Kuma Kuma Kuma Bear – Tome 1

***

Prélude : Une vie rêvée

(NdT : Ce chapitre n’existe pas dans le LN, il a été ajouté à la fin du premier volume du manga. L’action se passe juste avant le début de l’histoire. L’auteur veut expliquer pourquoi le MC ne souhaite pas revenir dans son monde)

J’avais arrêté d’aller à l’école et je jouais toute la journée.

La raison étant que l’école était pénible à fréquenter et que c’était ennuyeux. Jouer à des jeux, lire des mangas et des Lights Novels étaient bien plus amusant. De plus, je pouvais étudier à la maison.

J’avais d’ailleurs gagné assez d’argent pour vivre le reste de ma vie.

Aller à l’école ne me servait plus à rien. J’étais bien entrée dans un collège, mais j’arrêtais d’y aller

peu de temps après.

Au début, mes parents m’avaient avertie que cela ruinerait leur réputation, mais ils se turent lorsque je leur avais donné de l’argent. Cette fois, ils utilisèrent ce que je leur avais donné pour partir en voyage à l’étranger.

Je me rendis chez mon grand-père pour la première fois depuis un certain temps. Il possédait une grande maison avec un jardin dans la ville.

« Yuna, tu n’as pas été à l’école ? »

Dès qu’on s’était vus, il m’avait dit ça.

En a-t-il entendu parler par mes parents ? Non, je ne pensais pas que mes parents soient du genre à faire tout ce chemin pour le lui dire. Grand-père l’avait probablement découvert tout seul.

« Ouais, c’est trop ennuyeux. »

« Ennuyeux ? »

« Ennuyeux. »

Grand-père soupira après m’avoir entendu parler.

Nous avions eu la même conversation plusieurs fois. Il ne voulait pas lâcher prise. Mes parents avaient pourtant rapidement abandonné. Certaines personnes ne voulaient tout simplement rien lâcher.

« Tu devrais aller à l’école, même si tu trouves ça pénible. »

« Si tu me demandes d’étudier, je peux le faire de chez moi. »

J’allais acquérir toutes les connaissances dont j’avais besoin par moi-même.

« L’école n’est pas seulement un endroit pour étudier. Tu peux t’y faire des amis. »

« Je n’ai pas besoin d’eux. »

« Il est important de créer des liens avec d’autres personnes. »

« Je n’ai pas besoin d’eux. »

« Quand tu seras adulte, les amis que tu te seras faits quand tu étais jeune deviendront une partie inestimable de ta vie. »

« Je n’ai pas besoin d’eux. »

J’avais répété ma réponse plusieurs fois. Grand-père soupira de nouveau.

Je ne déteste pas grand-père, mais il n’arrêtait pas d’insérer quelques mots ici et là. C’était pour cela que je ne le visitais pas souvent. Cependant, j’étais venue aujourd’hui parce que j’avais une faveur à lui demander.

« De toute façon, pourquoi es-tu venu ici aujourd’hui ? Tu m’as envoyé un message si soudainement. »

« Grand-père, je veux déménager. »

« Tu déménages de chez toi ? »

J’avais secoué la tête.

« Je me débrouillerai très bien toute seule. »

« Yuna, tu es encore une enfant. »

« J’ai déjà 15 ans. Je ne suis peut-être pas officiellement un adulte, mais je ne suis pas un enfant. Je gagne déjà de l’argent, et je ne cause pas de problèmes aux autres. »

Comparée à mes parents, je suis plus indépendante. Je peux cuisiner et faire la lessive, j’ai pris soin de moi depuis mon enfance.

« Je vais payer le loyer moi-même. J’ai juste besoin d’un garant. »

Je ne veux pas rester dans cette maison plus longtemps. Dans ce cas, je pourrais simplement déménager chez grand-père. Cependant, il me faisait trop de petites remarques, je ne voulais donc pas vivre avec lui non plus.

« Je ne m’inquiète pas pour le loyer. Tu gagnes ton argent brillamment. Ce n’est pas vraiment une chose pour laquelle je devrais te féliciter. »

« L’investissement du capital est un bon travail. »

Il y avait beaucoup de gens qui travaillaient comme salariés. Je n’étais que l’une d’entre elles.

J’avais déjà gagné plusieurs milliards de yens, ce qui était plus que suffisant pour vivre le reste de

ma vie. Mais, tant que mes parents étaient là, l’argent finirait par s’épuiser. Ce n’était pas un mérite pour moi que de continuer à vivre avec eux.

« S’il te plaît, grand-père. »

Je l’avais demandé à grand-père en faisant un acte de mendicité. C’était le point faible de grand-père.

« … D’accord. Quel genre d’endroit cherches-tu ? »

Grand-père avait l’air inquiet, mais il avait quand même accepté d’écouter ma demande.

« Je veux vivre dans un immeuble ayant une bonne sécurité. »

C’était pour empêcher mes parents de me tuer.

« De plus, ce serait bien d’avoir une chambre pour dormir, une bibliothèque et une pièce pour jouer. »

« Tu aimes vraiment les jeux et les livres, hein ? »

« Les livres m’aident à oublier la réalité, et je peux devenir plus forte dans un jeu si je travaille dur. Je pourrais aussi rentrer chez moi quand les gens essaient de m’embêter. »

Bien sûr, je les battrais toujours à leur propre jeu.

Lorsque je jouais au jeu en ligne toute la journée, certaines personnes se moquaient de moi, me traitant de NEET.

De plus, d’autres personnes se moquèrent de moi, disant que je gaspillais l’argent de mes parents sur des objets du jeu, alors qu’en réalité j’utilisais mon propre argent.

Ils étaient probablement jaloux de moi. Après tout, j’étais libre d’utiliser mon argent comme je l’entendais.

Mais grâce à tout ce temps et à tout l’argent dépensés, mon personnage était devenu fort. Vous pourriez dire que j’étais l’un des meilleurs joueurs du jeu. Tout le temps et l’argent dépensés étaient gagnés de mes propres mains.

Grand-père était surpris de ce que j’avais dit.

« Assure-toi de garder mon adresse secrète pour maman et papa. »

« As-tu l’intention de partir sans leur dire ? »

« Si je leur dis, cela ne servira à rien de partir. Ces deux-là sont de vrais adultes, ils n’ont donc pas besoin de compter sur leur enfant, pas vrai ? »

J’avais pris soin de mes parents pendant assez longtemps. Cela doit cesser.

« Que font ces deux-là ? »

« Quand je leur ai donné de l’argent, ils l’utilisèrent pour partir en voyage à l’étranger. »

Après le lui avoir dit, grand-père soupira encore.

En passant, j’avais donné à mes parents 100 000 000 yens.

C’était pour ça que je voulais déménager maintenant, parce qu’ils n’étaient pas là. Cette somme devrait suffire comme consolation.

« Comment mon stupide fils et ma belle-fille ont-ils pu donner naissance à une fille aussi intelligente que toi, Yuna ? C’est tellement étrange. »

Grand-père posa sa main sur ma tête.

Grand-père était le PDG d’une grande entreprise. Parmi ses trois fils, c’était mon père qui jouait le rôle de l’idiot. Alors, ma mère l’avait approché et épousé parce qu’elle convoitait son argent.

Je n’étais pas du tout comme eux.

« Je suis plus comme toi, grand-père. »

Grand-père avait l’air très heureux d’entendre ça. Il était vrai que je lui ressemblais plus qu’à mes parents. Mon grand-père avait fait de sa société une société de premier plan à lui tout seul. Je le respectais pour cela, et c’était la raison pour laquelle je pouvais discuter avec lui.

« Yuna, ne veux-tu pas travailler pour ma société ? »

« Non, ça semble être vraiment chiant. »

« J’aimerais que cette partie de toi ne soit pas comme tes parents. »

Mon talent pour gagner de l’argent grâce aux actions venait de mon grand-père. En même temps, je ne voulais pas travailler parce que c’était ennuyeux. Je voulais passer mon temps à faire tout ce qui me plaît.

Je tenais probablement cela de mes parents. Je n’avais même pas envie de réparer cette partie de moi. Cela devait sûrement se trouver dans mon sang.

À bien y réfléchir, peut-être que je ressemblais à mes parents.

« Si c’est toi, je serai heureux que tu t’occupes de ma compagnie. »

« Non merci. D’ailleurs, je ne pense pas que mes oncles seront très contents de ça. Ces deux-là se sont disputés pour savoir qui aura ta compagnie. »

Il avait été décidé que le fils aîné, c’est-à-dire mon oncle aîné, reprendrait la société de mon grand-père. Il prévoyait également de faire en sorte que son fils hérite de la société après lui. Si j’entrais en scène, je savais qu’il y aurait d’autres disputes. Je ne voulais pas me retrouver dans ce pétrin.

Plus que tout, la gestion d’une entreprise était chiante. Je m’amuserai beaucoup plus en jouant à mon jeu.

« Dans ce cas, pourrais-tu soutenir mon fils ? »

« Ils ne vont pas écouter une petite fille comme moi. Et ça aussi, c’est chiant. Mais je veux un département de jeux. Ce serait bien qu’ils me fassent des jeux que je puisse essayer. »

« Un jeu, hein ? Tu aimes vraiment jouer. »

« Les jeux m’aident à m’éloigner de tous les problèmes de la réalité. »

« Yuna, je pense qu’il est préférable pour toi d’aller traîner avec les gens. »

« Je pense que oui. Peut-être que s’il y a des gens qui ne m’approchent pas pour mon influence ou mon argent. Je serai heureuse de traîner avec des gens comme ça. »

Les gens se rassemblaient là où il y avait de l’argent et des relations, sans se soucier de savoir si c’était bien ou mal.

« Yuna, pourquoi n’es-tu pas issue de mon fils aîné ? C’est bouleversant. »

« Tu ne devrais pas dire ça, je me sens mal pour le fils de mon oncle. De plus, son fils est plus sociable que moi, il sera donc plus apte à diriger une entreprise. »

Grand-père ne déclara rien contre cela.

Mon cousin faisait de son mieux pour suivre les traces de son père. Mon existence n’était pas nécessaire ici.

Je n’avais jamais assisté à une fête organisée par l’entreprise et je ne voulais pas y aller. De plus, en tant que fille de parents qui n’avaient jamais travaillé auparavant, je ne devrais pas travailler dans l’entreprise de mon grand-père.

Mes parents faisaient n’importe quoi avec leur argent, ils étaient donc détestés de tous. À cause de cela, les gens ne m’aimaient pas non plus. Ils traitaient l’enfant d’une grenouille comme une grenouille. Si quelqu’un apprenait que j’avais rencontré grand-père aujourd’hui, il penserait que j’étais venue lui soutirer de l’argent.

Pour commencer, je n’étais pas une personne sociable, donc on ne pouvait rien y faire. Je ne parlais pas non plus à mes proches.

« OK, nous pouvons visiter plusieurs biens immobiliers, alors choisit celui qui te convient. »

« Merci, grand-père. »

Le lendemain, j’avais choisi ma nouvelle résidence, dans l’un des immeubles que grand-père avait choisis pour moi.

« Tous ces appartements sont proches de toi, grand-père. »

Tous les immeubles que grand-père avait choisis étaient proches de sa maison.

« Au moins, reste quelque part où je pourrais veiller sur toi. En échange, je ne parlerai pas de ça à tes parents. C’est ma condition. »

Si je restais cloîtrée chez moi, je n’aurais plus jamais à voir mes parents. J’avais accepté la condition de mon grand-père, et j’avais choisi un endroit ayant une bonne sécurité. C’était vraiment grand pour une personne seule, mais ce n’était pas un problème.

Grand-père s’occupait déjà du contrat.

J’avais fini de déménager avant que mes parents ne reviennent de leurs vacances.

« OK, c’est l’heure de jouer. »

J’avais mis mon ordinateur sous tension.

***

Chapitre 1 : Je te choisis, équipement d’ours !

LE PREMIER VRMMO (Virtual Reality Massive Multiplayer Online), jeu de rôle fantastique, avait été appelé World Fantasy Online (NdT On appellera ce jeu WFO dans la suite). Il s’agit d’un jeu avec une grande variété de races, de classes et de compétences pour un gameplay large. Aujourd’hui, un an après sa mise en vente, le jeu recevait enfin une mise à jour tant attendue.

J’avais quinze ans, cela faisait trois ans que j’étais devenue une ermite. J’avais découvert WFO il y a environ un an et j’avais immédiatement renoncé à aller à l’école pour consacrer tout ce que j’avais au jeu. Et le sommeil, me direz-vous ? Je dormais huit heures par nuit ! Mais vous savez, j’étais quand même fatiguée. Ma priorité était le sommeil, la deuxième était la bouffe savoureuse, et la troisième était le jeu.

Et l’école ? Seuls les idiots vont à l’école.

Il y avait une petite chose bien ordonnée dans ce monde qui s’appelait la bourse. On y investit de l’argent, on s’assoit et on le regarde grossir. C’était facile, comme un jeu. Tout ce que vous aviez à faire était d’acquérir les bonnes informations, puis de collecter l’argent qui affluait.

Mais quand j’avais parlé à mes parents de mes activités, ils m’avaient dit : « L’école, c’est là où tu te fais des amis. » Des amis ? Les amis avaient-ils bon goût ? Leur harcèlement était tel que j’avais fini par leur remettre les cent millions de yens que j’avais gagnés en jouant à la bourse, et ils se turent. Ils avaient même eu le malheur de rentrer à la maison. Ils étaient probablement en train de dépenser cet argent en ce moment même, pour s’amuser comme des fous. J’avais supposé qu’ils en redemanderaient une fois qu’il serait parti, alors j’avais changé de résidence pour un appartement de luxe sans le leur dire. Au revoir parents, c’était un plaisir de vous connaître.

Bien sûr, j’avais quinze ans, mais j’avais de l’argent, j’étais une bonne cuisinière et je me débrouillais très bien toute seule. Tout va bien tant que je peux envoyer mon linge chez le nettoyeur.

Je jouais comme toujours en solo quand j’avais lancé WFO le jour de la mise à jour tant attendue. Je ne voulais pas perdre une seule seconde. Je m’étais connectée, la deuxième maintenance s’était terminée et la mise à jour avait été installée avec succès.

« Bienvenue, Dame Yuna. Voulez-vous être informée des mises à jour ? »

Lors de la connexion, une fille en tenue de servante me guida dans le menu. C’était une PNJ guide que j’avais sélectionnée lors de ma première visite. Ayant le choix entre un majordome et une femme de chambre, je n’avais pas hésité à choisir l’option la plus mignonne.

« Pas besoin. Dépêchez-vous et commencez le jeu. »

« Compris. Ensuite, nous commencerons la campagne de mise à jour. », dit-elle

« Il y en a une ? »

« Vous avez reçu un cadeau basé sur le nombre total d’heures de jeu de l’année dernière. »

« Vraiment ! »

Je n’avais pas mon pareil dans ce jeu en ce qui concernait le nombre total d’heures de jeu. Après tout, je n’étais pas une recluse pour rien.

« Veuillez choisir la boîte que vous souhaitez. »

Une foule de boîtes cadeaux s’était présentée devant moi, s’étendant à perte de vue. Il y en avait trop pour les compter.

« Vous voulez que je choisisse parmi celles-ci ? »

« Oui, s’il vous plaît, choisissez celle qui vous plaît. »

Je ne savais même pas par où commencer, mais il était inutile de trop réfléchir. J’avais choisi la boîte juste aux pieds de la bonne. Le reste des boîtes disparurent dès que je l’avais touchée, je ne pouvais donc pas changer d’avis.

J’avais ouvert la boîte…

« Mais qu’est-ce que c’est que ça !? »

Nom de l’article : Ensemble d’ours

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure d’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Je voulais commencer à jouer tout de suite, mais les objets gratuits ridicules me firent hésiter. Même une ermite sans amis comme moi avait tiré un trait sur le fait de parader dans quelque chose d’aussi embarrassant. Et comme ils étaient non transférables, ils étaient condamnés à moisir dans mon inventaire. Je m’étais dit que ça ne ferait pas de mal de jeter un coup d’œil à la description des objets…

Gant de l’ours noir

Gant d’attaque, augmente la puissance en fonction du niveau de l’utilisateur.

Gant de l’ours blanc

Gant de défense, augmente la défense en fonction du niveau de l’utilisateur.

Chaussure de l’ours noir et chaussure de l’ours blanc

Augmente la vitesse en fonction du niveau de l’utilisateur.

Préviens la fatigue lors de la marche sur de longues distances en fonction du niveau de l’utilisateur.

Vêtements de l’ours noir

Il semble que ce soit un pyjama. Il est réversible.

Set : Vêtements de l’ours noir

Augmente la résistance physique et magique en fonction du niveau de l’utilisateur.

Donne une résistance au chaud et au froid.

Set : Vêtements de l’ours blanc

Restaure automatiquement la santé et le mana. La quantité et la vitesse varient en fonction du niveau de l’utilisateur.

Donne une résistance à la chaleur et au froid.

Qu’est-ce que c’était que ces objets cheatés ? Quelqu’un qui était déjà au niveau max, comme moi, ne pourrait pas s’en empêcher de les utiliser. Je ne savais pas encore si j’étais assez courageuse pour porter ce genre de pyjama, mais ne pas le faire… ce serait gâché de si bon objets.

Pourrais-je supporter cette gêne juste parce que cela me rendra plus forte ?

« Dame Yuna, y a-t-il un problème ? »

« Non. »

Ce n’était pas comme si j’avais besoin de l’équiper tout de suite. Je pourrais prendre un peu de temps pour y réfléchir.

« OK. Commencez le jeu. »

« Je m’excuse. Mais il faudra d’abord répondre à ce questionnaire. »

« C’est nouveau. »

« Je m’excuse. C’est un questionnaire limité aux clients qui ont passé un grand nombre d’heures dans le jeu. »

« Si je dois le faire, alors allons-y. »

« Merci beaucoup. Appréciez-vous plus WFO que la réalité ? »

« Bien sûr. La réalité me fait honte. »

« Avez-vous quelqu’un d’important auprès de vous dans le monde réel ? »

« Je n’ai personne comme ça. »

Mes parents étaient des gens avides et je n’avais pas d’amis parce que je n’allais pas à l’école.

« Avez-vous un meilleur ami dans le monde réel ? »

« Je n’en ai pas. Ces questions sont un peu rebutantes… »

« Y a-t-il quelque chose d’important pour vous dans le monde réel ? »

La bonne ignora mes objections et ne répondit à aucune de mes questions. Au lieu de cela, elle continua de répéter sa question jusqu’à ce qu’elle obtienne une réponse.

« Je suppose que c’est l’argent. »

Les questions se succédèrent. Je m’étais demandé : à combien de ces questions devrais-je répondre ?

« Croyez-vous en Dieu ? »

« Est-ce que j’ai la foi ? Bien sûr que non. Tout ce en quoi je crois, ce sont mes propres capacités. »

« Et enfin, est-ce que vous trouvez que le costume d’ours est mignon ? »

« Oui, mais je ne veux pas l’équiper. »

« Compris. Merci d’avoir répondu à notre enquête. »

La pièce s’était remplie d’une lueur blanche aveuglante.

« Maintenant, s’il vous plaît, profitez de votre nouveau monde. »

***

Chapitre 2 : Un ours rencontre une fille

J’AVAIS OUVERT LES YEUX.

Je n’étais pas à mon endroit habituel dans le jeu, la zone où j’étais censée apparaître suite à ma connexion, mais dans une forêt inconnue. Plus important encore, je portais l’équipement de l’ours, à la fois des gants, des chaussures et la combinaison. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’équipe sans prévenir, mais maintenant que je le portais, je vis que c’était assez confortable. Les gants d’ours ressemblaient à des marionnettes, j’ouvrais et fermais leur bouche en pliant mes doigts, et l’effet était plus mignon que je ne l’avais prévu.

J’avais regardé autour de moi et je n’avais vu personne d’autre. Pour commencer, j’avais décidé de me débarrasser de cette tenue embarrassante avant que quelqu’un ne me voie, mais je ne pouvais pas changer d’équipement à moins d’être chez moi. J’avais alors essayé de sortir un objet de transport de mon inventaire.

Mon inventaire ne s’ouvrait pas. Un bug ? Bien que ce soit vraiment pénible, j’avais supposé que je pouvais me déconnecter et me reconnecter.

Attends, quoi ?

L’écran de déconnexion n’apparaissait pas. Hein. J’avais essayé de contacter quelqu’un dans ma petite liste d’amis, mais cet écran n’apparaissait pas non plus. J’avais essayé d’ouvrir ma carte, en espérant au moins pouvoir localiser mes déplacements.

Huh?

L’écran carte ne répondait pas non plus. Qu’est-ce qui se passe ici ?

J’avais activé mon écran d’état. Il s’était bien ouvert.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 1

Compétences : Langue du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste

ÉQUIPEMENT

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements de l’ours noir et blanc (non transférables)

Quelque chose n’allait pas avec la mise à jour ? Le personnage pour lequel j’avais passé une année entière à développer avait été remis au niveau 1 ! Je devrais enregistrer une plainte immédiatement.

Alors que j’essayais de joindre les administrateurs, j’entendis le tintement d’une notification de message entrant. En supposant qu’il s’agissait d’un message d’excuse de leur part, j’avais essayé de faire apparaître l’écran, mais il ne s’était pas ouvert. Comment étais-je censée le lire, alors ?

Et juste au moment où je pensais cela, un écran de message s’était ouvert juste devant mes yeux.

Expéditeur : Dieu

Félicitations, Yuna ! Vous avez été sélectionnée sur la base des résultats du questionnaire.

Clap clap clap clap (applaudissements).

La place dans laquelle vous vous trouvez en ce moment n’est plus le monde du jeu, mais un monde imaginaire que je contrôle. En d’autres termes, vous avez été transportée dans un autre monde. À partir de maintenant, c’est là que vous allez vivre.

Bien sûr, je ne pouvais pas vous laisser sans rien de plus que votre nom, alors je vous ai offert une tenue d’ours en cadeau. Il y a d’autres cadeaux dans les environs, alors faite de votre mieux pour les trouver !

Était-ce une sorte de nouvel événement ? Pour l’instant, j’avais décidé d’essayer de trouver d’autres joueurs. De toute façon, les jeux de fantaisie comme celui-ci reprennent les mêmes idées que les Light Novel. Il n’était pas possible que quelque chose comme être transporté dans un autre monde puisse se produire pour de vrai. Quel genre d’idiot écervelé avait inventé ça ?

Le problème à l’heure actuelle était que je ne savais pas où j’étais. Je n’étais qu’au premier niveau, donc si un monstre m’attaquait, je serais tuée.

Je me demandais : si je mourais, est-ce que je me retrouverais dans ma maison dans le jeu ?

J’avais besoin de quitter les bois. Mais avant cela, j’avais besoin d’une arme, et tout ce que j’avais, c’était des gants d’ours. J’avais gardé un œil ouvert tout en marchant dans les bois. J’avais trouvé un bâton tombé qui était juste de la bonne longueur. C’était mieux que d’avoir les mains vides, alors j’avais décidé de le ramasser. Je m’étais sentie comme un héros équipé d’un bâton de cyprès.

Au moment où je m’habituais à mon costume et à mon bâton, un loup était sorti des sous-bois.

Je connaissais ce type de loup, c’était une des créatures de base de la zone de départ. J’avais essayé de vérifier son niveau, mais son écran d’état n’apparaissait pas. Ce serait bien s’il était faible, pourtant je n’étais pas convaincue de pouvoir le battre avec une branche d’arbre.

Au moins, il était seul.

J’avais préparé la branche d’arbre comme une épée. Le loup s’était mis à courir et sauta sur moi. Je m’étais élancée sur le côté, comme je l’avais toujours fait dans le jeu, et la branche d’arbre frappa le loup sur le côté. Si j’avais tenu mon épée habituelle, je l’aurais coupée en deux.

Le loup gémit et s’arrêta de bouger. Qui aurait pu deviner, je l’avais battu d’un seul coup. Peut-être que c’était vraiment le bâton de cyprès du héros ? J’avais levé la branche en l’air.

Eh bien, pensais-je, je suppose que ce n’est pas le moment de plaisanter. Hein?

J’avais regardé le corps battu du loup pendant un moment, mais il ne s’était pas transformé en objet. Les monstres étaient censés disparaître et laisser tomber des objets quand ils mouraient. Un loup laissait de la viande et une peau ou quelque chose comme ça, ou, si vous aviez de la chance, une gemme de mana, mais celui-ci ne disparaissait pas. J’avais essayé de le piquer avec la branche de l’arbre, mais il n’avait pas bougé. Il aurait dû être mort, c’est sûr. Le message de tout à l’heure commençait à m’être plus réel. Était-ce vraiment un autre monde ?

De toute façon, je m’éloignais d’ici pour l’instant. L’odeur du corps du loup pourrait attirer d’autres monstres. Bien sûr, je n’avais pas les compétences nécessaires pour dépecer un loup, même dans le monde réel. Je ne pouvais pas faire des choses comme dans les jeux ou les romans.

J’avais repris l’exploration, mais les bois semblaient interminables. Je ne pouvais pas ouvrir mon inventaire, donc je ne pouvais pas sortir de la nourriture. De toute façon, j’avais supposé que si je n’étais pas vraiment dans le jeu, il était alors très probable qu’il n’y aurait pas de nourriture dedans. J’avais l’impression que si je ne trouvais pas d’autres personnes rapidement, je mourrais de faim avant même qu’un monstre ne puisse m’attraper.

J’avais marché un bon moment, mais je ne me sentais pas si fatiguée. C’était peut-être grâce à ces chaussures d’ours ? Elles étaient gênantes, mais plutôt chouettes.

« Quelqu’un, à l’aide… »

J’avais entendu la voix de quelqu’un. Je m’étais dit qu’il pouvait être dangereux de s’impliquer, mais c’était la première fois que j’entendais une autre personne ici. Connaissant les risques, j’avais couru après le son. Je me trouvais alors dans une étroite clairière. Une petite fille s’y était effondrée, entourée de trois loups. Elle avait l’air trop effrayée pour se lever. J’avais attrapé trois pierres de la taille d’une balle de base-ball qui gisaient sur le sol pendant que je courais, en les tenant fermement dans la gueule de l’ours noir.

Pour attirer l’attention des loups, j’avais lancé une pierre aussi fort que possible, puis la suivante, et celle d’après.

« Hein ? »

Chaque pierre fit mouche. Les trois loups s’effondrèrent effondrés, pulvérisant du sang. Je n’avais pas pensé que je pourrais les vaincre en un coup. Peut-être que cet équipement d’ours possédait également une aide à la visée ? J’avais ouvert et fermé la gueule de l’ours.

Il semblerait que les loups étaient morts, je m’étais donc approchée de la fille.

« Tu vas bien ? »

Je l’avais appelée. Ses cheveux étaient foncés, elle avait l’air d’avoir environ dix ans. Je ne me rappelais pas avoir pu choisir ce genre de personnage, elle devait être un PNJ.

« M-Merci ?? », avait-elle dit.

« Pourquoi est-ce que c’était une question ? »

« Allez-vous me manger ? »

« Je ne le ferai pas. »

« Êtes-vous un ours ? »

Je m’étais rappelé à quoi je ressemblais et j’avais enlevé ma capuche.

« Tu te sens mieux maintenant ? »

« Oh, oui. »

J’avais essayé de faire apparaître son écran d’état, mais ça n’avait pas marché. Deux choses se passaient : soit l’interface utilisateur qui me permettait d’accéder à ses statistiques était bugué, soit elle était réelle, et j’étais vraiment dans un autre monde. Quand j’avais regardé les cadavres sanglants des loups, je savais sur quoi je devais miser mon argent.

Pour l’instant, j’avais décidé de parler à la fille.

« Es-tu seule ? »

« Oh, oui. Ma mère est malade, alors je cherchais des herbes médicinales. »

« Une petite fille comme toi ? »

« Nous n’avons pas d’argent, je les ramassais donc dans la forêt parce que nous ne pouvions pas les acheter en ville. Puis les loups m’ont attaquée. »

« Une ville, tu dis ? Il y a une ville dans les environs ? »

Et voilà, m’étais-je dit, je viens d’avoir de bonnes infos.

« Vous venez d’une autre ville, mademoiselle ? » me demanda la fille.

« Oui. Je me suis un peu perdue. Pourrais-tu me conduire à la ville ? »

« Oui. »

Je me préparais à y aller, mais elle était restée sur place.

« Allez-vous laisser ces loups comme ça, mademoiselle ? » me demanda-t-elle.

« Je suppose que oui. Ce n’est pas comme si je pouvais les ramener à la maison. »

« Mais c’est un tel gâchis. Vous pourriez vendre la viande et les peaux. Les gemmes de mana ne valent pas très cher, mais elles se vendent aussi. Si on les casse ici, elles ne seront pas très utiles pour la maison. »

« Je ne sais pas comment découper un animal, donc ce n’est pas possible. »

« Je le ferais, mademoiselle. Si ça ne vous dérange pas. »

« Sais-tu comment faire ça ? »

Elle me fit un signe de tête.

« Alors, vas-y. Et si on partageait les bénéfices moitié-moitié ? Ça m’aiderait aussi. »

« Êtes-vous sûre ? »

« Oui. »

La jeune fille sortit un petit couteau et découpa habilement le premier loup.

« Tu es douée », lui ai-je dit.

« Uh-huh. Je fais ça pour le travail parfois. »

Elle avait proprement démonté les loups en peaux, en viande et en joyaux de mana. On avait partagé la charge à porter entre nous deux. La vie sans écran d’inventaire est vraiment dure, m’étais-je dit. Dans le jeu, j’aurais pu juste toucher les objets, et ce serait tout.

« La ville est-elle proche ? »

« Oui. C’est pourquoi je suis venue ici pour cueillir des herbes. »

« En as-tu trouvé ? »

« Oui, mais les loups ont attaqué sur mon chemin du retour. »

« Bon, et si on partait maintenant… »

Je voulais l’appeler par son nom, mais je m’étais rendu compte que je ne l’avais pas encore demandé. Elle semblait pourtant le déduire.

« Je suis Fina », dit-elle.

« Je m’appelle Yuna. Alors, si on y allait, Fina ? »

Après avoir marché un moment, je vis les murs de la ville au loin. De là où je me situais, je les trouvais grands, bien plus grands que je ne le pensais. Ils seraient certainement à l’abri des attaques de monstres là-dedans.

En chemin, j’avais posé toutes sortes de questions à Fina. Ce n’était pas vraiment le monde du jeu que je connaissais. Rien de ce qu’elle m’avait dit sur la région ne correspondait aux cartes que je connaissais avant la mise à jour. Il aurait pu s’agir simplement d’un nouveau continent introduit par la mise à jour, mais plus je l’entendais parler, plus il était probable que ce n’était pas le jeu. Je pourrais probablement en savoir plus une fois que nous serions en ville. Si je n’y rencontrais pas un autre joueur, j’accepterais alors que ce soit un autre monde.

Apparemment, en plus du péage (seulement une pièce d’argent, heureusement) et de la vérification des antécédents, il fallait une carte de résident ou une carte de guilde pour entrer en ville. Quand je lui avais dit que je n’avais ni l’une ni l’autre, Fina me dit que je pouvais obtenir une carte auprès de la guilde des aventuriers.

Je n’avais pas été assez longtemps dans le coin pour obtenir un casier judiciaire, donc je m’en sortirais probablement. Il y avait encore du chemin à parcourir jusqu’à la ville, j’avais donc vérifié mon statut. J’ai monté de niveau ?

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 3

Compétences : Langue du monde imaginaire, alphabétisation du monde imaginaire, stockage extra-dimensionnel des ours

ÉQUIPEMENT

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements de l’ours noir et blanc (non transférables)

J’avais aussi acquis une nouvelle compétence. J’en avais vérifié ces caractéristiques.

Stockage extra-dimensionnel des ours

La gueule de l’ours blanc s’ouvre sur l’espace infini. Elle peut contenir (manger) n’importe quoi.

Mais il ne peut pas contenir (manger) des êtres vivants.

Le temps s’arrête pour les objets qui se trouvent à l’intérieur de sa bouche.

Tout ce qui est mis dans le stockage extra-dimensionnel peut être retiré à tout moment.

J’avais obtenu quelque chose comme l’inventaire de la WFO. Si je mettais de la nourriture dans mon inventaire de jeu pendant de longues périodes, la nourriture ne se dégraderait pas non plus. Peut-être que j’étais dans le jeu après tout ? Mais pourquoi cette fonctionnalité était-elle liée à un ours ?

« Hm ? »

Je m’attendais à ce que l’inventaire soit vide, mais il y avait de l’argent dedans. Il contenait aussi un morceau de papier. J’avais sorti le papier de la gueule de l’ours blanc et je l’avais lu.

Je vous ai apporté cet argent qui vous était si cher dans le monde réel.

Bien sûr, vous ne pouvez pas l’utiliser ici, alors je l’ai échangé contre la monnaie de ce monde.

Dieu

J’étais reconnaissante, mais…

Cela avait fait basculer la balance de ce jeu vers un monde fantastique. Pourtant, si c’était vraiment un autre monde, cet argent serait utile. J’avais fouillé dans mon gant et j’y avais trouvé une énorme somme. Je m’étais demandé si j’avais assez d’argent pour vivre comme une recluse pour le reste de ma vie, même dans un autre monde.

J’y réfléchirais après être arrivée en ville.

***

Chapitre 3 : L’ours fait du commerce de loups

Un garde nous attendait à la porte. Il me regarda droit dans les yeux. C’était là que je m’étais rappelé à quoi je ressemblais.

Un ours. Ursidae. Ours Brun. Nounours. Quel que soit le mot que vous ayez choisi, le sens était le même. J’avais l’air suspecte, mais pas d’une manière effrayante. Fina m’avait appelée « mignonne ». En fait, je me sentais si mignonne que c’était embarrassant. Si une fille de l’âge de Fina l’avait porté, cela aurait probablement été mignon, mais cela ne l’était pas tellement pour une recluse comme moi.

Quoi qu’il en soit, le garde n’avait vraiment pas besoin de me reluquer comme ça.

« Toi, ma fille, c’est toi qui es allée chercher des herbes, n’est-ce pas ? En as-tu trouvé ? »

« Oui », dit Fina tout en souriant.

« Bien. On dirait que tu as tenu ta promesse et que tu n’as pas erré dans les bois. Il y a des monstres là-dedans. »

J’avais souri avec ironie à ces mots.

« Et qu’est-ce qui se passe avec toi, jeune fille habillée bizarrement ? »

« Fais-moi une faveur, et ne t’occupe pas de moi. »

« Eh bien, je suppose que chacun a son propre style. De toute façon, si vous voulez entrer, montrez-moi vos cartes d’identité. »

Fina lui montra sa carte de résident.

« Je ne suis pas résidente dans cette ville, mais j’ai entendu dire que je pouvais entrer si je payais », lui dis-je en ouvrant et fermant la gueule de l’ours.

« Votre carte d’identité… »

Le garde n’avait pu sortir que ces trois mots.

« Je n’en ai pas, mais je peux entrer à condition de payer une pièce d’argent, non ? »

« N’avez-vous rien du tout ? Ça peut être une carte d’identité de n’importe quelle ville. »

« Je vivais dans un endroit sans cartes. »

« Je vois. Dans ce cas, nous prendrons une pièce d’argent comme taxe et nous examinerons votre casier judiciaire. »

J’avais sorti une pièce d’argent de la gueule de l’ours blanc et je l’avais remise au garde.

« Eh bien, dans ce cas. Si vous pouviez venir ici… »

Il ne devrait pas y avoir de problèmes, puisque je n’avais commis aucun crime depuis que j’étais venue dans ce monde. Je n’avais évidemment pas non plus commis de crimes dans le monde réel.

Non, vraiment.

Le garde m’avait amenée dans un bâtiment à proximité, probablement une des casernes standard qui semblait toujours apparaître dans les romans fantastiques. Il m’avait conduite à un endroit qui ressemblait à une réception et posa un panneau de cristal devant moi.

« Veuillez bien poser votre main sur ce cristal. Si vous êtes un criminel, il deviendra rouge. »

« Dois-je juste mettre ma main ici ? »

« Oui. Il réagira à votre mana et vous analysera. »

J’avais mis ma main sur le panneau de cristal, mais il n’avait pas réagi.

« On dirait que tout est en ordre. »

« Pouvez-vous vraiment le dire avec quelque chose comme ça ? »

« Ne savez-vous même pas ce que sont les panneaux ? D’où venez-vous ? »

« D’un village lointain. »

« Eh bien, je suppose que je vais vous l’expliquer. Ce panneau de cristal est connecté à tous les autres panneaux de cristal du pays. Lorsqu’un bébé naît en ville, il reçoit une carte de résident et son mana est enregistré en même temps. Ils font la même chose dans la capitale et dans les autres villes. De cette façon, on peut savoir d’où vient une personne. »

C’est donc comme un état civil.

