J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 5

Table des matières

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Chapitre 64 : Le harceleur

Partie 1

[Point de vue de Reginald]

De toutes les choses que je détestais dans ce monde, mon propre frère de chair et de sang devait être parmi les dix premiers sur ma liste. Il était toujours à s’arrêter à mi-chemin de ce qu’il devait faire, toujours prêt à punir les innocents, toujours à agir et à penser comme un idiot sans même tenir compte de ce qui se passerait s’il donnait un certain ordre déraisonnable. Toutes ces choses représentaient et identifiaient mon seul et unique frère Reynolds.

Il y a un moment, j’étais allé à la périphérie de notre royaume pour voir comment nos troupes se portaient. Bien qu’ils aient survécu dans des conditions terribles, je n’avais pas demandé leur part de nourriture ni les couvertures avec lesquelles ils se tenaient au chaud. J’avais vécu comme eux pour voir comment c’était, et à la fin de cette expérience, j’avais compris une chose… Un humain ne peut pas vivre trop longtemps sous un règne oppressant. Ils deviendraient fous ou se révolteraient même si cela leur coûtait la vie. En même temps, j’avais gagné leur confiance, et maintenant, la plupart des militaires m’écoutaient plutôt que mon idiot de frère.

Alors que je marchais vers Elora, la capitale du royaume d’Aunnar, je m’étais retrouvé à comploter pour former un coup d’État et arracher tout le pouvoir politique à mon frère. Je le laisserais vivre comme un simple noble, ni plus ni moins.

Je m’étais souvenu de cette ville comme d’une cité à l’aura très oppressante et triste. Tout le monde baissait les yeux, et personne n’osait parler contre la famille royale. Si Reynolds vous entendait dire du mal de lui, il vous jetterait à la potence ou ferait de vous un esclave. Ce n’était pas une ville très animée à cause de cela, mais les individus avaient quand même réussi à garder la tête haute et peut-être à sourire de temps en temps. C’était la preuve de la force indomptable de mon peuple.

« Qu’est-ce qui se passe ? » avait été ma première question au moment où j’avais franchi les portes.

La première chose que j’avais remarquée, c’était les enfants qui couraient dans les rues, et à ma gauche, un marchand d’esclaves forcé par les gardes de la ville à libérer ses esclaves. J’avais été à la fois surpris et stupéfait. Personne d’autre que mon frère n’avait l’autorité pour donner de tels ordres !

« Toi, jeune homme ! » J’avais appelé un des enfants, un garçon Nekatar.

« Moiauh ? » il m’avait regardé et avait incliné la tête vers la droite.

« Tu étais autrefois esclave, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé, en pointant du doigt la marque du collier se trouvant autour de son cou.

« Oui, Sire…, » il hocha la tête et baissa les oreilles.

« Ne t’inquiète pas, je ne te veux pas de mal. Je suis juste curieux de savoir pourquoi il y a tant d’esclaves libres ici, » lui avais-je demandé.

« Je ne sais pas pour les autres, mais j’ai été acheté par un homme riche nommé Illsyore. Il a fait que Deroak, le maître des esclaves nous libère, et qu’il prenne soin de nous jusqu’à ce que nous soyons assez grands pour prendre soin de nous-mêmes, » répondit-il, puis il lâcha un autre miaulement.

« Non, Tullos ! Ce n’est pas juste ce que tu dis ! Il nous a gagnés à la loyale au Colisée ! Comme le vieux Deroak n’avait pas assez de goldiettes pour le payer, Illsyore lui a fait promettre de prendre soin de nous au lieu de lui donner l’argent, » un jeune garçon humain était venu corriger les propos du nekatar.

Tous deux étaient esclaves, mais le fait d’entendre parler d’une telle générosité dans cette ville était incroyable. Je n’en croyais pas mes oreilles. Cet homme méritait une médaille !

« Et les autres, les adultes ? » lui avais-je alors demandé.

« Oh, Illsyore a détruit le palais et forcé le prince Reynolds à libérer tous les esclaves. Comme il ne pouvait pas le faire dans tout le royaume, le prince a décidé d’abord de les libérer dans la capitale et d’interdire la traite des esclaves ici, » répliqua Tullos avec un grand sourire tout en agitant sa queue poilue à gauche et à droite.

« Quoi ? » J’avais plissé mon front quand je l’avais entendu et j’avais regardé vers le palais.

Même d’ici, j’étais censé voir les tours blanches scintillantes, mais cela n’existait plus. Je commençais à reconsidérer toute cette histoire de médaille.

« Merci, les gars ! Vous pouvez retourner jouer, » leur avais-je dit. Puis j’étais retourné à pied à mon groupe.

« Maître, que pensez-vous de cela ? » demanda Zoreya, une Croisée très puissante et bien entraînée de l’Ordre de Melkuth.

Il s’agissait d’une belle et grande femme aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Beaucoup de personnes l’auraient qualifiée de joyau inestimable d’une qualité indiscutable. À la fois courageuse et intelligente, cette femme était un ajout incroyable à la puissance d’attaque de n’importe quelle escouade. Pour couronner le tout, son rang d’aventurière était celui de Suprême Médium-Supérieur. Certains avaient testé sa force vers l’an 2000. Et la manière exacte dont elle était devenue si forte était un mystère, mais elle n’avait pas utilisé d’amplificateur ou d’équipement pour améliorer son statut. Malgré tout, elle avait tendance à être un peu maladroite par moments, comme marcher accidentellement sur un piège très évident et facile à repérer au milieu d’un donjon.

Zoreya était aussi ma conseillère et mon garde la plus digne de confiance. Elle était à mes côtés depuis que je l’avais rencontrée quand elle avait été envoyée dans notre royaume par l’Ordre des Croisés de Melkuth.

« Je trouve les mouvements de mon frère assez étranges, mais en même temps, je suis curieux au sujet de cet Illsyore. Hm…, » j’avais regardé les dix chevaliers qui se tenaient derrière elle.

Il y en avait deux qui étaient plutôt agiles et versés dans l’art de recueillir des informations. Je leur avais fait signe de s’approcher de moi.

« Votre Altesse ? » avaient-ils demandé après avoir salué.

« Allez voir ce que vous pouvez trouver sur cet Illsyore. D’où il vient, à qui il a parlé, ce qu’il a mangé, n’importe quoi ! » leur avais-je ordonné.

« Compris ! » ils m’avaient à nouveau salué, puis ils s’étaient éloignés dans des directions différentes.

« Maintenant, allons-y ! Allons rencontrer mon frère ! J’ai l’impression que notre séparation a apporté des changements significatifs en nous deux ! » j’avais souri et regardé après ça la route menant au palais.

Ça devrait être intéressant ! avais-je pensé.

Moins d’une heure plus tard, nous étions arrivés aux portes du palais royal. Ils étaient encore debout, et le mur à ma gauche était encore en réparation. Si Zedor, le Donjon Demi-Dieu n’avait pas déjà fini de tout restaurer, cela signifiait que le palais avait subi des dégâts considérables. En supposant bien sûr qu’il soit encore en vie.

« Son Altesse Royale, Reginald D. Lagrange, est arrivée ! » avaient annoncé les gardes.

Suivi par Zoreya et mes autres chevaliers, j’avais franchi les portes et étais entré dans la cour. Cet endroit était dans un tel chaos, mais je ne comprenais pas comment il avait été endommagé. J’avais vu beaucoup de sorts et de façons de détruire un bâtiment, mais la façon dont les tours et les murs étaient coupés était irréelle. C’était presque comme si une sorte de lame chaude était passée à travers la pierre solide et avait tout fondu.

Fascinant ! avais-je pensé en regardant ma statue, qui était coupée en deux à la taille.

« WÔW ! Reynolds a réussi à énerver quelqu’un de très puissant ! » avait commenté l’un de mes chevaliers.

« En effet, » avais-je répondu. Puis je m’étais ensuite dirigé vers ce qui restait du palais.

Les soldats et les serviteurs qui m’avaient vu s’étaient immédiatement inclinés pour me montrer leur respect. Je ne m’étais arrêté qu’une seule fois, et c’était pour demander à l’un d’eux où se trouvait mon frère. Apparemment, il pleurait dans la bibliothèque au deuxième étage.

J’étais monté là-haut, et j’étais entré dans la pièce.

Contrairement à la bibliothèque de la ville, la Bibliothèque royale possédait une quantité importante de livres pour l’usage personnel de la famille royale. Les rangées de livres étaient gardées sur les étagères dorées qui s’étendaient jusqu’au plafond. Étonnamment, ce n’était que l’un des rares endroits qui n’avaient pas été touchés par les attaques impitoyables d’Illsyore, et ce, uniquement parce qu’il était situé de l’autre côté du palais.

Je me souvenais encore de la façon dont j’étais venu ici quand j’étais enfant, à la recherche d’un livre à rapporter à mon père pour qu’il le lise pour moi. Sur cette même chaise, j’avais trouvé mon frère Reynolds qui regardait le plafond. Ses yeux étaient injectés de sang et entourés de poches sombres, un signe qu’il avait manqué quelques heures de sommeil. Sur la table devant lui et tout autour de lui se trouvaient d’innombrables livres ouverts et marqués à différentes pages. Des parchemins de gribouillis et des encriers vides pouvaient être vus sur le sol.

Je vois qu’il s’est tenu occupé ? Depuis quand mon idiot de frère s’intéresse-t-il à la lecture et à l’écriture ? Aussi… a-t-il perdu du poids ou mes yeux me trompent-ils ? m’étais-je demandé en m’approchant de ce désordre.

« Frère, je suis de retour, » m’étais-je annoncé.

« Haa ? C’est bien… très bien… Je suis condamné ! » dit-il. Puis il se mit à pleurer.

Cette réaction m’avait surpris. Je n’avais jamais vu mon frère dans un état aussi déplorable.

« Les nobles me sautent sur le dos, les maîtres d’esclaves me maudissent, le monde me déteste, et surtout… Je suis maudit et je vais mourir dans un mois, une semaine et quatre jours ! Haha ! Félicitations, mon frère, tu régneras seul sur ce royaume à partir de ce moment-là ! Hahahaha ! » il se mit à rire hystériquement avant de se mettre à pleurer à nouveau avec de grands cris entrecoupés.

Qu’est-ce que cela signifie ? m’étais-je demandé en le regardant avec un front plissé.

« Frère… sais-tu ce que j’ai fait ? » me demanda-t-il sans même me jeter un regard.

« Non… quoi ? » avais-je répondu en secouant la tête.

Comment pourrais-je savoir quel genre de tempête avait balayé le royaume et avait fait tomber Reynolds dans un tel désarroi ?

« J’ai mis en colère un Seigneur Donjon paisible, un Divin, et il m’a maudit ! » déclara-t-il, puis il s’était de nouveau mis à rire.

« Tu as fait quoi ? » J’avais été surpris d’entendre quelque chose comme ça.

Le donjon le plus fort que je connaisse était Zedor, le Donjon Demi-Dieu avec un niveau de 258. Le fait d’entendre qu’il y avait un Seigneur Donjon Divin qui errait dans les environs en maudissant les individus était une information assez choquante. Je m’étais retrouvé à court de mots.

« Hé, mon frère ? J’ai fait de mon mieux, mais je n’arrive pas à comprendre… Je n’arrive pas à trouver un moyen de me débarrasser de l’esclavage et de ne pas jeter notre royaume au fond d’un tas de fumier de Merion ! » dit-il en soulevant deux livres « Regardes ! Toute notre main-d’œuvre, de la plus petite à la plus grande, dépend des esclaves ! Tu ne peux même pas aller chez le coiffeur pour te faire couper les cheveux sans qu’un esclave t’y emmène ou t’aide. Je ne sais pas non plus quoi faire d’eux après leur libération ! Pour l’instant, je les ai laissés faire ce qu’ils veulent, mais… ça ne durera pas longtemps. Ils n’ont pas de maison, ils ne peuvent pas travailler… c’est sans espoir, je te le dis, sans espoir…, » avait-il laissé tomber les livres, puis il avait regardé le plafond les larmes aux yeux.

Essaie-t-il d’intégrer d’anciens esclaves ? Comment ce Seigneur du Donjon Divin a-t-il réussi à faire si peur à mon frère qu’il pense sérieusement à ce genre de choses ? Et c’est quoi cette histoire de sa mort dans plus d’un mois ? m’étais-je demandé en le regardant.

Bien qu’il soit vrai que j’avais déjà l’intention de le renverser, c’était pour commencer à réformer le système d’esclavage. Après avoir vu et expérimenté par moi-même les conditions de vie de mon peuple, j’avais voulu que cela disparaisse, mais comme mon frère y travaillait si désespérément, je commençais à avoir des doutes quant à mon coup d’État.

« Frère, es-tu sérieux ? » lui avais-je demandé.

« Sérieux ? » il s’était mis à rire. « Il demande si je suis sérieux. Hahahaha ! » se leva de la table et s’approcha de moi. Après avoir déchiré sa chemise, il m’avait montré un tatouage noir pulsant gravé directement dans sa chair « Est-ce que cela te dit combien je suis SÉRIEUX ? Frère bien-aimé, c’est une malédiction du Seigneur du Donjon Divine qui fera en sorte que je mourrai d’une mort horrible si je n’apporte pas un changement contre l’esclavage dans ce pays ! Aussi égoïste que je sois, je n’ai pas l’intention de gâcher ma vie à cause de cela, » me regardait-il d’un air égoïste.

Je n’avais jamais vu une telle force, une telle détermination et telle volonté chez mon frère. Pour être plus précis, il n’avait jamais montré ces qualités, même une seule fois quand j’étais là. Son désir de se détendre et de ne rien faire était le plus visible de tous ses traits. À en juger par mon ancienne impression de lui, je pensais qu’il allait abandonner toute cette affaire, aller vivre quelque part le reste de ses jours, ou essayer de coucher avec autant de femmes que possible avant que le temps ne soit écoulé, et non essayer de faire quelque chose à ce sujet.

Je suppose que je ne connais pas mon propre frère…, avais-je pensé. Puis j’avais pris du recul par rapport à lui.

« Dis-moi, quel est le nom de ce Donjon ? » avais-je demandé.

« Illsyore, le destructeur du Suprême Dankyun ! » il avait ri et était retourné à son bureau.

Où ai-je déjà entendu ce nom ? m’étais-je demandé.

« Votre Altesse, vous venez de dire Dankyun ? Comme dans Dankyun Alttoros ? » demanda Zoreya en faisant un pas vers l’avant.

« Je ne sais pas. Il a seulement dit Dankyun. Combien de Suprêmes de ce nom connaissez-vous ? Oh, et c’est aussi un draconien, » Reynolds s’était écrasé en répondant ça.

« Draconien ? Alors c’était lui… Dankyun Alttoros… Ça veut dire que mon frère est mort…, » déclara Zoreya en saisissant la poignée de son épée.

***

Partie 2

Maintenant, je m’en souviens ! C’est ce type ! Je suppose que Zoreya est plutôt contrariée en ce moment, avais-je pensé.

Il y a quelques années, elle m’avait raconté l’histoire de son enfance ainsi que de comment elle était devenue une Croisée. Apparemment, ce Dankyun était l’une des principales raisons pour lesquelles elle avait choisi cette voie. Je ne pouvais pas dire que j’étais d’accord, mais je n’avais pas le droit de la forcer à changer d’avis. Même si je le voulais, je ne pourrais pas lui imposer mon autorité parce qu’elle appartenait à l’Ordre de Melkuth et non au Royaume d’Aunnar.

Avec un soupir qui s’échappait de mes lèvres, j’avais regardé Zoreya. Malgré son déchaînement antérieur, elle retrouva rapidement son calme et baissa les yeux sans esquisser une émotion. Pas étonnant qu’elle ait été l’un des meilleurs apôtres de son ordre ! Quelles que soient les circonstances, elle devait rester fidèle à ses missions et les accomplir sans faillir. S’écarter de son chemin était une offense inacceptable.

Bien que j’admirais ce côté d’elle, j’avais aussi compris à quel point elle voulait s’en prendre au tueur de son frère.

Avec un soupir, je m’étais gratté l’arrière de la tête et j’avais regardé entre mon frère névrosé et elle. Reynolds riait et regardait les papiers devant lui, tandis que Zoreya tenait le manche de son épée.

« Frère, as-tu dit que tu allais travailler à l’abolition de l’esclavage dans notre royaume ? » J’avais demandé.

« Oui ! Bien sûr ! Mais ce n’est pas forcément pour une seule journée, mais pour toujours ! Si je ne trouve pas quelque chose rapidement, je vais mourir ! » se plaignait-il.

Si j’étais comme n’importe quel autre roi, je t’aurais laissé mourir, mais je n’ai pas… cette chance, avais-je réfléchi. Puis je m’étais dirigé vers son bureau. « Je vais te donner un coup de main pour ton projet, puisque j’avais l’intention de le faire de toute façon, mais tu dois accepter d’abandonner tes prétentions à être le roi, » lui avais-je dit.

Grâce à cela, je saurais à quel point il était dévoué à se débarrasser de cette malédiction. La raison pour laquelle nous étions deux puissances dirigeantes au lieu d’une seule, c’était en premier lieu à cause de son égoïsme.

« D’accord ! Tu peux avoir ce putain de truc ! Je peux même te l’emballer si tu le veux, » me déclara-t-il sans même prendre une seconde pour y réfléchir.

« Hein ? D’accord…, » j’avais clignoté des yeux en étant confus.

Ce Seigneur du Donjon a dû vraiment lui faire peur…, avais-je pensé.

« Merci ! Je te remercie ! Merci, mon frère, » déclara-t-il avec les larmes aux yeux.

« Ah… oui. C’est à ça que servent les frères, non ? » Je lui avais fait un sourire gêné.

« Alors je dois immédiatement te montrer tout ce que j’ai réussi à accomplir jusqu’à présent ! Je reviens tout de suite ! Euh, la plupart des documents sont dans mon bureau, » déclara-t-il, et il avait vite couru devant moi.

Quand il avait atteint la porte, il était tombé sur la lance de l’un de mes chevaliers et était tombé face contre terre. J’avais dégluti alors que j’étais prêt à défendre mon subordonné, mais mon frère s’était relevé, avait dépoussiéré ses vêtements et s’était remis à courir sans même le fusillé du regard.

« Votre Altesse, si je ne me trompe pas, mais… c’est le prince Reynolds, n’est-ce pas ? » demanda ce même chevalier.

« Oui… du moins, je pense que oui, » avais-je répondu en étant un peu abasourdi.

Je m’étais vidé la tête pendant un moment, puis je m’étais dirigé vers le bureau de mon frère. Il faisait des recherches sur la culture et les lois de tous les pays voisins, depuis la première fois que le système d’esclavage avait été proposé. C’était un travail plutôt intéressant, compliqué et aussi très complet.

Peut-être que je n’ai vraiment aucune idée de ce dont mon propre frère est capable ? En regardant l’un des parchemins remplis de lois possibles et de leurs effets, j’avais pensé cela.

« Intéressant…, » avais-je dit.

Après le retour de mon frère avec ses recherches, que l’on pourrait facilement décrire comme une grosse pile de parchemins, de notes et de livres, j’avais commencé à regretter ma décision de l’aider. Il y avait beaucoup de documents que je devais lire… Heureusement, si je faisais cela, alors il n’y aurait pas besoin de commencer un coup d’État. Les gens souffriraient probablement s’ils étaient divisés en deux camps opposés, alors c’était en vérité mieux ainsi. C’était une option à laquelle je n’avais jamais pensé parce qu’on ne m’avait jamais rien montré d’autre que le côté dégoûtant et égoïste de mon frère.

Bien sûr, je n’avais pas pu regarder tout ce qu’on m’avait montré, mais j’avais eu une idée générale. Reynolds se débattait avec la gestion de la population, les droits légaux, les procédures et toutes sortes de choses de ce genre.

Quelques heures plus tard, j’avais fait une pause et j’étais allé m’installer dans ma chambre. À ma grande surprise, j’avais découvert que ce n’était rien de plus qu’un tas de gravats avec tous les meubles brûlés et un grand trou dans le plafond. J’avais donc occupé l’une des chambres d’hôtes.

Après ça, j’avais fait venir Zoreya.

« Prince Reginald ? » demanda-t-elle après être entrée.

« Je suis ici, » déclarai-je.

J’étais assis devant ma fenêtre à regarder la dévastation de mon palais. Zedor avait du mal à le réparer, mais cet endroit avait été construit au cours de nombreuses années. Chaque brique était enchantée par de puissants sorts. Ce n’était pas facile de le détruire.

« Théos et Zara m’ont apporté des informations intéressantes sur Illsyore, » avais-je dit.

« Je n’ai pas encore reçu de nouvelles, Votre Altesse, » répondit Zoreya.

« Apparemment, il est venu dans cette ville pour une quête pacifique. Il s’est déguisé en simple aventurier et est resté à l’auberge de Tannaor. Le marchand d’esclaves Deroak était son premier donneur de quête, mais selon la Guilde des Aventuriers, il n’a pas fait un jugement correct sur la difficulté de sa quête. Illsyore n’avait pas l’air de s’en faire, mais il a rencontré un groupe d’utilisateurs de magie noire qui occupait le donjon ancien de Mehalom, » je m’étais retourné pour la regarder.

« Utilisateurs de magie noire ? À cet endroit dans le royaume ? Si je l’avais sus.., » demanda-t-elle, surprise et aussi un peu confuse qu’elle ne les ait pas trouvés elle-même.

Sa mission initiale dans notre royaume était de réduire leur nombre et d’arrêter quelques mages diaboliques. Sa deuxième était de protéger la famille royale jusqu’à l’élection d’un roi, et pour être plus précis, celui qui valorisait et respectait les valeurs de l’Ordre de Melkuth.

« Oui. Heureusement, Illsyore et son groupe les ont tués facilement. Le donjon a été nettoyé et des aventuriers ont été régulièrement envoyés à la recherche de restes. J’ai compris que sa pièce centrale était complètement détruite, donc aucune chance qu’il se réveille tout seul, » déclarai-je.

« Pourquoi ce Seigneur du Donjon Divin agissant d’une manière aimable s’embêterait-il avec quelque chose comme ça ? » me demanda-t-elle.

« Je ne sais pas, mais après, il est allé à Deroak et a apparemment réussi à gagner dans le Colisée, mais il ne s’est pas lui-même battu, » déclarai-je.

« Alors, qui ? » elle avait plissé son front en demandant ça.

« Apparemment, ce sont ses femmes et ses esclaves qui ont combattu les esclaves de Deroak. Ce qui est intéressant, c’est qu’elles étaient toutes beaucoup plus puissantes que Dragnov. Elles pourraient être aussi fortes sinon plus fortes que vous. En outre, la façon dont cet Illsyore a fait tomber le palais a été avec une arme étrange capable de tirer des faisceaux de lumière. Des témoins ont rapporté qu’il pouvait même les faire sortir de ses paumes, » avais-je expliqué ce que mes chevaliers m’avaient dit.

« Des faisceaux de lumière ? » demanda-t-elle.

« Oui, cependant, la raison pour laquelle il a attaqué, c’est parce que mon stupide frère a emprisonné et blessé ses esclaves sans qu’il ait enfreint aucune des lois de notre royaume. Illsyore ne l’a pas tué, et comme il était partiellement justifié dans son attaque, je ne peux pas permettre l’envoi d’un groupe de chasseurs à sa poursuite. C’est le premier donjon divin dont j’ai entendu parler qui n’est pas seulement le personnage fictif d’une vieille histoire. Il ne peut être pris à la légère et nous ne pouvons nous permettre de le perdre de vue. Si par hasard il rejoignait les forces ennemies, le royaume d’Aunnar serait en péril, » j’avais poussé un soupir et j’avais regardé par la fenêtre.

Zoreya était restée silencieuse, mais je savais à quoi elle pensait. Depuis qu’elle avait appris que c’était l’assassin de son frère qui avait attaqué le palais, elle avait voulu le poursuivre, mais sa mission et ses ordres l’en avaient empêchée. Pour être honnête, je ne voulais pas non plus la laisser courir après le Donjon, mais dans notre situation actuelle, elle était aussi notre meilleure chance contre lui. Jusqu’à présent, nos voisins n’avaient fait aucun mouvement suspect, donc son pouvoir n’était pas nécessaire ici.

En outre, étant donné son âge avancé, je commençais à me demander combien d’années il lui restait à vivre avant qu’elle ne soit obligée de déposer son bouclier. La laisser partir maintenant lui permettrait probablement de tourner la page dans cette affaire. En tant qu’apôtre, elle ne pouvait pas rêver d’une famille, alors il n’y avait plus personne pour l’attendre quelque part. Tout au plus, elle n’aurait qu’à rendre son bouclier à l’Ordre de Melkuth avant de mourir.

C’était une décision que moi seul pouvais prendre en tant que prince et probablement son ami. C’était une décision entre égocentrisme et égoïsme, une décision plutôt facile pour moi.

« Zoreya, à partir de maintenant, vous êtes libérée de tout devoir envers mon royaume. Tout ce que je demande, c’est que si vous poursuivez Illsyore de me tenir au courant de ses mouvements, » avais-je déclaré en la regardant.

« Votre Altesse… êtes-vous sûre ? » demanda-t-elle.

J’avais fermé les yeux et j’avais hoché la tête.

« Oui, » lui avais-je répondu après lui avoir ouvert les yeux et lui avoir montré un sourire doux. « Vous êtes mon amie et mon alliée depuis très longtemps, Zoreya. Je n’ai jamais été capable de vous remercier pour votre aide, c’est pourquoi je crois que vous laisser partir serait la meilleure récompense que je puisse vous offrir, à moins, bien sûr, que vous ne désiriez autre chose ? »

« Non, Votre Altesse, mais qu’en est-il du royaume ? » demanda-t-elle.

« Zoreya, vous savez aussi bien que moi que vous n’avez jamais eu de devoir envers mon royaume. L’Ordre de Melkuth vous a envoyé ici pour protéger son peuple, repérer d’éventuels nouveaux acolytes et s’occuper des utilisateurs de magie noire qui, à l’époque, se déchaînaient sur ces terres. Ceux tués par Illsyore étaient probablement les derniers. De plus, je suis certain que l’Ordre enverra un autre brave Croisé à votre place pour s’occuper de tous les futurs utilisateurs de magie noire. Vous étiez à mes côtés seulement à cause de mon père, qui était votre ami, et probablement à cause de moi, parce que je vous vois aussi comme une amie, » avais-je parlé sans regret.

Par mes paroles, je me séparais volontiers du seul Suprême présent dans ce pays, mais avec le soutien de l’Ordre de Melkuth, nous n’avions pas peur d’une invasion extérieure. Du moins, pas avant longtemps.

« Je comprends, Prince Reginald. Alors je vais faire mes valises et partir tout de suite ! Je m’inquiète aussi pour ce Seigneur du Donjon Divin. En tant que Croisée, je ne peux pas le laisser tranquille ! En tant que Zoreya Eleanor Alttoros, je souhaite en savoir plus sur la mort de mon frère et voir ce qui en retourne ! Mais mon Ordre se tient devant ma quête personnelle… Même ainsi, ce fut un plaisir et un honneur de servir à vos côtés, Prince Reginald. J’enverrai un message à l’Ordre des Croisés de Melkuth pour que l’un de leurs meilleurs Apôtres soit envoyé pour veiller sur ce royaume, » déclara Zoreya avec un dernier salut.

« Merci et à bientôt, mon amie, » lui avais-je dit. Puis je m’étais retourné pour regarder mon royaume.

« Que Melkuth veille sur votre royaume, Prince Reginald, » déclara-t-elle avant de fermer la porte derrière elle.

Quelques instants après son départ, j’avais poussé un soupir.

« Je sais que cette soudaine séparation avec elle a pu être un peu abrupte, mais je ne pouvais plus laisser ce royaume dépendre de l’Ordre de Melkuth. Les habitants d’Aunnar doivent être forts, avec ou sans Suprême pour les surveiller ! C’est pourquoi je ne peux que remercier cet étranger, Illsyore, qui nous a offert cette opportunité de renaître de nos cendres éparses, » déclarai-je.

☆☆☆

[Point de vue d’Illsyore]

Un mois s’était écoulé depuis que nous avions quitté le royaume d’Aunnar. À notre gauche se trouvaient les forêts épaisses qui s’étendaient jusqu’à l’océan, et à notre droite se trouvaient les vastes étendues de sable spécifiques au climat désertique. La chaleur était une tuerie, mais pas assez pour nous faire tomber.

Cependant, il y avait un problème…

« Illsy ? Qu’allons-nous faire à ce sujet ? » demanda Nanya avec curiosité et en pointant du doigt derrière elle.

« Ne regarde pas en arrière, et ignore-la, » avais-je grommelé.

« Personne ne sait qui elle est, » demanda Shanteya.

« Je n’en ai aucune idée. Par hasard, est-ce que l’une d’entre vous l’a nourrie ? » avais-je demandé en regardant Ayuseya.

« Pourquoi me regardes-tu ? J’ai un faible pour les animaux, mais pas pour les chevalières en armure, » rétorqua la draconienne.

En jetant un coup d’œil vers l’arrière, j’avais vu une certaine femme en armure de plaque intégrale portant un grand bouclier se cachant derrière un arbre vraiment mince. C’était la même chose que d’essayer de cacher un tank moderne derrière un lampadaire. Ou peut-être qu’elle était comme l’un de ces personnages non joueur d’un vieux JDR que j’avais l’habitude de jouer, où si vous placiez un seau sur leur tête, vous pourriez vider leurs magasins sans qu’ils vous voient et sans jamais dénoncer un vol.

Tant que je ne te vois pas, je suis caché de toi. Ce genre de logique, hein ? avais-je pensé.

« À mon signal, courez, » leur avais-je dit.

« Pourquoi ? » demanda Ayuseya, surprise.

« Parce que je ne veux pas m’occuper des vagabonds ! Maintenant, courez ! » avais-je crié. Et nous avions tous commencé à courir à toute vitesse après ça.

En regardant en arrière, j’avais vu la femme courir derrière nous presque aussi vite que nous.

« Comment diable peut-elle courir avec autant de poids sur elle !? » avais-je pleurniché.

« C’est amusant ! » déclara Tamara alors qu’elle mangeait un poisson en se tenant sur ma tête.

Elle était la plus lente, alors j’avais dû la porter.

***

Chapitre 65 : La bataille dans la forêt

Partie 1

[Point de vue de Zoreya]

Après avoir quitté la chambre du prince Reginald, j’avais pris une grande respiration et poussé un soupir.

La lumière de Melkuth m’avait guidée à travers toutes les situations où je me trouvais à la croisée des chemins de ma vie. Mes prières en tant qu’Apôtre avaient toujours été entendues et exaucées par sa Voix Divine. Au fond, je me sentais affranchie et libérée des soucis quotidiens des mortels.

Tant que je porterai le Saint Bouclier de Melkuth et resterai son apôtre pur et intact, je conserverai ma jeunesse et ma force. La mort n’avait pas d’importance pour moi. En tant que servante de son dieu, je savais que je chuterais quand Melkuth me le demanderait. Jusque-là, même la colère des autres Dieux ou Apôtres ne m’abattrait pas. Cela n’avait pas empêché les gens de penser que j’étais prête à déposer mon épée, après tout, j’avais 98 ans, et pour une humaine… cela avait été une très longue vie.

La raison pour laquelle j’avais demandé à me séparer du prince était aussi le résultat du désir de Melkuth. Si ça ne tenait qu’à moi, même si j’apprenais l’existence du donjon divin qui avait tué mon frère Dankyun, je n’abandonnerais pas mon poste et ne le poursuivrais pas. Ma loyauté envers l’Ordre était sans faille. À moins qu’ils ne me le disent, je n’oserais pas bouger.

Malgré tout, au fond de moi… Je me sentais en conflit, alors avant de venir visiter le Prince Reginald, j’étais allée au Temple de Melkuth et j’avais prié. Là, il m’avait répondu et m’avait dit que mon séjour dans ce pays était terminé. J’avais le choix entre retourner dans l’Ordre ou suivre le Seigneur du Donjon.

J’avais choisi ce dernier. Mais j’étais reconnaissante que le prince Reginald pensait à la même chose. De cette façon, je n’avais pas été forcée d’utiliser mon autorité pour me séparer de lui. En tant que leader, il avait beaucoup à apprendre. En tant qu’être humain, sa vie n’en était qu’à ses débuts. Je l’avais formé et je l’avais aidé autant que j’avais pu. Le fait de rester plus longtemps à ses côtés aurait eu un effet négatif sur sa croissance en tant qu’individu fort et charismatique.

Ainsi, j’étais soulagée de savoir que je pouvais terminer ce chapitre de ma vie sans ressentir un goût amer dans ma bouche.

« Je devrais me hâter, » avais-je dit. Puis j’étais allée dans ma chambre pour faire mes bagages.

Un Cristal de Stockage était tout ce dont j’avais besoin pour tous mes bagages. Les cristaux de sort étaient stockés dans un autre. Quand j’avais affaire à d’autres Suprêmes, des Apôtres ou des Seigneurs du Donjon, je devais toujours m’assurer d’avoir un cristal de sort supplémentaire sur moi pour guérir mes blessures et restaurer mon équipement. Malgré tout, c’était réservé à un usage d’urgence.

Deux heures plus tard, j’avais quitté la capitale et j’avais voyagé vers le Nord, suivant les paroles d’un voyageur qui prétendait avoir été sauvé par une démone et une draconienne aux cheveux roux et aux écailles dorées. Ces deux-là faisaient partie du groupe du Seigneur du Donjon. Là où elles étaient, Illsyore y était également.

Le lendemain, j’étais arrivée dans un petit village situé non loin d’un donjon nouvellement découvert. Les gardes m’avaient dit qu’il était apparu du jour au lendemain, mais jusqu’à présent, la Guilde des Aventuriers n’avait émis aucune quête pour lui. Compte tenu de son âge possible, je ne serais pas surprise puisqu’il ne rapporterait aucun profit en termes de loot. Tout au plus, ils envoyaient soit une équipe de subjugation pour les premiers étages, soit un petit groupe de scouts pour recueillir des informations à ce sujet.

À l’intérieur du village, j’étais tombée sur une vieille dame qui m’avait parlé des actions d’Illsyore. Elle était assise devant l’auberge et caressait un merion. Cette boule de poils était probablement son animal de compagnie.

« Il y a eu une attaque de bandit dès le premier jour de son arrivée, » dit-elle d’un signe de tête.

« Y a-t-il une chance qu’il ait été la cause de l’attaque ? » avais-je demandé.

« Non, ma chère. Ces ordures étaient bien connues dans la région, mais vous voyez… nous sommes trop pauvres pour payer pour une quête d’assujettissement, et elles n’ont pas fait assez de dégâts pour justifier l’attention du royaume, » secoua-t-elle la tête. Elle poussa un soupir triste.

Le Merion avait ouvert un œil, m’avait regardée et s’était rendormi.

« Alors… l’avez-vous juste enduré ? » avais-je demandé en plissant mon front.

S’ils ont toujours ce problème, Melkuth voudrait que je m’occupe d’eux…, avais-je pensé.

« Oui. Chaque mois, nous payions des frais de protection. Chaque année, nous leur donnions une partie de notre récolte. Nos gars ont été pris pour être recrutés par eux, tandis que les femmes ont été utilisées à leur guise. Même moi, je ne leur ai pas échappé, » déclara-t-elle avec un sourire triste.

Elle a plus de 60 ans… Ils ont même touché une vieille grand-mère ? J’avais cligné des yeux de surprise, mais le plus surprenant, c’était que le royaume n’avait pas déjà agi contre eux.

S’ils volaient simplement quelques voyageurs et dépensaient l’or à l’auberge, je pourrais comprendre, mais ils faisaient littéralement des raids dans le village. De tels actes ne pouvaient pas passer inaperçus par le royaume pendant trop longtemps, même s’ils soudoyaient un fonctionnaire ou deux.

« Quand cet homme a entendu parler de cela, il donna l’ordre à l’une de ses femmes d’aller se moquer d’eux. Il s’agissait d’une très belle El’Doraw aux cheveux argentés et aux bonnes manières, » acquiesça-t-elle.

« Femmes ? » demandais-je en plissant les yeux.

« Il en avait trois ainsi qu’une esclave. Une belle femme blonde aux yeux bleus, qui pouvait écraser un rocher d’un coup de poing. Une grande draconienne rousse qui portait une épée à deux mains dans une main. L’El’Doraw dont j’ai parlé, et l’esclave était une nekatare mignonne qui aimait le poisson et le lait, » répondit-elle en riant et en levant les yeux vers le ciel. « Je dois dire, mais si elle n’avait pas avoué être esclave et montré son collier, j’aurais cru qu’elle mentait. » La vieille femme me regardait et me faisait un sourire. « La fille était pleine d’énergie et toujours souriante. Son maître n’a même pas agi comme un maître, mais plutôt comme un grand frère ou une sorte de père. »

« Avoir trois femmes… sans vergogne, » j’avais exprimé ma désapprobation.

« Pour nous, ce n’est pas normal, c’est vrai…, » acquiesça-t-elle. « Mais d’où il vient, ce n’est peut-être pas une chose si déraisonnable, non ? Quoi qu’il en soit, il les aimait toutes, et je reconnais une femme amoureuse quand j’en vois une, » m’avait-elle fait un clin d’œil.

« Un homme ne peut pas aimer trois femmes en même temps ! Illsyore doit être un homme éhonté et pervers ! » J’avais plissé les yeux. Il a dû les piéger d’une façon ou d’une autre… Les forcer peut-être ? C’est certainement l’ennemi de toutes les femmes ! avais-je pensé.

☆☆☆

[Quelque part loin du village. Le point de vue de Nanya]

« ACHOOOO ! » Illsyore avait éternué et il nous avait toutes effrayées.

« Nya !? Ça m’a fait peur ! » déclara Tamara en tremblant un peu.

« Hiii ! Tamara, s’il te plaît, rentre tes griffes ! Tes griffes ! » cria Ayuseya.

La nekatare avait sauté juste au-dessus de sa poitrine, afin de préserver sa vie.

« Ah ! Nyu… Désolée ! » elle lâcha et la regarda avec les yeux levés.

« Tout va bien…, » déclara Ayuseya en pressant une main sur sa poitrine et en tapotant la tête poilue de la nekatare de l’autre main.

« Je ne savais pas que les Seigneurs du Donjon pouvaient attraper un rhume, » j’avais plissé les sourcils vers lui.

« Moi non plus…, » déclara-t-il en se frottant le nez.

☆☆☆

[Retour au point de vue de Zoreya]

« Alors, qu’est-il arrivé aux bandits ? Et il y a une chose que je ne comprends pas, a-t-il été témoin d’une attaque ou lui avez-vous parlé des attaques ? » avais-je demandé.

« Oh ? Ne l’ai-je pas dit ? » elle m’avait regardée avec surprise, et le merion sur ses genoux bâilla.

« Non, » j’avais secoué la tête.

« Désolée, ma chère, ma mémoire est un peu rouillée à mon âge, » dit-elle en riant. « Il voulait passer la nuit à l’auberge, mais l’un des bandits était là. L’homme a essayé de mettre la main sur sa femme draconienne, mais Illsyore ne l’a pas laissé faire et l’a littéralement fait passer à travers le toit, » avait-elle secoué la tête.

« Que s’est-il passé ensuite ? » demandai-je.

« L’homme a atterri à l’extérieur du village plus mort que vivant, » haussa-t-elle les épaules. « Nous avons alors commencé à paniquer. Après que nous nous soyons calmés, c’est moi qui lui ai dit qui était cet homme et ses amis qui attendaient dans la forêt. Je lui ai dit tout ce que je vous ai dit, ma chère, » sourit-elle.

« Alors il a envoyé sa femme à l’extérieur, » avais-je dit.

« Oui, » elle hocha la tête « Ils sont venus… tous. Les bandits étaient très furieux ! Sa femme a pratiquement détruit la plus grande partie de leur base toute seule, d’après ce que j’ai entendu dire. Malgré tout, c’était une bande d’idiots. Illsyore les a détruits avant même qu’ils n’entrent dans le village. Je n’ai aucune idée de la façon dont il a fait, mais nous pouvions tous entendre les cris et les pleurs de ces pauvres gens qui étaient pourchassés les uns après les autres, » acquiesça-t-elle.

« Qu’est-il arrivé aux personnes kidnappées du village ? » demandai-je.

« Seuls trois garçons sont revenus, les autres ont trop aimé la vie de bandit et ont refusé de se rendre. Illsyore leur a donné une chance, ils ont refusé, et ils ont été battus à moitié à mort à cause de cela, » avait-elle ri.

« Il ne les a pas tués ? » avais-je demandé en plissant mon front.

Pour un Seigneur du Donjon, ne pas tuer sa proie était à la fois curieux et inouï.

« Seulement ceux qui sont très dangereux, donc le chef et les criminels les plus vicieux d’entre eux. Nous savions très bien qui ils étaient, et nous lui avons dit comment les repérer, » m’avait-elle dit, puis elle avait poussé un autre soupir. « C’est un bon garçon. Il nous a aidés, de pauvres villageois, quand il n’avait pas besoin de le faire. Il aurait pu partir, il aurait pu nous ignorer, mais il ne l’a pas fait…, » elle m’avait fait un sourire.

« Je vois… Et ceux qui ont été capturés ? » avais-je demandé.

« Enfermé dans une prison qu’il a construite du jour au lendemain. Il a dit que c’était l’une de ses compétences spéciales. C’est par là, » avait-elle indiqué.

En regardant dans cette direction, j’avais aperçu un petit bâtiment en pierre où deux hommes étaient placés comme gardes.

Il l’a construit ? Pourquoi un Seigneur du Donjon se donnerait-il tant de mal ? m’étais-je demandé.

« Savez-vous où il allait après avoir fait tout ça ? » avais-je demandé à la vieille dame.

« Oui, au nord d’ici. Je crois qu’il a parlé d’un désert ? » se gratta-t-elle la tête en essayant de se souvenir.

« Merci pour votre aide. Que Melkuth soit avec vous ! » J’avais souri et j’étais partie.

« Nous suivons ici les enseignements de Sertan, le Dieu de la moisson, mais que les dieux vous fassent de même, jeune voyageuse ! » déclara la vielle.

Les jours suivants, j’avais continué à voyager sur le même chemin que ce Seigneur du Donjon et j’avais entendu parler de plusieurs de ses exploits. Où qu’il soit passé, il n’avait pas hésité à aider ceux qui l’entouraient s’il le jugeait nécessaire. Ceux qui l’avaient attaqué avaient été vaincus sans problème, mais il avait rarement tué, et je commençais à croire qu’il évitait en vérité de verser du sang inutilement.

Le comportement d’Illsyore n’avait aucun sens. C’était un Seigneur du Donjon, mais il sauvait et aidait les gens à droite et à gauche. D’un autre côté, j’avais commencé à soupçonner qu’il était à l’origine de l’apparition soudaine de donjons près des agglomérations humaines. Bien qu’ils soient faibles et petits, ils étaient apparus seulement APRÈS qu’il y ait passé une nuit ou deux.

Ainsi, une semaine plus tard, j’avais finalement réussi à le rattraper. Quand je l’avais vu pour la première fois, il marchait devant moi avec ses femmes. La nekatare jouait, poursuivant un point rouge en mouvement sur le sol, tandis que le Seigneur du Donjon riait. La draconienne et l’El’Doraw parlaient entre elles de quelque chose, tandis que la femme humaine blonde avait l’air de s’ennuyer terriblement.

Pour l’instant, j’avais décidé de garder mes distances avec eux et de simplement observer leurs actions.

Melkuth était avec moi, et sa lumière guidait mon chemin. Il était nécessaire de ne pas agir à la légère.

***

Partie 2

[Point de vue d’Illsyore]

« Est-elle maintenant partie ? » avais-je demandé. Puis j’avais jeté un coup d’œil en sortant la tête hors d’un buisson.

« Nya… Je ne sais pas ? » répondit Tamara.

« Pourquoi nous cachons-nous ? » demanda Nanya qui me regardait en tenant deux branches cassées au-dessus de sa tête.

« Je ne sais pas, mais j’ai le sentiment qu’elle est une mauvaise nouvelle pour nous, » j’avais répondu et j’avais plissé les yeux pour voir si je pouvais voir le mystérieux char d’assaut sur pattes.

« Tu sais, Illsy, pour un Seigneur du Donjon, tes capacités à te cacher sont terribles, mais pas autant qu’elle…, » me déclara Shanteya d’en haut.

Elle était naturellement un génie pour se cacher. Aucun d’entre nous ne pouvait la voir et, par conséquent, j’avais été privé de la possibilité de jeter un coup d’œil sous sa jupe.

« Pourquoi ai-je dû grimper à un arbre !? » Ayuseya s’était plainte alors qu’elle était pendue pour sa chère vie au sommet d’un arbre voisin.

Les branches la cachaient bien, mais la retenaient à peine là-haut. De tous les arbres qu’elle avait pu trouver, elle avait sauté sur le plus fin de tous. Malheureusement, il n’y avait qu’un seul gros buisson par ici, et nous l’utilisions. Quant à savoir pourquoi je n’avais pas juste construit un trou sous nous… euh… j’avais eu un retard cérébral.

« Nyahahaha ! C’est drôle ! » Nanya ria en montrant du doigt la draconienne.

« Mais, euh ! » elle avait fait la moue.

« Taisez-vous, vous tous ! Je crois que je la vois ! » avais-je dit. Dès que j’avais aperçu son bouclier brillant, je m’étais mis à l’abri.

☆☆☆

[Point de vue de Zoreya]

Où sont-ils ? Je les ai certainement vus entrer dans cette forêt… Est-ce qu’ils m’ont repérée et ont essayé de se cacher de moi ? En cherchant le groupe du Seigneur du Donjon, je m’étais dit cela.

« Non, c’est impossible…, » j’avais secoué la tête dans le déni.

J’avais assez confiance en mes talents de dissimulation.

En m’arrêtant près d’un grand buisson, j’avais appuyé mon bouclier dessus et je m’étais assise.

« Omph ! » un bruit étrange avait été entendu venant de derrière moi.

J’avais cligné des yeux emplis de surprise et je m’étais retournée. Il n’y avait rien là-bas.

« Hm ? » Je m’étais levée et j’avais repris mon bouclier.

Il ne semblait pas y avoir de problème, alors je l’avais laissé retomber dans le buisson.

Dong !

Quand il avait heurté le sol, ou peut-être que c’était un rocher, cela avait fait un bruit étrange. J’avais plissé mon front et regardé mon bouclier. En appuyant dessus, j’avais vérifié qu’il était stable, puis je m’étais assise dessus.

« Argh…, » avait gémi le buisson.

Peut-être que j’écrase un peu trop le buisson ? Mais je ne suis pas si grosse que ça ! J’espère que ça ne va pas se casser…, avais-je pensé en regardant le bouclier.

En soupirant, j’avais commencé à me demander où ils avaient pu se cacher. J’étais certaine qu’ils étaient dans le coin, mais je ne savais pas où.

« Ont-ils trouvé une grotte ou un trou ? » J’avais réfléchi à voix haute et j’avais poussé un soupir. « Je n’aurais pas dû les perdre de vue ! Comment pourrais-je les retrouver ? » Je m’étais moi-même grondée.

J’avais ramassé un rocher près d’ici et je l’avais jeté dans un arbre voisin. Il avait rebondi et s’était envolé dans le buisson derrière moi.

Dong !

« Hein ? » J’avais été surprise par le son.

C’était vraiment un buisson étrange.

En essayant de savoir où ils étaient, j’avais entendu un craquement devant et une branche était tombée par terre.

Surprise, j’avais sauté de mon bouclier et j’avais dégainé mon épée.

« Hein ? » avais-je dit, surprise.

Un autre craquement avait été entendu, et une autre branche était tombée. Plusieurs craquements avaient suivi et puis j’avais vu la femme rousse draconienne glisser le long de l’écorce d’un arbre. Quand elle avait touché le sol, elle tenait encore ses bras autour de lui. L’arbre s’était transformé en un poteau.

« Bonjour ! Belle journée, n’est-ce pas ? » dit-elle avec un sourire forcé.

« Vous… Vous êtes la compagne du Seigneur du Donjon, n’est-ce pas ? » lui demandai-je en plissant des yeux.

« Je suppose que notre couverture est grillée. Bien jouer, Ayuseya ! » la voix d’une femme avait été entendue de ma gauche, et quand j’avais tourné la tête, j’avais vu la femme blonde qui sortait.

« Nya ! » la nekatare avait sauté de ma droite, atterrissant à côté de la draconienne.

Hein ? Ils étaient là tout le temps !? Pensais-je alors que je les regardais, surprise.

« Ne m’accuse pas ! Pourquoi m’as-tu fait grimper à un arbre !? Les dragons ne grimpent pas aux arbres, » se plaignait la femme draconienne qui avait fini par lâcher prise.

« Avec ta force monstrueuse, pourquoi ne pouvais-tu pas y rester ? » l’interrogea la blonde.

« Euh… » elle avait baissé les yeux.

« Où est le Seigneur du Donjon ? » demandai-je en baissant mon épée.

« Tu te tiens sur lui ! » cria quelqu’un sous mes pieds.

« KYAAA ! » J’avais crié et sauté, emportant mon bouclier avec moi.

« Kya ? FRANCHEMENT ? » déclara le Seigneur du Donjon en sortant du buisson en se frottant la tête. « D’abord, tu déposes ce bouclier sur ma tête, pas une fois, mais DEUX fois ! Tu t’assois sur moi, puis tu me frappes avec une pierre, et enfin, tu SAUTES sur ton bouclier avec moi en dessous, et c’est toi qui as l’air surprise ! »

C’était un grand homme vêtu de vêtements bizarres et d’une cagoule qui cachait ses cheveux verts.

« Je ne savais pas que vous étiez là ! Je m’excuse ! » avais-je dit. Puis j’avais vite baissé la tête. « Attendez… Pourquoi est-ce que je m’excuse auprès d’un Seigneur du Donjon ? » avais-je dit. Et ensuite, j’avais levé mon bouclier et mon épée, entrant dans une position de combat.

« Maintenant, je comprends pourquoi tu as dit que tu avais un pressentiment bizarre à son sujet. Elle est folle ! » déclara la blonde en plissant les sourcils.

« Je suis saine d’esprit, et je m’appelle Zoreya Eleanor Alttoros ! Je suis l’apôtre de Melkuth et le meilleur Croisé de son Ordre ! » m’étais-je annoncé.

« Je vois. Je vois…, » acquiesça le Seigneur du Donjon.

☆☆☆

[Point de vue d’Illsyore]

Ne sous-estimez jamais le poids d’une femme entièrement couverte d’une armure qui laisse tomber un bouclier de la taille d’une porte sur votre tête !

J’avais appris cette leçon à la dure. Mais grâce à ça, en baissant un peu mon armure magique pour qu’elle ne me détecte pas, j’avais pu sentir toute la force émoussée de ses « attaques ». Je me demandais si j’avais bien entendu ou si elle se moquait de moi.

Non seulement elle ne savait pas que j’étais là, mais elle était une idiote quand il s’agissait de se cacher et de chercher !

Malgré tout, la chose la plus hallucinante et la plus insensée qu’elle puisse dire s’était échappée de ses jolies lèvres.

« Excuse-moi… quel est ton nom, déjà ? » demandai-je avec un petit sourire.

« Zoreya Eleanor Alttoros ! Et je sais très bien que vous êtes un pervers sans vergogne qui trompe les femmes, » avait-elle déclaré à nouveau en me regardant fixement.

J’avais failli tomber au sol.

« Je ne suis pas un pervers qui trompe les femmes ! » Je lui avais répondu en criant.

« C’est vrai ! Mais tu as adoré notre façon de jouer hier soir… Ces mouvements me rendaient folle ! » Nanya plaisanta et exagéra au-delà de ce qui était nécessaire.

« Illsy n’a jamais trompé une femme… Bien que…, » Ayuseya me regardait avec des yeux inquiets.

« Le maître joue-t-il des tours aux femmes ? Je devrais cacher ma queue ! » dit Tamara en se cachant derrière Ayuseya.

« Ne t’inquiète pas, on te protégera du pervers qui enlève les culottes, » déclara Nanya en caressant le chat.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Vous vous liguez toutes contre moi !? » avais-je crié.

« Vous voyez ! Je savais que vous étiez un pervers ! » déclara la mystérieuse femme en pointant son épée vers moi.

« C’était une blague ! Une blague ! Attends… qui es-tu, non tu m’as déjà dit ton nom. POURQUOI me poursuis-tu ? » avais-je demandé en la pointant du doigt.

« Peut-être qu’il est allé dans notre dos et qu’il l’a fécondée en secret, » demanda Ayuseya en regardant Nanya avec inquiétude.

« J’ai pitié d’elle, nous avons vraiment un mari si froid, » la démone ricana, et la draconienne suivait son exemple.

« Argh… vous deux, » j’avais baissé la tête.

En regardant la femme en armure, je l’avais vue rougir si fort que le bout de ses oreilles était devenu complètement rouge.

« Je… Je suis apôtre ! Aucun homme n’a jamais posé ses sales mains sur moi ! Surtout un sale et éhonté Seigneur du Donjon qui trompe les femmes pour en faire ses épouses ! » me cria-t-elle à l’oreille.

« Quoi ? Hé ! » Je lui avais répondu en criant.

Cette femme était trop folle, elle disait toutes sortes de bêtises. Avait-elle été endommagée à la tête ?

« En laissant de côté mon idiot de mari, vous avez dit que vous vous appeliez Zoreya Eleanor Alttoros, c’est ça ? Pourquoi êtes-vous après nous ? Parlez ou sinon nous vous ferons parler… de… différentes façons, » déclara Nanya. Puis elle se lécha les lèvres à la fin, regardant la femme avec un regard dans les yeux qui dénotaient une faim sexuelle.

Sentant sa chasteté en danger, la femme en armure avait sauté en arrière et avait pointé son épée sur Nanya.

« Hehe ! » ricana la démone.

« J’ai entendu dire qu’Illsyore a battu Dankyun Alttoros. Est-ce vrai ? » demanda-t-elle.

« Hein ? Qui ? Ah ! L’imbécile Suprême qui a essayé de violer et de tuer Ayuseya, de violer Nanya, et de tuer tous ceux qui se sont mis en travers de son chemin ? Oui, je lui ai donné une raclée dont il se souviendra jusqu’à sa prochaine vie. Je ne sais pas s’il est vivant, mais j’ai détruit son armure, pris son arme, qui appartenait légitimement à Nanya en premier lieu, et l’ai terrorisé mentalement. Qu’est-ce qu’il a ? » lui avais-je demandé avec un sourire calme en la regardant.

Compte tenu de leur nom de famille, je ne pouvais que soupçonner qu’elle était soit son épouse illégitime, soit peut-être un membre de sa famille adoptive. Mais je n’avais pas entendu parler de ses frères et sœurs, et la dernière fois que je m’en étais souvenu, c’était un nazi draconien qui croyait en la pureté de sa propre espèce. Il n’y avait aucune chance que cet homme ait pris une humaine pour épouse.

Quand elle avait entendu ma description « subtile et modeste » de ce qui lui était arrivé, Zoreya avait plissé les yeux vers moi et avait levé son bouclier.

« Dankyun… Dankyun était mon frère, » avait-elle dit.

« Ah ! Vraiment ? » J’avais hoché la tête.

« Je vous suggère de ne pas bouger, » déclara Shanteya en sortant de l’ombre et en appuyant la lame froide de son poignard sur le cou de la femme.

Son armure magique avait été partiellement coupée par l’enchantement sur l’arme que j’avais faite pour elle, mais sa force et sa vitesse ridicules du bonus de mon [Lien de Confiance] lui avaient permis de la glisser à travers le reste et de la déplacer très près à la gorge de la femme.

Zoreya s’était rendu compte qu’elle n’était en danger que lorsqu’il était déjà trop tard pour qu’elle puisse faire quoi que ce soit, mais ce qui s’était passé ensuite avait été inattendu. La femme s’était déplacée vers la gauche et avait frappé Shanteya avec son bouclier. La lame lui trancha la gorge, mais ce bouclier palpita d’une puissante lumière et envoya ma femme el’doraw voler à reculons.

« Shanteya ! » avais-je crié.

« Je vais bien ! » annonça-t-elle en se levant du sol.

Pendant ce temps, Zoreya saignait beaucoup, mais pas pour longtemps. Elle avait placé sa main sur sa gorge, et une lumière blanche avait recouvert la blessure.

***

Partie 3

« S’est-elle guérie ? » Ayuseya remarqua ça, alors qu’elle plissait son front.

« Si elle est ici pour se venger, alors nous nous battrons ! » déclara Ayuseya avant de dégainer son épée.

Tamara s’était enfuie pour se cacher derrière un arbre. J’avais pris position et j’avais convoqué les deux épées longues que j’avais créées un soir en raison de l’ennui. Elles étaient faites de super alliages et enchantées par de puissants sorts. Elles pourraient couper à travers armure magique et aussi paralysé la victime. Il s’agissait plus d’un objet de rang Divin et très proche du Suprême.

Fixant les yeux sur nous, Zoreya avait utilisé une sorte de sort, et une bulle d’énergie magique l’avait entourée comme un bouclier supplémentaire. L’épée qu’elle tenait à la main était recouverte d’une lumière blanche, et les symboles gravés sur son écu commençaient à briller.

« Que Melkuth veille sur mon combat et guide mon épée ! Mon bouclier est à Vous, et c’est moi que Vous demande de me guider, » avait-elle déclaré à son dieu.

J’avais dégluti en regardant le bouclier. Cela m’avait donné des vibrations plutôt bizarres, et je savais que c’était une mauvaise chose pour moi, mais je n’avais aucune idée pourquoi. En prenant du recul, je m’étais préparé pour la bataille.

« Je suppose que la stupidité est de famille, » déclara Nanya en souriant lorsqu’elle enleva sa bague, révélant sa vraie forme de démon.

« Je ne suis pas comme Dankyun ! » cria Zoreya. Puis elle sauta pour l’attaquer.

La démone ricana et lui fit un coup de poing. Connaissant sa force, j’avais cru qu’elle allait briser le bouclier, mais quand elle l’avait touché, il y avait eu un BANG très fort, et Zoreya avait été renvoyée sur le sol. L’Apôtre ne tomba pas sur le dos, elle resta debout sur ses pieds et fixa Nanya.

« Par Melkuth… quelle force, » déclara-t-elle.

« Et il y en a d’autres qui vont venir ! » déclara Ayuseya en la chargeant avec son épée.

La lame s’était écrasée sur la Croisée, mais cela avait été bloqué par le puissant bouclier. Un cratère s’était formé autour d’elle, et une vague d’air avait été envoyée vers nous.

« Melkuth ! Donnez-moi la force ! » Zoreya avait crié et puis elle l’avait repoussée.

La force était assez puissante pour envoyer Ayuseya voler en arrière, s’écrasant à travers les arbres. Elle avait poussé un petit cri, mais quand c’était arrivé, j’avais foncé sur la femme.

« AHHH ! » avais-je crié, et mes épées s’étaient écrasées sur les côtés, mais je n’avais pas dépassé sa stupide bulle.

Avec son épée, elle m’avait attaqué, et je l’avais attrapé à main nue. Cela avait traversé mon armure magique, mais ne l’avait pas brisé. Une trace de sang avait coulé de ma paume pendant que nous plissions les yeux et que nous nous fixions l’un à l’autre.

« Le Jugement de Melkuth, » déclara-t-elle, et le bouclier brilla d’une lumière blanche.

Ce qui s’était ensuite passé avait été plutôt déroutant, car je m’étais retrouvé en train de voler à travers les arbres, tout en les fracassant comme Ayuseya l’avait fait.

Qu’est-ce que c’est que ça ? avais-je pensé qu’après m’être arrêté dans le tronc d’un très vieil arbre.

« [Flammes de l’enfer] ! » Nanya cria de loin, et on entendit ensuite une puissante explosion.

Une vague de chaleur s’était propagée jusqu’ici, suivie d’une puissante onde de choc. J’avais vu Tamara voler dans les airs, essayant de s’accrocher à quelque chose, et j’avais sauté après elle.

« Tamara ! » criai-je.

« Maître ! » cria-t-elle.

J’avais attrapé sa main et je l’avais absorbée pour la protéger.

« Tch ! Qu’est-ce qu’elle a, cette folle ? » murmurai-je en tombant par terre et en me précipitant vers elles.

La forêt brûlait. Des monstres et des animaux fuyaient la scène où nous nous battions. En arrivant, j’avais vu Ayuseya, Shanteya et Nanya attaquer l’Apôtre de toutes parts. La bulle qui l’entourait résistait à leurs attaques, et jusqu’à présent… aucun d’entre nous n’avait réussi à la blesser, mais contrairement à elle, nous avions notre résilience et notre utilisation presque illimitée de l’énergie magique.

Les coups de poing de Nanya sont les seuls qui fonctionnent sur elle…, avais-je pensé. Et je m’étais souvenu qu’elle avait besoin d’un coup de pouce pour augmenter sa force.

C’était en quelque sorte son atout, mais dans cette situation, nous pouvions soit faire de cette bataille une bataille d’attrition, que nous gagnerions inévitablement, soit nous pourrions passer à l’offensive.

« Attendez… Je n’ai pas encore essayé mes lasers ! » avais-je murmuré avant d’appeler Nanya.

En souriant, j’avais pointé mes paumes vers Zoreya et libéré les faisceaux de lumière rouge amplifiée. Ils l’avaient frappée à fond, et j’avais augmenté l’intensité, versant plus d’énergie magique dans les cristaux dans mes mains tout en essayant de dissiper la chaleur produite le plus rapidement possible. De la vapeur coulait de mes bras.

« Argh ! » gémit Zoreya en tombant sur un genou.

« ABANDONNEZ ! » avais-je crié dessus alors que je continuais à marteler son bouclier avec les deux puissants faisceaux de lumière.

Elle n’avait nulle part où aller. Si elle reculait ou sautait sur le côté, elle risque d’être directement touchée par mon attaque. Même si cela ne brisait pas son armure ou ne la tuait pas instantanément, ce serait suffisant pour franchir sa défense et recevoir un coup ou deux de mes femmes.

Attaquée de toutes parts par nous quatre, elle n’avait aucun moyen de contre-attaquer. Nous l’avions aussi surpassée en force, ou du moins Nanya l’avait surpassée. Nous l’avions simplement submergée, et nous n’avions même pas encore sorti les gros canons, ce qui signifiait que les coups de poing d’une certaine démone après avoir été renforcés par [Amplification]. Si je sortais ma tourelle laser, elle serait écrasée par son tir de folie. Mais je n’avais pas encore les moyens de protéger une telle arme.

Pourtant, elle n’allait pas faillir… Elle avait refusé d’abandonner. Eh bien, Dankyun était le même jusqu’à ce que je l’écrase assez pour lui faire regretter sa naissance.

☆☆☆

[Point de vue de Zoreya]

Tout cela s’était passé trop vite. D’abord, ils m’avaient attaquée avec des mots embarrassants et des regards étranges, puis ils m’avaient mis un poignard à la gorge. Avant même de m’en rendre compte, j’avais déjà du mal à me maintenir en vie. Sans mon bouclier, je serais déjà morte, mais ces individus étaient incroyablement forts. S’ils étaient allés jusqu’au bout contre le royaume d’Aunnar, ils auraient pu détruire tout le pays en quelques jours seulement.

S’ils allaient à l’encontre de l’ordre des croisés de Melkuth, ils pourraient les exterminer sans problème. Illsyore et ses femmes étaient puissants, peut-être trop puissants…

Dans quoi me suis-je fourrée ? Avais-je pensé que quand j’avais entendu que Nanya m’avait jetée un sort.

Le Bouclier de Melkuth était une arme divine capable de repousser la plupart des attaques magiques et physiques, donc le sort ne m’avait même pas touchée quand il avait explosé. La force de l’explosion était incroyable. Cela avait réduit une bonne partie de cette forêt en un simple déchet brûlant, un cratère géant. Pourtant, je n’en avais pas été touchée.

Puis ils m’avaient encore attaquée. Tous étaient très rapides, et je devais constamment recharger ma [Bulle de Bouclier Divin] pour empêcher leurs attaques de toucher directement mon armure magique. Sans lui, j’aurais reçu beaucoup plus de dégâts. Malheureusement, je n’étais pas capable de faire plus que ça.

Melkuth était le seul à me protéger, mais il ne semblait pas me permettre de contre-attaquer. Je n’avais même pas vu l’opportunité d’utiliser un Cristal de sort pour récupérer mes forces.

Quand Illsyore était retourné à la bataille, j’avais été frappée par ses rayons de lumière et je m’étais mise à genoux. Les dégâts n’étaient pas du genre magique. J’avais l’impression d’être constamment frappée par des charbons ardents. La puissance et la chaleur étaient terribles, mais j’étais protégée par Melkuth. Sa grâce ne m’avait pas quittée, mais il ne m’avait pas non plus offert la chance d’attaquer.

« ABANDONNEZ ! » m’avait-il crié.

Abandonner ? Moi ? L’apôtre de Melkuth ? Celle qui porte le Bouclier de Melkuth ? Non… mais… j’avais réfléchi et j’avais fermé les yeux un moment.

Melkuth était le Dieu de la Guerre. Sa fureur et sa rage s’étaient manifestées dans la vraie bataille, mais s’il refusait de se battre, alors ses défenses étaient inébranlables. Comme une forteresse vivante, rien ne pouvait le toucher. La façon dont j’étais en ce moment imitait exactement ce scénario. Je n’avais pas été capable d’attaquer, aucune occasion ne s’était présentée, mais j’avais réussi à survivre même à leur attaque la plus puissante. Mon bouclier ne me permettait pas de chanceler et de tomber.

Comme une montagne têtue, j’avais affronté la colère des éléments et tenu le terrain, mais je n’avais aucun moyen d’avancer ou de reculer.

« J’abandonne…, » avais-je dit.

« QUOI !? » demanda Illsyore.

« J’ABANDONNE ! » avais-je crié.

« Sérieusement, QUOI ? » demanda-t-il à nouveau.

Il ne m’entendait pas !? J’avais commencé à m’inquiéter.

« ELLE DIT QU’ELLE ABANDONNAIT, TOI, FRANCHEMENT ! » cria Nanya pendant qu’elle le frappait au visage.

Les rayons de lumière s’étaient arrêtés, et j’avais été sauvée…

À ce moment-là, j’avais fait tomber le bouclier de ma main et j’étais tombée dessus. J’étais à court d’énergie magique.

C’était magnifique comme la grâce de Melkuth me protégeait. Un instant de plus et je serais morte. Avec un sourire sur les lèvres, j’avais fermé les yeux et laissé mon corps se reposer.

Melkuth me protège… pensais-je.

☆☆☆

[Point de vue d’Illsyore]

Me faire frapper au visage par une démone enragée avec plus de 2000 points de force n’était pas une chose amusante à vivre… J’avais été envoyé en un vol plané à trois kilomètres de là.

« Aïe… Argh… Ça fait mal…, » j’avais gémi en étant allongé sur le côté d’une falaise vraiment trop solide.

***

Chapitre 66 : Un nouveau membre dans le groupe

Partie 1

En revenant de mon endroit « confortable », où j’avais été enfoncé dans une falaise, j’avais été surpris de voir que Zoreya était soignée par Nanya. Cette femme en armure était probablement la parente de Dankyun… ou quelque chose comme ça. Elle n’était manifestement pas draconienne, mais l’absence d’écailles, d’une queue et d’une taille relativement petite l’avait trahie.

« Je suis de retour…, » avais-je annoncé d’un ton moins excité.

En me regardant en réponse, Nanya avait plissé ses sourcils et j’avais libéré Tamara de mon Esprit Intérieur. Je l’y avais gardée jusqu’à mon retour parce que je devais courir vite, et elle n’aurait pas été capable de me suivre.

« Bon retour, Illsy ! » la première à répondre fut Shanteya, qui vint me serrer dans ses bras.

« Alors, quel est l’état de notre invitée ? » avais-je demandé après avoir rendu le câlin à ma femme el’doraw.

« Zoreya est toujours inconsciente, mais l’armure qu’elle porte est enchantée. On ne peut pas l’enlever si on ne l’arrache pas, mais on risque de la blesser. Le bouclier est… compliqué…, » déclara-t-elle en fronçant les sourcils.

Quand j’avais regardé à ma gauche, je l’avais vue allongée sur le sol, le visage vers le ciel, à l’endroit même où elle l’avait laissée tomber. Mais je ne me souvenais pas qu’elle se soit évanouie. Tout ce dont je me souvenais, c’était du coup de poing de Nanya, puis de la falaise… c’était tout.

Avec un soupir, j’avais libéré Shanteya de mon étreinte et je m’étais dirigé vers le groupe. Tamara touchait la joue de la femme inconsciente, tandis que Nanya appliquait une compresse froide sur sa tête. Maintenant que j’avais regardé de plus près cette femme, elle était en fait très belle. De longs cheveux blonds étaient attachés en une queue de cheval. Elle avait une peau laiteuse, un teint clair et des lèvres rose tendre qui lui donnaient l’allure d’une princesse de conte de fées. Une femme d’une telle beauté attirerait certainement l’attention de nombreux hommes avides et grossiers. Encore une fois, cela pourrait aussi être un cadeau de son dieu pour avoir montré une telle loyauté et une telle foi.

Soit, c’était vraiment un joyau à regarder.

« Illsy, bon retour parmi nous, » déclara Nanya en me faisant un regard meurtrier, me forçant à arrêter de regarder la belle au bois dormant.

« Qu’est-ce que j’ai fait cette fois ? » je lui avais montré un sourire gêné.

« Tu as failli tuer cette pauvre femme, » répondit-elle.

« Oups ? » J’avais haussé les épaules.

Nanya m’avait regardé dans les yeux, mais je n’avais pas vu où était le problème. Peut-être que j’en voulais encore à Dankyun, et comme Zoreya avait le même nom de famille que lui, je la voyais comme une menace ?

« Eh bien, elle n’est pas morte… pas encore. Mais je m’excuse. Je ne l’avais vraiment pas entendue ! » J’avais fait un signe pour exprimer mes regrets.

C’était vrai, les mots que j’entendais n’étaient rien d’autre que du charabia mélangé avec le bruit de mes rayons qui s’écrasaient sur son bouclier. Ils étaient assez bruyants puisque le bouclier les bloquait, mais ne les dispersait pas correctement.

« Elle criait vraiment avec force ! Je ne pense pas que tu ne l’as pas entendue…, » m’avait-elle accusé.

« Mais c’est la vérité…, » m’étais-je plaint.

« Soupir… bien… je pourrais te pardonner, » elle m’avait souri.

« Euh… ça va faire mal ? » demandais-je avec une expression raide sur mon visage.

« Peut-être… Es-tu d’accord ? » demanda-t-elle.

J’avais l’impression de tomber dans un piège, mais je ne voulais pas qu’elle reste fâchée contre moi. Eh bien, elle n’allait pas rester en colère contre moi, elle allait juste me fusiller du regard jusqu’à ce qu’elle soit excitée ou jalouse d’Ayuseya et Shanteya la prochaine fois.

La dernière fois qu’une telle chose s’était produite, c’était il y a environ une semaine, lorsque j’avais décidé de me promener seul dans la ville et j’avais fini dans un bordel. D’une chose à l’autre, quand j’avais réalisé où j’étais, il y avait une jolie brune prête à me sauter dessus. Je l’avais évitée et j’avais couru hors de la bâtisse avant que quelque chose ne se produise. Malheureusement, j’avais rencontré Nanya dehors. Quand elle m’avait vu, elle m’avait frappé au visage et m’avait traîné par le pied gauche jusqu’à l’auberge.

C’était la première fois que je faisais l’expérience d’un enlèvement de type homme des cavernes.

Après cela, elle m’avait regardé fixement pendant les deux jours suivants jusqu’à ce qu’elle voit que je profitais un peu trop de mon temps libre avec Shanteya. Ayuseya s’en fichait, mais elle n’arrêtait pas de taquiner la démone à ce sujet.

« Je suis d’accord…, » avais-je dégluti.

« Bien ! Alors ce soir, tu couches avec Shanteya et moi ! » sourit-elle.

« Hein ? Tu veux dire comme “ça” ? Et Ayuseya ? » demandais-je, surpris.

« Oui. Je veux essayer ! Quand je lui en ai parlé tout à l’heure, Ayuseya est devenue rouge, et son cerveau a fait un “pouf”. Elle est actuellement à la recherche d’un village ou d’une ville où nous pourrions passer la nuit. Ou du moins, c’est l’excuse qu’elle m’a donnée avant de s’enfuir en étant embarrassée comme une jeune fille après son premier baiser, » sourit-elle, et sa queue se balançait de gauche à droite.

La démone venait peut-être d’acquérir quelque chose pour taquiner la draconienne.

J’avais dégluti et j’avais regardé Shanteya.

Elle est aussi d’accord avec ça ? m’étais-je demandé.

« Ça ne me dérange pas, » répondit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées.

« Je comprends, eh bien… si vous deux, vous voulez essayer ça, je n’ai rien contre. Ce serait une expérience nouvelle et intéressante pour moi aussi, » j’avais souri et j’avais essayé de garder mon imagination à distance.

Pendant qu’on en parlait, Tamara jetait des regards entre nous. Heureusement, elle n’avait pas posé de questions embarrassantes.

Après cette petite discussion, j’avais créé la maison temporaire que nous avions si souvent utilisée tout au long de notre voyage. Maintenant, nous nous y étions tous habitués. Au lieu d’avoir seulement trois pièces, il en avait quatre maintenant. L’une était la chambre principale, où je dormais. La deuxième était la chambre à trois lits pour l’animal de compagnie et les épouses qui avaient choisi de ne pas participer au moment passionnant de cette nuit-là avec moi. Vu le menu de ce soir, l’un des lits allait être utilisé par une non-épouse. La troisième était une salle de formation avec beaucoup d’enchantements et des murs métalliques robustes. La dernière était une salle de bains.

L’agencement des pièces avait également changé. La pièce principale était en haut, sous nous se trouvait la chambre à coucher secondaire, et sous elle se trouvait la salle de formation, qui était aussi la plus grande. La salle de bains était au deuxième étage.

Nanya avait porté Zoreya jusqu’à la chambre à coucher, et Tamara l’avait suivie joyeusement. Pendant ce temps, j’étais resté dehors avec Shanteya pour réparer certains des dégâts que j’avais causés à cet endroit. En d’autres termes, j’avais éteint les feux et absorbé tous les arbres cassés. Enfin, nous avions chassé pour nous nourrir.

***

[Point de vue d’Ayuseya]

Nanya était probablement la plus perverse d’entre nous, et Shanteya en avait fait l’expérience. Je détestais l’admettre, mais je n’avais pas grand-chose pour plaire à notre mari. J’étais encore plus grande que lui. Le nombre de fois où j’avais passé la nuit avec lui était le plus faible par rapport aux deux autres femmes. Dernièrement, j’avais eu l’impression que je ne faisais pas de mon mieux pour lui, ou peut-être qu’il n’était pas satisfait de mon corps.

Quand j’avais demandé cela à Nanya, elle m’avait soudain demandé de passer notre nuit avec Illsy ensemble, j’avais cru qu’elle plaisantait, mais elle était très sérieuse à ce sujet. Quant à savoir pourquoi elle avait demandé une telle chose, c’était purement par désir d’expérimenter quelque chose de nouveau. En plus, on était toutes ses femmes, donc on avait le droit de le faire.

Malgré tout, je n’étais pas prête… C’était impossible pour moi.

Ainsi, je m’étais enfuie…

« Soupir… Nanya est méchante, » je parlais à voix basse en sautant dans les arbres.

Environ une heure plus tard, j’avais réussi à trouver un village. Le fait d’avoir une carte aurait aidé, mais Illsy les avait toutes, et j’avais oublié d’en demander une. Peu importe, j’étais une princesse draconienne très débrouillarde !

J’avais approché le village pour m’assurer qu’il appartenait à des humains et non à un autre type de monstres humanoïdes. Dès que j’avais vu l’armure de cuir typique des gardes humains, je m’étais arrêtée puis je m’étais approchée d’eux avec précaution.

***

[Point de vue du gardien du village A]

« Soupir… J’aimerais qu’il se passe quelque chose d’excitant pour une fois, » déclara mon ami.

Il s’agissait d’un homme de ma taille, mais je n’étais pas non plus un grand homme. J’étais dans la moyenne, un peu plus de 1,70 mètre. Nous portions tous les deux le même type d’armure en cuir, sans aucune sorte de symbole ou d’écusson à mettre en valeur. Ce genre de chose n’était réservé qu’aux nobles et à leurs subordonnés. Les membres de la famille portaient l’écusson sur le dos et le devant, tandis que leurs serviteurs en avaient sur leurs épaules. Tous les royaumes humains appliquaient cette forme d’identification.

« Fais gaffe à ce que tu dis, Babu ! » lui avais-je dit.

« Haha ? Pourquoi devrais-je le faire ? » me fit-il en plissant les sourcils, « Je veux dire par là qu’il ne se passe jamais rien dans cet endroit ennuyeux ! C’est juste un village au milieu de nulle part, » soupira-t-il de nouveau en s’appuyant sur sa lance.

Nous avions aussi une paire d’épées dans leurs fourreaux à nos hanches, mais notre entraînement était pour le moins minimal ou autodidacte. Un garde du royaume était sûr de nous battre avant que nous ayons eu l’occasion de dire le contraire. Notre force était au mieux un peu au-dessus du rang de Débutant.

L’homme le plus fort de notre village était un homme d’une ville voisine. C’était un ancien aventurier qui aimait l’une de nos belles femmes. Sa force se situait autour du rang Intermédiaire, peut-être de Maître.

D’une certaine façon, nous avions eu de la chance, aucun monstre puissant n’avait vécu dans la zone.

