Comment NE pas invoquer un Seigneur-Démon – Tome 9

***

Prologue

Ses pieds avaient atterri sur le sol avec un tremblement. Alors que la lumière du sort de téléportation se dispersait, il avait l’impression qu’il était sur le point de s’effondrer, mais il avait appliqué toute sa force dans son abdomen et gardé ses pieds fermement sur le sol.

Diablo était un Seigneur-Démon… ou du moins, c’était le rôle qu’il jouait. Peu importe la situation, on ne pouvait pas le voir ramper pathétiquement sur le sol.

« Hmph… »

Se moquant avec une fausse confiance, Diablo regarda autour de lui. L’endroit était entouré de murs qui ressemblaient à des entrailles d’animaux étranges, avec un magnifique trône qui régnait sur la pièce.

« Argh ! » La pantarienne aux cheveux noirs qui s’accrochait à son bras droit, Rem Galleu, se couvrait la bouche de ses mains. « Je… Je déteste vraiment… la téléportation. »

Elle était mauvaise lorsqu’il s’agissait de voyager par des méthodes qui n’impliquaient pas de marcher sur ses propres jambes et elle était incroyablement susceptible au mal des transports. Cependant, elle avait l’air d’aller bien avec les grands navires qui tremblaient à peine ou avec les voitures qui bougeaient lentement.

« Whoa, cet endroit est un peu nostalgique, » déclara la jeune elfe, Shera L. Greenwood, en serrant le bras gauche de Diablo contre elle.

Le donjon du Seigneur-Démon… C’était un endroit que Diablo avait conçu dans le MMORPG, Le Croisement de la Rêverie, et où il avait affronté de nombreux challengers.

Tout cela était dans le jeu, mais, par quelques conséquences étranges, le donjon avait été envoyé dans cet autre monde tout comme Diablo l’avait fait. Saurait-il pourquoi il a été envoyé ici ?

La dernière fois que Shera et Rem avaient visité le donjon de Diablo, c’était il y a presque six mois, vers le milieu du septième mois. Bien sûr, il n’y avait aucune garantie que ce calendrier mondial fonctionnerait sur douze mois, mais chaque fois que quelqu’un discutait de la date, il était traduit en chiffres et en termes que Diablo pouvait comprendre. Il en était de même pour les unités de distance et de poids, les habitants de Lyferia utilisaient très probablement toutes les unités de mesure utilisées dans ce monde, mais dans l’esprit de Diablo, les nombres étaient convertis en mètres et grammes. La logique derrière tout cela n’était pas tout à fait claire pour lui.

Je peux comprendre ce qu’ils disent, mais je ne peux pas lire leur langue. Cette mécanique de traduction à la con ne fait que rendre les choses d’autant plus contre nature…

Quoi qu’il en soit, ce donjon fabriqué par Diablo semblait être chez lui. Il avait l’impression qu’il était enfin revenu à son humble demeure.

« Whoaaaaa… Cet endroit est très… unique…, » la troisième fille avec eux, la Maitre Épéiste Sasara Graham, regarda autour d’elle nerveusement. Elle avait une queue touffue et des oreilles de chien triangulaires. C’était une naine et, en tant que telle, elle avait une taille courte et une poitrine abondante. On pouvait voir une longue épée gainée à la taille, ainsi qu’une autre épée et une lance attachée à son dos.

« Incroyable, n’est-ce pas ? » Shera se vantait fièrement, gonflant sa poitrine. « Diablo a fait cet endroit ! »

« Heinnnn !? »

Tout en cachant l’embarras qu’il ressentait devant le regard choqué de Sasara, Diablo parlait avec confiance. « Quelque chose d’aussi simple est un jeu d’enfant pour un Seigneur-Démon tel que moi… »

En réalité, il s’était juste amusé avec l’éditeur de carte du jeu pour créer cet endroit. Mais c’était sans compter que, dans ce monde, il était à peine capable de creuser un trou dans le sol, et encore moins de faire un donjon massif.

« Hum, cet endroit semble plutôt dangereux… Pourquoi l’avez-vous fait ? » demanda Sasara.

« C’est ma base d’opérations, » déclara Diablo.

« Votre base de… Vous voulez dire que c’est votre maison, non ? » demanda Sasara.

« Aye. »

« Mais c’est tellement flippant… ? » s’exclama Sasara.

Agh !? Je trouve que ça a l’air cool…

Shera avait ri. « C’est flippant, hein. Mais je m’y suis habituée. »

« … C’est dégoûtant. » Rem, hochant la tête, tenait toujours sa bouche.

Argh !? Diablo avait flanché à l’intérieur.

Si c’était en temps normal, le choc de leurs paroles l’aurait sûrement poussé à s’isoler encore plus. Cela dit, ce donjon avait été fait en tenant compte de son jeu de rôle du Seigneur-Démon, donc il était censé avoir l’air effrayant et menaçant. C’était tout à fait acceptable.

Elles peuvent dire ce qu’elles veulent parce que ce n’est pas vraiment moi ! C’est très bien !

« Hehe…, » les lèvres de Diablo se plissèrent vers le haut. « Je suis un Seigneur-Démon, après tout ! Symbole de la mort, de la destruction incarnée, de l’anéantissement incarné… Il est tout naturel que tout ce qui vit soit émerveillé et terrorisé à ma vue ! »

« Aah !? » Sasara avait fait une expression terrifiée.

C’était une réaction mignonne. Rem et Shera, d’autre part, semblaient parfaitement habituées à lui maintenant, et marchaient de l’autre côté de la pièce toutes seules.

« Allons-y ! Tout le monde nous attend, » déclara Rem.

« … On devrait se dépêcher, Diablo, » déclara Shera.

« O-Oui, » répondit Diablo.

Il se sentait un peu confus à ce sujet, mais…

Je suppose que c’est mieux qu’elles continuent à avoir peur de moi après tout ce temps…

Et ils étaient vraiment pressés. Ils avaient été informés que le Seigneur-Démon Suprême Modinaram était en route pour Faltra. Chaque seconde comptait. Mais Modinaram n’était pas un adversaire auquel Diablo pouvait se précipiter sans une bonne préparation, et s’il perdait, tout aurait été fait pour rien.

Le donjon du Seigneur-Démon contenait les nombreux objets et pièces d’équipement que Diablo avait rassemblés dans le jeu. Mais il avait un autre objectif important en venant ici…

Shera ouvrit la porte intérieure menant à la salle au trésor, pour être rejointe par une lame à un pouce de son nez.

« Bah !? » Son sourire facile à vivre s’était figé sous le choc.

De l’autre côté de la porte, une jeune fille en uniforme de femme de chambre était apparue, une épée à double tranchant dans ses mains.

« Tous ceux qui osent voler la chambre forte du Maître seront confrontés à la mort la plus horrible qu’on puisse imaginer. »

*

Avec ses yeux d’émeraude brillants de mauvais augure, la jeune fille balança la lame vers Shera.

« Aaaaaaaah, attends, attends, Rose, c’est moi, c’est Shera ! » déclara Shera.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Rose.

« N’est-on pas amies ? » demanda Shera.

« Rose n’a pas d’amis, » affirma Rose.

Rem haussa les épaules. « Pas même Diablo ? »

« Une implication éhontée. Le maître est un sujet de culte pour Rose. Le maître est une présence précieuse à garder et à protéger, » déclara Rose.

« Voilà. Dis quelque chose pour calmer ta servante gênante, d’accord ? » demanda Rem.

La situation étant maintenant dans ses mains, Diablo acquiesça d’un signe de tête grave. « Je t’ai fait attendre, Rose. Maintenant, range ton épée, » déclara Diablo.

« Ah ! » L’intention meurtrière dirigée contre Shera s’était dissipée en un clin d’œil, tout comme l’épée à double tranchant de Rose.

« Bienvenue à la maison, Maître. » Rose avait fait une référence parfaite. « Il n’y avait aucun intrus jusqu’à aujourd’hui. Cependant, trois individus ont été détectés à l’instant. »

Rem et Shera grimacèrent aux paroles de Rose, et Sasara se montra interrogative, se demandant si elle était parmi eux.

« Mais je ne suis pas un intrus… ? » demanda Sasara.

« … Parfois… Non, le plus souvent, Rose peut être plutôt déraisonnable, » expliqua Rem. « Elle obéit aux ordres de Diablo sans poser de questions, donc elle est inoffensive tant que vous y faites attention, » expliqua Shera.

« Hein ? Elle ne sera peut-être pas inoffensive si je ne fais pas attention… ? Comme c’est effrayant…, » déclara Sasara.

Rose fixa Sasara d’un regard furieux alors que la naine se recroquevillait. Diablo s’était soudain rendu compte qu’il s’agissait de la première rencontre de ces deux personnes. Diablo avait donné à Rose une légère poussée sur le dos pour la faire avancer.

« C’est elle le maître de l’épée. Elle s’appelle Sasara, une guerrière de niveau 200, » déclara Diablo.

« Niveau 200 !? Est-ce que c’est vrai… ? » demanda Rose.

Peut-être en raison de sa nature magique, ou peut-être était-ce l’influence de son rôle de servante, les sentiments de Rose étaient rarement le reflet dans son expression. En ce moment, cependant, elle était visiblement déprimée par les paroles de Diablo.

« Qu’y a-t-il, Rose ? » demanda Diablo.

« Rose a… La dernière fois que Rose s’est battue, Rose a eu honte de ne pas avoir battu un Déchu, » déclara Rose.

« Oui, c’était difficile, c’est sûr, » déclara Diablo.

Au début, Diablo pensait que les Déchus étaient de petits avortons, mais ils avaient reçu une énergie magique de la part du Seigneur-Démon Suprême et avaient été étonnamment difficiles à battre. C’est à cause de cette bataille que Diablo avait décidé de devenir un guerrier. S’il ne pouvait même pas voir les attaques de son ennemi arriver, peu importait la magie puissante qu’il jetait — il perdrait quand même. Au cours de cette même bataille, Rose s’était vu endommager son bras droit et s’était rendue au Donjon pour des réparations.

« Ton bras va-t-il mieux maintenant ? » demanda Diablo.

« Grâce à l’énergie magique du Maître, il a été complètement restauré, » répondit Rose.

« Hm. »

« Cependant… Rose n’est plus nécessaire, non ? » demanda Rose.

« Quoi ? » demanda Diablo.

« S’il y a un guerrier de niveau 200 présent… alors Rose est du matériel obsolète. Je vais sortir et aller dehors avec les ordures surdimensionnées le troisième vendredi du mois, » déclara Rose.

« Non, non, non, non… hum ! Qu’est-ce que tu veux dire ? Je suis un Seigneur-Démon. Avoir un grand nombre de serviteurs est tout naturel pour moi ! » déclara Diablo.

« Dans ce cas… R-Rose a-t-elle toujours sa place aux côtés du Maître… ? » demanda Rose.

« Bien sûr que si ! Est-ce que j’aurais fait tout ce chemin pour t’appeler si tu ne l’avais pas fait ? » demanda Diablo.

« Rose pensait que le Maître était venu informer Rose de la disposition de Rose…, » déclara Rose.

Je ne ferais pas quelque chose d’aussi horrible !

Mais le dire gentiment n’était pas très « Seigneur-Démon ».

« Quoi qu’il arrive, tu m’appartiens pour toujours ! » déclara Diablo avec arrogance. « Je ne te permettrai plus de parler d’élimination ou d’inutilité ! »

Rose revint à son visage habituel, sans expression, caractéristique des servantes magiques.

« Les excuses de Rose, Maître. Rose gravera les paroles vénérées du Maître dans la mémoire non volatile de Rose et elle les rejouera chaque matin pour le reste de son existence, » déclara Rose.

C’est du lourd…

Mais, au moins, Rose semblait avoir surmonté sa mauvaise humeur.

 

 

« Rose, il est vrai que mon objectif en venant ici était de me regrouper avec toi. Mais j’avais aussi une autre idée en tête…, » déclara Diablo.

« Parlez et ce sera fait, Maître, » déclara Rose.

« J’ai l’intention d’affronter le Seigneur-Démon Suprême Modinaram au combat et d’utiliser mon équipement anti-Seigneur-Démon. »

« Qu’il en soit fait par la volonté du maître, » déclara Rose.

Guidés par la servante magique, ils étaient entrés dans la salle du trésor. Cet espace contenait tous les objets et équipements que Diablo avait rassemblés et améliorés dans le Croisement de la Rêverie. Bien que souterrain, le Donjon s’étendait comme un vide à perte de vue. D’innombrables piédestaux remplissaient l’endroit, contenaient chaque objet de Diablo qui y était entreposé, jusqu’aux plus banals et inutiles. S’il regardait tout cela par lui-même, il lui faudrait des jours pour trouver ce dont il avait besoin.

Heureusement, Rose était là pour s’en occuper à sa place et lui avait montré la voie à suivre pour répondre à ses besoins. C’était les pièces d’équipement et les objets que Diablo avait utilisés dans le Croisement de la Rêverie lorsqu’il faisait face à des boss de raid. Incidemment, les boss de raid, comme leur nom l’indique, étaient de puissants ennemis qui nécessitaient la coopération de groupes de joueurs pour une bataille. En d’autres termes, il s’agissait de monstres de type boss extra puissants, construits autour de la prémisse de combattre un groupe de joueurs plus nombreux que d’habitude.

Mais je les ai tous affrontés tout seul.

Se joindre à un groupe, c’était trop pour Diablo, donc se battre aux côtés de plusieurs autres joueurs était une impossibilité empilée sur un paradoxe…

« … Diablo, est-ce que c’est du matériel rare ? » demanda Rem curieuse.

« La moitié d’entre eux le sont. L’autre moitié est probablement le genre de choses que les gens de la ville ont, » répondit Diablo.

Il y avait aussi quelques objets peu rares que l’on pouvait trouver très facilement dans cet autre monde.

« Hein ? » Rem semblait surprise. « Mais… n’est-ce pas de l’équipement pour combattre les Seigneurs-Démons ? »

« Quand il s’agit de combattre les Seigneurs-Démons, la compatibilité est plus importante qu’une différence subtile dans les statistiques, » répondit Diablo.

« Compatibilité… Tu veux dire des éléments comme la terre, l’eau, le feu, le vent, la lumière et les ténèbres ? » demanda Rem.

« Pas seulement ceux-là, » répondit Diablo.

Expliquer une stratégie et une tactique comme celle-là, Diablo n’en avait jamais fait l’expérience, même dans le jeu, et il n’avait pas eu l’occasion de le faire depuis qu’il était venu dans ce monde. C’était la première fois qu’il devait changer son équipement pour faire face à un ennemi puissant.

Expliquer ses plans était plus angoissant que d’affronter le Seigneur-Démon. Il voulait trouver un bon moyen de couper court à la conversation avant d’ouvrir la bouche et de laisser échapper quelque chose d’idiot.

Bon, en y repensant, il y a encore un objet que je dois prendre…

Il s’était dit qu’il pourrait aussi bien le prendre et savoir exactement où il était sans avoir besoin de Rose pour l’y conduire…

*

Après avoir changé son équipement, Diablo avait de nouveau utilisé la téléportation et s’était précipité à Faltra avec en remorque un combattant de plus.

***

Chapitre 1 : Invasion de l’armée du Seigneur-Démon Suprême

Partie 1

« Je m’appelle Émile Bichelberger ! Le plus grand guerrier surhumain de Faltra, avec un niveau de 99 ! » un homme s’était présenté d’une manière imposante.

Cet homme était un guerrier vêtu d’une armure dorée. Bien qu’il soit humain, sa carrure était aussi massive que celle d’un pantarien masculin, et il portait une épée cramoisie sur son dos. Il se rendait à Faltra en provenance d’une autre ville lointaine lorsqu’il était tombé sur une voiture renversée et un nain qui semblait être dans la fleur de l’âge.

« Un aventurier… ? Aidez-nous, s’il vous plaît ! »

« Si c’est de l’aide que vous cherchez…, » Émile tourna son regard vers l’ennemi devant lui.

Ce qui avait renversé la calèche et ce qui était en train de la piétiner, c’était un monstre, un oiseau massif et noir comme un corbeau géant. Il avait l’apparence d’un corbeau, sauf qu’il était assez massif pour avaler en entier un membre adulte des Races, et avait un bec pointu d’une longueur qui éclipsait même une épée longue. C’était une bête qui était issue des Déchus — une bête magique.

Les rumeurs annonçaient que le Seigneur-Démon se trouvant à l’ouest avait ressuscité, et il était de notoriété publique que le réveil d’un Seigneur-Démon signifiait que les bêtes magiques allaient augmenter en nombre. Ils étaient plus forts, plus agressifs et plus dangereux que les bêtes et les monstres normaux que l’on trouvait dans les champs ou les montagnes.

« Faites quelque chose, maître guerrier ! » s’écria le nain. « Ma fille est toujours dans la voiture ! »

« Votre fille, vous dites !? »

Les yeux d’Émile s’étaient élargis. Il dégaina l’épée de son dos, et l’énergie magique contenue dans la lame se transforma en flammes, brûlant son environnement. Il avait tenu l’épée dans une position élevée alors qu’il déclarait. « Je mets les femmes avant tout ! »

« Quoi… !? »

La réalisation soudaine de « Je viens de demander de l’aide à un idiot » avait flotté quelque part dans l’esprit du nain. Émile n’avait pas eu l’air de le remarquer.

« Je vais le dire encore une fois ! J’aime les femmes par-dessus tout ! Émile Bichelberger est le protecteur de toutes les femmes ! » déclara Émile.

Peu importait le nombre de regards exaspérés et perplexes qu’on lui adressait, c’était insignifiant face au noble objectif de cet homme de protéger les femmes.

« Aie pitié de toi, maudit oiseau ! » cria Émile en chargeant sur le corbeau géant.

… Mais le corbeau géant avait simplement déployé ses ailes et s’était hissé vers le haut, décollant de la voiture.

Il s’enfuit !?

Apparemment non, car après avoir volé vers le haut, il était redescendu vers Émile. Les Races avaient de nombreux moyens de combat, mais elles étaient basées sur la prémisse que l’adversaire était au sol. Un adversaire aéroporté était difficile à atteindre, et le corbeau géant prenait de l’élan en plongeant. Cela rendait son attaque égale en force au coup d’un marteau géant descendant d’en haut.

« Craaaaaaaaaaaaaaaaaaaw ! » Le monstre ouvrit la bouche et hurla.

« Trop lent ! » déclara Émile.

Émile avait sauté. Il était vêtu d’une armure qui pesait au moins autant que lui. Une personne normale aurait du mal à se tenir droite sous un tel poids, et un guerrier bien entraîné serait tout au plus capable de faire un bon jogging. Mais Émile avait sauté, atteignant au-dessus de la tête du corbeau géant qui s’abattait sur lui avec une agilité qui faisait honte même aux marcheurs des herbes agiles.

« Prends ça !! » Il avait abaissé son épée de flammes sur la bête magique.

Ne s’attendant apparemment jamais à être attaqué d’en haut, le corbeau géant s’était figé de surprise. Le bruit des os qui se brisaient retentit, et la tête de la bête magique fut rapidement fendue en deux. Une bête vivante versait habituellement du sang, mais les bêtes magiques se dispersaient plutôt en particules de lumière à leur mort.

Une seule frappe d’Émile avait détruit la créature. Il avait atterri sur le sol avec un bruit sourd, ses lèvres se recourbant en un sourire.

« Hehe... Est-ce qu’une autre femme est tombée amoureuse de moi en raison de ma force écrasante ? » demanda Émile.

Émile se retourna vers la calèche, où le nain et sa fille n’avaient qu’un regard de gratitude envers lui…

Mais ils étaient partis. Il n’y avait personne. Émile avait vérifié à l’intérieur de la voiture pour être sûr, mais n’avait pas pu trouver un chaton errant à l’intérieur. Les deux individus s’étaient enfuis pendant qu’il se battait.

En soupirant, Émile sentit ses lèvres se relâcher.

« Oh, mon Dieu, toi, petite fille timide. » Il avait passé ses doigts dans ses cheveux à l’avant. « Dire que tu serais trop timide pour montrer ton visage à l’homme qui t’a plu. »

Émile était extrêmement positif, comme d’habitude…

*

Quand la cloche de midi avait sonné, Émile avait franchi les portes de Faltra. L’atmosphère dans la ville était trop lourde. Il y avait habituellement des échoppes pleines de clients le long de la rue principale, mais à l’heure actuelle, il n’y avait pas un seul résident en vue. La majorité des entreprises avaient été fermées, seuls les auberges et les magasins d’armes étant toujours en activité. Au lieu de civils, il y avait beaucoup de soldats qui se déplaçaient. Beaucoup d’entre eux étaient revêtus d’armures, et lourdement équipés. Certains d’entre eux regardèrent Émile d’un air méfiant, mais il leva simplement la main vers eux d’une manière aussi facile.

« Salut, il y a des festivités aujourd’hui ? » demanda Émile.

« Émile !? Tu es vivant, espèce de chien fou ! Je ne t’ai pas vu depuis des lustres ! » Un petit groupe de soldats s’était rassemblé autour de lui.

Émile était une sorte de célébrité locale à Faltra. C’était peut-être un aventurier, mais il était bien connu des soldats comme un guerrier fiable. Il avait également beaucoup d’amis à cet égard.

« “Vivant”, dites-vous ? Bien sûr que je le suis ! C’est de l’Émile Bichelberger dont vous parlez ici ! Tant qu’il y aura des femmes à défendre dans ce monde, je ne tomberai jamais ! » déclara Émile.

