là, en silence. Certains avaient joint les mains en signe de prière, d’autres s’étaient agenouillés et nous avaient regardés désespérément, et d’autres avaient même baissé la tête jusqu’au sol. Mei les surveillait tous de près, alors je n’avais probablement pas besoin de m’inquiéter qu’ils enregistrent Chris en ce moment.
« Au fait, qu’en est-il de ces deux naines ? » demanda Chris.
« Elles sont mortes de fatigue, alors je les laisse se reposer. »
« Morte… ? Pauvres filles. »
À cette heure de la journée, elles étaient probablement encore endormies ou venaient de se réveiller et avaient commencé à boire. Elles ne se saoulaient pas, même lorsqu’elles buvaient pour soigner une gueule de bois, mais je ne voulais quand même pas qu’elles rencontrent Chris en empestant l’alcool. Elles allaient devoir s’asseoir à l’écart.
« Maintenant, veux-tu visiter le navire ? » lui avais-je proposé. « Je suis sûr que tu le connais déjà. »
« C’est vrai. » Chris jeta un coup d’œil à l’intérieur du Krishna, un air nostalgique sur le visage. L’intérieur n’avait pas changé depuis la dernière fois qu’elle était montée à bord, c’était donc probablement exactement comme dans ses souvenirs.
« Alors, tu as dit que tu voulais faire une inspection. As-tu des projets particuliers ? »
« Rien de particulier. J’aimerais juste voir le développement dans son état actuel par mes propres yeux. »
« D’accord, alors nous aurons besoin d’une bonne excuse pour visiter la colonie. Pouvons-nous simplement dire que nous avons eu la permission de faire du tourisme pendant notre jour de congé ? »
« Les atterrissages ne sont pas accordés pour de telles raisons en ce moment », avait-elle répondu. « Je suppose cependant que cela pourrait être plausible si nous appelons cela un test. »
« On n’a pas souvent l’occasion de voir les premiers stades d’une colonie, alors je suis sûr que ce sera intéressant. Cependant, je ne sais pas si les colons aimeraient être considérés comme une attraction touristique… »
Que les gens vous considèrent comme une attraction touristique alors que vous travaillez comme un fou n’avait pas l’air de vous faire chaud au cœur, mais les avantages du tourisme pour l’ensemble de la communauté pourraient l’emporter sur la gêne occasionnée. Cependant, leur travail à l’heure actuelle consistait à développer cette région afin de créer un nouveau foyer pour leur peuple. Ils ne pouvaient pas se permettre que des touristes se mettent en travers de leur chemin.
« Pendant que tu y es, tu devrais réfléchir à un plan de visite. Il n’y a rien de mal à en avoir un, qu’on l’utilise ou non. »
« D’accord, faisons-le. Je transmettrai cette information au chef de l’établissement. » Chris s’était assise sur le siège du sous-opérateur et alluma son terminal.
Elle travaille vite, me dis-je en effectuant les vérifications de démarrage du Krishna. Il était en parfait état, comme d’habitude.
« Je suis désolée de te demander de nous emmener tous là-bas sur un coup de tête comme ça, mais j’ai trouvé une ville coloniale qui nous acceptera, alors allons-y », dit-elle.
« Une ville coloniale ? » lui avais-je répondu. Je n’avais jamais entendu cette expression auparavant.
« J’ai entendu dire que c’est ainsi que les gens appellent communément les vaisseaux de colonisation qui ont atterri sur une planète en développement, car le vaisseau sert avant tout de centre à l’effort de colonisation. »
« Hein. D’accord, alors nous en ferons notre destination. Quelles sont les coordonnées ? »
« Je les envoie maintenant. »
« Confirmé. Laisse-moi m’occuper de la navigation ! » Mimi était encore plus impatiente que d’habitude. Était-elle simplement heureuse d’être à nouveau avec Chris sur le Krishna ? Elma la regardait, exaspérée, mais je ne pouvais pas reprocher à la fille d’être excitée. Bon, même moi, je commençais à être un peu excité.
« Mimi, occupe-toi des procédures de lancement pour nous », avais-je demandé.
« Oui, Capitaine ! Mei, ouvre l’écoutille pour nous, s’il te plaît. »
« J’ai compris. Soyez tous prudents, s’il vous plaît », déclara Mei sur l’écran principal.
J’avais levé la main en guise de réponse. Après avoir confirmé qu’Elma avait changé la puissance de sortie du générateur en mode voyage, j’avais tendu la main vers les commandes.
« Demande de lancement terminée. Affichage du trajet », annonça Mimi.
« J’ai compris. Alors il est temps de procéder au lancement. »
Lorsque l’écoutille du Lotus noir s’était ouverte, j’avais lancé le Krishna. Très bien, la sécurité avant tout aujourd’hui. Nous partons prudemment, nous atterrissons sur Kormat III prudemment. Je sais à quel point les conditions sont difficiles sur une planète en pleine terraformation, mais comment sont-elles une fois le processus terminé ? Je suis assez impatient de le découvrir.
☆☆☆
« Maintenant que je le vois bien, c’est vraiment joli. »
« Oui… Tu n’as pas vraiment eu l’occasion d’en voir les curiosités la dernière fois, » dit Mimi avec un sourire en coin.
Elle avait raison. Le vaisseau des colons — et maintenant la ville coloniale — avait été attaqué par une horde de Twisteds. Nous avions été obligés de sortir le Krishna pour avoir un peu de soutien aérien et un raid aérien en bonne et due forme, ce qui était extrêmement rare pour nous.
« Chris… ça a l’air d’aller, hein ? »
« Ce n’est pas la première fois que j’atterris sur une planète. »
Elma essaya d’être prévenante à l’égard de Chris, mais Chris elle-même ne semblait pas gênée le moins du monde. Elle avait atterri sur la planète de villégiature du système Sierra avec nous sur le Krishna, et les filles nobles avaient probablement souvent fait l’expérience des atterrissages planétaires.
« J’ai défini notre point de navigation », dit Mimi.
« Merci. Je vais commencer à voler par là. » J’avais piloté le Krishna en suivant le guide affiché sur l’écran principal. En peu de temps, une structure artificielle de la taille d’une petite montagne apparut. « Wow. Ça a beaucoup changé en un rien de temps. »
« Il était plus rond avant d’entrer dans l’atmosphère, n’est-ce pas ? » demanda Mimi.
Le vaisseau colonisateur, qui ressemblait auparavant à une balle ou à un dôme allongé, avait changé de forme. Il n’en restait que les fondations, à l’exception d’une grande tour qui se dressait au centre.
Autour de la tour se trouvaient plusieurs structures sommaires de taille variable. Il n’y avait rien à voir, en fait, juste un tas de bâtiments carrés bien alignés. C’étaient des cubes parfaits, comme du tofu.
« Je parie que Tina et Wiska sauraient. Est-ce que les parties qu’ils ont coupées ont été utilisées comme matériaux pour les structures qui l’entourent ? »
« Oui, c’est exact », répondit Chris. « Les installations autour du vaisseau colonisateur ont été construites avec les matériaux qui lui ont été arrachés. Il s’agit généralement de logements. » En tant que chef de ce projet de colonisation, il semblerait qu’elle ait acquis quelques connaissances sur le sujet.
« Juste des logements, hein ? C’est plutôt surprenant. Ici, je m’attendais à des installations plus, je ne sais pas, high-tech ou sophistiquées. »
« Celles-ci viendront en temps voulu, mais le logement doit venir en premier. Une colonie a besoin de gens, et les gens ont besoin d’un endroit où vivre. Et puis, chaque vague de colons apporte plus de fournitures. Bientôt, nous travaillerons à l’autosuffisance en matière de production alimentaire et nous continuerons à améliorer leurs conditions de vie. L’objectif final est de créer une industrie qui produise autant de biens de valeur que possible. Nous pourrons alors exporter aussi bien qu’importer. »
« Quels seraient ces biens de valeur ? »
« Principalement des produits organiques comme le bétail et les récoltes. Ceux-ci ont tendance à manquer dans les colonies spatiales. »
« Le bétail… Oh, comme cette espèce de chenille géante qu’ils ont servie à la fête. » C’était une spécialité de ce système, et malgré son apparence — et l’horreur de Chris — c’était délicieux.
« Eh bien, oui… Ceux-là. Ce sont d’excellents animaux d’élevage », dit Chris d’un ton monocorde. « Non seulement ils peuvent être mangés, mais ils produisent aussi de la soie de très bonne qualité. Et leur utilité ne s’arrête pas à l’âge adulte. »
Chris eut un regard toujours figé. Elle avait beau comprendre qu’il s’agissait d’animaux utiles d’un point de vue logique, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à les aimer.
Wow, alors ces choses sont vraiment des larves ? Est-ce qu’elles se transforment en énormes papillons, ou quoi ?
« Notre demande d’atterrissage a été approuvée », dit Mimi. « Affichage du guide maintenant. »
« Oh, une aire d’atterrissage ? Je me demande si c’est pour le ravitaillement », m’étais-je dit.
« Probablement », répondit Elma. « Chris, tu as dit que des vaisseaux de transport venaient régulièrement, n’est-ce pas ? »
J’avais jeté un coup d’œil à Chris, qui avait hoché la tête en réponse à notre conversation. Eh bien, lorsque vous établissez des bases de colonisation, il est logique de construire d’abord un port. Tu as besoin d’une méthode à la fois de transport et de commerce, après tout.
« Quoi qu’il en soit, passons à l’atterrissage, voulez-vous ? »
« D’accord ! Ce sera la première fois que je verrai la colonie de mes propres yeux, alors je suis très excitée. »
« J’espère juste que c’est assez intéressant pour répondre à tes attentes. »
Les yeux de Chris pétillaient d’excitation, mais Elma semblait avoir peu d’attentes. On en était encore aux premiers stades de développement, et on ne pouvait probablement pas s’attendre à beaucoup de produits locaux, alors sa réaction était compréhensible. Après tout, ils n’auraient probablement pas fabriqué sa liqueur bien-aimée.
***
Partie 5
La plateforme d’atterrissage de la ville coloniale prenait en charge l’amarrage automatique, nous avions donc pu atterrir sans trop d’efforts.
« Oh… L’air de la surface est si rafraîchissant et exaltant ! »
« C’est peut-être le faible parfum des fleurs, ou la brise qui caresse ta peau », avais-je dit en levant les yeux vers le ciel bleu limpide. « Franchement, regarder un ciel sans fin au lieu d’un plafond te fait vraiment te sentir libre. »
Il n’y avait pas tout à fait de nuages, mais l’humidité et la température étaient tout à fait correctes. Le temps était vraiment idéal. Était-ce un autre résultat du processus de terraformation ?
Nous avions regardé autour de nous en nous dirigeant vers la porte de la plateforme d’atterrissage, où nous avions été accueillis par une poignée d’habitants.
« Bienvenue, bienvenue ! », nous lança une femme d’âge moyen. Elle semblait être leur représentante, d’après son attitude. C’était une femme à l’allure gentille qui dégageait un air extrêmement doux.