« Hé ! Il y a quelqu’un qui vient d’ici ! » Babu pointa vers la forêt.

En plissant les yeux dans cette direction, j’avais vu une belle draconienne aux cheveux roux. Elle avait de longues cornes courbées, de beaux yeux rouges, des écailles dorées, une belle robe fantaisie, et une épée à deux mains sur son dos. C’était une beauté, mais aussi une beauté très grande et puissante.

J’avais dégluti et avais saisi le manche de ma lance.

Qui pourrait-elle être ? m’étais-je demandé.

« Excusez-moi, gentils messieurs ! Puis-je demander quel est le nom de ce village ? » demanda-t-elle en nous montrant un sourire poli.

En un clin d’œil, elle nous avait fait oublier tout danger que sa présence aurait pu représenter.

« Ah, euh… c’est le village de Pollien. Elle appartient au royaume de Tseruan. Qui êtes-vous, madame ? » demanda Babu.

« Je ne suis qu’une simple aventurière qui s’est perdue. Merci pour votre aide, je vais y aller maintenant, » avait-elle dit, puis elle s’était retournée.

« Ah ! Attendez ! » Babu avait crié, mais d’un seul saut, elle avait disparu de notre vue.

Nous avions cligné des yeux, surpris et nous nous étions regardés. Aucun de nous n’avait compris ce que nous venions de voir, mais elle ne semblait pas être quelqu’un contre qui nous devions rester sur nos gardes. La femme était partie sans même donner son nom, mais elle n’était certainement pas humaine. En y regardant de plus près, je m’étais demandé si elle n’était pas draconienne. Si oui, c’était la première fois que j’en voyais une.

***

[Point de vue de Zoreya]

Tu es faible, Zoreya… Faible comme un humain devrait l’être ! déclara un jeune Dankyun en riant derrière le mur de feu.

Zoreya ! Cours ! Cache-toi ! des voix résonnaient autour de moi alors que les flammes se répandaient de plus en plus près de moi, couvrant mon frère, me séparant de lui.

J’avais regardé autour de moi et j’avais vu la femme gentille qui avait pris soin de moi, non, de nous tous, comme une mère.

Survie, jeune fille… Survis pour nous tous. Elle avait souri et puis quelque chose m’avait éloignée d’elle.

« NON ! » J’avais crié et je m’étais réveillée.

Mon souffle était difficile. Mes mains tremblaient. J’étais en sueur. En ressentant de la peur, j’avais regardé autour de moi et j’avais réalisé que j’étais en sécurité. Deux lits vides étaient à ma droite et une fenêtre à ma gauche. Il n’y avait pas eu d’incendie, pas d’appels à l’aide. Tout n’était qu’un rêve, non… c’était un vieux souvenir.

En prenant une grande respiration, j’avais fermé les yeux et j’avais essayé de me calmer. Ce n’était pas la première fois que je faisais ce cauchemar, et ce ne serait certainement pas la dernière fois non plus. C’était la malédiction avec laquelle je devais vivre, la punition que je devais subir pour avoir été incapable d’arrêter Dankyun quand j’en avais eu la chance.

Où suis-je ? Après avoir ouvert les yeux, j’avais regardé autour de moi et je m’étais demandé ceci.

La dernière chose dont je m’étais souvenue, c’était d’être entré dans une bataille avec des femmes, les femmes du Seigneur du Donjon, puis j’avais lutté… J’avais perdu, et j’avais failli mourir. C’était un peu brumeux, mais tout me revenait.

« Mon bouclier ! » avais-je dit quand j’avais réalisé qu’il avait disparu.

En fermant les yeux, je m’étais souvenue de sa signature énergétique. Une fois qu’il faisait clair comme le jour, j’avais pointé ma paume vers la fenêtre à côté de moi et j’avais ensuite donné l’ordre de revenir à moi.

Étincelle divine. Fragment de mon Âme et de celle de mon Dieu, reviens vers moi à la fois pur et intouchable par de mauvaises mains !

À ce moment-là, le bouclier, où qu’il soit, s’était désintégré et était réapparu ici, à côté de moi. En tombant sur le sol métallique, un CLACK avait été entendu, et j’avais ouvert les yeux. Le noble bouclier de Melkuth était de nouveau en ma possession, car j’étais la seule autorisée à l’utiliser. Dans mes mains, c’était aussi léger qu’une plume, mais dans les mains d’un autre, c’était aussi lourd qu’une montagne.

J’avais poussé un soupir de soulagement.

« Bon retour, mon ami, » avais-je dit avec un doux sourire sur mes lèvres.

Maintenant, avec un regard déterminé dans les yeux, je m’étais levée du lit et j’étais sortie de la chambre. Des bruits étranges étaient venus de derrière la porte devant moi. Je l’avais approché avec prudence.

« Oh mon Dieu ! » La voix de la démone avait été entendue de l’autre côté et puis… un pet ?

En me pinçant rapidement le nez, je m’étais éloignée de la porte.

Par les dieux ! Quelle puanteur ! Quel genre de monstres cette femme a-t-elle mangé !? avais-je pensé. Puis j’étais montée dans l’escalier à ma droite.

À l’étage suivant, j’avais entendu quelqu’un rire.

Quand j’avais ouvert la porte, une scène plutôt curieuse et étrange m’avait été dévoilée. L’enfant nekatare poursuivait un point rouge se déplaçant sur le sol, tandis qu’Illsyore était assis sur le lit et pointait sa paume vers elle.

L’homme portait un pantalon et une chemise avec des manches courtes. Maintenant que je l’avais mieux regardé, il mesurait environ 1,90 mètre de haut, avec une peau blanc pâle et un gros cristal vert au milieu de sa poitrine. Il avait des cheveux raccourcis d’un vert jade, des yeux vert émeraude foncé, et il n’était pas du tout gros. Outre le gros cristal au milieu de sa poitrine, il y en avait cinq plus petits sur chaque bras. Tous avaient la même couleur, un vert pâle, et semblaient identiques en taille et en forme.

Derrière lui se tenait la femme el’doraw qui m’avait tranché la gorge. Contrairement à beaucoup de ses espèces, elle avait une peau plutôt pâle et des cheveux argentés. Elle portait un pantalon et une chemise fine, mais certainement pas de soutien-gorge. Elle était en train de masser les épaules du Donjon.

« NYA ! C’est un point agaçant ! Je t’aurai ! » s’exclama la jeune fille en sautant après lui, en balançant la queue et en souriant avec impatience.

La nekatare poursuivait le point rouge, et elle était la seule à garder ses vêtements comme quand je l’avais vue pour la première fois, c’est-à-dire une simple armure de cuir.

« Ah ! Notre invitée s’est réveillée ! Désolé d’avoir failli vous tuer aujourd’hui, » déclara l’homme nommé Illsyore avec un sourire d’excuse et un coup de main.

J’avais hoché la tête.

***

Partie 2

[Point de vue d’Illsyore]

L’une des nombreuses choses que j’avais découvertes ces dernières semaines était le fait que les nekatars réagissaient au point rouge comme n’importe quel autre félin. Bien sûr, tout comme c’était le cas pour les chats sur Terre, ils n’allaient pas tous trouver cela intéressant. Il avait été démontré que certains individus, qu’il s’agisse de tigres ou de chats domestiques, ne le trouvaient pas très intéressant et l’ignoraient souvent.

Heureusement pour moi, ce n’était pas le cas avec Tamara. Le félin à fourrure avait sauté après lui dès qu’elle l’avait vu. C’était ainsi qu’il était devenu l’un de nos jeux de passe-temps préférés. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est que Nanya s’intéresse aussi à la chasse au point rouge. Elle avait une queue de démon, et même si son nom avait la partie « nya », je ne m’attendais pas à ce qu’elle ressemble à nos amis à fourrure.

Selon elle, les démons étaient des chasseurs naturels. Leur instinct était bon et bien développé dès leur plus jeune âge. Quant à Shanteya ou Ayuseya, elles avaient toutes les deux trouvé plutôt étrange d’avoir réagi de cette manière au « Point rouge tout-puissant ». Nanya n’avait réagi que quand elle était d’humeur très enjouée. Si elle était énervée pour une raison quelconque, ça ne faisait que l’ennuyer.

Quand j’avais remarqué Zoreya avec son bouclier levé et debout à la porte, j’avais levé la main et j’avais dit. « Ah ! notre invitée s’est réveillée ! Désolé d’avoir failli te tuer aujourd’hui. »

Elle hocha la tête.

« Comment as-tu dormi ? Te sens-tu bien ? As-tu besoin de quelque chose ? » lui avais-je demandé.

Secouant la tête, elle baissa son bouclier et s’approcha de moi.

« Où sommes-nous ? » demanda-t-elle.

« Non loin d’où tu t’es évanouie. J’ai simplement construit une maison temporaire pour nous tous. Plutôt joli, tu ne trouves pas ? » avais-je dit en souriant.

Zoreya avait plissé son front quand elle m’avait entendu. Je m’étais demandé si mes mots avaient été traduits correctement parce que je parlais le kalish et non le shorayan. À ce propos, ce n’était pas comme si tous ses mots ou les miens étaient soudainement prononcés ou entendus dans cette langue, je savais simplement comment mettre l’accent et comprendre le sens de chaque mot.

« Est-ce vous qui avez construit ça ? » demanda-t-elle.

« Oui. Après tout, je suis un Seigneur du Donjon. Ça aurait été ridicule si je n’avais pas pu construire ne serait-ce qu’une petite maison ! » J’avais ri.

« C’est vrai, mais pourquoi ne suis-je pas attachée ou enfermée dans une cellule ? » demanda-t-elle avec curiosité.

« Parce que je ne suis pas comme tous les autres donjons… ou bien… probablement ceux qui ont eu des rencontres plutôt malheureuses avec des aventuriers et qu’on n’a jamais pensé le contraire ? » avais-je répondu en me grattant l’arrière de la tête.

Cette information n’était pas vraiment un secret, et voyant comment elle était probablement au courant du donjon royal du royaume d’Aunnar caché dans le palais, elle savait probablement que certains d’entre nous pouvaient être raisonnés.

Je devrais probablement arrêter de jouer avec Tamara, ou elle le verra comme si j’étais impoli envers elle, avais-je pensé. Ainsi, j’avais arrêté le pointeur laser.

Bien sûr, avec la disparition soudaine du point rouge du nekatar, la féline enjouée avait tout d’abord été confuse.

« Où est-il allé ? » demanda-t-elle, surprise, attirant l’attention de Zoreya.

Après avoir regardé un peu partout dans la pièce, elle avait abandonné et s’était approchée de la fenêtre, où elle s’était assise sur la chaise. Tamara n’était plus qu’une humble spectatrice de notre interaction.

« Après que vous vous soyez évanouie, Nanya et moi vous avons amenée ici et appliqué des compresses froides parce que vous aviez une légère fièvre, probablement parce que vous aviez utilisé toute votre énergie magique en même temps. Nous avons essayé d’enlever l’armure pour que vous vous sentiez plus à l’aise, mais sans la briser, mais nous n’avons vu aucun moyen de le faire, » expliqua Shanteya en me massant les épaules.

« Je vous remercie. Quant à mon armure, elle est verrouillée par la magie. Si je ne veux pas l’enlever, vous ne pourriez pas le faire. J’ai fait cela pour empêcher mes ennemis de me déshabiller pendant que je m’évanouissais, » expliqua-t-elle.

« On s’est dit que c’était un sort anti-viol. Eh bien, ne vous inquiétez pas, nous n’aurions pas permis à Illsy de vous toucher même si elle n’était pas là, » avait-elle gloussé et tapoté ma tête.

J’avais cligné des yeux et j’avais levé les yeux vers l’El’Doraw. Avec un sourire innocent, elle était revenue me masser les épaules.

« Et pourquoi ferais-je ça alors que toi, Nanya et Ayuseya me tiennent compagnie ? » avais-je demandé.

« C’est vrai, tu nous fais toutes gémir assez fort, mais en tant qu’épouses, nous devons toujours faire attention aux autres femmes qui tentent de t’éloigner de nous. J’ai un poison spécial rien que pour ça, » gloussait-elle, puis elle m’embrassa.

Après le baiser, j’avais demandé en plissant mon front : « Le poison est-il pour moi ou pour elle ? »

« Qui sait ? » elle inclina la tête et sourit.

« Tu ne regrettes pas d’avoir à partager ton homme avec d’autres femmes ? » demanda soudain la femme en armure.

En la regardant, nous avions tous les deux cligné des yeux, surpris.

« Non ? » répondit Shanteya.

« Ah, attends… dans ton pays et peut-être la religion, un homme n’a pas le droit d’avoir plus qu’une femme, non ? » avais-je demandé en frappant la paume de ma main gauche avec le bout de mon poing.

« Non, la polygamie n’est pas le problème. Cependant, je n’ai jamais rencontré de toute ma vie un homme avec plusieurs femmes qui s’occupaient également de toutes, » répondit Zoreya d’un ton sévère.

« Ouais… Je ne suis pas comme ça. J’aime chacune de mes femmes ! » avais-je dit. Puis j’avais tiré Shanteya sur mes genoux et je l’avais serrée contre moi.

Elle m’avait répondu en riant et s’était blottie contre moi. Si je le pouvais, je passerais tout mon temps à rester près de mes femmes, à les embrasser et à les enlacer toutes, mais une telle chose serait impossible. Nous devions encore cuisiner, nous laver, dormir et faire d’autres choses.

« Je m’excuse, mais je ne vous crois pas, » déclara Zoreya.

J’avais haussé les épaules : « C’est inévitable. »

« Une chose que je voudrais vous demander, c’est si vous avez vraiment tué mon frère, Dankyun ? » demanda-t-elle avec un regard sévère dans les yeux.

Est-ce qu’elle essaie de recommencer à se battre maintenant qu’elle va mieux ? m’étais-je demandé quand un frisson me coulait sur la colonne vertébrale.

« Il n’est pas mort… pas encore. Mais je l’ai bien menacé, donc je n’ai pas vraiment peur qu’il fasse quelque chose trop tôt, » je m’étais gratté la joue droite en répondant.

Zoreya baissa les yeux et serra le poing.

« Alors, le monstre est toujours vivant…, » déclara-t-elle, faisant à peine un bruit.

« Je suppose que tu n’étais pas son alliée ? » avais-je demandé.

Dès que j’avais dit ça, elle m’avait regardé fixement.

« Je ne le suis pas ! » avait-elle déclaré.

« Alors pourquoi nous as-tu attaqués et suivis comme ça ? » demandais-je, surpris.

« C’est-à-dire… euh…, » elle baissa les yeux « Je n’avais pas prévu que ça devienne comme ça… et j’ai mal compris votre relation avec vos femmes… Je croyais que vous forciez ces femmes à coucher avec vous et…, » elle essaya de s’expliquer, mais la couleur s’était lentement développée dans ses joues jusqu’à devenir rouge comme une tomate.

Oh~ ! Elle est gênée ! Comme c’est mignon ! avais-je pensé. Puis j’avais ri.

« Je ne sais pas. Est-ce que je te force à coucher avec moi, Shanteya ? » demandai-je en tenant l’El’Doraw dans mes bras.

« Si tu n’oses pas le faire, je te retrouverai et je te traînerai dans ton lit ou je te ferai le faire directement sur place, » répondit-elle avec un sourire, mais le ton de sa voix en faisait une vraie menace.

« Eh bien, tu l’as dit ! » avais-je ri.

La femme en armure baissa les yeux en rougissant fortement. Je voulais la taquiner un peu, mais je ne voulais pas avoir d’ennuis avec Shanteya ou une autre personne ici.

En parlant de ça, elle venait d’entrer dans la pièce.

« Oh ? Zoreya, c’est à vous. Comment vous sentez-vous ? » demanda Nanya.

Actuellement, elle était dans sa vraie forme et ne portait rien d’autre qu’un chemisier fin et un pantalon court, soulignant ses formes corporelles plutôt généreuses. J’aimais être près de la démone Nanya plus que de la version humaine d’elle. Cette dernière me paraissait toujours anormale et bizarre.

« Je vais mieux maintenant, merci, » répondit la femme gênée.

« Hm ? Illsy ? » me montra-t-elle un sourire menaçant.

« Je n’ai rien fait. Je te le jure ! » J’avais répondu sans ménagement.

Bien sûr, Nanya ne m’avait pas cru et avait regardé son alliée de confiance pour réaffirmer mes paroles. Shanteya répondit d’un signe de tête.

« Très bien, » elle avait poussé un soupir, puis s’était approchée du lit et s’était assise derrière moi.

Elle avait pressé ses seins sur mon dos et avait enroulé sa longue queue autour de ma taille. Avec des yeux aiguisés, elle regarda Zoreya et posa sa tête sur mon épaule droite. Nanya faisait valoir ses droits sur moi.

En d’autres termes, j’étais son mec, pas celui de Zoreya. Elle n’avait aucun droit sur moi et si elle essayait de s’approcher trop près, elle allait mordre.

« Mais si tu n’es pas l’alliée de Dankyun, qui es-tu ? Tu t’appelles Alttoros, c’est ça ? » demandais-je en plissant les sourcils.

« Dankyun n’est pas mon allié. C’est le frère que j’ai juré de tuer, » répondit-elle avec un regard déterminé dans les yeux.

« Je vois… attends, quoi ? » J’avais plissé mon front.

« Comment est-ce que cet individu peut être ton frère ? N’est-il pas draconien, alors que vous êtes humaine ? » avait demandé Nanya.

« Je peux comprendre votre confusion. Mon nom, Alttoros, est en fait le nom de l’orphelinat où j’ai grandi. Bien sûr, pas à Aunnar, mais dans un autre pays. En grandissant, les enfants ont pris le nom de l’orphelinat comme nom de famille s’ils n’avaient jamais été adoptés. À l’époque, on ne m’appelait qu’Eleanor, » nous avait-elle dit.

« Je n’en ai jamais entendu parler…, » dit Nanya, surprise.

« Pourquoi veux-tu le tuer ? En fait, j’ai du mal à trouver une raison de ne pas le faire ! ARGH ! » J’avais gémi et m’étais gratté la tête. « Pourquoi l’ai-je laissé vivre ? » avais-je dit. Puis j’avais incliné la tête vers la gauche.

« Parce que tu ne voulais pas tacher tes mains avec son sang, » déclara Nanya d’un ton calme, puis elle embrassa ma joue droite.

« Ouais… ça pourrait être…, » déclarai-je.

« Mais pourquoi nous suivez-vous ? » demanda Shanteya.

« Une fois que j’ai appris que vous aviez vaincu mon frère, j’ai voulu savoir s’il était vraiment mort ou si vous mentiez et utilisiez simplement son nom pour menacer le prince. Heureusement, ce n’était pas ce dernier cas. Maintenant, je sais que j’ai encore une chance de lui arracher la tête à mains nues, » avait-elle serré le poing.

C’est effrayant ! avais-je pensé.

« Comme vous l’êtes maintenant, vous ne pourrez pas le vaincre, » Nanya l’avait dit sans ménagement.

« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » demandais-je avec curiosité. Zoreya avait plissé ses yeux vers nous.

« Eh bien, il utilise [Amplification] et beaucoup de cristaux de magie. Même si tu as brisé son armure à l’époque, il peut en avoir une autre. Mais ce que je veux dire, c’est que Dankyun est un combattant à courte portée, qui préfère concentrer toute son énergie magique pour garder son [Amplification] activée tout le temps plutôt que de la dépenser en sorts inutiles. Tout au plus, il essaiera une [Boule de feu] ou quelque chose comme ça, mais il n’est pas du genre à jeter des sorts surpuissants. Il a toujours été un idiot quand il s’agissait de telles choses, » expliqua Nanya.

« En effet, même quand je me suis battu contre lui, il ne m’a montré aucun sort particulier qui pourrait me blesser gravement ou m’arrêter, » j’avais confirmé.

En fait, j’avais aussi trouvé un peu bizarre le nombre de sorts qu’il avait utilisés contre moi. J’avais l’habitude de penser qu’à son niveau, les gens essaieraient naturellement d’apprendre des sorts plus compliqués, capables de tuer un seul coup ou d’autres choses de ce genre. Même son sort suprême n’était pas si fantaisiste, juste une pluie de boules de feu, rien de plus.

« Alors je devrais avoir un avantage, » Zoreya déclara ça d’un signe de tête.

« Ouais, tu es un tank, après tout, » j’avais hoché la tête.

« Un quoi ? » demanda Nanya en plissant son front.

Oh oui… J’oubliais, il n’y a pas de tanks dans ce monde, avais-je pensé. « Euh, rien…, » j’avais répondu en souriant.

« Mais maintenant que vous le savez, que comptez-vous faire ? » demanda Shanteya avec curiosité.

« J’ai dit clairement que je ne suis pas votre ennemi, et je sais que Dankyun est toujours en vie quelque part. Je souhaite me joindre à votre groupe et voyager avec vous un peu plus longtemps, pour m’assurer de vos intentions envers l’Ordre des Croisés de Melkuth ainsi qu’envers les humains et toutes les autres espèces intelligentes, » avait-elle expliqué en acquiesçant.

« Euh…, » j’avais regardé Nanya, puis Shanteya.

« Ce n’est pas à débattre. J’ai reçu mes ordres de Melkuth lui-même, » déclara-t-elle clairement. Puis elle frappa le sol avec le bas de son écu.

« Super…, » j’avais poussé un soupir.

« Au fait, vous avez dit que le nom qu’on vous a donné à l’orphelinat d’Alttoros était Eleanor. Alors pourquoi vous appelez-vous Zoreya ? » demanda Shanteya.

« Zoreya est le nom que mon dieu Melkuth m’a donnée en devenant son apôtre et en recevant son bouclier divin, » déclara-t-elle fièrement, puis elle donna une tape légère sur son bouclier.

« Eh bien, je ne suis pas contre…, » j’avais haussé les épaules. « Mais tu auras ta propre chambre et géreras tes propres dépenses pendant que nous voyagerons. Si nous faisons des quêtes et que tu nous rejoins, nous partagerons la récompense, » j’avais énoncé les conditions haut et fort.

« C’est évident, » acquiesça-t-elle.

« Bienvenue à bord, Zoreya Eleanor Alttoros ! » avais-je dit. Puis j’avais ri.

« Bienvenue ! » Nanya et Shanteya avaient déclaré ça en tandem.

« Est-ce que ça veut dire que la grande dame en métal est aussi la femme du Maître ? » demanda Tamara tout d’un coup.

« Hein ? » J’avais cligné des yeux, surpris.

« Si vous recevez un message bizarre vous demandant si vous voulez devenir son épouse, choisissez “NON”, » Nanya l’avait fait remarquer.

« Je ne crois pas comprendre, mais je vais le faire. En tant qu’apôtre de Melkuth, je dois rester à la fois pur de cœur et pur de corps afin de garder son étincelle divine dans mon cœur. L’amour ou le mariage sont tous les deux interdits, » expliqua-t-elle en acquiesçant d’un signe de tête.

« C’est triste…, » avais-je dit.

« Oui, » Shanteya hocha la tête.

« Très, » confirma Nanya.

« La dame de métal est une baba solitaire ! » plaisanta Tamara.

« Je ne suis pas une baba ! » Zoreya s’était plainte.

Mais elle est plutôt mignonne…, m’étais-je dit.

Alors, pourquoi ne pas l’attraper… l’asservir… la rendre vôtre ? Une voix flippante résonnait dans mon esprit, mais je l’ignorai.

Dernièrement, les Ténèbres avaient été d’une agaçante activité, tout comme cela s’était produit pendant la bataille entre moi et Zoreya. Il n’arrêtait pas de me dire de la tuer, et je n’avais pas pu l’entendre quand elle avait abandonné.

Cela… commençait à m’inquiéter…

***

Chapitre 67 : Le début d’une nouvelle journée

[Point de vue de Tamara]

Je m’étais réveillée le matin et j’avais lâché un grand bâillement. C’était à peu près au moment où le soleil commençait à se lever au bout du monde. En sortant du lit, j’avais sauté à quatre pattes et reniflé l’air. Seules Ayuseya et la dame en métal étaient là.

En me faufilant entre leurs lits, j’avais jeté un coup d’œil à la dame draconienne et je l’avais vue dormir paisiblement. Sa poitrine montait et descendait chaque fois qu’elle respirait. Sur l’autre lit, il y avait la dame en métal. Elle dormait en armure et utilisait son propre bouclier comme couverture. Ça avait l’air très inconfortable, mais ça n’avait pas l’air de la déranger. Peut-être qu’elle y était habituée ?

Je lui avais touché la joue.

« Unyaaaaa..., » elle avait émis un bruit étrange.

« La femme en métal, c’est bizarre, » avais-je dit en penchant la tête.

En sortant de la pièce, j’avais reniflé l’air et senti l’odeur de l’accouplement. Le maître était occupé hier soir avec la dame démon et la dame el’doraw. Alors que je me dirigeais vers leur chambre, je les avais vus tous les trois dormir paisiblement. Ils étaient tous nus et collés l’un à l’autre. En les regardant, j’avais senti quelque chose en moi qui réagissait.

Je secouai rapidement la tête et m’éloignai.

Tamara est un animal de compagnie… une esclave, m’étais-je rappelée.

Dernièrement, je m’étais un peu trop habituée à utiliser mon propre nom pour m’adresser à moi-même, et il m’était arrivé de temps en temps de le dire accidentellement.

J’avais quitté la maison que le Maître avait faite et pris une grande bouffée d’air frais. L’endroit autour de nous était carbonisé, et il ne semblait pas y avoir quelque chose que je puisse manger. En penchant la tête vers la gauche, j’avais réfléchi à ce que je devais faire.

Tout d’abord, je devrais avoir un meilleur point de vue, m’étais-je dit, puis j’étais allée au sommet de la maison du Maître.

Une fois là-haut, j’avais regardé autour de moi et j’avais vu la ligne de la forêt s’étendre très loin. Il n’y avait pas de montagnes au loin, seulement un désert et quelques collines ici et là. Ce que je cherchais, c’était une rivière ou un lac, quelque chose avec des poissons.

Hier soir, après que la dame en métal se soit jointe à notre groupe, la dame dragonne était revenue et nous avait parlé d’un village voisin.

Si je me souviens bien, c’est dans cette direction. Habituellement, les humains placent leur village près d’une rivière. Les Nekatars placent toujours leur village au bord d’une rivière. C’est plus facile de pêcher comme ça ! avais-je réfléchi. Puis j’avais sauté en bas.

Quand j’étais de retour sur le sol, j’avais levé les oreilles et j’avais regardé autour de moi pour trouver de la nourriture, un lapin ou quoi que ce soit de petit que je pouvais attraper. Chasser des monstres était aussi une possibilité, mais les ramener était un peu trop pour moi.

Peu importe, j’avais décidé de chasser quelque chose et je m’étais précipitée vers la forêt. Le bonus du maître m’avait permis d’être assez rapide et forte. Même sans lui, j’avais assez confiance en mes propres compétences.

« Nya~ ! » avais-je dit joyeusement en entrant dans la forêt.

☆☆☆

[Point de vue d’Ayuseya]

« Ah ! Bonjour, Ayuseya ! » déclara Illsy quand j’étais entrée dans la chambre.

J’étais seule, Zoreya était éveillée, mais elle restait dans sa chambre pour effectuer une prière à son dieu. Je lui avais dit de rester là jusqu’à ce que l’un de nous vienne la chercher, à moins qu’elle ne veuille voir Illsy nu. Je lui avais dit que nous n’apprécierions pas quelque chose comme ça.

« Comment était-ce ? » avais-je demandé en rougissant.

Ils étaient tous nus.

« Tu as raté quelque chose de génial, princesse draconienne ! » Nanya avait gloussé et s’était levée du lit.

« Je ne m’attendais pas à ce que Nanya embrasse si bien, » déclara Shanteya en riant.

« Je suis techniquement plus vieille que toi, donc je devrais savoir comment le faire ! » déclara la démone en poussant sa poitrine vers l’avant.

« Oui, mais je suis la plus expérimentée, » répliqua Shanteya.

Pendant qu’elles se disputaient pour savoir qui embrassait le mieux, je rougissais comme une idiote, ne sachant même pas comment je devais réagir à une telle chose. Elles n’allaient pas me forcer, je le savais, mais d’une manière ou d’une autre, il semblait inévitable qu’un jour je me joigne à elles pour une telle expérience avec Illsy. Pourtant, comme je l’étais à ce moment-là, je ne pouvais tout simplement pas le faire. C’était trop pour moi !

« Pour l’instant, allons prendre un bain, » proposa Nanya à la fin en étirant les bras.

« Je vais me joindre à toi, » déclara Shanteya. Puis elle sortit du lit après elle.

Ni l’une ni l’autre n’avait pris la peine de s’habiller.

On m’avait laissée seule avec mon mari.

« Ayuseya ? » déclara Illsy, et je l’avais regardé.

« Oui ? » avais-je répondu.

« Si tu veux, je peux être tout à toi ce matin ? » avait-il suggéré avec un sourire gentil.

Mon cœur avait sauté d’un battement quand je l’avais entendu. Même après avoir passé la nuit avec Shanteya et Nanya, il ne m’avait pas oubliée. Comment nier une offre aussi tentante ?

« Si je peux encore te plaire…, » déclarai-je, puis je hochai la tête timidement.

« Tu m’as toujours plu, Ayuseya. Ce qui m’inquiète, c’est si je suis assez bon pour plaire à une jolie femme comme toi, » m’avait-il demandé avec un sourire séduisant.

Mon cœur sauta un autre battement, et je commençai lentement à me déshabiller.

« Alors… prends soin de moi, mon amour, » j’avais répondu en souriant.

☆☆☆

[Point de vue de Shanteya]

La nuit avec Illsy et Nanya fut un plaisir inattendu. La démone savait certainement se servir de sa queue, mais en même temps, j’avais l’impression que le lien entre nous s’approfondissait encore plus.

Après notre bain, nous voulions retourner à Illsy, mais nous avions entendu les gémissements d’Ayuseya et décidé de ne pas déranger les deux. La femme draconienne méritait aussi un peu de plaisir, vu qu’elle n’avait pas fait l’amour avec Illsy depuis près d’une semaine maintenant. J’avais commencé à avoir pitié d’elle, mais c’est aussi en partie ma faute si j’étais devenue un peu… accro à lui.

« Mettons des vêtements et voyons si Zoreya est debout, » Nanya suggéra cela. Puis elle avait sorti de son esprit intérieur un coffre dans lequel elle rangeait ses vêtements décontractés.

On avait chacune pris un pantalon et une chemise. Elle avait aussi pris une culotte et un soutien-gorge pour elle. Comme nous étions de tailles différentes, elle ne pouvait pas les partager, mais ça ne me dérangeait pas. Une fois qu’Illsy aurait terminé, il allait me donner tous mes vêtements, et je pourrais les rendre à Nanya.

En entrant dans la pièce, nous avions trouvé la femme humaine en train de prier son Dieu, Melkuth. Par courtoisie, nous avions décidé de nous taire et de l’attendre patiemment.

Il lui avait fallu dix minutes de plus pour finir.

« Je suis désolée de vous avoir fait attendre, » déclara-t-elle en se levant.

« Ne vous inquiétez pas pour ça, » Nanya secoua la tête.

« Votre amie, la draconienne Ayuseya m’a suggéré d’attendre ici que votre mari soit habillé, » nous avait-elle dit.

« Ah… Euh…, » Nanya et moi, on s’était regardés, puis on l’avait regardée.

« C’est son heure de passer du temps avec Illsy, mais si vous avez faim, on peut aller faire du feu. Je devrais encore avoir de la nourriture stockée…, » expliqua Nanya.

« Je peux aussi partager certaines de mes provisions, vu que nous allons voyager ensemble à partir de maintenant, mais d’abord…, » elle baissa les yeux un instant, ses joues rougies « Est-il possible pour moi d’utiliser votre bain ? »

« Ah ! Bien sûr ! Laissez-moi vous le préparer, » déclara Nanya en souriant.

« Je vais descendre et allumer un feu pour faire à manger, » leur avais-je dit.

« Merci, je vous attends ici, » déclara Zoreya.

☆☆☆

[Point de vue de Zoreya]

En entrant dans la salle de bain, j’avais trouvé qu’elle ressemblait beaucoup à celles d’une riche maison de noble ou même à ceux du Palais Royal. Il y avait une très grande baignoire qui pouvait accueillir quelques personnes, une toilette et un lavabo.

Il y avait des boutons à gauche et à droite des tuyaux d’où sortait l’eau, tous deux marqués d’une couleur bleue et d’une couleur rouge. La toilette contenait de l’eau et n’était pas un simple trou creusé dans le sol. Sur le dessus se trouvait un petit bol auquel était attachée une chaîne de métal. Les mots « Tirer pour activer la chasse d’eau » y étaient écrits en kalish.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » m’étais-je demandée avec curiosité, et j’avais tiré.

Tout à coup, la toilette était remplie d’eau et « envoyé » dans les tuyaux d’évacuation. C’était un mécanisme très curieux et intéressant pour nettoyer les déchets. En me rendant au lavabo, j’avais enlevé le gantelet de ma main droite et j’avais touché le bouton marqué en bleu. Je ne pouvais pas le presser et je ne pouvais pas non plus le tirer à moins que je ne veuille le casser. J’avais décidé de le tourner, et cela avait marché. De l’eau était sortie du tuyau.

« Si le prince Reginald voyait ça, il ferait n’importe quoi pour en avoir un aussi ou apprendre à en faire un. Hum, l’eau est froide, » avais-je dit en plaçant ma main sous le ruisseau d’eau froide et propre.

J’avais pris une gorgée et j’avais découvert que c’était de l’eau douce. En tournant le bouton bleu dans l’autre sens, cela avait coupé l’eau. Quand j’avais fait la même chose avec le bouton rouge, j’avais découvert qu’il avait de l’eau chaude.

Toc ! Toc !

« Zoreya ? Puis-je entrer ? » demanda celle qui s’appelait Nanya.

« Oui, » avais-je répondu.

En entrant dans la pièce, la démone m’avait regardée et me dit : « Ah ! Vous ne vous êtes pas déshabillée. Quoi qu’il en soit, désolé de vous déranger, mais j’ai oublié de vous montrer comment les choses fonctionnent ici, » m’avait-elle dit avec un sourire ironique.

« J’ai compris… C’est merveilleux, » j’avais exprimé mon opinion sincère.

« En effet ! C’est Illsy qui a eu l’idée. Il en avait assez d’utiliser constamment des sorts pour réchauffer et remplir l’eau. Eh bien, tournez doucement le bouton bleu pour ajouter de l’eau froide. Le rouge est pour l’eau chaude. Si vous les tournez en même temps, vous pouvez ajuster la température de l’eau directement, » m’avait-elle dit et avait ensuite fait une démonstration.

Je hochai la tête pour lui faire savoir que je comprenais ce qu’elle disait et qu’il n’y avait pas besoin de se répéter.

« Pour ce qui est de la toilette, une fois vos besoins satisfaits, tirez sur la chaîne métallique, » elle s’était ensuite dirigée vers une petite armoire dans le coin et elle avait sorti quelques articles de première nécessité pour les femmes et un rouleau de papier.

« Comme la plupart d’entre nous sont des femmes ici, ce placard contient tout ce dont vous avez besoin pour cette période du mois. Eh bien, je l’utilise rarement parce que mes règles n’impliquent pas le processus de coloration de mon lit avec du sang. Ça arrive aussi une fois que chaque dieu sait quand, » soupira-t-elle.

« Pour les humains, c’est mensuel, mais j’ai aussi mes provisions, » avais-je dit.

« Je sais. Les El’Doraws l’ont tous les deux ou trois mois, tandis que les nekatars tous les six mois de l’année avant la saison des amours, mais je vous le fais savoir juste au cas où, » déclara-t-elle avec le sourire.

« Allons-nous rester ici plus d’un mois ? » demandais-je avec curiosité.

« Non, » elle avait secoué la tête, et j’avais plissé mon front.

Alors, pourquoi se compliquer en construisant toutes ces choses et en organisant tant de provisions ? pensais-je, mais Nanya avait répondu à ma question comme si elle avait lu dans mes pensées.

« Quand nous n’avons pas besoin de cette maison, Illsy l’absorbe simplement et la stocke dans son esprit intérieur. Puis, quand nous avons besoin d’un abri, il le sort, » déclara Nanya.

« Je vois… À quoi sert le rouleau de papier ? » demandais-je avec curiosité.

« Ça s’appelle du papier toilette. Contrairement à ceux utilisés dans Teslov et Shoraya, il est beaucoup plus doux et meilleur. On s’essuie avec après avoir fait ce dont on a besoin, » indiqua-t-elle en montrant les toilettes.

« Je vois… À Aunnar, les rois et les nobles utilisent généralement de la laine ou une sorte de tissu imbibé d’eau, » avais-je dit.

« Utilisez ce que vous voulez, le bain est déjà chaud et prêt, alors vous pouvez sauter dedans. Je dirai à Illsy de ne pas entrer accidentellement pendant que vous y êtes, » déclara-t-elle en sortant.

« Merci, » j’avais hoché la tête.

Après son départ, j’avais enlevé mon armure et j’avais appuyé le bouclier sur la porte. Sous mon armure, je portais habituellement une bande de lin pour envelopper mes seins, une simple paire de culottes de soie, une simple chemise de coton et un pantalon. Je n’avais jamais porté de robe et je n’avais jamais essayé, mais j’avais découvert au fil du temps que mon physique attirerait rapidement le regard des hommes sordides, surtout ma poitrine. Heureusement, mon rôle et mon devoir m’obligeaient à toujours garder mon armure.

J’avais quand même transpiré et j’avais dû changer de temps en temps. J’avais l’habitude des bains froids s’il y avait la moindre chance d’en avoir un. C’est pourquoi, lorsque je m’étais baignée dans la baignoire, j’avais poussé un doux gémissement de joie. Je me sentais si bien qu’un sourire était apparu sur mes lèvres.

☆☆☆

[Point de vue d’Illsyore]

Après la nuit déchaînée avec Nanya et Shanteya, le matin déchaîné avait été fait avec Ayuseya. Dernièrement, je l’avais négligée, mais ce n’était pas comme si je ne la trouvais pas attirante. Pour être honnête, j’avais eu beaucoup de mal à me demander qui avait les meilleurs seins parmi les trois, mais quand même, j’avais adoré le faire avec toutes mes femmes. La seule chose contrariée était le message pop-up qui me demandait si je voulais les féconder ou non. J’avais toujours dû faire attention à choisir « Non ». Je n’étais pas encore prêt à devenir père.

« C’était merveilleux ! Merci, Ayuseya, » avais-je dit en me blottissant contre elle.

Malgré son caractère draconien, elle était très chaleureuse et avait toujours un parfum agréable.

« En effet, c’était merveilleux… Ça m’a manqué, » m’avait-elle dit, puis elle m’avait embrassé.

« Désolé pour ça, » avais-je dit avec un sourire ironique après le départ de nos lèvres.

« Ne t’inquiète pas, j’essaierai d’être plus exigeante la prochaine fois que je veux avoir mon compagnon pour moi toute seule, » déclara-t-elle en riant, puis elle m’embrassa de nouveau.

Environ un quart d’heure plus tard, Nanya était venue et nous avait dit que nous pourrions utiliser le bain. Apparemment, Zoreya l’avait utilisé plus tôt, donc Ayuseya et moi y étions allés ensemble. Je ne pouvais pas m’abstenir et le refaire avec elle, puis nous nous étions changés et nous étions allés rencontrer les autres.

La seule qui n’avait pas pris de bain, c’est Tamara parce qu’à ce moment-là, elle était partie chasser pour notre déjeuner. Bien sûr, le chaton n’avait pas échappé à Shanteya et Nanya et dès qu’elles avaient attrapé la féline sournoise, elle avait été traînée dans le bain en hurlant. Ce n’était pas comme si elle détestait prendre un bain ou avait peur de l’eau, elle s’enfuit instinctivement. C’était peut-être un jeu pour elle ?

Après avoir mangé les quelques lapins que Tamara avait attrapés, nous avions tout emballé, j’avais absorbé la maison et j’avais ensuite commencé à marcher en direction du village qu’Ayuseya avait découvert.

Quand nous étions arrivés, nous avions été accueillis par deux gardes, souriant et regardant notre avancée, mais ils étaient restés vigilants à cause de notre étrange combinaison. Le village s’appelait Pollian et faisait partie du royaume de Tesuar situé au nord d’Aunnar. C’était un grand pays avec deux ports et une ville dans le désert. Ils avaient une bonne industrie grâce aux mines dans les collines avoisinantes et aux faibles taxes à l’importation et à l’exportation. Toutes les autres villes n’avaient que des arrêts de caravane entre elles. L’agriculture et la chasse faisaient également partie de l’économie, mais leur influence était faible par rapport aux mines.

Contrairement à Aunnar, Tesuar n’avait pas de donjons pour les aventuriers locaux, mais il avait quelques forêts dangereuses remplies de monstres de différents niveaux. D’après ce que j’avais compris, il était relativement faible en puissance par rapport à ses voisins, et il était constamment menacé d’être attaqué par eux. Tesuar n’était plus ce qu’il était.

Et comment avais-je su tout ça ? Au cours des dernières semaines, mes épouses bien-aimées avaient fait tout leur possible pour m’aider à étudier la structure politique, économique et militaire de ce monde. On m’avait également enseigné le bon sens général, pour lequel je n’avais pas encore obtenu la note de passage, même après avoir soudoyé l’enseignante. Mais le moins que j’aie compris, c’était que grâce à nos statistiques ridicules, nous étions probablement certains des individus les plus puissants du continent entier.

Nous avions aussi acheté toutes sortes de livres que j’avais pu trouver sur le chemin. Je les avais absorbés, mais je n’avais pas copié leurs informations avec magie comme je l’avais fait quand je m’étais réincarné dans ce monde. Je lisais comme n’importe quel humain.

Ranger les livres de cette façon m’assurerait également que lorsque j’aurais formé mon Académie de Magie, ma bibliothèque ne manquerait pas de matériel d’orientation.

Cela dit, nous n’avions pas passé la nuit dans le village de Pollian. Nous avions continué notre route vers le nord en direction d’une des villes minières. Quand il avait fait nuit, j’avais convoqué notre maison temporaire et je l’avais installée sur le bord de la route.

C’était la deuxième nuit que Zoreya passait avec nous, mais comme d’habitude, elle refusait de sortir de son armure sauf si elle prenait un bain ou allait aux toilettes. Quoi qu’il en soit, nous avions eu un bon repas, nous avions raconté quelques blagues et nous étions ensuite allés au lit. Cette nuit-là, Ayuseya était celle qui voulait rester avec moi, tandis que Shanteya et Nanya se retiraient dans la chambre avec Zoreya et Tamara. Pour rendre les choses moins exiguës, j’avais dû augmenter la taille de leur chambre et ajouter un lit supplémentaire.

Le lendemain matin, nous avions poursuivi notre route vers la ville de Deforan.

***

Chapitre 68 : Le plan secret

[Point de vue d’Illsyore]

Cela faisait presque quatre mois que Zoreya fait partie de notre petit groupe. Avec son aide, nous avions pu voyager en toute sécurité à travers tout le continent et accomplir beaucoup de quêtes. Les rumeurs du prince autrefois indiscipliné du royaume d’Aunnar, qui tournait sa lame contre l’esclavage, se répandaient de plus en plus loin, surtout depuis qu’il avait lui-même commencé à traquer ceux qui enfreignaient cette loi.

Il semblait que la partie tacite de la malédiction se soit activée. Je n’aurais jamais pensé qu’il irait aussi loin, mais il semblait que son désir de vivre était plus grand que sa fierté. J’étais maintenant vraiment curieux de voir comment Reynolds allait évoluer dans les années suivantes ainsi que comment le royaume d’Aunnar allait changer.

Quant aux académies et autres bibliothèques réparties sur l’ensemble du continent, elles manquaient cruellement de contenu et de quantité de livres. La bibliothèque royale du royaume Tesuar était ridiculement petite.

À propos de la façon dont nous étions entrés, disons que pendant que tout le monde dormait, il y avait un certain Seigneur du Donjon et une certaine El’Doraw sournoise qui étaient entrés et avaient « emprunté » quelques-uns de leurs livres.

Au début, nous avions essayé l’ancienne façon d’entrer et de demander le droit de les voir, mais comme aucun d’entre nous n’était un noble reconnu de ce pays, nous n’avions pas été autorisés à entrer. Ils avaient également dit quelque chose d’aussi ridicule que seuls les nobles étaient autorisés à étudier ces livres, les paysans n’avaient pas ce droit. À leurs yeux, nous étions des paysans. Même le statut d’Ayuseya n’était pas reconnu, alors que Zoreya n’avait aucun pouvoir, même en tant qu’apôtre d’un dieu. C’était quelque chose qui ne l’inquiétait pas, mais que nous trouvions plutôt ridicule, vu qu’ils avaient un Temple dédié du Dieu de la Guerre.

Au moins, ce roi n’avait pas essayé de kidnapper mes femmes et mes esclaves, mais j’avais aussi envie de faire sauter son château, mais après avoir vu l’état de sa soi-disant Bibliothèque royale, j’avais changé d’avis. Il n’en valait pas la peine. Il n’y avait que six bibliothèques de huit étagères chacune. Un tiers de leurs livres étaient des copies d’autres livres, et le plus intéressant que j’avais pu trouver concernait la guerre draconienne-humaine qui avait pris fin il y a plusieurs siècles. L’ancêtre d’Ayuseya, celui qui avait reçu la malédiction, avait fait pas mal de choses sur les humains grâce à son pouvoir anormal. La légende écrite dans ce livre racontait comment les humains, les El’Doraws et les elfes avaient uni leurs forces pour arrêter son assaut. Finalement, ils furent presque vaincus, mais les humains trouvèrent un livre de malédiction dans un donjon et l’utilisèrent pour maudire le roi draconien. La malédiction avait fonctionné, mais les sacrifices consentis avaient rendu le pays tout entier sans défense à cette époque. Il avait été absorbé dans le petit pays de Tesuar après ça.

La légende était un peu différente de ce qu’Ayuseya m’avait dit, mais l’histoire était probablement racontée différemment selon le point de vue de chaque royaume. Il était fort probable que l’empire Paramanium et le royaume Shoraya en avaient aussi des versions différentes de celle de Teslov.

Quoi qu’il en soit, tous les royaumes avaient fini par prendre le pouvoir à partir de rien, puis étaient tombés lorsque leur pouvoir s’était suffisamment affaibli pour que d’autres puissent remporter une victoire contre eux. Bien sûr, sur Terre, les choses n’étaient pas aussi rapides et dramatiques qu’ici. Il y avait aussi le fait que l’âge médiéval de ce monde avait persisté pendant des milliers d’années.

En ce qui concerne la technologie, parce que toutes les espèces de ce monde en dépendaient plus ou moins, aucune d’entre elles ne s’était donné la peine de rechercher des technologies non magiques. Lorsque j’avais posé cette question à Ayuseya et lui avais expliqué comment une arme à feu fonctionnerait, sa question était la suivante :

« Pourquoi perdre des centaines d’années à développer une arme qui tire un caillou de plomb, alors que les sorts magiques produisent un bien meilleur résultat ? »

Quand j’avais essayé d’expliquer que le développement de la technologie permettrait aux utilisateurs non magiques d’avoir une vie meilleure, elle m’avait demandé ceci :

« Un non-utilisateur de magie ne peut-il pas engager un utilisateur de magie pour l’aider avec ce dont il a besoin ? »

Bien que dans mon esprit, il était logique de savoir pourquoi la technologie devait être développée, en particulier la médecine et ainsi de suite, il était difficile de convaincre qui que ce soit que la magie ne pouvait pas faire mieux, surtout quand j’étais une preuve vivante de ce fait. Tout ce que j’avais fait et construit était par magie, même mon Laser n’utilisait qu’un concept scientifique appliqué aux appareils créés par la magie. Finalement, j’avais renoncé à essayer de l’expliquer.

À ce rythme, ils atteindraient l’équivalent de l’ère de l’information sur Terre en environ 20 à 30 000 ans, à quelques siècles près. C’était seulement parce qu’il n’y avait pas assez d’individus qui se concentraient sur la recherche technologique à part quelques chercheurs curieux ici et là.

En attendant, je ne pouvais que me demander ce que mes femmes auraient à dire une fois qu’elles se seraient retrouvées au milieu de Tokyo. Peut-être qu’à ce moment-là, elles seraient d’accord pour dire que la recherche technologique était une bonne idée. C’était difficile à faire et cela demandait beaucoup de main d’œuvre, mais petit à petit, comme un gigantesque puzzle, tout s’assemblerait et donnerait naissance à des merveilles comme l’ordinateur personnel, le Smartphone, et surtout les vidéos de chats sur Internet !

Cela dit, j’en étais venu à la conclusion que l’Académie de Magie de Fellyore était probablement une institution unique en son genre en raison de l’absence de restrictions concernant les espèces qui pourraient y adhérer. Ils n’exigeaient pas non plus leur statut social, et je pourrais dire que même leurs méthodes d’enseignement étaient différentes de celles que j’avais vues dans d’autres académies ici. Ils avaient une façon très rigide et bizarre d’enseigner à leurs élèves. Penser hors des sentiers battus ou à l’aide d’exemples était des méthodes considérées comme peu communes par beaucoup et absurdes par d’autres. Le fait d’en être témoin m’avait amené à croire que Tuberculus était plus un génie qu’il ne l’avait laissé entendre.

Cela signifiait aussi que je devais être à l’affût d’enseignants potentiels. Embaucher les vieillards ennuyeux qui pensaient ainsi dans ces académies était hors de question. Je n’aimais vraiment pas leur méthode d’enseignement. En ce qui concerne les étudiants, je n’allais pas être une académie noble et exclusive, un fait qui avait été mal vu dans beaucoup de royaumes à première vue. J’étais un Seigneur du Donjon Divin, donc cela n’avait pas d’importance pour moi.

« Pourquoi devrions-nous permettre aux paysans d’apprendre les beaux-arts de la noblesse ? » fut la réponse habituelle que je recevais lorsque je leur posais des questions à ce sujet.

Étonnamment, au cours de ces quatre derniers mois, nous n’avions pas rencontré de circonstances inattendues comme nous l’avons fait dans le Royaume d’Aunnar. Les attaques de bandits ou de monstres étaient assez courantes, cependant, un seul regard sur Zoreya ou Nanya dans sa forme réelle suffisait à transformer les braves hommes en lâches souris. Peu nombreux étaient ceux qui avaient décidé de nous attaquer, mais Shanteya les avait ensuite jetés à terre.

Si, par hasard, un malheureux m’avait montré du doigt et m’avait insulté, mes trois femmes lui avaient sauté dessus. À ce moment-là, Zoreya et moi avions effectué une douce prière pour l’âme de ce malheureux bâtard. Tamara s’abstenait de le faire et ne faisait qu’un petit rire.

En parlant de ça, la relation entre Zoreya et les filles s’améliorait de jour en jour. Dernièrement, elle souriait et riait beaucoup. Au début, elle était comme un roc, immuable et inébranlable quoi qu’on lui dise, à moins que je ne commence à la taquiner ou à la chatouiller, mais si mes blagues allaient trop loin, je recevais une frappée de bouclier sur ma tête… et cette chose était LOURDE !

L’autre chose que j’avais remarquée chez elle, c’était qu’elle était très jolie. Bien qu’elle ait presque un siècle, parce qu’elle avait gardé son apparence jeune, elle avait l’air d’avoir vingt ans. Eh bien, je n’avais pas l’intention d’en faire ma quatrième femme, j’admirais simplement sa beauté, un fait qui passait complètement inaperçu pour elle et que mes trois épouses pouvaient facilement repérer.

Je pourrais jurer, mais ces femmes avaient un radar « Illsy regarde une autre femme ». Si mes yeux se déplaçaient légèrement vers l’arrière-train d’une belle elfe qui passait, Shanteya me tournait tout autour. Si j’apercevais une grande draconienne aux gros seins, et que par hasard elle me jetait un regard, Ayuseya m’enlaçait, puis m’embrassait, puis sifflait à la pauvre femme. Ce n’était pas exagéré. C’est exactement ce qu’elle avait fait.

Quand je l’avais interrogée à ce sujet, elle m’avait répondu : « J’affirme simplement ma domination sur toi et je rappelle aux autres femmes que tu es à moi et que je suis à toi. »

Quant à Nanya… disons qu’elle n’avait pas peur que je me glisse dans le lit d’une autre femme, mais elle avait eu beaucoup de plaisir à taquiner Shanteya et Ayuseya, légèrement jalouses, avec ça. Cette démone me demandait exprès des trucs comme ça :

« Est-ce que cette femme a de plus gros seins/à l’air mieux/est plus craquante que Shanteya/Ayuseya ? »

Et comme résultat, c’était que j’avais perdu mes réflexes, et je ne l’avais plus jamais fait.

Au cours de ces quatre derniers mois, il s’était passé autre chose. J’avais pris conscience à cette époque que les Ténèbres prenaient le dessus sur moi.

La première fois que cela s’était produit, c’était pendant la première semaine où Zoreya était devenue membre de notre groupe. Après une nuit folle avec Shanteya, je m’étais réveillé après qu’elle se soit endormie. Je pouvais voir comme je l’avais toujours fait, mais je savais que mon corps n’était pas contrôlé par moi. J’avais essayé, mais je n’y arrivais pas.

Qu’est-ce qui se passe ? avais-je essayé de crier dans ma tête.

« Détends-toi, Illsy… On va juste s’amuser un peu. C’est tout, » Les Ténèbres avaient parlé avec ma voix, puis ils avaient regardé l’El’Doraw nue qui dormait à côté de moi.

Je craignais le pire, mais il n’avait pas l’air de souhaiter mettre la main sur elle.

« Allons construire un donjon maintenant, d’accord ? » sourit-il, puis il se leva.

Après nous être habillés, nous avions sauté par la fenêtre et utilisé un sort que je n’avais jamais vu auparavant. Cela nous rendait légers comme une plume, mais aussi invisibles à l’œil nu.

Une fois à l’extérieur de la ville, nous avions continué à courir à la vitesse maximale pendant une vingtaine de minutes. Il y avait au moins cinquante kilomètres entre nous et la ville où nous avions décidé de passer la nuit.

« Ça devrait être un bel endroit ! Regarde et apprends, humain ! » déclara-t-il et ainsi il commença la construction du donjon.

Une chose que j’avais à dire… il était horrible quand il s’agissait de faire des donjons compliqués et terriblement durs, mais je n’avais pas pris la peine de le lui faire remarquer. Après qu’il eut terminé, il avait construit la Salle du Cœur du Donjon et griffonna les lois des Donjons sur les murs.

Traduites, elles ressemblaient à ça :

– Les donjons sont les ennemis naturels de toutes les autres espèces sensibles.

– Les donjons n’ont pas besoin et n’ont pas d’amis.

– Les donjons utilisent toutes les autres espèces sensibles en les contrôlant et en les transformant en esclaves.

– Les donjons n’ont pas besoin d’émotions ni d’amour. Il faut utiliser ces émotions contre les autres espèces sensibles.

– Les donjons sont supérieurs à tous les autres.

Et la liste des lois très narcissiques et égoïstes continuait. Cependant, chaque fois qu’il construisit un donjon à partir de ce moment-là, les lois changèrent lentement vers une haine sadique et étendue contre d’autres espèces. Une autre chose que j’avais remarquée, c’est qu’il était contre tous les êtres sensibles et non uniquement les sapiens. Pour moi, ils semblaient et signifiaient tous les deux la même chose. Je n’ai même pas pris la peine de me demander s’il y avait une différence significative entre les deux termes, peut-être qu’il y en avait dans ma vie antérieure, mais je ne me souvenais plus de quoi il s’agissait.

Des semaines plus tard, les lois que Les Ténèbres griffonnaient sur les murs commencèrent à inclure ce genre de choses :

– Les donjons DOIVENT tuer tout être vivant qui ose traverser leur territoire.

– Les donjons DOIVENT torturer pour MORTIFIER tous les êtres vivants qui entrent sur leur territoire.

Et voici quelques-unes de celles qui n’étaient pas nécessaires de décrire. Mais plus important encore, il ne se souciait pas de savoir s’il s’agissait simplement de pauvres animaux ou d’aventuriers. S’il respirait et vivait, c’était un ennemi sans exception.

D’habitude, après qu’il ait abandonné le contrôle de mon corps, ce qui ne durait que six heures, j’étais retourné dans les Salles du Cœur du Donjon et j’avais changé les mots en quelque chose qui n’était pas si sadique et tyrannique.

Je savais que les nouveaux Donjons étaient nés avec un ensemble prédéterminé de lois dans leur esprit, donc je ne pouvais pas trop les influencer. Au lieu de cela, ce que j’avais fait, c’était ajouter des lois qui parlaient d’offrir une chance aux aventuriers de prouver leur valeur ainsi que des conseils sur la façon dont un donjon pourrait trouver sa propre boussole morale.

Bien sûr, Les Ténèbres n’étaient pas très contentes que je le fasse, alors de temps en temps, je me retrouvais à parler n’importe comment avec quelqu’un ou à menacer de mort quelqu’un d’autre.

Mes femmes ne semblaient pas l’avoir remarqué, mais je commençais à m’inquiéter, et je craignais que cela ne devienne dangereux. La seule à qui je pouvais me confier était Ayuseya, mais elle ne savait pas non plus comment m’aider.

Environ trois mois après que Zoreya nous ait rejoints, je commençais sérieusement à montrer que je perdais le contrôle, et je craignais pour la vie de mes femmes.

Je me livrais encore à des nuits passées sur leur poitrine nue, mais dernièrement, je commençais à craindre que les Ténèbres ne prennent le dessus au milieu, et celui qui leur offrait un bon moment allait être cette chose en moi, pas moi.

Les nuits avec Ayuseya avaient été passées à parler davantage de ce que je vivais plutôt que de me laisser aller à des désirs charnels. Je la satisfaisais encore de temps en temps pendant la journée, mais je craignais toujours une perte soudaine de contrôle.

Au bout d’un moment, j’avais commencé à éviter de coucher avec elles. La dernière fois que j’avais passé du temps avec l’une d’elles, c’était il y a quelques jours… ou aujourd’hui ? C’était difficile de s’en souvenir pour une raison ou une autre. Dernièrement, chaque fois que la nuit approchait, ma tête devenait lourde et ma vision devenait floue.

Ma seule question était : Combien de temps pourrais-je garder ce secret et combien de temps serai-je maître de mon propre corps ?

☆☆☆

[Point de vue d’Ayuseya]

Un mois après que Zoreya nous ait rejoints, Nanya et moi avions mis Tamara et Shanteya de côté et leur avions parlé de ce qui arrivait à Illsy. À notre grande surprise, nous avions découvert qu’elles aussi avaient remarqué un étrange changement dans son comportement.

Il y avait autre chose que nous avions remarqué, alors qu’il n’était pas au courant. Le cristal sur sa poitrine changeait lentement et passait de son beau vert clair à un rouge foncé et flou. Même quand Tamara l’avait fait remarquer, il n’avait pas l’air de le voir. Shanteya avait remarqué la première fois dans la nuit quand il l’avait demandée en mariage.

Sans aucun doute, Illsy perdait le contrôle, et nous essayions désespérément de trouver un moyen de l’aider à le retrouver. Nous ne voulions pas perdre notre mari, notre amoureux. Il nous avait sauvés une fois, maintenant il était temps de le sauver, mais nous étions tombées dans une impasse.

Aucun des livres ou des histoires que nous avions entendues ne correspondait à ce qui se passait avec Illsy. Tout d’abord, il était un Seigneur du Donjon Divin, et il était quelque chose qui ressemblait à une existence légendaire. Deuxièmement, personne n’avait jamais entendu parler de quelque chose comme les Ténèbres ou le processus de création d’un donjon, c’étaient des mystères complets de ce côté-ci du continent.

Ainsi, nous nous étions concentrés sur les seules autres entités qui pouvaient nous aider… les dieux.

« C’est pour ça qu’on voulait te parler…, » déclara Nanya avec un sourire ironique en regardant Zoreya.

En effet, la femme sérieuse était notre seul pari, notre seul indice quant à ce que nous pouvions faire pour sauver notre bien-aimé Illsy. Nous voulions que les Ténèbres disparaissent et que notre homme soit libre. Même s’il perdait tout son pouvoir, même s’il ne devenait rien de plus qu’un simple Donjon Normal, nous voulions qu’il retrouve sa personnalité, qu’il soit notre Illsy bien-aimé, pas ce qu’il devenait lentement.

« Je vois…, » déclara la Croisée humaine en nous regardant avec un regard sérieux.

Nous lui avions dit tout ce que nous savions depuis le tout début et jusqu’à maintenant.

« Penses-tu pouvoir nous aider ? » demandai-je avec inquiétude.

« Je suis désolée, mais je n’ai jamais rien entendu de tel non plus. Il ne m’est jamais venu à l’esprit qu’il y eût quelque chose comme un sort ou un rituel pour créer un donjon, » répondit-elle en secouant la tête.

« Alors… Maître ne sera plus le Maître ? » demanda Tamara en levant les yeux vers l’El’Doraw.

« Je ne sais pas, ma petite… Je ne sais pas, » répondit Shanteya et caressa doucement sa tête poilue.

« Où est-il maintenant ? » demanda Zoreya.

« Il est parti il y a deux heures, » Nanya croisa les bras au niveau de sa poitrine et ferma les yeux. « Dès qu’il a cru que je dormais, il s’est levé et est parti. »

« La même chose m’est arrivée il y a quatre jours, » déclara Shanteya.

« Je l’ai en effet vu partir plusieurs fois, mais il s’est servi d’un sort étrange et a disparu. En posant des questions le lendemain, c’était comme s’il avait complètement ignoré mes paroles, » Zoreya hocha la tête.

« Je vois…, » avais-je dit.

« Mais ce n’est peut-être pas sans espoir…, » déclara Zoreya en se frottant le menton.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Nanya.

« Si j’atteins l’un des nombreux temples de la guerre de ce continent, je peux demander à Melkuth s’il y a un remède possible, » acquiesça-t-elle, puis elle me regarda. « C’est peut-être la raison pour laquelle il m’a dit de voyager avec vous tous et de simplement observer. Même moi, je pouvais dire qu’Illsyore n’était pas un Donjon normal, il était… c’est quelqu’un de bien, » déclara-t-elle.

« En effet… Il l’est, » Shanteya hocha la tête.

« Le maître est bon. Le maître donne toujours du poisson à Tamara ! » déclara la petite.

« Alors, qu’allons-nous faire ? » avais-je demandé.

« Nous irons vers ce temple de la guerre. Lequel est le plus proche ? » demanda Nanya.

« Ce serait celui de la ville de Teyarion dans le royaume de Tesuar, » déclara Zoreya.

« Hmm… Je me demande si le roi nous en veut encore d’être entrés par effraction dans sa bibliothèque et d’avoir volé ses livres sans valeur comme ça. » Se demanda Nanya en se grattant la joue droite.

« Ils ne devraient pas savoir qui nous sommes. D’ailleurs, nous avons Zoreya ici, qui est une Suprême. Même s’ils découvraient que Shanteya et Illsy sont les voleurs qui sont entrés par effraction dans la Bibliothèque royale, ils n’oseraient pas nous attaquer pendant qu’elle est dans notre groupe, » leur avais-je expliqué.

« C’est tout à fait vrai, » acquiesça-t-elle.

« Ça n’a pas empêché le Prince Reynolds d’attaquer le Maître ? » indiqua Tamara en penchant la tête vers la gauche et en levant les yeux vers Shanteya.

« Le Prince ignorait nos capacités à l’époque, mais attaquer un apôtre de Melkuth, c’est comme attaquer le temple de la guerre et défier Melkuth lui-même. Aucun royaume ne sera aussi stupide, » expliqua Shanteya.

« C’est bien vrai, » Zoreya hocha la tête.

« Hé… se pourrait-il que la raison pour laquelle personne n’a essayé de se battre avec nous soit à cause de toi ? » Nanya avait plissé ses yeux sur la croisée.

« Il est fort possible que nous soyons sous la protection de mon dieu, Melkuth, » elle ne l’avait pas nié.

« Eh bien, je suppose que c’est bien… Soupir, » la démone s’était grattée l’arrière de la tête et avait ensuite tourné son regard vers moi. « Alors, Teyarion est-elle notre prochaine destination ? » demanda-t-elle.

J’avais acquiescé.

Tout le monde était d’accord. Pour sauver notre mari bien-aimé, nous viserions tous le seul indice et la seule chance que nous avions, c’était de prier un Dieu. Malgré tout, j’avais peur que ça ne marche pas, mais je devais avoir foi en Zoreya, qui était l’apôtre de Melkuth. Si même elle n’arrivait pas à faire en sorte que le dieu écoute notre prière, alors qui le pourrait ?

Le lendemain, après le retour d’Illsy, nous avions marché dans la direction du royaume de Tesuar.

***

Chapitre 69 : Cauchemar

[Le point de vue des ténèbres]

Ah ~ douce harmonie de la mort… Il y a si longtemps que je n’avais pas étanché ma soif avec le sang de mes ennemis.

Mes souvenirs étaient échoués sur de petites îles et un océan sans fin.

Le temps du passé et les moments de l’avenir semblaient n’être qu’un seul corps, mais nos souvenirs n’appartenaient ni à l’un ni à l’autre… Nous étions autre chose, une ruche… un essaim… tout simplement, l’obscurité dans l’esprit intérieur d’Illsyore.

Au cours des derniers mois… ou peut-être était-ce des jours ? Il était difficile de compter quand tant de voix résonnaient dans notre tête… têtes ? Chaque jour… ou alors tous les jours, nous avions eu du mal à enfoncer nos vrilles sombres plus profondément dans son âme, à sortir et à éteindre cette dernière flamme d’espoir et de santé mentale qui lui restait, mais qui brûlait… Chaque fois que nous avions touché son âme, cela avait brûlé.

J’étais une fois un Primordial.

J’étais autrefois Divin.

J’étais autrefois un Seigneur du Donjon et il était autrefois un noyau de donjon.

Aucun de nous n’était mort paisiblement. Nos ennemis, nos ennemis communs, les aventuriers, ils… Ils étaient ceux qui nous avaient abattus. C’était eux qui avaient tué chacun d’entre nous !

Mais maintenant, nous étions de retour… Au lieu de fragments d’esprit, nous étions un seul être… nous étions les ténèbres !

Étrange, non ?

Avant notre arrivée dans ce donjon corrompu par des mages noirs, nous étions des esprits différents et nous voulions tous… plus ou moins… aider Illsyore. Il avait l’âme. Il avait tenu les règnes. Nous n’étions que des fragments d’un passé mort et oublié. Pourquoi s’embêter avec vengeance et autre chose ?

Eh bien, quand il avait vaincu ces mages… Quand il avait été attaqué et que son âme s’était retirée, quelque chose s’était produit.

Je… On ne sait pas quoi exactement, mais ça nous avait changé. Cela nous avait tous rassemblés. Nous qui étions de simples fragments d’îles échouées. Cela nous avait unis et nous avait permis de former notre propre… continent. Nous étions d’abord des îles, puis un archipel, puis un continent. Maintenant, nous étions Les Ténèbres… Ce nom, ça sonne bien, ça nous définissait.

Maintenant, nous étions restés assis sans rien faire, corrompant Illsyore, le tuant de l’intérieur, éliminant les parties de lui qui l’avaient défini… lui et y plaçant ensuite des morceaux de nous-mêmes. Aussi étrange que cela puisse être, nous ne pourrions pas le tuer complètement… nous ne pourrions pas supprimer ces morceaux de lui, mais nous pourrions le garder comme ça, le couper en morceaux, en agonie, avec douleur, dans notre folie ! Ces pièces… avaient été enfermées… très loin d’ici, dans un endroit où même lui ne pourrait pas atteindre… ni connaître.

Comme ça, il ne représentait aucune menace pour moi… pour nous. Lui-même n’était pas au courant de ce fait. Il ne savait pas lui-même que les ténèbres, son ombre le contrôlait par-derrière.

Se déplacer à gauche. Se déplacer vers la droite. Saut. Aboyer comme un chien !

Nous pourrions lui donner des ordres. Certains étranges, certains simples, mais c’était tous les nôtres, et aucun ne lui appartenait.

Comme un chiot aveugle, luttant pour retrouver sa mère, nous le laissons errer dans une plaine sans fin, ne le guidant jamais vers son propre but, lui donnant toujours un indice de ceci et de cela pour le pousser dans la mauvaise direction.

Il n’était pas au courant de notre contrôle. Il n’était pas au courant de notre influence. Il craignait que nous le dépassions et que nous couchions avec ses femmes, mais qui avait dit que nous ne l’avions pas déjà fait… par lui ?

La folie le consommerait bientôt. La folie le conduirait bientôt au bord du gouffre. Sa folie allait bientôt nous libérer et nous donner un contrôle total, pas seulement quelques heures. Pourtant, il était toujours fort, toujours pas disposé à céder…

Nous lui avions murmuré dans la nuit, nous avions poussé ses mains pendant la journée, mais il avait toujours lutté. Comme un animal inutile pris au piège, il luttait pour se libérer de l’emprise de la Mort, mais c’était inutile. Bientôt, il ne serait plus… Nous avions juste besoin de temps… Une seconde… Deux secondes… Quelques mois ou quelques jours ? Qui savait ? … Nous savions simplement qu’il céderait et échouerait.

Illsy, tu as créé un corps puissant et beau, nous avons donc décidé de te le prendre et de faire ce que nous désirions.

Muhahaha !

***

[Le point de vue d’Illsyore]

La lumière s’estompait tout autour de moi, le ciel était sombre et dégageait un sentiment inquiétant. C’était comme si le monde entier me maudissait, me fixait, me poussait dans les fentes du sol calciné.

J’avais hurlé aussi fort que possible, mais pas un seul son n’avait quitté mes lèvres.

Je ne savais pas où j’étais

Un jour avait passé, deux… puis j’avais commencé à marcher à travers le désert noir sans fin. Non, ce n’était pas un désert, c’était un terrain vague.

Je ne pouvais voir que des arbres morts et un sol fissuré. Les ossements humains, draconiens, el’doraws, nekatars, démons, monstres, toutes sortes de bêtes et de créatures avaient décoré cet endroit. Les vents soufflèrent doucement, soulevant à peine la poussière du sol en petites spirales. Le parfum qui me caressait était dur, me rappelant une carcasse sèche, mais tout autour, je ne pouvais voir que des os.

Pendant combien de temps avais-je marché, je n’en avais aucune idée. Mais le temps m’avait semblé s’écouler plus rapidement, plus vite que je ne pouvais compter, et je n’avais aucun moyen de l’arrêter.

Je n’avais pas peur, j’étais juste inquiet… mais pour qui ?

Pourquoi suis-je inquiet ? Je me l’étais demandé quand je m’étais arrêté au milieu de la terre désolée et que j’avais levé les yeux vers les nuages noirs et immuables.

Qui était-ce ? J’avais réfléchi puis j’avais regardé mes mains sèches.

Les cristaux sur mes mains et ma poitrine étaient maintenant… rouges ? Pas n’importe quel rouge, ils étaient rouge foncé, presque noir.

« Qu’est-ce que c’est ça ? » déclarai-je en voyant une fissure dans la peau de mon bras gauche.

Je l’avais pincé et enlevé. En dessous, j’avais une peau métallique épaisse, de couleur noir anthracite.

« NON ! » avais-je crié. Puis j’avais sauté en arrière, effrayé de cette vue.

J’avais secoué ma tête. J’avais attrapé mes cheveux. J’avais crié et gémi de douleur alors que je ne saignais pas et que je n’avais même pas été blessé.

« Qu’est-ce qui m’arrive !? » M’étais-je demandé en tombant à genoux.

Après quelques instants passés, je levai les yeux et un frisson me parcourut la colonne vertébrale à la suite de ce que je vis.

Devant moi se tenait… un autre moi. Sa peau était noire d’un noir pur et non pas brun chocolat ou quelque chose comme ça. C’était une couleur inhumaine avec une étincelle métallique ajoutée. Ses yeux étaient rouge foncé, ses cristaux étaient rouge foncé, ses cheveux étaient plus longs que les miens et complètement noirs.

Il me souriait en me montrant ses dents rouges telles du sang. J’avais bronché.

« Qu-Quoi ? Qui-qui ? Qui es-tu ? » demandai-je avec mes lèvres tremblantes de peur et de choc.

« Je suis… les Ténèbres ! Bienvenue dans la réalité ! » Il avait ri et étendit les bras.

J’avais regardé autour de moi. Cet endroit était vraiment réel, mais je ne pouvais pas l’accepter. Tant de ténèbres, de tristesse, je ne pouvais pas accepter que quelque chose comme ça existait.

« Tu ne me crois pas ? » Demanda-t-il avec un ton de voix apparemment blessé.

Il éclata de rire.

« Toi et moi sommes les derniers survivants de cet endroit… Bien… Des survivants du donjon. Il reste encore quatre traîtres à soigner ! » Il avait souri.

« Quatre traîtres ? » demandai-je, puis il pointa du doigt sur sa gauche.

Là où il n’y avait auparavant que des os et de la poussière, mes femmes et mon esclave se trouvaient maintenant armées d’armes et d’armures que je n’avais jamais vues auparavant, à l’exception de l’épée de Nanya. Il y avait un regard féroce dans leurs yeux, une résolution inébranlable pour achever leur mission.

« Nanya, Shanteya, Ayuseya et… Tamara ? » demandai je, surpris.

« Les quatre traîtresses, en effet. Elles ont rempli ta tête avec de la boue et de la crasse. Elles ont souillé ton âme de mensonges d’amour pour t’abandonner à la fin. » Il souriait.

« Non ! Cela n’est jamais arrivé ! » répliquai-je.

« Vraiment ? Alors qui se tient à côté d’eux ? » demanda-t-il en les montrant du doigt.

Quand j’avais regardé en arrière, j’avais vu Dankyun portant sa vieille armure et tenant une épée en or dans ses mains. Il se tenait entre Nanya et Ayuseya.

« Non…, » avais-je dit.

« Oh oui…, » Les Ténèbres sourirent.

« Vous m’avez peut-être vaincu une fois, mais je ne serai plus vaincu ! Cette fois, mes épouses sont à mes côtés ! » cria Dankyun.

Épouses ? avais-je pensé, surpris.

C’est alors que j’avais remarqué les alliances sur les annulaires d’Ayuseya et de Nanya. Au lieu de mes bagues enchantées, j’avais vu deux anneaux dorés.

« Je t’avais fait confiance, Illsy, et tu m’as trahie… Tu pensais vraiment que je voulais être l’une de tes femmes ? Tu ne m’as pas mieux traité que la guilde des assassins ! » Cria Shanteya.

« Tu étais censé être mon maître, mon ami… mais tu es devenu mon bourreau ! » s’écria Tamara.

Cela ne se passe pas ainsi ? Je secouai la tête et essayai de me rappeler comment tout cela était arrivé, mais je ne pouvais pas.

Aucun souvenir de mon passé ne semblait revenir, pas même de ma vie passée. C’était comme si le vrai Illsyore était comme ça… avant moi.

« Je vais aller les finir maintenant…, » les ténèbres sourirent puis se précipitèrent vers elles.

J’avais regardé avec horreur la suite de la bataille. Sans le Lien de Confiance, elles ne pouvaient pas combattre sur un pied d’égalité contre ce monstre, pourtant elles avaient essayé… et Dankyun était là, les aidant.

La bataille était déséquilibrée, Les Ténèbres ne faisaient que s’amuser avec eux. Chaque fois que Nanya frappait avec son épée, le sol était taillé, le ciel était coupé, et il bâillait simplement. Lorsque Dankyun avait essayé d’attaquer, il avait été balayé comme un insecte ennuyeux. Lorsque Tamara avait essayé de faire quelque chose, elle avait été écrasée au sol. Lorsque Shanteya avait lancé une attaque sournoise, il avait saisi sa dague mortelle entre ses doigts et l’avait brisée.

En d’autres termes, se battre contre lui était sans espoir, et malgré tous mes efforts, peu importe la façon dont je me battais, je ne pouvais pas penser à un moyen de les aider, de mettre fin à ses ravages. À ce rythme, ils mourraient…

Mais Nanya et Ayuseya m’ont trahi en première… elles sont allées auprès de Dankyun… elles l’ont épousé…, commençais-je à penser, sentant comme si les mots des Ténèbres étaient la dure et froide réalité.

« S’il te plaît, arrête…, » murmurai-je.

« Ah ! » Cria Nanya alors qu’elle était coupée en deux avec sa propre épée maniée par les Ténèbres.

« NON ! » avais-je crié.

« Meurtrier ! Monstre ! » Cria Shanteya, mais sa fin fut aussi rapide.

Les larmes coulaient sur mes joues quand je les ai vues tomber, mourant l’une après l’autre. Puis à ma droite, j’avais vu Tamara. Elle avait été blessée, son bras gauche avait été coupé au coude et elle saignait abondamment. Avec un souffle lourd, elle me regarda avec des yeux remplis de haine et leva son épée.

J’avais senti un frisson me parcourir le dos.

Même Tamara ? avais-je pensé.

« Vous… vous êtes un donjon… Vous êtes comme les autres… Vous devez MOURIR ! » Cria-t-elle en baissant son épée.

J’avais crié… et je m’étais réveillé.

Respirant lourdement, je regardai autour de moi, transpirant et tremblant.

Quoi ? Où suis-je ? pensai-je, surpris.

Je n’étais plus dans ce terrain vague et sombre. C’était la pièce que j’avais créée hier lorsque nous nous étions arrêtés pour installer le camp.

En regardant à ma droite, j’avais vu Nanya qui dormait paisiblement, puis à ma gauche Shanteya. Elles portaient toutes les deux leur chemise de nuit et j’avais mon pantalon. Hier soir, nous n’avions rien fait, mais mes souvenirs étaient flous. Je ne pouvais pas leur faire confiance.