« Tu ne changeras jamais… Mais je suppose que c’est à cause de cette personnalité que tu es revenu dans un moment pareil, hein ? » déclara un autre soldat.

Alors que les soldats semblaient heureux d’être réunis avec un vieil ami, leurs expressions étaient empreintes d’une tristesse tragique. Les choses étaient-elles vraiment si mauvaises ?

« Comment ça se passe à l’Ouest ? » demanda Émile.

« Nous avons décidé d’abandonner le pont Ulug. L’armée du Seigneur-Démon aurait atteint la forêt Mangeuse d’Hommes. D’après les rapports, ils sont nombreux, et il y a aussi beaucoup de bêtes magiques de grande classe. »

« Ohh… Mon bras armé palpite d’excitation, » déclara Émile.

Les paroles d’Émile incitèrent les soldats à échanger des regards.

« J’aimerais avoir un peu de ton optimisme sans fond. Faltra pourrait être détruite cette fois… »

Un autre soldat acquiesça d’un signe de tête grave. « Même avec une barrière qui repousse les Déchus… Il n’y a aucune chance qu’on puisse tenir plus de quelques mois, enfermés en ville. »

« Tout va bien se passer ! » Émile posa des mains encourageantes sur leurs épaules.

« Hein ? Quoi !? As-tu une sorte de plan secret ? Ou est-ce que des renforts de la capitale arrivent !? »

« Je n’ai pas de plan et je doute que des renforts arrivent. C’est le roi de Lyferia, il n’affaiblirait pas ses propres défenses maintenant que le Seigneur-Démon s’est réveillé, » déclara Émile.

« Alors il n’y a rien de bien là-dedans… »

« Mais tout ira bien ! Ayez foi, si ce n’est en rien d’autre que moi ! » déclara Émile.

« Hein ? »

« Je défends avant tout les femmes, mais je vous protégerai tant que j’y suis ! Alors, aussi loin que vos épées vous atteignent, assurez-vous de garder les femmes en sécurité ! » déclara Émile.

« Ahahaha, pendant que tu y es, hein…, » les soldats avaient échangé des sourires exaspérés. « Je me sens bête d’être déprimée à cause de ça quand je te regarde. »

« Être déprimé, c’est de la folie. Mais s’il y a un fait qui ne changera jamais… c’est que nous, mes amis, sommes les protecteurs de toutes les femmes ! » déclara Émile.

« Tu as raison sur ce point ! » Le soldat acquiesça de la tête.

« Bordel de merde ! » Un autre soldat semblait excité. « Faisons-le ! »

Ce zèle s’étendait apparemment à tout le monde autour d’eux.

***

Partie 2

Le même jour, à 11 heures du matin.

« … Allez, Boris, » chuchota Massa, l’ami de l’homme, d’une voix fine. « Tout ira-t-il vraiment bien ici ? »

« Ça devrait l’être. Garde la tête baissée, et cela, quoiqu’il arrive. Et je t’en supplie, ne fais pas de bruit si quelque chose se produit, » déclara Boris.

« Je sais, je sais… C’est pourquoi nous avons choisi les deux chevaux les plus silencieux que nous avons pu trouver. »

Les chevaux des hommes étaient plaqués à l’ombre d’une grange à une courte distance de là. C’était une position qu’on ne pouvait pas voir de l’autre côté de la rivière. Boris et Massa eux-mêmes rampaient contre le sol, se cachant à la vue de tous.

Le pont Ulug… Boris s’était porté volontaire pour partir en éclaireur dans son ancienne zone, ce qui signifiait que lui et son ami d’enfance Massa restaient seuls pendant que les autres battaient en retraite. Leur travail consistait à surveiller les mouvements de l’armée du Seigneur-Démon. Ils seraient forcés de se battre une fois que les Déchus auraient marché sur la ville, mais connaître les effectifs et le potentiel de guerre de l’ennemi pourrait leur donner un certain avantage… ou, au moins, les aider à se préparer mentalement pour ce qui allait venir. Cela soulagerait les soldats de la peur et du stress de ne pas savoir ce qui s’en vient et quand cela pourrait se produire. L’information était cruciale à cette époque.

Cependant, la collecte de ces informations signifiait aussi que l’armée du Seigneur-Démon se trouvait à portée de vue. C’était une perspective exceptionnellement dangereuse.

« Ils arrivent ! » Boris serra la main sur la bouche de Massa, qui allait crier. Les doigts de Boris atteignirent le nez de Massa, et il avait l’air de pleurer. Mais ce n’était pas le moment d’y faire attention.

Les yeux de Boris s’étaient élargis.

L’armée du Seigneur-Démon !

Les silhouettes qui apparaissent de l’autre côté de la rivière étaient sans aucun doute les forces du Seigneur-Démon. La première chose qui était entrée dans leur champ de vision avait été des bêtes magiques géantes en forme de tortues, connues sous le nom de grandes tortues. Il s’agissait essentiellement de forteresses mobiles. Sur leur dos se trouvaient les formes déformées des Déchus.

D’autres Déchus marchaient autour d’eux, semblant exceptionnellement petits par rapport aux grandes tortues, malgré le fait que les Déchus étaient plusieurs fois plus grands qu’un membre des Races. Il y avait aussi d’autres bêtes magiques de taille moyenne qui rôdaient, allant au rythme qu’elles voulaient, sans aucun semblant d’ordre ou de discipline.

Qu’est-ce que c’est ? se demanda Boris. Une boîte ?

Enchaînée au sommet de la carapace de la grande tortue en tête se trouvait ce qui ressemblait à un dé carré à quatre faces. Il était fixé avec quelque chose qui ressemblait aux chaînes utilisées pour ancrer les navires. La boîte était noire, et il y avait des lettres gravées sur sa surface qui faisaient se tortiller l’estomac de Boris juste en les regardant. Les races nourrissaient un certain dégoût instinctif à la vue même du grotesque Déchu, mais c’était encore plus fort que cela…

« Argh…, » Massa frissonna à côté de Boris. « Je me sens mal… »

« Tu ne devrais pas regarder, » déclara Boris.

« … Ça devrait suffire… Retournons en arrière, Boris, » déclara Massa.

« Pas encore. Regarde ailleurs et pense à ta copine en ville, » déclara Boris.

« … Mais je n’en ai pas, » déclara Massa.

« Alors, pense à ta mère, » déclara Boris.

À l’aide du précieux télescope qu’il avait emprunté à son capitaine, Boris regarda au loin. Quelqu’un se tenait devant la boîte. Leur commandant, peut-être ? Est-ce que c’était le Seigneur-Démon Suprême Modinaram… ?

Il ressemble… à un hibou ?

La boîte était fixée sur le dos de la grande tortue. La carapace épaisse était traitée comme le pont d’un navire, avec d’épais pieux enfoncés dedans. Des chaînes étaient reliées à ces piquets et tendues vers la boîte, la liant en place. À chaque pas lent de la grande tortue, les chaînes grinçaient.

La boîte était assez grande pour contenir la maison d’un noble. Si la grande tortue devait être comparée à un château en mouvement, la boîte était comme sa citadelle intérieure.

Devant la boîte se tenait un Déchu avec la tête d’un hibou. Son corps avait des membres, comme les Races, et avait des muscles épais et développés.

« C’est en vue ! Le territoire des Races ! »

Il y avait quelques autres Déchus à genoux près de lui. L’un d’eux était revêtu d’un tissu lâche et d’un chapeau ovale entouré d’une broderie dorée. Ils avaient la tête de grenouille, et même si son corps robuste n’était pas inhabituel chez les Déchus, le fait que son intestin était en saillie l’était certainement.

« Commandant Eulerex, le pont Ulug est en vue. Les armées des Races pourraient très bien être là. »

« Nous allons de l’avant ! » Le hibou déchu répondit en tendant la main. « Et on les écrase ! L’extermination complète des races est la volonté du Seigneur-Démon Suprême Modinaram ! »

« Il sera fait selon votre volonté…, » la tête de grenouille s’était baissée, avait frappé son ventre rond et s’était inclinée.

Le prêtre déchu, Lazpuras. Dans le passé, il avait été un conseiller auprès d’Edelgard, Edelgard, qui avait des liens avec les dragons, mais elle avait depuis perdu sa réputation à cause de ses échecs. Il était maintenant officier d’état-major d’Eulerex.

Lazpuras tourna son regard vers la fille qui se tenait à côté de lui, Manuela. Elle était la moitié de la taille de l’autre Déchu qui avait le physique d’Eulerex, la mettant à peu près à la taille des Races. Ses membres et son torse étaient minces comme des brindilles, et étaient si délicats qu’il semblait que, si on leur appliquait une pression, ils se briseraient… comme un squelette.

Alors que Manuela manquait de prouesses physiques, elle était une habile utilisatrice de bêtes magiques. Elle aussi, une fois, avait servi un autre maître. Elle était autrefois officière et épouse de Varakness, un Déchu de type vampire. Varakness avait déjà occupé le poste de commandant en chef de l’armée, mais… dans ce que les Déchus pourraient appeler « regrettable », il avait été battu par un sorcier-démon.

Manuela était actuellement sous le commandement d’Eulerex et avait aidé à diriger l’armée aux côtés de Lazpuras. C’était, en fait, sa magie qui avait subjugué les bêtes magiques, qui normalement n’obéiraient même pas à un Seigneur-Démon, et leur avait fait renforcer les forces de l’armée.

« Comme c’est méprisable…, » murmura Eulerex comme s’il disait une malédiction. « Depuis combien d’années avons-nous désiré traverser ce pont minable et maudit… ? »

« Ce pont a déjà été à moitié détruit, n’est-ce pas ? » Lazpuras jeta un regard vers le pont de pierre.

« Hmm… Edelgard a affronté un sorcier des Races ici, et il a jeté un sort de Nova blanche, » répondit Eulerex.

« C’est ce que j’ai entendu dire… Mais j’ai du mal à le croire. L’une des Races les plus minables étant capables de jeter un sort aussi avancé… »

« C’est d’autant plus méprisable. Il se fait appeler Diablo… et avec ses prouesses magiques, cela va de soi. »

« Diablo !? » Manuela, qui manipulait silencieusement les bêtes magiques à leurs côtés jusqu’à présent, hurla soudain. « Aaaaaaaah ! Diaaaaaaaaabloooooooo ! »

Maintenant que j’y pense, c’est l’homme qui a tué son ancien maître.

« Calme-toi, » lui dit Lazpuras. « Concentre-toi sur ta magie… Tout se passera bien. Maître Modinaram détruira tout. »

« Aaah... Aaah… Aaah..., » Manuela fit un signe de tête tremblant, ses dents cliquaient et grinçaient nerveusement.

Ce serait différent cette fois-ci. Ils ne peuvent pas perdre. Ils avaient huit grandes tortues et une armée de 1000 bêtes magiques et des Déchus, le pouvoir leur ayant été donné par le Seigneur-Démon Suprême.

Ils traversèrent la rivière, alors qu’un plan d’eau de cette profondeur ne pouvait pas se mettre en travers du chemin des grandes tortues. Ils avaient franchi le pont de pierre comme si la structure n’était même pas là alors qu’ils marchaient dans les plaines, écrasant le pont dans leur sillage.

*

Eulerex sourit. « Heheheheheheh... Voyez la puissance écrasante de notre armée ! »

*

Le bruit du vent qui se coupait avait retenti soudainement autour d’eux. Un autre Déchu descendit sur le dos de la grande tortue, battant des ailes de dragon. C’était une fille mince et bien proportionnée qui portait une robe chinoise, ouverte du bas de sa poitrine jusqu’à son nombril. Ses longs cheveux étaient attachés à l’arrière. Elle avait une longue épée chinoise accrochée à sa taille.

« N’était-ce pas juste une des forteresses des Races qu’on a écrasées ? Où sont-ils !? » La queue écailleuse qui poussait sur les fesses de cette belle fille se balançait de haut en bas avec excitation.

« Il n’y avait aucune présence des Races. » Le cou d’Eulerex tournait horizontalement. « Je pense que c’est une forteresse vide. »

« Huuuh ? Qu’est-ce que ça veut dire !? »

« Je parie que les Races ont eu vent de notre avance et l’ont abandonnée. »

« Donc c’était juste un tas de cailloux ? Ag-aç-ant ! » déclara Ryoka.

« Lady Ryoka, calmez-vous…, » Lazpuras avait fait ce reproche à la fille. « Nous sommes en présence du Seigneur-Démon Suprême. »

« Hmm… B-Bien, j’ai compris. Mais quand est-ce qu’on va se battre ? Cette stupide tortue ne peut-elle pas aller plus vite ? Si ça va plus lentement, je me dessécherais et je me transformerais en fossile de dragon avant qu’on y arrive, » déclara Ryoka.

« … Stupide… tortue ? » La colère commença à remplir l’expression de Manuela.

Les utilisateurs de bêtes magiques avaient tendance à s’attacher à leurs bêtes magiques. Ryoka, d’autre part, était une Déchue qui utilisait des armes, et montrait seulement de l’affection pour son épée.

Les Déchus étaient intrinsèquement agressifs. Alors que Lazpuras se creusait les méninges sur la façon d’arbitrer les deux femmes, Ryoka avait soudainement déplacé son regard vers la route à suivre. Un seul cheval galopait sur la route, avec un soldat seul sur le dos.

« Les Races !? » s’écria Ryoka.

Aussitôt après, et avant que l’officier Lazpuras ou même le commandant en chef Eulerex n’ait dit un mot, Ryoka avait décollé comme une flèche après lui.

« … C’est un leurre, » dit Lazpuras en regardant devant lui.

Ryoka avait rattrapé le cheval qui courait le long de la route et avait balancé sa longue épée chinoise. Sa frappe avait touché à la fois le soldat et le cheval, les coupant en deux et creusant dans le sol en dessous d’eux. Le sang et les viscères avaient coulé sur la route.

***

Partie 3

L’Auberge de la Tranquilité de l’Esprit — Crépuscule.

La fille de l’affiche de l’auberge, Mei, était en train de nettoyer la salle à manger qui était complètement vidée de ses clients. Il était deux heures, à peu près à l’heure où l’endroit serait plein de monde.

« Haha… » La Panthérienne aux cheveux bruns et longs jusqu’à ses épaules, soupira avec une expression lunatique sur son visage.

La porte d’entrée s’ouvrit et la cloche installée à côté se mit à sonner, incitant Mei à sourire largement dans un geste amical.

« Bienvenue à l’Auberge de la Tranquilité de l’Esprit ! Je suis l’idole de l’auberge, la petite Mei ! » déclara Mei. 

« Hahahaha... Désolée. » C’était Sylvie, la chef de la Guilde des aventuriers, qui était entrée dans l’endroit avec un sourire amer sur les lèvres. Elle était vêtue d’une tenue révélatrice qui ne comptait pas vraiment comme des vêtements, mais seulement quelques morceaux de tissu. Elle avait l’apparence d’une jeune fille, mais cela avait été attribué au fait qu’elle était une Marcheuse des Herbes, une race qui n’allait pas changer d’apparence avec l’âge. Elle était en fait une vétérante chevronnée.

« Oh, vous n’êtes pas une cliente, » dit Mei, ses yeux se rétrécissant. 

« Je suis la chef de guilde, tout bien considéré. J’ai fait le tour de la ville pour m’assurer que tout est en ordre, » déclara Sylvie.

« Si vous cherchez Diablo, il n’est pas encore rentré. » Mei haussa les épaules devant les paroles d’excuse de Sylvie.

« Je vois…, » parfois, Sylvie faisait semblant d’être en patrouille pour pouvoir venir voir l’Auberge de la Tranquilité de l’Esprit. Un certain sorcier qui était l’un des clients habituels de l’auberge était apparemment extrêmement puissant. Mei ne l’avait jamais vu se battre, mais la rumeur avait circulé.

« Les choses vont-elles si mal en ville ? » demanda Mei.

« Eh bien, pas vraiment, mais…, » Sylvie répondit joyeusement, mais cela rendait Mei encore plus anxieuse.

« Vous ne viendriez pas vérifier s’il était là si vous n’aviez pas besoin de son aide…, » déclara Mei.

« Hahahaha... C’est bon, vraiment. Faltra a la barrière anti-déchue, après tout. Oubliez les bêtes magiques et les déchus. Même le Seigneur-Démon ne peut pas passer outre, » déclara Sylvie.

La citadelle de Faltra était entourée d’impressionnants murs de pierre, avec des tours en pierre érigées parmi eux. Ces tours servaient d’amplificateurs pour la barrière, qui était maintenue par l’énergie magique du chef de guilde de la guilde des Mages, Célestine Baudelaire. Tant que Céles restait dans la ville, la tour de la Guilde des Mages continuerait à créer la barrière, et les murs l’amplifieraient, gardant les Déchus et tous ceux qui étaient alignés avec eux hors de Faltra.

« Les soldats vont-ils se battre ? » Mei était inquiète malgré tout ça.

« Je ne sais pas grand-chose sur ce que l’armée va faire, vous voyez ? Les troupes stationnées à Faltra agissent comme la garde personnelle du gouverneur. C’est Galford qui en décidera, » déclara Sylvie.

« Et les aventuriers, alors ? » demanda Mei.

« Tout le monde est agité. Nous protégerons tous cette ville pour que vous puissiez dormir tranquille ! » déclara Sylvie.

Mei pinça ses lèvres avec inquiétude. « Mrow… Je connais une tonne d’aventuriers. Je suis inquiète. »

« J’apprécie votre sollicitude. Mais c’est notre travail de protéger les Races face au Seigneur-Démon, » déclara Sylvie.

Sylvie s’était retournée en disant qu’elle devrait aller à l’endroit suivant pendant sa patrouille. Ouvrant la porte, elle avait dit une dernière fois avant de partir :

« Si Diablo se pointe, dites-lui qu’on le cherche à la Guilde des Aventuriers. »

« Mew a compris. Mais je ne le dirai pas gratuitement, » déclara Mei.

« Hein ? »

« Quand vous chasserez le Seigneur-Démon, vous devez tous venir ici et manger nos délicieuses saucisses ! » Mei avait fait un signe du pouce à Sylvie.

« Heheh... C’est une promesse. Alors, au revoir, » déclara Sylvie.

Sylvie quitta l’auberge, fermant la porte derrière elle, et le silence remplit à nouveau l’endroit.

À la porte ouest de la Citadelle de Faltra.

« La porte ! Ouvrez la porte ! » un homme à cheval cria jusqu’en haut des murs. C’était un humain. Il n’avait pas l’air d’être un soldat, car il n’était pas en armure et il n’était pas armé, mais les gardes de la porte l’avaient reconnu.

« C’est Boris ! Ouvrez ! Ouvrez la porte ! » Ils avaient donné l’ordre d’ouvrir la porte rapidement.

Les portes à l’extrémité du pont avaient une porte en acier qui s’ouvrait en tirant une chaîne vers l’arrière. Boris était apparu sur un seul cheval, avec quelqu’un d’autre sur le dos — Massa, qui avait l’air complètement épuisé.

« C’est bon de vous revoir ! » Les soldats les avaient encerclés dès qu’ils étaient entrés dans les murs. « Comment ça s’est passé ? »

« Nous avons vu l’armée du Seigneur-Démon ! » déclara Boris.

Tout le monde autour d’eux avait donné un « Oooh ! »

« C’est super que vous soyez revenu de là. »

« Non… Nous avons dû sacrifier l’un de nos chevaux et mon équipement pour faire un leurre, » déclara Boris.

Ils avaient pris une poupée de paille et mis l’armure de Boris dessus, puis ils avaient précipité le cheval sur la route. S’il s’était enfui, ils auraient tout simplement galopé sur la route, eux aussi… mais une Déchue ailée avait coupé le leurre peu après. Si elle les avait trouvés, ils auraient sûrement été tués. Pendant que la Déchue était distraite par le cheval sur la route, Boris et Massa chevauchaient l’autre cheval à travers une forêt près de la route pour revenir à Faltra.

« Argh… » Massa se couvrit la bouche avec ses mains, son visage pâle. « Je me sens mal, Boris… »

« E-Est-ce que ça va ? Tu peux descendre maintenant. Je m’occupe du rapport, » déclara Boris.

« Oui, merci… Le lieutenant-général est effrayant… Uuuugh…, » déclara Massa.

Massa était assez vulnérable quant au mal des transports. Les autres soldats l’avaient remercié pour son service.

« Ne t’inquiète pas pour le cheval et l’armure. » Un officier avait pris les rênes du cheval de Boris. « Plus important encore, le lieutenant-général attend votre rapport. »

« Oui, monsieur ! » déclara Boris.

En allant vers le nord le long des murs de la porte ouest, Boris s’avança dans la garnison de l’armée. Elle possédait ses propres écuries, une caserne, un terrain d’entraînement, une armurerie, un grenier et, bien sûr, un quartier général. Il s’agissait d’un bâtiment en briques où seuls les officiers étaient habituellement autorisés à entrer.

« Je reviens du pont d’Ulug ! » Boris avait salué les sentinelles. « J’ai un rapport pour le lieutenant général ! »

« Entrez ! » Les sentinelles avaient salué en réponse, invitant Boris à l’intérieur.

Il marcha dans le couloir jusqu’à la porte la plus éloignée. Après avoir répété les mêmes mots à plusieurs reprises, il s’était finalement présenté devant le gouverneur de Faltra, le lieutenant général Chester Ray Galford.

*

À l’intérieur du quartier général — .

Un grand bureau, appartenant au lieutenant-général, se dressait à l’avant, entouré des deux côtés par d’autres bureaux occupés par des officiers d’état-major et remplis à ras bord de paperasse. L’odeur de la sueur, de l’encre et de l’acier remplissait la pièce.

