Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 2
Table des matières
- Prologue : À Vos Côtés
- Chapitre 1 : Un Signe
- Chapitre 2 : Le sort de deux nations : Partie 1
- Chapitre 2 : Le sort de deux nations : Partie 2
- Chapitre 3 : Ultimatum
- Histoire Supplémentaire : L’Histoire d’un certain Groupe d’Aventuriers 2
- Chapitre 4 : Le Seigneur d’Altomura
- Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 1
- Chapitre 5 : La Bataille à l’Extérieur de Randel
- Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 2
- Chapitre 6 : L’Intrigante Bataille de la Cité du Dragon Rouge : Partie 1
- Chapitre 6 : L’Intrigante Bataille de la Cité du Dragon Rouge : Partie 2
- Chapitre 6 : L’Intrigante Bataille de la Cité du Dragon Rouge : Partie 3
- Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 3
- Chapitre 7 : Sacrifiez le Prunier afin de préserver le Pêcher : Partie 1
- Chapitre 7 : Sacrifiez le Prunier afin de préserver le Pêcher : Partie 2
- Chapitre 7 : Sacrifiez le Prunier afin de préserver le Pêcher : Partie 3
- Chapitre 8 : La Déclaration de Guerre : Partie 1
- Chapitre 8 : La Déclaration de Guerre : Partie 2
- Chapitre 8 : La Déclaration de Guerre : Partie 3
- Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 4
- Chapitre 9 : La Bataille Finale : Partie 1
- Chapitre 9 : La Bataille Finale : Partie 2
- Chapitre 9 : La Bataille Finale : Partie 3
- Épilogue : Le Véritable Lever de Rideau
- Prologue de l’Après-Guerre
- Histoire courte en prime 1 : Aisha dans la forêt protégée par Dieu
- Histoire courte en prime : Juna et Excel
- Histoire courte en prime : Ludwin et XXX
- Histoire courte en prime : Se faire habiller par Liscia
- Histoire courte en prime : Le travail en coulisses de Tomoe et Poncho
- Histoire courte en prime : La petite princesse Tanuki la veille de la bataille finale
- Illustrations
☆☆☆
Prologue : À Vos Côtés
« Liscia, tenez ces documents pour moi, » Demanda Souma.
« ... D’accord. J’ai compris, » lui répondis-je.
Dernièrement, Souma avait agi étrangement. Alors que je prenais la pile de documents des mains de Souma, une pensée me vint à l’esprit.
Récemment, Souma avait travaillé sur la paperasserie avec encore plus de zèle et d’enthousiasme qu’auparavant. C’était comme si nous étions revenus à cette époque, peu de temps après que mon père lui ait remis le trône. Il ne devrait pas avoir été aussi occupé maintenant alors que nous étions dans une telle situation, mais il me semblait qu’il cherchait encore plus des travaux à faire et s’en attribuait bien plus que raisonnable.
Et pourtant, quand il s’était soudainement retrouvé avec du temps libre devant lui, il n’avait rien fait en particulier, il avait simplement regardé par la fenêtre pendant tout ce temps. Auparavant, quand il avait eu du temps libre, il venait dans ma chambre et travaillait sur des poupées, ou aurait cherché pour des tenues mignonnes afin d’habiller Tomoe, mais ces derniers temps, il ne l’avait même pas fait.
Je regardai actuellement Souma traiter silencieusement les documents se trouvant devant lui.
Le changement était subtil, et j’étais sûr que personne d’autre dans le château ne l’aurait remarqué.
Je me mis alors à parler. « ... hm ? Quelque chose ne va pas ? » Après avoir remarqué mes yeux posés sur lui, Souma leva les yeux.
Il répondit, « ... Non, ce n’est rien. » Après avoir entendu ces mots, je m’étais retourné avant de sortir du bureau des affaires gouvernementales.
« Ha ! Hé, Liscia. » J’entendis la voix de Souma qui m’appelait depuis derrière moi, mais je ne pouvais pas retourner là-bas. Ou plutôt, je ne pouvais pas supporter de voir Souma comme il était maintenant.
*
Cette nuit-là, Juna Doma était venue dans ma chambre.
« Alors, Princesse, le comportement de Sa Majesté est étrange depuis quelque temps. Est-ce ce dont vous vouliez parler ? » me demanda-t-elle, la tête légèrement sur le côté dans une pose interrogatrice.
Je l’avais appelée alors qu’elle se préparait pour une émission pour le Joyau de Diffusion de la Voix, et je l’avais faite venir dans ma chambre lorsque la diffusion fut terminée.
J’étais reconnaissante pour ça. Car lorsque j’avais dit à Juna qu’il y avait quelque chose d’étrange à propos de la façon dont Souma avait agi ces derniers temps, elle était venue avec moi malgré l’heure tardive.
« Prenez place, Juna. » Je m’étais assise sur mon lit, lui faisant un signe de la main afin qu’elle s’assoie à côté de moi.
« Excusez-moi. » Déclara Juna avant de s’asseoir juste à côté de moi.
Je rentrai directement dans le vif du sujet. « Je ne sais pas trop comment le dire, mais... Il semble distrait. Il semblerait qu’il soit encore plus absorbé par son travail que jamais auparavant, mais quelques instants après, il est là, la tête dans les nuages avec un regard vide bloqué sur l’extérieur. »
« ... Je vois. Je pense que je peux comprendre, même si ce n’est que partiellement. » Peut-être que Juna avait une idée de ce qui se passait, car elle hocha la tête avec un regard mystérieux sur son visage. « J’ai vu la même chose. Lorsque j’ai eu une réunion avec Sa Majesté concernant notre programme de diffusion, son esprit semblait être ailleurs. Cependant, je ne peux pas dire depuis quand il est ainsi. »
« Je pense qu’il est ainsi depuis que nous sommes revenus de la Forêt Protégée par Dieu. » Dis-je.
C’était il y a deux semaines. Un glissement de terrain catastrophique avait frappé la patrie des elfes sombres, la Forêt Protégée par Dieu, qui était aussi la patrie du garde du corps de Souma, Aisha Udgard. Souma avait dirigé l’unité qui avait à l’époque effectuée les premiers secours aux elfes.
Lorsque l’annonce de cette catastrophe était arrivée, on m’avait demandé de revenir à la capitale pour faire venir des renforts, alors je n’avais pas personnellement participé à l’opération de sauvetage. Cependant, Souma avait été là avec Halbert, Kaede et les autres soldats de l’Armée Interdite, menant des opérations de secours dans l’enfer de cette zone sinistrée.
J’avais l’impression que c’était le moment où Souma avait commencé à agir étrangement. « Peut-être est-ce après l’opération de secours qu’il a commencé à agir de façon étrange, car après tout... »
« Mais j’ai entendu dire que Sa Majesté avait accompli beaucoup de bonnes choses pendant qu’il était là, » Déclara Juna.
« Oui, » répondis-je, d’accord avec elle. « Je pense aussi qu’il a fait un très bon travail là-bas. »
J’avais entendu dire qu’il avait utilisé sa capacité, les Poltergeists Vivants, afin de contrôler des souris en bois. Et avec elles, il avait cherché sous la terre et le sable, aidant à trouver beaucoup de personnes qui avaient été enterrées vivantes. Toutefois...
« Mais ce n’est pas du tout ce que Souma a ressenti de ça. C’est peut-être parce qu’il a vu tant de corps, il pense : “N’aurais-je pas pu mieux diriger ces choses ?” » (Liscia)
« En soi, je ne pense pas que cela soit une mauvaise chose qu’il pense de cette façon, cependant... » Juna avait une expression complexe sur son visage.
Il était important de réfléchir sur ces choses-là. Cependant, une réflexion excessive pourrait conduire à une haine de soi, et cela serait contre-productif.
« C’est exactement pourquoi je voudrais que vous l’encouragiez pour moi. » J’avais pris la main de Juna, plaçant ma propre main dessus.
Les yeux de Juna s’étaient alors ouvert en grand avant de me dire. « V-Vous voulez... que moi, je fasse ça ? »
« Vous êtes la seule personne à laquelle je peux demander de faire quelque chose comme ça. Aisha est encore dans la Forêt Protégée par Dieu, et Tomoe est encore un peu petite pour ça. Et en dehors d’elles, si je devais demander à Mère ou à Serina, ce ne serait pas efficace, car elles ne sont pas assez proches de lui. »
« Mais, si tel est le cas, alors ne serait-ce pas vous qui êtes le meilleur choix pour ça, Princesse ? » Demanda-t-elle. « Après tout, vous êtes tous les deux fiancés, et je vois bien que vous êtes préoccupée par lui. »
« Je... ne peux pas le faire seule, » dis-je, baissant les yeux. « Je suis plus jeune que Souma, alors il pense probablement, “En tant qu’homme, je ne veux pas lui montrer mes faiblesses.” Quand il est devant moi, Souma agit toujours en affichant une grande force. »
« J’ai le même âge que Sa Majesté. Est-ce que vous vous en rendez compte ? » Me répondit-elle.
« Vous pouvez bien avoir le même âge, mais la façon dont vous agissez est bien plus mature, » dis-je. « Je pense que vous feriez un bon travail pour traiter avec un jeune homme qui essaie de paraître fort. »
Alors que je me plaçai dans une position bien droite, Juna baissa la tête.
« C’est pourquoi Juna, » achevai-je ma demande. « C’est pourquoi je vous demande de prendre soin de Souma pour moi. »
« Princesse... Je comprends. Je ne serais peut-être pas très utile, mais permettez-moi de faire tout ce que je peux faire, » Déclara Juna, posant une main sur sa poitrine avant de hocher la tête.
***
Après avoir quitté la chambre de Liscia, Juna était allée au bureau des affaires gouvernementales, qui était aussi actuellement la chambre de Souma. Les activités ici étaient très mouvementées pendant la journée, avec toutes les allées et venues des bureaucrates, mais tard dans la nuit, c’était assez calme pour pouvoir faire ressentir le souvenir de toute cette agitation qui s’était déroulée au cours de la journée.
Deux gardes qui étaient là afin de protéger Souma se tenaient de chaque côté de la porte.
C’est vrai, Aisha n’est pas ici. Pensa Juna. C’était à prévoir, étant donné que...
Ce n’était pas vrai qu’Aisha restait du côté de Souma 24 h sur 24, 8 jours sur 8, mais elle était avec lui assez souvent pour que cela semble anormal quand elle n’est pas là pour le protéger.
Juna se dirigea vers la porte, faisant un léger signe de tête aux gardes. Liscia devait déjà avoir parlé aux gardes, car ils n’essayèrent pas d’arrêter Juna.
C’est un peu tard pour l’évoquer maintenant, mais c’est un mouvement plutôt audacieux pour la princesse que d’envoyer une dame dans la chambre de son fiancé aussi tard dans la nuit.
Après avoir laissé un homme et une femme seuls la nuit, qu’est-ce qu’elle avait l’intention de faire si "quelque chose" devait se produire au cours de cette nuit ? Croyait-elle que rien ne se passerait ? Ou n’était-ce pas plutôt, même si "quelque chose" devait se produit, elle était prête à l’accepter si cela réconfortait Souma ?
... et d’une façon ou d’une autre, j’ai l’impression que c’est le dernier cas qui était envisagé.
Juna lâcha un soupir d’admiration. Dernièrement, quand elle regardait Liscia, il y avait des moments où elle pouvait voir chez elle la dignité d’une vraie reine.
Quand ses fiançailles soudaines avec Souma avaient été décidées, au départ, il y avait eu une certaine gêne entre les deux, mais maintenant elle semblait avoir accepté la réalité de la situation.
Elle est vraiment une personne magnifique.
Après chaque jour qu’elle avait passé avec Souma, Liscia était devenue un peu plus attrayante en tant que femme. Un jour, elle sera une splendide reine, ainsi qu’une bonne épouse et une mère emplie de sagesse. Juna ne pouvait s’empêcher de la respecter comme une camarade.
La princesse m’a demandé cela personnellement. Moi aussi, je dois faire mon devoir.
Raffermissant un peu plus sa résolution, elle frappa doucement à la porte du bureau des affaires gouvernementales et appela, « Votre Majesté, c’est Juna Doma. Êtes-vous toujours réveillé ? »
Elle gardait sa voix assez basse pour que, s’il était déjà endormi, elle ne le dérange pas.
« Juna ? Vous pouvez entrer, » elle avait entendu ce que Souma avait dit depuis l’intérieur de la pièce.
Après que Juna ait ouvert la porte avec un « Pardonne-moi. », avant d’entrer dans la pièce, elle trouva Souma examinant de la paperasse à l’aide de la lumière des bougies. Souma posa le document sur le bureau, affichant alors un sourire quelque peu fatigué vers Juna.
« Que se passe-t-il pour être ici si tard dans la nuit ? Est-ce que vous dormez au château ? » Demanda-t-il.
« Ha... Oui, c’est le cas, » Répondit Juna. « Il a été décidé que ce soir, je resterais dans la chambre de la princesse. »
« Pour faire une fête entre filles ? Cela semble amusant. » Déclara Souma.
Comme il lui avait donné cette réponse franche et aucunement sur la défensive, alors que Juna n’avait pas vraiment menti, mais elle se sentait quand même coupable.
« Non... En tous cas, que faites-vous là, Sire ? J’avais entendu dire que vous aviez terminé votre travail de gestion journalière. » Demanda-t-elle.
« Ah, avant ça, je me suis allongé pour aller au lit... Mais comme je n’arrivais tout simplement pas à dormir, j’ai donc commencé à regarder les documents dont je devrais me charger demain. Je pensais que cela pourrait m’aider à avoir un peu plus sommeil, » dit Souma, jetant un coup d’œil à la pile de papiers se trouvant sur son bureau. Juna pouvait voir une grande fatigue dans son expression.
« Est-ce qu’il serait possible... que vous n’ayez plus dormi depuis un long moment ? » Demanda Juna.
Souma se gratta légèrement la tête. « Vous savez, mon corps a beau être fatigué, mon esprit ne me laissera pas dormir. Quand je ferme les yeux afin d’essayer de dormir, je finis par penser à toutes sortes de choses. À propos de tout ce que j’ai fait, de tout ce qu’il reste à faire, de savoir si les décisions que j’ai prises étaient correctes ou non, si les décisions que je vais prendre seront appropriées... Tout cela résonne dans ma tête, et ainsi, je ne peux plus m’endormir. » Déclara Souma en faisant un faible rire.
Juna se remémora alors que, depuis que Souma avait été invoqué dans ce monde, il avait été contraint de supporter de lourdes charges : remettre le pays en marche, résoudre la crise alimentaire et fournir de l’aide dans la zone sinistrée par la catastrophe. Et toutes ces charges auraient dû être bien trop lourdes pour Souma, qui après tout n’était qu’un étudiant jusqu’à très récemment. Et maintenant, cette fois-ci, il lui fallait trouver une solution au conflit entre lui et les trois ducs, ainsi qu’aux problèmes liés aux manœuvres de la Principauté d’Amidonia qui se maintenait dans l’ombre. Toute cette pression devait être ce qui le gardait éveillé ces derniers jours. Quand elle comprit cela...
« Ho ! ... Pardonnez-moi, juste un petit moment. » Juna prit la main de Souma et le força à se lever.
« Hein !? Attendez, que se passe-t-il ? » il trébucha.
Ne se souciant pas du fait que Souma soit troublé, Juna le tira par la main jusqu’à l’emmener jusqu’au simple lit installé dans un coin de la pièce, puis le poussa vers le lit, produisant ainsi un bruit sourd.
Après que Souma soit allongé sur le lit, les yeux écarquillés, après qu’il ait été ainsi poussé sur le lit, Juna lui parla alors d’un ton calme.
« S’il vous plaît, dormez. » (Juna)
« Hein !? J-Juna ? » (Souma)
« S’il vous plaît. Il vous faut juste dormir. » Juna, qui affichait toujours un sourire chaleureux, avait une expression inhabituelle sur son visage. C’était comme si elle agissait ainsi afin de gronder un vilain petit frère, sévère, mais en même temps plein d’inquiétude pour la personne avec qui elle parlait. « Je sais que la situation est vraiment difficile, mais prenez soin de vous. La Princesse Liscia aussi est très inquiète. »
« Liscia aussi ? » Demanda-t-il.
« Oui. Sire, elle a vu à travers votre façade. Elle savait que quelque chose n’allait pas et m’a donc envoyé ici. Elle m’a ainsi demandé de faire de mon mieux pour vous satisfaire. » (Juna)
« ... Et bien, zut ! » Souma leva les yeux vers le plafond, un sourire désabusé visible sur le visage. « J’ai pensé que... si je travaillais durement tout en faisant de mon mieux, alors, vous savez... »
« Sire, vous travaillez durement. Cependant, vous avez travaillé bien trop durement, » Juna s’était assise sur le bord du lit, posant une main sur le front de Souma. Il pouvait sentir la fraîcheur de la main de Juna voler la chaleur de son front. Tout en appréciant cette sensation agréable, Souma ferma les yeux.
Tout en regardant Souma, Juna commença à tranquillement chanter.
*
Pour ce soir, va dormir. Dormir jusqu’à demain.
Et quand tu te réveilleras, alors va marcher.
Et lorsque tu te seras fatigué, rendors-toi
Et plus tu marcheras, plus il y aura de mains présentes pour te soutenir.
*
Ce n’était pas une chanson du monde de Souma, mais une berceuse de ce monde-ci. Une chanson que les mères chantaient à leurs enfants quand ils commençaient à apprendre à marcher. Une chanson qui priait afin que leurs enfants puissent beaucoup marcher, beaucoup dormir et qu’ainsi, ils puissent grandir en bonne santé. Cependant, la phrase « Et plus tu marcheras, plus il y aura de mains qui seront présentes afin de te soutenir. » Toucha au plus profond du cœur de Souma, provoquant des larmes.
Souma posa son bras sur ses yeux, les cachant. « ... Désolé, pour vous permettre de me voir ainsi, je me sens vraiment nul... »
Juna sourit. « Il est bon pour vous de maintenant pleurer. Parce que moi aussi, je suis à vos côtés. » Alors qu’elle disait ça, elle caressa doucement la tête de Souma.
« Je peux parfaitement comprendre pourquoi vous ne voulez pas mal paraître devant la princesse, » lui déclara-t-elle, laissant sa douce voix entrer dans les oreilles de Souma. « C’est aussi à cause de ces sentiments que vous pouvez travailler durement et essayer de toujours paraître fort. Cependant, lorsque vous vous sentez fatigué de tout cela, alors appelez-moi. Au cours des nuits où vous ne pouvez pas dormir, laissez-moi être présente afin de chanter pour vous. »
Peu de temps après, Juna entendit sa respiration se calmer pendant qu’il s’endormait progressivement. Son corps et son esprit étaient tous deux bien assez épuisés pour ça. Il s’était donc endormi au moment où son cœur avait été apaisé.
Juna se leva du lit, vérifia que Souma dormait profondément, et plaça la couverture sur lui. Ensuite, elle se dirigea vers la porte pour ainsi partir en silence. Elle atteignit la poignée et soudain, elle s’arrêta.
Juna se retourna pour ensuite marcher jusqu’au lit, avant de placer ces cheveux derrière son oreille, avant de place son visage proche de l’oreille de Souma. Et alors, elle chuchota avec une grande douceur.
C’est bon. Je suis à vos côtés. Si la princesse fait ressortir votre force, alors moi, je cacherais votre faiblesse.
Note
Voici la carte du continent.
☆☆☆
Chapitre 1 : Un Signe
Nous nous trouvions au milieu du 9e mois de la 1.546e année du Calendrier Continental.
À Elfrieden, où les quatre saisons étaient particulièrement distinctes, même par rapport aux autres pays continentaux, la chaleur persistante de l’été avait disparu et nous étions maintenant dans une saison plus tempérée. Il s’agissait de la saison des récoltes abondantes, lorsque la crise alimentaire de ce pays devrait être résolue.
Même avec une telle saison qui se trouvait devant eux, il restait quand même un malaise dans le royaume. La source de ce malaise résidait dans l’opposition entre le nouveau roi, Souma Kazuya et les trois ducs.
Souma, qui aurait été invoqué en provenance d’un autre monde en tant que héros, avait eu son potentiel reconnu par l’ancien roi, Albert Elfrieden, qui lui avait alors cédé le trône. Avec le soutien de la fille de l’ancien roi, Liscia, qui était devenue la fiancée de Souma, Souma avait agi afin d’enrichir le pays et renforcer l’armée. Il avait rassemblé autour de lui une grande variété de personnes douées, avait résolu la crise alimentaire, avait créé un réseau de transport et s’était même impliqué personnellement dans l’aide apporté après une catastrophe. Tout cela aurait pu être un peu trop simple pour qu’on puisse l’appeler un héros, mais son règne stable avait le soutien de la population.
D’autre part, les trois ducs étaient les trois personnes qui contrôlaient les forces terrestres, aériennes et maritimes du royaume.
Le général de l’Armée de Terre du Royaume d’Elfrieden, le Duc Georg Carmine, qui était un homme-bête de type lion.
L’amiral de la Marine du Royaume d’Elfrieden, la Duchesse Excel Walter, qui était une femme serpent de mer.
Le général de l’Armée de l’Air du Royaume d’Elfrieden, Le Duc Castor Vargas, qui était un Dragonewt.
Ces trois personnes avaient protégé le royaume pendant de longues années, mais ils n’étaient toujours pas fidèles au nouveau roi, Souma, et ils avaient rassemblé leurs propres troupes et s’étaient positionnés dans leur propre territoire. Leurs intentions n’étaient pas encore très claires, mais des trois ducs, le général d’armée Carmine avait accueilli les nobles qui avaient fait l’objet d’une enquête de Souma pour corruption, et ainsi, il avait clairement établi une position d’opposition vis-à-vis de ce nouveau roi.
Le nouveau roi Souma et le général d’armée de terre, Georg Carmine.
La population croyait que ce n’était qu’une question de temps avant que ces deux personnes ne soient entrées en conflit.
***
« Souma, écoutez-moi, » me disait Liscia. « Dans les guerres de ce monde, c’est la coordination entre les forces terrestres et aériennes qui est importante... »
C’était un jour où, avec des choses qui se développaient peu à peu, vous pouviez vraiment sentir que c’était maintenant l’automne. Ce jour-là, j’avais demandé à Liscia de venir afin de me donner un cours sur les guerres de ce monde. Comme le conflit inévitable avec Georg, qui abritait en ce moment les nobles corrompus, et avec Amidonia, qui manœuvraient dans l’ombre, se rapprochait de plus en plus, je voulais avoir au moins une compréhension de ce qui se passait sur un champ de bataille.
Bien sûr, en tant qu’amateur total, je ne commanderais pas moi-même les troupes. Quand la guerre arrivera, j’allais probablement agir en laissant le contrôle de mes forces personnelles, l’Armée Interdite, au Capitaine de la Garde Royale, Ludwin. Même si, en tant que roi, et donc celui qui devait décider d’ouvrir ou non les hostilités, je sentais que je devais connaître ces choses-là, et donc j’avais demandé à Liscia de m’apprendre.
Même si elle était de la royauté, elle avait obtenu son diplôme de l’Académie des Officiers et était suffisamment formée sur les questions militaires que Ludwin avait déclaré à propos d’elle : « Même si elle n’a pas l’expérience de mener une grande armée, elle possède suffisamment de courage pour le faire et n’aurait aucun problème à en commander une. »
Honnêtement, je voulais juste avoir un aperçu de la façon dont une escarmouche fonctionnait, alors elle aurait pu le simplifier, mais Liscia était trop sérieuse concernant ce genre de sujets. Elle avait même préparé un tableau noir pour pouvoir dessiner des diagrammes afin de m’expliquer certaines choses, transformant cela en quelque chose proche d’une conférence qu’on pourrait trouver dans son école d’officiers.
Liscia avait dessiné deux cercles sur le tableau, mettant un label "Notre Armée" et "L’Armée Ennemie". Elle avait également écrit les mots "force terrestre" et "force aérienne" dans les deux cercles.
Mais maintenant, je devrais vous informer d’une chose. Ce que l’on entend par "force terrestre" ou "force aérienne" était différent de ce que vous vous attendez à voir sur la Terre. Les guerres dans ce monde étaient encore effectuées par des chevaliers en armure, donc, si vous regardiez le style, c’était semblable à la guerre de Cent Ans. Cependant, dans ce monde, il y avait de la magie et il y avait aussi des créatures fantastiques telles que les wyvernes.
Dans les forces terrestres, il n’y avait pas seulement de l’infanterie, de la cavalerie et des archers, il y avait aussi des mages. Et quant à la force aérienne, elle n’était pas composée d’avions de chasse, elle était composée de chevaliers-wyvernes, qui se battaient sur le dos de grands lézards volants. De ce fait, la manière dont se déroulaient les batailles finissait naturellement par être différente de celle de la Terre.
« Je ne connais pas le déroulement des batailles navales, donc ce dont nous allons discuter ne couvrira que les batailles terrestres, d’accord ? » Déclara Liscia. « Tout d’abord, sur le champ de bataille, les forces aériennes et terrestres des deux camps commenceront à se battre pratiquement au même moment. »
Liscia avait d’abord tracé des flèches collées sur les deux forces terrestres et les avait poussées l’une dans l’autre.
« La bataille entre les forces terrestres respecte une certaine procédure. Cela commence par les tirs à longue distance des archers et des mages, puis, lorsque la formation ennemie se brise, l’infanterie avance et charge l’adversaire. Les chevaliers et la cavalerie légers cherchent des ouvertures, chargeant en petits nombres afin de perturber la formation de l’ennemi, ou en masse, chargeant l’ennemi, suivi par l’infanterie, afin de briser l’unité ennemie. Nous appelons cette tactique le “Cisaillage”, et ce qui arrive après est appelé le “Déferlement”. C’est probablement assez semblable aux batailles dans votre monde, n’est-ce pas ? »
« ... Eh bien, nous ne lançons pas des sorts depuis l’arrière sur les lignes ennemies, mais en dehors de cela, je pense que c’est pareil, » dis-je.
D’une certaine manière, ceci me faisait me rappeler des souvenirs de quand j’avais regardé les scènes de combat dans une série dramatique de Taiga [1].
Il commençait par un échange de tir à l’aide d’arquebuse et de l’arc et de flèches. Ensuite, lorsque les soldats à pied ashigaru [2] avaient reçu l’ordre de charger, ils avaient avancé sous les tirs des fusils, et même s’ils avaient été abattus en masse, ils avaient avancé jusqu’à l’ennemi. Parce qu’il était difficile d’utiliser des armes à distance pour frapper des ennemis une fois qu’ils avaient été autorisés à se rapprocher, les défenseurs enverraient leur propre unité de soldats ashigarus, et à partir de là, les deux unités d’Ashigaru se battraient l’une contre l’autre. Parce que ce monde n’avait pas développé d’armes à feu, il serait plus facile de penser à la magie en remplacement des arquebuses.
Ensuite, Liscia avait tiré les flèches depuis les deux forces aériennes, en les amenant aussi l’une contre l’autre.
« Et, en même temps que les deux forces terrestres entrent en collision, les forces aériennes s’écraseront aussi l’une contre l’autre. S’ils peuvent prendre le contrôle de l’espace aérien au-dessus du champ de bataille, alors la cavalerie wyverne peut voler à des altitudes que les flèches ne peuvent pas atteindre pour laisser tomber des barils de poudre (une sorte de bombe). » (Liscia)
« C’est... très brutal. » Dis-je.
C’était comme... l’arrivée de la peur et de la douleur qui les frappées d’un coup, mais sans moyen de se défendre face à ça.
« Mais, dans ce cas, est-ce que l’armée de l’air n’est-elle pas la clé de la victoire ou de la défaite lors d’une bataille ? » Demandai-je.
« Non, » dit-elle. « La bataille entre les forces aériennes ne décide presque jamais du résultat d’une bataille. »
« Hein !? Mais, tout à l’heure, vous avez dit que si vous pouviez prendre le contrôle de l’air, vous pouvez attaquer sans qu’il soit possible de riposter. » Dis-je.
« Oui, je l’ai dit. C’est précisément pour cela que l’objectif principal de la bataille aérienne n’est pas de prendre le contrôle de l’espace aérien, mais d’empêcher l’autre côté de prendre le contrôle de l’espace aérien. » (Liscia)
Ensuite, Liscia écrit "1.000" à côté de la force aérienne de notre armée et "500" à-côtés de l’ennemi.
« Les chevaliers-wyverne ne sont qu’une petite fraction de l’effectif de l’armée. Dans le royaume Elfrieden, il y a 1000 chevaliers, et dans la Principauté d’Amidonia, environ 500 chevaliers. Maintenant, en entendant cela, vous pourriez penser à un combat direct, notre équipe gagnerait, mais l’ennemi sait qu’ils sont dans une situation de désavantage numérique. Ils ne tenteront pas activement de faire une offensive. Ils vont donc se limiter à la défense. Si nous essayons une attaque massive, alors nous subirons des pertes bien plus lourdes que prévu. Il faut beaucoup de temps pour entraîner un seul chevalier-wyverne, alors on ne peut pas accepter ce genre de pertes. » (Liscia)
« Ah, je pense que j’ai compris maintenant. Fondamentalement, sur le champ de bataille, le travail de l’armée de l’air est de protéger son espace aérien jusqu’à ce que la bataille entre les deux forces terrestres soit décidée, n’est-ce pas ? » (Souma)
« Vous l’avez bien compris... Cependant, si notre force aérienne est considérablement plus puissante que celle de l’autre pays, alors il y a des situations où les choses peuvent être décidées par la seule bataille aérienne. » (Liscia)
Liscia se tourna vers la carte du continent se trouvant sur un tableau, puis souligna du doigt le grand pays sur le bord ouest, l’Empire Gran Chaos. Puis elle désigna la chaîne de montagnes L’Étoile du Dragon dans le centre et le Royaume des Chevaliers Dragons Nothung au nord.
« L’Empire Gran Chaos possède des unités de l’armée de l’air qui ne sont pas organisées autour de wyvernes, mais d’un autre type de montures appelées Griffons. » (Liscia)
« Lorsque vous dites Griffons... Est-ce que ce sont ceux avec la tête d’un aigle, et un corps qui ressemble à un lion avec une paire d’ailes ? » Demandai-je.
« Oui, » me répondit-elle. « Ils ne peuvent pas effectuer de vol continu sur une aussi longue durée comme peuvent le faire les wyvernes, mais ils peuvent faire des virages serrés dans les airs, et ils peuvent ainsi dominer les wyvernes dans un combat aérien. Et en plus, l’Empire possède aussi un grand nombre de wyvernes. Ceci les rend extrêmement dangereux. »
D’après ce que j’entendais, les wyvernes étaient comme des bombardiers, alors que les griffons étaient comme des chasseurs. Les deux avaient des forces et des faiblesses selon la façon dont ils étaient utilisés, mais quand il s’agissait d’une bataille, les chasseurs qui pouvaient faire des virages plus serrés seraient les plus forts des deux. Pendant que j’étais assis là, satisfait de ma propre explication, Liscia continua à parler.
« Ensuite, la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon et le Royaume des Chevaliers Dragons Nothung ont des dragons. » Déclara-t-elle.
« Maintenant que vous le dites... Je pense que j’ai entendu parler d’eux quand nous avons trouvé les os du dragon pour faire le bassin de sédimentation. » Dis-je.
Les dragons avaient un degré de Puissance Magique incomparablement supérieur à ce que les wyvernes avaient, ils étaient intelligents, ils comprenaient le langage humain, et apparemment ils pouvaient même prendre une forme humaine. Bien qu’ils ne tombent pas dans la classification de l’humanité, il existait un pacte de non-agression mutuelle avec l’humanité et ils avaient ainsi construit leur propre pays dans la chaîne de montagnes de L’Étoile du Dragon. En matière d’apparence, alors que les wyvernes avaient des ailes au lieu de leurs pattes antérieures, comme les ptérosaures, les dragons avaient des ailes, mais ils avaient aussi des jambes avant et des jambes à l’arrière, ressemblant plus à la conception occidentale des dragons de la Terre.
« Au nord de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, dans le Royaume des Chevaliers Dragon Nothung, il y a des chevaliers-dragons qui ont formé des contrats avec des dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. » Déclara Liscia.
Liscia continua. « Un chevalier-dragon prend un dragon en tant que partenaire, et en échange de leur aide afin de produire des descendants, le dragon leur prête leur force sur le champ de bataille. Fondamentalement, ils se marient avec les dragons. »
« Hmm... Puis-je penser à eux comme une version améliorée de la cavalerie wyverne ? » Demandai-je.
« Ils sont semblables, mais les chevaliers de dragon sont d’une puissance bien plus importante. Quand un dragon et son chevalier deviennent ainsi mari et femme, ils sont en parfaite synchronisation l’un avec l’autre. Même 1 000 soldats de la force terrestre ne seraient pas de taille face à eux. J’ai entendu dire qu’ils avaient même réussi à repousser une invasion de l’Empire quand elle était à son apogée, alors même que l’Empire avait son unité de Griffons. » (Liscia)
« Et bien... dans ce cas, ils ont en définitive la force aérienne la plus puissante, » dis-je.
C’était donc comme s’ils allaient dans la bataille tel un couple marié qui participerait à une course à trois jambes. Non, dans leur cas, je suppose que ce serait une course à cinq jambes.
En passant, les dragonewts, comme le général des Forces Aériennes Castor Vargas, étaient une race née de l’union entre ces dragons et leurs chevaliers. Quand un enfant naissait de l’union d’un dragon et d’un chevalier, ce pouvait être un dragon, il pourrait aussi appartenir à la race du chevalier, ou pour finir, il pouvait être un dragonewt. Il n’y avait aucun moyen de prévoir de quelle race il serait. C’était totalement aléatoire. D’un autre côté, un dragon ne pouvait pas naître d’un dragonewt. Et si un Dragonewt épousait une autre race, alors il y avait 50 pour cent de chance qu’un dragonewt soit le résultat de cette union, alors ils étaient assez nombreux.
« Attendez, hein !? Pourquoi avons-nous commencé à nouveau à parler de ça ? » Demandai-je.
« Parce que nous parlions de la difficulté pour la cavalerie-wyverne d’être le facteur décisif dans la bataille, souvenez-vous de ça ? » Liscia me regarda, consternée.
Oh ! D’accord ! Oui, c’est vrai.
Ensuite, Liscia avait dessiné une image d’un château sur le tableau. « C’est une tendance qui devient particulièrement évidente dans les batailles contre un château. À première vue, vous pourriez penser que la force aérienne pourrait survoler les murs du château, attaquant directement le château et la ville, mais c’est actuellement impossible. »
« Pourquoi n’est-ce pas possible ? » Demandai-je.
« Parce qu’il y a ce que vous pourriez appeler des tueurs de forces aériennes, des lanceurs de carreaux antiaériens, installés sur les murs des châteaux. » (Liscia)
Selon Liscia, depuis l’instant où les chevaliers wyverne étaient apparu dans ce monde, il y avait eu des recherches effectuées pour avoir des contre-mesures contre eux. C’est parce que, si les chevaliers-wyverne étaient autorisés à survoler les murs en toute impunité, c’était une menace pour la sécurité de l’État. Afin de contrer la cavalerie wyverne, le lanceur à répétition de carreaux anti-air avait été inventé.
À l’intérieur d’une grande boîte rectangulaire, il y avait de petits compartiments, comme un nid d’abeille, et chacun d’eux était un carreau. Les carreaux avaient leur distance de vol augmentée grâce à des sorts attachés sur eux, et ils poursuivaient tous ce qui s’était présent dans les cieux. Le lanceur de carreaux à répétition antiaérien pouvait envoyer plusieurs dizaines de ces carreaux simultanément.
Si un chevalier-wyverne se rapprochait trop près du mur, les carreaux tirés par les lanceurs à carreaux antiaériens les attaqueraient tels des missiles à tête chercheuse.
« C’est pourquoi, afin de pouvoir bombarder une ville, il fallait d’abord attaquer les murs du château depuis le sol afin de détruire les balistes. » Expliqua Liscia. « Jusque-là, le travail de l’armée de l’air est uniquement de protéger l’espace aérien se trouvant au-dessus des forces terrestres. »
« Je vois... Les prises de châteaux sont comme une impasse à trois voies, » dis-je.
Les forces terrestres étaient battues par les forces aériennes, les forces aériennes étaient battues par des lanceurs à carreaux et les lanceurs étaient battus par des forces terrestres. C’était à cause de ces forces et faiblesses interconnectées que Liscia avait déclaré que la coordination entre les forces aériennes et les forces terrestres était importante. En gros...
« Pour le moment, en mettant de côté la marine, dans la situation actuelle, où nous n’avons pas la force terrestre ou de force aérienne, alors si la Principauté d’Amidonia devait nous envahir, alors nous n’aurions aucun moyen de nous en occuper, n’est-ce pas ? » (Souma)
Liscia resta silencieuse.
Le royaume d’Elfrieden avait une main-d’œuvre totale d’environ 100 000 soldats.
Pour rompre ça, l’armée personnelle du roi, l’Armée Interdite, comptait plus de 40 000 hommes.
40 000 hommes dans l’armée de terre, dirigée par Duc Georg Carmine.
10 000 dans la marine, dirigée par Duchesse Excel Walter.
1000 dans l’armée de l’air, dirigée par Duc Castor Vargas.
Tout d’abord, en ce qui concerne l’armée personnelle du roi, l’Armée Interdite, en réalité, seulement environ 10 000 soldats de ces troupes pouvaient être mobilisées. Pour le public, l’Armée Interdite comptait plus de 40 000 personnes dans ses effectifs, mais ce nombre comprenait également les mercenaires envoyés par l’État mercenaire, Zem, ainsi que les forces personnelles des nobles qui n’étaient pas attachés à l’armée de terre, à la marine ou à l’armée de l’air. De ceux-là, j’avais déjà résilié notre contrat avec les mercenaires zemish. Cela avait été en partie pour diminuer les dépenses, et en partie à cause des conseils de Machiavel vis-à-vis de la confiance qu’on pouvait avoir envers les mercenaires. En plus de cela, bien que les choses puissent être différentes dans une bataille contre Amidonia, dans le prochain conflit entre moi et les trois ducs, beaucoup de personnes de la noblesse allaient devenir des alliés des bons jours (seulement là quand tout va bien, trahissant au moindre problème). Si c’était vraiment pour une guerre contre les trois ducs, alors je ne pourrais probablement pas compter sur l’utilisation de leurs forces personnelles.
En tant que tel, le nombre de troupes que je pourrais déployer serait d’environ 10 000 hommes, composé de la Garde Royale et des forces dont j’avais un contrôle direct.
L’armée que je contrôlais directement était presque entièrement composée d’infanteries (800 membres de la Garde Royale étaient de la cavalerie lourde), mais parce que récemment, je les avais mis au travail sur des projets d’infrastructure, tous avaient aussi les compétences requises pour être des ingénieurs militaires. De plus, dans mes forces personnelles, il y avait aussi 500 mages de terre tout comme Kaede.
Maintenant, comme pour les trois ducs, si je devais vous donner un bref aperçu de la situation, c’était ce à quoi cela ressemblait.
Tout d’abord, il y avait les 10 000 hommes de la marine. La plupart d’entre eux étaient les équipages des cuirassés, des croiseurs, des destroyers ou des torpilleurs. Il n’y avait qu’environ 2 000 marines qui pouvaient aller à terre afin de se battre. Alors, même si nous devions les combattre, parce que ce serait sur terre, ils n’étaient pas une menace.
Cependant, leur amiral, la Duchesse Excel Walter, justifiait la prudence vis-à-vis d’elle.
Elle était une femme incroyable, possédant non seulement de la sagesse et du courage, mais également un sens de la politique diabolique. J’avais entendu dire qu’elle avait surmonté la crise alimentaire qui avait frappé tout le royaume en utilisant son propre plan totalement indépendant des autres. Si je l’ennuyais, elle trouverait probablement des moyens surprenants de profiter de mes faiblesses, même en dehors des champs de bataille. Personnellement, des trois ducs, elle était celle dont je voulais le moins en faire une ennemie.
En revanche, l’armée de l’air avait un leader qui serait facile à gérer, mais ses soldats étaient très risqués à affronter.
Chacun de leurs soldats allait de pair avec une wyverne, et il y avait environ 1000 membres dans cette cavalerie-wyverne. Les chevaliers-wyvernes étaient aussi forts que ce que Liscia avait expliqué plus tôt. Avec l’Armée Interdite n’ayant que quelques wyvernes utilisées pour relayer des messages, il serait difficile de directement les combattre.
Le général de l’armée de l’air Castor Vargas était un dragonewt, et ce n’était pas exagéré de dire qu’il était un guerrier sans pareil. Aussi, étant un dragonewt, même sans wyvernes, il pouvait voler en utilisant ses propres ailes. Il était passionné, impulsif, et avait un dégoût pour l’utilisation de toute sorte de petites astuces. Alors que ses actions seraient faciles à lire, il avait tendance à mettre en avant ses croyances avant ses propres intérêts, alors si je devais le persuader en fonction de ce qui était à son avantage... il était celui qui serait le moins susceptible de continuer ainsi.
Et enfin, il nous restait les 40 000 hommes des forces terrestres, et là, le général et ses troupes allaient être gênants.
Alors que le nombre simple de soldats qu’ils avaient sous ses ordres était déjà impressionnant, leur équipement et leur qualité globale étaient comme une version améliorée de ce que j’avais vu dans l’Armée Interdite et les forces que je contrôlais directement. En plus de l’infanterie et de la cavalerie, il y avait aussi une unité d’arme de siège ainsi que la puissance de feu fournie par leurs mages de feu qui était à un tout autre niveau que les miens. C’était vraiment une armée construite pour jouer le rôle principal au sein d’une guerre.
L’homme qui dirigeait ce corps d’armée, le général Georg Carmine, était un commandant féroce et un vétéran de nombreuses batailles.
Alors que sa prouesse martiale n’était pas moins que celle de Castor, il ne comptait pas seulement là-dessus. Il était le rare guerrier qui pouvait prendre des décisions d’une grande intelligence soutenues par son expérience passée. Honnêtement, je ne voulais pas de lui en tant qu’ennemi, tout comme pour la Duchesse Walter, mais... Il ne semblait pas qu’il avait l’intention de reculer. Il avait abrité les nobles qui avaient été accusés de corruption et se positionnait clairement pour une confrontation vis-à-vis de moi.
De ce que le père de Hal, Glaive Magna, m’avait dit, il y avait beaucoup de nobles et de chevaliers dans la faction de l’armée de terre qui avaient quitté le Duc Carmine en raison des doutes qu’ils avaient quant à la position qu’il prenait, mais ses forces étaient renforcées par les soldats personnels des nobles corrompus.
40 000 hommes dans l’armée de terre face aux 10 000 hommes de l’Armée Interdite.
Si l’on devait combattre, alors l’ennemi aurait quatre fois plus d’hommes que nous.
« Quatre fois notre nombre... Ce sont des situations où Sun Tzu aurait dit, soit de fuir, soit d’éviter la bataille. » Dis-je.
« Sun Tzu ? » Demanda Liscia.
« Un très grand stratège militaire de mon Ancien Monde. » (Souma)
Le nom de Sun Tzu se transmettait à Sun Wu (il avait écrit L’Art de la Guerre), qui avait servi le roi de Wu pendant la Période des Printemps et des Automnes de l’histoire chinoise, ou à son descendant, Sun Bin (il avait écrit l’Art de la Guerre de Sun Bin). Ils étaient tous deux d’excellents stratèges, et L’Art de la Guerre et L’Art de la Guerre de Sun Bin étaient tous deux d’excellents livres traitant de la stratégie militaire.
Quand je lui avais expliqué cela, Liscia m’avait regardé d’un air dubitatif.
« Souma, vous étiez avant ça étudiant, n’est-ce pas ? Pourquoi avez-vous lu des livres sur la stratégie militaire ? » Me demanda-t-elle.
« Oui, parce que j’ai toujours aimé l’histoire, » dis-je. « C’est donc lié à mon intérêt pour l’histoire. »
J’avais surtout aimé lire Shiji, les Mémoires du Grand Historien, ainsi que l’Histoire des Trois Royaumes, et des livres sur la période des Royaumes Combattants du Japon. À titre d’exemple, j’avais lu à la fois l’Art de la Guerre et l’Art de la Guerre de Sun Bin, car les deux Sun Tzus apparaissent comme des personnages dans les Mémoires du Grand Historien.
Si vous les lisez, vous verrez qu’ils étaient plutôt intéressants. Comme Machiavel, ils vivaient dans des temps troublés et, dans leur travail, ils ont accepté que « C’est la façon dont les humains sont, » et ils avaient discuté de la meilleure façon de faire face aux guerres interminables.
Les deux étaient devenus célèbres à cause de la guerre, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’ils étaient belliqueux. Les deux s’étaient prononcés contre le recours trop facile à la guerre. Sun Wu avait dit, « Briser la résistance de l’ennemi sans combattre était la meilleure chose à faire. » (que vous trouviez dans "l’Attaque Stratégique" de Sun Wu) et alors qu’il était dans le conseil de guerre avec le Roi Wei, Sun Bin avait dit, « La guerre n’est pas un lieu de gaieté. » (Dans la "Réunion avec le Roi Wei" de Sun Bin.)
Cependant, dans un monde chaotique, de telles platitudes ne suffisaient pas toujours. Si vous ne vous défendiez pas, que vous n’attaquiez pas, alors le résultat serait que la population périrait !
Les deux Sun Tzus avaient compris ce fait. Sun Bin avait dit, « Même les grands dirigeants de légende voudraient gouverner avec moralité, mais ils ne pouvaient pas faire cela. C’est pourquoi ils devaient subjuguer les méchants rois à l’aide de la guerre. »
Il est important de séparer les idéaux de la réalité et de faire ce que, d’une manière réaliste, vous devez faire.
« Même si je ne veux pas le faire, je dois quand même le faire, » dis-je. « Parce que je suis désormais le roi. »
« Hein !? Souma... ! » Liscia commença à parler.
Mais à ce moment-là, quelqu’un frappa à la porte.
« Entrez, » criai-je, et là, ma belle-sœur adoptive, Tomoe, fit sortir sa tête de l’ombre de la porte.
« Grand Frère Souma, Hakuya vous appelle, » annonça-t-elle.
Il semblerait que Tomoe avait été envoyée par mon Premier ministre, Hakuya, pour venir me chercher.
« De Hakuya ? » Demandai-je. « J’y vais. Eh bien, Liscia ! S’il vous plaît, la prochaine fois, apprenez-moi le reste. »
Après avoir fait cette demande à Liscia, je quittai la pièce pour aller voir Hakuya.
***
« Hum... Grande Sœur, est-ce que quelque chose ne va pas ? » Demanda Tomoe.
Alors que je regardais sans relâche la porte que Souma avait utilisée, ma sœur adoptive me parla, semblant inquiète.
Oh, ce n’est pas bon, pensai-je. Je ne peux pas faire s’inquiéter une petite fille...
« C’est juste... Qu’il y avait quelque chose qui me dérangeait... » Dis-je.
« Quelque chose vous a dérangé ? » Tomoe inclina sa tête vers le côté, d’un air interrogateur. Elle avait l’air adorable alors qu’elle l’avait fait, ce qui m’avait aidé à me calmer un peu.
« ... Tu vois. Souma m’a dit, “Parce que je suis désormais le roi”. » (Liscia)
« Mais vous savez, Grand Frère Souma est le roi de ce pays. » Dit-elle.
« Eh bien, oui, mais... » (Liscia)
Mais... Je ne pensais pas que le Souma que je connaissais jusqu’à maintenant aurait dit ces mots.
Jusqu’à tout récemment, il avait dit des choses comme « Je garde temporairement la couronne » ou « Une fois que j’aurais fini de reconstruire ce royaume, je vous la rendrai, Liscia. » Comme je l’avais pensé, participer aux secours dans la Forêt Protégée par Dieu pourrait avoir amené Souma à changer d’avis. Bien sûr, je voulais que Souma soit le roi, et s’il avait pris conscience de sa position, cela aurait dû être une bonne chose, mais...
Mais je ne sais pas... Pour une raison quelconque, il y a un malaise dans mon cœur.
Je ne pouvais pas le dire correctement avec des mots. Il y avait une sorte de prémonition insidieuse présente dans ma poitrine. Il semblerait que Souma se transformait lentement en quelqu’un qu’il n’était pas.
« Grande Sœur ? Grand Frère Souma est-il étrange ? » Tomoe me regardait de nouveau avec inquiétude.
Il semblerait que j’avais à nouveau eu un regard lugubre sur mon visage.
Je tapotai alors Tomoe sur la tête. « Tout ira bien. Souma n’est pas seul. Car après tout, il nous a tous auprès de lui. »
« Oui. » La petite queue de loup de Tomoe remuait énergiquement.
... Oui, c’est vrai. Quel que soit le futur qui nous attend...
... Souma, je marcherais à vos côtés jusqu’à la fin.
Notes
- 1 Taiga Dráma est une série de fictions historiques diffusée au Japon.
- 2 Le mot ashigaru signifie « pied léger ». Ce sont les unités d’infanterie de base du Japon médiéval, principalement constitué de paysans coiffés du jingasa leur nom provient du peu d’armures dont ils disposaient, leur offrant une certaine mobilité, mais peu de protection. L’arme des ashigarus était théoriquement le naginata (vouges), mais, avec le temps, leur armement a été de plus en plus constitué de yari (lances) pour finalement être remplacé par les arquebuses tanegashima ou teppo. Ils constituaient la majeure partie des troupes d’une armée et la presque totalité des troupes à pied.
☆☆☆
Chapitre 2 : Le sort de deux nations
Partie 1
— 9e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — dans la Capitale Princière de Van
La cité de Van, qui était la capitale princière de la Principauté d’Amidonia, était entourée par de hautes murailles, et son architecture ne présentait aucun excès ou ornement quelconques. Pour le dire d’une manière élogieuse, il présentait ce qu’on pouvait appeler comme étant austère et brut de forme. Mais avec des termes moins favorables, alors on pourrait dire qu’il s’agit là de quelque chose de monotone et terne. Et ce paysage peu raffiné de cette ville ressemblait beaucoup à sa population.
Il y a deux règnes, ce pays, qui avait perdu des terres lors d’une guerre avec Elfrieden, avait fait de la vengeance envers ce royaume leur politique nationale. Ce qu’ils avaient dès lors apprécié au-dessus de tout était la philosophie guerrière. De leurs hommes, ils avaient exigé de l’austérité. De leurs femmes, ils avaient demandé de la servilité envers ces hommes, ainsi qu’une grande modestie féminine. De ce fait, il n’y avait pas d’hommes qui riaient dans les rues et qu’aucune femme ne se promenait dans des tenues à la mode.
Voici la nature profonde de la "ville tranquille" de Van, mais récemment il y avait eu un étrange engourdissement dans l’air. Ceci avait commencé lorsque leur pays voisin, le Royaume ennemi d’Elfrieden, avait subi un changement soudain de roi.
En l’an de grâce 1546 du Calendrier Continental, le Roi Albert d’Elfrieden avait abdiqué de son trône.
Albert, l’ancien roi, était un souverain médiocre, mais en raison de sa nature douce, il était respecté par ses vassaux et le peuple. Cependant, en raison de cette douceur, il n’avait jamais mis en œuvre les politiques draconiennes qui auraient déraciné la corruption de ses abjects vassaux. Grâce à cela et à une variété d’autres causes qui se chevauchaient, le royaume était tombé dans un lent déclin.
Cet Albert avait donné son trône à un héros qu’il avait invoqué en provenance d’un autre monde. Ce héros était connu sous le nom de Souma Kazuya.
En même temps qu’Albert avait confié le trône à Souma, il avait également arrangé des fiançailles avec sa fille unique Liscia, avec le nouveau roi, assurant ainsi la prise de pouvoir de Souma. Ce Souma, auquel le trône avait été transféré, n’avait pas encore été formellement couronné, mais il était en effet le roi et s’était engagé dans une série de réformes politiques de grande envergure.
Avec ce changement soudain de roi, il y avait eu ceux qui au départ, avaient soupçonné une usurpation du trône, mais, avec le soutien de Liscia, il avait réparé les torts causés par ses vassaux, rassemblé du nouveau personnel, amélioré grandement la situation de la sécurité alimentaire alors que nous étions en période de pénurie et fait installé un réseau de transport à l’échelle nationale afin d’augmenter la capacité de transports dans tout le pays.
Avec la mise en œuvre régulière de ses politiques et plus encore, Souma avait acquis le soutien de la population. Pour un héros, il était plutôt quelconque, mais en tant que roi, il était magnifique. Il s’agissait là de l’appréciation que le peuple avait de lui.
*
Cependant, le règne de Souma ne naviguait pas en douceur sur tous les aspects.
Tout d’abord, les trois ducs qui contrôlaient les forces terrestres, aériennes et maritimes d’Elfrieden (il y avait aussi une autre force que ces trois-là, l’Armée Interdite, qui servait directement le roi) n’avaient toujours pas juré fidélité à Souma.
Le Général de l’Armée terrestre, Georg Carmine était un homme-bête de type lion.
L’Amirale de la Marine, Excel Walter, était quant à elle une femme-serpent des mers.
Et pour finir, le Général des Forces Aériennes, Castor Vargas, était un dragonewt, un mélange entre un homme et un dragon.
Depuis le changement de rois, ces trois personnes avaient rapatrié leurs armées et s’étaient retirées sur leur propre territoire.
Parce que tout cela avait eu lieu dans un autre pays, leurs intentions exactes restaient inconnues, mais il était clair que leurs relations avec Souma étaient tendues. En particulier, il y avait des rumeurs selon lesquelles le général de l’armée, Georg Carmine, avait rassemblé encore plus de troupes sur son territoire, rendant claire sa position de contestation vis-à-vis de Souma. En outre, les nobles qui avaient été accusés par Souma de corruption s’étaient retournés contre Souma.
Ceux qui avaient commis des actes répréhensibles sérieux et avaient été dépouillés de leurs titres avaient vu leurs terres et leurs biens saisis. Ceux dont les crimes étaient encore plus graves devaient être emprisonnés ou punis encore plus sévèrement.
Les nobles corrompus n’étaient pas contents de ces répercussions et avaient tenté de prendre leurs biens et de fuir le pays. Cependant, les frontières avaient déjà été scellées et, sans autre choix possible, ils s’étaient rassemblés chez Georg Carmine, qui était en opposition clair face à Souma.
*
Ainsi, avec la discorde entre Souma et les trois ducs qui remontait à la surface, les citoyens d’Amidonia étaient pleins d’entrains. Il y avait des rumeurs tout à fait plausibles selon lesquelles le roi Souma avait commencé à rassembler des troupes afin de neutraliser les trois ducs qui ne reculaient pas de leur position de rebelle. Le royaume connaissait un conflit entre le roi et ses vassaux.
Il s’agissait d’une situation où la Principauté d’Amidonia avait l’eau à la bouche. Ceci semblait être une chance inattendue de pouvoir poursuivre leurs objectifs nationaux, de ‘récupérer nos terres volées’ et de ‘se venger de ce royaume’.
En raison de ces faits, non seulement parmi les soldats, mais aussi dans la population en général, le consensus présent était le suivant : « C’est le moment parfait pour envahir le royaume ! »
Dans cet état militariste, l’armée venait en premier et le bien-être de la population en second. La priorité avait été accordée à l’armée lorsque l’argent avait été distribué, ce qui signifiait que la population n’était pas du tout devenue plus prospère. Bien sûr, il y avait eu beaucoup de mécontentements, mais la population avait accepté, car pour eux, « toutes nos souffrances sont entièrement de la faute du Royaume d’Elfrieden, qui a volé nos terres. »
Plutôt que de diriger leur colère vers les politiciens ou l’armée, ils l’avaient plutôt dirigée vers le Royaume d’Elfrieden. Peu importe combien ils étaient mal gouvernés, c’était toujours de la faute de ce royaume. Du point de vue d’un homme d’État, il ne pouvait y avoir de situation plus idéale.
En outre, cette croyance selon laquelle ‘ce royaume est responsable de toutes nos difficultés’ avait conduit naturellement à croire que ‘nos vies deviendront meilleures si nous pouvons vaincre le royaume ennemi’. C’était précisément la raison pour laquelle, compte tenu de cette opportunité, apparemment idéale, il y avait eu une poussée croissante visant à lancer l’invasion du royaume. Après avoir eu vent de cette poussée, des mots audacieux pouvaient être entendus dans chaque coin de rue.
« Enfin, le temps est venu pour nous de nous battre contre ce royaume ! »
« C’est vrai ! Nous n’attendrons pas plus longtemps ! »
« Le vaillant et viril Seigneur Gaius ne perdra jamais face à ce gamin ! »
« Une guerre, hein... !? »
Alors que beaucoup de personnages parlaient de la guerre, il y avait aussi ceux qui se sentaient incertains sur la guerre qui semblait se rapprocher à vue d’œil. Ils craignaient qu’eux-mêmes, leurs foyers ou leurs familles ne soient pris au piège.
Cependant, en ce moment, l’opinion publique de ce pays ne leur permettrait pas d’exprimer leurs inquiétudes. Ils n’avaient d’autre choix que de refréner leur anxiété, se confiant au courant guerrier.
Une personne regardait silencieusement les personnes depuis l’ombre d’une allée.
Cette personne portait une robe de couleur ocre, un capuchon couvrait entièrement sa tête, de sorte qu’il n’était pas possible de voir son expression. Cependant, vous pouviez dire qu’elle était de petite carrure et qu’elle faisait moins de 160 cm de haut. La personne avait alors soupiré en réaction à la manière dont la population agissait, puis s’était mise à marcher à vive allure.
La personne se dirigeait vers un magasin. En raison de la marchandise visible dans la vitrine, on pouvait penser qu’il vendait des vêtements pour hommes. Sur un panneau à l’avant, l’on pouvait lire « Le Cerf d’Argent ».
La personne entra dans le magasin, et à l’instant où elle enleva son capuchon, deux tresses jumelles purent être vues. La capuche avait caché le visage adorable d’une jeune fille.
Ensuite, un homme d’âge mûr avec des cheveux grisonnants qui était habillé tel un barman avait émergé depuis l’arrière du magasin. Cet homme avait un comportement de gentleman et, après avoir vu la jeune fille, il l’avait accueilli avec un « Je vous souhaite la bienvenue. »
« Qu’avez-vous pensé, Dame Roroa ? » Rajouta-t-il. « À propos des choses que vous avez vues dans la ville ? »
« Il n’existe pas deux manières différentes, Sébastien... c’est terrible, » répondit la jeune fille.
La fille qui s’adressait au propriétaire de ce magasin en argot marchand était la première princesse d’Amidonia, Roroa Amidonia.
« Presque tout le monde cherche la guerre, » continua-t-elle. « Ils pensent que ce roi Souma est jeune et ne peut garder son peuple dans la bonne voie. Ils n’ont même pas pensé une seconde que mon vieux père pourrait perdre... »
« Après tout, Lord Gaius est fort et viril, » déclara le propriétaire du magasin.
« Il a l’air rude, c’est tout, » déclara la princesse. « Même s’il est fort, ce n’est qu’un homme. »
Même s’ils étaient père et fille, Roroa était impitoyable dans ses critiques. Entre Roroa, qui avait un grand sens de l’économie et qui voulait utiliser l’argent qu’elle avait gagné afin de reconstruire le pays, et Gaius, le militariste qui voulait mettre tous ses fonds dans du matériel militaire, il y avait une large division quant à leur manière de penser.
Il était triste de voir un tel fossé entre le parent et l’enfant, mais Roroa, en tant que première princesse de ce pays, se trouvait dans une position où elle devait faire plus que simplement déplorer ce fait. En tant que personne qui se trouvait au-dessus des autres, elle devait agir pour se préparer à toute éventualité.
Peut-être par égard pour elle, Sébastien avait demandé d’un ton amical, « Alors, Dame Roroa, comment voyez-vous la nature de Souma ? »
« Je ne sais pas, » répondit-elle. « Les choses que j’entends en provenance de lui... ce ne sont pas ses réalisations personnelles, ce sont les accomplissements de ses subordonnés. C’est pourquoi il est tellement difficile à comprendre. Bien qu’il semble être un roi qui a su bien écouter ses vassaux. »
Avec ces mots, Roroa mit ses mains sur ses hanches, avant de faire un gémissement.
« Si nous menons une guerre face à quelqu’un, si on ne peut pas le comprendre correctement, alors c’est dangereux... Et cela ne change pas simplement parce que le roi et les trois ducs ne s’entendent pas. Qu’il s’agisse du territoire, de la puissance ou de la population, le royaume nous est largement supérieur. Et, bien sûr, il y a aussi le nombre de soldats qui va avec. Nous avons beaucoup de ressources minières, donc la qualité de notre équipement est bonne, mais... c’est bien la seule chose que nous avons de notre côté. »
Avec Roroa faisant cette évaluation pessimiste, Sébastien demanda, « Dame Roroa, croyez-vous que ce pays perdra ? »
« Je vous l’ai déjà dit, je ne sais pas, » répondit-elle. « La guerre n’est pas mon domaine d’expertise. Pourtant, ce que je sais, c’est que si nous perdons, ce sera vraiment très mauvais pour nous. Ce n’est pas seulement du royaume que nous devons nous inquiéter. Il y a la théocratie irritante du nord, l’état papal de Lunaria, et il ne faut pas oublier qu’il y a aussi la République de Turgis, qui cherche une occasion pour s’avancer plus au nord. Nous avons une alliance avec l’État mercenaire de Zem à l’ouest, mais je ne suis pas sûr qu’ils nous aideront grandement si nous finissons le dos au mur. »
L’État Papal de Lunaria était le siège de l’Orthodoxie Lunaire, une religion qui se tenait, à côté du culte de la Matriarche Dragon, comme l’une des deux plus grandes religions de ce continent. Ce pays était régi par le Pape de l’Orthodoxie Lunaire, qui était à la fois une autorité temporelle et religieuse, et ils avaient un système de valeurs nettement différent des autres pays. Il existait beaucoup d’adeptes de l’Orthodoxie Lunaire dans la Principauté d’Amidonia, et après certaines actions, il était possible que l’État puisse renverser leur principauté.
La République de Turgis au sud était une terre emplie d’un froid glacial. Au cours de leur long hiver, leurs terres étaient enterrées sous des tonnes de neige et leurs mers enfermées dans de la glace. Pour cette raison, dans leur quête de terres non gelées et d’un port dans des eaux chaudes, ils surveillaient toujours le nord afin de trouver la moindre possibilité d’expansion.
L’État mercenaire de Zem était un pays unique. Il avait annoncé qu’il était d’une neutralité éternelle, mais avait obtenu des garanties de sécurité mutuelle en envoyant leurs mercenaires dans chacune des nations. Ils avaient expédié des mercenaires à la principauté ainsi que dans tous les autres pays, mais... ces mercenaires étaient uniquement motivés par le profit. Si leur pays se trouvait dans une mauvaise situation, il n’y avait aucun moyen de savoir jusqu’à quand les mercenaires prendraient part aux combats.
Si le pire devait se produire, et qu’ils devaient perdre au cours de cette guerre, comment ces trois pays réagiraient-ils ?
C’était ce qui inquiétait Roroa.
« En ce moment, les émotions qui sont présentes dans ce pays sont vraiment les pires possible, » Déclara Roroa en faisant un soupir. « Il n’y a personne qui réfléchit à ce qui se passera si nous perdons. Bien que, dans le pire des cas, nous puissions être envahis par trois de nos voisins en même temps. »
Elle avait alors réfléchi un peu avant de parler. « C’est pourquoi je vais faire ce que je dois faire. Même si cela veut dire que je dois me séparer de mon vieux père, je dois être prête si les choses vont vers le sud... »
Alors qu’elle disait ça, elle l’expliquait en affichant un large sourire. « Alors, voilà, Sébastien. Aider une femme à sortir, cela vous va ? »
« Je suppose que je vais devoir le faire, n’est-ce pas ? » Répondit Sébastien avec un haussement d’épaules, comme s’il essayait de dire qu’on profitait de lui. C’était l’apparence qu’il essayait de projeter, mais il s’était déjà résolu depuis longtemps à jeter son destin dans les mains de cette fille. Parfois, les actes de Roroa trahissaient sa jeunesse, mais elle avait un certain charme qui attirait les gens auprès d’elle.
Parfois, je pense que c’est dommage qu’elle soit née en tant que femme. Pensa-t-il.
Si Roroa avait pu prendre le trône, est-ce que ce pays pourrait devenir un endroit plus confortable pour vivre ? Sébastien ne pouvait s’empêcher de se demander cela.
Quant à Roroa elle-même, elle avait déjà été amenée à penser à la prochaine chose à faire.
« Eh bien ! Maintenant que c’est réglé, nous sommes encore à court de mains, » dit-elle. « Je pense que j’aimerais passer un peu plus de temps à trouver des collaborateurs. »
« ... Et vous avez une envie sur quelqu’un en particulier ? » Demanda Sébastien, ayant senti quelque chose dans la manière dont Roroa avait parlé, et elle lui avait fait un rire malicieux en retour.
*
Quelques jours plus tard...
Dans le château de la capitale princière, Van, le souverain, le Prince d’Amidonia, Gaius VIII avait réuni tous les principaux chefs militaires de la nation dans la salle d’audience. Gaius s’était levé de son trône, s’adressant aux commandants assemblés. « Le temps est venu ! Commençons dès maintenant à ressembler nos forces à la frontière méridionale que nous avons avec Elfrieden ! »
Il s’agissait de la déclaration qui annonçait la guerre avec le Royaume d’Elfrieden.
Gaius avait reçu des informations selon lesquelles le fossé entre Souma Kazuya et l’un des trois ducs, Georg Carmine, était devenu infranchissable et que c’était seulement une question de temps avant que les deux s’affrontent. Bientôt, le royaume se trouverait dans le chaos le plus total. Dans ce chaos, ils récupéreraient les terres qui leur avaient été volées il y a cinquante ans.
« En même temps que Georg lancera sa rébellion, nous commencerons notre invasion d’Elfrieden ! » Annonça-t-il. « Notre objectif est la région productrice de céréales dans le sud ! C’est le moment idéal de reprendre les terres volées à nos ancêtres ! »
« « Hurrah ! » » Les commandants réunis poussèrent des acclamations.
Enfin, le temps était venu de se venger de leurs pertes passées face au Royaume d’Elfrieden. Ces commandants, qui étaient des hommes militaires dans l’âme, ne pouvaient pas s’empêcher de sentir leur sang bouillir en eux. Dans cet environnement...
« S’il vous plaît, Votre Altesse, attendez ! »
... un seul homme parlait afin de s’y opposer, marchant vers l’avant avant de s’agenouiller devant son souverain.
Il s’agissait du jeune Ministre des Finances, Colbert Gatsby.
Avec son sens rare de l’économie, il était chargé du poste de Ministre des Finances malgré qu’il ne s’agisse que d’un jeune homme de moins de vingt ans.
Alors que le talent de Roroa était consacré à récupérer et dépenser de l’argent afin de faire bouger l’économie, Colbert s’était spécialisé dans l’élimination des dépenses inutiles et libérant ainsi des fonds de cette façon. Bien qu’ils adoptaient des approches différentes, ces deux-là avaient travaillé ensemble afin de réduire ce qui avait nécessité d’être coupé et aussi de dépenser là où les investissements étaient nécessaires. C’étaient ces deux-là qui avaient pu maintenir l’économie du pays en vie.
« Oh, c’est toi, Colbert. » Gaius le regardait sévèrement. Il était manifestement mécontent.
Alors que Gaius, un homme que même les généraux qui avaient survécu à de nombreuses batailles craignaient la colère, tourna ce regard sur Colbert, un simple bureaucrate, il était normal que Colbert commençât à trembler. Pourtant, il avait pris son courage à deux mains afin d’offrir son conseil.
« Je le dis avec tout le respect que je vous dois, Votre Altesse, » réussit-il à dire. « Veuillez reconsidérer l’invasion d’Elfrieden ! La population de notre pays souffre d’une crise alimentaire et d’une faible économie ! Si nous commençons une guerre maintenant, notre peuple va mourir de faim ! »
« Je sais déjà ça, » répliqua le prince, sèchement, « C’est pourquoi la capture de la région productrice de céréales est si urgente. »
« Les guerres exigent une énorme dépense de la part de l’État ! » Protesta Colbert. « Si vous avez beaucoup de marge de manœuvre dans le budget, vous devriez pouvoir importer de la nourriture de l’étranger ! Plutôt que de lutter lors d’une guerre, alors même que nous ne savons pas si nous allons gagner ou perdre, et que, même si nous gagnons, nous n’avons aucune garantie que nos efforts seront payants, n’est-ce pas le moment où nous devrions construire notre force et... »
« Silence ! » Rugit Gaius.
Il s’était tourné vers le bureaucrate et lui avait donné un coup de pied assez fort pour envoyer l’homme voler dans les airs.
« Arggg... » (Colbert)
Alors qu’il regardait Colbert étendu dans le sol, Gaius affichait un regard empli de rage.
« Vous les ministres des Affaires intérieures dites toujours la même chose ! Travailler sur les affaires intérieures, c’est tout ce que j’ai entendu de vous ! Non ce n’est pas le moment idéal pour ça ! Regardez où cela nous a menés ! Il est facile de voir à quel point notre pays est épuisé ! Pourtant, contrairement à nous, ce royaume, malgré une stagnation sous le fou qu’était leur dernier roi, a commencé à se rétablir avec ce nouveau roi qui est arrivé sur le trône ! » (Gaius)
« C’est parce que... le nouveau roi, Souma, a travaillé durement afin d’enrichir son pays... » (Colbert)
« Qu’est-ce que tu me sors là !? » Gaius frappa à nouveau Colbert, le faisant rouler à nouveau sur le sol.
Peut-être avait-il eu sa bouche entaillée, car après ça, il y avait du sang qui coulait des lèvres de Colbert. Mais même dans une telle situation, Colbert ne s’arrêta pas de parler. « Votre Altesse... le nombre de soldats présent dans les rangs de l’armée d’Amidonia est environ la moitié de ceux de l’armée d’Elfrieden. Il s’agit donc... d’un plan bien trop imprudent ! »
« Je n’ai pas besoin d’un faible serviteur civil pour me dire ça. » Rugis le prince. « C’est précisément pour cette raison qu’avec le roi et les trois ducs en plein conflit, nous avons l’occasion rêvée ! »
« Même ainsi, on ne sait pas combien de temps cela durera, » Protesta Colbert.
« Hahaha! Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter de ça. Le grand Georg Carmine lancera la révolte. Ce jeune freluquet de roi n’aura pas le temps de le subjuguer, j’en suis certain. Les guerres civiles durent toujours très longtemps. Et ce serait la même chose même si Georg gagnait cette guerre. Si un traître tel que lui s’élève au sommet, il n’y a aucune chance que le pays reste uni ! » (Gaius)
Colbert se mordit les lèvres de frustration. Est-ce la raison pour laquelle Son Altesse agit si hardiment ?
Parce qu’il s’agissait de Georg Carmine, l’un des trois ducs et qu’il était très célèbre pour être un féroce général, qui levait le drapeau de la rébellion contre Souma. C’était ce qui poussait probablement Gaius à agir ainsi.
La vérité était qu’il n’y avait aucune garantie qu’une opportunité comme celle-ci reviendrait. Gaius avait déjà 50 ans, il n’était clairement pas un jeune homme. Il ne voulait pas laisser passer cette chance idéale alors qu’il était encore apte à se tenir à la tête d’une armée et à donner des ordres.
Toutefois... c’est bien trop optimiste pour penser de cette façon ! Colbert pensa ainsi.
« S’il vous plaît, Votre Altesse, veuillez m’écouter. » Déclara-t-il. « Si vous envahissez Elfrieden, notre pays sera exposé aux critiques de tous les autres pays ! Nous avons signé la Déclaration faite par l’Empire afin d’avoir un Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque ! »
« ... La Déclaration de l’Humanité, n’est-ce pas ? » Actuellement, pour la première fois, Gaius avait un regard tendu sur le visage.
Dirigée par l’Empire Gran Chaos, la Déclaration du Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque (également connue sous le nom de Déclaration de l’Humanité) faisait référence à une déclaration et un traité international soutenu par l’empire le plus grand et le plus puissant du continent. Il déclarait que, compte tenu de l’expansion du Domaine du Seigneur-Démon, tous les conflits entre les hommes allaient devoir cesser. Et, afin d’éviter que les monstres et les démons ne progressent vers le sud, toute l’humanité devait travailler uni et coopérer entre eux.
Les points essentiels de la Déclaration de l’Humanité avaient été déclarés dans ces trois articles :
*
Premièrement, l’acquisition du territoire par la force pour les nations de l’humanité serait considérée comme irrecevable.
Deuxièmement, le droit de tous les peuples à l’égalité et à l’autodétermination devra être respecté.
Troisièmement, les pays qui sont éloignés du Domaine du Seigneur-Démon fourniront un soutien aux nations qui se trouvent sur le front, et qui agissent comme un mur protecteur.
*
Le second article avait été adopté pour protéger les races minoritaires de chaque pays. Étant donné que l’acquisition du territoire par la force était irrecevable, certains pays auraient autrement expulsé ou opprimé leurs races minoritaires pour tenter de saisir leur patrimoine pour se l’approprier pour eux-mêmes. C’était une disposition supplémentaire qui à cet égard avait été ajoutée par précaution.
En outre, bien que non explicitement décrit dans le texte, si un pays violait ces trois articles, l’Empire, en tant que chef du pacte, interviendrait militairement.
Pour le dire simplement, cette Déclaration de l’Humanité était un traité de sécurité dans lequel les pays abandonnaient le droit d’envahir d’autres nations en échange de la protection de l’Empire.
Colbert plaida. « Si nous envahissons Elfrieden, nous pouvons nous attendre à une intervention de l’Empire face à nous ! Votre Altesse, je vous en prie, reconsidérez votre position ! »
« Toi, bâtard ! » Avait dit Gaius alors qu’il posa sa main sur la poignée de son arme se trouvant à la hanche.
Alors que tous les participants étaient sûrs que l’homme allait être tué, quelqu’un s’interposa entre Gaius et Colbert.