« Merci. Et merci d’avoir accepté notre demande soudaine si gracieusement. Je suis le capitaine Hiro, propriétaire et capitaine du Krishna là-bas ainsi que mercenaire de la guilde des mercenaires. »
« Oui, je suis au courant. Nous avons regardé tout le tournoi en holostream, vous savez. »
« Oh, euh… Je ne sais pas trop comment réagir à ça », dis-je d’un ton penaud. « Pour le dire franchement, je suis un peu gêné. »
« Ah, notre héros à l’Étoile d’Or est tout simplement adorable, n’est-ce pas ? C’est sûrement pour ça que ces jolies femmes se pressent autour de lui. »
« S’il vous plaît, ne me taquinez pas trop… » Je n’avais pas la force de me mettre en colère contre une dame plus âgée à l’air si doux, et j’avais rapidement capitulé. Tu es fichu si tu perds ton sang-froid dans des moments pareils.
« Oh, je suis désolée. J’étais tellement excitée quand j’ai appris que j’allais rencontrer quelqu’un de si célèbre aujourd’hui. Pouvons-nous supposer que vous êtes ici pour visiter la colonie ? »
« Bien sûr. J’ai commencé à m’intéresser aux planètes terraformées. La surface semble si ouverte et libre, et l’air est si délicieux et rafraîchissant, n’est-ce pas ? Je me sens un peu mal de venir m’amuser ici alors que vous êtes tous si occupés, mais il a été étonnamment facile d’obtenir l’approbation de mon client. »
« Mlle Christina est jeune, mais elle est sage. Je suis sûre qu’il y a une signification plus profonde derrière ses actions. » Ses yeux se posèrent sur Chris, l’espace d’un instant.
Avait-elle compris ? Ou bien Chris lui avait-il parlé à l’avance ? Chris avait peut-être changé de vêtements, mais cela ne signifiait pas qu’elle était incognito. Si tu avais déjà vu son visage et que tu avais un peu d’imagination, il ne serait pas trop difficile de voir à travers son accoutrement de mercenaire.
« Oh, je suis désolée. Je ne me suis pas présentée. C’est très malpoli de ma part. Je suis la directrice de la deuxième ville coloniale, Clara. C’est un tel plaisir de vous rencontrer ! J’espère qu’il en est de même pour vous », déclara Clara, une femme d’âge moyen, avec un sourire élégant.
Je ne savais pas combien de personnes vivaient dans cette ville coloniale, mais si elle était la patronne de chacune d’entre elles, alors il s’agissait du genre de personne autour de laquelle je ne pouvais pas baisser ma garde.
☆☆☆
Clara s’excusa avant d’aller s’occuper d’autres affaires, nous laissant tous les quatre avec les deux hommes qui seraient nos guides. L’un était un homme d’âge moyen à l’air doux, tandis que l’autre était un petit enfant - pardon, un nain, apparemment. Malgré son statut de nain, il avait un visage lisse et imberbe que l’on pourrait qualifier d’adorable. Il avait apparemment le même âge que Mimi, il était donc tout juste considéré comme un adulte légal dans l’Empire.
« Bon sang… Ce n’est pas comme si nous n’avions pas de travail à faire », se plaignit le nain.
« C’est notre travail pour aujourd’hui, alors tu ferais mieux d’arrêter de te plaindre », déclara l’homme plus âgé. « Désolé, monsieur le mercenaire. Ce n’est qu’un enfant, alors je vais devoir vous demander de lui pardonner. »
« Je ne me plains pas. C’est nous qui forçons l’entrée au pied levé. » J’avais haussé les épaules en direction de l’homme, qui s’était excusé abondamment. Nous leur donnions probablement du travail supplémentaire, alors je ne pouvais pas en vouloir au garçon nain de s’être mis en colère.
« Klein, arrête de t’incliner comme — aie, aie ! »
« Ha ha, excusez-nous un instant. » L’homme nommé Klein entraîna le garçon nain à une courte distance et le gronda d’un ton feutré. « Fais preuve d’assurance, c’est très bien. Mais réfléchis au moins à qui tu parles, imbécile ! Cet homme est un vicomte honoraire. Tu ne vois pas ces épées !! »
Les gars, vous devriez peut-être vous calmer un peu. J’entends tout ce que vous dites.
« Qu’est-ce que tu dis ? Pourquoi un noble serait-il un mercenaire ? »
« Il est devenu noble parce qu’il a obtenu une importante récompense de la part de la princesse elle-même. Continue à parler, et il te coupera en morceaux. »
Eh bien, non, je ne le tuerais pas juste pour ça. À quel point pensez-vous que je suis colérique ? Les gens pensent-ils que les mercenaires sont des brutes sauvages et assoiffées de sang en général ? Eh bien, cette brute a un titre de noblesse, honorifique ou non, ce qui ajoute probablement au facteur de peur ici.
« Désolé, mais je vous entends. Je n’ai aucunement l’intention de brandir mes épées ici. Pouvez-vous juste nous faire visiter les lieux ? Ou si nous sommes autorisés à explorer par nous-mêmes, nous le ferons. »
« Ah, excusez-nous. Allons-y. Allez, idiot, il est temps d’y aller ! »
« Argh, bien… » Le garçon nain se frotta l’endroit où il avait été frappé sur la tête et jeta un coup d’œil aux armes sur ma hanche.
Je ne vais sérieusement pas m’en servir. Je te le promets. Alors, arrête de t’inquiéter.
Puis il nous avait de nouveau inspecté tous les quatre avant de me lancer un nouveau regard, comme s’il s’apprêtait à faire claquer sa langue en signe d’irritation. Ha ha ha ! Si Tina et Wiska étaient là, je parie qu’il le ferait vraiment.
« Au fait, qu’est-ce que vous faites ici ? » leur avais-je demandé.
« Vous pourriez nous appeler des touche-à-tout », répondit le plus âgé. « Nous sommes ici pour résoudre tous les problèmes qui surgissent sur le navire — euh, la ville, c’est-à-dire. »
Est-ce que c’était une sorte de département spécialisé dans la gestion des tâches gouvernementales diverses ? « Hmm… votre gouvernement local a donc un service de ce genre ? » demandai-je.
Il secoua la tête. « Non, nous ne faisons pas partie du gouvernement. Bien que Clara nous fasse venir pour travailler parfois, comme aujourd’hui. »
« Ah. » Ils sont donc en quelque sorte des hommes à tout faire privés. Est-ce que tu peux vivre de ça ici ? Eh bien, ils sont là, sous mes yeux, alors je suppose que oui. « Où nous emmenez-vous d’abord ? »
« Nous allons passer par le quartier résidentiel pour atteindre le site. Nous avons préparé des moyens de transport, nous n’aurons donc pas à marcher beaucoup. » Klein nous avait montré un endroit où un véhicule très simple était garé.
Qu’est-ce que c’est ? Cela ressemble un peu à un gros bateau gonflable avec des sièges attachés.
« Je n’ai jamais vu un véhicule comme celui-ci auparavant. »
« Je déteste dire ça, mais ça a l’air un peu ringard… »
« Et il est petit. Je suppose qu’ils ont mis l’accent sur la réduction des coûts. »
C’était bien moins cher que les véhicules de reconnaissance utilisés par les mercenaires et les sièges étaient complètement exposés aux éléments.
« Ha ha ha, eh bien, les matériaux utilisés pour les produits de haute technologie ont été alloués à des besoins plus importants, » expliqua Klein. « Ceux-ci sont fabriqués avec l’idée que nous voulons simplement pouvoir transporter quelques personnes selon les besoins. Nous nous assiérons sur les sièges avant, et vous pourrez tous vous asseoir à l’arrière. »
« J’accepte volontiers cette proposition. » Chris s’était assise sur le siège situé juste derrière les sièges des conducteurs et m’avait regardé en tapotant celui qui se trouvait à côté d’elle. Ces véhicules ressemblant à des bateaux pouvaient accueillir exactement six personnes, avec deux sièges de conducteur, deux sièges de passager avant et deux sièges de passager arrière.
« Oui, oui, comme tu veux. Les filles, ça vous dérange de vous asseoir à l’arrière ? »
« Bien sûr que non. »
« Peu importe. »
Mimi et Elma montèrent solennellement à bord du véhicule sans se plaindre. Une fois que tout le monde avait été confirmé à bord, l’homme d’âge moyen commença à conduire la… voiture ?
« Je me demandais comment elle se déplaçait. Alors ça flotte », avais-je fait remarquer. « C’est bizarrement de la haute technologie pour sa taille. »
Chris avait acquiescé à mes murmures. « Cela lui permet de rouler sur des terrains plus accidentés. Je parie qu’ils ont privilégié le rapport qualité-prix et les fonctionnalités vis-à-vis de l’apparence. »
« Je déteste juste la poussière qui te tombe dessus puisque, tu sais, il n’y a pas de pare-brise », déclara carrément Elma derrière moi.
« Mais le fait de pouvoir sentir le vent sur ta peau, c’est amusant ! » ajouta Mimi avec enthousiasme.
Je m’étais retourné et j’avais vu Mimi tendre les bras et attraper le vent dans ses mains. Ce n’était pas vraiment nouveau pour moi, mais on ne sentait normalement pas le vent dans les colonies et les vaisseaux spatiaux, alors c’était certainement le cas pour elle. Même une si petite chose était si nouvelle et si fraîche pour elle. En y repensant, nous n’avions pas fait d’activités de sports motorisés pendant nos vacances dans le système de villégiature.
Alors que j’envisageais de me rendre dans un autre système de villégiature, l’aéroglisseur antigravité quitta la plateforme d’atterrissage et se dirigea vers un groupe de structures autour de la base du vaisseau colonisateur que nous avions vu depuis le Krishna.
« Wôw, tout cela est si bien entretenu. »
« C’est presque comme une colonie, mais sans le plafond. »
Le commentaire de Mimi était raisonnable. Il s’agissait probablement d’une sorte de zone urbaine. Le sol était pavé de quelque chose qui ressemblait à du béton et les bâtiments qui bordaient la rue donnaient l’impression d’être le quartier commercial d’une colonie marchande. Les grandes publicités sur holo-affichage que l’on trouve sur les murs des bâtiments des quartiers commerciaux des colonies étaient absentes ici, ce qui donnait une impression de désolation.
« Ça fait un peu vide sans les panneaux d’affichage, n’est-ce pas ? » fit remarqué Elma, manifestement sur la même longueur d’onde. « Les quartiers résidentiels des colonies sont aussi comme ça », ajouta Mimi.
« Ah oui ? Peut-être qu’il n’y a pas encore de magasins qui valent la peine d’être affichés », j’avais émis l’hypothèse.
« Les installations de divertissement ne sont probablement pas prêtes de voir le jour, » déclara Chris.
« Hé là, ce n’est pas comme si nous n’avions pas de tavernes et de magasins », avait répondu joyeusement l’homme qui conduisait l’aéroglisseur. « Nous y reviendrons plus tard, je vous le promets. »
Il semblait faire de son mieux pour détendre l’atmosphère, peut-être parce que j’avais entendu leurs chuchotements tendus plus tôt. Je me fichais pas mal de tout ça, mais vu sa position, il devait avoir des sueurs froides.
« Au fait, quel genre de site sommes-nous en train de visiter ? » demandai-je.