Boris n’avait pas vu Galford depuis la première directive de l’année, il y avait presque un an. Au cours de cette seule année, Boris se souvint que le lieutenant-général lui avait semblé complètement différent de l’homme maussade qui se tenait ici aujourd’hui. Sa peau s’était creusée, sa peau avait pris une couleur plus terreuse, et des mèches de blanc avaient commencé à couler dans ses cheveux. Mais l’éclat de ses yeux restait vif, tandis qu’il fixait Boris du regard.

« Vous dites avoir vu l’armée du Seigneur-Démon… ? » demanda Galford.

« Oui ! Ils avaient huit grandes tortues, tout portant d’innombrables Déchus sur leur dos ! Ils avaient aussi des bêtes magiques de classe moyenne, et ils comptaient au total environ un millier de soldats. Ils avancent à la vitesse du sprint et ont traversé le pont d’Ulug vers onze heures aujourd’hui ! » répondit Boris.

« Mille bêtes magiques et déchus !? » murmurèrent les officiers d’état-major dans la panique. Une centaine, c’était déjà un chiffre désespérant. Dans toute l’histoire enregistrée, il n’y avait pas eu d’escarmouche entre l’Armée du Seigneur-Démon, qui comptait 1 000 hommes, et les Races.

« Avez-vous la preuve que vous avez vraiment vu ça !? » Un officier d’état-major âgé, aux cheveux fins, se leva.

« … À cette vitesse, ils devraient atteindre Faltra à la tombée de la nuit, » annonça Boris.

« Nng. »

« Vitesse de sprint, vous dites ? » demanda un autre officier d’état-major. « Dans ce cas, on devrait pouvoir les distancer à cheval. »

« Peut-être les grandes tortues. Mais je… Non, nous avons failli être attaqués par une Déchue ailée. Elle a volé plus vite qu’un cheval et a tranché à travers une armure et un cheval avec une seule attaque, » déclara Boris.

« Incroyable… »

L’objectif de l’armée du Seigneur-Démon était l’extermination des Races, il n’y avait pas de négociation de paix ni de capitulation devant elle. Que devaient-ils faire ? Le bureau du personnel avait poursuivi la discussion.

« Et le Seigneur-Démon ? » demanda Galford. « Avez-vous vu le Seigneur-Démon Suprême Modinaram ? »

« Je ne peux pas en être sûr. » Boris secoua la tête. « En plus de la bête magique de grande classe à la tête de la force, il y avait un Déchu qui ressemblait à un hibou. Il avait l’air important… »

« Donc vous avez vu Eulerex. Un déchu très ancien, » déclara Galford.

« C’est… »

« Avez-vous vu autre chose ? » demanda Galford.

Boris avait parlé à Galford de la femelle déchue avec les ailes et la queue d’un dragon, ainsi que de la grenouille déchue.

« Ah, et il y avait aussi une boîte, » déclara Boris.

« Une boîte ? » demanda Galford.

« Elle était enchaînée au dos de la grande tortue, et elle avait un motif… flippant à sa surface, » expliqua Boris.

Le fait de s’en souvenir lui avait empli la bouche avec une nausée.

« Hmm. » Galford croisa les bras de manière pensive.

La porte derrière Boris s’ouvrit alors bruyamment, et une voix de femme remplit la pièce.

*

« Êtes-vous toujours en train de paniquer ? Vous avez une mèche bien plus longue que ce que nous vous avions dit. »

*

« Lady Laminitus !? » appela un officier d’état-major.

L’ancien gouverneur de la Tour de Zircon : Fanis Laminitus.

C’était la première fois que Boris la voyait. Elle était vêtue d’un uniforme rouge et avait une poitrine si grande qu’il était difficile de croire qu’elle était humaine. Ses cheveux étaient d’une brillante teinte cramoisie. Ses cils étaient longs, ses lèvres brillantes, et elle se comportait avec un air séduisant qui ne semblait pas convenir à cette occasion. Boris fut stupéfait de la voir.

 

 

Laminitus était une commandante accomplie qui avait une fois repoussé l’armée du Seigneur-Démon. Mais, après avoir appris que le Seigneur-Démon avait été ressuscité, elle avait jugé qu’elle ne serait pas en mesure de défendre la Tour de Zircon et avait abandonné la position, se réfugiant maintenant à Faltra.

« Qu’importe qu’il y ait mille ou deux mille déchus ? » demanda-t-elle à l’officier d’état-major, comme si elle était elle-même la commandante. « Ils peuvent ramasser autant de petits morveux qu’ils le souhaitent et cela ne changera pas grand-chose à long terme. »

« Ce ne sont pas des morveux, Lady Laminitus… Ils sont des Déchus ! Des Déchus puissants, je vous dis ! »

« Haha ! Vous êtes aussi terrifié qu’une jeune fille pour sa première nuit ! » déclara Laminitus.

« Quoi !? »

« Ne vous inquiétez pas. Si nous vainquons leur commandant, l’armée du Seigneur-Démon s’effondrera. Leur pouvoir individuel est peut-être élevé, mais ils ne sont rien de plus qu’une foule désordonnée. Il n’y a rien à craindre, » déclara Laminitus.

« Celui qui dirige cette armée “désordonnée” de Déchus est le Seigneur-Démon Suprême Modinaram, » dit Galford. « Si nous le battons, ce combat se terminera par une victoire pour les Races… C’est clair comme de l’eau de roche. »

« Alors c’est une histoire simple. Nous devons rassembler nos forces les plus puissantes et affronter le Seigneur-Démon Suprême. Il n’y a pas d’autres options, n’est-ce pas ? » déclara Laminitus.

« Nous avons déjà envoyé une demande d’aide à la capitale royale, » déclara Galford.

« Hmph ! » Laminitus se moqua hautainement. « Comme si ce lâche allait affaiblir les défenses de la capitale ! »

« Sa Majesté est un sage gentleman, » déclara Galford.

« Si le roi était vraiment le chef sage et courageux que vous lui faites passer pour être, il aurait envoyé ses héros pour détruire le Seigneur-Démon Suprême, comme vous l’avez fait autrefois. Combien de jours se sont écoulés depuis l’attaque de la Tour de Zircon ? » demanda Laminitus.

« Je suis sûr qu’il a ses plans, » déclara Galford.

« Vous vous êtes ramolli, Galford ! » déclara Laminitus.

« Alors, laissez-moi vous dire : si les Races doivent combattre le Seigneur-Démon, nous devons être unis. Peu importe ce qu’ils pensent, les soldats ne doivent jamais soupçonner le roi, » déclara Galford.

« Si nous obéissons trop aveuglément, les Races seront sûrement décimées ! » déclara Laminitus.

« C’est absurde. La discorde et les luttes intestines sont ce qui conduira les races à la destruction, » déclara Galford.

« Tch… » Laminitus fit claquer sa langue. « Il n’y a nulle part où se réfugier, donc il n’y a pas d’autre choix que de se battre. Nous partageons votre opinion qu’il vaut mieux ne pas attendre de renforts de la capitale royale. Se disputer sur la stupidité du roi ne nous servirait à rien, de toute façon. »

« Ne voyez-vous pas combien il est blasphématoire de dire de telles choses devant les officiers d’état-major ? » demanda Galford.

« L’armée du Seigneur-Démon arriverait ce soir, n’est-ce pas ? Préparons-nous donc à la bataille. Il y a vous et nous… Y a-t-il quelqu’un d’autre qui pourrait être utile ? » demanda Laminitus.

Galford se tut. Faltra était un point stratégique important entre les territoires des Races et le domaine du Seigneur-Démon. Les forces stationnées là étaient toutes des élites, mais aucune d’entre elles n’avait dépassé la limite des Races. Ceux qui fourmillaient d’une telle vivacité d’esprit avaient tous été convoqués dans la capitale. Et si Galford était heureux de voir ses subordonnés se développer et atteindre la grandeur, la vérité était que les lignes de front manquaient de troupes aussi compétentes.

« Diablo n’est-il pas encore là ? » demanda Laminitus.

« D’après ma reconnaissance, il s’est dirigé vers le village du maître épéiste à Sormas, » déclara Galford.

Le gouverneur avait fixé Diablo comme cible d’observation et des soldats compétents en espionnage le suivaient. Ces ordres s’appliquaient de la même manière même en dehors de Faltra, et c’est ainsi que Galford avait suivi les activités de Diablo à la Tour de Zircon et dans la capitale.

« Sormas ? Pourquoi est-il allé là-bas ? » demanda Laminitus.

« Je n’ai aucune idée de ses intentions… mais il a apparemment acheté du fumier et escaladé une montagne, » répondit Galford.

« Ne nous dites pas qu’il a décidé de commencer à travailler dans les champs ? » demanda Laminitus.

« C’est un simple aventurier après tout… Ça ne sert à rien de dépendre de lui, » déclara Galford.

« Nous n’aimons pas trop l’admettre, mais… cette bataille pourrait très bien dépendre de sa présence ici, » déclara Laminitus.

Galford haussa les épaules. « Les nouvelles de l’invasion sont déjà connues. Mais je ne peux pas dire s’il agira ou non. »

Laminitus soupira en réponse.

Diablo est incroyable, pensa Boris. Si ces deux personnes impressionnantes parlaient ainsi de l’importance de sa présence, Diablo devait l’être. Boris pria du fond du cœur pour que Diablo revienne le plus vite possible.

Boris tourna son regard vers l’ouest, par la fenêtre. Le soleil avait commencé à basculer lentement sous l’horizon, et quand il l’avait fait, son anxiété n’avait fait que s’alourdir…

***

Partie 4

Le même jour, à cinq heures du soir.

On croyait que l’invasion commencerait après le coucher du soleil, mais la vigie sur les murs avait haussé la voix avant le crépuscule. Comme ses camarades du pont d’Ulug, Boris fut admis dans les forces de garnison de Faltra et affecté à une tour de guet — qui servait aussi d’amplificateur à la barrière — située légèrement au nord de la porte ouest.

« Ils arrivent ! » Boris avait pointé du doigt l’ouest.

« Uuuu... Déjà !? » Les lèvres de Massa frissonnaient de terreur.

Plusieurs autres avaient haussé la voix en raison de la crainte de l’attaque. Même les soldats entraînés stationnés sur les lignes de front ne pouvaient pas garder leur sang-froid face à une invasion de l’armée du Seigneur-Démon.

Les grandes tortues massives étaient apparues avec le soleil de l’ouest sur leur dos, comme si elles avaient suinté de l’obscurité envahissante de la nuit. La puanteur des bêtes et du sang pouvait être sentie même de loin. Ils étaient comme la personnification de tout ce qui faisait peur dans le cœur des hommes.

Des sonnettes d’alarme avaient retenti, alertant d’une attaque ennemie qui arrivait. D’innombrables soldats levèrent les yeux vers la porte ouest. Le lieutenant-général irait-il sur le champ de bataille ? Ou restera-t-il dans ses fortifications ?

Galford était un héros de la dernière grande guerre et avait mobilisé ses forces de manière proactive lorsque l’armée elfique avait marché sur Faltra, ainsi qu’en d’autres occasions. Et en effet, des soldats portant des armures lourdes avaient été déployés à la porte ouest cette fois-ci.

Mais il n’y avait eu aucun mouvement. La trompette signalant l’ouverture de la porte ouest n’avait pas retenti.

« … Il ne viendra pas, » chuchota quelqu’un.

Le lieutenant-général avait naturellement jugé qu’il n’y avait pas lieu de gagner une lutte directe contre ce mal.

« Nous ne pouvons donc pas gagner…, » dit quelqu’un d’autre d’une voix découragée.

Il y avait le faible espoir que peut-être, juste peut-être, le héros de la grande guerre aurait un moyen d’arrêter l’invasion de l’armée du Seigneur-Démon. Mais la réalité était plus froide que les profondeurs les plus sombres de la mer et dépourvue de toute pitié innocente.

Il n’y avait absolument personne capable de tenir tête à une armée de mille déchus…

« Nous maintenons notre position ! » s’écria un officier qui avait prédit, ou qui savait peut-être, qu’on en arriverait là. « Nous avons notre barrière, et les Déchus ne sont pas assez intelligents pour préparer des provisions. Sans oublier que l’hiver cruel est de notre côté ! On peut gagner ce combat ! »

Les visages des soldats s’illuminèrent de cette compréhension. Même si Faltra était dans une région chaude, c’était bientôt l’hiver. Les arbres de la forêt avaient perdu toutes leurs feuilles, et les fruits et les animaux étaient rares. C’était la période où l’agriculture avait été arrêtée. Comme les Déchus avaient besoin de nourriture, il leur en fallait probablement de grandes quantités juste pour entretenir leurs corps massifs. Il leur serait presque impossible de se procurer assez de nourriture pour nourrir un millier de Déchus.

La tenue d’une ville pendant un siège dépendait du fait que l’adversaire n’ait pas de provisions. Et bien que les murs de Faltra aient été endommagés par une mystérieuse explosion il y a quelque temps, ils avaient été réparés depuis.

« Nous avons assez de provisions pour subvenir aux besoins de 200 000 personnes pendant six mois ! Et nous avons pris en compte les réfugiés du domaine du Seigneur-Démon ! Il n’y a rien à craindre ! »

C’est exactement ce que l’on pouvait attendre du lieutenant-général Galford, avaient dit certains. Mais Boris regarda vers l’ouest, l’anxiété pesant lourdement sur son esprit.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Boris ? Tu es pâle, » demanda Massa, provoquant une réponse nerveuse de Boris.

« … Tu te souviens quand une centaine de Déchus ont attaqué le pont d’Ulug ? » demanda Boris.

« Oui, c’est vraiment arrivé… Je croyais qu’on était foutu à l’époque, » déclara Massa.

« Un Déchu avait infiltré Faltra en essayant de tuer Lady Celestine, non ? » demanda Boris.

« C’est vrai. Je crois qu’il s’appelait Gregore ? L’aventurier Émile l’a battu, n’est-ce pas ? » demanda Massa.

« … C’est ce qu’ils disent, bien sûr, » déclara Boris.

Boris avait vu les actions de Diablo au Pont d’Ulug, et il avait aussi entendu ce que le sorcier-démon avait dit :

*

« Je vais tester ma magie du Retour. »

*

C’est ce qu’avait crié Diablo avant de disparaître dans un éclair de lumière. Alors que les aventuriers avaient prétendu que c’était Émile qui avait battu Gregore, Boris soupçonnait que ce n’était pas entièrement vrai.

« Non, ce n’est pas le problème en ce moment… Ce que je veux dire, c’est qu’à l’époque déjà, les Déchus tentaient de trouver un moyen de supprimer la barrière, » déclara Boris.

« C’est vrai, » déclara Massa.

« Et maintenant, ils amènent dix fois plus de déchus qu’avant — ils ont même ce foutu Seigneur-Démon Suprême avec eux. Nous sommes des idiots qui pensons qu’ils n’ont pas prévu la barrière…, » déclara Boris.

« Alors… en ont-ils toujours après Lady Célestine !? » s’écria Massa.

« Bien sûr, je pense que le lieutenant-général se méfie de cela, » déclara Boris.

Ils jetèrent un regard vers le centre de la ville. Il n’y avait pas eu de troubles à la Guilde des Mages, n’est-ce pas ? Mais lorsqu’ils regardaient la tour de forme particulière, qui sortait comme une lance vers le ciel, rien ne semblait sortir de l’ordinaire.

La citadelle de Faltra était sous leurs yeux.

« Toutes les forces, arrêtez-vous. » Eulerex étendit les mains.

Lazpuras répéta les paroles de son commandant, appelant l’utilisateur de la bête magique Manuela à s’arrêter également. Sa magie avait fait ralentir les grandes tortues jusqu’à l’arrêt. Cependant, leurs forces n’étaient pas aussi ordonnées que celles des Races. Certains d’entre eux s’étaient plaints en hurlant, se précipitant pour attaquer de leur propre chef.

« Je crois que c’est la faction de Vahl. »

C’était des Déchus qui n’opéraient que sur le seul désir d’abattre les Races. Ils étaient du type qui se battait souvent entre eux et avaient moins d’intelligence que les bêtes.

Eulerex leur tourna le dos. « Rejetez-les. Les imbéciles nous ont suivis sans que personne ne les appelle… Tout ce qu’ils sont bons, c’est d’être des pions jetables. »

« Comme vous dites, monsieur. »

« Ouvrez la boîte ! » s’écria Eulerex, les bras tendus.

Les Déchus qui se tenaient derrière lui commencèrent à s’agiter. Lazpuras escorta Manuela, lui faisant signe de descendre de la grande tortue.

« Venez, il faut se dépêcher. »

« Attendez. »

« Faites vite, vite. »

« … Je suis désolée… » Manuela tapota l’armure autour des pattes de la grande tortue avec regret. Les chaînes étaient alors rompues par des chocs de haches, le libérant de ses liens.

« Nous n’avons pas le temps. » Lazpuras avait pris Manuela par les aisselles.

« Ah… »

Il s’était propulsé loin de la carapace avec une agilité que l’on ne pourrait attendre de son gros ventre, atterrissant derrière la grande tortue. Il n’y avait pas de temps à perdre.

« Chaînes, coupez ! » les Déchus tenant des haches crièrent.

Pendant ce temps, Eulerex volait dans le ciel, les ailes de hibou sur son dos battant fort.

« Il est temps d’ouvrir la boîte ! Brisez le sceau ! »

« Sceau, brisez ! » Plusieurs autres déchus avaient répété ses paroles. Ils avaient tendu la main vers l’avant de la boîte, certains l’avaient frappée avec les lames de leurs armes…

Puis, cela s’était ouvert.

De l’énergie magique pure et dense s’était déversée. Une énergie magique solidifiée sortait de la boîte comme de la boue noire, touchant les Déchus qui se tenaient autour d’elle. Ils crièrent de douleur tandis qu’ils s’effondraient instantanément en particules de lumière.

L’anéantissement… L’énergie magique était si puissante qu’elle avait détruit les Déchus d’un simple toucher.

*

Regardant d’en haut, Eulerex avait crié, « Canon démoniaque suprême — feu ! »

L’énergie magique avait jailli de la boîte. Se transformant en un éclair de lumière, il éclaira son environnement comme si le soleil était descendu sur la terre avec une férocité aveuglante…

Tous ceux qui le regardaient directement avaient été emplis par la lumière. Les Déchus pouvaient être capables d’y résister, mais les Races ne peuvent que devenir aveugles. Ceux qui se tenaient sur les murs de Faltra, sans aucun moyen de bloquer la lumière, avaient instantanément perdu la vue.

La lumière s’était transformée en chaleur. La tête de la grande tortue avait été la première à s’évaporer. La moitié avant de son corps n’avait pas pu résister à la chaleur émanant de la boîte. Vint ensuite les déchus de la faction Vahl, qui fonçaient vers l’avant, étant rapidement consumée par la déflagration et se disparaissant sans laisser de trace.

La masse de chaleur massive s’approchait rapidement des murs de Faltra. La barrière avait hurlé. Depuis sa création, la ville avait été confrontée à de multiples guerres entre les Seigneurs-Démons et les Races, mais jamais autant de pouvoir n’avait été exercé contre la barrière. Le pouvoir magique était si intense que, s’il n’y avait pas eu de la barrière, la ville aurait certainement été rayée de la carte.

Les soldats crièrent au sommet du mur, et les citoyens de la ville agitèrent dans une frénésie face aux bruits exaspérants. Alors que le grondement des forces magiques qui s’affrontaient autour d’eux, le sol tremblait et l’air frissonna contre les bâtiments de la ville.

Mais la barrière ne se briserait pas. Sa capacité de blocage de « tous les maux des Déchus » était absolue.

La barrière avait tenu bon. La lumière s’était éteinte ainsi que la chaleur intense…

Boris se tenait avec ses mains et il s’agenouilla alors sur les murs, alors que ses jambes tremblaient d’une manière incontrôlable alors que d’épaisses gouttes de sueur tombaient de son front.

J’étais mort, c’est sûr… Je sais que je l’étais…

Il avait presque accepté d’être avalé par la lumière et emporté par le vent.

« Haah, haah ! Haha ! Incroyable… Nous sommes vivants ! »

La barrière avait vraiment résisté. Mais quand Boris avait levé la tête, il avait entendu un cri venant de la porte ouest.

« Repliez-vous ! »

« Hein ? » il n’avait pas pu s’empêcher de le dire bêtement.

La lumière émise par l’armée du Seigneur-Démon s’était complètement éteinte, mais les cris ne faisaient que s’amplifier. Peu de temps après, le sol s’était mis à trembler.

« Qu’est-ce qui se passe !? » Boris se leva, posa ses mains sur le bord du mur et regarda devant lui.

C’est impossible !

Le sol autour de la porte ouest avait complètement disparu. La barrière s’étendait jusqu’au sol également, mais elle avait disparu comme si quelque chose l’avait rasée. Faltra était entourée d’un fossé rempli d’eau courante, mais tout s’était évaporé en vapeur blanche.

« Repliez-vous ! Partez de là ! »

Les soldats s’étaient enfuis de la porte ouest. L’endroit où Boris était stationné avait commencé à trembler.

« Qu’est-ce qui se passe !? » s’écria Boris.

Ce qui se passait était tout à fait naturel. Lorsqu’une grande structure avait perdu le terrain qui la soutenait, il n’y avait qu’une chose qui arrivait. Les portes occidentales avaient basculé sur le côté comme si elles étaient faites de blocs de construction, créant des fissures dans le sol proche des murs lorsqu’elles étaient tombées. Avec les murs étant structurés pour s’appuyer l’un l’autre, il n’avait pas fallu longtemps pour que celui de Boris et son groupe s’effondrent aussi.