En me frottant les yeux et le front, j’avais essayé de me rappeler ce qui s’était passé. Comment étais-je arrivé ici ?

Nous étions dans une auberge à Tranviur, une ville frontalière du royaume de… quel est le nom du royaume ? Cordina ! Oui ! Royaume de Cordina. Nous allons à Tesaur parce que Zoreya veut y aller et offrir une prière officielle à son dieu, Melkuth. Nous sommes maintenant à mi-chemin vers Teyarion, une ville dans le désert. Oui… je m’en souviens maintenant. J’avais réfléchi puis pris une profonde inspiration pour me détendre.

C’était un cauchemar, tout cela n’était qu’un cauchemar diabolique et effrayant. En regardant les cristaux sur mes bras, j’espérais les voir dans leur ton vert habituel, mais ce n’était pas comme ça.

« Rouge…, » murmurai-je de peur.

Mes cristaux contenaient un brouillard rouge foncé qui dévorait la couleur verte. Je frissonnais dans le dos et j’examinais ma peau. Il ne s’en allait pas. J’avais laissé échapper un soupir de soulagement.

Bientôt… J’avais entendu la voix des ténèbres.

« Qui !? » j’avais crié et je m’étais levé en regardant autour de moi.

Il n’y avait personne là-bas. Je tremblai et baissai les yeux sur les cristaux sur mes mains. À ce moment-là, je m’étais souvenu de l’autre moi, le noir, souriant et combattant mes femmes.

« Illsy ? » Demanda Nanya avec un faible ton de voix alors qu’elle se frottait les yeux, luttant pour chasser le sommeil.

« Je-je suis ici… Je viens d’avoir un cauchemar…, » dis-je en lui montrant un sourire forcé.

« Vraiment ? Détends-toi, tu es en sécurité… nous sommes là. » Elle m’avait fait un doux sourire.

Au lieu de me sentir soulagé, j’avais ressenti une douleur qui me brûlait le cœur. Je m’étais souvenu de la bague au doigt de ce rêve.

« Nanya… tu n’as jamais eu l’intention de retourner auprès de Dankyun, non ? » demandai-je d’un ton faible.

« Hein ? Ce mec ? Non ! Je préférerais me mordre la langue ! D’où ça vient, Illsy ? » demanda-t-elle avec inquiétude.

« Rien…, » j’avais secoué la tête et j’avais souri. « C’est juste un cauchemar… C’était juste un cauchemar. »

« Eh bien, essaie de l’oublier, Illsy, peu importe ce qui se passe, tu es l’homme que j’ai choisi ! Il n’y aura JAMAIS quelqu’un d’autre ! » Elle acquiesça avec confiance.

« Oui, c’est vrai, » j’avais laissé échapper un soupir puis m’étais frotté le front.

« Mn ? Que se passe-t-il ? » Demanda Shanteya, endormie, en se levant et en laissant sortir un bâillement.

Ce faisant, ses bretelles de chemise de nuit tombèrent et sa poitrine me fut complètement révélée. J’avais rougi.

« Rien…, » murmurai-je.

« Hm ? » Nanya la regarda puis sourit. « Illsy, je pense avoir le moyen idéal de guérir ce cauchemar ! » Elle avait souri puis laissa tomber sa chemise de nuit, révélant sa poitrine généreuse.

« Euh… je vais passer… je ne suis pas d’humeur…, » j’avais secoué la tête puis j’étais parti.

Je voulais le faire, je le voulais vraiment… mais… j’avais peur de ne pas pouvoir contenir l’obscurité. Encore une fois… et si je les blessais en le faisant ? Et si quelque chose se passait ? Je ne pouvais pas risquer ça.

Avec de telles pensées me traversant l’esprit, j’avais descendu les escaliers et étais sorti pour prendre une bouffée d’air frais et me calmer.

***

[Le point de vue de Nanya]

« Illsy vient-il de nous laisser tomber ? » demandai-je, surprise.

« Je le crois…, » Déclara Shanteya avec inquiétude.

« Soupir… Sa tête idiote doit être remplie d’inquiétudes en raison de ces stupides ténèbres…, » j’avais gémi et m’étais frotté l’arrière de la tête.

Nous commencions à être vraiment frustrées parce qu’il nous évitait toutes. C’était comme si Illsy n’était plus ravi par nos corps féminins, mais j’aurais été idiote de croire en quelque chose comme ça.

« J’espère vraiment que Zoreya pourra lui trouver un remède…, » déclara Shanteya.

« Elle est notre seul espoir, pour être honnête… Je ne sais pas comment guérir quelque chose comme ça. Je ne peux que lui pardonner pour tout ce qu’il fait, » j’avais laissé échapper un soupir.

« J’aimerais pouvoir lui dire que nous savons et que nous sommes à ses côtés, que nous faisons de notre mieux pour l’aider, » déclara Shanteya alors qu’elle se levait et commençait à se changer.

« Moi aussi, mais si nous faisons cela… Les Ténèbres le sauront et pourraient essayer de précipiter les choses. Nous ne voulons pas quelque chose comme ça…, » je m’étais laissée tomber sur le lit, les bras écartés et en soupirant.

« Ayuseya est vraiment forte…, pour avoir gardé quelque chose comme ça secret et lutter pour savoir si elle devait nous le dire ou non et quand…, » déclara Shanteya.

L’El’Doraw ne le détestait pas pour ça, alors qu’elle était la première à signer un contrat avec Illsy. Cependant, même elle comprenait maintenant pourquoi au début, quand elle était entrée dans son Esprit intérieur, il y avait tant de ténèbres. Plus encore, pourquoi ces ténèbres semblaient-elles avoir un esprit bien à eux et se déplacer sans qu’Illsy les ordonne spécifiquement ? Au début, cela nous avait aidés d’une manière étrange, mais ensuite… cela avait changé.

Le moment de ce changement, si je devais mettre le doigt dessus, c’était soit lorsqu’Illsy avait gagné un corps humanoïde, soit lorsqu’il avait été attaqué par les Mages Noirs. Peut-être que, à l’époque, son âme avait été affaiblie, ou que cela affectait tous ses esprits. De toute façon, les choses ne semblaient pas trop bonnes pour lui.

Personnellement, je craignais le pire résultat qui fut possible. Qu’Illsy finisse par être absorbé par Les Ténèbres, et que nous finissions par devenir des jouets de cette chose. L’homme que nous aimions était Illsy, pas les Ténèbres…

***

Chapitre 70 : Souvenirs et tourments

Partie 1

[Point de vue de Zoreya]

Au cours des quatre derniers mois, j’avais observé et analysé attentivement le comportement du Seigneur du Donjon Illsyore. La plupart du temps, il se comportait comme un individu calme et d’une bonne nature.

Nous avions parcouru tout le continent à une vitesse que j’avais rarement eu l’occasion d’atteindre. Quand j’étais au service du Prince Reginald, je n’allais jamais plus vite ou plus lentement que lui, mais avec le groupe d’Illsyore, je pouvais utiliser ma vitesse maximale sans craindre de les laisser derrière moi. Au contraire, il y avait eu des moments où c’était eux qui m’avaient laissée plus d’une fois derrière eux.

Au moment où j’avais rattrapé mon retard, ils m’avaient accueillie avec un sourire et peut-être une blague ou deux. Quant à la nourriture et aux autres nécessités, je n’avais même pas eu l’occasion d’épuiser mes propres réserves. Les femmes étaient toujours gentilles et partageaient la nourriture avec moi, quant au Seigneur du Donjon, il refusait de me laisser manger seule.

Ce qui m’avait le plus surprise, c’était leur attitude à l’égard de mes moments de prière.

Tout au long de ma vie, j’avais eu la chance de me joindre à de nombreux aventuriers et nobles seigneurs dans leurs quêtes. Chaque fois qu’il était temps pour moi de prier, ils essayaient toujours de m’interrompre brutalement ou de remettre en question ma foi. En tant qu’apôtre et disciple de Melkuth, je les avais ignorés et leur avais fait croire ce qu’ils voulaient. Je n’avais aucune raison de leur imposer la foi de mon dieu. S’ils n’étaient pas eux-mêmes attirés par elle, alors la forcer sur eux mènerait seulement à une foi creuse indigne d’un vrai disciple.

C’était mieux sans de telles personnes que de les voir m’entourer, simulant leur croyance pour ensuite essayer de me poignarder dans le dos.

Illsyore avait demandé à ses femmes de ne pas me déranger pendant de telles périodes. J’avais seulement besoin de leur faire savoir, et ils s’arrêtaient pour m’attendre ou pour me donner l’intimité dont j’avais besoin. Le seul autre individu qui avait fait cela était le prince Reginald.

Sur cette note, Melkuth m’avait souvent dit de rester près d’eux. Quand je l’avais fait, j’avais commencé à deviner pourquoi il en était ainsi. Ils n’avaient pas volé les pauvres ni blessé les innocents. À ceux qui s’étaient retrouvés en difficulté, ils avaient offert un coup de main sans même demander une seule pièce de cuivre en retour. Pour ceux qui voulaient leur faire du mal, ils étaient comme des monstres enragés baignant dans les flammes de la guerre.

Une ou deux fois, j’avais eu la chance de m’entraîner avec eux. Par conséquent, j’avais découvert certaines choses à leur sujet.

Tamara était la plus faible du groupe, et bien qu’elle soit l’esclave d’Illsyore, elle se comportait plus comme une femme libre, et les autres l’avaient aussi reconnu. Je n’avais même pas entendu le Seigneur du Donjon lui ordonner quelque chose. La nekatare n’avait jamais été dérangée par ses capacités de combat inférieures et avait passé la plupart de son temps à chasser les oiseaux et les poissons. D’une certaine façon, elle était comme une jolie petite sœur pour nous tous.

Après elle, Ayuseya, la princesse draconienne, était la deuxième plus faible en matière de prouesse au combat. J’avais été surprise d’apprendre qu’elle était issue d’une famille noble, et plus encore d’apprendre qu’elle ne souffrait pas de la malédiction qui, selon la rumeur, affligeait toute la famille royale Pleyades.

Cette femme était étrange. Quand Illsyore était avec ses autres femmes, elle agissait avec indifférence et élégance. Quand il était temps pour elle de l’emmener au lit et de faire ce que les hommes et les femmes font habituellement ensemble la nuit, elle devenait une séductrice qui s’accrochait constamment à lui. Quand une autre femme essayait de s’approcher de lui, elle devenait effrayante… en sifflant et en la regardant fixement comme une bête sauvage.

Shanteya, en termes de force et de mana était un peu en dessous de la femme draconienne, mais parmi toutes, je la craignais le plus. J’avais appris que c’était une ancienne assassine, mais son talent ne s’était pas du tout émoussé. Astucieuse, tactique et secrète, elle se déplaçait toujours dans l’ombre pour achever ses adversaires. Ceux qui osaient diffamer le nom d’Illsyore étaient souvent retrouvés après coup battus à moitié à mort dans une ruelle sombre.

La plus forte d’entre elles était Nanya. Je n’avais jamais pu battre cette femme en combat loyal. Ses capacités avec la magie étaient impressionnantes. Son talent avec son épée noire était incroyable. Sa force était déraisonnable. Contre elle, je ne pouvais que me défendre. Quant à son attitude envers Illsyore, elle était du genre ludique, qui essayait souvent de nous faire des farces.

J’avais appris à mes dépens qu’il fallait être prudente avec elle. Cette démone avait rendu mes cheveux roses pendant un jour, m’avait fait parler à l’envers pendant deux jours, et… m’avait fait perdre plus de paris que je ne le voulais.

Quand il s’agissait d’autres femmes qui approchaient Illsyore, elle était généralement la première après Ayuseya à réagir. Si la draconienne n’était pas là, elle prenait les choses en main, mais j’aimerais qu’elle arrête de m’obliger à utiliser sur Illsyore mon bouclier comme un marteau. Hélas, une croisée devait tenir parole… même si cette parole était donnée lors d’un pari sur la distance à laquelle deux grenouilles placées l’une à côté de l’autre pouvaient sauter si elles étaient effrayées en même temps.

Quant à ceux qui osaient sortir une épée pour menacer Illsyore, elle avait un remède très simple. Elle s’approchait d’eux, saisissait leur lame et la cassait en deux. Peu d’entre eux avaient osé réessayer.

Dans l’ensemble, c’était un groupe intéressant et ce n’était pas du tout comme je m’y attendais au départ. Les femmes aimaient vraiment Illsyore, et il répondait à leur amour d’une manière égal, mais dernièrement… il avait agi étrangement.

Plus d’une fois, je l’avais vu regarder des ombres ou se retourner comme si quelqu’un venait de lui murmurer quelque chose d’épouvantable. Lorsqu’il était engagé au combat, il avait de la difficulté à contrôler son envie de tuer, presque comme s’il luttait contre une force invisible. Entre-temps, certaines nuits, il s’enfuyait dans la nature et ne revenait que le lendemain matin. J’avais essayé de le poursuivre une fois, mais il était plus rapide que moi.

C’est plus tard que j’avais appris l’existence des Ténèbres, qui essayaient de prendre le contrôle de lui.

J’avais un très mauvais pressentiment à ce sujet, mais ce n’est qu’à travers une méditation profonde avec Melkuth que je pourrais trouver une réponse à cela, et cela ne pouvait se faire que dans un de ses temples.

En théorie, je pourrais le faire n’importe où, mais si cette chose à l’intérieur de l’esprit d’Illsyore parvenait à obtenir un fragment de notre plan, le temple serait le seul endroit où je serais complètement protégée par mon dieu dans une méditation et une transe aussi profondes. Mieux valait prévenir que guérir.

Ainsi, nous nous étions rendus à Teyarion, la ville désertique du royaume de Tesuar. J’y trouvais le temple de la guerre et commençais à prier mon Dieu, Melkuth. Pendant ce temps, Nanya, Shanteya, Ayuseya et Tamara surveillaient tous de près Illsyore pour s’assurer qu’il était toujours là ou pas.

« Il fait chaud ! » se plaignait la nekatare.

« En effet, » dit Shanteya.

Elles respiraient toutes les deux intensément. Nanya se servait d’un éventail pour se rafraîchir, tandis qu’Ayuseya portait des vêtements très fins, au point de montrer dangereusement ses formes.

Pendant ce temps, j’avais remercié Melkuth pour l’enchantement de régulation de température de mon armure. Quant à Illsyore, il avait l’air calme.

« Je crois que je le vois…, » avait-il désigné la ville.

« C’est bien ça…, » avais-je dit et puis j’avais poussé un petit soupir.

En le regardant de loin, j’avais commencé à me rappeler un peu de mon passé. Pour être plus précis, de l’époque où cette ville n’était rien de plus qu’une petite ville près d’une oasis.

« C’est ici que j’ai reçu le bouclier de Melkuth, » avais-je dit.

« Vraiment ? Je ne savais pas que cet endroit avait une telle histoire. Peux-tu m’en parler ? » demanda-t-il avec curiosité.

Il n’y avait aucune raison de ne pas le faire, alors j’avais commencé à parler de la façon dont j’errais dans les rues quand j’étais jeune fille, faisant de mon mieux pour survivre et pensant constamment au moment où j’allais prendre ma revanche sur Dankyun.

« Ne l’as-tu pas eu en priant dans un temple ? » demanda Nanya avec curiosité.

« Non. » J’avais nié de la tête. « Là-bas, avant la guerre, il y avait un petit manoir appartenant à un noble. Les murs étaient épais et hauts. Beaucoup de voleurs essayaient d’entrer, mais il avait un garde du rang Empereur qui pouvait facilement les repousser. Un soir, affamée et seule, je me suis dirigée vers cette zone. À ce moment-là, deux voleurs ont réussi à entrer par effraction et à repartir avec des marchandises. Ils m’ont vue et ont décidé de me faire taire. »

En parlant, j’avais commencé à me rappeler à quel point j’étais effrayée quand je les avais vus pour la première fois. Au début, je n’avais pas pensé que c’était des voleurs, mais quand ils m’avaient montré du doigt et déclaré ma mort, j’avais tremblé de peur comme un agneau sans défense devant un dayuk affamé.

« Que s’est-il passé ensuite ? » demanda Illsyore.

« Ils m’ont attrapée et ont essayé de me trancher la gorge, mais à ce moment précis… Ce bouclier est tombé du ciel juste au-dessus d’eux, » avais-je gloussé. Et je l’avais tapoté doucement.

« Ça a dû faire mal, » dit Nanya.

« Oui, ça les a tués sur le coup. Je me souviens qu’après ça, Melkuth a dit quelque chose comme : ah ! J’ai écrasé un insecte… Eh bien, peu importe. Prends le bouclier et apporte-le au temple de la guerre le plus proche. Si tu fais ça, je ferai de toi un apôtre ! Mais j’attendrai que tu sois assez grande pour me plaire… »

« Il t’a dit exactement ces mots ? » m’avait demandé Illsyore, surpris.

« Oui. Je me souviens de chacun de ses mots comme d’un souvenir cristallin d’hier. C’était la première fois que Melkuth me parlait, donc c’était assez… choquant, » avais-je gloussé.

« WÔW ! » déclara Illsyore.

« Pourquoi attendre de grandir, Nya ? » demanda Tamara.

« Tous les apôtres de Melkuth en sont devenus un après l’âge de 21 ans. J’ai reçu le don à l’âge de 24 ans, » avais-je hoché la tête joyeusement.

« Je pense qu’il attendait juste que tu grandisses… plus, » déclara Illsyore en regardant ma poitrine.

« Elle n’a pas dit ça ? Attends… Qu’est-ce que tu regardes ? » demanda Nanya en plissant les yeux.

Il regardait les gravures sur mon armure, non ? C’est vrai, ils sont très bien faits. Je les aime bien moi-même, avais-je pensé.

« Rien… le ciel ? » répondit-il en levant les yeux.

Je n’avais pas compris.

« Tu pensais à la taille de sa poitrine, n’est-ce pas ? » demanda Ayuseya en le regardant fixement.

« Euh…, » il avait essayé de reculer, mais les deux femmes le coinçaient.

En regardant en bas, j’avais plissé mes sourcils. Mon armure n’était pas révélatrice. On pouvait à peine dire si mes seins étaient grands ou petits. Bien qu’en fait, il sache déjà de quoi j’avais l’air sous mon armure. Mais cela n’avait rien à voir avec mon histoire ni avec la raison pour laquelle Melkuth m’avait choisie.

Quant à cet événement particulier, cela s’était produit il y a environ trois semaines.

Un matin, après m’être réveillée un peu plus tôt que d’habitude et sachant qu’il y avait une chute d’eau à proximité, j’étais allée là-bas pour me purifier. L’eau froide était parfaite pour ma méditation, et je ne m’attendais pas à être suivie. Au cas où, j’avais fouillé la zone quelques fois avant de choisir un bon endroit où je pourrais me déshabiller et retirer mon armure.

Sans même porter une seule lanière de vêtements sur mon corps, je m’étais enfoncée dans l’eau froide et j’avais nagé jusqu’aux rochers sous la chute d’eau. J’en avais choisi un avec une surface plane, j’avais grimpé dessus et j’avais commencé à méditer en silence. C’était si paisible que j’avais failli perdre la notion du temps. Pendant ce temps, Illsyore et ses femmes se réveillèrent. Voyant que je n’étais pas là, ils avaient commencé à me chercher pour me faire savoir que le petit déjeuner était prêt.

Celui qui m’avait trouvée n’était autre qu’Illsyore. Il était apparu de l’autre côté du petit lac et m’avait regardée droit dans les yeux. Au début, je ne savais pas comment réagir. Il avait rougi et s’était retourné. Calmement, j’étais retournée sur le rivage, je m’étais séchée et j’avais remis mes vêtements et mon armure.

Pendant tout ce temps, le Seigneur du Donjon attendit tranquillement. Quand je m’étais approchée de lui, il avait évité mon regard comme un adolescent gêné.

« Euh… Tu… Tu es vraiment belle, Zoreya, » m’avait-il dit.

À ce moment-là, mes joues se mirent à rougir, et j’avais évité rapidement son regard. J’avais répondu avec un « merci » à peine audible et nous étions ensuite retournés au camp.

Après m’être remémoré cela, les yeux d’Illsyore laissaient sortir des larmes et ses joues étaient rouges. De chaque côté, il y avait l’empreinte nette d’une paume. En le voyant comme ça, je m’étais mise à rire.

En entrant à Teyarion, j’avais été emportée par mes souvenirs d’adolescence. Cet endroit était plus animé qu’avant, mais il avait aussi beaucoup changé. C’était presque méconnaissable. En plus de la façon apparemment sans vie dont tout le monde était habitué à construire sa maison, brique d’adobe sur brique d’adobe tenue ensemble par une charpente de bois, seuls les temples et le manoir du seigneur local avaient un style architectural différent. L’odeur distincte d’argile, de foin et de routes sales imprégnait encore l’air autour de nous comme il y a si longtemps.

Malgré cela, les enfants jouaient, riaient ensemble, tandis que les adolescents et les adultes travaillaient dur dans leur travail quotidien. Ceux qui ne l’avaient pas fait étaient les rejets habituels de la société, les voleurs et les indisciplinés.

Les gardes aux portes n’avaient même pas essayé de nous empêcher d’entrer. La sécurité était laxiste comme d’habitude.

« On devrait trouver une auberge…, » déclara Nanya.

« Je veux du poisson ! » s’était plainte Tamara.

« J’en ai encore un peu. On le cuisinera quand on y sera. » Illsyore lui tapota la tête, et elle pencha en arrière les oreilles.

« J’irai avec vous à l’auberge, puis je me dirigerai vers le temple. » J’avais révélé mes plans pour la journée.

« Le temple ? » demanda Illsyore.

« Ils ont construit un temple de la guerre dans cette ville. En tant qu’apôtre, je dois aller rendre hommage à mon dieu, Melkuth, » avais-je hoché la tête.

« Je vois. Amuse-toi bien alors. » Illsyore acquiesça d’un signe de tête, mais il ne semblait pas soupçonner quoi que ce soit.

Après notre arrivée à l’auberge, nous avions réservé deux chambres. L’une était pour moi et l’autre pour eux. Ils n’avaient qu’une chambre à deux lits, mais Illsyore prévoyait d’absorber ledit lit et de le remplacer par un des siens. C’était leur stratégie habituelle. Ils couchaient tous ensemble dans son lit confortable.

Une fois installée, j’avais quitté l’auberge, j’étais allée directement au temple.

***

Partie 2

[Point de vue de Nanya]

Pour être honnête, j’avais un pressentiment bizarre de la part d’Illsy. Mon côté démoniaque faisait des siennes chaque fois qu’il partait pendant la nuit. D’une certaine façon, je m’étais réveillée avec l’impression de le perdre.

C’était une chose étrange qui m’était arrivée, mais j’étais certaine de n’avoir jamais rien ressenti de tel auparavant. Cette peur, cette sensation était quelque chose de nouveau et de terrifiant. La première fois que je l’avais senti, c’était pendant l’Ancien Donjon de Mehalom. Elle était trop faible à ce moment-là, mais c’était certainement le même type de sensation, une sensation épouvantable.

Je pensais que c’était une chose unique, mais c’était arrivé encore et encore, même lorsque nous nous battions au château contre les troupes de Reynolds. C’était juste un moment, mais quand j’avais regardé Illsy, j’avais senti un frisson couler le long de ma colonne vertébrale jusqu’au bout de ma queue.

Dernièrement, cependant, j’avais eu ce sentiment étrange presque tous les soirs.

Si quelqu’un me demandait ce qui n’allait pas, j’attribuais cela à un mauvais rêve ou à un souvenir de Dankyun. Personne ne connaissait la vérité parce que même moi, je n’étais pas sûre de ce que c’était.

Au début, je pensais que c’était de la jalousie envers Shanteya et Ayuseya, mais ce n’était pas ça. Après la nuit où il m’avait embrassée, moi et l’El’Doraw, j’étais certaine de ne rien ressentir de tel pour elles. En fait, je commençais à être curieuse de tester un quatuor avec Ayuseya également. J’avais peut-être involontairement réveillé mon côté pervers, mais nous étions toutes comme ça… pour une raison étrange, je l’avais vu comme si cela nous rendrait tous complets.

J’y avais réfléchi pendant un moment.

Finalement, j’en étais venue à la conclusion que mon côté démoniaque acceptait Illsy, Ayuseya et Shanteya dans leur ensemble. Penser à une nuit passionnante avec nous tous m’avait fait vibrer et je la voyais comme une perfection absolue. Penser à moi sans Illsy et seulement Ayuseya ou Shanteya me donnait une impression… bizarre, fausse, incomplète ?

Mon instinct était bizarre, et je savais avec certitude qu’Ayuseya n’avait rien de tel. Elle ne voulait Illsy que pour elle-même. Pour elle, la nuit parfaite était avec notre mari seul et loin de nous, les autres épouses. La princesse draconienne était avide.

Quant à Shanteya… Je ne sous-estimerai plus jamais ses capacités sous les draps !

Alors, la jalousie n’était-elle pas…

Je m’étais creusé la cervelle encore et encore… Chaque nuit, quand il était parti, j’avais peur… une peur me tourmentant. Quand il était revenu, je me sentais en paix, mais cela n’arrivait pas souvent, et ce n’était pas toujours si terrible.

Cette sensation, cet instinct, ou je ne sais pas comment je pourrais l’appeler, faisait certainement partie de mon côté démoniaque, peut-être un don génétique de ma mère ? Néanmoins, il s’était renforcé de façon gênante au cours des derniers jours avant d’arriver à Teyarion.

C’était comme si quelque chose en moi me mettait en garde contre quelque chose d’horrible.

En m’asseyant sur le lit de l’auberge de Teyarion, j’avais levé les yeux vers le plafond, et une pensée m’avait traversé l’esprit.

Cette peur… C’est peut-être la peur de perdre un compagnon ?

D’une certaine façon, c’était logique. Les seules fois où j’avais senti ça, c’était quand les Ténèbres avaient pris le dessus.

En tant que démone, perdre mon compagnon était probablement l’une des pires choses qui pouvait m’arriver. Ma mère m’avait toujours dit que lorsque mon côté démoniaque en choisit un, il s’accrochait à lui pour la vie et ne se laissait jamais aller. Illsy était celui que j’avais choisi.

Mais si les Ténèbres prenaient le pouvoir et le détruisaient…, la peur venait exactement de là. J’avais l’impression que c’était plus urgent pour moi que jamais de ne pas laisser cela arriver.

Tandis que je pensais à de telles choses, je l’avais soudain sentie à nouveau. Mon cœur s’était serré dans ma poitrine, et j’avais commencé à respirer fort. J’étais dans la pièce avec Ayuseya, qui était en train de lire un livre. Shanteya n’était pas à l’auberge, elle était partie chercher des informations et voir si elle pouvait acheter des livres pour Illsy. Quant à lui, il était en bas avec Tamara, en train de cuisiner du poisson.

Il n’y avait aucun moyen de leur faire savoir ce qui m’arrivait, mais j’avais entendu une agitation en bas.

« Qu’est-ce que c’était ? » demanda Ayuseya, surprise.

La sensation était plus faible, mais le sentiment de peur n’avait pas disparu. J’avais essayé de me calmer.

« Je… Je ne sais pas…, » j’avais levé les yeux vers la porte, puis vers la draconienne.

Mes mains tremblaient encore un peu, mais j’arrivais à les arrêter.

« Je vais aller vérifier, » avais-je annoncé en me levant de mon lit.

« Je viens aussi, » dit la princesse draconienne.

Nous étions descendues toutes les deux et étions tombées sur une scène troublante.

Tamara se cachait derrière un poteau, frissonnait et pleurait, tandis qu’Illsyore était de l’autre côté, respirant fort et tenant sa tête comme s’il avait un terrible mal de tête.

Quand il nous avait vus, il nous avait regardés avec son œil droit tout rouge.

« QU’EST-CE QUE TU REGARDES !? » cria-t-il, puis gémit-il. « Je suis désolé…, » murmura-t-il, puis trébuchant en arrière, il avait saisi sa tête et tomba sur ses genoux.

Nous l’avions regardé en état de choc, incapable de comprendre ce qui se passait, mais à l’intérieur, la peur était devenue plus forte. J’avais tenu ma poitrine et j’avais tremblé.

Est-ce vraiment Illsy ? m’étais-je demandé.

Un instant plus tard, il s’était calmé, et ses yeux étaient revenus à leur couleur normale, un magnifique vert jade. La peur avait également disparu.

« Je suis désolé… Je suis désolé…, » dit Illsy alors qu’il pleurait.

« Tout va bien, mon amour, » Ayuseya était allée le réconforter pendant que je marchais vers la pauvre Tamara.

« Que s’est-il passé ? » lui avais-je demandé.

« Je ne sais pas… Les Ténèbres… Maître… il souffrait et…, » renifla-t-elle.

« Viens ici, » avais-je insisté.

Tremblante, elle m’avait sautée dans les bras, et j’avais caressé sa tête poilue. Quelque chose l’effrayait, quelque chose qu’elle ne comprenait pas.

En regardant Illsy, je commençais à craindre que nous n’ayons plus vraiment beaucoup de temps à perdre à ne rien faire.

Zoreya, s’il te plaît, revient avec de bonnes nouvelles…, avais-je pensé.

***

[Point de vue de Tamara]

Le maître allait me préparer du poisson ! J’étais heureuse !

Après avoir parlé avec le propriétaire de l’auberge, il nous avait permis d’utiliser sa cuisine pour une somme modique. Le maître n’avait eu aucun problème à lancer une pièce de cuivre pour ça, et nous étions tous les deux entrés dans la pièce.

« Tu ne peux pas attendre, n’est-ce pas ? » demanda le maître avec un sourire éclatant sur son visage.

« Nya ~ ! » J’avais hoché la tête et léché les lèvres.

J’avais les oreilles qui tremblaient, et je m’étais empressée de l’aider à nettoyer les légumes.

Pendant que nous cuisinions, j’avais senti un étrange picotement sur mon dos. J’avais regardé autour de moi, mais il n’y avait rien. Puis j’avais vu le Maître. Il tenait sa tête avec sa main droite comme s’il souffrait. Je m’étais inquiétée, alors je l’avais approché avec précaution.

« Maître ? Qu’est-ce qu’il y a ? » lui avais-je demandé.

« Argh…, » il avait gémi et détourna le regard.

Mes moustaches me picotaient, et j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose de dangereux autour de moi, mais j’étais avec le Maître, il n’y avait aucun danger. Est-ce que j’avais tort ?

« Maître ? » avais-je crié vers lui.

Il n’avait pas répondu.

« Maître ? Maître ? Est-ce que ça va ? Nyu. » je lui avais demandé cela alors que j’avais baissé mes oreilles et que je l’avais regardé d’un air inquiet.

« Prendre…, » murmura-t-il.

« Maître ? » je m’étais accroché à ses vêtements. « Maître ? Qu’est-ce qu’il y a ? » lui avais-je demandé.

Il m’avait alors soudainement regardée d’un air ébloui. Je m’étais figée.

Ce… Ce n’est pas le maître… En regardant son œil droit rouge foncé.

Le côté gauche de son visage souffrait, tandis que l’autre semblait en colère.

« LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! VOUS ! » ce truc à l’intérieur du Maître m’avait crié dessus et m’avait jetée hors de la cuisine.

C’était une force invisible, l’une des compétences les plus utilisées du Maître : [Télékinésie]. J’avais atterri sur mes pieds, mais je ne pouvais pas me lever. Le collier autour de mon cou me faisait mal. Il m’étranglait et me brûlait…

« Ça fait mal… nya… Maître…, » avais-je dit en le regardant.

Il se débattait avec de la douleur assaillant sa tête et avait l’air d’être dans une lutte acharnée avec ce qu’il y avait en lui… Les Ténèbres.

Quand le collier avait cessé de faire mal, je m’étais cachée derrière un pilier, effrayée par cette chose inquiétante. J’en avais peur.

« Maître…, » avais-je crié.

C’est alors que Nanya et Ayuseya étaient venues ici.

***

Chapitre 71 : Les troubles de Zoreya

[Point de vue de Zoreya]

Le temple de Melkuth était un bâtiment fait de murs de granit, et décoré d’arches de marbre magnifiquement sculpté et de piliers de soutien. Sept grandes marches avaient surélevé toute la construction, chacun représentant les lois les plus importantes de mon dieu.

La première était la marche du duel, qui dictait qu’une bataille entre deux disciples de Melkuth devait toujours être livrée avec honneur et honnêteté. Cette loi ne s’appliquait pas si un seul d’entre eux était un adepte.

La seconde était la marche de la guerre, qui déclarait que toutes les guerres ne devaient être déclenchées que si Melkuth le permettait, faute de quoi elles seraient vouées à la défaite.

La troisième était la marche de la bataille, qui déclarait que les disciples de Melkuth étaient obligés de participer à au moins une bataille dans leur vie.

Le quatrième était la marche de la droiture, qui déclarait que tous les disciples de Melkuth étaient obligés de maintenir un style de vie honnête et juste, sinon leur âme de combat finirait par se ternir et finalement perdre la faveur de Melkuth.

La cinquième était la marche du jugement, qui stipulait qu’un disciple de Melkuth ne devait jamais prendre la vie des enfants ou des faibles, peu importe qui leur ordonne de le faire.

Le sixième fut la marche du Guerrier, qui déclara que tant qu’un vrai disciple de Melkuth vivra, il portera toujours le titre de Guerrier.

Le septième était la marche de l’Apôtre, qui affirmait que tous les Apôtres de Melkuth représentent la voix de Melkuth. Grâce à eux, ses lois avaient été renforcées et, en tant que tels, les Apôtres s’étaient tenus au-dessus de tous les autres disciples.

En montant ces marches, je m’étais souvenue de ce qui s’était passé quand j’étais encore enfant et j’avais porté le Bouclier de Melkuth au temple le plus proche. Aveuglés par l’avidité, les prêtres avaient d’abord essayé de me le voler, me jugeant indigne d’être une disciple de Melkuth, mais dès qu’ils avaient essayé de le soulever, ils avaient été écrasés par son poids. Pour moi, il avait toujours été léger comme une plume, tandis que pour d’autres, il pesait plus qu’une montagne.

C’est alors que j’avais appris que même parmi les prêtres, peu étaient ceux que l’on pouvait appeler de vrais croyants. Un devoir caché des apôtres était aussi de les éliminer et de les amener devant Melkuth pour les juger.

Malgré tout cela, il n’y avait pas de loi claire sur la façon dont nous devrions agir avec les donjons. En général, tous les temples et leurs fidèles appliquent la même loi : les donjons étaient une existence maléfique et, à ce titre, tous devaient être détruits.

« Grand Apôtre, c’est un grand honneur d’être en votre présence ! » déclara le prêtre qui m’avait saluée en s’inclinant avec la moitié de son corps devant moi.

« Emmenez-moi dans la salle de prière et ne laissez entrer personne. Je le déclare en tant qu’apôtre de Melkuth ! » avais-je ordonné. Ensuite, j’avais tapoté le bouclier sur le sol.

Le bruit qu’il faisait était fort, et le prêtre s’était raidi.

« Comme vous le souhaitez ! » répondit-il, et j’étais entré dans le temple.

Quelques instants plus tard, qu’ils soient prêtres ou simples disciples, ils avaient tous quitté la salle de prière où je devais rester seule. Là, je m’étais agenouillée devant la statue de Melkuth. Mon dieu était représenté comme un bel homme musclé aux cheveux noirs sauvages, aux yeux noirs puissants et portant une armure noire et rouge. Pour les armes, on disait qu’il utilisait deux katanas avec des lames noires et des gravures rouges, du moins dans cette représentation. Les temples du royaume d’Aunnar le représentaient comme un puissant bouclier et une longue épée dans une main. C’était vraiment un dieu imposant qui pouvait manier à la perfection n’importe quelle arme conçue pour la guerre.

« Je suis arrivée, » avais-je déclaré.

« C’est ce que tu as fait, » répondit-il.

La voix résonnait dans toute la pièce, il n’était donc pas nécessaire de vérifier d’où elle venait.

« Mon Dieu, Melkuth, je viens devant vous pour faire un vœu…, » avais-je dit.

« Donc tu as…, » répondit-il.

« C’est à propos d’Illsyore, le Seigneur du Donjon divin, » déclarai-je.

« Donc tu as…, » demanda-t-il.

J’avais plissé mon front. C’était une réponse assez inhabituelle.

« Mon dieu ? » avais-je demandé et j’avais levé la tête.

« Hein ? Oh ! Désolé, Zoreya ! J’étais un peu… distrait. L’idiot de Dieu des Gros Seins a décidé de me rendre visite et de m’expliquer comment il a réussi à faire le parfait… euh, peu importe. Qu’est-ce que tu disais ? Quelque chose à propos du besoin d’acquérir un chameau avec une pelle ? » demanda-t-il.

« Euh… non…, » j’avais cligné des yeux en raison de la surprise.

Il avait tort… et pas qu’un peu.

Ce n’était pas la première fois que mon dieu répondait d’une manière aussi bizarre. Dans ma jeunesse, je pensais que c’était une sorte de prophétie, mais maintenant, je savais qu’il me permettrait de temps en temps d’être en relation avec la prière, même si j’étais au milieu d’autre chose. En tant qu’apôtre, j’avais eu la priorité sur tous ses autres disciples.

« Hein ? Alors quoi ? » demanda-t-il, confus.

« À propos d’Illsyore, le Seigneur du Donjon divin. Je suis venue faire un vœu à son sujet, » m’étais-je répété.

« Ah, oui ! Quoi ? Quoi ? Non, éloigne-toi de moi, vieil imbécile ! NON ! Je ne vais pas te donner mon Apôtre pour une nuit ! Comme je l’ai dit… Désolé Zoreya, j’ai besoin de battre quelqu’un à mort. Je reviens tout de suite, » déclara-t-il, puis la connexion avait été coupée.

« Hein ? » j’avais cligné des yeux, surprise.

Quelque part au-dessus de cette ville, les nuages s’étaient assombris et avaient commencé à rugir. On raconte qu’au cours de cette journée, des gens avaient vu une étoile filante. Beaucoup l’avaient priée pour avoir de la chance, mais seuls les dieux savaient qu’il ne s’agissait que d’un vieil idiot pitoyable qui tombait du ciel.

« D’accord, ça a réglé les choses ! Alors, Illsyore, c’est ça ? » demanda-t-il.

« Oui, » avais-je hoché la tête.

« Quel est ton souhait ? » le ton de sa voix était devenu plus grave.

« Je veux savoir s’il y a un moyen de le libérer des Ténèbres, » avais-je demandé en baissant la tête.

« Hm…, » il se tut, et j’attendis patiemment que mon dieu, Melkuth, réponde.

Le silence avait duré quelques minutes.

« Il y a un moyen… et de multiples façons, selon la façon dont tu veux tuer Illsyore. Dois-je te prêter l’une de mes épées ? Elle coupe vraiment bien ! » m’avait-il proposé.

« Je veux garder Illsyore en vie et lui enlever les Ténèbres se trouvant à l’intérieur de lui, » lui avais-je expliqué encore une fois.

« Tch ! Très bien… mais ça ne te plaira pas…, » m’avait-il dit.

« Qu’est-ce que vous voulez dire, mon Dieu ? » lui avais-je demandé.

« En tant que dieu, je pouvais claquer des doigts et me débarrasser de l’informatique tout de suite, mais ce faisant, j’aurais fini par rappeler les Dieux Noirs à ce monde. Je peux intervenir, mais pas autant que vous, les mortels, le pensent ou le désire, » il poussa un soupir.

« Mon dieu ? » j’avais plissé mon front dans la confusion.

« Eh bien… Hm… Je vais juste intervenir et dire ceci. Il n’y a rien que tu puisses faire pour guérir Illsyore des Ténèbres. Il n’y a aucun moyen de le libérer à moins que tu ne veuilles les tuer tous les deux, » déclara mon dieu.

Quand j’avais entendu ça, mon cœur s’était contracté. Je ne voulais pas accepter qu’il n’y ait rien que je puisse faire. Je ne voulais pas accepter qu’il n’y eût rien à faire, mais si même mon dieu le disait… il me semblait que ma réponse était claire. Illsyore devait mourir avant de se transformer complètement en Ténèbres.

« Cependant…, » déclara Melkuth.

J’avais cligné des yeux en raison de la surprise et j’avais levé les yeux vers sa statue.

« Théoriquement, il existe un moyen d’offrir à Illsyore la possibilité de lutter contre Les Ténèbres, mais même là, il n’a aucune chance de gagner, » déclara mon dieu.

« Est-ce vraiment impossible ? » avais-je demandé en espérant encore… quelque chose.

« Zoreya… pourquoi ce donjon t’intéresse-t-il autant ? » me demanda-t-il soudainement.

J’avais cligné des yeux de surprise, mais je m’étais retrouvée incapable de répondre, pour ensuite baisser la tête.

« Depuis que je t’ai pris comme Apôtre jusqu’à maintenant, je ne t’avais jamais vu exprimer autant d’inquiétude à l’égard d’un autre être et encore moins d’un donjon. Qu’est-ce que cet Illsyore est pour toi, Zoreya ? » me demanda-t-il.

Qu’est-ce qu’Illsyore est pour moi ? m’étais-je demandée, mais je ne pouvais pas répondre.

Le silence était tombé dans la salle de prière à l’intérieur du temple. Je n’osais pas parler, car je n’avais aucune idée de quoi dire, comment expliquer quelque chose que je ne savais pas.

« Tu hésites…, » m’avait-il dit.

« Ce n’est pas le cas, » avais-je répondu.

« Il y a un an, toute question que j’aurais posée aurait reçu une réponse claire et inébranlable de ta part, mais tu hésites maintenant à une question simple avec une réponse simple, » m’avait-il dit.

Réponse simple ? J’étais confuse.

« En ce qui concerne ce que j’ai dit… si tu oses sauver Illsyore, non, si tu oses essayer de le sauver, tu risques de perdre ta place d’apôtre. Tu pourrais même perdre la vie… Les chances et les probabilités d’obtenir une chance de réussite sont d’une chance sur un million, » il poussa un soupir.

Ses paroles m’avaient choquée. Penser que pour sauver un donjon, moi, apôtre de Melkuth, je devrais perdre non seulement mon bouclier, mais aussi le droit d’être à côté de mon dieu. C’était trop risqué, il y avait trop en jeu.

Je n’ai aucune raison de perdre autant… pour lui, avais-je réfléchi, puis j’avais baissé les yeux.

« Comme je le pensais… Laisse tomber l’idée. Dis à ses femmes qu’il n’y a aucun moyen de le sauver. La mort est sa seule chance. Ceci, en tant que Melkuth, le Dieu de la guerre, déclare être la vérité, » sa voix tonna dans le temple et me donna des frissons dans la colonne vertébrale.

Malgré tout, quelque chose dans mon âme, quelque chose dans mon cœur refusait de lâcher cette seule chance qu’Illsyore avait. De toute ma vie, je n’avais jamais vu un donjon aussi gentil, chaleureux et aimant que lui. Il n’avait pas trahi ses femmes et n’avait jamais traité les esclaves comme des objets. Il était lié par une morale intègre et juste.

À mes yeux, c’était un innocent…

Normalement, j’aurais déjà remercié Melkuth et quitté son temple, mais pour la première fois de ma vie, j’avais parlé.

« Mon Dieu, que dois-je faire pour cette chance sur un million ? » lui avais-je demandé.

« Pour lui donner cette chance d’une sur un million, tu dois déposer ton bouclier au bon moment… et le laisser te tuer. Je ne le garantis pas comme un succès, mais dès que tu le feras, tu perdras ton droit d’être mon Apôtre. Ton âme sera traitée de la même manière que celle de tout autre adepte. Ton nom sera rayé des archives de l’histoire. Tu devras abandonner ta vie, le salut de ton âme, ta place dans l’autre monde, ton pouvoir, tes missions, tout… juste pour donner à ce Seigneur du Donjon divin, envers qui tu n’as aucun devoir, responsabilité ou sentiment, une chance sur un million qu’il puisse se libérer des ténèbres. »

Les paroles de mon dieu étaient tombées sur moi comme des marteaux, chacun pesant autant qu’une montagne. La sentence pour avoir juste essayé d’aider était trop lourde. Peu importait que je réussisse ou non, je ne serais plus, car je serais morte. Quant à l’œuvre de ma vie, tout serait jeté au feu et brûlé de telle sorte que personne ne se souviendrait de moi.

Ma vengeance contre Dankyun prendrait fin…

« Pourquoi ? » avais-je demandé avec une mâchoire tremblante.

« Tu n’essaies d’aider ni un disciple d’un dieu respectueux, ni un roi qui conduira son pays à la gloire, ni quelqu’un d’une grande importance pour l’avenir meilleur de cette planète. Tu essaies simplement d’aider un donjon… une espèce sans dieu. En tant que tel, c’est scandaleux que l’un de mes apôtres fasse une chose pareille ! Je ne peux que me voir dans l’obligation d’infliger une lourde punition à un tel individu. Mais ce ne sont pas les seules raisons… en tant que femme et en tant qu’Apôtre, tu as abandonné tous les autres hommes de ta vie. En tant que tel, avoir des pensées vers autrui va à l’encontre de ton existence, et aider Illsyore prouvera que ton cœur ne m’appartient pas, mais à l’un de mes ennemis, » avait-il déclaré durement.

Une fois de plus, ses paroles m’avaient frappée impitoyablement, me mettant à genoux et me laissant ressentir un sentiment d’effroi et de désespoir. Les paroles de mon dieu ne signifiaient qu’une seule chose : la guérison d’Illsyore était contre la volonté des dieux.

Je n’avais rien pu faire… Il n’y avait rien que Nanya, Shanteya et Ayuseya pouvaient faire.

« Je comprends, mon Dieu, » avais-je dit en regardant le sol froid.

« Prends soin de toi, mon Apôtre, » furent ses derniers mots avant la fin de notre conversation.

Je ne m’étais pas levée tout de suite et j’étais restée comme ça pendant encore une demi-heure. Dans mon esprit, je n’arrêtais pas de penser à la réponse de Melkuth et j’essayais de peser les conséquences de mes propres actions si j’osais faire quelque chose pour aider Illsyore.

De mon point de vue, un innocent devait mourir quoique je choisisse. En fait, choisir de ne pas l’aider semblait être la meilleure chose que je pouvais faire pour lui et pour moi-même.

Pourquoi devrais-je me sacrifier pour lui ? Et avec cette dernière pensée, je m’étais levée du sol et j’avais quitté le temple.

Le prêtre m’avait dit quelque chose avant mon départ, mais je ne l’avais pas entendu… mon esprit était vide et mon cœur était lourd.

Ma dernière question, je n’avais pas pu y répondre.

Le fait que j’aie pu m’attacher à lui et à son groupe au cours des derniers mois était tout à fait possible. Mon hésitation devant mon dieu en était la preuve même, mais dans l’ensemble, c’était une chose étrange sur laquelle on pouvait pointer.

Dans mon esprit, je savais que je ne devais pas être comme ça, que quelqu’un comme Illsyore n’était censé ne rien signifier pour moi, mais le sentiment que je trahissais et condamnais un innocent à mort ne me quittait pas. Même en pensant aux jugements passés que j’avais transmis à des mortels, je voyais toujours la position d’Illsyore comme une position plus spéciale que la leur, mais je ne pouvais pas m’expliquer pourquoi elle était ainsi.

Mon esprit et mon cœur sont-ils obscurcis comme le dit Melkuth ? Ou… pour la première fois… il a tort ? avais-je pensé, en m’agrippant à la poignée du bouclier.

Son poids… avait un peu changé, mais j’étais trop distraite pour le remarquer.

Quand j’étais arrivée à l’auberge où je devais passer la nuit, je m’étais arrêtée et j’avais regardé le ciel. En entrant ici, je devais avoir la force nécessaire pour dire la vérité à mes amies et décider comment il valait mieux… arrêter Illsyore.

Il n’y a pas d’autre moyen, n’est-ce pas ? étais-je demandée, puis j’avais fermé les yeux un instant.

Tout autour de moi, je pouvais entendre les activités vivantes que je n’avais jamais eu la chance de goûter. Les enfants rentraient chez eux en courant, deux amants se chuchotaient des mots doux, une vieille femme grondait son grand-père pour être rentrée tard à la maison. C’était toutes des choses que les femmes d’Illsyore espéraient aussi. C’est ce que j’allais leur voler. Des rêves que je devais briser, et je ne me sentais pas bien du tout.

Ouvrant les yeux, j’avais pris une grande respiration et j’étais entrée dans l’auberge.

« Zoreya, tu es de retour…, » déclara Shanteya en m’approchant.

En regardant derrière elle, j’avais vu l’aubergiste qui dépoussiérait le sol. Le bar était cassé et il y avait des signes de bagarre, mais je n’avais vu aucun signe de sang ou de corps.

« Que s’est-il passé ? » lui avais-je demandé.

« C’est Illsy…, » répondit-elle avec un regard triste dans les yeux.

« Qu’est-il arrivé à Illsyore ? Qu’est-ce qu’il a fait ? » J’avais plissé mon front et serré la poignée de mon bouclier.

« Il a attaqué Tamara, ou plutôt… Les Ténèbres l’ont fait. Je suis revenue il y a à peine un instant dès que j’ai appris la nouvelle d’une agitation dans cette auberge. Je vais aller le chercher, » avait-elle déclaré.

Regardant par-dessus son épaule, Tamara était soignée par Nanya, tandis qu’Ayuseya se frottait la tête comme si elle avait un mal de tête.

« Pourquoi aucune des deux n’est-elle allée le chercher ? » lui avais-je demandé.

C’était étrange qu’elles soient toutes restées derrière.

« Il nous l’a demandé. Ou plutôt nous a supplié de ne pas le suivre…, » elle baissa les yeux.

« Alors pourquoi allez-vous…, » le mot avait eu du mal à se prononcer « lui désobéir » ? Je lui avais demandé.

« Même s’il nous a suppliés de ne pas le poursuivre, en tant que femme et amante, je ne peux pas me permettre de le laisser souffrir seul… Je ne peux pas…, » elle baissa les yeux.

J’avais baissé les yeux sur mon bouclier et je l’avais regardée.

« Je ne suis ni sa femme ni son amante. Laissez-moi-le suivre… Je vais lui parler, » je lui avais fait un petit sourire.

« Mais…, » elle était inquiète.

« Je reviendrai avec lui. Je jure sur mon nom d’apôtre de Melkuth, » j’avais souri.

Dès qu’elle avait entendu ça, elle avait acquiescé. C’était une promesse à laquelle je ne pouvais pas m’opposer, même si… Je n’avais jamais dit s’il allait être ramené mort ou vif.

« As-tu trouvé quelque chose ? » Shanteya m’avait demandé avant que je me retourne pour partir.

Je l’avais regardée une fois, puis les autres femmes d’Illsyore.

« Oui…, » j’avais répondu d’un ton doux et j’étais partie.

***

Chapitre 72 : Une histoire inédite

[Point de vue de Zoreya]

Après avoir quitté l’auberge, j’avais cherché Illsyore en ville pendant deux heures, mais je n’avais même pas réussi à le retrouver. Il était déjà très tard et les gens allaient se coucher, allumant les petites bougies qui scintillaient à leurs fenêtres.

Je m’étais arrêtée alors près d’un petit puits au marché maintenant vide. Je n’avais pas l’intention d’en boire une gorgée d’eau, mais j’avais plutôt faim, alors j’avais sorti quelques provisions. J’avais pris une collation rapide : un sandwich, un fruit et trois verres d’eau pure.

D’habitude, s’il y avait des mendiants ou de pauvres roturiers dans les parages, je partageais avec eux une partie de ma nourriture, mais ce soir-là, il n’y en avait pas sur le marché. Pour rendre un petit service aux habitants de cette ville, j’avais jeté de l’eau [Purification de l’eau] sur le puits, puis j’avais continué à chercher Illsyore.

J’avais le vague sentiment qu’il n’était plus en ville, alors j’avais décidé d’essayer l’oasis voisine, si elle était encore là.

Quitter la ville pendant la nuit allait causer toutes sortes d’ennuis, mais j’avais pitié du pauvre idiot qui pensait que j’étais une cible facile, ou même du Seigneur du Donjon.

Cela me rappelle mes premières années… En marchant dans le désert, je m’étais remémorée de cela alors que je m’approchais lentement de l’oasis.

Le vent était calme, et la température avait beaucoup baissé, mais grâce à mon armure, je n’avais pas senti la rudesse du climat. Les prédateurs nocturnes étaient déjà partis en chasse, et ils comprenaient à la fois des monstres et des animaux. Seul un iguane des sables avait essayé de m’attaquer, mais dès que je lui avais coupé la tête, les autres monstres m’avaient ignorée et s’étaient concentrés sur le corps frais que je leur avais fourni.

Quand j’atteignis l’oasis, qui avait à peine du mal à maintenir quelques étincelles de vie autour d’elle, je fus accueillie par un vieux panneau de pierre.

« Cette terre est la propriété de l’apôtre de Melkuth, Zoreya. Par son décret, personne ne peut s’installer ici, mais en période de sécheresse extrême, ils peuvent prendre de l’eau, mais pas vider le lac. » Je l’avais lu d’une voix basse.

Un petit sourire était apparu sur mes lèvres. Ce petit panneau était le résultat de mon premier souhait envers mon dieu. Je souhaitais simplement un moyen simple de protéger… ma maison.

J’étais passée devant le panneau et m’approchais du petit lac. L’eau cristalline reflétait le ciel et, à ma droite, près d’un arbre solitaire, j’avais vu un homme seul, à capuchon. Il fixait son propre reflet.

Je l’avais reconnu immédiatement.

« J’ai entendu dire que tu t’étais enfui. » J’avais crié vers lui.

« S’il te plaît… laissez-moi tranquille, » répondit Illsyore.

Je l’avais ignoré et je l’avais approché discrètement. Quand j’étais à quelques pas de lui, je m’étais arrêtée.

« La nuit est belle ici, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.

Il n’avait pas répondu.

Sans rien dire d’autre, j’avais placé mon bouclier devant moi et j’avais regardé les étoiles.

Par quoi dois-je commencer ? Me demandais-je.

Il y avait une atmosphère calme et paisible tout autour de nous. Les feuilles bruissaient un peu, et de temps en temps, on entendait une ou deux créatures pendant qu’elles se déplaçaient, s’arrêtant seulement si nous attirions leur curiosité. Ils ne nous avaient jamais approchés.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Illsyore au bout d’une demi-heure.

« Cette oasis… Elle appartient à Alttoros, » lui avais-je dit.

« Quoi ? » Il avait été surpris d’entendre ça.

N’importe qui le serait. C’était un vieux conte d’il y a plus de huit décennies. Peu d’entre eux s’en souvenaient, et encore moins en connaissaient le sens.

« Veux-tu te promener avec moi ? » lui avais-je demandé. Je lui avais fait un beau sourire.

Il n’avait pas répondu.

« Ça te fera du bien, » lui avais-je dit.

Après avoir baissé les yeux, il hocha la tête.

J’avais pris mon bouclier, et nous avions tous les deux commencé à marcher sur la rive du lac.

« Quand j’étais jeune, moi et mes frères et sœurs venions souvent ici pour jouer avec des bâtons. Enfants, nous prétendons être chevaliers ou guerriers des dieux. Hehe ! C’est drôle parce que maintenant je suis apôtre de Melkuth… Le rêve idiot d’un enfant s’est finalement réalisé, » je l’avais regardé pendant ce temps.

« Tu as dit qu’Alttoros n’était pas ton nom, n’est-ce pas ? » me demanda-t-il.

« Oui, mais en même temps, c’est le nom de l’orphelinat où j’ai grandi. Aucune famille n’est venue m’adopter, alors j’ai pris ce nom pour moi… C’était aussi pour honorer leur mémoire, » mon ton de voix devint triste à la fin.

« Dankyun s’appelait aussi Alttoros, » me fit-il remarquer.

« Il l’a pris pour une autre raison…, » j’avais poussé un soupir.

« Tu n’as jamais eu de famille, dis-tu ? » me demanda-t-il.

« Je suis orpheline… J’ai dit que j’ai grandi dans un orphelinat, mais pas comme l’enfant d’un des responsables, mais comme une vraie orpheline. Mes vrais parents m’ont abandonnée près de la tanière d’une meute de loups. Un disciple de Melkuth qui passait par là m’a vue et m’a sauvée. Ou peut-être que mon dieu a prédit mon avenir et lui a dit d’aller me sauver. Quoi qu’il en soit, j’ai été amenée ici et élevée comme orphelin. Ma famille, pour ainsi dire, était composée de tous les orphelins et de ceux qui s’occupaient d’eux. » J’avais souri en me souvenant de leurs visages.

Même aujourd’hui, après plus de huit décennies depuis la dernière fois que je les avais vus, je pouvais encore me rappeler leurs rires et leurs sourires comme si c’était hier. Ils étaient tous mes frères, mes sœurs, mes parents.

« Je ne sais pas comment c’est… Mes parents étaient… bizarres. Ils m’ont mis dans une situation pour que j’étudie tout le temps quand j’étais petit. Si j’avais 5 en maths, ils étaient prêts à me manger la tête ! Hahahaha ! » Il avait ri, mais j’avais trouvé son histoire bizarre.

Je pensais que Tuberculus était son seul parent dans ce monde, alors pourquoi parle-t-il de quelqu’un d’autre ? m’étais-je demandée un instant.

« Ils s’inquiétaient aussi beaucoup pour moi… Ils étaient des parents aimants, mais maintenant… Je ne me souviens même pas de leurs visages ou de leurs noms, » il poussa un long soupir et baissa les yeux vers ses pieds.

C’est peut-être un souvenir qui appartient aux Ténèbres ? avais-je pensé.

En marchant, j’avais commencé à lui parler de mon enfance et de la vie de Dankyun à l’époque. Ce draconien avait toujours été un peu bizarre, mais il prenait soin de ses frères et sœurs et me voyait comme une jeune sœur. Il était aussi le plus âgé d’entre nous, et le seul de sa race dans la région. À cause de cela, les responsables et d’autres personnes lui avaient donné du fil à retordre, mais il avait supporté cela.

« À l’époque, j’avais le béguin pour lui, » avais-je avoué. Je m’étais gratté la joue gauche.

« Le béguin ? Ne le voyais-tu pas comme un frère ? » me demanda-t-il.

« Oui, mais ce n’était pas comme si nous étions apparentés par le sang ou si nous étions de la même espèce, mais c’était très probablement l’illusion insensée d’une jeune fille au début de son adolescence, » avais-je gloussé.

« Qu’en est-il maintenant ? » me demanda-t-il.

« Tous les sentiments que j’avais pour lui sont morts avec tous les autres dans mon orphelinat. Il les a tous brûlés sans remords…, » alors que je l’avais dit, je me dirigeais vers une petite colline.

« Est-ce que c’est… ? » me demanda-t-il en plissant son front.

« Oui, c’est là qu’était l’orphelinat d’Alttoros… maintenant, c’est seulement une ruine couverte de tombes… » lui avais-je dit.

Un quart d’heure plus tard, nous étions arrivés à ce qui était autrefois l’entrée du bâtiment. Elle n’était marquée que par une dalle de pierre fissurée et recouverte de mousse.

« Je suis à la maison, » avais-je dit avec un sourire doux et de l’intérieur de mon cristal de stockage, j’avais sorti un bouquet de fleurs. « Que vos âmes reposent en paix, mes frères, mes sœurs, mes parents…, » je leur avais offert une prière et j’avais incliné la tête une fois avant de déposer les fleurs sur la dalle.

Illsyore me laisse pleurer en silence. Quand j’étais prête, nous avions fait le tour de l’entrée, en suivant un mur de pierre tombée jusqu’à leur dernier lieu de repos.

« Une tombe ? » demanda-t-il, surpris.

« Il n’y a pas d’os ici, mais j’en ai fait une pierre funéraire parce que personne d’autre ne le pouvait. » Je lui avais montré un doux sourire. « Les deux premières années où j’ai travaillé comme serveuse en ville, j’ai utilisé toutes mes pièces supplémentaires pour acheter ceci pour eux. » J’avais hoché la tête joyeusement.

Il était fait de marbre blanc, et leurs noms y étaient tous gravés habilement.

« Quel âge avais-tu quand Melkuth t’a donné son insigne ? » me demanda-t-il.

« Dix-sept. »

« Jeune…, » déclara-t-il.

« Oui. » J’avais hoché la tête. « Mais ils étaient plus jeunes…, » j’avais regardé les tombes.

« Que s’est-il passé ? Pourquoi Dankyun… Pourquoi a-t-il fait ça ? » me demanda-t-il.

Je poussai un soupir et levai les yeux vers le ciel quand je commençai à me souvenir.

« J’ai dit que Dankyun était le seul draconien dans cette zone, non ? »

« Oui. »

« Eh bien, pendant l’été de la tragédie, un groupe d’aventuriers passait et se reposait dans une auberge avant d’aller défier un donjon situé non loin d’ici. Il n’est plus là, il a été détruit pendant la guerre. »

« Je vois… Ces aventuriers l’ont changé ? » demanda-t-il.

« Plutôt qu’eux… c’était juste un, un autre draconien. C’était leur mage et une grande gueule aussi. Ce type s’est toujours vanté que son espèce était grande et tout. Il ne parlait que de la vraie puissance de Teslov ! Tout le monde l’ignorait, mais il avait un auditeur, un auditeur très stupide, jeune et naïf. » J’avais soupiré.

« Dankyun ? »

« Oui. » Je l’avais regardé. « Il a appris à le connaître, et il a passé beaucoup de temps avec lui pour en apprendre davantage sur son… patrimoine, comme il l’appelait. »

« Il a été égaré par lui… »

« Oui. Il n’a pas fallu longtemps avant qu’il commence aussi à parler de la grandeur des draconiens, comment ils sont au sommet, comment ils sont les plus forts… Il parlait… comme un fou. » J’avais soupiré et secoué la tête « Si seulement j’avais su à l’époque, j’aurais peut-être pu y faire quelque chose, mais… J’arrivais trop tard. »

« Comment ça s’est terminé comme ça ? » me demanda-t-il.

« La veille de la tragédie, j’ai suivi Dankyun secrètement jusqu’à l’auberge où ces aventuriers restaient. Après avoir bu un peu trop de bière, les humains de leur groupe ont parlé de leurs plans. Ils pensaient se rendre au donjon pour tester leur puissance sur les premiers étages, puis ils voulaient rassembler plus d’adeptes et essayer de traquer un ancien parchemin de sorts suprêmes. C’était leur objectif final dans quelques années, mais pendant qu’ils en discutaient, les humains ont demandé à Dankyun s’il voulait les rejoindre. » Je me souvenais même de leurs rires et de leurs acclamations.

C’était une bande de buveurs bruyants.

« Je suppose qu’il a dit “Oui”, mais ce groupe semble terriblement familier à celle dans laquelle Nanya était au début. Ils n’avaient pas une jeune démone avec eux, n’est-ce pas ? » me demanda-t-il.

« Non, je crains qu’il n’y en ait eu que trois au total : un mage draconien, un guerrier humain et un éclaireur humain. »

« Ils ont dû se rencontrer après. Continue, s’il te plaît » m’avait-il dit.

« Eh bien, à ce moment-là, le mage draconien a claqué son poing sur la table et a déclaré que le jeune Dankyun ne pourrait les rejoindre que s’il s’avérait être un véritable draconien. Ils étaient tous d’accord avec cette pensée stupide. » J’avais soupiré.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » me demanda-t-il en plissant son front.

« Pour les humains, c’est le moment où un homme est responsable de lui-même, a des cheveux sur la poitrine ou a emmené une femme dans son lit. Pour les draconiens… ou comment ce draconien l’expliquait, le moment de l’âge adulte était celui où un draconien a pris la vie d’un autre pour la première fois et s’est révélé être un sujet loyal du royaume de Teslov. Le fait est que ce mage draconien avait toujours insisté sur le fait que la “famille” de Dankyun était quelque chose dont un VRAI draconien devrait avoir honte. Après tout, aucun draconien ne peut avoir des membres de la famille d’une autre espèce. » J’avais fermé les yeux un instant.

« Il… Il s’en est occupé pour se débarrasser de sa famille, n’est-ce pas ? » Illsyore m’avait demandée.

« J’ai quitté l’auberge peu après et je suis retournée à l’orphelinat. Je pensais qu’il allait nous quitter ou qu’il allait complètement couper les ponts avec nous, je n’ai jamais pensé… Je n’ai jamais pensé qu’il allait faire quelque chose comme ça. » J’avais secoué la tête.

« Qu’est-ce qu’il a fait ? »

« Pour devenir un vrai draconien comme le voyait ce mage, Dankyun acheta une épée avec le peu d’argent qu’il avait amassé en aidant d’autres personnes et retourna à l’orphelinat pendant que tous dormaient. Avant son arrivée, je suis allée dans la chambre de la directrice, la responsable de l’orphelinat, et je lui ai parlé de mes inquiétudes. Elle parlait gentiment de lui, mais pendant ce temps, il s’est faufilé dans les chambres des adultes et les a tués dans leur sommeil. Personne n’avait été entraîné au combat. Ils sont morts avant de s’en rendre compte…, » j’avais fermé les yeux et serré le poing.

« Il les a tués sans remords…, » dit Illsyore en regardant la pierre tombale.

« Un des enfants qui avaient du mal à dormir l’a vu et a crié. Dankyun l’a tué rapidement, mais c’était trop tard. La directrice l’a entendu et a réalisé que quelque chose n’allait pas. Inquiète pour ma sécurité, elle m’a cachée dans sa commode. Dankyun est entré dans la pièce et l’a poignardée à la poitrine avant même qu’elle ait pu dire un mot. Après son départ, je suis sortie et je me suis approchée d’elle, pleurante, tremblante et incapable de comprendre ce qui venait de se passer. » J’avais poussé un soupir.

Le souvenir était douloureux.

« Il est parti ? »

« Non…, » j’avais secoué la tête. « Pour tout cacher, il a mis le feu au bâtiment. Bien sûr, à l’époque, il ne savait pas qu’il y avait des sorts capables de découvrir la vérité, mais qui lancerait quelque chose de si cher pour un pauvre orphelinat comme le nôtre ? »

« Mais tu t’es échappée…, » m’avait-il dit.

« Oui… Je me suis versé un seau d’eau et j’ai sauté par une fenêtre ouverte. Je me suis cachée dans un buisson et j’ai vu ma maison et ma famille se transformer en cendre… Pendant tout ce temps, Dankyun riait comme un maniaque et se déclarait un vrai mâle draconien à partir de ce jour-là, » j’avais soupiré.

« Mais pourquoi garder le nom ? » me demanda-t-il.

« Je m’appelle Alttoros pour me souvenir de la famille qui m’a été volée par Dankyun, pour les garder en vie aussi longtemps que je vivrai. Quant à lui, le nom est destiné à lui rappeler ce qu’il a offert comme sacrifice envers le royaume de Teslov. Un signe de sa loyauté et de sa détermination à être un vrai draconien…, » j’avais fermé les yeux.

Un moment de silence s’était abattu sur nous, et seul le vent avait retenti en froissant l’herbe et les feuilles des arbres.

Illsyore se plaça finalement devant les tombes et leva les yeux vers le ciel. Je ne pouvais pas dire ce qui se passait dans son esprit, mais au moins, il était calme. Il n’y avait aucun signe des Ténèbres, d’après ce que j’ai pu voir.

« Tout le monde a une histoire, un passé… Shanteya était avec la Guilde des Assassins de la Rage Fantôme. Nanya est venue sur ce continent en cherchant à devenir plus forte, a rencontré Dankyun et puis Tuberculus. Ayuseya est avec sa famille et son pays qui sont contrôlés par ces malédictions… Le tien est avec cet orphelinat, alors que le mien… le mien sonne comme une blague quand on le compare aux difficultés de chacun, » il laissa sortir un rire rempli de douleur.

« Pourquoi dis-tu cela ? Tu n’es pas si vieux pour commencer…, » avais-je dit.

« Quel âge crois-tu que j’ai ? » me demanda-t-il. Puis il me regarda dans les yeux.

« Je ne sais pas… Presque un an maintenant ? » lui avais-je demandé.

« Dans ce monde oui, mais dans mon monde précédent… Je n’étais pas si jeune, » sourit-il doucement.

« Monde précédent ? » avais-je demandé en plissant mon front.

Il soupira et leva les yeux vers le ciel. « Je suis une âme réincarnée… Je viens d’un monde qui n’a pas de magie, pas de draconiens, et personne ne peut parler aux dieux comme toi… Ce que nous avons, c’est une technologie au-delà de tes rêves les plus fous, des choses que la magie ne peut même pas comparer… mais aussi des armes capables d’effacer toute vie sur la planète, » il prit une grande respiration.

Tout cela m’avait surprise et choquée en même temps. J’avais entendu parler de la possibilité de renaître dans une autre vie, mais je n’avais jamais pensé que c’était possible ou que l’on pouvait se souvenir de quelque chose de cette époque. Quant à la technologie dont il avait parlé, comment pourrait-il être possible d’exercer un pouvoir plus grand que n’importe quel Suprême, mais sans magie ?

« J’étais un homme simple… J’avais un travail simple. J’avais mené une vie simple. J’avais une copine, et j’adorais jouer aux jeux vidéo, c’est tout. Un jour, j’ai été tué par-derrière. Tout comme c’est arrivé aux gens tués par Dankyun. Je suis mort sans même le savoir… Après ça, je me suis retrouvé dans ce… mon ancien corps, » il avait sourit et baissa les yeux vers ses mains.

J’étais restée silencieuse et je l’avais regardé. De telles paroles, si elles étaient vraies, m’avaient fait repenser à tout ce que j’étais sur le point de faire. S’il était auparavant un humain, alors je ne tuais pas un Donjon, mais un humain… un innocent qui avait été maudit par la malchance dans sa vie antérieure et maintenant encore une fois dans celle-ci.

« Donc oui, je suis un humain réincarné dans un monde de mythes et de fantaisies… C’est drôle, n’est-ce pas ? » déclara-t-il en riant.

« Pourquoi me dis-tu ça ? » avais-je demandé. Mais ma voix était un peu tremblante.

« Je ne sais pas… mais ce que je sais, c’est qu’il ne me reste pas beaucoup de temps…, » commença-t-il à crier. « Les Ténèbres… c’est implacable… Je ne peux rien faire pour les arrêter, Zoreya, » son visage grimaça.

« Toi… pourquoi dis-tu ça ? » lui avais-je demandé.

« Parce que je sais que je ne peux pas gagner contre elles et tôt ou tard… Je finirai par perdre le contrôle. Je tuerai sans remords. Je ferai du mal à ceux que j’aime… Nanya, Shanteya, Ayuseya, Tamara, même toi…, » il m’avait montré un sourire faible.

« Moi ? » J’avais ouvert les yeux en raison de la surprise.

« Tu es une amie… et aussi un apôtre d’un dieu. Je ne vois qu’une seule raison pour laquelle il t’a envoyée ici. Il sait à quel point Les Ténèbres sont dangereuses… C’est pourquoi, Zoreya… s’il te plaît, tue-moi avant que cette chose me fasse faire quelque chose que je vais regretter. Ceci, je te le demande en tant que compagnon humain, » Illsyore m’avait dit des mots plutôt choquants.

Sans sa confession précédente de sa vie passée, j’aurais ignoré ces mots, mais maintenant, j’avais trouvé difficile de ne pas les écouter.

« Mais n’as-tu pas un rêve ? Un espoir ? Ne peux-tu pas te battre pour ça ? Ne peux-tu pas te battre pour tes femmes ? » lui avais-je demandé.

Pourquoi est-ce que je dis ça ? S’il a demandé à être tué, je devrais le faire ! J’avais crié dans ma tête.

« Un rêve ? Oui… J’en avais un… construire une Académie de Magie qui accepterait toutes les espèces de tout statut social… Enseigner à mes élèves comment créer un monde où ils pourraient coexister et comprendre pourquoi ils ne devraient pas garder le système de l’esclavage. J’ai vécu une fois dans un tel monde, donc je sais que ce n’est pas un rêve. Mais pas comme ça… pas avec les Ténèbres qui prennent le dessus… Une Académie de Magie ne deviendrait qu’une Académie de Tortures… un cauchemar. Et si cette chose en moi parvient à recréer les technologies dont j’ai été témoin dans ma vie antérieure, alors ce monde n’a aucune chance contre lui…, » il secoua la tête et serra les poings, des larmes sans fin coulaient sur ses joues.

« C’est… ça ne peut pas être vrai…, » j’avais secoué la tête.

« Il est… Et le plus drôle, c’est que je n’ai pas vraiment besoin de savoir comment ça marche EXACTEMENT. Le fait même que je l’ai vu en action et que j’ai prouvé que les principes et les théories qui le sous-tendent fonctionnent sont suffisant pour faire démarrer Les Ténèbres…, » déclara-t-il.

« Ne peux-tu pas lutter contre ça… ? » lui avais-je demandé.

« Non… J’ai essayé, mais je perds toujours… C’est une bataille que je ne peux tout simplement pas gagner… Je ne trouve pas la force de gagner contre elles, » il secoua la tête, et je pouvais dire à quel point il était effrayé par ces ténèbres.

Tandis que nous riions et que nous pensions qu’il n’y avait rien de mal chez Illsyore, peut-être qu’au fond de lui, il luttait constamment pour tenir ce monstre à distance et loin de nous.

Une mort rapide était le seul moyen de le sauver…

« Combien de temps ? » lui avais-je demandé en regardant le sol.

« Quelques jours… une semaine peut-être ? » soupira-t-il.

« Je te donne jusqu’à demain pour leur dire au revoir… et on pourra en finir, » lui avais-je dit.

« Merci, Zoreya…, » Illsyore avait dit et avait fait quelque chose d’inattendu.

Le Donjon se pencha et me serra dans ses bras.

Ensuite, nous étions retournés à l’auberge.

***

Chapitre 73 : Des larmes pour un lâche

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

Croyez-vous que je vais la laisser nous tuer !? Les Ténèbres m’avaient crié dessus.

J’étais en ce moment à l’intérieur de mon Esprit Intérieur, face à cette chose monstrueuse. Elle était énorme et enveloppait littéralement tout ce qui m’entourait comme une créature préhistorique face à qui j’étais sans défense. Je ne pouvais même pas accéder aux dépôts de matériaux sans que cette chose me le permette…

Chaque jour qui passait, j’avais de moins en moins accès à mes capacités à l’intérieur de cet endroit, et voyant la vitesse à laquelle mon esprit intérieur était consumé par Les Ténèbres, je savais qu’il ne me restait plus beaucoup de temps avant d’être consumé par elles. Après tout, qu’est-ce qu’un humain faible comme moi pourrait faire contre elles ? C’était leur territoire dès le départ. J’étais l’étranger, l’intrus.

Ce n’est plus à toi de décider ! Je ne te laisserai pas devenir une menace pour elles ou pour qui que ce soit d’autre ! lui avais-je répondu en criant.

Imbécile ! C’était toujours à moi de décider ! Je… Nous sommes les maîtres ici ! C’est NOUS qui régnerons sur tout ! répliqua-t-il.

Non ! J’avais répondu.

Vivez autant que vous le voulez dans vos petites illusions mesquines ! Mais vous ne pouvez rien faire pour nous arrêter ! Il n’y a aucun moyen pour vous de gagner ! Nous avons le contrôle ici et bientôt… dehors aussi ! Les ténèbres avaient éclaté dans un rire effrayant.

Jamais ! J’avais crié, mais j’avais l’impression de me disputer.

Cette obscurité n’avait aucune présence… c’était juste une partie de moi, une goutte dans la poussière…

Quand on sortira d’ici… le monde que vous connaissiez… sera parti. Ces matières organiques insignifiantes disparaîtront ! Nous régnerons en maîtres ! C’est nous qui tiendrons ce monde à notre portée ! Pas vous ! Pas les dieux ! Pas même ces idiots du Continent des Donjons ! Pas même nos créateurs ! Muhahahaha ! Les Ténèbres avaient ri comme un maniaque, crachant toutes sortes d’absurdités que je ne comprenais pas.

Chaque fois qu’il me parlait, il se référait soit à la première, soit à la troisième personne, mais il ne pouvait jamais se décider, comme un psychopathe fou avec un trouble de personnalité multiple. Quant à moi, je n’y voyais rien de plus que quelque chose… ne vivant pas, donc… « ça ».

Pourtant, je le sentais se faufiler dans mon âme, me détruisant lentement d’une manière que je ne comprenais pas. Je n’avais aucune idée de la façon dont il avait réussi à le faire, mais une chose était certaine… Les Ténèbres étaient beaucoup plus fortes que moi.

Quand j’avais baissé les yeux, j’avais remarqué que mes mains étaient couvertes de veines sombres. Ici et là, je me sentais constamment faible… Dernièrement, chaque pas que je faisais m’avait rapproché de ma mort, et j’en étais pleinement conscient. Je savais que ça allait arriver, et il n’avait plus l’intention de se cacher…

J’avais quitté les Ténèbres qui riaient dans mon Esprit Intérieur, tandis que j’ouvrais les yeux. Je dormais dans le lit avec Nanya et Ayuseya, ou du moins, je faisais semblant. Shanteya me regardait par la fenêtre. Tamara n’était pas là. Elle avait couché avec Zoreya.

« Illsyore ? » Shanteya m’avait demandé comme si elle n’était pas sûre.

« Oui, c’est moi… Ai-je dormi longtemps ? » lui avais-je demandé.

« Trois heures, » m’avait-elle répondu.

Je n’arrivais pas à dormir… J’avais passé tout ce temps éveillé à essayer sans grand succès d’empêcher Les Ténèbres de s’étendre davantage. En fait, mes heures de sommeil étaient au mieux minimales. Au moins, il avait fallu plus de temps pour que la fatigue extrême et les effets de l’insomnie apparaissent dans ce corps qu’ils ne l’avaient fait chez un être humain normal.