« C’est un site de production alimentaire. Ils travaillent à un rythme urgent en ce moment, alors je pense que c’est un arrêt qui en vaut la peine. »
« La production alimentaire, hein ? », déclara Elma d’un air désintéressé, se souvenant sans doute de notre visite de l’usine de cartouches alimentaires. Celle que nous avions vue ressemblait à une ferme de culture hydroponique, mais à quoi ressemblaient-elles en surface ? J’étais curieux.
***
Partie 6
Ma première impression de l’installation de production alimentaire était extrêmement simple : « Hmm… C’est une ferme. Juste une ferme. »
Je veux dire que les champs étaient bien labourés, mais ce n’était qu’une ferme. Littéralement, une vieille ferme ordinaire. Ce n’était pas non plus une ferme particulièrement grande. Je voyais bien que c’était plus grand qu’un terrain de foot, mais il n’y avait que six champs au total.
« C’est intéressant ! Ils les cultivent dans le sol, comme les autres plantes », Mimi fit remarquer ce fait.
« Ouais… Ce n’est pas si intéressant que ça. » Elma n’avait pas tort. Il n’y avait rien d’intéressant à regarder un champ labouré, peut-être que ça aurait été plus amusant si on avait regardé de grosses machines faire le labourage ou quelque chose comme ça.
« Ah… Il y a quelque chose qui vient de ce côté, » fit remarquer Chris.
C’est… Wôw, qu’est-ce que c’est ? Des objets de la taille d’un ballon de handball roulaient vers nous à grande vitesse sur le sol mou et labouré.
« De petits robots agricoles, peut-être ? »
« On dirait bien. »
Ils étaient passés devant nous à intervalles réguliers. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que rien n’avait pourtant changé.
« Pourquoi ces choses courent-elles dans tous les sens ? » demandai-je.
« Je ne sais pas. Je ne fais pas partie du département de production de nourriture, alors je ne peux pas répondre à cette question », répondit le garçon nain, ouvertement irrité. Si tu ne veux pas être un guide, pourquoi es-tu là ?
« Nous sommes censés rencontrer quelqu’un qui pourra nous expliquer ces choses, mais…, » dit Klein en cherchant sur le terrain. « Ah, là-bas ! C’est sûrement eux. »
Nous avions continué à rouler, en observant la file indienne de robots, jusqu’à ce que nous apercevions un autre aéroglisseur antigravité devant nous. Celui-ci était biplace, et sur le siège passager se trouvait une sorte de grosse machine.
« Heeeey ! » Klein avait appelé le véhicule depuis notre siège de conducteur. « Je suis Klein, celui qui a appelé tout à l’heure ! »
L’autre conducteur leva la main. « Oh, bonjour ! » répondit-il.
Il a l’air terriblement décontracté, me dis-je en me penchant en avant pour mieux le voir. La personne qui conduisait était un grand homme à l’allure joyeuse. Wow, il est grand. Il doit facilement mesurer plus de deux mètres.
Des crocs ressortaient de derrière sa lèvre inférieure lorsqu’il souriait. « Ce sont les mercenaires dont tu as parlé ? Il y a un tas de jolies filles là-bas… Quand tu as parlé de mercenaires, j’ai pensé qu’ils seraient tous grands et durs ! »
Hmm, alors il n’est pas humain ? Les humains sont la principale race de l’Empire, mais il y en a beaucoup d’autres qui vivent ici aussi. Je n’ai jamais vraiment parlé aux autres races, mais tu as tendance à les voir souvent quand tu vas dans les quartiers portuaires des colonies commerciales. Cependant, je n’avais jamais vu quelqu’un comme ce type.
Les deux véhicules s’étaient garés et j’étais sorti, j’avais tendu la main et je m’étais présenté. « Enchanté de vous rencontrer. Je suis le capitaine Hiro. Merci d’être venu malgré notre demande soudaine. »
Il m’avait retourné la poignée de main et m’avait souri gentiment. « Oh, vous me semblez vraiment familier. Vous êtes le mercenaire qui a battu tous ces nobles au tournoi, n’est-ce pas ? Vous êtes minuscule, mais vous êtes fort. Je suis Eifa, du clan Ragile. Je suis ravi de travailler avec vous aujourd’hui. »
« Tout le plaisir est pour moi. »
Hmm… Peut-être que le fait d’être aussi connu est pratique. La plupart des gens qui me connaissent depuis le tournoi semblent avoir une impression positive de moi. Enfin, si tu peux compter le fait d’avoir peur comme un point positif.
« Désolé de vous poser une question tout de suite, mais qu’est-ce que c’était que ces petites choses qui roulaient ? » lui avais-je demandé.
« Oh, ce sont des robots agricoles polyvalents. Ça, c’est l’unité primaire », a-t-il dit en pointant du pouce la machine géante à l’arrière de son véhicule. « Ceux qui sont là-bas sont les agents secondaires. Vous nous avez surpris en train d’inspecter et d’ajuster le sol. »
« Ajuster ? »
« Oui. Il faut s’assurer qu’il contient les bons nutriments pour les cultures, garder le pH équilibré, des choses comme ça. Nous recueillons ces données et procédons aux ajustements nécessaires. »
« Ça a l’air d’être beaucoup de travail. L’agriculture hydroponique ne serait-elle pas plus facile ? » demanda Mimi en penchant la tête.
L’homme éclata de rire. « Ha ha ha ! C’est sûr, mais toutes les cultures ne peuvent pas être cultivées de cette façon. La plupart des produits que nous cultivons ici ne sont pas très adaptés à la culture hydroponique. »
« Oh. Je vois. » J’entends ce léger changement dans ton ton, Mimi. « Alors cela veut dire que vous donnez la priorité aux cultures qui ont un prix de vente élevé ? »
« Oui, nous en avons quelques-unes qui se vendent cher. Mais elles sont aussi nutritives et savoureuses. Elles n’ont cependant pas encore été plantées. C’est dommage que nous ne puissions pas en partager avec vous. »
« On dirait que ce n’est pas la première fois que vous faites ce travail, » dis-je. « Avez-vous déjà fait cela ailleurs ? »
« Ma famille travaille dans ce domaine depuis des générations. J’ai entendu dire qu’ils cherchaient des travailleurs agricoles pour une planète nouvellement terraformée, alors je me suis inscrit. C’est la première fois que j’utilise une machine aussi folle que celle-ci. Vous ne savez pas à quel point j’ai étudié pour en arriver là. » Eifa se gonfla et sourit fièrement.
« Alors ils ont fait venir des travailleurs expérimentés d’autres planètes, hein ? » dit Elma. « Eh bien, ce n’est pas comme si toutes les planètes avaient un surplus de terres. »
« Vous avez raison. D’où je viens, le fils aîné hérite de tout. Je suis le quatrième, donc je n’aurai pas la ferme. Ce projet de colonisation a été un véritable coup de chance. »
« Ouah ! Vous venez d’une grande famille ! » Mimi était étrangement impressionnée. Pour être honnête, les familles avec quatre enfants n’étaient pas non plus si courantes au Japon, la plupart en avaient un ou deux. Est-ce que c’était le cas dans l’empire Grakkan ?
« Comme tu le sais, je suis l’une des trois enfants », me dit Elma. « Il me semblerait que les familles avec un seul enfant, comme Chris, sont les plus rares. »
« Je suis d’accord. »
« Vraiment ? Je connais beaucoup d’autres enfants uniques… » se souvint Chris.
Les nobles et les colons avaient donc des perceptions différentes ici. Intéressant. Cependant, Klein fit une drôle de tête en les entendant. Soit il était vraiment rapide à comprendre, soit il était instruit. Elma et Chris étaient sur le point de griller leur couverture et de révéler qu’ils étaient des nobles s’ils continuaient à discuter.
« Au fait, est-ce que ces robots agricoles ont créé ces terres agricoles ? » demandai-je en changeant de sujet. « Ils n’avaient pas l’air capables de creuser la terre. »
« Nob, les fermes elles-mêmes sont construites par un truc moléculaire… Une sorte de machine. Ce sont de minuscules machines comme celles-ci. Elles s’allument et transforment tout, des mauvaises herbes aux arbres, en terre molle en un rien de temps. »
L’explication d’Eifa était pour le moins douteuse, ces machines ne devaient pas faire partie de son travail. Quoi qu’il en soit, on aurait dit qu’il s’agissait d’incroyables petites machines capables de défricher et de niveler un terrain, d’aménager des champs, de construire des bâtiments, le tout en tenant dans la paume de ta main. Oh, est-ce qu’elles fonctionnent comme ces projecteurs de matériaux que la flotte impériale utilisait sur Kormat IV ?
« Ça m’a l’air pratique », avais-je répondu. « Je parie qu’ils seraient aussi utiles dans notre travail. Puis-je les acheter quelque part ? »
« Je me le demande… » dit Mimi. « Il faudra que je me penche sur la question. Peut-être que les kits de survie comprennent quelque chose comme ça. »
« Merci. Je m’en remets à toi, Mimi. »
Chris avait l’air de vouloir couper la parole, mais ce serait suspect si elle proposait d’aller les chercher pour nous. S’en rendant compte, elle ravala ses mots et resta silencieuse.
Après cela, Eifa nous avait enseigné plus de choses sur les cultures et l’agriculture. Puis nous avions quitté la ferme — euh, « installation de production alimentaire » — et nous nous étions dirigés vers notre prochaine destination.
☆☆☆
« Vous devez avoir faim. »
Klein avait proposé de nous offrir un repas, alors nous avons accepté de nous rendre dans la « ville » proprement dite — la base du vaisseau. D’après lui, des tonnes de boutiques et de réfectoires publics avaient été ouverts depuis qu’ils avaient décollé dans l’espace. Ces installations étaient restées en service et servaient maintenant de lieu de détente pour les colons.
« Wôw, c’est agité ici ! »
Le réfectoire situé dans la base du vaisseau des colons était normal, sans aucune particularité à proprement parler, ressemblant presque à une aire de restauration. Mais les personnes qui y mangeaient semblaient différentes de celles que nous avions rencontrées dans les colonies. Comment dire ? C’était comme s’ils débordaient de vie. Ils avaient une vitalité, ce zèle débordant, qui les séparait des résidents des colonies.
« Il n’y a pas encore beaucoup d’endroits où l’on peut manger dehors, après tout, bien que les gens mangent assez souvent des rations militaires à l’extérieur de nos jours. La nourriture dont vous vous êtes lassé a soi-disant meilleur goût à l’extérieur. »
« Oui, je comprends un peu ça. »
« C’est la même chose. Pourquoi l’endroit où vous la mangez a-t-il de l’importance ? » protesta l’enfant nain.
« Préfères-tu manger ta nourriture tout triste et seul ou avec une charmante dame ? La situation fait une différence. »
« Meh, je suppose que c’est un bon point. »
Nous, les trois hommes, avions dit des bêtises en attrapant la nourriture et en la traînant jusqu’aux sièges que les filles étaient parties garder pour nous.