« Sire Colbert, il ne faut pas s’inquiéter de ça. » Celui qui s’était interposé entre les deux était le prince héritier, Julius Amidonia. Ses yeux froids, qui ne trahissaient aucune émotion, furent fixés sur Colbert. « C’est parce qu’Elfrieden n’a jamais signé la Déclaration de l’Humanité. »
« Julius... Sire, » dit Colbert, « C’est un argument très fallacieux ! Nous acceptons la protection en vertu de la Déclaration de l’Humanité, tout en attaquant un pays qui ne l’a pas encore ratifié. Si nous faisons cela, ce serait comme jeter de la boue sur l’Empire ! »
« Cependant, dans la diplomatie, seuls les traités qui ont été signés sont importants, » déclara froidement Julius. « Tout cela a été provoqué par la stupide folie d’Elfrieden en ne soutenant pas les idéaux sublimes de l’Empire. Ainsi, l’Empire ne trouve aucune faute nous concernant. »
« Mais... » (Colbert)
« C’est assez ! » Gaius retira sa main de la poignée de son épée, se tournant vers les commandants rassemblés devant lui. « Par la présente, je retire le poste de Ministre des Finances à Colbert. »
« Votre Altesse ! » Cria Colbert.
« Colbert, pour le moment, je vous place en résidence surveillée, » déclara le prince. « Vous devez regarder la suite depuis le bas côté. Regardez-nous, réclamant la terre de nos ancêtres. »
Avec ces mots, Gaius avait fait sortir ses commandants hors de la salle d’audience sans même avoir un autre regard sur Colbert. Colbert était resté là pendant un moment, se mordant les lèvres, mais finalement il avait frappé la moquette de colère, se leva avant de se retrouver nez à nez avec Julius, qui était resté derrière.
« Julius ! Est-ce vraiment... vraiment la seule voie possible !? » Demanda-t-il.
Colbert parlait plus franchement, contrairement à ce qu’il avait fait avec Gaius. En partie parce qu’ils avaient environ le même âge, malgré leur position de prince et de vassal, Julius et Colbert étaient assez proches pour être appelés des amis.
D’un ton froid, Julius déclara à Colbert, « Il a raison, il s’agit là d’une chance unique dans notre vie. En plus de Georg Carmine, il existe de nombreux nobles qui ont des liens secrets avec notre pays. Si nous nous coordonnons avec eux, nous devrions pouvoir récupérer des terres dans le sud pour nourrir notre peuple. »
« Mais, si nous perdons, cela pourrait signifier la mort de notre pays. » Répondit Colbert.
« Certes ! Mais d’autre part, si nous manquons cette chance, nous ne pourrons peut-être jamais récupérer nos terres. Si, comme vous l’avez dit, le nouveau roi travaille à enrichir son pays, cela ne signifie-t-il pas que l’écart ne fera que s’élargir si nous laissons passer cette chance ? » (Julius)
Il était clair que Julius regardait la situation avec des yeux plus calmes et plus rationnels que Gaius. Même ainsi, sa décision était restée inchangée.
« Il s’agit là d’un très vieux souhait de la Famille Princière d’Amidonia qui est de réclamer les terres que nous avons perdues et d’ainsi nous venger, » avait continué Julius. « Non, ce n’est pas seulement la Famille Princière : les soldats et la population en général le souhaitent ainsi. »
« C’est... » (Colbert)
C’est simplement parce que vous ne leur avez montré aucune autre option possible ! Colbert voulait le dire, mais... il ne pouvait pas le faire. Le faire serait de dépasser ses limites en tant que simple vassal.
Alors que Colbert regardait vers le sol, en perte de mots, Julius posa une main sur son épaule.
« S’il te plaît, Colbert, reste tranquille pour l’instant. Je connais très bien tes capacités. Pour mon propre intérêt, en tant que celui qui gouvernera un jour cette terre, je préfère ne pas te perdre à la suite d’une petite crise de mon père. » (Julius)
« Julius... » (Colbert)
Colbert le regarda avec des yeux écarquillés, mais Julius n’avait pas affiché la moindre émotion.
*
Quelques heures plus tard, alors qu’un Colbert effondré faisait traîner ses pieds dans les couloirs du château princier, une jeune fille avec un adorable visage tapota sa tête depuis derrière l’un des piliers de marbre.
« Je suis ici, Monsieur Colbert. Qu’est-ce que t’es arrivé pour que tu sois si lugubre ? » (Roroa)
« Princesse !? Hum et bien... » (Colbert)
Celle qui était sortie de derrière le pilier était Roroa Amidonia, la première princesse de ce pays. Colbert avait paniqué un peu alors qu’il se rendait compte qu’il avait laissé Roroa le voir être déprimé.
Roroa avait eu un bon sens de l’économie et cela dès son plus jeune âge et, alors qu’elle grandissait, elle alla s’entretenir avec les propriétaires de grandes entreprises et les bureaucrates du ministère des Finances de plus en plus souvent. Pour Colbert, qui était avant ça le Ministre des Finances, Roroa était une compatriote qui comprenait les principes de l’économie. Elle était aussi quelque chose qui ressemblait à une méchante petite sœur.
« Regarde ton visage... n’aurais-tu pas essayé de parler à ma place à mon vieux père ? » Roroa demanda avec un ton plein d’excuses, en regardant les bleus se trouvant sur le visage de Colbert.
« Hein !? Ha, non... C’est... » (Colbert)
« Tu n’as pas besoin de me le cacher. » Dit-elle. « Je suis désolé pour l’attitude de mon idiot de père. Mon Dieu... S’il frappe sur les vassaux qui essayent de lui donner de solides conseils, il dirige ce pays directement sur la route de la ruine. Honnêtement, à quoi pense-t-il ? »
Tout en disant des choses que les autres n’auraient jamais faites, étant bien trop terrifiés, Roroa avait affiché une grande démonstration de combien elle était en colère à propos de son père. Colbert était content de voir Roroa qui agissait ainsi vis-à-vis de lui.
« Merci beaucoup princesse. » Dit-il. « Je vais bien. »
« Vraiment ? Eh bien ! Dans ce cas, tiens-toi prêt. » (Roroa)
« Hein... !? À propos de quoi dois-je me tenir prêt ? » (Colbert)
Roroa lui serra la main avec un rire. « Le vieil homme vous a donné tout le temps libre dont vous avez besoin, donc vous n’avez rien à faire, n’est-ce pas ? Eh bien, dans ce cas, peut-être que tu peux m’aider avec ce que je prépare. J’ai déjà parlé à tous les bureaucrates qui semblaient bien disposés vis-à-vis de ça, mais après tout, je pourrais encore utiliser plus de personnes afin de m’aider. »
« Hein !? Hé, princesse ? Au juste, qu’avez-vous planifié de faire ? » (Colbert)
« Mais c’est évident. » Répliqua-t-elle. « Nous allons tous disparaître ensemble. Sébastien évalue les différents chemins, mais pour l’instant, je pense que nous allons rester chez l’oncle Herman à Nelva. »
« Hein !? Quoiiiii !? » S’exclama-t-il.
Roroa l’attrapa par la manche et s’en alla rapidement, traînant ainsi Colbert derrière elle.
*
Quelques jours plus tard, en même temps que Gaius VIII et Julius quittaient la ville de Van, il y eut un incident où la princesse Roroa et un certain nombre de bureaucrates disparurent sans laisser de traces.
Il s’agissait d’un incident qui aurait dû provoquer un gros remue-méninges, mais le départ de Roroa avait été couvert, et ainsi ni Gaius ni Julius ne l’avaient jamais remarqué.
☆☆☆
Partie 2
Nous nous trouvions désormais dans le Capital Royal Parnam, à la fin du mois de septembre de l’an de grâce 1546 du Calendrier Continental, dans le palais royal du Royaume d’Elfrieden, le château de Parnam.
Je me trouvais dans le bureau des affaires gouvernemental à écouter les rapports de Poncho et Tomoe.
Le premier que j’entendis fut Poncho.
Jusqu’à l’autre jour de célébration, son titre avait été celui de Ministre pour la Crise Alimentaire. Mais vu que cette affaire avait été close, il avait maintenant été nommé en tant que Ministre de l’Agriculture et des Forêts.
En plus de s’occuper de l’agriculture, des forêts et de la gestion des provisions militaires, il était aussi chargé de la construction de rizières et d’autres projets du même genre visant à implanter de nouvelles cultures au sein du pays.
La raison expliquant pourquoi il n’avait pas été aussi chargé de la pêche était que ce pays n’avait jamais mis en place le moindre système de droit de pêche. Chaque guilde de pêcheur avait leurs propres zones, et tout ce que le pays faisait était de recevoir une taxe de ces guildes afin de protéger leurs droits.
Après y avoir réfléchi, j’avais décidé de mettre quelque chose en place, mais cette réforme devra attendre que j’aie acquis le contrôle de la marine. Car afin que le pays puisse garantir le droit des pêcheurs, il nous fallait quelque chose comme une agence de sécurité maritime. Si nous décidions de changer les règles vis-à-vis des pêcheurs sans avoir une telle chose, ils ne les respecteraient jamais.
Mais il semble que le fil de mes pensées m’ait amené vers quelque chose qui était hors sujet.
J’avais alors posé la question à Poncho. « Comment cela va-t-il avec les fournitures que je vous ai demandé. Je parle des provisions militaires et des fourrages pour la cavalerie. »
« Et bien, d’une certaine manière, j’ai réussi à me les procurer, cependant... » Poncho semblait terriblement évasif, surtout après qu’il ait dit qu’il avait réussi à préparer les fournitures.
« Est-ce que quelque chose ne va pas ? » Demandai-je.
« Non... c’est que je craignais que le nombre demandé ne soit incorrect. » Répondit Poncho, essuyant la sueur de son front. « La quantité totale demandée pourrait permettre à l’Armée Interdite de tenir plus d’un mois, alors, vous voyez... Elle n’a pas été facile à réunir, alors si le nombre demandé était une erreur, nous risquons d’avoir beaucoup de pertes. »
Son inquiétude était tout à fait logique. Quand il avait regardé le nombre de soldats que je pouvais mobilisé dans l’Armée Interdite, il craignait donc que la quantité demandée soit bien trop élevée. Car après tout, je n’avais que 10 000 soldats.
« Ce n’est nullement un problème, » dis-je. « Nous avons réellement besoin de toutes ces fournitures. Et en vérité, vous pourriez même dire que ce stock massif de fournitures pourrait être ce qui décidera de si nous gagnons ou non au cours de ce qui va arriver. »
« V-Vraiment ? » Balbutia-t-il. « ... c’est une bonne chose que cette année, nous ayons eu une récolte si abondante. Si vous m’aviez demandé ça l’année dernière ou encore avant, je n’aurais jamais été capable de rassembler une telle quantité... »
« Je sais, » dis-je. « Tout ceci n’est que le fruit d’un travail acharné effectué par chacun de nous. Bien sûr, cela signifie que c’est aussi grâce à vous, Poncho. »
« V-Vous êtes bien trop gentil de me dire ça ! » Poncho, honoré par ces soudaines louanges, se tenait si droit, qu’il donnait l’impression qu’il pourrait pencher en arrière.
J’avais eu un petit sourire en coin en voyant son comportement, puis j’avais déplacé mon regard vers Tomoe. « Finalement, comment les choses se sont-elles déroulées de ton côté ? » Demandai-je à Tomoe.
« C-Correctement ! Je pense que nous aurons cinq rhinosaurus de plus qui nous aideront le moment venu. » Me répondit-elle.
Comme Tomoe avait eu le don de pouvoir parler avec les animaux et les monstres, je l’avais chargée de "recruter" quelques lézards géants, les rhinosaurus, que nous avons déjà utilisés au cours de notre mission de sauvetage dans la Forêt Protégée par Dieu.
Leur capacité de transport que nous avions utilisé lors de la construction du réseau routier était vraiment fantastique. Je voulais donc augmenter leur nombre au sein de l’Armée Interdite, mais comme il s’agissait de créature vivante, il fallait beaucoup de temps pour entraîner un seul rhinosaurus. Et si nous essayions de les déployer pour la moindre tâche sans leur avoir fait subir un substantiel entraînement, alors de mauvaises choses pourraient se produire. Ils pourraient rentrer dans une rage folle, et il ne fallait pas oublier qu’ils étaient gigantesques. Tout cela faisait qu’ils pourraient nous causer d’importants dégâts.
Donc j’en avais fait le travail de Tomoe, et comme elle était capable de parler et comprendre toutes les langues des créatures vivantes, Tomoe était allée les voir afin d’écouter leurs demandes.
Mais attention, il semblerait que les rhinosaurus ne soient pas des créatures assez intelligentes pour demander des choses plus développées que « nourriture savoureuse » et « endroit pour pouvoir pondre en toute sécurité ». Après tout, ils étaient au même niveau qu’un stégosaure qui avait un cerveau de la taille d’un poulet.
Afin de combler leurs demandes, j’avais finalement été obligé de créer un refuge de rhinosaurus au sein du royaume, mais c’était vraiment un petit prix à payer en contrepartie du fait de pouvoir posséder un moyen de transport à grande vitesse et pouvant effectuer de longs voyages. C’était quelque chose au même niveau qu’un train. De plus, ils étaient totalement loyaux et ne nécessitaient pas le moindre entraînement.
« M-Mademoiselle Tomoe, votre don est vraiment fantastique. » Déclara Poncho.
« Je suis tout à fait d’accord, » dis-je, montrant que j’étais d’accord. « Je suis content d’avoir pu la mettre en sécurité avant qu’elle ne tombe entre les mains d’un autre pays. »
« V-Vous me flattez trop... » Déclara Tomoe alors que son visage devenait d’un rouge éclatant et qu’elle regardait le sol, embarrassée.
À ce moment-là, la porte de la pièce fut ouverte et Liscia rentra dans la pièce en disant. « Souma... »
Il y a de l’inquiétude dans son expression. Pensai-je. ... Je suis un peu inquiet...
« ... Poncho, Tomoe, » dis-je. « Pourrais-je vous demander de nous laisser seuls un instant ? »
« O-Oui, d’accord. » Déclara Poncho.
« D’accord, Grand-Frère. » Répondit Tomoe.
Après avoir fait une révérence, ils quittèrent le bureau des affaires gouvernementales, me laissant ainsi seul dans la pièce avec Liscia.
Pendant un petit moment, nous restâmes tous deux silencieux, puis je me levai de mon siège avant d’aller m’asseoir sur mon lit. Une fois assis sur le lit, je fis un signe indiquant à Liscia qu’elle devrait venir s’asseoir à côté de moi.
Tout comme je le lui avais demandé, Liscia vint s’asseoir à mes côtés. Être assis ainsi sur mon lit, avec une femme magnifique à mes côtés, aurait dû être une charmante situation, mais l’atmosphère actuellement présente était si lourde et oppressante.
« ... Êtes-vous venu, car vous deviez me parler à propos d’un sujet délicat ? » Demandai-je à Liscia, incapable de garder plus longtemps le silence.
Liscia sembla finalement se résoudre et commença à parler. Les mots sortaient très lentement. « Dans la ville du château... il y a des rumeurs comme quoi vous seriez en train de lever une armée afin de faire face aux trois ducs. »
Je ne répondis rien à cela.
« Elles disent aussi qu’une confrontation avec le Duc Carmine est inévitable. » Liscia déclara cela après s’être tournée de manière à me faire face. Ses yeux tremblaient dus à l’incertitude.
... Je ne pouvais pas lui en vouloir. Pour Liscia, j’étais le Roi ainsi que son fiancé alors que le Général Georg Carmine avait été son supérieur hiérarchique lorsqu’elle était au sein de l’armée, et donc, elle le respectait profondément. Si nous devions tous deux être en conflit, Liscia se sentirait inévitablement comme écrasée des deux côtés. Afin d’éviter une telle situation, je savais déjà qu’elle avait envoyé de nombreuses lettres à Georg afin de lui demander une rencontre alors même que de son côté, il s’était isolé sur ses propres terres.
« Est... Est-ce qu’il n’y a rien d’autre que vous puissiez faire ? » Balbutia-t-elle.
Alors qu’elle me demanda ça, avec ces yeux tremblants, je voulais tant lui dire quelque chose, mais...
J’étais incapable de trouver les bons mots. Je pouvais juste hocher la tête tout en restant silencieux.
Voyant ma réaction, Liscia murmura. « Vraiment... Bien sûr... »
Après avoir dit ces mots, elle sembla s’effondrer et ses épaules s’affaissèrent.
Il s’agissait de frustration. J’avais dû prendre ce chemin, alors même que je savais que cela blesserait Liscia. Et nous étions allés trop loin, au point où ni Georg ni moi ne pouvions reculer. Dans ce cas... au minimum...
« ... Liscia. » (Souma)
« ... Quoi ? » (Liscia)
« Pourriez-vous me parler de Georg Carmine, » dis-je.
« !? » (Liscia)
Liscia leva ses yeux et me regarda.
« ... Pourquoi maintenant, alors qu’il est déjà trop tard ? » Me demanda-t-elle.
« Je veux savoir quel genre de personne il est car je vais devoir me battre contre lui. » Dis-je. « Car maintenant que j’y pense, je n’ai jamais rencontré cet homme. »
Liscia resta silencieuse pendant un moment. Elle semblait un peu déconcertée, mais après un certain temps, elle commença à parler. « Le Duc Carmine... Georg Carmine est un guerrier possédant une habilitée sans précédant. Il est un intrépide homme-bête à tête de lion et alors même qu’il n’avait pas encore une telle capacité personnelle au combat, on dit qu’il a quand même été placé à la tête d’une armée afin qu’il puisse montrer sa véritable valeur. Il est un grand général, capable de s’occuper sur le champ de bataille ou d’un siège aussi bien de la position offensive que défensive. Et lors qu’il servait sous les ordres du roi avant mon père, lors d’une retraite où il avait été mis à l’avant-garde des troupes, j’ai entendu dire qu’il avait quand même été capable de prendre la tête du commandant ennemi, alors même que la bataille était perdue d’avance. »
« Hehe, c’est vraiment fantastique... » Dis-je.
C’était déjà une grande réussite si vous étiez capable de garder les pertes de vos troupes au minimum lors d’une retraite, mais aller jusqu’à faire une telle réussite face à son ennemi, c’était quelque chose qu’un général célèbre de la période des Royaumes combattants aurait certainement faite. Cela me faisait me rappeler du jeune Shingen Takeda, qui avait foncé à toute vitesse alors que l’armée de son père Nobutora était en pleine retraite, saisissant ainsi un château lors d’une attaque éclair.
« C’est bien vrai qu’il est incroyable, » dit-elle. « Non seulement il avait la qualité d’un chef pouvant maintenir la cohésion et le moral d’une armée vaincue, mais en plus, il a réussi un exploit qui lui aurait été impossible sans avoir une perception inhumaine qui lui a permis de localiser l’endroit ou il pourrait affronter avec efficacité l’ennemi afin d’arracher sa petite victoire. »
Il y avait une pointe de fierté dans la voix de Liscia alors qu’elle me disait ça. Elle le respectait vraiment.
« Quand mon père a pris le trône, ce pays a changé sa façon de s’étendre, » continua-t-elle. « Avec mon père qui était, pour le meilleur ou pour le pire, un roi ordinaire qui gouvernait ce pays, nous aurions dû être des proies faciles pour les pays voisins. »
« Vous êtes terriblement sévère, même s’il s’agit de votre propre père, » commentai-je.
« Et bien, ce n’est que la vérité. Mais tout ça ne se produisit jamais. Comme le Duc Carmine a toujours eu l’œil sur l’ouest, ni Amidonia ni Turgis n’ont tenté de mettre la main sur nos terres. En dépit d’être le plus grand guerrier de sa génération, il n’avait jamais eu la moindre ambition et avait toujours servi loyalement mon père... Non, ce n’est pas ça. À la place que cela fut pour le bien de mon père, le Duc Carmine a toujours agi uniquement pour le bien de ce pays. »
« Pourquoi pour ce pays ? » Demandai-je.
« Vous ne le savez vraiment pas ? » Me demanda-t-elle à son tour. « Il y a encore beaucoup trop de pays dans ce monde qui agissent de manière discriminatoire envers les autres races. Alors même que l’Empire proclame maintenant des valeurs sur l’égalité raciale, il existe quand même encore une discrimination contre les non-humains dans certaines régions. Mais il existe aussi des lieux où c’est l’inverse. Dans le nord-ouest, il y a une île emplie de hauts elfes qui favorisent une politique de suprématie visant les hauts elfes, et ce sont les humains qui sont regardés là-bas avec dédain. »
Il semblerait que ce genre de problèmes soit aussi rencontré un peu partout dans ce monde-là.
« Mais dans ce pays, il n’existe aucune forme de discrimination. » Continua-t-elle. « Et même si elle existe temporairement, elle n’a aucune chance de s’étendre. Les races qui était contre ce genre de discrimination se sont toutes rassemblées sous les ordres du premier roi, et elles ont coopéré afin de rendre ce pays prospère. Et cela afin de ne plus jamais devoir vivre sous le joug de quelqu’un ayant une autre vision de ça. Voici comment ce pays est... et c’est pourquoi le Duc Carmine l’aime plus que n’importe quoi d’autre. »
Après ça, Liscia prit une pose pendant un petit moment avant de recommencer à parler. « Dans sa vie personnelle, Duc Carmine est un homme qui sait être poli. Il possédait une relation étroite avec mon père qui était plus que professionnel, et il offrait souvent des conseils à mon père. Il a même pris soin de moi comme si j’étais sa propre fille. Quant à moi-même... J’aime le Duc Carmine. »
Je restai silencieux.
Elle continua. « Quand je suis allée à l’Académie des Officiers, car je voulais être soldat, au départ, il s’y est opposé. Il a dit que c’était inconvenant pour une princesse de faire ça. Mais, en fin de compte, il m’a laissée suivre ma voie. Et je me souviens parfaitement qu’une fois que je fus diplômée de l’Académie, je fus placée sous ses ordres et fus utilisée afin d’encourager les troupes. Ben oui... Il ne pouvait pas simplement utiliser une princesse, un proche parent du roi, en tant que l’un de ses subordonnés. »
Même Georg, un homme aussi impressionnant qu’il était, devait avoir beaucoup de mal à faire face à l’attitude de garçon manqué de Liscia.
« Alors, il était comme un deuxième père pour vous, n’est-ce pas ? » Demandai-je.
Après que je lui ai posé la question, Liscia baissa la tête due à la tristesse. « Exacte... C’est un homme merveilleux. Alors, pourquoi il... »
Liscia commença à dire quelque chose, mais elle s’arrête, secouant la tête.
« Je ne sais pas exactement ce à quoi pense le Duc Carmine... Mais peut-être qu’il agit ainsi parce qu’il est un guerrier. »
« Parce qu’il est un guerrier !? » Demandai-je.
« Le Duc Carmine a plus de cinquante ans, » dit-elle. « La durée de vie d’un homme-bête n’est pas différente de celle d’un humain. S’il n’était qu’un simple général, il lui resterait encore de nombreuses années à vieillir dans cette fonction, mais en tant que guerrier, il a déjà atteint le sommet et tout ce qui l’attend est la dégringolade. C’est pourquoi je pense que, peut-être, il essaie de faire, en ce moment, quelque chose de grand pour son pays. »
« ... Et cela même si pour ça il doit devenir un traître ? » Demandai-je.
« Si c’est au profit du pays, alors le Duc Carmine le fera sans hésiter. » Me répondit-elle.
Il y avait une certaine confiance dans ses mots que je ne pouvais pas m’empêcher d’envier.
Puis, je me mis à parler. « Demain... je tiendrais une conférence avec les trois Ducs à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. »
Il y avait quatre Joyaux de Diffusion de la Voix dans ce pays. Les trois autres étaient détenus par les trois ducs. En utilisant ce joyau, on pouvait avoir ce qui était proche d’une conférence vidéo. À cette occasion, je ferais mon dernier ultimatum aux trois ducs vis-à-vis du fait qu’ils devaient se soumettre à moi en tant que mes vassaux. Et que dans le cas où l’un d’eux refuserait, j’étais prêt à entrer en guerre avec lui. Mais, indépendamment de ce que les deux autres feraient, il n’y avait aucune chance que Georg accepte ça.
« Liscia, si c’est trop difficile pour vous... » Commençai-je.
« Je veux être présente. » Déclara-t-elle.
Elle ne me laissa même pas finir ce que je voulais lui dire.
Liscia avait ensuite fait un sourire assombri par la tristesse. « Je sais. Le Duc Carmine a déjà fait son choix depuis longtemps. Il ne changera pas d’avis maintenant. »
« Liscia... » Dis-je.
« Je veux être présente jusqu’à la fin, parce que je sais déjà ça. Je veux voir comment cet homme vit sa vie. » Liscia regarda directement dans mes yeux alors qu’elle me disait ça.
Vraiment... Je n’avais aucun mot afin de lui répondre. Et ainsi, afin de faire tout ce que je pouvais faire pour elle, je l’enlaçai étroitement, posant mes mains proches de ses épaules. Elle se mit à trembler un peu.
Je plaçai la tête de Liscia contre ma propre épaule.
Même si j’étais le roi, je ne pouvais rien faire pour elle, et ainsi, j’étais en colère contre moi-même...
***
— Le même jour, dans la Cité du Dragon Rouge.
« Bon sang. Que se passe-t-il ? » Rugis Castor.
Dans la Cité du Dragon Rouge se trouvant dans le nord du Royaume d’Elfrieden, le commandant en chef des Forces Aériennes, le Général Castor Vargas, se trouvait devant un bureau, tenant sa tête entre ses deux mains.
La Cité du Dragon Rouge était la ville centrale du Duché de Vargas, et aussi l’endroit où était situé le Château de Castor.
Il avait été construit sur une légère élévation sur une portion d’une montagne qui avait été dégagée. Cet endroit pouvait sembler un endroit peu propice pour une ville centrale, compte tenu des inconvénients liés au transport de marchandises. Mais pour le Duché de Vargas, qui était le haut lieu de l’Armée de l’Air du royaume ce n’était pas un problème, car il avait accès au transport par wyvernes qu’il pouvait utiliser pour cela en plus de les faire se battre lors des combats.
Chacune d’elle pouvait transporter autant qu’un téléphérique chargé à ras bord de fournitures, et il y avait même un genre d’autobus transporté par quatre wyvernes qui se rendait dans chaque ville, de sorte que l’éloignement du site n’avait guère d’importance.
En outre, puisque le château du Général de l’Armée de l’Air était situé dans la Cité du Dragon Rouge, les défenses de la ville étaient importantes.
Bien que l’emplacement choisi fasse de lui un château en pleine montagne, la ville était également entourée de hautes murailles.
Alors que les pentes des montagnes écartaient tout usage des béliers (la machine de guerre, pas l’animal) ainsi que vis-à-vis des tours de sièges (ainsi que ceux qui ressemblent à des véhicules avec des échelles comme des camions de pompier). Et les hautes murailles protégeaient la ville face aux assauts directs de la cavalerie et de l’infanterie.
En outre, Castor, le dirigeant actuel de la ville, était un excellent commandant. Même si Castor n’était pas si bon quant à la complexité de la politique, il avait montré une force inégalée sur le champ de bataille. Au cours des cent dernières années de guerre pour le Royaume d’Elfrieden, il avait toujours été à la tête de l’unité de wyvernes, tranchant dans les rangs de ses ennemis en tant que commandant de l’avant-garde.
Il avait commis beaucoup d’erreurs en raison de ne pas avoir réfléchi avant d’agir, mais sa largeur d’esprit, sa personnalité au sang-chaud et sa force incroyable lui avaient permis d’avoir un charisme qui charmait tous ses subordonnés. Si nous le comparions à Zhang Fei dans l’histoire chinoise, ou à Masanori Fukushima dans l’histoire japonaise, cela permettrait d’obtenir une meilleure compréhension.
Parce qu’il était ce genre de personne, il avait entièrement laissé la direction de la ville à sa femme, Accela, qui était la fille de l’Amirale Excel, ainsi qu’à Tolman, l’homme qui était son commandant en second dans l’Armée de l’Air ainsi que l’intendant de sa Maison.
Aucune bonne chose ne pourrait jamais provenir d’un pauvre gestionnaire qui se heurtait à chaque décision administrative, donc c’était probablement la meilleure chose à faire. Castor savait que le fait de foncer sur le champ de bataille lui convenait bien mieux que de s’occuper de la gestion d’une ville.
Maintenant, Castor, un homme qui était mal adapté à avoir des réflexions, faisait une fois de plus activer son cerveau afin de savoir ce qu’il fallait faire.
« Tolman ! Est-ce que Duc Carmine n’a toujours rien dit !? » S’exclama-t-il.
« ... Non, rien du tout, » l’homme vêtu et ayant les manières d’un gentleman qui se trouvait en face de lui répondit, continuant à se tenir debout comme il le faisait avant.
Cet homme était celui qui était chargé du contrôle administratif de la Cité du Dragon Rouge, l’intendant de la Maison de Vargas, Tolman.
Castor frappa des poings sur le bureau. « Et l’ultimatum du roi arrive demain ! Qu’est-ce qu’il cherche à faire en ne nous envoyant aucun message avant ? »
Tolman ne répondit rien.
Les personnes parlaient toutes à propos d’une confrontation entre le nouveau roi et les trois ducs, mais cela ne signifiait pas que les trois ducs étaient tous d’accord.
Le Général de l’Armée de Terre, Georg Carmine, avait annoncé clairement son opposition au roi, mais l’Amiral de la Marine Excel Walter avait eu une vision plutôt négative concernant la lutte contre le roi. Et finalement, pour Castor... Il manifestait une position d’opposition envers le roi, mais au fond de lui, il hésitait s’il devait maintenir cette position.
Le Général Georg était son frère d’armes, et il l’avait respecté en tant que guerrier. Mais parce que Georg était celui qui avait levé haut le drapeau de la rébellion, Castor avait donc supposé qu’il avait longuement réfléchi avant de le faire, et ainsi, Castor avait même rejeté sa propre belle-mère, Excel, afin d’accompagner Georg dans son opposition face au roi. En d’autres termes, s’il était vrai que Castor lui-même avait eu des soupçons lors du changement soudain de Roi, il avait laissé la décision finale de s’opposer ou non à ce nouveau roi à quelqu’un d’autre que lui.
L’immaturité émotionnelle de Castor avait été l’une des causes de cet acte.
Les Dragonewts tels que Castor appartenaient à une race qui vivait plus longtemps que les humains ou les hommes-bêtes. Mais d’un autre côté, la vitesse de leur développement émotionnel avait tendance à être inversement proportionnelle à la durée de la race. En raison de ce fait, bien que Castor ait vécu pendant plus de cent ans, son âge mental était à peine celui d’une personne de trente ans et il avait donc traité Georg qui avait quant à lui cinquante ans, en tant que son aîné.
Cependant, bien qu’il ait envoyé un certain nombre de lettres à Georg lui demandant quelle devrait être sa prochaine action, il n’avait reçu aucune réponse.
« Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas ici ! » s’exclama Castor. « S’il avait voulu faire la paix avec le roi, il n’aurait jamais commencé à agir ainsi contre lui. D’autre part, s’il avait l’intention de se battre contre le roi, il devrait déjà être venu me voir afin de demander l’aide de mes Forces Aériennes. Alors, pourquoi ne nous dit-il rien ? Est-ce qu’il veut combattre le roi avec juste sa propre armée ? »
Tolman avait réfléchi avant de dire. « La seule chose à quoi je peux penser... serait qu’il est “gouverné par l’ambition” comme l’avait suggéré la Duchesse Walter. Maître, même si vous vous méfiez du nouveau roi Souma, vous ne voudriez pas nuire à l’ancien roi Albert, à sa femme Elisha, et même à la princesse Liscia, n’est-ce pas ? »
Blesser la famille royale.
Après que Tolman ait prononcé ces mots, Castor se mit à crier. « Bien sûr que non ! Mais le Duc Carmine à lui-même dit, “Une fois que le Roi Souma sera détrôné, je veux que le Roi Albert remonte à nouveau sur le trône, et je le soutiendrais” ! »
« Et s’il s’agissait d’un mensonge ? » Demanda Tolman. « Est-ce que, en vérité, il ne voudrait pas prendre le trône pour lui-même ? Si tel était le cas, alors la Duchesse Walter et vous, seriez certainement ses prochains adversaires. En préparation pour ce qui se passera, ne pourrait-il pas essayer de régler les choses avec ses propres forces, afin de vous empêcher d’obtenir de l’influence après la fin de la guerre ? Afin qu’il puisse abolir l’existence de ces deux maisons après la guerre ? »
« C’est absurde ! » Rugit Castor. « Il n’y a aucune chance que le duc Carmine pense à faire ça ! »
Castor l’avait nié avec force, mais comme on pouvait s’attendre de la personne chargée de l’intendance de sa Maison, Tolman avait la capacité d’analyser avec calme ce genre de choses. Il s’agissait de la conclusion à laquelle Tolman était arrivé, mettant de côté ses émotions, regardant uniquement les intérêts des personnes impliquées.
Cependant, comme Castor connaissait très bien Georg, il ne pouvait pas accepter cette analyse.
« Il n’existe pas de guerrier qui s’occupe davantage de ce pays que le Duc Carmine ! » Protesta Castor. « Il ne causerait jamais de tort à la famille royale... »
« Cependant, n’est-ce pas à cause de ses doutes concernant le duc Carmine que la duchesse Walter s’est éloignée de lui ? » Demanda Tolman. « Allant même jusqu’à faire revenir la maîtresse et le Jeune Maître Carl afin qu’ils viennent chez elle ? »
« ... » Castor était sans réponse face à ces questions.
Craignant pour la femme de Castor, Accela et leur jeune fils, Carl, qui serait tenu pour responsable en raison des lois sur les filiations lors de crime grave, Excel avait exigé qu’il divorce d’avec Accela, et elle les abritait désormais dans la Maison des Walter. Et ainsi, ils ne seraient sans doute pas entraînés dans l’affrontement entre Georg et Souma. Au moins, ce fait avait donné à Castor, une petite once de confort.
Castor reposa ses coudes sur le bureau, couvrant ses yeux avec ses mains. « ... je ne peux pas imaginer que le Duc Carmine puisse être gouverné par l’ambition. »
« Maître... » Commença Tolman.
« Je suis désolé, mais pourrais-tu me laisser seul pendant un moment ? » Demanda-t-il.
« ... Si tel est votre souhait. » Répondit Tolman avant de faire un salut et de quitter la pièce.
Laissé seul dans la pièce, Castor fit pencher en arrière sa chaise, pouvant ainsi regarder le plafond tout en restant droit sur sa chaise. Et alors...
« Carla, » commença-t-il à dire avec calme. « Tu es là, n’est-ce pas ? »
La fenêtre derrière Castor s’ouvrit, et une fille aux ailes rouges entra, affichant un regard empli d’embarras. Avec de longs cheveux roux de la même couleur que ses ailes, cette belle fille qui avait environ dix-huit ans était la seule fille de Castor, Carla. Contrairement à ce que son apparence "jolie fille" laissait entrevoir, elle avait le courage et le sens de combat qui lui permettait de mener une unité aérienne au cœur de la bataille.
« Père, tu m’avais donc remarqué, » dit-elle simplement.
« Tu aurais eu besoin de faire bien plus d’effort afin de dissimuler ta présence. Le son de tes ailes au moment où tu as atterri sur le balcon m’est parvenu très distinctement. » Déclara-t-il.
« Mais cela n’a pu que te faire soupçonner ma présence. » Carla haussa les épaules tout en disant ça. Puis elle sortit un paquet de lettres se trouvant dans l’une de ses poches.
Parce qu’il parlait à sa fille, Castor avait pris un ton moins formel. « Que sont-ils ? »
« C’est de Liscia, » dit-elle. « Liscia m’en a envoyé un grand nombre, nous demandant de faire la paix avec le Roi Souma. »
Carla considérait Liscia comme son amie. Elles s’étaient connues après que Liscia eut rejoint l’armée. Et parce que les deux avaient des personnalités sérieuses, et qu’elles s’étaient enrôlées dans l’armée bien qu’elles soient des femmes de haute naissance, elles avaient découvert beaucoup de choses en commun et étaient rapidement devenues amies.
Cependant, comme Carla était encore plus sérieuse que Liscia... ou, pour le dire avec des termes un peu moins favorable, elle était un peu trop entêtée... quand Liscia avait été fiancée avec le Roi Souma, Carla avait soupçonné la coercition, et elle était ainsi devenue hostile envers Souma. Par ce simple fait, alors même que sa mère et son frère étaient allés dans la Maison des Walter, elle était restée avec son père Castor.
Cependant, à ce stade, Carla commençait à avoir des doutes. « Je peux ressentir dans ces lettres la passion de Liscia. Ceci ne vient pas de quelqu’un qui a été forcé dans des fiançailles qu’elle ne souhaite pas. De plus, dans ses lettres, Liscia m’a mis en garde en me disant “Faites attention au Duc Carmine vis-vis de la manière dont il agit à l’heure actuelle.”. Nous sommes peut-être ceux qui se sont trompés. »
« ... Je vois, » dit Castor. « Alors la princesse Liscia ressent la même chose, n’est-ce pas ? »
Les épaules de Castor s’étaient abaissées. Puis, comme s’il se décidait sur quelque chose, sa tête se leva. « Mais Carla... Il n’est pas trop tard. Pars rejoindre Accela. Je suis le seul a avoir besoin d’être aux côtés du Duc Carmine. »
En tant que père, il lui disait qu’il voulait éviter de l’impliquer dans quelque chose qu’il faisait en raison de sa propre amitié envers un autre.
Cependant, Carla secoua la tête, ses pensées ayant déjà fait son choix.
« Après tout ça, je ne sais même pas comment je suis censé pouvoir encore montrer mon visage à Liscia, » dit-elle. « D’ailleurs, Père, crois-tu toujours que le Duc Carmine a réfléchi à cela ? Dans ce cas, gardons notre position jusqu’à la fin. Même si le Duc Carmine est vaincu et nous devenons des traîtres, si tu tombes à ses côtés, croyant à votre amitié, je doute qu’une personne puisse rire de vous pour cela. »
« Mais... alors tu seras... » (Castor)
« Je suis née au sein d’une famille de militaire, » Déclara Carla. « J’y suis donc préparée. Oh, ne t’inquiète donc pas, car après tout, nous avons encore Carl, donc au moins la maison et notre lignée de sang perdureront. C’est pourquoi, en tant que membres de la Maison des Vargas, nous laisserons derrière nous un bilan positif vis-à-vis de notre service militaire distingué. »
« ... Je vois. » (Castor)
Voyant la détermination sans faille de Carla, Castor prit sa propre décision. Il croirait en Georg Carmine jusqu’à la fin, et il était prêt à tomber pour ça.
À cette fin, il n’avait pas appelé les Forces Aériennes stationnées autour du Duché de Vargas. Cela avait été fait en considérant la situation, de sorte que même s’il entrait en conflit avec le roi après l’ultimatum de demain, il combattrait qu’avec son armée personnelle dans la Cité du Dragon Rouge n’entraînant pas le reste des Forces Aériennes dans ce conflit.
***
— Le soir du même jour, à une certaine localisation.
« Je vois... Ces deux-là sont donc résolus à le faire. » (Excel)
Quand elle avait appris les mouvements de Castor et Carla à l’aide des espions qu’elle avait envoyés à la Cité du Dragon Rouge, le beau visage de l’Amiral Excel Walter avait affiché un regard de chagrin et avait alors laissé sortir un profond soupir.
Cette beauté cornue qui, malgré avoir vécu pendant plus cinq cents ans, ne semblait avoir pas plus de vingt-cinq ans, se tenait à la fenêtre dans sa sombre chambre, regardant le ciel nocturne. Même les vêtements qu’elle portait semblaient désormais être trop lourds pour elle.
Ce soir, c’était une nuit nuageux, et elle pouvait à peine voir les étoiles.
« Castor est lui-même prêt à devenir un martyr en raison de son amitié avec Georg, » dit-elle tristement. « Et Carla est prête à le suivre jusqu’à sa fin peu importe ce que son père entreprend. Ces fous, bien qu’ils agissent de cette façon, je ne peux pas nier entièrement la validité de leurs choix. »
Excel avait alors lentement fermé les yeux, posant une main sur l’un de ses larges seins qui était évident même à travers son kimono.
À quoi pensait-elle, après avoir appris la détermination de son gendre et de sa petite fille ?
Quelques minutes s’écoulèrent avant qu’elle se décide à rouvrir ses yeux, puis fit tourner son dos vis-à-vis de la fenêtre et s’en écarta.
« En tout cas, leurs actes me donnent encore plus de raison de faire ce que je dois faire... » Murmura-t-elle.
Même si cela voulait dire de devoir piétiner leurs déterminations.
☆☆☆
Chapitre 3 : Ultimatum
Cette scène se déroula dans la salle du Joyau de Diffusion de la Voix, dans le Château de Parnam.
Dans cette pièce où la gemme de deux mètres de diamètre utilisé dans le système de Joyau de Diffusion de la Voix flottait, il y avait également des équipements afin de recevoir les communications en provenance d’autres Joyaux de Diffusion de la Voix.
Les récepteurs de chaque ville utilisaient des équipements installés dans les fontaines afin de produire du brouillard, puis utilisaient de la magie de type eau pour reproduire la vidéo enregistrée et de la magie du type de vent pour reproduire le son enregistré. Cependant, dans cette pièce, le système projetait l’image sur un équipement qui ressemblait à un réservoir mince et large rempli d’eau.
Pour différencier les deux, j’appelais celui-ci le "récepteur simple".
Si le récepteur des fontaines était au niveau du théâtre, alors l’on pourrait dire que ce récepteur simple était plus telle une télévision. Le récepteur simple produisait également une image plus claire. Les joyaux étaient un objet rare trouvable dans les donjons, il semblait donc qu’il ne serait pas possible d’en produire en masse, mais peut-être que nous pourrions produire ces récepteurs simples en série. Si cela pouvait être organisé, alors peut-être qu’un jour, les familles pourraient regarder le Joyau de Diffusion de la Voix dans leur propre maison.
Quoi qu’il en soit, revenons à l’histoire. Il y avait trois de ces récepteurs simples installés dans cette salle.
Les trois récepteurs montraient actuellement les visages du Général de l’Armée de Terre, Georg Carmine, qui était un homme-bête de type lion, du Général de l’Armée de l’Air, Castor Vargas, qui était un dragonewt, et de l’Amirale de la Marine Excel Walter, qui était une femme-serpent des mers. J’étais sûr que, de leurs côtés, ils avaient aussi une projection de Liscia et moi, debout côte à côte.
« ... Il s’agit de notre première rencontre face à face comme ça, n’est-ce pas ? » Dis-je. « Je suis celui à qui l’ancien Roi d’Elfrieden, Sire Albert, a confié le trône. Je suis donc provisoirement le roi, Souma Kazuya. »
« Vous êtes... » Après m’avoir entendu me présenter, Castor ouvrit largement les yeux à cause de la surprise.
« Quelque chose ne va pas ? » Demandai-je.
« Ce n’est rien. J’avais entendu dire que vous étiez un héros invoqué et que vous provenez donc d’un autre monde, alors je m’étais attendu à quelqu’un de plus dur et plus rude... » (Castor)
« Duc Vargas ! » interjeta Excel, comme si elle le grondait.
« Si vous vous dites un guerrier, alors vous devez toujours montrer le respect approprié face à ceux qui vous font face. » (Excel)
Après les reproches d’Excel, Castor déclara humblement son nom.
« ... C’est vrai. Je suis le Général de l’Armée de l’Air, Castor Vargas. » (Castor)
Selon mes informations, Castor était le beau-fils d’Excel. Peut-être, la raison pour laquelle il agissait plus doucement que la personnalité que j’avais entendu dire de lui (un Monsieur Muscle) était à cause de cette dynamique de pouvoir entre eux.
« ... Je m’excuse d’avoir tout à l’heure haussé la voix, » déclara le serpent des mers. Elle avait accompagné cela par une élégante révérence. « Votre Majesté, c’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis Excel Walter, je suis à votre service. »
« Je suis le Général de l’Armée de Terre, Georg Carmine, » déclara simplement l’homme-bête.
C’est bien l’homme-bête à face de lion, Georg Carmine, pensai-je.
Il possédait un corps bien plus musclé qu’une personne ordinaire telle que moi ne pourrait jamais espérer. Et à cela s’ajoutait une crinière qui servait à accentuer sa virilité et, enfin, les yeux brillants et ardents d’un lion. Même si je ne voyais qu’une image vidéo de lui, il semblait être dans la même pièce que moi.
Je comprenais pourquoi Liscia l’admirait tant. Il avait l’air d’un guerrier expérimenté.
« Duc Carmine... » Commença Liscia.
Mais le duc ne répondit rien.
Liscia avait laissé sortir son nom sans le vouloir, mais Georg n’avait même pas jeté un coup d’œil dans sa direction.
« Je vais maintenant émettre un ultimatum envers vous trois, les trois ducs. » Afin de m’empêcher d’être submergé par la forte présence de Georg, j’avais déclaré cette annonce en utilisant un ton le plus clair possible. « Depuis que je suis monté sur le trône, vous n’avez pas daigné répondre aux demandes répétées de coopération que je vous ai envoyées. Bien que ce changement de pouvoir soit uniquement l’idée de Sire Albert, je suis convaincu que cette manière brusque dont le trône a changé de main doit avoir joué dans vos réactions. En tant que tel, je ne vous tiendrai pas responsable de ne pas avoir obéi à mes ordres que j’avais donnés jusqu’à aujourd’hui. Cependant, si vous continuez à rejeter mes ordres, je n’aurai d’autre choix que de vous déclarer comme étant des traîtres. J’aimerais entendre vos opinions à ce sujet. »
« Sire, j’ai quelque chose à vous demander. » La première à ouvrir la bouche fut Excel.
« ... Qu’est-ce que c’est ? » Demandai-je.
« Quelles sont vos intentions vis-à-vis des trois duchés ? » (Excel)
Je regardai l’image d’Excel droit dans les yeux. Comme on pouvait s’y attendre d’une femme qui avait hérité du sang des serpents des mers, ses yeux étaient d’une froideur sans fin. Elle semblait regarder dans les profondeurs de mon cœur.
« Si vous m’obéissez... Je n’ai aucune intention de poser la main sur les trois duchés. » Répondis-je.
Elle revient immédiatement avec une autre question. « Alors, qu’en est-il des trois armées ducales ? »
Sa capacité à corriger avec précision le sujet de la question m’avait impressionné.
« ... Les trois armées ducales seront assimilées par l’Armée Interdite afin de créer une nouvelle armée unifiée, » dis-je. « En outre, les domaines des nobles auront une interdiction de maintenir des forces personnelles supérieures à ce qui est nécessaire afin d’avoir une force de police locale. Ces excès de troupes seront également intégrés dans l’Armée Interdite. Conformément à cela, les droits spéciaux accordés aux trois duchés leur permettant de maintenir une armée seront abolis. Ils seront désormais traités comme tout autre domaine de noble. »
« C’est donc ainsi, après tout ça... » Murmura Excel.
« Comprenez-vous ce que vous essayez de faire ici ? » Demanda Castor en me regardant fixement.
« Castor... » Excel semblait essayer de le réprimander pour son attitude, mais Castor leva une main afin de la faire cesser de parler.
« Duchesse Walter, c’est important. » (Castor)
Après qu’il ait répondu avec un ton de voix très sérieuse, Excel ferma à contrecœur sa bouche.
Prenant cela comme un signe d’acquiescement, Castor me regarda droit dans les yeux avant de parler. « Les trois armées ducales sont un système mis en place pour empêcher la création d’un tyran. Nous sommes dans un pays multiracial, mais la famille royale a toujours été humaine. Si un tyran devait devenir le roi et instituer des politiques favorisant les humains, les autres races ne pourraient pas faire face à une telle oppression. Afin d'éviter cela, nos prédécesseurs ont décidé de mettre en place les trois armées ducales. Nous avons trois ducs de races différentes qui soutiennent la famille royale, mais nous vous surveillons aussi, afin que nous puissions intervenir et abattre un tyran s’il en est ainsi. Dites-vous que vous voulez détruire ce système ? »
C’était une question directe, alors j’avais regardé Castor dans les yeux et j’avais répondu. « En temps de paix, je suis sûr que ce système serait parfait. Cependant, en ce moment, le monde est empli d’instabilités. Alors que l’expansion au nord du Domaine du Seigneur-Démon s’est arrêtée, on ne sait pas quand cela pourrait changer brusquement et de façon drastique. Les intentions de la grande puissance de l’ouest, l’Empire Gran Chaos, ne sont elles aussi toujours pas très claires. Le duché d’Amidonia, qui se vante de vouloir se venger de ce pays, et la République de Turgis, avec leur politique d’“Aller vers le Nord”, recherchent activement toute ouverture pour saisir notre territoire. Et les conflits avec le Syndicat des Archipels du Dragon à Neuf Têtes concernant nos droits de pêche à l’est sont sans fin. »
Je parlais de la situation dans laquelle actuellement ce pays se trouvait. La situation de ce pays était incroyablement instable. Normalement, nous ne devrions pas avoir le temps pour cette petite querelle.
« Duc Vargas, regardez la situation dans le monde, » continuai-je. « Dans cette situation instable, une armée avec de multiples structures de commandement ne fonctionnera pas assez bien pour faire face à ça. C’est le moment de centraliser le pouvoir. »
« Et si le centre est pourri ? » Demanda-t-il. « Comment pouvez-vous dire avec certitude que vous ne deviendrez pas un tyran ? Si nous laissons toute l’armée entre vos mains, qui pourrait vous faire rendre des comptes ? »
« Si cela se produisait, alors je viendrais moi-même mettre ma tête sur le billot ! » Je fis fortement claquer mes mains sur le bureau, sachant que c’était là où je devais me battre.
Dans le coin de l’œil, je pouvais voir l’image de Georg, les yeux fermés et les bras croisés. Cet homme... Il n’était pas sur le point de s’arrêter maintenant. Cependant, cela n’avait fait que rendre encore plus important le fait que je gagne Castor et Excel à mes côtés.
« Je ne suis qu’un humain, » dis-je. « Je ne peux pas garantir que je ne me transformerais pas en tyran. Cela dit, bien sûr que je n’ai aucunement l’intention de faire quelque chose qui rendrait les autres tristes. »
« Souma... » Avait dit Liscia avec tristesse, mais je poursuivis.
« Je démantèlerais les trois armées ducales, mais je vous promets de vous maintenir à vos positions au sein de la force de défense nationale. Donc, si je deviens un tyran, alors prenez la direction des armées et faites une révolution, ou toute autre action du même genre. » (Souma)
« Parler est facile, » déclara Castor. « Mais si ce moment devait arriver, ne fuiriez-vous pas afin de vous protéger ? »
« Il y a un penseur politique de mon monde, Machiavel, qui a quelque chose à dire à propos de ça. La meilleure forteresse possible ne doit pas être détestée par la population. Si le peuple est de votre côté, toute trace de rébellion sera rapidement exposée. D’autre part, si la population vous abandonne, vous pouvez faire face à une ou deux rébellions en vous cachant dans votre château, mais il n’y aura jamais de pénurie d’étrangers prêts à aider un peuple qui a pris les armes contre vous. Si je devais devenir un tyran, ce qui amenera la population à m’abandonner, une rébellion réussirait facilement. »
Castor m’écouta tranquillement parler.
Est-ce que mes mots l’ont atteint... ? À ce stade, je ne pouvais pas être sûr du tout.
Puis, Excel parla. « Je voudrais poser une autre question. J’ai entendu dire que vous construisiez une nouvelle cité côtière. Lorsque cette cité sera terminée, qu’adviendra-t-il de la Cité Lagune ? »
La Cité Lagune était la ville centrale du Duché des Walter.
J’avais entendu dire que pour Excel et sa race, les serpents de mer, la Cité Lagune avaient toujours eu la plus haute priorité. Apparemment, les serpents de mer avaient été chassés de leur ancien foyer, l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes et donc, la Cité Lagune étaient l’endroit qu’ils avaient trouvé afin de vivre en paix après de nombreuses années d’errance.
Comme je ne voulais pas encourir la colère du peuple des serpents des mers, j’étais obligé de m’expliquer en détail. « La nouvelle cité est uniquement prévue en tant que destination touristique et port commercial. Parce que, du point de vue du secret, l’industrie du tourisme et le port militaire se mélangent incroyablement mal. Je n’ai aucune intention de faire fonctionner la nouvelle ville en tant que port militaire. Donc, la Cité Lagune continuera probablement à servir à ce titre. Je laisserai également la construction de navires de guerre à la Cité Lagune. »
Si la Cité Lagune était un port militaire et que la nouvelle cité était un port commercial, elles auraient chacune leur propre rôle. De cette façon, il devrait leur être possible de coexister et de prospérer ensemble. Après que je lui ai expliqué ça, Excel hocha la tête de satisfaction.
« Entendre cela m’a rassurée. Sire, à partir de maintenant, moi, Excel Walter et la Marine d’Elfrieden serons sous vos ordres. Nous attendons vos ordres. » (Excel)
Avec ces mots, la duchesse Walter posa un genou au sol, jurant ainsi de sa loyauté envers moi en tant que vassal. Ceci signifiait que les 10 000 hommes de la Marine sous le commandement d’Excel étaient maintenant de mon côté.
« Duchesse Walter, je suis reconnaissant pour votre sage décision, » dis-je. « Veuillez continuer à travailler pour cette nation. »
« D’accord. » (Excel)
Après qu’Excel se fut placé à mon service, l’expression de Georg ne changea pas d’un iota et Castor regarda cette scène avec ce qui semblait être de la résignation. Encore une fois, j’avais essayé de tendre la main vers Castor.
« Duc Vargas. S’il vous plaît, prêtez-moi vos forces pour le bien de ce pays. » (Souma)
« ... Désolé, mais je ne peux pas le faire. » (Castor)
« Castor ! » réprimanda Excel.
Malgré cela, Castor secoua silencieusement sa tête. « Duchesse Walter, vous semblez avoir décidé de lui faire confiance, cependant... Je ne peux pas. J’ai protégé Elfrieden depuis l’époque du roi avant le Roi Albert. J’ai éliminé des ennemis de l’extérieur, prenant leur territoire, et cela depuis près de cent ans maintenant. En dépit de tout cela, pourquoi le roi Albert ne nous a-t-il pas consultés avant de vous donner le trône, vous qui êtes soudainement venu de nulle part... ? »
« Je suis d’accord... J’aimerais bien avoir moi aussi une réponse à cette question. » Sans réfléchir, j’avais affiché mes vrais sentiments. Depuis que l’on m’avait donné le trône, j’avais désespérément travaillé afin d’éviter d’être envoyé à l’Empire et sauver ce pays de la crise.
J’avais été trop occupé pour y réfléchir, mais pourquoi le père de Liscia avait-il été si prompt à me remettre le trône après qu’il m’ait invoqué ici ? Dans ce pays, un héros était apparemment "celui qui amène un changement d’époque", mais cette information est-elle vraiment digne de confiance ?
Castor essaya de demander quelque chose à Liscia, qui était debout à mes côtés. « Princesse Liscia, savez-vous quelque chose ? »
« ... Je suis désolée, » dit-elle. « En ce qui concerne cette question, mon père a insisté pour qu’il ne soit pas impliqué. Je lui ai demandé d’aider afin de vous convaincre, vous trois, mais il m’a répondu “Si je devais agir maintenant, alors cela ne causera que des soupçons injustifiés. Sir Souma est maintenant le roi”. Voilà tout ce qu’il m’a répondu... »
« ... Je vois. » (Castor)
Castor semblait confus et incapable de comprendre les intentions de l’ancien roi, mais c’était pareil de mon côté. Je n’avais absolument aucune idée de ce qu’il avait pensé en faisant cela. C’était quelque chose qui m’avait fait me poser des questions, mais... Je savais que je n’aurais aucune réponse ici et maintenant.
Je dois me concentrer sur la persuasion de Castor. C’était ce que je pensais, mais...
« Je ne peux pas me décider à vous servir, » déclara Castor, rejetant encore une fois ma proposition.
« Duc Vargas... » Commençai-je.
« Ne dites rien de plus, » dit-il. « Étant donné que la Duchesse Walter a accepté de vous obéir, je sais qu’il doit y avoir du mérite dans ce que vous dites. Cependant, je ne peux pas imaginer que le Duc Carmine s’oppose à vous sans une bonne raison. Si la Duchesse Walter dit qu’elle est avec vous, alors dans mon cas, je vais m’associer avec le Duc Carmine. »
Ceci semblait être une décision difficile pour lui, alors que Castor affichait un regard douloureux sur son visage. Une fois que je vis cette expression... Je savais qu’il n’y avait plus rien que je pourrais dire.
« Il s’agit donc... de la décision que vous avez prise, n’est-ce pas ? » Demandai-je.
« Exact. Cependant, il s’agit de ma seule décision. Ceux qui seront du côté du duc Carmine seront uniquement moi-même et les cent hommes de ma garde personnelle. Je ne ferais pas appel aux unités faisant partie de l’Armée de l’Air. Ils resteront donc neutres. Si... Je suis vaincu, s’il vous plaît, prenez soin de ceux que je laisserais derrière moi. » (Castor)
« ... Je comprends. » (Souma)
Il agissait déjà en supposant qu’il perdrait. Si tel était le cas... il n’y avait rien de plus que je puisse dire.
« Sire, Castor est... » Excel avait essayé de prendre sa défense, mais j’avais levé la main afin de lui demander de s’arrêter.
« C’est inutile, » dis-je. « Je ne peux pas passer plus de temps sur ce sujet. »
« Urkh... » (Excel)
J’avais parfaitement compris comment Excel devait avoir ressenti ça, mais les événements étaient déjà en marche. Je ne pouvais pas passer plus de temps à le persuader.
À la fin, je n’avais pas obtenu de mon côté Castor et l’Armée de l’Air. Ceci allait beaucoup me compliquer la vie, mais au moins, le plus gros de l’Armée de l’Air resterait neutre.
Essayant de changer de sujet afin de lutter contre la déception, je m’étais tourné vers le dernier des trois ducs, Georg.
« Maintenant à vous, Général de l’Armée de Terre, Georg Carmine. » (Souma)
Le féroce général homme-bête à tête de lion me lança un regard noir. Même si je lui parlais à travers un moniteur, il était incroyablement intimidant. Si je l’avais rencontré en personne, mes jambes auraient commencé à trembler, et j’aurais sûrement été un spectacle pathétique à regarder.
« Duc Carmine, » dis-je. « Je ne vous demanderai pas si vous m’obéirez. Dès le moment où vous avez décidé d’abriter les nobles qui font l’objet d’une enquête pour corruption, c’était clair que vous n’aviez aucune intention de m’obéir. Alors tenter de vous persuader serait une perte de temps. »
Il ne répondit rien.
« Mais, je voudrais vous demander une chose, » dis-je. « Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cela ? »
« Ma fierté en tant que guerrier. » Il s’agissait de la réponse de Georg. « Ayant plus de cinquante ans, mon corps ne fera que s’affaiblir à partir de maintenant, mais actuellement, je possède la plus grande des circonstances opportunes qui m’ait été présentée. Je déciderai du destin d’Elfrieden avec mes propres talents. Une fois dans sa vie, c’est le désir de chaque guerrier d’accomplir quelque chose dont se souviendra chacune des générations suivantes. »
« Pour quelque chose d’aussi petit que ça. » Murmurai-je.
Avait-il prévu tout cela pour des raisons aussi simples que la phase "La vie humaine ne dure que 50 ans" de Noh jouant Atsumori ? Il avait toujours su que tout cela serait triste pour Liscia, mais c’était quand même le chemin qu’il avait choisi.
« Je ne peux pas le comprendre, » dis-je. « Vous êtes... un incroyable imbécile. »
« Il s’agissait d’une question stupide, » répondit-il. « On ne peut pas être un guerrier sans être aussi un imbécile. Je vous ferai témoigner de la façon dont je vis. »
« Êtes-vous sûr que vous ne voulez pas dire la façon dont vous allez mourir ? » (Souma)
« Il s’agit là d’une seule et même chose, » dit-il. « Ceux qui souhaitent vivre meurent et ceux qui souhaitent mourir, reste vivant. Voilà ce que c’est que d’être un guerrier. »
Il parlait d’une voix résolue qui rappelait le rugissement d’un lion. Il n’avait pas montré le moindre signe d’hésitation.
Et donc, je ne pourrais non plus le faire vaciller
« Si vous voulez être un grand arbre bloquant mon chemin, alors je vais passer par-dessus vous, » dis-je.
« Aussi pourri que je puisse être, je suis un arbre ayant de solides racines, » me répondit-il. « Vous ne pourrez pas m’écarter de votre route avec une résolution pleine d’hésitations. »
« J’ai la résolution nécessaire ! » J’avais trouvé depuis longtemps la détermination de tacher mes mains avec cette unique cruauté. « Georg Carmine et Castor Vargas. »
Le Duc Carmine ne répondit rien.
« Quoi ? » Demanda le Duc Vargas.
« Comme nous nous battrons bientôt, j’ai une proposition, » dis-je. « Je doute que l’un d’entre nous veuille que cette guerre se fasse sans fin, affectant les gens ordinaires qui n’ont rien à voir avec tout ça. C’est pourquoi je veux qu’une règle soit en place. “Si l’un d’entre nous est abattu ou capturé, les subordonnés de cette personne viendront immédiatement sous le commandement de l’autre”. Ceci est destiné à empêcher une armée qui perd son chef de se venger ou de continuer à se rebeller. »
Quand ils entendirent ma proposition, tous deux hochèrent la tête.
« Très bien, » déclara Georg.
« Je suis aussi d’accord avec ça, » confirma Castor.
« ... Je vous remercie. » Dis-je.
« Donc maintenant, je vais donc mettre fin à la discussion. » Georg se leva de son siège, puis se déplaça afin de couper la transmission.
« Attendez ! » Liscia se déchaîna, après avoir réussi à rester silencieuse tout ce temps.
Georg fit plisser ses yeux. « Princesse... »
« Duc Carmine... » (Liscia)
Chacun s’était adressé à l’autre, mais aucun d’eux ne pouvait trouver les bons mots. Ils ne faisaient que se regarder les yeux dans les yeux.
Liscia et Georg. Dans le palais, ils étaient une princesse et un vassal. Dans l’armée, ils étaient un subordonné et son supérieur. À partir de ces relations, ils auraient pu trouver un moyen de se comprendre mutuellement.
Pendant un certain temps, les deux se regardèrent en silence, puis, à l’instant suivant, Liscia tira sur la cordelette qu’elle avait maintenue à la hanche, dégainant son épée.
Alors que j’étais encore surpris par sa brusquerie, Liscia plaça la lame près de sa tête, coupant sa queue de cheval d’un blond platine.
Attendez, quoiiiiiiiii ?
Ses cheveux, tels des fils d’or, tombèrent sur le sol.
C’était si soudain que non seulement moi, mais aussi les trois ducs restâmes sans voix. Liscia avait soudainement obtenu une coupe de cheveux de longueur moyenne, mais elle ne semblait pas y prêter attention. Au lieu de ça, elle dirigea sa rapière dans la direction du Joyau. Puis elle déclara. « Voici ma détermination. Je marcherai aux côtés de Souma. » Elle déclara ça avec des yeux inébranlables.
Au début, Georg avait été stupéfait tout comme moi, mais rapidement, ses yeux semblèrent lancer des éclairs, puis il sourit tel un carnivore qui avait trouvé sa proie. « Princesse, j’ai vu votre résolution. Cependant, je vais vous faire me montrer cette résolution sur le champ de bataille. »
« Je compte là-dessus. » (Liscia)
Ces deux-là semblaient être arrivées à une certaine compréhension. Je ne pouvais pas le comprendre moi-même, mais c’était probablement la manière dont les guerriers communiquaient. La discussion s’était terminée lorsque tout le monde avait été surpris par Liscia, mais... quoi qu’il en soit, c’était la fin de l’ultimatum lancé aux trois ducs.
*
« Est-ce que c’est correct... d’avoir coupé vos cheveux comme ça ? » Avais-je demandé à Liscia une fois que la transmission avec Georg et Castor avait pris fin.
Maintenant que l’ultimatum des trois ducs était terminé, Aisha, qui était revenue du village des elfes sombres, ainsi que Hakuya, Poncho et Tomoe, étaient entrés dans la salle du Joyau de Diffusion de la Voix.
Lorsqu’ils remarquèrent le changement dans l’apparence de Liscia, les yeux de tous (à l’exception de Hakuya, vu qu’il ne montrait pas beaucoup de changement d’expressions) affichèrent leur grande surprise.
Pendant ce temps, Liscia jouait avec les extrémités de ses cheveux fraîchement coupés, rougissant en réponse à leurs réactions. « Je l’ai fait afin de rendre ma position claire... Est-ce que cette nouvelle coupe de cheveux ne me convient pas ? »
« Non, justement, je pense que cela vous convient très bien, » dis-je. « N’êtes-vous pas d’accord ? »
Tout le monde hocha la tête.
« Princesse, votre coiffure vous donne ainsi un visage merveilleusement galant. » Dis Aisha.
« Je pense aussi que les cheveux courts sont tout à fait charmants sur vous, » Rajouta Hakuya.
« C-ça vous convient vraiment, je le pense aussi. » Déclara Poncho.
« Grande sœur, c’est très mignon, » dit Tomoe.
Avec toutes ces personnes qui la complimentaient, le visage de Liscia devint encore plus rouge d’embarras.
L’atmosphère dans la salle s’était ainsi adoucie, quand...
« Sire... » (Excel)
... le seul duc qui était encore resté connecté, Excel, me parla...
« ... Excusez-moi, Duchesse Walter, » dis-je.
« Non, c’est correct Sire. Je vous ai déjà juré de mon vasselage. Et veuillez m’appeler Excel. » (Excel)
« Dans ce cas, Désolé Excel, » dis-je. « Pour ne pas avoir pu convaincre Castor. »
« Il n’y avait rien que vous auriez pu faire. Il avait pris depuis longtemps sa décision. » Pourtant, les coins de la bouche d’Excel avaient affiché des signes montrant sa frustration.
On m’avait dit que cette magnifique femme, qui ne semblait avoir que vingt-cinq ans, avait en vérité plus de cinq cents ans. Castor était son gendre et sa petite-fille était également avec Castor. Sa famille avait été divisée entre les deux côtés du conflit, donc il était parfaitement naturel pour elle d’avoir des pensées de regrets.
Ha oui, c’est vrai. En parlant de la famille d’Excel...
« Excel. Est-elle avec vous en ce moment ? » Demandai-je.
Excel avait brusquement poussé un soupir. « ... Oui. Elle est là. »
« Votre Majesté, m’avez-vous appelé ? » Une autre beauté aux cheveux bleus apparut sur l’écran, debout à côté d’Excel. Elle avait un visage dont tout le monde serait amoureux, un style impeccable et un air qui semblait plus mûr que son âge.
Oui, elle était bel et bien la chanteuse Lorelei dont la popularité avait augmenté dans le Royaume d’Elfrieden, Madame Juna Doma.
« Merci, Juna, » dis-je. « Puisque nous vous avions comme lien, nous n’avons pas eu à nous battre contre Excel. »
« Nullement. Je n’ai fait que suivre les ordres. » Dit-elle. « D’ailleurs, j’enquêtais sur vous et je venais faire mon rapport à ma Grand-mère en ce moment. Alors, je vous demande de me pardonner pour ma grossièreté. »
Eh oui ! Juna était une espionne expédiée par la Duchesse Walter.
Avec sa prévoyance, Excel savait que si le père de Liscia, l’ancien roi Albert, m’avait cédé le trône, il fallait que quelque chose se fût produit, alors elle avait commencé à examiner immédiatement ce qui s’était passé.
L’espion qu’elle avait choisi d’envoyer pour cela était Juna, qui était en fait la commandante du Corps des Marines.
Et pour couronner le tout, Juna était apparemment la petite-fille d’Excel.
L’un des fils d’Excel s’était marié dans la famille Doma, qui était une famille marchande dans la Cité Lagune et qui avait des Loreleis parmi leurs ancêtres, et c’est ainsi que Juna était née. Il semblerait donc que ce beau visage provenait du côté d’Excel.
Lorsque Juna avait utilisé l’événement Proclamation des Dons comme une occasion de me contacter, il s’agissait d’une opportunité d’enquêter sur les raisons qui avait fait que j’étais devenu roi. Ensuite, quand elle m’avait jugé apte à être le roi, elle avait rapporté ses pensées à Excel et finalement, avait choisi de se révéler à nous.
J’avais été étonné quand j’avais entendu parler de ça, mais entre sa maturité qui avait démenti son jeune âge et les mouvements rapides qu’elle avait effectués lors de l’altercation avec Hal, elle avait fait des choses soudainement devenues très sensées, donc j’avais pu l’accepter assez rapidement.
Après cela, Juna était devenue le lien qui nous avait relié avec Excel. En d’autres termes, Excel avait été la seule à me jurer de sa loyauté avant même l’ultimatum.
Cependant, afin de surveiller les mouvements inquiétants de Georg et d’essayer de convaincre Castor jusqu’au dernier moment, nous avions caché ce fait et, pendant un certain temps, elle s’était engagée du côté des autres ducs.
Alors que Juna s’inclinait afin de demander pardon, je lui avais dit. « Ce n’est pas nécessaire. Grâce à vous, nous avons pu nous coordonner avec Excel. Vous avez pris mon parti, donc j’ai toutes les raisons de vous en être reconnaissant. Je n’ai nullement l’intention de vous reprocher ce que vous avez fait. »
« C’est exactement comme je vous l’avais dit ce jour-là, » dit-elle. « Moi aussi, je suis de votre côté. »
« Vous avez dit cela ce soir-là, n’est-ce pas ? » (Souma)
Ce soir-là, quand je ne pouvais pas dormir, Juna m’avait dit ça et ensuite, elle avait chanté pour moi jusqu’à ce que je me sois endormi. Par la suite, j’avais entendu de Juna que Liscia avait été celle qui avait organisé tout ça.
Liscia s’occupait toujours de moi. Fidèle à ses mots prononcés ce jour-là, Juna était restée de mon côté. Même Aisha, écervelée comme elle pouvait l’être la plupart du temps, pouvait être considéré comme me protégeant dès que c’était nécessaire.
J’avais ainsi pu être un roi à cause de toutes ces personnes qui me soutenaient. Et donc je voulais aussi tout faire pour eux.
« Hakuya, où en sont les préparatifs ? » Demandai-je après l’avoir regardé.
Hakuya plaça ses mains ensemble avant de s’incliner. « Tout se passe comme prévu. Sire Ludwin et les 10 000 soldats qui composent la partie directement contrôlée de l’Armée Interdite peuvent immédiatement être mobilisés. »
« Quels mouvements avons-nous pu voir en provenance de l’armée d’Amidonia ? » Demandai-je.
« Il semblerait qu’elle s’est déjà rassemblée à la frontière. » Dit-il. « C’est exactement comme nous l’avions prévu. »
Après avoir entendu le rapport de Hakuya, je m’étais tourné vers les autres personnes et avais fait un signe de la tête, puis j’avais levé mon poing en l’air. « Allons-y ! Dès maintenant, il s’agit d’une guerre contre le temps ! Nous allons balayer les étincelles qui tombent et montrer à Georg ce contre quoi il se bat ! Laissez-le voir la puissance qui soutiendra ce pays à partir de maintenant ! »
« « « Oui, Sire. » » »
Tout le monde avait répondu à mes ordres. Le moment était enfin venu.
Je recommençai à parler. « Dès aujourd’hui, la guerre d’assujettissement commence. »
***
— 30e jour du 9e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental —
Souma, le roi d’Elfrieden, avait levé une armée afin de soumettre Georg.
Un message contenant cette information avait été envoyé aux armées du duché d’Amidonia massées près de la frontière.
Quand Gaius VIII avait entendu ce rapport, il avait dit. « Le temps est enfin venu ! Maintenant, nous allons pouvoir contenter notre désir de longue date ! »
En proclamant cette déclaration, il prit le commandement des 30 000 hommes de la puissante armée de la principauté afin de commencer l’invasion d’Elfrieden.
Il y avait deux routes entre Elfrieden et Amidonia.
L’une d’elles était la route traversant le duché de Carmine dans le nord-ouest. Il s’agissait d’une plaine totalement dégagée, facile à franchir, mais Gaius n’avait pas utilisé cette route. C’était nécessaire, car cette route avait été entièrement bloquée par le duché de Carmine. Même si c’était purement pour les apparences, Gaius avait prétendu qu’il appuyait à la fois le roi et Georg, alors il fallait éviter toute route qui semblait indiquer une union avec Georg. En outre, le duché de Carmine était là où les forces du roi et de Georg entreraient bientôt en collision, alors si l’armée de la principauté était là, il y avait le risque que la guerre soit arrêtée pour leur faire face. La principauté voulait que le conflit entre le roi et Georg dure le plus longtemps possible.
De ce fait, l’armée de la principauté avait choisi de progresser sur l’autre chemin, celle qui traversait la région montagneuse dans le sud. Les montagnes d’Ursula se situaient le long de la moitié sud de la frontière entre la Principauté d’Amidonia et le Royaume Elfrieden. Cette route traversait la vallée de Goldoa se trouvant dans les montagnes.
Alors que le chemin était très raide, une fois qu’ils avaient traversé la vallée, ils arriveraient quasi directement face à la cité d’Altomura. Alimentée par les ruisseaux qui provenaient des Montagnes d’Ursula, il s’agissait de l’une des quelques régions productrices de céréales d’Elfrieden. De plus, elle faisait autrefois partie d’Amidonia.
Alors qu’il montait sur son cheval parmi les 30 000 soldats de l’armée de la principauté, Gaius VIII avait eu une lueur dans son regard et un sourire audacieux sur son visage.
« Hehehe. Souma et Georg peuvent se battre aussi fortement qu’ils le souhaitent. Pendant qu’ils le feront, nous allons récupérer nos terres perdues. » (Gaius)
Alors qu’il traversait les ombres de la vallée, Gaius VIII n’avait aucun doute que son plus cher souhait était sur le point de lui être accordé.
☆☆☆
Histoire Supplémentaire : L’Histoire d’un certain Groupe d’Aventuriers 2
Ceci arriva quelques jours avant l’ultimatum fait aux trois ducs.
Je me trouvais dans une chambre sombre avec Hakuya, avec une grande carte de ce pays se trouvant sur la table. Il y avait des pions de différentes tailles, tous en forme de T à l’envers, à différents endroits de la carte. Dans la zone représentant la capitale royale, Parnam, il y avait un grand pion et un pion de taille moyenne. Sur la ville centrale du duché de Carmine, Randel, il y avait quatre grands pions. Dans la ville centrale du Duché de Vargas, La Cité du Dragon Rouge, il y avait un seul pion qui était plus petit que les autres. Ces pions en forme de T représentaient les forces positionnées dans chaque emplacement.
Hakuya utilisait un long bâton afin d’expliquer chacun de ces pions.