« Quand quelqu’un a commis un crime, nous pouvons enregistrer ces données dans le panneau de cristal. Si la personne est enregistrée, les données seront transférées à tous les panneaux de cristal. Sur cette base, un criminel ne sera plus autorisé à entrer dans les villes ou la capitale. », poursuit-il.

« Que se passe-t-il s’ils utilisent une carte de guilde, ou la carte de quelqu’un d’autre ? »

« Ce serait impossible. Les cartes sont faites pour répondre au mana. Si le mana ne correspond pas à celui pour lequel elle a été enregistrée, la carte ne répondra pas. »

Donc le mana est comme une sorte d’empreinte digitale ?

« Mais si le mana n’est pas enregistré, ça ne sert à rien, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Ce serait le cas. Mais il n’y a que les villageois de la banlieue, qui n’ont jamais voyagé dans les villes ou la capitale, qui n’ont pas de cartes. Il est peu probable qu’ils soient des criminels. »

Je pensais que c’était aussi peu probable.

« C’est tout pour le moment. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez savoir ? Sinon, vous pouvez aller en ville. »

Après l’avoir remercié et quitté la pièce, Fina m’attendait. Je lui avais donné une tape sur la tête.

« Yuna, tout s’est-il bien passé ? »

« Oui, tout s’est bien passé. »

« Alors, allons vendre les loups à une guilde. »

Bien que la ville ne soit pas si différente d’une ville dans le jeu, j’avais senti qu’il y avait quelque chose de différent. Aussi, pour une raison quelconque, j’avais l’impression que tout le monde me regardait. C’était peut-être parce que j’étais une étrangère ?

« Tes vêtements se distinguent vraiment, Yuna. »

Oh, c’est vrai.

Je portais un pyjama d’ours.

Fina m’avait conduite à ce grand endroit qui ressemblait à un entrepôt. Il y avait un bâtiment de bonne taille à côté et des aventuriers portant des épées et des bâtons qui tournaient en rond. Comme leurs écrans d’état n’apparaissaient pas, je ne pouvais pas dire s’ils étaient des joueurs du jeu ou des PNJs. Je voulais les examiner davantage, mais j’avais décidé de suivre Fina pour l’instant.

« Ils vont les acheter ici. Excusez-moi », avait dit Fina à un gars derrière un comptoir, « nous aimerions que vous nous achetiez des loups. »

« Eh bien, si ce n’est pas Fina. Que fais-tu ici dans un moment pareil ? »

« Je suis venue pour vendre des trucs. »

Fina avait placé sur la table les morceaux de loup qu’elle tenait. J’avais fait la même chose.

« Comment as-tu trouvé de la viande et des peaux de loup ? »

« Ils ont essayé de me manger pendant que je cueillais des herbes, elle m’a ensuite sauvée. »

« Tu es allé dans les bois !? » s’était exclamé l’homme au comptoir.

« Oui. Je n’avais plus d’herbes pour maman. »

« Ne te l’ai-je pas dit et répété ? Si tu as besoin d’herbes, je vais te les chercher. »

« Mais je ne peux pas compter sur vous éternellement, M. Gentz. D’autant plus que je ne vous ai pas payé pour les obtenir. »

« Comme je l’ai dit, ça n’a pas d’importance. Si quelque chose t’arrive, que devrais-je dire à ta mère ? »

« Tout ira bien. En plus, je suis allée dans les bois tellement de fois. »

« Mais ne viens-tu pas de te faire attaquer par des loups ? Et tu as été sauvée par cette fille bizarre là-bas. Merci, mademoiselle, d’avoir sauvé Fina », il semblait avoir du mal à me parler et à me regarder en face en même temps.

« Pas de problème. J’étais perdue, alors elle m’a aussi aidée. » Répondis-je.

« Je voudrais vous remercier, mais c’est mon travail, donc je dois vous donner le montant normal pour vous les acheter, si cela vous convient. », déclara Gentz.

« Ce n’est pas grave. »

L’homme vérifia les peaux de loup.

« Uhh, de la viande et des peaux, huh. C’est ce que je peux payer pour cette quantité. »

Gentz déposa des pièces devant nous. Je ne pouvais pas dire si c’était un prix juste ou s’il nous faisait un rabais.

« Oui, s’il vous plaît. »

Mais Fina avait l’air contente. Elle essaya de me donner la moitié de l’argent qu’elle avait accepté.

« Fina, je n’ai pas besoin de cet argent, mais pourrais-tu me montrer le chemin d’une bonne auberge ? Je ne sais pas où aller. Je suppose que tu dois apporter les herbes à ta mère rapidement, n’est-ce pas ? »

« C’est bon. Il y a une auberge sur le chemin de ma maison, alors je t’y emmènerai. », dit-elle.

« Merci. »

« Fina ! Tu ferais mieux de ne pas te mettre en danger à nouveau. Dis-moi quand tu as besoin d’herbes. », dit Gentz.

« D’accord, je le ferai », répondit Fina.

Elle se tourna et partit.

« Connais-tu cet homme ? », lui avais-je demandé.

« Oui, il prend toujours soin de moi. Parfois, il me fait travailler à la boucherie quand on amène beaucoup de monstres. »

Ah-hah, me suis-je dit, c’est pour ça qu’elle est si douée pour dépecer les cadavres.

« Et il sait que ma mère est malade, alors parfois, de temps en temps, il me donne des herbes et des médicaments pour pas cher, ou gratuitement. Mais je ne peux pas lui demander des médicaments tous les jours. »

C’était pourquoi elle était allée seule dans les bois pour cueillir des herbes cette fois-ci. Je voulais faire quelque chose pour l’aider, mais cela devait probablement attendre, surtout vu ma situation actuelle.

L’auberge se trouvait à une trentaine de minutes à pied du magasin d’échange, et bien sûr, j’étais sous le regard de tous pendant toute la durée de notre promenade.

« C’est ici. Tout le monde dit que leur nourriture est bonne. », dit Fina.

« Merci. Dépêche-toi d’apporter ces herbes à ta mère. »

« Oui. Merci, Yuna. »

Fina s’était enfuie. Une odeur incroyable était passée devant moi alors que je me tenais devant l’auberge, la regardant partir. Le soleil avait commencé à baisser, il était temps de dîner. Par souci de bienséance, j’avais essayé de me réjouir à l’idée d’un repas savoureux en entrant. Une jeune fille, à la fin de l’adolescence, s’était arrêtée à mi-chemin et me jeta un regard perplexe. Je ne savais pas quoi faire avec tout ce monde qui me montrait systématiquement la même réaction.

La fille me dit en me fixant du regard : « Bienvenue. »

« J’ai entendu dire que je pouvais rester ici ? »

« Oui, vous pouvez. C’est une pièce d’argent chaque jour, repas du matin et du soir compris. C’est une demi-pièce sans les repas. »

« Dans ce cas, je voudrais un séjour de dix jours, avec les repas. »

« Le bain est ouvert de six heures du soir jusqu’à dix heures du soir. »

« Vous avez un bain !? »

« Oui. Soyez assuré que les zones des hommes et des femmes sont également bien séparées. »

C’était un heureux accident. Je ne m’attendais pas à une auberge avec un bain.

« Puis-je avoir un repas tout de suite ? »

« Certainement. »

Après avoir écouté son explication, j’avais retiré dix pièces d’argent de la gueule de l’ours blanc. Quand elle prit l’argent, la fille serra l’ours noir.

« Whoa! Je suis désolée. C’était si mignon. Alors, c’était dix jours avec les repas, c’est ça ? Je vais préparer le repas tout de suite, alors s’il vous plaît, asseyez-vous et attendez. Oh, je suis la fille de l’aubergiste, Elena. Ravie de vous rencontrer. »

« Je m’appelle Yuna. Je me réjouis de mon séjour. »

***

Chapitre 4 : L’ours agonise après s’être vu dans le miroir

Après avoir dévoré mon repas, on m’avait conduite dans une chambre au deuxième étage. Fina m’avait sauvé la vie — je devais m’assurer que je la remerciais correctement.

« Le bain est libre, vous pouvez y entrer. Mais ne tardez pas, car d’autres personnes vont attendre. », dit Elena

« J’ai compris. »

« Le petit déjeuner est servi de six à huit heures. Notez-le bien, car nous ne pouvons pas vous servir si vous êtes en retard. »

Après avoir plus ou moins tout expliqué, Elena était retournée en bas, me laissant seule dans la chambre. Ce n’était qu’une chambre pour une personne, donc ce n’était pas si grand que ça. Il y avait juste un lit et un petit bureau. Mais comme toutes mes affaires étaient dans mon inventaire, c’était plus que suffisant pour moi seule. En regardant autour de la chambre, j’avais remarqué qu’il y avait un miroir au mur. J’avais refait le tour de la pièce.

C’était embarrassant. Il n’y avait aucun doute là-dessus, j’étais habillée comme les filles de salon le font parfois chez elles. J’étais tellement gênée de me promener dehors en ressemblant à ça que j’avais pensé ne pas le faire demain.

J’avais pris mon courage à deux mains et je m’étais regardée à nouveau dans le miroir. Il y avait quelque chose d’étrange dans mon reflet.

« C’est mon vrai visage… »

Dans WFO, les avatars des joueurs avaient tous les mêmes contours de visage, mais vous pouviez changer leurs couleurs de cheveux et leurs coiffures. Mon avatar avait des nattes argentées, mais pour l’instant, j’avais de longs cheveux noirs raides qui atteignaient mes hanches. Une ermite comme moi n’allait pas vraiment se donner la peine d’aller chez le coiffeur, mes cheveux étaient donc de plus en plus longs. Les arranger me dérangeait trop, alors je les avais laissés pousser.

Le miroir reflétait mon vrai visage, ma vraie couleur de cheveux et ma vraie coiffure. Je m’étais souvenue que mon avatar mesurait dix centimètres de plus que moi, mais quand j’avais revérifié, j’avais vraiment la même taille que dans la vraie vie.

Mais je n’étais pas naine. J’étais juste un tout petit peu plus petite que la moyenne, vraiment.

Vraiment.

Même si je ne voulais pas l’admettre, vu que j’étais physiquement moi-même ici, je savais que ce n’était pas vraiment le monde du jeu. La confirmation que c’était réel me fit commencer à paniquer, jusqu’à ce que je réalise qu’il n’y avait pas de quoi paniquer.

Je n’avais pas de parents ou d’amis géniaux, personne qui me manquerait. La seule chose qui me restait dans le monde réel était l’argent que j’avais gagné grâce aux actions, et d’après la lettre du dieu de cet endroit, il avait converti cet argent en monnaie de ce monde. Les seules choses que je regrettais d’avoir perdues de mon monde précédent étaient le divertissement et la nourriture, mais il y avait probablement des choses amusantes dans ce monde, et la nourriture à l’auberge était excellente. Si je voulais redevenir une recluse, je le pouvais. Malheureusement, ce monde n’avait ni internet ni télévision, donc ce serait ennuyeux.

Mais si je considérais le monde comme un jeu, cela pourrait valoir la peine de voyager et de s’amuser.

Quand j’y avais pensé de cette façon, je commençais à me faire à l’idée.

Je me suis dit : « D’accord, je vais me préparer pour demain en prenant un bain et en me couchant pour la nuit. »

Quand j’étais allée prendre mon bain, j’avais enlevé les gants d’ours et le pyjama dans le vestiaire. Tout ce que j’avais sous eux, c’était mes sous-vêtements et mon soutien-gorge, ce qui voulait dire…

C’était tout ce que je portais quand je me promenais en ville. Donnes-moi au moins une chemise ! m’étais-je dit. En y réfléchissant, je n’avais pas de sous-vêtements pour me changer, je devrais donc en acheter. J’avais retiré ma paire actuelle… et quelque chose attira mon attention.

J’avais lentement déroulé mes sous-vêtements.

« Mais qu’est-ce que… »

Mes sous-vêtements portaient des ours, un blanc et un noir. Le dieu qui m’avait amenée dans ce monde était-il vraiment un ours ?

« Je préfère ne pas trop y penser. »

Le bain me laissa un sentiment de rajeunissement. Les longs bains étaient interdits, alors j’en étais sortie plus tôt que d’habitude. Je n’avais pas de vêtements de rechange, alors j’avais essayé de remettre les sous-vêtements et les vêtements d’ours de tout à l’heure.

« Je suppose que j’ai des courses à faire demain. »

Je m’étais soudainement souvenue de quelque chose. La description du pyjama m’avait dit que si je l’inversais du côté blanc, je retrouverais mon endurance. Afin de pouvoir voir si cela était vrai, j’avais fait exactement cela, et je l’avais mis en marche. L’effet était remarquable. Je pouvais me sentir guérie. Mon corps s’était rempli de chaleur de l’intérieur.

J’étais retournée dans ma chambre et je m’étais glissée sous les couvertures pour me reposer de la fatigue de cette journée. J’avais trouvé cela agréable et confortable.

« Bonne nuit », avais-je dit, même si personne ne pouvait l’entendre.

Je m’étais réveillée tôt, peut-être parce que je m’étais couchée tôt. Et à cause des effets de l’ours blanc, je n’étais pas du tout fatiguée. La perspective de garder l’équipement de l’ours devenait de plus en plus attrayante. Peut-être était-il maudit.

Si seulement il avait au moins l’apparence d’un ours cool.

Apparemment, j’avais un peu de temps à tuer avant le petit déjeuner. J’avais affiché mon écran d’état.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 3

Compétences : Langue du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel des ours

ÉQUIPEMENT

Main droite : gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements de l’ours noir et blanc (non transférables)

Sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

J’avais obtenu un équipement encore plus bizarre.

Sous-vêtements d’ours

Ils ne se saliront pas, quel que soit le nombre de fois qu’ils sont utilisés.

Un excellent article qui ne retient ni la sueur ni les odeurs.

Il grandit avec l’utilisateur.

Un équipement idéal pour une recluse ! J’étais particulièrement reconnaissante que les sous-vêtements grandissent avec moi. Je n’avais pas beaucoup de poitrine, mais j’en aurais certainement besoin au moment où j’aurai un grand porte-bagages à l’avenir. Je n’aurais pas à redimensionner mes sous-vêtements tout le temps.

Quand je descendais pour le petit-déjeuner, Elena essuyait les tables avec un chiffon à poussière.

« Bonjour. »

« Bonjour ! Puis-je manger ? »

« Oui, vous pouvez. »

Elena me regarda fixement.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Vous êtes en blanc aujourd’hui. Ça vous va bien », me dit-elle avec un beau sourire.

Je n’étais pas gênée parce que je n’étais plus un ours noir, mais changer maintenant serait ennuyeux, j’avais donc juste pris mon petit-déjeuner dans les vêtements de l’ours blanc. Le pain et la soupe étaient délicieux.

En rentrant dans ma chambre, j’avais remis mes vêtements d’ours noir et je m’étais mise à faire une liste des choses à faire ce jour-là :

1) Acheter des vêtements de rechange (y compris des sous-vêtements).

2) Se procurer une pièce d’identité (aller à la guilde des aventuriers).

3) Acheter du matériel (je veux une épée).

4) Rassembler des informations (peut-être dans une bibliothèque ou une librairie).

5) Découvrir à quel point je suis forte (ces loups étaient faciles à tuer).

J’avais demandé à Elena où se trouvait la guilde des aventuriers, et je découvris que c’était le bâtiment situé à côté de l’endroit où Fina et moi étions allées vendre les loups. J’aurais beaucoup de mal à m’identifier, alors j’avais décidé d’y aller en premier.

À ma grande surprise, j’étais tombée directement sur Fina en sortant.

« Yuna, bonjour. »

« Fina, de quoi as-tu besoin ? »

« Je voulais te remercier encore une fois, et je me demandais comment était l’auberge. »

« C’était super. La nourriture est délicieuse, et je suis ravie qu’ils aient un bain. De toute façon, je reste pour les dix prochains jours. »

« Je suis contente que tu l’aimes. »

« Tu as réussi à t’en sortir, Fina ? »

« Oui ! J’ai demandé à ma mère de prendre les herbes. Alors, où vas-tu, Yuna ? »

« Je vais à la guilde, et puis je pensais aller faire un tour en ville », avais-je dit.

« Puis-je aller à la guilde avec toi ? »

« Ça ne me dérange pas, mais je vais juste me faire faire des papiers d’identité. »

« Je vais aussi aller à la guilde pour vérifier s’il y a du travail à la boucherie. »

« Travail à la boucherie ? »

« Je t’ai dit que je faisais du travail à la boucherie hier, non ? Celui qui me donne ce travail est M. Gentz. »

« M. Gentz ? »

« Oui, l’homme qui nous a acheté les morceaux de loup hier. Parfois, les aventuriers ramènent beaucoup de monstres sans les dépecer. Quand ça arrive, j’aide. C’est pour ça que je vais toujours m’enregistrer à la première heure tous les jours. »

« Oh, tu as bien dit quelque chose comme ça hier. »

Cette petite fille a un travail à la boucherie : dépeçait-elle les monstres ? Je suppose que ça avait du sens dans un monde fantaisiste. Je parie que personne ne s’en soucie…

« M. Gentz veille toujours sur moi. »

Peut-être que c’est un pédophile…

« Je crois que M. Gentz aime ma mère. »

Peut-être que j’ai juste l’esprit un peu détraqué. Supposer le pire des gens à partir des preuves disponibles était une mauvaise habitude pour moi.

Fina parla de M. Gentz et de sa mère alors que nous revenions vers la bâtisse où nous avions vendu les loups. Inutile de dire que j’étais la cible de tous les regards !

***

Chapitre 5 : L’ours visite la guilde des aventuriers

La guilde était pleine d’aventuriers, chacun équipé de ses propres épées et bâtons. J’avais l’impression d’être de retour dans l’un des anciens centres de quête. Mais là encore, pas un seul d’entre eux n’était un joueur.

« Il y a beaucoup de gens ici pour cette période de la journée. »

« C’est parce que les aventuriers de niveau inférieur ont du mal à trouver du travail. Tout le monde vient ici en avance pour trouver les meilleurs emplois. »

Je m’étais séparée de Fina, car elle se dirigeait vers M. Gentz, et j’avais rejoint la guilde. Il semblerait que la plupart des gens qui y étaient étaient des vieillards dégoûtants. Leurs regards se fixaient sur moi, peut-être parce qu’ils me mesuraient, ou parce qu’il était rare que des filles entrent dans la guilde. Après avoir examiné la foule, j’y découvris des aventurières, mais il n’y en avait pas beaucoup.

J’avais ignoré les regards et je m’étais dirigée vers la réceptionniste, qui semblait avoir une vingtaine d’années.

« J’aimerais m’inscrire », lui avais-je dit.

« OK. Aimeriez-vous donc devenir membre de la guilde ? »

« J’ai entendu dire que je pourrais ainsi obtenir une pièce d’identité, exact ? »

« Oui, vous pourrez utiliser la carte de membre de la guilde dans n’importe quel pays. »

« Dans ce cas, pourriez-vous m’aider ? »

Au moment où je lui avais dit ça, j’avais senti des yeux sur moi, je m’étais alors retournée.

« Hé, cette fille aux vêtements bizarres est-elle censée être une aventurière ? On dirait qu’elle nous sous-estime vraiment. Les petites dames comme toi font baisser notre valeur marchande, » déclara un des sales types derrière moi dans la file.

Ce type était-il un cliché ambulant ?

« Je suis juste venue ici parce que je voulais une carte d’identité. »

« Raison de plus pour que je te dise cela. On n’a pas besoin d’aventuriers qui ne travaillent pas. »

« Je n’ai jamais dit que je n’allais pas travailler. Je vais faire ce que je peux. »

« Et j’ai dit que ça va nous faire perdre de la valeur. »

« Madame, cet homme parle beaucoup, mais est-ce que ce qu’il dit est vrai ? », demandai-je à la réceptionniste

« Tant que vous remplissez les conditions minimales pour la guilde, il n’y a pas de problème. »

« Y a-t-il des exigences ? »

« Vous devez avoir plus de treize ans et atteindre le Rang E dans un délai d’un an. Si vous n’y parvenez pas, votre adhésion sera révoquée. »

« Comment atteindre le Rang E ? »

« Pour atteindre le Rang E il faut que vous puissiez tuer des monstres de bas niveau comme les gobelins et les loups. »

« Dans ce cas, c’est bon. Je peux battre un loup. »

« Gah ha ha. N’invente rien. Il n’y a pas moyen qu’une petite fille comme toi puisse battre un loup. », gloussait le sale type derrière moi.

« Quel est le rang de ce type ? », avais-je demandé à la réceptionniste.

« C’est M. Deboranay. Il est au rang D. »

« Et ceux qui se moquent de moi ? »

« Ils sont tous de rang D et de rang E. »

Les aventuriers souriaient. Des joueurs comme ceux-là avaient déjà existé dans le jeu, des idiots qui tiraient des conclusions sur vous en se basant sur votre apparence. Dans les jeux, comme dans la vie, il n’y avait qu’une seule façon de traiter les idiots : leur prouver qu’ils avaient tort. Cela dit, j’étais prête à me battre contre n’importe qui par principe.

« Hmph. Si tous ces gens sont juste de Rang D alors cette guilde d’aventuriers doit être assez faible, », avais-je dit.

« Qu’est-ce que tu as dit ? » dit Deboranay.

« Ne l’as-tu pas dit toi-même ? Es-tu un idiot ? Tes oreilles ne fonctionnent-elles pas ? Si quelqu’un comme moi ne peut pas devenir un aventurier, alors cela fait de vous des déchets, puisqu’aucun de vous ne peut me battre. »

« Pourquoi, tu… tu as envie de mourir ? »

« Y a-t-il un endroit par ici où on peut régler cette histoire ? »

Quand je jouais en solo, des idiots comme lui se battaient tout le temps avec moi, et j’avais toujours retourné la situation avec des personnages dans lesquels j’avais passé du temps et de l’argent. Si je ne tuais pas ces imbéciles dès le départ, ils se multipliaient comme des cafards et me donnaient du fil à retordre.

« Oui, il y a une place derrière, mais… » dit la réceptionniste

« Dans ce cas, si vous gagnez, je renonce à devenir un aventurier et je m’en vais. Si vous perdez, vous cesserez d’être des aventuriers et vous partirez. Ça vous va ? »

« Tu nous sous-estimes alors que tu es une fille ? Si nous perdons contre toi, nous abandonnerons ! Pas vrais, les gars ? ! »

« Ouais ! »

Les larbins de Deboranay applaudirent, l’air suffisant jusqu’au bout.

« Mademoiselle de la réception, vous venez d’entendre tout ça, n’est-ce pas ? »

« Oui. Cependant, je vous suggère de vous excuser. M. Deboranay a ses manies, mais il est vraiment de rang D. »

Elle confirma cependant qu’elle avait tout entendu. Je ne les laisserais pas faire semblant d’avoir oublié ce qu’ils avaient dit.

La réceptionniste nous conduisit dans un terrain d’entraînement à l’arrière. Une quinzaine d’aventuriers suivirent derrière moi, avec Deboranay à leur tête.

« Umm, allez-vous vraiment faire ça ? » dit la réceptionniste.

« Oui. Laisser les mauviettes devenir des aventuriers affecte la réputation de toute la guilde, donc je dois les faire partir plus tôt. », lui avais-je répondu.

« Espèce de sale petite- ! N’agis pas comme si tu pourrais partir d’ici vivante, » dit Deboranay.

« En d’autres termes, vous êtes prêts à mourir aussi ? On dit que les faibles aboient beaucoup, mais ne mordent pas. On dirait qu’ils ont raison. », lui avais-je répondu.

« Hé. Dépêchons-nous et commençons. », dit Deboranay en préparant son épée.

« Euh… »

J’avais oublié que je n’avais pas d’arme. Je n’avais que le bâton de cyprès.

« Quelque chose ne va pas ? Dépêche-toi de sortir ton arme. »

Pendant que je regardais autour de moi pour savoir quoi faire, j’avais vu Fina se diriger vers moi. Cette fille arrivait au bon moment. On dirait qu’elle s’était précipitée après avoir remarqué l’agitation. C’était adorable.

« Yuna ! »

« Fina, peux-tu me prêter ton couteau ? Je te le rendrai plus tard. », lui avais-je demandé en m’approchant.

« Tu te bats, Yuna ? »

« Les choses se sont déroulées comme ça. Ça va aller, regarde. »

J’avais emprunté le couteau à Fina et je m’étais arrangée avec Deboranay.

« Est-ce l’arme avec laquelle tu te bats ? » avait-il dit.

« Je ne souillerais pas ma propre arme contre un ennemi de niveau gobelin. »

« Je vais te tuer. »

« Je le dirai autant de fois qu’il le faudra, mais vous ne pouvez pas vous entre-tuer. Vous pouvez commencer. », dit la femme de la réception.

Deboranay chargea, levant haut son épée longue. J’avais fait un bond de trois mètres sur le côté en faisant un pas. Grâce à mes chaussures d’ours, j’avais été plus que rapide. Immédiatement après, je m’étais approchée de Deboranay d’un pas et je l’avais frappé juste sous les côtes avec ma main d’ours noir.

C’était ma technique secrète : le coup de poing de l’ours.

Hein ? Ça ne l’avait pas achevé. Tout ce que ça avait fait, c’était le faire froncer les sourcils. Peut-être que c’est à cause de la différence entre nos niveaux ?

« Pourquoi tu… »

Deboranay, qui avait pris le coup de poing de l’ours sans broncher, prépara son épée. Excusez-moi, m’étais-je dit, pourquoi cet amateur utilise-t-il son épée alors que nous étions assez proches pour un combat au corps à corps ?

WFO organisait des combats au corps à corps. Ils étaient ouverts à tous, sans restriction de niveau, d’arme, de magie ou d’équipement, et comportaient parfois des combats où les administrateurs modifiaient les paramètres pour que les combattants aient des capacités défensives et offensives fixes.

Dans un combat où les niveaux, les armes et l’équipement n’avaient pas d’importance, le match était décidé en fonction de l’habileté. Depuis que j’étais dans ces circuits, je savais que les ennemis qui comptaient sur la puissance brute pour attaquer n’étaient pas à la hauteur. J’avais donné un coup de poing à Deboranay, et parce qu’il s’était penché suite à son coup d’épée, il perdit l’équilibre. L’instant d’après, Deboranay reçut un coup de couteau dans le cou.

« On dirait que c’est fini », lui avais-je dit.

« Ne te fous pas de moi ! »

Il écarta mon couteau et essaya de lever son épée, mais j’avais fait marche arrière. Ces chaussures d’ours étaient bien trop utiles.

« Madame de la réception, je viens de gagner le match, pas vraie ? »

« Vous devez vous moquer de moi. La bataille n’est pas encore terminée. »

J’avais regardé la réceptionniste, mais elle n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire. Elle semblait hors d’elle. Mais je voulais qu’elle fasse un acte décisif.

« D’accord, très bien. Je ne vais pas seulement mettre fin au match, je vais mettre fin à ta vie. Ne pense pas que je vais laisser mon couteau s’arrêter cette fois. », lui dis-je.

Quand j’avais dit ça, le visage de l’homme bougea. Il connaissait probablement la différence entre nos forces physiques. J’avais échappé à ses attaques et j’étais aussi plus rapide que lui, et si j’avais utilisé le couteau au lieu de mon coup de poing d’ours plus tôt, je l’aurais poignardé dans la hanche. En plus de cela, il ne pouvait pas nier le fait que j’avais appuyé mon couteau contre son cou à la fin. En gros, cela signifiait que je l’avais déjà poignardé deux fois.

« As-tu vraiment si peur de ce petit couteau ? »

Je l’avais laissé l’apercevoir.

« Désolé. Utiliser ça contre une personne sans aucune qualification pour être un aventurier était tellement immature de ma part. »

Je jetais le couteau aux pieds de Deboranay, en l’enfonçant dans le sol.

« Ça ne fait plus peur, n’est-ce pas ? »

J’avais fait un petit geste qui disait « viens et prends-le » avec mes gants.

« Ne me prends pas pour un idiot. »

Il chargea avec force, comme un idiot. Je l’avais évité, mais son épée m’avait suivie. Bien sûr, il s’en serait rendu compte vu que j’avais utilisé deux fois la même méthode pour lui échapper.

Si un pas ne marchait pas, il me suffisait de faire deux pas, et si ça ne marchait pas, il me suffisait de sauter trois fois. Je l’avais ainsi évité en faisant de trois pas, me mettant ainsi dans son angle mort avec le quatrième, et au cinquième, j’étais apparue directement devant lui. Mon coup de poing d’ours était entré en collision avec son visage, et le corps géant de Deboranay s’était effondré.

Je l’avais frappé au visage avec ma main droite, puis la gauche, droite, gauche, droite, gauche. Coup de poing d’ours, coup de poing d’ours, coup de poing d’ours, coup de poing d’ours, coup de poing d’ours, coup de poing d’ours. On aurait dit que la main de l’ours noir était vraiment plus forte — seule sa joue gauche, qui était tournée vers moi, était super gonflée.

Il n’avait pas bougé. Une fois que j’avais vu ça, je m’étais désengagée. Le blanc de ses yeux était visible, il était évanoui.

« Alors, qui est le prochain ? » avais-je demandé à mon public. Aucun d’entre eux ne s’était levé.

« On dirait qu’il n’y a personne. Dans ce cas, Mme la réceptionniste, pourriez-vous retirer tous les aventuriers ici présents de la guilde ? On dirait que ce sont des mauviettes. »

J’avais souri.

« Mais… », murmura l’un d’entre eux.

« Mais vous l’avez tous dit vous-même ? Les faibles comme moi ne peuvent pas devenir des aventuriers. Ce qui veut dire que des gens plus faibles que moi ne peuvent pas devenir des aventuriers ? Ce qui inclut ce type que je viens de battre et les gens qui ne veulent même pas essayer de me combattre », avais-je dit

J’avais regardé autour de moi, toujours en souriant. On aurait dit qu’aucun aventurier ne se sentait capable de gagner après avoir vu ce combat. Deboranay devait être le plus fort de tous.

« Je n’ai pas dit ça ! »

Un des aventuriers avait rompu le silence.

« Je n’ai pas non plus dit ça », avait poursuivi un autre.

« C’est Deboranay qui a dit ça, pas vrai ? »

« Oui. »

Il semblerait qu’ils allaient vendre Deboranay pour sauver leurs fesses.

« Mais n’est-ce pas moi qui ai dit ça ? Si vous gagniez, j’arrêterais d’être un aventurier et je partirais. Si vous perdiez, vous cesseriez d’être un aventurier et vous partiriez, et puis, quand ce type a dit : “Si je perds contre vous, j’arrête !” N’avais-je pas demandé à la dame de la réception de confirmer cela ? »

J’avais regardé la réceptionniste.

« Oui… » répondit-elle d’une voix calme.

Les aventuriers commencent à pénétrer dans la zone d’entraînement. Ils n’avaient plus nulle part où se cacher, et rien à perdre.

« Vous feriez mieux d’attendre de nous avoir tous battus pour dire ça », dit l’un d’eux.

« Ou alors, que diriez-vous de nous affronter tous ensemble ? » dit un autre.

Une, deux, puis trois personnes s’étaient disposées autour de moi. On aurait dit que j’avais besoin de les battre tous en même temps.

J’imagine que s’ils sont aussi forts que Deboranay, je ne devrais pas avoir trop de mal, m’étais-je dit.

La bataille s’était terminée trop tôt, si vous vouliez mon avis. Je ne pouvais pas en être sûre sans vérifier mon statut, mais j’avais probablement atteint un certain niveau après avoir battu Deboranay. Mon pas d’ours était encore plus rapide, et la puissance de mon coup d’ours était plusieurs niveaux plus élevés. J’avais battu ces pauvres fous d’un seul coup.

« Hé, qu’est-ce que vous croyez faire !? » Un homme robuste et musclé chargea directement dans la zone d’entraînement.

« Hé, Helen, explique-moi ce qui s’est passé ! »

Helen, la réceptionniste, essaya d’expliquer du mieux qu’elle pouvait. Une fois qu’elle avait fini, l’homme musclé me regarda.

« Toi, la fille dans cet accoutrement bizarre ! » dit-il

« Quoi ? »

« Est-ce toi qui as fait ça ? »

« Ce n’était pas de ma faute. Ils me menacèrent d’être violents envers moi, alors je me suis juste défendue. Vous n’allez pas me faire porter le chapeau ? »

« La guilde est fondamentalement neutre quand il s’agit de combats entre aventuriers. »

« Dans ce cas, vous êtes de mon côté. »

« Et qu’est-ce qui te fait penser ça ? »

« Je n’ai pas encore rejoint la guilde, donc je ne suis pas une aventurière. Je suis juste une personne ordinaire. Puisque j’ai été attaqué par des aventuriers en tant que citoyen normal, ne sont-ils pas sous la responsabilité de la guilde afin qu’elle s’occupe d’eux ? Vous n’allez pas me dire que vous êtes du côté de ces aventuriers qui se sont regroupés afin de frapper une citoyenne normale, hein ? »

« Eh bien… »

« Dans ce cas, en tant que citoyenne normale vous devez être de mon côté. »

Certes, je n’étais pas une résidente de cette ville, mais il n’avait pas à le savoir. L’homme se gratta la tête et hésita.

« Alors, que voulez-vous ? »

« Je veux juste m’inscrire à la guilde, et je veux aussi qu’ils soient radiés. »

« J’approuverai votre inscription, mais je ne peux pas les mettre dehors. »

« Ils baissent la tête et vous supplient de les laisser démissionner parce qu’ils sont faibles. Et vous ne les laisserez pas faire ? La guilde des aventuriers est-elle vraiment si tyrannique ? »

« Quoi ? Vous voulez arrêter d’être des aventuriers !? », demanda le gars à la poignée d’aventuriers encore conscients sur le terrain.

Les hommes montrèrent des expressions ambiguës et refusèrent de répondre.

« C’est ce qu’ils ont dit. Selon eux, quelqu’un d’aussi faible que moi ne peut pas devenir un aventurier. Ils ont dit que s’ils se faisaient battre par un faible comme moi, ils cesseraient d’être des aventuriers. »

« Vous avez vraiment dit ça ? »

Plusieurs d’entre eux hochèrent la tête.

« Eh bien, je savais que ces gars sont des idiots, mais à ce point », avait-il dit.

« C’est vrai. Bien. Dans ce cas, pouvez-vous faire le nécessaire ? »

« Je vais demander à nouveau : est-ce que vous voulez vraiment arrêter ? Si vous ne répondez pas, alors laissez vos cartes de guilde derrière vous et partez. »

Les aventuriers blessés crièrent « DÉSOLE ! », la tête basse.

« Pourrais-tu leur pardonner ? »

« À une condition. »

« Laquelle ? Dis-le-moi. »

« Je veux une garantie que la guilde ne restera pas neutre si les autres aventuriers tentent encore quelque chose contre moi. »

« J’ai compris. S’ils te causent des problèmes, la guilde en prendra la responsabilité. »

« Alors, je n’ai plus rien à dire. »

***

Chapitre 6 : L’ours obtient une carte de guilde. Classe : Ours

Nous étions revenus de la zone d’entraînement et je leur avais demandé de me faire une carte de guilde. Helen, qui avait fini de s’occuper des aventuriers, était revenue à la réception. Je pouvais voir l’épuisement sur son visage. Ce n’était certainement pas ma faute, j’en étais sûre.

« Veuillez indiquer votre nom, votre date de naissance et votre classe. »

« Ma date de naissance ? »

« Oui, nous en avons besoin pour vérifier votre âge. »

« Ne puis-je pas vous dire quel âge j’ai ? »

« Si vous faites ça, votre carte de membre de la guilde ne sera pas mise à jour, même si votre anniversaire arrive. »

D’accord, si je leur disais juste mon âge, je finirais par avoir 18 ans pour toujours. Mais que ferais-je de ma date de naissance ? Ce monde devait avoir un calendrier différent de celui de la Terre, mais j’avais la compétence « Langue du monde fantaisiste », donc peut-être que ça ferait la conversion. Pour l’instant, j’avais inscrit mon nom en japonais et la date de ma naissance au Japon selon le calendrier occidental.

« Vous avez donc quinze ans, Mme Yuna ? » dit Helen.

Ça avait marché ! Il fallait l’attribuer au genre fantastique. Je devais ensuite remplir la colonne de la classe.

« Ma classe ? »

« Elle sera référencée pour le recrutement des compagnons et les quêtes limitées. »

« Compagnon ? »

Je n’avais pas seulement réagi au mot « compagnon » parce que je suis une solitaire, remarquez bien. J’avais vraiment des amis. Mais pas… beaucoup.