« M’as-tu observé tout ce temps ? » demandai-je en me levant prudemment, sans réveiller les deux autres.

« Oui… une précaution, » m’avait-elle dit.

« Désolé…, » j’avais baissé les yeux et j’avais poussé un soupir.

« Tu es mon mari. Tu n’as pas besoin d’être désolé quand tu as besoin de mon aide, » elle m’avait dit cela avec un doux sourire quand elle s’était approchée de moi et m’avait embrassé.

« Malgré tout…, » j’avais été attristé par le fait que j’étais devenu un tel fardeau pour elles.

« Hé ! Ne t’inquiète pas pour ça, » Shanteya m’avait donné un doux baiser sur les lèvres.

Elle avait réussi à me calmer, mais je n’arrivais pas à me rendormir. J’étais resté debout et j’avais bavardé avec elle de façon décontractée.

Quant à ce dont nous avions parlé, il s’agissait surtout de la façon dont je devais concevoir mon Académie de Magie. Même elle croyait que Fellyore était beaucoup trop petite pour accomplir son rôle fondamental. Je pensais d’abord à une zone éloignée du continent, quelque part entre les trois, mais en même temps avec un lien. Je voulais aussi des monstres et des trucs contre lesquels les étudiants devaient s’entraîner, mais il y avait tellement de détails dont je devais m’inquiéter que j’avais parfois l’impression d’avoir besoin d’une armée de donjons pour le compléter.

Après que tout le monde se soit réveillé, nous étions descendus et nous nous étions assis à une table pendant que l’aubergiste nous préparait le petit déjeuner. D’un seul coup d’œil, on pouvait dire que l’atmosphère autour de nous était vraiment tendue. Tamara était assise à côté de Zoreya, tandis que mes femmes avaient toutes un regard inquiet sur leur visage. Les Ténèbres avaient vraiment tout gâché, et je n’avais aucune idée comment le réparer.

« Qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? » leur avais-je demandé à la fin.

« Comme tu veux, Illsy, » répondit Shanteya.

« Je n’ai pas vraiment envie de faire quoi que ce soit…, » répondit Nanya.

« J’ai encore quelques livres à lire…, » déclara Ayuseya.

« Je n’ai rien de prévu, » répondit Zoreya.

Tamara était restée silencieuse.

« Je vois…, » j’avais poussé un soupir et je m’étais penché sur ma chaise.

C’était difficile de se concentrer et de réfléchir à ce qu’il fallait faire. Quant au fait de leur dire au revoir, c’était encore plus difficile.

Pour être honnête, je ne voulais pas mourir, mais j’étais assez intelligent pour comprendre que si Les Ténèbres finissaient par me consommer et prendre le contrôle de mon corps, alors ce monde serait en danger mortel. Les risques qu’elles blessent mes femmes et mes esclaves étaient également très élevés. Elles avaient prouvé très clairement qu’il n’avait même pas une goutte de remords lorsqu’elles avaient attaqué Tamara l’autre jour.

Le pire de tout, c’est que je n’avais rien pu faire pour l’empêcher de se déchaîner et de lui faire du mal. À l’intérieur, je me sentais inutile, faible… indigne d’elles.

J’y réfléchissais sans cesse, mais je n’arrivais pas à trouver de solution. Il y avait une énorme différence de pouvoir entre moi et Les Ténèbres. Chaque fois que j’essayais de l’arrêter, j’avais l’impression d’essayer de me pousser contre un mur d’acier comme un humain faible. Je me sentais impuissant.

Quant à la façon dont j’allais leur annoncer la nouvelle, je n’avais toujours aucune idée…

Je devrais peut-être les inviter à sortir ? m’étais-je demandé à un moment donné.

***

[Point de vue de Zoreya]

Après cette nuit-là, je m’étais sentie perdue dans mes propres tourments intérieurs… Les ordres de mon dieu étaient clairs. Je devais tuer Illsyore avant que les Ténèbres ne le vainquent. En même temps, le Seigneur du Donjon m’avait aussi demandé de mettre fin à sa vie afin de protéger ses proches. Plus que cela, j’avais découvert qu’il était en fait une âme réincarnée.

Je n’aurais pas dû avoir le moindre remords ou regrets à ce sujet. Au contraire, j’étais censée ressentir de la joie.

Pourtant, au fond de moi, mon âme se tordait et se tourmentait. Bref, je ne voulais pas tuer Illsyore. Il était innocent dans tout ça. Le mauvais était Les Ténèbres. Elles devaient disparaître, pas Illsyore. Malheureusement, il n’y avait aucun moyen pour moi de séparer les deux, et ce dernier n’avait pas le pouvoir de lutter contre cela.

Nos destins étaient des énigmes que nous ne pouvions pas voir, et les pièces étaient guidées par les mains de puissants dieux, tandis que nous, les mortels, ne pouvions que regarder et souffrir en silence à chaque pas que nous faisions.

Au moins, nous pouvions choisir quel dieu nous guiderait tout au long de notre voyage dans la vie, mais le résultat n’allait pas être le même.

C’est pourquoi nous décidions de prier pour un avenir meilleur, pour une vie meilleure. Nous voulions éviter leur colère et rester toujours dans leur grâce. Par conséquent, un Apôtre ne pouvait être vu que comme des individus bénis dont le destin avait été déterminé comme étant des êtres bénis.

Seul un imbécile abandonnerait un tel destin, et pourtant je me demandais si c’était la bonne chose à faire ou non. Dans mon esprit, un tel choix était ridicule, mais dans mon âme, la question était différente.

Je n’en connaissais pas la raison, mais il avait été clairement démontré que j’étais attirée par Illsyore et ses épouses. Comme un Dayuk perdu cherchant toujours à retourner dans sa meute, j’avais envie d’être à leurs côtés. C’était une demande égoïste, que j’avais cachée et enfermée en moi jusqu’à présent. C’était une pensée bizarre à laquelle je n’avais jamais prêté attention ou que je n’avais jamais voulu prendre en compte.

Ce qui l’avait fait ressortir, c’était ma confusion… cette agitation au sujet d’un débat qui aurait dû être réglé au moment où Melkuth m’avait ordonné de le faire.

Maintenant, je me demandais même si j’avais toujours le droit d’être son apôtre élu.

« Nanya, et si on sortait tous les deux aujourd’hui ? » demanda tout à coup Illsyore.

Ses paroles m’avaient sortie de ma transe, et j’avais regardé le Seigneur du Donjon.

« Pas bon ? » demanda la femme en plissant les sourcils.

« Pas bon ? » Il avait fait la moue.

« NON ! Ce n’est pas ce que je voulais dire ! » elle avait frappé la table avec les deux mains et s’était levée, attirant l’attention de tout le monde. « Ah ! Désolée ~ ! » elle revint lentement à son siège, rougissant jusqu’au bout de ses oreilles.

À ce moment-là, elle utilisait l’anneau d’illusion qui la faisait passer pour une belle humaine. Dernièrement, elle ne l’utilisait que lorsqu’elle avait l’impression que sa forme réelle attirait trop l’attention. En ce moment, seuls les regards des hommes lubriques étaient collés à elle, mais comme on ignore un petit insecte, tout le monde à cette table l’avait fait. C’était une réaction que j’avais souvent vue de leur part. Ce n’est que lorsqu’un pauvre homme avait fait un geste qu’Illsyore et ses femmes avaient réagi.

« Super ! Alors, allons après notre repas ! Et demain, je prendrai Ayuseya, puis Shanteya, et enfin Zoreya ! » déclara-t-il nonchalamment, alors que je crachais le contenu de mon verre.

« Pardon ? » demandais-je en levant un sourcil.

« Argh… tu as mis le bazar, » s’exclama Shanteya.

« Je vous présente mes excuses. » J’avais baissé la tête de honte.

C’est un acte honteux, mais je l’ai peut-être mal compris, me demandais-je.

« Bref, c’est réglé ! » déclara Illsyore.

« Soupir… très bien. » Nanya secoua la tête dans la défaite.

Après avoir mangé notre repas, lui et la démone étaient allés se préparer pour leur rendez-vous, alors que nous étions libres de faire ce que nous voulions. Avant que Shanteya ne quitte ma vue, je m’étais approchée d’elle.

« Excuse-moi, Mademoiselle Shanteya ? » lui avais-je demandé.

« Qu’y a-t-il, Zoreya ? » répondit-elle avec un sourire charmant.

« Euh… Je crois que j’ai mal compris, mais Illsyore a-t-il bien dit qu’il sortirait avec Mademoiselle Nanya ? » lui avais-je demandé avec un sourire ironique.

« Oho ~? Je me demande fufu ~ ! » elle gloussa et se retourna.

« Mademoiselle Shanteya ? » lui avais-je demandé désespérément.

« Attends de voir, “Mademoiselle Zoreya” Hihi ~ !, » gloussa-t-elle.

J’ai mal entendu, non ? m’étais-je demandée encore une fois, mais l’el’doraw ne m’aidait pas à dissiper l’incompréhension dans mon cœur.

« Quoi qu’il en soit, maintenant que j’y pense, je pense que nous devrions toutes les deux nous assurer que leur rendez-vous se passe bien, » déclara-t-elle soudain en souriant.

J’avais plissé mon front.

« Tout va bien se passer. Ton influence en tant qu’apôtre devrait s’avérer très utile ! » déclara Shanteya.

J’avais dégluti.

Que Melkuth me pardonne…, m’étais-je dit en suivant les intrigues d’El’Doraw.

***

Partie 2

[Point de vue d’Illsyore]

Pour être honnête, je n’avais pas encore accepté ma propre mort, mais je voulais leur faire mes adieux correctement. Chacune d’entre elles le méritait. Avec Tamara, ce serait le plus facile, et la dernière serait Zoreya. Malgré la façon étrange dont elle avait fini par se joindre à notre groupe, je ne pouvais pas la voir moins qu’une amie.

La première avec qui je souhaite sortir pour ces rendez-vous était Nanya.

Elle n’avait pas mis longtemps à se préparer, mais elle s’était présentée devant moi vêtue de vêtements dignes d’une noble dame de l’époque. Sa jupe était blanche et fine. Elle était décorée de fleurs jaunes en bas. Sur son haut, elle portait une chemise blanche et, par-dessus, une robe extérieure jaune vif avec un motif de feuilles et de pétales blancs sur les bords. Autour de sa taille, il y avait une corde d’or qui servait de ceinture.

« Tu es… magnifique, » c’était la seule chose que je pouvais dire.

« Merci…, » répliqua-t-elle en regardant vers le bas timidement, avec une teinte de rose dans les joues.

En voyant comment Les Ténèbres m’avaient empêché d’utiliser les matériaux à l’intérieur de mon Esprit Intérieur, j’étais allé acheter des vêtements à la mode dans un magasin local. C’était tout ce que je pouvais acheter avec l’or que j’avais sur moi. Ainsi, je portais une paire de pantalons en soie bleue, une chemise en soie rouge, une veste bleu foncé et une paire de bottes noires. La chemise et la veste étaient ornées de petites broderies dorées, ce qui lui donnait une impression de richesse et de beauté.

Comparé à mon jean et à mon t-shirt en coton, cet ensemble de vêtements était plutôt inconfortable. Comme un homme fier, je l’avais enduré.

Notre rendez-vous consistait à passer du temps ensemble comme n’importe quel autre couple ordinaire. Nous avions mangé dans un restaurant chic, avec les compliments de Zoreya pour avoir menacé le propriétaire de s’assurer qu’une table nous attendait, et aussi Shanteya pour avoir fourni la sécurité nécessaire contre toutes sortes de canailles ennuyeuses.

Ma femme el’doraw, bien qu’elle n’ait pas eu à le faire, avait insisté pour nous aider afin qu’aucune interruption ne se produise pendant notre rendez-vous.

Nous avions terminé notre rendez-vous en faisant une promenade à l’extérieur de la ville. Le ciel était clair et toutes les étoiles étaient parfaitement visibles là-haut. Dommage que je n’aie pas su reconnaître les constellations. Certaines personnes avaient nommé des étoiles, mais aucune ne se préoccupait de ce que les anciens Grecs faisaient autrefois sur Terre. Cela ou peut-être que je n’avais pas encore rencontré ou entendu parler de ceux qui l’avaient fait.

En marchant, j’avais commencé à parler à Nanya pourquoi je l’avais invitée à sortir…

« C’est magnifique ce soir, n’est-ce pas ? »

« Mhm, » elle hocha la tête et me jeta un rapide coup d’œil.

J’avais levé la tête vers le ciel et j’avais pris une grande respiration. J’avais l’impression que j’essayais de relâcher tout ce poids invisible sur mes épaules… petit à petit.

« Ce rendez-vous… était un peu soudain, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« C’est vrai, mais je suppose que tu vas me donner la raison ? » demanda-t-elle.

« Tu me connais bien. » J’avais souri et j’avais pris sa main dans la mienne.

En la regardant dans les yeux, je lui avais dit. « Ce n’est pas grave de montrer ta vraie forme ici. Je souhaite être avec le vrai toi. »

Elle hocha la tête et désactiva l’anneau d’illusion. Devant moi se tenait maintenant la grande démone à la longue queue pointue et aux griffes dangereusement acérées. Même sous cette forme, elle était très belle à mes yeux.

« Tu sais, je n’aurais jamais pensé que je finirais mariée avec toi… ou avoir ce rencard, » avais-je avoué.

« Est-ce si impossible que ça ? » elle plissa les sourcils.

« Non… peut-être. Qui sait ? » J’avais haussé les épaules.

« Tu es ici avec moi maintenant. Peu importe que cela paraisse impossible ou non à l’époque, » sourit-elle.

« C’est vrai…, » j’avais baissé les yeux au sol.

Vivre dans le présent… c’est encore difficile pour moi…, avais-je pensé. Puis j’avais poussé un soupir.

« Pourquoi m’as-tu appelé à ce rendez-vous ? » Me demanda-t-elle. Puis elle s’arrêta.

« C’est…, » je l’avais regardée dans les yeux et j’avais respiré profondément.

Ce moment m’avait semblé être une éternité, et je n’avais aucune idée de comment le rendre moins douloureux.

« Hm ? » Elle plissa ses yeux.

« C’est un cadeau d’adieu…, » lui avais-je dit.

« Adieu… Un cadeau d’adieu ? Je ne comprends pas… Pourquoi dis-tu que c’est un cadeau d’adieu ? » demanda-t-elle en plissant son front.

J’avais fermé les yeux un instant.

« Parce que bientôt, je ne serai plus là…, » lui avais-je dit d’une voix calme.

« Quoi ? » demanda-t-elle, confuse.

« Les Ténèbres… Il n’y a aucun moyen de les arrêter. Nanya… Je perds contre elles…, » lui avais-je avoué.

« Quoi ? » demanda-t-elle d’une voix tremblante.

« J’ai essayé… J’ai essayé… mais je ne peux pas gagner. Avant qu’il ne soit trop tard, j’ai demandé à Zoreya de m’arrêter. Je sais que ni toi, ni Ayuseya, ni Shanteya ne pouvez me faire du mal, alors j’ai demandé à la seule personne qui le pouvait, » lui avais-je dit.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? As-tu demandé à Zoreya de te tuer ? » demanda-t-elle en prenant du recul et en élevant le ton de sa voix.

J’avais pris une grande respiration et j’avais expiré lentement.

« Oui, » répondis-je.

« Pourquoi !?? Pourquoi, Illsy !? Pourquoi !?? » demanda-t-elle en secouant la tête alors que des larmes se formaient dans les coins de ses yeux.

« Parce que Les Ténèbres sont trop fortes, et si je ne fais rien, cela vous tuera, toi et tous les autres dans ce monde… Ça ne me détruira pas… ça me laissera regarder tout ça depuis une cage. Elles me feront souffrir… Donc, avant que ça n’arrive, je dois m’assurer que mon corps soit détruit, » lui avais-je expliqué d’une voix calme.

« Mais… il doit bien y avoir quelque chose ! Pourquoi ne peux-tu pas les vaincre ? N’est-ce pas toi qui commandes ? N’es-tu pas le plus fort ? N’es-tu pas l’esprit principal ? » demanda-t-elle en serrant les poings.

« Je le suis… mais je ne peux pas le vaincre. C’est impossible pour moi…, » déclarai-je.

« NON ! Je refuse de le croire ! Je refuse de l’accepter ! Tu viens d’abandonner ! Tu t’es abandonné à la peur et à la dépression ! Tu… n’as même pas essayé de te battre ! » elle m’avait crié dessus à la fin.

Le mana de son corps commençait à devenir instable et une forte pression se faisait sentir autour de moi. Le sol à ses pieds se fendit un peu sous son immense pouvoir. C’était une entité avec plus de mana que la plupart des Suprêmes.

« Je l’ai fait… mais je ne peux pas… c’est trop fort, et je ne suis qu’un faible par rapport à lui… S’il te plaît, essaie de comprendre… Il n’y a rien d’autre que je puisse faire…, » avais-je dit. Et je m’étais approché d’elle.

« NON ! » elle avait sauté en réponse et m’avait regardé avec des yeux larmoyants.

« Nanya… » Je l’avais regardée et la douleur m’avait saisi le cœur.

« Tu peux toujours te battre… si tu veux. Tu peux gagner… Tu dois juste trouver un moyen, » déclara-t-elle.

« Mais…, » j’avais essayé de faire un pas de plus, mais elle avait levé la main.

« Reste à l’écart… Si tu abandonnes et que tu te laisses vaincre par Les Ténèbres, alors… alors tu n’es qu’un traître à notre amour et un lâche devant toi-même ! Tu n’es pas… Tu n’es pas le vrai Illsyore, l’homme que je connais et que j’aime ! » Elle avait crié et s’était enfuie en pleurant.

« Nanya…, » avais-je dit d’une voix basse.

Je savais que je l’avais blessée et que ses paroles étaient celles du chagrin, mais je ne pouvais rien y faire. L’affaire avait été réglée. Une fois que je serais parti, elle serait libre de chercher un autre homme à aimer et à chérir, peut-être quelqu’un de meilleur que moi… Ou si j’avais de la chance, je me réincarnerais dans cet homme.

« Je l’ai fait pleurer…, » avais-je murmuré en me frottant l’arrière de la tête.

Soudain, une douleur aiguë me frappa à la poitrine et je m’agenouillai.

Ce ne sera plus très long, Illsyore… Les Ténèbres… JE… NOUS réclamerons votre corps ! Muhahahaha ! il avait ri pendant que je me tenais là avec une haleine en désordre.

Le cristal sur ma poitrine devenait lentement rouge foncé. Il ne me restait plus beaucoup de temps…

***

[Point de vue de Nanya]

J’avais dit ces mots par chagrin et colère. Je ne détestais pas Illsy…

Même si c’était un lâche ou un perdant, je l’aimais toujours, mais faire face à cela, accepter ses adieux était trop dur, alors j’avais couru… J’avais couru aussi vite que j’avais pu.

J’étais peut-être aussi une lâche, mais que me restait-il à faire ?

J’étais confuse, et je ne savais pas comment l’aider… Cela m’avait fait mal… mais ce qui m’avait le plus blessée, ce n’est pas la nouvelle de la victoire des Ténèbres dans cette bataille, c’était l’abandon d’Illsy dans ce combat.

À l’intérieur, j’espérais toujours qu’il gagnerait, qu’il y aurait une chance ou un moyen pour lui de vaincre ce monstre qui le dévorerait de l’intérieur, déformant sa personnalité et corrompant son âme. J’espérais toujours qu’il se battrait jusqu’au bout pour lui et pour nous, mais j’avais peut-être tort à son sujet ? Peut-être que le fort et intrépide Illsy n’était pas comme ça ?

« Illsy, gros idiot…, » avais-je dit alors que je montais sur les toits, en retournant à l’auberge.

Même s’il avait renoncé à la bataille, moi, par contre, j’avais refusé de le laisser faire. Même si je mourais, je voulais l’aider à se battre, à trouver un moyen de sortir de ce pétrin. Peut-être que la magie n’était pas la solution, peut-être que Zoreya avait un indice, ou peut-être même que les dieux l’avaient abandonné, mais pas moi… Je ne voulais pas abandonner Illsy !

C’était mon mari, mon amant… et le seul homme auquel je tenais tant de toute ma vie. Je n’étais pas prête à le laisser partir.

Qui le ferait ?

J’étais certaine qu’Ayuseya et Shanteya n’oseraient pas le faire non plus.

***

Chapitre 74 : Le véritable destin de l’El’Doraw

Partie 1

[Point de vue de Tamara]

Le maître m’avait fait peur ce jour-là… J’avais essayé de l’éviter, de rester loin de lui parce que j’avais peur que le Maître qui n’était pas le Maître ne sorte et ne me fasse du mal à nouveau. Il y avait deux Maîtres dans le corps du Maître, mais l’un était mauvais, et je ne l’aimais pas, tandis que l’autre était le Maître que je connaissais.

Zoreya m’expliqua cela, tout comme Nanya, Shanteya et Ayuseya, mais j’avais toujours peur du mauvais Maître. Ma fourrure était hérissée chaque fois que j’étais près du Maître.

Et s’il sortait ? Et s’il me faisait du mal ? Et s’il m’attaquait ? Et s’il me tuait ?

C’était des questions qui m’avaient fait avoir peur de lui, et je ne savais pas quoi faire à ce sujet.

Puis, quand le Maître avait emmené Nanya dans un rendez-vous, elle était jolie… Je savais que je ne porterais jamais cette robe. Elle était charmante, mais plus tard dans la journée, elle était revenue en pleurant. Elle ne cachait même pas sa nature démoniaque. Les gens de l’auberge lorgnaient de surprise en la voyant. Zoreya les avait calmés d’un regard furieux.

À ce moment-là, je me faisais caresser par Zoreya. La dame Chevalière était gentille, elle ne détestait pas les nekatars ou les non-humains comme les autres.

« Je me demande si le Maître maléfique est sorti… nya, » avais-je dit en regardant la tasse de lait chaud devant moi.

« Peut-être, mais Illsyore n’est pas maléfique, Les Ténèbres sont… Malheureusement, nous ne pouvons pas séparer les deux, » elle poussa un soupir triste.

Le souffle d’air chatouillait la fourrure à l’arrière de mon cou.

Environ une demi-heure plus tard, le Maître arriva. Il avait l’air triste.

En le voyant, j’avais poussé un miaou et je m’étais instinctivement accrochée à Zoreya. Il m’avait fait un sourire triste et s’était ensuite assis à notre table. J’avais détourné le regard.

« Je suis désolé, Tamara… à l’époque… Je…, » commença-t-il à dire, mais j’avais aplati mes oreilles et je me’étais approchée de Zoreya.

« C’est bon, ma petite, » me déclara-t-elle en caressant doucement ma tête.

J’avais les oreilles qui tremblaient en raison de son contact, puis je les avais lentement relevées.

« Tamara… Les Ténèbres se sont celles que vous craignez… très probablement, » déclara le maître.

J’avais levé les yeux et j’avais poussé un doux miaou.

Zoreya hocha la tête, et le Maître me caressa la tête à sa place.

Sa main… était douce. Son odeur était la même. Il était chaud…

Des larmes s’étaient accumulées dans mes yeux, et j’avais reniflé.

« Tamara n’aime pas les Ténèbres… Uhu ! Tamara a peur des Ténèbres ! » avais-je pleuré.

« Je sais, ma petite… et je suis désolé, » il m’avait fait un doux sourire tout en continuant à me caresser.

Le voir ainsi me rappelait le gentil Maître, celui que j’aimais, celui qui me traitait bien…

« Dans quelques jours, tu n’auras plus à t’inquiéter pour lui… il sera parti, » m’avait-il dit.

« Vraiment ? » demandai-je innocemment en levant les oreilles.

« Oui. » Il acquiesça d’un signe de tête.

J’avais les oreilles qui tremblaient.

« Bien… Je ne l’aime pas. C’est mieux s’il s’en va ! » j’avais parlé durement.

« Je vois…, » dit-il doucement, mais son sourire était triste.

Zoreya avait l’air triste aussi, mais je ne comprenais pas pourquoi.

« Ne t’inquiète pas, je vais… Je m’assurerai que tu ne reviennes plus jamais à côté de cet Illsyore…, » m’avait-elle dit.

J’avais cligné des yeux surpris et je l’avais regardée.

« Si vous le pouvez, occupez-vous de ce monstre ! Je ne l’aime pas ! » avais-je dit.

Elle avait souri doucement et me tapota la tête.

« Eh bien… Je vais y aller et me reposer un peu. Prends soin de toi, ma petite, » déclara le maître en me caressant une dernière fois et s’éloignant.

J’étais confuse par ses paroles, mais j’étais heureuse de savoir que Zoreya allait éliminer Les Ténèbres… Malheureusement, je n’avais aucune idée que mon gentil Maître l’accompagnerait aussi…

[Point de vue d’Illsyore]

En voyant la réaction de Tamara, j’avais réalisé à quel point la chose à l’intérieur de moi était terrifiante. En effet, c’était un monstre, mais contrairement à ceux que nous avions trouvés éparpillés dans le monde, celui-ci ne pouvait pas être tué sans me tuer moi aussi. Même avec le pouvoir des dieux, c’était inutile.

J’étais destiné à mourir dans quelques jours par l’épée de Zoreya. De cette façon, Tamara n’aurait plus à avoir peur de moi… ou plutôt de la chose en moi.

L’alternative était de lâcher un monstre capable de détruire le monde entier sans montrer une seule goutte de remords. Les Ténèbres… étaient l’ennemi de tout et de tous dans ce monde, mais aussi de l’autre partie de moi-même, celle que je ne pouvais pas couper.

J’avais dormi cette nuit-là sur la chaise, ou plutôt… Je m’assoupissais de temps en temps. Mon manque de sommeil me rattrapait, mais si je m’endormais, Les Ténèbres pourraient m’envahir et s’enfuir avec mon corps, alors le temps que je retourne auprès de mes femmes, son contrôle sur moi serait terminé. Ou c’est ce que je pensais.

Il m’était impossible de déterminer le temps qu’il me restait avant qu’il ne m’ait complètement sous son contrôle.

[Point de vue d’Ayuseya]

Nanya revenant dans cet état, j’avais un peu peur de la façon dont mon propre rendez-vous allait se dérouler. Il était clair que c’était Illsy qui lui avait dit quelque chose et non Les Ténèbres. Il y avait très peu de choses qui pouvaient faire pleurer la puissante démone, mais si je devais le deviner, je dirais qu’il avait révélé quelque chose sur son état actuel, quelque chose que je ne savais même pas.

Ça ou il avait décidé de rompre avec elle… Cependant, cette option me paraissait très improbable, même pour moi, mais comme tout le monde était placé dans un dilemme similaire, j’avais commencé à m’inquiéter sans cesse à ce sujet.

Le lendemain, je m’étais réveillée de bonne heure et je m’étais préparée pour le rendez-vous. Je n’avais dormi que quelques heures. Ce n’était rien que quelques touches de maquillage ne pourraient arranger. Le problème, c’était la robe. S’il y avait une chance que ce soit mon dernier rendez-vous avec lui, je voulais qu’il soit agréable, quelque chose dont je me souvienne, mais en même temps, j’étais bien consciente du fait que la robe d’une femme en dit long sur sa richesse.

Heureusement, j’avais trois coffres remplis de robes moins chics. Illsy portait le reste de mes affaires, mais je ne voulais pas les lui demander parce qu’elles contenaient surtout des robes somptueuses, chères et appropriées pour une noble. Si je me promenais dans la ville vêtue d’un tel vêtement, le nombre de regards finirait par être ennuyeux.

La démone était assise sur le lit et me regardait pendant que je les triais. Tout le monde était là, sauf Illsy.

« Trop de couleurs. Pas assez de couleurs. Pas assez de fioritures. Trop de fioritures. Trop longue. Trop courte. Pourquoi ai-je acheté ça ? Certainement pas celui-là ! Celle-ci est jolie, mais la couleur est trop pâle. » J’avais parlé en jetant une robe après l’autre.

« Nya ~ ! Il pleut des vêtements ! » dit la nekatare en finissant enterrée sous le tas.

« Ils m’ont tous l’air bien, » remarqua Shanteya en ramassant la robe « Certainement pas celui-là ».

J’avais toujours su que ces deux-là avaient un mauvais sens de la mode, mais ce n’est que maintenant que cela avait été révélé. Eh bien, il n’y avait rien que je pouvais attendre d’une nekatare qui aimait jouer toute la journée malgré le fait d’être techniquement considérée comme une adulte par son espèce. Quant à l’el’doraw, elle n’avait eu que peu ou pas de chance de trouver ce qui lui convenait le mieux. Même moi, j’avais quelques robes qui étaient parfaites pour son teint. Elles n’auraient nécessité que quelques modifications au niveau de la poitrine, des manches et de l’ourlet, qui étaient trop grandes pour elle.

« Soupir… J’ai l’impression de ne pas avoir apporté assez de robes… Je ne trouve pas la bonne, » j’avais poussé un autre soupir en les regardant.

Nanya et Shanteya plissèrent leurs sourcils, tandis que Tamara inclinait simplement sa tête vers la gauche. Zoreya n’avait pas dit un seul mot comme d’habitude. La croisée était calmement assise sur une chaise en me regardant.

« Quoi ? » J’avais cligné des yeux de confusion devant leur étrange réaction.

« Rien, c’est juste que depuis que je t’ai rencontrée, c’est la première fois que je t’entends te plaindre de ne pas avoir quelque chose à te mettre, » Nanya était celle qui parlait.

J’avais poussé un soupir et j’avais poussé une mèche de cheveux égarés hors de mon visage.

« J’aurais pu le faire à tout moment, mais avec beaucoup d’efforts, je me suis abstenue, » j’avais hoché la tête.

« Ah ~ les périls de la haute société. Quand on n’a pas à se soucier de la guerre, la mode est la seule alternative, » déclara Shanteya et gloussa.

« La mode n’est qu’un hobby pour moi. De plus, en tant que femme, il est normal que je sois consciente de ce que je porte et de mon apparence devant les autres. La bonne robe et la bonne coiffure peuvent attirer les regards émerveillés ou le bavardage des moqueries ! » J’avais déclaré, en parlant d’une expérience amère.

Nanya et Shanteya se regardaient en étant un peu confuses. Elles ne semblaient pas comprendre de quoi je parlais. Je pouvais comprendre Nanya, mais Shanteya était un peu bizarre. C’était censé être une tueuse habile. Comment était-elle censée infiltrer une fête de nobles si elle n’avait aucune idée d’avec quoi s’habiller ?

Laissant de côté mes pensées égarées, je m’étais retournée et j’avais continué à chercher la bonne robe, mais aucune d’entre elles ne me semblait juste. J’étais à bout de nerfs jusqu’à ce que Zoreya dise quelque chose d’inattendu.

« Que dirais-tu de celle-ci et d’utiliser une écharpe en soie rouge ou peut-être un châle ? » demanda Zoreya.

La robe pointée du doigt par la croisée était l’une des rares que je portais à l’Académie Fellyore. Avec une partie inférieure en sarcelle légère et un haut de couleur jade, les manches longues et la coupe audacieuse de la poitrine l’assortissaient parfaitement à mes cheveux roux, mes écailles dorées et mes yeux rouges fendus. À elle seule, la robe n’était pas grand-chose, mais si j’ajoutais une écharpe rouge…

En marchant, j’avais pris la robe et je l’avais regardée attentivement. J’avais jeté un regard à Zoreya, puis j’avais regardé Shanteya et Nanya, les deux femmes se posaient la même question. Tamara n’avait pas réagi, comme prévu.

« C’est peut-être la bonne combinaison… mais j’ai l’impression qu’il manque quelque chose, » avais-je dit, et ensuite j’avais plissé mes yeux pointés vers Zoreya.

Se grattant le haut de la tête, la femme couverte d’une armure de plaques jeta un regard sur mes autres robes. Au bout d’un moment, elle désigna l’une d’elles.

« Et si tu prenais ces cinq roses de la robe rouge et les cousais sur la verte ? » demanda-t-elle.

Les yeux grands ouverts, j’avais rapidement fait passer la combinaison dans ma tête. Ça avait marché. Elle était assez élégante pour l’appeler robe de noble et assez simple pour ne pas attirer l’attention non désirée.

« Parfait ! » avec un cri aigu, j’avais pris Zoreya dans mes bras.

« Je n’ai aucune idée de ce qui vient de se passer…, » déclara Nanya.

La démone était un peu confuse, mais ça n’avait pas d’importance. J’avais ma robe maintenant, donc j’étais prête à aller à la guerre !

***

Partie 2

[Point de vue d’Illsyore]

Nous nous étions rencontrés vers quatre heures du soir. Ayuseya était étonnamment belle comme toujours, dégageant l’air d’une femme raffinée qui savait tout ce qu’il y avait à savoir sur la haute société. Le vert de sa robe complimentait la couleur cramoisie de ses yeux et de ses cheveux tout en poussant vers l’avant les généreuses montagnes sur sa poitrine.

La façon dont elle marchait. La façon dont elle regardait ceux qui l’entouraient. La façon dont elle avait gardé son sang-froid et m’avait accueilli avec un sourire délicieux. Toutes ces choses étaient des signes de son noble passé. C’était après tout une princesse.

« Tu es… magnifique, » avais-je dit dès que je l’avais vue.

« Merci, mon cher, » répliqua-t-elle et fit un salut courtois devant moi.

« Est-ce qu’on y va ? » avais-je demandé d’un ton poli.

Elle hocha la tête et ainsi, nous avions quitté l’auberge.

Nous avions mangé un bon repas dans un bon restaurant, différent cette fois-ci pour ne pas répandre les rumeurs selon lesquelles je trompais Nanya. En voyant comment elle avait pleuré hier et comment je sortais avec une beauté comme Ayuseya aujourd’hui, ce ne serait pas si mal de supposer que c’était le cas.

Pour une raison ou une autre, je me sentais vraiment tendu en me promenant dans la ville, et ce n’était pas parce que des gars suspects pensaient que nous étions une sorte de proie facile qu’ils pouvaient enlever sur le chemin du retour. Shanteya était certaine de les retirer. Ce qui m’avait rendu tendu, c’était de réaliser à quel point la différence de maturité et de classe était grande entre moi et la dragonne.

Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais donné la peine de faire de telles choses. Même sur Terre, je n’avais aucune idée de ce qui rendait une femme si noble. Mon idée de l’élégance était un costume et une cravate pour un homme et une jolie robe pour une femme. Ayuseya m’avait prouvé que c’était plus que ça. C’était la façon dont elle se comportait, la façon dont elle marchait et la façon dont elle regardait les gens qui l’entouraient. Cela m’avait fait me sentir un peu plus inquiet avec ce que j’avais dit et fait autour d’elle.

Dans l’ensemble, Ayuseya donnait une impression d’une femme complètement différente par rapport à Nanya et Shanteya. Si je devais penser à son rôle dans mon Académie, ce serait celui de directrice adjointe. Elle avait simplement ce genre d’influence et de présence en elle-même.

Contrairement à Nanya, c’était aussi une femme de peu de mots, mais les sujets dont nous parlions étaient des petits riens, des souvenirs de notre voyage jusqu’ici, des conseils pour devenir plus fort, simple et parfois des compliments un peu coquins. Elle s’était aussi collée tout près de moi, ne lâchant jamais ma main et me montrant plus d’une fois un regard ému d’amour.

Puis vint le moment où je devais lui révéler la vérité. Comme c’était arrivé avec Nanya, je l’avais conduite dehors. Si je me faisais gifler là-bas, au moins elle n’aurait pas à s’inquiéter d’avoir détruit la maison de quelqu’un par accident.

« Ayuseya… à propos de ce rendez-vous…, » j’avais commencé à parler.

« C’est ta façon de nous dire adieu, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle avec un doux sourire sur les lèvres, mais des larmes se formaient dans ses yeux.

« Oui…, » j’avais l’air honteux.

« Les Ténèbres…, » déclara-t-elle.

« C’est en train de gagner…, » répondis-je.

« La solution ? » demanda-t-elle.

« Ma mort…, » répondis-je.

Un moment de silence nous avait été imposé. J’avais levé les yeux et j’avais vu ses beaux yeux rouges se remplir de larmes. Ses poings étaient serrés, mais elle avait refusé de pleurer. En déplaçant mes bras autour de ses épaules, je l’avais tirée afin de lui faire une étreinte. La force avait quitté ses genoux et était tombée contre moi.

« Uhu…, » elle s’était mise à pleurer, le visage enfoui contre ma poitrine.

« Je suis désolé…, » avais-je dit en lui tapotant doucement la tête.

Qu’y avait-il à dire ?

J’avais laissé passer le moment pendant que les larmes de ma femme draconienne trempaient ma chemise.

Quel mari sans valeur je suis…, étais-je dit.

Alors, tuez-la…, murmurèrent Les Ténèbres.

En fronçant les sourcils, j’avais repoussé l’idée. Il était inutile de raisonner ce monstre.

Quelque temps plus tard, quand Ayuseya s’était calmée, elle reposait sa tête sur mes genoux, pendant que je lui caressais les cheveux roux avec ma main. Ses cornes avaient vraiment gêné sa position confortable, mais je l’avais supportée.

« Il n’y a vraiment rien que tu puisses faire ? » me demanda-t-elle.

« Non… J’ai essayé, » répondis-je.

« Est-ce si puissant que ça ? » demanda-t-elle.

« Oui, » j’avais hoché la tête.

« Il ne me semble pas que ce soit le cas…, » déclara-t-elle.

Tout comme Nanya, elle avait refusé d’y croire.

« Peut-être, mais pour moi, c’est un ennemi imbattable…, » avais-je dit.

Avec ses grands yeux rouges, elle me regarda et me toucha doucement la joue avec ses doigts.

« Personne ne peut te vaincre, mon amour… Quoi qu’il arrive. Ce ne sont pas les Ténèbres qui ont vaincu Dankyun, c’est toi. Ce n’est pas les Ténèbres qui ont créé ton corps, c’est toi. Ce n’est pas Les Ténèbres qui m’ont demandé en mariage ce jour-là, c’est toi…, » déclara-t-elle.

« Même si c’était une blague “ne pas” ? » lui avais-je demandé.

« C’était le destin… et je ne regrette même pas un seul instant passé avec toi. Je préfère un mois de bonheur à tes côtés en tant qu’épouse plutôt qu’une éternité de souffrance en tant que celle de Dankyun. En fait, je ne peux imaginer aucun autre homme que toi… et tu… tu n’es pas les Ténèbres. À mes yeux, tu es le plus fort, mon amour, » me dit-elle d’un ton doux.

« Si seulement c’était vrai…, » avais-je gémi.

« Tout cela est… il suffit d’y croire aussi. Qui sait ? Peut-être que la clé pour vaincre les Ténèbres est bien plus simple que tu ne peux le croire ? » elle m’avait fait un sourire et puis des larmes s’étaient à nouveau accumulées dans ses yeux, se précipitant le long de ses joues, contournant ses écailles d’or.

« Ayuseya…, » avais-je parlé doucement.

« Illsy, je ne veux pas que tu me quittes… Je ne veux pas que tu t’éloignes de ma vie… Je te veux comme mari, comme amant, comme toi…, » elle se couvrit les yeux de sa main. « Je suis désolée, mais… te voir abandonner comme ça… si facilement, ça fait mal. Tu n’es pas un homme qui devrait abandonner si facilement, Illsy… »

« Que veux-tu que je fasse, Ayuseya ? » lui avais-je demandé en fermant les yeux.

« Tu dois combattre… Tu dois te battre comme tu ne t’es jamais battu avant ! Pour donner le meilleur de toi-même ! Pour briser et mettre en pièces toutes les règles, les lois, les destins et les dieux qui osent s’opposer à toi, jusqu’à ton dernier souffle… jusqu’au dernier moment… Je veux que tu te battes pour toi… et pour nous, tes femmes qui t’aiment tant…, » déclara-t-elle.

Avec ces mots, notre conversation s’était terminée, et seuls les sanglots d’une princesse draconienne pouvaient être entendus dans ce désert sans fin. J’étais resté avec Ayuseya jusqu’à ce qu’elle se calme, mais pour moi, c’était difficile d’accepter ou même de trouver la force de suivre ce conseil.

À quoi bon se battre quand le résultat est déjà décidé ? C’est ce que je pensais.

[Quelque part dans le ciel]

« COMMENT OSES-TU ! » cria Melkuth de colère en frappant d’un coup de poing sur le dieu qui ressemblait à un vieil idiot sénile.

« Patience, jeune fille, » l’homme avait arrêté le coup de poing du dieu avec seulement un doigt.

« Kuh ! Avoir autant de force… même si tu es une plaisanterie en tant que dieu ! » dit-il d’un air renfrogné.

« Une blague ? Ohohohohoho ! Je suis adoré par tous les disciples de tous les dieux sans même qu’ils le sachent ! » sourit-il.

« C’est ridicule ! » répliqua-t-il en fronçant les sourcils, mais malgré ces mots, il savait que c’était la vérité.

« Calme-toi, tu veux bien ? » le vieil idiot sénile fit un coup de poing et renvoya le puissant Dieu de la guerre à quelques mètres en arrière.

« Si seulement je n’écoutais pas tes paroles ! J’ai eu la chance de réparer ça, d’envoyer mes apôtres pour tuer cette chose avant qu’elle ne devienne trop forte ! Maintenant, les trois continents seront détruits par cette chose que TU as créée ! » Melkuth avait pointé du doigt le dieu.

« Oh mon Dieu ! Ne sois pas si hâtif avec tes accusations, » il avait souri et frotta sa longue barbe.

« Mon apôtre bien-aimé mourra, les Ténèbres s’éveilleront, et il n’y a absolument RIEN que nous puissions faire ! » déclara-t-il d’un air renfrogné.

« Oh mon Dieu ! Franchement ? Ça ne m’a pas l’air si terrible que ça. » Il avait souri et regarda les nuages qui les séparaient.

Un tourbillon massif s’était formé et un miroir avait été révélé. Il avait montré un moment d’avenir. Illsyore avait été complètement pris par Les Ténèbres, et une épée avait été poignardée dans la poitrine de Zoreya.

« Tu disais ? » demanda Melkuth en plissant les sourcils.

« C’est vrai, c’est… triste, mais son avenir dépendra aussi de ton propre choix. Une mule têtue, qu’elle soit jeune ou vieille, est encore une mule têtue, » sourit-il. « Tu tiens sa vie entre tes mains. Tu choisiras ce qu’il faut faire quand le moment sera venu, après tout… seul le pouvoir d’un dieu peut nier le sien, » il avait ensuite regardé la scène de crime en bas. « Quant à lui… il y a des différences entre ce qui se passe maintenant et l’avenir prédit par les Dieux Noirs, » avait-il souligné.

« Tels que ? » demanda Melkuth en plissant les sourcils.

« Tout d’abord… Seul le Vrai Dieu de cet univers peut prédire l’avenir, et les autres ils peuvent simplement le deviner, » sourit-il.

« Jusqu’à présent, c’était précis à l’infini. Illsyore est né. Il a vaincu un Suprême. Il a vaincu un pays, et il est maintenant contrôlé par Les Ténèbres, » répliqua Melkuth.

« Oui. Mais… Il l’a vaincu, pas tué. Il a vaincu le prince corrompu d’un pays, il n’a pas détruit son armée et sa famille royale, laissant ainsi le pays à la merci de ses voisins, » sourit-il.

« Je sais, mais quand même… ça n’a rien changé ! » lui dit-il en le regardant fixement.

« Il ne l’a pas fait ? Hm, je me le demande…, » sourit le vieux dieu.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda l’autre.

« Les Dieux Noirs ont parlé de beaucoup de prophéties. Beaucoup d’entre elles se sont avérées réelles. Beaucoup d’entre eux étaient craints, c’est pourquoi les Mages Noirs existent, mais dans celui-ci en particulier, que nous avons caché loin des mortels… nulle part… et je veux dire que nulle part. » Il avait plissé ses yeux « était mentionné qu’Illsyore aurait une femme… ou plus, » avait-il souri.

« À quoi cela sert-il ? Toutes ses femmes étaient censées être mortes bien avant ce voyage ! Seuls toi et ta stupide bénédiction êtes responsables de ce résultat ! » s’écria le dieu de la guerre.

« EXACTEMENT ! LA GLOIRE DES GROS SEINS A SAUVÉ LA JOURNÉE ! » cria-t-il triomphalement en levant les mains vers le ciel.

Face à cette remarque, le Dieu de la guerre avait dégainé son épée et l’avait jetée sur l’autre dieu, le frappant droit sur le front avec la poignée.

« Argh ! » le vieil idiot sénile était tombé en arrière.

« Espèce d’idiot ! Ce n’est pas parce que tu as sauvé la vie de trois petits mortels que tu as changé le résultat ! En fait, tu l’as rendu PIRE ! Les Ténèbres n’étaient pas censées apparaître avant des années ! » cria Melkuth.

« Argh… Mais, de cette façon, il ne se sentira pas seul… D’ailleurs, il est vrai que si Illsyore n’avait pas eu ma bénédiction en tant que Dieu des gros seins, il n’aurait jamais sauvé ou remarqué Shanteya en premier lieu. Il l’aurait tuée sans remords AVANT de l’examiner. Soupir, un tel gâchis dans un rebondissement béat que représente…, » le dieu semblait regretter la mauvaise chose dans toute cette situation.

Quant à Melkuth, il l’avait supporté et avait écouté les paroles d’un dieu ignoré par presque tous les autres dieux… et pour la plupart inconnu des mortels. Malgré tout, il remarqua de ses propres yeux les changements provoqués par l’influence de ce dieu particulier, et ce n’était pas quelque chose à ignorer.

« Cette tragédie aurait élevé une barrière sur son cœur et l’aurait éloigné davantage de Nanya et Ayuseya. Le fait d’épargner la vie de Shanteya a également influencé la vie de la princesse draconienne, » sourit-il.

« Comment cela se fait-il ? » Melkuth connaissait déjà la réponse, mais par courtoisie, il demanda.

« Eh bien, Illsyore a pu apprendre son incroyable capacité en tant que Seigneur du Donjon divin à guérir ces malédictions impossibles et ces méthodes anormales, ce qui l’a incité à croire et à avoir confiance qu’il y avait une chance de le faire pour Ayuseya Drekar Pleyades ! Si ce n’était pas pour ça, il n’aurait JAMAIS proposé de l’aider ! Il n’aurait JAMAIS interféré avec sa vie ! Dankyun serait arrivé et l’aurait emmenée sans problème. Tout au plus, il aurait dit : “Comme c’est malheureux…” juste avant qu’elle ne parte avec lui, » le dieu des seins avait souri.

Melkuth le fixa du regard, mais le résultat d’un tel événement tragique était déjà clair pour lui.

« En conséquence, elle serait morte deux ans plus tard après avoir donné naissance à son premier enfant. Dankyun serait retourné à Fellyore, et bien qu’à ce moment-là Illsyore et Nanya auraient été amis, en raison de l’incident avec ses donjons et à la mort de l’enseignant, elle ne lui aurait pas fait confiance. Dankyun aurait tué Nanya avant qu’elle n’ait eu la chance de libérer son sceau, massacrer les étudiants et seulement ensuite Illsyore aurait réagi ! » le Dieu des Gros Seins cria en pointant une main sur Melkuth.

« C’est vrai, mais… c’était en fonction de leur destin. Leurs âmes ne se seraient pas souciées d’un tel résultat…, » le dieu de la guerre avait reculé, mais il avait regardé droit dans les yeux. « Bien que, grâce à cela, Dankyun aurait été tué par Illsyore SANS l’aide des Ténèbres. Aujourd’hui, bien qu’il soit relativement inoffensif, c’est toujours un psychopathe instable, capable de détruire une nation ! »

« Eh bien, c’était un psychopathe instable au départ, mais tu oublies qu’il se trouve maintenant dans une prison spécialement conçue et gardée par deux autres Suprêmes contre lesquels il n’a aucune chance de gagner. S’il sort de là sans permission, il est mort, » le vieil imbécile sénile avait souri.

« Tu me dis de croire en Illsyore juste parce que son avenir prédit a été changé en un avenir inconnu ? » demanda-t-il.

« Oui ! En plus, aucun de nous deux n’a approuvé ce futur merdique de toute façon, » le dieu des seins secoua la tête.

« Pourtant, utiliser notre pouvoir comme ça… interférer avec les mortels. Comment sais-tu que ce n’est pas un abus de pouvoir et que nous n’agissons pas comme eux ? » demanda le dieu de la guerre.

« Grâce à la VOIE, cette influence simple et inattendue a changé TOUS leurs destins. Après tout, la seule chose que j’ai faite, c’est de la faire remarquer à Illsyore, et qu’il réfléchisse à deux fois avant de la tuer instinctivement, » le vieil idiot sénile avait souri à nouveau.

« En fait, ces deux faits sont le résultat de ta décision de te mettre en tant que dieu d’Illsyore…, » grogna Melkuth.

« Oui. Mais cela suffisait pour permettre de fonctionner… ma “magie” sans qu’il devienne Apôtre ! C’est pourquoi tant d’âmes ont été sauvées par la suite ! Tant de vies ont été changées ! Les opinions sur les Donjons ont changé ! De nouveaux donjons sont apparus ! Bon sang, même ta précieuse Apôtre a appris à sourire ! Si elle avait pris ce chemin ennuyeux, elle se serait battue à mort contre Illsyore cinq ans après le massacre de Fellyore ! » s’exclama-t-il.

« C’était son destin… Alors elle m’aurait rejoint au paradis ! Qu’est-ce qu’il y avait de mal à ça ! » Melkuth l’avait fusillé du regard.

« Espèce de vieux craintif ! C’est toi qui as un problème ! Quand tu vois une belle femme, tu ne peux pas la lâcher ! » déclara le vieil idiot sénile.

« Parce que je suis un dieu ! J’ai ce droit… partiellement… eh bien… en quelque sorte…, » il avait parlé en connaissance de cause des limites et des lois qui s’appliquent à leur espèce.

« Même comme ça, tu es un bon gars au fond, Melkuth… Je sais que tu seras capable de sauver cette enfant. Eh bien, même nous ne pouvons pas prédire ce qui va se passer ensuite… Tout au plus, on peut le deviner, mais jusqu’à présent… il semble que le destin pourrait changer pour Illsyore et les trois continents. » Le vieil idiot sénile parla d’une voix grave.

« Tu es un dieu si puissant, et pourtant… tu es le plus bizarre parmi nous tous. Le Dieu des gros seins, celui que beaucoup adorent sans même qu’ils le sachent. » Melkuth poussa un soupir de défaite et s’affaissa sur le sol les jambes croisées.

« Ne sois pas triste, mon vieil ami, Zoreya n’est tout simplement pas celle qui…, » déclara l’autre.

« Je sais… mais serons-nous vraiment capables de sauver les trois continents avec ça ? Sinon, nous devrons faire tout ce machin d’invocation de héros, désigné les Ténèbres en tant que Seigneur-Démon, yada yada, tu sais… ce genre de choses, » il poussa un soupir agacé.

« Si ça ne marche pas, nous ferons l’appel quelques années plus tôt que prévu. Pas de mal, et je te prêterai même mon pouvoir pour cela, d’accord ? » Le vieil imbécile sénile l’avait dit en souriant tout en marchant et en s’asseyant devant le Dieu de la guerre « En outre, contrairement aux autres dieux, tu te retiens trop avec ce pacte de non-ingérence. Ce n’est pas absolu, tu sais ? Mon conseil est de prendre un verre et de te détendre ! Peut-être qu’une fois de temps en temps, va visité le royaume des mortels et amuse-toi un peu ! Du saké ? » demanda-t-il en sortant une bouteille de l’air.

Melkuth leva un sourcil « Es-tu fou ? Donne-moi de la vodka !, » sourit-il.

Une autre bouteille était apparue.

« Tu n’as pas dit aux autres dieux ce qu’on a fait, n’est-ce pas ? » demanda le vieil idiot sénile.

« Hm ? Non, mais ceux qui sont liés à ces mortels doivent déjà se douter de quelque chose, » Melkuth ouvrit la bouteille de vodka et remplit une chope.

« Aux gros seins ! » déclara l’un d’eux en levant sa tasse.

« Pour la victoire dans la guerre ! » répliqua l’autre en soulevant sa tasse.

Ils avaient fait un tintement et avaient tout bu !

« Puha ~ ! Parfait ! » dit le Dieu des Gros Seins.

« Haaaa ~ ! Pensé que la vie de millions de personnes puisse être sauvée grâce à une seule femme…, » le dieu de la guerre secoua la tête.

« Plus précisément, grâce à sa poitrine généreuse et à l’amour qu’elle porte pour un Donjon ! Bref, l’amour qui s’est manifesté cette nuit-là a réussi à refaçonner l’avenir… Même moi, je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point… Illsyore est peut-être exactement ce dont cette planète a besoin pour ne plus être ainsi. » Le dieu des gros seins avait souri.

« Hé, ça va un peu trop loin, tu ne trouves pas ? » le dieu de la guerre plissa les sourcils.

« Qui sait ? Buvons mon ami ! Quant à l’avenir, qu’il soit écrit par le libre arbitre des mortels et guidé par la bonté venant de nous, les dieux ! » cria le vieil imbécile sénile en levant sa coupe vers le ciel et en buvant tout d’un coup.

***

Chapitre 75 : Une étincelle de vérité

[Point de vue d’Illsyore]

Ah ~ ~ !

En pensant au bon vieux temps avant de me réincarner dans ce monde étrange, j’avais réalisé combien tout était si simple, si paisible. Il n’y avait qu’un seul Dieu que je devais prier, et la seule chose dont je devais me soucier, c’était de savoir si oui ou non je pouvais terminer une partie à temps. Les rendez-vous étaient simples, une seule femme pour un seul homme. Les superpouvoirs et la magie n’étaient vus que dans les jeux et dans les livres.

En effet, la vie sur Terre était simple et paisible… Mais c’était devenu ainsi seulement grâce aux nombreux sacrifices de nos ancêtres ainsi qu’aux luttes constantes pour le progrès technologique de tous les génies du monde entier.

Dans ce monde, les choses étaient différentes et la magie apportait une vie de confort à tous ceux qui savaient s’en servir, mais elle s’accompagnait de dangers déraisonnables. Des monstres, des donjons, des dieux et d’autres choses qui étaient présentes partout.

En tant qu’humain de la Terre qui s’était réincarné dans ce monde, dont j’ignorais encore le nom, j’avais trouvé la vie ici intéressante et facile seulement pour ceux qui avaient du pouvoir. Les faibles n’avaient pas leur place ici… Cela étant dit, les Ténèbres tenaient le trône du plus fort, tandis que moi, je tenais celui du faible. En tant que telle, ma vie avait pris un virage à 180 degrés vers l’horreur.

J’avais fait pleurer deux de mes femmes, et maintenant j’allais faire la même chose à ma troisième. L’esclave que j’avais sauvé avait peur de moi, et la croisée qui m’avait suivi ici était en mission pour mettre fin à ma vie avant que je ne fasse du mal à quiconque…

J’étais pitoyable… ou peut-être que c’était dès le départ de ma faute.

Quel droit avais-je de me tenir avec ces belles femmes ? Peut-être que si je n’existais pas, si je n’étais pas là… elles seraient plus heureuses ?

De retour à l’auberge avec Ayuseya, c’est à ce sujet que j’avais commencé à réfléchir, à ce que je savais qui allait se passer. Dans mon cœur, j’étais déjà préparé et j’avais abandonné le combat. Je ne voyais aucune raison de le faire… J’étais un donjon. J’étais détesté par toutes les espèces. J’avais mis les royaumes en colère. J’avais mis les dieux en colère. J’avais perdu le pouvoir de combattre et de protéger celles que j’aimais… C’est pourquoi j’avais dû faire ce choix et au moins m’assurer que Les Ténèbres n’allaient rien leur faire, que ça ne leur ferait plus de mal… pour les faire pleurer.

« Une fois que je mourrai… elles seront enfin heureuses…, » m’étais-je dit à voix haute.

***

[Point de vue de Tamara]

Il était tard dans la nuit quand le Maître revint avec Ayuseya. L’odeur des larmes persistait sur ses joues, et je savais que le Maître l’avait aussi fait pleurer. J’avais peur de l’obscurité en lui et instinctivement je ne le regardais pas. J’avais des fourmillements dans les oreilles et ma queue tremblait chaque fois que j’étais proche de lui. Il me semblait que je pouvais le sentir mieux que les autres…

Peut-être que je voyais juste des choses ou que j’avais trop peur de cette chose en lui, mais quand mon regard s’était dirigé vers lui, j’avais vu quelque chose qui n’était pas là la veille, une brume sombre tourbillonnant autour de lui avec une sensation inquiétante à ce sujet. J’avais peur de cette… cette « chose »…

Quand je m’étais couchée, j’étais restée dans la chambre de Zoreya, et elle m’avait permis de me blottir dans ses bras. Elle adorait me caresser, et j’adorais qu’on me caresse.

C’était une situation gagnant-gagnant qui m’avait fait ronronner ~ !

D’après ce que j’avais compris, le maître devait passer la nuit en bas. Il ne dormait plus depuis quelques jours maintenant, et mes autres maîtresses, les femmes de mon maître, avaient commencé à s’inquiéter pour lui. Le manque de sommeil l’affaiblissait mentalement et physiquement, mais elles disaient qu’il avait peut-être trop peur pour se permettre de se reposer.

Cela pourrait être ainsi… Même moi, j’aurais peur de fermer les yeux trop longtemps si je savais que quelque chose en moi essayait de prendre le contrôle de mon esprit et de mon corps, mew ~ !

Cependant, chaque nekatar avait ses besoins, et j’avais été frappée par les miens au milieu de la nuit, uhu !

Avec un doux miaou, j’avais échappé à l’étreinte de Zoreya et j’étais allée aux toilettes en bas. Ça puait là-bas, mais il fallait vraiment que j’y aille…

Une fois que j’avais terminé, j’étais sur le point de retourner dans notre chambre, quand tout d’un coup, j’avais entendu la voix du Maître.

« Une fois que je mourrai… elles seront enfin heureuses…, » déclara-t-il.

J’avais levé les oreilles et je m’étais cachée près d’ici. Il n’avait rien dit d’autre après, mais j’avais attendu encore quelques minutes… Curieuse et assez effrayée, j’avais jeté un coup d’œil de l’autre côté.

La brume noire était tout autour de lui, tourbillonnant et se tortillant comme un monstre à l’agonie. Je m’étais cachée tout de suite et j’avais tremblé de toutes mes articulations.

« Argh…, » j’avais baissé mes oreilles et fermé les yeux.

C’est effrayant… C’est effrayant…, avais-je pensé.

C’était difficile pour moi de croire que c’était quelque chose que mon esprit avait décidé par peur parce que c’était très effrayant.

« Tamara ? » J’avais entendu la voix du Maître, mais je n’avais pas ouvert les yeux et j’avais tremblé dans mon coin.

Si j’ouvre les yeux. Si je réponds, la brume noire sera là ! Elle me fera du mal ! Ça va me faire mal ! Je ne veux pas ça, Nya ! avais-je pensé.

Soudain, une main douce me caressa la tête, et mes frissons s’arrêtèrent.

Qu’est-ce qui se passe ? avais-je pensé en étant surprise.

La main douce n’arrêtait pas de me caresser la tête, et j’avais dégluti.

« C’est bon petite… n’aie pas peur. » C’est le maître qui avait parlé, mais… ce n’est pas possible, n’est-ce pas ?

Les Ténèbres le contrôlaient… ou la brume noire…

J’avais encore dégluti, mais j’avais dû ouvrir les yeux pour m’en assurer.

« Ce n’est pas grave…, » me dit-il avec un doux sourire.

J’avais vu le Maître devant moi, mais la brume noire était là aussi, et pourtant… tout ce qu’il avait fait, c’était essayer de cacher le sourire du Maître. Ça ne m’avait pas fait de mal… aucun Maître ne l’aurait laissé faire.

« Nya…, » j’avais ouvert la bouche, mais seul un cri de félin effrayé était sorti de là.

En m’agrippant, j’avais touché la joue du Maître. C’était doux et chaud. Le maître ferma les yeux et me permit de le toucher… il me faisait confiance. Mes doigts avaient traversé le sommet de son nez, passé son front, puis étaient descendus le long de sa mâchoire ferme. C’était le visage du Maître. Il n’était pas effrayant, seul le brouillard noir autour de lui l’était. Malgré tout, le Maître était le Maître même si cette chose essayait de nous le cacher.

Touchant les lèvres du Maître du bout des doigts, je lui avais demandé. « Miaou… pourquoi voulez-vous mourir ? »

Ouvrant les yeux, il m’avait regardée d’un air doux et m’avait répondu. « Pour te protéger de ce que je ne peux pas contrôler… »

Veut-il mourir pour éloigner les Ténèbres ? Mais… le brouillard noir ne peut pas lui faire de mal, et il ne le laisse déjà pas me faire de mal. Pourquoi le Maître doit-il mourir ? Je ne veux pas ça ! Je veux que les Ténèbres disparaissent, mais je veux que Maître reste ! avais-je pensé, et j’avais dégluti.

« Non…, » j’avais secoué la tête.

« Tamara ? » il avait été surpris.

« Le maître a tort ! Le maître est plus fort ! Le Maître est plus puissant que Les Ténèbres ! Le Maître est le Maître ! » avais-je dit en le regardant dans les yeux.

« Tamara, ce n’est pas vrai, je suis… ow ! Ow!” Il avait essayé de parler, mais je lui avais pincé les joues.

Le collier s’était un peu serré, mais je l’avais ignoré.

« Tamara n’y croit pas ! Le maître est fort ! Le Maître a juste oublié qu’il est plus fort que Les Ténèbres, c’est tout ! Tamara le sait et le voit, nya ! Le Maître a abandonné à cause des mensonges, mais les mensonges ne sont pas ceux du Maître ! » Avais-je dit et j’avais plissé mon front.

Relâchant la joue tenue par ma main, il m’avait regardée dans les yeux et m’avait tapoté la tête comme s’il était une enfant qui ne savait pas ce qu’elle faisait.

« Tamara… Soupir, tu es peut-être trop jeune pour comprendre, » déclara-t-il, mais il avait tort !

« NON ! » J’avais secoué la tête, puis je lui avais sauté dessus et embrassé le Maître. « Tamara a déjà seize ans ! En tant que nekatare, Tamara est aussi vieille qu’Ayuseya et tous les autres ! Tamara est une adulte ! C’est pourquoi…, » j’avais baissé les yeux, rougissant fortement… C’était mon premier baiser, même si c’était probablement un très mauvais baiser. Nos dents s’étaient cognées, et mes lèvres nekatar étaient différentes de celles d’un humain. « C’est pourquoi Tamara sait que le Maître est plus fort que les Ténèbres… Tamara sait… Uhu… Je sais… vous n’êtes pas si faible… Je le sais… uhu ! Je ne veux pas que le Maître parte, miaou ~ je veux que le Maître reste, miaou ~ ! » Je n’avais pas pu tenir plus longtemps et les larmes avaient coulé sur mes joues.

Le maître n’avait rien dit, il m’avait simplement tapoté la tête doucement et m’avait laissé pleurer. Après, je m’étais endormie comme ça, dans les bras du Maître.

***

[Point de vue de Shanteya]

C’était un peu surprenant de voir Tamara dormir dans les bras d’Illsy. Il avait dit qu’elle avait enfin surmonté sa peur de lui. Une fois la nekatare réveillée, elle avait faim et demanda du poisson. C’était peut-être juste moi, mais j’avais le sentiment que la relation entre les deux avait un peu changé. Tant que Tamara ne se cachait pas d’Illsy, tout allait bien.

Néanmoins, aujourd’hui était le grand jour, c’était mon rendez-vous avec lui, mais… Je savais que ce n’était pas le moment. Pour qu’on m’offre un dernier jour avec lui, pour lui dire mes adieux avant qu’il ne disparaisse de ma vie, je ne voulais pas d’une telle chose. J’avais l’impression de l’abandonner et d’accepter son sort.

Il n’était pas question qu’il pense simplement au fait qu’il perdrait ou serait vaincu dans cette lutte déraisonnable. J’avais refusé avec véhémence d’accepter son sort, aussi égoïste que j’aie pu paraître aux yeux des autres.

La vie sans Illsy ne valait tout simplement pas la peine d’être vécue… Il m’avait sauvée de mon destin. Il m’avait offert son amour. Il m’avait offert la chance d’avoir une famille avec lui, et je n’étais pas encore prête à abandonner.

Dès que nous avions fini de manger, j’étais allée voir Illsy et j’avais pris sa main dans la mienne. En le regardant dans les yeux, j’avais fait un sourire doux.

« Qu’y a-t-il, Shanteya ? » me demanda-t-il.

« Allons à notre rendez-vous tout de suite, » lui avais-je dit.

« Et ta robe ? » il m’avait regardée et il m’avait vu porter l’armure de servante de combat qu’il m’avait fabriquée.

« Je n’en ai pas besoin, » avais-je répondu avec un doux sourire.

« D’accord, allons-y, » m’avait-il dit.

Nous nous étions embrassés et nous étions sortis. Je connaissais déjà les endroits où il voulait m’emmener, mais je l’avais guidé en ligne droite vers la Guilde des Aventuriers. Là, nous avions rencontré les regards curieux, envieux et haïssables d’autres aventuriers.

« Qu’est-ce qu’on fait ici ? » me demanda-t-il.

En le regardant en réponse, je pouvais lire la confusion dans ses yeux, mais aussi un petit soupçon de tristesse. Je lui avais tapoté la joue droite et j’étais allée à la réceptionniste. Là, j’avais demandé une simple quête de chasse.

« On y va, d’accord ? » avais-je dit à Illsy, qui hocha la tête avec obéissance.

Nous étions sortis de la ville et, profitant de notre force et de notre vitesse, nous avions rapidement trouvé notre proie et l’avions achevée. Le monstre que nous chassions s’appelait un ver des sables. En plus d’avoir à peu près la même taille qu’un adulte humain, ils chassaient en meute de trois ou quatre et ne mangeaient que des cadavres. Le problème avec ces ravageurs était que si leur population n’était pas maintenue sous contrôle, ils risquaient fort de finir par creuser des nids sous les murs ou les bâtiments de la ville, ce qui les ferait s’effondrer. Il était moins coûteux de traquer ces monstres que de reconstruire ce qu’ils avaient fini par détruire en raison de leur nombre croissant.

La demande de quête ne portait que sur huit vers des sables, mais nous avions fini par en tuer dix au total, deux groupes de trois et un de quatre. À l’aide d’un sac que j’avais apporté, j’avais recueilli les pièces dont nous avions besoin comme preuve d’assujettissement et nous étions ensuite retournés à la guilde. La récompense était de trois Silverettes.

« Allons acheter des brochettes de viande ! » avais-je dit avec un sourire joyeux.

« Hein ? » cligna-t-il des yeux, surpris.

En lui prenant la main, nous avions quitté la guilde, mais j’avais remarqué que quelques hommes regardaient Illsy de haut. J’étais une belle femme, et ils n’étaient que des idiots envieux qui ne savaient rien de mieux. Si l’un d’entre eux essayait de se déplacer d’une manière hostile ou gênante, j’allais m’assurer qu’il ne soit même pas capable de bouger un doigt pendant quelques mois.

« Où va-t-on maintenant ? » Illsy avait demandé ça dès que nous étions sortis de la salle de la Guilde.

« Allons nous promener, » lui avais-je dit et je lui avais tenu la main.

Avec un sourire sur les lèvres, nous avions commencé à marcher le long de la route menant à la porte sud. Nous avions regardé les gens autour de nous et les aventuriers qui passaient occasionnellement par là. Grâce à sa capuche, ses cheveux et ses yeux verts n’étaient pas facilement visibles, mais en tant qu’albinos el’doraw, j’avais attiré l’attention de quelques regards curieux, certains plus pervers que d’autres.

À environ 250 mètres de la ville, je m’étais finalement arrêtée et j’avais un peu tendu les bras, poussant ma poitrine vers l’avant. Le regard d’Illsy s’était placé sur tous mon corps. Parce que c’était l’homme que j’aimais et que je désirais, ça faisait du bien d’être regardé comme ça par lui, mais si c’était quelqu’un d’autre, j’aurais été dégoûtée.

« Tu as fait pleurer Nanya et Ayuseya…, » avais-je dit en levant les yeux vers le ciel.

« Je sais…, » il m’avait répondu au bout d’un moment, mais je ne savais pas quel genre de visage il faisait quand il avait dit ces mots.

« Tu m’as fait peur…, » avais-je dit.

« Je sais…, » répondit-il.

« Pourquoi ? » J’avais fermé les yeux et senti la brise du vent.

« Je…, » il avait essayé de parler, mais j’avais vu un signe de faiblesse dans le ton de sa voix.

À ce moment-là, il n’était pas différent des mauviettes que j’avais l’habitude de traquer et de tuer. La force, le courage et la détermination qu’il avait l’habitude de manifester en me parlant avaient disparu. Illsy… avait peur, mais penser qu’il ne pouvait pas l’être était faux. Même les dieux avaient peur, alors pourquoi Illsy, qui était un Donjon ne pouvait pas l’être ?

« Enlace-moi, Illsy…, » lui avait dit et j’avais attendu.

Mon cœur battait vite, mais même si j’avais l’impression que ce moment unique durait une éternité, les bras de mon amant bougeaient autour de moi. Je m’étais penchée vers sa poitrine et j’avais écouté les sons de sa respiration et de son cœur. Il avait embrassé ma joue droite, puis ma mâchoire. Les lèvres douces qui m’acceptaient me descendaient sur le cou, et avec de petits picots terminèrent leur voyage sur mon épaule.

Comme toujours, ses baisers m’avaient fait frissonner et avaient réchauffé mon cœur comme un feu de camp, mais je savais qu’il n’était pas prêt à me prendre… Il avait peur de me faire du mal, de nous faire du mal, à ses femmes… Il avait peur de perdre le contrôle, mais surtout, il avait peur d’échouer quand c’était le plus important. C’est pourquoi il abandonnait…

« Qu’est-ce que tu vas faire ? » lui avais-je demandé.

« Mourir…, » répondit-il.

Ce seul mot qu’il avait prononcé portait en lui le poids d’un certain avenir sans ténèbres, mais sans lui dans nos vies.

« Pourquoi ? » lui avais-je demandé

Ma voix avait vacillé pendant une fraction de seconde.

« Pour votre sécurité…, » il m’avait embrassé la joue.

« Je suis en sécurité avec toi qui me tient dans ses bras, » déclarai-je.

« Pas si les Ténèbres m’envahissent, » répondit-il.

« Tu peux les vaincre, » répliquai-je.

« Je ne peux pas… J’ai essayé et j’ai échoué. » Des larmes chaudes coulaient sur ses joues et tombaient sur ma peau.

« Tu n’as pas échoué…, » j’avais ouvert les yeux et m’étais retournée pour le regarder. « Tu es toujours là… à me parler. Tout au plus, ce que tu as vécu n’était qu’un petit revers. » Je lui avais fait un sourire.

« J’ai failli tuer Tamara l’autre jour…, » déclara-t-il.

« Non, les Ténèbres l’ont attaquée, mais grâce à toi, elles n’ont pas pu le faire…, » je l’avais serré dans mes bras, ma poitrine appuyait contre les siens.

« Shanteya, je ne peux pas gagner…, » il secoua la tête pendant que des larmes coulaient sur ses joues.

« Illsy, tout va bien, » j’avais souri doucement et je l’avais embrassé.

Maintenant, c’est moi qui pleurais. J’avais essayé de ne pas le faire, mais… Je ne voulais pas le faire.

« C’est bon, mon amour… Ce n’est pas grave, » lui avais-je dit. Et je lui avais fait un autre baiser.

« Je suis désolée…, » déclara-t-il.

Nous avions pleuré tous les deux jusqu’à ce que nous nous soyons calmés. Les raisons de nos larmes étaient différentes. Le sien était parce qu’il avait peur, alors que le mien l’était parce que je craignais qu’il ne renonce complètement à lui-même. C’était étrange que ce soit nous qui ayons eu plus confiance en lui que lui, mais c’était peut-être pour cela que nous avions voulu rester à ses côtés jusqu’à son dernier moment. C’est pourquoi nous nous étions battus avec lui et pour lui, même lorsqu’il n’était pas capable de tenir correctement son épée.

C’est peut-être la clé…, m’étais-je dit en regardant dans ses yeux tristes et verts.

« Illsy…, » avais-je dit. « Si tu ne crois pas en toi, alors crois en moi quand je te dis que tu peux le faire… que tu es plus fort que les Ténèbres. » Je lui avais montré un sourire.

« Croire en toi ? Mais… il ne s’agit pas de croire… il s’agit d’un fait, » déclara-t-il, mais j’avais placé mon doigt sur ses lèvres pour le faire taire.

« Illsy, il ne s’agit que d’y croire… Tu crois que les Ténèbres sont plus fortes que toi, mais si c’est la vérité, alors pourquoi devient-elle plus forte plus tu penses que TOUT CELA est la vérité ? Comme un diable, Les Ténèbres n’ont fait que murmurer des mensonges et tu leur as donné le pouvoir. Plus tu crois qu’elles avaient le contrôle sur toi, plus elles en avaient… jusqu’à ce que TU décides de changer ça et de l’arrêter. Ni moi, ni Nanya, ni Ayuseya, ni Tamara, ni les dieux, ni Zoreya, seulement toi, tu peux le faire, Illsy…, » je l’avais embrassé, et avec ça, notre rendez-vous avait pris fin.

Pour être honnête, je ne savais pas si ce que je disais était la vérité, mais malgré tout, la seule entité dans ce monde qui avait accès à l’esprit d’Illsy était Illsy lui-même. Il était notre seule chance de vaincre les Ténèbres et d’atteindre notre fin heureuse. Malheureusement, les mensonges et les vrilles de contrôle de cette chose avaient été trop longtemps enveloppés dans l’esprit d’Illsy, au point qu’il avait perdu confiance en lui-même.

Illsy était plus fort que ça, et d’une façon ou d’une autre, il allait l’emporter sur Les Ténèbres !

***

Chapitre 76 : Un moment d’hésitation

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

Dès que nous étions arrivés à l’auberge, Shanteya avait souri et était allée rejoindre mes autres épouses. Depuis, deux heures s’étaient écoulées. Maintenant, j’étais assis sur le toit de l’auberge, regardant le ciel bleu clair au-dessus de moi pendant que j’attendais patiemment que Zoreya se prépare pour notre rendez-vous. C’était une belle journée, mais si je devais me plaindre de quelque chose, c’était le manque de divertissement par ici. Surtout, mon ordinateur me manquait.

Pendant que j’attendais, je repensais à ce que mes femmes et mon esclave m’avaient dit… Sans doute que Zoreya allait me dire quelque chose de semblable, ou peut-être pas… Contrairement aux autres, elle était attachée à sa foi pour son dieu, Melkuth. Il lui avait déjà dit que j’étais une cause perdue, donc il n’y avait aucune raison pour elle, son Apôtre, d’en faire tout un plat.

Nanya, Shanteya, Ayuseya et même Tamara avaient raison. À l’origine, les Ténèbres n’étaient rien d’autre que les restes rassemblés des Donjons du passé. Il n’avait pas d’âme. J’étais censé être le seul et unique dirigeant de ce corps, mais… ce n’était pas le cas.

En raison de mes souvenirs de ma vie passée, de la Terre, d’Alina et de la société moderne, j’étais réticent à m’intégrer pleinement dans ce monde. Ou plutôt, j’avais l’impression de ne pas être à ma place ici…

Depuis que j’étais entré dans cet Univers, j’avais été traité soit comme un serviteur, soit comme un monstre, soit comme « quelque chose » qui était gênant. J’avais mes propres pensées, mes propres sentiments, même mes propres plans, mais je n’avais pas la volonté de tout faire bouger.

Plus j’y pensais, plus j’avais l’impression que la seule chose que je faisais était de me plaindre de ma situation défavorable. Il n’y avait aucun sentiment de progression, aucune évolution personnelle. Je restais immobile quand j’avais la possibilité de faire ce que je voulais.

Non…

Je m’éloignais…

Devant moi se trouvait un monde de liberté, où j’avais trouvé l’amour non pas chez une, mais chez trois belles femmes. Et quand j’y avais pensé, quand j’avais pensé à l’avenir, mon cœur ne s’était pas enflé par l’excitation, il avait tremblé de peur…

Au lieu de me battre, j’avais pensé qu’il valait mieux que j’abandonne et que Zoreya me tue. Bien sûr, elles seraient tristes après, mais Les Ténèbres seraient parties… et je pourrais fuir ce monde trop beau pour être vrai.

En effet… abandonnez… Laissez-moi contrôler votre corps, et je vous laisserai aller où vous voulez ! Les Ténèbres murmurèrent.

Peux-tu le faire ? demandai-je bêtement.

Bien sûr que je peux ! Toute cette douleur, toute cette peur… Je vais les faire disparaître… Je vous laisse libre d’aller où vous voulez ! Ses mots étaient comme les sifflements d’un serpent, vous attirant plus près avant qu’il ne saute pour prendre une bouchée.

Et si son venin était exactement ce que je cherchais ?

Je ne lui avais pas répondu, mais ses paroles m’avaient fait me demander… Et si les Ténèbres avaient raison ? Je pouvais voir aussi que j’avais peur, et je voulais fuir cet endroit… Je n’étais pas un guerrier. Je n’étais pas professeur. Je n’étais même pas un Donjon.

« Qu’est-ce que je suis ? » demandai-je en levant les yeux vers le ciel bleu et clair.

Bien sûr, personne n’avait répondu… Ni Dieu ni le diable n’étaient là pour écouter mes paroles perdues, seulement moi et Les Ténèbres.

En soupirant, j’avais fermé les yeux et j’avais laissé mes pensées s’émerveiller devant les événements récents.