« Les grands pions représentent une force de 10 000 hommes, les moyens, une force de 5 000 hommes et les plus petits une force de 100 hommes. En d’autres termes, le nombre de troupes que vous pouvez mobiliser est de 15 000, alors que Duc Carmine a rassemblé environ 40 000 soldats. Il y avait beaucoup de déserteurs de l’armée, tels que Glaive Magna, mais ils semblent avoir compensé leurs pertes avec les troupes personnelles des nobles accusés de corruption. » (Hakuya)
« Hm... donc, aucune modification quant aux nombres de troupes... » Dis-je.
« C’est exact. En outre, selon les informations que nous avons reçues de la Duchesse Walter, le Duc Vargas a décidé d’agir comme il l’avait déclaré avant. Il n’a pas fait venir l’Armée de l’Air. Il semble qu’il ait l’intention d’entrer en conflit avec seulement ses 100 hommes faisant partie de ses propres troupes. » (Hakuya)
« Hm... Mais dans ce cas, s’il s’agit des troupes personnelles de Castor, ne sont-ils pas tous des chevaliers-wyverne ? » J’avais ramassé un des pions de taille moyenne à côté de la carte et j’avais remplacé le petit pion se trouvant sur la Cité du Dragon Rouge par le nouveau. « J’ai entendu dire qu’un seul chevalier-wyverne possède la puissance équivalente à 50 soldats de l’armée de terre. Donc si l’on regarde leur force, on devrait plutôt penser qu’ils équivalent à 5 000 hommes de nos propres troupes. Même s’il n’y en a que 100 hommes sous ces ordres, nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer leur puissance. »
« Je suis impressionné par vos capacités d’observation. » Hakuya s’inclina devant moi avec une révérence. Il faisait une grande scène devant moi, mais je savais qu’il agissait probablement que d’une manière flatteuse vis-à-vis de moi.
« Arrêtez avec ça, » dis-je. « Je ne me réjouis pas du tout de pouvoir ainsi souligner combien la situation est mauvaise pour nous. »
« Je suppose que non, » répondit-il. « Il semblerait que la situation s’aggrave de plus en plus... »
Avec ces mots, Hakuya avait placé trois grands pions à la frontière commune avec la Principauté d’Amidonia qui se trouvait au sud-ouest. Ces trois grands pions représentaient les forces d’Amidonia qui allaient envahir ce pays.
« Les armées de la Principauté d’Amidonia sont préparées à traverser la vallée proche des Montagnes d’Ursules afin de nous envahir, » dit-il.
« Leur effectif total est donc 30 000 hommes, n’est-ce pas ? » Demandai-je.
La Principauté d’Amidonia n’avait que la moitié de la puissance militaire d’une nation telle que le Royaume d’Elfrieden. Pour cette raison, ils ne pouvaient que maintenir la moitié de l’armée en permanence active. Et pour couronner le tout, la Principauté d’Amidonia avait trois frontières communes avec d’autres pays en plus de nous. Alors il avait donc dû utiliser une partie de leurs troupes afin de se protéger contre eux.
« Compte tenu de leur situation, 30 000 hommes représentent le plus gros qu’ils pouvaient nous envoyer. » Dis-je.
« Je suppose que là, vous pouvez voir à quel point Gaius est sérieux. » Répliqua-t-il. « Il est prêt à gagner et même à mourir en essayant. »
« Cela va juste nous causer que des problèmes, » ai-je soupiré. « ... Qu’est-ce que la principauté fera ici ? »
« Ils ont probablement l’intention d’occuper la ville d’Altomura se trouvant au sud-ouest, » répliqua-t-il. « Une fois qu’Altomura sera tombée, ils vont balayer toute l’opposition des alentours et se déplacer afin de sécuriser la région productrice de céréales. Une fois qu’ils auront le contrôle de facto de ce domaine, je m’attends à ce qu’ils déclarent que ces terres font maintenant partie de leur domaine d’influence. »
Gaius mobilisait son armée avec une telle volonté de gagner et il était même prêt à mourir en essayant. Mais ce qu’il faisait était l’équivalent de déménager un immeuble alors que celui-ci était en feu.
« Malgré toute sa résolution, ce n’est pas grand-chose, » dis-je.
« Avec la main-d’œuvre à disposition d’Amidonia, je crois que c’est le maximum qu’ils puissent accomplir, » Répondit Hakuya. « Après tout, s’ils deviennent hors de contrôle, les nobles qui ont choisi une approche d’attente vis-à-vis de votre conflit avec le Duc Carmine se rassembleraient probablement de votre côté. »
« Je vois... Quelle est la force de nos troupes se trouvant aux frontières ? » Demandai-je.
Hakuya avait alors déplacé un pion de taille moyenne qui était à Parnam jusqu’à la frontière du sud-ouest.
« J’ai déjà expédié 5 000 de l’Armée Interdite jusqu’à la zone près de la frontière. » (Hakuya)
« Heu... nous envoyions une force terrestre composée de 5 000 soldats pour faire face à une force de 30 000 soldats qui aura également le soutien de Force Aérienne ? » Murmurai-je.
Nous étions en infériorité de plus de six contre un. J’avais toujours su que ce serait le cas, mais... Je ne me sentais pas bien quand je pensais à ces chiffres.
« ... Combien de temps pourront-ils les contenir ? » Demandai-je.
« Même s’ils se sont enfermés dans la forteresse se trouvant près de la frontière, ils ne vont même pas résister une journée, » répondit-il. « L’intention est seulement d’acheter un peu de temps, de sorte que le commandant a reçu l’ordre de ne pas être téméraire et de mener une retraite organisée. »
« C’est plus facile à dire qu’à faire... Cependant, je suppose qu’on peut réussir le coup. Mais même si nous supposons que les troupes seront encore correctes après tout cela. Qu’est-ce que vous envisagez de faire au sujet des personnes vivant dans la région ? » J’avais tourné mon regard sur Hakuya.
À moins qu’elles s’attendent à une embuscade, les armées évitaient toujours les pentes raides et avançaient le long des routes traversant des terrains plats. Ces routes avaient ainsi vu les allées et venues des personnes, et ces personnes s’étaient rassemblées pour former des villes et des villages. Et ainsi, il y avait des villes et des villages à certains endroits le long de la route que les armées de la principauté allaient devoir franchir afin d’atteindre la cité d’Altomura.
« Nous n’avons pas longtemps avant que les armées de la principauté ne lancent son attaque, » rajoutai-je. « Devons-nous donner un ordre royal afin de les encourager à évacuer ? »
Après que j’avais demandé cela, Hakuya secoua la tête silencieusement. « Veuillez vous en abstenir. Si nous montrons que nous sommes conscients des intentions de la principauté, leurs armées seront en état d’alerte. Cela pourrait faire que tous nos préparatifs n’auront servi à rien. »
« ... Donc, me dites-vous que nous devons les abandonner ? » Demandai-je.
« Je crois que nous n’avons pas d’autre choix, » Hakuya avait dit cela avec fermeté, ses yeux ne vacillant jamais face à mon regard insistant. « Maintenant que vous avez pris la décision de vous battre, sire, vous devez savoir que cela signifie que le sang de votre peuple sera versé. En tant que roi, parfois, vous devez contenir vos larmes et être prêt à faire des sacrifices afin de sauver un plus grand nombre de vos sujets. »
Hakuya l’avait dit en affichant un regard sérieux. Cela pourrait sembler être de la froideur, mais il se chargeait simplement de me dire des choses qu’il savait parfaitement qu’ils me blesseraient si je les entendais. Je ne pouvais pas m’enfuir après avoir fait ces choix.
« ... Oui oui. » Dis-je. « Je comprends ce que vous me dites. C’est probablement le moyen qui offre le plus de garantie et de sécurité. Mais... est-ce vraiment la seule option possible ? »
Il ne répondit rien.
« Pour cette occasion, cela ne me dérangerait pas si la méthode est un peu grossière ou dangereuse, » rajoutai-je.
Avec une guerre qui approchait, il y aurait un certain nombre de personnes sacrifiées, peu importe ce que je ferais. Mais si je ne travaillais pas afin d’abaisser ce chiffre au strict minimum, alors c’était sûr que cela serait considéré comme une négligence de ma part...
« Je vais prendre tout ce que vous avez en tête, » j’avais dit ça avec une voix tendue. « Y a-t-il quelque chose, n’importe quoi, que nous pourrions faire en plus ? »
Hakuya ne dit plus rien alors qu’il réfléchissait. Puis... il lâcha un soupir, et haussa les épaules de manières exagérées. « Et là, Sire, j’avais pensé que vous aviez agi très en retard. »
« J’ai encore un long chemin à parcourir si je laisse la compassion guider mes actes, n’est-ce pas ? » Demandai-je.
« Si vous le savez déjà, alors c’est très bien. Bon sang ! Il me semble que je n’ai pas d’autre choix. » (Hakuya)
Après avoir déclaré ça, la chose que je vis sur le visage d’Hakuya fut ce qui se rapprochait le plus d’un sourire. Il semblerait que même Hakuya ait quelques réserves quant à abandonner des personnes à leur destin.
« Mais j’ai quand même une idée. » Déclara-t-il. « Cependant, il s’agit là d’une méthode quelque peu brutale... »
Mais la meilleure solution qu’il me proposa était plus que brutale. Et pour les personnes devant faire face à leur destin, il s’agirait d’une véritable nuisance. Mais... c’était bien mieux que de les abandonner.
« Allons-y avec ce plan, » dis-je. « Nous avons encore assez de temps. Contactez immédiatement la guilde des aventuriers. »
« Comme vous le souhaitez ! » (Hakuya)
***
Des monstres non identifiés étaient apparus dans le sud-est du Royaume Elfrieden. Les monstres étaient des bipèdes humanoïdes. Ils semblaient être des patchworks avec des corps de clowns et leurs têtes semblaient être en feu. Il s’agissait de monstres qui n’avaient jamais été vus jusqu’à maintenant.
De par leur apparence, ils semblaient être des pierrots de flammes.
Les pierrots de flammes apparaissaient en groupes, attaquaient un village, puis utiliseront les flammes de leurs têtes afin de mettre les maisons en feu. Bien qu’il ne soit pas fréquent qu’une nouvelle espèce de monstre apparaisse ainsi, dans un monde où il y avait des donjons un peu partout, c’était loin d’être rare. Ces pierrots de flamme étaient sans doute nés dans un donjon ou quelque chose du genre.
S’occuper de nouveaux monstres comme ceux-ci était principalement un travail pour les aventuriers. Ainsi, peu de temps après que les premiers rapports concernant ces pierrots de flammes étaient arrivés, une quête avait été émise par la guilde des aventuriers.
« Protégez les réfugiés en fuite à la suite des attaques de pierrots de flammes, » disait cette quête.
Cette quête avait été émise directement par un royaume au nom du roi. Il semblerait que la première pensée du roi avait été de faire évacuer la population des villages près des endroits où les pierrots de flammes apparaissaient.
Cependant, le roi actuel, le Roi Souma et le Général de l’Armée de Terre, Georg, étaient actuellement dans une situation de conflit, alors ils ne pouvaient pas se permettre d’envoyer la moindre troupe. En ayant placé cette quête dans la guilde, il avait probablement espéré que les aventuriers protégeraient les réfugiés.
Comme c’était une quête délivrée par un pays, il semblait qu’il y aurait une bonne récompense, alors tous les aventuriers avaient accepté la quête et avaient travaillé afin de protéger les réfugiés. Et ici aussi, il y avait un certain groupe qui avait accepté cette quête.
Il y avait leur chef, l’épéiste jeune et musclé, Dece. La fille au visage de bébé, une voleuse humaine du nom de Juno se trouvant aussi dans ce groupe. Il avait un prêtre tranquille et affable, Febral, et pour finir, la beauté épanouie et tranquille, Julia.
Il s’agissait du groupe qui avait déjà effectué une quête avec le Petit Musashibo.
Cette fois, en plus de ces quatre-là, il y avait un homme très viril et musclé, Augus. La raison pour laquelle le Petit Musashibo avait rejoint ce groupe la dernière fois était qu’Augus n’était pas disponible et qu’ils avaient cherché quelqu’un afin de le remplacer.
Eux aussi, ils avaient pris la quête créée par le royaume.
Plus un village était proche de la capitale, et plus tôt un groupe d’aventuriers l’avait pris pour cible. Vu qu’ils avaient pris un départ tardif, leur groupe avait donc accepté un village de montagne près de la frontière sud-est. Ils avançaient maintenant vers l’est à travers une dense forêt, protégeant par la même occasion une trentaine de villageois.
Jusque là... tout est dégagé. L’éclaireuse du groupe, Juno, surveillait la région de haut des cimes des arbres.
Au cours de leur escorte des villageois, les aventuriers devaient rester vigilants devant tous les dangers et non pas uniquement vis-à-vis des pierrots de flammes.
Lors d’une mission d’escorte, il fallait faire attention aux animaux sauvages vicieux et, dans les régions où l’ordre public était réduit, il fallait aussi surveiller les brigands. Pour cette raison, Juno sautait d’arbre en arbre, tel un singe, examinant soigneusement la région.
Malgré un travail si rémunéré, il n’y a pas eu beaucoup de problèmes... Je suis un peu déçue, pensa Juno alors qu’elle sautait sur le prochain arbre.
La plupart du temps, si une quête payait bien, alors cela voulait dire qu’elle était difficile. Même pour les quêtes qui semblaient ne pas être si difficiles au premier coup d’œil, s’il y avait une bonne récompense, vous pourriez compter sur le fait qu’il y ait quelque chose de plus. « Méfiez-vous de ce qui semble trop beau pour être vrai » était une règle d’or des aventuriers. Et cela même si la quête provenait d’un royaume digne de confiance.
Cependant, une fois qu’ils l’avaient acceptée, il n’y avait pas eu le moindre pierrot de flammes, et il s’agissait d’une simple quête où ils se déplaçaient afin d’escorter des villageois.
Après que Juno ait terminé sa patrouille et était revenue auprès des autres, Dece et Febral se mirent à parler.
« Je pense que cette quête est vraiment trop facile, » déclara Febral.
« Hé ! Qu’est-ce qu’il y a de mauvais à ce que la quête soit facile ? » Répliqua Dece à un Febral pensif, alors que lui même faisait tournoyer ses bras comme il en avait l’habitude.
Febral était le penseur de l’équipe et était également le conseiller de Dece, le chef du groupe.
« Pour commencer, nous n’avons même pas vu les pierrots de flammes qui étaient censés être la raison de cette quête, » déclara Febral. « On a beaucoup parlé de leur dangerosité, mais... mais je ne peux pas arrêter de penser que c’était exagéré. »
« Ha ! Tu le penses aussi » Juno déclara ça, se joignant ainsi dans la conversation.
Dece regarda Juno avant de dire « Quelle est la situation ? »
« Tout est dégagé. » Répondit-elle. « La forêt est très calme. »
« Compris... Mais Juno, est-ce que tu le penses aussi ? » Demanda-t-il.
« Il s’agit d’une quête d’escorte où nous devons protéger la population face à des pierrots de flammes, n’est-ce pas ? Mais je me demandais pourquoi ce n’était pas une quête d’assujettissement de ces mêmes pierrots de flammes. D’après ce que j’ai entendu, il n’y en a pas beaucoup. Plutôt que de faire bouger tous ces villageois, ne serait-il pas plus rapide de tuer ces pierrots de flamme ? » (Juno)
« Je pense que c’est un avis raisonnable, » Répondit Febral tout en hochant la tête, mais Dece semblait encore douter du raisonnement.
« Mais cela ne signifie-t-il pas qu’ils sont trop dangereux pour émettre une quête d’assujettissement contre eux ? » demanda-t-il.
« Si c’était vraiment le cas, vous devriez vous attendre à des rapports de dégâts bien plus importants que ce que nous voyons, » Répliqua Febral. « Les seuls dommages dont j’ai entendu parler sont un ou deux villages vides qui ont été entièrement rasés après que leurs résidents aient déjà été évacués... »
« ... Eh bien, je suppose que cela peu sembler un peu bizarre, » répondit Dece.
Comme on pouvait s’attendre du chef d’un groupe, Dece savait écouter les autres. Quand il pensait qu’une opinion valait la peine d’être écoutée, il était assez ouvert pour suivre les conseils des autres.
Dece avait alors parlé à Juno, qui avait ses mains derrière sa tête, ses doigts entrecroisés. « Juno. Je compte sur toi pour être très minutieuse quant à ta mission d’éclaireur. Et donc, fais attention à tout, pas seulement aux monstres et aux animaux. »
« Compris ! » Répondit-elle.
Après avoir dit ces mots, Juno monta à nouveau dans un arbre avant de sauter sur le suivant.
Après avoir regardé Juno partir, Dece déclara, « Febral, va dire à Augus et Julia qui se trouve à l’avant tout ce que tu viens de me dire. Je reste ici afin de protéger l’arrière. »
« Compris. » (Febral)
Alors qu’il regardait Febral partir vers l’avant de leur groupe, Dece lâcha un profond soupir. J’espère que cette quête reste facile jusqu’à la fin.
Il s’agissait du vœu empli d’espoir de Dece.
*
Après avoir quitté Dece et les autres, Juno était retournée à sa patrouille.
La forêt était aussi silencieuse que jamais, mais quand elle était arrivée à l’un des étroits sentiers de montagne, les oreilles sensibles de Juno entendirent quelque chose.
Juno descendit des arbres, se mit à quatre pattes et plaça son oreille contre le sol. Ce bruit... est-ce le son des sabots ?
Ce bruit venait de loin. Il y en avait plusieurs, et le bruit était très fort.
Pour l’instant, tout ce qu’elle avait entendu était le son des sabots.
Compte tenu du fait qu’elle n’avait pas entendu de roues, elle avait jugé que le son provenait probablement de cavaliers... sûrement un groupe de cavalerie lourde.
Il y a de la cavalerie lourde qui galope le long de cette route de montagne ?
Suspicieuse, Juno avait décidé d’aller dans la direction du bruit. Mais, avant de partir explorer plus loin.
« Awooooouuuu ! » elle hurlait, imitant le cri d’un loup gris.
Il s’agissait bien sûr d’un message pour Dece et les autres. « Une situation anormale a été détectée. Soyez sur vos gardes. »
Après avoir fait cela, Dece et les autres seraient à coup sûr sur leur garde. Et si quelque chose devait retarder son retour, ils viendraient probablement afin de la sauver.
Juno était alors devenue encore plus silencieuse qu’auparavant, sautant d’un arbre à l’autre alors qu’elle cherchait les individus qui faisaient ce bruit.
Après un petit moment, elle put entendre au loin le cliquetis des armures. Juno s’était alors cachée dans l’ombre, examinait la région se trouvant autour d’elle.
Après l’avoir fait, comme prévu, elle repéra rapidement un groupe de cavaleries lourdes galopant le long du sentier de montagne.
Il y avait en tout cinq cavaliers. Chacun d’eux portait un harnois qui leur couvrait l’intégralité de leur corps.
Qu’est-ce qu’ils font ici ?
Alors que Juno les observait avec suspicion, l’emblème sur les boucliers qu’ils portaient attira son attention. Ce blason. C’est celui de la Principauté d’Amidonia. Alors... sont-ils des cavaliers de la principauté ?
Nous étions actuellement sur le territoire du Royaume d’Elfrieden. Il était donc étrange pour les cavaliers de la Principauté d’Amidonia d’être ici. Les aventuriers erraient partout sur le continent à la recherche de donjons et de quêtes, de sorte que leur fidélité à un état donné était faible. Cependant, parce qu’ils erraient un peu partout sur le continent, ils connaissaient très bien les relations entre les différents pays.
La principauté est censée être hostile au royaume, pensa-t-elle. Si des cavaliers de la principauté sont ici. Est-ce que le Royaume d’Elfrieden est-il attaqué par la Principauté d’Amidonia ?
Elle s’était alors rappelé qu’elle avait entendu dire que la Principauté d’Amidonia regroupait ses forces à la frontière. La guilde des aventuriers avait un système qui permettait à un pays qui était attaqué de payer un certain montant pour recruter tous les aventuriers se trouvant dans leur territoire. Pour cette raison, les aventuriers travaillant dans le royaume surveillaient de près les mouvements de la principauté, mais la guilde n’avait reçu aucune demande de soutien en provenance du royaume. Pour cette raison, elle avait pensé que rien ne viendrait.
Par ailleurs, Souma avait annulé ce contrat qu’il avait avec la guilde, déclarant qu’il s’agissait d’un gaspillage d’argent pour les mêmes raisons que l’embauche de mercenaires, mais les aventuriers eux-mêmes n’avaient pas été informés de cette situation.
À en juger par leur nombre, il s’agit juste d’un groupe d’éclaireurs. Dans ce cas, est-ce que l’armée principale se trouve dans le coin ?
Si les soldats tombaient sur les villageois, avec le groupe qui les accompagnait, alors cela risquerait de devenir très très mauvais. Le groupe pourrait sans doute bien s’en tirer face à cinq cavaliers, mais s’ils venaient en grand nombre, l’équipe n’aurait plus la moindre chance.
Les villageois pourraient être traînés en tant que prisonniers de guerre, mais ceux qui les escorteraient seraient sûrement tués. Et dans le cas où ils abandonnaient leur quête et s’enfuyaient, ils se retrouveraient dans la liste des personnes recherchées par la guilde.
Juno lâcha un petit soupir, essayant de contenir ses sentiments. Pour l’instant, je dois les bloquer.
Juno s’était cachée dans les feuillages, se cachant alors qu’elle s’approchait peu à peu des cinq cavaliers. Puis elle prit une pierre dans sa main et la jeta sur la tête du cheval se trouvant à la tête du groupe.
*Clac*
« Hola! »
« Quoi !? »
Ayant été frappé sur le côté du cou par une pierre, le cheval de tête hua. Le soldat de la Principauté fut tellement surpris qu’il tomba presque en bas de son cheval.
Ses camarades se regroupèrent autour de lui. « Que se passe-t-il ? »
« J’ai soudainement perdu le contrôle de mon cheval... »
« Aurait-il été piqué par une abeille ou quelque chose du genre ? »
« Possible. Je pense avoir vu quelque chose voler... »
Pendant que les cavaliers de la principauté se parlaient entre eux, Juno tournait autour d’eux. Puis, encore une fois, elle jeta une pierre sur le cheval qui se trouvait à l’arrière du groupe.
*Clac*
« Hola! »
Au moment où la pierre le frappa, le cheval qui avait été à l’arrière bondissant en avant et devint comme fou.
« Hola! Calme-toi ! »
« Quoi ? Y a-t-il quelque chose ici ? »
Les cavaliers regardaient sans relâche autour d’eux. Avec deux de leurs chevaux ayant été surpris par quelque chose en une si courte succession, ils semblaient devenir très prudents. Quand elle vit cela, Juno en fut soulagée.
Bien. Cela devrait réduire leur allure.
Plus ils étaient prudents avec leur environnement, et plus lentement ils avanceraient. Maintenant, elle avait besoin de rejoindre Dece et les autres, puis de faire que les villageois se dépêchent. Juno faisait tourner cette idée dans sa tête quand cela se produisit.
Parce qu’elles s’étaient soudainement tournées, les branches bruissèrent légèrement. Cette vibration, malheureusement, avait surpris un oiseau perché sur la branche au-dessus de Juno et il s’était envolé. En entendant ce puissant battement d’ailes, les soldats de la principauté avaient alors regardé dans la direction de Juno.
« Y a-t-il quelque chose là-bas ? »
« Oh, merde... » Juno s’était mise à fuir.
Après avoir pris une rapide décision, elle s’était mise à courir dans la direction opposée d’où elle était arrivée. Elle ne pouvait pas diriger ces personnes-là vers l’endroit où les villageois étaient situés.
Les cavaliers s’étaient donc mis à poursuivre Juno. « Ne la laissez pas partir ! Assurez-vous de la capturer vivante ! »
Juno pouvait entendre les voix qui criaient derrière elle. Juno avait fui dans une zone où les arbres étaient présents de manière très dense, en utilisant des virages serrés pour essayer de perdre ses poursuivants, mais les chevaux étaient plus rapides qu’elle. Les cavaliers contrôlaient habilement leurs chevaux, se déplaçant autour des bosquets d’arbres denses afin de chercher Juno.
Merde ! Ces gars n’abandonnent pas !
Juno n’était pas convaincue qu’elle arriverait à sortir vivante de cette situation. En tant qu’aventurière, Juno n’avait aucune loyauté particulière envers le royaume. Cependant, ils n’étaient guère susceptibles de se soucier de ça. Si elle était prise, on ne savait pas ce qu’ils pourraient faire d’elle. Cette pensée avait créé un froid glacial dans sa colonne vertébrale.
*Souffle*... *souffle*. Que quelqu’un me sauve... !
Et cela se produisit alors qu’elle priait pour son salut.
Elle vit des flammes clignotantes devant elle. Pour un total de six exemplaires. Si elle pouvait les voir si clairement de loin, cela devait être de gros feux. Malgré elle, Juno avait failli s’arrêter. Et alors. « Wôw. »
Un bras était soudainement apparu et avait poussé Juno dans les buissons.
« Ho... »
Juno allait commencer à crier, mais quelque chose de doux couvrit sa bouche. Après ça, elle observa un peu plus, et elle vit qu’il y avait une chose ronde se trouvant devant elle. Quand elle le vit, Juno lâcha un petit cri. « V-Vous ? »
Juno connaissait cette chose. Ce corps de patapouf. Ce visage enveloppé par une soie blanche avec des yeux adorables de couleur marron. Le panier d’osier sur le dos, le grand collier de prière qu’il portait autour de son cou, et le naginata entre ses mains. Il s’agissait de quelqu’un dont on parlait dans les rumeurs comme était l’aventurier Kigurumi, le Petit Musashibo.
« Mais vous êtes M. Kigurumi ! Que faites-vous ici ? » s’exclama-t-elle.
En réponse à la question de Juno, le Petit Musashibo avait mis sa main ronde afin de couvrir sa bouche.
« ... » (Le Petit Musashibo disait « S’il vous plaît, restez silencieuse. Sinon ils nous trouveront. »)
Nous trouver ? Ha oui, c’est vrai que mes poursuivants sont justes là... pensa-t-elle.
« ... » (« C’est correct. Alors, regardez simplement. » Dit-il en faisant des gestes afin d’en informer Juno.)
Hmm ?
Après avoir effectué l’une de leurs conversations habituelles, où ils avaient en quelque sorte réussi à communiquer. Juno avait sorti sa tête des buissons juste au moment où elle vit des flammes passées à côté d’eux. Ils avaient des corps de patchwork, des vêtements en lambeaux, des mouvements ressemblant à des zombies et des flammes qui jaillissaient de leurs têtes.
Les pierrots de flammes...
Juno les avait instantanément reconnus comme étant les nouveaux monstres qui avaient été signalés par la guilde. Cependant, alors qu’elle les regardait de près, quelque chose semblait faux. Leurs mouvements étaient étranges, presque comme des marionnettes.
Alors qu’elle pensait à cela...
« Ahhhh ! »
« C-C’est quoi ces choses !? »
Les cavaliers de la principauté qui l’avaient poursuivie avaient commencé à crier.
Une fois qu’ils avaient vu les aberrations en flammes se déplaçant vers eux avec un bruit de cliquetis, les cavaliers avaient des choses plus importantes à effectuer que leur mission d’éclaireurs. Ils n’avaient rien à gagner en restant ici et à lutter contre ces monstruosités inconnues. La notification à la force principale de l’existence de ces choses était leur but premier.
« Pff ! Nous n’avons pas le temps de faire face à ces monstres. Nous retournons en arrière ! » Cria le chef de la troupe.
Les cavaliers avaient donc effectué une retraite. Juno poussa un soupir de soulagement, mais elle n’était pas hors de danger.
Maintenant, elle avait un essaim de flammes près de chez elle. Juno avait dégainé son épée courte. Ainsi, elle serait prête à se battre à tout moment.
*Poc* *Poc*
Le Petit Musashibo posa sa main sur la tête de Juno.
C’était tellement soudain que les yeux de Juno s’ouvrirent en grand.
« Hé Monsieur !? Que pensez-vous que vous faites à un moment comme celui-ci... ? » (Juno)
« ... » (« C’est correct maintenant. Le danger est parti. » Indiqua-t-il en tapotant sur la tête de Juno.)
« Le danger est passé... ? Mais ils sont encore là eux ! » (Juno)
« ... » (« Oubliez-les. Il faudrait plutôt aller se dépêcher de prévenir Dece et les autres. » Dit-il.)
Puis le Petit Musashibo souleva Juno, et la jeta dans le panier d’osier se trouvant sur le dos.
« Wôw ! Encore cette fois !? » s’exclama Juno.
Ignorant les protestations de Juno, Le Petit Musashibo se mit à courir. Juno avait été déconcertée pendant un moment, mais une fois qu’elle était de nouveau correct, elle avait alors fait reposer son menton sur la tête du Petit Musashibo.
« ... Monsieur, c’est désormais la deuxième fois que vous me sauvez la vie. » (Juno)
« ... » (Le Petit Musashibo avait alors levé le pouce.)
« Que faites-vous ici ? » (Juno)
« ... » Le Petit Musashibo n’avait rien dit afin de répondre à la question de Juno. Non — il n’avait jamais rien dit, mais là, même Juno n’avait pas pu sentir de réponse silencieuse. Cependant, en regardant son dos, elle avait senti qu’il pouvait ressentir quelque chose comme de la tristesse.
Juno avait gratté la tête, puis elle avait commencé à plusieurs reprises à tapoter la tête du Petit Musashibo.
« ... » (« S’il vous plaît, veuillez arrêter. » Dit-il en agitant les bras.)
« Hmph ! » dit-elle. « Si vous voulez que je m’arrête, alors cessez d’être triste. Les choses ne fonctionnent pas toujours dans la vie, mais dans tous les cas, la survie est une victoire. Cela signifie que demain, vous pourrez continuer à manger. »
« ... »
Le Petit Musashibo n’avait rien dit en réponse. Cependant, ses pas semblaient dès lors plus légers qu’ils ne l’étaient auparavant.
***
« Hmm... Juste, survivre est une victoire... » (Souma)
Juno avait été un peu brutale, mais elle avait probablement essayé de l’encourager. Les paroles de Juno avaient certainement atteint Souma, qui contrôlait le Petit Musashibo et les pierrots de flammes depuis la capitale.
Il s’agissait du plan que Hakuya avait mis au point afin de sauver les habitants du sud-est face à la principauté qui arrivait. En utilisant le pouvoir de Souma, Les Poltergeists Vivants, il avait pu contrôler un tas de poupées bizarres et les avait fait venir dans la zone, les faisant voir comme une nouvelle race de monstre, les pierrots de flamme.
Il les utiliserait pour attaquer les villes et les villages le long de la route où allait passer l’armée de la principauté, les forçant ainsi à évacuer. Ensuite, il avait créé une quête à la guilde des aventuriers. Cela donnait de la crédibilité à l’histoire, et ainsi, il pourrait faire escorter la population à l’aide des aventuriers.
En fait, il avait même utilisé les pierrots de flammes afin de brûler entièrement certaines des villes maintenant inoccupées. Du point de vue des personnes dont les villages avaient été incendiés, c’était un terrible inconvénient. Il avait l’intention de les compenser plus tard, mais il brûlait toujours tout ce qui se trouvait dans leurs maisons, sans doute rempli de précieux souvenirs, et cela pour son propre bénéfice.
Peu étonnant, Hakuya l’avait prévenu qu’il s’agissait d’un plan très brutal.
Mais malgré cela, Souma l’avait quand même accepté. Il avait pensé que c’était mieux que de laisser les personnes sans méfiance être tyrannisées par les armées de la principauté. Il avait pesé ses options, puis avait fait son choix afin de sauver ce qu’il pouvait et rejeta le reste. Ses actions n’étaient certainement pas louables.
Cela avait lourdement pesé sur son cœur, mais les paroles de Juno avaient adouci un peu tout ça.
« Elle a raison. S’ils ne survivent pas, je ne pourrais même pas m’excuser plus tard auprès d’eux. » Chuchotant ces paroles, Souma quitta le bureau des affaires gouvernementales.
***
Pendant ce temps-là, Julius, qui était avec la force principale de l’armée d’Amidonia, regardait le rapport qu’il avait reçu, perplexe. Il parlait de l’apparition d’un monstre de flammes... C’était difficile à prendre à sa juste valeur.
Il y a des rapports selon lesquels des villes et des villages le long du chemin de l’armée avaient été incendiés.
Quand il avait reçu ce rapport, il avait pensé que certains de ses soldats étaient devenus hors de contrôle, et qu’ils avaient pris de l’avance afin de piller les villages sur leur route.
Ils visaient à annexer cette région après la guerre, de sorte que cela ne servirait pas leurs intérêts à s’aliéner trop la population locale. Alors que Julius avait pensé qu’il devait avertir toute l’armée contre de tels actes, il avait reçu un rapport disant que ces villes et villages avaient brûlé quelques jours avant que les forces de la principauté ne soient arrivées.
Il était heureux d’apprendre que ses soldats n’étaient pas en cause, mais pourquoi ces villages et villes avaient-ils été ainsi brûlés ?
La prochaine chose qui était venue à l’esprit de Julius était la tactique de la terre brûlée. En d’autres termes, il soupçonnait que la population elle-même avait brûlé les villes et les villages le long de la route de l’armée d’Amidonia afin de les empêcher de reconstituer leurs provisions en local. Mais dans ce cas, cela signifierait que le royaume avait prédit exactement ce qu’ils allaient faire. Et si c’était le cas, il était dangereux de continuer maintenant à avancer, et Julius devrait conseiller à son père, Gaius, d’effectuer une retraite.
Mais... c’est trop mal fait pour que cela soit une stratégie de terres brûlées.
Avec la fin du neuvième mois de l’année, ils étaient maintenant en plein milieu de la saison des récoltes. S’ils utilisaient des tactiques de terre brûlée, ils auraient dû arracher les champs et aussi détruit ou empoisonné les puits.
Pourtant, tout ce qui avait été brûlé n’était que les villes et les villages eux-mêmes. Les champs avaient été laissés intacts, et les puits étaient encore utilisables. Les forces de la principauté pourraient donc se réapprovisionner ici. En outre, ils avaient trouvé des objets de valeur dans les villes brûlées. Cela devait être la preuve que les résidents avaient fui en toute hâte.
En fin de compte, il était arrivé à la conclusion que les villes et les villages de cette région avaient dû être attaqués par des monstres ou des brigands. Pour cette raison, Julius n’avait pas conseillé à Gaius de faire quoi que ce soit.
Le rapport des éclaireurs concernant ces monstres du feu n’était pas incompatible avec la situation actuelle de ces terres. Mais quand même.
N’était-ce pas trop pratique ? Voilà ce que ressentait Julius en ce moment.
En ce moment, je ne peux pas m’empêcher de sentir qu’il y a quelque chose d’étrange dans le royaume.
— C’est le pandémonium.
Alors qu’il regardait vers le nord-ouest, c’était ce que Julius pensait.
☆☆☆
Chapitre 4 : Le Seigneur d’Altomura
— 32e jour du 9e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental —
La guerre du Roi Souma avait commencé ce jour-là. Par la suite, elle fut appelée la « guerre aux trois fronts », car elle eut lieu à trois endroits différents, et cela en même temps. Un autre nom qui lui fut donné fut la « guerre d’une semaine » en raison de sa brièveté.
En raison de l’importance incroyable qui affecta aussi bien le Royaume d’Elfrieden que la Principauté d’Amidonia, il existe de nombreux idiomes historiques issus de cette guerre. L’expression le « Seigneur d’Altomura » fut l’un de ses idiomes historiques.
***
C’était arrivé dans la ville d’Altomura, au sud-ouest du royaume Elfrieden.
Il s’agissait d’une ville fortifiée se trouvant au milieu d’une région productrice de céréales, mais Altomura était maintenant assiégée par une armée de 30 000 soldats appartenant à la Principauté d’Amidonia. Altomura possédait une garnison de seulement 5 000 hommes, et la ville tomberait certainement en quelques jours si les troupes ennemies choisissaient de faire pression sur l’attaque. Mais dans une telle situation, le nouveau roi avait envoyé ses forces afin de combattre le Général rebelle de l’Armée de Terre, Georg, alors il ne pouvait envoyer de renforts ici.
Tout le monde devait donc croire que la chute d’Altomura n’était qu’une question de temps. Cependant, avec la force amidonienne assiégeant la ville sans effectuer de mouvement pour les attaquer, un silence étrange tomba sur la région.
Pourquoi cette situation était-elle apparue ?
Il s’agissait de l’œuvre d’un seul homme. En ce moment, cet homme d’âge moyen était dans le camp principal de l’armée de la principauté, s’inclinant et suppliant devant le prince Gaius VIII. L’homme était mince et décharné, avec un regard montrant qu’il avait facilement peur de tout.
Le nom de cet homme était Weist Garreau.
Il était le seigneur qui gouvernait Altomura et toute la région se trouvant autour de la ville.
Weist, qui possédait un manoir à Altomura, aurait dû être l’un de ceux qui auraient dû faire le plus d’effort afin de défendre la ville, mais maintenant, à la place de faire ça, il était là à se prosterner devant Gaius VIII.
Gaius était assis sur un tabouret, avec le prince héritier Julius à ses côtés. Alors, toujours assis sur son tabouret et regardant Weist, Gaius parla. « Je vois... Alors Altomura nous ouvrira ses portes sans même résister... »
« Tout à fait ! Nous n’avons pas l’intention de résister face aux forces de la Principauté d’Amidonia ! » Weist répondit, les mots se coinçant un peu dans sa gorge.
Gaius plissa les yeux. « Puis-je entendre la raison ? »
« Je n’ai pas besoin d’une raison. » Répondit Weist. « Il est impossible de se défendre contre une force aussi massive que la vôtre ! Altomura est une cité construite sur les plaines d’une région productrice de céréales, elle ne possède pas de terrains facilement défendables. Nos seules défenses se trouvent être les murailles du château, et de toute façon, nous n’avons qu’une garnison de quelques milliers d’hommes. De plus, nous sommes dans une situation où il n’y a pas d’espoir d’obtenir des renforts de la capitale. Donc si une telle force aussi massive devait nous attaquer, la ville tomberait rapidement et inévitablement ! »
Gaius regarda Julius, et Julius répondit avec un signe de tête tout en restant silencieux. Il ne voyait aucune contradiction entre les mots de Weist et leur propre compréhension de la situation.
Ayant décidé qu’il n’y avait pas de mensonges dans ses paroles, il déclara. « Hmm, » grogna Gaius. « Et vous dites que vous souhaitez vous rendre ? »
« Tout à fait. Si nos chances de nous défendre sont nulles, alors nous n’avons d’autre choix que de demander votre miséricorde... » Répondit Weist.
Quand il entendit les paroles de Weist, Gaius sourit avec méchanceté.
Pour Gaius, la capitulation de Weist était une aubaine. Il avait envoyé des troupes afin de profiter de la discorde actuellement présente dans le royaume, mais si le royaume devait s’unir sous le commandement de Georg ou de Souma, la principauté serait désavantagée étant la plus faible des deux. Afin de se préparer à une situation telle que celle-ci, Gaius voulait absolument prendre la ville sans subir la perte de troupes.
« Très bien, » dit-il. « Alors, donnez l’ordre d’ouvrir les portes tout de suite... »
« S’il vous plaît, veuillez attendre un peu. » Répliqua Weist.
Le front de Gaius se plissa de déplaisir. « Pourquoi ? »
« Actuellement, le château est divisé entre une faction qui ne veut pas se battre et une autre faction qui veut résister jusqu’à la fin, » Expliqua Weist. « Il y a ceux se trouvant dans la faction voulant résister qui disent que “Les Amidoniens nous tueront tous, même si nous nous rendons”, et certains parmi les factions qui ne veulent pas se battre pensent aussi que c’est le cas... »
« Je vois... et êtes-vous l’un d’entre eux ? » Demanda Gaius.
« Jamais de la vie ! Je suis ici pour implorer pour nos vies. Je ne dois jamais douter de l’homme avec qui je négocie ! » Weist expliqua en toute hâte, se couvrant d’une sueur froide alors qu’il le faisait. « Je vous fais confiance, mais il s’agit d’une opinion que certains dans le château ont aussi. C’est pourquoi, d’abord, je suis venu dans votre camp pour entendre vos pensées, Votre Altesse Princière. »
Gaius pensa longuement aux propos de Weist. Alors qu’il ne voyait rien de mal avec eux, il se demandait s’il était encore sage de faire confiance à cet homme.
Pendant que Gaius réfléchissait, Julius, qui était à côté de lui, intervint dans la conversation. « Même sans avoir besoin de persuader ceux du château, on pourrait tout à fait prendre Altomura à tout moment. »
« Oui. Je le sais déjà, » Weist répondit à Julius, lui montrant la même obéissance. « Cependant, il y a beaucoup de fous qui ne comprennent pas cela. Mais je pense que Son Altesse Princière ne voudrait surtout pas perdre de ses soldats en raison de la folie de ces quelques personnes. Si vous nous garantissez nos vies, j’irai faire que tous ceux se trouvant dans le château aient le même point de vue que moi. »
Alors que la tête de Weist bondissait telle une sauterelle, Julius ne ressentait que du dégoût pour cet homme.
Est-ce que les nobles du royaume sont-ils tous si pacifiques ? pensa Julius. C’est sûrement parce qu’il n’y avait pas de grandes guerres pendant le règne du dernier roi. Peut-être n’est-il pas étonnant qu’un Général aussi féroce que Georg renonce à ce pays.
Alors que Julius pensait cela, Gaius fit claquer sa main sur l’un de ses genoux. « ... Très bien. Si vous ouvrez les portes, je vais garantir la sécurité de tous ceux présents dans le château. Retournez donc à l’intérieur et convainquez votre peuple. »
Quand il entendit les mots de Gaius, Weist le remercia alors qu’il appuyait son front contre le sol. « Merci beaucoup ! Je vous demande pardon pour le temps que je vous ai fait perdre. »
Après que ses mots furent sortis de sa bouche, Weist quitta rapidement le camp principal. En regardant l’homme s’échapper comme une souris, Julius posa une question à Gaius. « Est-ce que tout va bien ? Il n’a vraiment pas l’air d’être une personne importante... »
« Hmm. Une fois qu’il ouvrira la porte, nous serons ceux qui contrôleront tout. » Gaius affichait un sourire maléfique. « Je n’ai aucune utilité pour une petite souris qui flatte ses ennemis. Une fois qu’il a survécu grâce à son utilité, je vais faire se détacher sa tête de son corps et l’utiliser afin de décorer les portes. »
« ... Je vois. » Julius fit un pas de côté, apparemment satisfait de la réponse.
Après que Gaius se fut levé de son tabouret, il fit envoyer des ordres à ses généraux en leur disant. « Quand les portes d’Altomura s’ouvrons, entrez dans le château et prenez-en le contrôle. »
Cependant, même une fois que le soleil fut couché, les portes du château ne montraient aucun signe de vouloir s’ouvrir.
« Argh ! Qu’est-ce que fait Weist pour prendre autant de temps ? » Ayant été laissé en attente, Gaius devenait irrité.
Ses généraux se regardèrent, craignant que la colère de leur féroce prince ne se soit rapidement tournée vers eux. Julius était le seul présent qui analysait calmement la situation.
« A-t-il échoué à convaincre tout le monde dans le château... ? » se demanda-t-il. « Ou peut-être que nous avons été manipulés par Weist. »
« Merde ! Qu’en est-il de les attaquer maintenant avec toutes nos forces ? » Gaius semblait prêt à lancer immédiatement une attaque totale.
En voyant Gaius comme ça, Julius avait offert quelques mots afin de le conseiller, le tout en utilisant le ton le plus calme qu’il pouvait présenter. « S’il vous plaît. Attendez encore un peu. Si l’ennemi prépare quelque chose, il peut y avoir un piège en attente. Si nous considérons la possibilité d’une embuscade sous couvert de la nuit, je crois que nous devrions resserrer nos défenses et attendre l’aube, puis lancer l’attaque à la première lumière. On peut prendre une cité comme elle en une demi-journée. »
Après que Julius lui ait indiqué ça, Gaius baissa le bras. « Argg... Il semblerait que je n’ai pas d’autre choix... »
Gaius accepta les conseils de Julius, ordonnant à ses généraux d’attaquer à l’aube. Même s’il était soulagé que Gaius eût arrêté sa première envie d’attaquer, Julius avait en quelque sorte une mauvaise impression vis-à-vis d’Altomura.
Le dégoût que Julius avait ressenti envers Weist. Ce sentiment est-il vraiment issu de la posture obséquieuse que Weist avait affichée ?
Quand cet homme posait son front contre le sol et se prosternait devant nous, quelle expression faisait-il au moment où nous ne pouvions le voir ? A-t-il été soulagé de ne pas être attaqué ? Ou peut-être...
Y avait-il... là, quelque chose de plus ?
Julius avait l’impression d’être attiré de plus en plus profondément dans les profondeurs inconnues. Comme s’il était manipulé par quelqu’un d’invisible.
Je sens ici la présence de quelqu’un d’autre que Weist Garreau.
En regardant dans la direction d’Altomura, il resta silencieux.
— 1er jour du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental —
L’aube apparue tôt le lendemain. Le raid nocturne que Julius avait craint ne s’était jamais produit.
Comme prévu, Gaius VIII avait ordonné à l’armée d’attaquer. C’est ce qui s’était passé actuellement.
« Wooooooooooooooooo ! »
Des cris de guerre rugissants furent entendus en provenance de l’intérieur du château d’Altomura où tous avaient été silencieux jusqu’à maintenant.
C’était un cri empli de fougue, assez pour que Gaius hésitât à donner l’ordre d’attaquer. Que s’était-il passé à Altomura ? C’était tellement silencieux jusqu’à maintenant. Les renforts n’auraient certainement pas pu arriver, n’est-ce pas ? Diverses possibilités avaient parcouru l’esprit de Gaius, mais il ne pouvait prendre aucune décision.
Pendant ce temps, un unique cheval galopa vers le camp des Amidoniens en provenance d’Altomura. Celui qui était sur le cheval n’était nul autre que Weist Garreau. Quand Weist mit pied à terre, tombant pratiquement de son cheval, il fut accueilli par un Gaius en colère. Weist se prosterna devant lui.
« Weist ! Sale chien ! Qu’est-il arrivé à notre accord vous obligeant à ouvrir la porte ? » Rugit Gaius.
Weist se recroquevilla encore plus. « Je ne saurais assez m’excuser ! La population du château a renoncé à tout espoir. Cela prend du temps pour les persuader. »
« Ça suffit ! Je ne veux pas entendre d’excuses ! » Gaius dégaina l’épée se trouvant sur sa hanche, pointant la lame sur le cou de Weist.
« Ha ! » (Weist)
« Je vais vous couper la tête et l’envoyer à ceux qui sont dans le château en tant qu’avertissement ! » (Gaius)
« Sauf votre respect, Votre Altesse Princière. J’hésite à vous le dire, mais... on ne peut pas prendre des décisions rationnelles lorsqu’on est entouré par une armée de dizaines de milliers comme celle-ci. » Cafouilla Weist afin d’expliquer clairement dans quel état de panique terrible ils étaient. « Juste avant, le cri de guerre que vous avez entendu en provenant d’Altomura était la voix de ceux qui disaient : “Les Amidoniens ne tiendront jamais leur parole. Alors, prenons avec nous autant de soldats ennemis que nous le pouvons.” »
En fait, puisque Gaius n’avait aucune intention de tenir ses promesses, il se trouva momentané en perte de mots.
Si chaque soldat du château était prêt à mourir, il était trop risqué de forcer l’attaque. De tels soldats étaient identiques à des machines : ils se battaient jusqu’à leur dernier souffle, prenant autant d’ennemis avec eux que possible. Dans un combat direct, ses alliés subiraient des pertes majeures. La victoire d’Amidonia était encore inébranlable, mais parce que leur victoire était si inébranlable, il ne voulait pas perdre de soldats dans une telle situation.
N’arrivant pas à rester là en observant uniquement, Julius prit la parole. « Père, combattre des soldats prêts à mourir nous causera de sérieuses pertes. Nous devrions à tout prix éviter cela. Pourquoi ne pas afficher votre magnanimité en demandant une fois de plus à Weist de tenter de les persuader ? »
Weist sauta sur la suggestion de Julius, comme s’il pensait, ma vie est sauve !
« Cette fois-ci, je n’échouerais pas ! Je le jure, je convaincrais la population du château ! » Cria Weist.
Gaius réfléchit un instant, mais finit par décider de permettre à Weist de s’occuper de ça. « Très bien. Considérez que c’est votre toute dernière chance. »
« D’accord, Sire ! Laissez-moi me charger de ça ! » (Weist)
« Hmph... Pourtant, comment montrer ma magnanimité ? » (Gaius)
« Pour cela, pourquoi ne pas interrompre le siège dès que je serais retourné au château ? » Demanda Weist.
La suggestion de Weist fit enflammer Gaius. « Vous dites d’interrompre le siège ! Est-ce que vous me prenez pour un imbécile ? »
« Dieu m’en préserve ! Bien sûr, cela ne doit être fait que pour une courte période ! Si vous pouviez interrompre le siège jusqu’à au moins midi, j’utiliserais cela comme une preuve de la magnanimité de Votre Altesse Princière et je persuaderais à coup sûr la population du château. »
« Hmph, » Grogna Gaius. « ... Très bien. Jusqu’à midi, nous allons lever le siège. Après ça, si les portes ne s’ouvraient pas, nous les prendrions par la force. Est-ce acceptable ? »
« Parfaitement ! Je le jure, oui, je jure que je vais convaincre les personnes se trouvant dans le château ! » (Weist)
Une fois que Weist fut parti, aussi frénétiquement qu’il était venu, Gaius avait fait immédiatement déplacer ses troupes afin de rompre le siège d’Altomura.
Bien sûr, il avait pris des mesures afin de s’assurer qu’il pourrait capturer toute unité qui essayerait de prendre cette occasion afin de s’échapper de là. Il avait placé une unité hautement mobile sous le commandement de Julius et les avait placés à l’avant des troupes.
Hmph, Altomura n’a plus qu’une demi-journée à vivre.
Gaius regarda Altomura avec un regard plein de rage.
***
Pendant ce temps, à l’autre bout du regard de Gaius.
En ce moment, dans le manoir de Weist Garreau à Altomura, assiégé par les forces d’Amidonia, il y avait une femme qui faisait comme si elle était chez elle et se détendait.
En dépit de se trouver dans une ville assiégée par une force de 30 000 hommes, la femme appréciait avec élégance une tasse de thé. Revenant du camp de la principauté, Weist expliqua comment les négociations avaient fini.
Il avait eu un sourire désabusé devant l’audace de la femme, que personne n’aurait pu imaginer en voyant son apparence. Son expression n’affichait aucun indice des actes pathétique qu’il avait simulé plus tôt alors qu’il était dans le camp de guerre d’Amidonia.
« Était-ce suffisant, mada... non. Duchesse Excel ? » Demanda-t-il.
« Oui. Bien joué, » dit-elle. « Vous avez appris comment conclure dans un acte psychologique. Vous êtes un gentil petit garçon, Weist. »
La femme qui savourait du thé noir n’était nulle autre que l’amirale de la Marine d’Elfrieden, Excel Walter. Même si elle avait l’air d’être dans la vingtaine, cette femme était en fait un serpent de mer qui vivait depuis plus de cinq cents ans. Weist, âgé de cinquante ans, était encore un enfant pour elle.
« Duchesse. Serait-ce trop vous demander que d’arrêter de me traiter comme un enfant ? » Demanda-t-il.
« De mon point de vue, tous mes marins sont des enfants, » répondit-elle.
« Je ne suis plus attaché à la Marine. Est-ce que vous le savez ? » Répliqua-t-il.
« Hé hé ! Quelle que soit la hauteur de votre promotion, tant que je vivrais, vous serez toujours mon subordonné ainsi que mon enfant. » Répondit-elle.
Il soupira. « Alors, il me semble que je vais être traité comme un enfant pour le reste de ma vie. »
Même une fois que Weist serait très vieux et grisonnant (il était humain), Excel serait probablement encore jeune et le traiterait de cette façon. Probablement que Weist pouvait déjà voir cet avenir.
« Tout de même... notre nouveau roi doit être terrifiant s’il peut vous envoyer pour être sa fille (garçon) de courses, » dit-il.
« Sa Majesté fait courir son peuple jusqu’à la corde, » acquiesça-t-elle. « Je sais que j’ai clairement indiqué dès le début que j’étais à son service, mais, malgré ça, il m’a soudain déclaré : “Prenez votre Joyau de Diffusion de la Voix et un Récepteur simple et bougez vos fesses jusqu’à Altomura”. Est-ce que vous le saviez ? »
Il y a deux jours, pendant l’ultimatum de Souma, Excel n’avait pas été au Duché de Walter, mais d’ici à Altomura. La diffusion pouvait montrer une grande partie du paysage autour d’elle, tant qu’elle était dans une pièce se trouvant à l’intérieur, personne ne serait capable de dire exactement où elle était.
Lorsque les espions d’Amidonia avaient signalé que l’ultimatum avait été délivré, ils avaient supposé qu’Excel était dans le Duché de Walter. Souma avait suggéré de profiter de cela pour envoyer secrètement Excel jusqu’à Altomura.
Sa mission était de retarder les armées de la principauté.
On s’attendait à ce que les armées de la principauté occupent d’abord Altomura, la ville centrale de la région productrice de céréales, puis balayent tous les ennemis se trouvant dans la région environnante afin d’obtenir leur contrôle de facto du territoire. Alors, avec le royaume qui manquait de la marge de manœuvre pour envoyer des renforts, la seule façon d’éviter les pertes était de tenir fermement à Altomura, et de le faire de manière à éviter les combats autant que possible. En d’autres termes, c’était un travail pour le vieux serpent sournois, Excel.
« Gaius n’imaginerait jamais que Duchesse Excel soit présente ici, dans un tel lieu, » dit Weist.
« Après tout, nous sommes à trois jours de voyage de la Cité Lagune. » Acquiesça Excel. « Je suis ici depuis cinq jours... Honnêtement, Sa Majesté et les autres font travailler une pauvre vieille femme bien trop durement. »
« S’il vous plaît, ne jouez pas la vieille femme seulement quand cela vous convient, » se plaignit Weist.
« C’est bon pour moi d’être pleine d’autodérision, » dit-elle. « Je ne supporterais pas que quelqu’un d’autre me le dise. »
Seul Vargas serait assez imprudent pour le faire ! c’était ce qu’il voulait crier, mais il avait coincé ses mots au plus profond de sa poitrine. Il avait peut-être un peu plus de cinquante ans, mais il ne voulait pas mourir maintenant.
« Au fait, Duchesse Excel, » dit-il. « Je n’ai pu gagner du temps que jusqu’à midi. Est-ce assez ? Aurais-je besoin de gagner encore plus de temps pour votre plan ? »
« C’est correct. » Répondit-elle. « S’ils rompent le siège jusqu’à midi, il leur faudra du temps pour nous encercler complètement. Même s’il se lançait dans une attaque totale, cela prendra certainement jusqu’à la fin de la soirée. »
« Je comprends, » dit-il. « Eh bien, je pense que mon travail est donc fini. »
« Tout à fait. Bien joué Weist. Alors s’il vous plaît, détendez-vous et laissez-le me charger du reste, » déclara Excel, lui faisant par la même occasion un sourire très maternel.
Weist avait été ballotté par Souma, Hakuya et Excel, mais il ne pouvait que rire de lui-même en pensant que ce simple sourire lui faisait pardonner tout ça.
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Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 1
“Seigneur d’Altomura”
Type: Expression Idiomatique
Sens : Une personne qui fait des promesses qu'elle ne peut pas tenir.
Origine: Au cours de la guerre d’une semaine, Weist Garreau, le Seigneur d’Altomura, alors qu’il était assiégé par les armées de Gaius VIII de la Principauté d’Amidonia, avait fait une fausse promesse à Gaius comme quoi « il allait faire ouvrir les portes de la cité » afin de gagner du temps.
Usage: Cette personne est un seigneur d'Altomura. Tu ne devrais pas lui faire confiance.
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Chapitre 5 : La Bataille à l’Extérieur de Randel
Le 30e stratagème de Trente-Six Stratagèmes dit : « Faire changer les rôles d’hôte et d’invité. »
Il était le plus souvent mentionné dans le contexte d’une force plus faible qui vainquait une force plus importante, mais il peut également se référer à faire en sorte que le défenseur (l’hôte) échange de lieux avec l’attaquant (l’invité). Dans une guerre, être le défenseur est avantageux. Il est donc souhaitable que l’attaquant génère une situation où il peut combattre dans des batailles défensives, et cela même en pleine campagne.
La bataille qui se déroulait actuellement à la périphérie de Randel, la ville centrale du duché de Carmine, aurait pu être un exemple pour le 30e stratagème.
— 32e jour du 9e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental —
Dans le duché de Carmine, l’Armée Interdite, qui aurait dû être la force d’invasion, luttait dans une bataille défensive contre l’Armée de Terre, qui aurait dû être l’armée en défense.
Alors qu’il s’était caché derrière les murs de la "forteresse" qui était actuellement attaquée par une force militaire composée par les 40 000 hommes de l’Armée de Terre, Halbert Magna grommelait. « Merde... ! Ne penses-tu pas que l’ennemi essaye un peu trop violemment ? »
« Tu sais Hal, on ne peut pas y faire grand-chose. » La réponse était venue de Kaede Foxia, une mage de terre attachée à l’Armée Interdite, qui s’était protégée derrière le même mur que lui.
Alors que les flèches, tirées par les ennemis et les alliés, volaient au-dessus d’eux, elle restait indifférente devant ce spectacle.
« Si tu regardes ça depuis le point de vue de l’ennemi, ils se sont réveillés pour se trouver en face d’une forteresse. » Dit-elle. « Et en plus, il s’agit d’une forteresse remplie par l’Armée Interdite. Alors tu sais, c’est tout à fait naturel qu’ils se précipitent ici afin de s’occuper de ce problème. »
« C’est vrai... » Dit-il. « Mais je pense que c’est bien trop imprudent de combattre 40 000 soldats de l’Armée de Terre avec seulement les 10 000 troupes qui sont avec nous. Mais apparemment, il semblerait que cela soit une bataille ou nous nous défendrons dans cette forteresse. Jusqu’à quel niveau a-t-il pu prévoir ce qui se passerait ? »
« À l’origine, il y avait une forteresse en face d’Amidonia, » lui dit-elle. « Lorsque la frontière fut déplacée plus vers l’ouest lors de la conquête effectuée par le roi avant le Roi Albert, elle fut abandonnée. Alors tu sais, le roi l’a simplement ramené à la vie. Et qui plus est... Il s’agit d’une forteresse beaucoup plus défendable que celle qui était autrefois ici. »
C’était hier que Souma avait envoyé son ultimatum à Georg Carmine. Après avoir échoué lors des négociations, Souma avait immédiatement envoyé une force armée de 10 000 soldats de l’Armée Interdite jusqu’au Duché de Carmine.
L’Armée Interdite avait progressé à une vitesse totalement dénuée de tout bon sens. Ils s’étaient approchés de la ville centrale du duché, Randel, et avaient construit une « forteresse » juste devant leurs yeux.
Cette avancée rapide et la construction avaient été possibles à l’aide du train terrestre de rhinosaurus. Grâce à la petite sœur honorifique de Souma, Tomoe, l’Armée Interdite possédait un grand nombre de rhinosaurus qui pouvaient servir de système de transport rapide de marchandises. Avec la capacité du train terrestre de rhinosaurus à transporter des quantités massives de marchandises, ils avaient pu envoyer des personnes et des ressources dans un court laps de temps.
Les matériaux pour la construction de la forteresse avaient déjà été partiellement assemblés dans la capitale royale. Ils avaient utilisé un système de construction de châssis en bois de deux par quatre, de sorte que les morceaux devaient être placés dans les endroits désignés sur le site de la construction.
Souma avait pris l’idée du "Château en Une Nuit" que Hideyoshi (alors connu sous le nom de Tokichiro Kinoshita) avait construit à Sunomata. Fondamentalement, le train terrestre de rhinosaurus avait pris la place de la Rivière Kiso.
De plus, les troupes de l’Armée Interdite qui avaient construit la forteresse avaient un secret. Ayant été envoyé sous les ordres de Souma pour aider à la construction de la nouvelle ville et des routes, chacun des soldats de l’Armée Interdite était maintenant un ingénieur de combat très capable.
Au besoin, les soldats creusaient des trous, accumulaient de la terre, couvraient les murs créés par des mages avec du béton romain et assemblaient les matériaux expédiés par la capitale.
Les mages de terre creusaient la terre pour faire des fossés, élevaient la surface du sol pour faire des murs, utilisaient de la magie pour faire tremper le béton romain posé par les soldats, faisait durcir et utilisait la magie de renforcement pour blinder les murs.
La pensée commune lors de la construction d’une forteresse sur des terres dégagées dans ce monde était d’avoir les mages de terre pour faire tout le travail. Cependant, comme chaque membre non mage des forces personnelles du roi pouvait participer à la construction, la vitesse de travail était nettement plus élevée.
Et donc, même si l’Armée Interdite n’était arrivée qu’hier soir sur le site, quand l’aube est arrivée, la forteresse avait été achevée. Du point de vue du peuple de Randel, il semble que la forteresse ait été construite en une nuit.
Plus tard, les historiens appelleraient ce jour La "Forteresse d’Une Nuit de Randel".
Cet assaut de construction avait été effectué immédiatement après l’ultimatum, et l’armée et les nobles corrompus qui étaient enfermés à Randel n’avaient rien pu faire pour l’arrêter.
« Pourtant, tu sais, je dois lui reconnaître au Duc Carmine, » Déclara Kaede. « Les seuls qui sont visiblement très déconcertés sont les troupes privées des nobles. Quant à l’Armée de Terre, elle s’est tranquillement déplacée afin de nous encercler. »
« Hé ! N’expose pas ton visage ! » S’exclama Halbert. « Tu pourrais être touchée par une flèche perdue ! »
Kaede avait jeté un coup d’œil à travers une fente de flèche, mais Halbert l’avait tirée en arrière.
À ce moment-là —
Boom !
— ils entendirent une explosion incroyable puissance à proximité.
Halbert avait vu que Kaede était sur le point de tomber en arrière, alors il l’avait rapidement soutenue. Le bruit si soudain devait l’avoir prise par surprise, car Kaede oscillait.
« J-Je te remercie, Hal, » dit-elle.
« Viens, reste avec moi, » dit-il. « ... C’était très proche de nous, n’est-ce pas ? »
Un sort ennemi devait avoir frappé les murailles. Techniquement, Kaede et les autres mages de terre avaient énormément renforcé les murs pour faire face à la magie. Cela dit, si elles continuaient à prendre des coups directs comme celui-là, ils n’allaient pas tenir.
Halbert avait fait enflammer un javelot se trouvant à proximité avec du feu magique, puis l’avait lancé vers le groupe qu’il pensait avoir déchaîné le dernier sort. La lance de feu avait volé tel un missile, empalant un homme avant d’exploser, brûlant les autres dans une boule de flammes.
« Arghhhhh! »
On pouvait clairement entendre les cris des mourants depuis ici. En voyant ce que son acte avait fait, Halbert se cacha à nouveau à l’ombre du mur.
« Attends, reste là... ne penses-tu pas que l’attaque est plus intense ici que sur le côté ouest ? » Demanda-t-il. « Il semble que les autres côtés ne subissent que des attaques sporadiques. »
« ... tu sais, ce sont des mercenaires zemishs, » Kaede avait dit ça en regardant derrière le mur. « Ils ont dû être embauchés par les nobles corrompus. Les nobles corrompus ont littéralement leur cou sur le billot. S’ils perdent lors de cette bataille, la seule chose qui les attend est un voyage jusqu’aux bourreaux. Tu sais, c’est un "marche ou crève" pour eux. Ils feront n’importe quoi pour ne pas subir cette peine de mort. »
« Je sais que tu penses que tu es pleine d’esprit, mais ce que tu me dis me fait frémir, » Halbert avait dit ça en lançant sa deuxième lance de feu. Il ne loupa pas sa cible, et ainsi, de nombreux mercenaires se mirent à brûler.
« Arghhhhhhhhhhhh! »
« Torride ! Torride ! »
« Je brûle ! Je brûlllllllle ! »
Halbert regarda avec un sourire peiné tandis que les mercenaires se transformaient en de petites boules de flamme et se roulaient sur le sol.
Pour Halbert, c’était sa première véritable bataille. Alors qu’il avait beaucoup plus de force qu’une personne normale, il n’était pas habitué à tuer.
Eh bien ! au moins, c’est plus facile que de combattre une unité de l’Armée de Terre avec beaucoup de personnes que je connais, pensa-t-il.
En tant qu’ancien membre de l’Armée de Terre, Halbert avait des sentiments complexes à propos de toute cette situation. En raison de leurs relations étroites entretenues avec le roi, Halbert et Kaede étaient parmi les rares qui connaissaient toute la vérité derrière cette guerre. C’est pourquoi il avait compris ce que le roi voulait accomplir.
Il l’avait compris, mais... ses sentiments à ce sujet étaient encore compliqués.
« Hal ! » Kaede l’appela, ce qui fit qu’Halbert reprit conscience de la situation.
« Kaede, qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-il.
« Tu sais, c’est horrible, » déclara Kaede. « Regarde ce que l’ennemi a mis en évidence. »
Elle avait pointé du doigt les canons géants qui en ce moment même, étaient transportés sur le champ de bataille. Dans ce monde, où les armes à la poudre ne s’étaient jamais vraiment bien développées en raison de l’existence de la magie, des recherches avaient continué sur les canons pour être utilisées lors des batailles navales. Alors qu’ils manquaient de mobilité, leur pouvoir destructeur qui ne comptait pas sur la magie avait attiré l’attention de l’Armée de Terre. L’Armée de Terre avait mis de côté trois exemplaires afin de les utiliser en tant qu’armes de siège, là où la mobilité n’était pas si importante. À l’heure actuelle, la seule armée à Elfrieden qui possédait des canons qui pourraient être utilisés sur terre était l’Armée de Terre.
« ... en y pensant, ils avaient encore ça sous la main, » Déclara Hal. « Je les avais complètement oubliés. »
« Après tout, s’ils devaient être utilisés, alors cela devrait certainement être dès les premiers instants de la bataille. » Répondit Kaede.
« Et bien, qu’est-ce qui fait qu’ils soient déployés si tard dans la partie ? » Demanda-t-il.
« Tu sais, c’est probablement les nobles corrompus qui les ont fait sortir parce qu’ils sont en pleine panique, » répondit-elle.
« Est-ce vraiment mauvais ? » demanda-t-il.
« C’est vraiment mauvais. » Répondit-elle. « Tu sais, le renforcement anti-magique n’est efficace que contre la magie et les flammes. Face aux impacts physiques, ce ne sont que des murs de terre enduits de “béton romain”. Ils sont plus durables que la normale, mais s’ils les frappent ainsi... »
Booooom !
Crack !
L’un des canons avait tiré, produisant un son comme si l’air avait été aspiré. Le boulet de canon traça une parabole avant de frapper le mur et de s’enfoncer dedans. Le mur de terre s’écroula dans la zone où il avait frappé.
Les boulets de canon dans ce monde étaient des morceaux de fer solide.
Il semblerait qu’ils aient également considéré l’usage des munitions explosives, mais alors qu’elles étaient impressionnantes, elles n’auraient pas pu infliger de dégâts sur les murs renforcés contre la magie. Alors, en raison de ces faits historiques, elles n’avaient pas été utilisées.
Des dommages infligés par un impact direct allaient bien mieux fonctionner contre des murs renforcés. Le bloc de fer qui venait d’être tiré dans les murs était exactement le genre de projectiles de masse élevée contre qui les murs étaient vulnérables.
En voyant leur puissance, Halbert et Kaede se regardèrent.
« Q-Que faisons-nous maintenant ? » balbutia Kaede.
« Ne me le demande pas ! Ne peux-tu pas faire quelque chose avec ta magie ? » s’écria Halbert.
« Je n’ai plus de magie depuis que j’ai dû construire cette forteresse ! Qu’en est-il de toi, Hal, ne peux-tu pas les intercepter avec une lance ou quelque chose du genre ? » Répliqua Kaede.
« Ils sont trop rapides ! » Cria-t-il. « C’est comme si tu me demandais de frapper une flèche qui arrive sur nous à l’aide d’un caillou ! »
Alors qu’ils se disputaient...
« Hmm ! Qu’en est-il si vous utilisiez un arc ? » Ils entendirent une voix calme provenant d’au-dessus d’eux qui leur disait ça.
« « Hein !? » »
Les deux soldats s’étaient alors retournés pour ainsi faire face à un jeune elfe sombre (bien qu’il soit très difficile d’être certain de l’âge d’un elfe en jugeant ça uniquement sur son apparence) qui tenait un impressionnant arc long.
Le guerrier elfe sombre avait placé une flèche sur son arc, la plaçant en diagonale en direction du ciel, et pointée vers sa cible.
Booooom !
Une fois encore, l’un des canons fit feu.
À peu près au même moment, le guerrier elfe sombre lâcha sa flèche. À cet instant, Halbert et Kaede pensaient avoir entendu un son très aigu. Le guerrier elfe sombre avait probablement utilisé un enchantement magique de vent directement sur la flèche. Deux secondes plus tard, le boulet de canon de fer explosa en mille morceaux alors qu’il était encore en plein air. Halbert et Kaede ne pouvaient que regarder tout ça bouche bée.
« Hmph, » l’elfe sombre déclara. « C’est plus facile que de toucher un faucon migratoire. »
« Qu-Qui êtes-vous... ? » bafouilla Halbert.
« Excusez-moi. J’ai négligé de me présenter. Je viens de la Forêt Protégée par Dieu. Je m’appelle Sur, » déclara le jeune elfe sombre avec un large sourire. « C’est un plaisir de faire votre connaissance, Sire Halbert Magna. »
« Comment pouvez-vous connaître mon nom ? » Demanda Halbert.
« Il se peut que vous ne vous en souveniez pas, mais lors du glissement de terrain majeur qui s’est produit dans la Forêt Protégée par Dieu, ma fille était parmi celles que vous avez sauvées avec le roi. » Répondit Sur. « Après ça, quand elle avait entendu votre nom un peu plus tard, elle voulait aller vous remercier, mais les troupes de secours initiales étaient déjà reparties vers la capitale, alors... à l’époque... »
Booooom !
... Crack !!
« ... Je regrette terriblement de ne pas avoir pu vous remercier d’avoir sauvé ma fille, » finissait-il.
Tout en leur parlant, Sur avait réussi à abattre avec une précision diabolique tous les boulets de canon qui étaient envoyés.
Ils avaient entendu dire que les elfes sombres étaient d’excellents archers, mais c’était vraiment très impressionnant.
« Ce n’est rien. Je ne faisais que suivre les ordres de Souma... les ordres du roi... » dit Halbert.
« Même si c’est le cas, je vous suis très reconnaissant. Bien que je dois vous avouer une légère irritation dût au fait que, touchée par la façon dont vous avez porté secours à la population de mon village, ma fille a commencé à dire : “Un jour, je veux moi aussi rejoindre l’Armée Interdite, et je veux me joindre aux opérations de secours comme l’a fait cet homme.” Hahaha. » (Sur)
Alors même qu’il continuait à parler comme un père tout à fait normal, Sur était en train d’abattre l’un après l’autre les boulets de canon qui étaient envoyés ici. Halbert et Kaede étaient tout simplement stupéfaits.
« Euh, pourquoi êtes-vous ici ? Vous n’êtes pas dans l’Armée Interdite, n’est-ce pas ? » Demanda Kaede, déconcertée.
Sur cela, Sur effectua un rire empli de joie. « Nous avons entendu dire que Sa Majesté Souma, le sauveur de notre village, était face à de sérieux problèmes. Donc, afin de rembourser notre dette, nous avons été envoyés du village des elfes sombres afin de l’aider. Autant que possible, nous avons toujours évité d’interagir avec le monde extérieur, mais cette fois-ci, personne n’a exprimé d’opposition. »
Rembourser leur dette. À l’heure actuelle, les réalisations simples et constantes effectuées pendant le règne de Souma montraient leurs effets.
« Vous savez, je vous en suis très reconnaissante, » déclara Kaede.
« Chacun rend service à l’autre, » Sur haussa les épaules. « C’est quelque chose que nous avons appris de vos peuples. »
Quand elle vit le sourire de Sur, Kaede sentit sa tension se dissiper, même si c'était seulement un petit peu.
Nous avons plus de renforts que je ne le pensais, pensa-t-elle. À ce rythme, je pense que nous pouvons nous défendre.
L’Armée Interdite avait reçu des renforts en plus en provenance du village des elfes sombres. Il y avait aussi le père de Halbert, Glaive Magna, et ceux qui avaient comme lui fait défection de l’Armée de Terre. Ils participaient à la bataille en tant que soldats bénévoles avec Glaive qui les commandait. Combiné avec les renforts en provenance du village des elfes sombres, ils étaient environ 5000 individus.
En d’autres termes, il y avait 15 000 défenseurs dans cette forteresse.
J’ai entendu dire qu’un attaquant doit avoir trois fois plus de soldats que le défenseur pour pouvoir gagner lors d’un siège, Pensa Kaede. L’Armée de Terre a eu beaucoup de déserteurs, le père de Hal en premier lieu. Mais ils ont pu conserver le nombre de soldats à environ 40 000 grâce aux mercenaires que les nobles corrompus ont réussi à trouver. Cela aurait été difficile avec seulement les 10 000 soldats qui sont directement sous les ordres du roi, mais si vous ajoutez les renforts, nous avons réussi à éviter qu’ils soient trois fois plus nombreux que nous.
Cela avait été un soulagement que de réaliser ce fait.
Par ailleurs, des années plus tard, la fille de Sur pourra tenir ses promesses. Elle rejoindra ainsi l’armée et aura même la chance d’être placée sous le commandement d’Halbert. Et d’une manière ou d’une autre, elle s’efforcera également d’organiser son mariage avec Halbert, créant une situation dans laquelle Kaede ne pourra en aucun cas se sentir soulagée, mais il s’agit là d’une histoire pour un autre jour.
Pour l’instant, la seule chose que Kaede avait à faire de son cerveau était de trouver un moyen de survivre à cette bataille, Halbert et elle.
Et alors...