Il n’y avait d’ailleurs pas grand-chose de remarquable dans le choix de la nourriture. Franchement, la qualité de la nourriture qui sortait des cuiseurs automatiques qu’ils possédaient n’était probablement pas aussi bonne que ceux du Krishna et du Lotus Noir. C’était probablement assez bon pour satisfaire les dizaines de milliers de personnes à bord des vaisseaux de colons pendant des mois, alors ça ne pouvait pas être si mauvais.
***
Partie 7
« Ce genre de nourriture doit être fade pour les nains, hein ? » demandai-je.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Essaies-tu de dire que tu sais quelque chose sur les nains ? » m’avait répondu le gamin.
« Nous avons appris un peu de la culture naine quand nous avons acheté notre vaisseau-mère dans une colonie du système Vlad. Elles ne sont pas ici avec nous, mais nous avons deux mécaniciennes naines à bord. »
« Je suppose que ce sont aussi des femmes, hein ? » Le nain m’avait lancé un regard noir et j’avais détourné les yeux. Oui, monsieur. Oui, elles le sont. « On dit que les grands hommes apprécient la sensualité, mais tu es plutôt impudique à ce sujet. »
« Je ne suis pas vraiment un grand homme. »
« Oui, je suppose que tu n’as ni l’air ni l’attitude d’en faire partie. »
« Petit, arrête… » Klein soupira.
« C’est bon », lui avais-je assuré. « Tout le monde le sait, de toute façon. Je suis juste un nouveau qui est devenu un peu célèbre à cause du tournoi. »
En vérité, cela ne faisait même pas un an que j’étais officiellement devenu un mercenaire. Peut-être que le fait que le tournoi ait fait connaître mon nom avant que je ne devienne célèbre par mes propres mérites n’était pas une bonne chose…
« Quoi qu’il en soit, je vais devoir faire de mon mieux pour ne pas salir le nom de Sa Majesté l’Empereur. Il m’a même fait des compliments après ma série de victoires en tournoi. »
Il y avait beaucoup de choses qui m’agaçaient pendant notre séjour dans la capitale, mais je savourais les avantages qui en découlaient, comme les droits de passerelle et la citoyenneté de première classe. Je n’étais pas un serviteur loyal de Sa Majesté ou quoi que ce soit d’autre, mais je voulais faire du bon travail et éviter de salir sa réputation après ce qu’il avait fait pour moi… même si cela me donnait l’impression de danser dans la paume de sa main.
« Vous en avez mis du temps. »
« Comme tu peux le voir, c’est plein à craquer. » J’avais haussé les épaules devant la plainte d’Elma et j’avais aligné la nourriture sur la table.
C’était le genre de fast-food que l’on voit partout — des hot-dogs, des hamburgers, ce genre de choses. Transporter de la nourriture qui nécessite des ustensiles ne fait après tout que compliquer les choses. Lorsque vous étiez dans un grand groupe comme celui-ci, il était plus facile de prendre un tas de choses que vous pouviez manger avec vos mains.
Les yeux de Chris pétillèrent tandis qu’elle passa en revue l’abondance de malbouffe. « Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas mangé quelque chose comme ça. »
Ah, c’est vrai. Les nobles ne mangent généralement pas de fast-food. Nous avions mangé un repas comme celui-ci sur la planète de villégiature du système Sierra, alors peut-être que ce sont les souvenirs qui ont illuminé ses yeux.
Je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer que le visage de Klein était devenu pâle pendant un moment. Peut-être que les paroles et l’apparence de Chris l’avaient renseigné sur sa véritable identité. Désolé, mon pote.
« Qu’est-ce qu’on fait après le repas ? » demandai-je.
« Hein ? O-oh… D’accord », balbutia Klein. « Je pensais que nous pourrions faire une promenade en dehors de la ville. »
« C’est une excellente idée. Dans l’espace, vous n’avez jamais l’occasion de profiter de la nature. Ce sera une expérience précieuse. »
Nous n’avions jamais eu l’occasion de voir la nature dans la capitale. Il y avait peut-être des parcs ou des jardins botaniques, mais nous n’étions allés nulle part dans ce genre.
Quoi qu’il en soit, il était temps de manger. La vue de Chris s’empiffrant de malbouffe ne pouvait que me faire sourire. Elle ne mangeait pas vraiment aussi vite, elle était trop raffinée pour cela. Pendant ce temps, Elma ne s’était pas retenue.
Elle plissa les yeux en remarquant mon regard. « Quoi ? »
« Rien du tout. J’admire juste ta façon de manger. »
« Est-ce censé être un compliment ? »
« Je veux dire, oui. Ce serait déprimant si tu fronçais les sourcils et que tu te forçais à prendre de délicates petites bouchées, n’est-ce pas ? »
« Peut-être, mais si c’est l’idée que tu te fais d’un compliment pour une dame correcte, alors tu es un idiot. »
« Dommage. Il va falloir que je travaille là-dessus. » J’avais haussé les épaules.
Elle s’était plainte, mais elle n’avait pas l’air trop embêtée. Et puis, pourquoi Mimi et Chris me regardent-elles ? Voulez-vous que j’évalue aussi votre façon de manger ? En fait, vu le déroulement de la conversation, ce n’était peut-être pas si étrange que ça.
☆☆☆
Nous avions prévu de sortir dans la nature non aménagée et de profiter d’un peu de nature après notre repas. Mais juste avant que nous puissions remonter à bord de l’aéroglisseur antigravité, une sirène s’était mise à hurler. De toute évidence, une urgence était à portée de main.
« Hmm ? Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Quelque chose ne va pas ? »
« De quel type d’alerte s’agit-il ? »
« Klein ? »
« C’est… l’alerte d’attaque des pirates ! » hurla Klein, paniqué.
Ah. L’alerte aux pirates, hein ?
« Je ne pensais pas qu’il y aurait quelqu’un d’assez stupide pour attaquer à un moment pareil », marmonnai-je en sautant sur le siège conducteur du véhicule. « À quel niveau d’urgence cette sirène est-elle censée se déclencher ? »
Les commandes étaient plus simples que ce à quoi je m’attendais. Il avait l’air aussi facile à contrôler qu’un kart de parc d’attractions. Il se contentait de flotter doucement et simplement. Le tableau de bord n’affichait rien d’autre que l’énergie restante. C’est simple comme bonjour.
« Monsieur ? » balbutia Klein.
« Si les pirates attaquent, alors nous devons agir. Nous sommes des mercenaires. C’est ce que nous faisons. Alors, euh, je dois vous emprunter ça. »
« Hé ! »
Ignorant la panique de Klein, j’avais mis en marche l’aéroglisseur. Avec un grondement sourd, il s’était doucement soulevé du sol et s’était mis à flotter.
« Elma, Mimi. Allons-y ! »
« Ne t’écrase pas ! » Elma s’était assise sur le siège passager, excédée.
« D’accord ! » Mimi avait sauté à l’arrière.
Chris avait vacillé, ne sachant que faire pendant un moment, avant de s’asseoir à côté de Mimi. « Je ne savais pas si je devais rester ou non, mais… Je ne peux rien faire pour personne si je reste ici. Je devrais plutôt être la lame qui protège mon peuple. »
« J’ai compris. Ce que le client veut, le client l’obtient », lui avais-je dit, avant de me tourner vers nos guides locaux. « Au fait, merci pour la visite, les gars. Remerciez aussi Clara. »
Ayant complètement abandonné, Klein soupira : « Ah… Bonne chance dans votre combat… » Il agita faiblement la main en signe de reddition.
Le garçon nain, dont j’ignorais toujours le nom, me regardait avec des yeux perçants. « Ne gâche pas tout, mercenaire. »
« Laisse-moi faire. Je suis de rang platine, tu sais. »
Sur ce, j’avais fait tourner l’aéroglisseur pour le diriger vers l’aire d’atterrissage du vaisseau et j’avais mis la pédale au plancher. Ooh, ce truc va plus vite que je ne le pensais !
« Ne sois pas trop téméraire ! » me rappela sévèrement Elma.
Il n’y avait pas de pare-brise, donc plus nous allions vite, plus il y avait de vent. Cela signifiait que je devais élever la voix juste pour qu’Elma m’entende, bien qu’elle soit juste à côté de moi.
« Je conduirai aussi prudemment que possible ! »
« Maître Hiro ! Mei nous a envoyé des informations sur l’attaque des pirates ! »
« Prépare-toi à partager l’info dès que nous aurons atteint le navire ! » avais-je crié. « Et accrochez-vous bien ! Tu ne veux pas être éjecté de l’aéroglisseur ! Toi aussi, Chris ! »
« D’accord ! »
Peut-être à cause des sirènes, il n’y avait — heureusement — pas de circulation piétonne lorsque nous avions quitté la zone autour du navire des colons. La plupart des gens avaient probablement évacué dans la base du vaisseau. Comme c’était l’heure du déjeuner, il était probable que la plupart des gens étaient déjà à l’intérieur.
« Combien de temps avant que les pirates ne descendent ? » demandai-je.
« Nous avons encore le temps ! » répondit Mimi. « Les forces de défense du système stellaire du comte les ralentissent ! »
« Bien ! Soyez prêt à sauter ! »
J’avais conduit à plein régime. Je ne savais pas à quelle vitesse nous roulions, mais ce n’était pas au point d’avoir du mal à respirer. Peut-être cinquante kilomètres à l’heure, non ? J’avais continué à ce rythme jusqu’à ce que nous ayons atteint la rampe de lancement, je m’étais arrêté devant le Krishna et j’avais sauté dehors.
« Courez ! Et ne trébuchez pas et ne tombez pas ! » J’avais précipité les filles vers l’avant pendant que j’utilisais mon terminal pour déployer l’échelle-piège du Krishna.
Je m’inquiétais de savoir si Chris serait capable de courir ainsi, mais elle était à peu près aussi rapide qu’Elma. Mimi était en fait la plus lente. Chris avait-elle reçu des améliorations physiques comme les autres nobles ?
Dès que nous nous étions tous engouffrés en toute sécurité dans le vaisseau, j’avais appuyé sur le bouton de fermeture d’urgence pour fermer à la fois la trappe et l’écoutille avant de courir dans le cockpit.
« Je crois que c’est la première fois que nous décollons aussi vite », dis-je.
« Peut-être ! » répondit Elma. « Passage de la puissance du générateur du ralenti à la vitesse de croisière ! »
« Autorisation de lancement reçue ! » annonça Mimi.
« Bon, attachez vos ceintures, les filles ! » J’avais saisi les commandes et j’avais immédiatement mis les gaz pour échapper au champ gravitationnel de Kormat III. Comme l’acte de lancer un vaisseau spatial était fondamentalement une tentative audacieuse de défier complètement la gravité, les systèmes de contrôle inertiel ne pouvaient pas à eux seuls éliminer complètement la pression résultante qui nous frappait.
« Nnh… ! » Mimi était celle qui avait le plus de mal. J’étais fort et j’avais l’habitude. Étonnamment, Chris n’avait même pas gémi. On dirait qu’elle était devenue beaucoup plus forte depuis le temps que nous avions passé ensemble dans le système Sierra. Ou peut-être que son nouveau statut d’héritière signifiait qu’ils lui avaient vraiment fait subir de sérieuses augmentations.