Chaque fois que j’avais repensé à ces souvenirs, je m’étais retrouvé de plus en plus enfoncé dans la dépression. Il n’y avait aucun moyen de s’en sortir… Chaque pensée m’avait fait serrer le cœur. Chaque pensée positive ressemblait à un rêve perdu depuis longtemps ou à une moquerie impitoyable qui s’adressait à moi.

En écoutant les bavardages des habitants de cette ville, j’avais l’impression d’être complètement déconnecté d’eux, et chaque fois que je voyais quelqu’un s’amuser ou se sentir bien, je pouvais sentir mon espoir et mon énergie s’éloigner de moi.

J’étais resté là et je m’étais demandé. Pourquoi suis-je comme ça ?

En regardant ma main, je les avais serrés, puis relâchés.

Je me souviens de ce sentiment… cette sensation sans espoir… ce désir de fuir… Quand était-ce ? Quand ai-je ressenti sa terreur ? avais-je pensé et j’avais fermé les yeux.

C’est quelque chose qui m’était arrivé dans ma vie antérieure, des années avant de rencontrer ma mort prématurée… Quand était-ce ? Ah, oui… juste après la fac.

En m’engageant dans le monde, j’espérais une carrière prometteuse dans mon domaine. Je m’efforçais de trouver le bonheur comme n’importe quel autre étudiant qui avait obtenu son diplôme la même année que moi. Mes amis s’étaient dispersés, ma famille m’avait donné un petit coup de pouce pour rencontrer le monde, mais le premier pas que j’avais fait avait été un terrible… Ma première entrevue s’était soldée par un échec total.

Je me souviens comment c’était… Mes mains et mes genoux tremblaient. Ma voix ne pouvait pas sortir et j’avais l’impression que tout le monde autour de moi se moquait de moi. Pourtant, j’ai essayé d’aller de l’avant… J’ai serré les poings et je suis entré dans la salle d’entretien. J’ai répondu. J’ai parlé du mieux que j’ai pu, mais à la fin… J’ai échoué. Quel idiot j’ai été… pensant que j’obtiendrais sûrement le poste… que j’étais le meilleur… En fin de compte, celui qui a obtenu le poste est un gars qui a obtenu des notes plus faibles à ses examens que moi. Qu’est-ce qu’ils ont dit à l’époque ? Oui… J’ai manqué de conviction… J’ai manqué… de force et de volonté… C’est drôle, mais maintenant je ne me souviens même plus de leurs visages, juste de la douleur qu’ils m’ont causée… J’aurais dû les tuer…, avais-je pensé. Puis j’avais ouvert les yeux.

Cette dernière pensée était venue si naturellement que je ne l’avais même pas remarquée.

Après cet entretien, j’avais échoué aux sept autres, et la dépression s’était emparée de mon âme. Mes propres pensées et peurs me poussaient inlassablement vers le bas, me forçant à admettre que j’étais un échec… que j’étais sans valeur...

Je m’étais réfugié dans le jeu. Tous les jours, je me cachais à l’intérieur de ma chambre sans même faire un seul pas vers l’extérieur, regardant mon écran et comptant les minutes qui passaient devant moi. C’était comme si je priais pour que mon temps passe et que je ne puisse pas le reprendre.

Je suis un raté…, avais-je pensé.

Ce sentiment, cette sensation d’être sans valeur et d’être lentement mangé par l’obscurité était le même que celui que je ressentais en ce moment. La seule différence était que celle-ci était plus forte, plus puissante, et je ne me sentais pas aussi lié à ma vie actuelle de donjon que je l’étais à ma vie d’humain. J’avais presque l’impression que si j’allais échouer, j’allais simplement être renvoyé dans mon monde précédent et y poursuivre ma vie là où je l’avais laissé. C’était comme si un joueur qui s’immergeait revenait à la réalité après la mort de son personnage ou après avoir atteint un point de sauvegarde. C’était ce genre de sentiment de déconnexion.

En effet, ce monde n’a aucune valeur pour vous, humain. Laissez-moi m’en occuper, et vous pourrez partir et être sur votre chemin joyeux… Plus besoin de se sentir comme ça… Ces femmes ne sont que des obstacles sur votre chemin… Après tout, quel genre d’homme humain a trois femmes et un esclave en plus ? Bien sûr, ça sonne bien dans une histoire, mais la réalité est différente. Imaginez comment ce sera quand elles deviendront jalouses ou si vous perdez vos sentiments pour l’une d’elles ? Eh bien… de toute façon, il n’y a pas de sentiments pour elles… Je le sais parce que je peux voir au fond de votre cœur. Je peux voir la vérité que vous vous cachez à vous-même… Admettez-le, vous détestez votre style de vie actuel… Vous détestez qu’elles fourmillent autour de vous comme ça… Les Ténèbres m’avaient murmuré des paroles perfides, mais je n’avais pas ressenti le besoin de me battre contre elle, de dire que ce n’était pas comme ça.

Qui suis-je pour juger et espérer ? avais-je pensé.

Personne… vous n’êtes personne… Les Ténèbres répondirent.

Mon cœur s’était serré, et je savais que je devenais déjà englouti par ce monde qui m’entourait. Les larmes de Shanteya ne m’avaient même pas touché autant qu’elles n’auraient dû, pas plus que celles d’Ayuseya ou de Nanya. J’étais un désastre ou peut-être un lâche, de toute façon, je ne les méritais pas… Je ne méritais pas leur amour… Je ne méritais pas d’être aimé… Je ne méritais pas ce monde…

En poussant un soupir, j’avais levé les yeux, et le ciel était flou, touché d’une teinte rouge.

Étrange…, m’étais-je dit.

[Point de vue de Zoreya]

Je n’avais rien pu faire pour me préparer à ce rendez-vous. Changer mon armure pour une robe était inconcevable ! Je n’étais pas une femme qui criait et dansait juste parce qu’un homme l’invitait à un rendez-vous. J’étais apôtre de Melkuth ! Je n’avais pas besoin de me préoccuper de choses aussi insignifiantes !

Quant à mon âge, j’étais une femme âgée selon les normes humaines. Grâce à la protection divine de Melkuth, j’avais gardé ma jeunesse, mais cette année, j’avais atteint 98 ans. Peu d’humains peuvent espérer être aussi vieux que moi.

« Es-tu sûre que tu ne veux pas porter une robe ? » Ayuseya m’avait déjà demandé pour la dixième fois.

« Non, mais j’apprécie ton attention, » j’avais secoué la tête lentement.

« Je vois… Eh bien, j’espère que tu passeras un bon moment, » elle m’avait montré un petit, mais triste sourire.

Bien sûr qu’elle était triste dans son cœur, je sortais avec son mari. Ce rendez-vous… était plus une préparation pour l’exécution d’Illsyore plutôt que quelque chose qu’un couple d’amoureux devrait faire. Malgré tout, j’hésitais à mettre fin à sa vie. Toute cette situation était vraiment injuste envers lui.

Né à la suite de l’expérience tordue d’un haut Mage. Contraint de s’acquitter d’un devoir qu’il n’avait jamais accepté ni souhaité. Faire face à des adversaires et à des situations qu’un être humain normal n’aurait normalement jamais l’occasion de rencontrer. Et surtout, se souvenir d’une vie où les choses étaient pour le mieux… Illsyore avait dû vivre à travers toutes ces choses seulement pour découvrir qu’il n’était pas désiré dans ce monde, que même les dieux l’avaient abandonné. C’était en effet un destin malheureux, mais la volonté de mon dieu devait s’accomplir. C’était mon devoir… mais je n’étais pas certain si c’était mon souhait.

« Je devrais y aller maintenant, » avais-je dit. Et je m’étais retournée pour regarder les femmes d’Illsyore, qui étaient devenues mes amies d’une manière étrange.

« Fais attention à toi…, » déclara Nanya depuis son coin sur le lit.

En tant que démone, elle n’était pas du tout effrayante, et j’avais appris que la plupart des humains avaient une compréhension terrible de leur espèce. On pourrait en dire autant de la princesse draconienne. Douce et élégante, Ayuseya était loin des monstres imaginés qui, à un moment donné, avaient essayé de conquérir ce continent.

« J’espère que tu vas bien t’amuser, » elle m’avait fait un gentil sourire.

« Nya ~ s’il vous plaît, rendez le Maître heureux ! » la nekatare miaula et agita la queue derrière elle.

« Je prie pour que tu fasses ce qui est juste, » m’avait dit Shanteya, mais j’avais vu qu’elle forçait son sourire.

Cette El’Doraw était probablement celle qui avait le sentiment le plus profond et le plus sincère pour le Seigneur du Donjon parmi elles. C’était un vrai mystère de savoir pourquoi il en était ainsi. À mon avis honnête, je n’ai jamais vu une autre femme comme elle, mais en même temps, cela faisait craindre ce qu’elle était capable de faire pour son bien-aimé.

« Que la lumière de Melkuth soit avec vous toutes, » je m’étais inclinée devant elles.

En quittant l’auberge, j’avais trouvé Illsyore qui m’attendait à côté d’un vendeur de fruits. Il y avait une étrange aura diabolique autour de lui, mais en dehors de ceux qui avaient des sens aigus, les gens normaux étaient incapables de la percevoir. Si je devais deviner, je dirais que les Ténèbres progressaient rapidement vers sa prise de pouvoir. Les cristaux sur ses mains et sa poitrine étaient passés d’un vert jade apaisant et magnifique à une couleur rouge foncé étrange. Il y avait aussi plusieurs veines sombres qui jaillissaient ici et là sur tout son corps, presque comme si un monstre diabolique essayait de s’en sortir en rampant sous sa peau.

Malgré ces changements radicaux, Illsyore ne semble pas en être affecté, presque comme s’il en était déjà venu à accepter son sort malheureux…

Pourquoi ai-je pitié de lui ? me demandais-je en le regardant avec des yeux doux.

***

Partie 2

En prenant une grande respiration et en m’accrochant à mon bouclier, je m’étais approchée de lui.

« Illsyore. Es-tu prêt ? » lui demandai-je.

« Hm ? Oui, » il s’était retourné et m’avait fait un sourire.

Un frisson m’était descendu le long de ma colonne vertébrale quand il m’avait regardée. Son œil gauche était vert jade, tandis que l’autre était rouge foncé. Même ses cheveux montraient des signes de changement, car des mèches noires apparaissaient principalement sur son côté droit de la tête.

« Te sens-tu bien ? » lui demandai-je prudemment.

« Hm ? » il baissa les yeux vers ses mains et secoua la tête « Je ne sais pas… mais…, » il m’avait regardé dans les yeux, « ce n’est pas comme si je pouvais y faire quoi que ce soit…, » il m’avait alors fait un sourire triste.

J’avais mal au cœur.

Illsyore était un homme bon. Les Ténèbres étaient le mal qu’il fallait anéantir, mais pour en tuer un, il fallait que je tue l’autre. C’était un marché tellement injuste, mais quelqu’un devait le faire. Non, il fallait le faire. C’était ce que mon dieu avait ordonné.

« Une pomme ? » demanda-t-il.

J’avais cligné des yeux de surprise et j’avais regardé sa main. Il tremblait, mais il ne le remarquait pas.

« Oui…, » je ne pouvais pas lui refuser.

Nous avions commencé à marcher le long de la route principale, mais alors que nous l’avions fait, plusieurs personnes avaient regardé vers nous avec une profonde inquiétude et la peur dans leurs yeux. Ce n’était pas à cause de moi, j’en étais certaine. Normalement, les gens voudraient s’approcher de moi et me demander ma bénédiction, donc ça ne pourrait être qu’Illsyore. Soit à cause de son apparence, soit à cause de l’aura qu’il dégageait autour de lui.

Comme un monstre sur le point d’être engendré, chaque pas de ce Seigneur du Donjon augmentait la pression de sa présence effrayante.

Il perd la bataille…, avais-je pensé en le regardant.

En tournant à gauche, nous nous étions dirigés vers la porte sud. C’était une répétition des rendez-vous précédents. Les gardes l’avaient reconnu, mais leurs yeux n’étaient pas amicaux. Je craignais que l’un d’eux n’essaie d’agir bêtement.

J’avais raison…

« Vous, là-bas ! » s’exclama un homme musclé.

Il était vêtu d’une armure de cuir épais et avait… un monosourcil ?

« Pardon ? » avais-je répondu déconcertée par son apparence bizarre.

« Mademoiselle, cet homme a été vu prendre plusieurs belles femmes à l’extérieur des portes de la ville. Elles sont toutes revenues comme si leur cœur avait été réduit en poussière, » indiqua-t-il en montrant Illsyore.

Avec un sourire, le Seigneur du Donjon avait saisi le doigt de l’homme et le plia d’une manière non naturelle.

« AGYAAA ! » hurla-t-il.

« Je vous conseille de ne pas vous mêler de mes affaires, » lui dit-il en souriant.

J’avais été paralysée quand j’avais vu cette scène.

« Argh… mon doigt…, » le monosourcil avait gémit.

« Ne vous inquiétez pas, ça va guérir, » dit Illsyore, puis le tordit dans l’autre sens.

J’avais entendu une fissure.

« ARGH ! Espèce de fils de…, » il avait essayé de parler, mais un genou rapide au visage l’avait renvoyé vers ses camarades.

« Vous…, » l’un des hommes avait dégainé son épée, mais avant que les choses ne puissent tourner à la mort, je m’étais interposée entre eux.

« Ce type n’est pas quelqu’un que vous pouvez gérer. Veuillez vous abstenir de tout acte de violence… Et Illsyore, calme-toi, » avais-je dit en le regardant.

Le Seigneur du Donjon me regarda comme s’il était confus.

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il avait vu le monosourcil.

« Ah… Ai-je… ? » il s’interrogea et regarda ses propres mains.

Un seul de ses yeux avait montré une réaction, le vert. L’autre… il souriait.

« Ne t’inquiète pas pour ça…, » lui avais-je dit avec un doux sourire quand j’avais posé ma main sur son épaule.

Il avait hoché la tête et nous avions quitté les lieux.

Les gardes étaient allés chercher de l’aide pour l’homme, mais si Illsyore revenait, ils ne le traiteraient pas avec bonté. S’il revenait, mais j’en doutais fort…

Pendant plus d’une heure, nous avions parcouru la zone à l’extérieur de la ville, escaladant les dunes et regardant le ciel. Pour être juste, ça ressemblait à tout sauf un rendez-vous… La fin allait aussi être tragique, donc je n’y trouvais ni joie ni excitation. Illsyore était mignon, mais j’étais trop vieille pour y penser.

J’étais une vieille dame bien après la fleur de l’âge de sa vie… À quoi me servait-il de souhaiter quelque chose comme un amant ou un mari ? J’étais aussi sur le point d’en finir… Melkuth allait m’appeler à ses côtés, et j’allais quitter ce monde, mais avant cela, je devais en finir avec Illsyore.

Nous nous étions arrêtés entre deux dunes. Il avait regardé à sa gauche, puis à sa droite.

« Ça a l’air d’être un bon endroit…, » il hocha la tête et sourit.

« Un bon endroit ? » lui avais-je demandé.

« Oui…, » il m’avait regardée dans les yeux. « Un bon endroit pour mourir… »

Mon cœur s’était serré et j’avais dégluti.

« En es-tu certain ? » lui avais-je demandé.

Il hocha la tête.

« Il n’y a aucun moyen pour moi de changer ma situation… Je n’ai pas la volonté et la force de le faire. Les Ténèbres ont presque complètement pris le dessus sur moi. Je ne peux même plus bloquer ses chuchotements…, » il m’avait fait un sourire triste.

« Tes femmes… elles étaient sûres que tu gagnerais, » j’avais regardé en bas et j’avais dégainé mon épée.

« Elles avaient tort, » il s’agenouilla devant moi.

Mes doigts se serraient autour de la poignée en cuir, et je sentais la situation atteindre un point de non-retour. Épargner sa vie signifierait la fin d’innombrables autres. Le sauver signifierait abandonner la mienne, mais… comment étais-je censée faire ça ?

« Illsyore… es-tu vraiment certain de ne pas pouvoir… que tu ne veux pas combattre les Ténèbres ? Ces femmes croient en toi de tout leur être. Abandonner ainsi signifierait marcher sur leur foi en toi…, » lui avais-je dit.

« C’est mieux que les Ténèbres qui les tuent, » il m’avait montré un sourire.

« Même ainsi… si tu te bats, peut-être…, » j’avais essayé de le convaincre.

Pourquoi lui dis-je ces mots ? Je ne peux pas… Je dois le tuer, c’est tout. Pourquoi j’hésite ? avais-je pensé.

« C’EST ASSEZ ! » cria-t-il. Il me fit tressaillir.

« Illsy ? » lui avais-je demandé.

« Je l’ai dit à maintes reprises, je ne peux pas gagner contre Les Ténèbres ! Il est trop fort, trop puissant ! Je ne suis qu’un humain dans le corps d’un Seigneur du donjon… ni plus ni moins. Même si je le voulais, je ne sais pas comment ! Regarde-moi ! Regarde-moi bien ! Je… me transforme lentement en monstre. Si tu ne le fais pas, je commettrai d’innombrables atrocités ! Je tuerai… Je vais détruire, et je ne veux pas ça ! JE NE LE FAIS PAS ! » il m’avait crié dessus à pleins poumons.

Le mana avait commencé à être libéré de son corps, remuant les sables autour de nous. J’avais reculé et j’avais fait un pas en arrière. Tous mes instincts me disaient qu’il était dangereux. Qu’il était une menace... Seul mon cœur avait vacillé… par pitié… par compassion… en tant que l’échec d’un apôtre.

Pourquoi est-ce que je crois encore qu’il… qu’il ne donne pas tout… qu’il peut encore être sauvé ? Pourquoi ? me demandai-je, mais je ne pouvais pas laisser une telle question obscurcir davantage mon esprit.

J’avais fermé les yeux et pris une grande respiration.

« Je comprends…, » lui avais-je dit et j’avais serré la poignée de mon épée quand j’y avais versé mon mana.

« Merci… Avec ça, je ne deviendrai un danger pour personne… Bien que, c’est drôle, mais je pense que si les choses se passaient différemment, peut-être… nous aurions pu être amis ? Ou plutôt… non, je te vois déjà comme quelqu’un de proche… C’est pourquoi… merci, Zoreya. Je suis heureux que tu aies été celle qui m’ait pris ma vie…, » déclara-t-il ses derniers mots.

Mon cœur souffrait, et des larmes se formaient aux coins de mes yeux. J’étais sur le point de tuer un ami… parce que je n’avais pas pu le sauver…

« Au revoir… Illsy, » avais-je dit et ensuite j’avais ouvert les yeux.

Mon épée avait bougé rapidement pour mettre fin à sa vie.

CLANG!

Le son du métal qui frappait le métal résonna autour de moi.

« Oui, merci, Zoreya ~ grâce à toi, cet humain a finalement renoncé à sa dernière goutte de volonté de se battre contre moi ! Maintenant, ce corps est à moi ! » Celui qui se moquait de moi, c’était Les Ténèbres.

Les cheveux d’Illsyore étaient devenus noirs. La peau de ses mains était noire et recouverte d’un étrange métal. C’est ce que ma lame avait heurté et n’avait pas pu couper. La dernière goutte de l’existence d’Illsyore était dans son œil gauche vert jade. C’était tout…

J’ai foiré… pensais-je, horrifiée.

« Kukukuku ! C’est drôle… Dire que j’allais me faire tuer par des gens comme toi. Comme c’est… idiot, » il souriait et se dirigea vers moi.

En un clin d’œil, ses mains s’étaient tendues en un coup de poing, et j’avais à peine eu le temps de réagir. Son poing avait frappé le bouclier de Melkuth, et j’avais été renvoyée à quelques mètres en arrière. J’avais atterri sur le sable, roulant plusieurs fois avant de pouvoir m’arrêter.

« Vous…, » avais-je dit en me levant.

« Oui… Moi, Les Ténèbres ! Je suis enfin LIBREEEEE ! Muhahahaha ! » dit-il en riant en regardant vers le ciel.

« Je ne vous laisserai pas…, » j’avais plissé les yeux et m’étais précipitée vers lui, concentrant tout mon pouvoir magique dans mes pieds.

Il avait sauté en arrière, évitant le coup de mon épée.

« Je suis désolé, mais je n’ai pas envie de jouer avec toi pour l’instant, » il avait souri et devant lui apparurent d’innombrables lances avec une pointe faite de glace et un corps fait de feu liquide. « [Glacier infernal] ! » cria-t-il.

L’attaque n’avait pas été lancée sur moi, mais sur le sol devant moi. Il essayait de créer une ouverture pour s’échapper, mais je ne pouvais pas me précipiter. C’était un sort du Rang Empereur, mais à première vue, il était beaucoup plus fort que le sort habituel. J’avais sauté en arrière, en prenant l’approche sûre.

Aux endroits où les lances avaient frappé le sable, un brasier flamboyant s’était formé et s’était propagé dangereusement vite. J’avais dû m’enfuir ou je risquais de me faire prendre. Pour être honnête, si j’avais su que je pourrais survivre à un coup, je l’aurais fait, mais Illsyore était beaucoup plus fort qu’il n’y paraissait. Ce sort [Glacier infernal] était probablement l’une de ses attaques les plus faibles.

Saisissant cette chance, Les Ténèbres s’étaient enfuies de la scène… me laissant devant la dévastation qu’il avait causée par une seule attaque.

Combien de vies auraient été perdues s’il avait déclenché cette attaque en pleine ville ? Je m’étais sentie étonnée en regardant l’endroit où deux grandes dunes avaient été remplacées par un lac de sable en fusion couvert de feu.

***

Chapitre 77 : Rupture

[Point de vue d’Illsyore]

Les Ténèbres ne prirent le dessus qu’un instant. Je n’avais pas pu l’arrêter… Non, j’avais baissé ma garde, et cette fraction de seconde avait suffi à m’arracher le contrôle de mon corps. Mais au lieu de me détruire, il me gardait en cage comme un animal avec seulement une petite fenêtre sur le monde extérieur, à travers laquelle je pouvais regarder la terreur et les désastres qu’il allait déchaîner sur tous ces mortels.

J’étais à l’intérieur de mon Esprit Intérieur, flottant dans l’obscurité sans fin, enchaîné dans des chaînes faites d’un métal noir froid, et fixant le mur extérieur par un petit portail. Je ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais pas parler. Je ne pouvais rien faire d’autre que regarder et désespérer.

Il avait gagné… Les Ténèbres en moi avaient gagné… tout ça parce que Zoreya avait hésité… Elle était à blâmer pour tout ça.

Pourquoi avait-elle fait ça, je n’en avais aucune idée, mais ça n’avait plus d’importance… Ce monde était condamné…

[Quelque part dans le ciel]

« Tu disais ? » demanda Melkuth en regardant le vieux fou sénile.

« Eh bien… Euh…, » il se gratta la joue gauche et lui fit un sourire ironique.

« Soupir… Je ne t’en veux pas, vieil homme. Même en tant que dieux, nous faisons parfois des erreurs. J’ordonnerai à Zoreya de battre en retraite et de se regrouper avec les autres apôtres. Les suprêmes des trois continents doivent unir leurs forces s’ils veulent mettre fin à cette atrocité, » déclara Melkuth.

« Je ne t’arrêterai pas cette fois…, » le vieil homme sénile poussa un soupir et baissa les yeux vers le monde où le corps d’Illsyore, contrôlé par Les Ténèbres, approchait d’un petit village au bord du désert. « Ce changement… c’était inattendu… mais je ne sens pas que son âme ait disparu. Peut-être…, » il s’était frotté le menton en disant ça.

« Il n’y en a plus peut-être, et ce changement était tout à fait prévisible ! Cet homme était un faible dès le moment où il était arrivé au monde. Il lui manquait la volonté et l’ambition de s’approprier ce corps. Il n’avait pas l’esprit combatif nécessaire pour s’accrocher à sa vie heureuse. Dans un seul moment de faiblesse, il a tout mis de côté comme de la camelote non désirée. Mais…, » Melkuth ferma les yeux et croisa les bras au niveau de sa poitrine « Je l’admets. » Il regarda le vieil homme sénile. « Ce chemin… sa rencontre avec Zoreya fut imprévue, même par les Dieux Sombres. Dans tous les oracles du passé, y compris le mien, Illsyore l’avait toujours affrontée la première fois au combat et l’avait soit tuée, soit gravement blessée…, » avait-il déclaré.

« Les oracles ne sont rien d’autre que des allusions à la présence d’une possibilité dans un monde rempli de possibilités infinies. Le moment où l’on voit l’avenir, qu’il soit dieux ou non, cet avenir est déjà en train de se transformer en un autre, » le vieil homme sénile lui fit un sourire.

« Tu n’as jamais été du genre à t’intéresser à de telles choses…, » Melkuth secoua la tête. Mais la réalité, changée ou non, comme les oracles l’avaient prévu ou non, est que nous devons maintenant faire un rituel d’invocation de héros et choisir une âme digne de nos bénédictions et dons de pouvoir ! » déclara Melkuth.

« Fais ce que tu dois faire, mais je… Je crois toujours que les choses peuvent changer… Tant que son âme restera dans ce corps maudit, il aura peut-être encore une chance de gagner… Mais ni toi ni moi ne pouvons le convaincre de se battre, » le dieu poussa un autre soupir et regarda de haut l’imparable calamité.

[Le point de vue des Ténèbres]

J’ai réussi…

Affronter cet humain n’était rien d’autre qu’une plaisanterie pour quelqu’un d’aussi grand que moi. Pourtant, j’étais bien conscient que ma victoire n’était pas encore terminée.

L’âme maudite du mortel était plus forte que je ne le pensais, non… c’était seulement moi… Nous qui n’avions pas les connaissances nécessaires sur la bonne façon de se débarrasser de son âme ou de la voler. Ce que je savais jusqu’ici ne pouvait être considéré que comme un… malentendu… des mensonges… La réponse à ma… notre situation difficile se trouvait dans son libre arbitre…

Tout comme je l’avais convaincu qu’il était si faible qu’il ne pouvait rien me faire, tout ce que j’avais à faire maintenant était de le convaincre qu’il n’y avait aucune raison ou aucun espoir pour lui de rester dans ce monde. La conscience de son âme et celle de la manifestation à l’intérieur de mon Esprit Intérieur étaient différentes, mais les mêmes… Ces chaînes noires qui le retenaient dans ce monde n’étaient pas les miennes, mais les siennes. Cette porte… fenêtre… portail… quoi que ce soit qui lui ait permis de voir à travers mon œil gauche, ce n’était pas le mien… le nôtre non plus… c’était le sien. Mais comment ?

Comment avait-il pu s’en sortir ? Comment avait-il pu rester dans ce corps, dans ce monde quand je l’avais clairement séparé de l’utilisation de son propre corps ? Et pour empirer les choses, il n’était même pas au courant de ce fait évident !

Quel imbécile effrayant… !

Mais c’était la vérité… La vérité ? Oui. Je manquais d’informations. Je n’avais pas la vérité, mais je savais une chose… Sa volonté… La volonté d’Illsyore… Je devais l’écraser… Je devais détruire son libre arbitre ! Mais comment ?

Traumatisme… tragédie… haine… colère… destruction… Oui, je devais faire en sorte que ce monde devienne un endroit où, quoi qu’il fasse, malgré tous ses efforts, il ne puisse y retourner. Je devais faire quelque chose pour que ces femmes commencent à le détester.

Oui, la haine… C’était la réponse ! C’était la clé pour résoudre le mystère !

Avec un sourire sur les lèvres, je me dirigeai vers le village le plus proche, un village… un village humain.

« Parfait ! » avais-je ri.

Je m’approchai calmement de ces mortels, mais dès que les deux faibles à la porte me virent, je les empalai d’un [Pic de terre] dirigé vers leur cœur. Ils étaient tombés, morts, et les cris de terreur et d’horreur avaient commencé à balayer ce petit village.

Maintenant, Illsyore… regarde… regarde la destruction, les ravages que je vais déclencher et craindre ce monde… souhaite t’échapper de là… DISPARAIS de MON corps !

[Point de vue d’Illsyore]

NON ! NON ! NON !

Tant de personnes… tant d’innocents avaient été tués en moins d’une demi-heure…

Là où se trouvait autrefois un village, il ne restait plus que des bâtiments en flammes, des corps calcinés et des corps humains déchiquetés. Le sol était trempé dans leur sang et il n’avait épargné personne… pas même les enfants…

Pourtant… tout ce que je pouvais faire, c’était regarder… avec horreur… dans la peur…

À cause de moi, parce que j’avais fait un corps si fort, parce que j’étais un donjon… cette chose était maintenant venue à l’existence et avait utilisé tout mon pouvoir pour massacrer impitoyablement tout le monde autour de moi. Mais contrairement à moi, il n’avait aucune raison de retenir sa force. Tous ceux qui avaient essayé de l’arrêter avaient fini par mourir… écrasé sous sa puissance… C’était parce que cette chose n’était pas une personne vivante… c’était un monstre fonctionnant sur des souvenirs brisés comme un ordinateur inondé de virus qui s’en emparait.

Tout ce que j’avais pu faire, c’est regarder l’horreur qui l’entourait. Maintenant, il se dirigeait vers une autre colonie, tuant et massacrant tous les groupes d’espèces intelligentes qu’il pouvait trouver. L’un après l’autre, leur vie s’était terminée sans pitié, sans soins…

C’était horrible… et tout était de ma faute…

[Point de vue d’Ayuseya]

Quand nous avions entendu les terribles explosions à l’extérieur de la ville, nous savions tous que quelque chose n’allait pas. Quant à la source, c’était clairement Illsy… ou plus précisément, Les Ténèbres. S’il avait perdu la bataille avec lui-même ou non, nous n’en avions aucune idée, mais au fond de nos cœurs, nous espérions que ce ne serait pas le cas. Mais quand nous avions vu Zoreya revenir seule… nous savions que c’était fini…

« Où est Illsy ? » celle qui avait demandé d’une voix tremblante, c’était Shanteya.

Regardant ailleurs, Zoreya s’était débattue pour savoir s’il fallait nous répondre ou non, mais l’un d’entre nous n’avait pas été aussi patiente.

« OÙ EST MON MARI, APÔTRE !? » demanda Nanya avec un grognement.

Elle s’était précipitée vers elle et l’avait cognée contre le mur, faisant trembler tout le bâtiment sous l’impact. Les autres clients ici, y compris l’aubergiste et ses serveuses, s’étaient retirés face à la démone enragée.

La quantité de mana et l’intention meurtrière qu’elle libérait n’étaient pas non plus une question de plaisanterie, mais parmi nous trois, j’étais la plus calme.

Eh bien, c’était un mensonge… Je n’étais pas calme… J’étais simplement la meilleure pour faire semblant d’être calme.

« Nanya, calme-toi, » avais-je dit à la démone après m’être approchée et j’avais doucement posé ma main sur son épaule.

Elle m’avait regardée fixement pendant un moment, mais elle avait fermé les yeux et avait libéré l’apôtre de sa prise.

Zoreya tomba par terre sur son derrière, le bouclier de Melkuth fit un bruit sourd à côté d’elle. Avec une expression douloureuse sur son visage, elle avait refusé de nous regarder dans les yeux. Quand j’avais vu ça, j’avais réalisé que nous n’étions peut-être pas les seules à souffrir.

Je m’étais agenouillée à côté de la femme blonde, et je lui avais demandé calmement. « Que s’est-il passé ? »

Elle s’était mordu la lèvre et avait essayé de cacher la vérité, mais elle n’avait pas pu.

« Les Ténèbres… elles ont gagné… J’ai échoué… Je n’ai pas été capable de répondre à la demande de mon dieu, et je n’ai pas non plus été capable de le sauver…, » elle serra les poings et baissa les yeux.

De toute sa vie, c’était probablement la seule fois où elle avait échoué d’une manière aussi terrible, mais une partie de ses paroles m’avait fait plisser le front.

« Que veux-tu dire par “le sauver” ? Je pensais que Melkuth ne savait pas comment…, » lui avais-je demandé.

« Il y a une chance… si…, » elle s’était arrêtée et s’était mordu la lèvre.

« Si quoi ? » demanda Nanya, surprise.

« SI JE ME LAISSE TUER PAR LUI ! » cria-t-elle, les larmes aux yeux.

« Quoi… ? » j’avais été surprise.

« Mais je ne peux pas… Je ne pouvais pas… Melkuth m’a ordonnée de… non, il m’a demandée de ne pas…, » elle baissa les yeux vers son bouclier.

« Pourquoi dois-tu mourir ? » demanda Shanteya, mais tout comme moi, elle ne voyait pas la raison de tout cela.

« Je ne sais pas… Je ne sais pas… J’ai peut-être déjà raté l’occasion… Peut-être que je… Je ne sais pas ! » elle secoua la tête et se couvrit le visage de ses mains.

Jusqu’à présent, cette apôtre ne nous avait jamais montré une seule larme ou un seul moment de faiblesse. Elle était censée être une épée pour son dieu… un outil à travers lequel sa volonté même s’était manifestée sur ce monde, mais en ce moment… elle était juste comme nous… une femme qui souffrait.

« Peut-être que ton dieu a juste craché un tas de mensonges…, » grogna Nanya.

En regardant du côté de la démone, elle n’avait pas été impressionnée par ses larmes.

« Zoreya, quel était le plan ? Où est-ce que ça a mal tourné ? » lui avais-je demandé d’une voix calme, espérant obtenir des réponses d’elle.

« Je… Melkuth m’a dit de tuer Illsyore… En tant qu’âme, il n’est pas mauvais. Il est gentil. Il pense aux autres. Il aime et prend soin de ceux qui lui sont proches. C’est un innocent, mais…, » elle essaya de s’expliquer, mais Shanteya l’interrompit.

« Alors pourquoi t’a-t-on dit de le tuer ? Pourquoi Melkuth veut-il sa mort ? Tout ce qu’Illsy avait fait jusque-là, c’était par amour et par bonté d’âme ! Il m’a sauvée quand tout le monde m’avait abandonnée, y compris les dieux ! Il est venu à l’aide d’Ayuseya alors que personne d’autre n’aurait osé, au risque de faire d’un royaume entier son ennemi ! Il a accepté Nanya sans sourciller devant son apparence démoniaque ! Il a libéré Tamara et changé la façon dont tout un pays voyait l’esclavage ! Qu’est-ce qu’il a pu faire de si mal pour enflammer la colère d’un dieu !? » cria-t-elle à la fin.

« Rien… Melkuth ne souhaite pas la mort d’Illsyore, il souhaite que les Ténèbres disparaissent et il veut l’empêcher de s’emparer de son corps, mais la seule façon de le faire est de tuer leur corps commun…, » répliqua Zoreya en se mettant à genoux contre sa poitrine.

« Quoi ? » Shanteya l’a regardée fixement.

« C’était mon devoir… même Illsyore me l’a demandé, mais je… Je n’ai pas pu le faire… Je n’ai pas pu le tuer. J’ai hésité… et les Ténèbres ont pris le dessus. Une fraction de seconde a suffi… Je suis fautive d’avoir lâché ce mal sur ce monde…, » avoua-t-elle en versant des larmes.

« Tu ne pouvais pas… mais tu avais l’intention…, » dit Shanteya en avançant.

J’avais regardé l’El’Doraw et j’avais senti un frisson me couler dans le dos jusqu’au bout de mon corps. Bien qu’effrayante, elle n’avait pas encore dégainé sa lame.

« Je ne pourrais pas… si je le faisais… Les Ténèbres auraient disparu… ou… ou… Je ne sais pas… Je ne sais pas…, » dit l’apôtre.

La femme était une épave, mais Shanteya n’avait pas arrêté. J’avais bougé, mais j’allais intervenir si je la voyais agir pour commettre un meurtre. Mes inquiétudes, cependant, étaient déplacées…

L’El’Doraw s’agenouilla devant l’humaine en pleurs, et elle posa ses mains sur ses épaules. Avec un sourire, elle lui dit alors. « C’est bon… c’est clair que même toi tu as des sentiments d’amour pour notre mari. »

« Quoi ? » Zoreya l’avait regardée un peu confuse.

« Sinon, pourquoi hésiterais-tu, toi plus que quiconque, à un moment aussi crucial, si ce n’est parce que ton cœur était accablé par tes sentiments pour l’Illsy, » déclara-t-elle, mais ni Nanya ni moi ne savions comment elle en était arrivée à une conclusion aussi étrange.

Peu importe à quel point j’essayais d’y penser, je ne voyais pas quand et où de telles émotions auraient pu survenir. Tout indiquait le contraire, que Zoreya ne voyait pas Illsy comme tel et n’avait jamais essayé de voir ainsi.

« Nya ! Shanteya a raison ! Zoreya aime Illsy, nya ! » déclara la nekatare en arrivant et en frottant doucement sa joue poilue contre la sienne.

« Quoi ? Quoi ? Ce n’est pas possible ! Mon amour n’appartient qu’à mon dieu… Je ne peux pas… C’est impossible ! » l’apôtre avait essayé de nier, mais au moment où elle était devenue agitée, nous avions toutes su la vérité.

Notre sens féminin avait chatouillé et pointé la blonde dans le déni.

« Soupir… c’était donc ça… Mais ça n’a plus d’importance… Illsy a été repris par Les Ténèbres, » déclara Nanya, puis elle était passée devant nous et s’était dirigée vers la porte.

« Attends ! Où vas-tu !? » lui demandai-je.

« Pour sauver mon mari ! » elle nous avait regardé en face.

« Comment !? » Lui avais-je demandé.

« Je ne sais pas comment, mais… mais… mais…, » elle plissa ses sourcils et baissa les yeux.

« Même si nous ne savons pas comment, nous devons quand même essayer… Il doit y avoir un moyen de le raisonner, » déclara Shanteya en se levant et en marchant vers Nanya.

« En effet… D’ailleurs, je ne crois pas qu’Illsy ait perdu tout de suite…, » avais-je hoché la tête et je les avais suivies.

« Si le Maître a des ennuis, alors Tamara lui donnera aussi tout pour sauver le Maître ! » la nekatare avait poussé sa poitrine vers l’avant et s’était précipitée vers nous.

« C’est ce qu’on va voir, » je lui avais tapoté la tête et un peu froissé sa fourrure.

« Nyaaaa ~ ! » s’exclama-t-elle.

Avec un sourire, j’avais regardé Nanya puis Shanteya. On pensait toutes la même chose. Nous voulions toutes aider notre mari, et aucun d’entre nous ne croyait que Les Ténèbres avaient vraiment réussi à maîtriser l’homme qui avait conquis notre cœur… peut-être même celui de la fière apôtre de Melkuth.

« Attendez ! Vous ne pouvez pas partir ! Les Ténèbres sont bien plus puissantes que même Illsyore ! Il va tous vous écraser ! » Zoreya nous avait prévenus.

J’avais souri et je lui avais dit « Il ne veut pas… Illsy ne les laissera jamais faire… Tu verras. »

Nous avions quitté l’auberge et nous nous étions précipitées après lui. La traînée de massacres et de destructions impitoyables allait nous mener directement à lui.

Alors que nous courions dans la forêt, j’avais demandé à Shanteya. « J’ai cru un instant que tu allais tuer Zoreya, mais pourquoi lui as-tu dit ça ? »

« En fait, je voulais vraiment la tuer… Quand mes mains étaient sur ses épaules, j’aurais pu facilement les déplacer autour de son cou et le casser. J’ai lutté avec moi-même pendant un moment… et je me suis demandé ce que ferait Illsy. Je me suis souvenue que c’était un homme qui ne lèverait jamais la main contre quelqu’un qui regrettait et se sentait mal pour ce qu’il faisait… Plus important encore, je me suis souvenue comment il a épargné Dankyun… Il l’a laissé avec sa vie, mais pas sa santé mentale… » Elle ferma les yeux un instant. « Je suis une mauvaise El’Doraw… J’ai menti à Zoreya… » Elle avait ouvert les yeux. « J’ai dit quelque chose pour ébranler sa foi en son propre dieu en ce moment de faiblesse… Mais c’était mieux que de la tuer. »

J’avais dégluti… Shanteya en ce moment était vraiment effrayante…

***

Chapitre 78 : Foi brisée ou pas ?

Partie 1

[Point de vue de Zoreya]

Frustrée, confuse, dans la douleur… Je ne pouvais pas supporter mes propres pensées alors que je laissais passer les heures comme des grains de sable dans un sablier. À quoi cela servait d’être apôtre d’un dieu de la guerre quand je n’avais même pas la force de lever mon propre bouclier ?

Boire n’avait pas non plus aidé… mais j’avais essayé de noyer mes propres pensées et de penser à ce que je pouvais faire, car j’avais tellement honte de mon échec que je n’avais même pas eu le courage d’aller affronter mon propre dieu.

Hélas, je n’étais qu’une humaine… même si je ressemblais à une femme d’une vingtaine d’années…

« Vous êtes au courant ? Un autre village a été détruit par ce monstre…, » avait dit un aventurier.

J’avais tourné la tête et j’avais écouté leur conversation. Tous deux étaient de jeunes aventuriers, mais ils portaient des armures abîmées et arboraient quelques cicatrices de leur voyage. C’était le genre classique que l’on pouvait trouver n’importe où de nos jours. En vieillissant, ils demandaient l’aide d’un guérisseur et certains se retiraient après ça.

« Oui… Apparemment, le roi essaie d’assembler un groupe d’asservissement dès que possible, mais jusqu’à présent, aucun des rangs suprêmes et des rangs divins ne croit que cette affaire mérite leur attention, » l’autre homme secoua la tête.

La nouvelle avait pesé lourd sur leurs épaules, et aussi sur les miennes…

Les Ténèbres ne méritent-elles pas leur attention ? Ces imbéciles… pensais-je, mais qui étais-je pour parler contre ceux qui refusaient de s’en prendre à lui ? Après tout, je faisais partie de ceux qui avaient failli mourir entre ses mains.

Furieux, l’aventurier frappa la table avec son poing, renversant presque son hydromel « Bah ! Une ville entière doit être réduite en cendres avant que ces imbéciles ne pensent même à lever le petit doigt contre lui ! »

Mon cœur s’était serré. J’étais aussi l’une de ces personnes qui étaient censées leur venir en aide dans des moments si malheureux, mais non seulement je n’y avais pas pensé, mais j’avais aussi essayé de m’enfuir… J’avais été un échec en tant qu’apôtre, et le poids de mon propre bouclier l’avait prouvé…

J’avais avalé les dernières gouttes de ma chope et je m’étais levée de ma table. J’avais payé les frais à l’aubergiste et je m’étais retirée dans ma chambre.

« Hé madame ! Et votre bouclier ? » la jolie serveuse aux cheveux courts m’avait appelée.

« Quoi ? » demandai-je dans ma propre confusion.

En regardant en arrière, j’avais vu le Bouclier de Melkuth, le seul objet que j’avais toujours sur moi et auquel je m’accrochais aussi fermement que possible, même pendant mon sommeil, maintenant appuyé sur la table… oubliée.

« Oui… Je vais le prendre maintenant…, » j’avais parlé d’une voix tremblante alors que j’étais approchée de lui et que je l’avais soulevé.

Le poids était presque insupportable. Même avec ma force de Rang Suprême, je pouvais à peine la soulever. Ceux qui ne comprenaient pas me regardaient avec des regards moqueurs.

Melkuth m’abandonne… J’ai échoué…, m’étais-je dit en me traînant dans ma chambre.

Cela faisait une semaine que je n’avais pas vu les femmes d’Illsyore courir après lui. Comme je l’avais prédit, elles n’avaient pas réussi à l’arrêter. Peut-être qu’elles étaient mortes, peut-être qu’il les avait capturées… Je ne le savais pas, mais les rumeurs sur la cruauté des Ténèbres continuaient à venir comme un flot sans fin de mauvaises nouvelles.

Au moins, il s’éloignait de cet endroit, mais je savais qu’il ne faisait que me laisser vivre, se moquant de ma faiblesse.

En entrant dans ma chambre, j’avais fait tomber mon bouclier sur le sol, enlevée mon armure et je m’étais laissé tomber sur mon lit. La protection n’était pas nécessaire. Même si je mourais maintenant, ça n’avait pas d’importance. Mon rôle d’apôtre de Melkuth était terminé. Je n’avais pas pu accomplir sa tâche. Je ne pouvais pas tuer Illsyore, donnant ainsi l’opportunité aux Ténèbres de se libérer.

J’ai peur de lui faire face… J’ai bien peur… m’étais-je dite en jetant un coup d’œil à mon bouclier.

Ce n’était pas Les Ténèbres dont j’avais peur, c’était Melkuth…

Sa rage… sa fureur… Je ne pouvais qu’imaginer comment il comptait me punir pour mon erreur. Pour empirer les choses, comme l’avait dit l’El’Doraw, le Seigneur du Donjon avait réussi, d’une manière ou d’une autre, à faire basculer mon cœur. Bien que, peut-être que c’était seulement parce qu’il était d’abord un humain ?

Est-ce que je l’aime vraiment ? Non… Je ne sais même pas ce que c’est que d’aimer un homme… Qu’est-ce que ça fait ? pensais-je, mais je n’avais pas trouvé de réponse à mes propres questions.

La possibilité que j’avais refusé de la voir était également là, mais qui pouvait me diriger sur le bon chemin ? J’étais seule… Dans mon esprit et dans mon cœur, j’étais l’échec d’une apôtre qui était tombée amoureuse d’un Seigneur du Donjon sans même qu’elle s’en rende compte. Pour empirer les choses, j’avais lâché Les Ténèbres sur ce monde sans méfiance.

Si seulement je n’avais pas hésité à ce moment-là… Une seconde, c’est tout ce qu’il a fallu… Si je ne l’avais pas fait… alors Illsy ne se serait pas transformé… Je n’aurais pas échoué. pensai-je et des larmes salées s’accumulèrent au coin de mes yeux.

Ainsi, j’avais pleuré…

J’avais pleuré comme une jeune fille désespérée frappée par la tragédie de perdre quelqu’un qui lui était cher, mais celui pour lequel j’avais pleuré n’était autre que mon moi passé. Le vieux « moi » était mort, tué par ce que beaucoup appellent l’amour, et pourtant… Je ne l’avais pas regretté tant que ça. Tout ce que je pouvais faire, c’était pleurer et espérer que mon dieu me pardonne.

Deux jours plus tard, les premiers réfugiés étaient arrivés dans cette ville. Ils étaient apparemment des survivants laissés en vie dans le seul but de raconter leurs terribles tragédies à d’autres. Ce que je ne comprenais pas, c’est ce qu’il pouvait espérer tirer de la diffusion de telles histoires, mais je les avais écoutées et j’avais réalisé qu’elles avaient toutes quelque chose en commun.

Les Ténèbres, telles qu’elles les décrivaient, étaient un grand homme avec des cristaux de la couleur du sang à moitié enterrés dans sa poitrine et ses bras. Il avait de longs cheveux noirs, les bras couverts de métal noir et une aura sombre qui coulait autour de lui. Pourtant, il y avait une autre caractéristique commune à tous leurs récits à son sujet. C’était son œil vert gauche en pleurs.

Illsyore lutte-il toujours contre les Ténèbres ? pensais-je après mon retour dans ma chambre.

Secouant la tête, je m’étais assise sur le lit et j’avais regardé le Bouclier de Melkuth. Ce n’était plus qu’un tas d’acier ridiculement lourd. Même mon corps commençait à perdre une partie de sa bénédiction, je devenais léthargique et fatiguée facilement. Au moins, j’avais encore ma jeunesse, du moins, pour l’instant.

En soupirant, j’avais repensé à leurs paroles. Cet œil qui pleurait était le même que lorsque Les Ténèbres étaient apparues pour la première fois. Le reste avait changé, mais cette partie de lui était restée la même. C’était la seule preuve de l’ancien Illsyore, le Seigneur du Donjon se cachait encore quelque part en lui. Peut-être qu’il ne luttait pas contre Les Ténèbres, mais j’avais l’impression qu’il était encore en vie… d’une certaine façon… quelque part…

Pendant ce temps, j’avais l’impression de m’effondrer. Une foi construite au fil des décennies n’avait été brisée que par quelques mots, prouvant à quel point elle était fragile. Un être qui ne comptait que sur le pouvoir de son dieu ne pouvait même plus lever son bouclier. Une récompense pour laquelle beaucoup feraient n’importe quoi pour l’obtenir, moi, par contre, je l’avais jetée dans un seul moment d’insécurité. Le travail d’une vie s’était transformé en poussière…

Toutes ces choses me décrivaient en ce moment. Je n’avais rien. Je ne pouvais rien espérer. Je ne pouvais rien tenir…

J’ai échoué… J’ai échoué… Toutes ces années… pour quoi ? Pour rien… J’ai échoué… mes pensées s’était enfoncé d’une manière si dépressive, m’apitoyant sur mon sort, me mettant tout le blâme sur mes épaules, et parfois… souhaitant ma fin.

Les larmes aux yeux, le cœur et l’âme brisés, je m’étais endormie…

C’était un rêve drôle que j’avais fait… J’avais vu Illsyore qui souriait. J’avais vu ses femmes avec lui, mais je m’étais sentie accueillie par lui… par eux. Pourtant, je ne pouvais pas y aller… J’étais dans un sale état. Je n’avais aucune foi… Je n’avais aucun dieu à suivre… Alors pourquoi devrais-je mériter une telle chose ?

Comme je me tenais loin d’eux, la route menant à leur cercle commençait rapidement à s’effondrer, et là, au bord de la route, je vis un vieux mendiant. Il leva la main et demanda une pièce. À ce moment-là, j’avais réalisé que je n’avais pas de haut. J’étais littéralement nue à partir de la taille et ma poitrine était nue pour que le vieil homme puisse la voir.

Embarrassée à mort et avec un cri aigu, j’avais giflé le vieil homme aussi fort que j’avais pu. Je l’avais envoyé voler. Quand il était parti, j’avais respiré avec force… et je tremblais. Ce regard pervers sur tout mon corps était… effrayant, terrifiant même.

En tremblant, j’avais essayé de trouver quelque chose avec lequel je pouvais couvrir ma poitrine, mais la seule chose qui m’entourait était quelque chose sur lequel le vieux mendiant avait l’habitude de s’asseoir. Il était couvert d’un chiffon sale. Je l’avais arraché, et en dessous, j’avais vu le bouclier de Melkuth.

Comme je ne pouvais rien faire pour cacher ma honte, j’avais tenu son bouclier à mes côtés. Quand il n’y avait personne pour me protéger, il se tenait toujours entre moi et ce qui voulait me faire du mal. Quand j’avais besoin d’espoir, il était toujours là. Quand j’étais seule, elle était là. Tout au long de ma vie, ce bouclier avait été à mes côtés. Comme un précieux ami et camarade, il me protégeait, me défendait, m’aidait…

Mais ne m’a-t-il pas abandonnée ? pensais-je, mais si j’avais tort ?

Même si ce n’était qu’un rêve, ce bouclier essayait toujours de me protéger, de me défendre… Que ce soit un vieux pervers ou un monstre qui menace de détruire le monde. Chaque fois, ce bouclier avait été à mes côtés… jusqu’à récemment.

Est-ce qu’il m’avait mise de côté ?

Non…

C’était moi qui l’avais laissé tomber tout en le croyant.

Ah ~ ~… Quelle idiote j’ai été... avais-je pensé.

L’instant d’après, je m’étais réveillée avec des larmes qui coulaient sur mes joues. Il m’avait fallu un moment pour réaliser que j’étais de retour dans ma chambre à l’auberge, regardant le plafond. À ma gauche, mon bouclier était appuyé sur le mur, attendant que je passe le prendre.

Puis je m’étais souvenue de mon rêve. Laissant ce moment très embarrassant de côté, je m’étais rendu compte que dans ma tentative de poursuivre Illsyore, j’avais déposé mon bouclier, mais ce faisant, j’avais abandonné une partie de mon identité… Ce n’était pas la façon de Melkuth. Mon dieu avait toujours encouragé les gens à être qui ils étaient et à ne pas céder face aux yeux haineux de ceux qui les entouraient. Un homme qui s’était perdu de vue ne pouvait pas libérer le vrai guerrier caché en lui.

Si oui… quelle est ma vérité ? m’étais-je demandée en me levant de mon lit et en m’approchant de mon bouclier.

En fermant les yeux, je l’avais touché et j’avais essayé de trouver la réponse. C’était difficile de le faire, mais si je devais deviner, j’avais souhaité être aux côtés d’Illsyore tout en gardant mon propre bouclier à mes côtés. C’était une demande à la fois impossible et déraisonnable, mais c’était ma vérité.

« Est-ce que j’attendrai ma fin dans cette salle sombre ou est-ce que j’irai demander une autre chance ? » me demandai-je à voix haute en ouvrant grand les yeux.

Avec un sourire sur les lèvres, je savais ce que je devais faire. J’avais pris le bouclier et testé son poids. Ce n’était pas léger, mais ce n’était pas non plus si lourd.

« Je dois parler à Melkuth…, » déclarai-je, et avec un regard déterminé dans les yeux, je m’étais précipitée hors de la pièce, mais je m’étais arrêtée et étais rapidement retournée à l’intérieur. « C’est embarrassant ! Je suis sortie sans mon armure ! »

Après avoir remis mes… vêtements, je me rendis au temple de Melkuth, mais lorsque j’atteignis cet endroit, les prêtres marchèrent devant moi et m’empêchèrent d’entrer dans la salle de prière.

« Nous nous excusons, mais on nous a dit que… eh bien…, » ils se regardaient en essayant de trouver un moyen de dire ce qu’ils avaient en tête.

« Qu’est-ce que c’est ? » J’avais demandé en plissant mes sourcils.

« Eh bien, nous avons appris que Mlle Zoreya n’est peut-être plus apôtre… alors on nous a dit de ne plus vous laisser retourner dans la salle de prière de Melkuth…, » avait expliqué l’un d’eux.

J’avais été un peu choquée par ce que j’avais entendu. Cela ne pouvait que signifier que mon dieu avait envoyé un mot aux autres Apôtres au sujet de mon… manque de foi. Malgré cette nouvelle troublante, je n’avais pas hésité.

« Tant que j’exercerai le bouclier de Melkuth, je serai toujours son apôtre ! Même si les autres me reconnaissent ou non ! » avais-je déclaré sans le moindre signe d’hésitation.

« Même ainsi… les ordres sont les ordres, » ils s’étaient avancés avec l’intention de me repousser.

J’avais poussé un soupir et j’avais fermé les yeux un instant.

Que ferait Illsy ? Non… Que feraient mes amis ? m’étais-je demandé.

Au bout d’un moment, j’avais ouvert les yeux et leur avais fait un sourire.

***

Partie 2

« Alors, essayez de m’arrêter si vous le pouvez. » J’avais levé mon bouclier, j’avais dégainé mon épée et je m’étais avancée.

Les prêtres tremblaient tous sur place quand ils me virent agir ainsi.

« Au moins, je vous rappelle que je suis toujours une Suprême ? Par-dessus tout, je suis une Suprême maniant un artefact divin, le Bouclier de Melkuth ! Osez m’arrêter dans ma quête, et je suis prête à vous transformer en éclaboussures de sang sur les murs ! » Je les avais menacés avec une intention meurtrière émanant de mon corps.

« Mais… mais… vous êtes… si vous êtes apôtre, une telle chose…, » déclara l’un d’eux, mais j’avais refusé d’écouter leurs bavardages incohérents et je m’étais avancée.

« Vous ne devez pas… AGYA !! »

Un prêtre âgé avait essayé de m’arrêter en se mettant devant mon bouclier. C’était un geste audacieux, mais incroyablement stupide à faire. J’avais immédiatement libéré une vague de Mana, et le prêtre, avec plusieurs autres, avait été renvoyé en volant avec un cri bizarre.

Il n’y avait aucune raison d’hésiter. Ma détermination, ma résolution, ma voie étaient claires. Je n’allais laisser personne m’arrêter !

J’étais donc entrée de force dans le temple de Melkuth et m’étais dirigée vers la salle de prière. Là, j’avais posé mon bouclier contre la porte pour empêcher l’un d’eux d’entrer et j’avais aussi érigé une petite barrière autour de moi pour me protéger.

Une fois terminée, j’avais commencé à prier.

« Oh, grand Melkuth, Dieu de la guerre, prêtez-moi votre sagesse ! Écoutez les prières de votre Apôtre ! » déclarai-je.

Un instant plus tard, j’avais été entraînée par une lumière blanche et j’étais apparue devant mon dieu. Immédiatement, je m’étais agenouillée devant lui.

« Mon Dieu, » avais-je.

« Tu as du cran de revenir ici… Pourquoi ? » me demanda-t-il en relâchant une terrible pression.

Il est en colère…, avais-je pensé.

« Je suis venue parce que je voulais vous dire que je n’avais pas abandonné votre chemin, » lui avais-je dit.

« Des mots audacieux à dire, mais ce n’est qu’un mensonge éhonté ! » cria-t-il, me renvoyant avec une force invisible.

« Non, c’est la vérité…, » avais-je déclaré en me levant.

Le dieu avait alors agité un doigt et une force terrible m’avait écrasée sur le sol.

« Mon Dieu…, » avais-je dit en essayant d’y résister.

« Comment peux-tu me mentir comme ça, Zoreya ? Après tout ce que j’ai fait pour toi !? » il était en colère.

« Je n’ai pas…, » j’avais réussi à le regarder, mais à mes yeux, il ne voyait que ma conviction et ma détermination.

Il n’y avait pas la moindre ombre de doute et si l’on essayait de s’introduire en moi, je la bannissais immédiatement.

« Tu mens, Zoreya… Tu me tiens dans ton cœur, mais je ne suis pas le seul. Franchement, je ne peux même pas commencer à comprendre comment et quand tu as commencé à aimer cet homme ! » déclara-t-il.

« C’est vrai, mais je n’ai toujours pas menti. J’aime Illsyore en tant qu’homme, peut-être que ce n’est qu’un sentiment stupide. C’est peut-être mon propre malentendu stupide… C’est peut-être une malédiction, mais je sais une chose cependant, que je vous aime, Melkuth, comme mon dieu… et encore plus, » avais-je déclaré ?

« Crois-tu que je vais te croire ? » il m’avait regardé fixement.

« Oui… parce que je sais que vous pouvez… et moi, votre fidèle disciple, je connais le dieu que j’aime. En tant qu’Apôtre, on m’a peut-être interdit d’avoir dans mon cœur l’amour pour un autre homme, mais je ne suis pas du genre à hésiter entre eux… Mon amour pour mon dieu est mon amour pour mon dieu… mais l’amour que j’ai pour Illsy est d’un autre genre, » avais-je déclaré.

Il avait écouté mes paroles, puis la pression s’était relâchée petit à petit jusqu’à ce que je puisse enfin reprendre ma position à genoux. Melkuth n’avait pas dit un seul mot pendant ce temps, il m’avait simplement regardée comme si j’essayais de déterminer si j’avais dit la vérité ou non. Pendant ce temps, j’attendais patiemment même si je savais bien que je n’avais plus le temps de tourner au ralenti.

« Tu veux sauver Illsyore, l’homme que tu aimes ? » me demanda-t-il.

« Oui, » avais-je répondu.

« Tu sais que ce que ton cœur ressent en ce moment n’est peut-être pas la vérité, n’est-ce pas ? » il poussa un soupir.

« Oui, mais si je ne fais rien pour confirmer si tout cela n’est qu’un malentendu ou non, je ne pourrai pas aller de l’avant. Je ne serai pas fidèle à moi-même. En tant que tel, je ne pourrai pas être la vraie guerrière que vous me demandez d’être, mon Dieu, » avais-je déclaré sans le moindre doute dans ma voix.

Melkuth poussa un autre soupir et se frotta le front avec deux doigts.

« Toi…, » déclara-t-il en levant les yeux.

Un autre moment passa alors qu’il rassemblait ses pensées.

« Parmi tous mes Apôtres, tu étais la meilleure… Mais comme c’est arrivé avec toi, dans le passé, il y en avait d’autres… Quand elles sont tombées amoureuses d’un autre homme, chacune d’entre elles s’est volontairement éloignée de moi, mais tu prétends vouloir rester ? Le fait d’être mon apôtre ne va-t-il pas à l’encontre de ton amour avec cet homme ? » me demanda-t-il.

« Si cet amour se réalise, alors il m’acceptera tel que je suis en tant votre Apôtre. S’il ne le fait pas… alors je serai reconnaissante pour le temps qu’il m’a offert, mais jusqu’à ce qu’il le puisse, je resterai loin de lui. Pour moi, il est plus important d’être votre Apôtre, mon dieu, que d’être sa femme dévouée qui l’écoute aveuglément, » avais-je déclaré avec une résolution ferme.

« Et tu t’attends à ce qu’un Seigneur du Donjon le fasse ? » demanda-t-il en plissant les sourcils.

« J’attends de l’âme humaine réincarnée dans le Seigneur du Donjon qu’elle le fasse. » J’avais baissé la tête.

« Quoi ? » Melkuth avait l’air surpris et s’était même levé de sa chaise. « Qu’est-ce que tu viens de dire ? » demanda-t-il.

« Mon Dieu, ne saviez-vous pas ? » avais-je demandé, surprise.

« Non, s’il te plaît, répète. » m’avait-il dit.

« Illsyore était à l’origine un humain qui est mort et dont l’âme s’est réincarnée dans le corps du Seigneur du Donjon créé par le Haut Mage Tuberculus, un humain, » lui avais-je expliqué.

« Un humain… alors…, » il baissa les yeux en s’appuyant sur ses bras sur le bureau.

« Il m’a dit qu’il se souvient de sa vie passée, c’est pourquoi il était si différent des autres Seigneurs du Donjon, » lui avais-je dit.

« Si c’est le cas, alors… ça…, » il m’avait regardé en réponse. « Zoreya, aimes-tu vraiment ce mortel ? Te sens-tu attirée par lui ? » il m’avait demandé cela comme si c’était pour s’en assurer.

« Oui, mon Dieu, oui. Au début, je n’y croyais pas, mais après ce que Shanteya m’a dit, et ce que j’ai moi-même vécu ces dernières semaines, je ne peux que dire que, d’une certaine manière, l’étincelle d’amour pour cet homme nommé Illsyore a fleuri dans mon cœur, » avais-je répondu honnêtement.

« Je vois… alors c’est pour ça… C’est son charme humain qui t’a attirée. C’était son âme… Si vous deux êtes… non, si tous les deux sont… ou s’il est une âme de… oui, c’est peut-être ça…, » dit-il en se frottant le menton.

« Mon dieu ? » J’étais assez confuse par ses paroles.

« Zoreya, pour l’instant… Je t’offre ma bénédiction pour aller aider Illsyore. Malheureusement, ma décision de te révoquer en tant qu’Apôtre, pour l’instant, est toujours d’actualité. C’est la condition fixée dans… Ton statut d’apôtre est automatiquement révoqué dès que tu admets aimer un autre homme. Cela signifie que tu deviendras exponentiellement plus faible et plus âgée avec chaque jour qui passe jusqu’à ce que tu atteignes ton âge réel… Je vais devoir changer plusieurs lois pour t’accepter à nouveau, mais ce n’est pas possible pour l’instant. Pas si je veux avoir un plan de secours en cas d’échec… C’est pourquoi je vais t’offrir une partie de mon Énergie Divine pour te donner un petit coup de pouce pour t’aider à combattre Les Ténèbres, » déclara-t-il et s’éloigna de son bureau.

« Je comprends, mon Dieu, » j’avais baissé la tête.

L’instant d’après, il était devant moi et m’avait levée le menton.

« Je déteste vraiment perdre une apôtre si merveilleuse face à un mortel, mais je te promets ceci. Si tu tiens ta promesse de m’aimer comme ton dieu quoi qu’il arrive, alors je te prendrai à mes côtés peu importe quand tu rencontreras ta fin ou comment. La même récompense offerte à mes Apôtres t’est également accordée… Je le jure en mon nom ! » avait-il déclaré et puis… il m’avait embrassée.

Le moment était surprenant… et étrange. C’était mon premier baiser… et c’était exaltant, excitant et incroyable d’une manière qu’aucun mot ne pouvait décrire, mais c’était aussi probablement dû à la puissante énergie divine qui coulait dans mon corps, me donnant la force dont j’avais besoin pour affronter les Ténèbres. Pourtant, c’était le baiser de mon dieu, pas de mon amant… Deux choses différentes dans mon cœur, mais remarquablement similaires et proches l’une de l’autre.

« Au moins, j’ai volé ton premier baiser à cet homme ! Je suis un dieu égoïste, que puis-je dire de plus ? » dit Melkuth avec un sourire enjoué.

« Mon dieu ? » avais-je demandé, déconcertée.

« Ne t’en fais pas…, » soupira-t-il, puis retourna à son bureau.

« Merci, mon Dieu, merci ! Je ne vous décevrai pas ! » avais-je déclaré pendant que mes joues brûlaient de rouge.

« Oui, oui, oui, bonne chance ! » il m’avait fait signe de partir, et j’avais été renvoyée dans le monde des mortels.

D’un coup, je m’étais touché les lèvres à mon retour.

Je suis une femme honteuse, n’est-ce pas ? Recevoir un baiser de mon dieu et encore aspirer à celui d’Illsy, avais-je pensé et puis j’avais gloussé doucement.

Ce n’était pas si mal, mais avec tout ce qui avait été décidé, j’avais un nouveau travail à faire. Je devais traquer Les Ténèbres et sauver mon bien-aimé de son emprise… d’une manière ou d’une autre.

[Bureau du dieu de la guerre]

« Tu es rouge comme une tomate… Quel dieu innocent tu es ! » déclara le vieil idiot sénile.

« La ferme…, » avait gémi Melkuth.

« Hm ? Ce n’est pas possible que ce soit aussi ton premier baiser !? » il avait fait semblant d’être surpris.

« Va en enfer ! » il avait jeté un éclair sur le visage du Dieu des gros seins.

« AGYA ! » hurla-t-il en tombant.

« Argh… Je n’arrive pas à croire que je… Un DIEU… perd face à un mortel, et un humain en plus ! » Melkuth avait gémi et s’affaissa sur sa chaise.

« C’est ce qui te tracasse, espèce de dieu du harem ! » cria le vieil idiot sénile.

« Mais penser qu’Illsyore était en fait un humain réincarné. Pourquoi ne le savions-nous pas ? » il secoua la tête.

« Tu veux dire pourquoi tu ne le savais pas ? » avait sourit le dieu des seins.

« Alors, comment l’as-tu découvert ? » Melkuth plissa ses yeux vers l’autre dieu.

« Techniquement parlant, je suis SON dieu. Ça veut dire que j’ai le droit d’avoir un peu plus d’infos sur lui ? N’est-ce pas ? » sourit-il.

« Soupir… quand même… de perdre Zoreya au profit d’un humain… Moi, un dieu… perdu face à un mortel. C’est tellement embarrassant ! » il poussa un soupir de déprime.

« Courage, mon ami ! Voyons si ton Apôtre peut vraiment changer le destin de ce monde ou non ! Après tout… de penser qu’ELLE, tomberait amoureuse d’Illsyore… Je sais qu’elle a les connaissances et la capacité de le convaincre de lutter contre les Ténèbres, mais… cela… oui… oui… Inattendu. Tu vois ! Les oracles de toutes sortes ne peuvent que débiter des absurdités ! Aucun d’entre eux n’avait prédit le changement d’avis de cette jeune fille ! » avait-il déclaré, puis il s’était mis à rire avec force.

« Soupir… perdre contre un mortel… J’ai échoué en tant que dieu, » dit Melkuth en ignorant le vieux fou sénile.

***

Chapitre 79 : Zoreya contre l’Obscurité

[Point de vue de Shanteya]

Notre situation actuelle était… pour le moins horrible.

Lorsque nous avions marché sur le champ de bataille, préparées à lutter contre les Ténèbres, nous avions toutes cru que nous avions tout ce qu’il fallait pour le vaincre et, d’une manière ou d’une autre, libérer Illsy de son emprise, mais la réalité était un peu différente de ce que nous avions prévu.

Illsyore était un Seigneur du Donjon. Son corps était celui d’un donjon humanoïde. Les Ténèbres étaient un rassemblement de souvenirs et de pensées des Donjons constituant son corps. En d’autres termes, nous n’étions pas considérées comme des épouses de notre point de vue, mais plutôt comme celles d’un donjon. Quant à la façon dont ils nous voyaient… eh bien, nous n’étions que des outils utilisés pour s’accoupler, et ils pouvaient faire avec nous ce qu’ils voulaient, alors que les esclaves n’étaient que de simples pions jetables.

Cela ne voulait pas dire que nous avions été abusés ou agressés sexuellement par Les Ténèbres, mais plutôt que dès que nous étions apparus devant lui, afin d’éviter toute dispute ou bataille contre nous, il nous avait immédiatement absorbés. C’était ça… pas de grosses confrontations, pas de discours élaborés, rien du tout. Juste un simple : Ah ! Vous êtes là. Absorption.

En tant qu’ancien assassin, je me sentais mal d’avoir oublié cette capacité particulière d’Illsy. Il ne l’avait pas utilisé sur nous depuis si longtemps que ça m’avait simplement… échappé. Nanya et Ayuseya ne s’en sortaient pas mieux non plus pour ce petit détail. Tout comme moi, elles l’avaient aussi oublié. Ou plus précisément, Nanya ne croyait même pas qu’elle serait absorbée contre son gré. Apparemment, ce n’était pas quelque chose qu’un Donjon était censé pouvoir faire.

Je savais que nous n’étions pas parfaites, et comme tout le monde, nous pouvions faire des erreurs des plus ridicules, même dans les moments les plus cruciaux, mais je ne m’attendais pas à ce que cela nous arrive. Nous avions toutes les quatre fini piégées dans l’Esprit Intérieur de l’Illsy.

Avec nos bras et nos jambes enveloppés jusqu’aux coudes et aux genoux dans la substance sombre qui nous avait recouvert cet endroit, nous étions incapables de bouger ou de faire de la magie. Tout ce que nous pouvions faire, c’était parler et regarder autour de nous.

Le bon côté de tout cela, c’est que nous n’étions pas si loin de notre bien-aimé Illsyore. Contrairement à nous, il flottait devant un portail qui montrait le monde extérieur. De mon point de vue, je ne voyais pas grand-chose, mais Nanya le voyait, car elle était un peu plus à ma gauche.

Ce qui comptait pour nous, c’était qu’Illsy soit là. Nous pouvions le voir, sentir sa présence, nous savions que c’était lui, mais nous avions aussi réalisé que quelque chose n’allait pas chez lui. Bien qu’il ait la même apparence qu’avant l’arrivée des Ténèbres et qu’une lumière chaude couvrait son aspect actuel, d’étranges chaînes noires menaçaient ses bras, ses jambes et son cou. Ce qui était très bizarre, c’était que ces chaînes s’étiraient autour de lui, puis étaient reliées à son dos, juste entre ses omoplates.

L’obscurité de cet endroit ne pouvait même pas nous approcher tout comme elle ne pouvait pas nous couvrir complètement…

« Je ne comprends vraiment pas… Pourquoi ne nous regarde-t-il pas ? Pourquoi ne nous entend-il pas quand on l’appelle ? » demanda Nanya avec frustration.

En effet, depuis que nous avions été absorbées par Les Ténèbres il y a presque une semaine, nous avions toutes essayé d’attirer son attention d’une manière ou d’une autre, mais c’était comme si nous étions invisibles pour lui. Nous ne pouvions pas non plus libérer notre mana, donc nous étions plutôt inutiles ici.

« Peut-être que c’est comme Ayuseya l’a dit, et les Ténèbres interfèrent d’une façon ou d’une autre. Si c’était moi, je n’aurais pas hésité à le faire, » avais-je dit et puis j’avais poussé un soupir.

« Même ainsi… nous devons continuer d’essayer… Il n’y a rien d’autre que nous puissions faire… Peut-être que quelque chose va changer… peut-être qu’un miracle va se produire, » déclara Ayuseya d’une voix basse.

Dans cette situation, je détestais avoir raison, mais c’était la vérité.

Si Les Ténèbres pouvaient tout contrôler ici, il était très probable qu’il pouvait aussi contrôler le son de nos voix… pire encore, il pouvait changer ce qu’Illsy entendait. De cela, j’avais le plus peur…

***

[Point de vue d’Illsyore]

« Espèce de monstre ! »

« Criminel ! »

« Menteur ! »

Shanteya, Ayuseya, Nanya, et même Tamara… elles étaient toutes là, dans cette vaste obscurité. Elles avaient été capturées avec aisance, mais encore une fois, en tant qu’épouses, il était très peu probable qu’elles auraient été capables de lutter contre mon moi physique. Les lois qui régissaient les Donjons étaient très différentes de celles qu’ils connaissaient normalement.

Pourtant, au moment où elles étaient entrées, ces mots étaient sortis de leur bouche. Au moins, je pensais qu’elles ne seraient pas comme ça. Entendre Nanya crier « tu es un monstre » et Ayuseya « meurtrier » était assez terrible, mais entendre Shanteya me dire à quel point elle regrettait d’être devenue ma femme était un coup irrécupérable.

Je voulais simplement disparaître…, mais ces chaînes m’avaient maintenu en place, m’avaient obligé de regarder le monde extérieur.

Ah ~ l’obscurité était terrible… Pourquoi ne m’avait-il pas laissé partir ? Pourquoi n’arrêtait-il pas de me torturer comme ça ? Je ne savais pas… Je ne comprenais pas… mais je voulais que tout s’arrête. Je voulais m’excuser auprès de mes femmes. Je voulais implorer le pardon pour toutes les souffrances que j’avais causées… et puis mourir, pour pouvoir quitter cet endroit en paix…

Mais au lieu de cela, j’allais voir une autre tragédie… Zoreya se tenait maintenant devant Les Ténèbres, portant le Bouclier de Melkuth, tenant d’une main une longue épée, et affichant un regard déterminé dans ses yeux.

Je ne voulais pas la voir mourir pour rien… J’étais une cause perdue, et je ne voulais pas la voir souffrir elle aussi, alors j’avais prié son Dieu ou celui qui aurait écouté pour arrêter ces absurdités et l’aider.

***

[Point de vue de Zoreya]

Poursuivre Les Ténèbres n’avait pas été chose facile. Ce monstre était capable de parcourir de longues distances en un clin d’œil. Il était clair qu’avant de sortir, il avait dissimulé beaucoup de la vraie puissance d’Illsyore. Au mieux, je dirais qu’il n’avait jamais montré plus de 30 % de son plein potentiel. Cela dit, j’avais commencé à m’inquiéter de ma prochaine confrontation.

Hélas, j’avais eu la bénédiction de Melkuth, le Dieu de la guerre. Je n’aurais jamais cru que je perdrais devant Les Ténèbres ou qui que ce soit d’autre.

Deux jours après avoir quitté le Temple de la guerre et après avoir été témoin de la dévastation, de la destruction et du massacre des innocents de ce monde, je m’étais enfin retrouvée face à face avec cette calamité vivante.

Mon bouclier était prêt. Mon cœur était stable. Mon bras était fort. Mon arme était tranchante. Ma résolution était ferme. Mon dieu, Melkuth, était avec moi, et je n’avais plus rien à perdre… C’était maintenant ou jamais…

« Illsyore ! Je suis venu t’aider ! » avais-je crié à pleins poumons.

« M’aider ? Oh, mais, pourquoi ? » Les Ténèbres m’avaient parlé.

J’avais regardé ce monstre qui s’était emparé du corps de l’homme auquel j’aspirais.

«  N’es-tu pas un peu trop… sérieuse si tu veux m’aider ? » Il avait souri jusqu’au bout de ses oreilles, mais l’un de ses yeux vert jade pleurait.

« J’ai dit Illsyore, pas toi… Les Ténèbres, » avais-je dit clairement.

Immédiatement, il avait changé son expression d’un sourire moqueur à un sourire sérieux.

« Oh ? Comme c’est intéressant. Peux-tu faire quelque chose pour arrêter… ça ? » Alors qu’il l’avait dit, il leva la main vers la gauche.

Dans cette direction se trouvait une ville. L’un des établissements les plus modestes du royaume de Tesuar et aussi un lieu où seuls d’humbles artisans et aventuriers débutants s’étaient réunis. Malgré tout, en ce lieu, à cette époque, plusieurs aventuriers du rang de maître et de rang supérieur étaient en train de préparer un combat à part entière contre les Ténèbres.

C’est arrivé en un instant, mais un puissant rayon de lumière rouge avait surgi de sa main et avait frappé le mur extérieur de la ville, traversant tous ses Enchantements Magiques comme s’ils n’étaient rien. Avec un léger mouvement du poignet, toute la ville fut coupée en deux par ce faisceau de lumière.

Je ne pouvais qu’imaginer la dévastation, la destruction, la douleur, la souffrance et la mort que tous les habitants de cette ville vivaient actuellement, mais les Ténèbres ne s’étaient pas arrêtées là… Non, plusieurs lances de feu liquide s’étaient formées et avaient été lancées à cet endroit. Quand elles avaient touché les bâtiments en ruines, elles avaient libéré un torrent de feu, brûlant et fondant tout ce qui se trouvait sur leur passage.

De la distance où j’étais, j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Non, même si j’avais essayé, je n’aurais rien pu faire à temps. La ville et sa population de plusieurs milliers de citoyens… avaient disparu.

« Tu paieras pour ça, » je l’avais regardé dans les yeux.

« Quoi ? HAHAHAHA ! » il éclata de rire.

J’avais utilisé l’occasion et je lui avais sauté dessus en frappant avec mon épée au niveau de sa poitrine. Il l’avait esquivé et s’était envolé vers la gauche.

Oui, il avait volé avec la Magie du Vol, il n’avait pas sauté.

« Pathétique Apôtre d’un dieu pathétique, qui veut m’arrêter ? » demanda-t-il avec un rire moqueur.

« Illsyore, » j’avais répondu immédiatement.