« Kaede ! »
En entendant quelqu’un l’appeler soudainement par son nom, Kaede regarda vers la porte pour voir un groupe de chevaliers dont tout, aussi bien le cavalier que la monture, étaient intégralement couverts par une armure en argent. Il s’agissait de la Garde Royale qui protégeait au péril de leur vie la capitale et le palais royal.
Placé à l’avant du groupe, se trouvait un homme qui avait l’air le plus impressionnant entre tous. Il s’agissait du Capitaine de la Garde Royale, qui était aussi le chef de l’Armée Interdite, Ludwin Arcs. Il était blond et beau, vêtu d’une armure en argent, et monté sur un cheval blanc. Il avait une apparence qui semblait "trop beau pour être vrai", et Halbert l’enviait beaucoup. Un jour, je veux être comme ça... Halbert avait senti un fort désir de se faire un nom.
Pendant ce temps, Kaede n’avait pas tenu compte de sa silhouette toute pimpante alors qu’elle lâchait sa colère contre Ludwin. « Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes notre commandant en chef, est-ce que vous vous en rendez compte !? »
« Désolé, Kaede, » dit-il. « Pendant un petit moment, vous prenez le commandement de la forteresse. Nous allons faire face à ces choses bruyantes. » Ludwin pointa avec sa lance la direction où se trouvaient les canons.
Kaede serra sa tête avec ses mains. « Vous savez, nous avons Hal pour de petites commissions comme ça ! »
« Hé ! » S’exclama Halbert.
« Ha ha ha, ne soyez pas comme ça, » déclara Ludwin. « Par rapport aux soldats qui ont travaillé si fort pour bâtir cette forteresse et la défendre, nous, dans la Garde Royale, n’avons eu aucune chance de nous afficher, du moins jusqu'à maintenant. Ce sera mauvais pour notre apparence si nous ne corrigeons pas cela. »
« Pour votre apparence... est-ce que tous les hommes sont si stupides ? » Demanda Kaede.
« Ha ha ha, vous le pensez vraiment ? » riait Ludwin. « Eh bien, je vais vous laisser vous occuper du reste. »
Avant que Kaede ne puisse dire le moindre mot, Ludwin avait commencé à aboyer des ordres à la Garde Royale.
« Ouvrez les portes ! La cible est droit devant nous, il s’agit de ces trois gros canons ! Nous reviendrons quand ils seront détruits ! Ignorez les soldats ennemis. Ne les poursuivez pas sur une longue distance ! Concentrez-vous uniquement sur la destruction de la cible ! » (Ludwin)
« « « Oui, Sire ! » » »
« Si quelqu’un bloque votre chemin, écartez-les à l’aide de votre lance ! » Ordonna Ludwin. « Si quelqu’un essaye d’interférer dans vos actions, alors laissez-les être piétinés sous les sabots de votre cheval ! Nous sommes la lance qui défend ce pays ! Nous portons la dignité de Sa Majesté ! Dépêchez-vous, et que rien ne vous retienne ! »
Et ainsi, les portes furent ouvertes.
« Et c’est parti ! Nous leur montrerons que la Garde Royale n’est pas seulement là pour être jolie ! » déclara Ludwin.
« « « Oui, Sire ! » » »
Avec l’intensité d’un barrage qui cédait, la Garde Royale déferla sur le champ de bataille. Les mercenaires entrèrent en panique face à cette soudaine contre-attaque, brisant les rangs. Ils ne pouvaient plus entraver la charge impétueuse de la Garde Royale. Certains furent empalés sur les lances de Ludwin et de ses hommes, d’autres furent tout simplement piétinés sous les sabots de leurs destriers. Beaucoup de ceux-là étaient des mercenaires que les nobles corrompus avaient recrutés en utilisant leur richesse personnelle. Les mercenaires étaient individuellement très forts, mais ils ne fonctionnaient pas du tout bien en tant que groupe. Sans structure de commandement unifiée, chacun d’eux avait pris sa propre décision.
Parce qu’ils travaillaient uniquement pour l’argent, ils manquaient de loyauté ou de patriotisme. Quand leurs vies étaient menacées, ils étaient très prompts à s’enfuir. En conséquence, ils étaient particulièrement mal adaptés pour faire face à un régiment comme celui de Ludwin, qui était discipliné et pouvait se déplacer avec une volonté commune. Les mercenaires ne pouvaient pas arrêter le groupe en tant que simples individus, mais ils ne pouvaient pas non plus travailler avec leurs propres alliés. Lorsque les mercenaires se firent faucher les uns après les autres, leur moral fut brisé et ils prirent tous leurs jambes à leur cou.
Alors, lorsque Ludwin et ses hommes purent atteindre les canons maintenant abandonnés, ils y mirent le feu.
Sa Majesté va probablement plus tard se plaindre à propos du trou dans le budget... mais, il n’y a pas vraiment d’autre choix, Pensa Ludwin.
Il avait estimé qu'il s'agissait d'un gaspillage de faire ainsi, mais ils ne pouvaient pas les laisser là-bas, et ils ne pouvaient gagner assez de temps pour déplacer ces armes qui avaient une si faible mobilité. Les détruire était donc la seule option possible.
Après que la Garde Royale ait lentement fait son retour triomphant, il y avait eu un puissant rugissement lorsque les canons explosèrent derrière eux, envoyant dans le ciel un énorme nuage de fumée noir.
En allant directement à la conclusion, l’Armée était retournée jusqu’à Randel au coucher du soleil après avoir été incapable d’accomplir la moindre percée ce jour-là. Si on regardait uniquement les résultats de la bataille de la journée, on pouvait parfaitement parler d’une nette victoire pour les défenseurs.
Cependant, ceux qui avaient d’abord été les assaillants étaient l’Armée Interdite. Peu importe le nombre de combats défensifs qu’ils allaient gagner, ils finiraient inévitablement par être exténués.
Ceci était connu de tout le monde.
***
Cette nuit-là, dans la salle de réunion du château de Georg Carmine, plus d’une douzaine de nobles pressaient Georg afin qu’il leur donne des réponses.
« Duc Carmine ! Qu’est-ce que cela devait être ? Comment est-ce possible que l’Armée de Terre soit si peu motivée ? » Demanda l’un des nobles corrompus.
« Effectivement, » cria un autre qui était lui aussi fâché. « Cela ne vous ressemble pas. Vous, qui étiez autrefois craint comme étant un féroce dieu du champ de bataille. »
« Nous étions les seuls là-bas à prendre au sérieux ce combat ! » s’écria un autre noble.
Tous ces hommes avaient fui dès que Souma les avait accusés de corruption. Ils s’étaient rassemblés, comme les papillons attirés par une flamme, sous la bannière de Georg, qui avait clairement fait part de son opposition vis-à-vis du roi.
Ayant volé bien plus qu’ils ne pourraient jamais rembourser, et maintenant qu'ils se révoltaient clairement contre le roi, ils n’avaient nulle part où aller se réfugier que là. Et donc, s’ils perdaient lors de cette guerre contre Souma, ce serait la fin pour eux. C’est pourquoi ils avaient dépensé toute leur fortune personnelle afin d’engager des mercenaires zemishs et qu’ils avaient affronté eux-mêmes l’Armée Interdite.
Cependant, ils n’étaient pas satisfaits de la façon dont Georg avait combattu.
L’Armée de Terre avait été trop passive dans la bataille d’aujourd’hui. Ils avaient déjà compris que le moral des soldats serait faible lors d’un combat contre les armées du roi, mais Georg n’avait même pas eu l’intention d’encourager les troupes. Cette attitude était contraire au Georg Carmine connu pour ses offensives implacables, et cela avait mis en colère les nobles.
« L’Armée est pleine de lâches et de faibles ! » l’un des nobles cracha ça. « La bataille contre le roi a déjà commencé, est-ce que vous vous en rendez compte !? »
« Montrez-nous la puissance qui a rendu célèbre le nom de Georg Carmine dans tout le royaume ! » Déclara un autre noble.
« Vous ne voulez quand même pas nous dire que vous avez maintenant peur ! » avait crié un autre.
« Oh...? » Georg fusilla du regard les nobles rassemblés devant lui. C’était suffisant pour leur faire rompre l’affrontement, les faire tomber en silence et les obliger à ce qu’ils fassent tous un pas en arrière. « Qui a suggéré que j’étais effrayé ? »
Tout le monde resta silencieux.
Avec ces seuls mots, Georg avait pris le contrôle de la pièce.
Alors qu’il regardait, chacun des nobles, qui étaient sans voix face à l’intensité de ce féroce général, Georg parlait d’un ton calme et composé. « Est-ce que l’un d’entre vous comprend vraiment la situation ? L’ennemi n’a que dix, voir peut-être vingt mille soldats. C’était une véritable surprise qu’ils aient pu construire cette forteresse pendant la nuit, mais si nous nous rapprochons lentement d’eux, ce sont eux qui seront poussés dans un coin. Où est le besoin d’attaquer de manière téméraire ? »
« S-Si c’est vraiment le cas. Et qu’ils ne sont que dix mille, ne devrions-nous pas tout lancer dans une attaque et les vaincre d’un seul coup ? » L’un des nobles avait rassemblé tout son courage afin de parler, mais Georg ne fit que ricaner.
« Vous avez déjà essayé cela et vous avez été chassé, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il. « De plus, vous avez même fait sortir les trois canons hors de l’arsenal, et ensuite, dans votre détresse, vous avez réussi à vous les faire détruire. »
« Argh... Je ne peux pas assez m’excuser pour cela. » Le noble qui avait parlé avait reculé sous le regard carnassier de Georg.
En fait, le déploiement des canons avait été une décision que les nobles corrompus avaient prise par eux même, frustrés qu’ils ne pussent pas capturer la forteresse. Ils avaient utilisé leurs titres pour intimider le responsable de l’arsenal, le forçant à leur prêter les armes. En conséquence, ils avaient inutilement perdu trois canons. Et maintenant, l’Armée de Terre regardait avec mépris les troupes des nobles.
Georg continua, « Il y a eu une autre chose que j’ai trouvée inquiétante. Je ne pouvais pas sentir la présence de Souma dans cette forteresse. »
« N’a-t-il pas laissé la guerre à ses vassaux, alors qu’il reste dans la capitale royale à trembler de peur ? » demanda l’un des nobles corrompus.
« Pensez-vous que ce roi pourrait faire cela ? » Demanda Georg. « Même si nous ne pouvons pas le voir, il est certainement là-bas en train d’orchestrer quelque chose. C’est pourquoi nous devons l’attirer ici. »
« En d’autres termes, vous voulez utiliser les soldats se trouvant dans cette forteresse comme appâts ? » demanda un noble.
Georg hocha la tête à la suggestion du noble. « À l’heure actuelle, il n’y a aucun moyen de savoir où est Souma ou ce qu’il prépare. Mais s’il abandonne ses troupes, et qu’il les envoie à la mort, alors les soldats et la population l’abandonneront tous. Finalement, il n’a d’autre choix que d’apparaître sur ce champ de bataille. Quand il le fera, alors il suffira de l’écraser avec les soldats de cette forteresse. » Il sourirait tout en disant ça.
Georg était un homme-bête à tête de lion. Et donc, quand il souriait, il exposait largement ses crocs.
Quand les nobles les virent, ils eurent un froid glacial qui s’infiltra jusqu’à leur colonne vertébrale. Ils savaient qu’en aucun cas, ils ne devaient faire de cet homme leur ennemi.
Georg se leva de son siège. « Cependant, vous devez tous être fatigués de l’attaque d’aujourd’hui. Ce n’est pas une bataille qui se terminera demain ou le lendemain. Nous, de l’Armée, gérerons l’attaque seule, alors vous prendrez la journée de demain afin de vous reposer. »
« « « O-Oui, Sir ! » » »
Ayant reçu ces mots d’appréciation de Georg, les nobles s’étaient tous inclinés légèrement avant de quitter la salle de réunion.
Une fois qu’ils furent tous partis, un homme seul vint, comme s’il prenait leurs places.
« Pardonnez-moi, Duc Carmine. »
« ... Beowulf, » Dit Georg.
Le nom de l’homme était Beowulf Gardner. Il s’agissait d’un homme-bête à tête de loup qui portait un uniforme militaire noir. Au sein de l’Armée de Terre, lui et Glaive Magna, qui était parti depuis, étaient les deux personnes les plus proches de Georg Carmine. Il était maintenant le commandant en second de l’Armée de Terre.
À l’aide de quelques mots, Georg demanda à Beowulf, « Je présume que les préparatifs sont achevés ? »
« Oui, Sire ! Tout est impeccable. » Répondit Beowulf.
« Très bien. » (Georg)
Alors que Beowulf le saluait, Georg hocha la tête avec satisfaction, souriant largement.
***
Pendant ce temps, à peu près au même moment, Halbert et Kaede étaient assis côte à côte, mangeant ensemble.
Ils mangeaient l’invention de Souma, le "gelin udon instantané".
Le gelin udon avait d’abord été bouilli, puis il avait été très épicé et séché. Et quand ils voulaient le manger, ils versaient de l’eau bouillante et attendaient une minute. (Il absorbait même l’eau plus rapidement que les ramens instantanés.) Tant qu’ils avaient une tasse et de l’eau bouillante, il pourrait être mangé n’importe où.
En raison de cette commodité, il avait été bien accueilli par les soldats de l’Armée Interdite qui l’avaient reçue en tant que principales rations de combat.
« Être capable de manger ces choses même dans un champ... slurp... c’est génial, n’est-ce pas ? » Commenta Halbert.
« Tu sais, Sa Majesté se plaignait... slurp... “Je voulais les faire frire, mais ils ont fondu quand je les ai mises dans l’huile ! Même si je préfère le goût savoureux des nouilles frites aux nouilles non frites !” » Déclara Kaede.
« Je ne comprends pas vraiment... slurp... pourquoi est-il si dérangé par ça, » dit Halbert.
Une fois qu’ils eurent terminé leur repas tout en faisant ce genre de conversation, Kaede s’appuya contre l’épaule de Halbert. L’odeur des cheveux de Kaede si près de lui fit qu’Halbert tomba rapidement dans la confusion.
« H-Hé, Kaede. Qu’est-ce que tu fais ? » Demanda-t-il.
« Hehe, tu sais, je suis très contente, » répondit-elle.
« Hein !? À propos de quoi !? » S’exclama-t-il.
« Je t’ai à mes côtés, alors j’aime ça. » Dis Kaede tout en faisant un petit rire. « Je suis contente que tu sois maintenant dans l’Armée Interdite. Tu sais, si tu étais encore dans l’Armée de Terre, nous aurions pu être des ennemis. Et tu sais, nous n’aurions certainement pas été là. »
« Oui, mais grâce à cela, je suis maintenant entouré par les 40 000 soldats de l’Armée de Terre, » dit-il.
Kaede sourit quand elle vit Halbert se frotter timidement l’arête de son nez tout en disant ça.
« Tu sais, tout sera décidé soit aujourd’hui, soit demain. » Dit-elle. « Si nous pouvons tenir assez longtemps... »
« Et puis après ? » Demanda-t-il.
« Si nous passons à travers ça, j’espère que le reste fonctionnera correctement. » Répondit-elle.
« Ne t’arrête pas uniquement avec ce que tu espères ! » s’exclama-t-il. « Si tu dis autant de choses, alors tu devrais aussi me dire le reste ! »
« Hal, alors assure-toi de me protéger, d’accord ? » Dit-elle.
Avec son ami d’enfance qui l’interrogeait d’une manière si adorable, Halbert se gratta vigoureusement la tête. « Arg ! Bien, je le ferais ! Je vais te protéger ainsi que tout le reste ! »
« Tu le sais déjà, Hal, mais je compte sur toi, » déclara-t-elle.
Dans une forteresse au milieu du champ de bataille, ces deux-là étaient collés l’un à l’autre et ils souriaient en parfaite harmonie.
— 1er jour du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental —
La nuit avait pris fin, et l’Armée de Terre avait dès lors repris son attaque.
Cependant, contrairement à la veille, il n’y avait que des attaques sporadiques de tous les côtés.
Alors que les flèches et la magie étaient en train de voler de part et d’autre il n’y avait pas d’unités qui essayaient de presser fortement pour faire une percée. Halbert était un peu perplexe face au changement complet dans ce mode de combat passif vis-à-vis de ce que c’était déroulé la veille.
« L’ennemi a brusquement baissé l’intensité de ses attaques, » dit-il.
« De plus, je ne vois pas non plus de mercenaires de Zemish, » Déclara Kaede, surveillant l’ennemi. « Le changement de déploiement peut signifier que l’ennemi a décidé de se lancer dans une guerre d’attrition. »
Halbert avait tourné ses épaules en cercle. « Dans ce cas, cela rendra peut-être les choses un peu plus faciles. »
« Hal, il faut toujours rester vigilant sur le champ de bataille, » dit-elle. « Sinon tu sais, tu vas trébucher au moindre piège. »
« ... Je le sais déjà. » Répondit-il.
Et ainsi, les attaques sporadiques de l’Armée de Terre continuèrent. Et alors, quand le soleil fut à son zénith, cela se produisit.
Un des soldats du poste d’observation se mit à crier. « De multiples unités de wyvernes volent dans le ciel depuis l’est ! Il s’agit sans aucun doute des Forces Aériennes ! »
Quand Halbert et Kaede levèrent tous deux les yeux vers le ciel de l’est, alarmés par les cris de l’observateur, ils virent plusieurs milliers de wyvernes volant vers eux en formation.
Halbert avait inconsciemment attiré Kaede contre lui.
Kaede posa sa propre main sur la main que Halbert avait posée autour de son épaule en disant : « C’est bon, Hal, » avec un sourire affectueux. « Tu sais, nous avons gagné notre pari. »
Les wyvernes passaient par-dessus la forteresse où se trouvaient Halbert et Kaede, volant vers Randel.
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Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro2
“Forteresse d’Une Nuit de Randel”
Type: Stratagème
Sens : Utiliser tout à disposition pour atteindre un objectif.
Origine: Lorsque le roi Souma subissait la rébellion de Georg, il utilisa les capacités de l'Armée Interdite en tant qu’ingénieur de combat pour redonner vie à une forteresse abandonnée.
Synonymes: 14e Stratagème des 36 stratagèmes,"emprunter un cadavre pour ressusciter l'âme."
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Chapitre 6 : L’Intrigante Bataille de la Cité du Dragon Rouge
Partie 1
— 32e jour du 9e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — Cité du Dragon Rouge
Depuis que Souma avait publié son ultimatum, le seigneur de la Cité du Dragon Rouge, Castor Vargas, avait été incroyablement occupé. Et comme il avait choisi de soutenir Georg Carmine en utilisant uniquement ses troupes personnelles de la Cité du Dragon Rouge, il y avait le risque que la Cité du Dragon Rouge elle-même devienne un champ de bataille.
Castor était conscient que tout cela était dû à sa propre fierté. Il ne pouvait pas laisser souffrir la population de son domaine à cause de sa fierté.
Pour cette raison, il avait fini par lancer un projet d’évacuation de citoyens de la cité vers d’autres villes moins susceptible d’être mêlée à une bataille. Normalement, Castor aurait laissé ce genre de tâches entièrement à son intendant Tolman, mais cette fois-ci, il avait lui-même fait le travail.
Il pensait que c’était peut-être la dernière fois qu’il aurait cette chance, alors il essayait de remplir ses fonctions en tant que leur seigneur.
À l’intérieur du bureau des affaires gouvernementales du Château du Dragon Rouge, le château se trouvant au centre de la Cité du Dragon Rouge, Castor avait alors posé une question à Tolman. « Comment se déroule l’évacuation des citoyens ? »
« Elle est déjà achevée, » répondit Tolman. « Maintenant, les seules personnes restant dans la Cité du Dragon Rouge sont une unité de l’Armée de l’Air et celles liées à la Maison des Vargas. »
« Je vois... Je suis content de l’entendre, » déclara Castor, tout en se penchant sur sa chaise, affichant un regard de soulagement sincère sur son visage. « Peut-être que je ne devrais pas dire ça, mais c’est un poids en moins sur mes épaules. Sans ce fardeau à porter, je peux agir en tant que guerrier solitaire. »
« En vérité, ce sont des mots que le seigneur ne doit jamais dire. » (Tolman)
« De toute façon, je n’ai jamais été fait pour être leur Seigneur, » déclara Castor. « Bien que j’ai hérité de l’Armée de l’Air et de mes sujets de mon père, je n’ai jamais eu de don en ce qui concerne la gestion. Quand je pense à ce qui aurait pu arriver si Accela ou vous n’étiez pas là, cette seule pensée m’effraie... »
Castor leva les yeux vers le plafond.
Alors que je réfléchissais maintenant à ça, je me rendis compte que le roi Albert avait dû porter un très lourd fardeau sur ses épaules, et cela avec cette personnalité timide qui était l’une de ses caractéristiques... Et maintenant, ce nouveau roi, Souma, portait ce fardeau. Il est assez impressionnant, pour un enfant de son âge. Je pouvais tout à fait comprendre pourquoi la princesse avait eu la volonté de se couper les cheveux pour afficher clairement qu’elle marchait à côté de lui.
Liscia avait coupé ses cheveux comme preuve de détermination envers Georg, mais lorsque Castor l’avait vu, son cœur avait été profondément ému. Castor avait toujours eu une personnalité simple, et des expressions si directes d’émotions comme celle-ci l’avaient toujours beaucoup affecté.
En voyant Castor comme ça, Tolman lui demanda avec étonnement, « Après tout ce temps, avez-vous maintenant changé votre point de vue ? »
« Oui, j’ai... vous avez raison, mais je suis allé bien trop loin, » déclara Castor, reconnaissant par la même occasion sa propre faute.
Il était maintenant trop tard pour revenir en arrière. Il n’avait pas non plus l’intention d’essayer de le faire. Même s’il était vaincu, il montrerait au roi l’orgueil d’un Général de longue date de l’Armée de l’Air.
« Maître, nous avons reçu des demandes des unités de l’Armée de l’Air à travers tout le pays nous disant qu’ils souhaitent se joindre à vous. » Commença Tolman.
L’Armée de l’Air avait accueilli beaucoup de personnes rustres qui avaient estimé que c’était une bonne chose que d’être ainsi, et donc, un commandant courageux et féroce tel que Castor avait obtenu beaucoup de respect de ses subordonnés. Cependant, Castor était totalement contre cette idée.
« Dis-leur à tous de dégager de là. Je ne les laisserais en aucun cas se joindre à moi alors que j’ai ma fierté d’obstiné. » (Castor)
« ... Je pensais bien que vous diriez cela, » déclara Tolman, regardant son maître maladroit avec une consternation résignée. « Alors, Maître. Quel est votre plan pour la suite ? »
« Je n’en ai aucun. » Répondit Castor. « Je vais juste attendre Souma ici. »
« Vous n’allez donc pas vous joindre au Duc Carmine ? » (Tolman)
« Non, je ne peux pas laisser la Cité du Dragon Rouge sans défense. D’ailleurs, je n’aimerais pas me battre proche du Duc Carmine, car je devrai passer à côté d’un groupe de nobles corrompus. Et à ce moment-là, je ne sais pas si je pourrais rester fidèle à ma fierté si je me retrouve devant eux. » (Castor)
Pour Castor, le résultat de cette guerre était secondaire. Gagner ou perdre, vivre ou mourir, il ne pensait qu’à se battre pour que personne ne puisse se moquer de lui.
« J’attendrai dans cette cité jusqu’à ce que Souma vienne, » dit-il. « S’il vient avec une grande armée, alors je tomberai empli de gloire lors de cette bataille. S’il me sous-estime et n’envoie qu’une petite armée, alors je vais la mettre en pièces. C’est tout. »
« Ah ! Est-ce que les événements se déroulent comme vous l’aviez prévu... ? » Demanda Tolman alors qu’il regardait un document qu’il tenait dans la main. « Selon les rapports fournis par nos éclaireurs, une armée de 10 000 hommes de l’Armée Interdite est allée créer une tête de pont dans le Duché Carmine. Ce n’est pas encore clair si le Roi Souma les accompagne ou non, mais je ne pense pas qu’il ait encore des troupes à dispositions qu’il pourrait nous envoyer. »
« Ne me dites pas qu’il a décidé de m’ignorer ? » Demanda Castor.
« Nous n’avons de notre côté qu’une centaine de chevaliers-wyvernes, donc nous ignorer est une option tout à fait valable. » Répondit Tolman.
« Ha ! Ce n’est pas de chance, » Castor rejeta les préoccupations de Tolman avec un rire.
La puissance de l’Armée de Terre avec ses 40 000 soldats dirigée par le duc Carmine, ou les 100 chevaliers de l’Armée de l’Air ? Quel était l’adversaire le plus difficile selon vous ? En plus de cela, s’il me défaisait, nous avions une règle qui indiquait que toute la Force Aérienne devrait aller du côté de Souma. Pour Souma, le meilleur plan d’action était donc de me faire tomber, puis de commander l’Armée de l’Air vers une bataille finale avec le Duc Carmine.
« Cependant, le fait est que le roi Souma n’a pas de troupes de réserve à sa disposition... » (Tolman)
« Je ne parle pas de ça. Le nouveau roi est astucieux, et j’ai entendu dire que son homme de main, le Premier ministre, est aussi très affûté. Ils peuvent donc trouver une méthode que nous n’aurions jamais imaginée, » dit Castor, souriant en prévision de ce qui allait arriver. Son expression était comme celle d’un garçon malicieux excité de voir si sa farce allait fonctionner ou non.
Quand il vit Castor attendre avec impatience l’arrivée du projet de ses ennemis, même s’il pourrait bientôt se retrouver dans une grave crise, Tolman pressa ses tempes. « Maître, je ne peux tout simplement pas comprendre votre attitude. »
« Ha ha ha, vous n’avez pas vraiment besoin de comprendre. À l’heure actuelle... Tolman, ne vous impliquez pas dans cette bataille, » Déclara Castor, prenant soudainement une expression sérieuse.
Tolman fut choqué, tombant dans le silence. Mais après un moment, il retrouva son sang-froid.
« ... Pourquoi cela ? » Demanda-t-il. « Je suis prêt à vous servir jusqu’à la fin, est-ce que vous vous en rendez compte ? »
« Si quelque chose m’arrive, et que vous mourez aussi, qui dirigera l’Armée de l’Air ? D’ailleurs, je suis préoccupé par Carl, que j’ai laissé partir avec la Duchesse Excel, » Déclara Castor en faisant un sourire quelque peu solitaire. « La duchesse Walter s’est rangée du côté du Roi Souma. Même si quelque chose nous arrivait, je suis sûr qu’elle laissera Carl, avec qui j’ai coupé tous mes liens, hériter de la Maison des Vargas. Mais Carl est encore jeune. Accela ne peut pas gérer toutes ces choses par elle-même. C’est exactement pourquoi je vous veux là-bas pour veiller sur Carl. Car après tout, vous connaissez très bien la Maison des Vargas. C’est pourquoi... peu importe ce qui se passe, vous devez survivre. »
« ... Vous me donnez là un ordre très cruel, » déclara Tolman, affichant un sourire plein d’amertume teinté par un peu de solitude. Cependant, il reprit rapidement une expression sérieuse. Puis, joignant ses deux pieds cote à côté, il fit un salut militaire. « J’ai parfaitement compris votre ordre. »
« ... Je compte sur vous. » (Castor)
Alors que le maître et le serviteur avaient cette interaction, Carla, la fille de Castor, se précipita dans la chambre, sans même prendre le temps de respirer.
« Père ! Les forces de Souma viennent d’apparaître ! » Cria Carla.
Quand il entendit ces mots, Castor se leva, plein de vigueur. « Hein !? Il est donc ici ! Et quel est donc l’effectif des troupes qu’il dirige ? »
Combien de soldats Souma avait-il fait venir afin de déterminer si Castor pourrait lui montrer sa fierté ? Était-ce 5000, ou 10 000 ? Castor espérait une très grosse armée, mais les mots suivants de Carla lui firent douter de ses oreilles.
« L’armée ennemie ne comporte que... un bateau ! » Répondit sa fille.
« Es-tu sérieuse ? » Demanda Castor.
Une fois arrivé sur les murailles afin de pouvoir regarder par lui-même la situation, Castor vit un cuirassé avancer dans les plaines se trouvant vers eux. La Cité du Dragon Rouge avait été construite à mi-hauteur d’une montagne se trouvant au milieu des plaines. Il n’y avait donc pas de rivières près d’ici dans laquelle un navire de guerre pourrait naviguer. Cependant, ce cuirassé avançait sur le sol, et non pas le long d’une rivière ou de tout autre plan d’eau.
« Père, il ressemble au cuirassé Albert, » déclara Carla alors qu’elle regardant dans une longue-vue.
« L’Albert ? Mais depuis quand peut-il aller sur terre ? » Demanda Castor, incrédule.
Le cuirassé Albert avait été nommé en hommage du roi précédent. Il s’agissait du seul navire de guerre détenu par l’Armée Interdite, et donc, il était aussi le navire amiral de Marine Royale. Bien que sa forme soit semblable à celle du Mikasa, le navire amiral de la Flotte Combinée à l’époque de la Bataille de Tsushima, au lieu d’être propulsé par un moteur à combustion interne, il avait été conçu pour être traîné par deux dragons des mers.
Cependant, ce n’était pas des dragons des mers qui tiraient maintenant l’Albert.
« Ha ! Père, regarde ! L’Albert est tiré par des rhinosaurus. » (Carla)
Après que Castor ait regardé à l’aide la longue vue de Carla, il constata lui-même que l’Albert était tiré par trois énormes créatures terrestres nommées rhinosaurus. Et quand il regarda en détail l’Albert, il vit que sa quille avait été modifiée. Il y avait ce qui ressemblait à des roues sur les côtés.
« Ont-ils installé des roues sur ce navire afin qu’il puisse avancer sur la terre ferme ? Après avoir subi de telle modification, il n’y a aucune chance qu’on puisse encore l’appeler navire ! Ont-ils l’intention d’envoyer le vaisseau amiral ici ? » (Castor)
« Ce n’est pas comme si nous avions beaucoup de choix, » a déclaré une voix transmise. « Nous manquons déjà de troupes. »
« !? » (Castor)
Quand il se retourna pour regarder la voix soudaine qui avait répondu à ses interrogations, il vit Tolman debout là-bas qui tenait un simple récepteur de diffusion de voix dans la main. Debout derrière Tolman, il y avait un certain nombre de subordonnés de Castor qui, pour une raison quelconque, avaient apporté un Joyau de Diffusion de la Voix et l’avaient posé contre le mur.
L’image de Souma Kazuya avait été affichée sur le récepteur simple que Tolman tenait. Il faisait trop sombre pour voir ce qui se trouvait derrière lui.
« Nous venons de recevoir une lettre du Roi Souma demandant de parler avec vous à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. Alors nous avons fait les préparatifs nécessaires, » Expliqua Tolman.
En entendant ça, Castor répondit, « ... je comprends, » tout en hochant la tête. « Et ? Pourquoi l’Albert est-il actuellement à l’intérieur des terres ? »
En réponse à la question de Castor, Souma avait simplement haussé les épaules. « Ne sous-estimez pas la capacité de transport de l’Armée Interdite. Si nous utilisons des routes pavées et des rhinosaurus, transporter un navire de guerre modifié devient vraiment très facile. »
« Ce n’est pas ce dont je vous parle. Je vous demande pourquoi vous avez eu l’envie de faire tout cela. » (Castor)
Castor ne demandait pas comment, il voulait savoir pourquoi.
Souma lui avait alors répondu sans fioritures « Bien sûr que c’est pour attaquer et capturer la Cité du Dragon Rouge. »
Puis à l’instant suivant...
Booooooom !
... il y eut un important bruit. Puis, quelques secondes plus tard, il y avait un bruit de craquement et un grand tremblement secoua le mur. Comme il avait été choqué à cause du tremblement, Castor regarda tout autour de lui.
« Quoi !? Que s’est-il passé !? » Demanda-t-il.
« Vous venez de subir un tir direct de l’Albert. Il semblerait que le tir ait touché de plein fouet votre muraille ! » Répondit le roi.
« Subis un tir !? ... Ha ! Je comprends ! Les canons, n’est-ce pas ? » Demanda Castor.
Les armes à feu ne s’étaient pas vraiment développées à un haut niveau dans ce monde ayant de la magie. Dans le royaume, seule l’Armée de Terre possédait des canons destinés à être utilisés à l’intérieur des terres. Cependant, comme tous les types de magie autres que l’eau avaient tendance à être plus faibles en mer, les combats sur l’eau étaient principalement menés par des navires qui se tiraient dessus à l’aide de l’artillerie. Bien sûr, les navires de guerre étaient équipés de gros canons. C’était également vrai pour l’Albert de l’Armée Interdite.
Souma avait amené l’Albert ici afin qu’il puisse utiliser ses canons.
« Comme il est difficile d’attaquer une forteresse de montagne telle que la Cité du Dragon Rouge, » expliqua Souma. « Et que nous n’avons pas beaucoup de temps à perdre, j’ai donc décidé de m’appuyer sur des armes susceptibles d’attaquer à longue distance. »
« Vous dites que vous avez remodelé le cuirassé pour cela ? » Demanda Castor.
À quoi pense cette personne pour la suite ? se demanda Castor. Il se sentait comme s’il était face à un magicien mettant en scène l’un de ses tours.
S’il avait eu des connaissances modernes, il aurait vraisemblablement pensé, tout ce que vous avez à faire, c’est d’utiliser un cuirassé comme un canon monté sur un train. (Ce qui avait été fait par des armes habituellement grande et difficile à transporter dans un train, permettant de les déplacer sur de longues distances.) Cependant, pour les personnes de ce monde où il n’y avait pas encore de concept d’une artillerie sur voie ferrée, l’idée de Souma était assez choquante à elle seule.
Pendant un moment, Castor resta stupéfait, mais alors, il se mit à rire à haute voix. « Hahaha. Ce n’est pas bête ! Je n’aurais jamais pensé que je verrais un jour un navire avancer sur la terre ! »
« Vous aimez ces trucs comme ça, n’est-ce pas ? » Demanda Souma. En réponse à ça, Castor hocha la tête.
« Je pense que je suis amoureux. Vous pouvez devenir un diable de roi. » Répliqua Castor.
« Il n’est pas trop tard pour vous rendre. Cela rendrait tout cela plus facile. Est-ce que vous vous en rendez compte ? » dit Souma, mais Castor secoua négativement la tête en silence.
« Malheureusement... Je ne peux pas faire ça, » déclara Castor. « Je ne peux pas faire quelque chose d’aussi pathétique que d’abandonner si tard dans le jeu. Maintenant qu’on en est arrivé à cela, alors permettez-moi d’être le mur qui se met au travers de votre chemin. Si vous avez ce qu’il faut pour être roi, alors franchissez-moi. »
En voyant Castor débordant de volonté de combattre, Souma plissa ses yeux. « ... Castor, c’est vraiment regrettable. »
Booooooom ! ... Bang !
Un autre tir de canon fut envoyé dans les murs de Cité du Dragon Rouge.
Castor se tourna vers Carla et lui ordonna, « Carla, prend la tête de la troupe de cavaliers-wyvernes et déchaîne notre puissance contre ce cuirassé. »
Au moment où elle reçut cet ordre, les yeux de Carla s’élargirent de surprise. « Je vais les diriger ? Père, que vas-tu faire ? »
« Je vais rester ici afin d’observer cette bataille. Puisque dans tous les cas, l’un d’entre nous doit rester ici. Alors maintenant, vas-y et fais cesser le tir de ces canons. » (Castor)
« ... Compris. » (Carla)
Carla se précipita vers les étables des wyvernes. Après avoir regardé Carla partir, Castor se tourna vers Souma qui était affiché sur le simple récepteur.
« Ma fille vient vers vous. Alors préparez-vous à rencontrer votre créateur. » (Castor)
« Je vous conseille de faire de même, » répliqua Souma.
Les deux hommes se regardèrent.
Ainsi commença la bataille pour la Cité du Dragon Rouge.
☆☆☆
Partie 2
La cavalerie-wyverne sous le commandement de Carla s’envola dans le ciel dans un mouvement coordonné.
Carla qui était une dragonewt pouvait donc voler par elle-même, mais elle volait habituellement sur le dos d’une wyverne afin qu’elle puisse se concentrer entièrement sur la bataille. Ils utilisèrent de la magie du vent afin de gagner rapidement en altitude, et ainsi, les canons ne purent pas les frapper. Puis, après avoir fini de se mettre en formation, ils se placèrent de manière à pouvoir effectuer une attaque en piquée. Après qu’ils eurent terminé leurs préparatifs, au moment où Carla était sur le point de donner l’ordre d’attaquer, l’un des cavaliers-wyvernes s’approcha d’elle.
« Ma Dame, veuillez attendre un peu. » (chevalier-wyverne)
« Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle.
« Quelque chose est étrange dans cette situation. Nous sommes montés en haute altitude, mais je ne vois aucun signe de renforts se trouvant derrière eux. On dirait que l’Albert est vraiment l’intégralité des forces ennemies, » répondit-il.
Alors qu’elle répondait au chevalier-wyverne, qui avait un regard empli de doute, Carla inclina la tête sur le côté à cause de sa perplexité. « N’avons-nous pas déjà reçu des rapports à ce sujet ? »
« Oui, » répondit-il. « Cependant, je pense qu’ils peuvent se cacher quelque part, ou ils peuvent avoir des troupes dans un endroit séparé. Ma Dame, pensez-vous qu’il est possible de prendre un château avec une seule unité d’armes de siège ? »
Carla examina la question. « ... Non, ce n’est pas possible. Même s’ils peuvent attaquer le château, ils n’ont pas le pouvoir de l’occuper et de maintenir cette occupation. S’ils veulent tenir le château, ils auront besoin d’une unité d’infanterie en plus de l’unité d’armes de siège. »
« Oui, c’est vrai, » acquiesça-t-il. « Cependant, je ne vois aucun signe de l’ennemi à part le bateau. »
« Donc en gros. Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda-t-elle.
« Je ne sais pas du tout. Cependant, pensez-vous que l’ennemi pourrait encore avoir quelque chose dans la manche ? » (chevalier-wyverne)
Carla réfléchit profondément pendant un moment avant de secouer la tête. « Même s’ils le font, cela ne change rien. À l’heure actuelle, le Château du Dragon Rouge est sous le feu de leurs canons. Afin d’assurer la sécurité de mon père, nous devons détruire ce cuirassé. »
« Et bien... Oui, je suppose que c’est vrai... » Le chevalier-wyverne pouvait aussi voir ça, alors il recula doucement avant de se replacer dans les rangs.
Carla leva sa main droite. « La cible de notre attaque est le cuirassé Albert ! Le Roi Souma est une cible que nous devons capturer ! Que ce Roi puisse voir la bravoure de la Maison des Vargas ! »
« « Ouiiiiiiiiiii !!! » » En entendant les ordres de Carla, les hommes virils de l’Armée de l’Air crièrent alors qu’ils l’acclamaient.
Par rapport aux autres troupes, les membres de l’Armée de l’Air avaient tendance à valoriser la force pour son propre bien. Dans la Force Aérienne, la force était tout. La force était absolue. Ils étaient plus du genre à laisser la réflexion et les calculs aux autres forces armées.
Ceux de l’Armée de l’Air n’avaient besoin que d’être forts et d’être prêts en tout temps à déchiqueter les ennemis se trouvant devant eux. C’était pourquoi les soldats de l’Armée de l’Air avaient un tel respect envers Castor et Carla, qui possédaient tous deux une puissance écrasante.
« Chevaliers-wyvernes, voici vos ordres ! Descendez, chargez, puis piétinez l’ennemi ! » cria-t-elle.
Quand Carla, qu’ils respectaient profondément, avait baissé d’un coup sa main, les soldats de l’Armée de l’Air avaient dès lors commencé leur descente rapide en direction de l’Albert.
La stratégie ultime qu’utilisaient les cavaleries-wyvernes dans une zone dégagée était de descendre rapidement tout en libérant le souffle de feu de la wyverne afin de brûler le sol, puis de se retourner et remonter une fois de plus dans la sécurité des cieux. Au moment où les soldats au sol avaient enfin préparé leurs arcs afin d’y faire face, les wyvernes auraient depuis longtemps déjà disparu. Avec l’équipement utilisé pour lutter contre les adversaires terrestres, il y avait peu de choses qui pouvaient être faites pour contrer cette attaque de haute puissance et de haute mobilité.
Pas même le canon principal d’Albert serait capable de les suivre à la vitesse où ils allaient, et son blindage ne durerait pas longtemps face à une attaque effectuée par une unité de wyvernes.
Ce n’était qu’une question de temps avant que l’Albert ne tombe, cependant...
Drrr, Drrr, Drrr, Drrr, Drrr...
À l’instant suivants, d’innombrables objets volèrent vers les chevaliers descendants en direction de l’Albert.
Au moment où ils se rendirent compte qu’il s’agissait de flèches aussi épaisses que des pieux, la cavalerie-wyverne était déjà sous un déluge de flèches mortelles.
« Quoi !? Des flèches !? » (chevalier-wyverne)
« Gwah...! » (chevalier-wyverne B)
« Il-Ils ont eu mes ailes ! Je tombe ! » (chevalier-wyverne C)
« Esquivez ! Esquivvvvezzzzz ! » (chevalier-wyverne D)
Devant ce barrage de flèches qui semblaient pleuvoir depuis le sol, la cavalerie-wyverne fut contrainte de reculer et de remonter. Un certain nombre de cavaliers-wyvernes furent abattus lors de cette unique salve.
L’attaque venait d’en bas, de sorte que la plupart des dommages avaient été infligés aux wyvernes plutôt qu’aux chevaliers. Même parmi les wyvernes qui avaient réussi à se retirer en toute sécurité, beaucoup avaient été touchées par des carreaux qui les avaient frappées quelque part, leur infligeant ainsi d’énormes douleurs.
En regardant cette débâcle, Carla frappa sa cuisse de colère. « D’où viennent tous ces carreaux ? Et comment cela se fait-il qu’il y en ait autant !? »
« S’ils peuvent atteindre une unité de wyvernes se trouvant encore à plusieurs centaines de mètres dans les airs, alors cela veut dire que ces flèches n’ont pas été tirées par un humain, » répondit l’un des chevaliers. « Si nous considérons aussi leur nombre. Alors il est très probable, il s’agissait de plusieurs lanceurs de carreaux à répétition antiaériens enchantés par de la magie de vent. » (chevalier-wyverne)
En entendant l’analyse faite par ce chevalier-wyverne, le front de Carla se fronça dû à la préoccupation. « Un lanceur de carreaux à répétition antiaérien !? Pourquoi l’un d’entre eux est-il installé sur un bateau ? »
« Très probablement... qu’ils les ont déplacés depuis la muraille d’un château jusqu’à ce bateau. » Répondit-il.
Le lanceur de carreaux à répétition antiaérien avait été enchanté par la magie du vent afin d’augmenter considérablement sa portée et de lui permettre de tirer des dizaines de carreaux par seconde. Il s’agissait d’une arme spécialement créée afin de lutter contre les wyvernes. Normalement, ils étaient uniquement montés sur les murs d’un château, et il était inouï pour tous ceux présents là qu’ils fussent maintenant installés sur un navire.
La principale raison de leur stupéfaction était que l’une des différences majeures entre les dragons et les wyvernes était que, les dragons ne craignaient pas la mer, alors que les wyvernes en avaient une peur bleue. Quand les wyvernes étaient assez loin sur la mer et qu’elles ne pouvaient plus voir la terre ferme, elles tombaient en pleine panique et se débattaient au point qu’elles en devenaient complètement incontrôlables. En d’autres termes, les wyvernes n’avaient presque jamais combattu des cuirassés, donc les navires n’avaient pas besoin de transporter un équipement anti-wyverne.
Pour cette raison, Carla et sa cavalerie-wyverne avaient oublié leur ennemi naturel, le lanceur de carreaux antiaériens, jusqu’à cet instant fatidique.
Une fois de plus, Carla frappa sa cuisse de colère. « Merde ! Il nous a surpassés en profitant de nos attentes... »
Par rapport au début de cette bataille, après qu’elle ait réfléchi à la situation, sa compréhension de la façon dont les choses devaient fonctionner était déjà en train de tomber en morceaux. Il y avait devant elle un navire qui avançait sur la terre, chargé d’armes qu’il ne devrait pas avoir. Et parce qu’ils avaient essayé de recourir à leur bon sens, l’ennemi avait pu se jouer d’eux.
Je ne sais pas si c’est un plan fait par ce Roi, ou si c’est le Premier ministre qui l’avait inventé, mais celui-ci est absolument méchant, Carla le croyait vraiment.
En fait, ce plan avait été un travail collaboratif de Souma et Hakuya. Souma avait proposé des idées à Hakuya sur la base d’armes et de tactiques de son monde, alors que Hakuya les avait formulées en un plan qui pourrait ainsi surprendre l’ennemi. Si quelqu’un devait être un méchant, alors c’était ces deux-là.
Cependant, à l’heure actuelle, cela importait peu pour Carla de savoir qui avait réellement fait ça.
Le chevalier-wyverne lui déclara. « S’ils ont des lanceurs de carreaux à répétition antiaériens à bord, alors ce cuirassé est un petit château à part entière. Il est extrêmement dangereux. »
En entendant l’un des chevaliers-wyverne qui analysait la situation, Carla fit claquer sa langue. « Merde... ! Qu’est-ce qu’on fait ? »
« Et bien... il est peut-être actuellement tel un château, mais il a toujours la forme d’un cuirassé, alors je soupçonne qu’il peut encore avoir les mêmes angles morts dans sa vision qu’un vrai cuirassé. » (chevalier-wyverne)
« Quels sont les angles morts d’un cuirassé ? » Demanda Carla.
« La zone entre la surface de l’eau et le pont. Un cuirassé n’a aucun moyen d’attaquer des ennemis plus bas que son pont. Pour l’Albert, la zone du sol jusqu’à son pont devrait être un angle mort. Bref, si nous voulons attaquer ce navire ainsi... » (chevalier-wyverne)
« Nous devons simplement voler très bas pendant toute l’approche ! » déclara Carla, ravie d’avoir trouvé une bonne stratégie.
Habituellement, un vol à basse altitude avec une wyverne était dangereux. Ceci pourrait entraîner à tout moment un écrasement. Cependant, ils appartenaient tous à une unité très expérimentée de l’Armée de l’Air.
« Vous avez entendu cela ! » Appela Carla. « À tous les chevaliers, volez à basse altitude et approchez-vous de l’Albert. Déplacez-vous rapidement et neutralisez toutes les armes, en incluant le canon principal ainsi que les lanceurs à répétitions. »
« Compris, mais uniquement ces armes ? Ne serait-ce pas plus rapide de détruire le pont ? » Demanda l’un des chevaliers, mais Carla hocha négativement la tête tout en gardant le silence.
« Nous pensons que Souma est sur ce cuirassé. Si Souma est là, Liscia a de fortes chances d’être aussi présente. Si nous attaquons le pont et que Liscia est blessée, cela sera inacceptable. Par conséquent, nous devons juste neutraliser leurs armes. Et prenez Souma en vie. » Répondit Carla.
Même si elle avait donné cet ordre à ses subordonnés, Carla, elle-même, l’avait ressenti différemment. D’ailleurs, si nous tuons Souma, je suis sûr que Liscia sera triste.
Carla avait regardé depuis derrière Castor alors que Souma avait annoncé son ultimatum. Et bien sûr, elle avait tout vu, y compris Liscia coupant ses cheveux.
Peut-être que Castor avait été ému par la détermination de Liscia. Mais Carla, en tant qu’amie, et en tant que femme, avait été bien plus émue que quiconque. Liscia avait été tellement déterminée à vivre au côté de Souma qu’elle avait pu couper ses beaux cheveux sans avoir présenté la moindre hésitation.
Au début, leur engagement avait été forcé par ses parents. C’est pourquoi Carla avait été tellement en colère, et elle avait choisi de rester avec son père lorsqu’il s’était opposé au roi, disant qu’elle allait sauver Liscia. Cependant, après que Liscia ait montré ce niveau de détermination, Carla n’avait d’autre choix que d’accepter la vérité. Liscia aimait déjà Souma du plus profond de son cœur.
Si j’avais vraiment réalisé que Liscia était ainsi, j’aurais essayé de persuader mon Père, Pensa Carla. Alors, plutôt que de m’opposer à eux, je suis sûr que j’aurais dû les servir. Eh bien ! Maintenant, il est un peu tard pour les regrets...
Et maintenant, comment était-elle censée faire face à Liscia ?
Carla secoua la tête, comme pour se libérer de ses pensées, puis s’inclina devant les chevaliers qui la suivaient. « Je sais que je vais vous infliger à tous des problèmes inutiles, mais je compte sur vous... »
Après que Carla se fut légèrement inclinée, les hommes frappèrent tous une fois leur poitrine. « Madame ! Laissez-nous nous occuper de ça ! Nous jurons que nous allons capturer Souma pour vous ! »
En entendant la réponse rassurante de ses hommes, Carla hocha la tête et leva la main droite, puis... « Chargez ! »
Elle baissa la main, donnant une fois de plus l’ordre de charger.
Toute la cavalerie-wyverne se laissa tomber d’un coup, la tête la première, comme des marionnettes dont on avait coupé les cordes. Puis, ils se rétablirent quelques instants avant d’entrer en collision avec le sol. Après ça, ils volèrent en rase-mottes, comme s’ils se promenaient le long de la surface. C’était une manière de voler très dangereuse, mais comme s’il s’agissait d’un témoignage de l’entraînement rigoureux qu’ils avaient subi quotidiennement, aucun des chevaliers n’entra en collision avec le sol tout en accomplissant cet exploit.
Avec Carla qui se trouvait à leur tête, la cavalerie-wyverne continua à voler à une altitude minimale, se dirigeant vers l’Albert. Comme ils l’avaient prévu, il n’y avait eu aucun tir du canon ni de pluie de carreaux. Carla confirma visuellement la présence de lanceurs anti-air montés sur les côtés de l’Albert.
« On les a trouvés ! À tous les chevaliers, procédez comme prévu afin d’attaquer l’armement ennemi ! Nous ne savons pas où est Souma, alors ne frappez surtout pas une zone du navire qui n’est pas absolument nécessaire ! »
« « Oui, madame ! » »
« Alors c’est parti... ! Feu ! » (Carla)
Après que Carla ait donné l’ordre, des boules de feu semblèrent sortir de la bouche des wyvernes. Les boules de feu touchèrent les armes se trouvant à bord de l’Albert les unes après les autres. Les deux batteries principales à l’avant et à l’arrière de l’Albert explosèrent et les lanceurs furent tous brûlés. La différence dans ce qui explosait ou non était décidée par la présence ou non de poudre dans le fonctionnement de l’arme.
Dans une situation où toutes les armes furent détruites en un instant, l’unité de chevaliers-wyvernes s’envola vers les hauteurs de l’Albert, comme si elle suivait la fumée.
Confiant de sa victoire, Carla fit voler sa wyverne dans un cercle gracieux. « Super ! Maintenant, il est temps pour l’abordage de l’Albert ! Capturez Souma vivant ! »
« « Oui, Madame ! » »
Mais elle n’avait rien dit en retour.
Parmi tous les chevaliers-wyvernes, Carla fut la seule à afficher une expression de doute.
... C’est étrange. L’Albert possède des canons secondaires, mais les seuls à avoir tiré sur nous étaient les deux batteries principales et les lanceurs à carreaux anti-air. S’ils voulaient créer un rideau défensif de tirs, plus il y avait d’armes à feu qui tirent, et mieux cela vaut. Peut-être que le cuirassé... n’a pas l’équipage requis pour faire ça ?
Alors que Carla était de plus en plus méfiante, la cavalerie-wyverne arriva déjà à l’abordage du pont de l’Albert. Mais malgré ses doutes, Carla les suivait.
Et quand Carla eut atteint la passerelle de commandement d’Albert, il n’y avait personne en vue. La passerelle était totalement vide.
Il était logique que maintenant, à ce moment particulier, elle ne pouvait voir personne, mais il n’y avait aucun signe de personne ayant été ici récemment. Alors que Carla était là, stupéfaite, un chevalier-wyverne courut pour lui faire son rapport.
« Rapport en cours ! Nous cherchons actuellement à l’intérieur de l’Albert, mais nous n’avons pas encore trouvé le moindre soldat, et encore moins Souma ! »
« Mais c’est absurde ! Si c’est le cas, qui avons-nous affronté jusqu’à maintenant ? » Demanda-t-elle.
Elle avait l’impression qu’un voile avait été placé devant ses yeux. Le navire était totalement vide. Aucun canonnier n’avait été trouvé. Cela ressemblait vraiment à l’un de ces navires fantômes dont elle avait déjà entendu les histoires. Le roi Souma avait-il des pouvoirs secrets et bizarres à sa disposition ?
Alors qu’un froid glacial commençait à s’infiltrer dans les colonnes vertébrales des chevaliers-wyvernes, un nouveau rapport arriva.
« Je viens de recevoir un nouveau rapport ! Nous avons récupéré des morceaux de ce qui semble être des armures proches des batteries principales détruites et des lanceurs à carreaux ! » annonça le chevalier-wyverne venu faire son rapport.
« Des armures ? Et y avait-il des corps à l’intérieur ? » Demanda Carla.
« À ce propos... à l’intérieur de l’un des gants trouvés, nous avons pu voir qu’il y avait la main de ce qui semblerait être un mannequin. » (chevalier-wyverne)
« Un mannequin ? » (Carla)
Des mannequins avaient donc été trouvés à la place des artilleurs.
Elle repensa à la prémonition qu’elle avait eue juste avant. Comme quoi, peut-être, le navire n’avait pas assez d’effectifs. Et en considérant tous les faits, Carla arriva à une conclusion.
« À tous les chevaliers, retournez immédiatement au château ! » Hurla Carla.
« Mais nous n’avons pas encore trouvé Souma ! » répliqua l’un des chevaliers-wyvernes, perplexe, devant une Carla qui était désormais devenue frénétique.
Alors, Carla expliqua au chevalier-wyverne avec son visage rempli de regret, « Inutile... Souma n’a probablement jamais été sur ce navire. Je ne sais pas quelle magie il a utilisée, mais il contrôlait à distance les mannequins dont nous avons trouvé les restes afin qu’ils nous attaquent. L’Albert sans équipage était un appât, et nous avons mordu à l’hameçon. Il nous a bien piégés. »
« C’était un simple appât... !? Mais alors, quelle est la véritable cible !? » Demanda-t-il.
En voyant que l’idée commençait à germer dans l’esprit des chevaliers-wyvernes présents, Carla hocha la tête avec gravité. « Très probablement qu’il s’agit de mon père se trouvant encore dans le Château du Dragon Rouge. »
☆☆☆
Partie 3
— Une heure plus tôt. Vu par Souma Kazuya.
L’opposition de Castor n’était pas quelque chose que nous avions prévu.
Georg avait fait des mouvements inquiétants, et Castor avait laissé sa femme et son enfant avec Excel après qu’elle ait essayé de le persuader. Cependant, même s’il avait affiché une attitude rebelle jusqu’au dernier moment, je pensais que Castor serait avec nous à la toute fin.
Cependant, il s’agissait d’un espoir bien naïf. Nous avions sous-estimé le sens de la chevalerie de Castor.
Je n’aurais jamais pensé que Castor irait se placer en face de l’ennemi, prêt à devenir lui-même un martyr et tout cela uniquement pour son amitié avec Georg. La seule chose qui avait été un petit répit pour nous avait été que due à ses préoccupations concernant ses subordonnées. Castor n’avait pris avec lui que les cent hommes composant sa garde personnelle. Pourtant, lorsque les espions d’Excel nous avaient rapporté cette information, Hakuya et moi avions tenu nos têtes entre nos mains.
C’était parce que cela signifiait que nous devions changer une partie de notre plan soigneusement préparé.
Quand il avait été confirmé que Castor s’opposerait à nous, le plus gros problème était que je n’avais aucune force à envoyer à la Cité du Dragon Rouge.
Sur mes 15 000 soldats que je pouvais utiliser, les 10 000 de la Garde Royale et de l’Armée Interdite devaient se rendre au Duché de Carmine, tandis que les 5 000 restants avaient été expédiés au sud du royaume où les armées de la Principauté d’Amidonia étaient présentes. Alors que j’avais réussi à obtenir la coopération d’Excel, j’avais d’autres ordres pour la Marine.
Donc, le problème était que je n’avais presque plus de troupes à disposition.
Même si Castor n’avait que cent hommes dans ses troupes personnelles, ils étaient tous des chevaliers-wyvernes, qui équivalaient à cinq cents soldats de l’Armée de Terre. Et si j’envoyais une force insuffisante, elle ne serait pas en mesure de prendre le contrôle de la Cité du Dragon Rouge.
Avec ce manque de main-d’œuvre à disposition, Hakuya et moi-même avions choisi de confondre notre adversaire avec de multiples astuces, puis d’essayer de prendre la Cité du Dragon Rouge en une attaque éclair.
D’abord, nous avons remodelé l’unique cuirassé de l’Armée Interdite, l’Albert, pour pouvoir opérer sur terre.
Afin de faire pression sur la Cité du Dragon Rouge, qui était à mi-hauteur d’une petite montagne, nous avions absolument besoin d’avoir à disposition des armes à longue portée. C’était pourquoi il m’était apparu indispensable d’utiliser les canons de l’Albert. L’idée était venue du canon ferroviaire que j’avais vu dans un manga traitant de la guerre.
En mettant des roues sur le navire et en le tirant avec des rhinosaurus que Tomoe avait réussi à rassembler pour nous, nous pouvions faire tout ce qu’il fallait pour qu’il puisse avancer sur la terre ferme.
... Cependant, après avoir subi un si important remodelage comme celui-là, nous ne serions probablement jamais en mesure de le faire redevenir un navire.
Cela signifiait que j’avais perdu le seul cuirassé de l’Armée Interdite, mais des décisions difficiles devaient être faites.
En utilisant l’Albert comme plate-forme d’artillerie mobile, la première chose que j’ai faite était de bombarder la Cité du Dragon Rouge. Cela avait dû surprendre l’ennemi. Je veux dire, il y avait un navire qui avançait sur la terre ferme et qui, pour couronner le tout, leur tirait dessus.
Alors qu’il faisait ça, j’avais utilisé le Joyau de Diffusion de la Voix afin de contacter Castor. J’avais fait cela afin qu’il pense que je me trouvais sur l’Albert.
Les plans qui utilisaient comme arme la psychologie humaine comme celui-ci était la spécialité de Hakuya.
Castor était absolument certain qu’il fallait envoyer ses troupes afin d’attaquer l’Albert. La cavalerie-wyverne était une sorte de troupe qui avait à la fois la puissance et la mobilité. Même si les canons pouvaient détruire les murs du château, cela important peu si les canons ne pouvaient pas toucher une wyverne. Puisque tout ce que nous avions fait était de mettre l’Albert sur terre, il serait probablement détruit par la cavalerie-wyverne en quelques instants.
Afin d’éviter cela, nous l’avons équipé du tueur de wyvernes, le lanceur à carreaux antiaérien. S’il y avait des lanceurs de carreaux à répétition antiaériens à bord, la cavalerie-wyverne ne pouvait pas l’aborder facilement. Mais dans tous les cas, cela nous ferait gagner du temps.
En passant, les canons de l’Albert et les lanceurs de carreaux à répétition antiaériens étaient contrôlés par des poupées que j’avais contrôlées avec mes Poltergeists Vivants. En d’autres termes, l’Albert n’était pas habité.
Puis, une fois que Castor et sa cavalerie-wyverne seraient allés attaquer l’Albert, je pensais que nous prendrions la Cité du Dragon Rouge alors qu’elle était que légèrement défendue.
Parce qu’Excel s’était jointe à nous, nous savions qu’il y avait une série de tunnels d’évacuation sous la Cité du Dragon Rouge, tout comme ceux de la capitale. En utilisant ces tunnels, si nous envoyions une unité d’élite dirigée par Aisha, peu importe la résistance des défenses du château, elles pourraient facilement l’occuper.
Et une fois que la Cité du Dragon Rouge aurait été sous notre contrôle, les lanceurs de carreaux à répétition antiaérienne de la ville seraient utilisés pour attaquer Castor et ses troupes à leur retour. En plus, une fois que son château lui-même serait tombé, Castor devrait enfin admettre sa défaite... Du moins, c’est ce que je pensais.
Cependant, quelque chose que nous n’avions pas prévu était arrivé.
Castor était resté à la Cité du Dragon Rouge.
Lorsque nous étions arrivés aux murailles du château pour prendre le contrôle des lanceurs de carreaux à répétition antiaériens de la Cité du Dragon Rouge, nous avions dû foncer directement sur Castor. Debout derrière lui se trouvait un homme d’âge moyen qui ressemblait à l’intendant familial.
Lorsque nos yeux se rencontrèrent...
« ... Castor Vargas ! » (Souma)
« ... Hein !? Souma Kazuya. » (Castor)
Et ainsi, Castor et moi-même avions prononcé le nom de l’autre. C’était notre première rencontre en face à face.
Le voyant en personne, je constatais que Castor était à la fois grand et avait l’air plus jeune que ce à quoi il ressemblait quand je l’avais vu sur l’écran. Alors qu’il avait des cheveux roux, des ailes de dragon et une queue, il avait aussi de beaux traits qui l’avaient fait ressembler plus à un jeune homme qu’à un général.
Je n’avais pas le luxe de perdre du temps, mais j’avais choisi de présenter comme preuve de respect. « Je suis celui qui sert de roi provisoire du Royaume d’Elfrieden, Souma Kazuya. »
« Je suis le Général des Forces Aériennes du Royaume d’Elfrieden, Castor Vargas. » Après que je me fus présenté, Castor avait répondu de la même manière. Puis, Castor leva la tête vers le côté et demanda. « Si vous êtes ici, cela signifie-t-il que le cuirassé était juste de la poudre aux yeux, et qu’il a servi de diversion ? »
« Tout à fait. Le plan est de prendre le contrôle de la Cité du Dragon Rouge alors qu’elle n’était que légèrement gardée, mais, et bien... » (Souma)
« Hahaha. Dommage pour vous, mais je suis resté ici. » Répondit Castor tout en riant.
Quand je vis Castor agir comme ça, je suspectai quelque chose. « Bien sûr, vous êtes resté en arrière, mais vous n’êtes que vous deux, n’est-ce pas ? Je ne pense pas que dans une telle situation, vous devriez vous moquer de nous. »
« Ho là ! Je suis le seul qui me battra ! » dit-il. « Laissez Tolman en dehors de tout ça. »
« Je suis Tolman, l’intendant pour la Maison des Vargas, » l’homme d’âge moyen se trouvant derrière Castor se tourna vers moi et s’inclina. « Je sers aussi sous les ordres du Duc Vargas en tant que commandant en second des Forces Aériennes. »
« Tolman n’a rien à voir avec tout cela, » continua Castor. « Si je perds, vous pourrez le laisser diriger l’Armée de l’Air. Il devrait faire un bon général de l’Armée de l’Air. »
Alors qu’il déclarait ça, Castor frappa vigoureusement Tolman dans le dos.
Avait-il déjà examiné ce qui se passerait après sa défaite, et faisait-il des recommandations vis-à-vis de son successeur ?
« Si vous vous êtes déjà rendu compte de la situation, pourquoi ne pas simplement arrêter tout ça ? » Demandai-je. « Vous devez déjà l’avoir réalisé maintenant, n’est-ce pas ? Cette bataille est inutile. »
« Ce n’est pas inutile. Vous devez devenir l’homme qui m’a surpassé, » déclara Castor avant de sourire. « Vaincre le “Général des Forces Aériennes, Castor Vargas” vous fera gagner beaucoup de prestige. La duchesse Excel vous suit déjà. Maintenant, essayez de vaincre le Duc Carmine. Si vous faites tout cela, je suis sûr que tous les nobles qui sont des girouettes vont s’empresser de tout lâcher pour venir vous servir. »
« Vous... » (Souma)
« Cela dit, je n’ai pas l’intention de vous faciliter la tâche. » Déclara Castor.
Après qu’il ait fini de dire ça, Castor dégaina son épée qui se trouvait à sa hanche.
« Sire, veuillez rester en arrière ! » (Aisha)
Aisha et les autres personnes de l’équipe d’infiltration avaient rapidement avancé, se mettant ainsi entre Castor et moi. Un certain nombre de mes Petits Musashibos (Grand Modèle) avaient été mélangés avec eux, ce qui faisait de tout ça une scène assez surréaliste.
Castor pointa son épée vers moi. « N’êtes-vous pas un héros ? Voulez-vous m’affronter lors d’un combat un contre un ? »
« Ne soyons pas fous ! Un homme ordinaire qui passe tout son temps à faire que des tâches administratives ne seraient même pas un adversaire pour vous. » Répondis-je.
S’il voulait me défier dans un duel, alors j’aurais juste envie de hausser les épaules.
J’étais venu ici avec l’équipe d’infiltration, mais je n’avais pas vaincu un seul des gardes. Et bien, je n’avais même pas encore utilisé mes marionnettes présentes ici, car j’étais en train de me battre en ce moment sur un autre champ de bataille.
En utilisant ma conscience divisée à son maximum, mes poupées blindées s’occupaient des canons principaux d’Albert et les lanceurs de carreaux à répétition antiaériens que nous avions installés secrètement à bord. Je les utilisais afin de lutter contre la cavalerie-wyverne que nous avions attirée dans un piège.
Toutefois... la cavalerie-wyverne était mieux entraînée que je ne l’avais imaginée.
Il semblerait que je les avais surpris, mais même l’arme appelée la tueuse de wyvernes, le lanceur antiaérien à répétition, ne pourrait pas les bloquer bien longtemps.
Pendant que j’étais en train de penser à cela, Aisha effectua un tour avec sa grande épée avant de frapper Castor. « Castor ! Combien de temps avez-vous l’intention de pointer votre lame dans la direction de Sa Majesté ? »
« Guh ! Pour une petite enfant, vous possédez une force incroyablement ridicule tellement elle est importante ! » Cria Castor.
Il avait beau avoir dit ça, mais étant donné qu’il avait arrêté la grande épée d’Aisha avec sa propre lame, j’avais alors pensé qu’il avait lui aussi une force incroyablement ridicule.
Aisha semblait indignée d’être appelée une petite enfant. « Je préfère ne pas dire cela devant Sa Majesté, mais je vais vous faire savoir que je suis vivante depuis des décennies ! »
« Hmph ! Eh bien ! Quant à moi, je me suis battu pour ce pays depuis plus d’un siècle ! » Déclara-t-il.
« Mrrrrgh... » (Aisha)
Allons, sur quoi faisaient-ils opposition ? Était-ce que c’était une fierté parce qu’ils étaient tous deux issus de race ayant une longue durée de vie ? C’était ce que je me demandais, quand...
« Si vous sous-estimez un dragonewt, né par le sang du dragon, vous allez avoir plus que quelques blessures ! » Cria Castor, écartant ses ailes afin de l’intimider.
La rafale du vent qui fut créé était assez puissante pour faire s’écraser contre le mur un certain nombre de soldats proches de moi. Aisha réussissait à résister en mettant ses mains sur le sol.
... Donc, c’était ça la puissance d’un dragonewt. Il semblerait qu’il ait obtenu plus qu’une simple apparence grâce à son appartenance à une race descendant directement des dragons.
Puis, à l’instant suivant, Castor s’éleva du sol, restant dans les airs alors qu’il s’avançait. Il ne se souciait pas des autres, chargeant vers moi afin de m’empaler sur son épée.
« Sire ! » (Aisha)
Aisha se tenait entre nous afin de me protéger. Elle utilisa sa grande épée pour bloquer la charge de Castor. Le clang de métal contre métal fit écho lorsque ses lames se heurtèrent.
« Hahaha ! Pas mauvaise, vraiment pas mauvaise petite elfe sombre ! » (Castor)
« Mon nom est Aisha ! Je ne vous laisserais pas poser un seul doigt sur Sa Majesté ! » Aisha avait balancé sa grande épée de toutes ses forces, frappant Castor.
Castor avait fait un atterrissage gracieux avant de lâcher une réplique verbale par la même occasion « Soyez maudite avec votre force si ridicule ! »
« Et bien ! Je ne suis pas très intelligente. Mais s’il a besoin d’avoir une personne intelligente, alors il y a la princesse, ou Sire Hakuya, ou madame Juna, ou encore la duchesse Walter. Si ma force peut encore être utile au règne de Sa Majesté, et si cela me permet de rester à ses côtés, alors cela ne me dérange nullement d’avoir cette force si ridicule. » Aisha avait ajusté sa prise sur son épée tout en disant ça.
Elle avait lentement réduit l’écart entre elle-même et Castor.
Castor s’était mis à rire, plein de joie. « Une belle exposition de fidélité ! Souma est-il un bon maître pour vous ? »
« Je ne sais pas ! » déclara-t-elle.
« Ho ! franchement... » murmurai-je.
Elle n’aurait pas dû être si indécise. Cela me vexait quelque peu.
« Je suis une idiote, et donc, je ne sais pas à quoi ressemble un bon maître, » continua Aisha. « Cependant, je souhaite être du côté de Sa Majesté ! Parce qu’il a entendu mon plaidoyer. Parce que la nourriture de son pays est délicieuse. Parce qu’il a sauvé mon village. J’ai plusieurs raisons, mais la plus importante est certainement parce que je l’aime de tout mon cœur ! Je veux être pour toujours avec Sa Majesté et la princesse ! »
Il s’agissait là d’une réponse franche, sans aucun calcul du tout, qui ressemblait vraiment à Aisha. C’était quelque peu embarrassant.
Je savais que ce n’était pas ce genre de scène où être ainsi, mais comment ne pourrais-je pas être heureux quand une belle elfe sombre avait tant de bonnes choses à dire à propos de moi ? Je pouvais à peine me retenir d’avoir un sourire.
Castor se mit à rire encore plus fortement. « Hahaha ! Je savais que vous étiez comme ma Carla ! Mais... ! » L’expression de Castor était redevenue sérieuse et il s’était mis en position de combat avec son épée. « Si vous n’avez pas le pouvoir de protéger cette fidélité, vous ne pourrez pas protéger votre maître ou vous-même. »
Après avoir dit ces mots, Castor était sur le point d’attaquer Aisha à nouveau, quand...
« Je ne vous laisserai pas faire ça. » (?)
« !? » (Castor)
L’un des Petits Musashibos qui étaient derrière Castor était venu vers lui et avait frappé à l’aide de son naginata. Castor se retourna brusquement pour bloquer, mais à l’instant où il allait effectuer une contre-attaque, le Petit Musashibo se mit à tourner sur lui-même. Au moment où il fit ça, il s’ouvrit tel un cocon et quelqu’un sauta hors de la poupée.
La personne qui sortait du Petit Musashibo n’était autre que Liscia, la rapière prête à frapper.
« Quoi !? Princesse Liscia !? » Cria Castor.
Face à l’attaque-surprise de Liscia, Castor retira son épée malgré lui. Liscia était membre de la famille à laquelle il avait juré fidélité. Habituellement, elle ne serait pas quelqu’un sur laquelle il pouvait se permettre de pointer son épée.
Avait-il été conscient qu’il s’agissait de Liscia qui lui avait fait face dès le début dans la poupée ? Car avec la prouesse martiale de Castor, il ne faisait sans aucun doute qu’il pourrait la neutraliser sans devoir la blessée sérieusement.
Pour éviter cela, et en anticipant que cela pourrait arriver, Liscia avait été cachée dans une poupée Petit Musashibo, en attendant une opportunité.
Cette hésitation serait directement la défaite de Castor.
« Gèle ! Montagne de l’Épée de Glace ! » cria-t-elle.
« Arggg! » (Castor)
Sans avoir manqué son ouverture, Liscia avait déchaîné une attaque de glace à courte portée. Castor l’avait évidemment évitée, mais la magie avait frappé le mur et le sol de pierre, créant des piques de glace. Et en raison de ses grandes ailes, Castor avait été bloqué par ces piques de glaces et il n’avait pas pu se déplacer.
« Merde ! » (Castor)
« Aisha ! » appela la princesse.
« Princesse, je suis là ! » Répondit Aisha.
Alors que Castor était rendu immobile, Aisha frappait avec le plat de sa grande épée avec toute sa force. Castor avait été frappé en plein vol avec la glace. Il y avait eu le bruit de la glace qui éclatait contre le mur et ensuite, un instant plus tard, le son de Castor qui allait s’écraser contre elle.
Juste devant mes yeux se trouvait une scène d’une personne jetée dans un mur, créant ainsi des fissures dedans. C’était quelque chose que je n’avais jamais vu avant, sauf dans les animes de combats. Après l’avoir vu être ainsi frappé, j’étais sûr qu’il avait été instantanément tué, mais Castor était simplement blessé et toujours conscient. Je suppose que c’était ce qui avait rendu les dragonewts si impressionnants.
Il s’affaissait alors que son dos était collé contre le mur, tout en gémissant. « Arg... Si c’est ainsi... Princesse, j’admets ma défaite. »
« Duc Castor... » (Liscia)
En voyant le regard triste sur le visage de Liscia, Castor sourit légèrement. « Ne faites pas cette tête. Je suis resté fidèle à ma fierté, j’ai combattu et j’ai été vaincu. Je n’ai donc pas de regrets. Mais, mis à part ça... Je voudrais vous demander la même chose que j’ai demandé à la fille Elfes Sombre. »
« ... Qu’est-ce que cela pourrait être ? » Demanda Liscia.
« Est-ce que Souma... est un bon roi ? » Interrogea-t-il.
« Tout à fait. Pour moi, il est un bon roi, » Liscia avait donné une réponse claire à la question de Castor. « Le fait qu’il soit bon pour le pays et la population, c’est quelque chose à déterminer une fois qu’un roi est mort. Il existe un nombre incalculable de rois qui ont gouverné pendant toutes leurs vies d’une bonne manière, mais lors des dernières années de leur vie, ils sont devenus des tyrans. Donc, je ne peux que vous donner ma propre opinion. »
« ... » (Castor)
« Beaucoup de mesures politiques de Souma peuvent être à contresens, ou tout à fait étranges, mais je me sens à l’aise en le regardant agir. Et ceci parce que je peux penser que ce pays s’améliore lentement, mais régulièrement. Alors... traitez-moi d’égoïste si vous le voulez, mais je veux que Souma soit le roi. Si mon père redemandait sa couronne, je le combattrais au côté de Souma. »
J’avais déjà entendu ces mots avant aujourd’hui. Si je me souvenais bien, ils avaient été prononcés avant que nous allions au chantier de construction prévu pour la nouvelle ville. Après que j’avais été épuisé par tous les nuits blanches à répétitions, Liscia m’avait dit cela quand j’avais essayé de faire une sieste.