Quand je jouais à ce jeu, j’étais une magicienne épéiste. C’était le choix optimal pour le type de jeu solo que je préférais. Cela me donnait de bonnes options pour gérer les ennemis qui ne pouvaient pas être tués par des dommages physiques ou par la magie seule. Ce n’était pas vraiment populaire pour jouer dans un groupe, les épéistes faisaient de meilleurs dégâts en mêlée, et quand vous aviez besoin de magie, vous recrutiez simplement un sorcier. C’est pourquoi je n’avais jamais fini par rejoindre un groupe.

Ce n’était pas comme si personne ne m’avait jamais invitée.

« Je n’en ai pas besoin, alors je peux laisser ça en blanc ? »

« Ça vous aiderait si vous pouviez écrire quelque chose. »

« Umm. »

Ce n’était pas comme si j’étais une magicienne en ce moment, mais je devais écrire quelque chose. Quelle était ma classe actuelle ? Je ne pouvais pas utiliser la magie. Je n’avais pas d’épée. Étais-je une combattante ?

J’avais fait de mon mieux pour ignorer la voix qui semblait venir du ciel pour me dire : « Ta classe n’est-elle pas Ours ? »

Nom : Yuna

Date de naissance : Mois ** Jour ** Année 20**

Classe : Ours

J’avais fini par l’écrire. Helen regarda cela avec dégoût, mais je supposais qu’elle voulait en finir, puisqu’elle n’avait rien dit.

« Alors, s’il vous plaît, mettez votre main sur ce panneau de cristal. »

Il était identique à celui de la porte. Ces choses avaient soi-disant vérifié votre mana, ce qui m’avait fait revenir sur une question qui m’avait dérangée : la magie était-elle quelque chose d’unique à chaque personne, comme les empreintes digitales ? Pendant que je me posais la question, Helen fit fonctionner le panneau de cristal.

« Il faudra un certain temps pour que votre inscription soit validée, alors je vais vous expliquer comment fonctionne la guilde en attendant. Votre carte de guilde porte votre nom, votre âge et votre classe, ainsi que votre rang d’aventurier et le nombre de quêtes que vous avez acceptées. Vous y trouverez des informations sur chaque quête, le nombre de fois que vous avez réussi et le nombre de fois que vous avez échoué. Vos quêtes actuellement acceptées seront enregistrées. Ces informations sont accessibles à partir de n’importe quelle guilde. »

Bien, cela signifiait donc que le nombre de fois où j’avais échoué serait également enregistré. Après tout, personne ne voudrait engager un aventurier qui avait beaucoup échoué.

« Vous n’avez pas d’enregistrement pour le nombre de monstres que j’ai tués ou quelque chose comme ça ? »

« Non, nous n’en avons pas. Ça ne sert à rien. »

« Hein ? »

« Même si vous aviez apporté une gemme de mana comme trophée, on ne pourrait pas dire si vous l’avez battue vous-même ou si vous avez été aidé par une centaine de personnes. »

Donc les choses n’étaient pas automatiquement enregistrées comme dans le cas où vous auriez battu un monstre dans un jeu. Si dix mille personnes faisaient équipe pour combattre un dragon et que seule la personne qui avait donné le coup de grâce était récompensée pour avoir tué le dragon, les choses deviendraient vite moches. D’un autre côté, donner à dix mille personnes le titre de tueur de dragons n’avait pas non plus beaucoup de sens.

« Ensuite, je vais vous expliquer le classement dans la guilde. Les rangs commencent à partir de F, et vous passez ensuite à E, D, C, B, A et S. Vous augmentez votre rang en fonction de vos succès et de vos échecs tout en accomplissant des quêtes. Si vous avez beaucoup d’échecs, vous n’avancerez pas, alors, veuillez accepter les quêtes qui sont dans votre niveau de compétence. De plus, si vous continuez à accepter des quêtes du même rang que vous, vous n’augmenterez pas votre rang. »

« Pourquoi cela ? »

« Vous pouvez accepter des quêtes jusqu’à un rang supérieur au vôtre. De ce fait, peu importe le nombre de centaines de quêtes de rang F que vous acceptez, en tant que personne de rang F, vous ne monterez pas en grade. »

« En d’autres termes, si j’accomplis une quête d’un rang supérieur au mien, alors je monterai en grade ? »

« Le critère standard est d’accomplir plus de dix quêtes d’un rang supérieur au vôtre. Ensuite, la guilde prend la décision finale. »

« Que se passe-t-il si j’accomplis une quête en m’associant avec des gens d’un rang supérieur au mien ? »

« C’est une situation très spécifique à expliquer, mais quand vous entreprenez une quête, chacun doit présenter sa carte de guilde. Si quelqu’un avec un rang élevé fait partie du groupe, votre rang d’inspection augmente. »

« Ce qui veut dire ? »

« Le nombre de quêtes que vous devez accomplir augmente. Par exemple, si une personne de rang D devait accomplir des quêtes avec l’aide d’un aventurier de rang C, elle devrait alors accomplir plus de vingt quêtes pour atteindre le rang C. S’il reçoit l’aide d’un Rang S, il ne montera pas en grade, quel que soit le nombre de fois qu’il accomplit des quêtes. »

« Que se passe-t-il s’ils font ça en secret ? »

« La guilde ne peut rien y faire. Mais il est vrai qu’il y a des aristocrates qui utilisent la méthode dont vous avez parlé pour monter en grade. »

En d’autres termes, ils embauchaient un aventurier de haut rang pour les aider à monter en grade. Je m’étais dit qu’engager quelqu’un de haut rang prendrait plus d’argent que ce qu’un aventurier normal pourrait épargner.

« Et enfin, vous seul pouvez utiliser cette carte. Si vous la perdez, la réémission de la carte nécessitera des frais de traitement : dix pièces d’argent. »

Elle m’avait remis la carte en argent finie, je l’avais alors regardée.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Classe : Ours

Rang d’aventurier : F

C’était toute l’information qui s’y trouvait. Cette réceptionniste avait même écrit « Ours » pour ma classe. J’avais remarqué qu’Helen souriait.

« Les quêtes sont affichées sur ce tableau. Si vous y voyez une quête que vous aimeriez accepter, veuillez apporter la quête écrite à la réception. »

Le tableau qu’elle avait indiqué était entouré d’une petite foule, mais il y avait d’autres tableaux qui avaient été complètement ignorés.

« Et celui-là ? »

« Ce tableau a des quêtes de haut niveau. »

« Je vois. »

Fina se tenait dehors au moment où j’étais partie, l’air inquiète.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Fina ? »

« J’étais inquiète pour toi. »

« Oh, désolée de t’avoir fait peur. J’ai été enregistré, donc tout va bien. As-tu trouvé du travail ? »

« Il n’y en avait pas. La plupart des aventuriers avaient apporté leurs matériels déjà dépecés. Ils obtiennent plus d’argent de cette façon. Il n’y a pas beaucoup de monstres qui sont amenés intacts. »

« Vraiment ? »

Je ne voulais pas me salir les mains en dépeçant des monstres, et je ne me souciais pas de savoir s’ils étaient moins chers, alors j’avais l’intention de les apporter ici sans les dépecer. De toute façon, ce n’était pas comme si une ermite moderne comme moi pouvait abattre un animal ou un monstre en premier lieu.

J’avais donné une tape sur la tête à Fina et je pensais juste à me séparer d’elle pour fouiller la ville quand je m’étais arrêtée.

« Oh, au fait, Fina, tu n’as rien à faire ? »

« Je n’ai rien à faire. Il n’y a pas non plus de travail ailleurs aujourd’hui. »

« Et si tu me faisais visiter la ville aujourd’hui ? Je ne sais pas combien tu gagnes en une journée normalement, mais que dirais-tu d’une pièce d’argent et d’un déjeuner en guise de compensation ? »

« Tu m’as déjà trop payé hier, c’est trop généreux. Un enfant de dix ans ne peut pas gagner une pièce d’argent en une seule journée. »

« Alors aujourd’hui est un jour spécial. Et une fois que j’aurai fouillé la ville, ce travail aura disparu. »

Je lui avais donné une seconde tape sur la tête. Je n’avais jamais eu de petite sœur, mais je m’étais demandé si cela aurait été comme ça.

« Merci, Yuna. »

« Allons-y. Peux-tu commencer par me montrer le meilleur endroit où je peux aller pour acheter une arme ? »

***

Chapitre 7 : L’ours va dans une armurerie

Avant que Fina ne m’y conduise, j’avais vérifié mon statut. Mon coup de poing d’ours était plus fort, et j’avais vraiment l’impression d’avoir atteint un certain niveau.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 8

Compétences : Langue du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel de l’ours, identification de l’ours

Équipement

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

J’étais vraiment montée de niveau et j’avais aussi obtenu une autre nouvelle compétence bizarre.

Identification de l’ours

En regardant à travers les yeux de l’ours sur le capuchon du vêtement de l’ours, on peut voir les effets d’une arme ou d’un outil.

Il ne fonctionne pas sans la cagoule.

C’est une compétence suuuuuuuper utile, m’étais-je dit, mais pourquoi mon vêtement d’ours a-t-il obtenu des compétences alors que c’est moi qui l’ai obtenu !

Si je devais vivre dans ce monde, je devrais peut-être rester habillée en ours pour toute ma vie.

Fina m’avait conduite vers une armurerie.

« Quel genre d’arme vas-tu acheter, Yuna ? »

« Umm, je n’ai pas encore décidé, mais je pense que je veux au moins une épée et un couteau. »

« En fait, tu n’as pas d’arme, Yuna ? »

« J’en ai une. »

Le bâton de cyprès comptait bien comme une arme.

« Bien. Il est impossible que quelqu’un se balade dans les bois sans une arme. Dans ce cas, pourquoi vas-tu chez un armurier ? »

« Eh bien, c’est parce que je pourrais y trouver un vrai bijou, non ? Il pourrait y avoir une arme qui me plairait vraiment. Alors, dans quel genre d’armurerie allons-nous ? »

C’était ma « technique secrète » ! Quand je suis dans le pétrin, je détournais la conversation !

« C’est un magasin que dirige M. Gold. »

« M. Gold? »

« Il s’occupe des armes que la guilde possède. M. Gold m’a aussi donné mon couteau. »

« Il te l’a donné ? Il doit être gentil. »

« Il m’a dit, “Celui-ci est destiné au rebut, donc je te le laisse”, quand il me l’a donné. »

Est-ce une personne sentimentale? m’étais-je dit.

« Et quand il vient pour vérifier les armes que la guilde garde, il aiguise mon couteau parce qu’il “souhaite me le faire”. »

C’est vraiment un sentimental.

« C’est ici. »

Fina s’était arrêtée devant un bâtiment avec une effigie représentant une épée peinte accrochée à la porte. Ils ne vendent donc pas d’armure ici ?

J’avais entendu des bruits venant de l’intérieur alors que nous nous approchions et je m’étais demandé s’ils étaient en train de forger des choses en ce moment. Fina était entrée la première, et une petite fille l’avait saluée. Les « armureries » dans les jeux de fantaisie avaient tendance à se séparer et à s’allier avec des commerçants nains, alors je m’étais demandé si elle en était un. Ou si elle était simplement une enfant normale.

« Oh, bienvenue, Fina ! Es-tu venue pour faire aiguiser ton couteau ? »

« Non, j’ai amené Yuna ici aujourd’hui. Apparemment, elle veut une arme, alors je suis venue ici pour la présenter à M. Gold. »

« Oh, alors tu as amené un client. Merci. »

« Yuna, voici la femme de M. Gold, Mme Nelt. »

OK, c’est donc bien une naine ! m’étais-je dite un peu soulagée. Sinon, je l’aurais pris pour un pédophile.

« Viens-tu de me regarder bizarrement ? »

« Non, en fait, je me demandais si vous étiez une naine. »

« C’est effectivement le cas. N’avez-vous jamais vu un nain avant, par hasard ? »

« Non, c’est ma première fois. »

« Eh bien, je suppose que vous ne pouvez pas vous en empêcher. Vous avez un look assez particulier, mademoiselle. »

« Je m’appelle Yuna. Ravie de vous rencontrer. »

« Alors, quel genre d’arme voulez-vous ? »

« Je n’ai pas encore décidé, pourriez-vous me montrer ce que vous avez ? »

« Vous êtes donc une débutante ! Bien sûr que je peux. Mon mari a du travail à faire, il ne peut pas vous parler pour le moment, mais vous pouvez regarder autour de vous si vous avez du temps. »

Je pouvais entendre M. Gold frapper sur quelque chose à l’arrière. Je supposais que je n’avais pas besoin de le rencontrer, puisque j’allais juste acheter une épée. Mais Fina avait l’air déçue. Elle voulait probablement le voir.

Comme j’avais obtenu la permission de fouiller, j’avais inspecté les armes dans le magasin. J’avais essayé de trouver une épée à proximité. Elle… n’était pas lourde ? Je m’étais demandé si c’était à cause des gants d’ours. Pour le tester, j’avais enlevé un gant et j’avais essayé de le soulever à nouveau.

D’accord ! M’étais-je dite… Je ne peux vraiment pas tenir ce truc ! Je pouvais le soulever, mais c’était tout ce que je pouvais faire. Je n’avais même pas pu essayer de la balancer.

J’avais remis le gant d’ours et j’avais tenu l’épée. C’était léger…

Je n’allais pas pouvoir m’en sortir dans ce monde sans l’équipement de l’ours, hein ?

J’avais ensuite essayé l’identification des ours.

Épée de fer

Compétences : Aucune

J’avais essayé de vérifier les autres épées de la même manière.

Épée de fer

Compétences : Aucune

Épée de fer

Compétences : Aucune

Épée de fer

Compétences : Aucune

Elles étaient toutes identiques, mais variaient en forme et en longueur. Les épées sans pouvoirs magiques étaient probablement la norme. Elles ne se vendaient pas en dessous de la norme, mais je n’avais pas vu de joyaux cachés. S’il s’agissait d’un jeu ou d’un light novel, ils auraient eu une épée légendaire planquée dans un coin, toute rouillée et non reconnue, ou quelque chose comme ça.

Après toute l’agitation que j’avais faite pour l’obtenir, ma capacité d’identification était inutile. J’avais décidé d’arrêter les frais et j’avais choisi une épée qui semblait être facile à porter d’une seule main.

Épée de fer

Compétences : Aucune

« J’aimerais aussi regarder les couteaux. »

« Pour le travail de dépeçage ? »

« Bien sûr, un de ceux-là, mais j’aimerais aussi en avoir un jetable. »

Je voulais avoir quelque chose de mieux que des pierres à lancer si jamais la situation l’exigeait. Nelt m’avait montré un petit couteau.

« En avez-vous une centaine ? »

« En voulez-vous autant ? »

« Oui, et si vous n’en avez pas autant, je voudrais tous ceux que vous avez. »

« Nous en avons une centaine, mais donnez-moi un instant. Ils sont à l’arrière, je vais vous les apporter. Mais allez-vous vraiment en utiliser une centaine ? »

« Ils sont utiles pour vaincre les monstres. »

« Je sais que les couteaux de lancer sont bon marché, mais n’allez-vous pas un peu trop loin ? »

« Ils sont bon marché ? »

« Ils sont essentiellement jetables. Nous les fabriquons avec des restes de ferraille. Imaginez : vous combattez des monstres dans les bois. Vous pouvez frapper votre proie avec un couteau, mais il est tout aussi probable qu’il rebondisse, qu’il rate ou qu’il tombe après avoir été blessé. Vous ne voulez pas dépenser de l’argent réel pour quelque chose que vous ne pourrez peut-être pas récupérer ? C’est pourquoi je vous ai demandé tout à l’heure si c’était pour la boucherie. Bien sûr, nous avons aussi des couteaux pour la bataille. »

En tant qu’aventurière débutante, j’avais été heureuse qu’elle puisse m’expliquer les petits détails de cette industrie.

« J’aimerais aussi avoir un couteau de boucherie », lui avais-je dit.

« D’accord. »

Elle sortit un couteau qui semblait plus tranchant que les couteaux à lancer. Je n’en avais peut-être pas besoin, mais je n’avais pas l’impression que cela me causerait des problèmes si j’en avais, alors je l’avais acheté. J’avais sorti l’argent de mon gant d’ours blanc et Mme Nelt m’apporta les couteaux de l’arrière-salle en plusieurs fois.

« Alors, quand viendrez-vous les chercher ? »

« Je les ramène à la maison tout de suite. »

J’avais commencé à ranger les cent couteaux dans la gueule de l’ours. Pour finir, j’avais rangé l’épée et le couteau de boucherie.

« Est-ce que cette poupée ours est un sac sans fond ? »

Elle regardait l’ours, surprise.

« Un sac sans fond ? »

Je me penchais ma tête face à ce terme inconnu.

« Un sac sans fond est un sac sans fond. Ils ont chacun leurs propres restrictions, mais ce sont des sacs utiles dans lesquels on peut mettre des objets à transporter. Ils sont utiles pour les marchands et les forgerons comme nous, qui devons manipuler des bagages lourds. », dit-elle.

« Les sacs sans fond sont-ils rares ? »

« Vous ne le savez même pas ? »

« J’ai eu ça par l’une de mes connaissances. C’est pourquoi je n’en sais pas beaucoup sur le sujet. »

« Il y a des gens généreux dans le monde. Si vous me demandez, ils ne sont pas incroyablement rares. La valeur d’un sac sans fond dépend de la quantité de choses qu’il peut contenir. Il en existe de nombreux types, mais plus il peut contenir de choses, plus sa valeur est élevée. J’ai été surpris, car c’était la première fois que je voyais un sac sans fond qui avait la forme d’un ours comme le vôtre. »

Je m’étais demandé si cet ours avait une limite d’objets. Je m’étais demandé si cet ours pouvait manquer d’espace de stockage. Je m’étais dit que si jamais il manquait de place, je pourrais acheter un autre sac sans fond.

« Mais Yuna, si tu avais quelque chose d’utile comme ça, n’aurais-tu pas pu l’utiliser quand on ramenait les loups ? » demanda Fina.

« J’étais perdue, je m’étais embrouillée et j’ai oublié. »

J’avais essayé de trouver le meilleur mensonge possible. En fait, j’étais confuse, car je venais juste de changer de monde à ce moment-là.

Comme j’avais fini d’acheter l’épée, les couteaux de lancer et le couteau de boucherie, je quittais l’armurerie. J’avais ensuite besoin de nouveaux sous-vêtements.

***

Chapitre 8 : L’ours fait du shopping

« Quel genre de vêtements veux-tu ? »

« Pour l’instant, des choses que je peux porter sous ces vêtements. »

J’avais mis mon pyjama d’ours. Je portais bien des sous-vêtements en dessous, mais je voulais au moins une chemise.

« Dans ce cas… il y a un magasin cher et un autre pas cher. »

« Les deux sont bien, mais en quoi sont-ils différents ? »

« La boutique la plus chère a des vêtements que portent les aristocrates. Je n’y suis pas allée avant, mais les prix sont élevés, ils semblent donc bien faits. Le magasin le moins cher vend des choses à des prix qui permettent aux habitants normaux d’acheter des vêtements. Et il y a aussi des magasins qui vendent des vêtements d’occasion. Il y a parfois de bonnes trouvailles, alors j’aime bien y jeter un coup d’œil. Lequel aimerais-tu ? »

Personnellement, ça ne m’aurait pas dérangée d’aller dans le magasin le plus cher, mais quand Fina m’avait décrit le magasin le plus cher, elle n’avait pas semblé très positive à ce sujet. Je m’étais mise à réfléchir.

Y avait-il un problème quelconque ? Était-il sélectif à l’égard de leurs clients ? Vu mon apparence, il y avait une chance qu’ils ne me laissent pas entrer.

Peut-être que le magasin normal était le meilleur. Cette fois-ci, je passerais sur le magasin d’occasion.

« Pour l’instant, pourrais-tu m’emmener dans le magasin normal ? J’envisagerai d’aller dans les autres magasins plus tard. »

Fina m’avait conduite là où je le lui avais demandé. Une femme d’une vingtaine d’années nous avait accueillis à l’intérieur. Quand elle avait vu mes vêtements, elle eut un air choqué pendant un moment, mais elle était immédiatement revenue nous sourire.

« Bienvenue. Quel genre de vêtements cherchez-vous aujourd’hui ? »

« Juste des sous-vêtements et des vêtements. »

« Les sous-vêtements sont là-bas, à l’arrière. En fait, nous n’avons pas de vêtements similaires à ceux que vous portez… »

« C’est bon. »

Comme si je voulais d’autres tenues de ce genre !

J’avais laissé l’employée où elle était et j’étais allée avec Fina à l’arrière. Les sous-vêtements étaient les premières choses visible —, j’avais besoin monter de niveau par rapport à la culotte d’ours. Ensuite, avec l’aide de Fina, j’avais acheté une chemise que je pouvais porter sous le pyjama, et quelques vêtements ordinaires et sans importance pour le reste du temps.

« Merci, Fina. »

« Pas de quoi. Je suis contente que tu aies trouvé quelque chose à acheter. Que veux-tu faire ensuite ? »

« Peut-être qu’on pourrait aller à la librairie ou à la bibliothèque ? Y en a-t-il dans cette ville ? »

« Nous avons une librairie, mais pas de bibliothèque. Mais j’ai l’impression d’avoir entendu un aventurier dire qu’il y en a une dans la capitale. »

« Alors je suppose qu’on va aller à la librairie. Mais avant ça, déjeunons. As-tu un endroit que tu me recommandes ? »

« Umm, est-ce que ça te conviendra ? »

« Oui. »

« Dans ce cas, j’aimerais manger là où tu habites. J’ai entendu dire que c’est très bon. »

« À l’auberge ? »

« Oui, des invités de l’extérieur de la guilde viennent à cette heure de la journée, car les aventuriers qui y séjournent sont généralement dehors pour travailler. »

« Je n’en avais aucune idée. Dans ce cas, allons-y. »

Fina était visiblement ravie à l’idée de déjeuner à l’auberge au moment de notre retour. Quand nous étions arrivés à l’auberge, elle était pleine de clients. Un délicieux arôme flottait dans l’air. Elena, qui transportait un lots de plats, nous avait remarqués à l’entrée.

« Bienvenue. Oh, Mme Yuna ! Vous êtes déjà rentrée ? », dit-elle.

« Pour le déjeuner », lui avais-je dit.

« Il y a un supplément pour le déjeuner. »

« C’est bien. Dans ce cas, avez-vous deux places libres ? »

« En fait, on est complètement complet en ce moment. Je pense que les sièges vont se libérer dans un moment. »

« Pouvez-vous préparer les repas immédiatement ? »

« Oui, on peut le faire. Tout est presque prêt. »

« Dans ce cas, pourrait-on manger dans ma chambre ? »

« Oui, pas de problème. »

« On va s’occuper de nos commandes. Fina, tu peux avoir tout ce que tu veux. »

« Es-tu sûre ? » dit Fina. Elle semblait très hésitante.

« C’est bon. Une fois que nous aurons fini de manger, je vais te demander de m’emmener à la librairie en compensation. »

« Merci beaucoup. Dans ce cas… »

Après avoir attendu un moment dans ma chambre, Elena monta notre déjeuner. Je lui avais pris le plateau. Le contenu des assiettes était encore fumant. Elles avaient l’air délicieuses.

« Une fois que vous aurez fini, ce serait tellement bien si vous pouviez descendre les assiettes. »

« J’ai compris. Je les apporterai quand on aura fini. »

« Désolée de vous demander ça, mais je vous en serais très reconnaissante. »

Nous mettons nos repas côte à côte sur la table. Il y avait du pain moelleux, de la viande et même une salade. Je me demande s’il y a du riz dans ce monde, m’étais-je dit. Ce n’est que mon deuxième jour, alors je vais me débrouiller… mais je suis japonaise, alors le riz, la sauce soja et le miso vont me manquer.

« Fina. Et si on mangeait pendant que c’est chaud ? »

« Oui ! »

Fina avait joyeusement pris le pain.

« Le pain est si tendre. La viande est aussi délicieuse. »

« Oui, c’est bon. »

La main de Fina s’était arrêtée alors qu’elle mangeait.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Hum. »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Pourrais-je emporter la moitié de ce repas à la maison ? »

« Pourquoi ? »

« J’ai une petite sœur à la maison. J’aimerais la partager avec elle et maman. », dit-elle en regardant sa nourriture à moitié touchée.

Aww.

« C’est d’accord. Mais mange ça. Je vais en commander deux — non, trois autres plus tard, comme ça tu pourras les ramener à la maison. »

« Vraiment ? »

« Aujourd’hui, c’est spécial. Mais je ne le ferai pas demain, alors ne t’inquiète pas. »

« OK. Merci, Yuna. »

Après avoir fini notre repas, j’avais apporté les assiettes vides à Elena et j’avais commandé trois portions pour le dîner. Le ventre plein, nous nous étions dirigés vers la librairie, qui semblait être dans la direction opposée à celle de l’armurerie. Comme d’habitude, j’avais essayé de ne pas me soucier du regard des passants pendant que nous y allions. J’avais pensé à mettre les vêtements que j’avais achetés, mais je m’étais souvenue de ce qui s’était passé à la guilde. Jusqu’à ce que je sois parfaitement sûre d’être en sécurité, je n’enlèverais pas l’équipement de l’ours.

Au moment où nous étions arrivés à la librairie, l’intérieur était à moitié enterré dans un tas de marchandises. Les livres qui ne tenaient pas sur les étagères étaient empilés sur le sol comme une chaîne de montagnes. Ce serait une sacrée entreprise que de les parcourir tous.

« Bienvenue », nous cria une petite vieille dame.

« Madame, n’allez-vous pas les ranger ? »

« Oh, je sais où sont les choses. C’est bien. S’il y a un livre que vous voulez, faites-le-moi savoir. »

« Vraiment ? Dans ce cas, je voudrais un bestiaire et quelque chose sur la magie, et ça serait utile si vous aviez des cartes. »

« S’il vous plaît, donnez-moi un instant. »

La petite vieille s’était dirigée vers l’arrière de la boutique. Au bout d’un moment, elle était réapparue avec des livres.

« Ce sont des bestiaires. » Elle m’avait tendu deux livres. « Celui-ci parle des monstres communs. Celui-là parle des monstres légendaires. Je suppose que vous n’avez pas besoin de celui-ci ? »

« J’aimerais les deux. »

« Je vois. Et c’est le seul grimoire que nous avons en stock. J’ai bien peur qu’il soit pour les débutants. »

« J’aimerais bien celui-là aussi. »

« Je n’ai que des cartes pour les environs immédiats de cette ville. Vous ne pourrez pas en avoir de meilleures sans aller à la capitale. »

Elle m’avait donné une seule feuille de papier.

« Ça me convient. »

J’avais payé et j’étais partie. Je m’attendais à ce que cela prenne beaucoup plus de temps, mais nous avions terminé en quelques minutes grâce à la petite vieille et à sa mémoire étonnamment bonne. Et avec l’achat des livres, j’avais atteint tous mes objectifs de base.

« Yuna, que veux-tu faire ensuite ? »

J’avais hésité avant de répondre.

« Bien. Grâce à toi, j’ai eu tout ce que je voulais, alors je vais lire les livres à l’auberge. En plus, tu es sûrement fatiguée après avoir marché partout, non ? »

Je n’étais pas fatiguée à cause des chaussures d’ours, mais sans elles, j’aurais probablement été lessivée à l’armurerie et je me serais effondrée, vu mon endurance limitée.

« Je vais tout à fait bien. »

Fina se portait à merveille. Elle était tout le contraire d’une grabataire comme moi, bien sûr.

« Alors, qu’est-ce que tu vas faire, Fina ? »

« Il est tôt, mais je vais rentrer chez moi après avoir pris les repas de Mme Elena. »

« Très bien, alors voici ton paiement pour aujourd’hui. »

Je lui avais donné une pièce d’argent.

« Tu es sûre ? Tu m’as même commandé à dîner. »

« Comme je l’ai dit, c’est juste pour aujourd’hui. »

« Merci, Yuna ! »

Une fois à l’auberge, je m’étais séparée de Fina, et comme j’avais le temps jusqu’au dîner, j’étais retournée dans ma chambre seule. J’avais sorti les livres et la carte de ma réserve d’ours.

J’avais d’abord jeté un coup d’œil à la carte. Voici donc le bois où j’avais commencé, pensais-je. Il y avait des bois un peu à l’écart de la ville. Si vous suiviez le chemin qui les traversait jusqu’à l’autre côté, il semblerait que c’était là que se trouvait la capitale. Je ne pouvais pas vraiment dire à quelle distance c’était sans connaître l’échelle de la carte, mais c’était probablement un bon point de départ.

Peut-être que ce serait bien si je me dirigeais ensuite vers la capitale ? M’étais-je dite. On aurait dit qu’il y avait quelques villages aux alentours. J’avais mémorisé les endroits importants, en pensant avec nostalgie que ce serait bien si j’avais une carte plus détaillée. L’autocartographie de WFO aurait été utile.

J’avais ensuite sorti le grimoire. Il s’intitulait « La magie de la classe débutante ». Je m’étais demandé s’il y avait des livres de niveau intermédiaire et avancé, et si oui, si je pouvais en prendre des exemplaires dans la capitale. Je feuilletais les pages. Uh-huh. ok, ok, je vois.

« Je suppose que je vais essayer. D’abord, je collecte le mana. »

J’avais essayé de le faire avec les mêmes mouvements que j’utilisais dans WFO. Dans le jeu, je rassemblais du mana dans mes mains, et quand je récitais un sort, il s’activait. Si je rassemblais du mana dans ma main droite, je pouvais y invoquer la magie, ou je pouvais le rassembler et l’invoquer dans ma main gauche. Un ami ambidextre d’un ami avait acquis une certaine notoriété dans la communauté pour avoir bien utilisé la magie avec ses deux mains. Quant à moi ? J’étais droitière, alors je collectais mon mana dans ma main droite et je chantais le sort.

« Lumière. »

Je ne pouvais pas m’empêcher de prêter plus d’attention à la forme de la boule de lumière qui flottait dans ma main ouverte qu’à la sensation d’utiliser la magie. C’était sans aucun doute une boule de lumière, mais ce n’était pas une sphère. Elle avait la forme d’une tête d’ours.

J’avais un mauvais pressentiment. J’ouvris alors mon menu d’état.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 8

Compétences : Langue du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel de l’ours, identification de l’ours

Magie : la lumière de l’ours

Équipement

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Les sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

J’avais maintenant un onglet supplémentaire pour la magie qui était séparé de mes compétences.

Lumière de l’ours

Le mana recueilli dans le gant d’ours crée une lumière en forme d’ours.

Je m’étais demandé : si le gant d’ours était mentionné, cela signifie-t-il que je ne pouvais pas utiliser cette magie sans lui ? Afin de le tester, j’avais enlevé le gant et j’avais essayé d’invoquer la magie de la lumière comme précédemment. Comme je le pensais, aucune lumière n’était apparue.

Je ne faisais qu’un avec l’ours.

J’avais remis les gants de l’ours, avec leurs yeux ronds dans ma direction. Je voulais pratiquer la magie d’attaque, mais je ne pouvais évidemment pas le faire dans l’auberge. J’avais décidé de lire le livre de magie et d’apprendre ce que je pouvais pour aujourd’hui.

Quand le dîner arriva, j’étais retournée au rez-de-chaussée et j’avais pris un bon repas. Je m’étais mise dans le bain, je m’étais changée avant de mettre le pyjama et j’avais rampé dans le lit pour évacuer l’épuisement de cette journée.

« Bonne nuit. »

***

Chapitre 9 : Fina et l’ours I

Les médicaments de maman étaient épuisés, et je n’avais pas assez d’argent pour en acheter d’autres.

Je vivais avec ma mère et ma sœur, qui avait trois ans de moins que moi. Je n’avais pas de père. Apparemment, il était mort alors que ma sœur était encore dans le ventre de ma mère. Je ne me souvenais pas vraiment de lui.

Maman ne pouvait pas bouger, car elle était malade. J’essayais de travailler à sa place et de faire le meilleur travail possible, mais je ne pouvais pas faire grand-chose, puisque je n’avais que dix ans. Parfois, M. Gentz me laissait l’aider à faire du dépeçage à la guilde. Apparemment, ma mère était amie avec M. Gentz.

Il était toujours gentil avec nous. Il nous avait donné des médicaments qui avaient vraiment aidé ma mère tout à l’heure.

Et avant ça, aussi…

Je ne pouvais pas l’obliger à prendre soin de nous plus qu’il ne l’avait déjà fait. La seule chose que je pouvais faire était d’aller à l’extérieur de la ville pour cueillir des herbes qui seraient des médicaments pour ma mère malade. J’avais vu les herbes tout le temps à la guilde. Je savais combien de sortes il y en avait.

J’étais sortie de la ville et j’étais allée directement dans les bois, où se trouvaient les herbes. Il y avait des monstres au fond des bois, alors j’avais décidé de chercher à l’orée de la forêt. Je n’en avais pas vraiment trouvé, j’avais donc décidé d’aller un peu plus loin, et j’en avais trouvé !

Mais j’étais tellement occupée à cueillir des herbes que je n’avais pas remarqué les loups qui m’entouraient. Je ne pouvais pas les battre. J’avais couru jusqu’à ce que mes jambes se mettent à trembler, et je n’avais pas pu aller plus loin.

« Quelqu’un, à l’aide… »

Les loups s’approchèrent. Juste au moment où je pensais que j’étais foutue, les trois loups crièrent et tombèrent. Tout s’était passé en une seconde.

Comment ?

Une personne en vêtements sombres était sortie des bois. Pour une raison inconnue, elle était habillée comme un ours.

Il m’avait demandé : « Ça va ? »

« Merci… ? »

« Pourquoi était-ce une question ? »

La personne qui m’avait sauvée était une fille dans une jolie tenue d’ours.

« Est-ce que vous allez me manger ? »

« Je ne le ferai pas. »

« Êtes-vous un ours ? »

La fille dans la jolie tenue d’ours répondit à ma question encore plus bizarre en enlevant le capuchon sur sa tête. Ses longs et jolis cheveux étaient tombés de son capuchon et je m’étais retrouvée à sourire. Je pense que c’était parce que j’étais soulagée.

La fille dans la tenue d’ours s’appelait Yuna, c’était une jolie fille avec de longs cheveux noirs. Je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi joli avant. Apparemment, elle venait d’un autre pays et s’était perdue dans les bois. J’étais si reconnaissante que nous nous soyons rencontrés. Pour la remercier de m’avoir sauvée, je l’avais conduite en ville.

Elle avait commencé à marcher, mais je lui avais dit d’attendre. « S’il vous plaît — nous pourrions vendre la viande et les peaux de loup, et la viande était si bonne. » Quand je lui avais expliqué cela, Yuna me dit qu’elle ne savait pas comment les dépecer. Peut-être qu’elle venait d’une famille noble lointaine. Je pouvais le comprendre après avoir vu comme elle était belle sous le capuchon de l’ours. Alors, avec sa permission, j’avais dépecé les loups. Yuna m’avait dit qu’elle me donnerait la moitié de l’argent de la vente, et que cela paierait la nourriture pour les jours à venir.

Il semblerait qu’il y ait beaucoup de choses que Yuna ne savait pas. Elle me posait beaucoup de questions. Elle devait vraiment être la fille d’un aristocrate.

Nous étions allées en ville, j’avais eu des ennuis avec M. Gentz car je l’avais inquiété. Nous avions vendu les peaux et la viande après que j’en ai pris une part qui ne devait pas être mauvaise. Bien sûr, j’avais obtenu de Yuna la permission de ramener la viande chez moi. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de viande.

J’étais reconnaissante envers Yuna.

J’avais essayé de donner à Yuna la moitié de l’argent, mais elle ne l’avait pas pris. Elle m’avait demandé de l’emmener dans une auberge, et je l’avais remerciée. J’avais ensuite fait comme elle l’avait demandé. L’auberge était entre la guilde et ma maison. Elle sentait toujours bon quand c’était l’heure du repas, et elle avait une bonne réputation.

Nous avions attiré beaucoup l’attention sur le chemin de l’auberge. Les vêtements de Yuna étaient bizarres, non ? Je regarderais certainement quelqu’un portant des vêtements bizarres comme ça s’il se promenait en ville. J’étais un peu gênée, mais Yuna m’avait sauvé la vie et elle m’avait demandé de l’aide. Ce n’était rien.

Je l’avais emmenée à l’auberge, lui dit merci. J’étais ensuite rentrée chez moi. J’avais fait un médicament à partir des herbes. Je n’étais pas une spécialiste, donc je ne pouvais pas faire des médicaments de haute qualité, mais cela pouvait éloigner un peu la maladie de ma mère. Pour la première fois depuis longtemps, nous avions eu un repas copieux avec de la viande, et j’avais encore de l’argent. Je pense que je pourrai acheter quelque chose de nutritif demain.