« Quel est le plan, Hiro ? »
« Nous attendons à l’extrême limite du champ gravitationnel. Au moment où ils désengagent le moteur FTL, nous les abattons. »
« Cela semble assez raisonnable. »
Les détails de son fonctionnement m’échappaient, mais le moteur FTL te permet de te déplacer plus vite que la lumière en truquant en quelque sorte la masse d’un vaisseau. Lorsqu’un vaisseau à propulsion FTL s’approchait normalement d’un objet massif, les dispositifs de sécurité désactivaient la propulsion FTL pour éviter un crash. Encore une fois, je ne connaissais pas les détails, mais apparemment, le système détectait les objets massifs en détectant leur gravité. C’est ainsi que les interdicteurs arrêtaient le moteur FTL d’une cible. En gros, ils augmentaient la masse d’une cible ou lui envoyaient directement des ondes gravitationnelles.
Mon plan était en théorie similaire. Les pirates qui essayaient d’atterrir sur une planète ne pouvaient pas descendre tant que leur moteur FTL était actif, ils devaient passer en mode de conduite normal dès qu’ils entraient dans l’orbite gravitationnelle d’une planète. Ensuite, ils devaient calculer une trajectoire et commencer leur descente. Pendant ce laps de temps, qui était loin d’être court, ils seraient sans défense.
***
Partie 8
Et s’ils ignoraient le Krishna et descendaient ? Dans ce cas, nous pourrions les abattre facilement. Ils devaient détourner une grande partie de la puissance des propulseurs pour contrôler leur vitesse, ils ne pourraient donc pas faire de manœuvres d’évitement. Il était hors de question d’esquiver les coups de canon laser, qui se déplaçaient à la vitesse de la lumière. Même moi, je n’y arriverais pas.
Alors que je réfléchissais à notre plan, une notification de verrouillage avait retenti dans le cockpit. Sommes-nous arrivés trop tard ?
« Ici l’armée du système Kormat… » C’était l’un des vaisseaux de l’armée du système stellaire qui avait été déployé sur l’orbite du satellite de Kromat III. Ils avaient rapidement désactivé leur verrouillage, ayant apparemment compris notre affiliation. « Capitaine Hiro ? »
« Oui, c’est le capitaine Hiro à l’appareil. Nous avons entendu parler d’une attaque de pirates pendant que nous étions à la surface, alors nous avons effectué un lancement d’urgence. Nous vous soutiendrons. Aussi, étant donné les circonstances, je vais pardonner le verrouillage. »
« Nous apprécions l’aide… »
Oui, c’est vrai. J’étais tenté de lui dire de confirmer l’enregistrement de mon vaisseau avant de me verrouiller, mais ce n’était pas le moment. Tout le monde fait des erreurs. Je te pardonne, mon fils… mais est-ce que tu veux voir mes canons géants ?
Chris était restée silencieuse. Elle n’avait pas l’air de vouloir révéler sa présence sur le Krishna. Leur capitaine perdrait probablement la tête d’anxiété si elle le faisait, alors c’était mieux ainsi.
« Quel est l’état de la situation ? » demandai-je.
« Umm… On dirait que l’armée du système stellaire poursuit les pirates en FTL en ce moment même », avait répondu Mimi. « Ils essaient de leur interdire de venir ici. »
« Hmm. Peut-être que nous n’avions pas besoin de nous précipiter pour cela. »
Il s’agissait probablement de quelques pirates idiots qui avaient tenté d’attaquer Kormat III et qui s’étaient fait prendre dans le réseau de sécurité de l’armée du système stellaire ou de la flotte impériale. C’est à ce moment-là que l’alarme des pirates avait retenti, mais le travail rapide de l’armée allait contrecarrer leur attaque. Ils avaient immédiatement envoyé des gens à la poursuite, et maintenant, ils étaient dans une poursuite plus rapide que la lumière.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » me demanda Elma.
« Je suppose que nous restons en attente. Ça doit être intéressant d’observer et de voir comment les choses évoluent, n’est-ce pas, Chris ? »
« Oui. » Chris s’était rangé à mon avis, alors nous avions décidé de rester en alerte.
J’aurais bien aimé suivre la poursuite, mais ils couraient dans tout le système stellaire, si bien que le radar hyperspatial du Krishna ne pouvait pas les détecter. Un vaisseau spécialisé dans la guerre de l’information, ou un vaisseau comme le Lotus Noir doté d’un grand radar à haut rendement, pourrait peut-être faire mieux, mais un petit vaisseau fait pour le combat rapproché n’était tout simplement pas construit pour une telle précision.
« Eh bien, nous ne pouvons rien y faire. Le Lotus noir est de retour dans la colonie, après tout. »
« Devrions-nous l’appeler ? »
« Ça me semble être une perte de temps pour l’instant. »
« C’est vrai… »
En peu de temps, les pirates de l’espace avaient été acculés par l’armée du système stellaire, ce qui avait mis fin à leurs manigances.
Depuis que nous avions détruit la base des pirates, la fréquence des attaques contre les navires privés avait fortement diminué. Cela signifiait que l’armée du système stellaire et la flotte impériale avaient les mains libres, ce qui avait entraîné une augmentation de la sécurité publique dans ce système stellaire.
« Pourtant, préparer une attaque contre le système Kormat maintenant, à n’importe quel moment… Crois-tu qu’ils essaient de faire de la psychologie inversée ou quelque chose comme ça ? » se demanda Elma à voix haute.
« Je ne sais pas. Peut-être que les pirates tirent des balles de test pour vérifier le niveau de sécurité. Mais si l’un d’entre eux a survécu, ils pourront l’interroger et lui soutirer des informations. Mais il est possible que les pirates eux-mêmes ne sachent pas pourquoi ils sont ici. »
Une possibilité était que les pirates qui avaient attaqué avaient reçu de mauvaises informations de la part de leurs congénères. Même s’ils étaient capturés, il serait impossible de leur soutirer des informations utiles si tout ce qu’ils savaient était incorrect.
« Les choses se sont bousculées à la fin, mais je suis content que nous ayons pu voir de nos propres yeux à quel point le système Kormat est sûr. »
« Oui, en effet. C’était très utile de voir non seulement l’état des installations et le travail à la surface, mais aussi les mesures d’évacuation et les efforts militaires, » dit Chris, bien qu’elle soit visiblement déçue.
« Nous avons encore du temps, n’est-ce pas ? Nous pourrions faire un tour dans le système stellaire, traîner sur Kormat Prime ou nous détendre sur le Lotus Noir si tu le souhaites. Tout ce dont tu as envie. Nous nous joindrons à toi. »
« Oui, » Elma m’avait soutenu. « Tu es notre mercenaire en formation jusqu’à ce que notre temps ensemble soit terminé alors passe ce temps comme tu l’entends. »
« Nous sommes des amis, après tout ! Ne te retiens pas ! » ajouta Mimi.
Chris hésita un instant, puis sourit. « Dans ce cas, j’accepte votre offre… J’aimerais faire du tourisme et me détendre dans la colonie, comme vous le faites d’habitude. Après tout, j’étais toujours coincée dans le vaisseau dans le système Sierra. »
« Ah, oui. On a bien fini par partir en vacances sur une planète de villégiature après. Alors, faisons ça. »
« Kormat Prime est vraiment vivante et amusante en ce moment. »
« Ouais. Il pourrait y avoir des bizarres là-bas, alors soyons prudents comme d’habitude. »
Mais qu’en est-il de Mei, Tina et Wiska… ? Si on s’approche du Lotus noir, les médias vont être très pénibles. Et si nous y allions seuls ? Oui, c’est ça. C’est ce qu’on va faire.
☆☆☆
Nous nous étions immédiatement dirigés vers le quartier commercial après notre arrivée à Kormat Prime. J’avais appelé Mei dès notre arrivée, et elle nous avait vraiment sauvé la mise. Comment a-t-elle fait ? Eh bien, je lui avais demandé de trouver une raison de garder l’équipe des médias à bord du Lotus noir et elle avait accepté. Je lui avais même donné la permission de leur montrer ma chambre s’ils semblaient intéressés. Cependant, pas d’accès à la zone de stockage de l’équipement de combat terrestre, il s’agissait de mes armes secrètes au cas où quelqu’un monterait sur le vaisseau, alors je ne voulais pas que tout l’Empire sache ce qu’il y avait là-dedans.
« Sire Hiro, Sire Hiro ! Qu’est-ce que c’est que ça ? »
« Qu’est-ce que c’est ? »
Chris s’intéressait à une boutique qui proposait des marchandises basées sur des personnages de fiction. Franchement, toute la sous-culture de l’anime dans cet univers était extrêmement difficile à suivre, car les tendances différaient dans chaque système stellaire.
« N’est-ce pas le petit personnage que tu utilises dans tes messages, Elma ? »
« Wôw, c’est ça ! Et celui-là, c’est celui que tu utilises, Mimi. »
« Oh ! C’est vraiment ça ! »
Elma et Mimi avaient trouvé des figurines miniatures des emoticons de personnages qu’elles utilisaient dans nos messages. Elma utilisait un extraterrestre borgne à l’air idiot tandis que celui de Mimi était une chose bizarre qui ressemblait à un croisement entre un chat et un écureuil.
« Tu n’avais pas quelque chose comme ça dans ta chambre, Elma ? » demandai-je.
« Oui. C’est un personnage assez populaire, alors tu peux trouver des produits dérivés un peu partout. »
Apparemment, il s’agissait des personnages officiels de notre application de messagerie. Ceux qu’utilisaient Mimi et Elma n’étaient bien sûr que deux personnages parmi tant d’autres. Dernièrement, j’avais utilisé des emoticons de ce personnage de chien à l’air méchant. Je l’aimais bien parce que, malgré son air méchant, tu ne pouvais pas vraiment détester ce petit bonhomme.
« Sir Hiro, tu utilises souvent celui-ci, n’est-ce pas ? »
« Bien sûr. »
« Alors j’achèterai celui-ci, celui-là et celui-là », dit Chris en prenant l’une des figurines de chien méchant, d’extraterrestres cyclope rigolo et de chat-écureuil. Elle avait payé à l’aide de sa tablette et les avait délicatement placées dans sa pochette de hanche.
« Attends, Chris ! Tu utilises celui-là, n’est-ce pas ? » Mimi avait pris un personnage qui ressemblait à un chat noir anthropomorphe. Hé, je reconnais bien celui-là.
« Argh… Je vais aussi acheter celui-là. »
Maintenant, elle avait les quatre. Cela m’avait fait sourire de voir à quel point Chris était heureuse de les avoir achetés. Cela m’avait rappelé qu’en dépit de sa maturité, Chris faisait encore son âge à certains égards.
« Euh, c’est vraiment gênant quand tu me fixes comme ça, Sir Hiro. »
Elle avait levé les yeux vers moi, les joues rougies. Je n’avais pas l’intention de la mettre mal à l’aise. Avant que je puisse m’expliquer, j’avais remarqué que quelqu’un s’approchait audacieusement de nous. Depuis que j’avais commencé à m’entraîner à l’épée, j’étais devenu plus sensible à la présence des autres.
Remarquant mon changement d’humeur, Elma et Chris avaient suivi mes yeux jusqu’à l’endroit où je regardais.