« Repliez-vous ! » s’écria l’officier.

Mais ceux qui avaient l’esprit vif avaient déjà commencé à s’enfuir avant l’ordre.

« Aaah ! » Leur prise s’effondra, et Massa avait trébuché. « Aaah, les Déchus, ils me tiennent par la jambe ! Aidez-moi ! »

« Calme-toi, tu viens de trébucher ! » Boris saisit la main de Massa et le tira vers le haut, l’exhortant à continuer à courir.

Heureusement, les murs n’étaient inclinés que sur le côté. Boris était enfin parvenu à se mettre à l’abri, il s’était retourné et avait été choqué au-delà des mots. Ses genoux tremblaient et il n’arrivait pas à reprendre son souffle, car quelque chose qui aurait dû être là avait maintenant disparu.

Une tour de guet qui faisait office d’amplificateur de la barrière antidéchue s’était renversée, tout comme les murs. Cela avait été réduit à rien d’autre qu’un tas de décombres.

« La barrière…, » la voix de Boris lui paraissait très distante. « Elle est détruite ! »

***

Partie 5

« Gaaaahaaaaa ! » Plusieurs bêtes magiques et déchues se précipitèrent sur la porte ouest effondrée.

La citadelle de Faltra était sur le point de s’effondrer. Certains des soldats qui avaient été pris dans l’effondrement de la porte avaient été pris de panique. Certains couraient partout, d’autres étaient stupéfaits et choqués. C’est dans ces moments-là qu’un aventurier faisait habituellement son apparition !

Émile s’avança sur la place de la porte ouest, dégainant sa longue épée. Les murs jadis magnifiques de la porte ouest étaient maintenant complètement effondrés.

« Ils ont fait pas mal de choses sur notre ville, » déclara Émile.

Il n’y avait aucune barrière pour repousser l’attaque de Déchu, laissant la ville complètement exposée. Émile entendait ses camarades l’appeler.

« É-Émile, que pouvons-nous faire contre eux… !? » cria Turon, un ami d’Émile qui était un guérisseur vêtu d’une robe blanche. Il y avait aussi Eristoff, un enchanteur doué pour les enchantements et renforcer les armes. Les quatre membres de son groupe étaient présents.

« Que pouvons-nous faire, me demandez-vous ? Et bien, nous pouvons gagner ! Qu’y a-t-il d’autre ? » proclama Émile, en serrant le poing. « La barrière a disparu, ce qui signifie que cette ville et ses innombrables femmes sont menacées par les Déchus. Par mon nom, Émile Bichelberger, je protégerai toutes les femmes contre le mal ! »

« Heheh... » Le guérisseur, Turon, avait courbé les lèvres en souriant. « Voyager dans les pays a vraiment affiné ta stupidité, n’est-ce pas ? »

« Je ne suis pas stupide ! » déclara Émile.

Eristoff, l’enchanteur, haussa les épaules. « Je ne pense pas que ce soit le choix le plus intelligent, mais nous devons le faire… Rester assis sur mon cul et attendre la mort n’est pas mon style. »

Il déplaça son bâton, et après avoir fait ça, tout l’équipement du groupe avait été recouvert de magie, triplant leur attaque et leur défense.

« Très bien ! » Grutas, un guerrier qui portait un bouclier à la place d’une arme, se tenait devant tout le monde. « Faisons-le ! Nous sommes les héros de la nouvelle ère ! » C’était un autre camarade de leur groupe, appartenant à la classe des Gardiens.

« C’est ça ! On va défendre cette ville ! » Yuan, l’archer du groupe, s’enflamma aussi.

Émile marcha sur les décombres et regarda la ville. Le sol était encore brûlant, et même à travers ses bottes de cuir, Émile sentait ses jambes grésiller.

*

« Hmph… Il y avait donc des aventuriers qui ne se sont pas enfuis… » Un autre groupe était apparu de derrière eux.

« Hmm ? » Émile s’était retourné. Ceux qui étaient apparus étaient plus d’une centaine de chevaliers régionaux, dirigés par le gouverneur lui-même, Galford.

« Oh, c’est vous… Vous vous appeliez…, » déclara Galford.

Il y a deux mois, Émile avait obtenu des cours particuliers sous la direction de Galford pour apprendre le maniement des lames. Bien qu’il soit plus un étudiant intrusif qu’un apprenti…

« Hehe... Je m’appelle…, » commença Émile.

« … Émile Bichelberger, je crois. Êtes-vous allé voir le maître à l’épée ? » demanda Galford.

Il s’est souvenu du nom d’Émile !? Les autres aventuriers étaient magnifiquement stupéfaits.

« Bien sûr ! » Émile avait gonflé sa poitrine. « J’ai expérimenté la frappe de l’épée du maître à l’épée sur ma chair. Grâce à cela, j’ai renaît ! »

« Hmm… Nous voyons que vous avez aussi progressé ! »

La rangée de chevaliers régionaux se sépara sur les côtés, laissant place à une belle femme pleine d’allure. Ses cheveux cramoisis étaient attachés et elle était vêtue d’une armure rouge vif.

« Écartez-vous… Si vous vous mettez en travers de Notre chemin, nous devrions peut-être passer à travers vous, vous savez ? » déclara Laminitus.

Fanis Laminitus s’était rendu sur les lieux, un fusil magique massif à la main. La bouche de son canon était pointée directement sur Émile.

« Qu’est-ce que vous préparez ? » demanda Émile.

« Nous avons dit, écartez-vous. Ils sont déjà à ma portée, » déclara Laminitus.

« Quoi !? » s’écria Émile.

Les Déchus de l’armée du Seigneur-Démon attaquaient. Ils n’étaient pas assez proches pour voir les traits de leur avant-garde, mais si Laminitus avait dit qu’ils étaient à sa portée, cela devait être vrai. Elle était bien connue pour son talent de Magi Gunner accomplie, très peu de gens ne la connaissaient pas.

Le groupe d’Émile s’était éloigné de son chemin quand elle avait appuyé sur la détente. L’instant d’après, une série de coups secoua l’air. Émile doutait même qu’un fusil magique massif puisse tirer de cette distance. Elle était peut-être capable d’en tuer un ou deux, mais cela ne servirait pas à grand-chose…

Soudain, une explosion massive s’était produite.

« Quoi !? »

La fumée noire s’élevait au-dessus des murs. Plusieurs Déchus avaient perdu tout semblant de leur forme originale dans l’explosion, se transformant en particules de lumière avant de toucher le sol. Et c’était sans parler des explosions qui s’étaient produites à trois endroits différents.

Les ondes de choc avaient atteint les soldats quelques instants plus tard. C’était arrivé si vite que les explosions s’étaient produites dans une position où il fallait une dizaine de minutes pour s’y rendre à pied.

Les camarades aventuriers d’Émile marmonnèrent de surprise.

« Qu’est-ce que c’était !? » « C’est impossible ! » « Elle vient d’en tuer trente ! »

« Avez-vous organisé quelque chose à l’avance ? » Aux yeux d’Émile, on aurait dit que les balles avaient explosé et que quelque chose dans le sol avait explosé.

« Heheh... Vous avez une sacrée paire. C’est peut-être ce que l’on peut attendre d’un homme que Galford a observé de ses propres yeux, » déclara Laminitus.

Galford secoua la tête désagréablement. « Je n’attends rien d’un aventurier. »

« Même après l’avoir entraîné tous les jours ? » demanda Laminitus.

« Je l’ai simplement écrasé quand il s’est mis en travers de mon entraînement du matin, » déclara Galford.

« Personnellement, sans commander vos troupes, et avec une épée émoussée destinée à l’entraînement ? » demanda Laminitus.

Laminitus avait continué à tirer avec son fusil tout en taquinant un homme de trente ans son aîné. Une autre explosion s’était produite.

« Émile, était-ce bien ça… ? Comme vous l’avez supposé, nous avons trafiqué la zone près de la porte ouest, » expliqua Laminitus, son fusil magique toujours en main. « Leur logique est la même que celle d’une balle de fusil magique. »

« Vous pouvez faire ça !? » s’écria Émile.

« Les méthodes de guerre changeront un jour. Mais ce n’était que du bluff, » déclara Laminitus.

Galford acquiesça de la tête. « Une bataille avec l’armée du Seigneur-Démon dépend de notre capacité à battre le Seigneur-Démon lui-même. »

« L’armée du Seigneur-Démon n’a pas tant de pions à sacrifier. S’ils n’arrivent pas à percer facilement, ils enverront bientôt leurs troupes plus fortes pour nous affronter, » déclara Laminitus.

Pendant que les deux individus parlaient, les Déchus se dirigeant vers la porte ouest s’étaient arrêtés, et tout s’était soudainement tari. Le bruit du vent résonnait dans toutes les oreilles. Quelque chose se dirigeait vers la porte…

Au début, ils pensaient que la fille était de l’une des Races, jusqu’à ce qu’ils remarquent ses ailes en forme de dragon. Elle avait des cornes sur la tête et portait son gros sabre chinois sur l’épaule. Sa queue se balançait à droite et à gauche. La jeune fille marcha jusqu’à la montagne de décombres et s’était arrêtée, se tenant à une douzaine de pas des soldats.

« Heheh ♪ ! J’ai pensé que le canon du Seigneur-Démon Suprême allait faire exploser toute votre ville… Vous êtes étonnamment tenace, » dit-elle d’une voix aiguë et féminine. « En récompense, je jouerai avec vous pendant un bon moment avant de vous massacrer ! »

« Canon du Seigneur-Démon Suprême ? » demanda Émile. « Est-ce comme ça que vous appelez cette lumière vive de tout à l’heure ? »

« C’est bien ça. Je ne comprends pas vraiment moi-même, mais la boîte déclenche cette énergie magique que le Seigneur-Démon Suprême rassemble pendant très, très longtemps. Je crois qu’Eulerex a dit que c’est l’un des pouvoirs du Seigneur-Démon de l’Œil ? Ou était-ce le Seigneur-Démon de la Main ? » répondit la fille.

Le Seigneur-Démon de la Folie, Modinaram, avait absorbé les autres Seigneurs-Démons et assumé le titre de Seigneur-Démon Suprême. Apparemment, l’attaque de tout à l’heure était celle d’un des Seigneurs-Démons absorbés. Mais ils doutaient que cette fille vienne leur dire cette information…

« Combien de Seigneurs-Démons le Seigneur-Démon Suprême a-t-il absorbés ? » demanda Émile.

La fille déchue avait essayé de compter sur ses doigts, mais apparemment elle n’en avait pas assez sur les deux mains.

« … Un paquet, d’accord !? Et moi, Ryoka, je lui en ai trouvé trois ! Ne suis-je pas la meilleure ? » demanda Ryoka.

« Alors, il en a au moins dix, » déclara Émile.

« En récompense, il m’a donné dix fois plus de pouvoir ! Il n’y a plus personne dans l’armée du Seigneur-Démon contre qui je puisse me battre à pleine puissance… Mais peut-être que tu te battras mieux !? » demanda Ryoka.

La jeune Déchue, qui s’appelait Ryoka, avait souri d’un air sadique, avec une intention meurtrière émanant de son corps. Émile avait dégluti nerveusement face à cette vue. Il avait l’impression que quelque chose de froid s’était glissé le long de sa colonne vertébrale.

« Euh…, » Eristoff l’enchanteur avait du mal à se tenir debout, tremblant des genoux. « Son image me transperçant de son épée ne cesse de me traverser l’esprit… »

« Reprends-toi ! » Émile avait posé une main sur son épaule.

« Une partie de ce que vous venez de dire n’a aucun sens…, » Galford s’avança, parlant sur un ton taciturne. « Vous voulez dire que vous êtes une Déchue et que vous avez ramassé dix fragments du Seigneur-Démon en si peu de temps ? C’est inconcevable… »

C’était vraiment étrange. Malgré l’expression ennuyée sur son visage, Ryoka était plus bavarde que jamais. « Le Seigneur-Démon Suprême les a trouvés. Les Seigneurs-Démons ont cette capacité de sentir les autres Seigneurs-Démons. Ils ne l’utilisent jamais parce que c’est inutile pour massacrer les Races. »

C’était une information choquante pour les autres, mais Galford semblait convaincu.

« A-t-il rassemblé tous les morceaux présents en ce moment ? » demanda Galford.

« Non, il y en a encore dans les territoires des Déchus. Et il y a aussi celui qui s’est enfui. »

« Un qui s’est échappé… ? » demanda Galford.

« Mais ce n’était pas ma faute ! Ce Seigneur-Démon était sur le point de se réveiller et a refusé d’être absorbé, alors il s’est enfui, » déclara Ryoka.

« Un autre Seigneur-Démon… ? Dites-moi, je vous prie, où peut-il être ? » demanda Galford.

Alors qu’elle était sur le point de répondre, un autre Déchu s’était précipité vers elle. Il avait trois queues et un visage de renard avec un corps légèrement plus grand que celui des Races. Il déplaça sa longue bouche jusqu’à l’oreille de Ryoka.

« Lady Ryoka, Lady Ryoka… ! » cria le nouveau venu.

« Hm ? »

« Un ordre du Seigneur Eulerex. Il dit de les tuer rapidement. Et aussi de ne rien dire inutilement, » déclara le nouveau.

« Hein !? Mais plus tôt, il m’a dit d’écouter ce que les autres disent jusqu’à ce qu’ils aient fini ! Est-ce que cette tête de chouette a des plumes pour cerveau !? » demanda Ryoka.

Ryoka pinça ses lèvres de déplaisir et fixa le groupe d’Émile. « Très bien, peu importe. J’ai envie de me battre, de toute façon. »

Ryoka avait dégainé son long sabre chinois dans une main. Elle manipulait cet énorme morceau de métal avec ses membres minces et en forme de brindilles si facilement qu’elle avait vraiment une puissance très éloignée de celui des Races. Elle s’était ensuite adressée au groupe avec le même ton désinvolte et bavard que précédemment.

« Qui veut commencer ? Ou vous voulez vous battre contre moi d’un coup ? Je suis d’accord de toute façon ! » déclara Ryoka.

La jeune fille parlait sur le même ton qu’elle pouvait utiliser pour discuter avec un ami au coin de la rue, mais malgré cela, elle semblait agir de la manière la plus menaçante depuis le début.

 

 

« Kuh... C’est mauvais…, » Émile frissonna.

« Certes, son niveau est beaucoup plus élevé que celui des autres Déchus. » Turon le guérisseur acquiesça d’un signe de tête.

« Oui, avec une beauté à un autre niveau. Et c’est aussi une femme. »

« Quoi !?? Émile, c’est une Déchue ! »

« Une femelle déchue. »

« Les Déchus n’ont pas de sexe ! »

Tandis qu’Émile et Turon poursuivaient leurs chamailleries sur le thème des identités de genre des déchus, Galford s’était avancé.

« Couvrez-moi, » déclara Galford.

« Oh, pouvons-nous ? » demanda d’une manière interrogative Laminitus, la surprise évidente sur son visage. « Nous pensions que vous insisteriez pour un tête-à-tête afin de maintenir la chevalerie ou une autre sorte de fierté masculine. »

« … Ce n’est pas le genre de bataille qu’on peut gagner en s’accrochant à de telles notions, » répondit Galford.

***

Partie 6

L’endroit où se dressait jadis fièrement la porte ouest avait complètement changé. La zone à l’intérieur proche de la porte, où se trouvaient les chevaliers de la région, était criblée de fissures. Les chevaliers étaient bien entraînés selon les standards des Races, mais n’étaient même pas de taille lorsqu’il s’agissait de combattre de puissantes bêtes magiques de grande taille et des déchus.

Laminitus se tenait devant eux, armée de son fusil magique, les yeux fixés sur l’ennemi. Émile et ses compagnons d’aventure se trouvaient près de la porte où les décombres jonchaient le sol. Protégeant Laminitus dans leur dos, ils avaient maintenant maintenu un chemin dégagé pour son fusil magique.

Enfin, devant la porte ouest, le trou ouvert par le canon du Seigneur-Démon Suprême était présent. Les décombres de ce qui était autrefois la porte remplissaient l’endroit, ne laissant aucune trace de la grande route magnifiquement entretenue menant à l’entrée de la ville. Au centre de ce site en ruine se trouvait le champ de bataille de Galford, une vue où il n’avait pas encore sorti l’épée qu’il portait à sa taille.

Galford étudia silencieusement l’écart qui les séparait. Dix pas.

« Hmm, on dirait que tu vas être amusant ♪ . » Ryoka, qui se tenait en face de lui, avait plissé ses yeux.

« … Je ne peux pas dire que je suis d’accord… Je n’ai jamais trouvé la bataille agréable, » déclara Galford.

« C’est parce que tu es faible, n’est-ce pas ? Tu ferais mieux de ne pas me déplaire ! » Ryoka avait vigoureusement crié ces mots et avait donné un coup de pied au sol, en chargeant dans la direction de Galford. Elle se déplaçait cependant plus lentement que prévu.

Est-ce que je me suis trop entraîné ? Émile avait réfléchi à cela en la regardant.

Galford pensait qu’il ne serait pas capable d’égaler cette puissante Déchue de front, mais d’une certaine manière, elle ne semblait pas si rapide.

« Yah ! »

Ryoka avait balancé son long sabre chinois. Il y avait encore une certaine distance entre eux, mais sa lame avait soudainement brillé. La frappe avait touché, un pas plus tôt qu’elle ne l’aurait dû.

Une attaque-surprise !?

« Raaah ! » cria Galford alors qu’il dégainait son épée.

Les yeux d’Émile s’étaient élargis. La vitesse de Galford était dans une tout autre dimension que lorsque Émile s’était entraîné avec lui.

Je savais qu’il y allait doucement avec moi, mais je ne pensais pas qu’il serait si rapide !

L’épée de Galford avait dévié la frappe de Ryoka. L’air tremblait alors que le métal frappait contre le métal, et un autre coup suivit bientôt. C’était une combinaison de deux frappes de Galford, si rapide qu’Émile pouvait à peine la suivre de ses yeux.

Le sang avait jailli du dos de la main droite de Ryoka. Ses yeux s’étaient élargis.

« Ai-je été coupée !? » se demanda Ryoka à voix haute.

« Hm. » Galford baissa les yeux vers sa lame. La pointe de son épée avait été fendue.

« Heheheheh... Pas mal. Pas mal. » La blessure de Ryoka avait rapidement disparu. « Accélérons un peu les choses ! »

Elle avait attaqué à nouveau, cette fois-ci beaucoup plus vite qu’auparavant. Elle avait fait un pas en avant, Galford entrant à tous les coups dans la portée de son long sabre chinois.

« Nng... Aaah ! » cria Galford.

Galford avait dévié son épée. Il s’était ensuite déplacé autour d’elle dans un mouvement fluide et circulaire, coupant vers la partie supérieure de son bras. Ça ressemblait à une blessure profonde, mais cela ne l’avait pas vraiment coupée. Sa main gauche s’était baissée, impuissante.

« Comment !? Je suis plus rapide que toi ! » s’écria Ryoka.

C’était simplement une lacune technique. En tant que Déchu, Ryoka avait l’avantage en termes de force physique et d’endurance, mais il y avait une différence fatale dans le niveau de leur maîtrise à l’épée. Le jeu d’épée de Galford était un mélange de défense et d’attaques, il n’y avait aucune différence ou transition entre une attaque et un garde. Chaque fois que vous pensiez qu’il avait dévié un coup, ses mouvements coulaient comme de l’eau et se déplaçaient naturellement en contre-attaque. C’était une belle maîtrise de l’épée qu’on ne pouvait pas attendre de ses traits stricts.

Mais comme la lame n’avait pas coupé l’os, le bras gauche de Ryoka s’était régénéré en un clin d’œil.

Est-elle immortelle ?

« On dirait que tu n’es pas un perdant d’avorton ! » dit Ryoka, ses lèvres s’enroulant vers le haut dans un sourire extatique. « C’est ça, la bataille ! »

Elle avait encore une fois attaqué. Pensait-elle que la contre-attaque de tout à l’heure était un coup de chance ? C’était le même type d’attaque qu’avant. Galford l’avait encore une fois facilement repoussé, sa contre-attaque coupant l’épaule gauche de Ryoka cette fois-ci.

Les attaques de la Déchue avaient pris de l’ampleur, et Galford s’était empressé de s’adapter au changement. Leurs attaques s’entrechoquaient à maintes reprises, le son du métal se faisant entendre autour d’eux comme une cacophonie.

Leur combat était à un autre niveau. Les sons n’étaient pas des clics légers, mais plutôt des gongs et des coups lourds et retentissants. À chaque échange, l’épée de Galford était déchiquetée. Le long sabre chinois de Ryoka, en revanche, était enchanté et n’avait même pas une égratignure. Il la battait quand il s’agissait de l’épée, mais il y avait une différence entre leurs armes. Émile pouvait-il faire quelque chose face à ça ?

« Tch… » Ryoka avait soudain reculé.

« Hm ? » Galford, en restant prudemment sur ses gardes, ne l’avait pas pourchassée.

« J’abandonne. » Ryoka abaissa son long sabre chinois.

« Hmph… Si vous partez, les Races n’ont aucun intérêt à vous retenir, » déclara Galford.

« Vous ne me combattez pas sérieusement, n’est-ce pas ? » demanda Ryoka.

« Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? » demanda Galford.

« Vous me suivez, toujours à la bonne vitesse. Et quand je laisse une ouverture, vous n’essayez pas de la percer, » déclara Ryoka.