Je suis vraiment reconnaissante envers Yuna.

Je m’étais réveillée très tôt le lendemain et, comme d’habitude, j’étais allée à la guilde et j’avais demandé s’ils avaient du travail de dépeçage. L’auberge où j’avais emmené Yuna était sur le chemin. Je voulais la remercier encore une fois, mais je m’étais dit que cela pourrait être gênant si j’entrais. Puis un ours noir était sorti. C’était Yuna.

Apparemment, Yuna allait à la guilde pour faire une identification. J’y allais aussi, alors nous y étions allés ensemble. J’avais voulu lui tenir la main, mais je m’étais empêchée de le faire. Les gants de l’ours avaient l’air si doux. J’avais envie de les toucher un jour.

Quand nous étions arrivés à la guilde, j’avais laissé Yuna pour aller voir M. Gentz, mais il n’y avait pas de travail pour moi. Je pensais abandonner et rentrer chez moi, mais il y avait de l’agitation dans la guilde. D’après les voix que j’avais entendues, Yuna et les aventuriers allaient se battre.

Comment cela s’était-il passé ? J’avais couru vers la zone d’entraînement en toute hâte, mais Yuna était venue vers moi, souriante. Elle m’avait demandé d’emprunter mon couteau, alors je lui avais prêté. Je n’avais pas de raison de refuser.

La bataille avait commencé. Yuna avait gagné. Son coup de poing d’ours était génial. Elle n’avait même pas eu besoin du couteau. Quand le match s’était terminé, elle l’avait rendu.

J’étais inquiète, alors j’avais attendu dehors pendant qu’elle recevait sa carte de guilde. Cette fois, elle était sortie sans problème. J’étais contente. Quand j’avais dit à Yuna qu’il n’y avait pas de travail aujourd’hui, elle m’avait demandé de lui faire visiter la ville, et elle avait dit qu’elle me donnerait une récompense.

D’abord, nous étions allés à l’armurerie. Yuna acheta une épée et une centaine de couteaux. Elle était riche, apparemment, et il semblerait qu’un de ses gants d’ours soit un sac sans fond. J’étais choquée.

Ensuite, nous étions allés au magasin de vêtements. Je me demandais si Yuna n’avait aucun sens de la mode. Elle m’avait demandé de choisir des vêtements pour elle. Je trouvais ces vêtements d’ours très mignons, mais peut-être qu’elle allait arrêter de les porter. Après ça, c’était l’heure du déjeuner. Elle m’avait dit que je pouvais choisir l’endroit où nous mangerions, je lui avais alors dit que je voulais manger à l’auberge où je l’avais emmenée. C’était vraiment bon. Elle avait même commandé le dîner pour ma mère et ma sœur.

Finalement, nous étions allées à la librairie. Elle avait choisi quelques livres, et puis j’avais fini de la guider pour la journée. C’était fini beaucoup plus vite que je ne l’avais prévu.

Yuna était retournée à l’auberge pour lire ses livres. Je n’avais rien d’autre à faire pour la soirée, alors j’étais allée chercher le dîner à l’auberge et j’avais décidé de rentrer tôt. Ma mère et ma sœur étaient vraiment heureuses.

J’espère que ce sera aussi amusant demain.

***

Chapitre 10 : L’ours pratique la magie

Je m’étais réveillée tôt et j’avais quitté la ville après le petit déjeuner. J’allais pratiquer la magie que je ne pouvais pas essayer à l’auberge.

Le gardien de la porte s’était éloigné de son poste pour me saluer. J’étais presque sûre que c’était le type qui m’avait aidée il y a quelques jours quand j’étais arrivée en ville.

« Oh, mademoiselle dans les vêtements bizarres de la dernière fois, allez-vous sortir ? », m’a-t-il dit

« Oui. Voici ma carte de guilde. »

Je lui avais montré ma carte de guilde et l’avais tenue au-dessus du panneau de cristal, comme si je devais le faire même quand je sortais de ville. Cette porte était la seule entrée ou sortie que je connaissais, personne n’entrait ou ne sortait sans faire vérifier son casier judiciaire.

« On dirait que vous êtes devenue une aventurière. C’est quoi cette classe ? Ours ? », dit-il en regardant ma carte.

« Ignorez ça. »

« Eh bien, ce n’est pas mal. »

En disant cela, il m’avait donné une tape sur ma tête à capuche.

« Whoa, c’est vraiment agréable à toucher. »

« Pouvez-vous arrêter ça ? »

J’avais repoussé sa main.

« Oui, désolé. C’est dangereux dehors, alors faites attention. »

« Je vais juste pratiquer un peu de magie dehors. »

« Je vois. Tant que vous ne vous approcherez pas des bois, vous ne serez pas attaqué par des monstres, sauf si une meute erre dans un coin, mais ce n’est pas habituel. »

« OK, j’ai compris. »

J’avais repris ma carte de guilde, quitté la ville, et marché jusqu’à ce que je sois sûre d’avoir trouvé un bel endroit vide. J’essayais d’abord la magie de l’amélioration physique qui était écrite dans le livre. Ce n’était pas si difficile. J’avais juste besoin de laisser le mana parcourir tout mon corps.

Dans WFO, ce genre de buff était utilisé par les tanks de mêlée purs et les classes DPS. Ça ne durait pas longtemps, mais c’était une tactique populaire pour augmenter les dégâts. J’avais essayé la circulation de mana, puis j’avais sprinté un peu pour la tester. Tout s’était brouillé autour de moi avant que je ne m’arrête en dérapant. J’avais essayé de sauter.

« Ahhhhhhhh ! »

J’avais fait un saut de dix mètres sans même essayer de forcer. Quand j’avais atterri, ça n’avait pas fait mal. Était-ce à cause de l’amélioration physique ? J’avais essayé de tester toutes sortes de choses, avec et sans amélioration physique. Je m’étais précipitée, j’avais sauté, j’avais donné un coup de poing d’ours et un coup de pied d’ours. Ma puissance avait définitivement augmenté.

J’avais vérifié mon écran d’état.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 8

Compétences : Langage du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel des ours, identification de l’ours

Magie : la lumière de l’ours, l’amélioration physique de l’ours

Équipement

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Les sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

… amélioration physique de l’ours ?

Ours?

Amélioration physique de l’ours

En acheminant le mana à travers l’équipement de l’ours, il est possible de l’améliorer physiquement.

J’avais fermé l’écran d’état en silence, en faisant semblant de ne pas l’avoir vu, et j’avais décidé de chercher un endroit où je pourrais pratiquer la magie d’attaque. J’avais fini par me rapprocher de la lisière de la forêt.

La méthode dans laquelle vous deviez utiliser la magie dans ce monde était…

1) Rassemblez votre mana.

2) Créez une image de la magie que vous voulez utiliser.

3) Invoquez le sort.

Dans le jeu, vous deviez…

1) Rassemblez votre mana.

2) Invoquez le sort.

C’était plus facile dans le jeu, car tout ce que vous faisiez était de recueillir votre mana et de réciter l’incantation. Je rassemblais mon mana et je pouvais invoquer ma magie en incantant simplement « Feu ».

Dans ce monde, j’avais besoin d’une image de quelque chose. Mais en tant que personne ayant lu une tonne de romans et de manga, et joue à toutes sortes de jeux, j’avais un répertoire abondant d’images mentales dans lequel je pouvais puiser. J’avais rassemblé mon mana dans mes mains, en imaginant une boule de feu flamboyante.

« Boule de feu. »

Là, je m’étais dit que c’était facile. Le gant d’ours tenait une boule de feu dans sa bouche. Elle n’était pas chaude. J’avais tendu le bras, en l’imaginant bondir. Ma cible était un rocher à une dizaine de mètres devant moi. La boule de feu était sortie du gant de l’ours et avait pénétré dans le rocher, le démolissant.

Juste pour voir si je pouvais le faire, j’avais rassemblé mon mana et j’avais imaginé la boule de feu. Elle avait pris forme comme avant. J’avais confirmé que je pouvais le faire sans incantation. Cependant, il était plus facile de l’imaginer lorsque je criais « Boule de feu » avec ma bouche, et elle était plus rapide à invoquer. Il fallait une incantation pour invoquer la magie dans le jeu, et il était plus facile d’invoquer la magie dans ce monde en criant l’incantation.

Ensuite, j’avais essayé d’utiliser la magie de l’eau.

« Boule d’eau. »

Tout comme avant, une boule d’eau avait pris forme dans le poing de l’ours. J’avais visé un autre rocher et je l’avais relâché. Ma cible s’était brisée, mais de façon beaucoup moins spectaculaire que le dernier rocher. Dans ce cas, je m’étais dit que je pourrais d’abord essayer de geler l’eau. J’avais imaginé que la masse d’eau devenait dure et vive et j’avais tiré une autre fois sur le rocher. Des flèches de glace s’envolaient de ma main gantée et le réduisaient en éclats.

Je ne pouvais pas utiliser le feu dans les bois, donc la glace était utile. Si j’avais du feu et de l’eau, je suppose qu’essayer le vent et la terre aurait du sens. J’avais enroulé le vent autour de ma main.

« Lame de vent. »

J’avais laissé la lame de vent partir et je l’avais regardée couper le prochain bloc en deux. Très bien, m’étais-je dit, il ne me reste plus que la magie de la terre. Tout le temps que j’avais passé à jouer me disait que c’était le genre de chose qu’on utilisait pour faire apparaître un mur entre l’ennemi et soi.

J’avais recueilli du mana dans l’ours et j’avais posé ma main sur le sol, en imaginant un mur qui se rapprochait.

« Bouclier terrestre. »

La terre s’était élevée en un mur. Je ne savais pas à quel point il était durable, mais il était là. Avec cela, j’avais conquis les quatre éléments, le feu, l’eau, le vent et la terre. J’avais vérifié mon statut.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 8

Compétences : Langage du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel des ours, identification de l’ours

Magie : lumière de l’ours, amélioration physique de l’ours, magie du feu de l’ours, magie de l’eau de l’ours, magie du vent de l’ours, magie de la terre de l’ours

Équipement

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

Bien sûr, tout cela était arrivé avec des pouvoirs de l’ours attachés.

Magie du feu d’ours

Basée sur le mana qui est recueilli dans le gant d’ours, donne la possibilité d’utiliser la magie élémentaire du feu.

La puissance est proportionnelle au mana et à l’image mentale.

En imaginant un ours, la puissance augmente encore plus.

Magie de l’eau de l’ours

Basée sur le mana qui est recueilli dans le gant d’ours, donne la possibilité d’utiliser la magie élémentaire de l’eau.

La puissance est proportionnelle au mana et à l’image mentale.

En imaginant un ours, la puissance augmente encore plus.

Magie du vent de l’ours

Basée sur le mana qui est recueilli dans le gant d’ours, donne la possibilité d’utiliser la magie élémentaire du vent.

La puissance est proportionnelle au mana et à l’image mentale.

En imaginant un ours, la puissance augmente encore plus.

Magie de la terre de l’ours

Basée sur le mana qui est recueilli dans le gant d’ours, donne la possibilité d’utiliser la magie élémentaire de la terre.

La puissance est proportionnelle au mana et à l’image mentale.

En imaginant un ours, la puissance augmente encore plus.

En bref, si je n’avais pas la tenue d’ours, je ne pourrais pas utiliser la magie. OK, pensais-je, je crois que j’ai maintenant compris. J’avais déjà renoncé à me débarrasser de ces choses, mais il y avait une partie qui me dérangeait.

Quand on imagine un ours, le pouvoir augmente encore plus.

Dans un esprit de recherche scientifique, j’avais imaginé des flammes en forme d’ours. Un ours rouge vif et flamboyant était apparu devant moi.

« Uhh. »

Pour l’instant, j’avais laissé l’ours se déplacer sur un rocher géant. Celui-ci avait rapidement fondu.

Je ne voulais pas allumer un feu de forêt, alors j’avais versé de l’eau dessus pour le maîtriser, mais le feu ne s’était pas éteint quand j’avais utilisé de l’eau normale. J’avais fait apparaître un ours aquatique qui s’était jeté sur la mare de lave en train de se répandre, la refroidissant jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des carex brûlés, de la vapeur et une roche beaucoup plus plate.

C’était dangereux — vraiment dangereux.

Après m’être reposée un moment, j’avais entendu quelque chose séparer la végétation dans les bois, et un loup tout seul était apparu. En d’autres termes, j’avais un nouveau mannequin d’entraînement.

Je brûlerais probablement les bois si j’utilisais une boule de feu, alors j’avais rassemblé mon mana et j’avais imaginé un tesson de glace taillé au rasoir, et la façon dont la lumière se diffuserait en forme d’arc-en-ciel à cette heure de la journée.

« Flèche de glace. »

Elle s’était logée dans la tête du loup, celui-ci avait cessé de bouger. Ce costume d’ours était vraiment arrivé avec l’aimbot le plus cassé qui soit (NdT Un Aimbot est un petit programme utilisé par les joueurs [essentiellement de FPS en ligne] qui utilise les données reçues par le client du jeu pour localiser les autres joueurs, déterminer leur position, et ainsi faciliter la visée). Bien sûr, la même chose s’était produite avec les rochers plus tôt, mais ce n’était pas des cibles mobiles. Maintenant je savais que tant que je pouvais viser, je touchais.

Cela ne me dérangeait pas. C’était utile.

Je m’étais approchée du loup et j’avais mis sa carcasse dans mon entrepôt d’ours pour la vendre plus tard à Gentz.

« Les loups, hein… »

Dans WFO, les loups étaient généralement des meutes destinées aux joueurs débutants pour leur permettre de se faire les dents. J’avais légèrement hésité avant de décider de m’enfoncer plus profondément dans les bois, en faisant passer du mana dans mes chaussures pour que je puisse sprinter et sauter sans me soucier de l’endroit ou de la façon dont j’atterrissais. Cet équipement d’ours était bien trop pratique ! Je pourrais utiliser ma nouvelle vitesse et ma verticalité pour chercher des loups.

À mi-chemin du saut, j’avais remarqué une meute dans les broussailles en dessous de moi.

« Je me demande si c’est trop. »

Si je ne pouvais pas les gérer, je pouvais juste m’enfuir. Je m’étais laissé tomber au milieu d’eux, en lançant trois flèches de glace qui avaient percé trois têtes de loup. Il semblerait que je pouvais très bien en gérer trois à la fois.

« Bouclier terrestre. »

J’avais immédiatement dressé un mur, et les loups devant moi l’avaient heurté. À ce moment, un autre loup avait sauté d’un rocher, les mâchoires claquant.

« Coup de poing de l’ours ! »

Le loup était parti au large. Un autre loup chargea, je lui donnais un autre coup de poing d’ours qui le fit s’envoler. Il n’y avait aucun doute que la puissance de mon coup de poing d’ours s’était accrue. J’avais créé assez de distance pour recommencer à utiliser la magie.

« Lame de vent. »

J’avais coupé en deux le loup le plus proche, et une pluie de sang vola dans l’air.

Oui, me suis-je dit, ça ne semble pas si génial. Ça marchait comme un jeu, mais c’était réel, n’est-ce pas ? J’avais décidé de ne plus utiliser la lame de vent. Peut-être que les battre avec de la glace était mieux ?

Je m’étais dit qu’il faudrait bien que je m’y habitue un jour. J’allais penser aux choses désagréables plus tard. Aujourd’hui, je me consacrais à la pratique de la magie. Il y avait encore des loups autour de moi, après tout.

Je sautais haut et j’imaginais autant de flèches de glace que je pouvais. Plusieurs douzaines de flèches s’étaient matérialisées. Je les avais dirigées vers la meute hurlante sous moi et je les avais relâchées. Bien sûr, je ne pouvais pas faire de tirs ciblés sur la tête avec ce genre d’approche hasardeuse, mais chaque flèche avait touché quelque part dans la masse centrale. En un instant, plusieurs douzaines de loups s’étaient effondrés. Mon poing d’ours avait frappé un autre loup alors que je me posais à nouveau.

J’étais passée de la magie aux coups de poing, puis à la magie, encore et encore…

Lorsque la bataille s’était terminée, d’innombrables cadavres de loups gisaient autour de moi. Je les avais mis un par un dans ma réserve à ours. Cela aurait été bien s’ils pouvaient disparaître et se transformer en objets.

Je n’hésitais pas à tuer des monstres. Je l’avais déjà fait à maintes reprises dans WFO. Le problème, c’était les corps tachés de sang laissés derrière. Rien que lors de cette rencontre, il devait y en avoir une quarantaine au total.

Cela m’avait suffisamment pesé pour que je décide d’arrêter là pour la journée. Je retournai donc en ville après ça.

***

Chapitre 11 : L’ours est promu au rang E

Le gardien de la porte m’avait encore tapoté la tête. Je souhaitais vraiment qu’il arrête de me traiter comme un enfant.

Je m’étais dirigée de la porte directement vers le bâtiment de la guilde. Tous les regards s’étaient posés sur moi d’un seul coup. Ils détournèrent tous leurs regards au moment où je m’étais retournée. Comme aucun d’entre eux ne voulait me dire quoi que ce soit, je m’étais dirigée vers la réception.

« Mme Yuna, qu’avez-vous à faire avec nous aujourd’hui ? » me demanda Helen. Je m’étais donc dirigée vers son bureau.

« J’ai vaincu des loups dans les bois, alors je me demande ce que je dois faire dans cette situation. S’il y a un formulaire de quête sur le tableau et que je l’accepte, est-ce que je pourrais l’achever tout de suite ? »

« Si le contenu de la quête demande simplement de tuer les monstres, alors vous recevrez un succès de quête pour avoir apporté des gemmes de mana comme preuve de votre victoire. Cependant, il est strictement exigé que les gemmes de mana soient fournies dans un délai précis. »

« Un délai ? »

« Parce que ce serait problématique si quelqu’un apportait des gemmes de mana de monstres tués il y a un mois pour une quête qui arrive aujourd’hui. »

« Pouvez-vous le savoir ? »

« Oui, on peut. »

Je n’aurais pas dû en attendre moins d’un monde fantaisiste.

« Le massacre des loups est une quête permanente, donc nous pouvons les accepter à tout moment. Mais vous devez aussi avoir leur viande et leur peau. Vous pouvez nourrir une famille pendant un jour avec la viande et les peaux — c’est un aliment de base ici — et les peaux sont utilisées pour les vêtements et autres. C’est pourquoi il s’agit d’une quête permanente. »

« Dans ce cas, puis-je réclamer cette quête de loup ? »

« Oui, tuer un loup serait considéré comme une quête de rang F. En tuer trois serait considéré comme une quête de rang E. »

« Vraiment. Eh bien, j’en ai quarante pour le moment, alors pourriez-vous les prendre ? »

« … Mlle Yuna, que venez-vous de dire ? »

Je pouvais entendre des voix murmurer derrière moi.

« Elle dit qu’elle a quarante loups. »

« Ça doit être une blague. »

« Comment une seule personne pourrait-elle les vaincre ? »

« Mais c’est cet ours. »

« Alors c’est crédible. »

« Je n’ai jamais vu cet ours dans un combat. »

« Je l’ai vu. Ne te mets jamais en travers du chemin de cet ours. »

Ils continuaient comme ça.

« Désolée, mais où peuvent-ils être ? Nous ne pouvons pas accepter seulement les gemmes de mana, » dit Helen.

« Je ne les ai pas récoltées, mais je les ai ici dans mon sac sans fond. »

« Vous avez un sac sans fond ? Et un qui est assez grand pour quarante loups ? Dans ce cas, je suis désolée, mais pourriez-vous venir dans le bâtiment d’à côté ? »

Helen m’avait conduite à l’immeuble voisin. Des gars me suivirent, probablement impatients de voir le spectacle. Nous nous dirigions vers l’endroit où Fina et moi avions vendu le matériel de loups plus tôt. Je n’avais pas vu M. Gentz, mais un autre homme nous avait accueillis. De là où j’étais, je ne pouvais pas dire s’il avait eu un jour de congé ou s’il était à l’arrière.

« Mme Helen, qu’y a-t-il ? »

L’employé masculin remarqua Helen et s’approcha de nous.

« J’ai amené des loups, alors pourriez-vous les dépecer ? »

« Pas de problème. On ne dépèce rien dans l’entrepôt pour le moment. »

« Dans ce cas, Mme Yuna, veuillez les emmener ici. »

J’avais commencé à retirer les carcasses de loups de mon entrepôt d’ours. J’avais appris quelque chose d’important en rangeant tous ces corps : je pouvais les sortir sans mettre ma main dans la gueule de l’ours blanc en visualisant ce que je voulais récupérer. Je tenais ma main au-dessus du comptoir et je pensais à des loups.

J’étais contente de ne pas avoir besoin de les toucher.

Derrière moi, mon entourage murmurait à nouveau.

« Il y a vraiment quarante loups. »

« On ne peut pas en attendre moins de l’ours. »

« Si tu t’en prends à l’ours, tu finiras comme ces loups. »

« Je veux qu’elle me frappe. »

« Je veux qu’elle me marche dessus. »

Il m’avait fallu tout mon reste de détermination pour ignorer cette dernière partie.

« Je pense que le compte y est. »

« M-Mme Yuna, les avez-vous vraiment vaincues toutes seules ? »

« Je pratiquais ma magie. »

Helen avait compté les loups. « Quarante-deux. On dirait que la viande et les peaux sont en bon état. On va aussi devoir vous acheter les gemmes de mana, est-ce d’accord ? »

« Ça ne me dérange pas, mais pouvez-vous vraiment utiliser les gemmes de mana de loup ? »

« Oui. Les gemmes de mana de loup ne sont pas si puissantes, mais elles sont polyvalentes. Vous pouvez faire une lampe passable avec l’une d’elles et un enchantement de lumière, faites de même avec de l’eau et vous pouvez tirer quelques petits verres d’eau. »

Dans WFO, on ne voyait vraiment les gens utiliser ce genre d’objets que comme matériaux d’armes, et ils ne valaient la peine de s’en soucier que s’ils étaient robustes, mais ici, il semblait que même les matériaux de niveau déchets avaient une valeur pratique au quotidien.

« Nous allons maintenant passer aux formalités, alors si vous pouviez revenir dans la guilde ? »

Quand je m’étais retournée, la masse d’aventuriers était toute en émoi. Pour ne plus entendre de remarques tordues, je les avais ignorées et j’avais suivi Helen.

« On va considérer cela comme une quête de rang E. Pourriez-vous me montrer votre carte de guilde ? »

Je lui avais donné ma carte. Une fois qu’elle l’avait en main, elle m’avait regardée à nouveau.

« Puis-je vous demander quelque chose ? »

« Quoi ? »

« Avez-vous vaincu ces loups un par un ? »

« J’ai combattu toute la meute. »

« Donc, c’était une meute de 40 individus… ce qui en fait une quête de rang D. Attendez un instant. Je vais aller consulter le maître de guilde. »

Helen était revenue de l’arrière-salle presque immédiatement.

« Comme vous avez réussi quatorze fois la quête de massacre de loups de Rang E, nous vous faisons monter au rang D. »

« Êtes-vous sûre ? »

« J’ai reçu la permission du maître de guilde. Vous pouvez effectuer des quêtes de rang D toute seule, vous êtes donc plus que qualifiée. »

« Eh bien, ce n’est pas comme si j’allais le refuser. »

« Dans ce cas, on va s’en occuper tout de suite. »

Elle avait atteint l’intérieur du comptoir.

« D’abord, ceci est votre paie. Cela comprend la viande, les peaux et les gemmes de mana de quarante-deux loups. Comme les loups n’ont pas été dépecés, nous retiendrons vingt pour cent. »

Ce devait être ce dont Fina parlait. Les vingt pour cent étaient probablement les frais de manutention, puisque les aventuriers normaux apportaient leurs matériaux déjà dépecés. J’avais fait un signe de tête à Helen, j’avais pris le sac en cuir contenant ma paie, puis je l’avais mis dans la réserve de l’ours. Enfin, j’y avais aussi mis ma carte de guilde.

« Vous êtes de rang E maintenant. S’il vous plaît, continuez à faire du bon travail. »

« Merci. »

Une fois que j’avais fini de vendre mes trucs, j’étais retournée dans ma chambre à l’auberge. Je pensais que j’avais peut-être monté quelques niveaux, j’avais donc affiché mon écran de statut.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 13

Compétences : Langage du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel de l’ours, identification de l’ours, détection de l’ours

Magie : lumière de l’ours, amélioration physique de l’ours, magie du feu de l’ours, magie de l’eau de l’ours, magie du vent de l’ours, magie de la terre de l’ours

Équipement

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure d’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

J’avais acquis une nouvelle compétence.

Détection d’ours

En utilisant les capacités sauvages des ours, je peux détecter des monstres ou des personnes.

C’était une compétence étrange pour un ours, elle semblait mieux convenir à un voleur, mais il serait beaucoup plus facile de trouver des monstres avec cette technique.

***

Chapitre 12 : L’ours de nouveau impliqué dans la guilde

Le lendemain, j’étais allée à la guilde tôt le matin pour récupérer quelques quêtes, en espérant être la première à choisir de bonnes quêtes. J’espérais quelque chose qui impliquait de tuer des monstres, pour que je puisse m’entraîner à la magie… mais j’aimerais vraiment tuer autre chose que des loups.

Alors que j’admirais les paysages de la ville en me rendant à la guilde, j’avais entendu une voix derrière moi.

« Yuna, bonjour. »

« Bonjour, Fina. Tu vas à la guilde aujourd’hui ? »

« Oui, j’y vais. Tu y vas ? »

« Eh bien, je pensais travailler un peu. »

« Tu y allais ? Fais attention à ne pas te blesser. »

« J’espère que tu auras aussi du travail, Fina. »

« Moi aussi. »

Fina sourit en tendant la main pour prendre ma main (ou plutôt mon ours). Je ne l’avais pas repoussée, mais j’avais serré sa main. Le sourire sur son visage était devenu encore plus grand.

Je n’avais jamais eu de frères et sœurs, mais j’avais peut-être toujours voulu avoir une petite sœur comme ça.

Je parlais à Fina pendant que nous marchions, jusqu’à ce que nous apercevions la guilde.

« Eh bien, je vais aller demander. », dit-elle

« J’espère que ça se passera bien. »

J’avais envoyé Fina, puis j’étais entrée dans la guilde. Il y avait une foule de gens devant le tableau. J’étais peut-être un peu en retard. Une des personnes rassemblées m’avait remarqué, puis une autre, puis beaucoup d’autres, mais personne ne m’avait rien dit. Mais juste au moment où je pensais que…

« Était-ce toi ? Es-tu la fille qui a battu Deboranay ? »

Il avait probablement trois ou quatre ans de plus que moi.

« Deboranay ? Qui est-ce ? »

J’avais incliné la tête. Je ne me souvenais pas de ce nom.

« Cela ne peut-être que toi. Tu portes des vêtements d’ours, et tu as des gants d’ours, et des chaussures d’ours aux pieds. Il a dit que c’était une fille dans des vêtements ridicules. »

Il était vrai que si vous aviez cherché dans le monde entier, j’étais probablement la seule que vous trouveriez portant de tels vêtements. S’il y en avait d’autres, j’aurais voulu en être témoin moi-même.

« Je ne sais pas qui est ce Deboranay, mais je pense que cette fille dans la tenue d’ours est probablement moi. »

« À cause de toi, Deboranay s’est blessé et ne peut plus travailler. »

« Est-ce le type qui s’est battu contre moi ? »

C’était la meilleure supposition que je puisse faire.

« C’est exact. »

Oh, m’étais-je dit. Je me souviens maintenant.

Peut-être que c’était le moment de faire appel au maître de guilde. Il avait promis de s’en occuper si quelqu’un d’autre essayait de me causer des ennuis.

« Ce gobelin s’est battu avec moi, j’ai accepté. Puis il a été blessé. C’est tout ce qu’il y a à dire. Je ne suis pas à blâmer. »

« Tu traites Deboranay de gobelin !? »

« Il n’a pas de manières, il parie que les autres sont plus faibles que lui, et tu ne peux pas l’atteindre avec des mots. Il ne peut rien faire sans une bande de laquais autour de lui. C’est un gobelin, peu importe comment tu le regardes. »

« Ne me fais pas chier ! »

Ce type était bruyant.

« Pour ce qui est de cet incident, la conclusion était qu’il avait commis une grossière erreur, si je ne me trompe pas. », lui avais-je dit.

« Il est impossible que Deboranay perde contre une fille bizarre comme toi. »

Une femme s’était mise entre le gars et moi. Elle était mince, blonde, et semblait avoir la vingtaine, une beauté. Un homme géant avec des muscles comparables à ceux du maître de la guilde était derrière elle.

« Lanz, s’il te plaît, arrête. Le maître de la guilde nous l’a déjà expliqué. Il a dit que ce n’était pas sa faute. », dit-elle.

« Mais il ne peut pas faire de quêtes à cause d’elle ! »

« Tu sais que ce n’est pas de sa faute. »

« Gil, tu n’as rien à dire ? », dit Lanz au géant

« C’est la faute de Deboranay », dit le géant.

« Quoi ? Même toi, tu te ranges du côté de cette fille bizarre ? »

« Si tu écoutes l’histoire, Deboranay a eu tort, » continua Gil

« Mais elle n’avait pas besoin de le battre comme ça. »

Je m’étais demandé s’il était vraiment dans un si mauvais état. J’avais bien abîmé son visage.

« On ne peut rien y faire vu que c’est Deboranay qui est fautif », avait dit Gil.

« C’est vrai. Il n’était pas loin de perdre définitivement sa carte de guilde. », dit la femme

« C’est aussi de sa faute, hein ? »

« Uhh, si vous voulez parler entre vous, je peux y aller ? », dis-je

« Oh, désolé. Lanz est en colère parce que nous ne pouvons pas non plus faire de quêtes, depuis que Deboranay a été blessé. », dit la femme.

« Ce n’est pas comme si c’était ma faute. »

« Je le sais », dit la femme.

« Vous ne pouvez pas faire les quêtes que vous voulez jusqu’à ce que Deboranay guérisse ? »

« Nous l’avons déjà accepté », dit Lanz.

« Si nous refusons de le faire, alors ce sera enregistré comme un échec. »

L’échec serait enregistré sur leur carte de guilde. Je comprenais pourquoi ils ne voulaient pas, mais je n’avais pas besoin qu’ils s’en prennent à moi.

« Et si vous abandonnez la quête ? »

« Alors on ne pourra pas monter en grade aussi vite », dit Gil.

« C’est la première fois que j’entends Yuna critiquer ses camarades, je me dis que ça doit vous concerner tous les trois. »

Le bloc de muscles connu sous le nom de maître de guilde était arrivé. Quelqu’un de la réception avait dû l’appeler.

« Maître de la guilde ! », s’écrièrent les trois aventuriers à la fois.

« Je t’ai dit que Yuna n’avait rien à voir avec cette histoire avec Deboranay, hein ? On récolte ce qu’on a semé. Deboranay s’est battu avec elle et a perdu. Tu aurais dû surveiller Deboranay et ne pas le laisser seul. Vous saviez tous qu’il est prompt à se battre. »

« C’est vrai, mais… » dit Lanz.

« Dans ce cas, je sais comment régler ce problème. »

« Quoi ? Nous donnerez-vous un succès même si nous abandonnons la quête ? »

« Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas prétendre qu’une quête n’existe pas alors que vous l’avez déjà acceptée. »

« Alors, quelle est votre grande solution ? »

« Prenez juste Yuna ici présente avec vous. Nous sommes sûrs qu’elle est plus forte que Deboranay. »

Le bloc de muscle proposa quelque chose de ridicule.

« Pas question. Pourquoi me lancerais-je dans une quête aussi absurde ? », lui dis-je.

« Parce que ce serait le moyen le plus simple de tout régler. »

« Euh, Yuna, c’est ça ? Voulez-vous bien nous écouter ? », dit la femme.

J’avais remarqué maintenant qu’elle était habillée comme une sorcière.

Qu’est-ce que j’étais censée faire ? Comme je n’avais pas beaucoup d’expérience des groupes, même au sein de WFO, je n’étais pas enthousiaste à l’idée. Je n’étais pas totalement seule, mais le temps que j’avais passé dans un groupe était plutôt maigre. Pourtant, je ne voyais aucun moyen de repousser la sorcière quand elle me regardait comme ça.

Le groupe de Deboranay et moi nous étions retrouvés dans une pièce séparée. Le maître de la guilde, d’ailleurs, s’était enfui. Cet imbécile n’était-il pas censé me protéger de ce genre d’ennuis ?

« Eh bien, nous allons d’abord nous présenter. Je m’appelle Rulina. Celui qui te criait dessus est Lanz, et celui qui se taisait est Gil. »

« Je m’appelle Yuna. »

« Commençons les discussions. La quête que nous avons acceptée était le massacre des gobelins. »

Tuer des gobelins ? pensais-je. Les gobelins étaient des humanoïdes avec le cerveau d’un moucheron moyen. N’était-ce pas une quête de débutant ? À quel point ces gens étaient-ils faibles s’ils ont besoin d’un groupe ?

« Ce ne sont pas des gobelins normaux. Nous devons tuer une horde d’au moins cinquante gobelins. C’est difficile sans notre ligne de front. »

Cinquante gobelins. Tuer la meute de loups avait été facile, et les gobelins et les loups de WFO avaient été à peu près du même niveau, cela devait être probablement la même chose dans ce monde.

« Entre un groupe de loups et un groupe de gobelins, qu’est-ce qui est le plus facile ? »

« Quand il s’agit du rang de la quête, ils sont au même niveau. Ce qui est plus facile en pratique dépend de la composition de votre groupe. Je pense que les gobelins seraient plus faciles pour nous. »

« Pourquoi ça ? »

« Parce que les loups se déplacent plus vite. C’est un ennemi coriace avec une sorcière de soutien comme moi. Avec les gobelins, vous pouvez les écraser dans un combat rapproché. »

Des gobelins, hein, pensais-je. J’aurais dû un jour combattre des humanoïdes de toute façon. Dans WFO, cela n’avait pas été un problème, mais dans la vraie vie, y penser me mettait mal à l’aise.

« Tout est de ta faute. Aide-nous ! »

« Lanz, tais-toi ! »

Ça ne me dérangeait pas de les aider, mais je ne voulais pas le faire à la place de Deboranay. Ce Lanz avait une mauvaise attitude, et Gil me regardait en silence. La seule qui soit décente, c’était Rulina.

En tant que bon ermite, je pensais que travailler avec eux serait pénible. Je ne voulais pas les aider. Pourtant, j’avais vraiment blessé Deboranay — mais là encore, ce n’était pas ma faute.

C’était un dilemme.

« Uhhh. Puis-je poser des conditions ? »

« Si c’est quelque chose que nous pouvons faire, alors oui. »

« Veux-tu donc une part de l’avance, espèce de fille gluante », dit Lanz.

Je l’avais ignoré.

« Laissez-moi faire la quête. Vous pouvez vous attribuer le mérite de son succès. Je vous donnerai aussi tout l’argent. En retour, je veux que vous vous assuriez que Deboranay ne s’implique plus jamais avec moi. »

« Yuna, tu dis que nous sommes censés te laisser tout faire… ? », dit Rulina

« Tu nous dis de rester silencieux et de regarder ? », dit Lanz.

« Quoi ? Pourquoi pas ? L’accomplissement sera le vôtre, et vous aurez aussi la récompense de la quête. Il n’y a aucun inconvénient pour vous. », avais-je répondu.

« Si tu échoues, cela finira par être traité comme notre échec. Ce n’est pas comme si nous acceptions cette condition. »

« On ne peut pas laisser quelqu’un d’autre faire la quête et s’en attribuer le mérite. Ce serait honteux ! »

« Dans ce cas, pourquoi ne le ferais-je pas avec Rulina ? »

« Pourquoi seulement Rulina ? »

« C’est évident. C’est celle qui a le plus de décence et de bon sens parmi vous, c’est la personne avec qui il est plus facile de parler, et c’est la seule femme. Mais la raison numéro un est que je ne veux pas travailler avec vous. »

« Pourquoi, toi… !! »

« Lanz, s’il te plaît, arrête. » Rulina le fit taire. « Yuna, pouvez-vous vraiment battre toute la horde de gobelins toute seule ? »

« Je le peux probablement. La meute de loups était facile à battre. Si j’avais quelqu’un pour m’aider, ça gênerait probablement ma magie. »

« Pouvez-vous utiliser la magie ? J’ai entendu dire que vous aviez battu Deboranay à mains nues. »

« Je n’ai pas utilisé de magie à ce moment-là. » Parce que je n’en avais pas appris à l’époque. « Vous ne devriez jamais avoir besoin de magie face un adversaire faible. Vous n’utiliseriez pas la magie pour tuer un petit insecte, n’est-ce pas, Rulina ? »

« … »

La bouche de Lanz et Rulina s’était ouverte de façon inesthétique.