Un homme que je n’avais pas reconnu s’était approché. Ses vêtements semblaient un peu usés, mais ils étaient bien faits et ressemblaient aux costumes d’affaires dont je me souvenais sur Terre. Mais, comment dire ? Les ondes qui se dégageaient de lui n’étaient pas du tout bonnes. On aurait dit un chien sauvage salivant devant une proie facile. Pour parler franchement, ce type dégageait de très mauvaises ondes. J’avais senti de la méchanceté pure et simple.
« Je ne l’aime pas », avais-je murmuré.
« Je suis d’accord », dit Elma.
« Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Mimi fut secouée par le changement soudain d’humeur.
L’adorable sourire de Chris de tout à l’heure se retira rapidement, et ses yeux d’onyx fixèrent la silhouette.
« Eh bien, eh bien ! Quelle surprise de vous voir dans un endroit pareil ! » dit-il en saluant poliment Chris tout en se positionnant de manière à nous bloquer le passage. « Bonjour, votre excellence le gouverneur général. »
Chris n’avait pas répondu. Elle s’était contentée de le fixer en silence, ne voulant pas répondre et le pressant d’en finir et de faire état de ses affaires.
« Oh, comme je suis impoli. Je suis Byakki, du Celaeno Times. » Il sourit et tapota son poignet gauche de sa main droite. Un hologramme fut projeté sur le dos de sa main gauche — probablement une pièce d’identité d’un employé de ce soi-disant Celaeno Times. Hmm ? Un bracelet terminal ? Intéressant.
Même après que l’homme se soit présenté, Chris resta silencieuse. Elle continuait à fixer ce Byakki, son visage étant par ailleurs dépourvu de toute émotion. Chris n’était peut-être encore qu’une enfant, mais elle était la fille d’une famille noble à la longue histoire. Elle était également la gouverneure générale, laissée en charge de la gouvernance de ce système stellaire. En d’autres termes, c’est elle qui détenait l’autorité suprême ici.
***
Partie 9
Il fallait qu’elle soit terriblement fâchée pour vous jeter un regard noir. Elle te disait plus ou moins : « Tu gâches mon humeur ». Et une sueur froide avait effectivement coulé sur le front de l’homme.
Soit dit en passant, je m’étais tenu à côté de Chris pendant tout ce temps, prêt à m’interposer devant elle à tout moment. Elma s’était éloignée de quelques pas et avait surveillé les alentours. En gros, j’étais là pour affronter ce type louche, tandis qu’elle était prête à faire face à d’autres fauteurs de troubles qui pourraient se présenter. Mimi, malgré sa confusion, attendait consciencieusement derrière Chris.
« Hum, eh bien… » balbutia-t-il. « Oh, vous devez être le capitaine mercenaire Hiro, n’est-ce pas ? Avez-vous une relation personnelle avec Son Excellence ? »
La conversation étant maintenant dirigée vers moi, j’avais suivi l’exemple de Chris et je m’étais tu. Qu’est-ce qu’il veut, ce type, de toute façon ? Pourquoi demander ? La réponse est évidente quand tu nous vois ensemble comme ça. Est-ce qu’il essaie juste de nous faire confirmer, ou quoi ?
« H-ha ha… À ce que je vois, je vais subir un traitement silencieux de votre part. Vous n’avez pas l’air d’aimer les petites conversations, alors je vais être direct… Votre Excellence, la perte de vos deux parents et de votre oncle avant que votre succession ne soit décidée a fait naître des rumeurs selon lesquelles vous auriez peut-être conspi — ! »
Chris et moi avions bougé presque en même temps. Sa main droite avait filé comme l’éclair vers la dague posée sur sa hanche gauche, tandis que je la maintenais au sol avec ma main droite pour qu’elle ne puisse pas la dégainer. Ouf, c’était moins une. Si je ne l’avais pas arrêtée, elle l’aurait sorti d’un coup.
« Mon père et ma mère se sont sacrifiés pour me sauver la vie. Je ne vous permettrai pas de tourner leur mort en dérision. Vous souffrirez pour cela. N’oubliez pas cela. » Chris avait l’air plus sévère que jamais.
Ce n’était tout simplement pas possible. Ses parents avaient sacrifié leur vie pour la protéger des griffes maléfiques des tueurs à gages de son oncle. Il était naturel d’être furieuse si quelqu’un essayait d’insinuer qu’elle avait causé le meurtre.
« Si je ne l’avais pas arrêtée, vous seriez déjà coupé en deux », l’avais-je prévenu. « Foutez le camp d’ici. »
Byakki avait pâli, avait hoché la tête avec raideur et s’était enfui aussi vite qu’il le pouvait. Lorsqu’il fut à bonne distance de nous, j’avais enfin lâché la dague de Chris. Nous nous étions regardés dans les yeux.
« Il n’y a pas de raison de s’embêter à abattre des petites gens comme lui, n’est-ce pas ? »
Chris avait baissé les yeux, comme si elle avait honte de s’être emportée. « C’est vrai. Merci, » dit-elle.
C’est normal de s’énerver quand les gens t’accusent d’avoir conspiré pour tuer tes propres parents. Le tuer n’empêcherait pas ces rumeurs de circuler. En fait, les gens pourraient dire qu’elle n’avait aucune maîtrise de soi. L’arrêter était presque certainement la bonne décision. Non pas que je sache si elle l’aurait vraiment tué, bien sûr.
« J’ai un peu soif. Et si on allait faire une pause quelque part ? » proposa Elma.
« C’est une bonne idée. Où devrions-nous aller ? » demandai-je en jetant un coup d’œil à Mimi.
Elle avait sorti son terminal d’une poche spéciale et avait annoncé avec assurance : « Laissez-moi faire. J’ai ce qu’il faut ! »
« Fantastique. Nous comptons sur tes compétences en matière de recherche, Mimi. »
Sur ce, Mimi nous avait conduits à un restaurant situé en dehors du quartier commercial bondé où nous pouvions nous asseoir et prendre un verre.
« Wôw, cet endroit a une belle atmosphère. »
« N’est-ce pas ? »
Elma et Chris avaient l’air d’apprécier. Personnellement, je n’étais vraiment pas très difficile pour ce genre de choses. Ça avait l’air d’avoir une atmosphère relaxante, comme elles l’avaient dit. L’éclairage était parfait, ce n’était pas trop lumineux à l’intérieur, mais ce n’était pas non plus sombre. Et c’était propre. Dans les restaurants de cet univers, il y avait souvent des déchets partout sur le sol, alors on pouvait dire que celui-ci était d’une propreté exceptionnelle. Rien que pour cela, je lui attribuais une bonne note.
« Bienvenue. Une table pour quatre ? » nous demanda un robot-guide.
« Oui, c’est exact. »
« Par ici. Je vais vous montrer votre place. » Le robot-guide en forme de tour, qui ne m’arrivait qu’à la taille, avait commencé à glisser vers l’arrière du restaurant. Il y avait beaucoup de clientes ici. Il y avait aussi un bon nombre de dîneurs non humains, alors je suppose que je ne pouvais pas affirmer avec certitude qu’il s’agissait uniquement de femmes.
On nous avait montré une table isolée à l’arrière.
« Je crois que je vais prendre quelque chose de froid…, » marmonna Elma.
« J’aimerais un thé chaud », dit Chris.
« Oh, Hiro, ils ont un combo thé et pâtisserie ! »
« Je pense que je vais prendre ça. Et toi, Chris ? »
« Hum… D’accord, je vais aussi prendre ça. »
Finalement, tout le monde, sauf Elma, avait décidé de prendre le combo thé et pâtisserie.
« Le fait d’être avec vous tous me fait penser que… peut-être que c’est la vraie moi. »
« Le vrai toi ? »
« Vous me traitez tous comme une fille ordinaire et sans pouvoir. Comme il se doit, vu mon âge. Personne d’autre autour de moi ne semble comprendre que je suis… » Chris s’était interrompu, forçant un petit sourire.
Hmm, je vois. Peut-être qu’elle a l’impression que son mode de vie est trop exigeant pour elle. Je ne peux pas lui en vouloir. Elle est plus jeune que Mimi. Si jeune que l’empire Grakkan la considère comme une enfant. Malgré cela, ils lui imposent toutes ces responsabilités d’adulte à cause de son statut d’héritière des Dalenwald. Il y a tellement de pression sur ses pauvres petites épaules. Et juste après avoir perdu ses parents…
« Si c’est ce que tu veux, et que tu dis que tu ne le regretteras pas, alors je serais ravie de te kidnapper, Chris. »
« Excuse-moi, Hiro ? » Elma me lança un regard accusateur.
C’est sûr que si je faisais ça, le comte Dalenwald serait furieux. J’ai un titre de noblesse honorifique de l’empire Grakkan, alors je doute que je sois soudainement un homme recherché, mais… Je ne veux pas m’imaginer avoir à gérer encore plus d’ennuis que je n’en ai déjà.
Chris fit une grimace. « Tentant… » murmura-t-elle. « La tentation est bien trop douce, Sire Hiro. »
Juste à ce moment-là, un robot de restauration apporta nos commandes et les plaça devant nous. Nous avions siroté notre thé en silence.
Chris avait alors baissé les yeux sur sa tasse et elle déclara : « Mais Sire Hiro, n’as-tu pas essayé de me kidnapper avant ? »
Elle n’avait pas tort.
« La situation est différente maintenant. À l’époque, tu devais retourner dans ta famille, et je n’étais qu’un mercenaire qui se trouvait avoir quelques compétences. Aujourd’hui, je suis un mercenaire de rang platine avec une étoile d’or. Nous pouvons nous permettre d’être imprudents de temps en temps. »
Cela risquait d’entraîner un conflit avec le comte Dalenwald, mais si je me comportais bien, ce ne serait pas fatal. Pourtant, j’avais sans doute beaucoup à perdre. Mais je n’étais pas le seul dont la confiance et la réputation seraient entamées, aussi bien Chris elle-même que la famille Dalenwald n’auraient pas vraiment l’air irréprochables.
« Te voir ainsi m’inquiète, Chris. As-tu vraiment besoin de précipiter les choses à ce point ? Pourquoi ne pas faire un petit moratoire, tu sais ? »
Chris était une bonne fille. Elle faisait de son mieux pour prendre la place de ses parents, qui étaient morts pour elle, et travaillait de toutes ses forces pour gagner l’acceptation et l’approbation du comte Dalenwald et des autres familles nobles.
Cependant, elle n’était encore qu’une enfant. L’augmentation corporelle lui avait donné une force supérieure à celle de la plupart des adultes et avait considérablement amélioré la vitesse de traitement de son cerveau, mais elle n’était encore qu’une enfant. J’étais là, en train d’essayer de trouver une justification complexe. Mais est-ce que cela a de l’importance ? Ce n’est pas comme ça que je travaillais.
« Honnêtement, je ne supporte pas de te voir te déchirer pour ton travail, Chris. Si c’est ce que tu veux, alors c’est très bien. Mais si ton grand-père t’oblige à faire ça contre ton gré, alors je suis heureux de t’aider à faire démarrer ta phase de rébellion. »
N’est-ce pas carrément de la maltraitance d’enfant que d’attendre d’une petite fille qu’elle s’occupe de tout un système stellaire ? Bon, peut-être que c’était juste que la morale de cet univers — et celle de l’empire Grakkan — n’était pas d’accord avec la mienne.