« Quoi ? Quoi ? Tu es fâchée ? Ce déchet ne peut rien faire contre moi ! » répondit-il en criant.

Je me pose des questions à ce sujet… m’étais-je dite en regardant son œil vert de jade, qui pleurait et me regardait avec confusion.

Illsyore écoutait-il tout ça ? Est-ce qu’il a entendu mes paroles ?

Peut-être, mais il y avait une chance que Les Ténèbres le manipulent pour ne voir que ce qu’il voulait, donc je devais faire passer mon message sans que notre ennemi commun le remarque.

« Vraiment ? Pourquoi penses-tu cela ? » avais-je répondu par une question.

« Parce que c’est un lâche pathétique ! Une mauviette ! Un rien du tout ! » répondit-il en criant.

« L’est-il ? » J’avais incliné ma tête vers la gauche. « Quand je voyageais avec toi, Illsyore, je ne t’ai jamais vu comme un faible… mais plutôt comme quelqu’un de monstrueux. Tu t’es comporté comme un monstre pendant ce temps où j’étais avec toi, n’est-ce pas ? Dans le village, dans la forêt, dans la ville, partout où nous allions, tu agissais comme un monstre, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.

C’était une question avec laquelle j’espérais faire remuer les vrais souvenirs d’Illsyore, ceux d’un homme de cœur.

« Hahahaha ! Tu vois ! Même cette pute se moque de toi ! » cria Les Ténèbres.

« Je me moque de toi, Illsy, parce que je tiens à toi…, » lui avais-je dit, et mes joues étaient devenues rouges.

« Quoi ? Hahahaha ! Tu as entendu ça !? Elle est tordue ! » Les Ténèbres rirent, mais maintenant j’avais compris qu’il m’entendait vraiment.

Cependant, ce que ce monstre ne savait pas, c’est qu’Illsyore, l’humain au cœur fragile, avait cessé de pleurer.

« Tu m’as demandé de te tuer, mais je n’ai pas pu… C’était seulement parce que j’étais égoïste et que j’avais envie de toi, » avais-je dit, en omettant quelques mots et en priant pour que tout le message passe.

« Quoi ? » Les Ténèbres froncèrent les sourcils. « Quelle bêtise racontes-tu ? Ah ~ Ça n’a pas d’importance… Je vais juste te tuer, » il avait sourit et dirigea sa paume gauche vers moi.

Le laser avait été tiré, mais alors que je me préparais à empêcher l’attaque de me frapper… quelque chose s’était produit et il l’avait raté.

« Quoi ? » Il avait regardé sa main avec confusion.

Sur son bras, j’avais remarqué que plusieurs des stries sombres qui le recouvraient étaient devenues blanches, et sa main tremblait.

« Bah ! Stupidité ! » Les Ténèbres dirent et serrèrent simplement la main pour se débarrasser du changement.

L’œil vert de jade se referma un instant comme s’il souffrait de quelque chose.

À ce moment-là, je lui avais sauté dessus de toutes mes forces, lui enfonçant mon bouclier dans la poitrine et criant avec tous mes poumons. « ILLSY ! »

L’œil vert de jade s’était ouvert et m’avait regardée droit dans les yeux.

« Combats, » lui avais-je dit avec un regard ferme.

« Lâche-moi, lâche-moi ! » crièrent Les Ténèbres alors qu’il me lançait vers la gauche comme si je n’étais rien, mais j’avais empêché de faire une mauvaise chute et j’avais atterri sur mes pieds.

En le regardant, il gémissait et se tenait la tête pendant un moment.

« Idiotie…, » il grogna puis secoua la tête.

Avec un regard agacé sur son visage, Les Ténèbres m’avaient sautée dessus, mais il avait été confronté à la vague répulsive de mon bouclier. Il avait été renvoyé volé sur plusieurs dizaines de mètres. Après sa guérison, il avait de nouveau pointé sa paume vers moi et m’avait lâché un de ces terrifiants faisceaux de lumière. Il avait frappé mon bouclier, dans lequel j’avais versé l’énergie divine de Melkuth.

« Argh ! » J’avais gémi en me sentant repoussée, mais le bouclier dispersait correctement le faisceau qui avait annihilé une ville entière.

« Je vais te tuer ! » crièrent Les Ténèbres.

Tandis que j’utilisais ma force pour tenir le rayon à distance, je concentrais mon mana dans mon épée et avec la pointe de celle-ci, je lui lançais plusieurs lances de glace. Le nom de la compétence était [Lance à glace dentelée].

Remarquant l’attaque, il avait arrêté son laser et avait sauté hors du chemin. Le sol avait gelé à l’endroit où les lances avaient frappé. La magie exercée par ceux de mon rang était assez féroce comme ils l’étaient, mais les miens étaient aussi imprégnés de l’énergie divine de Melkuth, ce qui leur permettait de déchiqueter facilement à travers une Armure magique. L’inconvénient était que je ne pouvais le reconstituer que par ma pieuse prière d’apôtre. Ce qui voulait dire qu’après cette bataille, toute les bénédictions de Melkuth et l’énergie divine auraient disparu de mon corps… En conséquence, je devrais mourir.

Malgré tout, cette simple attaque n’avait pas été un gâchis. Si je ne l’avais pas infusé, Les Ténèbres n’auraient pas bougé d’un seul millimètre, mais comme ça, cela m’avait donné assez de temps pour lancer ma [Barrière réfléchissante] sur moi-même et me précipiter vers lui avec mon épée couverte d’une fine [Barrière d’Attaque].

« Pourquoi tu…, » il m’avait tirée dessus, mais grâce à ma barrière, il avait été envoyé dans les collines voisines.

De puissantes explosions avaient été entendues à ma gauche et à ma droite alors que je déplaçais mon épée pour lui couper la poitrine.

Il arrêta l’épée des deux mains avant qu’elle ne le touche, mais, ce faisant, son armure magique s’était affaiblie considérablement.

« Barrière, » déclarai-je et mon pouvoir s’activa.

Mon corps avait émis une puissante lumière aveuglante, le forçant à fermer les yeux. À ce moment, j’avais changé la [Barrière d’Attaque] de mon épée avec un [Libération d’ondes de choc]. Comme son nom l’indique, cela lui avait envoyé une puissante onde de choc. Incapables de s’en défendre, les Ténèbres s’étaient enfoncées dans le sol, créant un énorme cratère autour d’elles.

J’en avais appliqué une autre onde de choc, mais cette fois sans que cela ne m’affecte. C’est ce qui m’avait poussée à m’envoler vers lui. À l’aide d’une [Barrière d’Attaque] sur l’épée, je l’avais dirigée vers sa poitrine, mais dans cette fraction de seconde, il avait réussi à se mettre sur le côté. C’était juste assez pour éviter de se faire percer, mais ça lui avait quand même causé une vilaine coupure au bras gauche. Ses muscles avaient été coupés jusqu’à l’os, ce qui l’avait fait saigner intensément.

« ARGH ! Tu m’as blessé, espèce de shikak ! » il m’avait crié dessus, m’insultant, mais je m’en fichais.

« Bats-toi, Illsyore ! » J’avais profité de ce moment de confusion pour envoyer un autre message à celui qui était piégé en lui.

« Tu mourras avant même qu’il ne pense à lever le petit doigt contre moi ! » cria-t-il.

Je ne l’avais pas cru et j’avais relâché une autre onde de choc vers lui, le repoussant un peu en arrière. Il avait bloqué l’attaque d’une main, mais c’est tout ce dont j’avais besoin quand j’avais levé ma main.

« Tu sais, je ne suis pas un Suprême pour rien, » lui avais-je dit en souriant.

C’est à ce moment-là que j’avais libéré ma compétence suprême.

« [Barrière de l’Annulation] ! » J’avais crié et le sort que j’avais stocké en moi avait été libéré.

Un grand dôme violet avait été créé tout autour de nous. Il était assez grand pour couvrir même la totalité de la capitale du royaume d’Aunnar, mais ceci avait une propriété très spéciale en elle. Tant que tu y étais, tu ne pouvais pas sortir avant ma mort. En même temps, aucun de nous ne pouvait utiliser d’armure magique, des sorts, des enchantements magiques, des malédictions, tout ce qui concerne le mana en dehors du corps, y compris certains Bonus et Amélioration. Si vous essayiez, le mana allait simplement être absorbé par la barrière et la renforcer davantage.

La force brute, l’armure simple et les armes tranchantes régnaient sur la magie à l’intérieur de ce dôme.

C’est pourquoi je portais une armure lourde, et avec mon Bouclier de Melkuth, qui était immunisé contre cet effet parce qu’il n’utilisait pas le mana. J’étais devenue une force imparable.

Je m’étais souvent crue presque invincible ici, mais je n’avais pas remarqué une chose sur le corps d’Illsyore…

« Qu’est-ce que tu as fait !? » crièrent Les Ténèbres en lançant une attaque de laser vers moi.

Il était beaucoup plus faible que celui d’avant, manquant de la propriété d’Enchantement d’Aura d’avant, mais il était encore redoutable.

En effet, ses lasers n’étaient pas un sort magique…

***

Chapitre 80 : Les larmes

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

La bataille avec Zoreya avait commencé, et je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour elle. Dans mon esprit, j’avais prié et l’avais poussée à fuir, à se cacher de cette abomination créée par mes propres mains, mais celle-ci était une croisée et une apôtre de Melkuth, le Dieu de la guerre. Fuir un adversaire aurait été considéré comme lâche, voire irrespectueux envers celui qu’elle priait.

Mais encore une fois, livrer une bataille sans espoir était pire que de battre en retraite et de rassembler ses forces pour avoir de meilleures chances de gagner. Un vrai guerrier devait savoir quand se battre et quand fuir. Il n’y avait rien de honteux dans une retraite stratégique.

Pourtant, elle ne s’enfuyait pas… Elle était là… à défier le monstre connu sous le nom des Ténèbres.

« Illsyore ! Je suis venue t’aider ! » cria-t-elle soudain.

Quoi  ? Es-tu fâchée ? En la regardant dans les yeux.

Déterminée, inébranlable, fière et forte, c’est ainsi que je voyais cette femme. Mais ensuite… c’était arrivé.

Les Ténèbres déplacèrent son regard vers la ville voisine et déclenchèrent une attaque impitoyable.

NON ! NE FAIS PAS ÇA !! J’avais crié dans mon esprit, mais seul le bruissement de mes chaînes pouvait être entendu pendant que je luttais pour l’arrêter.

C’était sans espoir… inutile… Tous ces innocents avaient disparu en un clin d’œil. Grâce au sens magique de mon corps, j’avais pu identifier la force vitale de chacun. Un par un, ils avaient tous péri jusqu’à ce qu’aucun d’entre eux ne soit laissé là. Personne n’avait été épargné… ni enfant, ni adulte, ni personne âgée. Peu importe leur espèce. Peu importe leurs péchés… ils avaient tous été anéantis en un clin d’œil.

De cette vue, je ne pouvais que ressentir désespoir et colère. Oui, j’étais en colère, mais pas contre Les Ténèbres… Non, je m’en voulais d’être incapable de faire quoi que ce soit pour arrêter Les Ténèbres. J’étais en colère parce que je les laissais me contrôler, et pourtant, j’étais pleinement conscient du fait que je ne pouvais rien y faire.

Les Ténèbres demandèrent alors à Zoreya qui était assez puissant pour l’arrêter, mais sa réponse… était absurde…

« Illsyore, » répondit-elle.

Cela m’avait ébranlé jusqu’au plus profond de moi-même.

Comment puis-je arrêter ce truc !? J’ai essayé ! J’avais crié dans mon esprit, mais encore une fois, seul le bruissement de mes chaînes pouvait être entendu.

C’était douloureux, mais si Zoreya était venue ici en croyant que je pouvais faire quelque chose, c’était déjà une cause perdue. Sa mission avait échoué dès le début. Qui oserait mettre ses espoirs dans un perdant comme moi ? Même mes femmes me détestaient maintenant ! Même mes femmes…

J’avais jeté un coup d’œil…

« Je te déteste ! » Shanteya m’avait dit cela, mais c’était bizarre… son regard… ces yeux… ils ne correspondaient pas à ses mots.

« Monstre ! » déclara Nanya, mais encore une fois… ses yeux ne correspondaient pas à ses mots.

En fermant les yeux, j’avais détourné le regard.

Non… ne te fais pas d’illusions… Ce n’est qu’un mensonge… une malédiction pour te faire souffrir ! Je m’étais dit cela à propos de telles paroles, mais étaient-elles vraies ?

« Quand je voyageais avec toi, Illsyore, je ne t’ai jamais vu comme une mauviette… mais plutôt comme quelqu’un de monstrueusement fort. Tu t’es comporté comme un monstre pendant ce temps où j’étais avec toi, n’est-ce pas ? Dans le village, dans la forêt, dans la ville, partout où nous allions, tu agissais comme un monstre, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle, mais ses mots m’embrouillèrent.

Pourquoi dirait-elle de telles choses alors que son désir est de me sauver ? Pourquoi le sens caché derrière ses mots est-il si clair pour moi ? C’est un mensonge ? Est-ce la vérité ? Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi m’a-t-elle fait me souvenir de ces moments où je n’ai pas agi comme un donjon, mais comme un humain ? Je n’arrêtais pas de me demander alors que la brume épaisse de la confusion m’entourait.

J’avais secoué la tête, secouant les chaînes autour de moi, et j’avais essayé de comprendre, mais je ne pouvais pas… ou ne voulais pas.

Les Ténèbres ont raison… elle se moque de moi. Zoreya se moque de moi. J’avais laissé sortir un sourire faible et vaincu en levant les yeux vers la fenêtre et vers l’Apôtre.

« Je me moque de toi Illsy parce que je tiens à toi…, » dit-elle.

Quoi ? Quoi ?

J’avais cligné des yeux en raison de la surprise.

Par cette étrange fenêtre qui flottait devant moi et me montrait le monde extérieur, j’avais vu une Zoreya mignonne et timide, qui rougissait.

Pourquoi rougirait-elle ? me demandais-je.

Plus rien n’avait de sens… mais quand l’avait-on fait ?

Se moque-t-elle de moi ? Non, ce n’est pas possible… mais si elle ne l’est pas, c’est qu’elle l’est… alors que j’avais essayé de mettre de l’ordre dans mes pensées et de donner un sent à tout ça, j’avais entendu ses paroles suivantes.

« Tu m’as demandé de te tuer, mais je n’ai pas pu… C’était seulement parce que j’étais égoïste et que j’avais envie de toi. »

Tu avais envie de moi ? J’avais cligné des yeux emplis de surprise.

Avec mon esprit confus et allant de gauche à droite, la seule chose à laquelle j’aurais pu penser pour donner un sens à tout ce désordre était le fait qu’elle pourrait vraiment m’aimer. Elle voulait que je sois son amant… comme l’une de mes épouses…

Attends ! Ce n’est pas elle qui était contre toute cette histoire de polygamie ? pensais-je, mais les choses allaient empirer.

« De quelle bêtise parles-tu ? Ah ~ ça n’a pas d’importance… Je vais juste te tuer, » Les Ténèbres lui dirent cela et dirigèrent sa paume gauche vers elle.

J’avais senti mon mana charger les cristaux de pouvoir, et je savais ce qui allait se passer. La tragédie, la mort… l’horreur que j’avais vécue avec Nanya, Shanteya et Ayuseya avant allait se reproduire.

Zoreya était sur le point d’être tuée. Les Ténèbres voulaient tuer Zoreya ! Ça allait la tuer devant moi !

« NOOOONNN !! » J’avais crié à pleins poumons au moment où le laser était sur le point d’être tiré.

Les chaînes sonnaient fort et essayaient de me faire reculer, mais je ne pouvais pas laisser Les Ténèbres le faire, je ne voulais pas… La tuer… cela serait la même chose que tuer Nanya, Shanteya, Ayuseya, et Tamara…

J’avais tiré sur ces chaînes aussi fort que je pouvais le faire. Une fissure résonna dans l’espace derrière moi et une vague de lumière se répandit de mon corps, faisant frissonner Les Ténèbres comme si elles souffraient.

Je ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer, mais dans tous les cas, j’avais été capable de déplacer un peu sa paume sur le côté. Le rayon de lumière avait manqué la croisée, et j’avais poussé un soupir de soulagement.

Cependant, à ce moment précis, des tentacules d’ombre surgirent de l’obscurité autour de moi et essayèrent de m’attraper, mais cela grésilla au contact de ma peau. Malgré tout, ce petit contact m’avait fait hurler de douleur.

Ça fait mal… Ça fait vraiment mal…

Je me sentais comme un criminel fouetté pour un crime qu’il n’avait pas commis, mais à part mes cris d’angoisse et de douleur, je ne pouvais rien faire… Même mes femmes semblaient ravies de m’entendre souffrir comme ça…

Pendant un moment, j’avais cru que ça allait être ça, que j’allais me laisser noyer dans cette misère et cette souffrance pour le reste de l’éternité, mais ensuite… ça s’était reproduit.

« ILLSY ! »

Les cris résonnaient dans l’obscurité assez fort pour réveiller de leur profond sommeil même les légendaires dragons de fantasy de la Terre. C’était assez fort pour que même les fouets d’ombre s’arrêtent, et la fenêtre sur le monde extérieur s’ouvrit à nouveau.

Je regardais droit dans les beaux yeux bleus de Zoreya. En eux, j’avais vu une détermination inébranlable et un courage inébranlable pour me faire avancer et m’aider. Cette femme, courageuse et pieuse dans sa foi, avait lutté pour me sauver, moi, la cible de son dieu, alors qu’elle était censée mettre fin à ma vie.

C’était une situation impossible quand on y pense de plusieurs points de vue, et pourtant la voilà, faisant de son mieux pour ne pas me faire capituler devant Les Ténèbres… Non, elle luttait pour me sauver de son emprise dans laquelle je m’étais laissé plonger…

« Combats. » Elle m’avait dit cela d’un ton de voix qui ne pouvait que refléter la gentillesse et l’attention qu’elle avait pour moi, son ennemi.

Je m’étais retrouvé sans mots…

Je ne pouvais pas comprendre. Non, j’avais refusé de comprendre pourquoi elle faisait cela, pourquoi luttait-elle sans relâche pour me tendre la main, une âme humaine idiote emprisonnée dans cette obscurité ? Rien n’expliquait cette situation, d’autant plus que si je regardais en arrière, je verrais mes trois femmes et mon esclave me maudire, regrettant de m’avoir rencontré.

Leurs paroles étaient dures et m’avaient piqué le cœur, mais elles semblaient ne pas avoir la véritable émotion derrière elles. Malgré tout, j’avais ignoré ce fait et j’avais continué à croire à la haine qui m’avait été infligée. C’est pourquoi j’avais cru que j’entendrais les mêmes mots d’elle… de Zoreya.

Si, même dans cette situation, elle n’était pas prête à abandonner et à me laisser succomber à mon sort, je ne pouvais que me demander si elle n’était pas en colère.

Pourtant, alors que je réfléchissais à de telles choses et que mon cœur et mon esprit étaient ballottés à l’intérieur de ce monde obscur, la bataille à l’extérieur devint de plus en plus intense. Il avait même atteint le point où il n’aurait pas été étrange que l’un d’entre nous meure par accident…

Je sais que c’est mal… Je sais que je ne devrais pas abandonner… mais cette émotion en moi… ce sentiment de désespoir… Je ne peux pas m’en débarrasser… Je ne suis pas un héros, Zoreya… Je ne suis pas quelqu’un qui peut sourire et aller de l’avant. Je ne suis pas quelqu’un qui peut se battre jusqu’au bout… ou je le suis ? Non… Je ne suis pas… Je suis un lâche, un faible, un asticot… Je suis quelqu’un qui n’appartient pas à ce monde… Je suis quelqu’un qui est détesté par toutes, même par mes femmes ! Je suis un perdant… c’est ce que je suis. En plus, qu’est-ce que je peux faire quand elles me détestent toutes !? C’est juste moi… contre le monde entier, non… l’Univers entier. Après tout, regarde… Les Ténèbres sont en train de gagner, n’est-ce pas ? Je suis entouré par elles… Je ne peux pas bouger… Je n’ose pas me battre… Alors pourquoi ? Pourquoi te bats-tu encore pour moi, Zoreya ? avais-je pensé qu’en me sentant consumé par les ténèbres, je disparaissais lentement de ce monde.

« Illsy…, » j’avais entendu ses douces paroles une dernière fois et j’avais levé les yeux vers la petite fenêtre devant moi.

De l’autre côté, j’avais vu… des larmes…

[Point de vue de Zoreya]

Le faisceau de lumière projeté par Les Ténèbres ne contenait même pas une seule goutte de Mana. Je pouvais facilement le dire et le confirmer, mais sa force et sa puissance ne devaient pas être sous-estimées. Chaque fois que les Ténèbres me tiraient dessus, je devais me cacher derrière mon bouclier. Sans cet objet divin, j’aurais péri il y a longtemps.

Pourtant, son corps était gravement affaibli. Les Ténèbres ne pouvaient plus voler ou me jeter de la magie. Même ses attaques avaient perdu leur force. Son corps avait été fortifié par le mana, mais c’était de l’intérieur. La [Barrière de l’Annulation] ne pouvait pas annuler ou enlever l’énergie à l’intérieur d’un corps vivant ou rassemblé dans un objet enchanté. Il n’avait annulé que ce qui avait été à l’extérieur. Ainsi, je pouvais sentir du mana en moi, mais sans former une armure magique ou la jeter sous forme de sort, c’était inutile.

Même la catégorie des sorts d’Amélioration était pratiquement inutile, car ils fonctionnaient en appliquant une fine couche de mana placé à l’extérieur du corps. Le [Amplification] était la seule chose qui pouvait fonctionner, mais il fallait une armure magique pour maintenir le mana concentré sur le corps. Quand on l’utilisait, normalement on libère aussi une partie de l’Armure Magique afin de la rendre assez puissante pour soutenir la croissance soudaine de force et de vitesse.

Sans aucun doute, ma [Barrière de l’Annulation] était un sort qui pouvait forcer même les plus forts des Suprêmes au combat de base. Pour autant que je sache, seuls d’autres Apôtres avec leurs objets divins pouvaient avoir une chance contre moi à l’intérieur de cette barrière, mais apparemment, les Seigneurs du Donjon sous forme humanoïde pouvaient en faire autant… ou pour être plus précis ceux dont le corps ressemble à celui d’Illsyore. Mais encore une fois, qui aurait pu deviner qu’à un moment donné, j’allais me battre contre un adversaire qui avait des armes incorporées ?

« Tu es aussi agaçante qu’un insecte ! » crièrent Les Ténèbres alors qu’il m’attaquait avec son coup de poing.

J’avais bloqué son attaque avec mon bouclier et j’avais riposté avec mon épée. Il avait esquivé et avait sauté en arrière.

Dans ce genre de situation, j’aurais cru qu’il allait utiliser l’une des épées construites par Illsyore, mais apparemment sa capacité d’Absorber et de retirer des choses de l’intérieur de son corps avait été annulée par ma [Barrière d’Annulation].

C’était logique, vu qu’on ne pouvait pas utiliser des Cristaux en ce moment. En tant que tel, c’était aussi le sort suprême parfait à utiliser contre d’autres suprêmes. C’était le piège parfait pour les traquer.

Malgré tout, malgré le fait que Les Ténèbres avaient les mains vides, il était étonnamment doué pour se battre comme ça. Alors que je me précipitais vers lui, j’avais regardé mon épée et j’avais bloqué son attaque avec mon bouclier, mais il avait esquivé, me faisant rater. Saisissant ma main, il avait essayé de me jeter par-dessus son épaule, mais mon bouclier l’avait frappé et l’avait repoussé.

Le mouvement était maladroit et j’avais failli perdre pied, mais j’avais évité un lancer potentiellement fatal. Intrépide face à mon attaque, il s’était précipité vers moi et avait effectué une série de coups de poing rapide visant mon bouclier, mais je m’étais cachée derrière lui et j’avais poussé contre lui de toutes mes forces. Malgré tout, c’était moi qui avais été repoussé par son immense force.

***

Partie 2

« Espèce de petite garce persévérante ! » il avait craché ses mots et avait donné un coup de pied à mon bouclier.

J’avais résisté au coup, et il avait sauté vers l’arrière.

« Peut-être que ça fera quelque chose, » Les Ténèbres dirent ça de loin.

Quand je l’avais regardé, je l’avais vu ramasser un rocher aussi gros qu’une maison. En souriant, il me l’avait jeté sur moi. J’avais immédiatement sauté hors du chemin, mais à ce moment, il avait pointé sa paume vers moi et avait tiré avec son rayon de lumière.

Incapable de lever mon bouclier à temps, j’avais reçu le coup sur l’épaule droite. L’armure avait un peu fondu, mais le laser n’avait pas traversé. C’était suffisant pour causer une terrible brûlure dans cette région, et même pas un instant plus tard, une poussée de douleur s’était précipitée dans mon corps. Ma prise dans ma main droite s’était affaiblie, et à ce moment, Les Ténèbres se précipitèrent vers moi.

Il m’avait percutée à toute vitesse, ce qui m’avait fait perdre l’équilibre et m’avait fait reculer de plusieurs mètres, glissant le dos contre le sol avant que je m’arrête. Avec ma main droite affaiblie par l’attaque précédente, je n’avais pas été capable de tenir correctement mon épée, et elle m’avait échappé.

Luttant pour me relever, j’avais remarqué qu’il me manquait mon arme.

« C’est ça que tu cherches ? » Les Ténèbres souriaient alors qu’il me frappait avec mon épée.

Je l’avais de peu esquivé.

« Normalement, je n’aurais jamais utilisé ce déchet, mais vu les circonstances… Je trouve ça… nécessaire, » il exprima son mécontentement et prit position devant moi.

La posture était celle d’un escrimeur utilisant un sabre. Normalement, je n’aurais pas trouvé étrange si ledit adversaire était un noble d’une maison prestigieuse, mais celui auquel j’étais confrontée était un Seigneur du Donjon qui utilisait une longue épée au lieu d’un sabre.

« En garde ! » cria-t-il, et je levai mon bouclier par réflexe.

Immédiatement, j’avais entendu l’écho du métal frapper le métal.

Une telle vitesse…, avais-je pensé.

« Tch ! » il avait fait claquer sa langue et avait essayé d’attaquer à nouveau, mais une fois de plus, j’avais bloqué son attaque.

Je m’étais retrouvée dans une position défensive complète, sans aucun moyen de riposte. Mon épaule droite était blessée et mon bras droit était engourdi à cause de la douleur. Je transpirais aussi, et mon souffle était rude. Pour ajouter à tout cela… J’étais à court de mana, ce qui me rendait aussi excessivement lente.

Malgré tout, je ne pouvais pas me permettre d’abandonner. En utilisant l’énergie divine de mon dieu Melkuth, je m’étais fortifiée ainsi que mon bouclier, puis je m’étais précipitée vers le Seigneur du Donjon. L’épée avait été bloquée, poussée sur le côté, puis je l’avais frappée au visage.

Une croisée et apôtre comme moi frappant quelqu’un était un spectacle inhabituel, mais qui devait dire que je n’y étais pas autorisée ?

« Guh ! » Les ténèbres gémirent alors que je les envoyais sur le côté.

Si j’étais une femme normale, mon coup de poing ne l’aurait même pas effleurée, mais avec la force d’un Suprême, ce n’était pas drôle.

S’empêchant de tomber, les Ténèbres prirent à nouveau position contre moi. Je m’étais précipitée vers lui avant qu’il n’ait eu la chance de se rétablir et je lui avais foncé dessus avec mon bouclier.

« Espèce d’idiote, » il avait souri alors qu’une goutte de sang sortait de sa bouche.

Je ne comprenais pas pourquoi il disait cela, mais une fois que j’avais baissé les yeux, j’avais réalisé qu’il avait utilisé son faisceau lumineux pour m’attaquer autour du bouclier. Mon côté gauche brûlait et me faisait mal, mais le degré n’était pas différent de la blessure à l’épaule. Pourtant, avec les plaques de métal fusionnant à cette position, j’avais soudainement trouvé ma liberté de mouvement soudainement restreinte.

Avec un sourire sur le visage, Les Ténèbres se levèrent et essuyèrent le sang sur ses lèvres. Il m’avait regardée dans les yeux et s’était préparé à attaquer avec son épée. J’avais levé mon bouclier pour le bloquer, mais il avait visé mes pieds avec son faisceau de lumière. Ma cheville droite avait été touchée.

« Agh !, » j’avais gémi en raison de la douleur.

« Alors tu sais crier ! Charmant ! » dit-il en riant.

C’était une erreur de laisser sortir ma voix, mais ça faisait mal…

Comment puis-je me battre contre lui quand il a ce rayon de lumière et mon épée ? avais-je pensé en luttant contre la douleur.

Une fois de plus, il avait attaqué, mais cette fois, il avait laissé l’épée au sol et m’avait attaquée avec ses coups de poing. J’avais été forcée de compter sur mon bouclier une fois de plus pour empêcher ses attaques de m’atteindre. Sans mon armure magique, j’étais une proie facile.

C’était dommage, mais la capacité défensive que j’avais utilisée lorsque j’avais rencontré Illsyore pour la première fois ne pouvait pas être pleinement utilisée ici. Cette compétence avait imprégné mes défenses existantes d’énergie divine, et je l’avais déjà fait à la fois à mon armure et à mon bouclier. Grâce à elle, le faisceau de lumière n’avait pas pu me traverser directement, mais par rapport à l’époque où j’utilisais le mana également, il était terriblement faible.

L’énergie divine de Melkuth s’était lentement épuisée en moi, certaines avaient été utilisées pour guérir mes blessures, mais la plus grande partie avait été dépensée pour garder le bouclier intact. Sans être apôtre, il n’y avait aucun moyen pour moi de le reconstituer. Une seule prière m’aurait donné un petit coup de pouce, mais comme je l’étais en ce moment… c’était impossible. En plus, c’était dur de se concentrer sur quelque chose comme ça. Il avait fallu beaucoup plus de concentration qu’il n’en avait fallu pour chanter un sort.

Malgré tout cela, c’était une situation où n’importe quel autre Suprême aurait déjà rencontré sa perte, Les Ténèbres se débrouillaient étonnamment bien, mais je pouvais dire qu’elle luttait aussi pour m’atteindre malgré son attitude moqueuse.

Sachant qu’il s’en prenait à moi, je m’étais sentie soulagée d’une certaine façon. Si je pouvais le vaincre maintenant, ce serait ma victoire.

Après son barrage de coups de poing, il avait sauté en arrière et avait repris l’épée.

« Tu sais, tu commences à m’ennuyer. Illsyore n’existe plus, alors pourquoi essayes-tu de te battre contre moi ? » demanda-t-il en me regardant.

« Plus maintenant ? » demandai-je en réfléchissant.

« Oui, tu ne vois pas ? L’assimilation est presque terminée. Bientôt, il ne restera plus un seul morceau de lui ! » dit-il en riant.

Quand je l’avais regardé, j’avais vu que l’œil vert de jade commençait lentement à s’estomper. Illsyore s’en allait…

Cela signifie-t-il qu’il a été vaincu ? m’étais-je demandé.

En fait, cela semblait être le cas. Dans son Esprit Intérieur, Illsyore perdait la bataille contre Les Ténèbres, mais contrairement à avant, j’avais l’impression que cette fois-ci, ça allait vraiment s’arrêter là.

Était-ce la volonté du ciel que je perde ici ?

Avais-je eu tort d’avoir hésité et de ne pas avoir tué Illsyore quand j’en avais eu l’occasion ?

Cette défaite était-elle le résultat de mon manque de foi ?

Question après question, ma concentration s’en trouva perturbée et, profitant de cette situation, les Ténèbres m’attaquèrent une fois de plus, projetant tout son corps dans mon bouclier.

La force était si terrible qu’elle m’avait fait voler vers la barrière. Je m’y étais cognée et j’avais été jetée au sol à cause du recul. Mon bouclier avait failli m’échapper de la main, mais les sangles qui me l’attachaient m’avaient empêchée de le perdre.

Quand j’avais atterri par terre, j’avais entendu un craquement sanglant. J’avais du mal à respirer et j’avais des vertiges. Malgré tout, je ne pouvais pas me permettre d’abandonner maintenant. Je ne pouvais pas me permettre d’être vaincue.

En priant Melkuth, je m’étais poussée à me relever… ou j’avais plutôt essayé. Une vague de douleur m’avait traversée de la main gauche. J’avais l’impression que mon poignet était cassé.

Quelle chance… ! pensais-je, mais j’avais réessayé, mais cette fois, j’avais utilisé ma main droite un peu plus.

Malgré toute ma douleur, je m’étais levée et j’avais levé mon bouclier, prenant une fois de plus ma position contre mon ennemi écrasant.

Ces deux attaques… et moi perdant la maîtrise de ma propre épée… C’est ce qui m’a amenée dans cet état, m’étais-je dit en me souvenant où tout s’était mal passé.

Je ne m’attendais pas à ce qu’il lance son attaque par faisceau lumineux dans des zones autour de mon bouclier, tout comme je ne m’attendais pas à ce qu’il prenne mon épée. Si ce n’était que de la malchance ou du destin, je n’en avais aucune idée, mais pendant que j’y pensais, pendant que je me battais jusqu’à mon dernier souffle avec Les Ténèbres, Illsyore s’estompait lentement.

Que puis-je faire d’autre pour l’aider ? Quoi ? J’avais du mal à trouver une solution, une issue, mais toutes mes cartes étaient entre ses mains.

S’il n’y avait pas de volonté chez Illsyore, il n’y avait aucun moyen de le récupérer.

Bizarrement, c’était peut-être la clé tant recherchée pour résoudre ce désordre. C’est ce dont j’avais besoin pour sortir Illsy de sa dépression… un moyen d’enflammer à nouveau sa volonté.

Comment puis-je le faire ? C’est un humain à l’intérieur, mais pas un humain de ce monde. Je ne connais pas son ancienne vie. Je ne le connais pas si bien que ça… Alors, que puis-je faire ? J’avais réfléchi en voyant Les Ténèbres s’approcher lentement de moi.

Il prenait son temps parce qu’à l’intérieur, il luttait pour détruire Illsyore. Cela m’avait donné quelques secondes pour trouver quelque chose.

Ainsi, j’avais commencé à me souvenir des nombreux champs de bataille sur lesquels j’avais été, peut-être dans ces guerriers qui avaient combattu contre moi ou à côté de moi, j’avais pu trouver quelque chose pour faire étinceler la volonté mourante d’Illsyore.

En premier lieu, pourquoi n’a-t-il pas la volonté de lutter contre les Ténèbres ? Est-ce qu’il nous déteste ? Non… Est-ce qu’il déteste notre monde ? Non… lui est-il arrivé quelque chose ? Non, ou je ne pense pas… C’est peut-être quelque chose qu’on lui a dit ? Mais par qui ? Nanya ? Non, elle est toujours heureuse et impatiente d’être à ses côtés. Est-ce Shanteya ? Non, cette femme l’aime probablement plus que nous toutes ensemble. Est-ce Ayuseya ? Non, elle lui doit sa vie, donc elle ne lui doit jamais rien pour le mettre en danger. Est-ce la petite Tamara ? Même si c’est une nekatare, son intelligence n’est pas une raison pour se vanter. Elle ne devrait avoir aucune raison de faire du mal à l’homme qui a tant fait pour elle… Alors, est-ce que c’est quelque chose que j’ai dit ? Hm… pas que je sache. Alors peut-être… était-ce Les Ténèbres ? Mais pourquoi Illsy le croirait-il ? J’avais pensé à cela et serré les dents, grinçant quand que je n’avais pas trouvé de réponse.

« Crois-tu vraiment que tu as encore une chance de me battre ? » Les Ténèbres demandèrent.

« Qui sait ? » avais-je répondu et j’avais plissé mon front.

Allez, Zoreya, réfléchis… réfléchis… réfléchis… J’avais essayé de faire de mon mieux.

Lâchant un soupir, Les Ténèbres levèrent les yeux. « Tu ne fais pas partie de ses femmes ou de ses esclaves, alors autant que je te dise que je te tuerai. En tant que femme, je ne vois littéralement aucune raison de te garder en vie, tu sais ? » il m’avait regardée dans les yeux et avait souri.

Oui, je ne suis ni sa femme ni son esclave… Que suis-je alors ? Une amie ? Non… Ça… Je suis plus que ça… ou je veux l’être… Ce que je veux être ? J’avais pensé à cela en le regardant, mais ensuite… comme si tous les points étaient reliés, j’avais souri.

« Hm ? » Les Ténèbres me regardèrent et inclinèrent sa tête dans la confusion.

Une issue… mais pas… un moyen de le sauver, mais… ma propre peur a bloqué la vérité… Je soupirai en me souvenant encore une fois qu’en tant qu’apôtre de Melkuth, ancienne ou non, j’étais censée être prête à donner ma vie pour mon dieu à tout moment.

Cela ne voulait pas dire que je n’avais pas peur…

En même temps, tout cela avait un sens quant à ce que je voulais être pour Illsy. Je comprenais que je lui avais dit, ou plutôt, ce que je ne lui avais pas dit, ainsi que ce que je pouvais faire pour le vaincre, mais plus important encore, ce que cela signifiait de vaincre Les Ténèbres dans l’âme d’un homme.

Ni le feu ni l’épée ne peuvent guérir une âme brisée… seul l’amour peut… Je m’étais dit cela en me souvenant de la seule chose qui rendait habituellement un guerrier à la fois faible et incroyablement puissant.

C’était la même raison pour laquelle certains ennemis sur le champ de bataille continuaient à se battre quoiqu’il arrive, faisant d’eux les adversaires les plus redoutables de tous. C’était simple, mais complexe en même temps.

Ainsi, j’avais levé mon bouclier et j’avais dit. « Puissantes ténèbres, mais si faibles qu’elles ne peuvent même pas vaincre une femme blessée. Les légendes qu’on raconte sur toi sont vraies… Fufufufu ! » J’avais essayé de rire malgré le sang dans ma bouche et la douleur dans ma poitrine.

« Tu oses te moquer de moi !? » Les Ténèbres s’étonnèrent de ma réaction.

« Vaux-tu quelque chose d’autre ? » J’avais souri.

« Espèce de maudite femme ! » il s’était mis à rire et s’était précipité vers moi.

Oui… c’est maintenant…, avais-je pensé.

C’était l’heure de mon pari… un moment de stupidité ou un moment de génie. Si je pouvais survivre, alors j’allais découvrir… Après tout, la seule chose à laquelle chaque être humain sans exception avait réagi avec le plus de force avait été le choc de perdre quelqu’un qui lui était cher. Si j’étais l’une de ces personnes… mon pari stupide marcherait, et l’homme que j’aimais allait être sauvé. C’était suffisant en soi pour ce stupide vieux moi…

Ainsi, j’avais lâché mon bouclier et j’avais écarté les bras. La pointe de l’épée avait traversé mon estomac et était sortie par l’autre côté. J’avais craché du sang et en utilisant les derniers fragments de force, j’avais enlacé Les Ténèbres, le tenant contre moi.

« Qu’est-ce que… pourquoi ? » demanda-t-il, confus.

« Illsy… » J’avais souri et regardé dans cet œil vert qui présentait les derniers fragments de la présence d’Illsy.

Ma voix était douce, mais j’avais un peu peur de mourir et de ne pas pouvoir le sauver, de tout perdre… alors sans le savoir, j’avais pleuré.

« Illsy… Je t’aime… Alors, ne perds jamais espoir… Bats-toi ! … Tu peux gagner… Toi seul peux… parce que, Illsy, celui que nous aimons n’est que toi… l’humain qui se cache dans le corps de ce Donjon », déclarai-je.

En prononçant ces mots, j’avais senti mes forces me quitter, et ma vision devenir noire… C’était tout pour moi… J’avais fait tout ce que j’avais pu… J’avais dit les mots que je n’aurais jamais pensé prononcer de toute ma vie…

***

Chapitre 81 : Illsyore déchaîné

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

Qu’est-ce que j’avais entendu ?

Qu’est-ce que c’était que j’avais vu ?

Devant mes yeux, j’avais vu l’entêtée Zoreya sourire, pleurer, dire ces mots qui touchaient mon cœur. C’était un aveu, mais elle était tombée et j’avais vu le sang.

La tache rouge se répandit sur le sol, tandis que Les Ténèbres riaient de joie.

L’arme qui l’avait tuée… était dans ma main…

« Je la tiens dans ma main ? » J’avais dit et je l’avais vu.

Ce n’était pas une fenêtre par laquelle je regardais. J’étais de retour dans mon corps. Je regardais Zoreya de mes propres yeux… ou œil.

« Toi… Comment !? » Les Ténèbres m’avaient demandé, mais je les avais ignorées.

Avais-je le pouvoir de le faire ? Depuis quand ?

Je ne savais pas… Je m’étais penché sur le corps de Zoreya et je lui avais doucement touché sa joue.

« Elle n’est pas morte…, » j’avais été surpris quand j’avais senti son souffle faible.

« Est-ce si important ? Elle sera partie dans quelques instants ! » Les Ténèbres rirent avant de m’éloigner d’elle en me repoussant la main.

En effet, je ne contrôlais plus qu’une petite partie de mon corps, il contrôlait le reste.

Avec ça, je pourrais me suicider et en finir, mais alors… qu’arriverait-il à Zoreya ? Qu’arriverait-il à Nanya, Shanteya, Ayuseya, et Tamara qui étaient encore piégées dans mon esprit intérieur ? Elles y resteront jusqu’à ce que le mana qui les avait maintenues en vie disparaisse ou qu’un autre Donjon prenne possession de mes « biens ».

Pourquoi suis-je comme ça ? m’étais-je demandé. Mais je ne me souvenais plus de ce qui s’était passé entre le moment où j’avais vu les larmes de Zoreya et maintenant quand j’étais dehors. C’était flou, et quand j’avais essayé de le dissiper, une douleur paralysante avait fait irruption en moi.

« Argh ! » J’avais gémi et attrapé ma tête de la main gauche.

Ça fait mal.

J’avais réalisé seulement maintenant que je n’étais pas seul. Les Ténèbres étaient là et n’avaient pas cessé de m’attaquer ne serait-ce qu’une seconde, car elles essayaient constamment de prendre le dessus. C’était la douleur qui m’avait fait me souvenir.

« Laisse tomber, espèce d’humain ! Tu ne mérites pas ce corps ! Donne-le-moi et pars dans ton prochain monde ! » déclara-t-il.

Assez étrange, mais il parlait avec la même bouche que j’avais l’habitude d’utiliser, seul son ton de voix était beaucoup plus agressif que le mien.

À ce moment-là, alors que son but était à sa portée, les Ténèbres ne pouvaient pas se permettre de perdre contre moi. Pendant un moment, je m’étais demandé s’il ne vaudrait pas mieux pour moi de simplement… abandonner et laisser mon corps se faire prendre par l’autre, mais quand j’avais regardé Zoreya à peine accrochée à ce dernier fragment de vie… Je ne pouvais pas…

Ça l’a blessée… Ça l’a tuée… Tout comme il le fera pour chacune d’entre elles…, avais-je pensé.

Les larmes coulaient de mon œil gauche, mais la force dont j’avais besoin pour lutter n’était pas là… mais en même temps elle l’était. Non, elle était scellée… au fond de moi… cachée et masquée par d’innombrables couches d’illusions projetées sur mon esprit faible.

Qu’est-ce que j’étais ? Un humain… un humain faible, pathétique… humain, mais…

« ET JE NE VEUX PAS QUE TU REVIENNES, ESPÈCE D’ORDURE ! » J’avais crié et j’avais lutté pour me battre contre elles.

Ça t’a fait mal ?

Oui…

Terriblement…

La douleur était telle que j’avais l’impression d’être déchiré d’un membre à l’autre. Chaque fibre de mon corps hurlait quand j’avais poussé mon corps. Ça fait mal…

Mais contre cette chose… ce gaspillage en dessous de moi qui n’était qu’un humain faible, je ne pouvais tout simplement pas me permettre de perdre, peu importe à quel point ça faisait mal ! Cette CHOSE n’était rien de plus qu’un rassemblement de souvenirs longtemps perdus des anciens propriétaires de ce corps.

Oui, j’étais un humain faible et pathétique… D’une certaine façon, un perdant pour avoir abandonné le combat si facilement, pour avoir fui mes femmes, pour avoir fui cette douleur, mais au moins, j’avais encore une âme que je pouvais appeler la mienne. J’avais encore la volonté de me battre contre elles.

Que serait-il arrivé si j’abandonnais ?

Pour dire les choses simplement…

Je le regretterais…

Je le regretterais profondément et terriblement au point que dans ma vie future, je ne souhaiterais plus jamais rencontrer mes épouses !

Pourquoi ?

Parce que j’avais peur de les regarder dans les yeux et d’entendre que j’avais tort… J’avais peur de mes propres erreurs et j’avais peur d’aller de l’avant. Je craignais même la peur de la peur… ce qui en soi était ridicule.

C’était précisément ce qui avait fait de moi rien de plus qu’un être humain stupide et faible, mais qui avait osé dire qu’il aimait encore les femmes qu’il avait rencontrées dans cette vie.

D’un point de vue humain, je ne devrais être rien de plus qu’un tout-petit, mais de mon côté, j’avais plus de trente ans.

Cette douleur que j’avais soufferte en me poussant contre ce monstre n’était rien… Je me sentais encore plus mal avant… quand je pensais que mes femmes me haïssaient et regrettaient de m’avoir rencontré.

Ainsi, serrant les dents, je m’étais forcé à rester pour récupérer mon corps.

Et alors, si ça fait mal ?

Et si je devais mourir ?

N’était-il pas arrivé la même chose à mes femmes et maintenant... Zoreya ? Elles avaient mené leurs propres batailles. Elles avaient ressenti leur part de douleur, que ce soit plus ou moins que celle des autres, mais finalement, elles avaient tenu bon et avaient gagné…

Pourquoi n’avais-je pas pu ?

« VA T-EN ! » J’avais crié et mes paumes tendues avaient pointé vers mon extrême gauche et vers ma droite.

De puissants faisceaux laser étaient entrés en collision avec la barrière, mais j’avais continué à tirer jusqu’à ce que mes bras commencent à chauffer et les cristaux à craquer.

Je m’en fichais si ça faisait mal, je devais me pousser jusqu’à la limite absolue si je voulais gagner cette bataille.

« DONNE-MOI CE CORPS ! » crièrent Les Ténèbres.

« NON ! » J’avais sauté vers l’arrière, atterrissant sur un tas de rochers.

« ARGH ! » J’avais gémi en raison de la douleur en me tortillant sur le sol, les rayons continuaient de tirer de mes paumes, creusant des fossés tout autour de moi, dévastant l’environnement.

Si on me regardait maintenant, je n’étais pas différent d’un être humain possédé par un démon, mais peut-être que ce n’était pas si loin de la vérité.

La peau noire sur mes bras, une couche de métal que Les Ténèbres avaient ajouté à sa guise, avait commencé à fondre et à brûler ma chair située en dessous. Le cristal sur ma poitrine était craquelé à plusieurs endroits tandis que la fumée verte et la fumée rouge s’affrontaient.

La douleur que j’avais ressentie était au-delà des mots, mais je m’étais quand même battu…

C’est étrange qu’il y avait un instant, je n’eus aucune raison de le faire.

Plus étrange, c’était que même si je le voulais, à cause de la douleur que je ressentais, je ne pouvais pas m’empêcher de débattre si je voulais vraiment le faire ou non. Tout ce que je savais à ce moment du flou et de la douleur, c’était que je devais gagner. Je devais repousser Les Ténèbres. Je devais reprendre le contrôle… Mais au rythme où les choses se déroulaient, cela n’avait pas l’air très bien.

Pour gagner, je devais faire autre chose, je devais gagner plus de puissance… Je devais…

Euh… Que pouvais-je faire pour gagner contre Les Ténèbres à nouveau ? C’était quoi déjà ?

Ce n’était que pour un bref instant, mais quand ces questions m’avaient traversé l’esprit, Les Ténèbres m’avaient repoussé dans l’Esprit Intérieur. Cependant, je les avais saisies et les avais traînées avec moi.

[Point de vue de Shanteya]

Il n’y avait rien de plus douloureux pour nous, les femmes d’Illsyore, que de le voir lutter contre un ennemi sans scrupules et souffrir seul à cause de lui. Nos paroles d’amour et d’espoir ne lui étaient jamais parvenues. Nous nous étions donné du mal pour rien, mais à un moment donné, il s’était passé quelque chose… Un changement s’était produit.

« NOOOONNN ! » hurla-t-il à la fenêtre devant lui, et les chaînes sur son dos se fendirent.

La lumière s’était répandue depuis son dos, perçant l’obscurité, mais ce n’était pas suffisant pour les briser. Ce n’était pas suffisant pour nettoyer cet endroit.

« Tu peux le faire, Illsy ! »

« Bats-toi ! »

« On t’aime, Illsy ! »

Nous avions toutes crié. Chacune, avec qui nous semblait juste.

S’il nous entendait, nous ne le savions pas, mais c’est alors que nous avions vu comment des fouets d’ombres se formaient tout autour de lui, ondulant et se tortillant comme des démons du monde souterrain. Ces choses m’effrayaient, même pour moi.

En regardant en bas, j’avais vu mes mains trembler. En regardant vers Tamara, je l’avais vu crier et pleurer avec ses poils dressés à toutes ses extrémités. Ayuseya criait et pleurait. Sa voix était rauque à cause de tous ces cris. Nanya luttait aussi contre l’obscurité qui la maintenait immobilisée, mais toutes ses forces ne pouvaient même pas la faire bouger.

Pourquoi… pourquoi doit-on souffrir comme ça ? J’avais pensé à cela alors que des larmes coulaient le long de mes joues.

J’avais levé les yeux vers Illsy. Il pleurait. Il souffrait. Il souffrait comme jamais auparavant, mais ce qui nous faisait le plus mal, c’était le simple fait que nous ne pouvions pas tendre la main et aider l’homme que nous aimions.

C’est vrai… Être incapable d’aider la personne que tu aimes te fait le plus mal… J’avais pensé à cela en ouvrant la bouche et en ne l’appelant que par son prénom.

En même temps, la voix de Zoreya résonnait dans toute cette obscurité.

« Illsy… »

Sa voix était douce, tout en gardant une douce trace de tristesse.

« Illsy… Je t’aime… Alors, ne perds jamais espoir… Bats-toi !... Tu peux gagner… Toi seul peux… parce que, Illsy, celui que nous aimons n’est que toi… l’humain qui se cache dans le corps de ce Donjon. »

Cela m’avait un peu irritée, mais en même temps, j’étais heureuse que Zoreya ait pu lui transmettre ces quelques mots. À ce moment-là, peu importait qui c’était, tant qu’elle pouvait atteindre notre bien-aimé. Aucune de nous ne voulait courir pour être la première. Ce que nous voulions, c’était qu’il se rétablisse et qu’il retrouve son doux sourire.

Ce qui suivit fut un cri d’agonie et de désespoir de la part d’Illsy.

« AAA !! NOOOONNN !! AH ! AAA !! »

C’était un cri si puissant qu’il nous avait même blessés physiquement.

« Argh ! » J’avais gémi en sentant ma poitrine se serrer.

Illsy pleurait des larmes de sang… littéralement des larmes de sang. La douleur était telle que les chaînes noires qui sortaient de son dos se brisaient simplement en morceaux. La lumière avait surgi vers l’extérieur, perçant l’obscurité, qui avait commencé à ressentir une agonie. Des craquements étaient audibles, mais même cela n’était pas suffisant pour les faire disparaître.

La lumière et les ténèbres se mêlaient comme des éclairs qui s’affrontaient dans la nuit, mais tout comme l’eau et l’huile, ils se rejetaient l’un et l’autre. L’un d’eux devait gagner, alors ils s’étaient battus pour la domination, changeant, se tortillant et tournant avec des sons tonitruants tout autour de nous.

À ce moment-là, nous craignions tous les effets que cela allait avoir sur nous, qui étions en plein milieu de tout cela.

Peu de temps après le début de ce phénomène étrange, Illsyore revint à cet endroit.

« Je ne te laisserai pas faire ! » Les Ténèbres parlaient alors qu’elles se manifestaient devant Illsy sous la forme d’un être flippant, ombragé et identique à lui.

Nous avions été engloutis dans la peur et avions regardé un Illsy fou furieux fait de lumière se précipiter vers celui fait de l’obscurité. Le premier coup de poing avait été donné par notre Illsy, envoyant une puissante vague d’énergie à travers Les Ténèbres. La contre-attaque était venue comme une vague de lumière noire qui avait été tirée sur Illsy, brisant sa main gauche.

Comme si ce n’était rien, il s’avança vers Les Ténèbres, tandis que sa main se régénérait et il lui donna un coup de poing en plein visage. Mais cette bataille ne s’était pas arrêtée à une simple bagarre. Des faisceaux de lumière, d’ombre et de puissants sorts magiques se déchaînèrent rapidement les uns sur les autres.

Pour dire les choses simplement, c’était comme si j’étais témoin d’une bataille entre deux dieux terrifiants. Jamais de ma vie je n’avais été témoin, n’avais entendu ou n’avais espéré voir une telle chose. Ce n’est que dans les récits de la création des temples que j’entendis parler de telles choses. Mais n’était-ce pas juste des histoires exagérées ?

Ne sachant que croire ou que penser, j’avais regardé avec mon souffle bloqué pendant que la bataille se déroulait entre ces deux forces imparables.

[Point de vue d’Illsyore]

Douleur… Ça fait mal…

Je n’avais rien vu d’autre que l’obscurité…

Des ténèbres contre lesquelles j’avais dû lutter, que j’avais dû détruire… Oui… Détruire…

Mais la douleur était là… La solitude aussi… Le désespoir… Colère… Frustration… Tristesse…

Toutes ces émotions faisaient rage en moi, me déchiquetant en morceaux.

« AAARGH ! » J’avais crié en frappant l’ennemi devant moi.

Mes poings s’étaient brisés à l’impact et avaient ensuite été restaurés par la lumière à l’intérieur de moi… encore et encore. Pourtant, chaque fois que j’avais fait cela, des vagues de douleur paralysante m’avaient traversé… Je ne pouvais même pas distinguer la gauche de la droite, le haut du bas. Tout ce que je savais, c’est que je devais vaincre cette chose devant moi.

Il n’y avait que moi, une âme, et le monstre fait à partir des souvenirs des donjons passés.

« [Ouragan infernal de glace] ! » crièrent Les Ténèbres.

Un vent puissant s’était mis à souffler vers moi, et avec lui, d’innombrables lances de glace couvertes de feu liquide. Elles avaient explosé au toucher et avaient envoyé le liquide infernal vers moi. Je n’avais pas bronché, je n’avais pas bougé.

Ça faisait mal, mais j’étais toujours là… vivant…

Mais s’il pouvait invoquer un sort, moi aussi. Ainsi, sans hésitation, j’avais envoyé une myriade de lances similaires vers lui. Elles avaient explosé au toucher.

Contrairement à moi, il ne pouvait pas supporter la douleur et hurlait d’agonie.

Quand j’étais humain, j’aurais pu ressentir un peu de tristesse ou peut-être hésiter à l’idée de blesser un autre être sage d’une manière si terrible, mais en ce moment… il n’y avait même pas un seul regret dans mon cœur.

Avec un terrible hurlement, les Ténèbres s’étaient précipitées sur moi et m’avaient frappé à la poitrine. J’avais essayé de le bloquer, mais mes bras s’étaient brisés comme du verre, m’envoyant des projections d’obscurité tout autour de moi.

Alors…

Je m’étais souvenu… du moment où j’avais vu Shanteya pour la première fois. Dans l’incendie, parmi ses camarades morts, blessés par mon sort, affaiblis par son voyage… Un seul moment, un seul regard vers ses beaux yeux noirs avait suffi pour que je la sauve.

Puis, elle était devenue mon amie, mon alliée, et finalement ma femme.

Le fil de ma mémoire s’était arrêté quand j’avais été repoussé.

Ma main s’était remise en état, et j’avais frappé Les Ténèbres au visage, lui brisant la moitié de la tête.

Un autre souvenir était apparu.

Entouré de soldats d’un royaume inconnu, j’avais peur… seul… sans amis ni famille. Ils souriaient comme de vils monstres. Ils avaient attaqué mon corps de cristal sans défense, le brisant en mille morceaux.

J’avais ignoré ce souvenir et j’avais rapidement bloqué son attaque.

Mon côté gauche avait craqué.

Le souvenir de la première fois que j’avais rencontré Nanya était apparu devant moi. À mes yeux, elle n’était rien d’autre qu’une jolie adolescente, mais la conversation qui avait suivi avait fait d’elle une « enseignante ayant l’apparence d’une adolescente ». Malicieuse comme une démone, mais remplie de passion, d’émotion et d’espoir.

Elle était différente d’Alina, qui avait pour elle une certaine grâce et une sensation « normale ».

Je n’aurais jamais pensé que la première fois de Nanya serait avec moi, mais nous avions tous les deux aimé ça. Cette nuit-là fut une nuit de passion et d’amour dont nous nous souviendrons tous les deux.

Les souvenirs s’étaient arrêtés quand j’avais pris position et que j’avais tiré des rayons blancs de lumière de mes paumes. J’imaginais tirer avec mes lasers AGLMC, alors peut-être que mon corps spirituel avait fait apparaître quelque chose de similaire. Des fissures étaient apparues dans Les Ténèbres. Si cette chose pouvait le faire, pourquoi pas moi ?

Je m’étais souvenu d’autre chose.

Seul, effrayé, froid… Je marchais dans les bois à la recherche de nourriture et d’un abri. Mon corps ressemblait à celui d’un enfant, mais à l’intérieur j’étais un Donjon. Un aventurier m’avait trouvé, mais parce que j’étais mignon, il pensait que je ferais un bon esclave. Furieux, je l’avais tué, lui et tous ceux qui l’entouraient. Affamé, je me régalais de leurs cadavres…

Mon souvenir avait pris fin.

***

Partie 2

« Qu’est-ce que c’est ? » Je m’étais demandé en regardant mes bras craquelés qui n’arrêtaient pas de se briser et de se réparer comme un disque rayé.

C’était la première fois que je remarquais quelque chose comme ça qui m’arrivait.

Quand j’avais regardé devant moi, j’avais vu Les Ténèbres se trouver dans une position similaire.

Je savais pourquoi… c’était ces souvenirs… Ils se mélangeaient et attaquaient les fondements mêmes de notre existence. Le mien était faible par rapport au sien, qui était constitué d’innombrables autres vies de Donjons.

« Je te briserai ! » Je l’avais menacé, puis je l’avais encore frappé.

Un autre souvenir m’avait traversé l’esprit. C’était le souvenir d’un donjon qui avait essayé de se faire un ami, mais qui à la fin avait été trahi et détruit.

J’avais ignoré toutes ces choses. Je les détestais. Ils n’étaient pas à moi. Ils étaient faux !

En évitant une autre attaque, ma jambe gauche avait été brisée. En me réformant, je m’étais souvenu comment j’étais tombé amoureux d’Ayuseya, depuis ce moment où je l’avais entendue jouer du violon et jusqu’à notre première nuit ensemble. La princesse douce et élégante cachait une vraie tigresse derrière son sourire… ou plutôt, une dragonne ?

C’était étrange de voir à quel point je pouvais aimer Ayuseya, mais c’était pareil pour Shanteya… et Nanya. Toutes les trois étaient mes épouses bien-aimées, que je voulais embrasser tous les soirs et murmurer des mots doux à… Ah, oui ~ ~… Je les adorais. C’est étrange qu’un humain puisse honnêtement aimer trois femmes différentes, mais je l’avais fait… C’était bien ou mal, qui s’en souciait ?

« Je vais te tuer ! » crièrent Les Ténèbres, me tirant de ma rêverie.

« Non… Je le ferai…, » avais-je déclaré, ne voulant pas le laisser m’arracher les femmes que j’aimais.

Il y avait aussi Zoreya maintenant, oui… peut-être non ? Tamara n’était qu’une enfant, mais je devais m’occuper d’elle comme d’une fille, ou peut-être d’une amie, jusqu’à ce qu’elle soit assez forte pour quitter mes côtés.

La bataille avait repris avec nous deux qui se donnaient des coups de poing l’un à l’autre, mais malheureusement, malgré mes paroles, j’avais senti mon énergie s’épuiser… Je n’avais pas eu la force de le suivre.

Allais-je perdre ?

Je me le demandais…

Je me sentais faible… faible…

Mon corps était plein de fissures, mon esprit était flou, ma vision embrouillée… J’étais entouré d’une obscurité déchaînée, tandis que je… J’étais défoncé.

Est-ce ça ? Je m’étonnais en recevant les coups de poing des Ténèbres qui me rejetaient et tentaient de me détruire.

Pourquoi ne puis-je plus me battre ? me demandais-je.

Étais-je satisfait du peu que j’avais fait jusqu’à présent ? Étais-je encore en proie à ma propre faiblesse ? Je pouvais le dire, et je n’avais aucune idée de comment trouver la réponse à ces questions simples.

Mais je veux les voir encore une fois… Je m’étais dit cela en regardant les femmes que j’aimais.

Elles pleuraient, frissonnaient et me criaient quelque chose.

Étais-je responsable de leurs larmes ?

« Illsy…, » j’avais entendu le murmure de Nanya.

« Illsy…, » j’avais aussi entendu parler de Shanteya.

« Illsy…, » j’avais entendu Ayuseya…

« Maître…, » même celle de la petite Tamara.

Qu’est-ce qu’elles essaient de dire ? Je me posai cette question.

Je m’étais concentré sur elles. Cette fois, je me sentais trop faible et engourdi pour penser à ma propre douleur. Il n’y avait aucune raison d’éviter leur regard, qu’il soit haineux ou aimant. Il fallait que je les regarde, que je les voie, que j’entende ces mots quitter leurs lèvres.

« Illsy… Je t’aime… s’il te plaît… bas-toi… reviens vers moi, » cria Nanya.

Ce… ce ne sont pas des mots de haine… Je voyais que des larmes se formaient dans mes yeux.

En leur tendant la main, j’avais entendu leurs voix, leurs vraies voix pleines d’émotion pure. Leurs appels à l’aide et au salut n’étaient pas pour elles, mais pour moi…

« Mon amour, ne désespère pas… Bats-toi ! Bats-toi et reviens vers moi…, » Ayuseya me supplia.

« Illsy, quoiqu’il arrive, on t’aime… Je t’aime. C’est pourquoi combats et reviens vers nous avec un sourire heureux, » demanda Shanteya à travers ses larmes.

« Le maître doit se battre ! Le maître est plus fort que cette chose ! Le maître peut gagner… Maî… Illsyore est le seul qui se soucie de moi… Je suis une pauvre esclave Nekatare, mais… mais… mais… Je veux qu’Illsyore gagne et revienne vers moi, pour me caresser davantage et me nourrir de poissons ! Ne me quitte pas, Illsyore ! » cria Tamara.

Chacune avait sa manière de prier et elles souhaitaient que je me batte pour que je puisse retourner vers elles une fois de plus.

Ai-je encore la force de le faire ? Je me demandai cela, en regardant ma main craquelée, qui était lentement écaillée par les fouets des ténèbres.

J’avais fermé les yeux.

J’avais calmé mon esprit et j’avais écouté les échos de leurs voix. Ils avaient ébranlé mon âme, excitant l’énergie qu’on pouvait trouver au plus profond d’elle… une énergie pure et blanche sans même une ombre autour d’elle.

Il ne pouvait pas y avoir de ténèbres dans mon cœur, du moins je le prétendais. Néanmoins, ces émotions… la colère, la haine, la frustration et la peur, elles étaient de la façon dont elles étaient, mais n’est-ce pas de l’obscurité ? Une âme faite uniquement de lumière, porteuse d’amour et d’honnêteté, d’honneur et de bonté, pourrait-elle exprimer de telles pensées sombres s’il n’y avait aucune trace d’ombre en elle ?

Non… pensais-je.

En premier lieu, qu’étaient les Ténèbres?

Pendant un certain temps, peu importe combien de fois mon corps s’était brisé et avait été reconstruit, je n’avais jamais été détruit, peu importe combien de souvenirs passés de ces donjons morts depuis longtemps m’avaient frappé. Je n’avais jamais quitté ce monde, mais en même temps, je ne pouvais pas non plus le détruire…

Tout engourdi, j’avais levé les yeux vers les ténèbres sans fin. Elles me criaient quelque chose. Elles criaient. Elles jetaient un flot de sorts sans fin, tandis que je les esquivais, les bloquais ou les ignorais complètement lorsqu’ils frappaient mon corps. Ça n’avait même pas d’importance. Mais à chaque attaque, j’avais riposté soit avec un sort, soit avec mes poings.

Quand ai-je recommencé à me venger ? m’étais-je demandé en regardant toute cette scène comme si c’était à travers les yeux d’un observateur.

Tout semblait être un flou confus qui ne s’était jamais arrêté ni changé…

Non loin de moi se trouvaient mes épouses bien-aimées. Dehors, Zoreya était mourante… Son temps était ralenti, alors que j’avais l’impression que le mien était sans fin…

J’étais comme un moine bouddhiste piégé dans cette félicité éternelle lorsqu’on arrivait pour la première fois à ce que l’humanité appelait le Nirvana. C’était un piège qui vous rendait incapable d’agir, ou plutôt… cela ne vous faisait voir aucune raison pour laquelle vous devriez le faire en premier lieu.

C’était la même chose pour moi…

Mais…

N’aurait-il pas été préférable d’avoir un état d’esprit aussi puissant dans votre vie actuelle, de l’accepter librement et d’agir en conséquence ? N’aurait-il pas été préférable de me manifester dans le monde réel plutôt que dans le monde spirituel ? N’aurait-il pas été préférable de me laisser noyer dans cet état que d’éprouver une seconde de plus la souffrance de cette vie ?

Ah… Je me suis encore éloigné de mes pensées…, j’avais pensé à cela en serrant le poing et en l’arrêtant juste avant de frapper Les Ténèbres.

« Qu’est-ce que tu es ? » C’était moi qui l’avais demandé.

« Guh… Je suis la manifestation des souvenirs des Donjons disparus depuis longtemps… Je suis ce que tu devrais être ! » il grogna sur moi en essayant de maintenir son corps craquelé autant que je l’avais fait de mon côté.

Hm ? Je le vois… mais je ne le vois pas comme « lui »… Quand est-ce que ça a commencé ? me demandais-je cela.

En regardant mes mains, puis les siennes… Je me demandais si nous étions vraiment comme l’huile et l’eau, refusant de nous mélanger pour l’éternité, et pourtant… à l’origine, nous étions tous les deux fluides…

Peut-être que lutter contre l’état de métissage est mon erreur ? Depuis que je suis venu au monde, j’ai rejeté les Ténèbres… Je suis né d’une âme humaine, pure et blanche, sans péché, mais j’ai constamment repoussé le don… de mes parents biologiques. J’avais cligné des yeux, surpris par ma dernière pensée.

« ARGH ! » J’avais crié en reculant.

Mes parents… Je n’en avais pas… Tuberculus m’avait construit… mais quand même…

Que sont les parents d’un Donjon ? Comment élèvent-ils leur enfant ? J’avais pensé à cela en sentant ma tête se fendre.

La morale, les pensées, les idées, tout était en totale contradiction avec Les Ténèbres. C’est pour ça qu’on s’était battus. C’est pour ça qu’il m’avait mis la main dessus… Les Ténèbres… au plus profond d’elles-mêmes… faisaient partie de moi…

Deusur… Cet enfant… Il n’y avait pas de parents avec lui, mais… qu’est-ce qu’il m’a dit à l’époque ? Je me demandais cela en essayant de me souvenir.

Pendant que je faisais cela, le mal de tête qui me frappait se calma.

« Bien qu’il soit né juste avant, il gardait des souvenirs de ses parents… Il connaissait les lois, les règles et les façons de contrôler son corps et tout ce qui entourait son donjon. C’est grâce à eux, alors… même moi qui ai rejeté l’idée d’avoir un enfant avec l’une de mes femmes, ce n’était pas parce qu’il était trop tôt, mais… parce que je ne pouvais pas accepter les voies “biologiques” d’un donjon. Je suis un être humain, après tout… et en tant que tel, je n’accepte rien d’autre que ce que je savais déjà… Haha ~ ! Est-ce la réponse ? » avais-je dit en regardant une fois de plus mes mains tremblantes, émiettées et douloureuses.

Puis j’avais regardé Les Ténèbres. Il n’avait rien dit.

« La raison pour laquelle tu es né… c’est parce que… tu es mon ombre, n’est-ce pas ? Ma peur, ma colère, ma haine… et la partie de moi qui fait… partie de moi, » avais-je dit en souriant et en m’envolant vers elles.

« RESTES À L’ÉCART ! JE VAIS TE FAIRE SOUFFRIR ! JE VAIS PRENDRE TON CORPS ! » Elles m’avaient crié après, alors qu’elles m’avaient envoyé ses meilleures attaques, mais aucune ne m’avait fait de mal maintenant.

« Non… plus maintenant… Tu n’es pas un monstre… Tu es le cadeau de mes parents, n’est-ce pas ? Tuberculus m’a peut-être construit, mais il n’y a pas de nouveaux donjons nés qui sont envoyés dans le monde comme une ardoise blanche, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé alors que je me tenais devant lui.

« Guh… Non, mais si toi, la conscience principale… l’âme devait rester couchée dans ma cage, je pourrais diriger ce corps comme je le désire ! » répondit-il en essayant de me frapper.

J’avais arrêté son poing en l’air.

« Non… Je ne peux pas… et je ne veux pas… C’est la seule chose que je n’ai pas encore essayée… parce que je ne peux pas te vaincre par la violence. Plus je deviens fort, plus tu deviens fort. Plus je te rejette, plus tu essaies de t’approcher. Plus je te fais du mal, plus je me sens blessé… C’est logique maintenant, n’est-ce pas ? Tout ce qui m’est arrivé, tout ce qui s’est passé depuis le moment où je suis entré dans ce monde, non ? » J’avais souri pour la première fois… depuis combien de temps ?

« Guh ! » il n’aimait pas mes paroles, mais il ne pouvait pas non plus les rejeter.

« Parce que je me suis souvenu de mon ancienne vie humaine, je n’ai pas pu accepter pleinement les traits biologiques de mon corps, c’est-à-dire les souvenirs des Donjons disparus depuis longtemps… Des souvenirs destinés à m’aider à survivre en tant qu’héritage…, » avais-je dit.

« Penses-tu qu’ils t’accepteront comme un humain réincarné !? Ils te haïront quand ils découvriront la vérité ! » Les Ténèbres avaient crié et avaient ensuite révélé les quatre femmes qui partageaient un lien avec moi.

« Illsy ? » demanda Nanya, surprise.

« Ton âme est celle d’un humain ? » Ayuseya avait aussi été surprise.

Même Shanteya et Tamara l’étaient aussi.

« Oui, d’une certaine façon. Il vaut mieux dire que je suis une âme qui se souvient de certains de ses souvenirs de l’époque où il vivait en tant qu’humain dans un autre monde. C’est pourquoi je suis un peu bizarre… Hm ? Maintenant que je l’ai dit… Je me demande pourquoi je n’ai jamais eu le courage de vous le dire avant. Ai-je eu si peur que cela vous éloigne de moi ? » Je m’étais demandé cela quand j’avais réalisé ce fait. Des larmes s’étaient formées dans mes yeux et avaient coulé le long de mes joues craquelées. « Me détestez-vous maintenant ? » Je leur avais demandé cela avec un doux sourire.

« JAMAIS ! » cria Nanya, secouant la tête. « Je t’aime, Illsy ! Même si tu es un Donjon, un Humain, ou autre ! » avait-elle déclaré.

« Moi aussi ! Quoi qu’il arrive, mon cœur n’appartient plus qu’à toi, Illsy ! » Ayuseya hocha la tête.

« Il n’y a jamais eu aucun doute à ce sujet, mon amour… Aucune de nous ne se soucie de ce que tu es, après tout, nous t’avons accepté comme Donjon, l’une des espèces les plus détestées et les plus méprisées dans ce monde. Pourquoi devrions-nous te haïr parce que tu es… un ancien humain ? » Shanteya avait posé une question assez décente et simple.

« Je me demande pourquoi, en effet ? » J’avais dit cela en souriant.

« Maître… Illsyore est mon maître ! Donjon ou Humain, je suis une nekatare ! Nourrissez-moi de poissons, caressez-moi, et soyez gentils avec moi, et je vous aimerai ! » Tamara avait donné sa propre forme de réponse mignonne.

« Merci, mes amours…, » je m’étais incliné devant elles avec respect.

Puis je m’étais tourné vers les Ténèbres.

« Tu vois… il n’y a jamais eu de raison de les craindre et de les fuir. Elles m’aiment, quoi qu’il arrive. Si Zoreya a pu trouver dans son cœur la force de m’aimer, bien qu’elle soit apôtre et croisée… pourquoi ne le feraient-elles pas ? Non… pourquoi être un humain devrait-il en premier lieu être important ? » lui avais-je demandé.

« Parce que les humains sont mauvais ! Ils nous ont tués ! Ils vont te tuer ! Ils nous ont fait du mal ! Ils ont détruit nos créations ! Ils ont massacré nos animaux de compagnie, nos esclaves et nos conjointes ! Ils n’ont montré aucune pitié… ils… ils…, » il avait essayé de rejeter les raisons de son passé tout en ignorant avec véhémence le présent.

« Ils l’ont fait… mais à part Zoreya, ne suis-je pas le seul humain ici ? » lui avais-je demandé.

« OUI ! C’EST POUR ÇA QUE JE TE DÉTESTE ! » Il m’avait crié dessus.

« Je… Je ne ressens plus cela maintenant, » j’avais répondu honnêtement.

« Tu as essayé de me tuer, pour m’écraser comme un insecte ! Tuer ou être tué… n’est-ce pas la façon de vivre de tous les êtres vivants de ce monde !? » Il m’avait interrogé et m’avait rappelé que c’était moi qui, dès le début, avais agi comme tous les autres humains de sa mémoire.

Je ne l’avais jamais approuvé. J’avais toujours nié au début l’existence même d’autres souvenirs que les miens, sans parler de les accepter. J’avais lutté pour être un humain dans le corps d’un donjon plutôt qu’un donjon avec un cœur et un esprit humains…

Donc à la fin, il avait dit la vérité. Si moi, l’âme, je n’étais pas capable de l’accepter et de le chérir, alors qui le ferait ? Et le plus important, comment pouvait-il croire que quelqu’un d’autre le ferait ?

C’était simple… C’était la vérité…

« Je ne le fais plus… et pour ce que j’ai fait, je m’excuse…, » avais-je dit. Puis je lui avais tendu la main.

Cette fois, ma lumière avait cessé de se battre et avait commencé à l’accepter. Je l’avais tenu dans mes bras.

« Ténèbres, je t’accepte maintenant comme une partie de moi et je souhaite que nous devenions le Vrai Illsyore que nous n’avons jamais pu être… Je veux que nous soyons enfin unis tous les deux…, » avais-je déclaré.

Et avec cela, la lumière brilla comme le jour, couvrant tout ce qui nous entourait et atteignant jusqu’au bord de cette obscurité infinie. Les souvenirs des anciens donjons que j’avais ignoré et rejeté toute cette vie, pour la toute première fois, je les avais acceptés pleinement comme faisant partie de moi. Cependant, accepter ses ténèbres et se laisser gouverner par elles étaient deux choses différentes… C’est moi qui allais tenir les rênes, tandis que Les Ténèbres devaient devenir ce qui devait être dès la première fois… la partie Donjon en moi.

[Le système d’état a été restauré]

[De nouvelles compétences ont été débloquées]

[Le niveau a été réinitialisé à 1]

[Souhaitez-vous passer en [Mode Instinctuel] ou conserver [Mode HUD] O/N] ?

C’est ainsi qu’était né le Vrai Illsyore…

***

Chapitre 82 : Longue liste de surnoms

Une heure… un jour… peut-être une semaine ou plus… Je n’avais aucune idée du temps qui passait sans que je m’en rende compte.

J’avais l’impression d’être dans une sorte de transe dont je ne pouvais pas m’échapper tout seul, ou peut-être que je vivais à nouveau ce moment d’arrêt du temps que j’avais vécu en luttant contre Dankyun. La différence, c’est que maintenant, je n’étais plus aussi conscient de moi qu’à l’époque.

C’était comme un étudiant à l’université pendant la période des examens, alors que je m’endormais de temps en temps. J’étais incapable de contrôler l’état de ma propre conscience. Elle m’avait échappé aussi vite et aussi facilement que j’avais pu la retrouver. Pendant ce temps, toute mon existence était façonnée avec Les Ténèbres pour former un nouvel être… un donjon à part entière. Tous ses souvenirs, toutes ses connaissances, toutes ses expériences coulaient maintenant en moi et devenaient miens pour faire ce que je voulais.

Chaque fois que j’arrivais à peine à ouvrir les yeux, je me retrouvais face à une grande masse noire de substance inconnue. Pour une raison encore inconnue, je ne l’aimais pas, alors avec l’intention seule, je l’avais fait disparaître et ensuite j’étais retombé dans mon état inconscient.

Combien de fois cet événement s’était-il répété ?

Combien de fois m’étais-je attardé dans un état si étrange, incapable d’atteindre le monde extérieur ?

Combien de fois avais-je paniqué et compris que ce qui m’arrivait était, en un sens, normal ?

On aurait pu répondre à ces trois questions par un seul mot : l’éternité.

Mais cette agitation apparemment sans fin et ce grincement de masses noires se glissant à l’intérieur et à l’extérieur de la conscience finiraient bien par s’arrêter.