« Pouvez-vous vraiment le faire ? »

« C’est juste cinquante Deboranays, non ? »

« Ce sont des gobelins ! », dit Lanz. À côté de lui, Rulina, qui était en pleine réflexion, prit la parole.

« D’accord, je viens avec vous. »

« Rulina ? »

« Ça te va, Gil ? »

« Ça me va. »

« Dans ce cas, Yuna, on compte sur toi. »

« Alors, quand est-ce qu’on part ? »

« Si vous êtes d’accord, Yuna, on peut y aller tout de suite. »

« Bien sûr, mais je n’ai fait aucune préparation. »

« C’est bon. En fait, on avait prévu d’y aller dès la première heure du matin, on a donc fini de préparer les rations de quatre personnes pour la journée et les choses dont on a besoin pour la quête. »

J’avais ignoré le regard silencieux de Lanz. Gil n’avait même pas ouvert la bouche.

***

Chapitre 13 : L’ours tue des gobelins

Afin de tuer un groupe de gobelins, Rulina et moi avions quitté la guilde ensemble.

« Je vais au moins le demander, mais allez-vous sortir comme ça, Yuna ? » demanda-t-elle, en regardant ma tenue d’ours.

« Oui. »

J’avais déjà abandonné.

« Je vois. »

Rulina soupira devant ma tenue. Ce n’était pas comme si je la portais parce que je le voulais…

« Alors, où sont les gobelins ? »

« Ils sont dans les montagnes près d’un village à environ trois heures depuis la porte est. »

« Trois heures ! »

« Oui, c’est pour ça que j’aimerais partir tôt et atteindre le village aujourd’hui. »

Qui demanderait à une recluse de marcher trois heures entières ? m’étais-je dit. Si je n’avais pas mes chaussures d’ours, je me serais arrêtée à ce moment-là.

« J’ai apporté de l’eau et de la nourriture, donc tout devrait bien se passer. »

Ce n’était pas ce qui m’inquiétait. J’aurais dû demander où nous allions avant d’accepter, mais avec le recul, j’avais quinze ans. J’avais soupiré à l’idée de la randonnée qui nous attendait alors que nous commencions notre marche vers le village ayant un problème de gobelins.

« Umm, puis-je vous demander quelque chose ? » dit Rulina.

« Si je peux y répondre, bien sûr. »

« Pourquoi portez-vous ça ? Je ne sais pas à quel point vous êtes forte, mais je pense qu’il serait mieux que vous portiez quelque chose de plus approprié en tant qu’aventurière. »

C’était une question que j’avais vue venir depuis un moment.

Q : Pourquoi es-tu habillé comme ça ?

R1 : Parce que j’aime ça. (Je n’avais pas l’intention de mentir comme ça).

R2 : Je dirais honnêtement que cet équipement me rendait plus forte. (Aucun idiot ne dévoilerait ses plus grands secrets).

R3 : Je pourrais dire que je ne pourrais pas utiliser la magie sans les ours. (Aucun idiot ne révélerait ses faiblesses).

R4 : Je pourrais dire que c’était un souvenir de ma mère. (Cela n’expliquerait pas pourquoi je le portais toujours).

R5 : À sa façon, cela est considéré comme un équipement. (Peut-être que celle-ci était la réponse la plus sûre ?)

« C’est plus résistant qu’un équipement normal. »

« Vraiment ? »

« Je ne sais pas de quelle matière il est fait, mais les vêtements de l’ours ont une certaine résistance physique et magique, et cet ours blanc est aussi un sac sans fond. »

Elle avait découvert l’existence du sac sans fond de l’ours quand j’avais vendu les loups, je n’avais donc pas besoin de le cacher. Je lui avais juste laissé croire que les vêtements d’ours étaient plus efficaces que d’autres équipements normaux.

« Et l’ours noir alors ? »

« Je suppose qu’il amplifie ma force. »

J’avais lancé un coup de poing d’ours, visant un rocher un peu à l’écart du chemin. Le rocher s’était effondré.

« Alors, vous avez frappé Deboranay avec ça ? Ça explique pourquoi son visage a tellement gonflé. »

J’étais contente de la rapidité avec laquelle elle avait accepté le peu que je partageais.

« Alors, les chaussures font aussi quelque chose ? »

« Les chaussures ? » Avais-je répondu. J’avais regardé les chaussures d’ours et les gants d’ours : « C’est vrai. Je viens de penser à quelque chose. »

J’avais souri.

« Quoi... Pourquoi me regardez-vous comme ça ? »

« Voulez-vous aller au village un peu plus rapidement ? »

« Qu’est-ce que vous dites ? »

Elle s’était légèrement éloignée de moi, comme si elle avait senti que quelque chose n’allait pas.

« C’est tellement pénible de marcher trois heures entières, alors je vais le faire ! »

Je m’étais rapidement déplacée dans le dos de Rulina et j’avais balayé ses pieds sous elle, puis je l’avais attrapée au moment où elle tombait. C’était le rêve d’une fille. Je la portais dans mes bras comme une princesse. D’accord, je m’étais dit que je ne voudrais pas qu’on me fasse ça.

« Assurez-vous de bien vous accrocher. Si vous essayez de parler, vous vous mordrez la langue, alors, faites attention. »

J’avais commencé à courir.

« Attendez… »

J’avais couru plus vite que je ne l’avais jamais fait auparavant.

« Yuna, s’il vous plaît, arrêtez… »

Je l’avais ignorée et j’avais continué à courir. À cause des gants d’ours, elle était super, super légère. Grâce aux chaussures d’ours, j’étais super, super rapide, et peu importe combien de temps je courais, je ne me fatiguais jamais.

Nous avions atteint les environs du village. Quand j’avais posé Rulina sur le sol, elle m’avait regardée avec des larmes dans les yeux.

« Yuna, c’était terrible. J’ai continué à vous dire d’arrêter, c’était la première fois que j’avais si peur ! »

« Mais on n’est pas arrivé beaucoup plus vite comme ça ? »

On était arrivé en trente minutes au lieu de trois heures.

« Avez-vous mouillé votre pantalon ou quoi ? »

« Non ! Je ne pensais pas qu’on arriverait si vite. J’avais prévu de rassembler des infos sur le problème des gobelins aujourd’hui, et de passer la nuit avant de faire le boulot demain ! »

« Et si on allait tuer les gobelins maintenant ? »

« Si vous n’êtes pas fatiguée… Bien sûr, allons demander au chef du village ce qu’il sait au sujet des gobelins. »

Nous avions salué les gardes à l’entrée du village.

« C’est quoi cette tenue ? Es-tu une aventurière ? »

Après avoir jeté un coup d’œil dans ma direction, le garde regarda Rulina.

J’avais deviné que le commentaire sur la tenue m’était destiné, ce qui signifiait que l’autre question devait être celle de Rulina.

« Nous sommes des aventurières. Nous sommes venues pour nous occuper de vos gobelins », expliqua Rulina.

« Juste vous deux ? »

Il avait l’air anxieux. Bien sûr qu’il l’était. Même s’il y avait des tonnes de gobelins et qu’ils avaient lancé une quête, seules deux filles s’étaient présentées, et l’une d’entre elles était déguisée. Tout cela était inquiétant.

« Oui. Nous aimerions en savoir plus, alors pouvons-nous rencontrer le chef du village ? »

Le garde nous conduisit à un bâtiment au milieu du village qui était un peu plus grand que le reste.

« Le chef est-il là ? » demanda-t-il.

« Qu’est-ce qu’il y a, Roy ? »

Un homme qui avait l’air d’avoir la cinquantaine était apparu.

« Des aventuriers sont venus pour nous. »

« Oh, ils sont venus. Maintenant, nous pouvons avoir un peu de soulagement… »

Son visage s’était effondré dès qu’il m’avait regardée.

« Hum, excusez-moi, mais est-ce qu’il n’y a que vous deux ? »

« Oui, il n’y a que nous deux, mais nous allons faire le travail, alors ne vous inquiétez pas. », dit Rulina

« Je… vois. »

Il nous regarda avec le même malaise que le garde. Les apparences sont vraiment importantes, pensais-je. Je me méfierais aussi si une petite fille en pyjama se présentait en disant : « Je suis venu régler votre problème de gobelins. »

« Nous aimerions que vous nous en disiez le plus possible sur l’endroit où vous avez vu les gobelins. »

Rulina ignora l’attitude du chef de village et continua la conversation.

« Vous rencontrerez les gobelins dans le col de la montagne. Les chasseurs les ont vus plusieurs fois. », dit le chef, en indiquant un massif voisin.

« Les rapports ont dit que vous aviez affaire à une cinquantaine de gobelins. Est-ce juste une estimation ? »

« Nous avons envoyé plusieurs des nôtres dans la montagne. Un est mort pour s’assurer que les autres reviennent. Ils en ont vu autant que vous le dites. »

« Je vois. Alors nous allons y aller. Si nous ne revenons pas d’ici demain, dites-le à la guilde. »

« Compris. Nous confions notre sort entre vos mains. »

Nous avions quitté le village, en suivant le chemin de la montagne.

« Yuna, pouvez-vous vraiment faire ça toute seule ? »

« Ça va aller. J’ai juste une chose à vous demander. S’il vous plaît, enlevez les gemmes de mana. »

« Ça me va de faire ça. »

Ma peau frissonna en l’entendant confirmer mes soupçons : ramener la preuve de la quête signifiait la découper dans un tas de cadavres de gobelins. Oui, me suis-je dit, pas moyen ! Heureusement, les gobelins ne pouvaient pas être utilisés pour les matériaux, donc nous n’avions absolument aucune raison de transporter les corps entiers chez nous.

« Alors, allons-y. Je vais marcher devant, alors suivez-moi. »

J’avais baissé ma capuche, ce qui avait déclenché la détection des ours. Il y avait un amas dense de quelque chose dans une direction. C’était gênant de ne pas pouvoir utiliser de carte, mais c’était utile de savoir où l’on devait aller. En avançant, j’avais détecté quelque chose de dangereux. J’avais décidé d’avancer à travers eux.

« Uhh, vous semblez bien marcher à l’aveugle, mais je pense que vous devriez être un peu plus consciente de votre environnement. », dit Rulina.

« C’est bon. J’utilise la magie de détection, donc je sais qu’il n’y a pas de monstres dans les environs. »

« Il existe une magie comme ça !? »

« Mais il y en a beaucoup plus que ce à quoi je m’attendais. »

« Plus que prévu ? »

« Je pense qu’il pourrait y en avoir une centaine ? »

« Attendez, une centaine ! Vraiment ? On ne peut certainement pas en vaincre autant. »

« Pourquoi pas ? C’est juste une centaine de Deboranays. »

« Êtes-vous sérieuse ? »

« Ne vous l’ai-je pas dit ? »

Rulina soupira.

« Je vous le dis maintenant : si les choses deviennent dangereuses, je vais vous quitter et m’enfuir, Yuna. »

« Ça ne me dérange pas. »

Je pourrais la distancer de toute façon.

« Ahh, est-ce que ça va vraiment aller ? Peut-être que c’était une erreur, » dit-elle.

Une heure plus tard, nous avions tué une vingtaine de gobelins alors que nous marchions dans les contreforts boisés de la montagne. Tout ce qu’il nous restait à faire était d’anéantir leur nid.

« Vous avez appelé ça la magie de détection, hein ? C’est assez utile de savoir où se trouvent les gobelins. On a presque l’impression de tricher. Vous pourriez le coupler avec un sort à longue portée et les effacer tous en même temps. », dit Rulina.

« Assurez-vous de récupérer les gemmes de mana. »

« Je sais. »

Elle coupa les gobelins qui s’effondraient devant elle, sortit leurs gemmes de mana et terminait le tout en brûlant les corps pour s’assurer qu’ils n’attireraient pas les charognards ou autres.

« On dirait que le nid de gobelins est devant nous », lui avais-je dit.

J’avais appris dans WFO que les attaques-surprises étaient plus efficaces sur les groupes. Vous vous glissiez dans leur rang, attaquiez avec la magie la plus forte possible en un seul coup, puis mainteniez la pression avec des sorts plus rapides et de niveau inférieur pendant qu’ils étaient trop surpris pour faire quoi que ce soit.

Je m’étais dit que je devrais continuer à avancer jusqu’à ce que j’atteigne un endroit où je pourrais au moins les confirmer de visu.

« On dirait que c’est cette grotte. »

« Ne me dites pas qu’on va y entrer, hein ? »

Même moi, je ne voulais pas aller dans une grotte contenant une horde de gobelins. Il y avait environ cinq gobelins autour de l’entrée de la grotte, probablement les gardes.

« Je vais vérifier quelque chose, alors attendez ici. »

J’avais incanté un sort de vent, visant l’entrée de la grotte, et je l’avais relâché. Le sort avait poussé le vent dans tous les recoins de la grotte.

« Je l’ai confirmé. C’est la seule entrée. Je vais y aller, alors attendez ici. »

« Attendez, y allez-vous vraiment ? »

Avant qu’ils ne puissent réagir, j’avais décapité les gardes avec une lame de vent. Après cela, j’avais imaginé un ours rouge brûlant.

« Ours en feu. »

J’avais lancé un feu en forme d’ours dans la grotte et j’avais incanté le sort suivant.

« Mur de l’ours. »

Un bloc rocheux en forme d’ours bloqua l’entrée de la grotte. Maintenant, c’était fait. Il ne nous restait plus qu’à attendre.

« Yuna, qu’avez-vous fait ? »

« J’ai lancé une explosion thermobarique dans la grotte et j’ai fermé la sortie. Tout l’oxygène qui s’y trouve devrait brûler, donc les gobelins qui ne se vaporisent pas vont probablement suffoquer. »

« Oxygène ? Suffoquer ? »

Ne savent-ils pas ce qu’est l’oxygène dans ce monde ? pensais-je.

« Pour faire simple, il n’y aura plus d’air dans cette grotte. »

« Vraiment ? »

« Quand vous faites un feu dans un endroit fermé, l’air disparaît. Donc les gobelins ne se porteront probablement pas si bien sans air pour respirer. C’est facile, n’est-ce pas ? À moins que vous vouliez les combattre dans la grotte ? »

Rulina secoua la tête énergiquement.

« On va avoir un peu de temps devant nous, on pourra donc déjeuner après avoir géré les gardes gobelins ? »

« Va-t-on manger ici ? » dit-elle, semblant malheureuse.

Elle ne voulait probablement pas prendre un repas dans un endroit où elle ne pourrait pas dire quand un gobelin pourrait venir nous attaquer, mais cela me convenait tant que j’avais de la magie de détection.

« Nous pourrions retourner au village, mais ce serait un peu pénible. »

« Ça le serait, mais combien de temps devons-nous attendre ? »

« Normalement quelques minutes, je pense… De toute façon, je prévois d’utiliser la magie de détection et d’attendre qu’ils soient tous morts. »

Pour l’instant, j’avais demandé à Rulina de s’occuper des corps des gobelins devant l’entrée. Ensuite, elle s’était assise avec moi et avait sorti le déjeuner du sac qui était accroché à sa hanche. C’est donc un sac sans fond, me suis-je dit.

« Combien de choses peuvent tenir dans ce sac ? »

« Dans celui-ci ? Il a une contenance beaucoup plus petite que votre ours, Yuna. Je pense qu’il peut contenir cinq loups. »

Si c’était la norme, cet ours était un objet profondément OP. J’avais mangé le repas qu’elle avait préparé, mais ce n’était pas si bon, juste de la nourriture séchée et de l’eau tiède. Il semblerait que le temps progressait comme d’habitude dans des sacs sans fond normaux. J’aurais dû préparer mon propre déjeuner.

Après le déjeuner, j’avais baissé ma capuche.

« Hein ? » avais-je dit.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Un des gobelins est encore en vie. »

« L’un d’entre eux… ça ne peut pas être lui. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Yuna, vous avez dit qu’il y avait une centaine de gobelins au total, n’est-ce pas ? »

« Oui. »

« Ça pourrait être un roi gobelin. »

« Un roi gobelin… »

Un roi gobelin… le chef des gobelins et sans doute plus fort et plus intelligent. C’était aussi le premier boss de WFO.

« On dirait qu’il ne va pas mourir, donc je suppose qu’on doit le combattre. »

« Vous ne pouvez pas ! Un roi gobelin est de rang C, il faudrait un groupe entier de rang C. »

Je comprenais ce qu’elle voulait dire, mais je m’étais dit qu’on pouvait gérer un boss n’ayant que des attaques strictement physiques. C’était dangereux si nous étions touchés, mais je n’avais pas l’intention de laisser cela se produire.

« On devrait retourner à la guilde et chercher des renforts. »

« Hmm, je pense qu’on pourrait parfaitement le gérer. »

« Yuna, s’il vous plaît. S’il vous plaît, écoutez-moi là-dessus. »

« Dans ce cas, je vais aller dans la grotte pour me battre seule. Si je n’en sors pas, demandez des renforts à la guilde. »

« Me dites-vous de vous laisser aller à la mort ? »

« Comme je l’ai dit, tout ira bien. Ok, je déplace la pierre. »

« Yuna ! »

J’avais ignoré son cri et j’avais fait disparaître le rocher de l’entrée. Un vent chaud souffla hors de la grotte. J’avais fait sortir l’air de la grotte avec un sort de vent, mais l’entrée était encore chaude.

« Je ne peux pas entrer quand c’est comme ça. »

« Alors, retournons à la guilde ! »

« Hm ? On dirait que le roi sort de lui-même. »

« Vous devez plaisanter… »

« Cachez-vous derrière moi, Rulina. »

Un gobelin plusieurs fois plus grand que d’habitude était sorti de la grotte. Il tenait une épée de mauvais augure dans sa main. Quand il me vit, il hurla assez puissamment pour faire gronder le sol.

Alors, me suis-je dit, c’est le roi des gobelins. J’avais lancé une lame de vent, mais le roi fit tomber son épée et la coupa. Puis il fixa son regard sur moi et chargea, tout en braillant. J’avais sorti mon épée de ma réserve d’ours, bloquant l’épée du roi gobelin lorsqu’elle s’était abattue sur moi. Le coup m’avait forcée à aller en arrière, tandis que le roi gobelin balança son bras libre.

Il m’avait quand même envoyé voler, même si je me défendais avec mon ours blanc. J’avais alors fait circuler du mana jusqu’à mes chaussures et j’avais refermé la distance.

Peut-être que mon niveau n’était pas assez élevé ? M’étais-je dite. Si la magie normale n’a pas fonctionné sur lui, alors pourquoi pas la magie de l’ours ?

« Griffe d’ours. »

J’avais imaginé les griffes acérées d’un ours alors que je visais le roi des gobelins et que j’abattais mon gant d’ours. Trois pales de vent entaillèrent le roi-gobelin. Il fit pivoter son épée de la même manière que précédemment, en essayant de détruire ce que j’avais conjuré, mais cette fois, la griffe d’ours avait continué son assaut.

« Hein ? »

Ça ne l’avait pas fait tomber. Bien que le roi-gobelin avait été ensanglanté par ma griffe d’ours, ça ne l’avait pas transpercé.

« Il est fort. »

Pourtant, je savais que je pouvais le blesser. Peut-être frustré d’avoir été blessé, le roi-gobelin s’était mis à crier et à me fixer à nouveau. Il s’était mis à courir.

J’avais pensé que le sort du combat allait bientôt être fixé. J’avais libéré un sort de terre, et un profond trou s’était ouvert devant le roi-gobelin. Sa colère avait fait monter tout son sang dans sa tête. Trop occupé à me regarder pour voir ses pieds, il était tombé dedans.

J’avais peur que si je lâchais du feu d’ours sur lui, je le ferais fondre, et la gemme de mana avec, alors j’eusse lancé plusieurs griffes d’ours dans le trou.

« Griffe d’ours, griffe d’ours, griffe d’ours, griffe d’ours, griffe d’ours. »

Il était beaucoup plus tenace que je ne le pensais. Je pouvais entendre son souffle du fond du trou. Il essayait peut-être de sortir, mais mes griffes d’ours l’empêchaient probablement de monter.

Après un certain temps à lancer des griffes d’ours, j’avais cessé d’entendre ses cris. Quand j’avais regardé à travers mon capuchon, le signal du roi-gobelin avait disparu. J’avais arrêté d’en lancer. Rulina était alors sortie de l’ombre des arbres.

« C’est fini ? »

« Il est mort. »

« Je n’arrive pas à croire que vous puissiez vraiment battre un roi-gobelin. »

« J’ai été un peu surprise… il était plus fort que je ne le pensais. Je vais m’assurer qu’il est mort, alors éloignez-vous du trou. »

J’avais utilisé la magie de la terre pour soulever le sol au fond du trou. Le roi-gobelin qui était apparu était mort, son corps gelé dans un cri silencieux. Son visage me faisait encore peur.

« Il est vraiment mort, pas vrai ? »

« Oui. »

Juste pour dissiper les craintes de Rulina, j’avais frappé le corps immobile du roi-gobelin avec une lame de vent.

« Alors, que devrions-nous faire avec ça ? »

« Yuna, il rentrera dans votre sac sans fond, hein ? »

« Oui. »

« Alors, pourriez-vous faire cela ? Sa gemme de mana serait une preuve suffisante, mais si nous le pouvons, j’aimerais ramener le cadavre à la guilde. »

J’avais mis le roi des gobelins dans la réserve de l’ours, en prenant soin de ramasser son épée séparément, puis j’avais refroidi la grotte avec quelques sorts de vent et d’eau.

« Je pense que la grotte devrait pouvoir être visitée maintenant. Pourriez-vous faire le reste ? »

« Uhh, je vais juste confirmer, mais la grotte est-elle sûre ? »

« C’est bon. Mais il y a beaucoup de gobelins morts, donc je pense que le dépeçage va demander beaucoup de travail. »

« Yuna, que penseriez-vous d’aider... »

« Non. »

Je n’allais absolument pas découper des cadavres de gobelins pour récolter leurs gemmes de mana. Après avoir répondu à Rulina, j’avais alors fait apparaître une lumière en forme d’ours.

« Il fait sombre là-dedans, alors voici un cadeau. Vous pouvez la prendre avec vous. »

« Merci ? Je ne comprends pas vraiment pourquoi c’est en forme d’ours, mais je vous en suis reconnaissante. »

Rulina était allée dans la grotte toute seule. Le travail pour extraire une gemme de mana d’un gobelin prenait au minimum une minute par gobelin, et il y en avait probablement environ quatre-vingts dans la grotte. En tenant compte du temps qu’il lui fallait pour se déplacer dans la grotte, j’avais probablement prévu une attente de deux heures.

J’avais érigé une petite maison avec de la magie de la terre et lui avais mis une petite fenêtre pour la ventilation. Une fois à l’intérieur, j’avais scellé l’entrée derrière moi pour empêcher les monstres de passer. Finalement, j’avais fait un lit de fortune avec de la terre et je m’étais couchée. C’était dur, mais il n’était pas impossible de dormir dessus. Il fallait que je m’achète une couverture.

J’étais épuisée, alors le sommeil m’était venu rapidement.

***

Chapitre 14 : L’ours fait son rapport

« Yuna ! Yuna ! Réveille-toi. »

« Rulina, tu es trop bruyante. »

Je m’étais frotté les yeux endormis en me réveillant.

« Tu es enfin réveillée », dit Rulina, en regardant par la petite fenêtre.

« J’étais dehors à travailler comme une folle pendant que tu faisais une petite sieste après avoir créé une maison ? C’est tellement injuste. »

« Mais le dépeçage était ton travail, n’est-ce pas ? As-tu fini ? »

Je m’étais redressée et j’avais étiré mes articulations.

« Oui. Je suis sorti de la grotte et j’ai été choquée de trouver une maison. Et quand j’ai regardé à l’intérieur, tu dormais ! Et je n’ai pas pu entrer, parce qu’il n’y a pas de porte ! »

J’avais séparé les murs pour faire une porte et j’étais sortie de la maison par magie. Le soleil commençait à baisser dans le ciel, il devait donc être environ trois heures.

« Il y avait beaucoup trop de gobelins. C’était très dur vu que tu n’as pas aidé. »

Je l’avais ignorée et j’avais changé de sujet.

« As-tu besoin d’autre chose de la grotte ? »

« Je ne pense pas. »

« Alors je vais la sceller, car on ne voudrait pas que d’autres monstres s’y cachent. »

Je l’avais bouchée avec un sort de terre.

« Bon, je suppose qu’on peut rentrer chez nous maintenant. », avais-je dit

« Eh bien, je suis fatiguée. »

« C’est bien. Je vais te porter. »

Je ne voulais pas prendre mon temps pour rentrer à la maison.

« Yuna… tu ne penses pas à… »

« Nous sommes dans les montagnes et les routes ne sont pas très bonnes, alors, silence. »

Avec un sourire, j’avais ramassé Rulina, qui semblait avoir abandonné, et j’avais commencé à descendre la montagne.

Saute ! Saute ! Saute ! Chaque fois que je sautais, Rulina criait, ce qui était assez bruyant vu que c’était à proximité de mon oreille, mais je l’avais ignorée et j’avais continué à courir. Une fois que nous étions arrivés près du village, j’avais posé Rulina. Nous nous étions alors dirigées vers la porte. Rulina semblait un peu instable sur ses pieds, mais c’était probablement mon imagination.

Nous avions salué le garde de la porte et nous nous étions dirigées vers la maison du chef du village.

« Uhh, il semblerait que vous soyez rentrées tôt. Était-ce une entreprise impossible ? » Le visage du chef du village semblait dire, c’est ce que je pensais.

« Non, nous avons vaincu tous les gobelins. », dit Rulina.

« Pardon ? »

Son expression était devenue choquante.

« Nous avons achevé votre quête de subjugation de gobelins. Ce sont leurs gemmes de mana. »

Rulina sortit un sac en cuir de son sac sans fond. Elle le détacha, montrant au chef du village son contenu. Il était probablement rempli des gemmes de mana des gobelins, mais je n’allais pas regarder là-dedans. Je ne voulais pas voir un tas de joyaux de mana ensanglantés. Cela gâcherait mon dîner.

« Il semblerait que vous ayez tué les gobelins. Mais n’y en a-t-il pas un peu plus que prévu ? »

« Il y en avait une centaine. »

« Une centaine !? »

Le chef du village était hors de lui. C’était normal, vu qu’il venait de découvrir qu’il y avait deux fois plus de gobelins qu’il ne le pensait qui menaçaient son village.

« S’il vous plaît, mettez-vous à l’aise. Nous les avons tous vaincus. Nous avons aussi trouvé le nid que les gobelins utilisaient comme base, nous l’avons nettoyé et scellé, donc nous ne pensons pas que de nouveaux monstres vont s’y installer. »

« Merci beaucoup. »

Le chef du village baissa la tête.

« Permettez-nous de vous préparer une auberge pour la nuit. »

« Oui, merci. »

« Non, nous rentrons à la maison. »

Rulina et moi avions parlé en même temps. Nous nous étions regardés.

« Yuna, il se fait tard. »

« On peut rentrer à la maison avant le coucher du soleil. »

« Tu n’as pas l’intention de me porter à nouveau, n’est-ce pas ? »

« Deux fois, trois fois, quelle différence ça fait ? »

« Mais ils sont si gentils avec nous. »

« Je crois qu’il faut en finir rapidement avec les choses gênantes. »

« Oh, très bien. Je dois de toute façon faire un rapport sur le roi-gobelin. », concéda Rulina à contrecœur.

Une fois que les villageois finirent de nous remercier, nous étions parties. J’avais dû effrayer Rulina après avoir fait tous ces sauts défiant la mort sur notre chemin dans la montagne, parce que cette fois, elle s’était agrippée à moi d’elle-même.

« S’il te plaît, vas-y mollo quand tu cours. Et ne saute plus partout ! »

« D’accord, d’accord. »

« Je déteste le dire, mais être dans les bras de cette tenue d’ours, c’est vraiment confortable. »

Rulina tapota la manche de mon pyjama. Je n’étais pas ravie d’être touchée comme ça, alors je l’avais attrapée et je m’étais lancée dans un sprint pour éviter d’autres caresses. Le sol était bien nivelé ici, il était donc plus facile d’y courir que sur la montagne.

J’avais détecté des monstres au loin, mais je les avais ignorés et j’avais couru devant. De temps en temps, nous étions passés devant des aventuriers et des voitures, mais je les avais aussi ignorés. Ils soulevaient une sorte de brouhaha pendant leur trajet, mais à la vitesse à laquelle je courais, je ne pouvais les entendre que pendant une seconde.

J’avais aperçu la porte de la ville.

« C’est assez embarrassant, alors peux-tu me déposer immédiatement ? » dit Rulina

Elle commença à me dire quelque chose à l’oreille, mais je l’avais ignorée et j’avais continué à courir.

« Y-Yuna ? S’il te plaît. »

Rulina me serra plus fort, mais ça ne faisait même pas mal. J’étais allée directement à la porte ouest, prenant le garde par surprise avec mon arrivée. Rulina avait le visage tout rouge quand je l’avais laissée poser afin de lui remettre en silence ma carte de guilde. Le garde l’avait vérifiée en silence, puis nous étions allées en ville en silence.

« Euh, alors, tu veux que je te porte jusqu’à la guilde ? »

« Non ! »

Rulina était encore toute rouge lorsque nous nous étions rendus ensemble à la guilde pour faire notre rapport. Il y avait pas mal d’aventuriers qui rôdaient autour de l’entrée de la guilde, mais juste au moment où je me demandais comment nous allions les traverser, ils me remarquèrent et un chemin s’ouvrit, comme la mer qui se séparait devant Moïse.

Quand nous étions entrés dans la guilde, la réception était bondée. Quelqu’un nous avait appelés alors que nous essayions de faire la queue.

« Rulina, que s’est-il passé ? »

Lanz et Gil étaient assis sur des chaises et nous observaient.

« Lanz, pourquoi es-tu là ? »

« Pourquoi ? Parce que nous pensions que tu reviendrais, et il semblerait que nous ayons raison. Si tu es revenue si tôt, c’est que tu as dû rentrer en courant la queue entre les jambes à cause du nombre de gobelins. »

Lanz sourit, visiblement heureux de cette perspective. Avait-il réalisé que si nous échouons dans cette quête, cela signifierait qu’il échouerait lui aussi ?

« Lanz, nous avons terminé la quête. Malheureusement. », dit Rulina,

« Quoi !? »

Quand on le regardait, son visage muet devenait encore plus vide.

« Nous avons terminé la quête. Une centaine de gobelins, plus un roi-gobelin en bonus. »

« Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Cent gobelins ? Un roi gobelin ? Ce n’est même pas drôle. »

« Ce n’est pas une blague. »

Grâce à la grande gueule de Lanz, tous les aventuriers de la guilde nous regardaient à ce moment-là, en chuchotant entre eux.

« Une centaine de gobelins ? »

« Un roi-gobelin ? »

« Ils doivent plaisanter. »

« Il n’y a aucune chance qu’elles aient pu battre un roi-gobelin. »

« Mais c’est cet ours. »

« Si c’est cet ours. »

« Peut-être que cet ours pourrait vraiment le faire ? »

« Oui, je veux dire, c’est un ours. »

Sérieusement, pensèrent-ils que j’avais réussi parce que j’étais un ours ?

À ce moment-là, Helen nous prit à l’écart.

« J’aimerais vous poser quelques questions. Si vous pouviez venir par ici… »

Elle nous avait conduits à un bureau sur le côté, loin de la plupart des gens.

« Maintenant, j’aimerais savoir ce qui s’est passé. La quête que vous avez acceptée était de vaincre un groupe de gobelins apparus près du village de Touz, n’est-ce pas ? Un groupe d’une cinquantaine de gobelins ? »

« Oui, mais quand nous sommes arrivées là-bas, ils étaient une centaine. »

« Excusez-moi de vous dire ça, mais avez-vous les gemmes de mana comme preuve de la subjugation ? »

Rulina sortit de son sac sans fond la pochette en cuir qu’elle avait montrée au chef.

« Me permettez-vous de les examiner ? »

Helen accepta nos gemmes de mana et fit fonctionner quelques équipements à l’intérieur du bureau.

« Ah effectivement, il n’y a pas d’erreur. Ce sont des gemmes de mana provenant de créatures tuées aujourd’hui. J’ai aussi entendu parler d’un roi-gobelin. Est-ce que c’est vrai ? »

« Oui, le nid était géré par un roi-gobelin. »

« Vraiment ? Dans ce cas, vous auriez dû envoyer une quête urgente pour un groupe de rang C… »

« C’est bon. Yuna l’a vaincu. »

« Elle a vaincu un roi-gobelin toute seule… »

« L’ours a vaincu un roi-gobelin. »

« L’ours… »

« L’ours… »

Les échos de ces deux derniers mots s’étaient répandus dans toute la guilde.

« Est-ce que c’est la vérité ? Si vous avez la gemme de mana, pourriez-vous me la montrer ? »

« Eh bien, nous avons apporté le cadavre à la place. »

« Ah, donc il doit être dans le sac de stockage de l’ours, n’est-ce pas Yuna ? Hum, il doit être assez grand. Si vous pouviez vous rendre dans la pièce d’à côté… »

Les aventuriers nous suivaient comme des crottes de poisson rouge.

« Pourriez-vous le sortir ici, s’il vous plaît ? »

J’avais déplacé la patte de l’ours blanc et j’avais sorti le cadavre. Des halètements, des cris, des gémissements et toutes sortes de sons étaient venus de notre entourage.

Si les regards pouvaient tuer, tous ceux qui posaient les yeux sur le visage du cadavre du roi-gobelin seraient tombés morts à ce moment-là. Notre entourage s’était mis à trembler à sa vue. Ils pouvaient voir les nombreuses blessures sur la chair du roi-gobelin, ce qui témoignait de la féroce bataille que nous avions menée.

« Merci beaucoup. Pouvons-nous vous acheter le cadavre ici et maintenant ? »

« Vous pouvez l’utiliser ? »

« Oui. Contrairement aux gobelins, la peau d’un roi gobelin est résistante et durable, nous pouvons donc l’utiliser pour fabriquer des équipements de protection. Ses os peuvent également être utilisés pour des armes et des objets enchantés, tout comme sa gemme de mana. »

« Ça me va, et toi, Rulina ? »

« Ça me va aussi. »

« Dans ce cas, voulez-vous bien venir à la réception avec moi ? »

Nous étions retournés à la réception, toujours suivis par notre chapelet de badauds.

« Le groupe de Rulina a accepté cette quête. Puisque Yuna a aidé, comment voulez-vous procéder ? »

« Veuillez considérer ceci comme une quête collaborative entre mon groupe et Yuna. »

« Rulina ? »

J’avais posé une question.

« Tu es celle qui l’a vaincu, et nous ne pouvons pas nous en attribuer le mérite. Tout ce que j’ai fait, c’est récolter les gemmes de mana et parler aux gens. »

« Compris. Alors nous le traiterons de cette façon. Est-ce que tous les membres du groupe, y compris Mme Rulina, pourraient présenter leurs cartes de guilde ? », dit Helen.

« En aucune façon. »

« Lanz ? »

« Je n’ai rien fait. En fait, j’ai cru qu’elle était revenue en courant et qu’elle ne ferait rien. Je n’ai fait que me moquer d’elle et penser qu’elle ne pourrait jamais vaincre toute une horde de gobelins toute seule. »

« Gil ? »

« Je n’en ai pas besoin non plus. Je n’ai rien fait. »

« J’ai compris. Dans ce cas, nous considérerons que cette quête a été accomplie par Mme Rulina et Mme Yuna. Est-ce que ça vous va ? »

« Oui, s’il vous plaît, faites-le. »

« Alors voici la somme pour l’achat des gemmes de mana des gobelins et les frais de la quête. En plus, voici le bonus pour le rachat du roi-gobelin. »

Elle nous avait donné deux sacs. Rulina m’avait donné le bonus pour le roi-gobelin, et avait également divisé l’argent des frais de quête en deux avant de me le donner à moi aussi. Je l’avais accepté modestement et je l’avais mis dans mon entrepôt d’ours.

« Désolée pour ce qui s’est passé avant. Je vais en parler à Deboranay, c’est sûr. Lanz aussi. »

« Non, c’était amusant avec moi ! En plus, j’ai pu pratiquer la magie sur un roi-gobelin. »

C’était une expérience instructive.

Quand nous avions quitté la guilde, Rulina m’avait invitée à dîner avec son groupe. Nous avions fini par manger dans un restaurant qu’elle aimait avec Lanz et Gil. Lanz avait finalement baissé la tête et s’était excusé. Gil s’était également excusé de ne pas être venu pour tuer des gobelins. J’avais accepté leurs excuses et j’avais payé le repas.