« Ne l’oubliez jamais. Souma, vous êtes celui que je veux en tant que Roi. Je n’accepterai aucun substitut. Si mon père demandait la couronne, je le combattrais à vos côtés. » (Liscia)
Comme ses mots n’avaient pas changé, était-ce une preuve que c’étaient ses sentiments ?
... J’étais heureux. D’une manière sûre, il y avait une personne qui disait qu’elle voulait que je sois le roi. Et elle pouvait se sentir à l’aise avec moi qui étais dans cette position. Et c’était bien parce que Liscia était à mes côtés que je pouvais être roi.
Alors que je pensais ça, je vis l’Albert exploser au loin.
« Liscia, l’Armée de l’Air revient, » dis-je. « Dépêchez-vous et sortez cette chose... »
« ... Je le sais, » à la suite de mon ordre, Liscia avait pris quelque chose de noir de dedans sa poche et l’avais attaché autour du cou de Castor. « Je suis sûr que vous le savez déjà, mais cet objet s’appelle un collier d’esclave. Il peut être resserré à volonté par le maître, et si le porteur cherche à nuire à ses maîtres, le collier possède un charme magique afin de décapiter automatiquement son porteur. Il décapitera aussi le porteur s’il essaye d’enlever le collier contrairement aux souhaits de leur maître. Il ne peut pas non plus se suicider. En outre, le maître de ce collier est Souma Kazuya. »
« ... Je n’ai plus assez de volonté en moi qui me permettrais de résister jusqu’à ce niveau-là. » Déclara Castor.
Ayant maintenant un collier au cou, Castor lâcha l’épée qu’il tenait. Le garde de la poignée frappa le sol en pierre avec un claquement sec. C’était à ce moment-là que cette bataille avait fini.
Et alors...
« Père ! » (Carla)
Une fille aux cheveux rougeoyants, aux yeux dorés brillants, aux ailes de dragon et possédant aussi une queue, vola depuis le ciel, et se précipita vers Castor, qui avait les épaules affaissées.
En pensant à ça, Excel m’avait dit. « J’ai une petite-fille qui est restée aux côtés de Castor, » avec un regard empli d’une très grande douleur. Dans ce cas, cette fille devait être la fille de Castor, Carla.
L’Albert venait d’exploser il y a quelques instants, mais lorsque je vis son armure rouge, il m’était apparu clair qu’elle avait combattu face à l’Albert jusqu’à maintenant.
Au moment où elle vit mon visage, Carla dégaina l’épée. « Soyez maudit ! Comment osez-vous faire cela à mon père ? »
« Ça suffit, Carla ! » (Castor)
Castor arrêta Carla au moment où elle était sur le point de foncer sur moi afin de me frapper.
« Père !? Pourquoi... » (Carla)
« Ça suffit. Nous avons perdu. » (Castor)
Liscia se tenait entre Carla et moi, écartant ses bras. « Arrête-toi, Carla ! Le Duc Vargas porte déjà un collier d’esclave ! Si tu tues Souma, ton père périra aussi ! »
« Liscia... !? » haleta-t-elle. « J’ai compris... Nous avons donc perdu. »
La force semblait être aspirée hors du corps de Carla. L’épée tomba de ses mains et Carla s’écroula sur le sol où elle se tenait debout. Elle affichait un regard plein d’étonnement, et des larmes coulaient de ses yeux.
C’était un peu douloureux de la voir ainsi, mais elle avait quand même participé à cette rébellion. Je ne pouvais donc pas effectuer le moindre traitement préférentiel. J’avais demandé à Aisha de lui mettre également un collier d’esclaves.
À ce moment-là, la cavalerie-wyverne qui avait combattu le cuirassé Albert avait commencé à se rassembler. Ils étaient tous remplis de colère, mais ils avaient aussitôt vu les colliers sur Castor et Carla, et donc, ils s’étaient rendu compte qu’ils ne pouvaient pas nous toucher. Leurs seules réactions furent de serrer leurs dents du à la frustration.
Les regards de la cavalerie-wyverne étaient douloureux, mais je n’avais pas le temps de m’inquiéter maintenant avec de telles choses. « ... Tolman, intendant de la Maison des Vargas ! »
« ... Je suis ici. » (Tolman)
J’avais donc haussé la voix et Tolman, qui n’avait pas interféré jusqu’à maintenant et qui avait simplement regardé en silence comment les choses se déroulaient, tout comme Castor avait demandé, s’approcha de moi.
« J’espère que vous vous souvenez de la règle qui avait été convenue lorsque j’ai annoncé mon ultimatum ? » Dis-je. « Si l’un d’entre nous est abattu ou capturé, les subordonnés de cette personne viendront immédiatement sous le commandement du gagnant. »
« Oui... » (Tolman)
« Comme vous le voyez, j’ai capturé le Général des Forces Aériennes, Castor Vargas, » dis-je. « À partir de maintenant, je vous donne temporairement la fonction de général de l’Armée de l’Air. Vous devez diriger l’Armée de l’Air sous le commandement de l’Armée Interdite ! »
« À vos ordres, Sir. J’ai compris... Cependant, pourrais-je vous poser une question ? » Tolman demanda avec un visage frappé par la douleur.
« ... Qu’est-ce que c’est ? » Demandai-je.
« Que deviendront le Duc Vargas et Mademoiselle Carla ? » Me demanda-t-il.
« Nous allons délibérer sur ce qu’il faut faire avec eux après la fin de la guerre. Il n’est pas nécessaire de décider ici et maintenant de leurs sorts. » (Souma)
Puis, en regardant la cavalerie-wyverne se trouvant autour de moi, je déclarai. « Si vous acceptez maintenant d’aller sous le commandement de l’Armée Interdite, vous serez considéré comme n’ayant agi que sous les ordres de Castor. Ceux qui ne se conforment pas à mon ordre seront envoyés aux côtés de Castor et seront jugés en tant que traîtres quand la guerre sera terminée. »
« Vous voulez que nous vendions nos maîtres ? » (cavaliers-wyvernes A)
« Ouais ! Nous n’abandonnerons jamais le Seigneur Castor ! » (Chevalier-wyverne B)
Certaines voix très animées avaient crié au milieu des rangs des chevaliers-wyvernes. J’avais regardé dans la direction de ces voix.
« Considérez ceci avec attention. Ce pays possède un système de responsabilité conjointe pour ce genre de crimes. Si vous êtes reconnu coupable de trahison, vos proches seront également punis. J’espère que vous étiez préparés à cela avant de parler ! » (Souma)
« « ... » » (Chevalier-wyverne A et B)
La pièce devint d’un coup silencieuse. Certes, même les soldats sans peur de l’Armée de l’Air n’étaient pas disposés à jouer avec d’autres vies que la leur. Lorsqu’on leur annonçait que leurs familles seraient également impliquées, ils n’avaient pas la possibilité de continuer sur cette voie.
Dans cette atmosphère lourde, Tolman inclina la tête vers moi. « ... Votre Majesté, je suivrais vos ordres ! »
« S-Sire Tolman ! » (cavalier-wyverne A)
« Nous pouvons encore nous battre ! » (Chevalier-wyverne B)
« Silence ! »
« Ne voyez-vous pas que plus vous résisterez, et pire sera la position du Duc Vargas !? » (Tolman)
« Arg ! » (cavalier-wyverne A)
Après avoir fait taire toutes les oppositions, Tolman s’inclina une fois de plus. « Sire, s’il vous plaît. Vos ordres. Comment allez-vous déplacer l’Armée de l’Air à partir de maintenant ? »
Alors que Tolman s’inclinait admirablement devant moi, je lui annonçai mes ordres.
« Pour commencer, annoncez la fin de la bataille à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. Annoncez à la population de votre domaine que Duc Vargas a été capturé et que la Force Aérienne sera désormais sous la structure de commandement de l’Armée Interdite. Après cela, faites appeler tous les membres de la Force Aérienne qui ne sont pas présents ici. Une fois que toutes vos forces se sont rassemblées, je vais vous envoyer vers le duché de Carmine. De plus, je veux que vous annonciez que quiconque continue de résister, surtout après tout ce qui s’est passé, sera jugé comme un traître une fois la guerre terminée. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? » (Souma)
« Oui, sire ! Ça sera fait ! » Tolman me salua, puis partit en courant afin d’exécuter les ordres qu’il venait de recevoir.
Avec ça, la terrible bataille dans le duché des Vargas, qui avait été une "bataille inutile" aussi bien pour les perdants que les gagnants, avait pris fin. Il s’agissait d’un obstacle qui venait d’être surmonté.
Et maintenant, enfin... je peux me diriger vers le duché de Carmine.
Depuis le mur, je regardai alors vers l’ouest si lointain. Là, je savais que cet homme devait m’attendre.
« Je vous ai fait attendre, Georg Carmine. Mais maintenant, j’arrive. » (Souma)
Liscia me regardait avec une préoccupation muette clairement visible, mais je l’avais à peine remarquée.
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Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 3
“Attaquer un Château avec un Cuirassé”
Type: Figure de style
Sens : Faire une chose que personne n'a jamais pensé auparavant.
Origine: Au cours de la Guerre d'Une Semaine, lorsque le roi Souma attaqua le château rebelle de Castor, il employa une stratégie inhabituelle en utilisant un cuirassé sur la terre ferme afin de gagner la bataille.
Synonymes: « Révolution copernicienne. » « Oeuf de Colomb »
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Chapitre 7 : Sacrifiez le Prunier afin de préserver le Pêcher
Partie 1
— 1er jour du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — Cité du Dragon Rouge
Nous nous trouvions le matin suivant de la bataille où les wyvernes avaient volé dans les cieux et les canons d’un cuirassé avaient rugi.
Liscia et moi mangions notre petit déjeuner avec la fille de Castor, Carla, dans le bureau des affaires gouvernementales du Château du Dragon Rouge.
Aisha se tenait derrière une Carla épuisée, la main prête sur la poignée de sa grande épée, comme pour dire : « Si vous faites des mouvements suspects, je suis prête à vous couper en deux à tout moment. »
Tout cela était arrivé, car Aisha était encore ma "garde du corps autoproclamée".
Compte tenu de ses réalisations dans la bataille de la Cité du Dragon Rouge, j’avais pensé que ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée de créer formellement un titre comme le capitaine de la garde personnelle du roi afin de le lui attribuer.
... Eh bien, cela pourrait attendre après la guerre.
Après avoir capturé Castor Vargas et pris le contrôle de l’Armée de l’Air, nous restâmes à la Cité du Dragon Rouge alors que nous attendions que les Forces Aériennes se réunissent toutes.
En ce moment, Hakuya, qui était arrivé après la bataille, et Tolman devaient être occupés à appeler ceux qui n’avaient pas encore répondu et organiser ceux qui avaient déjà été rassemblés.
J’avais fait transporter Castor jusqu’à la capitale avec un certain nombre de cavaliers-wyvernes rebelles.
Ils n’auraient jamais accepté que nous les emmenions avec nous, ainsi que le fait que Castor portait le collier d’esclave. Ce collier possédait un sort attaché qui le rendrait plus serré s’il faisait quelque chose de fâcheux. Et, dans le pire des cas, le décapiterait. Tant qu’il portait ce collier d’esclave, personne ne tenterait de le libérer pendant le transfert.
Par ailleurs, la fille de Castor, Carla, était la seule que j’avais laissée ici, et je la tenais près de moi. C’était parce que je pensais que le fait d’avoir un otage visible aiderait à réduire la résistance indésirable de l’Armée de l’Air. J’avais aussi placé un collier d’esclave sur elle, et Aisha la surveillait attentivement, donc elle ne pourrait probablement pas faire tout ce qu’elle ne devrait pas faire.
Je ne savais pas si c’était à cause de cela, mais son tempérament violent d’hier avait totalement disparu, et Carla était restée silencieuse. Pour compenser son amie taciturne, Liscia était encore plus bavarde que d’habitude.
« Carla peut ne pas sembler être ainsi, mais elle est en fait du genre très attentionné, » dit-elle. « Elle possède beaucoup d’intégrité, donc peu importe combien elle n’aime pas quelque chose, elle aidera toujours quand on le lui demande. Je pense qu’elle est une superbe fille. »
Je ne répondis rien.
Tout ce qu’elle avait dit était comme si elle essayait de me vendre les vertus de Carla. Elle ne me parlait de rien d’autre que des nombreux charmes de Carla en tant que femme, et cela depuis un bon moment maintenant.
Nous étions assis dans le bureau de l’homme qui avait été jusqu’à hier le commandant ennemi, mangeant des repas en boîte que nous avions apportés de Parnam. (Comme cette ville avait été un territoire ennemi jusqu’à hier, j’avais pris soin d’en apporter afin de ne pas être empoisonné) Alors, quand ma fiancée et aussi la future reine primaire me recommandaient de prendre la fille d’un général ennemi (qui portait actuellement un collier d’esclaves et qui était assise à côté de nous) en tant que reine secondaire, cela donnait une scène quelque peu surréaliste.
En passant, pour expliquer la différence dans ce pays entre les reines primaires et secondaires était que les reines primaires étaient celles dont les enfants avaient un droit de succession, alors que ceux qui n’avaient pas ce droit étaient les enfants des reines secondaires.
Il était possible d’avoir n’importe quel nombre de reines primaires ou secondaires (le classement dans les deux catégories serait exprimé comme 1re Reine X, 2e Reine X. et ainsi de suite), cependant, pour devenir une reine primaire, une femme devait naître dans l’aristocratie, dans la noblesse ou supérieure.
À l’inverse, toute personne de toute classe sociale pourrait devenir une reine secondaire. Si l’on ne se souciait pas des apparences, même une esclave pourrait devenir une reine secondaire.
« O-Oh ! Et vous savez quoi ? » continua Liscia. « Quand Carla se déshabille, elle montre clairement qu’elle possède un corps de tueur. Peut-être que vous ne pouviez pas dire quand elle portait une armure, mais elle possède une carrure bien plus impressionnante que moi. Les Dragonewts possèdent une longue durée de vie, et donc elle restera très longtemps avec une apparence jeune. »
« Liscia, que dites-vous ? » s’écria brusquement Carla.
Il semblait qu’une fois que Liscia avait commencé à déclarer en détail les proportions de Carla, même Carla ne pouvait pas rester silencieuse. Et pourtant, Liscia se retourna vers elle, et devint même plus en colère que Carla l’était.
« Carla, reste tranquille ! Hé ! Souma, Carla n’est-elle pas une femme attrayante... ? » Déclara Liscia.
« ... Liscia, » avais-je dit avec un ton légèrement sévère. Ceci avait fait que Liscia avait brusquement pris une grande respiration, puis elle avait cessé de parler. Quand je vis le regard inquiet qui était clairement visible sur son visage... ceci me fendit le cœur. Je ne voulais pas qu’elle soit ainsi. J’avais alors vigoureusement gratté ma tête. « Liscia, je peux tout à fait comprendre ce à quoi vous pensez. Mais avez-vous correctement examiné les risques ? »
Elle resta silencieuse.
Aucune reine primaire ne demanderait ainsi au roi de prendre une reine secondaire. Pourtant, Liscia, la 1re Reine primaire, suggérait vivement que je prenne Carla comme ma reine secondaire, parce qu’elle essayait de tout son cœur de la sauver.
Les officiers et les soldats de l’Armée de l’Air qui avaient suivi Castor étaient soupçonnés de participer eux aussi à la rébellion, qu’ils aient pris part à la bataille ou non. Mais, bien sûr, il ne serait pas possible de tous les punir en tant que rebelle, et donc, formellement, j’allais devoir les traiter comme "n’ayant agi que sous les ordres du Général de l’Armée de l’Air, Castor, et d’un certain nombre d’officiers de haut rang," sous la condition qu’ils acceptent d’être sous les ordres de l’Armée Interdite.
Pour cette raison, Castor devrait assumer ses responsabilités.
En tant que fille de Castor, et après avoir elle aussi pris part aux combats, on voyait comme une certitude que Carla serait confrontée au même jugement que son père au moment où la guerre finira. Dans l’état actuel des choses, leurs exécutions semblaient inévitables.
Parce que Liscia avait déjà pensé à cela, elle essayait de pousser Carla dans le harem royal.
Dans ce pays, le roi avait beaucoup de pouvoir. En principe, ce pays était censé posséder un pouvoir judiciaire indépendant, mais si le roi exerçait ses pouvoirs, il était possible de protéger un criminel vis-à-vis des poursuites qu’il encourait. Liscia avait donc essayé de me convaincre d’apprécier Carla afin que je fasse tout pour éviter qu’elle ne monte sur l’échafaud. Mais tout ça... n’était pas quelque chose qui devrait être fait à la légère.
« Où pourrait être le maître, quand la justice est le domestique ? » Dis-je. « Si un roi ne défend pas la loi, les personnes que la loi protège perdront leur respect pour ce roi. Si nous n’agissons pas de façon logique, nous payerons le prix plus tard. Liscia, vous devez comprendre cela, n’est-ce pas ? »
« Eh bien... oui... mais... » (Liscia)
Bien sûr, j’étais sûr que Liscia savait ça. Pourtant, elle ne pouvait pas abandonner son amie sans dire quelque chose. Franchement... être un roi était un rôle souvent si désagréable.
« Pourtant, je... » Commença Liscia.
« Liscia, il n’est pas nécessaire de mendier pour sauver ma vie, » déclara Carla alors que Liscia cherchait toujours ses mots. « Tu m’as envoyé des lettres encore et encore, nous demandant de prêter allégeance au roi, mais nous avons quand même choisi de refuser. J’ai suivi mon père sachant que cela pourrait arriver si nous devions perdre. Je n’obtiens donc que ce que je mérite. Je me considère comme un guerrier. Maintenant qu’on en arrive là, je ne regretterais pas de perdre ma vie. »
Carla semblait déjà avoir accepté son destin. J’avais alors senti comme si je pouvais comprendre pourquoi elle et Liscia étaient si proches. Sa personnalité était semblable à celle de Liscia, sérieuse et obstinément inflexible une fois qu’elle se décidait. C’était pourquoi tout ce que je pouvais faire était de soupirer.
« J’aurais aimé que vous ayez dirigé cette détermination dans quelque chose qui ne rendrait pas Liscia triste. » (Souma)
« Il n’y a rien que je puisse dire en réponse à cela, » déclara Carla. Puis elle rajouta d’un ton discourtois, « Ne vous avisez pas... Arg ! »
« Carla !? » Cria Liscia.
Au milieu de sa phrase, Carla se mit à gémir à cause d’une importante douleur. Le collier d’esclave s’était resserré d’un coup. Il semblait que cet objet ne tolérerait aucun manque de respect envers le maître. Il semblait assez sévère.
Quelques secondes plus tard, une fois qu’elle avait été libérée de la douleur, Carla se tourna vers Liscia, qui la regardait avec inquiétude, et elle déclara. « J-Je vais bien. »
Puis, après s’être tournée vers moi, elle baissa la tête. « Certes, je n’étais pas aussi poli que j’aurais dû l’être. Permettez-moi de reformuler cela. Roi Souma, je demande que vous n’attristiez pas Liscia comme je l’ai fait. »
« ... Je le sais déjà, » dis-je.
Alors que nous parlions, Hakuya et Tolman entrèrent dans le bureau. Tolman se plaça devant moi, effectuant un salut de style militaire avant de commencer son rapport. « Votre Majesté, nous avons fini de faire venir l’Armée de l’Air. »
« Bien, » dis-je. « Eh bien... allons-y. »
Je m’étais alors levé de mon siège avant de donner à tous mes ordres. « Hakuya, je vais vous laisser gérer le nettoyage ici. Aussi, utilisez le joyau de cette place pour entrer en contact avec Excel alors qu’elle s’occupe des Amidoniens à Altomura. Dites-lui qu’elle doit seulement tenir jusqu’à ce soir. »
« Cela sera fait selon votre volonté, » Hakuya s’inclina.
« Tolman, dirigez une unité de l’Armée de l’Air afin de bombarder Randel dans le Duché de Carmine, » continuai-je. « Cependant, vos seules cibles devraient être les lanceurs de carreaux à répétition antiaériens sur les murs du château et le château de Randel lui-même. Ne laissez surtout pas tomber le moindre baril de poudre sur l’une des maisons des résidents ! Si quelqu’un devait tuer un civil, alors je veillerais à ce qu’il soit puni après la guerre. Suis-je clair ? »
« Parfaitement Sire ! J’ai compris ! » dit-il avec fermeté.
« Liscia et Aisha, vous venez avec moi, » ajoutai-je. « Nous rejoindrons Ludwin et son groupe. »
« D’accord. » Déclara Liscia.
« C’est compris, Sire. » Accepta Aisha.
Bon. Après avoir donné des ordres à tous les autres, je m’étais tourné vers Carla. « Carla, vous venez aussi avec nous. »
« À l’heure actuelle, je ne peux pas avoir autant de valeur pour vous en tant que prisonnière, » dit Carla. « Je vous prie donc de me jeter dans n’importe quelle cellule. »
Elle semblait ne plus avoir de force, mais je secouai la tête en silence.
« Vous devriez bien voir comment cela se termine. Alors, voyez qui tirait les ficelles qui vous ont fait danser. » (Souma)
« Hein !? » Elle avait l’air surprise. « Qu’est-ce que vous racontez ? Personne ne me faisait danser... »
« Oh ! non, vous dansiez ! » dis-je. « Et après tout, moi aussi. »
« Quoi !? » Demanda Carla, me donnant un regard douteux, auquel j’avais répondu avec un soupir.
« Ce n’est pas comme si nous avions une compréhension complète du scénario. Pourtant, si nous jouons nos rôles jusqu’à la fin, je pense que nous allons commencer à le voir en entier. » Dis-je. « Nous verrons exactement qui a écrit ce script pour cette bataille. »
***
— Le même jour, quelques heures plus tard, dans la cité de Randel se trouvant dans le Duché de Carmine.
Il y avait une atmosphère détendue sur les murailles du château de Randel, la ville centrale du Duché de Carmine. L’Armée de Terre et l’Armée Interdite étaient engagées dans des hostilités, mais cette bataille était entièrement faite autour de la forteresse que l’Armée Interdite avait construite près de Randel.
De ce fait, il n’y avait pas un grand nombre de flèches passant par dessus les murs de Randel.
« ... Franchement, c’est ennuyeux, » l’un des soldats de l’Armée de Terre se murmurant à lui-même.
L’un de ses compagnons de guerre était passé à portée d’écoute et l’avait regardé avec un froncement de sourcils. « Tu sais que nous sommes actuellement dans une bataille contre l’Armée Interdite. »
« C’est ce qu’ils nous disent, mais... tous les combats se déroulent proche de cette forteresse, n’est-ce pas ? » se plaignit-il. « Y a-t-il une raison pour laquelle nous sommes de garde ici ? »
Après qu’il ait dit ça, un autre de ses camarades se mit à rire avec enthousiasme avant de dire. « Qu’est-ce qui ne va pas si c’est ennuyeux ? Souhaites-tu être en première ligne face à l’Armée Interdite ? »
« Je n’ai jamais dit ça. »
« En tout cas, je parie que les gars en première ligne souhaitent échanger avec nous, » continua l’autre soldat. « S’ils résistent face à l’Armée Interdite, ils seront par la même occasion déclarés comme étant des rebelles et faisant partie d’une armée rebelle. Et pour couronner le tout, j’ai entendu dire qu’il y avait un certain nombre de soldats de l’Armée de Terre dirigés par Sire Glaive Magna, qui s’est séparé d’avec le Duc Carmine, du côté de nos ennemis. Qui voudrait se battre contre les hommes avec qui nous avons partagé tant de repas. »
« Tu as raison, » avait déclaré un autre soldat se joignant à la discussion. « J’ai aussi entendu dire que les Amidoniens se déplacent vers le sud. À quoi pense le Roi ou le Duc Carmine en agissant ainsi ? »
« Lorsque tu le regardes de cette façon, rien ne peut protéger les murs du château, » déclara le deuxième soldat.
« ... Tu dois avoir raison, » le soldat qui s’était plaint en premier avait dit ça, commençant à se convaincre de ce fait. Puis cela se produisit.
« He ! Regardez dans le ciel en direction de l’Est ! Quelque chose est en approche ! » Cria une personne se trouvant sur la muraille.
En entendant ça, tous les regards se tournèrent vers les cieux se trouvant à l’est.
Après avoir plissé leurs yeux afin de mieux voir, ils purent constater que c’était vrai. Ils pouvaient maintenant voir ce qui ressemblait à un essaim de moustiques dans le ciel en direction de l’est. Pendant un moment, ils pensaient que ce n’était qu’un vol d’oiseaux, mais il y en avait bien trop. Il y en avait plus d’un millier dans le ciel.
Au fur et à mesure que la nuée s’approchait, ils se rendirent compte qu’il s’agissait de la cavalerie-wyverne des Forces Aériennes.
Dès que tout cela fut connu, une vague de soulagement se rependit parmi les soldats.
« ... Super. Le Duc Vargas est notre allié. »
« Les Forces Aériennes sont venues nous aider ! »
« Si c’est le cas, la bataille est déjà terminée. La forteresse de nos ennemis tombera facilement sous un bombardement aérien. »
Tout le monde hocha la tête avec sagesse en accord à ces paroles.
... C’était exact que la fin de la bataille était très certainement proche. Cependant, cette fin devait être précisément le contraire de ce que prévoyaient ces soldats.
L’Armée de l’Air était alors passée au-dessus de la forteresse construite à l’extérieur de Randel, où l’Armée Interdite était retranchée, puis elle avait jeté des barils remplis de poudre à canon sur les lanceurs de carreaux anti-air se trouvant sur les murs de Randel.
☆☆☆
Partie 2
La cavalerie-wyverne survola les murs de Randel. Leur chef, Tolman, regardait vers le bas alors qu’une explosion se produisait. Des flammes apparurent rapidement, et de la fumée noire s’éleva dans le ciel. Leurs cibles, les lanceurs de carreaux à répétition antiaériens, avaient toutes disparu, ainsi que des morceaux de mur où ils s’y trouvaient avant.
Les barils de poudre utilisés par l’Armée de l’Air étaient de conception analogue aux flèches incendiaires que les pirates avaient utilisé pendant la période de Sengoku afin de couler des navires ennemis. Donc en gros, il s’agissait de munitions explosives.
Le temps qu’il fallait avant d’exploser pouvait être ajusté avec la longueur de la corde imbibée d’huile utilisée comme mèche. Une fois que la mèche était allumée et que la bombe était larguée, elle s’arrêterait après le temps réglé. Ils n’étaient pas comme des bombes incendiaires, qui explosaient avec la force de l’impact, mais les Forces Aériennes pouvaient ajuster leur longueur de la mèche en fonction de l’altitude à laquelle elles allaient être utilisées, de sorte qu’elles pourraient être utilisées de la même manière.
Cependant, comme la poudre à canon des barils qui n’avaient pas été correctement réglés et qui avaient frappé le sol sans exploser avait été dispersée dans la zone, une fois qu’un baril de poudre réussissait à se déclencher au bon moment, l’ampleur de l’explosion produite était bien plus importante que ce qu’elle aurait dû être avec un seul baril.
Combien de soldats de l’Armée de Terre sont morts dans cette dernière explosion... Non ! Tolman secoua la tête, obligeant les sentiments négatifs qui l’entravaient à rester à l’intérieur de lui. Je ne demanderai pas le pardon pour ça. Je le fais pour mon maître et la princesse.
Afin d’alléger la situation dans laquelle se retrouveraient Carla et Castor à la fin de la guerre, il avait besoin de la Force Aérienne afin d’atteindre aussi vite que possible cette fin. Comme s’il essayait d’augmenter son moral, Tolman avait crié des ordres au reste de l’Armée de l’Air.
« Les lanceurs de carreaux se sont tus ! Maintenant, que commence le bombardement du Château de Randel ! Ne touchez sous aucun prétexte à l’une des résidences ! Afin de maintenir la fierté de l’Armée de l’Air, nous ne pouvons autoriser la moindre mort inutile ! »
« « « Oui !!! » » »
Les hommes et les officiers répondirent tous en entendant les paroles de Tolman.
Et ainsi, une formation de cavaliers-wyvernes commença le bombardement aérien du château de Georg Carmine qui se trouvait au centre de Randel.
***
— À ce moment-là, en dehors de Randel.
Nous nous trouvions au moment même où la cavalerie-wyverne commandée par Tolman commençait son bombardement contre les murs du Château de Randel.
Une wyverne portant une nacelle contenant Liscia, Aisha, la captive Carla et moi-même descendait vers la forteresse où Ludwin et les autres étaient retranchés. Il était dangereux d’atterrir dans une forteresse qui était assiégée, mais l’Armée de Terre était bien étonnée lorsque le bombardement de Randel avait commencé. Grâce à ce fait, nous avions pu entrer facilement dans la forteresse.
Au moment où nous étions sortis de la nacelle de la wyverne, Ludwin, Hal et Kaede étaient là pour nous accueillir. Alors qu’ils affichaient tous des signes d’épuisement, j’avais été soulagé de voir qu’ils étaient tous indemnes. Alors qu’ils se défendaient seulement contre un siège depuis un jour et demi, je savais que des accidents inattendus pouvaient toujours se produire.
Je frappai mon poing contre le poing de Hal avant de dire. « Comme prévu, j’ai apporté la Force Aérienne. »
« Et bien, comme prévu, nous nous sommes opposées à l’Armée de Terre pour vous, » me répondit-il.
Nous étions tous deux très fiers de ce que nous avions pu accomplir.
« Même si cela n’a été qu’un jour et demi, » dis-je. « Si vous n’aviez pas réussi à tenir un tel laps de temps, je ne saurais pas quoi faire de vous. »
« Espèce d’idiot, » grogna-t-il. « Est-ce que vous savez que l’ennemi a même amené des canons sur le champ de bataille ? Si les Elfes sombres n’étaient pas venus nous soutenir, nous aurions pu subir de sérieuses pertes. »
« Je vois... Je saurais récompenser leurs renforts après la fin de cette guerre, » dis-je. « Quoi qu’il en soit, je suis content de voir que vous allez tous bien. »
« Vous aussi, Souma, » dit-il. « Vu que vous êtes très faible, alors vous ne devez pas pousser trop loin vos efforts ! »
« Et vous, Hal, vous êtes très fort, mais comme vous ne réfléchissez jamais, je m’inquiétais que vous décidiez de charger aveuglément et d’ainsi être bêtement tué. »
Pour une raison inconnue, Hal et moi, avions fait part de nos réalisations avant de changer de sujet et de parler de nos défauts.
Liscia, Aisha et Kaede nous avaient toutes regardés, levant les yeux vers le ciel.
« Qu’est-ce que ces deux-là font ? » murmura Liscia.
« Eh bien, peut-être que vous pourriez appeler cela comme étant une certaine sorte d’amitié virile ? » suggéra Aisha.
« Vous savez, c’est juste une certaine forme de rivalité de Hal envers Sa Majesté, » déclara Kaede.
Les filles étaient actuellement en train de dire tout ce qu’elles pensaient à propos de nous. Carla était la seule qui ne savait pas à quoi ressemblait notre relation, alors elle restait là, silencieuse, puis elle demanda. « Cet homme... N’est-il pas un peu trop amical avec le roi ? »
« L’officier Halbert a été autorisé à le traiter en tant qu’ami. Fondamentalement, il est pareil que nous, » lui expliqua Liscia.
Puis, Ludwin s’agenouilla devant moi avant de me faire son rapport.
« Sire, nous avons construit et défendu avec succès la forteresse, telle qu’ordonné, » déclara-t-il.
« Vous m’avez admirablement servi, » dis-je. « Je veillerai à ce qu’après la guerre, vous et vos troupes soyez dûment récompensées pour votre effort. »
Il m’avait adressé la parole avec un ton formel, alors j’avais répondu sur le même ton. En me voyant soudainement passer à ce ton indiquant une certaine importance, Hal et les autres avaient souri, mais j’avais fait de mon mieux pour l’ignorer. Le temps était désormais précieux.
« Ludwin, rassemblez les troupes et préparez-vous à bouger, » ordonnais-je.
« D’accord Sir ! Allons-nous attaquer Randel ? » me demanda-t-il.
« Non... La bataille ici est déjà terminée, » lui répondis-je.
« Hein !? Que faites-vous... » commença-t-il.
« J’ai un rapport à vous transmettre ! » Au même moment, un soldat de l’Armée Interdite se précipita vers nous tout en criant ça.
Il avait l’air incroyablement agité. Il était venu vers nous si vite qu’Aisha et Ludwin avaient tous deux dégainé leurs épées.
Le soldat se jeta pratiquement sur le sol afin de se prosterner devant moi, puis il haussa la voix avant de dire. « Le drapeau blanc a été dressé sur le château de Randel ! N-Notre armée est donc victorieuse ! »
***
Un peu avant ça, il y avait eu un tumulte dans le château de Georg Carmine au sujet de l’attaque-surprise. Il y avait beaucoup de rumeurs différentes au cœur du château.
Est-ce que Castor Vargas les avait trahis ?
Le Roi et Castor Vargas avaient-ils fait collusion dans les coulisses ?
Non, ce n’était pas lui qui avait réussi à faire ça, mais plutôt Excel Walter, cette femme capable et vétéran de nombreuses batailles.
... Voilà donc comme cela se déroulait dans le château, avec diverses théories échafaudées, mais personne n’avait pu deviner la vérité. Cette vérité qui était que Souma avait conçu un plan si bien ficelé qu’il avait pu vaincre l’Armée de l’Air en une seule journée.
Ceux qui avaient causé le plus de bruit à propos de ces événements étaient ceux qui hier, avaient épuisé leurs troupes personnelles lors de la bataille contre la forteresse et qui aujourd’hui, avaient été retirés de la ligne de front. Les nobles corrompus qui avaient pris leur repos dans le château de Randel. Dès qu’ils avaient découvert que la grande explosion avait été produite par un bombardement aérien effectué par l’Armée de l’Air, ils s’étaient tous précipités vers le bureau des affaires gouvernementales, où Georg Carmine faisait son travail de gestion malgré la situation en cours.
« Duc Carmine ! Que faites-vous là, à agir de manière si décontractée alors que nous sommes en pleine crise ? » s’exclama l’un d’eux.
« La Force Aérienne nous a trahis ! L’un après l’autre, nous devrions proposer un plan d’action, » déclara un autre.
« S’il vous plaît, donnez-nous vos ordres ! Que devons-nous faire ? » demanda un troisième.
Alors que les nobles étaient tombés en pleine frénésie et qu’ils lui criaient tous avec diverses formes de violence verbale, le lieutenant homme-loup de Georg, Beowulf, qui était présent en ce moment afin de faire un rapport sur le bombardement, plissa son front dû à la colère. Il était sur le point de dégainer l’épée se trouvant à la hanche afin de corriger l’affront, mais...
« Beowulf, » déclara Georg en s’adressant à lui.
« Oui, Sire ! » répondit-il, plaçant toute son attention vers Georg.
Georg lui demanda dans un ton calme, « À l’heure actuelle, quelle est l’étendue des dommages causés par le bombardement aérien ? »
« Sire, » dit-il. « Le bombardement sur le château n’a fait exploser qu’une partie du toit et des tours. Heureusement, il y a eu peu de victimes. Cependant, nous avons perdu tous les lanceurs à carreaux anti-air se trouvant sur les murs du château. Les soldats affectés à la garde des murs sont actuellement dans un état de panique et de confusion. »
« Je vois... » répondit Georg.
Georg n’avait montré aucun signe de changement dans son expression alors qu’il écoutait le rapport de Beowulf, mais les nobles qui écoutaient étaient devenus d’une horrible pâleur. La perte des lanceurs de carreaux antiaériens signifiait la perte de toute capacité à s’opposer à la cavalerie-wyverne. L’Armée de Terre n’avait maintenant aucun moyen d’arrêter le bombardement effectué par la Force Aérienne. En d’autres termes, même s’ils tentaient de se réfugier à l’intérieur du château, ils seraient unilatéralement bombardés jusqu’à ce qu’ils meurent.
Georg caressa sa barbe qui avait fusionné avec sa crinière. « Bref, tout le monde dans ce château est maintenant son otage. »
« C’est exact, Sire. Cela semble être le cas, » répondit Beowulf.
Quand il entendit la réponse de Beowulf, les coins de la bouche de Georg se levèrent alors qu’il disait, « Donc, cette bataille est perdue pour nous. »
Il avait accepté sa défaite si facilement que les nobles corrompus n’avaient pas compris pendant un bon moment ce qu’il avait dit.
Ils avaient perdu.
Au moment où ils avaient enfin réussi à traiter l’information, leurs visages devinrent rouges ou bleu alors qu’ils s’agglutinèrent tous autour de Georg.
« Duc Carmine, qu’est-ce que vous avez dit !? Nous n’avons pas encore perdu ! » cria l’un des nobles.
« Effectivement ! L’Armée est encore pratiquement indemne ! Il y a encore de nombreuses occasions de changer la situation ! » cria un deuxième noble.
« Si nous n’avons pas de lanceurs à carreaux antiaériens, il nous suffit de nous retirer dans une ville qui en possède ! Prévoyons notre retour en force et faisons face là-bas au roi et à l’Armée Interdite ! » proposa un troisième.
« ... Voulez-vous me faire abandonner Randel ? » Georg dit cela avec un ton d’exaspération alors qu’il regardait les nobles qui disaient qu’ils résisteraient jusqu’au dernier instant.
« Qu’est-ce qu’un souverain qui rejette ses sujets ? Si un seigneur fuit et abandonne son peuple, il est sûr que la population d’une autre ville ne l’acceptera jamais, » continua Georg.
« Qu’est-ce que vous avez dit ? » S’exclama l’un des nobles. « Les sujets sont ceux qui n’ont d’autre choix que d’obéir face au vainqueur ! Même si pendant un certain temps, ils seront mécontents, tant que vous gagnez à la toute fin, ils céderont face à vous ! »
« Tout à fait ! Les platitudes ne valent que si nous vivons ! Tout d’abord, nous devons penser à un moyen de survivre ! » Cria un autre.
En écoutant les nobles qui, même maintenant, n’étaient concernés que par leur propre bien-être, Georg lâcha un soupir.
« En fin de compte, les seuls pour qui vous ressentez de la crainte sont uniquement vous-mêmes, » déclara Georg. « Ha ! Mais maintenant que j’y pense, vous étiez déjà ainsi dès le départ. Franchement... dans le court laps de temps depuis la dernière fois où nous avons combattu un ennemi venant de l’étranger, je n’aurais jamais pensé que nos racines devinssent si pourries. Comme je l’avais imaginé, pour que les nouveaux bourgeons puissent prospérer, il faut qu’en premier lieu, les feuilles et les branches pourries soient éliminées. »
« Duc Carmine !? Qu’êtes-vous en train de dire... ? » demanda un noble.
Les nobles étaient déconcertés par le brusque changement de comportement de Georg.
Georg ne leur prêta pas la moindre attention, ordonnant à son lieutenant, « Beowulf. Faites comme nous avions prévu. »
« ... Oui, Sire, » répondit Beowulf.
Soudainement, quand Beowulf leva la main droite, des soldats se précipitèrent dans la pièce, leurs épées dégainées, avant d’entourer les nobles. Avec entre vingt à trente soldats qui les bloquait à la pointe de leurs épées, les nobles qui ne pouvaient fuir se rendirent finalement compte qu’ils avaient été trompés par Georg. Les uns après les autres, ils avaient été rapidement dépouillés de leurs armes et forcés de porter des colliers d’esclaves.
« Duc Carmine, quel est le sens de vos actes ? » S’exclama l’un d’eux.
« Duc Carmine, vous ne pouvez pas faire ça ! Voulez-vous envoyer nos têtes afin de demander au roi d’épargner la vôtre !? » S’écria l’un d’eux.
« C-Ce n’est pas juste ! » cria un troisième.
« Soyez maudit ! Georg Carmine, vous êtes une ordure ! » cria un autre noble.
Alors qu’il entendait les nobles qui lui parlaient encore ainsi, Georg poussa de nouveau un profond soupir de déception. « Ceci m’énerve quand vous suggérez que je suis quelque chose comme vous... Emmenez-les loin de moi ! »
Les nobles liés furent sortis de la salle par les nombreux soldats présents. Certains avaient quand même essayé de résister, mais ayant déjà leurs cous entourés par des colliers d’esclaves, et leur maître, Beowulf activa simplement les colliers qui les contraignaient, les rendant immédiatement inconscients.
Même une fois que la porte fut fermée et qu’ils étaient hors de vue de Georg, ils pouvaient encore être entendus qui maudissaient Georg depuis le couloir. Après un petit moment, ces voix cessèrent et enfin Georg retourna s’asseoir sur son siège.
Puis, exhalant profondément, il pose une question à Beowulf. « Que sont devenus leurs troupes personnelles et les mercenaires zemishs ? »
« Sire, ils sont détenus par nos troupes au moment où nous parlons, » répondit Beowulf.
En entendant la réponse de Beowulf, Georg hocha la tête avec satisfaction. Puis, comme s’il enlevait le masque de sévérité qu’il avait porté tout ce temps, un doux sourire s’afficha sur son visage.
« J’ai fait ce que je devais faire. Maintenant, je n’ai plus aucun regret dans ce monde, » déclara-t-il.
Contrairement à Georg, qui avait l’air lumineux et joyeux, Beowulf avait l’air d’agoniser. Quand il pensa à ce qu’il devait faire maintenant, tout cela pesa lourdement sur lui. Georg comprenait parfaitement ce que Boewulf ressentait, alors il donna l’ordre aussi calmement qu’il pouvait le faire.
« Il est temps, Beowulf. Pourrais-je vous demander de faire de même pour moi ? » demanda Georg.
« ... Oui, Sire. » Répondit simplement Beowulf.
Après avoir eu un petit moment d’hésitation, Beowulf attacha aussi un collier d’esclave autour du coup de Georg. Même s’il recevait un collier mortel qui l’obligerait à une obéissance absolue envers son nouveau maître, Georg avait une expression de calme, comme s’il demandait à sa femme d’ajuster la cravate chic qu’il avait l’intention de porter lors d’une réception de mariage.
Avec ce collier d’esclave entourant son cou, Georg donna maintenant son ordre final en tant que Général de l’Armée de Terre. « Dépêchez un messager afin d’annoncer notre capitulation à l’Armée Interdite et placez-vous sous les ordres de Sa Majesté. Tous les soldats et les officiers, à l’exception des nobles corrompus et de leurs troupes, n’ont agi que sous mes ordres. Je suis responsable de tous leurs crimes. À partir de maintenant... Je vous laisse la suite à Glaive et à vous. Me suis-je bien fait comprendre ? »
« ... Oui, Sire. Je vais le faire tout de suite, » déclara Beowulf.
Beowulf le salua avant de quitter la pièce. Après l’avoir regardé partir, Georg ouvrit le tiroir inférieur de son bureau.
À l’intérieur se trouvait une bouteille de vin provenant de l’année où la princesse Liscia était née. Elle lui avait été donné par l’ancien roi, Albert, alors qu’il lui avait demandé, « Peu importe ce qui devrait arriver, je veux que vous protégiez ma fille. » Et il avait tenu sa promesse depuis ce jour.
Après la graduation de Liscia dans l’académie des officiers, au moment où il l’avait gardée à ses côtés, il lui avait souvent dit. « Le jour de votre mariage, j’ai l’intention de me prendre une bonne cuite avec ce vin. » Tout en riant.
Son mariage... hehe, pensa-t-il. Ne pas pouvoir voir la princesse le jour de son mariage est mon seul regret, mais je pense qu’il s’agit là du meilleur cadeau de mariage que quiconque puisse lui offrir. Alors je n’ai pas à me sentir mal vis-à-vis de ça. Quant à ce vin... Je devrais peut-être demander à quelqu’un de voir si cela ouvre de nouvelles voies à ce jeune roi. Cependant, comme il est l’homme qui m’a volé la princesse, je serais un peu méchant de le faire.
Avec un rire d’autodérision, il s’imagina Souma et Liscia debout l’un à côté de l’autre le jour de leur mariage.
Le roi viendra-t-il dans ce château, je me le demande ? J’aimerais beaucoup le rencontrer personnellement et au moins lui parler une fois.
C’était le souhait de Georg, mais ce qui vint à sa place fut un messager.
« Voici un rapport ! Le Roi Souma n’est pas entré dans Randel et est déjà parti avec l’Armée Interdite en direction de l’ouest ! » c’était ce que disait son rapport.
Puis, après ça, il lui fut également signalé que des ordres étaient arrivés alors que le messager lui annonçait, « Une fois que l’Armée de Terre sera réorganisée sous le commandement de Beowulf et de Glaive Magna, elle doit également suivre le même trajet que l’Armée Interdite. »
Quand il reçut ce rapport, les yeux de Georg s’écarquillèrent pendant un moment.
« Si vous voulez être un grand arbre bloquant mon chemin, je passerais par-dessus vous. » Il se souvint du visage de Souma quand le jeune roi lui avait dit ces mots.
Et alors, Georg comprit tout à ce moment-là. « Gya ha ha ! Je vois, alors c’était ça ! Le roi cherchait juste à appâter un gros poisson ! »
Tout à coup, après qu’il ait tout compris de la situation dans laquelle il était, il s’était mis à rire sans interruption.
« Je comprends ! J’ai simplement été utilisé comme un tremplin ! Était-ce le plan du roi ? Ou était-ce celui du Premier ministre à la robe noire ? Quoi qu’il en soit les jeunes, c’était vraiment sublime ! Il s’agit donc bien de l’aube de la nouvelle génération ! Mon temps est maintenant terminé. Maintenant, mon roi, ma princesse ! Main dans la main, passez par dessus le vieil arbre que je suis et suivez votre propre chemin ! Gloire aux nouveaux bourgeons et gloires à Elfrieden ! » déclara Georg.
Alors qu’il était témoin de la fin de sa propre ère, Georg les avait bénis de tout son cœur.
« Sacrifiez le Prunier afin de préserver le Pêcher. »
Il s’agissait du stratagème que Georg avait suivi, atteignant ainsi une plus grande victoire en se sacrifiant.
☆☆☆
Partie 3
Examinons les détails de la bataille jusqu’à ce moment-là.
Tout d’abord, cette série de batailles avait commencé lorsque les trois ducs s’étaient opposés à l’abdication de l’ancien roi, en choisissant de ne pas me jurer fidélité. Depuis que j’avais reçu le trône, les trois ducs s’étaient retranchés dans leurs duchés avec les armées qu’ils contrôlaient.
Les trois ducs n’étaient pas coopératifs pendant la période où je rassemblais du personnel et essayais désespérément de remettre le pays sur pieds. Ensuite, un certain nombre de nobles sur qui il y avait une enquête pour corruption dans le cadre de ma reconstruction de l’économie avaient fui. Après qu’ils furent réfugiés dans le Duché de Carmine, il s’agissait clairement de l’événement qui nous avait poussés vers un état d’opposition encore plus marqué.
Puis, quand l’autre jour, j’avais lancé un ultimatum, les choses s’étaient finalement développées au point où le roi et les trois ducs étaient en conflit ouvert.
Cependant, l’un des trois ducs, l’Amiral de la Marine, Excel Walter, avait juré loyauté envers moi lors de l’ultimatum. Ceci avait empêché l’Armée Interdite et la Marine d’entrer en conflit.
Après cela, Georg, qui avait rejeté mon ultimatum, et Castor, qui était prêt à devenir lui-même un martyr pour son amitié avec Georg, avait levé le drapeau de la rébellion contre moi. C’était ce qui avait causé cette actuelle guerre. Eh bien ! Dans tous les cas, il s’agissait du scénario que non seulement mon peuple, mais aussi la Principauté d’Amidonia croyaient.
— Cependant, ce scénario n’était que la surface. La vérité derrière cette affaire était complètement différente.
Tout d’abord, les gens pensaient qu’Excel m’avait juré sa loyauté quand j’avais lancé mon ultimatum. Mais en vérité, elle l’avait fait bien avant ça. Excel avait envoyé sa petite-fille Juna pour être à mes côtés afin de juger si j’avais ce qu’il fallait pour être roi. Après qu’elle ait reçu des rapports de Juna lui disant ce que j’avais fait, elle m’avait juré de sa loyauté et nous avions utilisé Juna comme intermédiaire.
Cependant, afin de surveiller Georg, qui avait fait des démarches inquiétantes, ainsi que pour tenter de persuader Castor, nous avions caché ce fait, et elle avait continué à travailler aux côtés des deux autres Ducs jusqu’à l’ultimatum.
En plus, la raison pour laquelle ce conflit avait éclaté était également très différente de ce que le monde pensait.
Le plan sur lequel Hakuya et moi avions travaillé était quelque chose de complètement différent, et nous n’avions pas songé à neutraliser les trois ducs.
Quand Liscia m’avait dit quel genre de personne était Georg, je pensais qu’il était le genre d’homme qui serait possible de raisonner. Même avec Castor, je savais qu’il avait un tempérament un peu direct, mais si Excel et Georg travaillaient tous à le persuader, j’avais pensé qu’il se conformait de bonne grâce.
Cependant, parce que Georg avait abrité les nobles corrompus, mes projets avaient été gâchés.
Cela dit, ni Hakuya ni moi-même n’avions jamais vu les nobles corrompus comme de graves conséquences pour le futur. Ils avaient déjà été chassés de leurs positions. Vu que nous avions fermé la frontière et que nous pouvions simplement saisir leurs biens, je ne me souciais pas de leur destination finale. Cependant, Georg avait gardé ces nobles à portée de main, ajoutant leurs forces à ses propres troupes.
Au début, quand j’avais vu qu’il agissait tellement différemment de ce que Liscia m’avait dit à propos de lui, j’en fus indigné.
C’était alors que Glaive Magna, qui avait dit avoir quitté l’Armée de Terre, était apparu devant moi.
***
Sur le plan technique, il était venu chez moi pour s’excuser de la grossièreté de son fils, Hal. Mais même si cela n’avait pas été le cas, j’étais sûr qu’il aurait comparu devant nous. Car Glaive s’était vu confier une mission secrète par Georg lui-même.
Une fois qu’il avait fini de s’excuser pour l’impolitesse de Hal, il avait commencé par dire. « Maintenant Votre Majesté, je me rends compte que c’est incroyablement grossier, mais je voudrais vous dire quelque chose de plus. »
Quand je lui avais demandé ce que c’était, il m’avait répondu. « Et bien... ce serait beaucoup mieux que cela ne soit pas entendu par beaucoup de personnes. » Et il m’avait demandé de faire vider la pièce de ses occupants.
J’avais donc fait rester Liscia, Aisha, Hakuya, Hal et Kaede, et j’avais fait sortir les autres personnes. Après avoir fait ça, Glaive avait finalement commencé à parler du plan de Georg. « Le duc Carmine a l’intention de rassembler tous les nobles corrompus en un seul endroit, de lancer une rébellion avec leur soutien. Puis, Votre Majesté, vous pourrez ainsi tous les capturer d’un seul coup. »
Il s’agissait donc d’un plan afin d’attraper tous les nobles corrompus en une seule opération. Car ils seraient dangereux si je les laissais rester n’importe où. Georg avait donc pris clairement une position d’opposition, afin d’attirer ces éléments déstabilisateurs tels des papillons attirés par une flamme.
Puis il avait fait que Glaive et ses hommes, ceux qui lui faisaient le plus confiance dans l’Armée de Terre, rompent leurs relations avec lui en raison de « la méfiance vis-à-vis du fait d’avoir décidé d’abriter les nobles corrompus. »
Ils rejoindraient l’Armée Interdite pour qu’il y ait des personnes pouvant réorganiser l’Armée de Terre après la guerre. Après cela, il rejetterait mon ultimatum, et une fois que les éléments déstabilisateurs se seraient rassemblés chez lui, nous nous retrouverons sur le champ de bataille. Son plan était d’amener les nobles avec lui.
L’Armée de Terre était un puissant ennemi avec ses 40 000 soldats, mais si l’Armée Interdite, l’Armée de l’Air et la Marine travaillaient tous ensemble, elles pouvaient facilement la battre.
En fait, même dans cette bataille récente avec l’Armée de Terre, tout ce qu’il avait fallu faire avait été de détruire leurs lanceurs de carreaux antiaériens avec une attaque-surprise effectuée par l’Armée de l’Air afin de préparer le terrain. Puis, en même temps qu’il se rendait, la garde personnelle de Georg arrêterait les nobles et leurs armées personnelles, y compris les mercenaires provenant de Zemish.
Voilà le plan de Georg.
Après avoir entendu le plan par l’intermédiaire de Glaive, j’avais sans le vouloir crié de colère. « C’est quoi ce bordel !? Qui lui a demandé de faire cela !? »
« Votre colère est compréhensible, mais... il s’agit de la propre idée du Duc Carmine, » répondit Glaive.
Même si Glaive avait incliné la tête, il semblerait qu’il n’avait pas l’intention de céder.
« Pourquoi ferait-il ça ? Les nobles corrompus ont déjà été renvoyés de leurs fonctions. Nous avons aussi déjà saisi leurs biens. Laissez ces cafards partir ! » criai-je.
« Si vous le demandiez au Duc Carmine, alors il vous répondrait qu’il estime que votre manière d’agir est naïve. » Glaive haussa la voix due à la colère, mais il réussit quand même à se contrôler. En tant que sujet, il ne pouvait pas se permettre une bataille avec son roi quant à savoir qui crierait le plus fort.
Après avoir entendu ce qu’il disait, ceci m’avait rendu un peu de mon calme. « ... Et en quoi suis-je naïf ? »
« Sire, lorsque les racines pourrissent, la pourriture se propage sur les racines voisines, » déclara Glaive. « Le problème avec ces nobles est leurs grands nombres de connexions. Afin de préserver leurs influences, ils font marier à maintes reprises leurs filles afin de créer de nouveaux liens familiaux. Très probablement que si vous les jugez pour quelque chose de mineur comme la corruption, d’autres maisons vont intervenir afin de l’en empêcher. De plus, même s’ils perdaient leurs propres maisons, il est possible qu’ils aillent se réfugier dans d’autres maisons où ils ont des proches. En tant que tel, il est nécessaire de faire d’eux des traîtres envers l’état afin de les empêcher de faire ça. »
Je devins silencieux.
Je comprenais parfaitement ce que Glaive voulait dire.
Afin de pouvoir juger ces nobles corrompus avec tous leurs liens, je devrais leur faire commettre un crime qui rendrait responsables également leurs familles. Puis, craignant qu’ils ne soient pris au piège, les autres nobles couperaient leurs liens avec eux. Il semblerait que cela avait du sens. Il semblerait que ce soit le cas, mais...
« ... Avons-nous vraiment besoin d’aller aussi loin ? » Demandai-je.
« Oui, » répondit-il. « Il y a une autre raison... »
« Quoi, il y en a encore en plus ? » Demandai-je.
« Vous dites que vous avez saisi leurs biens, Sire, mais vous n’avez pris que ce qui était visible, » dit-il. « Ces personnes de l’ombre ont de l’argent et de l’influence dans des endroits que personne ne remarquera. En fait, les nobles qui sont déjà venus se réfugier dans le Duché de Carmine ont utilisé cet argent dissimulé afin d’embaucher des mercenaires de Zemish. Je crois qu’il s’agit là d’une preuve que vous n’avez pas encore tout saisi. »
Après qu’il ait souligné ce fait, je pressai ma paume contre mon front.
Bien sûr. J’avais regardé tous les livres de comptes et je m’étais donc trompé en pensant que je savais d’où provenaient tous leurs fonds. Il m’avait laissé entendre qu’il était possible d’accumuler de la richesse de manière à ne pas apparaître sur les livres.
Alors que j’avais regardé Hakuya, je vis qu’il avait une expression similaire visible sur son visage.
Pour moi, qui n’avait jamais eu d’interaction avec les nobles avant ça, et pour Hakuya, qui avait été reclus jusqu’à tout récemment, nous n’avions pas pleinement apprécié comment les nobles pourraient être et agir.
Dans ces moments-là, ceci me faisait me rappeler que j’avais besoin de personnes capables autour de moi.
« Est-ce que Georg a l’intention de faire en sorte que les nobles utilisent ces financements obscurs ? » Demandai-je. « Même s’il le fait, l’argent ira juste à Zem afin de leur envoyer des mercenaires... »
C’était à ce moment-là que j’avais compris la façon de secouer Zem et de récupérer les fonds qui tombaient dans leurs coffres.
« L’argent de rançons ! » m’écriai-je.
« Tout à fait, » déclara Glaive. « En même temps que nous capturerons les nobles corrompus, nous capturerons également tous les mercenaires zemishs qu’ils auront embauchés. »
Comme au Japon pendant la période de Sengoku, il existait un système en place, pour les soldats qui avaient été fait prisonnier, permettant d’être libérés en échange d’une rançon. Les rançons étaient augmentées selon le statut d’une personne, et si personne ne payait la rançon, ce captif serait vendu en tant qu’esclave. Dans la plupart des cas, ceux de faible statut seraient libérés au sein d’un grand groupe lorsque leur pays payait une somme forfaitaire, mais ceux de plus grand statut verraient leurs rançons payées par les membres de leur maison. Il y avait eu de nombreux cas où une maison avec une capacité de paiement limitée s’était ruinée en faisant ça.
« Georg veut-il que les nobles utilisent leurs financements de l’ombre afin d’embaucher des mercenaires de Zem, puis de récupérer l’argent de Zem en leur faisant payer la rançon pour leurs mercenaires capturés ? » demandai-je.
« C’est exact, » répondit-il.
Les mercenaires Zem envoyés n’auraient pas de personnes de haut statut dans leurs rangs, mais le montant qu’ils devaient payer sous forme d’une somme forfaitaire serait considérable.
Franchement... il s’agissait d’un plan très bien ficelé. Ceci l’avait rendu d’autant plus irritant.
« Pourquoi dois-je gaspiller un homme qui peut réfléchir à ce point à un tel plan ? » protestai-je amèrement. « Je suis déjà à court de personnes capables, alors s’il est déterminé à m’aider, il devrait simplement m’aider d’une manière un peu plus normale ! »
« S’il vous plaît, Sire, veuillez le comprendre, » déclara Glaive, me regardant directement dans les yeux. « Le Duc Carmine vous a confié le futur du royaume. »
Je déglutis à ce moment-là. « ... Comment pourrait-il croire autant en moi ? Nous ne nous sommes jamais rencontrés. »
« Cela, je ne le sais pas du tout. Lorsque vous rencontrerez vous-même le Duc Carmine, je vous suggère de le lui demander. »
Je devins silencieux.
***
À cette époque, je n’avais eu aucune réponse. Mais plus tard, lors de l’ultimatum, j’avais essayé de demander subtilement à Georg quelles étaient ses motivations. « Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cela ? »
En réponse à ma question, Georg avait répondu, « Ma fierté en tant que guerrier. »
Il avait continué à parler, « Ayant plus de cinquante ans, mon corps me fera que s’affaiblir à partir de maintenant, mais actuellement, je possède la plus grande des circonstances opportunes qui m’ait été présentée. Je déciderai du destin d’Elfrieden avec mes propres talents. Une fois dans sa vie, c’est le désir de chaque guerrier d’accomplir quelque chose dont se souviendra chacune des générations suivantes. »
En fonction de la façon dont vous les avez interprétées, ces mots pouvaient ressembler à quelque chose comme un usurpateur ayant l’intention de faire un pari sur une vie. Cependant, le fait important dans cette affaire était qu’il avait déclaré qu’il était prêt à donner sa vie à ce pays.
Déterminer le sort d’Elfrieden avec ses propres talents et accomplir quelque chose qui resterait dans la mémoire des prochaines générations. C’était pourquoi il voulait détruire les nobles corrompus, même s’il devait se sacrifier afin de le faire.
Je ne savais pas si ces mots étaient la vérité. Cependant, je pouvais dire que sa résolution était inébranlable. La résolution de Liscia était peut-être venue de cet homme, son professeur.
Revenons maintenant au sujet principal.
Les informations qui nous avaient été apportées par Glaive avaient été cachées dans les cœurs de tous ceux qui étaient présents ce jour-là. Il y avait eu six personnes présentes : moi-même, Liscia, Hakuya, Aisha, Kaede et Hal.
Si un seul mot concernant cette vérité avait fuité, alors tout le plan aurait pu ne jamais voir le jour. C’est pourquoi nous ne pouvions pas communiquer ce plan à Excel, qui coopérait déjà avec nous à ce moment-là, ou même à Ludwin, le commandant en chef de l’Armée Interdite. Pour cette raison, Excel restait méfiant de Georg, et il y avait eu une autre erreur de calcul.
La rébellion de Castor.
Parce que le plan s’était mis en place dans le secret absolu, Castor abritait des doutes envers moi, et donc son Armée de l’Air avait fini par se ranger du côté de Georg. Pour nous, et pour Georg, cet événement était complètement en dehors de nos prédictions. Peu importe à quel point Castor pouvait être simpliste, cela ne m’était pas venu à l’esprit qu’il se rangeait du côté de Georg alors que Georg agissait d’une manière aussi suspecte.
Je n’avais jamais pensé qu’il ne prendrait qu’une centaine d’hommes de ses troupes personnelles et qu’il rejoindrait Georg, prêt à devenir lui-même un martyr afin de respecter leur amitié.
Grâce à cela, la bataille de la Cité du Dragon Rouge avait été une situation complètement improvisée, qu’on ne trouvait pas dans le scénario de Georg. Bien que cela soit correct, puisque nous avions gagné, il s’agissait d’une situation qui aurait pu transformer l’intégralité du script prévu en une scène d’improvisations.
Peut-être qu’Excel aurait pu prévoir que Castor agirait comme ça. Cependant, parce que nous avions gardé le plan de Georg secret vis-à-vis d’Excel, il n’y avait aucune possibilité de la consulter. En ce qui concerne les résultats finaux, mon incapacité à utiliser les personnes que j’avais à ma disposition avait provoqué une confusion dans toute cette situation, alors j’avais probablement beaucoup de choses à considérer maintenant.
Eh bien, cela avait été une bataille avec de nombreux virages, mais en quelque sorte, je pensais que nous avons réussi à exécuter le scénario de Georg jusqu’à la fin. Et enfin, le rideau pouvait tomber sur la scène écrite dans les plans de Georg.
Maintenant, c’était là que cela allait vraiment commencer. Enfin, nous pouvons arriver à l’événement principal.
Hakuya et moi étions les scénaristes de cette nouvelle étape sur le point de commencer. À cause de Georg, nous avions dû prendre une longue route afin d’arriver ici. Mais, enfin, nous pouvions maintenant lever les rideaux sur notre propre scène.
« Maintenant, que commence l’assujettissement ! » C’était ce que j’avais déclaré.
L’assujettissement était un mot utilisé pour décrire la neutralisation d’une révolte se trouvant dans son propre pays, mais, plus largement, il pouvait également se référer à la répression d’une puissance étrangère hostile.
Ici, je voudrais que vous vous souveniez d’une chose.
La Principauté d’Amidonia allait envahir le pays en passant par le sud-ouest en raison de leur correspondance avec Georg, et ils avaient prévu de faire coïncider leur invasion avec le début de la révolte.
Cependant, Georg lui-même ne s’était concentré que sur les affaires intérieures.
Bien sûr, cela signifiait que dès le départ, il n’avait jamais été vraiment en contact avec la Principauté d’Amidonia.
Et maintenant, on peut bien se demander qui avait pu être celui qui avait pris le nom de Georg et qui avait envoyé des lettres à Gaius VIII.
— Mais maintenant, laissez-moi commencer le véritable assujettissement.
☆☆☆
Chapitre 8 : La Déclaration de Guerre
Partie 1
— Le soir du 1er jour du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — près d’Altomura.
L’armée amidonienne avait accepté de lever le siège à la demande du seigneur du château, Weist Garreau, mais à midi, il n’y avait toujours pas eu de signes annonçant l’ouverture des portes d’Altomura.
Le Prince Souverain d’Amidonia, impatient de voir évoluer la situation, avait ordonné que le siège soit repris. Puis, une fois l’encerclement de la ville terminé, il avait donné l’ordre d’effectuer une attaque frontale de toute l’armée en même temps. Cependant, après avoir levé le siège de la ville, il avait fallu beaucoup de temps pour encercler à nouveau la ville. Nous nous trouvions proches du début de la soirée quand la tâche fut enfin terminée.
« Soyez maudit... » Jura Gaius. « De penser que je serais pris pour un imbécile par un petit homme sans importance tel que Weist. »
Alors qu’il était assis sur un tabouret dans le camp principal d’Amidonia, Gaius frappa du pied dû à son impatience. Quand ils le virent agissant ainsi, tous ses officiers et soldats se placèrent le plus loin possible de lui. Ils savaient tous que si quelque chose arrivait et que cela déclenchait sa colère, cela pourrait leur coûter la tête. Bien sûr, cela avait créé une atmosphère pesante sur tout le camp.
Au milieu de tout ça, le prince héritier, Julius, fit de son mieux afin de calmer Gaius.
« Cela signifie simplement qu’une petite nuisance cause de petites nuisances, » dit-il. « Il a effectué une tentative inutile afin de gagner un peu de temps. Mais cette fois-ci, nous devrons juste nous assurer de l’écraser totalement. Alors, pourquoi être autant énervé à ce propos. »
« ... Mphfff, » dit Gaius. « Tout à fait. Car après tout, sa lutte est certainement vaine. »
Il semblait avoir été apaisé par les paroles de Julius. Il continua de parler.
« Désormais, il est trop tard pour eux de me supplier pour leur vie. Je vais totalement détruire cette ville de province au moment où le soleil se lèvera. Quand le moment sera venu, Weist, je vais accrocher votre tête sur les portes du château. Mais pas avant de vous avoir torturé jusqu’à ce que vous m’ayez imploré que je vous tue ! »
« ... Je crois que faire ça serait très approprié, » déclara Julius.
Contrairement à Gaius, qui était toujours en colère, Julius affichait une expression glaciale. Pourtant, l’incertitude commençait à prendre racine dans son esprit. Il avait ressenti une présence suspecte de l’autre côté de ces murailles. Pourquoi Weist serait-il venu afin de gagner du temps sans espoir de gagner ?
Alors qu’il analysait ça, un soldat amidonien se précipita dans le camp principal.
« J’ai un rapport ! Une femme a été aperçue sur les murs d’Altomura ! » dit-il.
« Une femme ? » Demanda Julius.
Alors qu’il écoutait le soldat qui s’était incliné avant de faire son rapport, Gaius haussa les sourcils. « Mais, qui est-elle ? »
« Et bien... selon l’un des commandants qui l’a immédiatement reconnue, il s’agit d’Excel Walter, l’Amirale de la Marine d’Elfrieden, » déclara le soldat.
« Avez-vous bien dit Excel Walter ? » Gaius doutait de ses propres oreilles. « Vous dites que l’un des trois ducs se trouve à l’intérieur de ce château !? »
C’était dur à croire. Le roi d’Elfrieden, Souma, avait effectué son ultimatum envers les trois ducs il y a seulement quelques jours. Certes, l’Amirale Excel Walter lui avait juré de sa loyauté, mais au moment où les espions lui avaient communiqué cette information, les armées de la Principauté étaient déjà en train d’assiéger Altomura.
Sa base d’opérations était la Cité Lagune qui se trouvait au bord nord-est du Royaume, tandis qu’Altomura était proche du bord sud-ouest. Peu importe à quelle vitesse elle avait voyagé, il aurait fallu au moins trois ou quatre jours afin de parcourir cette distance. Si Excel se trouvait dans la Cité Lagune lorsque l’ultimatum avait été effectué, alors elle n’aurait pas pu arriver à Altomura à temps.
« Pourquoi !? Pourquoi est-ce qu’Excel est ici !? » S’écria Gaius.
Et contrairement à un Gaius qui semble incrédule, Julius avait l’air comme si tous se mettaient en place dans son esprit.
« ... Excel a très probablement déjà communiqué avec Souma avant même l’ultimatum, » déclara Julius.
La véritable identité de cette sensation sur laquelle il n’avait pas pu mettre un nom venait enfin d’être connue. C’était ce qu’il avait ressenti en permanence en provenance d’Altomura. Était-ce l’ombre d’Excel ?
Au moment où il se rendit compte de tout ça, Julius découvrit le plan traître que l’ennemi avait conçu, le faisant pâlir d’un coup. Si Excel et Souma avaient été secrètement en contact, il était possible que les deux autres ducs soient aussi de leurs côtés.
Et si cet ultimatum n’avait été qu’une farce... !?
C’était à ce moment-là que Julius réalisa enfin le véritable but de l’ennemi.
« Père, donnez l’ordre afin que nous partions d’ici en toute hâte ! Nous avons été attirés jusqu’ici ! » Cria-t-il.
Julius posa un genou sur le sol devant son père, offrant avec beaucoup de regret ses conseils. Gaius cligna des yeux en entendant la soudaine suggestion de retraite. « Attiré ici ? Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »
« Il est très probable qu’Excel était déjà à Altomura quand elle a pris part à la réunion où cet ultimatum a été lancé par le roi, » déclara Julius. « Tout comme eux, nous avons aussi un Joyau de Diffusion de la Voix dans notre pays. Et il ne serait certainement pas impossible d’en transporter un ailleurs. »
« Pourquoi aurait-elle besoin de le faire ? » Demanda Gaius.
« Je suis sûr que c’était afin de nous bloquer devant cette cité, » déclara Julius, un visage amer clairement visible. « La cible de l’ennemi est... »
« Ceci est une annonce qui concerne tous les citoyens d’Elfrieden. »
Julius fut interrompu en plein milieu de sa phrase. Une voix assez forte pour que tous les soldats d’Amidonia encerclant Altomura puissent l’entendre fit écho dans toute la région. Quand ils se tournèrent dans la direction afin de voir ce que c’était, ils virent qu’il y avait une silhouette géante debout sur les murs d’Altomura.
Il devait faire environ 20 mètres de haut. Si cela avait été véritablement la personne elle-même, alors il serait clair que cette personne serait un géant. Cependant, un paysage était visible derrière lui. Il devait y avoir une sorte d’illusion utilisée là.
Cette silhouette était celle du roi provisoire d’Elfrieden, Souma Kazuya.
Aujourd’hui, il ne portait pas la tenue décontractée qu’il portait habituellement. À la différence des autres fois, il était vêtu d’un uniforme militaire très approprié pour une telle situation. On dit que les vêtements font l’homme, et là, il a l’air beaucoup plus intimidant que d’habitude.
Gaius et Julius regardèrent Souma avec des regards emplis de haine.
***
« Je le répète. Ceci est une annonce qui concerne tous les citoyens d’Elfrieden. Je suis le roi provisoire d’Elfrieden, Souma Kazuya. »
Pendant ce temps, sur les murs du château, Excel regardait l’image géante de Souma en uniforme militaire avec une expression compliquée clairement visible sur son visage.
La brume sur laquelle était projetée cette image de Souma avait été produite par la magie d’Excel.
Avec le Pouvoir Magique qu’exerçait Excel en tant que descendante des serpents marins, il était facile d’imiter l’un des générateurs de brouillard des récepteurs utilisés pour la diffusion du Joyau de Diffusion de la Voix. En ce moment, Excel utilisait ce pouvoir pour montrer à l’Armée d’Amidonia l’image de Souma en provenance du Joyau de Diffusion de la Voix.
Souma commença par donner une explication complète sur la séquence d’événements qui avait conduit à l’actuelle situation.
Comment, le Général de l’Armée de Terre, Georg, avait abrité des nobles corrompus, et donc l’Armée Interdite et l’Armée de Terre étaient entrées en conflit.
Il avait aussi parlé sur le Général de l’Armée de l’Air, Castor, qui s’était révolté contre lui, prêt à devenir un martyr en raison de son amitié avec Georg.
Et aussi sur le fait que dès le début, entre les trois ducs, seule l’Amirale de la Marine, Excel, avait exprimé son intention de le servir loyalement.
Bien sûr, il annonçait les faits les uns après les autres, sans donner beaucoup de détails, mais les détails n’étaient pas importants pour la plupart des personnes présentes. Ce qu’elles voulaient entendre était de savoir si elles allaient être prises dans ce conflit ou non.
« Beaucoup d’événements sont survenus ces derniers jours, mais à l’heure actuelle, l’Armée Interdite, l’Armée de Terre, la Marine et l’Armée de l’Air sont toutes sous mon contrôle, » annonça Souma. « En tant que tel, je proclame par la présente que la guerre civile est arrivée à son terme. »
Le conflit entre le roi et les trois ducs était donc terminé.
Pour les citoyens, juste savoir ça était déjà largement suffisant. Cependant, Excel affichait dès lors un regard douloureux à la suite de ces mots.
Nous nous trouvions que deux jours après l’ultimatum. Cette annonce signifiait aussi qu’en ce jour, Souma avait vaincu l’Armée de l’Air de Castor Vargas et l’Armée de Terre de Georg Carmine.
Excel pouvait comprendre pour Castor. Il s’était révolté avec uniquement ses troupes personnelles, et Excel avait partagé ses connaissances concernant des itinéraires qui pourraient être utilisés pour envahir la Cité du Dragon Rouge afin d’aider à sa capture en douceur.
Cependant, Excel avait senti quelque chose d’artificiel dans la manière dont Georg s’était rendu si facilement.
Le temps qu’il m’a été demandé, de gagner était si court, donc je pensais bien qu’il y avait peut-être quelque chose de prévu, mais... Je n’aurais jamais imaginé qu’ils puissent travailler ensemble dès le début, pensa-t-elle. Il semblerait que Castor, moi-même, et même Sa Majesté avons dansé dans la paume de la main de Georg Carmine.
Malgré son apparence jeune, Excel se demandait si c’était comme ça qu’on voyait l’âge venir. Alors qu’elle commençait à comprendre le plan de Georg, elle regarda au loin tout en poussant un soupir.
Si tel était le cas, j’aurais dû agir d’une manière encore plus pressante afin de forcer Castor à s’arrêter... Si j’avais risqué ma vieille carcasse, aurais-je pu sauver deux vies ?
C’est ce qu’Excel pensait alors qu’elle regardait l’image de Souma.
Le discours de Souma arriva à son apogée.
***
« La guerre civile a désormais pris fin. Pourtant, il est bien trop tôt pour que nous puissions rengainer nos lames ! Les armées de la Principauté d’Amidonia ont traversé la frontière et ont envahi notre pays ! En ce moment même, les forces amidoniennes ont assiégé la ville d’Altomura qui se trouve au sud-ouest du royaume ! » annonça Souma.