« Voilà un raisonnement classique pour Hiro. » Elma soupira.
« C’est vrai. Il ne peut jamais laisser une jolie fille affronter seule les problèmes », plaisanta Mimi.
« Écoute, les hommes vont donner la priorité aux jolies filles. Les mecs vont devoir se débrouiller tout seuls. » Je n’étais pas un philanthrope ou un saint. « Mais être mignonne ou jolie ne signifie pas que tout le monde va t’aider. »
« C’est vrai ? » Elma haussa un sourcil. « Hm, peut-être. Quoi qu’il en soit, que veux-tu faire, Chris ? Veux-tu vivre la vie de mercenaire avec nous, avec tout ce qu’elle comporte de plaisir, de danger et de sensations fortes ? »
Chris hésita. « Non, je ne pense pas que je doive le faire. C’est une offre très, très séduisante, mais… Je suis Christina Dalenwald. C’est juste que… »
« Continue. »
« Si tu es prêt à te donner tout ce mal pour moi, Sire Hiro, j’ai une autre requête. Veux-tu bien m’écouter ? » Chris me regarda d’un air suppliant. Elle est trop mignonne. Mais cela ne veut pas dire que je peux lui donner un oui franc et massif.
« Bien sûr, je vais t’écouter. Mais je veux juste m’assurer que tu saches que je ne peux pas faire l’impossible, d’accord ? »
« Oui, je sais. Le truc, c’est que si jamais tu décides que tu es prêt à reposer tes ailes, je veux que tu puisses compter sur moi. »
J’avais un peu gémi en moi-même. C’était à peu près exactement ce dont j’avais discuté avec Mimi, Elma et Mei auparavant : si je m’appuyais sur la famille Dalenwald pour cela, j’obtiendrais probablement un traitement de faveur. Mais en retour, la famille se servirait de moi tôt ou tard. À l’avenir, je voulais avoir des enfants avec Mimi et Elma et construire une maison sur le territoire de Dalenwald. Cela signifierait que je serais obligé d’entretenir des relations plus étroites avec la famille Dalenwald, ce qui rendrait probable le fait que l’on me donne du travail en échange de faveurs. Dans le pire des cas, ils pourraient même prendre ma famille en otage pendant mon absence afin de me forcer à faire ce qu’ils veulent, si nos relations se dégradaient.
« D’accord. Je compte d’abord sur toi, mais je prendrai ma décision en fonction des circonstances actuelles, le moment venu. »
« Oui, cela me suffit. Je peux faire de mon mieux, sachant que je pourrai te donner un endroit où rentrer un jour. » Chris sourit.
C’est une personne admirable.
Sa gentillesse avait touché le cœur de Mimi, ce qui l’avait incitée à prendre Chris dans ses bras sans même dire un mot.
« Je suis contente que tout se soit bien terminé », dit Elma. « Ne saute pas trop sur l’occasion, d’accord ? »
« C’est ma faute. Mais j’avais le sentiment que les choses se termineraient ainsi. »
« Vraiment ? »
J’avais haussé les épaules devant Elma. « Vraiment. »
Chris était une fille bien, mais elle était également forte. Si elle ne pouvait toujours pas le supporter, alors je serais heureux d’être son endroit où s’enfuir — mais il semblait que mes inquiétudes n’étaient pas fondées.
***
Épilogue
Quelques jours après notre sortie sur Kormat III et Kormat Prime, notre contrat d’un mois avait pris fin, et j’avais, comme promis, rencontré Chris dans son bureau sur Kormat Prime.
« Ceci marque la fin de notre travail avec la famille Dalenwald. »
Notre contrat de travail actuel comportait les stipulations suivantes : nous travaillions pendant un mois, et nous discutions du renouvellement éventuel du contrat à l’issue de ce mois. Au maximum, nous travaillerions pendant trois mois.
Au cours du mois écoulé, nous avions vaincu de nombreux pirates, écrasé leur base et vaincu la personne — que l’on pense être Goeritz Ixamal — qui avait travaillé avec les pirates pour saboter les efforts de colonisation de la famille Dalenwald. Nos actions avaient considérablement réduit l’activité des pirates dans la région, rendant le système Kormat plus sûr que jamais. C’était un mois plutôt chargé.
« Sire Hiro, tu as répondu à nos attentes. Nous ferons part de notre évaluation de ton travail à la guilde des mercenaires, tu peux donc dormir tranquille. Ta récompense devrait être déposée sur ton compte demain. »
« Heureux de l’apprendre. »
« Je me sentirai seule… Vraiment, j’aimerais t’avoir à mes côtés pour toujours. »
J’étais sûr que Mimi et Elma aimaient bien Chris, mais nous étions des mercenaires. Un jour viendrait où nous nous installerions une fois pour toutes, mais ce ne serait pas aujourd’hui.
« Désolé », lui avais-je dit. « Je ne peux pas faire ça pour toi. »
Il était tard, presque la nuit. Derrière Chris, qui était assis à l’autre bout du grand bureau, brillait la vue « nocturne » de Kormat Prime. De 18 heures à 5 heures du matin, Kormat Prime observait la nuit, ce qui signifiait que les lumières spatiales de la colonie étaient éteintes pour simuler la nuit.
Chris avait contemplé mon visage, la vue nocturne derrière elle. « Mes sentiments n’ont toujours pas changé, » dit-elle en me regardant droit dans les yeux.
« Je suppose que je dois te remercier », c’est tout ce que j’avais réussi à répondre. Je serais un vrai playboy si j’avais quelque chose d’intelligent à dire ici, mais malheureusement, je n’en avais pas le courage.
« Dans combien de temps aurai-je l’occasion de te revoir, Sire Hiro ? »
« Je… ne sais pas. »
« Bien sûr. Tu n’aurais jamais voulu rencontrer une petite fille dérangeante comme moi si je n’avais pas du travail pour toi… »
« Allez, ne sois pas comme ça. Tu sais bien que ce n’est pas vrai. »
Avoir une quelconque relation avec elle était évidemment hors de question en raison du fatras de problèmes que cela posait, mais cela ne voulait pas dire que je la détestais. Je veux dire, comment pourrais-je me plaindre d’avoir une jolie fille qui m’admire comme ça ? C’est juste que nos positions étaient incompatibles.
« Alors tu ne me détestes pas, Sire Hiro ? »
« Je ne vous déteste pas. »
Ses yeux d’onyx semblèrent prendre une lueur envoûtante. Peut-être l’avais-je simplement imaginé, mais quoi qu’il en soit, cela m’avait inconscient fait reculer d’un pas. Pourquoi est-ce que j’entends des cloches d’alarme sonner dans ma tête ?
« Au fait, je vois que tu es seul aujourd’hui… »
« Euh, oui. Mimi et Elma ont dit qu’elles resteraient sur le navire… Mei est occupée à effectuer les dernières vérifications sur les données que les entreprises de médias ramènent chez eux. »
« Je vois. Sire Hiro, je suis inquiète. » Chris avait posé une main sur sa joue et avait penché la tête, préoccupée.
« Inquiète ? » J’avais penché la tête en arrière, confus. Le regard envoûtant de tout à l’heure avait disparu. Maintenant, elle avait l’air vraiment inquiète pour moi.
« Je crains que tu aies beaucoup plus d’occasions d’interagir avec d’autres nobles à l’avenir. Certains voudront ton pouvoir et tes navires, et d’autres comploteront pour se les approprier. »
« J’ai compris. Oui, cela pourrait arriver », avais-je convenu. Il était possible que j’attire l’attention de ce genre de personnes.
À partir de maintenant, je serai plus vigilant — euh, Chris ? Mes pensées avaient été interrompues par le sourire radieux de Chris et le fait qu’elle mettait ses mains sur ses vêtements. « Qu’est-ce que tu… ? »
« Eek », s’écria Chris.
Mais qu’est-ce que c’était que ça ? On aurait dit sa voix normale. Qu’est-ce qui se passe avec l’impassibilité ?
« Sire Hiro, tu ne dois pas… »
« Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? »
Elle se déplaça lentement, détachant les boutons et les fermoirs de ses vêtements. Elle desserra son haut, montrant son mince soutien-gorge et son cou nu, rougissant d’un léger rose.
Hé, attends. Ça suffit comme ça.
« Oh, non, Sire Hiro. Ne sois pas si brutal avec moi. »
« Hé, quoi !? Qu’est-ce que tu fais ? »
« Et pour compléter la scène, je vais appuyer sur ce bouton pour convoquer mes gardes. » Chris tendit un petit objet en forme d’œuf sur son bureau.
« Arrête ! » Je m’étais précipité, paniqué, et j’avais saisi son poignet.
« Hee hee. Si quelqu’un nous voyait maintenant, tu ne pourrais pas t’en sortir par la parole, n’est-ce pas ? »
Maintenant que j’étais assez proche pour sentir son souffle, elle m’avait fait un sourire malicieux et m’avait regardé d’un air provocateur. Ses joues rougies, ses lèvres douces et son décolleté clair semblaient séduisants pour une raison ou une autre. J’avais détourné les yeux.
« Chris, tu ne devrais pas faire ce genre de farces. Nous sommes de bons amis, mais là, ça va trop loin. »
« Oui, je m’excuse. Mais fais attention, d’accord ? »
« Attention à quoi ? »
Au moment où j’avais regardé Chris pour lui demander, elle avait enroulé son bras gauche libre autour de mon cou et, avec une précision parfaite, avait posé ses lèvres sur les miennes. J’étais resté figé sous le choc pendant un moment avant de m’éloigner.
Elle m’avait regardé dans les yeux. « Les mauvaises femmes de la noblesse peuvent créer une situation pour profiter de toi, comme celle-ci. Ne rencontre jamais une noble autre que moi seul, d’accord ? »
J’avais fait une pause, puis j’avais dit : « D’accord. »
Qu’est-ce qui se passe ici ? Je pouvais couper à travers les nobles pour prendre la première place du tournoi, et j’avais survécu à des animaux sauvages vicieux et à un mastodonte maniant l’épée sur Kormat IV. Mais étais-je impuissant devant Chris ?
Apparemment ravie de ma réponse obéissante, Chris s’était finalement éloignée avec le regard d’un félin espiègle. Puis, elle arrangea lentement son haut, comme si elle cherchait à provoquer une réaction de ma part. Heureusement pour nous deux, je n’étais pas un sale type qui s’intéressait aux jeunes filles.
« Nous pourrions encore arranger cette situation, si tu le souhaites », avait-elle ajouté.
« Bon sang, arrête d’essayer de me séduire, s’il te plaît. Tu es vraiment devenue une mauvaise fille en si peu de temps. »
« Les filles grandissent vite. Surtout celles qui sont amoureuses », dit Chris en souriant. Je n’avais pu que me taire.
☆☆☆
« Les filles font peur ! »
« Est-ce de la gynophobie soudaine ? » demanda Mei.
Malheureusement, elle était passée complètement à côté de la plaque.