« … Je suis un homme prudent. Je ne vois que des ouvertures trop évidentes comme des pièges, » répondit Galford.

« Vraiment… Je suppose alors que je vais devoir vous faire jouer pour de bon, » déclara Ryoka.

Ryoka avait déplacé son regard derrière Galford, le fixant sur Émile et son groupe.

Quoi... Quoi !?

Bien sûr, ils n’avaient pas été pris au dépourvu. Ils étaient exceptionnellement prudents, ou du moins ils le pensaient… Les yeux de Ryoka brillaient dangereusement.

« Esquivez ! » cria Laminitus.

« Gah !? » Eristoff l’enchanteur avait craché du sang. Un trou lui ouvrit le côté gauche de son torse, et il tomba face contre terre.

« Eristoff ! » Émile s’agenouilla à côté de lui, criant son nom comme s’il souffrait.

« Gragh… » En réponse, ce qui sortait de sa bouche n’était pas des mots, mais plus de sang.

« E-Eristoff ! » Turon, le guérisseur, agita son bâton sur l’enchanteur blessé, offrant ses prières à Dieu. Une faible lumière enveloppa Eristoff, qui resta simplement allongée là en silence.

« Mon Dieu ! Que ta miséricorde soit sur nous ! » déclara Turon.

Seul le silence…

« Guérissez ses blessures, Dieu ! S’il vous plaît, mon Dieu ! » déclara Turon.

Turon tissa sérieusement son sort de guérison, mais Eristoff ne bougea pas. L’homme n’avait pas repris son souffle.

« Uuuu... Kuh... » Turon était tombé à genoux.

« E... Est-il mort !? » Émile n’arrivait pas à reconnaître sa propre voix quand ces mots lui échappaient. Son camarade venait de mourir sous ses yeux.

« Eh bien ? » demanda Ryoka, ses lèvres se tortillant en un sourire impitoyable. « Si tu n’es pas sérieux avec moi, je t’en tus un. Vous, les Races, vous détestez ça, n’est-ce pas ? Je parle de voir vos amis mourir. »

« Ne faites rien de stupide ! » Galford avait averti Émile — .

Mais le soldat en deuil s’était déjà lancé dans un sprint.

« Je vous maudiiiiiiiiiiitttt ! » cria Émile.

Le sang d’Émile bouillait dans ses veines. Il s’était précipité à Ryoka, son épée avait basculé vers le haut.

« Idiot… » Laminitus fit claquer sa langue et elle tira avec son fusil magique.

« Ah !? » Ryoka avait reculé alors que le coup de feu grondait dans les oreilles de tout le monde.

Elle l’a frappée ! Elle ne l’a pas évité !? Elle n’a pas pu répondre à temps !? Ou peut-être qu’elle a été négligente ! Peu importe, c’est ma chance !

« Frappe à l’Épée III ! » Émile s’était précipité, utilisant la capacité martiale de la classe de guerrier pour combler l’écart entre eux d’un seul bond.

« Ne vous approchez pas d’elle si négligemment ! » cria Galford.

Mais l’esprit d’Émile était trop taché de colère pour s’en soucier. Ryoka, dont la position avait été perturbée, balança d’une main son long sabre chinois sur sa tête. Leurs épées s’affrontèrent férocement.

Puis, la lame massive de Ryoka s’approcha des yeux d’Émile.

« Hah ! » Il avait dévié le long sabre chinois avec son épée. Il avait ensuite interrompu son élan horizontal au milieu de la ruée et avait libéré un autre talent martial.

« Quadruple frappe ! »

C’était un talent martial qui exigeait prétendument d’être un guerrier de niveau 80 ou plus. C’est une capacité qui allait libérer quatre attaques simultanées effectuées par un guerrier surhumain capable de manier une épée avec aisance. Ryoka avait bloqué l’une des entailles, mais les trois autres avaient touché leur cible et l’avaient fait voler.

« Kah !? Espèce de petit avorton insolent ! » s’écria Ryoka.

« Je n’en ai pas fini avec toi ! » s’écria Émile.

C’était l’effet de sa longue formation. Ryoka était beaucoup plus fort que Gregore, le Déchu qui avait attaqué Faltra la dernière fois, mais Émile était là, repoussant un adversaire si puissant dans cette bataille violente.

Une partie du mérite revenait aux enchantements d’Eristoff. L’épée magique d’Émile n’avait pas craqué en frappant contre le long sabre chinois, pas plus qu’elle ne s’était fracturée en frappant contre le corps solide de Ryoka.

Je te vengerai, Eristoff !

Son épée avait frappé contre le flanc de la déchue, et son corps s’était plié dans une direction contre nature. Si elle avait été de l’une des Races, elle aurait été coupée en deux.

Je peux gagner !

Émile avait pris position avec son épée visant vers le haut : le talent martial, Chute Montagneuse III. Il avait une puissance exceptionnelle, mais il fallait beaucoup de temps pour le déclencher. Dans la plupart des situations, essayer de l’utiliser ne ferait que vous faire frapper en premier. Quand Émile avait combattu Diablo une fois auparavant, il avait été frappé avant d’avoir pu activer son talent martial et avait été projeté en arrière dans un mur.

Mais Émile croyait de tout son cœur que ce talent martial soi-disant inutile était le plus approprié pour lui. Pour cette seule raison, il avait même étendu sa maîtrise à la compétence spéciale « Activation Instantanée » qui avait raccourci son temps d’activation. Ainsi, lorsqu’il était utilisé contre un adversaire ayant perdu son équilibre, la Chute Montagneuse III se faisait dans le temps.

« Prends-le ! » cria Émile.

Le visage de Ryoka était entré dans sa ligne de mire. Elle avait des cornes ainsi que des ailes et une queue de dragon. C’était une Déchue, avec le sang des Races sur les mains. Mais son visage… était celui d’une femme.

*

Je m’appelle Émile Bichelberger. Protecteur de toutes les femmes !

*

« Kuh ! » Contre son gré, Émile hésita un instant.

Ryoka avait affiché ses crocs. « Tu es une déception, petit avorton ! »

L’épée qui s’était écrasée sur la tête de Ryoka avait été brisée par un coup porté par son long sabre chinois.

« Quoi !? »

Une aura noire qui ne pouvait être décrite que comme des flammes répugnantes s’était échappée de la lame de son ennemi. Alors même qu’elle était submergée d’attaques, Ryoka avait gardé caché son atout le plus fort. Y allait-elle doucement avec eux ?

« Deuxième meurtre ! » Le long sabre chinois enveloppé de flammes noires s’abattit sur Émile, qui avait maintenant perdu son épée.

« Émiiiiiiiile ! » Quelqu’un s’était placé entre les deux combattants, bloquant le long sabre chinois de la Déchue avec son énorme bouclier.

… Ou du moins, il avait tenté de le bloquer.

« Gaaah !? » Grutas le défenseur avait été sommairement coupé en deux avec son bouclier.

« Gru… Aaah... !? » La vision d’Émile était peinte en rouge.

Malgré la frappe à travers un bouclier épais et l’homme massif qui le tenait, l’épée de Ryoka s’était encore déplacée avec un élan terrifiant, déchirant l’armure d’Émile. C’était comme si une tige de métal chaud avait été pressée contre sa poitrine. Ce n’était pas tant douloureux que terriblement chaud.

« Aaaaaaaaaaaahh !? »

Émile était tombé par terre. Seule la douleur l’avait dépouillé de toute sa force.

« On dirait que mon deuxième meurtre a été un autre petit avorton, » dit Ryoka, regardant Émile comme un insecte. « Eh bien, quoi qu’il en soit. Qu’est-ce qu’on dit maintenant ? As-tu toujours envie de te retenir ? »

Elle ne considérait plus l’existence d’Émile. Son intérêt s’était déplacé de nouveau à Galford.

« … Ignorer l’ordre d’attaquer à l’aveuglette, pour finir hors service…, » il soupira en réponse à sa question. « Je savais qu’on ne pouvait pas compter sur les aventuriers. Vous n’avez même pas été utile pour nous faire gagner du temps. »

Leur faire gagner du temps… Galford attendait — il attendait quelqu’un qui pourrait renverser la vapeur. Mais à en juger par ses paroles, il avait décidé d’abandonner cet espoir non fondé. Il avait jeté son épée usée de côté.

« Je n’avais pas l’intention de l’utiliser jusqu’à ce que je combatte le Seigneur-Démon, mais vous ne me laissez pas le choix…, » déclara Galford.

***

Partie 7

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Ryoka inclina la tête. « Vas-tu jeter ton arme… ? Ne me dis pas que tu songes à te rendre. On va tous vous massacrer. Je disais ça comme ça. »

« Je m’attendais donc à cela… Mais laissez-moi vous dire ceci : vous êtes une Déchue, ne vous attendez à aucune pitié de ma part. »

Galford n’avait pas une épée en main. Malgré ce revers, il avait pris position comme s’il tenait une épée à la taille.

« Ce… n’est pas du bluff. » L’expression de Ryoka devint d’autant plus emplie de doute.

Galford n’avait pas bougé d’un poil, mais la sueur avait commencé à couler sur son visage. Son pouls s’accélérait, et son souffle sortait en rafales plus courtes. Il se tenait prêt, les muscles saillants.

Les talents martiaux allaient consommer l’endurance qui courait à travers votre corps, connu sous le nom de PE. S’ils étaient utilisés de façon interne, ils pourraient élever vos capacités physiques à leur limite maximale. Mais une fois maîtrisé, il déverrouillait une autre utilisation pour votre PE.

« Haaaaaaaaaaaaah ! »

Votre PE pourrait être concentré à l’extérieur de votre corps et se matérialiser.

Galford balança ses bras comme s’il faisait surgir quelque chose, puis une épée brillante se matérialisa dans sa main.

C’était l’Épée de Lumière.

« Tu prends enfin ça au sérieux. » Les côtés des lèvres de Ryoka se recroquevillaient en souriant avec excitation. « Et dire que j’allais presque te massacrer comme le sac de viande inutile que tu es. »

Ryoka donna un coup de pied au sol, décollant à une vitesse qu’elle n’avait jamais atteinte auparavant. Émile savait qu’elle se retenait, mais elle l’avait quand même battu et elle avait pris la vie de ses amis, le laissant ramper pathétiquement sur le sol.

Un monstre…

Ryoka était à un niveau qui lui était propre, même parmi les Déchus. Si un héros de la guerre comme Galford devait dévoiler sa technique ultime, les races n’avaient aucune chance contre un tel ennemi, voilà ce que croyait Émile.

« Montre-moi tes techniques de combat sérieuses ! » Ryoka avait été la première à déplacer son arme vers le bas. « Un sourire est sur mon visage, humain ! »

« Argh ! » Tordant son corps, Galford avait dévié la frappe. Étonnamment, l’épée de lumière avait été écrasée, craquelée en fragments de lumière.

« Hiyaaaaaaaaaah ! » Ryoka hurla d’un rire étrange et aigu.

« Coupe ! » Galford balança sa main gauche à l’air libre. À ce moment-là, une deuxième lame de lumière avait été générée à sa gauche. Du sang s’était répandu dans l’air alors que les deux bras de Ryoka avaient été coupés.

« Quoi !?? Comment… !? » Son long sabre chinois était tombé par terre, alors que ses deux poignets le saisissant toujours.

« Je ne te laisserai pas partir ! » Galford l’avait regardée avec des yeux injectés de sang.

*

Quand il avait fini de crier, sa main gauche avait déjà déplacé l’épée de lumière. La tête de Ryoka avait quitté son cou, volant haut dans les airs avant de s’écraser sur le sol.

*

« C’est impossible !? Comment ai-je… !? » Les yeux de Ryoka réduite à rien d’autre que sa tête s’élargirent à tel point que ses globes oculaires semblaient étayés pour s’étendre. En la voyant parler avec la tête coupée, il avait compris à quel point son existence était détachée de celle d’un simple mortel.

« Qu’est-ce que c’est ? » C’était Galford qui l’avait regardée de haut cette fois. « Allez-y, riez… Ne parliez-vous pas de la joie et de l’amusement de la bataille ? »

« Gah ! Espèce d’insignifiant, petit…, » déclara Ryoka.

« Vos blessures guérissant aussi vite qu’elles le font, vos sens de la peur et de la prudence se relâchent, réduisant ainsi votre défense. Grâce à ça, vous avez perdu votre arme, » déclara Galford.

« Tu avais deux épées ! Tu m’as piégée, lâche ! » déclara Ryoka.

« Lâche, hein… ? Aucun compliment ne pourrait avoir un goût aussi sucré, » répliqua Galford.

« Comment peux-tu t’amuser quand tu te bats comme ça !? » demanda Ryoka.

« Je vous l’ai déjà dit : pas une seule fois, jamais je n’ai trouvé la bataille agréable. »

Galford avait enfoncé son épée de lumière dans la tête de Ryoka.

Assis sur le dos d’une énorme bête magique, Lazpuras examina la bataille. La première bête magique qu’il chevaucha fut réduite en particules de lumière par la puissance du canon du Seigneur-Démon Suprême, alors il se trouvait maintenant au sommet d’une autre grande tortue. À ses côtés se trouvait l’utilisateur de la bête magique Manuela, et le commandant en chef de l’armée, Eulerex, était également à proximité.

« Une bataille digne du héros de la lame scintillante, Chester Ray Galford. Je n’aurais pas pensé que Ryoka périrait après avoir été fortifiée au-delà de ses limites… »

Ils avaient été surpris, mais c’était dans leurs calculs. Le commandant en chef pensait que Ryoka était une horreur, après tout. Elle était jeune, désinhibée et avait tendance à ignorer les ordres. Elle faisait partie de la faction d’Edelgard, et essayait manifestement d’élever sa position. Eulerex aurait dû tuer ce talent dans l’œuf pour consolider la position qu’il s’était forgée. Il avait probablement laissé Ryoka se battre de son propre chef, anticipant qu’elle serait vaincue au cours du processus.

Ce rusé Déchu était-il un tacticien astucieux ? Ou peut-être un faible qui s’inquiétait de sa propre importance ? L’évaluation que Lazpuras avait de lui avait été équilibrée entre ces deux impressions, mais… peu importe, le cas, la position d’Eulerex avait été ce qui avait maintenu l’armée ensemble. Son leadership et sa détermination étaient absolument nécessaires.

Lazpuras avait déplacé son regard vers la boîte placée sur le sol.

Le Seigneur-Démon Suprême Modinaram n’est plus dans un état où il est digne d’être appelé notre seigneur.

« Seigneur Eulerex, nous devons fermer la boîte, » déclara Lazpuras.

« C’est trop tard. »

« Qu’est-ce que vous dites !? »

« On dirait qu’ils ont piqué l’intérêt du Seigneur-Démon Suprême. »

« Est-ce… est-ce… acceptable ? » Lazpuras parla, mettant ses doutes en mots. « Une autre ville pourrait être anéantie. »

Il fallait une grande quantité de nourriture pour maintenir l’armée du Seigneur-Démon, surtout maintenant qu’elle était devenue aussi grande qu’elle l’était. Ils n’avaient pas de provisions et devaient faire des raids dans les villes des races pour se nourrir.

« Une fois que nous passerons par Faltra, de nombreuses positions humaines seront exposées devant nous, » déclara Eulerex, son cou tournant horizontalement. « Pour l’instant, nous allons laisser le Seigneur-Démon Suprême nous montrer sa grande puissance. »

« Je vois… »

« L’ennemi a eu tort d’attiser le désir de se battre du Seigneur-Démon Suprême. Un acte de folie, en effet. Leur insistance à vouloir se battre ne leur a fait qu’obtenir cette conclusion. »

Peut-être que cela aussi faisait partie des calculs d’Eulerex. Il avait laissé Ryoka rencontrer sa mort pour que son combat attire l’attention du Seigneur-Démon Suprême. De plus, avec Faltra réduit en cendres, le côté ouest de Lyferia tomberait facilement sous leur contrôle.

Vraiment rusé…

« Dire qu’ils vont devoir se battre contre le Seigneur-Démon Suprême…, » Lazpuras regarda vers Faltra. « Je suis peut-être un Déchu, mais j’ai un peu de pitié pour eux. »

« Vous êtes bien trop naïf, prêtre ! »

C’était peut-être le cas. Mais il n’avait pas pu s’en empêcher, car le pouvoir du Seigneur-Démon était beaucoup trop écrasant…

***

Chapitre 2 : Combattre le Seigneur-Démon suprême

Partie 1

Un cri avait fait trembler le sol.

Ce qui se tenait devant la boîte qui émettait le flash de lumière était une créature avec une tête de chèvre noire. Il avait une paire d’ailes en forme de chauve-souris sur le dos et avait deux fois la taille des Races, soit la moitié de celle d’un Déchu de grande taille. Son corps était à peine musclé et donnait une impression plus fine, voire rachitique.

Malgré cela, son aura menaçante était plus grande que toutes les autres. En entendant sa voix, même le corps d’Émile s’était contracté par la peur.

« Qu’est-ce que… c’est… c’est… !? » s’écria Émile.

« C’est… le Seigneur-Démon, » dit Galford, avec un frisson rampant dans ses mots.

« Uuuu, ça ne peut pas être…, » gémit Yuan, tombant à genoux. « Combattre ce truc… C’est impossible… »

« On ne peut pas abandonner. » Turon le guérisseur avait brandi son bâton. Appliquant son sort de guérison à plusieurs reprises, il avait finalement refermé toutes les blessures d’Émile.

Émile avait pris une longue épée dans la main. Son épée avait été écrasée par Ryoka, donc c’était celle d’un autre : l’épée du défunt Grutas.

« Je t’emprunte ça, Grutas… » Il s’était levé, l’épée ensanglantée à la main.

Devant eux se trouvait un adversaire incroyable qui avait défié toute imagination. Si Émile devait le décrire… il dirait que c’était un sentiment de désespoir qui surpassait même la terreur de se faire dire de sauter d’un grand précipice sans fond.

Pourtant, il serra son épée fermement.

« Je n’abandonnerais jamais ! » cria Émile.

« Hmph… Au moins, je vous félicite pour votre courage de ne pas vous être enfui, » déclara Galford.

Le corps de Galford fut alors enveloppé par magie. Il y avait apparemment des guérisseurs parmi les chevaliers dans la zone derrière eux. Ses blessures disparaissaient peu à peu, mais ses Points d’Endurance consommés antérieurement ne reviendraient pas.

« Je ne m’enfuirais jamais ! » déclara Émile. « Cette fois, mon épée et moi protégerons toutes les femmes ! »

« … Je ne fouillerai pas dans votre passé, mais j’aurai au moins confiance en votre aptitude à lutter. Cependant, je suis bien conscient de la faiblesse de vos capacités…, » déclara Galford.

« Ooooooooh !! » Tandis qu’ils se tenaient si loin qu’ils n’arrivaient pas à reconnaître son expression, le Seigneur-Démon Suprême Modinaram hurla, se tournant pour les affronter.

Galford se plaça sur la défensive. « Il arrive ! »

L’ennemi avait donné un coup de pied au sol, formant un énorme nuage de poussière à la suite de son saut. En l’espace d’un court instant qui semblait rendre insignifiant le concept même de distance, Modinaram était sur eux. Émile avait immédiatement déplacé son épée. Il n’y avait pas le temps d’attendre et de voir, et il avait dû libérer ses arts martiaux à pleine force dès le début.

« Quadruples attaques ! »

Avec une épée longue se déplaçant plus vite qu’une épée normale, son attaque s’était déclenchée plus vite qu’auparavant. Quatre frappes avaient été lâchées à peu près au même moment, frappant vers le Seigneur-Démon Suprême avec un timing parfait. Mais Émile était parfaitement préparé, ne s’attendant pas du tout à ce que ce soit un simple adversaire à combattre.

Pourtant, il n’aurait toujours pas été capable de prédire ce qui allait arriver. Le Seigneur-Démon Suprême Modinaram avait attrapé la lame de l’épée et l’avait frappée avec ses dents.

« Quoi... Quoi !? C’est… Il mange l’épée !? » s’écria Émile.

L’épée s’était cassée trop facilement.

Mais c’est une épée de grande classe qu’on a achetée dans la capitale !

« Geheheheheheh ! » Émile pensait avoir vu la tête de chèvre noire se moquer de lui.

Ses bras minces et maigres se déplacèrent alors qu’il serra ses poings. Son physique, au moins, n’était pas très différent de celui des Races.

Je peux l’éviter !

Mais alors qu’il le pensait, le poing du Seigneur-Démon Suprême s’approcha de son visage.

A-t-il prédit mon esquive !?

Alors que le poing allait s’enfoncer dans le visage d’Émile, une lame de lumière avait coupé le flanc de Modinaram.

« Raaah ! »

« Gaaaaaaaaaaaaaaah ! »

Son rugissement ne ressemblait à rien qu’un être vivant puisse émettre. C’était comme une cacophonie d’instruments de musique cassés.

Galford avait effectué une attaque tranchante, et elle semblait avoir atteint sa cible… Mais au moment où cette pensée traversa l’esprit d’Émile, Galford fit tinter sa langue.

« Est-ce que c’est... Rampart !? » Un art martial capable d’annuler les dégâts…

Toujours en train de crier, Modinaram avait encore levé le poing. Galford avait essayé de créer une certaine distance entre eux, mais tandis que le poing ne semblait pas se déplacer aussi rapidement, ses propres mouvements semblaient plutôt lents… comme si Galford s’était avancé vers le poing.

Un bruit de claquement, comme si un morceau de bois sec qui venait d’être écrasé retentit.