Lorsque le roi avait soudainement révélé l’invasion d’Amidonia, environ la moitié de la population avait été tendue, tandis que la moitié avait réagi en étant choqué. Ceux qui étaient tendus étaient ceux de l’ouest qui avaient déjà reçu des informations concernant l’incursion amidonienne, tandis que ceux qui étaient choqués étaient ceux de l’est du pays où les nouvelles n’étaient pas encore arrivées.
Comme l’invasion effectuée par la Principauté d’Amidonia n’avait débuté que depuis quelques jours, l’information n’avait pas encore été complètement diffusée.
Les populations de l’est avaient réagi à cette soudaine nouvelle en tombant en pleine panique. Toutefois...
« Mais n’ayez pas peur, » déclara Souma. « J’avais prévu que cela pourrait arriver, et j’ai donc envoyé la Duchesse Excel à Altomura. Jusqu’à présent, l’ennemi n’a pas pu capturer la cité d’Altomura. »
Lorsque la population entendit les paroles de Souma, cela permit de les calmer un peu. Il continua.
« J’ai déjà l’Armée Interdite, l’Armée de Terre, la Marine et l’Armée de l’Air sous mes ordres, » annonça Souma. « L’armée qui nous envahit en provenance de la Principauté possède environ 30 000 soldats. De notre côté, en combinant les différentes armées, nous pouvons mobiliser environ 55 000 soldats. Si nous marchons maintenant jusqu’à Altomura, ce serait une tâche simple de neutraliser ces barbares qui nous envahissent. »
Quand ils entendirent ces mots, une impression de soulagement se répandit parmi la population. Cependant, à l’instant suivant...
« Mais, très cher peuple. Est-ce assez selon vous !? » Cria Souma.
Cette impression de soulagement avait été dissipée alors que le roi haussait la voix.
« La Principauté d’Amidonia a toujours visé à prendre les terres de ce pays, » Continua Souma. « Pendant des générations, leurs princes ont agi afin de retrouver leurs terres perdues, augmentant leur armée et gardant la frontière dans un état de tension constante. Le prince actuel, Gaius VIII, n’est pas différent des autres. Il a accentué les flammes de conflit entre les trois ducs et moi-même, agissant dans les coulisses afin d’atteindre ses propres objectifs ! Puis, lorsque le conflit entre Georg et moi est devenu une certitude, il a levé ses armées, puis est allé piétiner sous leurs pieds les terres appartenant à notre pays ! »
Il était exact que Souma avait fait quelques manœuvres dans l’ombre, créant par exemple une quête dans la guilde des aventuriers afin de faire évacuer les villes et les villages se trouvant sur le chemin des Armées de la Principauté. Cependant, cela ne signifiait pas qu’il n’y avait pas eu de pertes. Il y avait eu des villages délibérément brûlés par l’ennemi. Il y avait probablement eu aussi des pillages. Et si quelqu’un avait eu le malheur de se retrouver nez à nez avec les éclaireurs ennemis alors qu’il fuyait, il se peut qu’il y ait eu des vies perdues.
En plaçant sa colère dans les mots qu’il prononçait, Souma continua.
« Je vous le demande donc une fois de plus ! Êtes-vous satisfait de simplement les chasser hors du pays !? Dans cette ère de troubles, alors que toute l’humanité essaie de s’unir avec l’Empire Gran Chaos afin de contrer les armées du Seigneur Démon, est-il possible de tolérer un pareil comportement qui fut si barbare et violent ? Non ! C’est certain que ce n’est pas possible de l’accepter ! En tant que tel, alors qu’il n’est pas nécessaire pour notre pays de le dire, vu que nous avons fait l’objet d’une attaque-surprise, je le dirai néanmoins. »
À ce moment-là, Souma s’arrêta pendant un instant. Il prit une profonde inspiration avant de proclamer d’une voix très ferme.
« Le Royaume d’Elfrieden déclare la guerre à la Principauté d’Amidonia ! »
Il s’agissait donc d’une déclaration de guerre. La population devint tendue alors qu’elle entendait ces paroles.
Il s’agissait de mots qu’ils n’avaient jamais entendus à l’époque de l’ancien roi, Albert.
Les hommes étaient engloutis dans un étrange sentiment d’exaltation, tandis que les femmes étaient effrayées, et les anciens qui avaient vécu à l’époque des guerres et du chaos présent pendant le règne du roi d’avant Albert, celui qu’on appelait désormais le Conquérant, craignaient que ces jours de noirceurs ne reviennent.
Cependant, Souma avait continué sans la moindre hésitation présente dans sa voix.
« Je suis sûr que les armées d’Amidonia regardent aussi cette émission. Et donc, je leur déclarerai cela. J’ai envoyé vers l’ouest les forces rassemblées dans le duché de Carmine. Leur but sera de capturer la capitale de la Principauté, Van. Alors que vous, les forces de la Principauté perdrez votre temps près d’Altomura, nous allons sans doute raser entièrement vos maisons. »
Et alors, Souma acheva son discours avec des paroles qui resteront dans les annales, et qui seront sans aucun doute utilisées afin de représenter l’intégralité de cette scène quand elle sera dramatisée au cours des prochaines années.
« Écoutez-moi, Gaius ! Maintenant que vous avez posé la main sur ma maison, je vous ferais voir ce qu’il vous en coûtera ! »
***
Les wyvernes porteuses du palanquin de l’Armée Interdite utilisée pour les voyages royaux à l’étranger (également connus sous le nom de "wyvernes de salon") étaient quatre wyvernes qui portaient une nacelle aussi luxueuse qu’une limousine. Elles jouaient un rôle semblable à celui d’un dirigeable.
Il s’agissait de l’une des quatre wyvernes que j’avais prêtées à Poncho quand il avait dû chercher un peu partout ces ingrédients.
L’intérieur de la nacelle était spacieux et luxueusement aménagé.
Au début, lorsque l’argent avait manqué, j’avais même envisagé de retirer toutes les décorations et de les vendre. Mais Marx, qui était à l’époque Premier ministre m’avait suppliée de ne pas le faire. « Ceux-ci servent de façade pour notre royaume vis-à-vis du monde extérieur. Alors, s’il vous plaît, ne les vendez pas ! » J’avais donc abandonné l’idée.
J’étais à l’intérieur de cette nacelle, venant juste de terminer ma déclaration de guerre contre la Principauté d’Amidonia.
Le Joyau de Diffusion de la Voix était placé sur le sol juste devant moi. Aussi spacieuse que pût être la nacelle, nous avions eu beaucoup de mal à charger la gemme. Parce que la gemme était juste assez large pour se coincer vis-à-vis du toit, nous avions été obligés de couper une ouverture dans le haut et de la faire passer par là-bas.
À cause de ça, maintenant que nous volions en haute altitude, le vent s’engouffrait à l’intérieur de la nacelle et il faisait très froid. J’espérais seulement que mes jambes tremblantes n’étaient pas trop visibles lors de la diffusion de la déclaration de guerre.
« Souma, vous avez fait du bon travail, » déclara Liscia. « Maintenant, venez ici ! »
Après que j’avais dû résister au froid pendant assez longtemps pour que je puisse finir ma déclaration de guerre, Liscia ouvrit la couverture qu’elle avait mise autour d’elle afin de me laisser entrer moi aussi sous la couverture.
Deux personnes enveloppées dans une couverture. Oh, quelle chaleur ? J’avais finalement l’impression que je pouvais désormais me reposer. Je n’avais jamais été aussi reconnaissante de la chaleur d’une autre personne avant aujourd’hui.
« Ahh, il faisait tellement froid, » me plaignais-je. « Si j’avais su qu’il allait faire si froid, je pense que j’aurais préféré passer par la voie terrestre. »
« Si vous aviez tenté de charger la gemme dans un autre véhicule, une voiture à cheval n’aurait certainement pas suffi, » déclara Liscia. « Et si vous l’aviez transportée sur le dos d’un rhinosaurus, n’auriez-vous pas eu le mal des transports ? »
« ... Hehe, tous les deux sont aussi négatifs, » murmurai-je.
J’étais monté sur des rhinosaurus lorsque nous avions aidé le village des elfes sombres. C’était tout sauf un voyage en douceur.
Hal et les autres se déplacent probablement avec eux, pensai-je. Je dois trouver un moyen d’améliorer la situation et cela rapidement. Cela pourrait être un problème si je ne le faisais pas.
Alors que j’étais assis là-bas, je pensais souvent à de telles choses...
« H-Hmph... Un peu de froid comme celui-ci... ce n’est rien... » déclara Carla, assise en face de nous et essayant de paraître forte alors qu’elle frissonnait.
Cette fille que j’avais amenée avec nous en tant qu’otage vis-à-vis de l’Armée de l’Air portait peut-être une armure, mais elle n’avait pas de couverture afin de la protéger du froid. J’avais proposé de lui prêter une couverture, mais elle l’avait refusée, essayant de paraître forte.
Je pense qu’elle doit aller bien, étant donné qu’elle est un dragonewt, mais... maintenant que j’y pense, ils sont reptiliens, n’est-ce pas ?
« Les dragonewts ont-ils du mal à s’adapter au froid, tout comme les lézards ? » demandai-je.
« Ne nous comparez pas avec les lézards ! » cria-t-elle. « Oui, c’est vrai, nous avons du mal avec le froid, mais... »
« Mais vous devez voler à des altitudes assez élevées dans la Force Aérienne, n’est-ce pas ? » demandai-je. « Ne fait-il pas très froid quand vous faites cela ? »
« ... Nous prenons les mesures appropriées afin de nous protéger contre le froid, » répondit-elle.
« Hum, oui. Je suppose que vous devez le faire, » lui répondis-je.
Ce genre de froid devait être un événement quotidien pour ceux étant dans l’Armée de l’Air, alors ils devraient avoir des moyens de le faire.
Après que je me fus levé avant de poser une couverture de rechange autour de Carla, elle me fit un maladroit « ... Hum » avant de s’emmitoufler dedans alors qu’elle reniflait un peu.
Puis...
« Franchement... Comment pouvez-vous dire “Maintenant que vous avez posé la main sur ma maison, je vous ferais voir ce qu’il vous en coûtera !” ? » s’écria-t-elle. « Vous avez été celui qui a créé la tentation afin que les forces d’Amidonia nous attaquent par eux-mêmes, n’est-ce pas ? Sale bât... Je veux dire, Votre Majesté. » Carla se retourna pour me faire face, détournant les yeux.
« ... Hehe, vous l’avez donc remarqué, » répondis-je.
« Maintenant que je connais l’intégralité de la scène, ce n’était pas difficile à deviner, » dit-elle. « Vous avez utilisé les troubles intérieurs du pays afin d’attirer les Amidoniens, et maintenant vous allez les frapper, n’est-ce pas ? Est-ce que le Duc Carmine était aussi dans le coup ? »
« ... Je suppose que vous pourriez dire que vous avez à moitié raison, » dis-je. « Ce qu’a fait Georg a été entièrement réalisé à la suite de sa propre initiative. La cible de l’assujettissement qu’Hakuya et moi-même prévoyions dès le départ était la Principauté d’Amidonia. »
En enquêtant sur la corruption des nobles, j’avais appris que ce n’était pas qu’un petit nombre de nobles à l’intérieur du royaume qui travaillaient avec la Principauté d’Amidonia. Qu’il s’agît de liens familiaux, de pots-de-vin ou de détournements illégaux de fournitures, leurs connexions prenaient de nombreuses formes, mais l’existence de ces nobles était extrêmement dangereuse pour ce pays. Par exemple, si Amidonia devait envahir dans la situation actuelle, et si elle avait organisé une révolte dans tout le pays, cela aurait pu être un coup fatal pour ce royaume.
À cause de ça, Hakuya et moi avions réfléchi à diverses façons de résoudre la racine du problème. Et par "la racine", bien sûr, je voulais parler de la Principauté d’Amidonia elle-même.
« La Principauté d’Amidonia a été une menace constante pour ce pays, » dis-je. « Si nous les avions laissés tranquilles, je ne doute pas qu’ils continueraient à fomenter une rébellion. Si cela se produisait, alors beaucoup de personnes seraient blessées dans cet incident. C’est pourquoi Hakuya et moi avions prévu d’utiliser ces circonstances opportunes afin de leur infliger une défaite écrasante et les dépouiller de leur influence. Pour ce faire, nous avons utilisé de fausses lettres et d’autres méthodes du même genre afin d’essayer de les attirer dans un piège, mais... »
Là, je m’étais arrêtée un instant, grattant l’arrière de ma tête.
« À peu près à la même époque, Georg était en train de préparer un plan complètement distinct, » dis-je. « En prenant délibérément une position rebelle contre moi, il a rassemblé les nobles corrompus autour de lui. Puis il a projeté de lancer une rébellion et de perdre, afin qu’ils soient tous capturés avec lui. Vous comprenez, c’était son plan. »
« Vous... avez-vous été informé de ce plan ? » demanda Carla, ses yeux écarquillèrent alors qu’elle posait cette question.
Je hochai la tête tout en restant silencieux.
Liscia regarda vers le sol, ayant un air peiné à cause de ça.
« On nous a parlé du plan de Georg beaucoup plus tard, » dis-je. « Une fois que la situation avait progressé au point où personne ne peut revenir. Il a dû penser que nous l’arrêterions s’il nous révélait son plan dès le départ. Et en vérité, s’il me l’avait dit dès le début, je pense que je l’aurais fait. Ce genre de... plan nécessitant son sacrifice... Je n’aurais pas pu l’accepter. »
« Je vois. D’une certaine manière, ce que mon père disait était juste, » murmura Carla, ses épaules s’affaissèrent tout en disant ça.
« Qu’est-ce que Castor a dit ? » demandai-je.
« La veille de votre ultimatum, mon père a dit quelque chose comme ça “Je ne peux pas imaginer que le duc Carmine soit rendu fou par l’ambition.” »
À bien y penser, il... Castor avait dit quelque chose comme ça quand j’avais lancé mon ultimatum. Il avait dit ça, « Je ne peux pas imaginer que le Duc Carmine s’opposerait à vous sans une bonne raison. »
... Et il avait raison. Il n’y avait rien de faux dans ce qu’il avait dit. Castor était enclin à prendre des décisions hâtives, mais il avait peut-être compris instinctivement la véritable nature de la situation.
« Pourquoi... ? » Demanda Carla avec regret après un moment de silence, évitant toujours de regarder mes yeux. « Pourquoi n’avez-vous pas averti mon père avant ça ? Si seulement il avait su ça... »
« ... Plus il y a de personnes qui connaisse un secret, et plus le risque de fuite de ce secret est important, » expliquai-je. « Il ne pouvait pas se le permettre. Surtout que s’il l’avait su, Castor aurait essayé de toutes ses forces de l’arrêter, n’est-ce pas ? »
« C’est... » Carla devint silencieuse après ça.
Je serrai fermement les poings sous la couverture. « Nous avions déjà beaucoup dépensé, y compris la vie de Georg, pour que ce plan puisse se concrétiser, » dis-je. « Alors que nous ne pouvions plus revenir en arrière, nous devions tout faire afin de nous assurer qu’il réussisse. S’il ne réussissait pas, nous aurions dépensé tout cela en vain. C’est pourquoi j’avais espéré que Castor choisisse de nous accompagner de lui-même. Excel et moi avons donc continué à essayer de le persuader de venir avec moi. Et puis... Castor a dit qu’il préférerait mourir pour son amitié, puis rejoint le côté de Georg. »
Je serrais les dents à cause de la frustration. Pourquoi les choses s’étaient-elles si mal passées ?
Tout le monde venait de faire comme ils l’auraient voulu selon leurs propres raisons arbitraires. Au moment où je l’avais réalisé, je dansais déjà selon le scénario dont je ne connaissais même pas l’auteur. Et je ne savais même pas si mon rôle sur la scène de ce monde était celui d’un roi ou d’un bouffon.
Carla avait baissé la tête, incapable de dire quoi que ce soit. Liscia semblait vouloir lui dire quelque chose, mais elle se retint de le faire.
Alors que je regardais les deux filles, je laissais échapper un petit soupir. C’est vraiment... un rôle désagréable que d’être un roi.
☆☆☆
Partie 2
« Leur but sera de capturer la capitale de la Principauté, Van. »
Quand ils eurent entendu Souma déclarer cela, les 30 000 soldats amidoniens assiégeant Altomura partirent dans une retraite précipitée.
Du haut du mur, l’Amirale de la Marine Excel Walter et le seigneur d’Altomura Weist Garreau avaient tous deux regardé l’extérieur tandis que le soleil couchant brillait sur les clôtures et les banderoles qui avaient autrefois entouré les camps que les envahisseurs avaient laissés derrière.
Quand Weist se tourna vers le côté, il vit le visage d’Excel de profil, le soleil couchant lui donnant une beauté envoûtante.
« ... est-ce correct de ne pas les attaquer maintenant ? » demanda Weist, comme s’il essayait de dissimuler le fait qu’il était presque totalement fasciné par sa beauté.
Une course-poursuite pourrait être une occasion d’infliger des dégâts considérables à l’ennemi.
Cependant, Excel secoua négativement et en silence la tête. « Il y a de la cavalerie wyverne dans leur arrière-garde. Si une armée sans cavaleries-wyvernes telle que la nôtre devait quitter le château et que nous les poursuivions, alors nous subirions une contre-attaque punitive. Gaius VIII... Comme vous pouvez vous y attendre de l’homme qui a aiguisé ses crocs et se prépare à frapper notre pays depuis si longtemps, il donne des ordres tout à fait sensés. Bien que je doute que cela suffise pour s’enfuir de la paume de la main de Sa Majesté. »
Quand Excel déclara cela et ferma ses yeux, Weist ouvrit largement ses yeux. Pour Excel, qui avait toujours traité tout le monde qu’elle rencontra comme des enfants, y a-t-il déjà eu une personne qu’elle avait si bien jugée auparavant ?
« Est-ce que Sa Majesté est si ingénieuse que ça ? » demanda Weist.
« Je pense qu’en matière d’ingéniosité, il n’est pas si impressionnant que ça, » répondit Excel. « C’est plutôt que, pour chaque scénario qu’il rencontre, il arrive à trouver un plan qui semble être une réponse appropriée. C’est presque comme s’il connaissait déjà une bataille similaire. »
« Hm ? Que voulez-vous dire ? » Demanda Weist.
« ... Mais peut-être que Sa Majesté vient d’un monde bien pire que celui-ci. Un tourbillon de machinations et de supercheries, » déclara Excel.
Weist frissonna aux mots d’Excel.
Il avait entendu dire que Souma était un héros convoqué en provenance d’un autre monde. Et s’il supposait que cet autre monde avait vu la chute de beaucoup plus de pays qu’ici et qu’il avait connu des temps turbulents qui avaient causé la mort de beaucoup plus de personnes ?
Si, par hasard, ce monde devait se connecter avec celui-ci, la population de ce monde pourrait-elle riposter contre les personnes comme celle-ci ?
D’après les images qu’il avait vues, ce jeune homme ne semblait pas particulièrement apte à se battre, mais il pouvait quand même trouver des plans aussi bien développés.
Bien sûr, le fait que cela arrive était probablement aussi probable que si le ciel tombait...
« C’est... vraiment horrible juste à y penser, » déclara Weist.
« Oui, c’est vraiment... Mais maintenant, » dit Excel en frappant dans ses mains comme pour signifier un changement d’humeur. « Pensez-vous que notre travail est fini ici ? »
« ... Duchesse Excel, je sais qu’il est un peu tard pour demander ça maintenant, mais plutôt que de simplement gagner du temps, n’auriez-vous pas pu facilement vous occuper des forces de la principauté avec votre magie ? » demanda Weist.
Après que Weist ait fait cette remarque, Excel avait ri. « Ho Mon Dieu ! Vous savez, vous ne pouvez pas compter sur une vieille femme pour toujours. »
« Je pense que c’est le devoir d’un aîné de veiller sur les jeunes quand ils essaient si durement de faire quelque chose, » déclara Weist.
« Effectivement... » répondit-elle.
Weist ne savait pas trop quoi dire, mais contrairement à l’expression gaie d’Excel, elle se sentait irritée à l’intérieur.
Cette fois, mon rôle m’a obligé à rester en arrière-plan. Quand je considère ce qui arrivera à Carla et à Castor après la guerre, j’aimerais accomplir autant de choses que possible. Mais si j’en fais trop, cela ne fera que nuire à l’impression de Sa Majesté vis-à-vis de moi.
Elle soupira intérieurement, mais Excel n'était pas du genre à le montrer. « Maintenant, laissez le reste à notre jeune roi et à ses amis pendant que nous nous dirigeons vers le sud comme prévu. »
Alors qu’elle disait ça, les pensées d’Excel s’étaient tournées vers une autre jeune.
***
Au crépuscule, alors que la lune était cachée derrière les nuages, les forces de la principauté couraient, la torche à la main.
Une horde de 30 000 hommes portant des torches se déplaçait tel un serpent rampant sur le sol. De loin, ça devait ressembler à un spectacle fantastique. Cependant, pour les hommes eux-mêmes, ils étaient simplement obligés de courir alors qu’ils étaient couverts de sueur et de saleté.
Vers l’avant de cette ligne de troupes, le prince d’Amidonia, Gaius VIII, était au centre de l’unité de cavalerie qui se trouvait à la tête du convoi. Entouré de cinq gardes du corps qui portaient chacun une torche, il dirigeait son cheval comme un homme possédé.
Son expression était sinistre. Tout cela était la faute de ce jeune roi.
Ce roi avait appâté Gaius et ses hommes en utilisant les terres qu’ils avaient perdues, la région productrice de céréales fertiles. Cela avait exposé leur capitale Van, créant un flanc mou qui aurait normalement été protégé par une solide armure. Elfrieden avait alors saisi leur chance pour le poignarder pile dans cette zone.
Georg Carmine avait bloqué la route vers la capitale, mais il avait capitulé deux jours seulement après l’ultimatum. Et maintenant, Gaius avait entendu dire que les forces de Souma, l’Armée de Terre et l’Armée Interdite, avançaient sur Van avec une armée de plus de 55 000 hommes.
Van avait été construite afin de bloquer les incursions du Royaume et aussi afin de leur donner pied à terre pour leur servir de base pour toute l’invasion d’Elfrieden. À cause de ce fait, il n’y avait pas de forteresses entre l’armée du Royaume d’Elfrieden et Van.
En raison de la passivité de l’ancien roi, Albert, Gaius avait baissé sa garde. Il était devenu orgueilleux, prenant à la légère le Royaume Elfrieden dans la conviction qu’ils n’auraient pas le courage d’envahir un autre pays.
Maintenant qu’il était arrivé jusque là, Gaius réalisa qu’il avait été trompé par Souma et Georg.
Trop d’intrigues pouvaient annoncer la fin d’un intrigant. Trop souvent, un escroc oubliait que lui aussi pouvait aussi être victime des plans ourdis par un autre escroc. C’était ce qui était arrivé à Gaius.
C’est terrible ! D’imaginer que cette nation de faibles, Elfrieden, pourrait me poser tant de difficultés ! Gaius pensa amèrement à ça.
Alors qu’il effectuait un long trajet à cheval, il maudissait sa propre négligence.
Il y a deux générations, quand ils s’étaient retrouvés à la fin de l’expansionnisme du Royaume d’Elfrieden, le Roi d’Amidonia avait perdu la moitié de ses terres et était mort dans le désespoir. Pour s’assurer qu’ils n’iraient jamais oublier cette défaite mortifiante, le père de Gaius avait renommé le pays de Royaume d’Amidonia à Principauté d’Amidonia. Cette action avait été une démonstration de sa détermination, car l’homme avait senti qu’il ne pouvait plus appeler son pays "royaume" alors que la moitié de ses terres avait été volée.
Il s’était donné le titre de Prince Souverain et, à partir de ce moment-là, Amidonia avait fait de la restauration de ses terres perdues une politique nationale, surveillant toujours de près toute chance de réaliser cet objectif.
Quand le roi d’Elfrieden d’il y a deux générations était mort, Albert avait pris le trône. (Ou, plus précisément, il avait épousé la fille de l’ancien roi, qui avait hérité du droit de succession.) Après qu’il ait fait ça, Amidonia avait profité de sa passivité pour étendre une main intrigante sur les nobles d’Elfrieden et soutenir la croissance des groupes dissidents dans le royaume.
Cela avait continué même après que le père de Gaius fut mort et que Gaius avait pris le trône en tant que "Gaius VIII".
À cette époque, la majorité de ces nobles avaient été écrasées par Georg et Excel, mais les nobles restants qui avaient participé au projet étaient tombés dans la clandestinité, épuisant lentement le royaume. Ce qui était une bonne chose.
Albert n’avait pas eu beaucoup de potentiel en tant que roi, mais la différence de force entre le royaume et la principauté avait toujours été trop grande.
Étant donné qu’Amidonia était la nation la moins puissante, elle pouvait seulement attendre patiemment qu’une occasion opportune se présente.
Et enfin, la chance qu’ils attendaient depuis longtemps était arrivée. Le royaume des démons était apparu, et la crise alimentaire et la crise financière qu’il avait provoquées avaient épuisé le royaume. Puis, avec le changement soudain de dirigeants, les trois ducs qui étaient censés protéger le royaume s’étaient rebellés contre le nouveau roi.
La principauté avait rassemblé ses forces afin d’effectuer une nouvelle attaque. En ce moment, ils savaient tous que le royaume ne pourrait pas se déplacer librement. Le temps était enfin venu pour la Principauté d’Amidonia de réaliser son rêve... Oui, c’était ce dont Gaius avait été convaincu.
Cependant, à y regarder de plus près, est-ce que c’était vraiment le cas ? N’était-ce pas en vérité la Principauté d’Amidonia qui avait été poussée dans un cul-de-sac, les mettant dos au mur ?
Si maintenant nous perdons Van, Amidonia ne se rétablira jamais, pensa Gaius avec frénésie. Je ne pourrais pas faire face aux fantômes de mes ancêtres si cela se produisait !
Le visage de Gaius VIII était déformé par la frustration.
Cependant, ce n’est pas encore arrivé ! Nous n’avons pas encore fini ! Van est une forteresse très solide. Je l’ai laissée entre les mains de 5000 soldats d’élite. Même si l’ennemi arrive en grand nombre, ils devraient pouvoir tenir deux ou trois jours. Si nous pouvons atteindre Van pendant ce temps, alors si nous attaquons les troupes du royaume dans une attaque-surprise de type tenaille avec l’aide des troupes se trouvant à l’intérieur du château, nous aurons une chance de victoire !
C’était ce que Gaius pensait, essayant de s’encourager. Mais, alors qu’il pensait ça...
« Père ! » Julius amena son cheval aux côtés de Gaius. « Nous avançons trop vite ! À ce rythme, nous ne laisserons pas seulement les chariots derrière nous, mais nous commencerons aussi à voir notre infanterie nous perdre ! Je suggère que nous diminuions légèrement le rythme, et... »
« Silence ! » beugla Gaius. Il avait complètement ignoré les conseils de Julius en criant sur son fils. « Si Van tombe, nous ne pourrons plus jamais nous relever ! Quoi qu’il en soit, nous devons arriver à Van avant que la cité ne tombe ! Ainsi, nous attaquerons les forces du royaume dans une attaque en tenailles avec les soldats du château ! »
Alors que Gaius se déchaînait, Julius se sentit légèrement mal à l’aise. Il lui semblait maintenant que Gaius était trop obnubilé par la capitale, et il commençait à quelque peu s’énerver.
« Père, même si nous perdons Van, notre armée sera toujours intacte, » déclara Julius. « Ne pourrions-nous pas aller dans une autre ville sécurisée et chercher l’aide de l’Empire ? Car après tout, contrairement au Royaume d’Elfrieden, nous avons signé la Déclaration de l’Humanité. »
La Déclaration du Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque (aussi connue sous le nom de Déclaration de l’Humanité) était une politique proposée par le plus grand et le plus puissant empire du continent, l’Empire Gran Chaos, afin de résister à l’avancée des démons.
Premièrement, l’acquisition de territoire par la force entre les nations de l’humanité sera jugée inadmissible.
Deuxièmement, le droit de tous les peuples à l’égalité et à l’autodétermination devrait être respecté.
Troisièmement, les pays qui étaient éloignés du Domaine du Seigneur-Démon fourniront un soutien aux nations qui étaient adjacentes à lui.
Il s’agissait des trois principaux articles de la Déclaration de l’Humanité.
Amidonia avait signé la Déclaration de l’Humanité, mais même après que Souma eut pris le trône, Elfrieden ne l’avait pas fait. À cause de cela, si Amidonia approchait de l’Empire en disant que ses terres avaient été saisies, en tant que principale puissance derrière la Déclaration de l’Humanité et donc l’allié d’Amidonia, l’Empire forcerait probablement Elfrieden à restituer les terres saisies. (Bien que les territoires perdus avant la Déclaration de l’Humanité ne soient pas affectés.)
Donc, s’il avait décidé d’envahir un autre pays, puis que l’autre pays se plaignait, alors la même chose leur serait arrivée. Ce serait un argument spécieux, tout comme le ministre des Finances, Colbert, l’avait dit avant de partir pour le front, mais c’était la faute d’Elfrieden de ne pas avoir signé la Déclaration de l’Humanité. Julius pensait que c’était une bonne idée. Toutefois...
« Idiot ! L’Empire n’a pas un cœur tendre comme vous pensez ! » Gaius avait répliqué de manière impitoyable. « Cette invasion avait profité d’une échappatoire se trouvant dans la déclaration. Oui, si nous envoyions la demande, l’Empire se devra d’agir, mais après que nous soyons allés à contre-courant, ils ne peuvent pas avoir une opinion positive de nous. Ils voudront sûrement utiliser ce qui est arrivé ici comme un prétexte pour nous retirer tous les deux du pouvoir, puis transformer notre pays en un état fantoche. »
Julius resta silencieux.
Après qu’on lui ait dit ça, Julius ne pouvait plus rien dire.
Gaius le regarda, renifla un peu, puis haussa la voix afin de donner des ordres en criant presque. « Si vous comprenez cela, alors hâtons-nous encore plus ! Nous devons arriver avant la chute de Van ! »
Cependant, leur marche forcée s’était heurtée à un obstacle.
Il s’agissait des montagnes Ursula qui séparaient le Royaume d’Elfrieden et la Principauté d’Amidonia le long de la frontière sud de leurs pays respectifs. Puis, quand ils approchaient de plus en plus de la Vallée de Goldoa, qui était le chemin qui traversait ces montagnes, les hommes et les chevaux s’étaient enfoncés dans un sol boueux les uns après les autres.
« Qu-Quoi !? D’où vient cette boue ? » Cria l’un des soldats.
« Merde ! Mon cheval est bloqué dans un bourbier ! Que quelqu’un vienne m’aider à le sortir de là ! » hurla un autre soldat.
« Oh, venez ici ! Quand nous sommes passés la dernière fois, il n’y avait aucun endroit comme celui-là ici, n’est-ce pas ? » cria un troisième.
Il y avait partout des chevaux coincés dans la boue, avec des personnes dont leurs pieds étaient aussi coincés dans la boue.
Quand Gaius vit ce fiasco, il fut très étonné.
Ils étaient déjà venus en traversant la Vallée de Goldoa en utilisant le même chemin. Le sol n’avait pas été boueux comme il était maintenant, et personne n’avait eu les pieds coincés comme ça.
« Pourquoi... ? » murmura-t-il. « Il ne peut pas avoir autant plu. Alors pourquoi la route est-elle si mauvaise ? »
Comme s’il s’agissait d’une réponse aux murmures de Gaius, un soldat cria. « A-Attaque ennemie »
À l’instant suivants, ils purent entendre le son des flèches qui traversaient l’obscurité, puis le bruit d’un objet perforant quelque chose, produisant un son macabre. À chaque fois que ce son retentissait, un soldat amidonien tombait, les uns après les autres.
Après que l’un des soldats portant une torche près de lui fut tombé de son cheval avec un cri étouffé, Gaius avait ressenti un malaise qui remuait au plus profond de lui.
« Quoi !? Que se passe-t-il !? » cria-t-il.
Un soldat s’était précipité pour lui donner son rapport. « Il s’agit d’une embuscade ennemie ! Il semblerait que le royaume ait des troupes qui nous attendaient dans cette vallée ! L’ennemi est caché parmi les arbres, tirant des flèches et de la glace sur nous ! »
« De la glace, dites-vous ? » hurla Gaius.
« Nous soupçonnons qu’il y ait des mages de glace parmi les soldats ennemis ! »
« Des mages... Bien sûr ! Je vous maudis tous ! Ce sol boueux doit aussi être de leur fait ! » Gaius éclata de rage.
Voyant que le visage de Gaius était maintenant un masque de rage, Julius essaya désespérément d’arrêter son père.
« S’il vous plaît, Père, calmez-vous ! » Déclara Julius. « La force principale de l’armée du Royaume se dirige vers Van. Il ne peut donc pas y avoir beaucoup de soldats qui nous attendaient ici. En outre, il est impossible de faire manœuvrer une force importante sur ce chemin si étroit. À l’heure actuelle, notre meilleur plan d’action consiste à traverser la vallée le plus rapidement possible. »
« Arg, mais avec cette route si mauvaise... » Murmura Gaius.
« ... Envoyez un détachement de soldats vers l’avant, » déclara Julius. « Le chemin qui devra être utilisé sera celui où ils ne seront pas bloqués par la boue. »
Les yeux de Gaius s’élargirent à la suggestion cruelle de son fils. « Voulez-vous que j’utilise mes soldats comme des pions sacrificiels ? »
« ... Nous n’avons pas beaucoup de possibilités, » déclara Julius. « Père, si le pire devait arriver, et si vous deviez être abattu, les armées de la principauté se briseraient. Alors nous ne serions plus du tout capables de combattre le royaume. S’il vous plaît, prenez cette décision. »
« ... Je suppose qu’il n’y a pas d’autre choix, » dit Gaius.
Sacrifier ses soldats afin de trouver une issue de secours. Si leurs positions avaient été inversées, Souma aurait certainement beaucoup souffert de devoir choisir une telle option, pourtant Gaius avait fait instantanément ce choix.
Pour la Principauté d’Amidonia, leur désir de vengeance contre le Royaume d’Elfrieden était devenu une partie de leur identité. Il était juste de dire que même s’ils étaient entourés par des nations puissantes et qu’ils étaient tombés dans une crise alimentaire et une crise financière, Amidonia avait pu continuer avec une volonté ininterrompue grâce à leur désir de vengeance contre Elfrieden. Ils ne se souciaient pas s’ils souffraient, tant qu’Elfrieden souffrait encore plus.
En fait, même si les citoyens qui souffraient blâmaient quelqu’un de leurs malheurs, ils le faisaient non pas sur leurs élites trop zélées qui avaient trop dépensé pour les militaires, mais sur le royaume qui les avait privés de leur prospérité il y a bien longtemps.
Et cela même si 50 ans s’étaient maintenant écoulés,
Même si les citoyens ordinaires ne pensaient pas aussi loin, les élites avaient commencé à penser qu’il était acceptable de sacrifier quoi que ce soit afin de lutter contre le royaume. Dans ce pays, ceux comme Roroa et Colbert qui réfléchissaient en essayant de tirer le meilleur de ce qu’ils pouvaient étaient des valeurs aberrantes.
Pour Gaius, il était moins préoccupé par la perte de ses soldats que par la perte de sa capacité à combattre le royaume. Il était donc capable de donner l’ordre sans hésitation. « Faites avancer les troupes ! Nous devons nous dépêcher d’arriver de l’autre côté de la Vallée de Goldoa ! »
Après que cet ordre cruel fut donné, le positionnement des troupes se renversa vis-à-vis de la manière dont il était jusqu’à maintenant. L’infanterie avait alors commencé à avancer en premier, puis la cavalerie l’avait suivie, ignorant les fantassins piégés dans la boue alors qu’ils avançaient le long du passage sûr qui avait été découvert.
C’était vraiment une horrible scène.
Ceci n’aurait pas été si grave s’ils n’avaient été coincés dans la boue. Cependant, des dizaines de milliers de soldats étant pris dans une embuscade, il n’y avait aucun moyen de rester en ordre. Ils étaient donc dispersés. Certains essayèrent même de marcher sur le dessus des soldats qui était pris au piège dans le marécage. Ces soldats avaient ainsi été piétinés et écrasés par des chevaux, mourant d’une manière qui était vraiment horrible à voir.
☆☆☆
Partie 3
Il y avait un groupe de personnes parmi les arbres qui observait ce portrait de l’enfer qui se déroulait sur ce versant de montagne. Ce groupe était vêtu d’une armure peinte en noir, avait des arcs et des baguettes magiques et portait du tissu noir enroulé autour de leurs visages.
Ce groupe était une unité commando qui venait à l’instant d’attaquer ceux de la Principauté d’Amidonia. Ils étaient environ 2000 soldats. La personne centrale de ce groupe vêtu de noir était de faible corpulence, mais ses proportions avaient clairement indiqué qu’elle était une femme, et cela même à travers cette tenue.
Elle était la chef de l’unité de commando.
Les personnes se trouvant devant eux n’essayaient même pas d’aider leurs camarades qui s’étaient enfoncés dans la boue. Quoi qu’il en soit, les troupes amidoniennes marchaient comme si elles effectuaient une retraite.
Alors qu’elle pensait que les humains pouvaient devenir cruels afin de survivre, ceci la fit un peu frémir.
Il y a des moments où un roi doit donner des ordres cruels, pensa-t-elle. Cependant, alors qu’il afficha si peu d’hésitation, je me suis mis à le détester en tant que personne et non pas en tant que roi.
Alors qu’elle pensait à ça, l’un de ses subordonnés était venu vers elle afin de lui faire un rapport. « Dame Canaria, le groupe de tête des forces de la principauté a traversé la vallée. Devrions-nous les poursuivre ? »
En réponse, leur chef secoua la tête. « Ce n’est pas nécessaire. Notre mission n’est que de perturber et de bloquer le plus longtemps possible l’ennemi. En outre, nous sommes seulement 2 000. Même si nous les poursuivions, nous ne pouvons pas espérer de meilleurs résultats que nous ne l’avons déjà fait. Nous avons déjà beaucoup accompli. Alors, préparons-nous à nous retirer. »
« Oui m’dame ! » répondit-il.
Une fois que son subordonné qui lui avait apporté le rapport était parti, elle avait enlevé le tissu enroulé autour de son visage.
À ce moment-là, les nuages qui recouvraient la lune se retirèrent de là, et le clair de lune fit briller ses beaux cheveux bleus.
Elle était magnifique même dans le simple geste de se brosser les cheveux, les plaçant en arrière. Elle était la Lorelei du Royaume, Juna Doma.
Quand elle était apparue devant Souma, elle avait été la Lorelei Juna qui travaillait dans un café chantant, mais dans la Marine elle était devenue Canaria, le chef d'une troupe de 2000 marines, la seule unité destinée à combattre dans les opérations amphibies.
Oui, la véritable identité de cette unité de commando était le Corps des Marines, ce qui signifiait qu’elle était liée à Excel Walter.
Juna fut soulagée d’avoir accompli avec succès sa tâche.
Grand-mère a bien géré sa partie, pensa-t-elle. Je ne peux pas être la seule à rater ma mission.
Par "grand-mère", elle voulait parler de l’Amirale de la Marine, Excel Walter. En plus d’être une Lorelei et Canaria, Juna était aussi la petite-fille d’Excel. Bien sûr, avec la longue vie d’Excel et de nombreux amours, elle avait eu un grand nombre d’enfants et si elle comptait tous ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, eh bien, elle avait assez d’enfants pour peupler un petit village.
Avec une famille aussi nombreuse, il serait possible de renverser le royaume en utilisant seulement ses propres liens de parenté. C’est pourquoi, pour éviter tout soupçon inutile, Excel avait gardé le nom de "Walter" que pour elle-même. Quand ses enfants atteignaient la majorité, elle les reniait et les envoyait se marier dans d’autres maisons. Juna était l’enfant de l’un des fils d’Excel qui s’était marié dans la famille marchande Doma.
Juna, qui avait hérité du beau visage d’Excel, regarda les cadavres cruellement abandonnés des soldats amidoniens et fronça les sourcils. « ... Si nous les laissons là, les bêtes locales pourraient développer un goût pour la chair humaine. Ce serait un problème si cela advenait. Sauvons les survivants et faites-les prisonniers, puis enterrez les corps des autres. »
« Comptez-vous aider les soldats amidoniens ? » demanda son subordonné.
« Après avoir été abandonné par leur propre roi, Sa Majesté le Roi Souma, le roi d’un état ennemi, les sauvera, » dit-elle. « Cela pourrait améliorer la réputation de Sa Majesté, et cela ne peut pas le nuire. »
« Je comprends. » Dit-il.
Tout comme l’aura qu’elle exsudait, le processus de pensée de Juna était aussi très mature. Après avoir donné des ordres à ses subordonnés, Juna regarda vers le nord-nord-ouest. Il s’agissait de la direction dans laquelle elle savait que Souma et les autres se dirigeaient en ce moment. Après cela, Souma et les autres entreraient dans la bataille finale contre la Principauté d’Amidonia.
Juna posa une main sur l’un de ses amples seins, fermant les yeux en méditant.
Votre Majesté... S’il vous plaît, restez en sécurité.
Qu’elle priait pour sa sécurité, et non pour sa victoire, était dû à ses sentiments en tant que Juna Doma, la Lorelei de Souma, qui avait filtré hors de son masque de militaire.
***
L’embuscade dans la Vallée de Goldoa avait en grande partie réduit la vitesse de marche des forces amidoniennes. Après qu’ils eurent essayé de se réorganiser en rangs après avoir quitté la vallée, les 30 000 soldats avaient été réduits à 15 000. Cela indiquait qu’en plus de ceux qui avaient été perdus à cause de l’embuscade et de ceux qui avaient été piétinés lorsqu’ils s’étaient enfoncés dans le marais, il y avait eu un nombre considérable de soldats qui avaient aussi déserté.
De plus, comme les chariots n’avaient pas eu d’autre choix que d’abandonner leurs approvisionnements et d’avancer dans ce chaos, les forces de la principauté étaient maintenant frappées d’épuisement et de faim.
Le stress des soldats avait atteint son apogée et ils étaient prêts à s’effondrer à tout moment. Même s’ils étaient allés à Van avec ces 15 000 hommes, puis avaient réussi à lancer une attaque en tenaille avec les défenseurs, il serait difficile de gagner face aux 55 000 hommes du Royaume d’Elfrieden.
En réponse à cette situation, Gaius VIII avait d’abord fait venir le capitaine des équipes de chariots afin qu’il prenne la responsabilité de la perte de leurs provisions. Il décapita l’homme afin de calmer les autres soldats.
Ensuite, il fit rassembler des provisions en provenance des villages et des villes voisines, enrôlant la population locale dans son armée, portant ainsi le total des troupes à 25 000 hommes. Bien sûr, cela provoqua un certain ressentiment, mais avec l’existence même de son pays en jeu, Gaius s’en fichait royalement.
Alors que cela lui avait permis d’obtenir le nombre de troupes dont il avait besoin, ses forces rassemblaient des provisions et des soldats à mesure qu’ils avançaient, mais en contrepartie, ils se déplaçaient lentement. Cela faisait quelques jours que la retraite avait commencé, mais ils n’avaient toujours aucune idée de quand ils arriveraient à Van.
Après avoir passé un autre jour à agir ainsi, les forces amidoniennes étaient finalement arrivées assez près pour atteindre Van dans la journée. Cependant, les forces d’Amidonia avaient fait une erreur fatale pendant tout ce temps.
Ils avaient trop précipité leur avancée.
Vous pouviez tout à fait vous interroger sur ce qui n’allait pas, ou vous pouviez même penser que Sun Tzu lui-même avait dit que "les soldats apprécient la hâte." Cependant, lorsque Sun Tzu parlait d’un "soldat", il voulait dire "guerre". Dans le texte original, il avait dit. « Et ainsi, bien que nous ayons entendu parler de stupide hâte lors d’une guerre, l’ingéniosité n’a jamais été associée à de longs retards. »
Ce qu’il voulait dire par là était. « La guerre (parce qu’il s’agit d’une chose qui épuise les pays) est la plus bénéfique lorsqu’elle est résolue rapidement et qu’aucun pays ne peut bénéficier d’une longue guerre. »
C’était pourquoi les armées de la principauté auraient dû tenir compte des mots suivants dans le chapitre "Manœuvre" de l’Art de la Guerre.
« Manœuvrer avec une armée est avantageux. Mais avec une multitude indisciplinée, cela devient plus dangereux. Si vous placez une armée entièrement équipée en marche afin d’obtenir un avantage, il y a de fortes chances que vous arriviez trop tard. D’autre part, détacher une colonne volante dans ce but implique le sacrifice de ses bagages et de ses stocks. »
Les "Manœuvres" se trouvaient être la compétition entre deux forces afin de revendiquer des positions stratégiquement importantes.
Dans le cas de la bataille d’Yamazaki entre Hideyoshi Hashiba et Mitsuhide Akechi, qui avait été faite sur le mont Tennouzan, lors de la guerre russo-japonaise, elle avait été faite sur la colline 203.
Certes, si vous pouvez sécuriser ces points importants avant votre adversaire, la bataille sera à votre avantage.
Cependant, Sun Tzu avait aussi dit que développer une fixation sur ces points et rivaliser avec votre adversaire pour eux pourrait être trop dangereux.
Si vous envoyiez toute votre armée, alors elle arriverait probablement trop tard, mais si vous envoyez une unité rapide pour faire le travail, ils finiront par quitter l’équipe qui achemine leur matériel.
Si cela se produisait, même si vous saisissez le point en question, cela pourrait s’avérer inutile.
De plus, Sun Tzu avait dit que si vous marchez cent li [1] en manœuvrant, seul un dixième de votre armée atteindrait sa destination et que les chefs de vos trois divisions tomberaient entre les mains de l’ennemi.
Si vous marchez cinquante li, seulement la moitié de votre armée atteindra la destination, et le chef de votre première division sera terrassé.
En d’autres termes, si vous épuisiez vos soldats en essayant de saisir des points stratégiquement importants et que vous perdiez vos approvisionnements, il n’y avait aucun intérêt à le faire.
Si vous regardiez ce que l’armée de la principauté avait fait, vous verriez qu’elle était devenue trop obsédée par le point stratégique qu’était la capitale, Van. Elle avait abandonné leurs chariots d’approvisionnement et avait inutilement épuisé ses soldats.
En d’autres termes, ils avaient fait exactement ce contre quoi Sun Tzu avait mis en garde.
Ce que l’armée de la principauté avait trouvé quand elle avait atteint la large plaine à dix kilomètres au sud de Van était une armée fraîche du royaume qui les attendait.
Quand Gaius avait vu les forces déployées devant lui, toute sa force avait quitté son corps et il était presque tombé de son cheval. « C’est absurde... Ne me dites pas que cela veut dire que Van est déjà tombée !? »
Il n’y avait personne qui pouvait répondre à ses murmures.
***
Pour aller directement à la conclusion, non, à ce moment-là, Van n’était pas encore tombé.
Quand les troupes d’Elfrieden sous les ordres de Souma étaient arrivées un jour avant les troupes amidoniennes, elles n’avaient rien fait de stupide comme d’essayer d’attaquer les 5 000 soldats d’élite enfermés dans la ville de Van.
Elles s’étaient séparées de 10 000 hommes utilisés afin de surveiller ces soldats, tandis que la force principale s’était déplacée vers le terrain dégagé à dix kilomètres au sud de Van, attendant la force principale de l’armée de la principauté qui viendrait sans doute par là.
Dès le début, la cible de Souma avait été la force principale de l’armée amidonienne. C’est pourquoi il avait dit à Gaius la cible de leur attaque, quelque chose qui devrait normalement être gardé secret.
En disant d’abord qu’il attaquerait Van, il s’attendrait à ce que les troupes de la principauté s’y précipitent, lui permettant ainsi de les détruire.
Il s’agissait d’un plan issu du sixième stratagème des Trente-Six Stratagèmes, "Faire un bruit à l’Est, puis frapper à l’Ouest", mais il était aussi en train de reconstituer la Bataille de Maling, d’où l’usage des paroles du second stratagème "Assiéger Wei afin de sauver Zhao".
Il s’agissait de la stratégie que le deuxième Sun Tzu, Sun Bin, avait utilisée afin de vaincre son rival Pang Juan. Gaius n’avait jamais eu la moindre chance de réussir.
Alors qu’il disposait de 25 000 hommes sous ses ordres, les troupes du royaume avaient assez de rations rassemblées par Poncho afin de nourrir toute l’armée, et avaient passé la journée à se reposer sur le champ de bataille et à attendre les troupes épuisées qui avaient perdu la plupart de leurs chariots d’approvisionnement. 55 000 soldats du royaume en très bonne condition face aux 25 000 soldats de la principauté totalement épuisés.
La bataille avait été décidée avant même d’avoir commencé.
Dans le camp principal au centre des forces du Royaume d’Elfrieden qui avait pris la formation de l’aile de la grue, Souma se leva de son tabouret, puis leva son bras droit haut avant de le basculer en direction des troupes de la principauté.
« « « Ouais ! » » » Un cri de victoire put être entendu en provenance des troupes du royaume.
Avec ça comme étant le signal, la bataille finale entre le Royaume d’Elfrieden et la Principauté d’Amidonia commença.
Notes
- 1 : Le Li est une ancienne unité de longueur chinoise dont la valeur varie suivant la région et l’époque ; la valeur généralement considérée est le Li de 576 m, définie dès la dynastie Qin. La valeur actuelle du Li est de 500 m (valeur exacte).
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Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 4
“Laissez-les attaquer la campagne pour prendre la capitale. ”
Type: Proverbe
Sens : Accomplir quelque chose avec un effort minimal.
Origine: Pendant la Guerre d'Une Semaine, Souma avait utilisé la ville de campagne Altomura en tant qu'appât, puis avait utilisé cette occasion qui avait été créé afin de permettre une attaque sur la capitale de la Principauté d'Amidonia.
Synonymes: « Perdre une bataille afin de gagner la guerre. »
☆☆☆
Chapitre 9 : La Bataille Finale
Partie 1
Il semble que plus tard, de nombreuses dramatisations de cette époque aient représenté Souma Kazuya comme étant un dirigeant sage et courageux. Ils le dépeignaient comme un dirigeant qui avait été sur le champ de bataille, et qui avait tué de nombreux adversaires puissants lors de combats face à face. On disait aussi qu’il avait vaincu les armées ennemies avec son ingéniosité et qu’il avait apporté le bonheur à tout son peuple avec les excellents changements dans la politique du pays.
Cependant, les historiens contestent cette évaluation qui a été faite de lui.
Pour commencer, de toute sa vie, Souma n’avait pas combattu dans suffisamment de guerres étrangères pour être compté sur plus qu’une main. Il avait donc eu très peu d’occasions de montrer ce genre de prouesses martiales. Presque toutes les réalisations qu'on lui attribuait avaient été accomplies par ceux qui avaient servi sous ses ordres.
Quant à l’ingéniosité qu’il avait démontrée afin de faire face à ses ennemis, il n’y avait aucune preuve que ses idées soient venues vraiment de lui. À l’époque où il vivait, il y avait beaucoup de personnes, dont le Premier ministre, Hakuya, qui était maître dans l’art de la tromperie, alors Souma n’avait peut-être que simplement mis en œuvre les meilleurs plans offerts par ces personnes-là.
Certes, il avait lancé beaucoup d’excellentes politiques, mais on peut se demander s’il avait vraiment conduit tout son peuple vers le bonheur.
De temps en temps, il y avait eu des signes qui indiquaient que la position de Souma lui avait causé beaucoup de souffrance. Si tous ses projets politiques avaient eu les effets escomptés, il n’aurait probablement pas souffert. Ainsi, les capacités de Souma n’étaient pas aussi grandes que ce que montraient les représentations des dramatisations. C’était le consensus atteint par les historiens.
... Toutefois.
Un autre point de consensus parmi les historiens était que « Souma était bon pour rassembler les personnes et les utiliser à leur plein potentiel. » Souma n’avait lui-même pas de grandes capacités, mais il était un génie dans la façon dont il avait placé des personnes capables là où elles étaient nécessaires, et était capable de déployer juste le nombre nécessaire de troupes à l’endroit où elles étaient requises.
L’événement qui avait d’abord propagé le nom de Souma à travers le continent, sa victoire dans la guerre avec la Principauté d’Amidonia, était en grande partie le résultat de ce don. Il avait une bonne compréhension de ce qu’il était et n’était pas capable de faire, et il avait été capable de déléguer les choses qu’il ne pouvait pas faire lui-même aux autres.
Ceci pourrait tout à fait être la qualité la plus importante pour un dirigeant.
***
« Ils sont plus têtus que je ne le pensais, » déclarai-je.
En regardant la bataille se développer depuis le camp principal de l’armée du Royaume d’Elfrieden, j’avais été surpris par la qualité des combats que les forces de la Principauté d’Amidonia avaient menées.
Il s’agissait d’un combat entre une armée de 55 000 soldats du royaume en pleine forme et avec un bon moral contre une armée de 25 000 soldats de la principauté totalement épuisés. Le résultat aurait dû être évident pour tous, mais les forces de la principauté continuaient à se battre. Non, peut-être que nos forces n’étaient pas pleinement capables d’attaquer.
D’abord, les wyvernes du royaume et de la principauté combattaient dans les cieux. Parce qu’ils n’avaient pas été touchés par l’embuscade dans la vallée de Goldoa, l’unité des wyvernes de la Principauté d’Amidonia était l’unité la plus énergique de l’armée de la principauté.
Il y avait moins de 500 chevaliers, mais s’ils restaient sur la défensive, même la Cavalerie-Wyverne d’Elfrieden, qui se vantait d’avoir deux fois plus d’effectifs, aurait du mal à les attaquer efficacement. Si nous pouvions acquérir la suprématie de l’air, cela déciderait du résultat de la bataille, mais il ne semblait pas que cela se produirait avant un certain temps.
En fin de compte, la bataille était laissée aux forces se trouvant sur le sol.
L’armée du royaume s’était déployée dans la formation de l’aile de la grue. Au centre, la Garde Royale dirigée par Ludwin, plus une force armée de 20 000 hommes, dont 10 000 provenant des troupes que je contrôlais directement dans l’Armée Interdite et 10 000 de l’Armée de Terre. Dans l’aile gauche, il y avait environ 15 000 soldats de l’Armée de Terre dirigés par Glaive (Halbert et Kaede étaient également dans cette unité). Enfin, dans l’aile droite, il y avait une force d’environ 15 000 hommes dirigée par Liscia, composée de troupes de l’Armée et d’auxiliaires en provenance du village des elfes sombres.
Je voulais que Liscia reste dans le camp principal, mais elle avait dit. « Il s’agit de la bataille finale. Laissez-moi aussi faire ce que je peux, » et m’avait forcé à la laisser faire comme elle voulait.
En partie parce qu’elle était actuellement la seule personne qui pouvait encore garder les forces confuses de l’Armée ensemble, j’avais hésité à l’accepter.
Car, après tout, elle avait été quelque chose comme une idole pendant le temps où elle avait fait partie de l’Armée de Terre. Grâce à l’entraînement effectué par Georg, il n’y avait pas non plus de problème avec sa capacité à commander des troupes. J’avais pris cette décision en pensant qu’elle ne rencontrerait que peu de résistance.
J’avais au moins envoyé Aisha avec elle, en tant que garde du corps. Car après tout, elle était une princesse, et je ne voulais pas qu’elle soit trop imprudente.
De toute façon, puisque j’étais dans le camp principal, à l’arrière de la force centrale dirigée par Ludwin, la seule personne à qui je pouvais parler était Carla, que je gardais à portée de main en tant qu’otage.
Alors que Carla était un otage, ses mains et ses pieds n’étaient pas liés par des chaînes. Elle portait un collier d’esclave, donc cela l’étranglerait au moment où elle tenterait de fuir ou de nuire à son maître. C’était censé être sûr de la laisser comme ça. Il m’avait semblé évident que si elle venait à saisir une épée de l’un des gardes ou à me poignarder avec ces griffes acérées, elle pourrait me tuer assez facilement, mais... Je suppose que c’était ainsi que le collier fonctionnait. Actuellement, Carla ne semblait plus avoir l’intention de me faire le moindre mal.
J’avais alors essayé de lui parler. « Alors qu’est-ce que vous en pensez ? Je pensais qu’ils céderaient plus facilement. »
« ... Personne ne va à la guerre en voulant perdre, » dit-elle. « Ils vont désespérément essayer d’éviter la défaite. »
« Oui, je suppose qu’ils le feraient, » dis-je.
Peut-être que Carla s’ennuyait à rester debout à mes côtés, car elle avait répondu étonnamment facilement. En tant qu’ancienne commandante au sein de l’Armée de l’Air, elle devait avoir une meilleure compréhension de la situation que moi.
Huhu, ils sont si têtus à cause de leur nombre inférieur. Cela pourrait devenir un peu gênant là, pensai-je.
« Nos ailes gauche et droite, c’est-à-dire les unités sous les ordres de Liscia et de Glaive, ne semblent pas se mouvoir autant qu’elles devraient, » dis-je. « Si elles étaient un peu plus proactives afin de les encercler, ne pensez-vous pas qu’ils pourraient les anéantir ? »
« ... Si vous pensez cela, pourquoi ne pas envoyer un messager sur un cheval rapide avec cet ordre ? » demanda Carla.
Avec le ton qu’elle utilisait, c’était comme si elle demandait. « Est-ce votre réponse définitive ? » Cela m’avait fait un peu arrêter d’y penser. Cependant, je ne pouvais pas tirer de conclusions.
« ... Je ne sais pas, » dis-je. « Mes connaissances sur la guerre sont purement théoriques, donc Liscia devrait en savoir plus concernant le commandement des troupes que moi. Plutôt que d’ouvrir ma bouche quand je ne devrais pas le faire, je ferais mieux de laisser la prise de décision à ceux qui sont sur le terrain. »
Carla se mit à rire un peu. « Hahaha. C’est probablement une bonne idée. »
Il semblait que c’était la bonne réponse.
« Carla, connaissez-vous la raison ? » demandai-je. « Voudriez-vous bien m’en informer ? »
« C’est lié au nombre de soldats de l’ennemi, » dit-elle.
« Le nombre de soldats ? » demandai-je.
Carla pointa du doigt le champ de bataille. « Je ne sais pas si ce que j’ai entendu est vrai, mais est-ce que ce sont bien les 30 000 soldats qui assiégeaient Altomura ? Et qu’ils ont aussi été pris en embuscade alors qu’ils se retiraient vers ici. »
« Oui, c’est exact, » dis-je.
« Mais il semblerait que le nombre de soldats n’ait pas diminué tant que ça, surtout compte tenu de tout ce qui leur est arrivé, » dit-elle.
« Hmm !? Maintenant que vous me le dites... » dis-je presque dans un murmure.
« Avec une force aussi importante, il est difficile de dire quoi que ce soit d’un simple coup d’œil, mais il semblerait qu’ils soient environ la moitié de nos propres forces qui sont de 55 000 hommes. Je pense qu’ils sont donc environ 25 000 soldats, » annonça-t-elle après avoir pris un petit temps afin de réfléchir.
Il était vrai que, considérant qu’ils avaient été pris en embuscade par les marines de Juna à la Vallée de Goldoa, ils n’avaient pas l’air d’avoir subi de nombreuses pertes.
« L’embuscade n’a-t-elle rien fait ? » Me demandais-je.
« Non, d’après ce que je vois sur le champ de bataille, il y a différents niveaux de moral dans les différentes unités de l’armée de la principauté. Ils ont probablement constitué les troupes qu’ils ont perdues à l’embuscade en prenant des conscrits des villes se trouvant tout le long du chemin qui mène jusqu’ici. C’est probablement la raison de pourquoi certains d’entre eux semblent avoir le moral bas. »
« Je vois... » dis-je.
Les pays de ce monde avaient généralement des armées permanentes.
Dans un monde où il y existait des animaux géants qui, d’un point de vue de la Terre, pourraient aussi bien être des monstres rampants, il fallait des troupes qui pouvaient être mobilisées à tout moment. À Elfrieden, l’Armée de Terre, la Marine, l’Armée de l’Air et les troupes qui étaient sous mon contrôle direct dans l’Armée Interdite étaient des troupes qui étaient toujours en attente. Bien sûr, en temps de nécessité, des recrutements pouvaient être effectués auprès des gens du peuple. Dans notre cas, la plupart des armées personnelles des nobles autres que les trois ducs étaient composées de troupes enrôlées temporairement.
Après la guerre, j’avais prévu de créer une armée unifiée qui incorporerait également les différentes forces des nobles, mais j’avais l’intention de libérer les personnes qui faisaient leur service militaire et de les faire retourner dans leurs villes d’origine. À l’heure actuelle, l’augmentation de la productivité était une préoccupation plus urgente que le déclin de la puissance militaire. Naturellement, l’armée que la principauté avait utilisée pour nous envahir était également composée d’une combinaison de troupes permanente et de troupes recrutées pour l’occasion. Ils devaient avoir recruté toutes les personnes à disposition à l’heure actuelle. Ainsi, après l’embuscade, les recrutements qu’ils avaient effectués devaient provenir de ceux qu’ils n’avaient pas pu recruter avant aujourd’hui.
Par exemple, ceci pouvait être les personnes âgées, les plus affaiblies, voire des aventuriers qui se trouvaient à ce moment-là dans la principauté. (La guilde des aventuriers offrait un contrat qui permettait aux pays de recruter tous les aventuriers qui se trouvaient sur leur territoire en temps de crise. En retour, le pays devait payer une somme fixe à la guilde chaque mois, donc j’avais déjà résilié ce contrat.)
Carla venait de souligner le fait qu’ils ne pouvaient pas avoir un bon moral si c’était bien le cas.
« Si vous laissez des personnes comme ça seules, elles finiront par se briser d’elles-mêmes. » Dit-elle. « D’un autre côté, si vous les encercliez, cela risquerait de les faire s’unir. C’est pourquoi Liscia et Glaive attendent afin de briser leurs rangs et de les pousser à s’enfuir. »
« Je vois, » dis-je. « J’avais donc eu raison de laisser mes commandants en seconds prendre les décisions. »
Je m’étais rendu compte que dans une situation comme celle-ci, plutôt que de faire semblant de savoir ce que je faisais et de faire des déclarations d’un ton supérieur, c’était mieux de faire confiance aux personnes se trouvant sur le terrain et de leur laisser prendre les décisions, car après tout, j’avais des personnes très compétentes qui se trouvaient là-bas.
« Je ne suis qu’une figure de proue, alors je devrais juste rester dans le camp principal, et me tourner les pouces, » dis-je.
« D’une certaine manière, je pense que c’est un problème... » dit Carla. « Car après tout, vous êtes le roi, n’est-ce pas ? »
« Il n’y a qu’après et avant la guerre qu’il y a du travail pour un roi tel que moi, » répondis-je. « À part ça, et bien... Si c’est le cas, je peux peut-être offrir ma propre tête et les supplier d’épargner la vie de mes troupes et de mes commandants. »
Après que j’eus dit ça, les yeux de Carla s’écarquillèrent. Elle me regarda comme si elle voyait quelque chose de complètement incroyable.
Hein !? Pourquoi me regardait-elle comme ça ?
« Ai-je dit quelque chose d’étrange ? » demandai-je.
« Vous... N’avez-vous pas peur de mourir ? » Me demanda Carla.
De quoi parlait-elle ?
« Bien sûr que j’ai peur de mourir. Je ne suis pas suicidaire. » Répondis-je.
« Pourtant, tout à l’heure, n’avez-vous pas dit que vous seriez prêt à offrir votre tête si c’était nécessaire ? » demanda-t-elle. « Avez-vous déjà accepté cela ? »
« Hein !? Ah... Je suppose que je l’ai fait. C’est bizarre... » dis-je.
Carla avait raison. Maintenant qu’elle l’avait mentionné... c’était étrange.
Pourquoi avais-je dit que j’allais offrir ma tête comme si c’était totalement naturel ?
Je savais que c’était quelque chose d’attendu venant d’un roi. Le pouvoir était concentré dans mes mains en tant que le représentant de ce pays, et donc, je devais supporter tellement de responsabilités. C’était clairement cela que d’être un roi.
Mais pourquoi est-ce que cela me semblait "naturel" de le faire ?
Ce que je voulais dire par là, c’était que j’avais toujours été... un peu, lâche, n’est-ce pas ? J’appréciais vraiment la vie, non ? J’avais pris le trône et travaillé si fort aux affaires intérieures afin d’éviter d’être livré à l’Empire. N’était-ce pas une évidence ?
— Mais quand ai-je cessé de tenir chèrement à ma vie ?
Carla me regarda avec inquiétude. « A-Allez-vous bien ? Vous sentez-vous mal ? »
Je restai silencieux.
Souffrant... Ce n’est pas tout à fait juste de dire ça. Brisé... ?
Il y avait sûrement quelque chose de cassé à propos de moi en tant que personne.
Tout à fait. Ceci me faisait ressentir toute une série de sentiment à l’intérieur de moi.
Mais c’était seulement maintenant que cela m’avait été signalé que j’avais remarqué que mon état mental actuel était totalement dans le chaos.
Je sentais que j’avais pris la vie trop à la légère. Ma propre vie et la vie des autres. C’était ainsi que j’avais pu faire une simple arithmétique avec la vie des personnes. J’avais soustrait les vies sauvées des vies perdues et choisi n’importe quelle option où la somme était un nombre positif.
Comme si j’étais un système qui effectuait ce genre de calcul.
C’est à ce moment-là que les paroles que j’avais dites à Liscia m’aient alors traversé l’esprit.
« Même si je ne veux pas le faire, je dois quand même le faire. Parce que je suis désormais le roi. »
Oh... je vois. Alors c’est comme ça...
« À un certain niveau, je suis devenu un roi... » murmurai-je.
« Qu’est-ce qui se passe si soudainement ? Vous avez été un roi depuis tout ce temps. » Déclara Carla.
Carla ne semblait pas comprendre ce que je disais, mais actuellement, cela avait du sens pour moi.
« J’allais d’événement en événement en fonction de ce qui arrivait jusqu’à moi. » Dis-je. « À un moment donné, sans m’en rendre moi-même compte, j’ai commencé à agir comme un système appartenant à l’État que vous appelez un “roi”. En me disant que cela faisait partie de ma programmation, je suis devenu capable de toujours choisir la meilleure option. »
« Système ? Programmation ? Hey, de quoi parlez-vous là ? » Cria Carla.
Tout ce que je pouvais faire était de me moquer de moi-même. « Carla, je peux tout à fait être un faussaire. »
« Quoi !? » s’écria-t-elle.
« Après tout... Si je ne peux pas entrer dans le rôle d’un roi. Je ne peux pas moi-même envoyer des soldats sur le champ de bataille, » dis-je.
J’étais un lâche. Je ne voulais pas être blessé ou tué. Et je ne voulais pas voir d’autres personnes se faire blesser ou tuer.
Pour que quelqu’un comme moi puisse aller à la guerre en tant que roi, je devais pleinement embrasser mon rôle en tant que système de l’État.
En me disant que c’était ce que faisait un roi, j’avais pu supprimer ma propre volonté et faire ce qu’il fallait faire. Si je n’avais pas... J’aurais eu l’impression d’avoir été écrasé sous le poids de toutes les vies qui pourraient être perdues à cause de mes décisions. Quand j’ai vu jusqu’où j’avais agi de la sorte, je ne pouvais que me moquer de moi avec mépris.
« Et bien... Hmm, je ne peux maintenant pas rire de l’ancien roi, » dis-je. « Si j’avais un remplaçant viable, je voudrais abandonner dès maintenant le trône. »
« ... Que peut-il bien se passer pour que j’entende ces paroles dans un moment de faiblesse comme celui-ci ? » elle avait demandé ça en étant totalement abasourdie.
« Vous pensez à l’envers, » lui répondis-je. « Pensez-vous vraiment que je peux laisser Liscia ou une autre personne m’entendre parler comme ça ? »
Du côté de Liscia, elle m’avait dit qu’elle voulait que je sois le roi. Aisha, elle me servait, car j’étais le roi. Et pour Juna, Hakuya, Poncho, Tomoe, et tout le reste, je ne pourrais jamais les laisser m’entendre dire tout ça.
Et d’autant plus vis-à-vis de Liscia, étant donné la personne sérieuse comme elle était. Elle semblait toujours se sentir responsable du fait que son père m’avait poussé sur le trône.
« Parce que vous vous êtes battu contre moi, je peux vous laisser entendre ça, » dis-je.
« ... Cela ne me rend pas du tout heureuse de l’entendre, » dit-elle.
Puis cela arriva. C’était arrivé alors que nous parlions. J’avais alors remarqué qu’il y avait eu un changement sur le champ de bataille.
***
Sur ce champ de bataille, où se livrait toujours à une bataille rangée, mais l’armée de la principauté se mit soudain à partir en déroute.
Les soldats de l’armée qui avaient tant lutté afin de résister face aux attaques de l’armée ennemie qui était supérieure en nombre s’étaient mis à fuir après avoir résisté si longtemps. Les premiers qui commencèrent à s’enfuir furent ceux qui avaient été obligés de rentrer dans l’armée au moment où l’armée de la principauté avait recruté du monde après ce qui était arrivé dans la Vallée de Goldoa.
La Principauté d’Amidonia avait un service militaire obligatoire pour tous les hommes dès qu’ils atteignaient un certain âge, donc ils étaient formés au combat, mais il s’agissait là de personnes qui vivaient habituellement en tant que civils. S’ils étaient soudainement envoyés dans une bataille désavantageuse, leur moral ne serait certainement pas très élevé.
Finalement, les soldats avaient commencé à fuir vers le côté sud où l’encerclement n’était pas encore terminé.
Les Amidoniens avaient alors abattu des soldats en fuite afin de tenter de garder les autres combattants en place, mais il y avait près de 10 000 soldats forcés de rentrés dans leur armée, alors ils ne purent pas y faire grand-chose.
Cependant, plus ceux qui tentaient de fuir étaient nombreux, plus leurs lignes étaient désordonnées et cela avait fini par perturber leur capacité à fonctionner en tant qu’unité. Elfrieden n’avait surtout pas manqué cette chance d’attaquer.
« Tu sais Hal, c’est le moment ! » Cria Kaede.
« J’attendais que ça ! » cria-t-il en retour.
« Allons-y les gars ! » Cria Kaede.
« « « Ouaissss !!! » » »
Dans l’aile gauche de l’armée du royaume, Halbert fit charger ses troupes afin de terminer l’encerclement de l’ennemi. Dans cette bataille, Halbert menait une petite unité composée d’une vingtaine d’hommes de l’Armée de Terre et combattait en tant que commandant d’un peloton sous le commandement de Kaede. Il ne montait pas de cheval. Il faisait tournoyer ses deux hallebardes et frappait ses ennemis confus qui volaient à la suite de ses coups. Le général Amidonien avait remarqué ce qui se passait et avait crié du haut de son cheval. « Ne les laissez pas nous encercler ! Utilisez le tir indirect afin d’arrêter l’aile gauche de l’ennemi ! »
À l’instant suivante, une grêle de flèches et de magie vola depuis l’armée de la principauté vers Halbert et son unité.
« Mur de Terre ! » cria Kaede.
Celle-ci convoqua un mur de terre de près de cent mètres de long et trois mètres de haut qui sauva de peu l’unité de Halbert.
Cela avait dû surprendre les forces de la principauté.
Il ne devait pas y avoir plus de cinq mages sur tout le continent qui pouvaient invoquer en un clin d’œil un mur aussi impressionnant. Kaede avait peut-être une personnalité timide, mais elle était un génie quand il s’agissait de réfléchir rapidement et de manière juste et en ce qui concernait la magie de terre.
Halbert appuya son dos contre le mur de terre pour s’y réfugier, puis il donna un ordre à ses hommes qui faisaient tous la même chose. « Nous ne pouvons pas laisser Kaede patauger dans toute cette gloire ! »
« Nous allons aussi faire quelques remboursements pour ses actes ! »
« « « D’accord ! » » »
Cette fois c’était Halbert et son peloton qui tiraient des flèches et de la magie par dessus le mur de terre de l’armée de la principauté. Halbert avait jeté l’une de ses lances de feu qu’il avait déjà montrées dans la bataille près de Randel contre les mercenaires zemishs.
Les forces de la principauté étaient en position afin d’attaquer, de sorte qu’elles furent incapables de se préparer à temps. Ils furent touchés par plusieurs volées de flèches ou alors brûlés par leur feu, et leur formation devint chaotique.
En voyant cette chance arrivée, Halbert avait bondi. « C’est notre chance, alors qu’ils sont en plein désarroi ! Chargez ! »
Pendant ce temps, dans le chaos des forces désordonnées de la principauté, leur général essayait de rétablir le calme. « Soldats, remettez-vous en position ! Si nous brisons nos rangs, nous donnerons exactement à nos ennemis ce qu’ils veulent. »
Il essaya frénétiquement d’encourager ses troupes, mais le chaos ne montra aucun signe d’apaisement.
En devenant impatient, le général poussa l’un des soldats paniqués, puis il trancha brusquement la tête de l’homme.
« Taisez-vous ! Si vous ne vous calmez pas, je vous décapiterai comme je l’ai fait avec ce fou ! » beugla-t-il.
« Non, vous, taisez-vous ! » déclara une autre voix proche de lui.
« Quoi !? » cria le général.
Au moment où le général le remarqua, il était déjà trop tard. Halbert était devant lui, les bras croisés.
Quand Halbert décroisa ses bras, les lames de ses deux hallebardes agirent telle une paire de ciseaux, attrapant le torse du général et le coupant en deux. Le haut du torse de l’actuel ex-général s’écroula sur le sol.
La vue du sang jaillissant d’un cheval sans tête et de son cavalier sans torse qui vola en un instant, fit que tout les soldats présents perdirent leur volonté de combattre.
Halbert éjecta le sang se trouvant sur ses deux hallebardes, puis il rugit : « L’officier de l’Armée Interdite Halbert Magna a tué un général ennemi ! Maintenant, lequel d’entre vous veut mourir ? »
Avec le sang qui coulait des hallebardes dans chacune de ses mains, il devait ressembler à un horrible monstre.
Aujourd’hui, Halbert avait été gonflé à bloc à cause de sa rivalité envers Souma et Kaede, qui étaient tous deux du même âge que lui. Souma avait été capable d’assembler cette immense armée, tandis que Kaede soutenait Ludwin avec son ingéniosité en matière de stratégie.
Je ne vais pas leur permettre d’arriver trop loin de moi avec leurs réalisations ! Il s’agissait du sentiment qui faisait agir maintenant Halbert.