« Êtes-vous sûre ? », me demandèrent-ils

« Oui. J’ai eu la prime du roi-gobelin, et vous pouvez considérer ça comme les frais de traitement médical de Deboranay. »

« Je vois. Dans ce cas, nous acceptons volontiers le repas. »

« Merci. »

Nous avions tous les quatre apprécié le repas, puis nous étions rentrés à l’auberge. J’avais dit à Elena que je n’avais pas besoin de dîner, j’étais retournée dans ma chambre et j’étais montée dans mon lit sans même prendre un bain.

***

Chapitre 15 : L’ours prend un jour de congé pour cause de pluie I

Il avait commencé à pleuvoir le lendemain matin et cela ne s’était pas arrêté, alors je m’étais terrée dans ma chambre d’auberge et j’avais lu mon bestiaire pour passer le temps. La plupart des créatures qu’il contenait étaient des créatures fantastiques que l’on trouvait habituellement dans les RPG, les light novel et les mangas. Je pourrais peut-être voyager dans le monde entier pour en trouver le plus possible.

Après avoir lu un moment, mon estomac me dit qu’il était temps de manger, j’étais donc descendue pour aller déjeuner. Malgré la pluie, il y avait des tonnes de clients dans la salle à manger. Quand j’avais demandé à Elena, elle me répondit : « Oh, c’est parce que la pluie a apparemment fait disparaître tous les vendeurs de rue. Les clients se rassemblent dans des endroits où ils sont protégés de la pluie battante. »

J’avais regardé dans la salle à manger et je n’avais pas trouvé de place pour m’asseoir. Je n’avais pas vraiment envie de partager une table, alors j’étais sur le point de partir.

« Mme Yuna, désolée, mais il semblerait que nous n’ayons pas de places assises, alors pourriez-vous manger dans votre chambre ? »

« Oui, c’est bon. S’il vous plaît, apportez-moi le plat du jour. »

« Compris. Je vous l’apporte dans votre chambre tout de suite. »

Environ cinq minutes après être rentrée dans ma chambre, on frappa à la porte. C’était plus rapide que prévu, pensais-je.

« Mme Yuna, pouvez-vous ouvrir la porte ? »

Quand je l’avais ouverte, Elena transportait un repas fumant. Comme les frais de déjeuner n’étaient pas inclus dans le prix du loyer, j’avais mis le repas sur la table et j’avais payé Mme Elena.

« Merci. »

« Les affaires semblent bien aller, Elena. »

« Oui, c’est le moment de gagner de l’argent », m’avait-elle répondu sans hésiter avant de retourner travailler.

J’avais mangé avec gratitude le repas qui était sur la table. C’était un sauté de légumes avec de la viande dedans, et une soupe chaude avec du pain fraîchement cuit. J’avais grignoté le pain, même si je commençais à avoir envie de riz. Je voulais aussi avoir des ramens, mais je ne savais pas s’ils en avaient dans ce monde. La prochaine fois, j’essaierai de le demander à Elena.

J’avais fini mon repas et j’avais commencé à réfléchir à ce que j’allais faire de mon après-midi. J’avais affiché mon écran de statut.

Nom : Yuna

Âge : 15 ans

Niveau : 18

Compétences : Langage du monde fantaisiste, alphabétisation du monde fantaisiste, stockage extra-dimensionnel de l’ours, identification de l’ours, détection de l’ours, carte de l’ours

Magie : lumière de l’ours, amélioration physique de l’ours, magie du feu de l’ours, magie de l’eau de l’ours, magie du vent de l’ours, magie de la terre de l’ours

ÉQUIPEMENT

Main droite : Gant de l’ours noir (non transférable)

Main gauche : Gant de l’ours blanc (non transférable)

Pied droit : Chaussure de l’ours noir (non transférable)

Pied gauche : Chaussure de l’ours blanc (non transférable)

Vêtements : vêtements d’ours noir et blanc (non transférables)

Sous-vêtements : Sous-vêtements d’ours (non transférables)

J’avais acquis une nouvelle compétence. Carte de l’ours ? Sérieusement, vous ne pouvez pas étiqueter « ours » sur tout.

Carte de l’ours

Toute zone vue à travers les yeux de l’ours peut être transformée en carte.

La Carte de l’ours invoquait une carte avec moi au centre et des indicateurs des environs de la ville, des bois de l’est et de la zone autour du village où les gobelins étaient apparurent. Toutes les autres zones étaient noires et ne montraient rien. C’était comme une fonctionnalité portée directement depuis WFO. C’était utile, mais je ne pouvais voir que les endroits où j’étais déjà allée. Je suppose que cela aurait enlevé le sens de la découverte des choses si une carte du monde entier s’était soudainement déployée devant moi.

Quelque chose m’était venu à l’esprit après avoir vu la grotte du roi gobelin marquée sur ma carte, j’avais sorti l’épée que le roi tenait de mon entrepôt à ours. Elle ne semblait pas aussi sinistre entre mes mains qu’elle ne l’était entre les siennes. Elle s’était transformée en une épée élégante avec un reflet argenté.

J’avais utilisé l’identification de l’ours dessus.

Épée du roi-gobelin

Compétences : Augmente la force physique, Complémente de la magie

Augmente la force physique : Augmente la force de l’utilisateur.

Complémente de la magie : l’épée peut être complétée par de la magie.

L’aspect sinistre de l’épée était probablement une expression directe du pouvoir du roi-gobelin. Quand j’avais envoyé du mana à travers elle, elle scintilla d’un joli reflet argenté. Je l’essaierais peut-être quand la pluie aura disparu.

Mais il ne semblerait pas que la pluie allait s’arrêter aujourd’hui, alors j’avais passé en revue ma liste de choses à faire. J’étais habituée à être seule à la maison, mais j’avais toujours quelque chose avec lequel je peux jouer, lire ou regarder. Sans tout ça, je m’étais ennuyée à mourir. La seule autre chose que je pouvais faire était de dormir, mais si je dormais dans l’après-midi, je ne pourrais pas dormir la nuit. Toutes les choses que je faisais lors de mes nuits blanches au Japon étaient des choses que je ne pouvais pas faire ici. J’avais besoin d’être créative.

Cela m’avait un peu dérangée de me voir tenir l’épée du roi-gobelin avec mes bras flasques, alors j’avais décidé d’essayer de faire de l’exercice. C’était peut-être à cause de l’équipement d’ours, mais peu importe le nombre de fois que je faisais des pompes — que ce soit dix ou cent fois — je ne me fatiguais pas. Je ne pourrais jamais muscler mes bras comme ça.

En gardant cette idée à l’esprit, j’avais enlevé l’équipement de l’ours pour me retrouver uniquement en sous-vêtements. Je portais une chemise sur le dessus, mais les seuls dessous que j’avais étaient les sous-vêtements de l’ours. Les sous-vêtements que j’avais achetés l’autre jour étaient tellement éraflés que je ne les avais pas portés. Peut-être que j’irais au magasin haut de gamme la prochaine fois.

J’avais essayé de faire des pompes. Je n’avais même pas pu en faire dix. Rien n’avait changé depuis que j’étais au Japon. J’avais renoncé à mes bras en gelée et j’avais décidé docilement de porter l’équipement de l’ours. Aussi effrayant que cela puisse être, je commençais à me sentir de plus en plus à l’aise dans cette tenue particulière.

***

Chapitre 16 : L’ours prend un jour de congé pour cause de pluie II

J’avais renoncé à faire de l’exercice. J’avais décidé de chercher des choses à faire en bas. La salle à manger était bondée comme au déjeuner, mais pour l’instant personne ne mangeait. Elena était assise au comptoir, l’air fatigué.

« Oh, Mme Yuna, désolée pour tout à l’heure. », dit-elle

« Ça ne m’a pas dérangé. »

« Alors, de quoi avez-vous besoin ? »

« J’essaie juste de tuer le temps. »

Je m’étais assise au comptoir.

« Nous n’avons pas vraiment de quoi s’occuper. »

« Eh bien, pourrais-je avoir quelque chose à boire ? »

« Oui, vous pouvez. »

Elle était allée à l’arrière et était revenue avec deux verres, dont un qu’elle m’avait tendu.

« Tenez, goûtez ça. C’est un jus de fruits de mira. »

Je l’avais remerciée, j’avais donc accepté le jus. Il était un peu aigre-doux, quoique malheureusement un peu tiède. Mais s’il était tiède… il fallait que je le refroidisse. J’avais mis la main de l’ours noir sur le verre, j’avais appelé du mana et j’avais imaginé de la glace se transformant en cubes bien nets. Il y avait eu un bruit de plongeon, et la glace flotta dans le verre.

« Attendez, qu’est-ce que c’est ? »

« Je viens de mettre de la glace dans le jus. J’ai pensé qu’il valait mieux le refroidir. », avais-je dit

J’avais pris une gorgée. Le jus que j’avais transformé était nettement plus délicieux.

« Vous pourriez faire ça pour moi aussi ? »

Elena m’avait donné son verre pendant que je dégustais mon jus. Je n’avais pas de raison de refuser, alors j’avais mis de la glace dedans.

« Merci beaucoup. »

Elena fit tournoyer la glace dans le verre et le but une fois que c’était frais.

« C’est… c’est tellement bon. Je n’arrive pas à croire que c’est meilleur quand c’est plus froid ! C’est peut-être bon quand il fait chaud. Mais je n’ai pas vraiment de place dans le réfrigérateur pour garder le jus au frais. »

Les réfrigérateurs existaient dans ce monde. Vous pouviez en faire un simple avec n’importe quel vieux joyau de mana, à condition de le charger avec de la magie de glace, mais si vous vouliez un réfrigérateur avec un congélateur, il vous fallait un joyau de mana de type glace. Dans le nord, mon bestiaire expliquait qu’on pouvait trouver des monstres de type glace, mais la difficulté et la distance impliquaient que les réfrigérateurs avec un compartiment congélateur étaient des articles de luxe.

« Si seulement mon réfrigérateur était un peu plus grand… »

Elena sirota avec nostalgie le jus glacé.

« Ne pouvez-vous pas utiliser la magie, Elena ? »

« Bien sûr que non. Si je le pouvais, je ne serais pas la fille d’un aubergiste. Je suis jalouse que vous puissiez le faire, Yuna. »

Le guide d’utilisation de l’équipement pour ours disait qu’il fallait canaliser le mana à travers lui, donc je savais que je possédais au moins le mana, comme tous les gens de ce monde. Et pourtant, je ne pouvais pas utiliser la magie si je ne portais pas la tenue d’ours. Elena avait aussi du mana, mais elle disait qu’elle ne pouvait pas utiliser la magie. Je ne comprenais pas vraiment la relation entre le mana et la magie dans ce monde, mais peut-être qu’elle était pareil que moi quand je ne portais pas la tenue d’ours.

Peut-être qu’avec le temps, je pourrais arriver à un point où je pourrais utiliser la magie sans les ours ?

Finalement, Elena et moi avions discuté jusqu’à l’heure du dîner. J’étais heureuse d’avoir trouvé quelque chose à faire, mais Elena avait reçu un avertissement de sa mère pour ne pas avoir fait son travail.

***

Histoire bonus : L’ours convoque des ours

Après avoir acheté un grimoire à la librairie, j’avais commencé à pratiquer la magie et à récupérer un max d’expérience des monstres locaux. Je m’adaptais lentement à la magie de ce monde, dont les principes fondamentaux étaient, heureusement, les mêmes que ceux de WFO.

Lorsque j’avais regardé mon écran d’état pendant une pause quelques jours plus tard, j’avais remarqué que j’avais acquis des compétences intéressantes.

L’invocation de l’ours… m’étais-je dit. Ça doit vouloir dire que je peux invoquer des ours, non ? Apparemment, je pourrais invoquer un ours depuis chaque gant d’ours.

J’avais décidé d’essayer. J’avais versé du mana dans mon gant d’ours noir et je m’étais imaginé que je pouvais invoquer un ours. Lorsque la bouche de la marionnette de l’ours noir s’était ouverte en grand, un objet rond noir et poilu avait jailli de sa bouche.

Est-ce que c’est censé être un ours ? m’étais-je dit.

L’objet rond avait bougé et avait tourné sa tête vers moi, j’avais réalisé que je regardais son derrière poilu. L’ours regarda autour de lui et se leva, il avait ensuite lentement marché vers moi. C’était un peu effrayant, j’avais fait un pas en arrière.

L’ours s’était approché. Alors que je reculais encore, l’ours avait émis un roucoulement triste. Je ne pouvais pas continuer à reculer maintenant qu’il avait fait un bruit comme ça, alors je l’avais laissé se rapprocher et se blottir contre moi. Sans surprise, il était chaud. L’ours semblait heureux quand je lui tapotais la tête. Sa fourrure était douce et pelucheuse contre ma peau.

« Est-ce que je t’ai invoqué ? »

En réponse, il roucoula de nouveau et s’était assis, le dos tourné vers moi.

« Veux-tu dire que tu veux que je te chevauche ? »

Il roucoula à nouveau. Je n’avais jamais monté à cheval, mais en pensant à mes projets d’avenir, je pourrais certainement utiliser un cheval pour les longs voyages. J’avais monté l’ours avec précaution, et il s’était relevé lentement, pour que je ne tombe pas.

« Euh, whooaaa. »

Je m’étais sentie basculer, mais je n’étais pas tombée. L’ours s’était retourné pour me regarder, mais il n’avait pas essayé de bouger.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Au moment où je le demandais, j’avais réalisé ce qui se passait.

« Oh oui, tu ne sais pas où aller. Euh, tu peux juste marcher n’importe où pour le moment. »

L’ours roucoula tout en se mettant à marcher.

« Whoa. »

C’était bien mieux que ce que je pensais. Je ne glissais pas autant que je le craignais, c’était un peu comme si je montais sur un canapé de luxe.

« Pourrais-tu essayer de courir un peu ? »

L’ours s’était lancé dans un sprint si rapide que le paysage s’était précipité. Je n’avais pas perdu l’équilibre ni même eu l’impression de tomber, malgré la vitesse à laquelle nous allions. C’est peut-être la capacité de cette convocation ? avais-je pensé. Je m’étais balancée de gauche à droite pour la tester, mais même quand j’avais essayé de me lever, c’était comme si une sorte de force me retenait à l’ours. Je n’étais même pas tombée quand je m’étais détendue et couchée. Est-ce que cela signifiait que je pouvais dormir pendant que je voyageais ?

J’avais décidé d’essayer cela plus tard. Il me restait à vérifier la vitesse de pointe de l’ours.

« Essaie de courir plus vite. »

Quand je lui avais demandé de faire ça, l’ours avait pris de la vitesse. J’étais presque sûre qu’on allait plus vite qu’une moto. Nous avions heurté les contreforts d’une montagne et nous avions continué à grimper alors que le sol devenait très incliné. L’ours ne semblait même pas fatigué.

« Stop. »

Une fois que nous étions à mi-chemin du flanc de la montagne, j’avais tapoté la zone proche du cou de l’ours. L’ours avait progressivement ralenti jusqu’à s’arrêter. Je descendis afin de m’étirer. Je n’avais aucune idée de l’endroit où nous étions, mais au moment où j’avais essayé d’ouvrir ma carte pour vérifier, l’ours sauta soudainement sur le côté.

« Quoi !? »

Une flèche s’était enfoncée dans le sol à l’endroit même où l’ours se trouvait jusqu’à il y a un instant. J’avais suivi sa trajectoire et j’avais instantanément soulevé un mur de terre.

Est-ce qu’ils nous poursuivaient ? m’étais-je dit.

J’avais utilisé la magie de détection pour chercher leur emplacement. En suivant l’angle de la flèche, j’avais remarqué une cible complètement immobile. J’avais ouvert un petit trou dans le mur de terre pour me faire une confirmation visuelle, mais comme le sol était en pente et qu’il y avait des arbres autour, je ne pouvais pas voir qui avait tiré la flèche.

Il était à une centaine de mètres. Et il ne me visait pas directement, mais mon ours. J’avais regardé l’ours, puis mes vêtements, en me demandant si je ne ressemblais pas de loin à son petit.

« Vous m’entendez !? »

J’avais crié dans la direction d’où venait la flèche.

« Je suis une aventurière, et cet ours est à moi. Pourriez-vous s’il vous plaît ne pas nous tirer des flèches !? »

J’avais attendu une réponse. S’il ne répondait pas, mes seules options étaient de fuir ou de riposter.

« Êtes-vous vraiment une aventurière ? Est-ce que cet ours est vraiment inoffensif ? » me répondit-il.

« Il ne vous fera pas de mal tant que vous ne l’attaquerez pas. Si vous continuez votre attaque, alors je riposterai en réponse. », avais-je dit.

Il s’était tu pendant un court moment.

« Très bien. »

Un homme portant un arc et des flèches était sorti d’une brèche dans les arbres. Il était habillé comme un chasseur de jeu vidéo.

« Cet ours est-il vraiment à vous ? » demanda-t-il.

« Oui. »

Pour le lui prouver, je caressais l’ours.

« C’est la première fois que je vois un ours obéir à un humain comme ça. Désolé d’avoir tiré de nulle part. Ce gros ours m’a juste fait peur quand il est arrivé. »

« C’est bien, mais j’étais là aussi. Vous auriez dû savoir qu’il y avait quelque chose. »

« Désolé. Cette tenue vous faisait ressembler à un ourson de loin. D’où vient une fille comme vous ? N’allez-vous pas vivre dans les bois avec cet ours ? »

« Nous vivons dans une ville appelée Crimonia. »

« Crimonia ? C’est assez loin. Est-ce que cette tenue est populaire dans cette ville ? »

Je l’avais souhaité. Le seul endroit où ce look était à la mode, c’était au Japon.

« Alors pourquoi êtes-vous dans un endroit comme ça, mademoiselle ? C’est dangereux par ici. »

« J’étais juste en train de me promener avec mon ours. Est-ce vraiment si dangereux par ici ? »

« Vous vous promeniez ? En portant cette tenue bizarre ? »

Franchement, il aurait pu éviter de dire que c’était bizarre. Ce n’était pas comme si je portais le costume parce que j’en avais envie.

« Cet endroit n’est pas sûr. Il y a un esprit gardien. », dit-il.

« Un gardien de quoi maintenant ? »

« C’est un gigantesque sanglier. J’ai tiré sur votre ours parce que je pensais que c’était l’esprit au début. »

« Attendez, il est vraiment si gros ? »

Mon ours était assez gros. Si le sanglier était à peu près de la même taille…

« Oui, il est à peu près aussi gros que cet ours. Il mange toutes nos récoltes et attaque les gens qui s’égarent dans la forêt, donc si vous devez partir, vous feriez mieux de le faire vite. », dit-il.

« Compris. Je vais donc y aller. »

L’homme hésita alors que je remontais sur mon ours.

« En fait, avez-vous un moment ? », dit-il.

« Bien sûr. Qu’est-ce qu’il y a ? »

Il regarda le mur que j’avais fait et me demanda : « Pouvez-vous utiliser la magie ? »

« Oui. »

« Quelle est la force de ce mur ? »

« Il est assez fort pour protéger des attaques de gobelins et des orcs. »

« Les attaques des orcs !? J’ai quelque chose à vous demander, mademoiselle. Pourriez-vous faire des murs comme ça autour des champs du village ? Nous vous paierons ce que nous pourrons, bien que je craigne que ce ne soit pas beaucoup. Je sais que je vous demande quelque chose de déraisonnable, mais à ce rythme, l’esprit gardien va raser le village, maison après maison. Je vous en prie. »

L’homme baissa la tête en signe de supplication. Cela ressemblait à gros plan galère, mais revenir et trouver le village détruit me laisserait un goût amer dans la bouche. J’avais accepté, bien qu’à contrecœur.

« Je peux faire ça, mais je ne sais pas si ça résistera vraiment à l’esprit gardien. »

Je savais combien la charge d’un sanglier sauvage était dangereuse, même chez moi. Je ne pouvais pas imaginer à quel point un ours serait fort, mais je ne pouvais certainement pas garantir que mes murs l’empêcheraient d’entrer.

« Je comprends. Au fait, je m’appelle Brandaugh. J’habite dans le village près d’ici. »

« Je m’appelle Yuna. Je suis une aventurière. »

Après nous être présentés, nous nous étions dirigés vers le village, qui était apparemment dans la direction opposée à celle d’où je venais. J’étais montée sur l’ours tandis que Brandaugh nous guidait. Pendant le trajet, il m’avait dit qu’il me donnerait plusieurs rations journalières de légumes que le village avait cultivés en remerciement.

En continuant à descendre le chemin de montagne, le village était apparu à notre vue. Un homme à l’entrée du village pointa sa lance vers nous.

« B-Brandaugh, c’est quoi cette chose derrière toi !? », cria l’homme.

« C’est bon ! Baisse ton arme. Cette personne dans la tenue d’ours est Yuna, c’est une aventurière. L’ours est à elle, donc nous ne sommes pas en danger tant que nous ne lui faisons pas de mal. »

« En es-tu sûr ? » dit-il tout en jetant un regard douteux à l’ours.

« Je te promets qu’il ne nous attaquera pas. »

« D’accord, mais ce n’est pas à moi de décider. Je vais chercher le chef du village, alors attends ici », dit l’homme à Brandaugh. Celui-ci se mit à courir dans le village.

« Désolé pour tout ça. Tout le monde est en alerte à cause de l’esprit gardien. »

Je savais très bien que cela se passerait comme ça. Je portais une tenue étrange et j’avais chevauché ce que toute personne normale en ce monde considérerait comme un ours féroce.

Au bout d’un moment, l’homme était revenu, maintenant accompagné d’une personne plus âgée.

« Brandaugh, comprends-tu au moins la situation dans laquelle nous sommes ? »

« C’est parce que je comprends la situation que je l’ai amenée ici. »

« De quoi parles-tu ? »

« Cette jeune fille peut utiliser la magie de la terre. Je l’ai amenée ici pour qu’elle puisse faire des murs pour nous protéger contre l’esprit gardien. »

« Allez-vous élever des murs avec de la magie ? C’est vrai que ça pourrait nous aider, mais nous n’avons pas d’argent pour la rémunérer… »

« Certains légumes frais feront l’affaire », avais-je dit.

« Êtes-vous sûr que c’est tout ce que vous voulez ? »

« Oui, assurez-vous juste qu’ils soient savoureux. »

Les légumes étaient meilleurs quand ils étaient fraîchement cueillis. C’était une vérité universelle.

« Et est-ce votre ours ? »

« C’est le mien. »

J’avais serré l’ours autour de son cou pelucheux pour le prouver.

« Il n’attaque vraiment pas les gens ? »

« Tant qu’ils ne l’attaquent pas en premier. »

« Très bien. Bien, permettez-moi de vous souhaiter officiellement la bienvenue au village. Bogue, s’il te plaît, fais-la connaître à tous les habitants du village et insiste sur le fait qu’ils ne doivent pas provoquer l’ours. »

Le garde s’était enfui une seconde fois, et nous l’avions suivi. En entrant dans le village, il était devenu évident qu’ils étaient dans une situation difficile. Certaines maisons avaient de grands trous d’effondrement dans leurs murs, tandis que d’autres s’étaient entièrement effondrées.

« Voici l’œuvre de l’esprit gardien. Nous pouvons reconstruire les maisons, mais sans nos champs, nous allons manquer de nourriture et les villageois n’auront d’autre choix que de mourir de faim. »

Je commençais à me sentir coupable d’accepter des légumes de leur part. Vu l’état du village, il était clair que leurs produits étaient la chose la plus précieuse qu’ils avaient.

En ce qui concernait les défenses, tout ce qu’ils avaient, c’était une clôture en bois délabrée, rapiécée et renforcée par endroits. Je m’étais dit que c’était probablement les sections que l’esprit gardien avait brisées. J’avais fait marche arrière jusqu’à l’entrée du village et j’avais commencé à entourer le village de murs en terre, en utilisant la clôture existante comme fondation pour construire.

« Faites-moi savoir si vous avez aussi besoin d’autres sorties », avais-je dit à Brandaugh.

« Je le ferai. »

J’avais fait le tour du village sur mon ours, en élevant des murs de deux mètres de haut. C’était probablement un sacré spectacle pour eux, puisque de plus en plus de villageois se rassemblaient pendant que je travaillais. Ils m’acclamaient chaque fois que j’érigeais un nouveau pan de mur, et les enfants couraient après l’ours.

« La magie est vraiment incroyable », déclara Brandaugh.

« Il n’y a personne au village qui peut utiliser la magie ? »

« Nous oui, mais tout ce qu’on peut faire, c’est allumer de petits feux. Je n’ai jamais vu ou entendu parler de magie aussi impressionnante. Où en êtes-vous avec le mana ? S’il vous plaît, n’en faites pas trop. »

Il n’y connaissait manifestement pas grand-chose en magie, puisqu’il semblait vraiment s’inquiéter pour moi.

« Je vais bien. »

« C’est bien, mais faites-moi savoir si vous êtes fatiguée. »

Bien sûr, je n’étais pas du tout fatiguée au moment où j’avais fini de construire le mur. J’avais façonné plusieurs portails dans les endroits où Brandaugh me l’avait demandé.

« Que feras-tu si l’esprit gardien entre par ici ? »

« L’esprit vient des montagnes, il n’entrera donc pas de cette direction. Nous renforcerons encore les portes avec du bois plus tard, juste pour être sûrs. »

Nous étions allés voir le chef du village pour lui faire savoir que le mur était terminé. Il m’avait remerciée, disant qu’ils avaient peu à offrir en termes d’hospitalité, mais il avait insisté pour m’offrir un repas. Le soleil commençait à se coucher. Dans ce monde sans électricité, le travail s’arrêtait quand la lumière du jour disparaissait.

Ils m’avaient fait entrer dans la maison du chef du village et m’avaient fait asseoir à une table. Je me sentais un peu mal de faire attendre l’ours dehors, mais il allait difficilement passer par la porte. Une femme était sortie de la cuisine avec un plateau de nourriture chargé, et Brandaugh commença à s’étonner.

« Marie, que fais-tu ici ? »

« J’aide le chef. D’ailleurs, c’est toi qui as amené notre invitée ici ? Si je ne peux pas être une femme hospitalière, alors qui le sera ? », dit-elle.

« Mais qu’en est-il de ton ventre ? » s’inquiéta Brandaugh. Un regard sur son ventre de femme enceinte me dit pourquoi il était inquiet.

« Un peu d’exercice est bon pour moi. »

« Je suppose… mais n’en fais pas trop, s’il te plaît. »

Marie avait apporté du pain, de la soupe de légumes et de la salade. Le pain était délicieux, il devait être fraîchement cuit. La soupe était un peu fade, mais c’était tout de même un repas savoureux et satisfaisant.

« Mademoiselle, j’en ai déjà parlé avec Marie, mais voulez-vous rester chez moi ce soir ? Nous vous avons fait travailler si tard, et nous devons encore rassembler des légumes pour vous les donner, » dit Brandaugh.

Honnêtement, j’avais à peu près décidé à ce moment-là qu’il ne serait pas juste de prendre leurs produits alors qu’ils étaient déjà si peu nombreux. Rien ne m’empêchait de remonter sur mon ours et de rentrer directement à la maison, mais je pouvais voir le soleil se coucher dehors. Il ferait nuit dans l’heure qui suit.

Alors que je débattais de ce que je devais faire, une agitation éclata dehors.

« L’esprit gardien est ici ! », cria quelqu’un.

Tout le monde dans la maison du chef du village se leva de sa chaise.

« Marie, toi et le chef du village restez ici. Je vais y aller. », dit Brandaugh

Il saisit l’arc appuyé contre le mur et s’enfuit de la maison. J’avais couru après lui, en suivant le son des voix agitées, et mon ours suivi de près derrière moi. Quand j’étais arrivée à l’endroit où les villageois étaient rassemblés, un bruit affreux venait du mur.

BLAM !! BLAM !!

« Ces murs sont incroyables ! Ils tiennent le coup même quand l’esprit gardien tape dedans ! »

Les hommes qui avaient placé des échelles contre le mur pour regarder par-dessus étaient en train d’applaudir.

« Le village est sauvé ! »

« Merci, mademoiselle ! »

Les villageois rassemblés me firent part de leur gratitude, mais leurs paroles s’étaient transformées en cris quand ils avaient entendu les guetteurs sur les échelles dire : « L’esprit gardien est en mouvement. Mais c’est là que… »

Ils regardaient dans la direction de l’entrée.

« Rentrez chez vous ! »

« Merde, c’est rapide ! »

Les villageois avaient commencé à se disperser. Brandaugh courut à travers la foule vers l’entrée. J’avais poussé un soupir avant de le poursuivre, en souhaitant qu’il pense à son enfant à naître avant de plonger la tête la première dans le danger. Mais il n’y avait pas que Brandaugh qui se dirigeait vers l’entrée. En arrivant à la porte principale, nous avions été rejoints par plusieurs hommes armés.

« Nous savons d’où ça va venir ! Attaquez ensemble dès qu’il arrivera ! »

« Ouais ! »

L’esprit gardien se profilait à l’entrée. Comme l’avait dit Brandaugh, il était aussi massif que mon ours. Les archers tirèrent, mais la peau de la créature repoussa leurs flèches. Il gratta le sol et se mit à courir, les hommes armés de lances lui lancèrent des coups infructueux au passage.

L’esprit courait droit sur moi. Alors que je préparais un sort, mon ours bloqua sa charge.

« Ours ! »

Il frappa durement l’esprit gardien et le retint. L’esprit gardien se retrancha et essaya de repousser l’ours, mais l’ours rassembla ses forces et tint bon. Il ne laissa pas l’esprit gardien faire un seul pas en avant.

« Jette-le sur le côté ! »

L’ours rugit en réponse à mon ordre et s’avança. Les pattes avant de l’esprit gardien, qui se débattaient, se soulevèrent du sol et soudainement, avec un grand bruit sourd, il était étendu à plat. Au même moment, j’avais invoqué ma magie.

J’avais recueilli de l’eau dans mon gant d’ours noir droit. J’avais libéré le sort sur l’esprit gardien, en enveloppant sa tête. Ses luttes s’intensifièrent alors qu’il commençait à se noyer.

« Ours ! Ne le laisse pas s’échapper ! »

L’ours s’était raffermi et avait maintenu l’esprit gardien au sol. Il se débattait, essayant de s’échapper, mais il ne pouvait pas respirer, et l’ours utilisait tout son poids pour le coincer. L’esprit gardien perdit peu à peu sa force de lutte. Finalement, il s’était arrêté de bouger.

Un silence discret s’était installé dans le village.

« Merci, ours », avais-je dit.

L’ours roucoula doucement, puis s’éloigna de l’esprit gardien.

« Est-il mort ? », demanda quelqu’un d’une voix feutrée.

« Est-ce que c’est vraiment... »

Brandaugh avait pris une lance d’un des villageois et frappa l’esprit gardien. Il n’avait pas réagi.

« Il est mort. »

À ces mots, le village était rempli de joie.

« Merci, mademoiselle ! »

« Merci ! »

Les mots de gratitude pleuvaient sur moi.

« Êtes-vous vraiment sûre de cela ? »

J’avais décidé de donner le corps de l’esprit gardien au village.

« Cette chose a mangé votre nourriture et vous a causé tout ce chagrin, n’est-ce pas ? Vous pouvez le manger, le vendre ou en faire ce que vous en voulez. »

« Mais nous ne vous avons rien donné en retour. Vous avez construit ces murs pour nous, et vous avez même vaincu l’esprit gardien par vous-même. Comment pouvons-nous prendre le butin, sa dépouille après tout cela ? »

Les villageois hochèrent la tête aux paroles du chef du village.

« Vous avez des femmes enceintes ici. Elles ont besoin de bien manger pour rester en bonne santé, et d’après ce que je vois, aucune d’entre vous n’a fait ça, pas vraie ? »

Elles avaient toutes une allure un peu maigre.

« Je reviendrai un jour, vous pourrez alors me remercier. »

« Vous avez notre gratitude éternelle. »

Le chef du village baissa la tête en signe de remerciement.

J’avais fini par passer la nuit chez Brandaugh. Quand j’étais partie le lendemain matin, les villageois s’étaient tous rassemblés à la porte principale pour me dire au revoir. C’était vraiment gênant.

« Revenez quand vous le voulez. Vous serez toujours la bienvenue ici, mademoiselle. », dit le chef.

« Merci, mademoiselle. Dites-nous si vous avez besoin de quelque chose. Je n’oublierai jamais la dette que nous avons envers vous, » dit Marie.

« Merci, Yuna », dit Brandaugh.

« Marie, j’espère que le bébé sera en bonne santé », avais-je dit

« N’oubliez pas de venir le visiter ! »

J’avais sauté sur le dos de l’ours et j’étais partie pour Crimonia. J’étais vraiment heureuse qu’il soit si rapide. Cela rendait les voyages longue distance plus pratiques.

En fait, je n’ai essayé qu’un seul gant, pas vrai ? m’étais-je dite tout en lui tapotant le dos pendant que nous rentrions à la maison.

J’avais fait une pause une fois que j’avais passé la montagne près du village et j’avais recueilli du mana dans le gant blanc pour essayer de convoquer un autre ours. Une boule de poils blanche géante sauta du gant et atterrit sur le sol. Ok, m’étais-je dit, c’est donc un ours blanc.

Mais l’ours blanc avait le dos tourné vers moi et ne voulait pas bouger.

« Quelque chose ne va pas ? »

Je l’avais appelé, mais il n’avait pas réagi.

J’avais tourné autour de l’ours blanc. L’ours blanc émit un petit gémissement et tourna son visage vers le bas. Peut-être qu’il boude ? m’étais-je dit. Il faisait toute sorte de cercles boudeurs sur le sol. Aussi mignon que ce soit, je m’étais sentie mal. Il devait être bouleversé parce que j’avais invoqué l’ours noir, mais pas lui.

Mais c’était mignon.

« Désolée. Ce n’est pas comme si je ne voulais pas te convoquer. J’ai juste oublié… »

Au moment où j’avais dit : « J’ai juste oublié », l’ours blanc m’avait tourné le dos à nouveau.

« Eh bien, ce n’est pas comme si j’avais vraiment oublié… eh bien, écoutes, je suis seule ici. Il m’est tout simplement impossible de vous chevaucher tous les deux en même temps, alors pourquoi ne pas le faire à tour de rôle ? Me laisseras-tu me ramener chez moi ? »

J’avais tapoté son dos blanc poilu en lui demandant ça. Cette fois, l’ours releva ses oreilles et me regarda.

« Est-ce que ça irait ? »

L’ours blanc roucoula et se leva. Tout était pardonné, apparemment.

J’avais monté l’ours blanc et j’avais fait le reste du chemin jusqu’à Crimonia, profitant de ce temps pour trouver des noms pour mes nouveaux coureurs. Finalement, je les avais trouvés. J’avais nommé l’ours noir Kumayuru, et l’ours blanc Kumakyu.

***

Chapitre 17 : L’ours s’attire des ennuis et passe au rang D

Après avoir tué le roi-gobelin, j’avais accepté d’autres quêtes de la guilde, acquérant ainsi beaucoup d’expérience…

… dans l’application de la magie, la visualisation des sorts, la découverte de la puissance de la magie de l’ours.

… en utilisant l’épée du roi-gobelin et en canalisant le mana à travers elle.

… dans l’utilisation des couteaux.

… en découvrant la puissance de l’attaque et de la défense de l’ours.

J’avais vérifié toutes sortes de choses ces derniers jours. Plus récemment, j’avais confirmé combien je pouvais mettre de choses dans le stockage de l’ours et quelle était sa taille. J’avais rangé les loups qui m’avaient servi de cobayes pour la journée et j’étais allée faire mon rapport à la guilde.

« Mme Yuna, avez-vous aussi ramené des loups aujourd’hui ? » demanda Helen

« Oui, c’est exact. », lui avais-je dit

« Vraiment ? »

« Pourquoi me demandez-vous ça ? »

« Ces derniers temps, les aventuriers ayant des quêtes d’exterminations reviennent les mains vides. »

« … »

« Il semblerait qu’il n’y ait plus de monstres à tuer. »

« … »

« Quand des aventuriers vont tuer des gobelins, les gobelins ne sont plus visibles. »

« … »

« S’il y a un village qui demande de massacrer des orcs, les orcs partent d’eux-mêmes avant qu’ils ne le sachent. »

« … »

« Quand ils sortent pour tuer des kobolds, il n’y en a plus. »

« … »

« Certains se contentent de tuer des lièvres à cornes et ils n’en trouvent pas. »

« … »

« Et cela n’est pas arrivé qu’une ou deux fois. Savez-vous quelque chose à ce sujet ? »

Elle me jeta un regard inquisiteur. La réponse était très clairement OUI. Tout ce qu’elle avait nommé, je l’avais tué. Ils étaient toujours dans mon entrepôt d’ours.