« Guh !? » L’expression de Galford s’était déformée. Son bras droit, qui avait pris l’attaque, s’était penché dans une direction contre nature.

Un guerrier de haut niveau comme Galford s’est fait casser le bras si facilement !? Émile ne pouvait pas croire ce qu’il voyait.

« Aaah... C’est fort… Trop fort ! » déclara Émile.

« Pas encore ! Même s’il me prend mon bras droit… Je ne peux pas… battre en retraite ! » cria Galford.

Galford avait formé une autre épée de lumière dans sa main gauche, qui avait été enveloppée de flammes rouges venant des effets de la capacité martiale Chaleur Sonique. Il s’était rapidement retrouvé dans une combinaison spectaculaire de huit frappes, mais Modinaram les avait toutes évitées avec une vitesse contre nature, mordant le bras gauche de Galford à la place. Un bruit humide et vil avait frappé les oreilles d’Émile, et du sang pourpre s’était répandu sur le sol.

« Gah ! » s’écria Galford d’agonie, en sautant en arrière. Étonnamment, son bras gauche manquait depuis le coude. Modinaram tenait la main gauche dans sa bouche, toujours ensanglantée.

Il lui a arraché le bras !?

Émile ne pouvait s’empêcher de frissonner. Ce qu’il voyait maintenant, c’était la terreur. Quand il faisait face à Ryoka, il pouvait sentir qu’elle était forte, et qu’elle était plus forte qu’il ne l’avait jamais imaginé quand ils échangeaient des coups. Mais Modinaram était différent.

À ce moment-là, Émile s’était rendu compte que nous n’avions aucun moyen d’infliger des dommages à Modinaram. Et nous n’avons aucun moyen de bloquer ses attaques, non plus. Quoi qu’il se passe ici, ce n’est pas une simple bataille, mais plutôt…

« Un massacre ! » proclama Eulerex, un sourire sombre étant présent sur ses lèvres alors qu’il regardait la bataille.

« En effet, comme s’il écrasait des mouches impuissantes… » Lazpuras hocha la tête.

« Heheh... Le Seigneur-Démon Suprême a absorbé beaucoup de Seigneurs-Démons ! » déclara Eulerex avec un ton extatique et exalté. « Il se bat avec le talent martial Rampart constamment activé, ses poings se voient accorder du pouvoir de Frappe Sûre, et ses crocs ont le pouvoir de Mort Certaine ! »

On ne pouvait s’empêcher d’être émerveillé.

« C’est écrasant. Les Races ont besoin de nombreuses années d’entraînement pour atteindre de telles capacités momentanément, mais le Seigneur-Démon Suprême se bat avec eux, constamment activé. »

« Notre victoire est assurée ! »

« En effet. »

Lazpuras était soulagé à l’intérieur, car le Seigneur-Démon Suprême ne les avait pas détruits avec un sort à grande portée. Si c’était le cas, la plus grande partie de la nourriture serait réduite en cendres. Si elle était utilisée dans le combat en mêlée, la ville de Faltra serait très probablement réduite en ruines. Tôt ou tard, les Races seraient massacrées, mais il fallait qu’elles mettent la main sur ces dispositions. Lazpuras espérait que cette bataille serait décidée rapidement.

« … Les Races devraient cesser leur lutte inutile et accepter leur destruction. Cela soulagerait au moins leur souffrance. »

« Heheheheheheh... Oui, essayer de s’opposer au Seigneur-Démon Suprême est inutile. »

« C’est tout à fait vrai. Il n’y a personne dans ce pays qui puisse faire du mal à… »

 

À ce moment, le Seigneur-Démon Suprême Modinaram avait été soufflé d’une manière spectaculaire.

*

« « Quoiiiiiiiii !? » » Lazpuras et Eulerex s’exclamèrent ensemble.

Une jeune fille les dominait, les bras croisés.

« Heheheheh... Tu t’es endurci si tu es capable de supporter le coup de pied du Seigneur-Démon, La Folie, »

Après avoir grimpé jusqu’à un point culminant — le reste des murs qui ne s’étaient pas encore effondrés — la jeune fille s’était jetée sur Modinaram avec un coup de pied tournant. Elle avait deux longues cornes et une queue, qui était fendue à son extrémité. Ses cheveux d’or brillants dansaient dans le vent. Les brossant sur le côté, elle posa les mains sur ses hanches et gonfla sa poitrine si maigre qu’elle avait l’impression de tomber en arrière.

« Ce Seigneur-Démon fait son entrée ! » déclara-t-elle.

 

 

« Klem !? » Les yeux d’Émile s’élargirent en raison de la surprise.

« Nnn ! » Galford gémit, des sueurs froides glissant sur son front. Son bras gauche était manquant du coude jusqu’à la main, et son bras droit était plié dans une direction incroyable, se balançant sans force. « Guh… L’enfant… que le Démon a amené… a repoussé Modinaram… !? Impossible ! » s’écria Galford.

Galford était sur le point de s’effondrer, mais il avait été pris et soutenu par une femme rousse : Laminitus. Elle n’avait plus son arme magique en main. Elle avait probablement décidé qu’il ne serait d’aucune utilité contre le Seigneur-Démon Suprême.

« Reculez, Sire Galford ! Nous ne nous attendions pas à ce que le Seigneur-Démon Suprême soit un monstre à ce point. On ne sait pas qui elle est, mais on n’a pas d’autre choix que de la laisser s’en occuper ! » déclara Laminitus.

« Kuh... Elle a dit… C’est un Seigneur-Démon, » déclara Galford.

« Quoi ? » demanda Laminitus.

« Je pensais que c’était… absurde…, » déclara Galford.

Mais Émile connaissait la vérité. Il l’avait déjà vu une fois, quand le Seigneur-Démon Krebskulm s’était réveillé à Faltra. Cette jeune fille, Klem, était le Seigneur-Démon Krebskulm.

Devant Émile, une jeune fille en tenue de serveuse, tenant une lance à la main, avait fait une apparition d’une manière inhabituelle.

« Entrer, à la manière du Seigneur-Démon ? Dans le chemin ! Bouge, humain ! » déclara la servante.

Il y avait quelque chose de bizarre dans ses yeux et sa peau… comme si elle n’était pas des Races.

« Vous êtes une déchue… !!? » Émile comprit, effrayé.

« Alors… quoi ? » La serveuse lui avait jeté un regard dur.

C’était un type de pression différent de ce qu’il ressentait de la part de Ryoka et du Seigneur-Démon Suprême. Ce qu’elle était n’avait pas vraiment d’importance.

« … Vous êtes magnifique, » déclara Émile.

Il avait l’intention de faire son salut habituel, mais la pointe de sa lance lui pique les pieds.

« Edelgard, on te dit de bouger ! » déclara Klem.

« Aaah, oui, oui, oui ! » déclara Edelgard.

Malheureusement, c’était une situation catastrophique. Galford et Laminitus étaient impuissants devant le Seigneur-Démon Suprême. Émile ne pouvait que serrer les dents.

***

Partie 2

Modinaram, qui avait été envoyé au loin, s’était levé. Il grognait avec force comme un loup, malgré sa tête de chèvre.

« Je vois que tu t’es souvenu de beaucoup de choses après avoir rassemblé les autres Seigneurs-Démons…, » Klem se moqua, ses mains encore sur ses hanches. « Mais c’est inutile si tu ne peux pas tout utiliser, Folie. »

En ce moment, Modinaram s’appelait le Seigneur-Démon Suprême, mais à l’origine, on l’appelait le Seigneur-Démon de la Folie. Il avait rugi avec force et ferma immédiatement la distance qui les séparait, envoyant son poing vers l’avant. Son bras était maigre et long, mais assez fort pour écraser le bras de Galford. Et, curieusement, c’était inévitable.

« Trop lent ! » cria Klem, donnant un autre coup de pied.

C’était une attaque grossière qui ne représentait rien de plus qu’un mouvement de la jambe vers l’avant, mais les yeux d’Émile ne pouvaient même pas suivre ce qu’elle faisait. C’était comme si le temps s’arrêtait pour tout le monde sauf elle. Modinaram fut de nouveau soufflé en arrière, avec sa tête de chèvre écrasée par le coup de pied avec un bruit de craquement.

« Hmph… » Klem avait ri. « Les rumeurs disent que tu étais plusieurs fois plus fort qu’un Seigneur-Démon, mais ça ? Tu es faible. Te retiens-tu contre ce Seigneur-Démon, imbécile ? »

Modinaram grogna, montrant ses dents en criant.

« Ah ! » s’exclama Klem. « Tu ne peux pas montrer ta vraie force, n’est-ce pas ? Tu as trop de pouvoir et tu es submergé par lui. Pathétique. »

Elle s’était rapprochée de lui. Cette fois-ci, Modinaram n’avait pas déclenché de grandes attaques, mais une série de coups de poing puissants, avec de petits mouvements qui rappellent ceux d’un escrimeur. Malgré tout, la force de ces impulsions était inimaginable. Klem était capable de les bloquer, mais ne pouvait pas contre-attaquer.

« Aaah, c’est mauvais… » gémit Émile. « Klem est plus rapide, mais Modinaram est plus fort. Il a un avantage en termes de portée. »

Edelgard, qui s’était avancée comme pour cacher Émile, se retourna pour lui faire face.

« Surpris… » dit-elle, apparemment impressionnée. « Un individu des Races peut-il voir ça ? »

« Bien sûr que oui. Je suis un guerrier, après tout, » répondit Émile.

« Oh… Vraiment surpris. Tu te trompes complètement, » déclara Edelgard.

« Quoi !? » s’exclama Émile.

« Seigneur-Démon, est, Seigneur-Démon ! Pas, repoussé, » avait-elle déclaré avec une expression fière.

Klem avait détourné les attaques de Modinaram l’une après l’autre, et pas un seul coup ne l’avait frappé.

« Qu’est-ce que c’est… ? » dit Klem, avec un sourire indomptable sur ses lèvres. « Je pensais que tu ferais quelque chose de plus intéressant après avoir fusionné avec autant de Seigneurs-Démons, mais tout ce que tu sais faire, c’est frapper ? Je m’ennuie avec toi. »

Elle avait balancé sa jambe vers l’avant et avait donné un autre coup de pied sur le visage de Modinaram. Un son de claquement de mauvais augure avait résonné au niveau de son cou. Sa tête de chèvre s’était inclinée anormalement lorsque Klem avait serré sa main droite. La lumière commença à émaner de son poing.

« Mon maître a ordonné à ce Seigneur-Démon de défendre cette ville. C’est pourquoi… Je vais te battre ! » déclara Klem.

« Gaah... Guuagh… »

« Si tu détruis les villes des Races, je ne pourrai plus manger de biscuits ! » déclara Klem.

Est-ce ta raison !? cria Émile dans son esprit.

L’instant d’après, Klem brandit son poing droit. « Détonation sans fin ! »

« Gah... Gaaagaaaaaaaagaaah !? »

Un éclair de lumière enveloppa Modinaram.

« Hehehehehe ! » Klem avait ri en montrant ses crocs. « Je vois que ton corps est protégé par une annulation des dommages, mais c’est inutile ! L’attaque d’un Seigneur-Démon ignore toutes sortes de défenses ! »

C’était si transcendantal que l’esprit d’Émile ne pouvait pas du tout suivre la logique de la chose. Il s’était rendu compte que Modinaram utilisait une capacité martiale d’annulation des dommages appelée Rempart, donc il ne semblait pas que les coups de pied de Galford ou de Klem avaient beaucoup d’effet. Il y avait ceux parmi les Races qui pouvaient utiliser Rempart, mais seulement pour un bref instant (une capacité annulant les dommages continuellement était après tout trop injuste). Mais l’attaque de Klem ressemblait encore plus à de la triche, car elle avait pénétré Rempart.

Une séquence d’explosions avait secoué la zone. Finalement, le bruit de quelque chose qui se brisait avait fini par arriver aux oreilles d’Émile.

« Gagaaaaaaaah !? » hurla Modinaram.

C’était le son de Rempart qui avait été percé. La puissante attaque s’était enfoncée profondément dans le côté gauche de Modinaram, son bras gauche étant enfoncé dans l’épaule et jusqu’à la poitrine. Il cracha du sang noir.

« Guh… Gahgah… Sur… Sur… prise… imprévu, pouvoir !? » s’exclama Modinaram.

« Hmm, » les yeux de Klem s’étaient plissés. « Pour que tu puisses parler. Je pensais que tu t’étais dégradée en une simple bête. »

Les lèvres de Modinaram, qui n’avaient jusqu’alors fait que gronder et rugir, se mirent à parler dans la langue des races.

« Je te demande, Seigneur-Démon de l’ Âme, Krebskulm… quelle raison as-tu d’être du côté des Races ? » demanda Modinaram.

« Parce que les biscuits sont savoureux ! » répondit Klem.

« … Bis… ? »

« Je vais te demander de me répondre maintenant. Pourquoi essaies-tu de tuer les Races ? » demanda Klem.

« Question idiote. Un Seigneur-Démon est un être qui apporte la ruine aux Races. Quelle autre finalité aurais-je besoin ? » répondit Modinaram.

« Ah ! Avec tous les Seigneurs-Démons que tu as absorbés, tu es encore complètement idiot ! Dans ce cas, je vais te donner la conclusion insignifiante qu’un idiot qui se bat sans réfléchir mérite ! » déclara Klem.

La lumière avait recommencé à s’accumuler dans le poing droit de Klem.

« Seigneur-Démon de l’ Âme, Krebskulm…, » la tête de chèvre de Modinaram expira doucement. « Le plus fort de tous les Seigneurs-Démons… Tu n’es pas un adversaire que je peux égaler sans enlever mon sceau. »

Le corps de Modinaram avait commencé à changer. Ses membres avaient soudainement augmenté en masse, et sa moitié gauche manquante s’était rapidement régénérée. Son torse avait également grandi en taille, correspondant à ses membres maintenant gonflés. Il avait grandi d’une tête, mais son corps était devenu une masse de muscles menaçants. La seule chose qui était restée inchangée était sa tête de chèvre noire.

« Je ne m’attendais pas à le libérer avant d’atteindre la capitale des Races. »

« Imbécile. Tu crois qu’un peu plus grand veut dire que tu es compatible avec ce Seigneur-Dém — ah !? » Klem sauta en toute hâte, alors que son sourire confiant avait disparu de ses lèvres.

Émile ne comprenait pas la transformation de l’ennemi. Son corps s’était certainement agrandi, mais ce n’était pas tout.

« Uuuu... Ce n’est pas possible… !!? » Edelgard avait pris du recul, effrayée.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« … S-Seigneur-Démon… Tant de… Beaucoup de Seigneurs-Démons ? Là-bas ! » répondit-elle d’une voix tremblante à la question d’Émile.

« Est-ce parce que c’est le Seigneur-Démon Suprême ? »

« Danger… oui…, » Edelgard avait très peur.

« Aimes-tu le goût du désespoir ? » demanda Modinaram, maintenant renforcé.

« Kuh… Donc c’est ta… pleine puissance, » déclara Klem.

« Krebskulm… Comme tu l’as dit, le pouvoir accumulé des Seigneurs-Démons est trop grand. Son utilisation entraîne la destruction de ce corps. L’autodestruction. Réduit à rien d’autre que des cendres. »

Modinaram étend les bras en montrant le bout de ses doigts qui se transforment lentement en sable. Avec le temps, Modinaram s’effondrerait sûrement complètement.

Klem se tenait droite, son poing droit brillait encore de lumière. « H-Hmph… Est-ce que le fait d’absorber les pouvoirs des Seigneurs-Démons t’a rendu si enclin à bavarder ? Ce Seigneur-Démon ne connaît pas de Seigneur-Démon bavard, » déclara Klem.

« Affirmatif. La sagesse aussi est une forme de pouvoir. »

« Cette façon de parler… C’est comme le Seigneur-Démon de la Gorge, Biotros. Celui-là était vraiment un faible qui ne savait pas quand se taire, » déclara Klem.

« Un fragment n’est qu’un fragment. Un manque d’existence. Quand tout sera rassemblé, j’y parviendrai. Je deviendrai le Seigneur-Démon primitif complet et inattaquable ! »

« C’est absurde. Quel est l’intérêt de devenir complet et invincible si tu ne penses qu’à tuer les Races ? » demanda Klem.

« Non, non. Le sens de tout cela est clair. »

« Oh ? » s’exclama Klem.

« C’est l’exercice du pouvoir en soi qui a une valeur infinie. »

« … Ce Seigneur-Démon n’a aucune idée de ce que tu viens de dire. On dirait que tu te déchaînes parce que tu le peux. Tu n’es rien de plus qu’un animal, » déclara Klem.

« Par conséquent… ce monde continuera d’exister. »

« Quel est l’intérêt d’exister s’il n’y a pas de biscuits ? » demanda Klem.

« Rejoins-moi, et nous deviendrons une existence complète. » Modinaram avait levé les deux mains.

« Je refuse ! » Klem avait sorti sa langue. « Si je me joins à toi, ce Seigneur-Démon ne sera plus ce Seigneur-Démon. »

« Il n’y a aucune valeur chez un individu incomplet ! »

« Ce Seigneur-Démon est déjà complet, parfait et invincible ! » déclara Klem.

« Krebskulm… Si tu n’es pas réveillé comme tu l’es, tu ne me surpasseras jamais. »

Modinaram avait activé sa magie. Une sphère brillante apparut dans ses mains, qui étaient tendues vers le ciel. La zone fut inondée d’une lumière aveuglante, comme si la boule était un petit soleil. Modinaram avait alors déplacé ses bras vers le bas. C’était le Ciel en Chute Libre, un sort que le Seigneur-Démon du Cœur, Kardia, utilisait autrefois. C’était comme si le soleil descendait du ciel sur eux.

Klem serra les dents. « Disparais ! »

Klem avait brandi son poing vers l’avant, déclenchant une seconde détonation sans fin sur la boule de lumière qui s’abattait sur elle. Les deux puissants sorts s’affrontèrent, l’air brûlant, et le sol tremblant.

« Tu es faible, Krebskulm. » Les yeux de Modinaram, comme ceux d’une chèvre, se plissèrent.

« Quoi... Quoi !? »

« Connais la puissance de ma magie ! »

« Ngh !? »

Modinaram tissa plus de magie au fur et à mesure que les deux sorts s’affrontaient. Pour les Seigneurs-Démons, la magie jaillissait constamment de leur intérieur, ils ne pouvaient jamais manquer d’énergie magique. Mais il y avait une limite à ce qu’ils pouvaient émettre à un moment donné. La capacité de Modinaram était surtout au-delà de la mesure — plusieurs fois supérieure à celle de Krebskulm.

Klem fut facilement repoussée, la lumière du sort de l’ennemi la consumant.

« Aaaaaaaah !? » cria-t-elle en hurlant d’une douleur brûlante qui enflammait ses membres.

Une explosion. Émile s’était abrité derrière les décombres, mais quelques malheureux chevaliers régionaux avaient été pris dans l’explosion et emportés. Les ondes de choc seules étaient si puissantes. Le vent souffla la fumée, révélant Klem, couchée sur la terre brûlée.

« Aaah... Guh… Uuuu... »

Des fissures traversaient son corps. Sa peau normalement claire, douce et souple ressemblait à celle d’un œuf brisé. Modinaram se tenait à ses côtés.

« C’est tout ce que le Seigneur-Démon de l’Âme, Krebskulm, celui que l’on chante comme étant le plus fort, peut accomplir sans être réveillé. »

« Il a ordonné… à ce Seigneur-Démon… Il me l’a confié ! » déclara Klem.

« Hmm… ? »

« Je ne peux pas… perdre ! » déclara Klem.

Frappant dans le sol, elle sauta en l’air et donna un coup de pied qui frôla le sol. Elle visait les jambes de son ennemi. Son coup de pied était puissant, mais c’était solide. Elle n’avait même pas cassé sa posture.

« Tu réalises que tu ne peux pas me battre en magie, alors tu te tournes vers le combat physique… ? Alors, apprends, chère Krebskulm, le pouvoir du Seigneur-Démon de la Main, Hattjabul. »

Pendant qu’il parlait, il donnait un coup de pied au flanc de Klem, qui s’accroupissait près du sol.

« Gyah !? »

La vitesse du coup de pied semblait pouvoir la faire reculer, mais Klem restait étonnamment au même endroit, comme si elle avait été enfoncée dans le sol. Modinaram avait donné un autre coup, cette fois en utilisant sa main avec ses doigts droits qui s’enfoncèrent dans l’estomac de Klem. Les doigts de Modinaram en forme de lance avaient été creusés à côté du nombril de Klem.

« Aaaaaaaah !? »

« Trop fragile. »

« Gaah... Uuuu… Argh… »

Klem avait alors saisi le bras de Modinaram des deux mains, essayant d’arracher ses doigts — mais ils ne bougeaient pas.

« Le Krebskulm éveillé est protégé par l’armure des Ailes de Lumière. J’en ai envie… la capacité de ton corps. »

« Uu... Guh… Idiot… Ce Seigneur-Démon ne se soumettra pas ! »

« Ta volonté n’a pas d’importance. »

Modinaram avait infusé dans ses doigts de la magie, toujours poignardée dans l’estomac de Klem. Des entrailles jaillirent alors du dos de Klem avec un bruit de cliquetis.

« Gah ! » Klem s’effondra sur le sol, impuissante, le rouge s’étalant sous elle, avec un trou de la taille d’un poing dans son estomac.

***

Partie 3

« Seigneur-Démonnnnnnn ! » Edelgard se précipita en avant, sa lance en main, avec une vitesse qui fit honte à Ryoka.