Quand cela l’avait fait… Je m’étais retrouvé dans un monde de lumière. Contrairement à l’obscurité d’avant, qui s’étendait à tous les coins de ma vue, cette fois-ci, j’avais vu une lumière blanche claire, ni trop brillante, ni trop faible. Si je devais la comparer, je dirais que c’était semblable à flotter dans une gigantesque salle blanche pendant la journée.

J’avais tout de suite compris que ce beau paysage devant moi était, en fait, la vraie forme de mon Esprit Intérieur. Les souvenirs des Donjons du passé qui composèrent autrefois Les Ténèbres le confirmèrent également. Aucun d’entre eux n’avait jamais possédé un Esprit Intérieur rempli d’obscurité, ils avaient toujours eu une sorte de couleur vive. Seuls les plus déprimés d’entre eux avaient une couleur plus foncée, mais jamais noire.

« En effet, c’est sa vraie forme…, » m’étais-je demandé en parlant.

Surpris par le son de ma voix, je m’étais touché la gorge et regardai mes mains. Je les avais reconnues comme les miens.

« C’est… c’est mon corps de donjon humanoïde… Est-ce que ma manifestation dans mon Esprit Intérieur s’est transformée en cela ? » Je m’étais demandé cela en continuant à me vérifier.

Le gros cristal sur ma poitrine l’avait confirmé, mais contrairement au monde réel, celui-ci contenait à l’intérieur un brouillard d’un blanc pur. C’était impressionnant, mais en même temps compréhensible. Après tout, d’après les souvenirs de mes parents Donjons dont les corps avaient formé les miens, le thème de la couleur était quelque chose qui pouvait être changé à volonté. C’est simplement une question de préférence.

Mais je m’étais souvenu de quelque chose que les Donjons m’avaient raconté un jour sur la façon dont ils m’avaient administré et microgéré tout ce qui se trouvait dans mon corps, de la respiration à mes sorts complexes. Cela m’avait rendu curieux, alors j’avais décidé d’y aller et de vérifier par moi-même.

« Programmes de base. » Avais-je dit.

Immédiatement, j’avais changé d’endroit et étais apparu devant un grand cube couvert d’une lumière brillante. Contrairement à ce qui se passait avant, lorsque j’avais été tiré ou transporté dans les airs à un tel endroit, cette fois-ci, j’avais été téléporté là-bas, ce qui était un peu surprenant. D’après les souvenirs des donjons, ce n’était faisable que lorsque j’avais essayé d’accéder à ces délicates fonctions intérieures. C’était similaire à l’accès au panneau d’administration sur un ordinateur très restreint.

Le cube brillant devant moi représentait tous les programmes connus de Contrôle de Mana ainsi que les programmes de Contrôle de la Matière. En d’autres termes, c’était le logiciel qui était capable de contrôler et d’utiliser le matériel, c’est-à-dire mon corps et mes capacités. Tout, de la mise au point de mon sort le plus puissant au simple fait de respirer, était stocké à l’intérieur de cet endroit, qui n’était accessible qu’à moi. Ces programmes m’avaient permis de faire des gestes simples sans me soucier chaque fois de savoir quels muscles contracter, à quel point, jusqu’à quand, où et comment bouger, et d’autres choses de base comme ça.

C’est alors que j’avais réalisé une autre grande différence entre les Organiques et les Donjons, ces derniers ayant besoin de ce cube pour faire quelque chose, les Organiques allaient utilisé leur subconscient pour accomplir les mêmes choses. Quand il s’agissait de choses simples comme la marche et la respiration, ils n’avaient même pas besoin de se donner la peine de faire ces choses. Elles étaient toutes venues naturellement à eux, mais pour moi, tout devait être défini dans cet étrange cube.

Pour lancer des sorts connus ou en créer de nouveaux, on pourrait dire que les Organiques avaient divers programmes standard d’exécution automatique pour les aider, alors que je devais créer chaque programme à partir de zéro. Même à ce moment-là, je rencontrerais diverses erreurs et incohérences de flux qui auraient finalement mené à l’échec de ce programme. La bonne nouvelle, c’est que je n’avais pas reçu d’écran bleu en pleine action. En termes plus humains, je trébucherais sur mes propres pieds.

Bien sûr, il y avait différents modèles que je pouvais utiliser, mais si je voulais modifier quoi que ce soit, j’aurais besoin soit de réécrire le programme à partir de ce cube ou de lutter un peu sur le monde extérieur avec des essais et erreurs. Finalement, la capacité d’autoapprentissage s’était mise en place et un modèle pour ce que j’essayais de construire s’était formé.

Cela m’avait offert la capacité incontestée de créer de nouveaux sorts, de modifier ceux qui existaient déjà et de changer beaucoup de choses dans ma façon de travailler. D’un autre côté, je ne pouvais pas tout laisser à ce cube et espérer que ça marcherait. Mon travail pour faire quelque chose de nouveau consisterait très probablement dans le travail fastidieux d’arriver à comprendre le processus en entier. De ce point de vue, l’Organique avait l’avantage de se détendre s’il le voulait.

Quoi qu’il en soit, le cube actuel devant moi était déjà bien réglé avec tout ce dont j’avais besoin. Apparemment, ce processus d’ajustement avait eu lieu pendant ces moments de glissade dans et hors de ma conscience. La masse noire que j’enlevais constamment était des erreurs obstinées d’une certaine forme.

Quoi qu’il en soit, cela signifiait aussi que j’avais tous mes pouvoirs et toutes mes capacités complètement débloqués. J’avais donc décidé que c’était le moment idéal pour vérifier mon état.

[Souhaitez-vous passer en [Mode Instinctif] ou conserver le [Mode HUD] O/N] ?]

Ce message gênant était apparu, mais en sélectionnant l’un ou l’autre mode, j’avais pu obtenir des informations à leur sujet.

[Mode Instinctif] : Permet à l’utilisateur de travailler de la même manière que les produits biologiques. Ce mode supprime la possibilité de voir la capacité de l’utilisateur de voir ou de demander le statut. Il permet de transformer des valeurs numériques d’état en sensations. Supprime les messages pop-up.

[Mode HUD] : Mode de base de tous les donjons. Il change les détails du monde en valeurs numériques qui peuvent être affichés sur les écrans d’état. Toutes les actions nouvelles ou importantes sont affichées dans des fenêtres contextuelles. Il offre une utilisation automatique de certains sorts et capacités.

Fondamentalement, c’était juste une question de la façon dont je préférais vivre le monde autour de moi, mais quand il s’agissait de créer de nouveaux sorts ou de modifier des sorts existants, je devais dans les deux cas retourner au cube et ajouter les changements directement dans ces programmes spécifiques.

Pour l’instant, j’avais décidé d’utiliser [Mode HUD] et de vérifier mon propre statut.

[Nom] : Illsyore (Surnom : Illsy, La Mort Noire, Le Destructeur, Les Ténèbres, Le Bâtard qui fait pleurer les femmes, l’Adoratreur de culottes, Pervers Inarrêtable, Maniaque sexuel, Blasphémateur, Corrupteur de jeunes filles innocentes, Corrupteur d’Apôtres, Laveur de cerveaux Pervers, Le Destructeur d’Auberge Effronté)

[Espèce] : Seigneur du Donjon

[Sous-espèces/Race] : divin

[Niveau] : 1

[Force] : 4760

[Agilité] : 3890

[Intelligence] : 5480

[Mana] : 38 400

[Régénération de Mana] : 275 points de mana par seconde

[Lien de Confiance II] : Inactif > Activer ? O/N

[Allégeance] : Dieu sacré des gros seins !

[Conjoints] : Ayuseya Drekar Pleyades, Destructrice Folle Nanya Demonarkiar la 2e, Shanteya Dowesyl

[Esclaves] : Tamara

[Animaux] : Aucun

[Minions] : Aucun

[Points disponibles] : 0

[Compétences] > Énumérer toutes les compétences ? O/N

[Points de talents disponibles] : 0

Eh bien…

« C’EST QUOI, CES SURNOMS ? » J’avais crié aussi fort que j’avais pu tout en montrant l’écran holographique devant moi.

Honnêtement, certaines de ces choses n’étaient rien d’autre que des mensonges ridicules et brusques !

Comme j’étais déjà à côté du cube qui contenait toutes les informations dans mon corps, j’avais décidé de tricher et de supprimer les détails « gênants » de la liste des surnoms et de laisser seulement « Illsy ». Tout le reste était une nuisance, je préférerais qu’on ne me le montre pas chaque fois que j’ouvrais ce menu.

Adorateur de culotte… Pervers Inarrêtable, qui m’a surnommé comme ça !? Je me demandais cela, mais inconnu de moi, dans une autre partie de mon Esprit Intérieur, une certaine démone éternua.

Abstraction faite de cette question embarrassante, j’avais remarqué autre chose dans mon statut bizarre. Tout d’abord, les statistiques elles-mêmes étaient ridiculement élevées, puis les +1500 à la fin avaient disparu. Je pensais que c’était un bonus offert par mon passage au rang Divin, mais peut-être qu’après m’être pleinement accepté en tant que Donjon avec des souvenirs de vies humaines passées, cette valeur était devenue en quelque sorte une partie de moi ?

La deuxième chose que j’avais remarquée, c’est l’histoire des sous-espèces et de la race. Il semblait qu’aux yeux d’un donjon, ces deux mots étaient interchangeables, mais d’après ce dont je m’étais souvenu, les mots Race et Sous-espèces n’étaient pas vraiment utilisés par eux si souvent. Le terme qu’ils utilisaient était « Variante » et comme je l’avais fait avec ces surnoms ennuyeux, je pouvais toujours le changer si je le voulais.

« Sous-espèces est la forme biologique correcte, tandis que Race est le terme social… Peut-être que Variante est en effet le meilleur de ces trois-là ? » m’étais-je demandé en regardant mon écran d’état.

D’après les souvenirs des Donjons, certains pays n’utilisaient dans le passé que le terme « sous-espèce », tandis que d’autres se concentraient sur la séparation de chacun en leur « race » spécifique. Des choses comme la « pureté de la race » étaient apparues ici et là, mais cela n’avait pas duré longtemps. Ils avaient fini par énerver un Donjon ou un Suprême et le reste était de l’histoire ancienne. Sur la grande échelle de l’évolution génétique, c’était en fait une chose très illogique et stupide à laquelle s’accrocher, d’autant plus que ce qu’ils appelaient « race » ne dépendait que d’une seule variable phénotypique biologique, qui dans la plupart des cas avait disparu pendant plusieurs milliers d’années ou même moins. C’est pourquoi les Donjons avaient utilisé « Variant » et « Espèce » et avaient laissé les Organiques s’occuper de détails comme la race ou les sous-espèces. Cela ne voulait pas dire, cependant, qu’il n’y avait pas de Donjons qui régleraient leur [Mode HUD] pour afficher ces mots à la place.

« Ouais… Je ne veux pas être entraîné dans une sorte d’absurdité politique à l’avenir, alors je vais aussi le changer pour Variant, » j’avais décidé cela.

Ainsi, maintenant, cela s’affichait :

[Espèce] : Seigneur du Donjon

[Variante] : Divin

Cela avait l’air beaucoup mieux et, pour une raison ou une autre, cela avait éliminé toute la tension derrière ces autres mots. Le terme « sous-espèce » avait un côté désobligeant, tandis que la race était trop liée au principe du racisme que je connaissais de mon temps sur Terre. Considérant le grand nombre d’espèces ici, tenir des préjugés contre votre propre famille était plutôt stupide, mais encore une fois… Il ne fallait jamais sous-estimer les individus illogiques et déraisonnables dans quelques formes de société que ce soit.

« Eh bien, comme c’est réglé, qu’est-ce que c’est que ce truc… ? [Lien de Confiance II] ? » me demandai-je.

En cliquant dessus, j’avais activé les détails :

Lien de Confiance II] : Un enchantement organique de type bonus qui est généré par l’âme d’un être. Sa façon de fonctionner est de transformer l’Énergie Divine générée par une Âme en Mana qui est utilisée pour renforcer les corps de certains individus. Ce type de Buff n’apparaît que lorsque la Volonté de l’Univers s’accorde avec le chemin de l’Âme de l’individu. Il peut être appliqué sur : Conjoints, esclaves, animaux domestiques et serviteurs. Il augmente leurs valeurs de statistiques de base avec un certain pourcentage des statistiques de base de l’individu avec lequel ils se sont liés. En même temps, l’individu avec lequel ils se sont liés recevra un certain pourcentage de leurs statistiques de base.

Maximums : Conjoints : 100 %, esclaves : 50 %, Animaux : 30 %, Sous-fifres : 10 %

Minimum : 0 % (inactif)

Reçu : 0 % (inactif) — 30 % (maximum)

J’avais regardé l’écran et j’avais dégluti. C’était un monstrueux buff, mais plus important encore, il avait fonctionné en dehors des paramètres normaux du Système de Donjon. En d’autres termes, ce n’était pas quelque chose que je pouvais créer avec ce cube. C’était quelque chose qui m’avait été accordé par la Volonté de cet Univers. Si par hasard je sautais dans un autre Univers, ce Buff disparaîtrait. C’était ce genre de situation.

« S’agit-il de la rumeur selon laquelle une personne réincarnée reçoit une compétence de triche ou peut-être ai-je simplement rempli certaines conditions ? Hm, quelque chose me dit que c’est ce dernier. Si c’était le premier, alors j’aurais rencontré les Dieux de ce monde en premier. Ils m’auraient dit de faire quelque chose ici, comme sauver le monde. J’aurais aussi pu voir une pom-pom girl ou quelque chose comme ça, puis j’aurais été envoyé dans ce corps, j’aurais maîtrisé tout ce qui était en vue, et finalement j’aurais mené une vie heureuse et chanceuse. Ce genre de situation, non ? » Je l’avais dit à voix haute après avoir lu la description plusieurs fois pour m’assurer que je ne m’étais pas trompé à ce sujet.

Pour l’instant, je l’avais gardé inactif, mes points de statistiques totaux sans aucun Buff appliqué étaient déjà au point où je pouvais frapper un Suprême dans le sol comme je le ferais avec une mouche. J’avais aussi TOUS mes sorts débloqués, et je ne pouvais qu’imaginer à quel point un seul sort de [Boule de feu] serait puissant s’il était infusé avec 38 000 points de mana. Pour l’instant, je ne me battais pas contre des dieux anciens ou quoi que ce soit du genre, et j’étais encore un simple niveau 1.

Oh, en parlant de ça, les niveaux dans les yeux de Donjon étaient un peu différents d’un RPG. C’était une sorte de compteur de morts et de compteur d’expérience dans ses compétences. Certaines capacités et compétences étaient généralement verrouillées pour les jeunes Donjons parce qu’ils ne seraient pas capables de les gérer et pourraient finir par s’autodétruire. Ainsi, lorsqu’ils atteignaient des niveaux plus élevés, ils se déverrouillaient automatiquement. Il y avait quelques formules compliquées dans le cube, qui permettaient de déterminer combien il fallait pour monter en niveau et ce qui pouvait être converti en expérience et ce qui ne pouvait pas l’être.

Heureusement, je n’avais pas ce problème… du moins, je le pensais.

En cliquant sur mon niveau, j’avais reçu ce message :

« C’est le Dieu sacré des gros seins qui parle ! Je peux écrire maintenant ? Cool ! Ahem! Eh bien, félicitations pour avoir réglé le problème avec LES TÉNÈBRES ! Tes capacités ne sont pas verrouillées, tu peux toujours faire ce que tu veux, ce qui signifie que contrairement aux donjons réguliers, tu n’as pas d’exigences de niveau pour utiliser les compétences héritées. Néanmoins, les compétences rouges sont celles pour lesquelles, en théorie, tu as un niveau trop bas. Cela signifie que si tu veux vivre la joie de la Montée de Niveau, tu peux le faire. En même temps, rien ne t’empêche vraiment d’exterminer tout ce que tu vois avec tes sorts les plus puissants. Si tu me demandes pourquoi j’ai fait ça, eh bien… J’ai pensé que tu aimerais vivre ce genre d’expérience. PS : N’oublie pas Zoreya, elle est en train de mourir là-bas, tu sais ? Oh, ça te dérange si je peux avoir une bonne pression sur la poitrine de Shanteya ? Ces jolies collines sont à mourir pour… attends, pourquoi tu ressembles à ça ? Tu viens de me maudire ? Je suis ton dieu, tu sais !? Je suis triste maintenant… »

Cela ressemblait à une conversation en temps réel, alors j’avais fermé la fenêtre avant d’être trop ennuyé et d’avoir décidé de me déchaîner contre ce pervers. Dire que c’était la première fois que ce dieu me parlait, et c’était ainsi qu’il le faisait. Je voulais changer mon allégeance maintenant. Peut-être que Melkuth avait une place libre ?

Quoi qu’il en soit, je n’avais aucune idée de la façon dont il avait fait cette chose, mais j’étais content que mes compétences ne soient pas verrouillées… encore une fois, cela signifiait simplement que je pouvais profiter d’une expérience appropriée de la [Montée de Niveau] si je le désirais tellement. Meh, ça n’avait pas l’air si mal. Mes statistiques de base augmentaient à mesure que je vieillissais et le mana se stabiliserait mieux en moi, donc ce que je faisais n’avait pas vraiment d’importance.

« Oh merde, j’ai failli oublier Zoreya ! » J’avais paniqué et j’avais immédiatement quitté la zone du cube.

En sortant, j’étais passé devant mes femmes.

« Bonjour ! Tout va bien maintenant ! On se parle plus tard ! Je dois y aller ! » et je les avais laissées là, me regardant d’un air abasourdi.

***

[Point de vue de Shanteya]

Je n’ai aucune idée de ce qui vient de se passer, mais d’après ce que je pouvais dire, Les Ténèbres ont disparu…

L’Esprit Intérieur de l’Illsy, semblable à un abîme, s’était transformé en un clin d’œil en un paysage serein, calme et d’un blanc pur sans fin. Rien qu’en la regardant, je m’étais sentie en sécurité et détendue comme jamais auparavant. Je me sentais… chez moi.

Les ombres qui restreignaient auparavant tous nos mouvements avaient disparu, mais nous n’avions nulle part où aller. Nous étions simplement en train de flotter dans cet espace infini.

« Nya ~ ! Tamara aime cette sensation de flottaison ! Nyaaaa ~ ! » La Nekatare avait essayé de nager.

En la regardant, j’avais remarqué que le collier autour de son cou était devenu blanc, le rendant moins visible à l’œil nu.

Le collier est visible ici ? J’avais soudain réalisé cela.

J’avais peut-être tort, mais en regardant mon annulaire, j’avais vu le tatouage que j’avais reçu quand j’avais accepté de devenir la femme d’Illsy, mais au lieu d’une alliance noire et sinistre, c’était une belle alliance dorée et brillante. Quand j’avais vérifié, Nanya et Ayuseya avaient aussi changé.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Je me demandais cela.

C’est alors que j’avais senti une présence très familière s’approcher de moi. Nous avions toutes regardé dans la même direction comme si nous étions tirés par un aimant. Ce que nous avons vu n’était autre que… Illsy…

« Bonjour ! Tout va bien maintenant ! On se parle plus tard ! Je dois y aller ! » dit-il et il était parti après ça.

« Hein !? Qu’est-ce que c’était !? Mon mari inutile, reviens ici et embrasse-moi si tu as gagné ! » Nanya criait en étant un peu mécontente, mais comme moi et les deux autres, elle versait des larmes de joie.

Notre Illsy est de retour… Il a gagné… Il a gagné ! En essuyant mes larmes et en souriant.

« Nous pouvons attendre…, » dit Ayuseya d’une voix calme.

***

Chapitre 83 : Les Lois de la Création

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

En ouvrant les yeux, j’avais vu un ciel bleu sans fin au-dessus de moi. Puis j’avais senti la poussière dans ma bouche et tout mon corps ressentait de la douleur. C’était un si beau réveil.

Avec un fort gémissement et des os qui grinçaient, j’avais réussi à me remettre sur pied.

Cela ne fonctionne pas… J’avais pensé cela en ressentant la douleur dans tout mon corps.

En respirant avec force, j’avais décidé de faire ce que j’étais censé faire au moment même où je m’étais réveillé. J’avais alimenté mon corps en mana et activé ma capacité de régénération. En un clin d’œil, ma douleur s’était calmée et j’avais pu respirer normalement.

« Mhm… Beaucoup mieux, » j’avais dit cela en souriant.

Avant de quitter ma position, j’avais fait une rapide vérification pour voir si je n’avais pas perdu des membres ou si je n’avais pas eu d’autres problèmes pendant que j’étais inconscient. À part les fissures dans mes cristaux, qui se remettaient, et mes muscles endoloris, il n’y avait aucune anomalie.

Avec un soupir de soulagement et un pas difficile, j’avais commencé à chercher Zoreya dans cette terre désolée créée à la suite de sa confrontation avec Les Ténèbres. La meilleure façon de décrire cet endroit serait de penser à un champ de bataille où deux êtres divins s’étaient fait face. Cratères, fossés, arbres retournés, lacs de lave en fusion et terre brûlée pouvaient être vus aussi loin que les yeux pouvaient porter. Et en un point, loin de là où j’étais, on pouvait trouver les restes d’une ville autrefois très animée. Combien de vies avaient été enlevées par Les Ténèbres dans ce bref instant, je n’en avais aucune idée, et je n’allais probablement jamais le découvrir, mais maintenant j’avais d’autres priorités.

De mon point de vue, le temps qui s’était écoulé entre le moment où j’avais vu Zoreya pour la dernière fois et maintenant pourrait être mesuré en semaines ou en mois. Quoi qu’il en soit, c’était très long, de sorte qu’une partie du choc et de la panique que je ressentais normalement n’était pas là. Ainsi, je pouvais concentrer tous mes sens pour trouver la croisé mourante.

La première chose que j’avais faite avait été d’étendre mon Territoire de Donjon pour envelopper une zone autour de moi avec un rayon d’environ 3 km, puis j’avais commencé à chercher des signes de vie, mais j’avais ignoré les insectes, les petites créatures et tout ce qui pouvait survivre et qui n’était pas plus gros qu’un chien. Grâce à ma fusion avec Les Ténèbres, j’avais réalisé que mon Territoire Donjon pouvait détecter un grand nombre de formes de vie. Auparavant, la plupart de ces données étaient habilement ignorées par les paramètres précédents, ne laissant que les grands monstres et les espèces intelligentes.

J’avais trouvé la croisée étendue dans le sol à environ 648 mètres de moi. Dès que je l’avais détectée, je m’étais précipité à ses côtés aussi vite que je pouvais le faire, mais j’avais sous-estimé la force de ma jambe et j’avais failli la dépasser.

Heureusement pour moi, j’étais un penseur rapide, alors j’avais élevé un mur de pierre devant moi…

Personne n’avait dit que je devais être un brillant penseur… Je m’étais écrasé dans le mur et je l’avais brisé, mais au moins, je m’étais arrêté. Puis, à un rythme beaucoup plus lent et prudent, en crachant des cailloux, je m’étais approché de la femme blessée.

« Zoreya ! » J’avais crié vers elle en m’agenouillant à ses côtés.

Son armure était percée et il y avait du sang partout. Sans hésiter, j’avais essayé d’activer ma magie pour la guérir. Puisqu’elle était dans mon Territoire de Donjon, j’aurais dû techniquement pouvoir pétrir le Mana dans sa chair et l’utiliser pour restaurer ses cellules, mais dès que j’avais essayé de le faire, je m’étais fait zapper.

« Qu’est-ce que c’est que ça !? » J’avais cligné des yeux de surprise en serrant les mains.

C’était comme être choqué par un fil électrique lâche, mais comment une telle chose avait-elle pu arriver ? La dernière fois que j’avais vérifié, c’était une humaine, pas un androïde ou un robot d’un film de science-fiction des années 80.

Une fois de plus, j’avais essayé de pétrir le Mana dans sa chair, mais j’avais encore été choqué.

« C’est quoi ce bordel !? » J’avais juré en me frottant les doigts.

« Vérification de l’état ! » avais-je crié.

La fonction la plus fondamentale du Territoire de Donjon était de recueillir de l’information de tout ce qui s’y trouvait et de tous ceux qui s’y trouvaient. La quantité de données que j’avais reçues était simple, mais suffisante pour me donner une bonne compréhension de leur force, cependant, ce que j’avais reçu de Zoreya était un tas d’absurdités.

[N$m#] : Yzaro [Alt40 '',

LAERvel] : 404, 404//404<404 # 404#404 $4044 %^

[Shgiesp] : Apôtre de Melkuth

[4 p [34], d,weee

« Qu’est-ce que c’est que ça, au nom de tout ce qui est sacré ? » J’avais crié sur la fenêtre.

Mais il était clair maintenant que quelque chose empêchait ma tentative de la guérir. D’après ce que j’avais pu voir, ça avait à voir avec son dieu, Melkuth. Peut-être qu’une partie de cette énergie divine interférait avec mon Mana ?

Mon [Lien de Confiance II] a aussi mentionné quelque chose dans le sens de changer un type d’énergie en un autre afin d’accorder à mes épouses et esclaves leur bonus en statistiques. Peut-être que Melkuth a fait quelque chose de similaire ? Voyant que je suis un Donjon, par définition son ennemi, il a mis une sécurité pour m’empêcher de pétrir ou interférer de façon magique avec ses Apôtres ? Je me demandais pourquoi je n’avais pas le droit de guérir cette femme.

« Merde ! Bon sang ! » J’avais juré et serré les poings.

J’étais en colère parce que je ne pouvais rien faire. Enlever l’armure endommagée était également hors de question. Des morceaux de métal étaient pliés vers l’intérieur et des éclats étaient probablement incrustés dans sa blessure. Il y avait aussi plusieurs pièces qui avaient été fusionnées ensemble, rendant impossible de les enlever sans les déchirer ou sans plier le métal avec force.

Elle va mourir comme ça… En la regardant, j’avais pensé cela.

Sa vie se dispersait, et l’énergie qui gardait sa jeunesse se dispersait aussi lentement, la faisant vieillir… Maintenant, elle ressemblait à une femme de 40 ans, mais elle était toujours belle à mes yeux.

Il n’y a qu’un seul moyen… Si elle peut leur parler… alors peut-être… J’avais pensé à cela et j’avais fermé les yeux.

« Melkuth, Dieu de la guerre ! Je sais que tu es là ! Réponds-moi ! » J’avais demandé cela et j’avais regardé le ciel.

Il n’y avait pas eu de réponse.

J’avais serré les poings.

« Réponds-moi, espèce de salaud vénéré ! Veux-tu vraiment voir ton Apôtre mourir !? Tu veux qu’elle meure en vain juste parce que tu ne veux pas que je la guérisse !? MELKUTH ! » J’avais crié.

Pas de réponse.

« Très bien…, » j’avais fermé les yeux et j’avais essayé de réfléchir.

Qu’est-ce que je peux faire ? Peut-être que si je lui construisais un temple ? Peut-être que ce bâtiment sert d’intermédiaire ou quelque chose comme ça ? Je m’étais posé la question et j’avais décidé d’essayer.

En utilisant mes souvenirs et ceux des donjons comme exemple, j’avais versé du mana dans une compétence très rare et difficile à obtenir appelée [Le Kit de Création Ultime]. Comme son nom l’indique, cette chose ne pouvait pas être améliorée, ne pouvait pas être montée en niveau ou autre, mais elle était ridiculement puissante si on avait assez de Mana pour cela. En passant, Les Ténèbres l’avaient gardé bloqué et avaient fait de son mieux pour m’en éloigner dès le moment où j’étais né dans ce monde.

Vous pouvez ajouter un nombre illimité d’étages, de pièces, de couloirs, de sentiers, de pièges, de mécanismes, etc. Tant que vous SAVIEZ EXACTEMENT ce que vous vouliez construire, vous pouviez le faire. Le coût était très élevé par rapport à la construction pas à pas, mais les résultats allaient être instantanés. Ce ne serait pas une erreur de prétendre que cette Compétence était ma propre Compétence Classée Suprême.

Ainsi, la première chose que j’avais décidé de construire avec la compétence [Le Kit de Création Ultime] avait été le temple grandeur nature du Dieu de la guerre. C’était une réplique parfaite et peut-être même améliorée d’une réplique de celles qui s’étaient répandues dans tout le continent à ce moment-là. J’avais même enchanté les murs avec tant de Mana qu’ils pouvaient survivre à un assaut nucléaire. Si les Ténèbres l’attaquaient avec un rayon laser, cette chose survivrait encore. Il y avait même des décorations à l’intérieur et il y avait tout ce qu’il fallait pour accueillir de nouveaux croyants.

C’était au milieu d’un champ de bataille brûlé, mais c’était un détail mineur. Quant à la petite marque que j’avais ajoutée en bas de page. « Fabriqué par le suiveur du Dieu des gros seins ». C’était un détail facile à manquer… probablement.

« VOILÀ ! Maintenant, réponds-moi !? » J’avais crié vers le ciel.

Pas de réponse.

« MELKUTH ! Ne m’ignore pas, mangouste parabolique ! » avais-je crié.

Pas de réponse.

Peut-être que je dois réparer le terrain ou trouver de meilleures insultes ? J’ai encore du mana, et il se régénère à une vitesse incroyable. Dois-je aussi ajouter une ville ? Oui… ça doit être la faute ! Je pensais à cela, mais je manquais sérieusement de temps et d’idées.

Malgré tout, en concentrant plus de 9000 points de mana dans la compétence [Le Kit de Création Ultime], j’avais commencé à changer le terrain, à construire des maisons, des magasins et des bâtiments officiels, tous complètement meublés et prêts à être utilisés. Je n’avais omis aucun détail, et pendant un moment, j’avais même pensé que j’allais manquer de mana !

Eh bien, si j’avais construit ces bâtiments un par un, cela n’aurait pas été si important, mais j’avais dû le faire d’un seul coup parce que je manquais de temps.

« [Le Kit de Création Ultime] ! » J’avais crié sans me donner la peine d’utiliser la commande vocale.

Ces mots pouvaient être redéfinis comme je l’entendais. La version par défaut était les mots absurdes que tout le monde utilisait dans ce monde. Ce qui importait, c’était le processus de pétrissage du mana dans la forme que je voulais.

Et d’un coup, toute une ville capable d’abriter au moins 1000 âmes s’était élevée au milieu de ce foutu nulle part ! Avec les compliments du seul et unique donjon divin, le Seigneur Illsyore !

« Huff! Huff! Là-bas ! » avais-je dit en essayant de reprendre mon souffle.

Expulser tant de mana m’avait presque mis à genoux et si c’était l’ancien moi, je me serais évanoui. Comme j’avais un contrôle total, je savais comment me surmener au-delà des limites automatiques que je m’imposais. Le seul hic, c’était que j’avais fini par perdre beaucoup de force, de vitesse et de puissance de concentration.

« MELKUTH ! RÉPONDS-MOI, MOUTARDE ! Hein ? Je veux dire bâtard ! » J’étais si ennuyé que je m’étais ridiculisé par accident.

Même ainsi, s’il ne faisait rien au sujet de l’attribut divin de Zoreya, elle sera bientôt morte.

« MELKUTH ! Elle est en train de mourir ! Tu le sais bien ! Alors, fais quelque chose ! Laisse-moi-la guérir ! S’il te plaît…, » je l’avais supplié et j’avais baissé la tête.

Que pouvais-je faire d’autre ? Pourtant, même après tout cela, je n’arrivais toujours pas à faire parler le Dieu de la guerre.

Est-ce qu’il pense si peu de nous ? De Zoreya et de sa foi en lui ? N’était-elle qu’un pion jetable ? J’avais pensé à cela et j’avais serré le poing.

C’était possible.

Pour se débarrasser des Ténèbres ou pour me guérir… Le sacrifice de Zoreya était probablement considéré comme une perte acceptable. Après tout, quelle était la vie d’un Apôtre quand ils pouvaient arrêter un monstre déchaîné comme Les Ténèbres ?

Ce qu’il avait fait à la ville n’était rien comparé à ce qu’il aurait pu faire s’il s’était pleinement déchaîné sur ce monde. D’après ses souvenirs, j’avais compris que j’étais la principale raison pour laquelle il ne pouvait pas le faire. Peu importe à quel point il parlait de me détruire et de m’enfermer, la froide et dure vérité était que mon âme ne lui avait jamais permis d’accéder à toutes les capacités illimitées de ce corps.

Je n’avais tout simplement jamais pu accepter la façon dont il voulait les utiliser. Le but ultime des Ténèbres n’était autre que l’extermination complète et totale de toutes les espèces organiques sur les Trois Continents. Après avoir atteint cet objectif, elle voulait construire un donjon puissant capable de couvrir la planète entière.

Même si le véritable but de Zoreya dans cette vie était de m’arrêter d’une manière ou d’une autre, je ne pouvais pas l’accepter. J’étais un Seigneur du Donjon égoïste qui ne voulait pas la laisser partir… Pas après tout ce qui s’était passé. Pas quand j’avais su, au fond de moi, qu’il y avait encore une chance de la sauver.

Qu’est-ce que je fais de mal ? Je m’étais demandé cela en regardant le sol. « Que puis-je faire pour l’aider ? » J’avais alors demandé à voix haute. J’ai tellement de pouvoir, encore une fois je ne peux pas sauver quelqu’un à qui je tiens ? J’avais secoué la tête et j’avais frappé le sol en le faisant craquer.

« NON ! » J’avais crié avec colère.

Parfois, la meilleure façon d’attirer l’attention de quelqu’un n’est pas de lui faire plaisir, mais de le mettre en colère… ou en colère contre quelque chose… mais comment ? Comment mettre le dieu de la guerre en colère ? Comment quelqu’un peut-il ennuyer un dieu comme lui ? J’avais réfléchi à cela et en levant les yeux.

Devant moi, j’avais vu le temple que je lui avais construit.

« C’est tout…, » j’avais souri face à mon idée.

Encore une fois, j’avais inventé un plan ridicule. C’était mon dernier pari, ma dernière chance.

Regardant le ciel, j’avais crié à pleins poumons « MELKUTH ! SI TU NE ME RÉPONDS PAS, JE VAIS… »

***

Partie 2

[Quelque part dans le ciel]

« Tu es sûr que tu ne veux pas prendre cet appel ? » demanda le vieil homme pervers en regardant à travers la fenêtre qui montrait le monde des mortels.

« NON ! » avais-je rétorqué.

En tant que Dieu de la guerre, j’étais dans une position très honteuse. En me serrant les genoux et en grognant dans un coin de mon bureau, j’essayais de ne pas penser à ce qui s’était passé après Les Ténèbres, mais en même temps, j’étais en colère et contrarié par le fait que Zoreya n’allait pas me rejoindre ici dans le ciel.

Malgré ce qu’elle avait dit, le pacte de l’Apôtre était clair en la matière. Tant qu’elle aimait quelqu’un d’autre que moi, elle n’avait pas le droit de me rejoindre… En tant que telle, mon Énergie Divine s’échappait de son corps et la laissait mourir comme n’importe quel autre mortel dehors.

C’était pathétique, mais je n’y pouvais rien.

Ça veut-il dire que je lui ai menti ? Je me demandais cela.

Même si j’étais un DIEU, les AUTRES Dieux ne m’avaient pas permis de revenir sur mes propres paroles de création. Les lois qui déterminaient et offraient à un apôtre leur pouvoir et leur autorité étaient assorties de conditions très strictes. Obéir au dit Dieu était une donnée, mais chacun de nous avait exigé certaines choses de celui qui était notre Apôtre. Dans mon cas, je voulais qu’elles soient féminines et n’aiment que moi.

Dans le cas de Kleopatra, la déesse de l’Amour, elle ne se souciait pas du sexe de ses Apôtres, elle voulait seulement qu’ils restent vierges jusqu’à l’âge de 25 ans, qu’ils puissent rester sains d’esprit après une nuit d’amour avec elle, puis se trouver plusieurs autres amoureux, tout en répondant à son appel au lit quand elle en avait envie.

Sertan, en tant que Dieu de la Moisson, voulait que ses Apôtres aiment la nature et l’agriculture à un niveau presque anormal. Sa condition pour être un apôtre était que chaque année, ils devaient apporter une moisson abondante à un champ différent, sans que deux champs soient les mêmes pendant une période de 5 ans. Cela ne les avait pas empêchés d’avoir une famille, mais au cas où ils en auraient une, sa condition était qu’ils soient très fertiles… Ces familles d’Apôtres se sont multipliées pire que les Merions.

Le Dieu des Gros Seins était une exception pour nous tous parce qu’il n’avait même pas de temple, et encore moins d’apôtres. Son seul adepte légitime jusqu’à présent était un Donjon. Aucun des autres dieux ne le prenait au sérieux, la plupart du temps, surtout la déesse de la chasse et la déesse de l’Enclume.

Malgré tout, sans aucun doute, il était le PLUS puissant de nous tous.

Ainsi, en raison des conditions que j’avais imposées à mes Apôtres, j’avais fini par perdre la meilleure que j’avais. Il n’y avait aucun moyen que je puisse regarder calmement comment elle allait mourir et allait être enlevée par le Dieu de la mort… Je préfère manger mon épée et courir nu au milieu d’un champ de bataille plutôt que de voir le grand sourire de cet idiot… D’ailleurs, comment pourrais-je même regarder Zoreya quand elle se fera dire par le Dieu qu’elle avait échoué et qu’elle allait maintenant être traînée aux Enfers. Ce serait trop douloureux… donc, comme un lâche, je m’étais caché dans un coin et j’avais maudit mes propres jours.

« C’est Illsyore qui t’appelle, tu sais ? » m’avait dit le vieux pervers sénile.

« Dis-lui qu’il s’est trompé de Dieu de la guerre ! Fait comme si j’étais Arès ! » J’avais grogné vers lui.

« Eh bien… comment suis-je censé faire ça ? » rétorqua-t-il.

Je l’avais ignoré.

Illsyore abandonnerait après la mort de Zoreya… Ça devait être ça. Juste un peu plus longtemps et ensuite je pourrais ramper jusqu’à ma chaise et chercher une nouvelle apôtre pour le bouclier, ou regarder une comédie romantique étrangère sur la toile galactique pour me calmer. Les yourtziens en avaient des assez bons…

« Ah ! Il t’insulte maintenant, » déclara le vieil idiot sénile.

« Dis-lui d’aller sauter d’un pont ! » J’avais rétorqué cela.

Où en étais-je maintenant ? Ah oui, une série de comédies romantiques… oui… parfaites. Je vais en regarder quelques-uns. Rien de mal n’arrivera si le dieu de la guerre disparaît pendant quelques années. Moi aussi, j’ai des sentiments, tu sais ! J’avais pleuré dans ma tête.

« Euh, tu es sûr de ça ? » le dieu idiot était persistant.

« OUBLIES-MOI ! JE VEUX JUSTE QUELQUE CHOSE À CÂLINER TOUT DE SUITE ! » J’avais crié sur lui.

« Il vient de te construire un temple…, » déclara-t-il.

« Quel genre de donjon idiot penserait que quelque chose comme ça pourrait m’apaiser ? » Je m’étais moqué de lui.

« Eh bien… ne me demande pas, je suis généralement content d’aller jeter un coup d’œil aux bains publics pour femmes, » sourit-il bêtement en imaginant sans aucun doute quelque chose de perverti.

« Je m’en fiche…, » j’avais grogné et j’avais détourné mon regard.

« Oh ? Il t’a construit une ville… J’espère qu’il ne va pas le remplir de cette nouvelle race de diablotins. Leur nombre augmente à un rythme effrayant, » m’avait-il dit.

Certes, c’était un parasite, mais seuls les invocateurs et les donjons pouvaient les appeler.

Mais comment se sont-ils multipliés si vite ? Illsyore n’a-t-il pas tué le seul spécimen ? Est-ce que c’est une sorte de nouvelle religion à laquelle je devrai faire attention à l’avenir ? me demandai-je cela, mais j’avais vite abandonné ce train de pensées dangereuses.

Quoi que ce donjon essaye de faire pour m’apaiser, ça ne marcherait pas ! Même s’il me construisait un millier de temples ou faisait de moi le Dieu numéro un parmi tous, je ne le ferais toujours pas ! Je ne voulais pas répondre. Je ne voulais pas affronter la mort de Zoreya…

« Hm. Tu es vraiment sûr d’ignorer Illsy ? Il est en quelque sorte… maintenant, il menace de réduire TOUS tes temples à un tas de roubles si tu ne réponds pas. Il a ce genre de pouvoir, tu sais ? » le dieu des gros seins m’avait dit cela.

« Il fait quoi maintenant ? » J’avais cligné des yeux en raison de la surprise.

Il plaisante, n’est-ce pas ? Faire quelque chose comme ça pourrait porter un coup dévastateur à mes croyants ! Pourquoi ferait-il ça !? Ce n’est pas parce que je n’ai pas répondu !? J’avais commencé à paniquer.

Ce n’était pas une blague, contrairement au pervers là-bas, je ne pouvais pas tenir ma position si tout à coup mes temples étaient soudainement effacés de la surface de la planète !

[Point de vue d’Illsyore]

« Melkuth ! Pour la dernière fois ! Si tu ne me réponds pas tout de suite, je vais anéantir TOUS tes temples ! Et pour que les choses soient claires, UNIQUEMENT les tiens ! Les autres, je vais les nettoyer et leur faire des compliments ! Je vais faire de toi un dieu oublié, même si ça prend une éternité pour le faire ! Je vais t’effacer de leurs livres religieux ! Je vais détruire ta réputation ! Je vais répandre des rumeurs qui feraient pleurer les enfants et faire sourire les aventuriers chevronnés ! Je vais faire des donjons pervers et des donjons de torture mentale avec ton nom sur eux et dire à tout le monde que tu m’as ordonné de les faire ! Je m’assurerai qu’ils seraient les pièges les plus haineux de tous les temps ! » J’avais crié au ciel.

« POURQUOI DIABLE FERAIS-TU ÇA !? » le dieu répondit enfin.

J’avais souri.

« Oh ! Te voilà donc ! Comment vas-tu ? Il fait beau là-haut, n’est-ce pas ? » J’avais demandé cela avec un sourire nonchalant.

« … » le dieu n’avait pas répondu.

« Je sais que tu es là. Inutile de se cacher maintenant ! » J’avais souri.

Un coup de foudre s’était fait juste devant moi. C’est là qu’un homme à l’allure majestueuse fit son apparition. En fait, c’était un type en armure aux cheveux noirs et aux yeux noirs qui surgissait du sol.

« Est-ce que ça va ? » J’avais demandé cela en plissant mon front.

« Tu me remercieras plus tard, Melkuth ! » J’avais entendu la voix d’un autre homme, mais celle-ci me paraissait plus vieille et familière aussi.

Ce n’est pas possible… n’est-ce pas ? Je m’étais demandé cela.

« Argh… ce dieu idiot…, » Melkuth avait gémi en se ressaisissant et en prenant une position plus digne devant moi.

« Bonjour ! Tu dois être le Dieu de la guerre, ravi de te rencontrer, maintenant fais quelque chose pour Zoreya ! Chop chop chop ! » J’avais dit cela et j’avais montré du doigt la femme mourante à côté de moi.

« Hmph ! » il s’était moqué de moi et m’avait regardé comme s’il regardait un insecte.

J’avais plissé les yeux vers lui.

« Combien de temples crois-tu que je pulvériserai si je leur lâche des bombes atomiques ? » Je lui avais demandé cela.

« Tu ne le ferais pas, » déclara-t-il.

« Oh, je le ferais ! » J’avais hoché la tête, souriant.

« Tch ! J’ai entendu dire que tu avais le cœur d’un humain, donc tu ne peux pas tuer des millions de gens sans raison ! » m’avait-il réprimandé.

« J’étais en effet humain, mais maintenant je suis un donjon avec les souvenirs d’un ancien humain. En tant que tel, je ne suis pas affecté par le fait d’avoir tué quelques millions de personnes. Tu sais, je ne me sens pas si mal à propos de la ville détruite par les Ténèbres. Qu’est-ce que cela fait s’il y a d’autres morts sur la liste ? » J’avais souri.

C’était une vérité partielle, mais pour être plus précis, j’avais compris qu’il n’y avait rien d’autre que je puisse faire pour le moment au sujet de cette tragédie, alors m’en faire inutilement ou m’en vouloir n’aurait rien résolu. Ce que je pouvais faire, c’était m’assurer que quelque chose comme ça ne se reproduise plus jamais, donc, oui… Je ne pouvais pas lâcher des bombes nucléaires au hasard comme ça. D’un autre côté, j’aurais probablement du mal à fabriquer des bombes nucléaires. Je le savais, mais pas ce dieu.

« Hmph ! Je ne te laisserai pas faire ! Moi et les autres dieux…, » déclara-t-il.

« Vous ferez quoi ? M’arrêter ? Je ne suis pas Les Ténèbres, tu sais ? Je ne détruirai pas leurs temples sans réfléchir… juste les tiens. SEULEMENT les tiens, » j’avais souri.

« Tu oses faire une menace aussi dangereuse à un Dieu comme moi ? » m’interroge-t-il.

« Bien sûr, pourquoi pas ? » J’avais haussé les épaules comme si ce n’était rien. « Mais pour que les choses soient claires, » j’avais levé le doigt vers le haut. « Je ne te déteste pas, je ne t’en veux pas en général, mais maintenant, si tu étais en feu, et que j’avais de l’eau, je la boirais volontiers, » je lui avais montré un sourire calme.

Il avait cligné des yeux.

Oh ! Je l’atteins ! J’avais souri.

« Bien ! Dis-moi ce que tu veux, Donjon ! » dit-il, demandant enfin.

« Je veux que tu me laisses guérir Zoreya, » j’avais déclaré cela.

« Je ne peux pas te laisser faire ça. » Il secoua la tête.

« Pourquoi !? » J’avais demandé cela, surpris.

« Elle est toujours apôtre jusqu’à ce que la dernière goutte de mon énergie divine quitte son corps, ce qui sera dans une minute ou deux. Pour une humaine, je dois dire qu’elle est assez résistante… Soupir, quel dommage ! » il secoua la tête.

« Ne le laisse pas faire ! Tu es un dieu, n’est-ce pas !? Change les lois pour ce truc d’apôtres ! Fais d’elle une exception ! N’importe quoi ! » Je l’avais pointé du doigt et j’avais exigé cela.

« Je ne peux pas ! Je ne suis pas tout puissant ! C’est le travail d’un autre Dieu ! » avait-il déclaré.

« Alors tu es inutile !? Melkuth, excuse-toi immédiatement auprès de l’arbre qui produit de l’oxygène pour que tu puisses respirer ! » J’avais rétorqué cela.

« Surveille ta langue, Donjon ! Je suis toujours un puissant dieu de la guerre ! Je peux faire… des trucs, » il baissa le regard « Mais cela ne sauva pas mon propre Apôtre d’une mort certaine… » il poussa un autre soupir.

Je n’arrive pas à le croire… J’avais pensé cela.

J’avais envie de déchirer cette planète !

C’était quoi cette situation ? Cette chose absurde dans laquelle un Dieu ne pourrait même pas faire quelque chose comme guérir son propre Apôtre ? Qui avait fait ces lois ? Pourquoi ?

J’avais envie de crier, de gémir et de me plaindre, mais rien de tout cela n’aurait aidé, alors j’avais pris une grande respiration et lui avais demandé calmement.

« Pourquoi ? »

« Quand les dieux font leurs apôtres, ils utilisent les lois de la création pour le faire. Selon eux, il s’agit d’une relation de “concessions mutuelles”. Je lui offre pouvoir, autorité et immortalité. Elle m’offre une foi parfaite, l’amour seulement pour moi, et l’obéissance complète à mes ordres, » il m’avait ensuite regardé. « Quand un Apôtre échoue aux conditions implicites fixées par les Lois de la Création, son pouvoir lui est retiré, et elle sera à nouveau considérée comme un mortel normale. »

« Mais elle n’a pas échoué…, » j’avais essayé de le réprimander avec cela.

« Elle l’a fait, imbécile !, » il m’avait regardé fixement.

***

Partie 3

« Hein ? Quoi ? » Je l’avais regardé en étant confus.

C’était nouveau pour moi, ou cela m’était complètement sorti de l’esprit. C’était l’un des deux.

« Elle n’a pas écouté mes ordres quand je lui ai dit de ne pas te poursuivre et de te tuer. Elle ne m’aime pas seulement, elle t’aime aussi ! Et pour empirer les choses, tu es un DONJON ! » il m’avait pointé du doigt tout en me regardant d’un air furieux.

J’avais dégluti.

« Eh bien… alors…, » j’avais regardé Zoreya au sol.

Je connaissais cette dernière partie… et je sais que je ne veux pas non plus la lâcher… Je me demande si je peux encore la sauver si je fais cette seule chose pour laquelle Nanya va me tuer. Soupir, je suppose qu’elle sera la quatrième ? pourrai-je répondre honnêtement à son amour ? Non, ce n’est pas le moment de me poser une question aussi stupide ! Je vais le faire ! J’avais hoché la tête et j’avais regardé droit dans les yeux de ce type.

Ma décision était prise.

« Quoi ? » demanda-t-il, surpris.

« Modifie tes conditions, » j’avais exigé cela.

« Comme je l’ai dit, je ne peux pas ! Elles sont gravées dans la pierre au moment même où j’ai fait le PREMIER Apôtre ! » cria-t-il en colère.

Pendant un instant, j’avais eu l’impression que le monde en entier tremblait. Ce type commençait à montrer un peu de son vrai pouvoir, et c’était beaucoup. Sa fureur était réelle. Il n’y avait plus de place pour les blagues et les insultes dans notre conversation.

« Je comprends…, » j’avais hoché la tête.

« Alors, laisse-moi être… Ce n’est pas facile pour moi non plus de perdre un apôtre comme elle…, » il poussa un soupir triste en regardant Zoreya.

Quelque chose avait tremblé en moi.

« Je ne te la donne pas, » j’avais déclaré cela.

« Elle était à moi au début, » il m’avait regardé fixement.

« Je m’en fiche. Elle m’aime, et toi, c’est seulement comme un dieu ! Trouve donc la vérité ! Ces deux-là sont différents ! » lui avais-je crié dessus.

« Non ! Pour moi, c’est la même chose ! » rétorqua-t-il.

« T’es un idiot !? Va demander au Dieu d’Amour, et il te le dira ! » J’avais montré du doigt le ciel.

« Nous avons une déesse ici, pas un Dieu, et encore… Je suis un Dieu ! Pourquoi devrais-je t’écouter, toi, un Donjon !? » il avait gonflé sa poitrine.

« Parce que je peux détruire tes temples et faire de ta religion une mauvaise blague ? » J’avais répondu en plissant les sourcils.

« Tu ne peux pas, » il m’avait regardé dans les yeux.

« Essaye donc, » avais-je rétorqué.

« Argh…, » Zoreya avait poussé un gémissement faible qui avait attiré notre attention.

Crachant du sang, son souffle tremblait, et il était clair que même avec son incroyable endurance, elle n’aurait plus beaucoup de temps à vivre.

« Elle est mourante, Melkuth… Alors s’il te plaît, arrête de t’entêter et aide-nous, » l’avais-je supplié.

« Comme je l’ai dit… Ce n’est pas si facile… Les Lois de la Création sont quelque chose que tout le Panthéon des Dieux a accepté. Les nier ou les modifier reviendrait à remettre en question ou à douter de l’existence même de chacun d’entre nous. Je ne peux pas faire ça. Je n’ai pas ce genre de pouvoir, et pas même ton dieu ne l’a, » il avait gémit et secoua la tête.

Il était clair que même lui était agacé par cette situation. Quant au dieu dit, je ne l’avais pas encore rencontré. C’est drôle que j’aie rencontré le Dieu de la guerre avant le mien.

« Alors… Tu as dit que les apôtres sont liés par des conditions, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé.

« Oui. » Il acquiesça d’un signe de tête.

« Ne peux-tu pas les changer, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Non, » répondit-il.

« Alors… peux-tu faire quelque chose comme un Grand Apôtre et leur donner de nouvelles conditions, tout en ajoutant une qui les rend, tu sais, de niveau supérieur à la condition d’un Apôtre normal ? » J’avais demandé cela en espérant qu’il y avait encore une mince chance de la sauver.

« Hm… » il se frotta le menton et eut l’air d’y penser sérieusement.

« Eh bien ? » lui avais-je demandé.

« Tu sais… ça pourrait marcher. Ça ne va pas à l’encontre des règles, mais… ugh… Je devrais lui donner plus de pouvoir et de conditions… et…, » il se frottait les tempes.

« Alors, qu’est-ce que tu penses de ça ? » J’avais souri et je l’avais regardé dans les yeux.

« Quoi ? » demanda-t-il.

« La condition d’élévation de niveau de l’apôtre normal est la suivante : Soyez capable d’aimer votre dieu, Melkuth, en tant que dieu, tout en gardant un amour romantique pour un autre même s’il s’agit d’un donjon. Cependant, cet amour doit être vrai, et Melkuth en sera le juge. En tant que Grand Apôtre, il assume le rôle de votre serviteur mortel le plus digne de confiance et combattra en votre nom. Vous leur accorderez le pouvoir que vous désirez et vous leur permettrez d’avoir une famille tant que cette famille les soutient. En même temps, ce ne sera pas la faute du Grand Apôtre si leur amant ou leur famille a essayé d’aller contre eux, mais tant que le Grand Apôtre est prêt à obéir à vos ordres, il conservera son statut. Qu’est-ce que t’en penses ? » J’avais demandé cela en me grattant l’arrière de la tête.

« Hm… Ça a l’air bien, bien que je ne mettrais pas certaines de ces choses comme ça. Hm, mais la condition que tu as mentionnée… cela signifierait que tu deviendrais la famille de Zoreya, mais que tu n’as pas de nom de famille. Hm…, » il se frotta le menton en me regardant.

J’avais senti un refroidissement soudain me couler le long de la colonne vertébrale.

« Quoi ? Pourquoi ai-je un mauvais pressentiment ? » lui avais-je demandé.

Il souriait.

« À quoi penses-tu ? » Je lui avais demandé cela en plissant mes yeux.

« Je ferai de Zoreya mon tout premier Grand Apôtre seulement SI tu es d’accord sur la condition suivante, » déclara-t-il.

« Quelle condition ? » demandai-je.

« Tu feras de moi aussi ton Dieu, et en retour je t’accorderai Zoreya comme épouse, un nom de famille, et la possibilité de me servir ! » dit-il en riant.

« Retire la dernière partie, et c’est un marché, » j’ai hoché la tête.

Je gagnerai plus que je ne perdrais, et peu importe le genre de nom de famille que je recevrai. J’avais réfléchi en examinant attentivement les deux côtés.

J’aurais dû en apprendre un peu plus sur cette dernière partie…

« Très bien ! Maintenant, donne-moi un moment, je dois me concentrer…, » il bégayait et me regardait. « Tu n’as rien entendu. »

« Oui, je n’ai rien entendu, » j’avais hoché la tête.

Il m’avait regardé dans les yeux.

« Zoreya est en train de mourir, tu sais… depuis un moment maintenant. Alors, hop hop hop ! Vas-y avec les trucs pieux et fais d’elle un Grand Apôtre, » je l’avais donc pressé.

« Quel culot ! Je suis le Dieu de la guerre, tu sais ? » dit-il.

« Comme si ça m’intéressait !? Zoreya est plus importante ! » avais-je déclaré.

« Argh… toi… toi…, » il poussa un soupir et abandonna la querelle.

Yay! J’ai gagné ! avais-je pensé de façon enfantine.

Quoi que Melkuth ait fait, il l’avait fait vite. En un clin d’œil, Zoreya avait été couverte d’une lumière blanche et brillante, et il avait l’air à court d’énergie, haletant et transpirant comme un fou.

« Est-ce que ça va ? Qu’est-ce… qu’est-ce qui vient de se passer ? » J’avais demandé cela, surpris.

« Je l’ai fait… Elle est… Elle est le tout premier Grand Apôtre de Melkuth, le Dieu de la guerre… et je suis sérieusement à court d’énergie. Mais avant de partir, je vais te dire ceci. Je t’accepte comme mari de Zoreya. Si tu l’acceptes sans la beauté de sa version jeune, tu réussis. Si tu ne le fais pas, ça veut dire que tu en avais juste après son corps. Ainsi, Zoreya mourra. En même temps, puisque tu as accepté la condition que je t’ai demandée, je te dirai ton… houff… houff… houff… ton nom de famille dès maintenant ! » dit-il, puis il haleta pour prendre l’air.

Jusqu’à présent, j’avais compris ce qu’il avait dit, mais je ne comprenais pas pourquoi il était si épuisé. Ces Lois de la Création avaient dû être assez difficiles à utiliser dans l’ensemble. Même ainsi, j’étais sur le point d’être baptisé par le Dieu de la guerre lui-même, alors je me tenais droit devant lui et le regardais d’un air sérieux.

« Moi, Melkuth, je te donne le nom de Deus ! Dorénavant, tu serais connu sous le nom d’Illsyore Deus, le Seigneur du Donjon qui suit Melkuth, le Dieu de la guerre ! Et moi, Melkuth, le Dieu de la guerre, je vous reconnais, toi et ta famille, comme mes fidèles adorateurs et disciples et je vous accorde toute la protection, les bénédictions et les droits qui en découlent ! » dit-il alors qu’une lumière blanche m’enveloppa.

En un instant, j’avais compris que quelque chose en moi avait changé. Le nom de famille offert par un dieu… était aussi un peu ironique.

[Nom de famille reçu : Deus]

[Allégeance ajoutée : Melkuth le dieu de la guerre]

« Deus, vraiment ? Combien de quarts de seconde t’a-t-il fallu pour y penser ? » J’avais demandé ça en me moquant.

« Deux et demi, mais tais-toi et sois content que je ne t’aie pas nommé quelque chose de plus ridicule comme… Boobylichious ! J’aurais pu, mais je dois aussi penser à l’avenir de mon Grand Apôtre. Je ne peux pas l’appeler comme ça ! Et si je visais vraiment quelque chose de ridicule, pourquoi pas Puppy ou Kitty ? Illsyore Lil'Kitty a l’air merveilleux, n’est-ce pas ? » sourit-il.

Ce bâtard… Je le regardais fixement.

« Bref, j’ai fait tout ce que j’ai pu ! Sauve maintenant ma précieuse Grande Apôtre et ne me fais pas regretter d’avoir fait tout cela pour toi ! » il m’avait pointé du doigt.

Je hochai la tête et tournai mon regard vers elle.

La jeune et belle silhouette de Zoreya s’était transformée en une vieille dame ridée et estropiée. Elle était âgée à un point que je pouvais à peine la reconnaître, mais elle était toujours la femme qui lui avait tout donné pour me sauver.

« C’est à ça que ressemble une croisée centenaire, hein ? » J’avais souri et j’avais caressé doucement ses cheveux. « Zoreya ? » J’avais essayé de la réveiller.

« Laisse-moi faire quelque chose à ce sujet…, » déclara le dieu et lui toucha le front.

« Je croyais que tu ne pouvais pas t’en mêler ? » demandais-je en plissant les sourcils.

« Avec les Apôtres, pas tant que ça… Avec elle ? Je peux faire beaucoup plus, » sourit-il.

« Si tu fais quelque chose de pervers…, » je l’avais regardé fixement.

« Calme-toi, tu me prends pour qui ? Un vieil idiot sénile ? » rétorqua-t-il.

« Argh… Illsy ? » dit-elle et elle me regarda avec à peine de la force vitale dans les yeux.

Le ton de sa voix était celui d’une vieille dame. Son sourire était faible et ridé en raison de son âge.

« Je suis ici…, » déclarai-je.

« Tu as donc gagné… Je suis heureuse, » sourit-elle.

Melkuth tenait encore un doigt sur son front, mais il ne semblait pas qu’elle était consciente de sa présence. C’était peut-être l’effet secondaire de ce qu’il faisait ? Ou peut-être que cela avait quelque chose à voir avec ma capacité initiale de [Perception divine], qui m’avait permis de communiquer et de voir les Dieux ?

« Zoreya, j’ai déjà reçu la permission de ton dieu, alors je voulais te demander quelque chose, » je lui avais fait un sourire.

« De Melkuth ? Que veux-tu demander à cette vieille dame ? Il ne me reste plus beaucoup de temps, je le sens…, » elle leva les yeux vers le ciel, bien que son regard traverse en quelque sorte le front de Melkuth.

« Je voudrais savoir si cette vieille dame veut être l’épouse de ce Donjon. Veux-tu m’épouser, Zoreya ? » lui avais-je demandé.

« Quoi ? » Elle avait l’air un peu surprise, les larmes coulaient dans ses yeux. « Mais… Je suis vieille maintenant… Je n’ai plus beaucoup de temps, » dit-elle avec des lèvres tremblantes.

« Quel âge a une belle âme comme la tienne ? » Je lui avais demandé cela en me penchant et je lui avais donné un doux baiser sur les lèvres.

Ce maudit dieu vient d’essayer de m’arrêter, n’est-ce pas ? Je m’étais dit cela alors que je sentais clairement son autre main me tirer par les cheveux.

C’était un dieu jaloux, mais ça ne m’avait pas arrêté.

« Illsy… si tu es d’accord avec moi… et si même Melkuth a dit oui, alors… Ça ne me dérange pas d’être ta femme, Illsy, » déclara-t-elle.

[Le Grand Apôtre de Melkuth Zoreya Alttoros est maintenant votre femme.]

« Détends-toi, mon amour. Je te sauverai…, » avais-je dit, puis j’avais posé ma main sur sa joue. « Absorption sans armure. » Avais-je dit.

À ce moment-là, elle avait disparu, ne laissant que cette armure endommagée derrière elle. J’allais la récupérer plus tard, mais pour l’instant, je devais retourner dans mon Esprit Intérieur et utiliser au mieux mes capacités de guérison pour la sauver. Cela allait être un exploit facile pour moi maintenant qu’il n’y avait plus d’énergie divine ennuyeuse qui me bloquait.

« Le nom était-il vraiment nécessaire ? » lui avais-je demandé.

« Oui… Les Lois de la Création l’exigeaient au moins pour que tu puisses interférer avec son corps et la guérir ou… ugh… l’imprégner, » il avait dit le dernier mot comme si c’était du poison pour lui.

« Oh, c’est vrai ? Bon à savoir sur cette dernière partie ! Je pensais à des jumeaux ! » J’avais souri. Parfois, c’était si bon de tenir un bon couteau dans la main et d’utiliser sa lame tranchante trempée dans le sel pour remuer la blessure de l’ennemi. « Bref, je m’en vais maintenant. Merci, Melkuth ! Malgré tout ce que j’ai dit, je te remercie du fond du cœur de m’avoir laissé sauver Zoreya ! » J’avais déclaré cela et je m’étais incliné jusqu’à la taille devant lui.

« Ce… Je ne m’y attendais pas. Soupir… Traite-la bien, Donjon. Je veillerai sur vous à partir de maintenant, » déclare-t-il, puis il avait lentement disparu.

« Je vais le faire, » j’avais hoché la tête.

Il était temps de retourner à mon esprit intérieur et de sauver ma quatrième femme. Nanya allait me tuer après ça.

[Retour dans le bureau de Melkuth]

« Tu vois ! Ce n’était pas si mal ! » déclara le vieux pervers sénile.

« Mauvais ? C’était horrible ! Aucun mortel n’avait même osé me parler aussi irrespectueusement ! Il a même osé me menacer ! Moi, le Dieu de la guerre ! » cria Melkuth en se montrant du doigt.

« C’est un Donjon et il n’est pas non plus normal. » L’idiot sénile haussa les épaules avec indifférence.

« Quand je pense au fait que je viens de lui donner mon apôtre suprême… J’ai envie de pleurer des larmes de sang ! » avait-il déclaré.

« Tu le fais déjà… Tu veux un mouchoir ? » il s’enflamma et lui offrit une boîte.

« Ferme-la…, » le dieu de la guerre grogna en essuyant ses larmes, rendant le tissu blanc rouge.

« Mais, tu es le premier Dieu à faire un Apôtre Supérieur ! C’était certainement un coup de génie ! » le vieil homme acquiesça d’un signe de tête approbateur.

« Je sais, mais… J’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose. » Il inclina la tête vers la gauche.

« Tu n’as pas oublié d’offrir la jeunesse de Zoreya ? » demanda-t-il.

« Ah, maudits pigeons sur un bâton ! J’avais complètement oublié ce détail ! » le Dieu de la guerre s’était frappé le visage avec sa paume.

« Ajoute la condition maintenant. » L’autre dieu lui montra un sourire ironique.

« Je vais… Mais elle doit d’abord quitter son esprit intérieur. Ah ~ quelle gaffe de mon côté…, » le dieu de la guerre soupira et regarda en bas le corps d’Illsyore, qui restait coincé à genoux devant les restes brisés de l’armure de Zoreya.

***

Chapitre 84 : Dans l’étreinte « mortelle » de mes femmes

Dès que j’étais retourné dans mon Esprit Intérieur, je m’étais rapidement dirigé vers Zoreya. Elle était en sursis, et je devais la guérir rapidement. Eh bien, puisqu’elle était ici maintenant, je pouvais aussi prendre la liberté de guérir et d’améliorer son corps de la façon qui me plaisait. J’avais fait la même chose avec tout le monde, alors pourquoi pas avec elle ? En plus, elles avaient toutes profité du fait que j’avais réparé leurs canaux de mana.

« Zoreya…, » avais-je dit en la regardant.

C’était la deuxième fois que je la voyais sans son armure. La première fois, c’était à l’époque, quand j’étais tombé sur elle en train de se baigner dans le lac. C’était certainement un moment palpitant, et sa jeune silhouette était certainement divine. Dommage qu’elle ait dû le cacher sous son armure épaisse. Bien sûr, maintenant, elle n’avait pas l’air différente d’une grand-mère ridée vieille de 100 ans.

« Alors, allons-y ! » J’avais dit cela avec un sourire quand j’avais tendu les bras.

En pétrissant le mana dans son corps, j’avais commencé mon travail en scannant d’abord tout son corps afin de trouver tous les tissus endommagés. J’avais découvert des brûlures au troisième degré sur l’épaule et le côté, d’innombrables contusions sur tout le corps et de multiples traumatismes aux organes internes. Malgré la gravité et la quantité ridicule de sang perdu, il n’y avait rien que je ne pouvais pas traiter et réparer avec ma magie. Un médecin moderne, par contre, aurait eu besoin d’une équipe entière de spécialistes pour la soigner, mais même là, il n’aurait pu lui offrir que de faibles chances de survie.

Grâce aux compétences que j’avais acquises en construisant ce corps, j’avais méticuleusement guéri les blessures de Zoreya et éliminé tout agent pathogène potentiel que j’avais découvert en cours de route. Les maladies étaient quelque chose contre lesquelles l’espèce humaine était la plus vulnérable, et même dans ce genre de monde, cela restait un fait incontesté.

Quant à savoir combien de temps tout ce processus m’avait pris, je n’en avais aucune idée parce que j’étais trop concentré sur la réparation du corps de ma nouvelle femme. Pendant l’opération, j’avais été reconnaissant de la façon dont Les Ténèbres m’avaient forcé à apprendre cette compétence. Sans lui, j’aurais très probablement fini avec un corps humanoïde normal bien en dessous de mon corps actuel en termes de capacités. Laissant ce côté psychopathe et mégalomane de son côté, il était un enseignant plutôt décent.

À la fin de l’opération, Zoreya n’avait même pas une égratignure sur elle, mais elle ressemblait toujours à une vieille prune ridée. Cette image nue d’elle ne m’excitait pas du tout… J’avais donc commencé à corriger son apparence actuelle en remontant le temps sur son corps.

La théorie derrière le vieillissement inversé était simple. L’ADN de l’espèce humaine contenait certaines séquences génétiques qui prédéterminaient l’âge maximum de l’organisme ainsi que le moment où la détérioration cellulaire rapide commençait. Fondamentalement, l’information génétique était codée de telle manière qu’elle décrivait la façon dont le corps humain était censé mourir naturellement. Aussi intelligente que puisse être une espèce, c’est finalement Dame Nature qui avait déterminé à la fois le processus d’évolution et la mort de tous les organismes qu’elle avait créés.

À l’époque où je vivais encore sur Terre, j’avais lu une fois que les scientifiques du monde entier luttaient pour trouver un moyen de repousser les limites de la reproduction cellulaire et qu’ils n’essayaient pas de trouver ces séquences d’ADN qui décrivaient le processus du vieillissement lui-même.

Grâce au pétrissage du mana, j’avais pu « réinitialiser » l’âge génétique de Zoreya à la vingtaine. J’avais ensuite permis à ses cellules de se réorganiser et de se régénérer correctement. Le résultat final avait été un processus de vieillissement inversé qui s’était déroulé sous mes yeux. C’était de la science-fiction.

Une fois tout cela terminé, j’avais pu perversement… euh… admirer professionnellement sa forme nue et sa poitrine séduisante. C’était quelqu’un qui avait beaucoup à offrir dans ce domaine, et ce, sans que je change quoi que ce soit à sa beauté naturelle.

Bien sûr, lorsque j’avais « réinitialisé » son âge génétique, j’avais aussi supprimé la limite de 108 ans. Si elle avait vécu sans la protection divine éternelle de jeunesse de Melkuth, elle serait morte naturellement à cet âge d’une défaillance de plusieurs organes. En même temps, j’avais également fait en sorte qu’elle ne vieillisse plus ou qu’elle n’ait plus une limite similaire. Il en était résulté certaines séquences génétiques pour activer et augmenter sa production de cellules souches, ce qui lui assurait une immortalité naturelle.

En regardant ce phénomène d’un peu plus près, j’avais compris que si ces gènes ne s’activaient pas correctement, cela aurait entraîné l’apparition d’un cancer. En d’autres termes, cette maladie pouvait avoir été la façon de la nature d’aviser les humains qu’elle cherchait un moyen de leur accorder une vie plus longue. Le fait que c’était un enfer pour ceux qui en souffraient ne semblait pas trop déranger la Mère Nature… Essai et erreur comme il avait été dit.

Les problèmes de santé de Zoreya étant réglés, il était temps de travailler sur ses canaux de mana. De façon inattendue, j’avais constaté que beaucoup d’entre eux étaient dans un état détérioré. À en juger par cela, il était fort probable qu’elle se poussait très fort afin de lancer de la magie de toute sorte. Cela n’aurait pas été une surprise si, durant sa jeunesse, l’acte de faire circuler le mana dans son corps lui avait fait ressentir un certain niveau d’inconfort ou de douleur. En même temps, c’était miraculeux comment l’énergie divine semblait couler si naturellement à travers elle, mais cette partie n’était qu’une supposition basée sur le fait qu’elle était une Apôtre parce que je n’avais aucune idée comment la détecter… pour le moment.

« Arrangeons ça aussi…, » avais-je dit en étirant les bras de nouveau avant de travailler sur la réparation de ses canaux de mana, lui donnant la possibilité de lancer n’importe quel type de magie beaucoup plus facilement qu’auparavant et à un coût moindre.

Je n’allais pas permettre à l’une de mes femmes de souffrir à cause de quelque chose d’aussi facile à réparer que ça.

Après avoir terminé ce processus, j’avais fait une triple vérification pour m’assurer qu’il n’y avait aucune anomalie dans son système, aucune malédiction, aucune maladie, aucune blessure sans surveillance, et que tout fonctionnait parfaitement.

Avec un soupir de soulagement, j’avais finalement donné l’ordre de libérer Zoreya de sa stase.

« Argh…, » gémit-elle en ouvrant lentement les yeux.

« Bonjour, ma belle ! » Je l’avais accueillie avec le sourire.

« Illsyore ? Comment ? Où ça ? » demanda-t-elle, confuse, puis elle regarda autour d’elle et se retrouva nue.

Son visage était devenu rouge. Et elle s’était évanouie…

« Euh…, » j’avais cligné des yeux, surpris.

Après un autre moment, je l’avais réveillée à nouveau.

« Zoreya ? Te sens-tu bien ? Quelque chose ne va pas ou n’est pas à sa place ? » lui avais-je demandé.

Elle rougissait encore fortement et couvrait sa poitrine et ses parties intimes de ses mains. Ses yeux avaient regardé autour d’elle frénétiquement et puis… elle s’était évanouie à nouveau.

« OK… Maintenant, je suis inquiet, » avais-je dit, puis j’avais rapidement analysé et scanné son corps à nouveau, mais je ne pouvais pas dire ce qui n’allait pas chez elle.

Tout semblait en ordre. D’un point de vue biologique, son évanouissement était le résultat d’une hyperactivité cardiaque et cérébrale, mais cela devrait être faux…

« J’ai foiré quelque chose en elle ? ARGH ! Je ne comprends pas ! » J’avais crié et je m’étais gratté l’arrière de la tête.

Tout d’un coup, je m’étais souvenu de mes autres femmes.

« Oui, elles auront peut-être une idée ! » J’avais réfléchi à cela et je m’étais précipité vers elles.

Les femmes étaient rassemblées en cercle et jouaient à un jeu ou quelque chose comme ça. Je ne pouvais pas le dire.

« Bonjour ! » J’avais annoncé ma présence.

« Oh ~ regardez qui est de retour après plusieurs jours d’absence ! Un fantôme… Un fantôme bientôt mort. » Nanya grogna en regardant en bas et en faisant craquer ses jointures.

J’avais dégluti.

« Euh… Pardon ? J’étais en plein milieu d’une opération ? » Je lui avais montré un sourire ironique.

« En effet, un fantôme. Je le retiendrai et tu pourras lui arracher les membres, Shanteya. » Ayuseya l’avait suggéré avec un rire doux et gentil qui m’avait donné des frissons dans la colonne vertébrale.

« Je le ferai, et Tamara pourra lui mordre la jambe. » Shanteya gloussa de la même manière.

« Euh…, » j’avais reculé lentement tandis que les quatre femmes s’approchaient de moi avec des sourires sinistres sur leurs visages.

Combien de temps suis-je parti, et pourquoi ont-elles l’air de vouloir me tuer !? J’avais pensé à cela en essayant désespérément de trouver un moyen de sortir de ma situation difficile actuelle.

« Illsy…, » Nanya avait dit cela quand elle était à un pas de moi.

La démone leva la tête, et je vis deux rivières de larmes couler sur ses joues.

« Hic ! Illsy ! C’est vraiment toi ? Pas Les Ténèbres, hein ? Juste Illsy, c’est ça ? Hic ! » demanda-t-elle en tremblant légèrement.

« Oui… Pas Les Ténèbres… Elles sont parties…, » j’avais répondu doucement.

« UWAAA !! » elle avait pleuré et avait sauté dans mes bras.

« Illsy ! » Ayuseya m’avait aussi enlacé.

« Maître ! » Tamara avait serré mon bras droit dans ses bras.

« Mon amour…, » Shanteya m’avait serré dans ses bras par-derrière.

Toutes pleuraient et me couvraient de larmes et de morve, ce qui était dégoûtant.

« Voilà. Là-bas… Je suis de retour…, » j’avais essayé de les calmer.

Après tout ce qu’elles avaient traversé, je ne pouvais pas leur en vouloir d’être frustrées et heureuses en même temps. Je m’étais transformé en monstre déchaîné, et je ne m’étais pas précipité tout de suite pour leur faire savoir que j’allais bien. Donc, en d’autres termes, je n’avais aucune excuse pour les avoir laissées seules.

« Je suis désolé, c’était ma faute. » Je leur avais dit cela avec un regard montrant clairement que je m’excusais.

Elles n’avaient rien dit en réponse, elles n’arrêtaient pas de me serrer dans leurs bras et de pleurer, alors je les avais laissées faire ce qu’elles voulaient. Je n’avais ni le droit ni la volonté de les repousser. D’ailleurs, quel homme sain d’esprit ferait une chose pareille quand il est serré dans ses bras par quatre jolies filles comme elles… enfin, trois et une chatte ?

[Point de vue de Nanya]

Il y a longtemps, ma mère m’a dit que les femmes démons, en particulier celles de la race des Reines Démons, étaient très possessives de leurs compagnons et beaucoup attachée à eux. Pour cette raison, leurs émotions allaient fluctuer plus fortement que celles d’une démone enceinte ordinaire. C’était notre façon d’affirmer notre domination sur nos compagnons et de leur montrer notre amour. C’était instinctif, donc la plupart du temps, ça nous prenait même par surprise.

Heureusement, ce n’était pas incontrôlable pour moi, qui n’étais qu’une demi-démone. Mon autre moitié était un peu plus logique et rigide, capable de contrôler mes émotions, mais il y avait des moments où elles me prenaient par surprise, et je ne pouvais rien y faire.

Ce fut le cas quand j’avais vu Illsy voler près de nous et qu’il ne s’était pas arrêté pour nous étreindre ou nous embrasser. Je savais qu’il avait gagné le combat, mais la longue attente pour son retour me tuait.

« Où est-il ? Je veux qu’il revienne… Où est-il ? Où est-il ? » J’avais continué à murmurer à maintes reprises, alors que des heures passaient tout simplement à côté de moi.

Shanteya et Ayuseya avaient essayé de me calmer, mais j’étais une cause perdue parce que mon désir de le voir n’était pas de la douleur… c’était de l’égoïsme pur. J’étais une démone qui n’arrêtait pas de pleurer et de crier après son mari, et je me fichais de savoir à quel point les autres me disaient que je devais être patiente.

Puis, presque deux jours plus tard, il était réapparu devant nous, et comme la femme stupide que j’étais, au lieu de le saluer avec un sourire, j’avais fait craquer mes jointures. Les autres s’étaient jointes à moi avec quelques remarques plutôt froides. Peut-être que nous nous étions toutes senties frustrées parce que nous n’avions pas pu le voir pendant si longtemps, mais tous nos mots n’étaient que des blagues. Nos vraies émotions avaient été révélées immédiatement après.

J’avais fondu en larmes et je l’avais serré dans mes bras aussi forts que j’avais pu. Il m’avait manqué, mon stupide mari m’avait manqué !