« Je vois. C’est dommage pour les aventuriers qui ont pris ces quêtes. », lui dis-je.

Helen soupira profondément à ma tentative de faire l’idiote.

« Il semblerait qu’ils aient vu une fille dans un mignon costume d’ours noir à de nombreuses reprises avant de sortir pour tuer des monstres. Serait-ce l’une de vos amies ? »

Elle me regarda en silence, droit dans les yeux. Je m’étais empêchée de détourner le regard, même si je le voulais.

« Peut-être que ma tenue est juste en tendance en ce moment ? »

« Ce n’est pas possible ! La seule qui soit habillée de cette façon, c’est vous ! Il n’y a que vous ! »

« Si vous le saviez déjà, vous auriez pu le dire dès le début. »

« Le maître de la guilde m’a dit de vous appeler si vous veniez. »

« Pourquoi ? Ce n’est pas comme si je leur avais volontairement volé leurs quêtes. C’est juste que quand je suis arrivée là-bas, j’ai vaincu des monstres parce qu’ils étaient dans le coin. »

« Oui, il n’y a pas de problème avec ça. Surtout que vous n’avez pas pris l’argent des quêtes. »

« Dans ce cas… »

« Mais, puisque vous êtes inscrite à la guilde, nous aimerions que vous signaliez les monstres que vous avez tués dans le cadre de vos fonctions. Dans ce cas, les aventuriers qui ont effectué ces quêtes ne se verront pas infliger d’échecs. »

« J’ai compris. Je vais le signaler à partir de maintenant. »

« Cependant, j’ai encore besoin que vous rencontriez le maître de guilde aujourd’hui. »

« Vraiment ? »

« Oui, vraiment. Je vais vous y escorter tout de suite, alors venez avec moi, s’il vous plaît. »

Helen me traîna dans la pièce du maître de guilde.

« Maître de guilde. J’ai amené Mme Yuna. », dit-elle en frappant à la porte.

« Entrez. »

Helen m’avait conduite à l’intérieur de la pièce. Le maître de guilde était là, travaillant à un bureau.

« Alors, vous êtes arrivée. Vous pouvez retourner travailler, Helen. Yuna, asseyez-vous là. »

Il me montra une table au milieu de la pièce. Il y avait environ six sièges alignés devant la table. J’en avais choisi un au hasard.

« Alors, qu’est-ce que vous faisiez ? »

« Qu’est-ce que je faisais ? »

« Comme je le pensais, vous avez tué des monstres qui faisaient partie des quêtes d’autres personnes et vous ne les avez jamais signalés. Vous n’avez même pas essayé de récupérer l’argent des quêtes. Vous n’avez pas non plus essayé de vendre les matériaux. Quel est votre objectif ? »

Tuer le temps, pratiquer la magie, m’entraîner avec mon épée, observer les monstres, faire des cartes, il y avait une tonne de choses.

« Je viens d’arriver dans cette ville, donc je me familiarise avec la région. Je ne faisais que tuer des monstres que je croisais sur mon chemin. »

« Dans ce cas, pourquoi n’avez-vous pas fait de rapport à la guilde ? »

« Je viens juste de m’inscrire, je n’en avais donc aucune idée. »

Je ne savais pas qu’il était de mon devoir de signaler les monstres que j’avais tués, autres que ceux pour lesquels j’avais accepté des quêtes. C’était la faute d’Helen de ne pas me l’avoir dit.

« Et pourquoi n’avez-vous pas revendu le matériel ? »

« Je n’ai pas besoin de l’argent. »

« Mais ça ne sera-t-il pas mauvais s’ils commencent à pourrir dans votre sac sans fond ? »

C’est vrai, pensais-je, les sacs sans fond normaux ne peuvent pas arrêter le temps.

« Umm, pourriez-vous garder ça entre nous ? »

« Qu’est-ce que c’est ? Je ne suis pas du genre à dévoiler les secrets des autres. »

« Mon sac sans fond peut arrêter le temps, donc rien ne pourra s’y détériorer. »

« Vraiment ? »

J’avais étalé quelques vieilles carcasses de loups sur son bureau pour prouver mon point de vue.

« Je les ai vaincus il y a trois jours. »

Le maître de la guilde les examina.

« Elles sont encore chaudes. »

Je les avais remises dans mon entrepôt à ours pour qu’elles ne saignent pas sur son bureau.

« Ils ne pourriront pas, donc c’est bon. »

« J’en ai assez entendu. N’oubliez pas de signaler vos actes à partir de maintenant. Si vous ne le faites pas, vous mettrez les autres aventuriers dans le pétrin. »

« OK, compris. Puis-je y aller maintenant ? »

« Encore une chose. Avez-vous tué des orcs ? »

« Oui. »

Il était inutile de mentir, j’avais donc répondu honnêtement.

« Je vois. Alors nous allons vous promouvoir au rang D, à partir d’aujourd’hui. »

« Est-ce vraiment bien pour moi d’être promue aussi facilement ? Je n’ai encore accepté aucune quête du rang D. Ne dois-je pas accepter au moins dix quêtes ? »

« Si vous pouvez vaincre des orcs et un roi-gobelin toute seule, ce n’est pas un problème. De plus, vous devez avoir plus de dix orcs dans votre sac sans fond, n’est-ce pas ? »

Ce qu’il disait était juste.

« Aussi, je suis désolé, mais j’ai besoin que vous vendiez les corps des orcs à la guilde. Si la guilde ne fournit pas de temps en temps des pièces de monstres aux magasins, ça se répercute sur nous. »

« Compris. »

Une employée de la guilde m’avait ramenée à Helen à la réception. Elle raconta à Helen ce que le maître de la guilde avait dit et était retournée à son propre travail.

« Mme Yuna, félicitations pour votre promotion. »

« Merci. »

Helen avait mis la carte de guilde sur le panneau de cristal et commença à la bricoler, me faisant rappeler le fait que je ne comprenais toujours pas comment les panneaux de cristal pouvaient partager des données à travers le monde.

« La guilde a une demande, si vous voulez bien y prêter attention. », avait-elle dit

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Pourriez-vous éviter de tuer des loups dans cette région pendant un moment ? Vous êtes libre de tuer des monstres, bien sûr, mais cela causera des problèmes aux aventuriers débutants qui essaient de gagner leur vie. »

« Eh bien, je suis aussi censée être une débutante. »

Je n’étais moi-même une aventurière que depuis peu.

« Je ne vous appellerais pas une débutante. Les débutants ne peuvent pas vaincre les hordes de gobelins, les rois-gobelins et les orcs. »

Elle n’avait pas tort.

« J’ai compris. J’ai juste besoin de ne pas les combattre pendant un certain temps, non ? »

« Merci beaucoup. Nous aimerions que les aventuriers de bas niveau puissent acquérir de l’expérience et monter en grade, et les choses les plus appropriées pour eux sont de battre les loups et les gobelins. »

« Attendez ! Puis-je encore tuer les gobelins ? »

« Les gobelins se multiplient rapidement, vous n’avez donc pas besoin de vous retenir. S’il vous plaît, tuez autant que vous le souhaitez. Ils sont une cible impopulaire, puisque vous ne pouvez pas les vendre. »

J’avais repris ma carte de guilde. J’étais au rang D maintenant.

« Dans ce cas, puis-je rentrer chez moi maintenant ? »

« Oui, vous pouvez. Mais vendez le matériel avant de partir. »

J’avais quitté la guilde et j’étais allée à côté.

***

Chapitre 18 : L’ours fait des ventes

J’avais quitté la guilde et je m’étais dirigée vers le comptoir de change d’à côté. Deux des trois comptoirs étaient au service des clients, alors je m’étais naturellement rendue à celui qui était ouvert.

« Yo, fille ours. Vendez-vous encore des loups ? » dit Gentz, en souriant en me saluant.

« J’ai aussi d’autres monstres. »

J’avais sorti dix loups de mon entrepôt à ours. Les aventuriers dans la pièce s’étaient mis à être légèrement consternés à leur vue.

Gentz appela deux employés de l’arrière et leur demanda de déplacer les loups. Lorsque le comptoir s’était dégagé, j’avais ensuite sorti dix lièvres à cornes. L’agitation autour de moi dans la pièce s’était encore accrue. Soit dit en passant, les lièvres à cornes étaient des lapins d’un mètre de long. Ils avaient l’air mignons, mais ils pouvaient sauter comme des diables, et si vous n’aviez pas de bonnes défenses, ils pouvaient vous transpercer avec leurs cornes.

« Quoi ? Vous avez même des lièvres à cornes ? Ils ont aussi tous l’air frais. »

Gentz rappela l’arrière et leur ordonna d’enlever les lièvres.

« Comme toujours, vous ne les avez pas dépecés. »

« Je ne sais pas comment faire, et c’est vraiment chiant. »

« Ça donne du travail à la guilde, donc on est contents de le faire, mais vous allez perdre de l’argent si vous n’apprenez pas. »

« J’apprendrai », lui avais-je dit, mais je n’avais pas l’intention de faire quelque chose de ce genre. Il aurait peut-être été plus juste de dire que je ne pensais pas pouvoir apprendre. J’avais seulement cessé d’être dégoûtée par les cadavres de monstres. Les découper était trop pour moi.

« Donc, il y aura pour aujourd’hui dix loups et dix lièvres à cornes ? »

« Il y a plus. Il y a quelque chose que le maître de la guilde m’a dit d’apporter. »

« Le maître de guilde vous a dit d’apporter quelque chose ? »

J’avais sorti un orc.

« Hé là, vous avez même un orc ? Attendez un peu. Vous n’allez pas me dire que vous avez dix orcs entiers, pas vrai ? »

Les plus petits orcs mesuraient environ deux mètres de haut, les plus grands pouvaient atteindre trois mètres. Il était impossible d’en transporter un seul, et ça gênerait si je les mettais tous sur le comptoir.

Les aventuriers assemblés s’étaient remis à chuchoter.

« Ce n’est pas possible que ce soit un orc. »

« Mais c’est vraiment un orc. »

« Est-ce qu’elle l’a battu toute seule ? »

J’avais ignoré leur agitation et j’avais répondu à la question de Gentz.

« C’est exact. »

« Sérieusement ? Quel genre de sac sans fond est-ce ? Nous serons dans le pétrin si vous sortez dix orcs ici. Venez à l’entrepôt frigorifique à l’arrière. »

J’avais suivi Gentz derrière le comptoir jusqu’à l’entrepôt, en entendant les voix des aventuriers.

« Il n’y a aucune chance qu’elle en ait dix. »

« Comment les a-t-elle battus ? »

« C’est parce que c’est un ours. »

« L’Ours sanglant pourrait le faire. »

« Ne te fous pas de la gueule de l’Ours sanglant. »

« C’est quoi, l’Ours sanglant ? »

« Tu ne sais pas… »

Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’ours sanglant ? pensais-je. Je voulais faire une pause et écouter, mais je ne pouvais pas risquer de perdre de vue Gentz.

L’intérieur de l’entrepôt était tapissé de pierres précieuses de mana de glace qui le maintenaient frais.

« Assurez-vous de fermer la porte une fois que vous êtes entrée, ou vous laisserez entrer trop de chaleur », demanda Gentz.

J’avais fermé la porte derrière moi. Il y avait d’innombrables morceaux de viande, et des cheveux, des cornes, des peaux et d’autres parties de monstres découpés qui s’entassaient à l’intérieur. Les loups et les lièvres à cornes que je venais de sortir avaient aussi été amenés à l’intérieur. Les employés gagnaient clairement leur salaire.

« Je sais qu’il fait froid, mais supportez-le. La viande pourrit si on la laisse se réchauffer. »

Gentz se dirigea vers la plus grande table du fond. Même là, il n’y avait de la place que pour un orc.

« Pouvez-vous en mettre un par-dessus, puis poser le reste par terre, tout près ? »

Je les avais sortis de la réserve à ours comme il me l’avait demandé.

« Merci. Ça doit être difficile de les transporter. Vous êtes sûr de vous ? Vous aurez une récompense plus faible si nous les découpons pour vous. »

« Je ne peux pas les découper, et je n’ai pas besoin d’argent, donc c’est bon. »

« Je suppose que vous vendrez encore beaucoup de choses. Quel est votre rang maintenant, fille-ours ? »

« Je viens d’arriver au rang D. »

« Rang D, hein. Cela a du sens vu que vous pouvez vaincre les orcs. Puis-je vous demander quelque chose ? »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Vous ne pouvez pas les dépecer ou les découper, pas vrai ? »

« … »

« Alors, pourriez-vous donner le travail à un jeune travailleur qui vient faire ces choses de temps en temps pour nous ? »

« La guilde ne perdrait-elle pas de l’argent ? »

« On se débrouillera bien sans vos monstres à découper. Combien d’aventuriers pensez-vous qu’il y ait ? »

C’était vrai. La guilde se débrouillait très bien avant que je vienne. Un client était une goutte d’eau dans la mer.

« Mais, pourquoi juste cette personne ? »

« Eh bien, elle est encore mineure et n’est pas employée par la guilde. Vous la connaissez. »

« Ne parlez-vous pas de Fina ? »

Il n’y avait qu’une seule mineure que je connaissais.

« Savez-vous aussi ce qui se passe dans sa famille ? »

J’avais fait un signe de tête. Elle n’avait pas de père, sa mère était malade, et elle avait une petite sœur de trois ans sa cadette.

« Je lui ai aussi donné du travail, mais je suis censée garder le travail dans la guilde. »

« En d’autres termes, vous voulez que j’engage directement Fina pour qu’elle s’occupe de mes proies ? »

« C’est ça. Elle est plutôt douée pour ça, même pour son âge. Elle est aussi douée pour dépecer, donc je ne pense pas non plus qu’elle abîmerait la marchandise. »

« Ça ne me dérange pas, mais je ne sais pas combien de temps je vais rester en ville. »

« C’est bon. Faites-le tant que vous êtes là. »

« Au fait, combien devrais-je la payer ? Je ne connais pas le taux du marché pour les dépeceuses. »

« La guilde prend vingt pour cent. Vous pouvez lui donner 10 % du prix de vente des matériaux récoltés. »

« Dix pour cent, est-ce suffisant ? »

« En fait, c’est un taux élevé. Vous pouvez même lui donner moins si vous pensez que c’est trop. »

« J’ai compris. »

« Bon, je vais appeler Fina, alors attendez ici. »

Gentz s’était joyeusement dirigé vers une arrière-salle. Je pensais qu’il serait parti pour un moment, mais il était immédiatement revenu avec Fina.

« Yuna ! »

Elle s’était précipitée et me serra dans ses bras. Oui, elle est mignonne. Je lui avais donné une tape sur la tête.

« Fina, comment ça va ? »

« Bien. Est-ce vrai que tu me donnes du travail ? »

« Ouais, pourrais-tu dépecer les monstres que j’ai amenés ? »

« Merci beaucoup. » Le visage de Fina s’était transformé en un large sourire.

« Alors, Fina, tu n’as pas besoin de venir ici pendant un moment. », dit Gentz

« Mais… »

« La raison pour laquelle nous avons eu plus de travail dernièrement, c’est parce que ta grande sœur apportait des trucs sans les découper. Si elle te donne du travail, nous n’aurons pas autant à faire dans la guilde. Mais je vais te faire travailler aujourd’hui, alors ne t’inquiète pas. Elle a apporté des loups, des lièvres à cornes et des orcs, dix de chaque espèce.

« Ça fait beaucoup ! »

« Alors, que dois-je faire à partir de demain ? »

« Puis-je venir à ton auberge demain, Yuna ? »

« Bien sûr. »

« Dans ce cas, je viendrai vers sept heures. »

C’était un peu tôt pour un rendez-vous, mais les gens de ce monde commençaient à travailler dès le lever du soleil et ils finissaient une fois le soleil couché. Personne ne travaillait sous la lumière d’un joyau de mana.

J’avais quitté l’entrepôt frigorifique pour la chaleur moite de l’extérieur. J’avais récupéré ma part auprès de Gentz et j’étais retournée à l’auberge.

***

Chapitre 19 : L’ours est surnommé l’ours sanglant

J’avais aussi eu un délicieux petit déjeuner ce jour-là à l’auberge. Le fait de ne pas avoir à cuisiner était le pied. Alors que je me prélassais dans mon rêve d’ermite devenu réalité, Fina était arrivée, pleine d’énergie.

« Yuna, bonjour ! »

« Bonjour. »

J’avais avalé ma soupe chaude en savourant le goût.

« Attends un peu. J’aurai fini de manger dans une seconde. »

« OK, c’est bon. »

« Elena, pouvez-vous apporter à Fina quelque chose à boire ? »

« Yuna ? »

« C’est bon, assieds-toi. J’ai quelque chose à te dire aujourd’hui. »

Quand j’avais dit ça, Fina s’était assise docilement sur la chaise en face de moi. Elena était revenue immédiatement avec la boisson.

« Fina, il y a une tonne de choses que je ne sais pas, alors je peux te les demander ? »

« Oui. »

« Y a-t-il quelque chose dont tu as besoin pour le dépeçage ? Tout ce que je sais, c’est que tu as besoin d’un couteau. »

« C’est le principal. Plus il est tranchant, mieux l’écorchage se passe. Si ton couteau est émoussé, il est difficile d’enlever la peau d’un loup sans l’abîmer. S’il s’agit d’un monstre de haut niveau, parfois tu ne peux pas le dépecer avec un couteau en acier normal. »

« Et ton couteau ? »

« C’est un couteau en acier, mais c’est Monsieur Gold qui l’a fabriqué, donc c’est un bon couteau. »

« As-tu besoin d’autre chose ? »

« Je suppose qu’il me faudrait aussi un endroit pour le dépeçage. Ça m’aidera s’il y a de l’eau à proximité. »

« Est-ce tout ? »

« J’ai besoin d’une pierre à aiguiser et d’un endroit pour stocker le matériel. Au bout d’un moment, la viande commence à se gâter. »

« Donc, pour l’instant, cela signifie que tu as besoin d’une pierre d’aiguisage, d’un endroit pour le dépeçage et d’un endroit pour la conservation, hein ? »

C’était bien. Je pourrais utiliser le truc que j’avais fait plus tôt.

« Encore une chose. Qu’est-ce que tu vas faire pendant que je fais des quêtes ? Veux-tu venir avec moi ? Ou tu veux attendre ? »

« Je veux venir avec toi, mais je te gênerais. »

« Pourquoi voudrais-tu venir avec moi ? »

« Si je viens avec toi, je pourrai peut-être cueillir des herbes pour ma mère. »

« Dans ce cas, tu peux venir. »

« Vraiment ? »

« Je peux te protéger. Cela te va-t-il de passer la nuit dehors ? »

« Uhh, je pense que c’est bon si je le dis avant à ma mère. Mais elle serait inquiète si je restais longtemps dehors. »

« Dans ce cas, on va juste faire une excursion d’une journée aujourd’hui. Peux-tu dire à ta mère que cela pourra être une excursion de deux jours et une nuit la prochaine fois ? Ou devrions-nous lui parler ensemble ? »

« C’est bon. Je vais m’assurer de lui dire. »

J’avais fini mon petit déjeuner et j’avais fait une petite promenade jusqu’à la guilde. On avait acheté des pierres à aiguiser de rechange dans un atelier d’outillage en chemin. Quand j’étais arrivée à la guilde, les autres aventuriers occupaient Helen, alors je m’étais dirigée toute seule vers le tableau des quêtes de rang D. Fina m’avait suivie.

Le tableau des quêtes de rang D n’avait pas attiré beaucoup d’attention. Le plus occupé était le tableau du rang E. Des gens m’avaient regardée, mais personne n’avait rien dit. C’était une matinée chargée, et personne n’avait le temps de faire attention à moi pendant qu’ils se bousculaient pour aller travailler.

Accompagnez un marchand jusqu’au secteur royal.

Le massacre d’orcs, viande comprise.

Tuez un singe démoniaque qui s’attaque à nos cultures.

Un professeur d’épée ou de magie de rang D.

Acquérir de l’herbe de Melmel.

Enquêter sur les agissements de monstres étranges autour de la montagne de Hoelle.

Apportez du minerai de fer de la montagne de Hoelle.

« Il n’y a pas beaucoup de quêtes amusantes. »

« Yuna, est-ce comme ça que tu choisis ? »

« Ouais. Si je dois faire des quêtes, je préfère en faire des amusantes. »

Je m’étais dirigée ensuite vers le tableau des quêtes de rang C. Il n’y avait que quatre aventuriers, qui semblaient tous faire partie du même groupe. Ils discutaient entre eux en choisissant leurs missions. J’avais jeté un coup d’œil au tableau, en essayant de ne pas les déranger.

Rassemblez du matériel de wyverne.

Tuez la horde d’orcs.

Protéger le Fort Saumaug.

Anéantir le gang des voleurs Zamon.

Matériel d’ogre.

Il y en avait des amusantes, mais je ne savais pas où se situaient les monstres, alors les trouver serait difficile. J’aurais aimé faire celle des wyvernes si je savais où en chercher une.

« Hé, la fille avec les vêtements bizarres. Ce tableau est pour les rangs C », m’avait dit un homme d’une vingtaine d’années du groupe de quatre personnes.

« Je sais. Je regarde juste quel genre de quêtes ont les Rangs C. »

« Tu regardes juste ? Eh bien, je suppose que ça vaut le coup d’étudier tes seniors. »

Une femme en tenue de sorcière me regarda.

« N’est-ce pas la fille de Rang E des rumeurs ? »

« Je suis devenue un Rang D depuis hier », lui avais-je dit.

« Et les autres membres de ton groupe ? Cette petite n’a certainement pas encore l’âge. »

Il était évident que Fina n’était pas assez âgée pour devenir membre d’un groupe.

« N’avons-nous pas entendu que l’Ours sanglant fait cavalier seul ? »

« Qu’est-ce que c’est que cet ours sanglant ? » dit un autre aventurier.

« Quoi ? Tu ne sais pas, Toya ? »

Ce qui semblait être le chef du groupe s’était joint à la conversation.

« On dit qu’un aventurier qui s’est battu contre une fille en costume d’ours s’est fait corriger sévèrement, et elle ne lui a même pas pardonné quand il s’est excusé. Elle a continué à le harceler même après qu’il ait été à terre… et elle a continué jusqu’à ce qu’elle ait réduit tous les aventuriers en bouillie. »

Ça avait l’air effrayant, pensais-je. De quel ours parlaient-ils ?

« Cette fille ours ne dépèce même pas ses monstres. Elle amène juste des cadavres tous les jours, tous ensanglantés, alors tout le monde parle d’elle. »

Bien sûr, un monstre va saigner si vous le tuez avec une épée, pensais-je. En plus, je les range toujours tout de suite, donc ils ne se mettent à saigner que lorsque je les sors de l’entrepôt des ours.

« Ils ont commencé à l’appeler Ours sanglant à cause de son attitude et de ses singeries. »

« Je ne savais pas qu’il y avait un ours comme ça », dit le chef. C’était une nouveauté pour moi aussi.

« Eh bien, après tout vous ne venez pas souvent dans la guilde. »

« Est-ce que cette fille-ours est célèbre ? »

« Elle a tué des hordes de gobelins, un roi-gobelin, et des orcs toute seule. »

« C’est vrai, et sa tenue est également bizarre. Elle est plutôt coriace, donc on entend parler d’elle ces derniers temps. »

« Je vois. Mes excuses, fille ours. Je pensais que tu n’étais qu’une débutante dans une tenue bizarre. »

Il semblerait que ce ne soient pas de mauvaises personnes. Ils avaient juste essayé d’avertir un amateur en lui disant qu’elle était devant le mauvais tableau de quête.

« Ce n’est pas grave. Merci de vous en soucier », lui avais-je dit.

« Je vois. Bien, nous partons. Si quelque chose arrive, faites-le-nous savoir. »

Ils avaient apparemment décidé d’une quête, ils s’étaient donc dirigés vers la réception avec l’avis qu’ils avaient arraché du tableau. J’avais choisi ma propre quête de Rang D, elle devrait me prendre une journée de travail.

« Yuna, as-tu trouvé quelque chose qui te plaît ? », dit Fina.

« Ouais. Allons-y aussi. »

***

Chapitre 20 : La maison de l’ours est une maison en forme d’ours

« Yuna, quel type de quête as-tu prise ? »

« Subjugation de tigres-loups. »

« Yuna ! »

« Quoi ? »

« Les tigres-loups sont censés être plus grands et plus forts que les loups. Est-ce que ça va aller ? »

Fina s’était accrochée à mes vêtements, l’air visiblement inquiète.

« Probablement. »

Je pariais que c’était juste des versions plus grandes des loups. J’avais tapoté la petite tête inquiète de Fina et j’avais quitté la ville. Il y avait des marchands et des aventuriers en retard qui faisaient la queue à la porte. Nous nous étions alignés, j’avais montré ma carte de guilde à la porte, et nous étions partis.

Nous avions quitté la route et avions marché quelques minutes pour nous rendre dans un endroit où il n’y avait pas beaucoup de monde.

Il y avait quelques aventuriers qui nous regardaient de loin, mais je les avais ignorés et j’avais arrêté de marcher.

« Yuna ? »

« Donne-moi une seconde, je vais sortir nos montures. »

J’avais dit à Fina de reculer un peu et j’avais tendu mes deux bras gantés. Je leur avais versé du mana. La gueule des ours s’ouvrit largement et deux grandes masses gazouillantes, l’une blanche et l’autre noire, sortirent de la bouche gauche et de la bouche droite. Ils commencèrent à se tortiller, puis s’étaient lentement mis à quatre pattes.

Il était choquant de constater que toutes les créatures que j’avais invoquées étaient… également des ours.

Les ours s’étaient approchés de moi, j’avais aussitôt tapoté leur tête et leur menton. Ils louchaient comme s’ils s’amusaient, et ils me caressaient doucement le visage.

« Yuna ! » Fina fit un pas en arrière.

« C’est bon. C’est mes invocations, elles ne te feront donc pas de mal. Tiens, essaie de les caresser. »

Fina s’était approchée avec précaution et toucha les ours. Quand elle réalisa que les ours n’allaient pas lui faire de mal, elle avait souri.

« OK, Fina, et si tu montais sur Kumakyu ? »

« Kumakyu ? »

« Le blanc se nomme Kumakyu, et le noir se nomme Kumayuru. »

Kumakyu s’était accroupi pour permettre à Fina de monter plus facilement.

« Vas-y. »

Fina avait timidement monté Kumakyu. Une fois en place, Kumakyu se leva lentement.

« Uh-aah », gémit Fina.

« Tout ira bien tant que tu t’accroches. En fait, grâce à la capacité de Kumakyu, la seule façon de sortir de là est de sauter de toi-même. Tu ne tomberas pas, même si tu t’endors ou si tu te laisses aller. »

Une fois que j’avais calmé Fina, j’avais monté Kumayuru.

« On va commencer doucement, puis on accélérera une fois que tu t’y seras habitué. »

« O-okay. »

À cheval sur nos ours, nous avions chevauché vers la tanière des loups-tigres. Je n’avais pas besoin de vous dire que les aventuriers, les marchands et les voyageurs des environs nous regardaient avec curiosité. J’avais été un peu timide à l’idée de convoquer des coursiers là où d’autres pouvaient les voir, mais attendre que je sois loin de la ville chaque fois deviendrait vite lassant, j’avais donc décidé d’ignorer les regards.

Nos ours avaient accéléré lentement. Nous nous dirigions vers les montagnes, encore plus profondément que là où j’avais trouvé le roi-gobelin. C’était une marche de six heures, mais nous y arrivions en une demi-heure environ à dos d’ours.

« Aha ha ha ha ha ha! »

Fina avait l’air de commencer à s’amuser. Ce n’était pas comme si les ours avaient des compteurs de vitesse, et je n’avais pas de cadre de référence, n’ayant jamais conduit de voiture ou de moto, mais je savais que nous allions assez vite. Malgré notre vitesse, nous étions à l’abri du vent parce que tout le corps des ours était recouvert de la magie que j’avais invoquée. C’est ainsi que j’avais su que nous arriverions à destination en toute sécurité, même si nous nous endormions.

Les ours avaient soudainement accéléré à l’approche du village où je m’étais arrêtée pendant le massacre des gobelins. Je ne voulais pas effrayer le village en tombant sur eux à l’improviste, tout en chevauchant des ours convoqués, alors nous avons fait un détour. Une fois dans les montagnes, notre rythme baissa. Nous grimpions lentement à partir de là.

« Je suis presque sûre que c’est quelque part par ici. »

Le bulletin de quête disait qu’on pouvait les trouver dans cette zone. J’étais descendue une fois que nous avions trouvé un terrain plat à mi-chemin de la montagne, j’avais vérifié que j’avais assez d’espace libre, puis j’avais commencé à sortir des objets de mon entrepôt à ours et à les installer.

« Yuna ! », cria Fina, en voyant ce que je sortais.

Elle avait beaucoup crié aujourd’hui.

J’avais sorti une maison d’ours. Elle était haute de deux étages, avec une cour. La façade ressemblait à un ours massif qui se tenait à quatre pattes. L’entrée était la grande gueule de l’ours et le deuxième étage ressemblait à un ourson sur le dos. Il était même accompagné d’un entrepôt.

« Et si on entrait pour faire une pause ? »

« Bien sûr… »

J’avais fait attendre Kumayuru et Kumakyu dans la cour pendant que nous entrions par la porte bouche d’ours, presque comme si l’ours nous mangeait. L’intérieur était décoré dans le style japonais.

« Oh, assure-toi d’enlever tes chaussures là-bas », avais-je dit à Fina, juste au cas où les coutumes de ce monde ne correspondraient pas.

L’entrée où vous enleviez vos chaussures menait au salon. Au premier étage, il y avait le salon, la cuisine, une salle de bain dédiée, des toilettes et un mini espace de rangement. Ma chambre se trouvait au deuxième étage, avec quelques chambres d’amis. La tête de l’ourson formait le toit. Je pensais pouvoir l’utiliser pour faire sécher mon linge à l’extérieur.

« Oh, tu peux prendre l’une de ces chaises, » dis-je en pointant une chaise ressemblant à un canapé.

« Yuna… »

« Quoi ? »

« Quelle est cette maison ? »

« Je l’ai faite pour moi avec de la magie. »

Mes expériences avec le stockage des ours avaient prouvé qu’il pouvait supporter n’importe quoi, peu importe le poids ou le nombre de choses que je stockais, alors je m’étais fait une maison pour voyager. Je l’avais construite avec la magie de la terre tout en visualisant un ours, ce qui, bien sûr, l’avait rendue beaucoup plus puissante. J’avais utilisé quelques sorts de terre de faible puissance pour faire les murs et mettre en place les cloisons des pièces, j’avais acheté et installé des pierres de mana pour les pièces où j’avais besoin d’eau, et j’avais même installé un réfrigérateur dans la cuisine. Comme j’avais installé des pierres de mana lumineuses dans chaque pièce, je pouvais éclairer l’endroit la nuit. Si j’avais seulement une télévision et un ordinateur, ma demeure d’ermite serait complète.

J’étais allée dans la cuisine et j’avais apporté à Fina un jus de fruits froid.

« Fais-tu partie de la noblesse d’un royaume, Yuna ? »

« Je n’en fais pas partie. »

« Alors, es-tu une princesse ? »

« Aucune vraie princesse ne me ressemblerait. Je ne suis qu’une aventurière ordinaire. »

Fina semblait vouloir en dire plus, mais elle s’était tue.

« Une fois qu’on se sera reposé, je partirai à la recherche d’un tigre-loup, d’accord ? »

« Et moi, alors ? »

« Tu peux sortir et chercher des herbes pour ta mère avec Kumakyu. Tu devrais être en sécurité tant que Kumakyu est dans les environs. J’ai mis en place une barrière défensive autour de la maison, donc si tu as des problèmes, tu devrais être en sécurité tant que tu reviens à la maison. »

« … »

« Il y a aussi des monstres dans l’entrepôt, alors si tu as le temps, pourrais-tu les dépecer ? »

« Veux-tu dire que je peux laisser le dépeçage pour plus tard ? »

« C’est à toi de décider. Je te paierai dix pour cent de ce que je reçois de la vente des parties de monstres dépecés, donc c’est à toi de choisir : soit tu finis de fouiller tôt pour pouvoir dépecer les monstres suivants, soit tu passes tout ton temps à chercher des herbes pour ta mère. »

« OK, je comprends. »

« Et si on allait à l’entrepôt pour que je puisse t’expliquer ? »

J’avais mis en place l’entrepôt pour qu’on puisse y accéder de l’intérieur de la maison ou de l’extérieur. Il était large d’une vingtaine de tatamis et n’était équipé que de l’eau courante et d’un établi. J’avais extrait une dizaine de loups et de lièvres à cornes de mon entrepôt à ours et je les avais laissés près du mur.

« Tu n’as pas besoin de les dépecer tous, mais une fois que tu auras fini, pourrais-tu faire le rangement dans cette pièce ? »

La pièce suivante était un entrepôt frigorifique, un peu comme une salle de congélation. Au passage le temps s’arrêtait pour la maison et tout ce qu’elle contenait une fois que je l’avais rangée dans la réserve pour ours.

« Bon, je m’en vais. Ne t’attire pas d’ennuis, d’accord ? Kumakyu te protégera si quelque chose arrive, donc il ne devrait pas y avoir de problème. »

***

Chapitre 21 : L’ours subjugue des tigres-loups

Une fois sortie de ma maison en forme d’ours, j’étais montée sur Kumayuru et j’étais partie. Les chaussures d’ours étaient parfaites pour se déplacer, mais j’avais vraiment aimé monter Kumayuru et Kumakyu. Ils devenaient grincheux si je ne montais que sur l’un d’eux, alors j’avais dû alterner.

J’avais utilisé la magie de détection pour repérer leur localisation à dos d’ours. Ma portée s’était accrue au fur et à mesure que je me montais en niveau, j’avais ainsi détecté des tonnes de monstres.

Aha. C’est eux ?

« On dirait qu’il y en a deux. Peut-être que ce sont des compagnons ? »

J’avais indiqué le chemin à Kumayuru. L’ours couru, se glissant entre les arbres et séparant toutes les branches et les buissons au fur et à mesure. C’était bien plus efficace que de courir dans mes chaussures d’ours. Il y avait des loups à proximité, mais je les avais ignorés pour aujourd’hui et j’avais continué à avancer.

Au bout d’un moment, j’avais senti les tigres-loups se rapprocher, j’avais donc fait arrêter Kumayuru. J’avais entendu le bruit d’une rivière à proximité. Devrais-je m’approcher lentement à pied, ou devrais-je simplement charger à dos d’ours ? C’était cool s’ils m’attaquaient, mais s’ils s’enfuyaient, les poursuivre serait chiant. Si j’étais une véritable chasseuse, je m’approcherais d’eux contre le vent pour éviter d’être détectée par l’odeur, mais je n’avais pas ces compétences.

Je suppose que je devrais me précipiter ? pensais-je. J’avais indiqué à Kumayuru la direction des tigres-loups. Nous avions commencé à courir, glissant sur la montagne comme une ombre.

Quand nous avions atteint la rivière, deux grands félins, les tigres-loups, s’y reposaient. Ils s’étaient levés lentement en nous voyant. L’un d’eux grogna. Ils essayaient de voir ce que nous ferions.

« Ils sont plus grands que je ne le pensais. »

L’un d’eux avait à peu près la taille de Kumayuru. L’autre était encore plus grand. Peut-être que le plus petit était la femelle et le plus grand était le mâle ? me suis-je dit.

J’étais descendue de Kumayuru lentement, puis je lui avais tapoté la tête et lui avais demandé de s’occuper du plus petit tigre-loup.

J’avais libéré un sort de vent sur les deux tigres loups, qu’ils avaient facilement esquivé. Kumayuru s’attaqua à la femelle tigre-loup, tandis que j’avais envoyé de la magie du feu sur le mâle. Il s’était précipité vers la droite avant de s’avancer vers moi. Le loup m’avait certainement battue pour la vitesse et le contrôle. Il avait réduit la distance qui nous séparait instantanément.

J’avais fait un mur de terre, mais il l’avait traversé.

Euhhh, me suis-je dit, on dirait que la magie normale ne fonctionne pas sur ces monstres.

Il était assez proche pour me bondir dessus. J’avais sauté dans le ciel pour m’échapper. Il avait rugi tout en me regardant décoller, puis il sauta après moi.

« Sérieusement !? »

Les crocs aiguisés du tigre-loup s’étaient dirigés vers moi quand j’étais tombée.