« Oh. » Modinaram avait bloqué le bout de la lance qui approchait entre deux de ses doigts. Rien que cela rendait Edelgard immobile comme si elle l’avait planté dans un mur de briques. Elle avait essayé de la tirer et de la pousser de toutes ses forces, mais en vain.

« Euh… Cela ne bouge pas… Ha !? » s’écria Edelgard.

« Un déchu s’opposant au Seigneur-Démon ? Impudence. »

« Edelgard a juré, fidèle ? Fidélité ! À Krebskulm ! » répondit Edelgard.

« Très bien alors. » Modinaram avait brandi son autre main vers le haut. Une épée noire était apparue. C’était semblable à l’épée de lumière que Galford utilisait plus tôt, mais elle était différente non seulement en couleur, mais aussi en taille. C’était une épée d’un noir profond.

« L’épée, Tueuse de Dieu !? » s’écria Edelgard en frissonnant des lèvres, regardant la lame en l’air.

« Si le sacrifice de ton être est ton souhait…, » l’épée frappa Edelgard.

Mais l’instant d’avant, une épée s’était écrasée sur le flanc de Modinaram.

« Je suis le défenseur de toutes les femmes ! » s’écria Émile.

Dans les mains d’Émile se trouvait une épée de lumière qu’il avait empruntée à Galford. Il avait encore une fois frappé. Il ne pensait pas que cela ferait quoi que ce soit, mais il ne pouvait pas rester là et ne rien faire. Il pourrait au moins faire gagner un peu de temps à Edelgard pour pouvoir s’échapper.

« Tir Magnum de la Foudre ! » Laminitus lui avait fourni un feu de couverture.

Les balles avaient toutes touché leur cible, mais pour Modinaram, c’était comme si une légère brise s’était abattue sur lui. Il avait balancé son épée longue et noire à l’horizontale.

« Mort aux Races ! »

L’épée, la Tueuse de Dieux, s’était transformée en plusieurs projectiles, et chacun d’eux puissant et mortellement précis. Émile en prit un à son épaule droite, son armure dorée ayant été facilement pénétrée, et une douleur brûlante courut à travers son corps.

« Gaaah... !? » Il était tombé à genoux. Une grande quantité de sang avait jailli des articulations de son armure. Il ne sentait plus son épaule droite, il ne savait même pas si son bras était encore attaché.

« Pas encore ! » Émile avait saisi de la main gauche l’épée qui était tombée de sa main droite. Alors qu’il essayait de se lever, il constata que sa jambe droite avait été complètement sectionnée.

« Kah !? »

Tout ce qui était sous son genou avait disparu. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était ramper sur le sol. Même s’il pouvait réfréner sa douleur avec sa détermination, il n’était pas possible qu’il puisse se tenir debout sans sa jambe.

Il faisait froid. Il était très conscient de la chute rapide de sa température corporelle, il perdait trop de sang.

« Guuh… Guérison… Turon ! » Levant son corps de la main gauche, Émile cria derrière lui. Mais en se retournant, il vit le guérisseur couché contre les décombres, frappé par l’un des projectiles du Seigneur-Démon Suprême.

Et Edelgard !?

Elle se tenait debout, la main tendue, protégeant Klem des projectiles. Même après avoir été frappée par quelques attaques, elle était toujours debout. Elle était aussi forte qu’on pourrait s’y attendre d’un haut gradé déchu.

« Haa, haa, haa... » Mais son souffle proclamait qu’elle n’avait plus de force pour se battre.

Klem, qui se trouvait derrière Edelgard, n’avait pas été complètement démolie, mais était néanmoins dans un état où il était difficile de dire si elle était même consciente. Les Seigneurs-Démons se transformaient-ils en particules de lumière quand ils avaient été vaincus comme les Déchus ou laissaient-ils des cadavres, comme les Races ? Émile ne savait pas. Il y avait aussi la possibilité que Klem soit déjà morte depuis longtemps.

Nous sommes anéantis…

L’idée lui avait effleuré le cœur. L’esprit combatif qui l’avait maintenu debout chaque fois, même lorsqu’il avait été renversé, était en train de mourir avec ses coéquipiers.

« Ai-je… échoué à protéger… encore ? » Le corps d’Émile avait tremblé.

Juste comme ça, il était tombé face contre terre…

Im… Possible ! Je ne me le pardonnerai pas !

« Ooooooooh ! »

Poignardant son épée dans le sol, il se leva avec la force de son seul bras. Le sang jaillissait de ses blessures, mais la douleur avait disparu. Sa vue était embrouillée.

« Seigneur-Démon Suprêmmmmmeee ! »

Quelqu’un se tenait devant lui.

« Je ne… tomberai jamais ! » cria Émile.

Sa main gauche avait arraché l’épée du sol. Il avait frappé son adversaire alors même qu’il tombait en avant. Mais l’attaque était beaucoup trop faible…

Les mains de quelqu’un avaient attrapé Émile.

Pourquoi suis-je… si faible !?

Ces grandes mains lui avaient serré les épaules. De grandes mains fortes et audacieuses.

Un allié !?

Une présence qu’Émile ne connaissait que trop bien…

 

 

« Modinaram est-il le gorille à tête de chèvre ? » demanda le personnage avec un ton beaucoup trop calme pour ce champ de bataille.

En entendant cette voix, les yeux blancs d’Émile se tournèrent, révélant le visage de celui qui se tenait devant lui.

« Je t’ai attendue, mon ami proche…, » déclara Émile.

Cela semble complètement différent du jeu, pensa Diablo en regardant l’ennemi qui se tenait devant lui. Le Seigneur-Démon de la Folie, Modinaram, qui était apparu dans le Croisement de la Rêverie, avait un corps maigre avec une tête de chèvre. Après avoir vaincu sa première forme, il se transformait et son torse est devenu comme celui d’un calmar noir. Mais le Modinaram avait ici le torse d’un gorille musclé et semblait habile au combat au corps à corps.

« Utilise les potions que je t’ai données tout à l’heure. » Diablo avait laissé Émile à Shera, tout en restant vigilant face à l’ennemi.

« O-Oui ! » répondit Shera.

« Prends aussi soin des autres, » déclara Diablo.

« D’accord, je m’en occupe ! » Shera hocha la tête profondément. Elle sortit quelques tubes de sa poche — des potions de Vie. C’était des objets rares de niveau SR, mais ils devraient même être capables de guérir ceux qui avaient été gravement blessés.

Rem, d’autre part, se dirigeait dans la direction de Klem et Edelgard.

Est-on arrivés à temps ?

Edelgard n’avait pas encore été tuée, donc ça devrait aller. Mais qu’en est-il de Klem ? Qu’est-il arrivé aux Seigneurs-Démons quand ils sont morts ? Dans le Croisement de la Rêverie, ils s’effondraient lentement. Dans ce cas, le fait que Klem ait gardé sa forme signifiait qu’elle était encore en vie. Il faudrait qu’il y croie pour l’instant.

Diablo tourna son attention vers l’ennemi qui était, selon toute vraisemblance, Modinaram.

« Hmph… Tu es devenu fou en mon absence, n’est-ce pas ? » déclara Diablo.

« Et qui es-tu ? » Il inclina sa tête de chèvre noire.

Dans le jeu, Modinaram avait un torse et des membres longs… mais l’absorption des autres Seigneurs-Démons avait apparemment changé son apparence. Il mesurait quatre mètres de haut en ce moment, et avait un corps musclé de gorille avec une tête de chèvre noire. Diablo n’avait pas trouvé de blessures sur son corps.

Il a combattu non seulement Galford et Émile, mais aussi Klem, et n’a subi aucun dommage…

C’était indubitablement un ennemi redoutable. Mais Diablo jouait le rôle d’un Seigneur-Démon. Son vrai moi ne pouvait pas espérer tenir tête à un monstre aussi effrayant, et il s’enfuirait probablement du combat, s’enfermant à la maison.

Mais maintenant, je suis un Seigneur-Démon ! Un Seigneur-Démon d’une puissance écrasante ! Et c’est pourquoi…

« Modinaram, je t’accorderai une punition digne de ton irrespect insensé ! Connais le jugement du véritable Seigneur-Démon ! » déclara Diablo.

« Le Seigneur-Démon, manquant de respect… le véritable Seigneur-Démon ? » répliqua Modinaram.

« Heheheheh... Tu revendiques le titre de Seigneur-Démon et ne me connais pas encore ? Ton ignorance n’a pas de limites ! » déclara Diablo.

Il était naturel qu’il ne connaisse pas Diablo, puisqu’il n’était qu’un individu des Races prétendant être un Seigneur-Démon… mais cette bravade faisait aussi partie de son jeu de rôle.

« Qui es-tu ? » demanda Modinaram.

« Hahaha ! Je suis Diablo, un Seigneur-Démon d’un autre monde ! » répondit Diablo.

« Non… » Modinaram secoua la tête. « Tu n’es pas un Seigneur-Démon. »

« Tu es tout simplement incapable de mesurer mon être ! Apprends la véritable étendue de mon pouvoir, sur ta chair même ! » répondit Diablo.

Diablo avait transformé son bâton en épée — l’Empereur du Tonnerre : Libre. Cela possédait un effet qui allait multiplier par sept les attaques, ce qui s’appliquait aussi au combat en mêlée. Cependant, cet acte allait faire monter en flèche la consommation de mana de Diablo.

Rem, Shera et les blessés avaient déjà pris leurs distances de Diablo et Modinaram. Il semblait que c’était tout le temps qu’il avait besoin de gagner en parlant. Il avait alors pris l’initiative.

« Nova blanche ! » Il avait lancé un grand sort qu’il avait préparé.

Vu l’état de délabrement du terrain, Modinaram n’avait aucune capacité de réflexion de la magie. Il pouvait avoir eu une capacité magique de réduction des dégâts, mais il suffisait de causer assez de dommage afin de surmonter ça. Après tout, s’il pouvait forcer Modinaram à contre-attaquer avec son propre sort de grande puissance, Diablo serait capable de le détourner et de prendre le contrôle de la situation.

Les éclairs du sort de la Nova Blanche avaient disparu. Comme toujours, cela avait causé d’énormes dommages au terrain, creusant le sol. La forme de Modinaram changeait à nouveau. Des ailes noires, semblables à celles d’un corbeau jaillirent de son dos et ils se replièrent vers l’avant pour bloquer le sort.

Mais il n’était pas indemne. Les ailes de Modinaram étaient en lambeaux et déchirées. Des fissures avaient traversé son corps solide.

Oui ! Je peux l’abîmer avec de la magie !

Les lèvres de Diablo s’étaient retroussées.

« Un tel pouvoir magique… » Les yeux de la tête de chèvre noire s’étaient élargis.

« Hehe... Étonnamment fragile, n’est-ce pas, Modinaram ? » demanda Diablo.

« Diablo… Oh, Diablo… Comme j’en ai envie de ce pouvoir magique ! »

Les yeux de Modinaram s’élargissaient tellement qu’il semblait que ses globes oculaires, qui étaient remplis de pourpre, pouvaient sortir de leurs orbites. Déchaînant un rugissement animal, Modinaram s’était précipité sur Diablo.

C’est rapide…

Le Seigneur-Démon Suprême se déplaçait si vite qu’il était impossible de suivre ses mouvements. Il avait ensuite étendu ses doigts en forme de lance pour percer l’abdomen de Diablo… ou ils l’auraient fait, si Diablo n’avait pas récemment effectué un entraînement.

« Tu es vraiment rapide ! » Diablo avait à peine échappé à la frappe.

Ce n’était pas une vitesse que Diablo ne pouvait pas suivre comme il l’était maintenant. Cependant, la main de Modinaram s’était penchée à un angle non naturel, volant toujours dans la direction de Diablo.

« Tu ne t’échapperas pas ! »

« Quoi !? »

Une entaille avait frappé les doigts allongés de Modinaram. Sasara s’était interposée entre eux, brandissant un katana avec le symbole du croissant de lune gravé dans son pommeau.

C’était la tactique martiale, Griffe de Broyage. Quatre doigts de Modinaram étaient tombés par terre.

« Une blessure, sur ma chair !? »

C’était une véritable démonstration de la force d’un maître à l’épée. Sasara se tenait aux côtés de Diablo.

« Attention, Diablo… C’est comme si ses poings avaient les effets du talent martial Coup Assuré sur eux, » déclara Sasara.

Cependant, il n’y avait aucun signe d’utilisation d’une capacité martiale. Dans ce cas, était-elle perpétuellement active ?

« Hmm… Maintenant que j’y pense, le Seigneur-Démon de la Main, Hattjabul, active les arts martiaux “Coup Assuré” et “Mort Certaine” en tout temps, » déclara Diablo.

« Les arts martiaux peuvent-ils rester activés !? » s’écria Sasara.

« Et il y avait aussi Rempart… Mais comme les épées et la magie fonctionnent sur Modinaram, je suppose que c’est déjà cassé. Sa réduction des dommages se limite à un certain nombre d’utilisations, après tout, » déclara Diablo avec un calme olympien.

« Pour en savoir autant, tu… » Modinaram plissa les yeux. « Non… Tu n’es pas un Seigneur-Démon. Qui es-tu ? »

« Hmph… »

Juste un joueur ordinaire, socialement incompétent !

« Je suis le Véritable Seigneur-Démon ! » déclara Diablo.

À ce moment-là, Rose, la servante magique, s’avança, son épée à deux têtes prête à l’emploi.

« En jugeant la force des subordonnées du Maître, il est évident que le Maître est supérieur à vous, » déclara Rose.

Rose était égale à un guerrier de niveau 150, et Sasara, qui se tenait à côté de Diablo, était de niveau 200.

« Ah, euh… Je ne suis pas sa subordonnée, mais plutôt son professeur… Ah, n-non, peu importe… » Sasara avait l’air légèrement mécontente.

Tous les Déchus qui avaient conduit Modinaram à ce champ de bataille observaient la bataille en cours depuis la ligne de touche. Eulerex était là aussi, mais il avait quand même pris la forme d’un hibou géant. Ryoka n’était plus là, alors que c’était quelqu’un dont Diablo se méfiait, car elle semblait à la fois forte et agressive. Mais si quelqu’un l’avait déjà battue… ? Quoi qu’il en soit, aucun Déchu n’était intervenu dans la bataille de Diablo contre Modinaram.

Je me sens bizarre. Diablo s’était toujours battu seul, mais maintenant il avait des compagnons à ses côtés. Ses subordonnés, ses compagnons, son professeur… Diablo ne savait pas trop comment les définir, mais quoi qu’ils soient, il pouvait compter sur eux.

Je ne suis pas encore habitué à ça, mais… ça ne me fait pas trop mal.

Maintenant, il pouvait se concentrer sur le tissage de ses sorts. Diablo avait bu une potion de mana, car ces sept exemplaires de Nova Blanche avaient consommé la majeure partie de son énergie magique.

***

Partie 4

« Klem, tu dois tenir le coup ! » s’écria Rem.

Prenant leurs distances par rapport à l’endroit où Diablo se battait contre le Seigneur-Démon Suprême, elles s’étaient retirées vers la porte de la ville. Pour être exact, c’était la porte ouest, qui était maintenant réduite à un tas de décombres. Rem se sentait pathétique d’être trop faible pour se battre aux côtés de Diablo, mais ce n’était pas le moment de se préoccuper avec de telles choses.

Autour d’elles se trouvaient des alliés grièvement blessés, ainsi que certains qui avaient déjà cessé de bouger. Rem et Shera étaient probablement les seules saines et sauves.

Nous devons en sauver le plus grand nombre possible !

Il y avait de multiples fissures sur le corps de Klem. Le simple fait de la prendre dans ses bras avait donné à Rem l’impression qu’elle pouvait s’effondrer d’une seconde à l’autre. Il y avait aussi le trou qui perçait son estomac. L’état dans lequel elle se trouvait était si grave que Rem avait dû se demander avec désespoir si elle était déjà morte.

« … Rem…, » les petites paupières de Klem s’ouvrirent lentement.

« Klem ! Tu es vivante ! » déclara Rem.

« Non… Ce Seigneur-Démon a été… battu. Je ne peux pas… être restaurée, » balbutia Klem.

« Non ! Non, c’est impossible ! Tu vois, j’ai une potion de Vie que Diablo m’a donnée ! » déclara Rem.

Sortant un tube, elle l’ouvrit, puis elle versa le liquide à travers les petites lèvres de Klem. Sa bouche s’était relâchée, et des fissures avaient traversé ses lèvres.

« Inutile… les potions des Races… ne fonctionnent pas sur un Seigneur-Démon. La vue, ou le son même… d’un miracle de Dieu… est méprisable…, » balbutia Klem.

« Mais… ! » s’exclama Rem.

« Un Seigneur-Démon est une existence solitaire… Nous ne pouvons être guéris… que par notre propre énergie magique…, » déclara Klem.

« Alors tu devrais te dépêcher de te soigner, s’il te plaît ! L’énergie magique jaillit de l’intérieur des Seigneurs-Démons, n’est-ce pas !? » demanda Klem.

« … Trop… de mon énergie magique… a été pillée. Il ne jaillit plus… Il n’en reste plus assez dans mon… corps, » sa voix devenait de plus en plus réduite.

« Klem !? »

« Aaah... Si seulement je pouvais manger… encore un… biscuit…, » balbutia Klem.

Rem pouvait sentir de la chaleur s’accumuler dans le coin de ses yeux. C’était comme si son cœur était serré. À ce rythme, Klem serait détruite. Klem était le Seigneur-Démon Krebskulm, que Rem avait autrefois voulu détruire même si cela lui avait coûté la vie. Mais maintenant, Klem était comme de la famille pour elle.

« Klem, je… Je ne veux pas te perdre, » déclara Rem.

Elle avait sorti de sa pochette un cristal transparent qui contenait des flammes noires qui vacillaient à l’intérieur. C’était un cristal de divinité qui contenait les restes de Krebskulm que Rafflesia, la chef des elfes noirs, avait extraite du corps de Rem.

Si je lui rends, elle pourrait se transformer en Krebskulm…

Klem n’était devenue une gentille fille aimant les biscuits que parce qu’elle n’avait pas ses souvenirs. Un Seigneur-Démon avait toujours eu l’intention de tuer les Races, mais elle n’avait jamais eu l’envie de le faire, car sinon, elle les aurait probablement combattues autrement. Les souvenirs qui manquaient à Klem étaient probablement scellés dans le Cristal de Divinité, avec l’envie de détruire les Races… mais il contenait aussi une énergie magique. Cette énergie magique était ce que Klem avait besoin…

Rem l’avait regardée. Klem avait l’air de croire qu’elle pourrait s’effondrer en sable à tout moment. Il se pourrait bien qu’il soit déjà trop tard… Il n’y avait pas de temps à perdre.

« Ah ! »

Elle posa le Cristal de Divinité dans le corps de Klem, le plaçant dans le trou de son estomac. L’orbe transparent s’était brisé et la flamme à l’intérieur s’était intensifiée.

« Klem ! » s’écria Rem.

… Mais rien n’avait changé. Le Seigneur-Démon était immobile, son corps était encore criblé de fissures.

Était-ce trop tard !?

Les mains de Rem tremblaient. Les souvenirs de Klem, mangeant des biscuits avec le sourire, avaient étincelé dans l’esprit de Rem. Le souvenir des rafles de méchants qui dérangeaient les citadins… de ses chansons heureuses… d’elle mangeant un steak, ou un gâteau, ou des pâtes… C’était surtout des souvenirs de ses repas.

Ses larmes coulèrent librement.

« Je suis… Je suis tellement… désolée… » Rem était accroupie, impuissante. « J’ai vacillé tellement et maintenant… maintenant, tu es… » Elle se couvrit le visage des deux mains et gémit ouvertement.

« Rem… ! ? Qu’est-ce qui ne va pas !? » Shera avait posé une main sur l’épaule de Rem.

« Klem est… Tout est de ma faute ! C’est tout mon fauve ! Aaah ! » cria Rem.

« Hein !? Klem… ! !? » s’exclama Shera.

« C’est à cause de mon indécision ! Je suis arrivée trop tard… Argh ! Je n’ai pas été à temps ! Aaaaaaaah ! » cria Rem,

« Quoi !? »

« Tu n’as pas survécu, Klem !? » s’écria Rem.

« Je n’ai pas… !? Je ne comprends pas vraiment, Rem, mais ne pleure pas… Tiens, prends un biscuit. Ça rend tout meilleur, » déclara Klem.

Le souffle de Rem s’était coincé dans sa gorge.

Hein !?

Elle avait levé le visage, pour rencontrer l’expression étonnée de Klem. Ses épaules frissonnaient.

« Oh, tu as arrêté de pleurer. Gentille fille. Maintenant, prends un biscuit. Mais c’est un peu friable, » déclara Klem.

Les lèvres de Klem souriaient. Dans sa petite main tendue, il y avait un biscuit cassé. La peau de sa main était encore fissurée, mais elle semblait guérir.

« Je suis si contente que tu sois en vie. » Shera tapota la petite tête de Klem. « Je suis si soulagée… »

« Heheh ! Mais bien sûr ! » déclara Klem.

« Klem… tu es… en vie… ? » Rem avait été choquée.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? N’est-ce pas toi qui m’as donné de l’énergie magique ? » demanda Klem.

« C’est vrai, mais je pensais ne pas être arrivé à temps…, » répondit Rem.