Quand ils virent Halbert avec une telle intensité, les soldats amidoniens avaient alors réagi comme s’ils avaient un ogre qui les chargeait dans l’obscurité. Ils s’étaient alors précipités pour se retirer, en pensant : nous ne pourrons jamais combattre cette chose !
Un soldat de la principauté, qui avait vu Halbert à cette époque et qui avait survécu de justesse à la bataille, avait raconté plus tard l’histoire de cette manière. « À l’époque, j’étais certain que j’allais mourir. Il était encore un jeune homme, mais même les vétérans les plus féroces ne voulaient pas lui faire face. Quand j’ai entendu plus tard que c’était “Hal l’Ogre Rouge”, cela avait provoqué en moi divers sentiments. Franchement... J’avais été très étonné d’avoir ainsi survécu... »
Il serait juste de dire que pour "Hal, l’Ogre Rouge", qui sera plus tard décrit dans les histoires comme étant l’un des représentants des disciples de Souma, sa légende commença avec cette bataille.
Son style de toujours vouloir aller à l’avant des autres, conduisant ses subordonnés lors des charges, restera inchangé même quand il aura le commandement d’une armée complète à sa charge. Souma l’avertirait maintes et maintes fois que ce n’était pas le comportement d’un chef, mais Halbert dirait : « Cette façon me convient mieux », et il n’écoutera jamais les conseils des autres.
En fait, parce qu’il réussirait toujours à survivre et à obtenir des résultats, Souma ne pouvait rien dire de plus que cela. Cela finira par causer beaucoup d’inquiétude à Kaede, mais il s’agit là d’une histoire pour une autre fois.
☆☆☆
Partie 2
« Hahhhhhhhhh ! » (Liscia)
Pendant ce temps, dans l’aile droite de l’armée du royaume, Liscia laissa échapper un cri de guerre.
Tout en agissant en tant que commandante de l’aile droite, elle était également montée sur un cheval, se déplaçant tout près de la ligne de front.
Chaque fois que Liscia poussait sa lance vers l’ennemi, des lames de glace s’étaient formées dans l’air et avaient déchiqueté des soldats amidoniens. Son apparence lui donnait l’air d’être une valkyrie. Il y avait même une certaine beauté dans ce spectacle.
Mais d’un autre côté, Liscia semblait agir à la hâte, comme si le sang s’était précipité dans sa tête. Elle donnait l’impression d’avoir perdu son calme.
Bien sûr, si elle se détachait autant vis-à-vis des autres soldats, l’ennemi allait certainement la cibler en priorité.
« Ne faiblissez pas ! Entourez-la et prenez-lui sa tête ! » ordonna l’un des commandants d’une unité ennemie.
Des soldats ennemis s’étaient alors dirigés vers Liscia.
Peu importe combien Liscia était courageuse, elle était désavantagée numériquement face à un tel nombre. Si elle se laissait entourer par des lanciers, elle ne pourrait pas s'éloigner d'eux en utilisant la mobilité supérieure de son cheval.
Les lances de l’ennemi s’étaient refermées autour de Liscia quand... « Princesse ! Pourquoi, voussssss !? Éloignez-vous d’elle ! »
En arrivant juste à temps, Aisha renversa les soldats ennemis qui grouillaient autour d’elle avec un large coup de sa grande épée.
Aisha avait été assignée afin de garder Liscia, mais sa grande épée n’était pas destinée à être balancée depuis un cheval, et elle était donc en retrait parce qu’elle était à pied.
Une fois qu’Aisha avait neutralisé les ennemis proches avec un coup de sa grande épée et une rafale, elle avait couru en avant jusqu’à arriver à côté du cheval de Liscia avec des larmes au bord de ses yeux.
« Princesse, s’il vous plaît, ne soyez pas si téméraire ! » dit-elle.
« ... Désolée, » répondit Liscia. « J’ai perdu ici mon sang froid. »
Voyant les supplications d’Aisha, les yeux pleins de larmes amenèrent Liscia à retrouver son calme. Elle posa sa main sur la tête d’Aisha, qui était au niveau de sa cuisse puisqu’elle-même était à cheval et pas Aisha.
« Mais je dois être un peu téméraire, » déclara Liscia. « Car... Je veux mettre fin rapidement à cette guerre. »
« Princesse !? » Aisha inclina la tête sur le côté, rendu confus à cause du regard inquiet clairement visible sur le visage de Liscia.
Tandis que les forces de la principauté montraient de l’entêtement, la bataille allait en faveur d’Elfrieden. Les soldats commençaient déjà à fuir du côté des Amidoniens, et donc si les forces du royaume les encerclaient lentement, elles ne tarderaient pas à sortir victorieuses. Il n’y avait nullement besoin de précipiter cette victoire.
Cependant, Liscia se tourna vers Aisha avec un regard douloureux sur son visage. « Hé Aisha. Que pensez-vous de la façon dont Souma a été ces derniers temps ? »
« Que voulez-vous dire ? » Demanda Aisha.
« Il semble... comme s’il se forçait beaucoup trop. N’êtes-vous pas d’accord avec cette description ? » Demanda Liscia en retour.
« Et bien... oui. Je pense que vous avez raison, » répondit l’elfe sombre.
Même aux yeux d’Aisha, celle qui avait offert sa loyauté inébranlable à Souma, son expression l’avait effrayée ces derniers temps. Non, elle n’avait pas peur de lui, elle était effrayée pour lui.
Il y avait quelque chose de fragile chez lui.
Bien sûr, étant donné qu’ils étaient maintenant en pleine guerre, il aurait été tout aussi inquiétant de voir un sourire stupide sur le visage de leur souverain. Pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que Souma s’efforçait d’agir comme un roi. Mais, malgré tout, Aisha voulait que Souma ait le sourire.
« Une fois que cette guerre sera terminée... Croyez-vous que Sa Majesté va sourire à nouveau ? » demanda Aisha.
Les yeux de Liscia s’écarquillèrent un moment puis elle se mit à sourire. « Nous ferons tous ce qu’il faut afin qu’il sourie à nouveau. »
« Ha ! Oui, vous avez raison ! » Aisha releva la tête, reprenant sa position de combat avec sa grande épée, puis se posa devant Liscia. « Cependant, princesse, s’il vous plaît, reculez. Si quelque chose devait vous arriver, alors Sa Majesté ne pourrait plus jamais sourire. »
« ... C’est vrai, » répondit Liscia. « Je vais désormais être plus prudente. »
« Laissez-moi me battre à votre place, » cria Aisha.
« Non, vous ne pouvez pas faire ça. Aisha, vous savez déjà que si quelque chose vous arrivait, Souma ne sourirait plus jamais, n’est-ce pas ? » Répliqua Liscia.
« ... Le pensez-vous vraiment ? » demanda Aisha.
« Je le pense. » Répondit-elle.
« Ho, vraiment ? » demanda Aisha.
Les deux filles se regardèrent et sourirent. Puis, un moment plus tard, elles revêtirent les visages des guerrières.
« Dans ce cas Princesse, » commença Aisha. « Faisons toutes deux attentions à nos vies. »
« D’accord, » acquiesça Liscia. « Terminons ensemble cette guerre si pénible. »
Puis, elles se précipitèrent toutes deux sur le champ de bataille.
***
La bataille entre les armées d’Elfrieden et d’Amidonia avait atteint un tournant.
Au centre de l’armée de la principauté, qui était lentement encerclée, le Prince Souverain d’Amidonia, Gaius VIII, affichait un regard sinistre.
Son plan initial visant à provoquer une embuscade contre l’armée du royaume alors qu’ils encerclaient Van, puis les charger dans une attaque en tenaille avec les troupes de la garnison, était clairement foutu. Les troupes du royaume n’avaient pas assiégé Van. À la place, elles avaient attendu dans les plaines que l’armée principale de leur opposant arrive ici.
L’armée de la principauté avait été épuisée à cause de la marche, ainsi que de l’embuscade à la Vallée de Goldoa. Et ses soldats devaient maintenant aller au combat contre une armée bien reposée du royaume, qui avait en plus près de deux fois plus de soldats.
L’armée du royaume n’avait pas visé la capitale Van. À la place, elle visait à détruire la principale force de l’armée de la principauté, ou pour être encore plus précis, la tête de Gaius VIII. Il s'agissait d'un fait qui lui faisait grincer des dents.
Les forces de la principauté s’étaient bien battues au début, mais elles étaient épuisées, et leur qualité avait été diluée avec de nouveaux conscrits, de sorte qu’ils n’auraient pas pu espérer tenir longtemps. Les soldats avaient déjà commencé à fuir et il n’y avait aucun espoir sur le fait qu’ils pourraient se regrouper à nouveau.
À ce moment-là, Gaius se décida et appela Julius qui était en train de donner des ordres sur la ligne de front.
Quand il revint au camp principal, Julius se tenait devant Gaius rempli de colère. « Père ! Pourquoi m’avez-vous si soudainement rappelé ici ? Vous savez bien que si je quitte la ligne de front, Elfrieden pourra la transpercer ! »
« ... Julius, » Gaius parla à Julius avec une attitude totalement calme. « Retirez-vous de ce champ de bataille. »
« Qu-Que me dites-vous là ? La guerre ne fait que commencer... » Cria Julius.
« Nous avons déjà perdu la guerre, » avait dit Gaius à son fils déconcerté par son ton plein d’autodérision. « Les soldats de mon armée sont forts. Ils ne sont clairement pas plus faibles que ceux du royaume. Cependant, dans notre état actuel d’épuisement après notre si longue marche, il nous sera impossible de renverser la différence de puissance entre nos deux forces. Je gagnerais du temps, alors vous devez effectuer un coup sanglant dès maintenant alors que leur encerclement n’est pas encore complet et vous devez vous enfuir d’ici par vous-même. »
Gaius avait déjà accepté la défaite.
Quand il réalisa ce fait, Julius sentit ses jambes perdre leur force. Cependant, s’il considérait ce que Gaius disait, il ne pouvait pas laisser tout tomber ici.
« Non... Si quelqu’un doit faire ça, c’est vous, mon Père ! » cria Julius. « Je serai celui qui vous fera gagner du temps ! »
« Non, ce n’est pas possible, » répondit Gaius.
« Pourquoi ? » demanda Julius.
« Car Elfrieden vise à récupérer ma tête. » Répondit Gaius.
Ayant choisi ce lieu pour mourir, les pensées de Gaius VIII étaient plus claires qu’elles ne l’avaient jamais été. Ceci lui avait permis de voir l’objectif de Souma et Hakuya.
« Je suis une irritation constante pour Elfrieden, » déclara Gaius. « Beaucoup de nobles dans leur pays nous sont redevables. En me frappant, ils doivent espérer supprimer cette menace. »
Julius resta silencieux.
« De plus, je suis le porte-drapeau de la faction anti-royaume dans la principauté, » continua Gaius. « La raison pour laquelle nous pouvons prendre une position ferme contre le royaume est que les intransigeants ont gardé le contrôle sur les modérés. Mais, si je devais disparaître, les modérés de la principauté prendront de l’ampleur. »
La différence de puissance entre la Principauté d’Amidonia et le Royaume d’Elfrieden était claire. Que ce soit le territoire, la population, le nombre de soldats ou la prospérité, ils perdaient à tous les niveaux.
Et pour couronner le tout, Amidonia partageait ses frontières avec l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, une théocratie au nord qui avait ses propres valeurs. Elle avait aussi une frontière avec la République de Turgis au sud, avec sa politique d’expansionnisme vers le nord. Et à l’ouest, avec l’état mercenaire Zem, un état neutre qui envoyait des troupes dès qu’on y mettait le prix. Il n’y avait pas à dire quand ceux qui étaient faibles du cœur pourraient se sentir à l’aise en allant vers l’un de ces autres états dans une tentative d’autopréservation.
C’est pourquoi, afin de garder Amidonia en tant qu’Amidonia, Gaius avait eu besoin de garder un contrôle sur de telles choses. Et maintenant, Elfrieden essayait de tout lui enlever.
Les yeux de Julius s’écarquillèrent. « Non... Voulez-vous dire que Souma a comploté tout cela afin de pouvoir prendre votre tête, Père ? Aurait-il même utilisé ses propres terres pour servir d’appât ? »
« Faites attention, Julius, » déclara Gaius. « Ce nouveau roi n’est pas du tout comme Albert. »
Gaius ne sous-estimait plus Souma à cause de sa jeunesse.
Il continua à parler. « C’est pourquoi Elfrieden ne me laissera jamais m’enfuir. Si j’essayais de fuir, ils me poursuivraient jusqu’en enfer. Car après tout, leur seul but est de m’occire. »
Julius ne pouvait rien dire face à ça.
« C’est pourquoi je resterai ici pour leur montrer la fierté d’Amidonia, » acheva Gaius.
« Alors je resterais avec vous ! » cria Julius.
« Vous ne pouvez pas faire ça ! Si nous perdons tous les deux, qu’arrivera-t-il à la principauté !? »
« Mais nous avons encore Roroa, » répondit Julius.
« Hmm... Elle ne suffit pas du tout, » même s’il parlait de sa propre fille, Gaius crachait ces mots avec dégoût. « Il faut un serpent venimeux afin de mener Amidonia. Un serpent venimeux qui plantera un jour ses crocs dans le royaume et le frappera à mort. Roroa peut avoir le sang d’un serpent rusé, mais elle manque de venin. »
Alors que Julius tremblait de peur en voyant la folie que son père commençait à afficher, il demanda. « Père, quel est ce venin dont vous parlez ? »
« Le désir brûlant de se venger d’Elfrieden, » cria Gaius. « Même si elle est entourée par de puissants États, notre Principauté d’Amidonia a toujours maintenu son indépendance, a développé ses terres improductives, s’est endurcie vis-à-vis de la faim, a creusé des mines dans des conditions difficiles et s’est préservée en tant qu’État uniquement grâce à notre désir de vengeance contre le royaume. Notre haine pour le royaume qui nous a volé nos terres fertiles nous a poussés à devenir toujours plus forts, et de plus en plus prospères... Malheureusement, Roroa a peut-être un certain don pour la finance, mais elle n’a pas ce désir de vengeance. Le seul qui a au moins quelque peu hérité de mon venin, c’est vous, Julius. »
Avec ces mots, Gaius se leva de son siège et posa ses mains sur les épaules de Julius.
« C’est pourquoi vous devez survivre, » déclara Gaius. « Vous êtes le seul à pouvoir poursuivre mon désir de vengeance et garder Amidonia comme elle devrait être. »
« Père... » Julius était perplexe.
Est-ce que ce sang venimeux coulait dans ses veines ? Certainement, Julius avait toujours vu le royaume comme étant son ennemi juré. Cependant, pourrait-il brûler avec la même passion qu’il avait vue briller chez Gaius ?
Pendant que Julius était toujours décontenancé, Gaius lui avait dit. « À ce stade, nous ne pouvons pas nous permettre d’être transformés en un état fantoche. Vous devriez chercher l’aide de l’Empire. Si vous le faites, cela devrait au moins empêcher l’annexion d’Amidonia par le royaume. »
« Mais... comme vous le disiez avant, l’Empire nous pardonnera-t-il d’aller à l’encontre de la Déclaration de l’Humanité ? » Demanda Julius.
« Mettez tout le blâme sur moi, » dit Gaius. « Le démon vengeur d’Amidonia a refusé de tenir compte des avertissements de son propre fils et comploté afin d’envahir le royaume en désaccord avec les vœux de l’Empire. C’est tout ce qu’il y a à faire. »
Julius déglutit. Gaius n’avait pas seulement l’intention de mourir ici, il voulait prendre toute la mauvaise réputation pour leurs actions sur lui-même. Même Julius, qui était connu pour sa froideur et son sang-froid, sentait son cœur se contracter en pensant à un tel acte. Bien que, en même temps, il y avait dans ses yeux une grande colère envers le royaume.
Quand il vit ces yeux, Gaius acquiesça de satisfaction, puis repoussa Julius. « Vas-y, Julius. Vous ne devez jamais laisser l’âme d’Amidonia être effacée de la surface de ce monde. »
« ... Je ne vous oublierais jamais. » Julius le salua, puis tourna les talons avant de partir.
Même après avoir regardé son dos jusqu’à ce qu’il soit hors de vue, Gaius resta là pendant un certain temps. Il prit une profonde inspiration et son expression changea.
Il ne se sentait plus pressé ni indécis. Il dégaina l’épée se trouvant à sa hanche avec l’expression sérieuse d’un guerrier.
« Maintenant, tout ce qui reste à faire est mon devoir en tant que guerrier. Et leur montrer l’Esprit Combatif d’Amidonia. » Déclara Gaius.
***
« ... Cela semble mauvais, » Carla, qui était debout à mes côtés, avait soudainement dit ça.
L’armée de la principauté affichait déjà des signes décisifs de défaite, sans oublier les soldats qui fuyaient ou se rendaient. Les soldats près du camp principal qui résistaient encore étaient complètement encerclés.
Il semblait que tout ce qui restait était d’attendre qu’ils soient éliminés. Alors qu’est-ce qui pourrait sembler mauvais ?
« Quel est le problème ? » demanda Souma.
« Il n’y a aucun signe montrant que Gaius VIII compte fuir, » répliqua Carla. « Il a choisi de mourir ici. »
« Je n’ai pas l’intention de le laisser s’échapper, n’est-ce pas plus commode dans ce cas ? » Demanda Souma.
« ... Les lâches ont fui, les faibles sont tombés et, par conséquent, les élites se rassemblent autour de Gaius alors qu’il continue à résister, » dit-elle. « S’ils devaient créer une escouade suicidaire, aucun homme ordinaire ne pourrait les arrêter. D’autant que, une fois la victoire de l’armée assurée, ses soldats tiennent à leurs vies d’autant plus chèrement. »
Quand je regardai le champ de bataille après qu’elle m’ait signalé ces faits, je vis que les 40 000 soldats de ma propre armée apparemment incapables d’éliminer la force principale de l’ennemi, qui devait déjà être réduite à moins de 500 soldats. Peu importe combien de dizaines de milliers de soldats nous avions, seulement trois personnes tout au plus pouvaient attaquer n’importe quel soldat à un moment donné. Et s’ils étaient regroupés, ce nombre était encore plus faible.
Pour ne rien dire du fait que l’ennemi avait accepté leur mort et était désormais sans peur alors que, en tant que vainqueurs, notre peuple tenait à sa vie d’autant plus.
Il n’y aurait aucune récompense ni gloire s’ils étaient morts. C’est pourquoi ils ne pouvaient pas y aller à fond de manière offensive.
Un frisson glacial me parcourut la colonne vertébrale. Je connaissais des exemples historiques de cette situation.
Par exemple, lors du siège d’Osaka, Yukimura Sanada avait mené 3 000 hommes dans un attentat-suicide qui avait percé l’armée de 13 000 de Tadanao Matsudaira et avait presque atteint son commandant suprême, Ieyasu Tokugawa.
Après la bataille de Gaixia, un autre exemple avait été fait en Chine, où plusieurs milliers d’hommes envoyés par le vainqueur Liu Bang avaient été vaincus à plusieurs reprises par le défunt Xiang Yu et vingt-huit de ses serviteurs.
Quand il y avait une trop grande différence dans la volonté de se battre, la différence au niveau du nombre de soldats perdait tout son sens. Une armée sans volonté de se battre ne pourrait jamais gagner, peu importe à quel point était ses effectifs.
... Je parie que cet unité doit venir uniquement ici afin d'obtenir ma tête.
Franchement... J’étais effrayé. Sun Tzu avait dit de ne jamais combattre une escouade suicidaire.
Cependant, même dans ce cas, je ne pouvais pas laisser Gaius partir d’ici. Si je le faisais partir, tous nos sacrifices auraient été vains. Mais... si, par hasard... si le pire devait arriver...
« Carla, écoutez-moi, » je m’étais tourné vers Carla, et je m’étais mis à lui parler.
« Quoi ? » me répondit-elle.
« ... J’ai besoin de vous parler. » Dis-je.
***
« Ne cherchez qu’à avoir la tête du roi ennemi, Souma Kazuya ! » cria Gaius VIII depuis son cheval.
Gaius avait rassemblé autour de lui les cinq cents chevaliers qui étaient ses meilleurs soldats d’élite. Il était sur le point de commettre une charge suicide sur le camp principal d’Elfrieden. La zone autour de lui était remplie de plusieurs dizaines de milliers d’ennemis. Ce sera un chemin jusqu’à une mort certaine remplie de soldats ennemis, dont il ne reviendrait jamais.
Même s’il réussissait à faire tomber Souma, cela signifierait seulement que le roi tomba entre les mains de soldats. Cependant, leur rancune contre Elfrieden, transmise de père en fils depuis cinquante ans, s’était infiltrée dans la moelle des os de ses serviteurs. Ils ne faibliraient pas.
« Montrons à Elfrieden l’esprit et la valeur du peuple amidonien ! » cria Gaius.
« « « Ouaisssssssss ! » » »
En entendant le cri de guerre de ses serviteurs, Gaius pointa son épée vers le centre de l’armée du royaume et fit comme s’il frappait avec en criant. « Chargezzzzz ! »
Les quelque cinq cents Chevaliers de sa cavalerie d’élite avaient alors foncé vers le centre de l’armée du royaume.
Ils s’étaient occupés de n’importe quel soldat se trouvant sur leur chemin avec leur épée, écrasant l’ennemi qui leur résistait sous leurs sabots comme s’ils avançaient avec la force d’une tempête. Ils étaient telle une flamme qui brillait une dernière fois avant de s’éteindre. C’est pourquoi ils brillaient de par leur puissance.
« Gaius VIII !? Est-il devenu fou ? » Ludwin, qui défendait le centre, avait regardé ce groupe déchaîné depuis le haut de son cheval blanc avec un regard de dégoût évident. Cette sorte de charge téméraire n’était rien de moins qu’un suicide.
Eh bien, c’est probablement une attaque suicide, pensa-t-il. Maintenant qu’ils ont accepté leur perte totale, ils cherchent un endroit afin de mourir. Honnêtement, je préférerais ne pas avoir à jouer avec ça.
Ludwin mit le casque qu’il avait enlevé, puis souleva sa lance de cavalerie vers le ciel. Puis, il cria aux chevaliers de la Garde Royale se trouvant derrière lui, « Sa Majesté est derrière nous ! Nous sommes le bouclier de ce royaume ! Au nom de la Garde Royale, nous arrêterons ce groupe même si cela nous en coûte la vie ! »
« « « Ouiiiii ! » » »
« Allons-y. » cria Ludwin.
Les deux mille chevaliers de la Garde Royale sous les ordres de Ludwin se précipitèrent tous vers l’avant. Il ne leur fallut pas longtemps avant de rentrer en collision avec les cinq cents serviteurs de Gaius.
Quand ils entrèrent en collision, environ la moitié des serviteurs de Gaius furent emportés en un instant. Presque, autant de gardes royaux avaient été désarçonnés lors de cette charge, mais considérant qu’ils avaient dès le départ eu l’avantage numérique, on pourrait dire qu’ils avaient essuyé des pertes bien moins graves. À partir de là, c’était devenu une mêlée avec le son des sabots en tâche de fond.
Dans ce fouillis d’amis et d’ennemis, Ludwin cherchait Gaius. « Je vous ai trouvé, Gaius ! »
L’homme qui semblait être Gaius se trouvant dans un groupe de chevaliers qui chargeaient avec violence vers le camp principal. Il portait un magnifique manteau. Quand l’homme au manteau vit Ludwin, il pointa son épée dégainée vers lui.
« Vous ! Qui êtes-vous !? » demanda l’homme.
« Je suis le Capitaine de la Garde Royale, Ludwin Arcs. » Répondit Ludwin.
« Hmph, une unité ornementale se trouvant à la capitale, n’est-ce pas ? » déclara l’homme.
« Dites ce que vous voulez ! Une fois que nous vous aurons abattu, cette guerre sera finie ! » Ludwin fit avancer son cheval préféré. Quand il le fit, les soldats qui entouraient l’homme à la cape se séparèrent dans des directions différentes, comme s’ils s’étaient tous concertés.
Les serviteurs de Gaius l’ont-ils abandonné ?
Pendant un moment, Ludwin pensait que leur comportement était étrange, mais en ce moment il avait besoin de se concentrer sur l’homme se trouvant devant lui. Il semblerait que tout ce que l’homme portant la cape pouvait faire était juste de parer les coups de lance de Ludwin avec son épée.
« Guh... Vous vous battez bien, vu que votre unité n’existe que pour avoir l’air jolie, » grogna l’homme.
« Peu importe où je m’affiche, ma lance n’existe que pour percer les ennemis de Sa Majesté ! » déclara Ludwin.
Ludwin frappa l’épée avec sa lance, la poussant vers l’extérieur, puis il frappa de toutes ses forces le torse de l’homme maintenant sans défense. Sa lance frappa l’homme, l’empalant et le transperçant même à travers son manteau.
L’homme cracha du sang et baissa la tête, mais il souriait. « Bien joué... Cependant, cela ne sert à rien du tout... »
« Quoi !? » s’écria Ludwin.
Puis, l’homme leva la tête et cria. « Votre Altesse ! Réalisez notre plus grand souhait... ! »
En regardant l’homme rendre son dernier souffle, Ludwin fut choqué.
Alors qu’il y pensait, il n’avait aucune idée du visage du dirigeant d’un pays avec lequel il n’avait pas de contact diplomatique depuis si longtemps. Par exemple, si Gaius faisait porter à l’un de ses serviteurs son manteau, Ludwin serait sûr de confondre la personne, pensant qu’il s’agit bien de Gaius.
Et si Gaius était un de ces chevaliers qui s’étaient dispersés juste avant dans les différentes directions ?
Ludwin inhala brusquement, puis cria, « Votre Majesté ! »
Quand Ludwin se retourna, il vit un cavalier solitaire se diriger vers le camp principal.
☆☆☆
Partie 3
« J’ai un rapport ! Il y a un chevalier ennemi qui fonce sur ce camp principal à une vitesse incroyable ! » Un soldat avait crié ça, se précipitant dans le camp principal.
C’était alors que je terminais ma demande à Carla.
... merci mon Dieu, pensai-je. On dirait que je l’ai fait à temps.
Les yeux de Carla étaient agrandis par la surprise, elle grinça des dents et me regarda fixement. « Est-ce que... c’est un ordre ? »
« Non, je ne pense pas que cela doive l’être, » dis-je. « Je suis sûr que vous l’accomplirez, que je vous l’ordonne ou non. »
Je voulais aller toucher le collier d’esclave de Carla, mais elle me frappa la main.
À l’instant où elle fit ça, Carla se mit à gémir en raison de la douleur. Elle avait frappé son maître en portant un collier d’esclave, alors bien sûr qu’elle devait en subir les conséquences.
« Argg... Ne soyez pas ridicule... » déclara Carla, me lançant un regard furieux alors qu’elle était agonisante.
« Carla !? Qu’est-ce que vous faites ? » demandai-je.
« Ne soyez pas ridicule ! Je ne pourrais jamais prêter l’oreille à une telle demande ! » Carla parlait, pleine rage, comme si le collier se resserrant autour de son coup ne signifiait rien pour elle.
« Non. Je dis juste que si le pire devait arriver..., » Dis-je.
« Arg ! Ça suffit ! Ne me parlez pas de ça ! Donnez-moi simplement l’ordre de le tuer, lui ! » Cria Carla en pointant du doigt le chevalier ennemi solitaire. « À cause de ce collier d’esclave, je ne peux pas m’éloigner de vous sans permission ! Alors, donnez-moi juste la permission ! Et j’irais m’occuper de lui ! »
« ... Êtes-vous prête à vous battre pour moi ? » demandai-je.
Je ne pouvais pas le croire, mais Carla indignée fit un « Hmph ! »
« Je ne le fais pas pour vous, » dit-elle. « Je le fais seulement parce que je ne veux pas que Liscia vous voit avec ce visage. »
Quel visage ? Quel genre de visage faisais-je en ce moment ?
Était-ce un visage effrayant ? Était-ce plein de chagrin ? Était-ce pitoyable ?
Tandis que je me touchais le visage, essayant de le comprendre, Carla piétina avec indignation et demanda à nouveau. « Je vous le dis à nouveau, donnez-moi l’ordre de le faire ! Pour l’amour de Liscia, dites-moi d’aller le tuer ! »
« ... Je vous autorise à le faire. » Je l’avais enfin dit. Si elle disait que c’était pour Liscia, alors je pourrais probablement lui faire confiance. « S’il vous plaît, Carla. Tuez ce chevalier et mettez fin à cette guerre. »
« D’accord ! » répondit-elle.
Après avoir dit ces mots, Carla baissa la tête puis prit une longue épée à chacun des deux gardes se trouvant à côté de nous. Puis elle étendit ses ailes et prit son envol.
Elle se mit à flotter dans les airs pendant un certain temps alors qu’elle cherchait sa cible, puis elle plongea tel un faucon qui avait trouvé sa proie, se propulsant vers le sud.
***
« Carla... Je vais transférer ma propriété sur votre personne en tant qu’esclave à Liscia. » C’était ce que Souma avait soudainement dit à Carla.
Certes, il était possible pour un collier d’esclave de transférer sa propriété à un autre si son maître le voulait. Cependant, s’il le faisait, Carla serait capable de nuire à Souma. Alors, pourquoi était-ce qu’il avait soudainement dit ça ?
Quand Carla le lui avait demandé, Souma avait pointé du doigt l’escouade suicidaire.
« Cette escouade suicide me vise, » déclara Souma. « Même dans le pire des cas, ils vont s’enflammer définitivement après m’avoir pris la tête. Il devrait être facile de les éliminer à ce moment-là. Donc, j’ai une demande à vous faire. Si je devais tomber lors de cette bataille, dite à Liscia. “Je vous donne le trône.” Eh bien... Il s’agit là de ma dernière volonté. »
« Votre dernière volonté ? Est-ce que vous plaisantez ? » demanda-t-elle.
Quand elle lui avait demandé ça, le visage de Souma avait pris une expression sérieuse et il avait dit. « Je suis sérieux. Je suis le roi, donc je dois considérer le pire des cas. Je me sentirais mal de devoir repousser les choses sur elle alors que le travail est à moitié fait, mais, et bien, si nous pouvons simplement retirer Gaius de l’échiquier politique, Van tombera assez facilement. Si elle fait ce que Hakuya lui dit de faire, tout ira bien. »
Après avoir dit ça, Souma avait souri.
Quand elle le vit sourire... Carla réalisa qu’elle avait mal compris quelque chose d’important.
Le roi était la personne la plus puissante du pays, alors elle pensait qu’il avait le pouvoir de tout contrôler. En regardant les choses comme un guerrier qui avait servi le roi, c’était ce qu’elle s’attendait à voir chez un roi.
C’est pourquoi Carla avait pensé que Souma avait usurpé le trône.
Elle avait pensé qu’il avait été séduit par ce pouvoir immense, trompant le roi au bon cœur Albert en lui faisait donner le trône, et qu’il avait forcé Liscia à des fiançailles non désirées, essayant ainsi de l’utiliser afin de cimenter son pouvoir. Alors qu’elle avait appris par la suite grâce aux lettres de Liscia qu’elle avait tort, elle avait toujours nourri ces doutes dans un coin de son cœur. C’est pourquoi elle avait suivi Castor jusqu’au bout quand il avait choisi de mourir pour son amitié avec Georg.
Souma a-t-il vraiment été séduit par ce pouvoir et cette autorité ? Alors même lorsqu’elle se tenait prisonnière à ses côtés, Carla avait réfléchi à cette question.
« Carla, je suis peut-être un faux roi. » (Souma)
« Après tout... Si je ne peux pas entrer dans le rôle de roi, je ne peux pas envoyer de soldats sur le champ de bataille. » (Souma)
Il devait entrer dans le rôle. C’était la preuve qu’il était conscient qu’il n’était pas un roi.
Souma n’a jamais voulu être roi...
S’il avait eu une attitude insouciante et avait pu ignorer la responsabilité inhérente à ce pouvoir, il aurait pu devenir roi sans trop se préoccuper des problèmes se trouvant autour de lui. Cependant, pour celui qui avait parfaitement compris cette responsabilité, le pouvoir n’était rien d’autre qu’un fardeau. Souma réussissait à supporter ce fardeau en jouant un rôle.
Les choses qu’elle pensait qu’il avait volées avaient en fait été placées de force sur lui par d’autres.
Par Sir Albert, l’ancien roi, par Liscia, par ses vassaux, par le peuple de ce pays, il a été forcé de supporter toutes sortes de fardeaux, pensa Carla. Quand j’ai entendu Souma parler si facilement de sa propre mort, j’ai pensé qu’il pourrait se sentir malade, mais... J’avais tort. S’il y a quelque chose qui ne va pas chez lui, ce n’est pas son corps, c’est son esprit.
L’esprit de Souma avait été lentement dévoré par la pression accablante qui pesait sur ses seules épaules.
Liscia a senti cela. C’est pourquoi elle a essayé si sérieusement, si vaillamment, de soutenir Souma.
Carla le réalisa maintenant, mais il était trop tard.
C’est trop tard... Oui, beaucoup trop tard.
Elle était déjà une criminelle en attente d’un jugement.
Même si elle se battait maintenant pour Souma, rien de bon ne sortira de ça.
Même ainsi, quand elle vit que Souma était prêt à abandonner le trône et qu’il lui disait sa dernière volonté pour Liscia alors que sa propre vie était en péril, Carla ne pouvait tout simplement pas le laisser agir ainsi. Car si Souma mourait ici, Liscia serait assurément triste.
Mon entêtement aveugle a déjà apporté à Liscia assez de chagrin. Je ne laisserai pas Liscia devenir encore plus triste !
Carla avait préparé ses deux épées.
« C’est pour ça que je vais te tuer ! » Elle avait alors crié ça sur le général à cheval qui se précipitait seul vers le camp principal.
« Quoi !? » L’homme avait crié.
Carla avait piqué vers le sol, envoyant l’intégralité de la force de la vitesse acquise dans ses deux épées qu’elle tenait dans ses mains. Elle avait prévu de terminer en un instant avec cette attaque-surprise. Cependant, le général ennemi bloqua avec son épée celles de son adversaire. Elle pensait l’avoir pris au dépourvu, mais il devait être un guerrier très aguerri.
Carla avait plié son corps en forme de V, utilisant son élan restant pour effectuer un coup de pied sur son torse laissé sans défense.
« Arg... » (général)
Le général ennemi avait été désarçonné de son cheval, s’écrasant sur le sol. Cependant, il se leva immédiatement, préparant son épée et regardant fixement Carla.
« Vous... Vous êtes un dragonewt, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Je suppose que vous devez être un général bien connu, » répondit-elle. « Je suis Carla, fille de Castor Vargas. »
« Castor ? Ne s’est-il pas rebellé contre le roi ? » demanda l’homme se trouvant devant elle.
« ... Exacte. C’est pourquoi je suis dans cet état pitoyable, » dit Carla en désignant le collier d’esclave se trouvant autour du cou.
Quand le général ennemi le vit, il rugit, « Alors, poussez-vous sur le côté ! Mon seul but ici est de prendre la tête de Souma ! »
« Malheureusement, je ne peux pas vous laisser faire ça, » dit-elle.
« Souma n’est-il pas aussi censé être votre ennemi ? » demanda-t-il.
« Il l’était, mais il est aussi l’homme que ma meilleure amie aime. Je ne peux pas vous laisser le tuer, » déclara Carla.
« Ce que vous faites n’a aucun sens ! Très bien, alors vous pouvez mourir avec lui ! » déclara-t-il.
Le général ennemi frappa Carla. Carla croisa ses épées afin de bloquer l’attaque, mais ce coup puissant l’avait forcée à poser un genou à terre.
« Quoi !? Est-ce vraiment la puissance d’un être humain ? » haletait-elle.
Pour réussir à faire qu’un dragonewt, qui était beaucoup plus puissant qu’un humain, mette un genou à terre...
Il était difficile de croire que ce général était humain.
« Alors que vous êtes dans le royaume assis sur vos lauriers, nous avons poli notre magie et nos prouesses martiales ! » cria l’homme.
« ... Je comprends. De la magie de terre, hehe, » dit-elle.
Comme mentionner lorsque des renforts étaient venus du village des Elfes Sombres, la magie de Terre manipulait la gravité.
Il avait dû augmenter la puissance de son attaque en rendant le bout de sa lame plus lourde au moment de l’impact.
L’ennemi avait crié alors qu’il essayait d’écraser Carla. « Le vœu de longue date de notre famille royale est de se venger d’Elfrieden ! Pour cela, nous avons poli nos crocs et aiguisé nos griffes ! Je réaliserai le souhait de trois générations de notre famille royale, ici et maintenant ! »
« Je vois... Alors dans ce cas, êtes-vous Gaius ? » demanda-t-elle.
Après avoir discerné la véritable identité de l’ennemi, Carla avait tourné sa lourde lame de côté avec un mouvement fluide de son épée droite, puis avait utilisé son épée gauche pour effectuer une attaque en diagonale depuis le haut. Au moment où elle l’avait presque eu, Gaius avait bondi en arrière.
Carla pointa sa lame vers Gaius. « Si vous êtes le Prince Souverain... Ne devriez-vous pas plutôt vous inquiéter pour votre peuple avant votre revanche ? »
« Hmph ! » cracha Gaius. « Je serais dans un état de dépression si je me permettais de penser comme les faibles de la famille royale d’Elfrieden. Dans la Principauté d’Amidonia, un prince est celui qui peut utiliser la force de sa volonté et ses bras pour garder le peuple en échec ! »
« ... C’est vrai. » Dis Carla. « Quand je vous regarde, Albert commence à ressembler à un grand dirigeant en comparaison de vous. »
Il n’avait peut-être pas été particulièrement bon ou mauvais, mais le règne d’Albert avait au moins été pacifique. Gaius avait commencé une guerre parce qu’il se souciait plus de son propre désir de vengeance que de la façon dont son peuple vivait. Elle ne pourrait jamais accepter un homme comme ça en tant que roi.
« Je ne voudrais jamais que Souma devienne un roi comme vous... » Murmura-t-elle.
« Hmph, je n’ai pas besoin de mes ennemis afin de m’aimer... Haah! » (Gaius)
Gaius avait soudainement posé sa main sur le sol.
À cet instant, des pointes commencèrent à sortir du sol tout autour de Carla. Les épines qui poussaient depuis le sol s’étaient précipitées vers elle.
Carla avait évité un coup direct, mais parce que le sol autour d’elle avait autant de pointes qui en sortaient qu’un hérisson, ses ailes avaient été coincées et elle devint incapable de bouger. Dans une étrange coïncidence, Carla s’était retrouvée capturée par la même tactique que Liscia avait utilisée afin d'attraper Castor.
« Merde ! » cria-t-elle en essayant à la hâte de se libérer.
« Maintenant, vous allez payer pour avoir bloqué mon chemin, » dit Gaius. Il poussa son épée vers elle.
Carla ferma malgré elle les yeux. *Bruit sourd* elle avait entendu le bruit de quelque chose qui s’était fait poignardé.
... Cependant, il n’y avait pas de douleur. Quand Carla ouvrit les yeux avec hésitation, il y avait quelque chose de grassouillet se trouvant droit devant elle. C’était rond, gros et blanc. Quand elle avait regardé de plus près, elle vit qu’il s’agissait d’une poupée assez grande pour qu’une personne puisse pénétrer à l’intérieur. Cette poupée était entre Carla et Gaius, bloquant l’épée de Gaius avec son propre corps.
« « Quoi... !? » »
Aussi bien, les yeux de Carla et Gaius étaient écarquillés à cause de l’apparition soudaine de la poupée.
Et alors...
« Carla, partez de là ! » cria une voix proche.
Carla retrouva ses sens quand elle entendit la voix qui l’appelait à ce moment-là. Elle se détacha du sol qui l’entravait et s’échappât. Quand elle retrouva son équilibre. Et quand elle regarda la source de la voix, les yeux de Carla s’étaient de nouveau écarquillé.
« Vous... êtes-vous Souma Kazuya ? » cria Gaius
Il semblait que Gaius l’avait aussi compris.
Au moment où ils l’avaient remarqué, Souma Kazuya se tenait à une vingtaine de mètres d’eux. Il y avait quatre poupées de la même conception que celle qui avait protégé Carla qui flottait autour de lui dans l’air.
Il s’agissait d’une poupée Petit Musashibo de grande taille qui avait protégé Carla, tandis que celles déployées autour de Souma étaient de taille moyenne.
« Vous, idiot ! Que faites-vous ici ? » Carla avait atterri à côté de Souma et l’avait grondé.
Souma haussa les épaules et dit : « Cette personne est le seul qui reste. Nos alliés se rassembleront ici assez tôt. Alors j’ai décidé, plutôt que d’attendre dans le camp, j’utiliserais le temps ici à combattre à vos côtés. »
« Si vous mourez, Liscia sera triste, et vous le savez bien ! » cria-t-elle.
« Je sais. C’est pourquoi je suis venu ici, » dit-il. « Afin de vivre, c’est mieux si nous concentrons notre puissance. Plutôt que de nous battre tous les deux séparément, les chances de survivre sont meilleures si dès le départ nous coopérons. »
Alors qu’il disait ça, Souma balança son bras devant lui. Après qu’il avait fait ça, deux de ses poupées de taille moyenne Petit Musashibo qui portaient des arbalètes avaient tiré sur Gaius.
Les carreaux volèrent directement vers Gaius, mais Gaius donna un coup de pied à la grosse poupée Petit Musashibo qui s’était frayé un chemin vers le sol et il coupa les deux carreaux en plein air.
Cette fois, c’était au tour de Souma d’être stupéfait. « Vous pouvez vous défendre contre ça ? »
« Faites attention, » avertis Carla. « Cet homme est très puissant. »
Après avoir entendu ce mot d’avertissement, Souma se prépara à ce qui allait venir.
« Souma Kazuya ! » Gaius hurla, une lueur affûtée présente dans ses yeux. « Je vais vous vaincre et détruire le royaume. »
« ... Je déteste devoir vous décevoir, mais je suis sûr que le royaume ne sera certainement pas détruit même si vous me tuez maintenant. » Malgré le fait que Gaius l’ait effrayé, Souma avait un grand sourire sur son visage. « J’ai rassemblé des gens talentueux autour de moi. J’ai mis en place un réseau de transport, j’ai retravaillé l’infrastructure de la ville et j’ai jeté les bases de la prospérité. Même si je devais mourir maintenant, je suis sûr que quelqu’un pourrait prendre le relais et exécuter les choses d’une manière tout à fait correcte. »
« Alors, je vais détruire tout ça ! » Gaius étendit son bras. À cet instant, une pierre fut projetée depuis hors du sol.
« « Je ne vous laisserai pas faire ça ! » » Souma et Carla avaient crié à l’unisson.
D’abord, deux poupées de taille moyenne Musashibo portant des boucliers s’étaient déplacées afin de bloquer cette attaque.
Dans le même temps, Carla s’était déplacée sur le côté de Gaius et l’avait frappé.
Gaius avait bloqué cette attaque avec son épée, puis avait donné un coup de pied à Carla pour l’éloigner de lui et avait couvert son corps avec son manteau pour se protéger de deux autres flèches que Souma avait fait tirer. Dans ce monde où la magie pourrait être attachée aux choses, même un manteau était une pièce d’armure viable.
« Zut. Je sais qu’il est un roi, mais il est trop fort..., » grogna Souma.
« Je suis sûre qu’il s’est entraîné très différemment de la façon dont vous le faites. Hahh ! » Carla cracha le feu dans la direction de Gaius.
« Arg ! » Gaius bloqua les flammes avec un autre déplacement de son manteau. Puis il avait lancé une autre pierre.
Souma bloqua l’attaque avec l’une des poupées-boucliers, mais il pouvait dire que c’était en train de lentement l’endommager. À ce rythme, ils n’allaient même pas lui faire gagner beaucoup de temps.
... Puis, quelque chose s’était produit près de Souma.
« Déplacez-vous ! » cria-t-il.
Souma fit se relever la grande poupée de Petit Musashibo qui était tombé sur le sol et attaqua Gaius.
Gaius cria. « Tu me gênes ! » et il la coupa. Mais il avait seulement coupé la moitié supérieure, alors la poupée de grande taille Petit Musashibo enveloppa ses bras autour de Gaius.
« Quoi !? » cria Gaius.
« Carla, maintenant ! Brûlez la poupée ! » cria Souma.
« Hein !? Pourquoi... ? » demanda Carla.
« Dépêchez-vous. Faites-le ! » cria Souma.
« D-D’accord ! » déclara Carla.
Sans savoir pourquoi elle le faisait, Carla cracha des flammes vers la poupée Petit Musashibo.
Il y avait eu alors un flash brillant lorsque les flammes avaient touché la poupée, suivie par un...
Boom !
Gaius avait été pris dans des flammes qui grandissaient et par un nuage de fumée noire.
Il avait explosé. Ayant pris l’explosion de plein fouet, Gaius avait été envoyé à une dizaine de mètres dans les airs.
Quand Gaius retomba sur son dos, tout son corps avait été brûlé.
« C’était quoi !? » Carla vint vers lui et posa la question.
Souma avait répondu à sa question, soulagé que cela ait fonctionné. « Je garde toutes sortes d’outils dans le panier d’osier de cette poupée. Je me suis alors souvenu que j’avais aussi mis quelque chose comme un pot en céramique remplie de poudre à canon. Vous l’avez enflammé et il a explosé. Après avoir pris une explosion comme ça à bout portant, même Gaius doit être... »
« ... Il bouge encore, » déclara Carla.
Même en entendant Carla, Souma pouvait voir par lui-même et il doutait de ses propres yeux.
Même s’il avait été englouti dans cette explosion, Gaius se levait.
Il avait de nombreuses blessures graves sur tout son corps comme on pouvait s’y attendre, mais il marchait d’un air hébété vers eux comme s’il était un zombie.
« Je... vais détruire... le Royaume... et montrez à tous... l’esprit d’Amidonia... » Murmura Gaius, les yeux révulsés.
En vérité, il était vraiment une masse de ténacité.
« Quel homme ! » Carla laissa ces mots glisser hors de sa bouche sans réfléchir, et Souma était d’accord avec elle.
Gaius continua à avancer, alimenté par son seul but de détruire le royaume. Souma ressentait à la fois de la crainte et de l’admiration envers sa ténacité. Puis...
Twang, twang, twang, twang !
Le corps de Gaius fut criblé par d’innombrables flèches. Après avoir fini la réorganisation de leur unité, les archers avaient finalement pu venir ici et avaient lâché une volée sur Gaius.
Gaius s’arrêta, puis son corps commença à trembler.
Il va tomber... Au moment où Souma pensait ça, Gaius serra l’épée qu’il portait avant de la prendre à l’envers, puis, rassemblant toutes ses forces restantes, il la jeta telle une lance.
L’épée traça un arc alors qu’elle volait, puis se planta dans le sol près des pieds de Souma.
« ... Est-ce là jusqu’où peut aller votre ténacité ? » Souma laissa sortir ces mots avec un soupir d’admiration. Puis il déclara ça à Gaius, même s’il n’était pas clair qu’il pourrait l’entendre encore maintenant. « J’ai vu l’esprit d’Amidonia ! On racontera encore longtemps des histoires de votre valeur ! Prince Gaius VIII d’Amidonia. Moi... le Roi Souma d’Elfrieden, n’oublierai jamais la terreur que vous m’avez inspirée pour le restant de ma vie ! »
Au moment où Souma avait dit ça, nous avions tous eu l’impression que Gaius avait eu un sourire.
Puis Gaius tomba doucement avant de ne plus jamais se relever.
Souma inscrivit dans sa mémoire cette vision finale de cet adversaire. Puis, il regarda l’épée à ses pieds.
« Je pourrais peut-être supporter d’apprendre quelque chose vis-à-vis de sa grande ténacité. » Dit-il.
« Si vous commencez à parler comme lui, Liscia va sûrement pleurer. » Carla, qui se tenait à ses côtés, avait dit ça.
« Tout à fait. Je suppose qu’elle le ferait vraiment..., » dit-il.
Avec ces mots, Souma se plaça à côté des restes immobiles de Gaius, puis se mit à genou. Il mit ensuite ses mains ensemble et pria. Incertain de ce que le geste signifiait, Carla pencha la tête sur le côté, en pleine confusion.
« Qu’est-ce que vous faites ? » demanda-t-elle.
« Tout le monde devient un Bouddha une fois qu’ils sont morts... en d’autres termes, un dieu, » dit-il. « Il s’agit d’une coutume de mon Ancien Monde. C’est pourquoi je prie pour qu’il puisse trouver le chemin vers le Nirvana. »
« Vous priez pour ce monstre obsédé par la vengeance ? » demanda-t-elle, incrédule.
« Il s’agit d’autant plus d’une bonne raison, » dit-il. « Vous ne voudriez pas qu’il revienne me maudire en tant que fantôme parce qu’il avait des regrets dans ce monde. Est-ce que vous le voulez ? »
« C’est une religion très calculatrice que vous avez là, » déclara-t-elle.
Souma se leva en riant, puis baissa les yeux et soupira à nouveau. « ... C’est la première fois que je vois quelqu’un être assassiné. »
Quand Souma déclara ça, Carla le regardait incrédule. « Que dites-vous, après tout ce que vous avez fait ? Je suis sûre que vous devez déjà avoir ordonné à vos soldats de tuer beaucoup de personnes avant aujourd’hui. »
« Hehe, vous ne vous retenez pas du tout à mon encontre ! » déclara-t-il.
Pendant qu’ils discutaient, leurs camarades qui avaient appris la crise se déroulant dans le camp principal étaient finalement arrivés. Liscia, Aisha, Ludwin, Halbert et Kaede avaient réagi avec surprise quand ils virent le corps sans vie de Gaius.
Liscia se précipita et étreignit Souma. « Souma, avez-vous vous aussi combattu ? Allez-vous bien ? Êtes-vous blessé quelque part ? »
Alors que Liscia cherchait un peu partout sur son corps pour voir s’il avait une blessure, Souma affichait un sourire ironique. « Je vais vraiment bien. Nous avons réussi à nous deux à l’occuper jusqu’à ce que de l’aide arrive. »
« Je vois, » déclara Liscia. « ... Merci beaucoup Carla. Pour avoir protégé Souma. »
« ... C’est arrivé de lui-même. » Carla était trop embarrassée pour dire autre chose. « Je l’ai fait pour toi, Liscia. » Alors elle tourna la tête sur le côté et se tut.
Pendant qu’il les regardait, Souma frappa dans ses mains pour attirer leurs attentions.
« Eh bien, les combats sont désormais réglés ici. Allons maintenant jusqu’à Van, » déclara-t-il.
Alors que ses compagnons et lui-même commencèrent à se déplacer, il vit que le corps de Gaius avait été emporté. De ce qu’il avait vu sur le visage de cet homme, il semblait vraiment satisfait.
Pour vous, avec vos prouesses martiales. C’était peut-être le seul chemin que vous pouviez choisir, Pensa Souma. Vous avez vraiment cru que vous venger du royaume conduirait le peuple de la principauté vers le bonheur. Je ne peux pas complètement rejeter cette façon de penser.
Afin d’éviter de ruiner l’humeur victorieuse, Souma effectua ses prières en silence.
Mais je ne pense pas que vous ayez raison. Mais je ne pense pas que vous ayez complètement tort. Mais même ainsi, maintenant que je vous ai vaincu, je vais aller de l’avant...
... afin de protéger Liscia, et tous ceux que je considère comme faisant partie de ma famille.
***
Quelques heures plus tard, Van, la capitale d’Amidonia, ouvrit ses portes à condition que les défenseurs de la ville soient épargnés, et que tous ceux qui voulaient partir soient autorisés à partir (ils ne seraient pas autorisés à apporter plus de bagages que ce qu’ils pourraient emporter). Lorsque Souma fit entrer toute son armée dans Van, la série de batailles qui allait être connue sous le nom de la guerre d’une semaine avait alors pris fin.
Cependant, il s’agissait seulement des batailles qui avaient pris fin.
☆☆☆
Épilogue : Le Véritable Lever de Rideau
Ceci arriva à l’époque où Souma et les autres combattaient lors de la bataille finale à Amidonia.
Le Premier ministre du Royaume d’Elfrieden, Hakuya Kwonmin, était dans la Cité du Dragon Rouge afin de régler les problèmes au lendemain de la guerre. Parce que Souma avait dû partir afin de combattre la principauté avant de pouvoir faire un véritable travail sur ce processus, Hakuya le faisait en son nom.
Alors qu’il était Premier ministre, il était aussi un bureaucrate, donc pour Hakuya, c’était son champ de bataille.
Dans le bureau des affaires gouvernementales de Castor, le seul bruit était celui de la plume de Hakuya.
C’était le calme plat dans le château. Le maître du château, Castor, avait déjà été transféré à Parnam. La plupart des serviteurs de la famille Vargas avaient rejoint la femme de Castor, Accela, qui avait été laissée avec Excel, et ils étaient partis pour la Cité Lagune. À cause de cela, les seules personnes se trouvant dans le château étaient les gardes et un petit nombre de bureaucrates.
*Toc toc*
À ce moment-là, il y avait eu une série de coups emplie d’hésitation sur la porte.
« ... Veuillez entrer, » déclara Hakuya.
« ... Excusez-moi. J’ai apporté des papiers pour vous, » déclara Tomoe en entrant dans la pièce.
Tomoe allait bientôt partir pour Amidonia afin de négocier avec les rhinosaurus. Pourtant, ils ne pouvaient pas décemment amener une enfant comme Tomoe sur le champ de bataille, alors elle resterait avec Hakuya jusqu’à ce que les choses soient stables.
Hakuya s’arrêta d’écrire, et ses joues s’étaient un peu desserrées. « C’est gentil de votre part. Vous savez, vous n’avez pas besoin de faire ça pour moi ? »
« Et bien... Je voulais aussi faire quelque chose pour aider... » Quand Tomoe déclara ça, sa queue s’était abaissée, mais ses oreilles de loup s’étaient levées et avaient bougé autour d’elle sans relâche.
En voyant Tomoe agir comme ça, malgré lui, Hakuya sourit ironiquement. « Êtes-vous inquiète pour Sa Majesté et les autres ? »
« Ha ! ... Oui, » répondit-elle.
Depuis qu’il avait touché dans le mille, les oreilles de Tomoe s’étaient de nouveau baissées. « À des moments comme celui-ci... Je ne peux rien faire. »
« Vous pourriez dire la même chose de moi, » dit Hakuya, tapotant la tête de Tomoe alors qu’il prenait les documents qu’elle avait apportés. « Nous avons travaillé dur pour affiner le plan. Entre le complot du Duc Carmine et l’opposition du Duc Vargas, il y avait un certain nombre d’événements que nous n’avions pas prévus. Mais de manière générale, les choses se passent correctement. Vous n’avez pas à vous inquiéter. Je suis sûr que Sa Majesté, la princesse et tous les autres reviendront sains et saufs. »
« ... D’accord ! » Tomoe était encouragée par le calme parfait de Hakuya, et elle lui avait fait une réponse joyeuse.
Et c’était à ce moment-là que cela arriva.
Un seul soldat s’était précipité dans le bureau et avait dit. « J’ai un rapport ! L’armée de Sa Majesté Souma a intercepté l’armée d’Amidonia près de Van et les a combattus avec succès ! Il s’agit d’une grande victoire pour notre camp ! »
Il rapportait leur victoire au combat.
Tomoe se mit à sourire.
Bruit.
Quand il entendit ce rapport, Hakuya sauta sur ses pieds si rapidement qu’il en fit renverser sa chaise. Son visage montrait des signes de son excitation, une rareté pour un Hakuya habituellement impassible.
Tomoe le regardait fixement.
Quand Hakuya le remarqua, il s’était éclairci maladroitement la gorge.
« ... Pour un conseiller, même s’il a des réserves sur ses propres projets, il ne doit jamais laisser voir ce genre de spectacle. Il n’est pas bon pour lui de susciter de l’incertitude autour de lui, » dit-il, les mots semblant comme s’il essayait juste de cacher son embarras.
Tomoe réprima un rire, puis fit à son mentor, le Premier ministre, un salut ferme. « Oui, Sire. Je compppppprend totalement. »
Quand Tomoe, la petite sœur honorifique de son maître et aussi son élève, lui fit une réponse comme celle-là, Hakuya se mit un peu à bouder.
Le Premier ministre à la robe noir, qui était célèbre pour son intelligence, ne pouvait pas garder cette image devant son adorable élève.
***
Avant d’entrer dans Van, la capitale de la Principauté d’Amidonia, j’avais donné un ordre à toute l’armée.
« Nous allons maintenant entrer dans Van, mais cette région est déjà sous la domination du Royaume d’Elfrieden ! » annonçai-je. « Par conséquent, les personnes qui vivent à l’intérieur sont déjà des citoyens du royaume ! Le meurtre, leur causer des blessures, les violer ou les voler seront des actes qui ne seront absolument pas tolérés ! Si quelqu’un devait enfreindre cet ordre, indépendamment de son statut social ou de la gravité de ses crimes, je ferais décapiter cette personne et exposer devant tous sa tête ! Est-ce que c’est bien compris ? »
Une fois que j’avais donné cet ordre à toute l’armée, je fis secrètement venir Ludwin et lui donnais une note que j’avais préparée. Ludwin l’avait accepté en affichant un regard perplexe.
« Quelle est cette note ? Une liste de noms de personnes ? » Me demanda-t-il.
J’acquiesçai, puis je répondis d’un ton aussi calme que possible, « Ludwin... trouvez ces cinq personnes dont les noms sont énumérés ici, décapitez-les, et mettez leur tête pour qu’elle soit bien visible au-dessus de la porte principale de la ville. Cependant, faites-le en disant que la raison est qu’ils ont essayé d’entrer et de piller les maisons d’un résident de Van. »
« Quoi !? Qu’ont fait ces personnes-là... ? » demanda Ludwin.
« Il s’agit d’un cadeau de Georg qui est venu à moi par l’intermédiaire de Glaive, » dis-je. « Ils viennent de l’Armée de Terre, mais quand ils se trouvaient dans le Duché de Carmine, ils ont fait irruption dans une résidence privée, se livrant au pillage, au viol et au meurtre. Et donc, nous les exécuterons juste un peu plus tard que prévu. J’ai donc simplement rendu mon verdict maintenant, les condamnant ainsi afin de donner l’exemple. »
« Il en sera fait selon votre volonté, » Ludwin se prosterna humblement, puis prit congé.
Bientôt, cinq têtes alignées furent visibles près de la porte de Van. À côté d’eux se trouvait un écriteau sur lequel était écrite l’accusation portée contre eux, « tentative de pillage ». Cela avait aidé à imposer la discipline pour chaque soldat qui avait franchi la porte. En conséquence, les troupes du royaume n’avaient pas commis d’incendies, de pillage ou de violence, mais en plus, elles n’avaient même pas riposté lorsque ceux qui ne pouvaient pas accepter leur défaite avaient jeté des pierres sur eux.
Et cela, contre toutes attentes, avait fini par inspirer la crainte et la peur chez les Amidoniens.
Une fois que les routes avaient été confirmées comme étant sûres, j’étais moi-même entré dans Van.
Cette fois, je n’avais pas voyagé en calèche, mais à cheval. En tant que vainqueur, il semblerait que cela ne se faisait pas de rentrer dans la ville en étant à l’intérieur d’une calèche.
Alors que récemment, j’avais enfin appris à monter à cheval, je n’étais malgré tout toujours pas très doué. Eh bien ! Comme Aisha tenait les rênes pour moi, alors cette entrée dans la ville devrait sans doute bien se dérouler.
Comme mon cheval et celui de Liscia avançaient côte à côte, je regardais les rues de Van.
La capitale de la Principauté d’Amidonia, Van.
La principauté militariste d’Amidonia avait construit cette ville militaire afin d’avoir un point d’appui pour son invasion du Royaume d’Elfrieden et pour se défendre contre les invasions du royaume. Et pour couronner le tout, à cause de leur mentalité unique de ne pas vouloir perdre sur le moindre point vis-à-vis du royaume, la taille de la cité était comparable à celle du Parnam.
Alors que j’entrais pour la première fois dans Van et que je vis ce mélange de commodité et de vanité, j’avais eu une forte impression.
Je veux absolument réorganiser cet endroit.
Les quartiers résidentiels civils étaient bondés, les routes étaient compliquées, et la disposition de la ville m’avait donné envie de l’appeler une "cite labyrinthique". Même si nous nous dirigions vers le château, nous avions dû tourner à gauche et à droite, et je n’arrivais toujours pas au château.
Il y avait des demeures qui semblaient être celles de nobles ici et là dans le quartier résidentiel. Quand je vis qu’elles étaient plus hautes que les résidences des roturiers, j’avais finalement compris la disposition de la ville.
Le tracé de la cité avait probablement été conçu de sorte qu’en cas de bataille, les soldats qui franchissaient la porte se perdraient dans la ville labyrinthe tandis que les défenseurs utiliseraient les demeures des nobles comme forteresses afin de les attaquer.
... Je ne savais pas si c’était bien le cas, mais cela m’avait fait penser à ça. Est-ce que vous deviez vraiment aller aussi loin ?
Cette disposition serait certes très difficile pour l’ennemi, mais cela n’était pas des plus gentil pour ses propres résidents. C’était gênant lorsqu’il fallait se déplacer et j’étais inquiet de la façon dont les incendies se propageraient si les bâtiments étaient si serrés. Le fait que cette ville semblait être conçue autour d’une politique de diminution de l’accessibilité m’avait donné mal à la tête.
À ce stade, je n’avais pas d’autre choix que de retravailler entièrement la conception de cette ville. Il n’y avait pas beaucoup de cités qui bénéficieraient autant de l’amélioration de son infrastructure. Quand j’avais pensé à la montagne de travail administratif qui sans doute m’attendait pour ça... Je ne pouvais pas m’empêcher d’être déprimé.
« Souma ? Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Liscia.
« ... Non, ce n’est rien, » dis-je.
« Hm !? » s’interrogea-t-elle.
« Regardez, vous pouvez maintenant voir le château, » dis-je.
Tandis que j’évitais les questions de Liscia, je me préparais à ce qui allait arriver.
Après ça, j’étais entré dans le château au centre de Van, puis je m’étais assis sur le trône dans la salle d’audience qui devait appartenir à Gaius VIII. Gaius n’était probablement pas le genre de personne qui avait pris soin de projeter une apparence de dignité en tout temps.
J’avais entendu dire que les finances d’Amidonia étaient en mauvais état, mais cette salle d’audience était assez impressionnante. Ils pourraient même avoir dépensé encore plus afin de décorer cette pièce que ce qui avait été fait à Parnam.
Si vous aviez autant d’argent, n’aurait-il pas été mieux de le dépenser ailleurs ? Je voulais interroger l’ancien seigneur du château.
Alors que j’étais assis sur le trône, Liscia se tenait à mes côtés et Aisha se tenait derrière moi en diagonale. Le reste de mes serviteurs avaient fait quelques pas dans l’escalier sur le tapis, attendant de me servir.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu une telle scène royale devant moi. Je leur avais ordonné à chacun d’eux qu’ils me fassent leurs rapports.
Ils l’avaient fait dans l’ordre, avec Ludwin qui venait en premier.
« D’abord, en ce qui concerne la famille de Gaius VIII qui était dans ce château, nous avons été incapables de les sécuriser, » dit-il. « En plus de son fils Julius, qui a fui le champ de bataille, il y avait apparemment une princesse, mais elle a disparu il y a quelques jours. De plus, à en juger par le fait que le ministre des Finances et un certain nombre d’autres bureaucrates importants manquent, on croit qu’ils ont quitté Van avant notre arrivée. »
« Hm... Mis à part cette princesse, ça fait mal que nous n’ayons pas ces bureaucrates, » dis-je. « Contactez immédiatement Parnam et demandez à Marx d’en envoyer. Hakuya devrait venir de la Cité du Dragon Rouge une fois que les choses se seront calmées là-bas. »
« Cela sera fait selon votre volonté ! » répondit Ludwin en s’inclinant.
Poncho était le prochain à parler. « Je-je suis ici pour faire un rapport sur l’état du trésor national. Comme prévu, vous pourriez dire qu’il n’y avait pratiquement pas de fonds ou de réserves de nourriture. Bien que cela ne compense pas vraiment, mais il y a un approvisionnement abondant en armes et autres choses liées à la guerre. »
« Comment avaient-ils prévu de tenir un siège sans réserve alimentaire ? » demandai-je.
« Oh et bien ! Si nous ne considérons que les gardes de ce château, ils auraient pu tenir environ trois mois, » dit-il. « Si nous considérons la ville dans son ensemble, ils ne dureraient même pas une semaine, bien que... » répondit Poncho.
« Les citadins peuvent se débrouiller seuls, » murmurai-je. « On voit clairement qu’il s’agit là d’un état militariste... Vendons les armes excédentaires et convertissons-les en fonds. Et aussi, j’aimerais distribuer des rations jusqu’à ce que les choses se calment à l’intérieur du château. Serait-il possible d’expédier ceux du royaume ? »
« Nous n’avons pas beaucoup de réserves, mais cela devrait être possible dans certaines limites d’en fournir, » dit-il. « Cet endroit est proche du royaume, donc si nous pouvons simplement sécuriser les routes, je pense que nous pouvons gérer quelque chose pour tout ça. »
« Alors, faites de la sécurisation des routes la plus haute des priorités. » Dis-je. « Au suivant, Glaive. »
Glaive Magna, le père de Hal qui dirigeait maintenant l’Armée de Terre, avait fait son rapport. « Peut-être est-ce dû à l’effet de l’“exemple” que Votre Majesté avez réalisé, mais toutes les troupes adhèrent pleinement avec les règles qui ont été instituées. Cependant, si vous leur faites réfréner leurs désirs trop longtemps, je crois qu’il y a le risque que certains d’entre eux explosent. Si l’un d’eux mettait la main sur des citadins, l’opinion publique deviendrait bien pire, et cela très rapidement. »
« Hein ? Avons-nous donc ce genre de problème ? » demandai-je. « Eh bien, il y a bien des débits de boisson et un quartier chaud dans cette ville, n’est-ce pas ? Nous allons couvrir tous les frais, alors négociez avec les propriétaires pour leur faire apporter du vin et de la compagnie. »
« Êtes-vous sûr que tout va bien se passer ? » Demanda Glaive, semblant très surpris par ma décision.
Avais-je dit quelque chose d’aussi étrange ?
« Nous ne pouvons pas causer des problèmes aux citadins, n’est-ce pas ? » Demandai-je.
« Non, ce n’est pas ça, » dit-il. « Est-ce que c’est acceptable de laisser les hommes batifoler ainsi ? Avec notre élan actuel, je pense que nous pourrions annexer toutes les terres d’Amidonia en peu de temps. »
Oh, c’était ce qu’il voulait dire.
« Nous prendrons seulement Van, » dis-je. « Nous n’irons pas plus loin que cette cité. »
« Vraiment ? Je pense qu’il est préférable de vous occuper de vos ennemis quand vous en avez la possibilité... » Liscia avait exprimé ses doutes, mais je lui ai dit que c’était correct ainsi.
« Peu importe combien nous étendons notre territoire, peu importe le nombre, de villes que nous prenons, quand l’Empire interviendra, nous perdrons tout ! » Dis-je. « La seule chose qui restera à la fin sera toute les vies que nous aurons gaspillées. »
Au moment où j’avais annoncé ça, la salle se figea totalement.
Liscia demanda avec une certaine hésitation, « Est-ce que l’Empire... va venir ici ? »
« Il va presque certainement le faire. Ceci est l’analyse de la situation que nous avons effectuée Hakuya et moi. Un signataire de la Déclaration de l’Humanité, Amidonia, a vu ses frontières changer à l’aide d’un conflit militaire. Il n’y a aucun moyen que le chef de ce pacte n’apparaisse pas après ça. »
Nous avions violé l’un des trois articles de la Déclaration du Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque (également connu sous le nom de Déclaration de l’Humanité) qui stipulait que "l’acquisition de territoire par la force entre les nations de l’humanité serait jugée inadmissible" de sorte que le chef de ce traité, l’Empire aurait à agir au nom d’Amidonia.
Ils commenceraient probablement par négocier, mais ils n’hésiteraient pas à intervenir militairement si c’était nécessaire.
Par ailleurs, la différence de puissance entre Elfrieden et l’Empire était à peu près aussi grande que l’écart entre le Japon moderne et l’Amérique.
« Mais la principauté nous a attaqués, » protesta Liscia. « Alors pourquoi en serions-nous tenus responsables ? »
« C’est ainsi que fonctionnent les traités internationaux, » dis-je. « Je suis sûr qu’Amidonia va probablement prétendre que “c’est la faute d’Elfrieden de ne pas avoir signé la déclaration”. »
« Arg... Si cela devait se produire, peut-être que nous aurions dû nous aussi signer la Déclaration de l’Humanité... » dit-elle. « Attendez... Hein !? En y pensant, Souma, pourquoi ne l’avez-vous pas signée ? Vous saviez que cela se produirait si nous combattions Amidonia sans le signer, n’est-ce pas ? »
Après que Liscia m’ait fait cette remarque, je m’étais alors gratté la tête et j’avais ri. « C’est parce que nous ne pouvons pas la signer. Il y a une chausse-trape dans cette déclaration. »
« Une chausse-trape ? » demanda Liscia.
« Tout à fait. Peut-être que l’Empire ne le réalise-t-il même pas ? » répondis-je.
Ne l’avaient-ils pas remarqué, ou l’avaient-ils remarqué et simplement choisi de fermer les yeux ? Quoi qu’il en soit, ce trou dans leur déclaration était dangereux et pouvait causer l’effondrement de l’Empire. Je ne pouvais donc pas signer une déclaration erronée comme celle-là.
Je m’étais alors levé, puis je m’étais tourné vers mes serviteurs et j’avais déclaré devant tout le monde, « Eh bien, je suppose que nous devrions nous occuper du nettoyage de l’après-guerre jusqu’à ce que l’Empire fasse quelque chose. »
— C’est là que mon travail de roi commence réellement.
☆☆☆
Prologue de l’Après-Guerre
L’Empire Gran Chaos était à l’ouest du continent.
Sur ce continent, si vous excluiez le Domaine du Seigneur-Démon, cet état possédait le plus grand territoire. Et aussi bien quand il s’agissait de la population, du potentiel de guerre, de la technologie et même de la qualité de vie de ses habitants, il s’agissait d’un grand empire auquel aucun autre pays ne pouvait rivaliser.
Même le Royaume d’Elfrieden, qui avait le deuxième plus grand territoire sur le continent, était insignifiant par rapport à l’Empire. Si le royaume voulait rivaliser avec l’Empire, même après avoir annexé Amidonia, ils auraient encore besoin de doubler leur force.
En fait, ce calcul n’aurait fonctionné que s’ils combattaient seulement l’Empire. S’il devenait ennemi de l’Empire, alors, avec les pays alliés de l’Empire, il n’y aurait plus de place pour le Royaume sur le continent.
À propos de la seule zone où le royaume pourrait rivaliser avec l’Empire était la longueur de leur histoire respective. L’Empire était plus jeune que le royaume, mais seulement d’une courte longueur.
C’était arrivé vers la fin de la Période Chaotique. Il y avait eu un conflit entre les nombreuses diverses races du continent et de nombreux pays avaient soudainement pris le pouvoir. Contrairement à Elfrieden, qui avait été fondé par la réunion de nombreuses races, le Royaume de Chaos de cette époque était dirigé par un roi unique. Il centralisa le pouvoir, le concentra entre les mains de la race humaine et créa ce que l’on pourrait appeler une dictature.
Surtout en période de troubles, les états centralisés étaient plus puissants. C’était parce que les décisions prises par un seul individu étaient immédiatement prises en compte, de sorte qu’il pouvait prendre des décisions rapides et agir immédiatement. Au moment où la Période Chaotique touchait à sa fin, le Royaume de Chaos se tenait d’une bonne longueur au-dessus des autres nations sur le continent. Cependant, à ce moment-là, ce n’était qu’une puissance parmi tant d’autres. Les peuples de l’époque n’auraient jamais pensé que cela deviendrait le genre d’empire massif qu’il était aujourd’hui.
La plus grande révolution a eu lieu il y a cent ans, avec la naissance d’un individu héroïque dans le Royaume de Chaos.
Manas Chaos.
La personne qui allait plus tard être connue sous le nom de l’Empereur Chaos.
Manas était né en tant que deuxième fils du Roi de Chaos, mais il avait hérité du trône lorsque son père et son frère aîné avaient péri dans la guerre avec le Royaume d’Euphoria, un pays qui avait existé dans le nord-ouest du continent. Quand Manas monta sur le trône, ceux qui l’entouraient s’attendaient naturellement à une guerre de revanche contre le Royaume d’Euphoria.
Cependant, Manas n’avait non seulement pas lancé une guerre afin de se venger, mais il avait également pris la fille du roi d’Euphoria comme épouse, formant un lien conjugal entre les deux pays. De plus, il était allé jusqu’à se renommer Manas Euphoria, de sorte que ceux du Royaume Euphoria avaient baissé leurs gardes. Il y avait eu une certaine résistance à cela dans le Royaume de Chaos, mais Manas était un génie militaire et il avait donc réprimé tous les dissidents.
En tant que génie militaire, Manas avait parfaitement compris. À l’heure actuelle, l’écart de puissance entre le Royaume d’Euphoria et le sien n’était pas assez important. S’ils devaient se battre dans ces circonstances, la guerre serait inutile et cela ne réussirait qu’à épuiser le pays. Son plan était d’utiliser d’abord le roi d’Euphoria, d’absorber les plus petits pays autour d’eux, puis, une fois la différence de puissance entre eux largement en sa faveur, il essaierait d’avaler à nouveau le Royaume d’Euphoria. En fait, Manas avait absorbé les petits pays, puis, quand la différence de puissance entre eux avait été assez grande, il avait envahi le Royaume d’Euphoria, la maison de sa femme, et l’avait détruit.
Cependant, peut-être qu’à cause d’un petit sentiment de regret, il ne revint jamais à son ancien nom de Chaos et continua à utiliser le nom d’Euphoria et cela même après avoir détruit le Royaume Euphoria. Même maintenant, la famille impériale de l’Empire Gran Chaos utilisait le nom d’Euphoria.
Même après avoir détruit le Royaume de l’Euphoria, Manas avait continué ses guerres d’invasion, et avant qu’il s’en rende compte, son pays était devenu une grande nation contrôlant l’ouest du continent.
C’était au moment où le Royaume de Chaos s’était rebaptisé l’Empire Gran Chaos.
L’apparition de ce massif pays était une cause de grande préoccupation même pour les pays qui ne l’avait pas comme voisin.