« Coup de poing de l’ours. »

J’avais frappé le tigre-loup ayant la bouche ouverte sur le côté de son visage, le clouant au sol. Dès que j’avais atterri, j’avais tiré une rafale de flèches de glace qui avaient rebondi sur sa peau. Je supposais que c’était la même chose que le roi-gobelin, je ne pouvais pas l’endommager avec une magie normale au niveau où je me trouvais maintenant. Dans ce cas, je le battrais de la même façon que le roi-gobelin.

J’avais ouvert un trou profond dans le sol et j’y avais fait tomber le tigre-loup. Mais juste au moment où j’étais arrivée au bord du trou pour attaquer, le tigre-loup avait couru sur le côté du puits et était ressorti, transformant son élan en un saut de griffes. J’avais fait marche arrière pour l’éviter.

On dirait que ce piège était un échec.

Pendant ce temps, Kumayuru se battait contre le plus petit des tigres. Ils se battaient et paraient griffe contre griffe, croc contre croc. Ils étaient à égalité. Si Kumayuru était un ours normal, il aurait été plus lent, mais mes ours étaient rapides, même plus rapides qu’un tigre loup. Ils avaient assez d’endurance pour courir sans sueur de la ville à cet endroit. Si ce tigre-loup était aussi rapide que mon ours, il était beaucoup plus fort que ce à quoi je m’attendais.

En laissant ce tigre à Kumayuru, j’avais décidé de me concentrer sur la lutte contre celui qui se trouvait devant moi. Je voulais vraiment cette fourrure, il me fallait une solution qui la maintienne intacte.

« Ours d’eau. »

Un ours fait d’eau était apparu et couru vers le tigre-loup, l’attrapant avec ses bras humides. Il força la tête du tigre-loup contre son corps et dans sa poitrine aqueuse, et une tempête de bulles jaillit de la gueule du monstre alors qu’il lui frappait la tête.

La magie de l’ours est vraiment forte, pensais-je.

Quand j’avais regardé Kumayuru, il était en train de bloquer le tigre loup. J’avais fait une boule d’eau que j’avais tirée sur le tigre loup. Elle s’était enroulée autour de la tête du tigre et Kumayuru le maintint au sol. Au bout d’un moment, ils cessèrent de bouger.

Je m’étais dit que c’était une façon de mettre fin à la tuerie.

J’avais rangé les tigres-loups dans mon entrepôt à ours et j’étais retournée à la maison ours.

***

Chapitre 22 : Fina et l’ours II

Comme toujours, aujourd’hui, je m’étais réveillée et j’avais préparé le petit déjeuner pour ma mère et ma sœur comme je le faisais toujours. Maman semblait aller mieux aujourd’hui. J’avais attendu qu’elles aient fini leur petit déjeuner, puis j’étais allée à la guilde. Quand j’étais arrivée, j’étais si heureuse de voir que quelqu’un avait amené beaucoup de loups à dépecer. Il semblerait que j’aurais beaucoup de travail aujourd’hui.

L’entrepôt frigorifique à l’arrière de la guilde était froid. Ils devaient agir de cette façon pour que la viande ne pourrisse pas. Ils avaient du matériel chaud fait de peaux de loup à l’entrepôt, alors je les avais empruntés. Ils étaient faits pour les employés de la guilde, donc c’était un peu gros, mais que pouviez-vous faire ? Ils étaient chauds.

Quand j’étais allée à l’arrière de l’entrepôt, les loups étaient tous entassés en un tas. J’avais pris l’un d’entre eux et je l’avais mis sur une table. Les tables étaient un peu hautes, je devais donc m’installer un tabouret de marche, mais c’était plus facile de les abattre de cette façon.

J’avais éviscéré le loup et l’avais dépecé avec soin. Quel joli loup ! Les peaux de loup se vendaient à des prix différents selon la manière dont elles avaient été découpées à l’épée ou quand ils avaient été achevés d’un seul coup comme celui-ci. Il semblerait qu’un très bon aventurier avait vaincu ce loup.

Je pouvais comprendre pourquoi il avait amené le loup sans le dépecer. Les aventuriers de bas rang dépeçaient tout eux-mêmes pour éviter les frais de traitement. Les aventuriers de haut rang n’avaient pas besoin de faire autant d’efforts pour économiser de l’argent. Je leur en étais reconnaissante.

Après avoir enlevé la peau, j’avais découpé la viande en morceaux qu’ils vendaient aux auberges, aux restaurants et aux familles normales. Ils ne pouvaient pas vendre les restes, alors je les ramènerais chez moi. Nous allions avoir de la viande pour le dîner aujourd’hui.

Merci, la guilde.

Il y a beaucoup de travail de boucherie pour moi chaque fois que j’allais à la guilde ces derniers temps, ce qui était génial. Il y a quelques jours, il y avait même un roi-gobelin. Bien sûr, je n’avais jamais dépecé un roi-gobelin auparavant, alors j’avais regardé les employés plus âgés travailler dessus, afin que je puisse apprendre. Apparemment, les rois-gobelins avaient la peau dure. Ils pouvaient à peine s’en sortir avec un couteau ordinaire.

Il avait des coupures vraiment horribles sur tout le devant de son corps, mais l’arrière de son corps était propre. Je suppose que la personne qui l’avait battu l’avait combattu par devant.

Il y avait vraiment des aventuriers extraordinaires.

J’avais aussi des loups à dépecer aujourd’hui. Apparemment, ils avaient été amenés par la même personne, une fille portant un costume d’ours. C’était Yuna ! Yuna m’avait aidée indirectement.

Aujourd’hui, il y avait des lièvres à cornes. Leurs peaux étaient douces et pelucheuses, on s’y sentait vraiment bien. J’avais entendu dire que leurs cornes pouvaient être transformées en une sorte de médicament, mais cela ne faisait pas vraiment partie de mon travail, donc je n’en savais pas beaucoup plus. Je n’étais chargée que du dépeçage. Je transformais les lièvres en peaux, en cornes et en viande.

J’aimerais pouvoir faire des vêtements avec ces peaux pour ma sœur. Je les voulais tellement, mais je ne les volerais jamais. Si je faisais ça, je trahirais la confiance de M. Gentz après qu’il m’ait donné du travail.

J’avais encore eu du travail aujourd’hui. J’étais heureuse comme un poisson dans l’eau.

Pendant que je travaillais à écorcher des loups, j’avais écouté les travailleurs de la guilde et j’avais entendu qu’un gros tas de monstres arrivaient et qu’ils avaient besoin d’être dépecés. Était-ce peut-être Yuna ? J’aurais voulu aller voir, mais je ne pouvais pas quitter mon poste de travail.

Mais juste après, M. Gentz était venu me chercher. Apparemment, Yuna voulait que je fasse le travail de dépeçage exclusivement pour elle ! Il m’avait emmenée voir Yuna, qui m’avait dit qu’elle me paierait pour dépecer tous ses monstres pendant qu’elle était en ville. J’étais aux anges quand j’avais appris que j’aurais un emploi stable !

Comme j’avais encore du travail ce jour-là, nous nous étions promis de nous rencontrer demain, puis nous partîmes chacune de notre côté.

Le lendemain, je m’étais réveillée tôt le matin et j’étais allée à l’auberge où Yuna séjournait pour la rencontrer à l’heure convenue, mais quand j’étais arrivée, elle prenait son petit déjeuner. Étais-je peut-être arrivée trop tôt ? Mais Yuna me demanda de m’asseoir avec elle et me donna du jus de fruits. C’était vraiment bon.

Nous avions parlé de ce que nous allions faire aujourd’hui et elle m’avait demandé si je voulais aller avec elle ou rester ici. Si elle allait dans les bois, je voulais l’accompagner. Je pourrais peut-être trouver des herbes qui aideraient ma mère, mais je resterais derrière afin de ne pas me mettre en travers de son chemin. Mais Yuna avait dit qu’elle pouvait me protéger, alors j’avais choisi d’aller avec elle.

Quand nous étions arrivées à la guilde, nous étions allées directement au tableau des quêtes. J’avais attendu Yuna un peu plus loin du tableau, pour ne pas me mettre en travers. Yuna avait l’air de se disputer à nouveau avec des aventuriers — je pense que cette tenue d’ours attire l’attention — mais il ne s’était en fin de compte rien passé, et elle avait laissé les aventuriers derrière elle. Quel soulagement ! Il semblerait qu’elle ait trouvé une quête qui lui plaisait, je lui avais donc demandé de quel genre de quête il s’agissait.

Elle me répondit : « Subjugation de tigre-loup. »

J’étais restée sans voix pendant une seconde. Je ne savais pas grand-chose sur le fonctionnement des aventuriers, mais les quêtes de Rang D pouvaient-elles vraiment être accomplies par une seule personne ? On aurait dit que tous les autres faisaient des groupes pour se battre ensemble.

Est-ce que je pouvais vraiment suivre une quête comme celle-ci ?

***

Chapitre 23 : Fina et l’ours III

Nous avions quitté la ville par la porte. En fait, je n’avais jamais demandé à Yuna où nous allions. Peut-être qu’il y avait des tigres-loups dans les bois tout près ? Puis Yuna me déclara que nous irions loin, elle allait alors sortir des choses que nous pourrions chevaucher.

Je ne savais pas ce qu’elle voulait dire par « sortir ». Elle m’avait dit de prendre un peu de recul.

Quand elle avait levé ses gants, des choses noires et blanches en étaient sorties. Je me demandais ce que c’était au moment où ils avaient commencé à bouger. C’était de gros ours effrayants ! Ils s’étaient levés, puis s’étaient blottis contre Yuna. Elle les avait serrés dans ses bras et leur avait caressé la tête.

Je la regardais, et elle me dit : « C’est bon. Ce sont mes invocations, ils ne te feront pas de mal. Tiens, essaie de les caresser. »

J’avais peur, mais je m’étais approchée d’eux très lentement et je les avais touchés. Ils étaient doux. Ils étaient beaucoup plus mignons que ce à quoi je m’attendais. Le blanc s’appelait Kumakyu et le noir Kumayuru. J’avais fini par monter sur Kumakyu. Je me trouvais si haut que j’avais un peu peur de l’aspect de tout, mais Kumakyu était vraiment stable et je ne sentais pas que j’allais tomber.

Nous avions commencé à une vitesse normale, puis nous étions allés plus vite une fois que je m’y étais habituée. C’était amusant. Le paysage défilait de plus en plus vite. Je n’étais jamais allée aussi loin de la ville avant.

Nous avions commencé à escalader une montagne.

Yuna s’était arrêté. Elle nous avait dit que nous allions faire une pause sur une partie plate de la montagne. J’étais vraiment fatiguée, même si je ne faisais que chevaucher Kumakyu. J’avais dit merci à Kumakyu et j’étais descendue.

Quand Yuna était descendu de Kumayuru, elle regarda autour d’elle. Puis, quand elle leva son gant, une maison était soudainement apparue devant nous.

Ce n’était pas possible. Je n’avais vraiment aucune idée de ce qui se passait. Est-ce que les maisons étaient si faciles à construire ? Je n’étais qu’une enfant, mais même moi, je savais que ce n’était pas possible. Les charpentiers étaient ceux qui faisaient les maisons. Et puis, pourquoi la maison avait-elle la forme d’un ours ?

« Bref, et si on entrait pour faire une pause ? »

Quand Yuna me dit cela, tout ce que j’avais pu faire, c’était d’acquiescer. Je n’avais jamais vu une pièce comme celle dans cette maison. Elle m’avait dit d’enlever mes chaussures à la porte. Le sol était joli. C’était un sol que tu ne voudrais certainement pas salir. J’avais enlevé mes chaussures et j’étais rentrée.

Yuna m’avait dit m’asseoir, alors je m’étais assise sur une chaise. Je regardais nerveusement autour de moi quand Yuna m’apporta un jus de fruits. Il était froid, ce qui m’avait vraiment surprit, mais c’était un très bon jus.

J’avais demandé à Yuna quelque chose que je voulais vraiment savoir.

« Fais-tu partie de la noblesse d’un quelconque royaume, Yuna ? »

« Non, pas du tout. »

« Alors, es-tu une princesse ? »

« Aucune vraie princesse ne me ressemblerait. Je ne suis qu’une aventurière ordinaire. »

Elle avait dit qu’elle n’était ni noble ni princesse, mais je ne pensais pas non plus qu’elle était une aventurière ordinaire. Je ne pensais pas qu’un aventurier ordinaire puisse faire une maison comme celle-ci, ou invoquer des choses comme Kumakyu, ou battre des monstres en solo. Surtout pas une personne qui faisait tout cela et qui s’habillait aussi comme un ours.

En buvant mon jus, elle me parla de ce que nous ferions aujourd’hui. Apparemment, elle allait sortir pour trouver les tigres-loups toute seule. Elle m’avait dit que j’avais le droit de faire le tour de la montagne et de chercher des herbes. Elle m’avait dit que je pouvais faire le dépeçage quand je le voulais.

J’avais décidé que j’irais chercher des herbes pendant au moins un petit moment. J’avais peur d’essayer de le faire seule, mais apparemment Kumakyu allait m’accompagner. Je suppose que cela me permettrait d’être en sécurité ?

J’avais décidé que si je ne trouvais pas d’herbes après avoir cherché un peu, je reviendrais et je ferais le dépeçage.

Yuna était parti avec Kumayuru. J’étais aussi partie avec Kumakyu à la recherche d’herbes. J’étais montée sur Kumakyu et nous avions exploré la montagne. Je voulais vraiment faire du dépeçage, alors j’espérais qu’on trouverait des herbes.

« Kumakyu, peux-tu trouver des herbes ? » avais-je demandé, comme si cela pouvait être possible. Kumakyu leva le cou vers moi et hocha la tête. Est-ce qu’il m’avait comprise ?

L’ours s’enfonça de plus en plus profondément dans les montagnes. Cherchait-il des herbes pour moi ? J’avais aussi scruté la zone depuis la tête de Kumakyu. J’avais souvent fait cela, pour pouvoir les repérer même de loin.

Puis Kumakyu commença à aller très vite.

Là-bas ! avais-je pensé. Je pouvais voir les herbes vers lesquelles Kumakyu courait. Cet ours est incroyable.

J’avais sauté de Kumakyu et j’avais ramassé les herbes. Je ne voulais pas toutes les cueillir, alors j’en avais pris la moitié, ce qui en faisait vraiment beaucoup. Peut-être que personne ne les récoltait parce qu’elles étaient enfouies dans les montagnes ?

Au moment où je cueillais les herbes, j’avais entendu l’herbe bruisser. J’avais regardé d’où venait le bruit et je vis un loup. J’avais sauté en arrière, effrayée, et le loup s’était enfui aussitôt.

Mais oui, pensais-je. Kumakyu était avec moi. Le loup avait probablement jeté un coup d’œil à Kumakyu et avait décidé de ne pas l’embêter.

« Kumakyu, merci. »

J’avais caressé la tête de l’ours. C’était si mignon.

J’avais mis les herbes dans mon sac et j’avais décidé de rentrer, c’est alors que j’avais réalisé quelque chose. Je ne connaissais pas le chemin du retour. J’étais perdue !

Mais en pensant à cela, Kumakyu commença à marcher avec confiance. Peut-être connaissait-il le chemin du retour ?

« Sais-tu où est la maison ? » avais-je demandé. Il me fit un signe de tête en réponse. L’ours était plus malin que moi.

Merci, Kumakyu !

***

Chapitre 24 : L’ours est au travail jusqu’à ce qu’il rentre chez lui

J’étais retournée à la maison ours sur Kumayuru. Kumakyu était confortablement installé dans le jardin et faisait une sieste, ce qui signifiait que Fina était à la maison. Après avoir dit à Kumayuru de se reposer, je m’étais dirigée vers la salle de stockage. Fina travaillait dur au dépeçage des monstres.

« Oh, bon retour, Yuna », dit-elle en me voyant entrer.

« Heureuse d’être rentrée. »

« Tu es revenue si tôt. Qu’est-il arrivé aux tigres-loups ? »

« Je les ai battus. Désolée, mais pourrais-tu récolter les gemmes de mana plus tard, pour que je puisse prouver que je les ai tués ? »

« Bien sûr, c’est bon. »

J’avais sorti deux loups-tigres de la réserve d’ours. Fina avait l’air choquée à la vue de leurs corps géants.

« Tu es tellement incroyable, Yuna. »

« Ils étaient vraiment forts. La magie habituelle n’a pas fonctionné sur eux, et ils se déplaçaient vite, alors j’ai dû utiliser mon atout. »

« Je pense toujours que le fait que tu puisses les battre est incroyable. »

« Merci. Alors, tu as fini par aller chercher des herbes ? »

« Oui, Kumakyu m’a aidée. »

« Il t’a aidée ? »

« Oui ! J’ai demandé “Kumakyu, peux-tu trouver des herbes ?” et il m’a emmenée dans un endroit où il y en avait beaucoup. »

Je ne savais pas que Kumakyu pouvait faire ça. Il faudrait que j’essaie plus tard.

Fina continuait à écorcher, même pendant que nous parlions. J’avais vu qu’elle séparait habilement la peau de la viande et des os.

« Veux-tu juste les joyaux de mana des loups-tigres ? », demanda-t-elle.

« Oui, les gemmes de mana me suffiront pour le moment. Mais je pourrais te demander de faire le reste plus tard. »

Quand elle avait achevé un bon quota de loups, Fina était passée aux tigres-loups. Elle leur ouvrit l’estomac, elle mit ses mains dedans et en sortit les gemmes de mana. Elle les rinça et me les remit. Elles étaient plus de deux fois plus grandes que les gemmes de loup ordinaires et brillaient d’un blanc éclatant.

« Tu sais où sont les gemmes ? »

J’avais été impressionnée par le fait qu’elle n’ait pas hésité avant d’aller les chercher.

« D’habitude, elles sont dans le ventre », me dit-elle.

« Vraiment ? »

« Oui, mais je n’ai pas découpé tous les types de monstres qui existent, donc je ne suis pas complètement sûre. Mais je savais que les tigres-loups ont leurs gemmes à la même place que les loups. »

« Tu es incroyable, Fina. »

« Non, tu es incroyable, Yuna. Je n’arrive pas à croire que tu puisses battre des monstres aussi forts toute seule. »

« Merci. Il est un peu tard maintenant, veux-tu déjeuner ? »

J’avais rangé les deux cadavres de tigres-loups sans pierres dans mon entrepôt à ours.

« Je… n’ai pas préparé de déjeuner… », murmura Fina en regardant ses pieds.

« C’est bon, je leur ai demandé de nous en faire un à l’auberge, alors viens dans la salle à manger après t’être lavée les mains. »

« OK. »

Une fois de retour à la maison principale ours, j’avais sorti le jus du frigo et les repas fumants de ma réserve d’ours, montrant ma reconnaissance pour la suspension du temps. Fina était entrée alors que je finissais de mettre la table.

« Et si on mangeait pendant que c’est encore chaud ? »

Je l’avais dirigée vers un siège et j’avais placé nos repas l’un à côté de l’autre.

« Ça a l’air si bon. »

Fina semblait ravie de voir nos repas côte à côte.

« Que veux-tu faire maintenant ? » lui demandai-je.

« Faire quoi ? »

Fina semblait perplexe.

« Devrions-nous rentrer à la maison ? Veux-tu continuer à dépecer des monstres ? »

« Je veux continuer à travailler, si tu es d’accord. »

« Alors on va rester ici un moment. »

« Merci beaucoup. »

J’avais dit à Fina que j’allais faire une sieste au deuxième étage une fois que nous aurions fini de manger, j’étais donc allée dans ma chambre. Elle était large d’environ huit tatamis et assez spacieuse. J’avais installé un grand lit, une table ronde et quatre chaises, plus une commode et une bibliothèque, toutes deux vides. Peu importe que la chambre soit spartiate, tant que j’avais un espace de rangement d’ours.

J’avais retourné mon pyjama noir pour le passer en mode pyjama blanc, puis j’avais rampé dans le lit. J’avais fini par faire une sieste de plusieurs heures.

Quelqu’un me secoua.

« Yuna, Yuna. »

« Fina ? »

« S’il te plaît, réveille-toi. »

« Salut. Tu as fini les récoltes ? »

« Oui, j’ai fini. Je suis venue te réveiller. »

« Merci. »

J’avais bâillé et j’étais sortie du lit.

« Yuna ! »

Quand Fina vit ma tenue, ses yeux étincelèrent. Hein ? avais-je pensé.

« Cet ours blanc est si mignon. »

Oh oui, je portais l’ours blanc maintenant.

« C’est pour quand je dors. »

J’avais retiré mon pyjama ours blanc et je l’avais retourné, pour redevenir un ours noir normal.

« Très bien, rentrons à la maison. »

Fina et moi avions échangé nos montures pour le retour. Nous étions rentrés en ville environ trente minutes plus tard, juste au moment où le soleil commençait à se coucher. Je ne savais pas encore grand-chose de la culture de ce monde, mais j’étais presque sûre qu’il ne fallait pas garder des enfants de dix ans dehors trop tard.

Quand j’avais galopé jusqu’à la porte avec Kumayuru, nous avions tellement effrayé le garde qu’il prépara sa pique. Fina et moi étions descendues, et j’avais rangé les ours. J’avais essayé de paraître naturelle au moment où je montrais ma carte de guilde au garde.

« Au fait, est-ce qu’il n’y avait pas des ours à l’instant ? »

« C’est juste mes invocations. »

« Oh, une invocation. »

Il me rendit ma carte sans faire de commentaire. Je pensais qu’il dirait quelque chose à leur sujet, mais non. On s’était dirigé vers la guilde pour signaler que j’avais tué les tigres-loups.

***

Chapitre 25 : L’ours cherche un site de dépeçage

Quand nous étions arrivés à la guilde, Fina m’avait dit qu’elle m’attendrait dehors, j’étais donc entrée seule. Je ne pouvais certainement pas lui reprocher de ne pas vouloir aller dans un endroit avec tous ces hommes sales dedans. Sans parler des idiots qui se battraient si un enfant entrait.

Helen attendait à la réception. La queue étant vide, alors j’étais allée la voir.

« Rapportez-vous vos quêtes, Mlle Yuna ? »

« Oui, je viens de la terminer. »

« Puis-je voir votre carte de guilde ? »

Je l’avais remise, et Helen vérifia les informations sur mes quêtes.

« Avez-vous vraiment accepté une quête de subjugation de tigre-loup !? »

« Eh bien, oui. »

« Et vous l’avez aussi terminée le même jour ! »

Les aventuriers dans la pièce avaient commencé à bourdonner au bon moment.

« Vous voulez dire qu’elle a éliminé des monstres de rang D toute seule ? »

« Mais le territoire du tigre-loup est assez éloigné d’ici. Vous ne pouvez pas y aller et revenir en un jour. »

« Attends, tu ne sais pas ? »

« Savoir quoi ? »

« Sur les ours. »

« Les ours ? Tu veux dire la façon dont cette fille est habillée ? »

Deux autres membres de la galerie des badauds étaient intervenus à ce moment-là.

« Nan, elle a convoqué des ours et les a chevauchés. »

« Effectivement, je l’ai vu, et ils étaient deux. Un noir et un blanc. »

« Deux ours ! »

« Et vous savez quoi, ces choses étaient rapides ! »

La conversation derrière moi s’animait. Ma conversation avec Helen avançait rapidement.

« Eh bien, Mme Yuna, si vous pouviez fournir des preuves de la subjugation. »

J’avais sorti deux gemmes de mana de ma réserve d’ours.

« Vous en avez deux ici ? »

« Parce qu’ils étaient deux. »

Une agitation éclata derrière moi, mais je les avais ignorés. Helen prit les gemmes de mana et les mit sur l’écran de cristal.

« Oui, il ne fait aucun doute que les deux créatures ont été tuées aujourd’hui. Comme la quête ne concernait qu’un loup, nous allons ajouter un supplément à la récompense pour le second. Est-ce que ça vous va ? »

« Bien sûr, mais que se passerait-il si je refusais ? »

« Vous ne seriez payé que pour l’un d’eux et un seul tigre-loup sera enregistré sur votre carte de guilde, mais vous pourriez garder la gemme de mana. »

« OK. Je n’ai pas besoin de gemmes de mana pour l’instant, donc vous pouvez les prendre toutes les deux. »

« Compris. Je vais enregistrer deux tigres-loups pour vous. Si vous voulez bien m’excuser, avez-vous le corps des loups tigres ? »

Les yeux d’Helen se posèrent sur mon entrepôt d’ours.

« Je les ai, mais je ne vais pas les vendre. »

« Je vois. Ça aiderait la guilde si vous nous les vendiez. »

« Non, je ne peux pas. Je veux les peaux. »

J’avais prévu que Fina dépouille les loups tigres de leurs peaux rayées, pour que je puisse les utiliser afin de décorer ma maison d’ours stérile. Ils seraient accrochés au mur ou même posés sur le sol.

« Oui, je vois. Ce serait dommage de manquer les peaux, mais nous vendriez-vous les griffes et les crocs, ou peut-être la viande ? »

« Bien sûr. Je peux les apporter après qu’on les ait dépecés. »

« Merci beaucoup. Voici donc la récompense de votre quête. Et voici votre carte de guilde en retour. »

J’avais mis ma carte de guilde et la grosse somme d’argent dans mon entrepôt à ours, et j’avais rejoint Fina dehors.

« Désolé de t’avoir fait attendre. Et si on rentrait à la maison ? »

« Ne vas-tu pas vendre les loups et les lièvres à cornes ? »

« Eh, je les vendrai la prochaine fois. Je te paierai, alors ne t’inquiète pas. »

La vérité était que je venais de laisser les produits du dépeçage dans la maison ours et que je ne pouvais pas y accéder directement par le stockage d’ours. Mais je devais quand même payer Fina, puisqu’elle avait récolté des choses pour moi. Je lui avais donné une pièce d’argent.

« Mais Yuna… »

Fina semblait surprise.

« C’est bon. »

Je l’avais payée un peu plus cher que ce que M. Gentz disait être le taux du marché.

« Tu ne peux pas compter sur moi pour toujours, alors assure-toi d’économiser. »

« Merci, Yuna. »

J’avais donné une tape sur la tête à Fina qui me souriait.

Fina était aussi venue à l’auberge tôt le matin le lendemain. Nous venions de faire tout ça hier, alors je voulais lui dire qu’elle pouvait faire une pause. En fait, je voulais prendre ma journée, mais c’était ma faute si je ne lui avais pas dit ça hier. C’était tellement pénible de quitter la ville chaque fois que nous devions massacrer quelque chose.

Peut-être y avait-il un entrepôt que nous pourrions emprunter quelque part par ici ? Ce serait bien si nous pouvions louer quelque chose comme l’entrepôt de la guilde, me suis-je dit. J’avais décidé d’aller à la guilde avec Fina pour voir.

Nous avions manqué la course à la quête du matin, et il n’y avait pas beaucoup d’aventuriers dans les environs. Helen avait l’air de s’ennuyer à son bureau.

« Eh bien, Mme Yuna, bonjour. »

« Bonjour. »

« Une autre quête aujourd’hui ? »

« En fait, j’ai quelque chose à vous demander. »

« Qu’est-ce que ce serait ? »

« Y a-t-il un endroit dans le coin qu’on pourrait louer pour faire du dépeçage ? »

« Est-ce que c’est à propos des tigres-loups ? »

« C’est en partie ça, mais j’ai aussi d’autres sortes de monstres. Ce serait bien si je pouvais emprunter quelque chose comme l’entrepôt de la guilde. »

« Ce n’est pas vraiment possible. »

« Je le savais. »

« Et il y a la question de savoir combien de temps vous aurez besoin de l’espace. Ce serait du long terme, pas vrai ? »

« Eh bien, je n’en suis pas sûre. »

« Dans ce cas, il pourrait être difficile de vous recommander. »

« Entendu. Y a-t-il des terrains vides par ici ? »

« Des parcelles de terrain ? »

« Oui, comme des endroits dégagés sans rien dessus. »

« Je crois qu’il y en a, mais ils ne sont pas sous la juridiction de la guilde. Je pense que vous feriez mieux de consulter la guilde de commerce. »

« La guilde de commerce ? »

« Oui. Ils s’occupent des transactions de biens et de marchandises, mais ils s’occupent aussi des transactions de terrains, ils pourraient donc vous indiquer la direction à prendre. »

« J’ai compris. Je vais les contacter. »

On avait quitté la guilde des aventuriers. J’avais ensuite demandé à Fina de me guider vers la guilde de commerce.

***

Chapitre 26 : La maison ours est prête !

La guilde des commerçants se trouvait un peu à l’ouest du centre de la ville. La clientèle était visiblement différente de celle de la guilde des aventuriers. Il n’y avait pas de guerriers sans cervelles ni de sorciers portant des bâtons, mais il y avait une tonne de marchands à l’allure excentrique. Ils avaient un air peu accueillant, ce qui n’était pas du tout le cas de la guilde des aventuriers.

De plus, ma tenue d’ours semblait encore attirer de curieux regards.

« Yuna, tu n’entres pas ? », demanda Fina alors que je planais près de l’entrée, regardant à l’intérieur. Cela me fit changer d’avis.

Il y avait de l’animation à l’intérieur. J’avais baissé ma capuche et croisé leurs regards, me dirigeant directement vers la réception. Fina jeta un coup d’œil dans l’endroit et s’était accrochée à ma manche, en se collant à moi.

« Bienvenue », une femme d’une vingtaine d’années nous salua. Son expression n’avait pas changé, même quand elle vit à quoi je ressemblais, et elle nous reçut avec un sourire. J’avais deviné que les employés de la guilde étaient taillés dans un meilleur tissu que leur clientèle.

« Umm, je veux louer un terrain pour une courte période, et la guilde des aventuriers m’a envoyée ici quand je leur ai posé la question. »

« Oui, on peut faire ça. Nous avons des terrains à louer, et quelques bâtiments aussi. Quel genre de terrain cherchez-vous ? »

« Pour l’instant, juste quelque chose de complètement vide avec rien dessus. »

« Oui, nous en avons. »

« J’aimerais le louer pour environ un mois. Combien cela coûterait-il ? »

« Cela dépendrait de la taille du terrain et de son emplacement. Avez-vous des préférences ? »

« Je préférerais quelque chose de proche de la guilde des aventuriers. C’est bien si ce n’est pas super proche. J’aimerais si possible que ce soit à peu près de la taille de l’entrepôt de la guilde des aventuriers. »

« Un terrain de la taille de l’entrepôt de la guilde des aventuriers. Je vais m’en occuper, alors si vous le pouvez, attendez ici. »

Elle quitta le bureau pendant un moment et revint au bout de cinq minutes avec plusieurs feuilles de papier.

« Je m’excuse pour l’attente. J’ai trouvé environ cinq options. »

« Laquelle est la moins chère ? »

« Ce serait celle-là. Sur les cinq, c’est le plus éloigné de la guilde des aventuriers. Un mois de loyer reviendra à trente pièces d’argent. »

« N’est-ce pas un peu bon marché ? »

« Il n’y a pas de bâtiments sur le terrain. Cependant, n’oubliez pas que nous pouvons vous demander de remettre le terrain dans son état d’origine en nous le rendant si vous l’avez utilisé pour quelque chose. »

« Pourriez-vous aussi me dire combien coûtent les autres ? »

« Bien sûr. Les autres coûtent quatre-vingt-dix, soixante-quinze, quarante-huit et trente-cinq pièces d’argent par mois. »

« Pourriez-vous me montrer où se trouvent les cinq autres ? »

Elle sortit une carte et me montra l’emplacement de chacune d’entre elles.

« Hmm, je vais passer sur celles qui coûtent 90 et 75 pièces d’argent et je vais aussi passer sur celle de 30 pièces à cause de son emplacement. »

Il restait donc les terrains coûtant trente-cinq et quarante-huit pièces. La meilleure place était celle de quarante-huit pièces. Il était proche de la guilde et de la maison de Fina, et pas loin de l’auberge. La place à trente-cinq pièces était plus proche de la guilde, mais elle était plus éloignée de l’auberge et de la maison de Fina.

« Comment voulez-vous procéder ? »

« Si vous pouviez me proposer une offre sur celle-là, je préférerais. »

J’avais pointé du doigt l’option à quarante-huit pièces d’argent.

« Au fait, comment allez-vous utiliser le terrain ? »

« Je pensais y construire une maison pour pouvoir l’utiliser comme lieu de dépeçages de monstres. Oh, mais je m’assurerais que la maison ne soit plus là quand je la rendrais, bien sûr. »

« Si vous pouviez me donner un moment… »

La femme s’était précipitée, mais elle était revenue presque immédiatement.

« Pardonnez-moi de vous le demander, mais êtes-vous l’Ours sanglant ? »

« … »

« Ahem, c’était grossier de ma part. Êtes-vous l’aventurière Yuna ? »

« Oui… »

« Je voudrais vous remercier de nous avoir approvisionnés en loups, lièvres à cornes, sans compter le roi gobelin pendant votre séjour ici. »

« Hum… pour quelle raison la guilde des commerçants me remercie-t-elle ? »

« Ne savez-vous pas ? Les matériaux produits par la guilde des aventuriers nous sont transmis, et nous les vendons. En retour, la guilde des commerçants engage des escortes et garantit que nous ne manquerons pas de matériel de monstres. Nous avons un partenariat mutuellement bénéfique. »

« Je n’en avais aucune idée. »

« Oui, et nos marchands ont été très heureux qu’il y ait eu plus de loups et de lièvres à cornes en circulation récemment. »

« Mais ce que je vends doit être à peine comparable à tout ce qui existe dans la guilde des commerçants, non ? »

« Pas du tout. Parce que les animaux tués que vous apportez sont en parfait état, ils se vendent en grande quantité. Les aventuriers réguliers ont tendance à rapporter beaucoup de cadavres de très mauvaise qualité. Mais les monstres que vous rapportez sont toujours propres, et ils sont devenus très populaires, en particulier les matériaux rares provenant du roi gobelin. »

« Qui l’aurait cru ? »

« Que diriez-vous de 35 pièces d’argent pour le terrain dont nous venons de parler ? »

« En êtes-vous sûr ? »

« Absolument. Si vous récoltez des matériaux pour les vendre à la guilde des aventuriers, cela profite aussi à la guilde des commerçants. »

« Eh bien alors, marcher conclus. »

« Dans ce cas, permettez-moi de vous escorter jusqu’à la parcelle maintenant. »

Elle s’était levée de sa chaise.

« Vous allez m’emmener jusque là-bas ? »

« Est-ce que ce serait problématique ? »

« Bien sûr que non, mais êtes-vous sûre de pouvoir quitter la réception juste pour moi ? »

« Je peux demander à quelqu’un de me remplacer. J’aimerais aussi consolider notre partenariat dès maintenant. »

« Notre partenariat ? »

« Oui. Vous êtes une aventurière compétente, toute nouvelle et extrêmement habile. Beaucoup de gens vont vouloir travailler avec vous, et je ne suis qu’une de ces personnes. Je m’excuse d’avoir pris tant de temps pour me présenter, je suis Milaine. C’est un plaisir de vous rencontrer. »

L’endroit où Milaine nous avait amenés était aussi proche de l’auberge et de la guilde que la carte l’avait promis. Le terrain était plus que large, et il n’y avait pas beaucoup de circulation piétonne, ce qui était bien.

« Dans ce cas, si vous pouviez signer ce contrat et fournir la transcription de votre carte de la guilde. »

« Une transcription ? »

« Mettez juste votre carte de la guilde par-dessus ça. Ça vérifiera votre identité. »

Après avoir écrit mon nom et transcrit ma carte de guilde, j’avais payé les trente-cinq pièces pour le mois.

« En outre, comme vous allez construire une maison sur cette parcelle, la guilde des commerçants fournit également des services d’atelier de menuiserie. Comment voulez-vous procéder ? »

« Ça ira. J’ai déjà une maison. »

Milaine avait l’air perplexe. J’avais hésité une seconde à lui parler de l’entrepôt et de la maison ours, mais j’avais décidé de garder le secret.

« Je vois. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, venez à la guilde des commerçants. »

Milaine s’était inclinée et était repartie. Je m’étais assuré qu’elle était partie, puis que personne ne passait par là. Bien, c’est bon. À gauche, c’est bon. Derrière moi, c’est bon. Devant, c’est bon.

J’avais sorti la maison ours de l’entrepôt d’ours, et juste comme ça, il y avait une maison entière posée sur un terrain qui était vide il y a une seconde à peine. Je m’étais dirigée vers l’entrepôt attenant avec Fina.

« Ok. Peux-tu t’occuper des loups tigres maintenant ? », lui avais-je demandé

J’avais laissé Fina à son travail et j’étais retournée à l’auberge pour leur dire que j’allais annuler mon séjour. À partir d’aujourd’hui, je vivrais dans la maison ours.

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