Ce n’était pas si grave. Pourtant, je n’avais pas pu m’empêcher de m’inquiéter car en partant, Chris m’avait dit ceci : « Reviens me voir. Quand tu ne reviens pas pendant de longues périodes, je me sens tellement seule que je déverse mon cœur sur mon grand-père. »
Connaissant Chris, c’était probablement une blague. C’était une blague, n’est-ce pas ?
« Non, je vais bien. Probablement. Il n’y a pas de problème ici. »
« Vraiment ? Je suis contente de l’entendre », dit Mei en hochant la tête. Nous étions dans le cockpit du Lotus noir, en train de passer en revue les images des médias. Mei affichait sur l’écran principal de multiples vidéos du Krishna détruisant des navires pirates, de la flotte impériale bombardant la base pirate, du Krishna pendant le raid aérien détruisant des créatures difformes, et de Serena et moi balançant nos épées dans la tempête de poussière.
« J’ai fini de vérifier toutes les données d’enregistrement prises par chaque média. Toutes les parties relatives à la sécurité de tes vaisseaux ont été expurgées. »
« Merci. Ça n’a pas dû être facile. »
« Cela a pris du temps, mais ce n’était pas une tâche complexe. »
« C’est possible, mais tout de même, merci. J’aimerais te récompenser d’une manière ou d’une autre, mais que voudrais-tu au juste ? »
Mei n’avait que peu ou pas de désirs matériels, elle ne prenait donc pas de salaire. Je n’avais donc aucune idée de la façon de la récompenser.
« Une récompense ? » répéta-t-elle.
« Oui, une récompense. Tu es peut-être une Maidroïde, et travailler pour moi est peut-être ton métier, mais tu fais du bon travail. Je ne pense pas que ce soit si bizarre que ça de vouloir te montrer ma gratitude d’une manière ou d’une autre. »
« Je vois. Alors, dans ce cas… » Elle ouvrit grand les bras, le visage totalement inexpressif.
Est-ce qu’elle demande un câlin, ou… ?
« Fais-moi un câlin, s’il te plaît. »
« Hmm ? »
« Les Maidroïdes sont capables de reconstituer une substance appelée Maitrinium lorsqu’elles sont étreintes par nos maîtres, ce qui augmente nos capacités. »
« Hein ? Si tu veux juste un câlin, je vais certainement t’en donner un, mais… »
« Oui, s’il te plaît. »
Est-ce de l’humour de Maidroid ? me demandai-je en m’approchant de Mei qui m’attendait. Quand je l’avais prise dans mes bras, elle m’avait rendu la pareille en m’entourant de ses bras. Comment une machine peut-elle sentir aussi bon ? Je pouvais au moins expliquer la chaleur de son corps, en supposant qu’il s’agissait de la chaleur de ses pièces mécaniques. Malgré ses muscles et ses os faits d’alliages spéciaux, elle était aussi douce qu’une vraie femme. Mei était peut-être la chose la plus mystérieuse de cet univers, plus encore que le Krishna et le Lotus noir.
Nous étions restés ainsi pendant un moment, puis nous nous étions finalement lâchés tous les deux en même temps. Après notre étreinte prolongée, Mei n’était plus inexpressive, elle dégageait un air de joie et de satisfaction. Ses lèvres s’étaient retroussées en un léger sourire, presque imperceptible.
« Tu as eu ton Maitrinium ou je ne sais quoi ? »
« Oui. Il semblerait que mes capacités de traitement aient augmenté de 4 %. »
« Heureux de l’apprendre. »
C’était probablement de l’humour de Maidroïde, mais si elle avait vraiment été boostée de 4 %, ce serait génial. Si on se prenait dans les bras tous les jours, elle doublerait ses performances en un rien de temps.
Une fois que l’équipe des médias était rentrée chez elle, il était temps de dire au revoir à ce système stellaire. Je ne peux pas m’empêcher de penser que j’oublie quelque chose, mais… eh, ce n’est probablement pas si important.
J’étais curieux de savoir ce qu’il adviendrait de la famille Ixamal à l’avenir et si ce monstre à quatre épées était vraiment Goeritz, mais élucider ces mystères ne ferait qu’assouvir ma curiosité et n’apporterait rien de concret.
En revanche, les risques liés à la connaissance de la vérité n’en valaient pas la peine. Le simple fait de connaître la vérité pourrait attirer l’ire de la famille Ixamal, après tout. Il serait plus sage de partir dès que nous serions prêts.
☆☆☆
L’équipe des médias était partie, nous avions fini de nous réapprovisionner, et le Lotus noir et le Krishna étaient prêts à partir. Nous avions vendu tous les vaisseaux que nous avions capturés, offrant aux mécaniciennes un repos bien mérité. J’avais entendu dire qu’elles avaient bu jusque tard dans la nuit, et même maintenant qu’il était presque midi, elles n’étaient toujours pas sorties de leur chambre. Mei avait dit que leurs signes vitaux étaient stables, alors elles étaient sûrement en train de cuver.
« Hmm… Partir avec une soute vide, c’est du gâchis », soupira Mimi.
« On ne peut rien y faire. » Elma haussa les épaules. « Kormat Prime est en plein boom économique. Tout est très demandé. »
« Nous devrons juste nous arrêter à une colonie commerciale sur le chemin et prendre quelques marchandises, » ajoutai-je.
Si nous partions, ce serait bien d’avoir une cargaison pour se faire un peu d’argent de poche, mais Elma avait raison : tout était très demandé ici, ce qui faisait monter les prix en flèche et rendait inefficace l’achat et la revente de marchandises ici. Même si les personnes qui apportaient les marchandises se faisaient sans aucun doute de l’argent.
« Mei, avons-nous une route vers le système Leafil ? »
« Oui. Nous sommes libres de partir à tout moment. »
« J’ai compris. Nous ne sommes pas pressés, alors arrêtons-nous à autant de colonies commerciales que possible en chemin. Nous trouverons et ferons des réserves de choses qui semblent pouvoir se vendre à bon prix dans le système Leafil. »
« Compris. Je vais organiser notre programme de voyage de façon à ce que nous nous arrêtions à une colonie commerciale juste après la porte du système Nipak. »
« Je t’en prie. Maintenant, mettons-nous en route. »
« Oui. Je vais commencer les procédures de lancement tout de suite », dit Mei en disparaissant de l’holoaffichage.
Peu de temps après, nous avions senti le Lotus noir bouger. Le salon n’ayant pas de fenêtre, le monde extérieur était capté par des capteurs optiques externes et affiché sur l’holoaffichage pour nous.
« Ah… »
« Euh… »
« Oh, non… »
Une seule personne avait été repérée par les capteurs optiques externes. Peut-être grâce à Mei, la fenêtre concernée s’agrandit sur l’holoaffichage. Il s’agissait d’une femme portant un uniforme militaire blanc, une épée géante à la hanche. Au premier coup d’œil, elle semblait sourire au Lotus noir en partance… mais la lueur dangereuse dans ces yeux montrait que son sourire n’était pas authentique.
« Hiro, as-tu oublié de parler à Serena ? »
« Euh… Ha ha… » J’avais eu l’impression d’avoir oublié quelque chose, et voilà que c’était le cas. J’avais oublié de parler à Serena. Oups.
D’une manière ou d’une autre, elle semblait certaine que nous l’observions à travers les capteurs optiques alors qu’elle épelait lentement, et délibérément, des mots à notre intention.
« Hum… “Tu me dois”, je crois ? » Mimi avait lu ce que disaient ses lèvres à haute voix.
« Tellement autoritaire », m’étais-je plaint. N’étais-je pas celui qui avait aidé Serena cette fois-ci ? Bien sûr, c’était un peu impoli de ma part de partir sans lui dire un mot… Argh, très bien, c’est moi l’imbécile. Bien sûr !
« Eh bien, c’est de ta faute, Hiro. »
« Je ne peux pas te défendre cette fois-ci. Je suis désolée, Maître Hiro. »
« Aie… » J’avais protesté contre leur reddition immédiate, mais je ne pouvais pas ne pas annuler leurs décisions. Bon sang ! C’est donc une mutinerie…
Le lieutenant-colonel disparut tandis que le Lotus noir s’élançait de Kormat Prime. J’avais juste prié pour qu’elle n’en profite pas pour me faire des demandes déraisonnables la prochaine fois que nous nous rencontrerons.
« Routage terminé. Chargement du moteur FTL. Compte à rebours. Cinq, quatre, trois, deux, un… Activation du moteur FTL. »
Un grand boum avait ponctué l’annonce de Mei et les étoiles sur l’holoaffichage s’étaient transformées en lignes qui s’étaient écoulées derrière nous.
« On dirait que nous passons par les systèmes Melkit, Jeagle et Wellick pour atteindre la passerelle du système Nipak. Puis, quatre systèmes plus tard, nous atteignons le système Leafil. »
« On dirait que nous allons avoir un voyage paisible pour une fois… N’est-ce pas ? » dit Mimi avec espoir.
« Oui, sans aucun doute. Probablement. Peut-être… » Je soupirai.
Un coup d’œil à la carte de la galaxie nous avait appris que le système Leafil se trouvait entièrement dans la sphère d’influence de l’empire Grakkan et qu’il bénéficiait d’une cote de sécurité élevée. Cela signifiait que l’armée du système stellaire et la flotte impériale avaient une forte présence, avec peu d’activités pirates et une faible menace d’invasion par d’autres pays ou bêtes de l’espace. En d’autres termes, les mercenaires comme nous ne trouveraient pas beaucoup de travail là-bas. Ce n’était pas un endroit très attrayant dans notre secteur d’activité.
« Je l’espère…, » répondit Elma après quelques instants de silence.
« Hein ? Pourquoi cette hésitation ? T’attends-tu à ce qu’il se passe quelque chose ? » demandai-je.
« Hmm… Eh bien, je suis sûre que tout ira bien…, » dit-elle en s’éloignant vaguement. Elle avait tendance à être très directe, alors c’était inquiétant. D’un autre côté, elle était généralement assez vague lorsqu’il s’agissait de nobles ou de sa famille. Peut-être que cela signifiait qu’elle s’attendait à des problèmes à cet égard.
« On ne va pas tomber sur un autre frère bien trop obsédé par sa sœur, n’est-ce pas ? »
« Non, ce n’est pas ça, mais… eh, ce sera plus facile si tu vois par toi-même. »
« Dis-le-moi, s’il te plaît. »
« C’est difficile à expliquer. » Elma fit une grimace.
À l’entendre, on avait l’impression qu’on allait avoir des problèmes.
Je laissai échapper un soupir, m’adossai au canapé du salon et fixai le plafond. C’était un peu comme d’habitude, mais j’avais envie d’un peu de tranquillité dans ma vie.
***
Illustrations
Fin du tome.
***
es ce une erreur le prologue sortie le 9 Novembre semble avoir été remi le 12 a la place d’un nouveau chapitre?
Salut,
Oui, à la suite d’une petite erreur, le chapitre a été publié deux fois.
Une sortie en plus serait fait aujourd’hui à la place.
ok merci c’est une de mes série préféré alors j’ai tendance a avoir toujours hâte au nouveau chapitre 🙂