Cela arriva quelques décennies plus tard, mais dans le Royaume d’Elfrieden, la raison pour laquelle le roi qui était le prédécesseur du prédécesseur de Souma avait pris le chemin de l’expansionnisme était par peur de l’existence de l’Empire.
À ce moment-là, le monde avait déjà été en transition vers une atmosphère de coopération, mais il avait dû vouloir renforcer son propre pays devant la menace que l’Empire représentait. Cependant, n’ayant pas le génie militaire de Manas, lorsque cet ancien roi d’Elfrieden avait annexé la moitié de l’Amidonia, ses partisans, mécontents de l’épuisement du pays issu de son expansion excessive, l’assassinèrent.
Après cela, le royaume vit une guerre de succession entre ses parents (les trois ducs de l’époque ne voulaient pas s’impliquer, alors ils s’étaient retirés dans leurs duchés) ce qui avait conduit à la quasi-élimination de la ligne royale. En fin de compte, la jeune fille qui allait devenir la mère de Liscia avait réussi à survivre à ces temps de troubles. Elle avait donc hérité du trône et avait réussi à calmer la situation dans le royaume en prenant Albert en tant que mari.
Revenons maintenant à ce qui concerne l’Empire.
L’Empire était devenu une grande puissance et cherchait même à unifier le continent, mais Manas, le personnage principal de tout cela, était décédé à l’âge de cinquante ans, alors qu’il aurait pu encore faire plus. Il y avait des rumeurs d’assassinat, mais la vérité était que c’était à cause d’une maladie qu’il était mort. Même un homme si grand ne pouvait pas vaincre la maladie.
Avec la mort de Manas, la situation dans l’Empire commença à paraître douteuse. Quand un pays était construit autour d’une forte personnalité, il se brisait souvent lorsque cette forte personnalité disparaissait. Il y avait aussi eu des exemples de cela sur Terre. Il y avait l’empire d’Alexandre le Grand, l’Empire mongol, la dynastie Qin de Qin Shi Huang et plus encore. Plus un pays se développait rapidement, et plus il était probable qu’il s’effondre avant même que trois générations ne se soient écoulées. C’était la même chose avec l’Empire Gran Chaos.
Le second empereur, grâce en partie aux fidèles collaborateurs de Manas, toujours en vie, dirigea l’Empire d’une main ferme. Cependant, au moment où le troisième empereur monta sur le trône, ces fidèles serviteurs étaient tous décédés.
En partie parce qu’il s’agissait d’un pays centré sur les humains, il n’y avait pas de vassaux d’autres races, tels qu’Excel, qui servait la famille royale depuis des générations. En conséquence, le troisième empereur avait lancé de nouvelles invasions dans le but d’obtenir le soutien de ses serviteurs. Il avait dû vouloir montrer aux personnes à l’intérieur et à l’extérieur du pays qu’il pouvait continuer le travail de Manas qui était l’unification de tout le continent.
Cependant, la guerre qui avait éclaté il y a soixante ans s’était transformée en une guerre mondiale, avec de nombreux pays qui s’étaient totalement épuisés lors de ce conflit. Et l’Empire ne faisait pas exception. Avec les coûts d’une guerre qui était d’une manière inattendue très élevée, cela avait ruiné le pays ce qui avait endommagé le soutien qu’il avait essayé de construire.
Il y avait donc eu des guerres civiles à répétition dans l’Empire, et le troisième empereur mourut aux mains des rebelles pendant la quatrième guerre. Ironiquement, c’est en raison des pertes infligées dans la guerre que le troisième empereur avait tentée de poursuivre le travail d’unification, qui avait amené le monde à évoluer vers une atmosphère de coopération accrue.
Le quatrième empereur, qui avait hérité d’un empire en désarroi, abandonna la politique expansionniste et se concentra sur la politique intérieure. Ceci aurait pu être appelé une sage décision, mais il avait été appelé trop passif et avait été méprisé par les seigneurs de l’empire.
Quand le cinquième empereur était monté sur le trône, l’Empire avait déjà perdu sa force centripète et on pensait qu’il allait bientôt se briser. Cependant, il y a environ dix ans, quelque chose de complètement inattendu s’était produit.
L’apparition du Domaine du Seigneur-Démon.
L’avance soudaine de ces armées aberrantes fit perdre à l’Empire l’ancien territoire du Royaume d’Euphoria, ainsi que beaucoup de ses autres territoires du Nord. Cependant, la menace était la même pour tous les pays, conduisant à des appels à l’humanité afin de s’unir face à cette situation.
Et ainsi, ils s’étaient tournés vers la nation la plus grande et la plus puissante, l’Empire, pour prendre le flambeau de cette force commune. En conséquence, l’Empire avait réussi à éviter la menace d’une fragmentation de son pays.
Ils étaient ainsi devenus la principale puissance dans l’alliance des nations de l’humanité, mais, du fait que l’humanité ne travaillait pas à l’unisson dès le départ, ils avaient été contraints à une dure bataille contre les monstres. Puis, dans une bataille lors de l’invasion qui avait pénétré profondément dans le Domaine du Seigneur-Démon, l’humanité avait subi une défaite écrasante.
Le cinquième empereur était un homme de culture, et donc, pas doué dans l’Art de la Guerre. En raison du champ de bataille peu familier qui l’avait aussi bien broyé son corps et son âme, il était décédé il y a cinq ans.
Le cinquième empereur n’avait pas de garçons, donc celui qui devait hériter du trône était une fille qui n’avait encore que quatorze ans à l’époque.
Cette fille était Maria Euphoria.
À l’âge de dix-neuf ans, elle était l’impératrice de l’Empire Gran Chaos (« empereur » étant un titre pour les hommes, le poste avait été nouvellement créé.)
À l’époque, de nombreuses voix s’inquiétaient du fait qu’une telle jeune fille devait prendre le trône. Cependant, une fois qu’elle avait pris le trône, elle avait immédiatement mis son charisme naturel au travail.
Elle avait d’abord changé les politiques de l’Empire favorisant l’humain, employant ceux qui avaient du talent même s’ils appartenaient à une autre race. En temps de paix, les humains auraient pu repousser cela, mais il s’agissait d’une période de crise avec la menace du Domaine du Seigneur-Démon qui pesait sur eux. Leurs positions et leur prestige dépendaient de leur survie.
Ses politiques, adaptées à l’époque actuelle, avaient reçu le soutien de ses sujets.
La politique de Maria comprenait celle qui était la plus importante, la Déclaration du Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque (également connu sous le nom de Déclaration de l’Humanité). En réponse à la menace empiétante du Domaine du Seigneur-Démon, elle avait appelé afin de former un front commun entre tous ceux faisant partie de l’humanité.
La Déclaration de l’Humanité avec ses trois articles, « Premièrement, l’acquisition du territoire par la force pour les nations de l’humanité serait considérée comme irrecevable. » « Deuxièmement, le droit de tous les peuples à l’égalité et à l’autodétermination devra être respecté. » Et « Troisièmement, les pays qui sont éloignés du Domaine du Seigneur-Démon fourniront un soutien aux nations qui se trouvent sur le front, et qui agissent comme un mur protecteur. » Était révolutionnaire en ce sens qu’il établissait non seulement un front commun contre les forces du Seigneur-Démon, mais faisait également référence à l’arrêt des guerres et à l’interdiction de la discrimination raciale.
En outre, Maria avait accordé une attention toute particulière à la protection des faibles. Grâce à sa magnifique apparence et à la gentillesse avec laquelle elle avait accueilli tout le monde, peu importe leur origine, elle avait capturé le cœur du peuple.
À un moment donné, les personnes étaient naturellement venues l’appeler ainsi :
La « Sainte de l’Empire ».
***
Cette Sainte de l’Empire, Maria, était maintenant dans sa chambre dans la capitale impériale de l’Empire Gran Chaos avec un regard sombre.
Il s’agissait d’une nuit tranquille. Il y avait quelque chose de particulier dans la façon dont elle regardait l’extérieur alors qu’elle se tenait près de la fenêtre avec un clair de lune qui coulait à l’intérieur, ne prenant pas la peine d’allumer les lumières. Sa silhouette féminine et bien équilibrée était enveloppée dans une robe d’un blanc pur, et elle était belle avec ses cheveux blonds ondulés.
Qui aurait cru qu’elle se tenait au sommet du pays le plus puissant du continent ?
Alors que Maria regardait à travers la vitre la lune qui brillait dans le ciel nocturne, elle laissa échapper un autre soupir. À ce moment, on frappa à la porte de sa chambre.
Maria corrigea sa posture, puis elle dit. « Veuillez entrer. »
Une autre jeune fille était alors entrée. « Chère sœur, excusez-moi. »
Cette fille était vêtue d’un uniforme militaire et avait un visage identique à celui de Maria. S’il y avait une différence entre elles, se serait qu’elle attachait ses cheveux en queue de cheval et que ses yeux semblaient un peu plus courageux.
Il était naturel qu’elles se ressemblent autant, parce qu’elle était la sœur de Maria, qui avait deux ans de moins, Jeanne Euphoria.
Jeanne se tenait devant sa sœur, lui faisant un salut militaire. « Moi, Jeanne Euphoria, se dirigera vers la capitale d’Amidonia, Van, en tant que commandant de l’armée. »
Jeanne avait un si grand don pour les affaires militaires qu’on l’appelait "la femme Manas", et en dépit d’être la première dans la ligne de la succession, elle agissait également en tant que commandante de la totalité de l’armée.
Maria gérait le côté administratif tandis que Jeanne gérait l’armée. En divisant les rôles entre ces deux sœurs, elles avaient réussi à gérer les tâches qui avaient fait tomber l’empereur précédent à la suite d’un important surmenage.
Par ailleurs, il y avait une autre sœur qui était un an plus jeune que Jeanne, mais selon les rumeurs, elle était d’une excentricité rare et pas autorisée à apparaître en public.
Maria regarda Jeanne avec un visage plein d’excuses. « Oui... Vous devez aller rencontrer ce roi héros. »
« ... D’accord. » Dis Jeanne. « Je n’aime pas être utilisé comme ça par Amidonia, mais je suppose que nous devrons négocier le retour de Van, qui est sous occupation. »
Jeanne avait l’air d’avoir mordu quelque chose de désagréable.
Quelques jours auparavant, un messager du Prince Souverain d’Amidonia, Julius, était arrivé dans la capitale impériale, Valois.
« L’occupation de Van par le Royaume d’Elfrieden est un défi pour les signataires de la Déclaration de l’Humanité qui interdit le changement de frontières. » Le messager leur avait déclaré ça. « En tant que puissance dirigeante du traité, nous demandons à Sa Majesté Impériale, l’Impératrice Maria Euphoria, d’utiliser sa puissance afin de ramener Van vers son pays d’origine. »
Bien sûr, l’Empire savait que la Principauté d’Amidonia avait été la seule à commencer les hostilités. Quand on appuya sur ce point, le messager avait dit : « C’est quelque chose que l’ancien prince, le Seigneur Gaius, a fait malgré les avertissements du Seigneur Julius concernant les conséquences. Cela n’a rien à voir avec le Seigneur Julius. » L’excuse semblait presque une provocation.
Quand il leur parla comme ça, Jeanne faillit dégainer l’épée se trouvant à la hanche, mais en tant que responsable de l’armée de l’Empire, elle se retint. Puis, en dépit de ne pas vraiment vouloir le faire, elle avait accepté de prendre en charge les négociations.
Même si la principauté était en faute, la Déclaration de l’Humanité devait être respectée. La Déclaration de l’Humanité était l’incarnation du prestige de l’Empire. C’était une décision amère pour Maria et Jeanne d’avoir à le faire.
« Je suis désolée, » dit Maria. « Vous allez devoir aller au-devant de tant d’ennuis. »
« Qu’est-ce que vous dites ? Chère sœur, je suis sûre que vous êtes la plus troublée de nous deux. Je jure que nous allons un jour faire payer ça à Julius Amidonia, » déclara Jeanne, mécontente.
Maria pouvait comprendre ce que ressentait Jeanne, mais elle le lui dit le plus calmement possible, « Ça va aller. Le nouveau roi du Royaume d’Elfrieden, Souma, est à tous égards un homme sage. Je ne peux pas le voir être aussi stupide pour vouloir se battre contre notre pays. »
« Êtes-vous sûr ? » demanda Jeanne. « Nous avons quand même demandé une fois qu’il nous soit remis... »
« C’est vrai... Il doit avoir une très mauvaise impression de nous. » Répondit Maria.
Environ un an auparavant, l’Empire avait demandé à Elfrieden de subventionner la guerre contre les démons. S’ils ne pouvaient pas faire cela, l’Empire avait inclus une condition dans laquelle ils pourraient accomplir le rituel de l’invocation de héros qui avait été transmis dans leur pays, et à la place, de leur envoyer ce héros convoqué jusqu’à l’Empire. En conséquence, le Royaume d’Elfrieden, en difficulté financière, avait choisi de convoquer un héros. Puis le héros convoqué, Souma Kazuya, avait reçu le trône par le roi et était donc devenu le roi actuel d’Elfrieden.
Il y a beaucoup de points qui n’étaient pas clairs, par exemple la raison pourquoi l’ancien roi, Albert, avait remis le trône si facilement. Mais dans tous les cas, Souma avait amélioré la santé de l’économie du Royaume d’Elfrieden et commencé à fournir des subventions.
Après ça, le nouveau roi Souma avait résolu une crise alimentaire, avait réprimé une rébellion des trois ducs et traité avec Amidonia, qui avait utilisé la rébellion comme une occasion d’envahir, en lançant une contre-invasion et en occupant leur capitale, Van.
Un homme qui était proche de l’âge de Maria avait accompli tout cela dans un si court laps de temps. Même s’il n’avait pas été un héros, elle voudrait avoir quelqu’un qui soit aussi capable avec elle.
Pour être honnête, plutôt que Julius qui avait agi de manière arbitraire, elle aurait préféré être en bons termes avec le roi Souma. Cependant, parce que l’Empire avait exigé qu’il leur soit remis, on supposait qu’il n’y avait aucun espoir qu’ils forment une relation amicale. Cependant, Maria n’avait pas encore abandonné cet espoir.
« D’après ce que j’entends dans les rapports, je pense que Sire Souma est quelqu’un qui comprendra facilement si on lui parle, » dit-elle.
Jeanne, d’autre part, n’était pas d’accord avec son évaluation. « Vraiment ? Ma sœur, j’ai l’impression du contraire. Vous et lui êtes comme l’huile et l’eau... »
De tous les rapports que Jeanne avait entendu parler de Souma, elle se sentait comme le pôle opposé de Maria. Par exemple, Maria essayait d’unir l’humanité face à la menace du Domaine du Seigneur-Démon, alors que Souma semblait penser que son pays devait pouvoir se tenir debout sur ses deux pieds.
En outre, peu importe la façon dont les choses étaient déplaisantes, Maria respectait la loi et les règles, essayant d’agir logiquement, comme une impératrice devrait faire. Pendant ce temps, pour Souma, quand il s’agissait de ses pouvoirs de roi, de ses sujets et de ses systèmes, sa politique semblait être, « S’ils sont utiles, je les utilise, et s’ils ne le sont pas, je ne le fais pas, » avec ses critères qui étaient décidés par sa propre sensibilité. Si un système n’était pas conforme aux faits, il le changerait, alors que si c’était pratique, il l’emploierait même si personne ne l’avait jamais regardé avant.
Maria agissait selon le sens commun, tandis que Souma agissait selon les résultats. Jeanne ne pensait pas que les deux ne pourraient jamais se comprendre.
« Pour moi, on a l’impression que vous faites face à des directions totalement différentes..., » dit-elle.
Maria était silencieuse pendant un moment, puis se mit à rire. « Oh ! Mais si nous sommes tous les deux dans des directions différentes, ne pensez-vous pas que nous pourrions éliminer nos angles morts si nous coopérons ? »
Quand elle avait vu le sourire espiègle de Maria, même si elle était sa petite sœur, Jeanne pensa qu’elle était très mignonne.
☆☆☆
Histoire courte en prime 1 : Aisha dans la forêt protégée par Dieu
Après la catastrophe qui avait frappé la Forêt Protégée par Dieu, Aisha était restée dans son pays pendant un certain temps, même après la fin des opérations de secours et le début des travaux de réparation. Souma l’avait permis par crainte qu’elle ne se sente pas bien de laisser sa famille et sa patrie derrière elle dans leur état actuel.
Dernièrement, Aisha avait déployé beaucoup d’efforts pour reconstruire, mais ses pensées étaient toujours avec Souma et les autres qui étaient rentrés dans la capitale. Il y avait quelque chose de suspect dans l’air de ce pays.
Souma, en tant que roi d’Elfrieden, était en désaccord avec les trois ducs qui contrôlaient l’armée de terre, la marine et les forces aériennes. C’était comme si la guerre pouvait éclater à tout moment. À cela s’ajoutait la Principauté d’Amidonia, qui s’était positionnée pour lancer une invasion du royaume. La situation était tendue et cela ne lui laissait aucune place pour les distractions.
Cependant, Aisha savait que cette confrontation n’était pas aussi simple qu’elle y paraissait à première vue. Aisha avait été présente lorsque Glaive Magna, un proche confident de Georg, le général de l’armée, avait révélé les véritables intentions de son ami.
Georg avait l’intention de risquer sa vie pour aider le pays. En tant que compagnon de combat, Aisha respectait son esprit de dévouement et d’abnégation. C’est pourquoi elle était d’autant plus désolée pour Souma et les autres.
La princesse le respectait en tant qu’officier supérieur, donc cela doit être douloureux pour elle, pensa Aisha. Je sais que Sa Majesté souffre aussi, parce qu’il doit prendre une décision qui attristera la princesse.
Aisha regarda la lettre que Liscia lui avait envoyée par messager kui. Elle y trouvait les détails qu’elle avait voulu savoir sur la situation récente de Souma.
L’armée de Georg et la marine d’Excel, avec laquelle Juna avait assuré la liaison, n’étaient pas un problème. Cependant, entre les forces personnelles des nobles corrompus qui s’étaient rassemblés sous Georg, l’armée de l’air de Castor, et les forces d’Amidonia qui se rassemblaient à la frontière sud, elle n’était pas optimiste quant à la situation.
De plus, avec tout ce qui se passait, Souma commençait à montrer des signes d’épuisement. La lettre de Liscia racontait que Souma semblait se pousser trop fort, disant qu’il devait le faire parce qu’il était le roi.
Ça me fait mal, Sire, pensa Aisha. D’avoir prêté serment d’allégeance envers vous, mais de ne pas pouvoir être à vos côtés lorsque vous en avez le plus besoin... !
Aisha voulait immédiatement retourner à Parnam. Cependant, sachant qu’il y avait encore des choses qu’elle pouvait faire ici, elle était restée.
Sire... Vous n’êtes pas seul. Même si ce n’est pas grand-chose, je ferai tout ce que je peux pour vous ! Tandis qu’elle regardait en direction de Parnam, c’était ce que pensait Aisha.
☆☆☆
Cette nuit-là.
Plus de dix membres les plus influents de la société des elfes sombres s’étaient réunis dans la maison de Wodan Udgard, le père d’Aisha et le chef des elfes sombres de la Forêt Protégée par Dieu. Parmi eux se trouvait le frère cadet de Wodan, Robthor.
Wodan était assis dans le siège d’honneur avec Aisha derrière lui. Une fois que tout le monde s’était rassemblé, Wodan avait commencé à parler d’une voix détendue.
« On dirait que tout le monde est là, alors j’aimerais commencer. À cette occasion, je vous ai tous demandé de vous réunir ici à la demande de ma fille, Aisha. Il semble qu’elle ait quelque chose à me demander et qu’elle désire votre présence pour cela. S’il vous plaît, écoutez-la, » déclara Wodan.
Face aux mots de Wodan, Aisha inclina la tête. Elle se leva alors pour prendre le siège le plus bas de l’assemblée, puis s’inclina à nouveau amplement avant d’ouvrir la bouche.
« Je me tiens devant vous aujourd’hui, non pas en tant que fille de mon père, mais en tant que serviteur du roi de ce pays, Souma Kazuya, pour demander quelque chose à Sire Wodan Udgard, le représentant de la Forêt Protégée par Dieu. »
« Pas comme ma fille... dis-tu. Quelle est donc cette demande ? » demanda Wodan.
Quand elle s’était présentée comme serviteur du roi, les yeux de Wodan étaient devenus sévères. Aisha leva les yeux et rencontra son regard de face.
« S’il vous plaît, prêtez-nous les braves de la Forêt Protégée par Dieu, » déclara Aisha.
Quand ils entendirent les paroles d’Aisha, il y eut un murmure parmi les chefs rassemblés. Les braves en question étaient ce qui se rapprochait le plus des soldats qui protégeaient cette terre. Les elfes sombres étaient connus pour leurs puissants archers. Elle demandait à les emprunter. Wodan avait rétréci ses yeux.
« ... Raconte-nous tes raisons, » demanda-t-il.
« En ce moment même, le général de l’armée, Georg Carmine, est sur le point de lever le drapeau de la rébellion contre Sa Majesté, le roi Souma, » déclara Aisha. « De plus, la Principauté d’Amidonia rassemble ses forces le long de la frontière sud-ouest en vue d’une invasion. Il s’agit d’une période de crise pour le royaume. Je vous demande d’aider à le sauver. »
Elle avait caché que la rébellion de Georg était une farce. C’était parce qu’il fallait le garder secret, et elle ne l’avait donc pas dit, même à son propre père.
Quand il entendit les paroles d’Aisha, les yeux de Wodan devinrent encore plus sévères. « ... Cette demande vient-elle du roi Souma ? »
« Non, Sa Majesté veut régler les choses en n’utilisant que ses propres troupes, » déclara Aisha. « Cependant, en l’état actuel des choses, je n’ai pas confiance en son niveau de troupes. Il semble que le brillant seigneur Hakuya ait un plan, mais sans troupes suffisantes, ils pourraient encore échouer. C’est précisément la raison pour laquelle je vous demande votre aide. »
« Alors, agis-tu de ta propre initiative ? » demanda Wodan.
« ... Oui. Cependant, Sa Majesté s’est empressée de nous aider lors de la récente crise, sauvant plusieurs de nos camarades. De plus, un petit village comme le nôtre n’a pu se rétablir aussi rapidement que grâce à la nourriture et aux matériaux qu’il a fournis, » déclara Aisha. « Ne devrions-nous pas rembourser notre dette de gratitude envers lui ? »
« Tu fais cette demande en tant que serviteur de Sa Majesté, n’est-ce pas ? » demanda Wodan. « Si c’est le cas, tu ne devrais pas parler depuis notre point de vue. »
« Argh... Je vous présente mes excuses. » Après avoir reçu cette réprimande de Wodan, Aisha avait baissé la tête de façon déprimée.
Wodan secoua la tête avec consternation, regardant les autres assemblés là. « On dirait que c’est ainsi. J’aimerais connaître votre opinion. »
Après que Wodan leur demandait de commenter, ils commencèrent chacun à donner leurs opinions distinctes.
« Je suis reconnaissant à Sa Majesté. Cependant, ne violerions-nous pas nos lois si nous nous impliquions avec le monde extérieur ? »
« Nous avons déjà accepté de l’aide. Si nous lui demandons de nous aider en ces temps difficiles, et de ne rien faire lorsqu’il fait face à une crise, ce serait un abus de confiance. »
« Mais, si combattre Amidonia est une chose, n’importe quelle bataille avec le duc Carmine ne serait-elle pas une guerre civile ? »
« J’ai entendu dire que le duc Carmine abrite des nobles corrompus. Si l’on permet à ces personnes d’accéder librement au pouvoir, pourrons-nous maintenir la paix dans cette forêt ? J’aimerais que le roi Souma reste au pouvoir. »
« Je ressens la même chose, mais je ne sais pas si je vais participer à une guerre civile... »
Résumant leurs opinions, ils semblaient être, « Nous nous sentons redevables au roi Souma pour le soutien qu’il a envoyé, et nous aimerions lui envoyer des renforts. Cependant, s’impliquer dans les affaires du monde extérieur, surtout dans une guerre civile, violerait les lois auxquelles nous adhérons depuis si longtemps, et nous hésitons à le faire. »
Wodan se tourna vers son frère cadet Robthor, qui était resté silencieux jusque-là, pour avoir son opinion. « Robthor, qu’en penses-tu ? »
Quand Wodan demanda l’avis de Robthor, Aisha devint nerveuse. Robthor avait une attitude négative envers l’interaction avec le monde extérieur, s’étant fortement opposé à ce qu’Aisha aille voir Souma. Robthor jeta un coup d’œil à Aisha, puis ouvrit doucement la bouche.
« ... Je m’oppose à laisser les soldats avec Aisha, » déclara Robthor.
« Oncle !? » s’exclama Aisha.
« Silence, Aisha, » déclara Wodan.
Aisha se tut, et Robthor continua, ne lui accordant aucune attention.
« Aisha est déjà devenue un serviteur du roi Souma. Si nous donnons des troupes à Aisha et participons à la guerre civile, nous serons aussi considérés comme des serviteurs du roi Souma. En ce qui concerne l’indépendance de cette forêt, il y a le risque qu’elle crée un mauvais précédent. En tant que tel, je pense que nous devrions faire en sorte que les braves soient dirigés par quelqu’un d’autre qu’Aisha. Ils devraient être une armée de volontaires qui vont aider le roi Souma sans la permission de personne. »
« Hein ? » demanda Aisha, doutant de ses propres oreilles. Essentiellement, Robthor était d’avis qu’ils devraient se ranger du côté de Souma.
Voyant Aisha si étonnée, Robthor détourna rapidement son regard. « Hmph... Je lui dois une dette de gratitude pour avoir sauvé ma fille. Si je ne remboursais pas cette dette, cela nuirait à l’honneur de notre race. »
« Mon Oncle... » murmura Aisha.
« Ha ha ha ha ha ! Si c’est comme ça, alors laissez-moi diriger ces soldats volontaires. » Un jeune elfe sombre, fort et jeune, s’avança.
« Le feras-tu, Sur ? » demanda Wodan.
Sur se frappa d’un coup de poing sur la poitrine. « J’ai entendu dire que Sire Halbert est parmi les partisans de Souma. C’est lui qui a sauvé ma fille après le désastre. Si je ne fais rien pendant que son sauveur a des ennuis, ma fille sera furieuse. »
« Je vois... » Wodan ferma les yeux alors qu’il réfléchissait en silence, puis, ayant pris une décision, il les ouvrit. « Je suis d’accord avec vous tous. Je veux rembourser notre dette envers le roi Souma. Pour ce faire, j’aimerais adopter la proposition de Robthor et demander à Sur de diriger une armée de volontaires. Qu’est-ce que vous en pensez ? »
Toutes les personnes présentes avaient baissé la tête vers Wodan. C’était le signe qu’il avait leur approbation.
« Père ! » Le visage d’Aisha était rempli de joie. Wodan lui avait enfin montré un sourire.
« L’homme pour qui tu es tombée amoureuse a des ennuis. Comment puis-je me permettre de ne rien faire ? » lui demanda son père.
« L-L’homme dont je suis tombé amou... ? Ce n’est pas... » Aisha bégayait.
« Cependant, cela me laisse avec des sentiments compliqués en tant que père..., » Wodan sourit ironiquement.
Aisha plaça une main sur sa poitrine. Sire, les politiques que vous avez menées vous donnent de la force. Vos gens ont regardé ce que vous faites. C’est pourquoi... Je suis certaine que vous ne perdrez pas.
Maintenant certaine de leur victoire, Aisha était impatiente de se battre.
☆☆☆
Histoire courte en prime : Juna et Excel
Cela s’était passé dans la nuit du jour que Souma avait lancé son ultimatum aux trois ducs.
Comme Excel se trouvait dans la ville d’Altomura, se préparant à traiter avec les troupes amidoniennes qui se massaient à la frontière sud-ouest, sa petite-fille Juna lui rendit visite là-bas. Juna n’était pas vêtue de sa tenue habituelle de chanteuse, mais de l’uniforme d’un commandant de la Marine.
Juna se tenait devant Excel, qui était assise à une table et dégustait du thé, et la salua. « Maintenant, grand-mère... non, Princesse des Mers. Pour mener à bien l’embuscade sur les forces de l’Amidonia, je vais maintenant partir avec 2 000 marines et rester à l’affût dans la vallée de Goldoa. »
« Ce sera un travail difficile, Juna. » Excel posa sa tasse de thé en lui souriant. « Je suis sûre que tu t’en sortiras bien, mais ne sois pas imprudente. Tu es encore jeune. Je ne te laisserai pas gâcher inutilement ta vie. Je suis sûre que celui que tu aimes serait triste si ça devait t’arriver. »
« G-Grand-mère ! » Les joues de Juna rougissaient un peu.
En ayant un sourire amusé face à sa petite-fille embarrassée, Excel se souvient des jours passés. « Je t’ai envoyée ainsi cette fois-ci, aussi... »
« ... C’est vrai, tu l’as fait, » répondit Juna.
Excel faisait référence à l’époque où elle avait d’abord envoyé Juna chez Souma.
☆☆☆
L’ancien roi d’Elfrieden, Albert, avait soudain cédé son trône à Souma, que l’on disait être un héros invoqué d’un autre monde. Lorsque son gendre et le général de l’armée de l’air, Castor, avaient entendu ce rapport, ils avaient soupçonné une usurpation et ils s’opposèrent à Souma. Cependant, Excel avait estimé qu’un roi aussi médiocre comme l’avait été Albert, il ne céderait jamais le trône à un autre sans raison, et elle avait donc d’abord travaillé pour recueillir des informations.
En conséquence, lorsqu’elle apprit que Souma n’avait pas usurpé le trône et qu’Albert avait abdiqué de son plein gré, Excel envoya Juna pour être avec le nouveau roi. Bien qu’il ne soit pas usurpateur, elle voulait savoir s’il était assez bon pour être roi ou non. C’est à ce moment-là que Souma avait lancé un grand appel pour que des personnes compétentes viennent travailler pour lui. Excel pensait que si elle envoyait Juna, avec la beauté qu’elle avait héritée d’Excel, ainsi que sa voix chantante naturelle, sa petite-fille pourrait facilement se rapprocher de Souma.
Juna était venue la voir le jour où Excel avait envoyé Juna à Souma.
« C’est le moment, grand-mère. Je vais maintenant me diriger vers la capitale royale, » déclara Juna.
Ce jour-là, contrairement à l’autre fois, Juna portait sa tenue de chanteuse. C’était pour qu’elle puisse se tenir devant Souma en tant que chanteuse du café chantant, le Lorelei.
Excel s’était excusé auprès de Juna et lui avait dit. « Je suis désolée de devoir te faire agir comme espionne... »
« Non, ce genre de mission d’infiltration me convient bien, » répondit Juna.
« Je te suis reconnaissante que tu dises ça. Je suis sûre que tu pourras te tenir debout devant le roi Souma, » déclara Excel.
Elle avait entendu dire que Souma cherchait des gens doués. C’était aussi un homme. Excel était sûre qu’il ne pouvait pas laisser passer le beau visage et la voix chantante de Juna.
« Cependant... Je n’ai pas l’intention de te faire agir comme une prostituée, » déclara Excel. « Si le nouveau roi est rendu fou de luxure et qu’il tente de te toucher, n’hésite pas à revenir ici. S’il te reproche de le faire, je frapperai ce nouveau roi. »
Il y avait un regard dangereux dans les yeux d’Excel à ce moment-là. Elle ressemblait à une belle femme de moins de 25 ans, mais elle était toujours la grand-mère de Juna. C’était donc naturel pour elle de s’inquiéter pour la sécurité de sa petite-fille.
Cependant, contrairement à une Excel inquiète, Juna avait une expression détendue. « Je ne pense pas que vous ayez besoin de vous inquiéter pour ça. Selon les rapports, il est en bons termes avec sa fiancée, la princesse Liscia. Je ne la connais pas personnellement, mais tout le monde dans ce pays connaît la personnalité franche de notre princesse. Si le roi Souma essayait de s’imposer à une femme, je suis sûre que la princesse le punirait immédiatement pour cela. »
« ... Je suppose qu’elle le ferait, » dit Excel.
Quand Excel se souvint de Liscia, qui était entrée dans l’armée alors qu’elle était princesse, et de sa personnalité, Excel accepta la remarque. Tant que Liscia serait là, elle n’aurait pas à s’inquiéter que Souma essaie d’enfoncer ses crocs venimeux dans Juna. Au moins, elle serait à l’abri de ça.
« Eh bien alors... Je suppose que ma seule autre préoccupation, c’est que le roi t’“atteigne” alors que tu seras à ses côtés, » déclara Excel.
« ... Croyez-vous que je vous trahirais ? » demanda Juna.
« Hee hee hee... oh, ce n’est pas ce que je dis, » déclara Excel à sa petite-fille offensée en riant. « C’est juste que tu n’as pas autant d’expérience avec l’amour que tu en as l’air, n’est-ce pas ? »
« Argh... Vous avez raison. » Juna avait l’air mature, mais comme elle était dans la marine depuis le milieu de l’adolescence, rien n’avait été fait de ce côté-là. Comparée à Excel qui avait cinq cents ans, qui avait vécu des mariages multiples, parfois avec ses partenaires jusqu’à leur mort, Juna manquait d’expérience.
« Les choses les plus étranges peuvent rapprocher les gens, » déclara Excel. « Si tu étais à ses côtés pour le servir, et que tu commençais à te sentir écervelée... peux-tu dire avec certitude que ça n’arrivera pas ? »
« J-Je ferai a-attention..., » Juna bégayait.
« Hee hee hee... Si c’est ce qui arrive, c’est ce qui arrive. Ce serait intéressant à sa façon, » déclara Excel avec un sourire amusé.
« Grand-mère ! » Juna protesta bruyamment, son visage était d’un rouge profond. « Il est tout simplement impossible que j’oublie mon devoir et que je laisse un homme m’atteindre. »
« Oh, ne le feras-tu pas ? » demanda Excel.
« Je ne le ferai pas ! » s’écria Juna.
Juna avait été capable de le dire fermement... pour l’instant, du moins.
☆☆☆
« “Il est tout simplement impossible que j’oublie mon devoir et que je laisse un homme m’atteindre”, » dit Excel en taquinant Juna, qui rougissait et baissait les yeux.
Il serait difficile pour Juna de prétendre maintenant que Souma ne l’avait pas atteinte au plus profond de son cœur.
Excel la regarda avec une expression douce sur son visage. « C’est une bonne chose, n’est-ce pas ? Que Souma soit un roi qui pouvait bel et bien atteindre les tréfonds de ton cœur. »
« Grand-mère..., » déclara Juna.
« Travaille dur, Juna, » déclara Excel. « Si tu peux te distinguer maintenant, Sa Majesté te regardera avec tendresse. Sa Majesté finira par avoir besoin d’autres reines que Liscia, j’en suis sûre. Quand ce moment viendra... »
« ... Non. Si je réussis quoi que ce soit dans cette bataille, cela sera tout à ton honneur, grand-mère, » déclara Juna en souriant. « Nous devons considérer le Duc Castor et Madame Carla. S’il vous plaît, utilisez mes réalisations à votre avantage après la guerre. »
« Juna... tu..., » commença Excel.
Avant qu’Excel ne puisse en dire plus, Juna la salua à nouveau. « Maintenant, Princesse des Mers, je vais partir. »
Avec ces mots, Juna quitta rapidement la pièce.
Alors qu’elle était laissée seule dans la pièce, Excel regarda la porte avec un léger soupir.
... C’est vrai, Carla est une petite-fille précieuse pour moi. Mais, Juna, tu es aussi ma précieuse petite-fille, tu sais ? pensa Excel.
Une grand-mère souhaite toujours le bonheur de ses petites-filles.
Oui, elle s’inquiétait pour Carla. Cependant, Excel voulait que Juna saisisse son propre bonheur.
« Et pour cela, je devrai jouer mon propre rôle dans tout ça. » Maintenant seule dans la pièce, c’était ce qu’Excel s’était dit.
☆☆☆
Histoire courte en prime : Ludwin et XXX
Il s’agissait de la veille du jour où Souma avait lancé son ultimatum aux trois ducs. Ce jour-là, le capitaine de la Garde Royale, Ludwin Arcs, visitait un certain endroit non loin de la capitale.
L’opinion générale était qu’un affrontement entre l’Armée Interdite de Souma et l’Armée de Terre du général Georg Carmine était inévitable. Il s’agissait de Ludwin qui allait commander l’Armée Interdite. C’était ainsi parce qu’en temps de crise, la Garde royale avait pris le contrôle de l’Armée Interdite.
Ce sera ma première vraie bataille... et en plus, la situation est assez mauvaise, pensa-t-il.
À l’heure actuelle, l’Armée Interdite pouvait mobiliser 10 000 hommes, alors que l’Armée en comptait 40 000. De plus, les allégeances de l’amiral de Marine Excel Walter et du général Castor Vargas de l’armée de l’air n’étaient pas claires. En outre, la Principauté d’Amidonia aurait rassemblé ses forces à la frontière sud-ouest. La situation était évidemment très mauvaise pour l’Armée Interdite.
Quoi qu’il en soit, je suis le capitaine de la garde royale, pensa-t-il. La garde royale est le bouclier et la lance de Sa Majesté. Même si cela me coûte la vie, je dois défendre Sa Majesté. ... Même si cela signifie que je ne reviendrai plus jamais ici. Ludwin ferma les yeux en silence... Oui.
Alors que la guerre approchait, Ludwin était venu chez une connaissance pour lui rendre visite. C’était une maison en rondins construite dans l’obscurité, où le soleil ne brillait jamais pour une certaine raison. Il se tenait devant la porte et, une fois qu’il s’était calmé, Ludwin frappa à la porte.
Toc toc
Le bruit alors qu’il frappait à la porte résonnait dans l’obscurité, et puis...
« Hmm ? C’est toi, Luu ? » demanda une voix féminine.
Il avait entendu une voix provenant de l’intérieur de la maison. Lorsqu’il entendit le ton léger et décontracté, Ludwin commença à se sentir bête à propos de la façon dont il avait broyé du noir et il força un sourire.
« Tu as raison, c’est moi, mais ne pourrais-tu pas au moins attendre de voir mon visage avant de décider ça ? » se plaignait-il.
« Tu es à peu près le seul à venir ici pour me voir, n’est-ce pas, Luu ? » déclara la voix.
« Eh bien, oui, mais quand même..., » déclara Ludwin.
La porte s’était ouverte. « Dans tous les cas, merci d’être venu me rendre visite, » répondit la voix.
Après que cela ait été dit, une femme vêtue d’une blouse de laboratoire blanche, qui semblait avoir une vingtaine d’années, était sortie de la maison.
Alors qu’elle avait l’air un peu maigre, avec des cheveux mi-longs et négligés, elle avait des traits réguliers et aurait été une vraie beauté si elle avait pris soin d’elle-même. Avec la petite paire de lunettes perchée sur son nez, elle avait un regard qui criait « chercheur ».
Quand il vit à quoi ressemblait la femme, Ludwin soupira. « Genia, ça fait un moment que tu n’as pas pris un bain, n’est-ce pas ? »
Quand il avait dit cela, la femme appelée Genia avait répondu avec un rire gênant. « Hahahaha. J’ai été absorbée par mes recherches dernièrement. Est-ce que je sens mauvais ? »
« Franchement... Tu es une jeune fille, alors prends mieux soin de toi, » déclara Ludwin.
« Je pense que je suis un peu vieille pour qu’on m’appelle une jeune fille... Hmm, alors, Luu, tu veux bien venir avec moi et me laver le dos ? Comme tu le faisais avant, » déclara Genia.
Quand Genia avait commencé à enlever sa blouse blanche et à dénuder son épaule, le visage de Ludwin avait rougi et il lui avait crié dessus. « C’était quand on était des gosses ! Tu viens de dire que tu n’étais plus assez jeune pour qu’on t’appelle une jeune fille ! »
« Ça ne me dérange pas, tu sais ? » dit-elle.
« Eh bien, moi ça me dérange ! » s’écria Ludwin.
Le rire moqueur de Genia épuisa rapidement Ludwin.
Comme vous pouvez sans doute le constater d’après cet échange, ces deux-là étaient des amis d’enfance. Son nom était Genia Maxwell, une fille de la Maison Maxwell, connue pour ses recherches sur les artefacts de surtechnologie que l’on trouve parfois dans les donjons. La famille de Ludwin, la Maison des Arcs, était leurs voisins, alors ils avaient grandi comme frère et sœur.
Genia avait laissé Ludwin entrer dans la maison qui lui servait aussi de lieu de travail et lui avait servi une tasse de thé. « Eh bien, Luu ? Pourquoi es-tu ici pour me voir aujourd’hui ? »
« ... J’ai besoin de partir à la guerre bientôt, alors je suis venu te dire au revoir, » déclara Ludwin, faisait de son mieux pour avoir l’air calme. Il partait à la guerre après ça, alors c’était peut-être la dernière fois qu’il voyait Genia. Il en était très conscient, mais il ne voulait pas qu’elle l’apprenne et s’inquiète pour lui.
Cependant, l’expression de Genia n’avait pas du tout changé.
« Hrm. On dirait que tu as la vie dure, » déclara-t-elle, en continuant à siroter son thé. Ludwin avait été un peu déséquilibré par cela.
« E-Est-ce tout ? » s’écria Ludwin.
« Je me sentirai un peu seule de ne pas te voir pendant un moment, » déclara Genia.
« Non, ce que je veux dire..., on pourrait ne plus jamais se revoir..., » déclara Ludwin.
« Hm ? Luu, comptes-tu ne pas revenir ? » demanda Genia avec un visage troublé.
Les yeux de Ludwin s’étaient écarquillés. « Non, mon plan est bien sûr de rentrer chez moi vivant... »
« Eh bien, ce n’est alors pas un problème, » dit-elle. « Va faire de ton mieux pour te distinguer pendant que tu es avec ce roi. »
Genia l’avait dit comme si ce n’était rien.
« Genia... N’as-tu aucun doute que Sa Majesté gagnera ? » demanda Ludwin.
« Hein ? Eh bien ? » demanda Genia.
« Pourquoi ? Parce que la situation me semble plutôt mauvaise, » déclara Ludwin.
« C’est vrai. D’après l’information qui m’a été communiquée, les choses ne se présentent pas bien. Mais..., et si on essayait de voir les choses d’un point de vue différent ? » Genia s’était levée et avait commencé à préparer quelque chose. Elle avait versé de l’eau dans un bécher, puis avait mis des feuilles de thé.
Ludwin la regarda d’un air interrogateur. « Genia ? Qu’est-ce que c’est censé être... ? »
« La situation dans ce pays à l’heure actuelle, » avait-elle dit. « Il y a d’innombrables feuilles de thé qui flottent dans l’eau, donc tu ne peux pas voir de l’autre côté du bécher, non ? Eh bien... Et si je fais ça ? »
Genia avait utilisé une tige de verre pour remuer le contenu du bécher. Cela avait créé un courant à l’intérieur, et en peu de temps, les feuilles de thé avaient été empilées dans un petit monticule au fond du récipient.
« Quand je fais ça, je peux séparer l’eau des feuilles de thé, non ? Si je prends seulement le haut, je n’aurai que de l’eau claire. Je pense que c’est ce que le roi essaie probablement de faire, » déclara Genia.
Genia semblait satisfaite de son explication, mais Ludwin n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait dire.
« ... Désolé. Pourrais-tu expliquer cela d’une manière moins abstraite ? » demanda Ludwin.
« Les ennemis du roi en ce moment sont les nobles corrompus et leurs armées personnelles, ainsi que le duc Carmine et ses subordonnés qui ne lui jureront pas fidélité, non ? » demanda Genia. « Tous ces gens sont actuellement rassemblés dans le Duché du Carmin. Comme les feuilles de thé dans mon bécher. »
Après ça, Ludwin avait finalement compris ce que Genia essayait de lui dire. « Penses-tu qu’il y a un piège en place pour rassembler tous ses ennemis en même temps ? »
« Trop de conditions pour cela sont en place, » avait-elle dit. « On devrait penser que quelqu’un a organisé ça. Maintenant, que ce soit ce roi, le Premier ministre en robe noire, ou... la volonté de quelqu’un d’autre, c’est quelque chose que je ne sais pas. » Genia fixa du regard les feuilles de thé. C’était comme si elle regardait un secret caché dedans.
Sans remarquer que Genia faisait ça, Ludwin avait ri. « Tu es vraiment intelligente, Genia. C’est comme si tu voyais des choses que je ne vois pas. »
« Eh bien ! Je suis après tout de la Maison Maxwell, célèbre pour n’avoir produit que des génies et des excentriques, » déclara Genia avec fierté en mettant le bécher rempli de feuilles de thé sur une flamme. On aurait dit qu’elle avait l’intention d’y faire du thé.
Ludwin avait souri avec ironie. « Merci. Je me sens un peu mieux maintenant. »
« Alors, c’est bien, » déclara Genia.
Ludwin se leva et mit le casque qu’il ne portait jamais d’habitude. « Merci pour le thé... Je vais y aller. »
« Prends soin de toi. Je compte sur toi pour revenir vite, » déclara Genia.
« Oui. Je jure que je reviendrai ici, » déclara Ludwin.
Genia demanda. « C’est une réplique qui donne l’impression que tu ne reviendras pas. »
« Ne dis pas des choses aussi inquiétantes. Je rentrerai à la maison avec de l’entêtement. Après tout, je t’ai promis de te présenter à Sa Majesté, » Ludwin leva la main. « Alors, au revoir. »
« Hmm. J’ai hâte d’être au jour où tu m’amèneras le roi, » Genia sirotait son thé en regardant Ludwin partir.
La surface du liquide dans sa tasse tremblait un peu.
☆☆☆
Histoire courte en prime : Se faire habiller par Liscia
— Fin du 9e mois, 1 546e année, Calendrier Continental — Capitale Royale Parnam —
Ce jour-là, dans la chambre de Liscia au château de Parnam, moi, le roi provisoire de ce pays, j’étais en train de revêtir un uniforme. Cela se faisait dans la chambre de Liscia parce que je n’avais toujours pas de chambre à moi et parce que la chose que je devais porter était un uniforme militaire.
La lutte contre le général de l’Armée de Terre, Georg Carmine, ainsi que contre les forces d’Amidonia qui s’étaient rassemblées le long de la frontière, approchant, je préparais donc l’uniforme que je porterais sur le champ de bataille. Bien sûr, vis-à-vis des troupes, je ne pouvais pas apparaître dans ma tenue décontractée habituelle sur le champ de bataille. C’est pourquoi un uniforme militaire avait été préparé pour moi, mais il était si complexe avec toutes sortes de fioritures que je n’avais aucune idée de la façon de l’enfiler.
À l’origine, les servantes devaient m’habiller, mais Liscia s’était proposée : « Laissez-moi-le faire. Je veux dire, je suis... votre fiancée. »
J’avais donc décidé de laisser Liscia le faire à la place des servantes. Même si c’était leur travail, je me sentais beaucoup plus à l’aise d’avoir Liscia, que je connaissais bien qui le ferait pour moi plutôt qu’un groupe de femmes de chambre.
« ... Ça ne me ressemble pas, » m’étais-je plaint.
Pendant que Liscia m’aidait à m’habiller, j’avais vu mon reflet dans le miroir, et ces mots étaient sortis de ma bouche.
L’uniforme, qui m’avait été préparé, était semblable à celui que Liscia portait habituellement, mais la couleur était majoritairement noire avec des boutons dorés, des broderies et des courroies, eux aussi dorés.
Cela avait vraiment l’air..., d’une glorification de son ego.
« J’ai presque l’impression d’être maintenant devenu roi, » avais-je dit.
« Qu’est-ce que vous racontez ? Vous êtes le roi depuis un moment maintenant, » déclara Liscia avec consternation. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu un tel échange. Liscia était revenue devant moi, m’avait regardé de près et m’avait fait signe qu’elle était satisfaite.
« Mais, c’est vrai, vous ressemblez enfin à un roi, » déclara Liscia.
« Ne trouvez-vous pas que c’est un peu dur de le dire comme ça ? » lui avais-je demandé.
« Le problème, c’est la façon dont vous vous habillez d’habitude. Ce n’est pas du tout propice à un roi, » déclara Liscia.
« Vous dites ça, Liscia, mais vous n’avez pas non plus l’air d’une princesse, » déclarai-je.
Même depuis notre première rencontre dans le bureau des affaires gouvernementales, Liscia portait presque toujours son uniforme militaire. Je ne l’avais jamais vue dans une robe à froufrous, comme celle que l’on attendrait à voir porter par une princesse. Lorsque je lui avais dit cela, les joues de Liscia avaient un peu rougi. Elle avait croisé les bras et avait regardé ailleurs.
« C-C’est n’importe quoi. Il s’agit de la tenue qui me convient le mieux, » déclara Liscia.
On aurait dit qu’elle se cherchait des excuses, mais... c’était vrai. Pour Liscia, avec ses proportions bien équilibrées, l’uniforme militaire ajusté lui allait bien.
Et maintenant, qu’en est-il de moi ? J’avais tendu mon bras devant moi, comme si je donnais un semblant d’ordre. La broderie dorée sur les poignets donnait à mes mouvements un éclat qu’ils n’avaient pas d’habitude.
« ... Ouais, je ne pense vraiment pas que ça me convienne, » avais-je dit. « J’ai l’impression d’essayer de paraître plus important que je ne le suis. »
« Je vais le répéter, mais vous êtes important, » déclara Liscia. « Vous ne pouvez pas diriger une armée si vous n’en avez pas l’air. Réfléchissez un peu à l’effet que cela aurait sur le moral de vos subordonnés et de vos troupes si vous étiez habillé de haillons. »
« Mais c’est Ludwin et ses hommes qui donneront les ordres, » dis-je.
Les devoirs d’un roi étaient principalement de décider des objectifs avant la guerre, puis de s’occuper de remettre les choses en ordre dans l’après-guerre. Le prince Gaius d’Amidonia dirigerait probablement lui-même ses troupes, mais un néophyte comme moi ne pouvait espérer imiter cela. Quand les combats allaient commencer, j’aurais probablement laissé le commandement de l’armée à Ludwin et aux autres officiers supérieurs.
« Pour le dire simplement, mon seul travail est d’être une figure de proue dans le camp principal, » avais-je dit.
« Si vous êtes une figure de proue, alors raison de plus pour que vous soyez habillé correctement pour l’occasion, » déclara Liscia. « Vous devez être le genre de roi magnifique que tout le monde voudra porter sur ses épaules, n’est-ce pas ? »
« Je suppose que c’est logique..., » déclarai-je.
« C’est le cas. En plus, cet uniforme est aussi là pour vous protéger. » Liscia s’était déplacée derrière moi et avait posé sur moi le manteau qui n’était pas obligatoire dans la tenue réglementaire.
Dans ce monde, il y avait ce qu’on appelait des « sorts attachables ». Pour l’expliquer rapidement, même une tenue en tissu pourrait vous défendre contre la magie et les flèches si elle était renforcée par la magie.
Cependant, même si vous attachiez le même sort à deux objets différents, l’armure qui était plus solide au départ se verrait affectée par un plus grand effet. D’un autre côté, l’armure était lourde et réduisait la mobilité, de sorte que ceux qui n’aimaient pas cela se tenaient sur les champs de bataille dans un uniforme. Les préférences personnelles de l’individu et la section de l’armée à laquelle il appartenait (les chevaliers à cheval choisissaient l’armure, tandis que ceux qui étaient sous le feu indirect, comme les archers et les mages, portaient l’uniforme) influenceraient cette décision.
Le manteau appartenant à cet uniforme comportait un sort qui y était placé.
« Mais vous ne pouvez pas être négligent, » déclara Liscia en me frappant au visage avec un doigt alors qu’elle regardait le manteau qu’elle m’avait mis. « Cet uniforme peut vous protéger d’une flèche perdue, mais il ne peut pas bloquer une magie trop puissante ou une attaque directe d’un soldat compétent. Ne pensez même pas à aller en première ligne. »
Liscia semblait inquiète. J’avais posé une main sur sa tête. « Je n’irai pas. Je connais mes faiblesses mieux que quiconque. »
J’avais doucement caressé Liscia sur la tête. Cependant, Liscia semblait encore incertaine.
« Mais, vous vous forcez trop parfois... Hé, Souma ? » demanda Liscia.
« Hm ? » lui avais-je demandé.
« Devez-vous vraiment aller sur le champ de bataille ? » demanda Liscia, son visage frémissait d’angoisse. « Vous êtes une figure de proue, comme vous l’avez vous-même déjà dit. Il n’y a pas beaucoup de rois qui vont sur le champ de bataille, vous savez ? Il y a des rois comme Gaius qui veulent mener leurs troupes dans une expédition, mais habituellement un roi possède des individus qui servent sous ses ordres et qui vont en son nom. Ne pouvez-vous pas laisser ça à Ludwin et aux autres ? »
« ... Vous devez déjà savoir que je ne peux pas faire ça, non ? » lui avais-je demandé.
Lorsque j’avais donné cette réponse, Liscia ne pouvait rien dire.
« Cela fait encore trop peu de temps depuis que l’on m’a confié le trône, » avais-je dit. « En plus de ça, je ne suis encore qu’un enfant. Si je ne vais pas sur le champ de bataille, même si ce n’est qu’en tant que figure de proue, les troupes me regarderont de haut. Si je veux que Ludwin puisse commander les troupes à ma place sans avoir de problème, je dois être là. »
« Je le sais bien ! » Liscia avait crié, puis avait enfoui son visage dans ma poitrine. « Je le sais, mais... quand même, je suis inquiète ! Quand je pense à ce qu’on ferait si on vous perdait... Je... non, tout le monde... ! »
En plaçant mes bras autour de Liscia pendant qu’elle luttait pour trouver les mots, je l’avais délicatement rapprochée de moi. « Merci de vous inquiéter pour moi. »
« ... Souma, » quand Liscia leva la tête, ses yeux étaient humides.
J’avais essayé de lui faire un sourire. « Mais je pense qu’on devrait tous les deux s’inquiéter, non ? N’avez-vous pas, vous aussi, l’intention d’aller sur le champ de bataille ? Et, contrairement à moi, vous avez l’intention de donner des ordres sur la ligne de front. »
« Cela va sans dire, » déclara Liscia en hochant la tête comme si c’était naturel. Ça m’avait fait un peu mal à la tête.
« Pour ma part..., j’aimerais que vous restiez assise dans le camp principal, » avais-je dit. « Quand je pense à ce que je ferais s’il vous arrivait quelque chose, je deviens inquiet. »
« Non. Ce pays fait face à une crise. Laissez-moi faire ma part, » avait affirmé Liscia.
Franchement... quelle princesse garçon manqué !
« ... J’envoie dans tous les cas Aisha avec vous, compris ? » avais-je dit.
« Cela n’affaiblira-t-il pas les défenses du camp principal ? » me demanda-t-elle.
« Si j’avais Aisha, notre combattante individuelle la plus forte, à l’arrière, je gâcherais ses talents. Je suis sûr qu’Aisha veut aussi être en première ligne. Alors, s’il vous plaît, assurez-vous que toutes les deux... vous rentriez saines et sauves à la maison, » déclarai-je.
Quand j’avais dit ça, Liscia avait souri et m’avait fait un câlin. « Vous aussi, Souma. Je ne veux pas rentrer à la maison pour découvrir que je n’ai plus personne vers qui retourner. »
« Ah... Cette conversation commence à ressembler à un drapeau de mort, » avais-je dit.
« Un drapeau de mort ? » demanda-t-elle.
« Des phrases comme “Quand je reviendrais de la guerre, je me marierais” ou “Quand je reviendrai du champ de bataille, cela sera à votre tour de prendre soin de moi”, comprenez-vous ? » demandai-je.
« ... Cela devrait être des choses tout à fait ordinaires à dire, mais elles semblent étrangement inquiétantes. Hee hee, » déclara-t-elle.
Nous nous étions regardés et puis nous avions ri, comme pour pouvoir chasser nos soucis.
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Histoire courte en prime : Le travail en coulisses de Tomoe et Poncho
— Fin du 9e mois, 1 546e année, Calendrier Continental – dans un bassin de montagne dans le royaume
Au milieu des hautes montagnes du royaume, un cirque avec en son centre un beau lac, ce bassin qui était entouré de champs de hautes herbes permettait la création d’une « réserve de rhinosaurus ». Cette « réserve » comme son nom l’indiquait, était un endroit où les lézards super massifs appelés rhinosaurus, ou lézards à cornes étaient protégés et pouvaient se reproduire.
Les rhinosaurus étaient assez gros pour qu’il faille afin de les regarder lever les yeux vers le ciel. Ils avaient chacun plus de force qu’un moteur diesel, alors dans ce monde, ils avaient été dressés et entraînés pour tirer d’énormes véhicules porte-conteneurs. Cette capacité de transport de fret des rhinosaurus avait attiré l’attention de Souma, il avait donc dès lors cherché à augmenter leur nombre. Il s’en était servi pour créer quelque chose comme des trains afin d’accroître la circulation des individus et des marchandises dans tout le pays.
À l’origine, il fallait beaucoup de temps pour entraîner un rhinosaurus à tirer une charge. Mais maintenant que Souma disposait de Tomoe et de sa capacité à parler aux animaux, il pouvait, grâce a celle-ci, négocier directement avec ces bêtes de somme et ainsi gagner leur coopération en un temps record.
Lors des négociations, les rhinosaurus avaient émis la requête de pouvoir vivre et d'élever leur petit en un lieu sûr avec beaucoup d’herbe délicieuse, c'est ainsi que la réserve des rhinosaurus avait été mise en place.
Tomoe se trouvait maintenant dans cette réserve de rhinosaurus.
« Monsieur Rhinosaurus. Monsieur Rhinosaurus. » Elle avait la main posée sur le nez d’un rhinosaurus immense, même selon les standards des rhinosaurus. C’était une espèce qui semblait avoir combiné un rhinocéros et un lézard géant, dont la taille avait été décuplée. Tomoe essayait de parvenir à une compréhension mutuelle avec celui-ci.
« Monsieur Rhinosaurus, j’ai autre chose à vous faire transporter. Ils m’ont dit que c’est un très gros navire cette fois-ci. Seul un rhinosaurus aussi gros et fort que vous pouvez le faire. S’il vous plaît, prêtez-nous votre force. »
Tomoe expliqua poliment la situation. Mais bien qu’elle puisse converser avec la créature, les rhinosaurus n’étaient pas très intelligents. Ainsi, à peu près tout ce qu’il comprenait de ce qui était dit par Tomoe était, « Bagages, porter, okay ? »
« Grrr... » (Moi, porter. Mais toi, amène à moi une femelle. D’accord ?)
C’était peut-être fragmenté, mais Tomoe avait compris ce qu’il voulait dire. « Je comprends. Je vais demander au gardien de vous mettre en contact avec une compagne pendant la saison des amours. »
« Grrahhh ! » (Alors moi, porter.)
Avec une expression pleine de motivation, le rhinosaurus avait émis un rugissement exceptionnellement fort. Alors que Tomoe se sentait encore soulagée par le succès de ses négociations, deux personnes derrière elle l’avaient interpellé.
« Madame Tomoe, je suppose que les négociations sont maintenant terminées ! » s’exclama une voix d’homme.
« Bien joué, petite sœur, » déclara une voix féminine.
Lorsque Tomoe se retourna, le ministre d’État à la crise alimentaire, Poncho Ishizuka Panacotta, et le chef des servantes qui s’occupait de toutes les femmes de chambre du château, Serina, s’approchaient d’elle. Poncho était venu pour organiser le transport des provisions avec les rhinosaurus, tandis que Serina était là en tant qu’assistante. Ils voyageaient tous les deux avec Tomoe.
« Poncho, Serina. Je viens de finir. » Quand Tomoe avait titubé vers eux, ils l’avaient accueillie en souriant.
« C’est bon à entendre, » déclara Poncho. « Maintenant, Madame Tomoe, voulez-vous faire une pause et vous joindre à nous pour le déjeuner ? Oui, oui, oui. »
« Nous avons les repas à emporter que Poncho a emballés avant de partir. » Serina tenait le panier de manière à ce que Tomoe puisse le voir.
Tomoe leur avait fait un sourire éclatant. « Wowwie. La nourriture de Poncho est toujours si délicieuse, et j’adore ça. »
« Tout à fait. Cela valait la peine de le pousser à me laisser vous accompagner, » déclara nonchalamment Serina. Il semblait qu’elle était venue avec eux principalement pour mettre la main sur ces repas. En y réfléchissant, Tomoe s’était rendu compte qu’il était étrange pour Serina, qui était la femme de chambre en chef et la servante personnelle de sa sœur adoptive Liscia, de ne pas être aux côtés de Liscia.
« Est-ce bon pour que vous n’y ailliez pas avec Grande Sœur Liscia ? » demanda Tomoe.
« La princesse m’a déclaré : “S’il te plaît, vas aider Poncho” et elle m’a fait partir avec un sourire, » déclara Serina.
« N’est-ce pas parce que..., » commença Poncho.
... elle voulait se débarrasser de vous, Poncho s’arrêta de peu avant que ces mots ne sortent.
Serina était une servante compétente, mais elle avait la mauvaise habitude d’être carrément sadique envers les jolies filles. Ce n’était rien d’insidieux, elle aimait juste éveiller un peu leur sentiment de honte. (Faire des choses comme faire en sorte que Liscia s’habille avec des robes à froufrous.)
Dernièrement, Serina s’était amusée en taquinant Liscia au sujet de sa relation avec l’homme qu’elle aimait, puis en savourant ses expressions embarrassées.
... Oui, je suis sûr qu’elle l’a envoyée avec un sourire, pensa Poncho.
Cela mis à part, les trois individus s’étaient déplacés ailleurs, trouvant un endroit où ils ne se feraient probablement pas marcher dessus par un rhinosaurus pendant qu’ils déjeunaient. Quand Serina avait ouvert le panier, il était rempli d’une viande brune farcie dans des petits pains. Tomoe en avait pris un et l’avait regardé fixement.
« Est-ce un sandwich ? » demanda Tomoe.
« C-C’est similaire. Mais dans le monde de Sa Majesté, on les appelle des hamburgers teriyaki, » répondit Poncho. « Le poulet frit est glacé avec l’eau hishio que les loups mystiques font, puis mis sur un pain avec des légumes. »
« *Bouchée, Bouchée*... Je vois. C’est tout à fait délicat. » Serina avait déjà mordu dans l’un d’eux, puis elle s’essuya la bouche pendant qu’elle donnait cette évaluation. Depuis qu’elle avait mangé ces ramens riches en gelin pendant la panique des esprits de la mort apparaissant dans le château la nuit, Serina était devenue accro à la malbouffe que Poncho et Souma faisaient.
Quand elle avait vu l’air satisfait sur le visage de Serina, Tomoe avait aussi mordu dedans. « Oh !? C’est vraiment délicieux, Poncho ! »
« Je suis content de vous entendre dire ça, » voyant le sourire radieux de Tomoe, Poncho s’était mis à rire. Et c’est alors...
« Petite sœur, vous avez de la sauce sur la joue, » déclara Serina.
Serina avait utilisé une serviette pour essuyer la sauce de la joue de Tomoe. Tomoe était à la merci de Serina et n’avait pas pu résister, mais quand cela avait été fait, elle avait baissé un peu la tête devant elle.
« Merci, Serina, » déclara Tomoe.
« Hee Hee. C’était après tout dommage de voir votre adorable visage ruiné par la sauce, » déclara Serina et elle lui fit un sourire chaleureux. Serina avait montré son sadisme avec Liscia, mais elle était en fait très gentille avec les enfants. Elle n’en était peut-être pas consciente elle-même, mais chaque fois qu’elle était avec une jeune fille comme Tomoe, elle voulait la dorloter.
Parce qu’ils étaient souvent ensemble, Poncho l’avait remarqué, et il regardait avec le sourire quand Serina essayait un peu trop fort d’aider Tomoe. Si quelqu’un d’autre les observait, ils auraient eu l’air de deux parents et de leur enfant en train de pique-niquer pendant leur jour de congé. Mais il est vrai que Tomoe semblait trop vieille pour être la fille d’une femme ayant l’apparence jeune de Serina (et de son âge incertain).
Cela ne ressemblait pas vraiment à une scène qui avait sa place dans un pays sur le point de faire face à une grande guerre.
Le grand frère honorifique de Tomoe qui était aussi le roi de ce pays, Souma, était sur le point de partir en guerre contre le général de l’Armée, Georg Carmine. La raison pour laquelle Tomoe et le groupe étaient venus à la réserve de rhinosaurus était pour l’aider à préparer cette bataille. Comme les rhinosaurus pouvaient transporter de grandes quantités de marchandises en une seule fois, on s’attendait à ce qu’ils aient un rôle clé à jouer dans le conflit à venir.
« ... Je me demande si Grand Frère va bien, » chuchota Tomoe en regardant les rhinosaurus grignoter l’herbe. Quand ils l’avaient entendue, Poncho et Serina avaient placé leur main sur sa tête en silence.
« T-Tout ira bien, » déclara Poncho. « Avec les muscles d’Aisha et le cerveau d’Hakuya, Sa Majesté a beaucoup d’individus talentueux réunis autour de lui. C’est pour ça que tout se passera bien, oui... probablement. »
« Poncho, vous devez le dire avec plus de confiance, sinon vous allez l’inquiéter, » déclara Serina.
« J-Je suis terriblement désolé ! » Poncho s’était assis droit comme une baguette.
Le regardant avec un sourire ironique, Serina tapota doucement Tomoe sur la tête. « J’ajouterais que Poncho gère tout ce qui concerne le ravitaillement. Il ne semble peut-être pas fiable, mais c’est une personne digne de confiance. C’est pourquoi Sa Majesté et les autres ne peuvent pas échouer. »
Ce qui n’était pas caractéristique pour Serina, c’était que ses paroles témoignent d’une foi totale envers celui dont elle avait parlé. Tomoe était surprise de l’entendre parler de Poncho comme ça, mais quand elle s’était rendu compte que c’était pour l’encourager, elle avait souri et lui avait fait un salut. « Oui, madame ! Je crois aussi en Grand Frère et Grande Sœur ! »
En entendant la joyeuse réponse de Tomoe, Poncho et Serina avaient souri.
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Histoire courte en prime : La petite princesse Tanuki la veille de la bataille finale
— Fin du 9e mois, 1 546e année, Calendrier Continental — Nelva
Au sud de la Principauté d’Amidonia se trouvait la ville fortifiée nommée Nelva.
La capitale de la principauté, Van, était positionnée pour empêcher les invasions du Royaume d’Elfrieden venant de l’ouest, ainsi que pour servir de tête de pont dans l’attaque du royaume. Nelva, quant à elle, avait été construite pour circonvenir toutes politiques expansionnistes de la République de Turgis vers le nord.
Au sommet des murs de Nelva, au-dessus de la porte sud, le vieux général qui était seigneur ici et la fille unique du prince Gaius VIII, Roroa, se tenaient côte à côte. D’ailleurs, ces deux-là étaient aussi grand-père et petite-fille. La défunte mère de Roroa était la fille d’Herman.
« Grand-père Herman... tu voulais y aller avec mon vieux, n’est-ce pas ? » Roroa demanda à Herman, qui se tenait à côté d’elle.
Le vieux de Roroa... ce qui voulait dire Gaius... avançait sur les terres du Royaume Elfrieden avec son frère Julius. Bien qu’il n’ait peut-être pas agi avec la même attitude que Gaius, Herman était un militaire, alors elle avait pensé qu’il aurait pu vouloir participer à la guerre.
Cependant, Herman avait ri de la question. « C’est vrai, c’est dans la nature d’un guerrier de vouloir sauter dans chaque bataille qu’il voit. Mais, tu sais, rester ici pour nous protéger de la République de Turgis et les tenir sous contrôle est aussi un devoir important pour un guerrier. »
La République de Turgis contre laquelle Herman était sur ses gardes était une terre de froid glacial. En hiver, toutes leurs terres étaient enfermées dans la glace, alors ils cherchaient à avancer vers le nord et à gagner des terres qui n’étaient pas enfouies sous la neige, ainsi que des ports qui ne gèleraient pas.
« ... Que fait la république ? » demanda Roroa.
« Il semble que leur armée soit près de la frontière, » répondit Herman. « On ne sait pas s’ils ont l’intention de nous attaquer ou d’attaquer le Royaume. Bien qu’ils soient impatients d’avancer vers le Nord, ils sont lents à agir en ce sens. Je suis sûr qu’ils vont encore attendre un peu, » ajouta Herman avec mépris. La république attendrait que le Royaume et la Principauté s’effondrent, ou que l’un d’entre eux se retrouve dans une situation désavantageuse avant de se déplacer. C’étaient des charognards absolus.
Roroa soupira de consternation. « La vérité, c’est que si on perd, on sera dans le pétrin. Mais mon vieux ne pense pas du tout à ce qui arrivera si on perd. Franchement... c’est un vrai problème. »
« Crois-tu que le Seigneur Gaius va perdre ? » demanda Herman.
Roroa haussa les épaules. « Je ne sais pas faire la guerre si bien. Je ne sais pas, mais... ce Souma, leur nouveau roi, je peux dire que ce n’est nullement un gamin stupide comme tout le monde se l’imagine. »
Avec son incroyable sens des finances, Roroa avait beaucoup d’amis parmi les marchands. Grâce à leurs réseaux, elle avait commencé très tôt à recueillir des informations sur Souma.
Herman se caressait la barbe. « Ce Souma est-il un guerrier incroyable ? »
« Je ne sais pas, » répondit-elle. « C’est un héros venu d’un autre monde, mais je n’ai entendu aucune rumeur selon laquelle il aurait fait quelque chose d’important. C’est juste qu’il dirige le pays avec une politique rationnelle en tant que roi. Il a rassemblé du personnel, construit des routes et mis en place un réseau de transport. »
« Hmm... D’après ce que tu m’as dit, je ne peux pas dire s’il est fort ou pas, » déclara Herman.
« C’est pour ça qu’il est si difficile de lire en lui, » Roroa appuya sa main sur l’une des fentes dans le mur. « Une chose que je peux dire, c’est qu’il a beaucoup de gens compétents autour de lui. Je pense qu’un roi qui a l’œil pour juger les individus et la capacité à les utiliser habilement sera plus dangereux qu’un roi qui est juste fort. Si mon père continue à gaspiller les talents de Monsieur Colbert, il va peut-être se faire avoir. »
Herman s’était tu. Quand Roroa semblait si isolée, il ne savait pas quoi lui dire.
En tant que militaire et femme d’affaires, leur personnalité était trop différente, et un fossé s’était creusé entre Roroa et son père. Roroa était ennuyée que son père ait versé tout l’argent que ses bureaucrates avaient réussi à économiser pour l’armée, et Gaius avait ressenti la même chose pour Roroa quand elle avait mal réagi à ses investissements dans l’armée. C’est pourquoi, cette fois, même maintenant que Roroa s’était séparée de Gaius, elle avait accepté que ce fût inévitable.
C’était juste... qu’il était toujours son père, donc elle avait peut-être eu quelques pensées à ce sujet.
« Roroa... » commença Herman.
« Eh bien ! Quand mon vieux perdra, c’est pour ça qu’on est là, » déclara Roroa, faisant un sourire à Herman, l’air inquiet. « Quand mon vieux perdra, pour moi... et pour ce pays, nous ferons face au défi de notre vie. Pour surmonter ce défi, nous ne pouvons pas laisser la république s’immiscer maintenant. J’aurai besoin de toi pour garder la frontière bien ferme, grand-père Herman, » ajouta-t-elle en le taquinant. Face à ça, Herman avait ri.
« Je ne peux pas dire non à une demande de ma petite-fille ! Laisse-moi m’en occuper ! » Herman avait donné un coup de poing sur sa poitrine en armure. « Tant que je serai debout, pas même un seul soldat républicain ne viendra dans ton dos. Alors, Roroa, tu fais ce que tu veux. »
« Nyahahaha ! » gloussait-elle. « Je compte sur toi pour ça, grand-père. »
Pendant qu’ils riaient ensemble, deux personnes étaient venues les voir.
L’un d’eux était l’ancien ministre des Finances, Colbert, qui était censé être assigné à résidence pour avoir mis Gaius en colère. L’autre était Sébastien, le propriétaire du Cerf d’Argent, un magasin de vêtements se trouvant à Van. Pour Roroa, ces deux-là étaient des camarades fiables qui l’aideraient dans son plan.
« Princesse... il est temps que nous partions, » déclara Colbert, offrant à Roroa un grand manteau. Elle pouvait voir que Colbert et Sébastien portaient tous deux des manteaux similaires.
« Est-ce... ? » demanda Roroa.
Elle avait accepté le manteau et l’avait mis. Le manteau surdimensionné recouvrait complètement le petit corps de Roroa. Maintenant, elle pouvait marcher dans la rue sans que les gens réalisent qui elle était.
En les regardant tous les trois, Herman avait demandé. « Où allez-vous maintenant ? »
« Monsieur Colbert et moi allons nous cacher dans une ville avec un récepteur du Joyau de Diffusion de la Voix, » déclara Roroa. « Avec tous les soldats ici, on ne peut pas sortir comme on le voudrait. Sébastien retournera à son magasin à Van. Il va surveiller la situation, puis nous faire un rapport. »
« ... Vous êtes bien préparé, » déclara Herman. « C’est dommage que tu ne sois pas née de sexe masculin. »
Si Roroa avait pu hériter du trône alors qu’elle avait une grande popularité et un grand bon sens financier, la principauté aurait sans doute fait de grands progrès sous ses ordres. Herman ne pouvait s’empêcher de regretter que ce ne soit jamais le cas.
Roroa elle-même, cependant, secoua vigoureusement la tête. « Oh, stop. Je ne suis qu’une petite fille mignonne et faible, tu entends ? »
« Gahahaha ! » Herman avait ri. « Tu voulais sûrement dire insolente et rusée ? » Il avait ri de bon cœur et posa une main sur la tête de Roroa. « Eh bien, si tu ne peux pas être un prince... au moins, j’espère que tu rencontreras un mari qui saura mettre à profit ton sens des finances. »
« Un mari ? » demanda Roroa. « Je n’ai encore que 15 ans, tu sais ? »
« Quinze ans, c’est assez vieux pour que tu commences à penser au mariage, » déclara Herman. « Je veux bientôt pouvoir voir le visage de mon arrière-petit-fils. »
« Tu prends de l’avance, grand-père ! » s’exclama Roroa.
Puis elle détourna le regard, le visage rouge. C’était un geste si typique d’une jeune fille à l’adolescence et les trois hommes avaient regardé ça avec le sourire.
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Illustrations
Cadeau additionnel
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