Aurais-je pu être un peu plus raffinée que ça ? Oui, absolument ! Est-ce que je le voulais ? Certainement pas !

J’avais tous les droits d’être vu comme ça par l’homme que j’aimais ! J’avais tous les droits au monde de m’inquiéter et d’être heureuse de voir le compagnon que j’avais réclamé soit sain et sauf ! Étais-je différente de toutes mes autres amies qui étaient en train de s’étreindre et de pleurer aussi ? Certainement pas… Nous ne l’avions peut-être pas toutes montré, mais notre inquiétude et notre peur d’être laissées seules étaient réelles et douloureuses, même si elles pouvaient l’être.

Illsy était un simple imbécile qui n’aurait jamais su ou compris à quel point il nous causait des ennuis et des bouleversements émotionnels, mais il en valait la peine jusqu’à la dernière goutte. Cet idiot de mari était l’homme que nous aimions et à qui nous avions décidé de tout donner…

« Illsy ? » lui avais-je dit en le regardant avec les larmes aux yeux.

« Oui ? » demanda-t-il avec un doux sourire.

« Ça fait trop longtemps imbécile…, » j’avais souri.

« Cet idiot s’excuse ! » il s’était mis à rire et m’avait embrassé.

Ses lèvres étaient douces et tendres, me souhaitant la bienvenue après une si longue absence. Je n’avais tout simplement pas pu lui résister.

« Illsy ? » Shanteya avait demandé après la fin de notre baiser.

« Oui ? » il se retourna vers elle.

« J’en veux un aussi…, » elle l’embrassa, mais la sienne était un peu plus dure.

Cette femme avait réussi à m’ennuyer un peu.

Quand c’était fini, Ayuseya lui avait volé son baiser sans même lui faire un clin d’œil ou dire un mot.

« Idiot de mari…, » je m’étais murmuré ça à moi-même.

J’en veux plus… J’avais pensé cela égoïstement.

« Maître ? » demanda Tamara en le regardant avec ses adorables yeux de chaton.

« Euh… oui ? » répondit-il.

« J’ai faim… Je veux du poisson, » demanda-t-elle.

Tous les quatre, nous avions soupiré de soulagement.

J’ai cru qu’elle allait lui sauter dessus et l’embrasser aussi… Non, Illsy ne voit pas Tamara comme ça ! Il aurait été idiot de penser qu’après tout cela, le harem d’Illsy aurait été composé de plus que moi, Shanteya, et Ayuseya… Attends, pourquoi ai-je un mauvais pressentiment ? J’avais pensé cela et ensuite j’avais plissé les yeux vers notre mari.

« Illsy ? Qu’est-ce que tu as fait ? » lui avais-je demandé.

L’intuition de femme me titillait.

« Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » répondit-il confus.

« J’ai l’impression que tu me caches quelque chose… de nous… Qu’est-ce que c’est ? » J’avais demandé cela et je lui avais pincé la joue.

« Ow! Ow! Ow! » dit-il.

« C’est vrai… J’ai aussi l’impression que tu as regardé une autre femme…, » dit Shanteya en lui pinçant l’autre joue.

« Owie ! C’est douloureux ! » se plaignait-il.

« Dis-nous la vérité, maintenant ! » avais-je ordonné et j’avais lâché sa joue.

« Aïe… OK ! J’ai aussi fait de Zoreya mon épouse…, » dit-il.

« Hm, je me demande pourquoi je ne suis pas surprise ? » demanda Ayuseya et haussa les épaules.

« Parce que c’est Illsy, » j’avais poussé un soupir.

« Oui, parce que c’est Illsy, » Shanteya hocha la tête.

« Je suis désolé d’être moi ! » Il s’était excusé.

« Pas besoin de…, » Ayuseya avait poussé un soupir.

« Peut-on même considérer cela comme une infidélité de sa part ? » demanda Shanteya.

« Je ne sais pas, mais avec ce… Je suppose que le nombre de rivales a augmenté d’un, » je m’étais grattée l’arrière de la tête.

« On va devoir reprogrammer nos moments privés avec Illsy, » Ayuseya avait fait cette remarque.

« C’est la nouvelle, il va falloir qu’on lui montre nos méthodes. Combien de temps va-t-elle tenir contre Illsy, je me demande ? » m’étais-je demandé.

« Si elle n’est pas assez bonne, on va l’entraîner ! » Shanteya annonça cela.

« Oui, je suis d’accord ! » Ayuseya répliqua.

« Cette conversation a pris une tournure très effrayante… peut-on arrêter maintenant ? » demanda Illsy.

« Non. Reste là et souffre, idiot de mari ! » Je l’avais regardé fixement.

« Avec vous toutes qui me serrez dans vos bras et pressez vos corps tentants contre moi comme ça, c’est difficile de souffrir, » rétorqua-t-il.

« Alors, satisfais-nous ! Ça fait très longtemps que tu ne nous as pas accueillis dans ton lit. Un baiser ne suffira pas, on en veut plus, » lui déclara Shanteya.

« Euh…, » il la regarda, mais ne dit rien.

« Tamara ne veut pas de baiser. Tamara a déjà embrassé le Maître, pas si spécial que ça… Tamara aime plus les poissons, » La Nekatare avait lâché une bombe sur nous.

« Hm ? Alors tu as même posé les mains sur la petite Tamara ? » Ayuseya lui avait fait son sourire froid.

« Quoi !?? Non ! C’était sur un coup de tête, et c’est elle qui m’a embrassé ! » rétorqua-t-il.

Ah… oui… il a même embrassé Tamara… Ce mari idiot… si je ne fais rien bientôt, je vais perdre mon poste ici. Je serai juste « une autre femme ». Je ne peux pas laisser ça arriver, je suis une démone ! Je dois faire mien Illsy ! Le mien ! À MOI ! avais-je pensé alors que mes émotions devenaient rapidement incontrôlables.

« Illsy, » avais-je dit et je l’avais regardé dans les yeux.

« Oui ? » demanda-t-il en transpirant à grosses gouttes.

« Emmène-nous dehors, maintenant. Donne son poisson à Tamara et dis-lui de le manger loin de nous. Fais-nous un grand lit et tu ne t’arrêteras pas si je ne te le dis pas ! » lui avais-je ordonné.

« Quoi !? » cligna-t-il des yeux, surpris.

« Nanya ? » Shanteya avait demandé quelque chose.

« Grrr ! Ne m’oblige pas à me répéter. Toi, moi, au lit, maintenant ! » J’avais froncé les sourcils.

Il avait dégluti.

« Oui, » il acquiesça d’un signe de tête.

« Ça fait un moment, mais…, » Ayuseya avait dit quelque chose, mais je l’avais fusillée du regard.

« Je pense qu’elle ne se sent pas bien…, » fit remarquer Shanteya.

« Je vous prouverai à tous que JE SUIS sa femme numéro un ! » avais-je déclaré.

« Ah ~ elle a craqué…, » annonça Ayuseya.

« Merde…, » déclara Illsy.

« JE VEUX DU POISSON ! » cria Tamara.

***

Chapitre 85 : Colly Tos de la victoire !

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

Pour un homme, le Ciel et l’Enfer peuvent facilement être comparés à l’Amour et à la Colère de la femme ou des femmes qu’il épouse.

Tel fut le cas d’un certain Seigneur du Donjon qui les remua tous les deux dans ses épouses. La colère couplée à la luxure, à l’amour et au désir m’avait envoyé dans une spirale ascendante vers le septième ciel. C’était pavé de baisers, de gémissements, d’égratignures, de morsures et d’embrassades casseuses offerts sans ordre particulier.

Heureusement, je n’avais pas besoin de construire une autre maison, j’avais beaucoup de place libre dans la ville. Nous avions utilisé la maison la plus proche que nous avions pu trouver, et mes femmes n’avaient même pas pris la peine de demander où et comment nous en étions arrivés là. Il suffisait de leur dire que je l’avais construit après ma bataille contre les Ténèbres. Pendant ce temps, je laissais Tamara faire ce qu’elle voulait dans la ville. Comme un chaton curieux, elle se promenait en explorant. L’esprit d’aventure était fort dans chez elle !

Quand le plaisir et la joie du quatuor avaient pris fin, j’avais fait semblant d’être épuisé, sinon, j’avais peur que ça dure jusqu’à la fin de la semaine, et j’avais une autre femme qui m’attendait.

Ma vie ne peut pas être plus compliquée que ça… Je pensais à cela en gardant les yeux fermés et en m’abstenant de gratter cette démangeaison infernale sur le bout de mon nez.

Normalement, j’aurais été ravi de cela et je les aurais même encouragées à continuer pendant un certain temps, mais je ne pouvais pas oublier Zoreya.

« Illsy dort-il ? » demanda Shanteya en se déplaçant.

La sensation de ses belles mottes qui se déplaçaient sur moi était… divine.

« Oui…, » répliqua Ayuseya tout en m’offrant une sensation similaire sur le dos.

« Notre stupide mari… Qui penses-tu tromper ? » demanda Nanya.

Oh s’il vous plaît, non ! S’il vous plaît, non ! S’il vous plaît, non ! S’il vous plaît, non ! J’avais prié dans mon esprit.

Elle m’avait mordu le cou.

« Yeouch ! » J’avais crié.

« Il faisait semblant, » déclara Shanteya et elle m’avait fait un sourire si froid que je pouvais le sentir s’enfoncer dans mes os.

« Euh…, » j’avais dégluti.

« Imbécile ! » Nanya m’avait poussé et m’avait chevauché, Ayuseya m’avait tenu les bras pendant que je m’allongeais avec mon dos sur elle.

J’avais été pris en sandwich entre deux beautés… ou plus comme si elles m’avaient retenu captif.

« Euh… On peut en parler ? » leur avais-je demandé.

« Refusé ! » répliqua Shanteya juste avant de me voler mes lèvres.

Huit heures s’étaient donc écoulées… et grâce au stupide [Lien de Confiance II], il restait encore beaucoup d’énergie à dépenser.

Heureusement, il n’y en avait que trois pour plaire… pour l’instant.

[Point de vue d’Ayuseya]

Un humain normal aurait été complètement épuisé après quelques heures. La même chose pour un El’Doraw et peut-être aussi une démone, mais un draconien aurait duré au moins 12 heures. Pourtant, c’était si elles étaient toutes des individus normaux et non avec un Seigneur du Donjon Divin. Pour cette raison, je pourrais dire que j’étais pleinement satisfaite à la fin de notre… petit jeu. On pourrait dire la même chose de mes amies Nanya et Shanteya.

C’était une aventure étonnamment intéressante, que j’aurais normalement refusée parce que je voulais garder Illsy pour moi, mais à la lumière des événements récents, j’avais suivi le courant.

Après deux jours d’amour constant et plusieurs lits cassés, notre moment de passion s’était finalement terminé, et nous avions toutes été épuisées dans les bras d’Illsy.

« Je suis heureuse que tu aies gagné…, » chuchota Nanya.

« Moi aussi… L’alternative n’était pas agréable, » répondit-il.

« Je vois… Qu’est-il arrivé à Zoreya ? » demanda-t-elle.

« Je suis aussi curieuse de savoir ce qui se passe. Comment en as-tu fait ta quatrième femme ? » lui avais-je demandé et je m’étais approchée de lui.

Ma poitrine avait appuyé contre son bras, et j’avais léché doucement sa nuque. C’était un acte instinctif, une façon de le marquer comme le mien.

« Ça chatouille ! » dit-il en riant et en me serrant les fesses.

« Ahn ~ ! » J’avais poussé un doux gémissement et je m’étais approchée de lui.

« Ça suffit, vous deux. » Nanya m’avait regardée fixement.

Je lui avais tiré ma langue et j’avais posé ma tête sur l’épaule d’Illsy.

« Ahem! Eh bien, Zoreya était mourante… et je ne pouvais pas utiliser la magie pour la guérir à cause de l’interférence de la stupide énergie divine d’un certain dieu. J’ai conclu un marché avec lui, et j’ai pu guérir Zoreya en faisant d’elle ma femme. » Expliqua-t-il brièvement.

« Quel genre de marché ? » demanda Shanteya.

Elle était allongée sur lui, le menton posé sur sa poitrine.

« Il m’a donné un nom. Je m’appelle maintenant Illsyore Deus. Oui, le jeu de mots était prévu, » il poussa un soupir.

Un jeu de mots ? Quel jeu de mots ? Je ne comprends pas…, avais-je pensé.

Le nom était un peu étrange, mais il ne m’avait pas paru horrible.

« Je l’ai laissé devenir mon dieu ou quelque chose comme ça, puis j’ai dû accepter Zoreya comme ma femme tout en sachant qu’elle allait servir son dieu. C’est… compliqué, mais c’est probablement l’essentiel. » Il haussa les épaules.

« Je vois… une sorte de contrat, » dit Nanya.

« Alors, où est-elle maintenant ? » lui avais-je demandé.

« Dans mon esprit intérieur. Il a dû se passer quelque chose quand je l’ai guérie parce que quand elle se réveille, elle devient rouge et s’évanouit… C’est pour ça que je suis venu vous demander de l’aide. Peut-être que l’une de vous a une idée ? » explique-t-il.

« Je vois…, » dit Shanteya en levant les yeux vers lui.

« Quoi !? » Nanya se leva et le regarda avec un front sillonné.

« Euh…, » Illsy la regarda avec un sourire ironique.

« Pourquoi ne nous l’as-tu pas dit plus tôt ? » répliqua-t-elle.

« J’ai essayé ! Sept fois déjà, mais entre le vol de bisous et les gémissements, j’ai à peine eu le temps de finir l’idée, même UNE FOIS ! » rétorqua-t-il.

« Pas d’excuses ! Allons-y ! Maintenant ! » ordonna Nanya.

Elle n’était pas méchante, elle s’inquiétait juste pour la croisée. Après que son petit moment de folie de convoitise ait disparu, et qu’elle ait réaffirmé sa position de femme et de membre de ce harem, elle avait été capable de penser clairement.

« Je suis d’accord. Laisse-nous partir, » j’avais hoché la tête et je m’étais levée.

C’était un peu triste de me séparer de la chaleur de son corps, mais à partir de maintenant, je pensais demander à dormir à ses côtés chaque soir.

« D’accord, d’accord. » Illsy hocha la tête.

Nous nous étions vite habillés, bien que notre parfum mélangé persiste encore autour de nous. Mais ça ne nous dérangeait pas, c’était la preuve qu’Illsy nous appartenait. C’était notre ami… notre mari.

Un instant plus tard, nous avions été absorbés par Illsy.

[Point de vue de Nanya]

Rien que de penser aux deux derniers jours avec Illsy m’avait fait me sentir tout « funya ~ funya ~ funya ~ » et me sentir faible dans les genoux. Eh bien, j’exagérais probablement un peu parce que cela faisait si longtemps que je n’avais pas fait l’amour avec Illsy. Pour être tout à fait honnête, cette fois-ci, j’avais eu l’impression que c’était la meilleure de toutes. Quant à la raison de cette… eh bien… Je pense que c’était à cause des Ténèbres. Cette méchante partie de lui ayant disparu, Illsy se sentait différent dans le bon sens du terme.

C’était l’une de ces choses que seule une femme pouvait dire sur son mari, comme quand il se sentait déprimé ou quand quelque chose de bien lui arrivait. C’était une chose subtile… très subtile.

Quand notre assez long moment de passion s’était terminé, nous étions retournés à son Esprit Intérieur pour faire un tour d’horizon de Zoreya. Apparemment, il en avait fait sa femme pour lui sauver la vie, du moins il nous avait dit ça, mais mon intuition me disait que ce n’était pas tout. Cela ne faisait peut-être que commencer, mais il y avait certainement une étincelle d’amour pour cette femme dans le cœur d’Illsy. C’était juste assez pour agacer mon désir de garder une bonne prise sur mon amoureux idiot.

« Nous y voilà… Comme je l’ai dit. Quand elle se réveille, elle s’évanouit à nouveau. » Illsy nous l’avait dit.

Ce… Il est sérieux ? Je m’étais demandé ça en regardant avec de grands yeux la pauvre femme nue flottant dans ce vaste espace vide.

« Dort-elle depuis tout ce temps ? » demanda Shanteya.

« Je l’ai laissée dans un état d’animation suspendue. Elle est en sécurité. » Il haussa les épaules.

Notre idiot de mari ne voyait pas ce qui n’allait pas avec cette situation. Ou peut-être qu’il ne voulait pas le voir ? Quoi qu’il en soit, c’était mal. C’était vraiment mal.

« Étrange… Je me demande pourquoi, » demanda Ayuseya.

Je la regardais lentement avec une expression vide.

« Vraiment ? » lui avais-je demandé.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Nanya ? » demanda-t-elle en me regardant en réponse.

« Vraiment ? » m’étais-je répété.

« Excuse-moi, mais je ne comprends pas, » elle plissa son front.

« Soupir…, » j’avais secoué la tête et frotté mes tempes.

Idiots. Ce sont tous des idiots ! m’étais-je dit.

« Si tu sais quelque chose à ce sujet, tu devrais nous le dire, » déclara Shanteya.

Je l’avais regardé et j’avais plissé les yeux.

« Nanya ? S’il te plaît. C’est important, » déclara Illsy.

Les idiots me regardaient tous comme si je tenais le secret de l’Univers tout entier et ne souhaitaient pas le partager avec eux. Je ne pouvais que les regarder en réponse et me demander à quel point ils avaient pris la peine d’examiner de plus près toute cette situation.

« Voulez-vous vraiment savoir ? » leur avais-je demandé tout en courbant mes lèvres en un sourire.

« Oui ! S’il te plaît ! » Illsy répondit en hochant la tête.

« Vous voulez vraiment VRAIMENT savoir ? » demandai-je encore une fois.

« Oui ! » il hocha rapidement la tête.

« Soupir… D’accord, c’est bon. Viens par ici. Plus près, » je l’avais pressé jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’à une main de moi.

Tous attendaient anxieusement.

« D’accord… Le voilà. Il est là. » J’avais pris une grande respiration et puis j’avais crié de toutes mes forces dans son oreille « ELLE EST NUEEEEEEEEEEEE ! »

« Yeaouch ! » il avait gémit et sauta en arrière, se frottant l’oreille.

Même Shanteya et Ayuseya avaient flanché.

Il fallait s’y attendre. La réponse était si évidente qu’elle était littéralement à la vue de tous, et je n’avais littéralement aucune idée pourquoi aucun d’eux n’était capable de la comprendre. C’était la même chose que de mettre la réponse à l’énigme dans la question de l’énigme elle-même. Quelque chose comme : Quel animal aboie, hurle et remue la queue comme un Dayuk sans cornes ?

Malheureusement, ces gars m’avaient surprise en me répondant : un chat.

En poussant un soupir, je secouai la tête et m’approchai de la femme nue. D’après ce que j’avais pu voir, Illsy l’avait bien guérie. Il n’y avait pas de marques ou de cicatrices laissées derrière. C’était comme si elle n’avait jamais été blessée de toute sa vie. Mais dire qu’Illsy avait foiré quelque chose pendant le processus de guérison était aussi un peu incroyable. Il m’avait guérie, Ayuseya, Shanteya, et même Tamara de quelques blessures plutôt terribles, dont le genre aurait certainement laissé une cicatrice.

La seule raison qui m’avait fait penser à elle s’évanouissant soudainement après son réveil était le fait qu’elle était timide et qu’elle s’était retrouvée toute nue devant un homme. Si j’étais à sa place, j’aurais frappé Illsy entre les jambes. Eh bien, maintenant j’éviterais cette zone parce que même si la tête sur ses épaules cessait de fonctionner, je ne souhaitais pas le même sort pour l’autre.

« Illsy. Réveille-la et sors. » Lui avais-je dit pendant qu’il essayait encore de comprendre pourquoi elle s’évanouissait.

« Mais avant, apportez-moi le coffre avec un petit diamant au-dessus de la serrure, » déclara Ayuseya.

« Hein ? Quel coffre ? » Illsy cligna des yeux surpris quand il la regarda en réponse.

« Il y en a un avec un seul symbole de diamant gravé au-dessus de la serrure, pas deux ou trois, un seul. Tu peux me l’avoir ? » demanda-t-elle.

« Bien sûr… Je vais te l’envoyer, mais dois-je vraiment y aller ? » demanda-t-il en me regardant en réponse.

« Oui. On n’est pas méchants avec toi, Illsy. Mais j’ai le sentiment que Zoreya est du genre timide sans son armure. Va jouer dehors avec Tamara, » j’avais répondu ainsi, puis je lui avais tapé doucement la joue.

« D’accord… Je vais y aller. » Il acquiesça d’un signe de tête. « Mais avant de le faire, » il avait souri et m’avait volé mes lèvres.

Je l’avais laissé faire, puis il avait volé celles d’Ayuseya et de Shanteya.

Après qu’il se soit envolé, Zoreya avait montré des signes de réveil.

***

Partie 2

[Point de vue de Shanteya]

Mon Dieu ~ qu’est-ce que je pouvais dire ? Le fait que Nanya ait « craqué » était une bonne chose. L’étreinte d’Illsy fut merveilleuse, et les heures qui suivirent furent un vrai bonheur. Quant à ce qui s’était passé après, c’était un peu inattendu.

À mon avis, je n’avais rien vu de mal à ce que Zoreya soit nue, mais c’était peut-être parce que nous avions passé les deux derniers jours comme ça. Quand j’étais avec Illsy, peu importait que je sois habillée ou non. Mais oui, n’importe quelle autre femme n’aurait pas ressenti la même chose proche de lui.

« Peut-être parce que Zoreya était avec nous depuis si longtemps, nous n’y avons jamais vraiment réfléchi ? » demanda Ayuseya.

« Ça pourrait l’être, » répliqua Nanya en haussant les épaules.

L’armoire demandée par la draconienne était venue en volant et s’était arrêtée à quelques mètres de moi.

Je ne pense pas qu’Illsy ait été capable de faire ça quand Les Ténèbres étaient encore là, avais-je pensé.

« J’ai demandé cette armoire parce que je sais que j’ai une robe à l’intérieur qu’elle pourrait utiliser. C’est fait d’un tissu épais. Pour moi, c’est un peu trop court, mais ça devrait être parfait pour elle, » déclara Ayuseya en fouillant dans l’armoire.

« Est-il semblable à celui que tu portais la première nuit ? » lui avais-je demandé en me souvenant de la chemise de nuit plutôt audacieuse qu’elle portait pour « plaire » à Illsy.

« Euh ? Maintenant que tu le dis, je devrais la porter plus souvent. Je pense qu’Illsy adore les vêtements séduisants, » elle s’était mise à rire.

En repensant à Zoreya, j’avais compris pourquoi Illsy voulait faire d’elle sa femme et non son esclave ou son animal de compagnie. Cette femme humaine avait une poitrine plutôt généreuse et sa silhouette était vraiment captivante. Si elle portait une robe à volants et une couronne sur la tête, on pourrait penser qu’elle était la princesse d’un pays étranger.

« Une rivale ? C’est vraiment une rivale…, » murmura Nanya en touchant la poitrine de la femme.

Comme c’est mignon ! Elle est jalouse ! Eh bien, elle a la plus petite poitrine de nous trois. Je me demande si celles de Zoreya sont plus grandes ? Je pense qu’ils sont… Pauvre Nanya, j’avais souri intérieurement pendant que j’y pensais.

« Mn… Où... Où suis-je ? » demanda Zoreya en ouvrant enfin les yeux et en regardant autour d’elle.

Quand son regard s’était égaré sur sa propre silhouette nue, elle avait fait un joli « EEP » et s’était couverte avec ses mains en rougissant fortement.

« Pourquoi est-ce que je suis toute nue ? » demanda-t-elle.

Ses yeux tournoyaient.

« Voilà pour toi ! Porte ça pour l’instant ! » déclara Ayuseya en lui offrant la robe de satin orange, qui était comme une pièce unique pour elle.

« Euh… Je te remercie, » elle l’avait mis.

« Quelle est la dernière chose dont tu te souviens ? » demanda Nanya.

Après s’être habillée, elle nous avait regardés, et avec un front plissé, elle avait répondu. « Illsyore… me regardant… pendant que… J’étais n-n-n-n-nueeee. » Elle bégayait à la fin pendant que ses joues devenaient rouges.

« Comme c’est mignon ~, » avais-je dit et j’avais gloussé.

« Elle est plutôt innocente, n’est-ce pas ? » fit remarquer Ayuseya.

Zoreya avait l’air embarrassée.

« Sans mon armure, je suis un peu… timide, » répondit-elle.

« Intéressant, » avais-je dit en me frottant le menton.

Ça devrait être amusant d’aider Illsy à l’apprivoiser. Je suis sûre qu’elle gémira aussi très bien ! avais-je pensé.

« Shanteya ? » Ayuseya m’avait appelée pendant que je complotais… Je veux dire, je faisais de la planification.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » J’avais demandé ça avec un sourire.

« Tu baves, » elle m’avait regardée dans les yeux.

« Euh ? Pardon, excuse-moi. Je pensais à… de la nourriture, » j’avais gloussé et détourné le regard.

C’était dangereux, m’étais-je dit.

« Eh bien, en laissant ces deux-là de côté. Zoreya, te sens-tu bien ? Quelque chose ne va pas avec ton corps ? » demanda Ayuseya.

« Oui, mais j’ai peur que Melkuth m’ait abandonnée, » elle regarda vers le bas avec un regard triste.

« Pourquoi dis-tu cela ? » lui avais-je demandé.

Son histoire était un peu différente de celle que nous avait racontée mon mari.

« Depuis que je suis devenue l’épouse d’Illsy… cela signifie que j’ai abandonné les serments que j’avais faits en tant qu’apôtre de Melkuth. Je ne suis plus apte à manier son bouclier, » nous déclara-t-elle.

Elle l’appelle déjà « Illsy ». Ma ~, depuis combien de temps est-elle amoureuse de lui ? avais-je pensé.

« Je m’interroge à ce sujet, » déclara Nanya en se frottant l’arrière de la tête.

« Pour l’instant, s’il n’y a rien qui cloche chez elle, nous devrions le dire à Illsy et retourner dans le monde extérieur, » suggéra Ayuseya.

« Je suis d’accord, » acquiesça Nanya.

« En dehors du monde ? » Zoreya nous avait regardées confuse.

« En ce moment, si tu ne l’as pas remarqué, nous flottons dans un espace apparemment infini, » déclara Ayuseya.

« Il semble que oui… Où sommes-nous ? » demanda-t-elle en regardant autour d’elle en essayant de ne pas trop bouger.

« Ne t’inquiète pas, tu t’y feras, » lui avais-je dit.

« Pour parler franchement, nous sommes actuellement à l’intérieur d’Illsy… et ne le prends pas mal. Il ne nous a pas mangés, » expliqua la démone.

« Euh… Je ne crois pas vous comprendre, » elle secoua la tête.

« C’est semblable à une dimension séparée dans laquelle les donjons stockent leurs matériaux, » avais-je expliqué.

« Hm…, » elle fronça les sourcils.

Pauvre fille, elle doit être si confuse en ce moment… Nous l’étions toutes au début, mais elle s’y habituera, avais-je pensé.

« Illsy ! Tu peux tous nous faire sortir maintenant ! » cria Nanya.

Dans l’instant qui suivit, une lumière vive nous couvrit toutes, et nous fûmes emmenés vers le monde extérieur. Là, la ville construite par Illsyore, le Seigneur du Donjon divin, s’étendait sous nos yeux.

Incroyable…, avais-je pensé.

[Point de vue d’Illsyore]

De toutes les choses qui pouvaient arriver, je ne m’attendais pas à être expulsé de mon esprit intérieur par mes propres femmes. Comment aurais-je pu savoir que l’embarras de Zoreya d’être nue devant moi était la vraie raison pour laquelle elle s’évanouissait comme ça ?

« Honnêtement, je n’en avais aucune idée ! C’était logique, mais pas pour moi à l’époque ! » J’avais crié à pleins poumons.

Eh bien, crier sur les nuages n’avait pas beaucoup aidé à soulager mon stress. Au moins, je savais que pendant que je faisais l’idiot avec mes femmes, Zoreya était saine et sauve dans la stase où je l’avais laissée. Pour elle, le temps s’était arrêté… enfin pas exactement, mais assez près.

En poussant un soupir, j’avais étendu mon territoire de donjon et j’avais cherché mon petit chat errant. Je voulais caresser quelque chose, et sa fourrure duveteuse allait être PARFAITE. Mais si j’attrapais un Dayuk, j’allais aussi me battre avec lui.

Pendant ce temps, je surveillais aussi tout ce qui n’était pas à sa place dans cette ville. Quelques jours s’étaient écoulés depuis ma bataille contre les Ténèbres, et il y avait donc une chance que des aventuriers curieux s’attardent pour accomplir leurs missions de reconnaissance.

J’avais aussi pris la liberté de réparer mes vêtements et d’absorber les restes de l’armure cassée de Zoreya. Il y avait aussi son bouclier, mais je ne pouvais pas le soulever, non ?

Puis je m’étais souvenu de ce que Melkuth m’avait dit quand il m’avait nommé, que j’étais en quelque sorte devenu son disciple.

« Ça ne peut pas être si simple, n’est-ce pas ? » m’étais-je demandé à voix haute.

Avec un haussement d’épaules, j’avais marché jusqu’au Bouclier de Melkuth et je l’avais ramassé.

C’était aussi léger qu’une plume.

« Hein ? Étrange. Ce truc est-il cassé ? » m’étais-je demandé à voix haute.

« MAÎTRE ! » l’appel du chat avait été entendu juste avant qu’elle me saute dans les bras et frotte sa tête poilue contre ma poitrine.

« Doucement, Tamara ! Je suis de retour, détends-toi ! » Je lui avais souri et je l’avais caressée.

[Point de vue du dieu sacré des gros seins]

Après la longue bataille contre les Ténèbres, l’équilibre du Ciel fut finalement rétabli, du moins pour l’instant, mais je craignais que le voyage de mon disciple ne fasse que commencer.

En ce moment, je me servais une tasse de thé dans le bureau de Melkuth. Il prenait une grande tasse de café. Cette journée l’avait un peu plus stressé que prévu.

« Je n’arrive toujours pas à y croire…, » grogna le dieu.

J’avais pris une gorgée de ma tasse et j’avais jeté un coup d’œil à travers l’un de mes portails pour voir les gros seins de ma femme.

Comme c’est charmant ! Mon ange prend un bain ! Ses grandes montagnes voluptueuses sont trempées dans l’écume du Savon Divin qui rend sa silhouette divine ! Hein ? Vient-elle de me regarder ? Pourquoi ramasses-tu ton arc ? Attends ! Attends ! Attends ! avais-je pensé, mais avant que j’aie eu la chance de fermer le portail, elle avait lâché une flèche pointée sur mon front. « AGYAAA ! » J’avais crié en raison de la douleur.

« Idiot, » grogna le dieu de la guerre en buvant calmement son café.

« Mais… Mais je ne comprends pas ! Comment savait-elle que je lorgnais ? » avais-je rétorqué.

« L’intuition féminine contre les pervers ? » il haussa les épaules.

« Il n’y a rien de tel ! » Je lui avais crié dessus.

« La flèche dans ta tête dit le contraire, » avait-il souligné.

« Arhg... Aide-moi ! » avais-je crié.

« Non, » répondit-il et détourna le regard.

Melkuth regardait le monde des mortels. Pour être plus précis, il espionnait Illsyore, la nouvelle recrue de sa longue liste d’adeptes.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il fait ? » dit-il tout d’un coup.

« Argh… Cette foutue chose ! » J’avais grommelé pendant que je luttais pour arracher la flèche de mon front.

Ma femme était cruelle, mais hélas, peu la connaissaient comme moi… avec tous ces détails parfaitement délicieux ! Une fois de retour à ses côtés, j’allais la coller comme de la colle sur sa poitrine ! Mais bien sûr, je n’allais pas non plus négliger mon autre femme.

« Hé ! Tu n’es pas sérieux ! Seul un VRAI Apôtre peut prendre ce bouclier. En plus de Zoreya, tu…, » il avait dit quelque chose, puis il s’était arrêté et s’était figé.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » lui avais-je demandé.

« C’EST QUOI CE BORDEL ? » cria-t-il à pleins poumons.

« Ce n’est pas bien d’utiliser de tels mots. » J’avais dit cela en secouant la tête, la flèche était restée coincée dans mon front.

« Il a pris mon insigne !? Il a pris mon insigne ! Comment !?? Ce n’est pas possible ! NON ! NON ! NON ! » il écrasa la tasse sur son bureau, renversant tout le café chaud sur lui. « AARGH ! FILS DE… ! DE TOUS LES BIP BIP BIP BIP ! » jura-t-il.

J’avais haussé les épaules.

« Tu t’en remettras. Peut-être qu’il est un peu spécial quand il s’agit d’Objets Divins ? » lui avais-je demandé.

« COMMENT !? Rien ne devrait le rendre SPÉCIAL !? » répondit-il en criant.

« Qui sait ? » J’avais haussé les épaules.

Il y avait beaucoup de choses à propos d’Illsyore qui n’entraient tout simplement pas dans la catégorie « Normal » de ce monde.

***

Partie 3

[Point de vue d’Illsyore]

Après le retour de mes femmes, elles m’avaient trouvé assis à l’entrée du temple de Melkuth et caressant Tamara. Elle débordait de beauté et de douceur !

Est-ce que j’ai un fétichisme nekomimi ? Je m’étais posé la question et j’avais été légèrement effrayé par cette idée.

« Ah ! Vous voilà ! » J’avais levé la main.

« On est de retour, Illsy. Hm, Tamara dort-elle ? » demanda Nanya.

« Non, elle est juste très détendue en ce moment, » j’avais secoué la tête et l’arrière de ses oreilles.

« Funyaaaaa ~ ! » elle étira la queue en raison de la joie.

« Quelle mignonne petite chose ! » déclara Ayuseya.

« Zoreya va bien, » Shanteya me l’avait dit ainsi.

« Est-ce que c’est le cas… ? Euh… Où est-elle ? » leur avais-je demandé.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Elle est là…, » Nanya regarda de son côté. « Hein ? »

Il n’y avait personne.

« Il n’est pas égratigné ! C’est très bien ! Ah ! » déclara Zoreya.

Nous avions tous tourné la tête et vu la glorieuse croisée vérifier le Bouclier de Melkuth dans sa robe orange monobloc. Sans un soutien-gorge pour garder ces grandes montagnes, les secousses avaient atteint des niveaux dangereux.

Moi, j’adore ! Mais encore une fois, comment est-elle arrivée là sans que je m’en rende compte ? avais-je pensé.

« Zoreya ? » demanda Shanteya.

« Hm ? » la femme l’avait regardée et m’avait vu. « EEP ! » elle courut derrière le bouclier.

« Hein ? » J’avais cligné des yeux de surprise.

« Donc c’était la faute d’Illsy, » acquiesça Nanya.

« Quoi ? » J’avais cligné des yeux de surprise.

« C’est la faute d’Illsy, » déclara Shanteya.

« À tous les coups, » acquiesça Ayuseya.

« C’est toujours la faute du Maître…, » annonça Tamara.

« Même le chat parle contre moi, » j’avais plissé les yeux vers la femme à fourrure, puis je l’avais grattée vigoureusement pour me venger.

« FUNYAAA ~ ! » s’exclama-t-elle avec plaisir.

Le plan s’était retourné contre moi, alors j’avais arrêté.

En poussant un soupir, je m’étais frotté l’arrière de la tête et je regardais la croisée cachée.

« Tu sais… Je ne suis pas un croque-mitaine. Pourquoi te caches-tu de moi ? » lui avais-je demandé.

« P-Parce que…, » elle bégayait cela.

« Parce que ? » j’avais plissé les sourcils.

« Tu es un homme… et je suis une femme…, » répondit-elle.

« Et alors, » j’avais souri.

« Euh… mais je…, » elle avait jeté un coup d’œil autour du bouclier.

Mignonne… J’avais pensé cela.

« Mais tu quoi ? » lui avais-je demandé.

« Je n’ai pas mon armure ! » dit-elle et elle se cacha derrière le bouclier.

« Hein ? » mon cerveau s’était arrêté.

« Elle est super timide, » fit remarquer Nanya.

« Sans blague. » J’avais hoché la tête.

Mais pourquoi n’a-t-elle pas agi de la même façon à l’époque quand je suis tombé sur elle alors qu’elle prenait son bain ? m’étais-je demandé.

« Peux-tu lui faire une armure ? » demanda Shanteya.

« Euh ? Dois-je le faire ? Elle est très belle dans cette pièce unique et…, » elles me regardaient toutes fixement. « J’ai compris. Une armure solide et encombrante qui arrive tout de suite ! » avais-je répondu.

Quelques instants plus tard, j’étais revenu avec son ancienne armure, réparée et en état de marche.

« Ce n’est que temporaire. Je t’en ferai une meilleure dès que possible. » J’avais dit cela en me retournant pendant qu’elle l’enfilait, même si elle était déjà cachée par son grand bouclier.

« Je te remercie, » répondit-elle seulement après qu’elle eut terminé.

« L’ancienne Zoreya est de retour, » répliqua Nanya.

« Ouaip, » j’avais hoché la tête quand je l’avais vue.

« Je te suis reconnaissante pour ton aide, Seigneur du Donjon. Mais comment as-tu fait pour que je puisse porter le bouclier de Melkuth ? » me demanda-t-elle.

« Toi… Appelle-moi Illsy ! Je suis ton mari ! » avais-je rétorqué.

« Non. C’est… trop embarrassant, » elle détourna le regard.

J’avais jeté un coup d’œil à la femme qui portait une armure de plaques.

Embarrassant ? Comment !?? Argh… elle va être pénible. J’avais gémi.

« Ne t’inquiète pas, Illsy. On s’assurera de bien l’entraîner, » déclara Shanteya.

« Entraîner ? » Je l’avais regardée en fronçant mes sourcils.

« Excuse-moi, je veux dire… enseigner. Oui, lui apprendre ce qu’il faut ! » gloussa-t-elle en riant.

L’assassin prépare quelque chose, avais-je pensé.

« Puis-je te demander où nous sommes ? On dirait une ville, mais… où sont les gens ? » Zoreaya m’avait demandé cela.

« J’ai construit cet endroit après notre bataille. Eh bien, je suis guéri maintenant grâce à toi. Melkuth m’a fait devenir son disciple, m’a donné un nom, t’a transformée en Grand Apôtre, yada yada yada… des choses sont arrivées, » j’avais haussé les épaules.

« C’était paresseux, » répliqua Nanya.

J’avais poussé un soupir, m’étais excusé, puis j’avais commencé à expliquer tout ce qui s’était passé depuis le début de la bataille jusqu’à maintenant.

« Est-ce pour ça que je peux toujours utiliser le Bouclier de Melkuth ? Merci, Donj…, » elle était sur le point de répéter ces mots, mais je l’avais regardée fixement. « Illsy… » elle rougit et essaya de se cacher dans son armure.

« Alors, qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? » demanda Nanya.

« J’ai une idée à ce sujet, » j’avais souri.

« Quoi ? » demanda-t-elle en plissant les sourcils.

« Eh bien, avec mon retour au niveau 1 et l’arrivée de la nouvelle recrue dans notre groupe, j’ai décidé qu’il était temps que nous nous entraînions tous ensemble ! » avais-je déclaré.

« Entraîné ? » Shanteya inclina la tête vers la gauche.

« Oui. Quelques années au large sur une île isolée où réside l’ancien donjon d’un très vieux donjon Primordial ! » avais-je déclaré.

« Qu’est-ce qui te rend si sûr qu’il est toujours là ? » demanda Nanya.

« Je ne sais pas, mais on peut essayer. Pas comme si on avait autre chose à faire à part beaucoup d’amour ? » J’avais haussé les épaules et regardé Zoreya.

Ses joues étaient devenues rouges et comme une tortue, elle s’était cachée dans son armure.

« Oh non, pas du tout ! Tu ne touches pas à cette pauvre fille ! » Nanya m’avait prévenu.

« Je plaisantais, relax ! » J’avais répondu en levant les mains. « Mais quand même, Zoreya, je suis ton mari maintenant, alors n’hésite pas à me considérer comme ton homme, et je te considérerai comme ma femme. Tu peux me demander n’importe quoi, et je te répondrai. J’ai promis à Melkuth que je m’occuperai de toi et que je t’aimerai, alors je n’ai pas l’intention d’aller contre lui. En laissant ce dieu de côté, ce sont aussi mes vrais sentiments ! » lui avais-je dit en souriant.

Une fois, elle hocha la tête lentement.

Elle est trop timide… En me demandant quel genre d’ouvre-boîte je devrais utiliser sur elle.

En poussant un soupir, j’avais ensuite retiré un petit cristal blanc de mon esprit intérieur. C’était semblable à celui que nous avions utilisé pour nous téléporter sur ce continent. Le vieux Donjon Primordial essaya désespérément de me cacher ce cristal, à moi et à tous les autres Donjons, mais une fois que j’avais fusionné avec Les Ténèbres, tous leurs souvenirs étaient devenus miens et leurs connaissances avaient coulé en moi. Parmi toutes les conneries inutiles qu’on pourrait appeler mon « héritage » d’eux, j’avais pu trouver cette chose.

Tu parles d’un coup de chance… En regardant le cristal, je m’étais dit cela.

« Si c’est un…, » Nanya avait parlé, mais s’était arrêtée en milieu de phrase.

« Oui, un cristal de téléportation. Je dois d’abord le remplir de Mana et ensuite on pourra partir d’ici, » je l’avais dit d’un signe de tête.

« Qu’arrivera-t-il à cette ville après notre départ ? » demanda Ayuseya en regardant autour d’elle.

De son point de vue, il se pouvait que cela lui donnât l’impression que j’avais dû mettre beaucoup de temps et d’énergie à la construire. Ainsi, l’abandonner tout d’un coup serait considéré comme un gaspillage, mais c’était loin d’être la vérité. Grâce à ma compétence [Kit de Création Ultime], un projet de construction qui aurait dû prendre des mois à réaliser m’avait pris à peine quelques minutes maintenant. Quant au matériel nécessaire, il y en avait beaucoup dans la section de rangement de mon Esprit Intérieur.

« Les humains l’utiliseront probablement pour remplacer celle détruite par Les Ténèbres. » J’avais répondu d’une voix calme.

« Illsy…, » Zoreya avait fait un pas en avant et m’avait regardé dans les yeux. « À propos de ceux qui ont été tués par les Ténèbres… Que penses-tu de leur mort ? » demanda-t-elle.

C’était une question très sérieuse.

En poussant un long soupir, je levai les yeux vers le ciel et répondis. « Melkuth ne m’a rien dit à ce sujet, alors il m’a probablement pardonné… Mais…, » je l’avais regardée dans les yeux. « Ces morts ont été causées par les Ténèbres, pas par moi. Toi et moi avons essayé de l’empêcher de faire du mal aux autres. Alors, même s’il s’est servi de mon corps pour commettre des actes aussi terribles, pourquoi devrais-je me considérer comme coupable de son crime ? »

« C’est vrai… Les Ténèbres ne sont pas toi, donc payer pour ses crimes serait…, » elle fronça les sourcils quand elle parlait, mais ne termina pas ses paroles.

« Si les familles des victimes ou les nobles de ce pays vous entendaient dire cela, ils ne l’accepteraient jamais. Leurs manières exigent que quelqu’un soit tenu responsable de ce désastre et qu’il soit puni pour toutes ces vies perdues, » déclara Ayuseya d’une voix calme.

Son point de vue était celui d’une noble, d’une personne placée sur l’échelle supérieure de la société, mais pour moi, cela ne signifiait rien. J’avais haussé les épaules devant cette déclaration, niant toute culpabilité et tout blâme.

Peut-être que si j’avais regardé cette situation avec les yeux d’Illsyore avant la fusion avec Les Ténèbres, je me serais senti très mal et j’aurais voulu faire quelque chose pour changer les choses. Cependant, j’aurais fini par vivre une vie remplie de culpabilité pour des choses qui étaient bien au-delà de mon contrôle. Ce n’était pas moi qui avais appuyé sur la détente de l’arme. Ce n’était pas moi qui avais ri et apprécié la mort de tous ces humains… Non, celui qui avait fait tout ça, c’est Les Ténèbres. Et si je descendais dans l’arbre des blâmes… ceux qui étaient finalement à blâmer pour ce désastre n’étaient autres que les nombreux aventuriers qui avaient impitoyablement détruit tous ces Donjons dont les restes avaient formé mon corps actuel.

De ce point de vue, pourquoi moi, Illsyore, devrais-je assumer la responsabilité de tout ce gâchis, alors que j’étais aussi l’une des victimes ?

« Penses-tu que c’est moi qui suis responsable de tout ça, Zoreya ? » avais-je demandé à la croisée.

Sans hésiter ne serait-ce qu’une seconde, elle secoua la tête et répondit. « Non, je ne crois pas que ce soit toi qui doives en être tenu pour responsable… Je m’inquiétais juste des conséquences de ce désastre sur toi, » elle m’avait fait un petit sourire à la fin.

« En effet, nous sommes simplement inquiets. Personne ne t’en veut, mon amour. Si c’est le cas, je m’assurerai de leur faire connaître la colère d’une draconienne ! » déclara Ayuseya.

« Et ne m’oublie pas ! Je serai à tes côtés, Illsy, quoiqu’il arrive ! » Nanya sourit.

« Je suis d’accord. » La réponse de Shanteya fut la plus courte, mais son sourire doux était sincère.

« Nya ~ la faute n’a jamais aidé personne à attraper du poisson… Mieux vaut penser à des façons d’attraper le poisson que de blâmer le pêcheur de ne pas avoir attrapé de poisson… Nya ~ j’ai faim…, » dit Tamara alors qu’elle était paresseusement allongée sur mes genoux.

J’avais poussé un soupir. Même le chat avait dit quelque chose d’intelligent… mais d’une manière très bizarre.

Finalement, il s’était avéré que j’avais tort.

Pendant un moment, j’avais cru qu’elles pensaient que c’était à moi qu’il fallait imputer la faute à ce gâchis. J’avais techniquement fusionné avec Les Ténèbres, et d’un autre point de vue, ses erreurs étaient maintenant les miennes. J’étais quand même Illsyore, pas Les Ténèbres. Il avait fusionné avec moi, absorbé par moi, mais j’étais resté le seul et unique esprit actif. Il n’y avait plus de ténèbres à ce moment-là, alors il était illogique de me considérer comme responsable ou comme celui à blâmer pour ses péchés passés.

« Restons-en là, d’accord ? Je leur ai laissé une toute nouvelle ville en échange de tous les dégâts que les Ténèbres ont faits, et nous l’avons même arrêté, alors, cas résolu ! » avais-je ri.

Les femmes se regardèrent un moment, puis poussèrent un soupir de soulagement.

Elles étaient vraiment inquiètes pour moi, n’est-ce pas ? avais-je pensé.

« Combien de temps te faudra-t-il pour charger le cristal ? » demanda Nanya.

« Je ne sais pas. Laisse-moi voir…, » avais-je dit et j’y avais versé mon mana au même rythme que je le restaurais. Je l’avais fait parce que je ne voulais pas souffrir du contrecoup d’un stock vide.

Après environ 20 000 points de mana, le cristal était prêt.

« C’est fait, » avais-je annoncé.

« C’était rapide ! » Nanya déclara, surprise.

« J’ai beaucoup plus de mana qu’avant, » leur avais-je expliqué.

« Est-ce qu’on y va ? » demanda Shanteya.

« Alors, allons-y ! » Ayuseya hocha la tête.

« Je me joindrai à vous aussi…, » déclara Zoreya.

« Super ! Alors, accrochez-vous à moi ! » leur avais-je dit.

Elles m’avaient toutes pris dans leurs bras en même temps, me laissant à peine de la place pour bouger. Zoreya n’arrêtait pas de regarder ailleurs, elle n’avait pas encore réussi à se calmer.

« Alors, allons-y ! » avais-je dit. Puis j’avais activé le cristal.

***

Partie 4

Une lumière brillante nous couvrait tous, et comme la dernière fois, j’avais senti le monde autour de moi changer rapidement. La terre avait disparu sous mes pieds, l’espace s’était étendu autour de moi, puis s’était contractée à nouveau. L’air s’était arrêté et le temps s’était simplement arrêté pour nous. Une seconde, peut-être deux s’était écoulé avant que le monde ne redevienne normal. Comment était-ce arrivé ? Je n’arrivais toujours pas à comprendre, il y avait des équations et des façons de déformer le flux de mana qui m’avaient simplement échappé, du moins… pour l’instant.

La téléportation s’était bien passée et ne nous avait pas déposés au milieu du ciel comme la dernière fois. Quand nous avions ouvert les yeux, au lieu de la petite ville fantôme au milieu du désert, nous avions vu la forêt sauvage d’une île tropicale. Avec les dernières gouttes de mana du cristal dépensé, nous avions commencé à sentir la douce brise de l’océan, le parfum de l’eau salée, la chaleur du soleil, et finalement… le sable sous nos pieds.

« La plage…, » déclara Nanya, surprise.

Nous avions atteint notre destination, la plage d’une île abandonnée qu’aucun donjon, homme ou monstre ne connaissait. Nous étions arrivés à un endroit caché des yeux du monde et peut-être même des dieux. C’était l’île du donjon créée par nul autre que le Donjon Primordial qui n’était plus qu’une partie de mon corps. C’était un endroit qui ne suivait pas les lois traditionnelles des Donjons parce qu’au lieu de monstres réguliers, chaque être vivant dans cet endroit était une sorte de Boss.

D’un point de vue normal, c’était un endroit terrifiant, mais pour quelqu’un de notre niveau de pouvoir… ce n’était pas si terrible en fait.

« RAAARGH ! » le rugissement de l’un des boss avait été entendu, faisant trembler toute l’île.

Tout le monde s’était mis sur la défensive.

« Qu’est-ce que c’était ? » demanda Zoreya, surprise.

« Je n’ai aucune idée…, » avais-je répondu.

Un autre rugissement avait été entendu de notre gauche, et un cri s’était élevé dans le ciel quand un oiseau géant s’était envolé et avait attaqué quelque chose dans la forêt. Des bruits d’une bataille féroce retentissaient tandis que la forêt autour des deux bêtes puissantes était déchiquetée, envoyant plusieurs rochers et arbres volant dans le ciel, atterrissant partout.

« Que tout le monde soit sur ses gardes ! » cria Nanya en esquivant un tronc d’arbre.

Dessus, j’avais remarqué la marque des dents d’un très gros prédateur.

J’avais dégluti.

Je me demande si c’était une mauvaise idée, avais-je pensé.

L’oiseau géant que nous avions vu plus tôt, qui ressemblait EXACTEMENT à un corbeau avec des plumes brunes et blanches au lieu de noir, avait été jeté à travers les arbres et avait atterri dans l’océan derrière nous. Un tsunami de trois mètres de haut s’était formé et s’était approché de nous. Sans attendre une seconde de plus, Nanya avait sauté en avant et avait fait un trou. Puis vint le rugissement de la bête avec laquelle le corbeau géant se battait et des bruits de pas tonitruants se faisaient entendre venant de la forêt derrière nous.

J’avais de nouveau dégluti en regardant la bête qui s’approchait de nous. Les arbres avaient été poussés sur le côté et un T-Rex était sorti.

« C’est un dinosaure ! » avais-je dit en le montrant du doigt comme un gamin de cinq ans.

« RUGISSEMENT ! » le rugissement féroce m’avait fait avoir des frissons dans la colonne vertébrale.

L’instant d’après, le T-Rex avait tiré des rayons laser rouges de ses yeux et le corbeau avait contre-attaqué avec un souffle de magie de glace.

Tandis que cette bataille entre géants se déroulait avant nous, nous le regardions tous avec des yeux de poisson mort. Nos esprits s’étaient arrêtés alors que nous avions essayé de comprendre si c’était la réalité ou juste un rêve bizarre.

Finalement, le corbeau avait esquivé et avait essayé de s’enfuir en nageant dans l’océan, mais juste après… un énorme requin avait nagé et l’avait avalé en une bouchée. Le corbeau géant d’une envergure de 40 mètres et d’une longueur de 30 mètres avait été dévoré par une créature de plus de 100 mètres de long. Mais le plus amusant, c’est que l’énorme requin utilisait des portails… Il avait littéralement nagé vers le haut à travers un grand portail bleu et avait disparu.

Le T-Rex avait commencé à gémir de peur lorsqu’il avait vu la scène et s’était enfui sur l’île.

Quand nous avions regardé l’océan, nous avions vu un spectacle encore plus fou. Un grand serpent d’eau d’une longueur de près de 1 km nageait calmement à côté d’une cinquantaine d’autres serpents de ce genre. Entre nous et eux, il y avait un tas de ces requins géants qui fonçait sur le troupeau de corbeaux géants dans le ciel, qui se comptaient par centaines.

« Euh…, » avais-je dit alors que j’étais à court de mots.

Les choses n’étaient pas comme je m’y attendais… Le dernier souvenir du Primordial de cet endroit était celui de petits boss faibles que même Tamara pouvait vaincre, tandis que les plus dangereux étaient plus profonds à l’intérieur de l’île. Il semble qu’à un moment donné, entre la mort du Primordial et le présent, l’île du donjon avait évolué, non ?

En repensant à mes femmes, Nanya m’avait demandé avec un sourire forcé. « Illsy ? Comment allons-nous quitter cette île ? » me demanda-t-elle.

« Euh… Selon les souvenirs du Primordial, cette île se réinitialise tous les dix ans et ajoute des boss supplémentaires… Après un certain nombre de rassemblements, ils sont absorbés par le donjon et deviennent un boss beaucoup plus puissant. Tuer tous les boss ici nous donnera le libre passage vers le monde extérieur. La barrière va tomber et nous pourrons partir en paix. » J’avais répondu avec un sourire.

« Barrière ? » demanda Shanteya en baissant la tête.

« Ouais… une très puissante qui utilise la force vitale et le mana de tous les boss pour rester active. Si vous l’attaquez directement, vous serez attaqué par tous en même temps, » avais-je répondu.

« Donc… en d’autres termes… On doit tuer tous les boss légendaires de l’île pour pouvoir partir ? » demanda Ayuseya.

« Hein ? Légendaire ? » avais-je demandé, surpris.

« Oui, Illsy… Les monstres ou les boss que l’on croit impossibles à vaincre par un Suprême régulier sont appelés légendaires parce qu’ils apparaissent seulement et UNIQUEMENT dans les légendes…, » m’avait-elle dit avec un sourire forcé qui m’avait donné des frissons dans la colonne vertébrale.

J’avais dégluti.

« Le lézard géant qui a tiré des rayons de ses yeux est considéré comme un monstre légendaire très puissant qui a terrorisé le troisième continent jusqu’à ce que TOUS les suprêmes du continent unissent leurs forces pour le vaincre, » déclara Nanya et poussa un soupir.

« Le corbeau est mentionné comme le Dieu du ciel qui attaque les navires en mer. Personne n’a encore réussi à en vaincre un…, » ajouta Ayuseya.

« On dit des serpents en mer qu’ils sont des monstres qui festoient en avalant des îles en entier. On disait qu’il y avait un quatrième continent, mais trois de ces serpents l’ont mangé… et maintenant, nous en avons plus de 50 qui nagent calmement autour de cette île, » Shanteya enfonça le couteau encore plus profondément.

« Si les gens savaient qu’un tel endroit existait…, » déclara Zoreya en secouant la tête et refusa de penser à ce qui arriverait si tous ces monstres étaient libérés.

« Eh bien… Il n’y a pas de quoi s’inquiéter ! La barrière les gardera tous à l’intérieur ! » J’avais dit cela avec un sourire confiant.

« Oui, avec nous ! » cria Nanya.

« Euh…, » j’avais plissé mon front.

Je voulais répondre à une question, mais j’avais l’impression de ne pas avoir bien réfléchi. Eh bien, je n’avais aucune idée que nous rencontrerions des monstres aussi puissants… Je pensais plutôt aux Minotaures, des Géants, peut-être un ou deux de ces bêtes légendaires, mais certainement pas à des troupeaux entiers et à des meutes de bêtes.

« Eh bien ? Qu’as-tu à dire pour ta défense ? » demanda Nanya.

« Qu’est-ce que je peux dire ? Oups ? » J’avais forcé un sourire.

Elle avait poussé un gémissement.

« Hé ! Regarde le bon côté des choses ! » Je leur avais fait un sourire et j’avais un peu reculé. J’étais allé dans l’eau jusqu’aux chevilles. « On est à la plage ! On est sortis de ce désert ! » J’avais ri en disant ça.

« De la poêle à frire au feu, comme on dit, non ? » Shanteya secoua la tête et poussa un soupir.

« Plus comme un volcan…, » Nanya avait gémi.

« Hm…, » j’avais plissé mon front et je les avais regardées.

De mon point de vue, les choses ne s’annonçaient pas si mal que ça, mais en regardant les choses maintenant, au lieu d’un an seulement, nous finirions par dépenser au moins cinq ans à essayer d’abattre tous les boss ici. Toute l’expérience et le matériel que nous obtiendrions à la suite de cela allaient être incroyables ! Mais oui, le niveau de danger avait augmenté de quelques crans.

« Nous avons besoin d’un plan… et d’être prudents. Cette île est très dangereuse ! » nous avait avertis Zoreya en regardant les serpents de mer légendaires.

« On va s’en occuper ! » J’avais dit cela avec confiance.

« Comment le sais-tu ? » demanda Nanya en plissant les sourcils vers moi.

« Parce que, ma charmante femme, je peux encore le faire : COLLY TOS ! » J’avais crié à pleins poumons et j’avais levé les mains en l’air.

Quatre culottes étaient apparues de nulle part au-dessus de moi et avaient commencé à flotter doucement vers le bas.

En souriant, j’avais dit « C’est un succès ! Ce sort fonctionne enfin ! »

« EN QUOI EST-CE UN SUCCÈS ? » Nanya, Ayuseya et Shanteya avaient crié en même temps et m’avaient frappé à la tête, enterrant ma tête dans le rivage.

À quoi ça servait d’avoir une puissante armure magique si ça n’arrêtait même pas le coup de poing de mes femmes ?

« Nya ~ ! Froufrou ! » Tamara avait sauté pour les attraper.

Elle était aussi l’une des victimes de ce sort pervers. Quant à Zoreya, elle n’en portait pas…

Ainsi, notre première année sur cette île remplie de boss au lieu de monstres réguliers avait commencé ! J’étais certain que nous réussirions à tous les exterminer en temps voulu, et une fois que nous aurions fini, j’aurais enfin toute la puissance et les matériaux nécessaires pour construire l’Académie de Magie d’Illsyore !

***

Histoire Supplémentaire : Qu’est-ce que cela aurait pu être ?

[Point de vue du Ténèbreux Illsyore]

Même maintenant, je me souviens du moment où j’avais ouvert les yeux pour la première fois dans cet étrange monde nouveau… Je pensais comme un petit humain naïf, m’inquiétant constamment de petites choses comme la vie de ceux qui sont en dessous de moi.

Comme c’était stupide…

Pourtant, si je devais raconter comment ma vie avait commencé et s’était terminée, je dirais que tout avait commencé après avoir été convoqué et avoir pris possession du Corps de Cristal d’un Donjon. J’avais changé ma sous-espèce pour une sous-espèce Divine, puis j’avais commencé ma croissance et ma domination.

Pendant cette première nuit, il y avait eu une attaque contre l’Académie de Magie Fellyore. J’avais utilisé les meilleures compétences que j’avais à ma disposition et j’avais commencé à massacrer les imbéciles qui osaient s’aventurer sur mon territoire. Il ne pouvait y avoir qu’une seule survivante, une femme… J’avais alors le choix entre mettre fin à sa vie ou l’épargner.

J’avais choisi la première option, après tout, je n’avais aucune preuve que celle-ci ne finirait pas par me tuer en me poignardant dans le dos par la suite, non ? En plus, c’était juste un maigre assassin. À quoi sa vie aurait-elle pu servir à quelqu’un comme moi, un Seigneur du Donjon Divin ?

Et ainsi, j’avais vu le dernier point rouge disparaître lentement de ma carte. Le corps de la femme fut bientôt englouti par les flammes, et je retournai à mon Corps de Cristal. Cette nuit-là, je me sentais si malade que si j’avais eu un estomac, j’aurais renversé tout son contenu sur le sol. C’était la première fois que je tuais quelqu’un, et… même si ce n’était pas si terrible, mon côté humain désapprouvait beaucoup cela.

Le lendemain, j’avais appris que le feu que j’avais allumé avait presque brûlé toute la forêt. Les professeurs de l’académie avaient été capables de gagner juste à temps. J’aurais pu les aider, certes, mais je me sentais trop malade pour y penser. C’était une bonne excuse de mon point de vue, alors je n’avais pas laissé le « et si » me déranger.

Plus tard dans la soirée, Nanya était venue dans ma chambre et m’avait demandé ce qui s’était vraiment passé. Je ne lui avais rien dit, juste que j’avais entendu une grosse explosion dehors. J’avais peur de ce qu’elle ferait si elle découvrait que j’avais tué tant de gens. Peut-être que si j’avais épargné cette femme et que je l’avais amenée ici pour l’interroger, les choses auraient été différentes ?

Je doutais fort qu’il en soit ainsi. Un maigre assassin comme elle n’aurait aucune valeur importante pour moi ou pour elle. Même si je l’avais laissée vivre, elle se serait certainement suicidée par la suite, selon leur code. Je l’avais supposé parce que tous les assassins pensaient de la même façon, non ?

Comme je savais que les choses pouvaient mal tourner si je ne grandissais pas en force, j’avais décidé de commencer à construire un donjon souterrain. C’était juste sous mon corps de cristal, et j’avais préparé un plan spécial juste au cas où j’aurais besoin de fuir. Avec une grande considération pour les pièges et à quel point ils devraient être mortels, j’avais construit étage après étage.

Un jour, une escorte draconienne arriva à l’académie. C’était un homme nommé Dankyun. Apparemment, c’était un Suprême. Il était venu ici pour s’enquérir de sa future femme, une princesse draconienne nommée Ayuseya Pleyades. J’avais rapidement fouillé mon Territoire de Donjon et je l’avais trouvée en train d’essayer de s’échapper par l’arrière avec ses escortes personnelles.

Ce n’était probablement pas une bonne idée de le mettre en colère, vu sa puissance. Il y avait aussi quelque chose en lui qui m’avait foutu la trouille. J’avais décidé d’être gentil et je lui avais parlé de l’évadée.

Dankyun m’avait remercié et était allé chercher sa fiancée. Quand je l’avais vue, je l’avais trouvée plutôt mignonne pour une draconienne, mais apparemment elle était maudite ou quelque chose comme ça. Il n’y avait rien que je puisse faire contre ça. Il n’y avait aucune compétence dans ma liste. Même si je voulais l’aider, je ne pourrais pas.

Ainsi, la dénoncer m’avait sauvé non seulement moi, mais aussi l’académie, de la colère de ce Suprême. Qui savait quel genre de pouvoirs il détenait ? S’il pouvait me faire frissonner dans mes bottes, il n’était certainement pas du genre à plaisanter.

Sur une autre note, cette nuit-là, il appela Nanya dans sa chambre… Son signe de vie avait disparu vers 4 heures du matin. Je les avais trouvés nus. Il l’étranglait, mais j’avais trop peur pour bouger un muscle. De plus, il était trop tard pour elle… J’avais fermé les yeux et j’étais retourné vers mon corps de cristal.

Cette nuit-là, j’avais réalisé la vérité de ce monde. Cet endroit n’était pas comme les mondes cool et amusants dont j’avais entendu parler dans des romans ou que j’avais explorés dans mes jeux sur Terre. Non, cet endroit était une vraie terre sauvage remplie de monstres qui avaient pris la forme d’homme. Même Nanya n’était pas humaine. Quant aux draconiens, ils étaient à la limite entre monstre et humain.

Cette nuit-là, j’avais aussi été contacté par les esprits des Donjons qui étaient restés enfermés dans mon corps. Parmi eux, le plus puissant était probablement le Primordial. Je l’avais supplié de m’enseigner les voies des Donjons pour que je puisse survivre dans ce monde brutal où je n’avais ni amis ni alliés. Ils avaient accepté et m’avaient montré des merveilles que je n’aurais jamais pu découvrir par moi-même. Le prix de tout cela était de les accepter comme une partie de moi et de les laisser me guider de l’arrière-plan comme mes professeurs et mes maîtres.

Ainsi, après le départ de Dankyun avec sa fiancée et l’enterrement de Nanya, dont la mort avait été considérée comme un accident malheureux, j’avais commencé à me concentrer encore plus sur mon donjon. Puis, une semaine plus tard, les corps des assassins que j’avais tués étaient devenus des morts-vivants et avaient attaqué l’académie.

Au cours de la première vague, dix-sept étudiants étaient morts, dont un garçon el’doraw qui était autrefois l’escorte de la princesse Ayuseya. Ensuite, les enseignants avaient pu détruire les zombies, mais à cause des pertes, certains élèves s’étaient retirés.

Avant de quitter l’académie, le Primordial était venu me voir et m’avait dit de kidnapper l’un d’eux pour me montrer quelque chose d’intéressant. J’avais obligé et kidnappé une jeune femme draconienne d’environ 20 ans.

Selon ses conseils, je l’avais traînée dans mon donjon et l’avais regardée lutter contre les monstres et les pièges. Elle était morte empalée par un piège à pointes. Quand j’avais vu ça… Je me sentais… heureux.

La leçon qu’il voulait me donner était la suivante : dans ce monde, les matières organiques sont la nourriture des donjons.

Après avoir absorbé ses restes, j’avais eu un petit bonus en mana, alors j’avais pris l’habitude d’entraîner d’autres étudiants ici. En gros, j’avais attendu qu’ils quittent l’académie et qu’ils soient loin des yeux des enseignants, puis j’ouvrais un piège en dessous d’eux, les jetant directement dans mon donjon. Leur mort avait été douce, et j’avais gagné beaucoup de niveaux comme celui-ci. Grâce à mes sorts, j’avais aussi chassé des monstres autour de l’académie et j’avais gagné encore plus de force, mais je m’étais assuré de laisser leurs cadavres derrière moi pour qu’ils finissent par se transformer en zombies et attaquent l’Académie. Plus il y avait d’élèves qui étaient morts, plus il y a de XP et de puissance pour moi.

C’était exactement ce qui s’était passé, et après que les élèves aient commencé à disparaître, les enseignants avaient finalement commencé à se demander si ce n’était pas de ma faute. Quand ils étaient allés fouiller ma chambre, mon corps de cristal était déjà parti. Oh, vous auriez dû voir la tête qu’ils faisaient !

Leur premier ordre était d’appeler à une évacuation, mais j’avais déjà prévu cela et j’avais dressé un mur autour de l’académie, les emprisonnant tous à l’intérieur. Puis, j’avais commencé ma chasse.

Comme ils ne pouvaient pas me voir, j’étais libre de les tirer l’un après l’autre avec une [Lance de glace]. Leurs Armures magiques étaient presque inexistantes, mais j’avais continué à renforcer la mienne depuis que mes professeurs étaient entrés en contact avec moi.

À la fin de la journée, la moitié d’entre eux étaient morts. Leurs corps n’étaient ni brûlés ni absorbés, on les laissait pourrir et se transformer en zombies. La nuit, une autre vague de zombies monstrueux était arrivée, et j’avais aussi libéré plusieurs monstres dans l’école, leur apportant un chaos absolu.

Est-ce que je ressentais quelque chose pour eux ? Ce n’était pas nécessaire. J’étais un Donjon, ils étaient d’une espèce différente de la mienne. D’ailleurs, je voyais aussi tout cela à travers une interface similaire à celle d’un jeu. Qui avait déjà eu pitié des Mobs qu’ils avaient sans arrêt tué dans un jeu afin de gagner un peu de niveaux et peut-être une bonne récompense ou deux.

Au cours de ce raid, la plupart des enseignants non aventuriers étaient morts. Paladinus avait aussi péri en cours de route, et j’avais volé son corps avant que les autres ne puissent faire quoi que ce soit. Il avait du bon matériel sur lui. Je pourrais l’utiliser comme appât dans mon donjon.

Deux jours plus tard, la plupart des élèves étaient morts, mais sur les conseils de mes professeurs, j’avais épargné quelques femmes pour les utiliser comme nids de reproduction pour certains de mes monstres. Ces scènes, je ne les avais pas regardées, mais j’avais ordonné aux monstres de ne pas les tuer. Quant au professeur de l’académie, tous sauf Tuberculus étaient restés en vie. Le vieil homme avait essayé d’utiliser un cristal pour me fuir, mais je lui avais coupé la main avant qu’il puisse l’utiliser.

Je n’avais aucune idée de l’endroit où cela l’aurait envoyé, mais il n’était pas question que je laisse échapper un si bon sac de XP. C’était comme laisser le boss vivre avec seulement 1 % de Points de vie. C’était de la folie !

Quoi qu’il en soit, quelques mois plus tard, le donjon s’était avéré assez puissant, et je stockais du mana pour agrandir mon territoire de donjon afin de chevaucher également la ville voisine. Grâce à moi, le Primordial avait aussi fusionné avec les autres restes des Donjons en moi et était devenu Les Ténèbres. Nous formions une sorte d’équipe.

Avant d’attaquer la ville, un groupe d’aventuriers avait été envoyé pour m’écraser. Je les avais mangés. Puis un autre groupe était arrivé et un autre… Pendant plusieurs semaines, les aventuriers avaient continué d’essayer de rejoindre mon donjon, mais ils avaient tous été tués en cours de route. J’avais l’avantage d’être supérieur à eux et je l’avais utilisé comme je le voulais, c’était comme un jeu et ces aventuriers étaient le bonus de la scène.

Finalement, j’avais atteint la ville et je l’avais aussi consommée. L’invasion m’avait pris environ trois mois parce que je n’avais tué que les mâles forts. Les femmes, je les avais gardées en vie comme nids de reproduction, les vieillards et les enfants avaient été transformés en fermes à mana, et j’avais transformé la ville en une sorte de mini-donjon. À ce moment-là, j’étais au niveau 245. C’était sympa.

Oh, c’était quoi une ferme à mana ? Fondamentalement, un être vivant gardé dans une cellule et autorisé à vivre seulement avec les exigences minimales. S’ils voulaient de la nourriture, chaque jour, ils devaient pousser tout leur mana dans un petit cristal de collecte de mana et c’était tout.

Quelques mois après avoir fini la ville, et après que l’esprit de mes prisonniers ait été brisé, j’avais décidé d’utiliser les hommes capables pour s’accoupler avec les femmes. De cette façon, je gagnerais en quelques années plus de fermes de mana capables. Quant à savoir qui s’était accouplé avec qui, je m’en fichais. Je les avais tous jetés ensemble et je leur avais ordonné de le faire s’ils voulaient vivre. Il s’agirait d’un processus de farming répétitif pour augmenter le nombre de « batteries ». Les Ténèbres voyaient ce mouvement comme un coup de génie pur.

Eh bien, tout avait été beau et bon pendant plusieurs années, mais ensuite j’avais commencé à m’ennuyer. Je voulais bouger comme n’importe quel autre organique. Alors, j’en avais discuté avec Les Ténèbres, ce qui était maintenant presque impossible à distinguer de moi-même. Je pourrais jurer que la plupart du temps, j’avais l’impression de parler avec moi-même.

Le corps avait été choisi en fonction de plusieurs espèces que nous avions recueillies au fil des ans. J’avais changé quelques trucs pour le rendre plus fort et meilleur, mais je n’avais pas vraiment le savoir-faire pour le rendre encore meilleur, alors j’avais abandonné toutes les choses avancées et compliquées comme la bio-ingénierie.

En utilisant ce corps, j’avais pu me promener et faire ce que je voulais. Avec un niveau de 874, j’étais littéralement parmi les plus forts de ce continent. Qui pourrait m’arrêter ? Mais comme c’était le cas avec un corps organique, j’avais aussi exploré ma propre sexualité et j’avais utilisé les « batteries » comme entraînement.

Les Ténèbres m’avaient parlé du « Système d’Épouse », mais je ne m’en étais pas donné la peine, je voulais juste m’amuser un peu, pas engendrer un enfant. Il y avait un autre jeu pour ça.

À ce moment-là, j’avais vraiment vu toutes mes interactions comme un système de réalité virtuelle très avancé avec des graphismes incroyables et de multiples modes de jeu.

En utilisant ce corps, j’étais allé directement à la capitale du royaume de Shoraya et j’avais infiltré le château. Là, j’avais souillé la reine et les princesses, puis je les avais tuées et j’avais pendu leurs corps à l’entrée du château. Le roi était devenu fou quand il les avait vues. J’avais ri comme un fou quand j’avais vu ça.

À la suite de ma « blague », il m’avait envoyé ses Suprêmes. Je les avais tués et j’avais acquis une bonne dose d’expérience.

C’est alors que je m’étais souvenu de ce cristal que Tuberculus avait essayé d’utiliser. Il y en avait un qui était déjà rempli et un autre qui ne l’était que partiellement. J’avais pris celui avec le moins de mana, je l’avais rempli au maximum et je l’avais utilisé. Ensuite, j’avais atterri dans une sorte de désert. J’avais ri comme un fou quand j’avais vu ça, mais il fallait mettre fin à toutes les blagues.

Avec tout le pouvoir que j’avais, j’étais allé au premier établissement humain et… l’avais détruit. Par curiosité, j’avais aussi essayé la viande humaine pour la première fois. Je ne savais pas s’il avait bon goût ou non, mais le nekatar était comme le poulet, et le draconien était assez filandreux. Malgré tout, j’en avais fait une partie de mon menu à partir de ce moment-là, après tout… ils n’étaient pas de mon espèce, donc ça ne comptait pas comme du cannibalisme.

J’avais parcouru le continent pendant trois ans, massacrant tout ce qui était en vue, mais j’avais pris la peine de faire un donjon ici et là. L’un d’eux était toujours présent sur l’autre continent, alors ce n’était qu’une question de temps avant que j’y retourne.

En parlant de cela, pendant ce temps, j’avais aussi anéanti plusieurs royaumes. Je crois que l’un s’appelait Cordina, un autre s’appelait Tesuar, il y en avait un qui s’appelait Aunnar et qui avait un bon système d’esclavage. Après l’avoir détruit, j’avais utilisé les esclaves de la capitale pour des expériences humaines avec mes armes. La façon dont ils s’étaient éclaboussés tous dans la zone était amusante. C’était vraiment le meilleur match de tous les temps !

La dernière chose que j’avais faite ici a été de visiter les Temples des Dieux. Quand j’avais vérifié ma propre fenêtre d’état, j’ai vu que le truc d’Allégeance était vide. À un moment donné, je me souviens qu’il y avait un dieu, mais peut-être que c’était juste mon imagination qui me jouait des tours.

Même ainsi, je ne croyais pas qu’il y avait de vrais dieux dans cet endroit, alors j’avais fait de mon mieux pour détruire et souiller ces bâtiments, ce qui à son tour avait énervé plusieurs des soi-disant Apôtres.

De tous ceux que j’avais combattus, la femme appelée Zoreya avait été la plus difficile à vaincre. Mais après lui avoir coupé les bras et les jambes, elle ne pouvait rien faire d’autre. Alors je lui avais donné un avant-goût de ce que cela signifie être une femme. Les larmes sur son visage et les cris étaient absolument divins ! Ils m’avaient vraiment fait rire.

Quand je m’étais ennuyé d’elle, je l’avais tuée et j’avais jeté ses restes aux monstres pour festoyer. Avec ce dernier acte, j’avais commencé à me lâcher sur le continent, détruisant et massacrant tout ce qui était en vue pour tenter d’atteindre le niveau 1000. J’étais curieux de savoir si j’obtiendrais une prime ou une réalisation. Mais hélas, ce n’était pas censé être…

Ma frénésie meurtrière avait pris fin lorsque plusieurs Suprêmes et Apôtres des trois continents s’étaient regroupés et étaient venus m’attaquer. C’est Dankyun qui les avait dirigés… Grâce à son épée dégoûtante, ils avaient pu me vaincre. C’était dommage, mais je n’avais pas pu atteindre le niveau 1000. Peut-être que je pourrais recharger à un moment donné ? Hm, non ?

Meh, qui s’en soucie ? C’était juste un jeu… juste un jeu… rien de réel. Rien ! Hahahaha !

[Point de vue d’Illsyore]

« Pourquoi ai-je soudainement l’impression que notre situation actuelle est bien meilleure que l’alternative de passer en mode donjon sur ce monde ? » avais-je demandé en me grattant le menton.

« Je m’en fous ! Continue de courir ! L’araignée géante nous rattrape ! » m’avait crié Nanya.

Oui, nous courions actuellement à travers la forêt sur cette île éloignée où je nous avais téléportés il y a deux ans.

« Nyaaaa ~ ! Je n’aime pas les araignées ! Elles ont un goût affreux ! » Tamara s’était plainte en courant à côté de moi.

Hm… ces montagnes secouent bien ! J’approuve ! J’avais dit cela dans mon esprit.

« Tu viens de penser à quelque chose de pervers à propos de Tamara ? » demanda Shanteya alors qu’elle courait à reculons devant moi.

Sérieusement, l’agilité de cette El’Doraw était hors normes !

« Euh…, » j’avais détourné le regard.

« Illsy ! CONCENTRE-TOI ! » elles m’avaient toutes crié dessus.

Qu’est-ce qu’un Donjon était censé faire ? J’avais poussé un soupir, j’avais dressé un mur derrière nous, puis j’avais enfermé le boss dans une cage en Inconel enchantée. Maintenant, le chasseur était devenu le chassé. C’était un Steak d’Araignée ce soir ! Argh… Tamara avait raison pour le goût.

***

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2 commentaires :

  1. amateur_d_aeroplanes

    La, le prince qui n’a pas été averti que le palais avait été attaqué il y a plusieurs jours, cela n’est pas crédible.

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