« Heheheheh, ce Seigneur-Démon est solide ! » Klem avait gonflé sa poitrine. Puis elle s’était retournée, se souvenant de quelque chose. « Je devrais guérir Edelgard maintenant. »

La jeune fille était sur le point de disparaître, avec plusieurs trous dans le corps. Mais en un instant, elle avait été guérie. Edelgard s’était levée à toute vitesse.

« Seigneur-Démonnnnnn ! Tout va bien… !? Très bien ! Si heureuse ! » déclara Edelgard.

« Ne pleure pas… N’es-tu pas un Déchu ? C’est embarrassant, toi, » déclara Klem.

« Aaaaaaaah… ! » cria Edelgard.

Quand ils s’étaient rencontrés, Edelgard n’avait que des expressions d’une poupée, et elle était terrifiante en plus… Mais ses émotions l’envahissaient chaque fois que le Seigneur-Démon était impliqué. Elle avait presque l’air adorable maintenant.

« Je suis heureuse que tu ailles bien aussi, Edelgard, » dit Shera avec les larmes aux yeux.

Ses glandes lacrymales étaient aussi lâches que ses pensées. Suivant l’exemple de Shera, Rem avait aussi pleuré.

Mais elle a guéri une Déchue sur le point de mourir en un instant. Heureusement qu’elle n’est pas une ennemie des Races…

Puis cela l’avait frappée.

« Klem, et tes souvenirs ? » demanda Rem.

« Hm ? Oh, je me suis souvenue d’un tas de choses. Tout ça grâce à toi, Rem, » déclara Klem.

« … De quoi te souviens-tu ? » demanda Rem.

« Heheheheh... Un Seigneur-Démon est un être qui annihile les Races, bien sûr ! » déclara Klem.

« N-Non ! » Rem avait reculé.

« … Mais ce Seigneur-Démon adore les biscuits, » déclara Klem.

« … Hein ? »

« Et vivre dans cette ville avec toi est amusant. Il y a probablement une tonne de choses savoureuses que je n’ai pas encore mangées, » déclara Klem.

« … Vraiment ? Mais, tes souvenirs…, » balbutia Rem.

« Rem, tu voulais vaincre le Seigneur-Démon Krebskulm, non ? » demanda Klem.

« O-Oui… Je ne le nierai pas. C’était mon plus grand souhait, » répondit Rem.

« Et maintenant… ? » demanda Klem.

Rem secoua la tête. « Si je le voulais encore, je ne t’aurais pas redonné ton énergie magique. »

« Alors c’est pareil pour ce Seigneur-Démon ! Je me suis souvenue qu’un jour, j’avais eu envie de massacrer les Races, mais les souvenirs ne sont plus que des choses du passé ! » répondit Klem.

« Kleeem ! » Shera serra la petite démone dans ses bras.

« Qu’est-ce que tu fais, Shera, on étouffe ! » déclara Klem.

« Je t’aimmmmmmeeeeeeee ! » cria Shera.

« Hmm… Oui, je peux le voir. Maintenant, laisse-moi, » déclara Klem.

Pendant qu’elle disait tout ça, Klem avait un grand sourire.

« Il y avait vraiment un sens… quant aux jours paisibles que nous avons passés dans cette ville, » dit Rem, essuyant ses larmes.

Maintenant, ils devaient gagner, pour protéger la vie qu’ils avaient menée. Et ainsi, leurs regards se tournèrent de nouveau vers la bataille en cours. Sasara et Rose étaient enfermées dans un combat en mêlée contre Modinaram.

Tout se passe si vite… Ses yeux n’arrivaient pas à suivre la bataille.

Diablo s’était alors mis en position de lancer plusieurs sorts, qu’il n’avait jamais utilisés lorsqu’il voyageait avec Rem et Shera, car les adversaires étaient toujours si proches…

Diablo avait remis son Empereur du Tonnerre sous son autre forme et l’avait dirigé vers Modinaram, en commençant sa Magie de Multiplex. C’était un défi de taille qui consistait à comprimer trois grands sorts en un seul. Le temps de préparation était incroyablement long, c’était donc un tour qu’il ne pouvait pas réussir contre un adversaire aussi agile qu’un joueur en solo.

La Magie Multiplex était une compétence spéciale, et en tant que telle, cela ne pouvait pas être utilisé plusieurs fois. Même s’il la gâchait, il ne pourrait pas la lancer une deuxième fois au cours de cette bataille. C’était risqué, mais ça garantirait des dégâts massifs si cela marchait.

Diablo avait alors récité le premier des trois grands sorts. « Les ténèbres plus noires que la noirceur, nées de la morosité du monde souterrain, se rassemblent et forment un arc… Arc Noir Chercheur ! »

Un arc, teint en noir de haut en bas, s’étend de l’extrémité du bâton de Diablo. Modinaram ne resterait pas tranquille à la vue du sort, car s’il avait la connaissance de plusieurs Seigneurs Démons, il connaissait sûrement la puissance derrière ce sort.

« Tu ne vas pas jeter ce sort ! » s’exclama-t-il. Il avait chargé vers Diablo, mais il avait été intercepté par Rose.

***

« Vous ne lèverez pas le petit doigt sur le Maître ! Crius ! » cria Rose.

Des mains massives étaient apparues dans l’air derrière elle. On aurait dit qu’ils étaient revêtus d’une armure et qu’ils contenaient des composants mécaniques. Des canaux qui ressemblaient à des vaisseaux sanguins y étaient attachés, gravés de symboles magiques. Les symboles brillaient du bout des doigts jusqu’au bout des mains.

Ces mains massives, le Sol Magimatique, tenaient la même épée à double tranchant que Rose tenait dans ses mains, sauf que la taille et l’échelle de l’arme étaient entièrement différentes. Une seule des lames était aussi grande que Rose.

L’épée massive s’était écrasée sur Modinaram, qui avait généré une épée noire de sa main droite pour la bloquer.

C’est le Seigneur-Démon de l’Oeil, l’Épée Tueuse de Dieu d’Iankaroz !

Diablo s’était alors rendu compte que les Flammes de la Ruine avaient fait tomber les murs de Faltra. C’était une capacité qu’on disait avoir la plus grande puissance de feu dans le jeu. Quand il avait défié Iankaroz, il avait lancé cette attaque et réduit tous les personnages en vue en une montagne de cadavres. Les forums lui avaient donné des noms différents comme la « Destruction du lever de rideau », les « Yeux Lasers », et le « Canon à Vagues d’Ondes »… La façon dont on l’appelait montrait à peu près sa puissance.

Le Sol Magimatique de Rose s’était heurté à l’épée noire d’Iankaroz. Mais ils n’étaient restés en contact qu’une seconde avant qu’elle ne soit repoussée.

« Le Sol Magimatique de Rose a-t-il perdu… !? » s’exclama Rose avec surprise.

Les grosses mains grinçaient, et des fissures commençaient à se former dans la grande épée à double tranchant. Rose correspondait à une guerrière de niveau 150, mais elle n’était pas capable de se battre à égalité avec Modinaram en face à face.

Juste à ce moment-là, Sasara avait déclenché une attaque au bon moment : le talent martial, Sans Limites ! La frappe avait ignoré le concept de distance, coupant Modinaram au poignet.

« Tu te moques de moi !? »

Sasara avait ensuite utilisé le talent martial Poussée Foudroyante pour réduire à zéro la distance rapidement, comme si elle changeait de place avec Rose, avant de libérer le talent martial Le Millier de Mains afin d’effectuer simultanément plusieurs dizaines de frappes à la fois. Mais alors qu’elle coupait du Modinaram, il avait déplacé son épée.

« Gyah !? » Sasara n’avait pas évité à temps, et elle avait pris le coup à l’estomac. Elle avait été mise à terre, mais elle s’était relevée immédiatement. Elle avait la capacité de ne subir aucun dommage une fois par jour. C’était comme une technique de triche selon Diablo, mais… il n’y aurait pas d’autre seconde chance ici. La prochaine fois qu’elle prendra ce genre de coup, cela la couperait en deux. Même un guerrier de niveau 200 était inférieur à Modinaram dans un combat individuel.

***

Partie 5

Diablo avait récité son second grand sort. « Le vide qui avale toute la création, viens à moi… Flèche Trou Noir ! »

La pointe du bâton de Diablo avait été consumée par une sphère noire recouverte d’électricité — un trou qui avait avalé tout ce qu’elle avait touché.

 

†††

Rose et Sasara avaient attaqué Modinaram simultanément des deux côtés. Mais Modinaram avait simplement généré une deuxième épée noire, bloquant efficacement leurs attaques des deux côtés, les repoussant. Même d’une seule main, la force de son bras dépassait celle de la force totale de Sasara. Pire encore, Iankaroz n’avait jamais manié deux Tueuses de Dieux dans le jeu. Est-ce à cause de l’influence de Modinaram qui l’avait absorbée pour devenir le Seigneur-Démon Suprême ? Ou peut-être s’agissait-il simplement d’une action qui n’avait jamais été mise en œuvre dans le Croisement de la Rêverie ? Quoi qu’il en soit, Diablo devrait être prudent. Supposer que tout serait pareil que le jeu pourrait être sa perte.

Diablo se concentra sur son troisième grand sort et récita. « Flèche du vide, transperce et frappe entre la frontière du ciel et de la terre ! Abîme de la Gravité ! »

Une flèche noire formée par magie fut tirée vers Modinaram avec une vitesse supérieure à celle d’un pistolet magique. Elle avait été tirée à bout portant, et avant même que Diablo n’ait pu prier pour qu’elle touche, l’attaque avait atteint sa cible, creusant dans le côté gauche du torse de son adversaire.

L’air tremblait alors que la Magie Multiplex qui liait les trois grandes magies ensemble s’activait. Le trou dans la poitrine de Modinaram s’était mis à tourbillonner, attirant vers l’intérieur sa peau ayant la forme d’une armure.

« O-Ooooooooooh… !? »

C’était un sort assez puissant pour consumer la majorité d’une énorme bête magique comme une baleine des sables. Un adversaire qui n’avait que deux fois la taille des Races serait consumé par lui en un rien de temps.

« Je suis le Seigneur-Démon Suprême, » rugit Modinaram, « Le destructeur des Races ! »

Il s’était tailladé le corps avec les épées longues dans les mains. Il avait utilisé celle de gauche pour se couper sous l’épaule gauche, et celle de droite pour couper sur le flanc gauche. Ce serait sans doute une blessure mortelle pour les Races, mais le Seigneur-Démon Suprême avait résisté. Le sort de l’Abîme de la Gravité n’avait consumé qu’une partie du corps de Modinaram : le côté supérieur gauche et son bras gauche.

 

†††

Normalement, il s’agirait d’une blessure mortelle. Non seulement pour les Races, mais même pour les Déchus, ils ne pourraient pas vivre avec la moitié de leur haut du corps manquant.

Je suppose que c’est approprié pour un Seigneur-Démon…

Diablo souriait d’une manière indomptable, mais il paniquait à l’intérieur. Dans le jeu, peu importe les dégâts infligés à l’ennemi, il n’était presque jamais physiquement représenté sur leurs sprites. La vue grotesque de la coupe transversale de Modinaram ici était écœurante.

« Hmph… Tu es encore plus dégoûtant, Modinaram. Cesse ta résistance et épargne-moi au moins d’autres indignités, » déclara Diablo.

« Guuuugh… Impardonnable… De telles blessures, sur ma chair ! » Le sang jaillissait de son corps pendant qu’il parlait.

Sasara et Rose retournèrent se tenir devant Diablo. Elles avaient toutes les deux sautillé au moment où il libérait sa magie, pour ne pas être pris par l’Abîme de la Gravité, mais maintenant, elles se tenaient toujours prêtes.

« Attention à toi, Diablo… L’ennemi est toujours déterminé à se battre, » déclara Sasara.

« Rose attend les ordres du Maître, » déclara Rose.

« Ne m’attendez pas, détruisez les Déchus qui sont avec le Seigneur-Démon ! » déclara Diablo.

En vérité, la Magie Multiplex avait laissé Diablo plutôt vidé. Il pouvait remplir son mana avec une potion, mais si la bataille durait trop longtemps, sa concentration s’effondrerait. Il pensait qu’il serait difficile de faire face à sept grandes tortues et aux innombrables Déchus qui les entourent dans son état actuel.

Soudain, la voix d’une fille l’avait appelé par-derrière.

« Diablo ! » Rem cria. « On a sauvé Klem et Edelgard ! Ainsi que le gouverneur et Émile ! »

Bien…

Malgré ce qu’il pensait, il s’était moqué de ça avec son comportement habituel de Seigneur-Démon. « Hmph… Des imbéciles tenaces. »

Mais il y en avait encore beaucoup près de la porte en ruines. C’était difficile de dire s’ils étaient arrivés à temps, mais ils avaient eu la chance de sauver Klem et leurs connaissances.

Diablo avait brandi à nouveau son épée magique. Il n’avait pas l’intention d’avoir pitié. S’ils n’étaient pas arrivés à temps, Modinaram n’aurait pas seulement tué Klem, mais il aurait aussi mis la main sur les habitants de la ville… et il aurait ensuite procédé à l’élimination de la totalité des Races.

« On va l’exterminer, » déclara Diablo.

« Tu arrives trop tard… Diablo… »

« Quoi !? »

« Tombe dans le désespoir… Les flammes de la fin, la ruine de toute la création ! »

Modinaram avait tendu la main sur sa poitrine droite et l’avait coupée à travers sa propre peau, l’épluchant avec un bruit de craquement pour révéler un globe oculaire enfoui dans son corps.

« Le Seigneur-Démon de l’Oeil, Iankaroz !? » Diablo avait senti un frisson couler le long de sa colonne vertébrale.

« Vous tous, tombez dans l’oubli, imbéciles qui avaient osé défier le Seigneur-Démon Suprême ! » Modinaram avait rugi.

Les flammes de la ruine !

Une lumière assez épaisse pour aveugler tout le champ de vision de Diablo avait été tirée du globe oculaire enterré dans la poitrine de Modinaram. C’était un éclair de lumière avec la même quantité de chaleur qui avait brisé les défenses de Faltra, se déchaînant pour la deuxième fois, cette fois avec la barrière déjà brisée.

Diablo poussa Sasara et Rose à l’écart et s’avança.

 

†††

« Tu as perdu, Seigneur-Démon Suprême ! » déclara Diablo.

Diablo avait avancé son poing gauche. Même les Flammes de la Ruine, qui possédaient la puissance de feu la plus élevée dans le Croisement de la Rêverie, étaient classées comme magiques — et pouvaient être reflétées par l’Anneau du Seigneur-Démon. La bague reposant sur l’annulaire de Diablo brillait d’une lumière rouge menaçante.

Peu importe qu’il soit fort ! Tant que c’est magique, ça peut encore…

Le flash avait consumé son adversaire. La dernière image que Diablo avait de Modinaram était celle de la surprise qui emplissait ses traits. Il avait peut-être une tête de chèvre, mais ses yeux étaient grands ouverts. Sa bouche était ouverte et criait quelque chose que Diablo n’entendait pas au-dessus de l’explosion.

Tout était teint en blanc, et la lumière aveuglante du sort s’estompa progressivement. Les échos tonitruants se calmèrent également, et un silence artificiel avait rempli la zone. Diablo regarda prudemment autour de lui — pas une trace de son adversaire n’avait été laissée.

Pas de corps non plus, hein…

Diablo ne connaissait que trop bien ce schéma. Alors qu’on célébrait leur victoire, l’ennemi attaquera par surprise, révélant qu’il était encore en vie, et il tuera un camarade. Il ne tomberait jamais dans le piège d’un tel cliché.

« Shera ! » Diablo haussa la voix. « Peux-tu reconnaître l’énergie magique des Déchus ? »

« H-Huh !? Ouais, à peu près, » répondit Shera.

« Quelque chose a changé depuis tout à l’heure ? L’énergie magique qui leur a été accordée par le Seigneur-Démon Suprême a-t-elle disparu !? » demanda Diablo.

Il craignait qu’elle ne sente rien, puisqu’ils étaient si loin des Déchus. La vue des Races serait normalement incapable de discerner leurs expressions, mais…

« Elle s’affaiblit ! » proclama Shera. « Leur énergie magique diminue, Diablo ! »

« Aaah ! »

C’est moi qui l’ai fait !?

Sasara hocha la tête. « Je ne peux pas sentir cette intention piquante et meurtrière de tout à l’heure. Selon toute vraisemblance, le Seigneur-Démon Suprême est… »

« Pas de réponse d’aucun capteur, » rapporte Rose. « Le maître est victorieux. »

 

« Et bien ouais ! »

 

… Ce genre d’enthousiasme innocent ne serait pas très approprié pour un Seigneur-Démon, alors Diablo s’était retenu et avait haussé les épaules avec indifférence.

« Hmph… Il s’est autoproclamé Seigneur-Démon, alors j’espérais qu’il serait fort… Mais en fin de compte, ce n’était rien de plus qu’un spectacle secondaire ennuyeux. Il ne m’a même pas fait une seule égratignure. C’est pathétiquement décevant ! » déclara Diablo.

Eh bien, c’est grâce à la carte maîtresse de l’adversaire qui est un grand sort que je pourrais réfléchir et à Sasara et Rose qui sont là pour me protéger.

Encore un autre combat qui avait appris à Diablo à quel point le fait d’avoir une avant-garde pour vous protéger rendait le combat beaucoup plus facile.

« Tu as réussi, Diablo ! » Shera s’était précipitée vers lui. « Tu es si fort ! »

« Hmph… Quel est l’intérêt d’énoncer l’évidence — mmfmffh !? » s’exclama Diablo.

Shera sauta vers lui, le visage de Diablo s’enfouissant dans sa poitrine généreuse.

« Rose s’excuse, Maître, » dit Rose, les yeux fermés. « Il semble que Rose n’ait pas remarqué une autre forme de vie hostile… »

« Wôw !? Rose, ne me pique pas les fesses avec ton épée ! » Shera se tortilla et lutta, s’accrochant toujours à Diablo.

Plus ! Face ! Des seins ! Des SEINSSSSSSSSS !! Doux, chaud, rond !

« Rose, tu me poignardes, tu me poignardes les fesses ! » s’écria Shera.

« Éloignez-vous de Maître ! » s’écria Rose.

***

Chapitre 3 : Comment ne pas aller à un banquet ?

Partie 1

Le soleil couchant brûlait au-delà des décombres de la porte, s’enfonçant sous les collines au loin. Les soldats et les aventuriers soignaient les blessés, les emportant sur des civières. Les blessés graves avaient été emmenés à l’église, de même que le corps des défunts.

Personne n’avait applaudi Diablo et son groupe. La seule chose que ceux qui avaient regardé la bataille avec le Seigneur-Démon Suprême ressentaient était la terreur. Diablo pouvait le dire d’après leurs seules expressions.

Pour eux, ce n’est pas comme si je les défendais…

C’était comme ça même dans le jeu. Diablo avait vaincu à lui seul des boss qui avaient besoin de grands raids pour les vaincre, mais personne ne l’avait vraiment félicité pour cela. Quant aux citoyens de ce monde, leur vie était en jeu, alors ils ne se moquaient pas de ses efforts ou ne prétendaient pas sans fondement qu’il trichait. À cet égard, les choses allaient mieux que dans son ancien monde.

Diablo était retourné en ville avec Rose et Sasara, Shera s’accrochant toujours à lui, quand le bruit des pas lui était parvenu aux oreilles.

« Diablo ! » Klem lui fit signe des deux mains. « Tu as bien fait de vaincre le Seigneur-Démon Suprême ! »

« O-Oui. Est-ce que ça va ? » demanda Diablo.

« Bien sûr que je vais bien ! Ce Seigneur-Démon est un biscuit dur ! » répondit Klem.

Elle était énergique, mais il y avait d’innombrables fissures et égratignures qui coulaient le long de sa peau, auparavant lisse comme de la porcelaine.

Edelgard se tenait derrière Klem. Elle avait été blessée jusqu’au bord de la destruction, mais elle était guérie.

« … Phew. » L’épuisement était évident sur son visage. Elle avait rappelé à Diablo une dame de bureau qui attendait le dernier train un vendredi. Rem était juste derrière elle.

« Tu as incroyablement bien fait, Diablo… Je crois que je n’ai plus les moyens d’exprimer mon étonnement à ton sujet, » déclara Rem.

Il avait l’intention de répondre d’une manière pompeuse, quand il réalisa soudain que son visage était pâle.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Rem ? » demanda Diablo.

« … Ah… Ce n’est pas aussi grave que ça en a l’air. J’étais si nerveuse que j’avais l’air d’aller bien tout à l’heure, mais le sort de téléportation m’a peut-être touchée. Tout ce stress a dû quitter mon corps au moment où tu as battu le Seigneur-Démon Suprême, » répondit Rem.

« Je vois que tu es toujours mauvaise avec les véhicules. » Bien qu’il soit difficile de dire si un sort de téléportation comptait comme un véhicule…

Rem avait baissé la tête. « Je suis désolée… »

Diablo avait paniqué en interne. Il ne pensait pas qu’elle serait aussi déprimée. C’est dans ces moments-là que son incompétence sociale avait révélée sa laideur ! Mais, en même temps, un Seigneur-Démon ne pouvait pas revenir sur ses paroles.

Alors qu’il cherchait quoi dire ensuite, des chevaliers de la région étaient apparus, leur armure métallique s’entrechoquant. Ils transportaient une civière, avec Galford couché dessus. Sa main gauche avait disparu et sa main droite était cassée. Il y avait des traces de saignement au niveau de l’abdomen, mais le saignement avait été arrêté. Comparé à tous les autres présents, il était aussi pâle qu’un cadavre, faisant même paraître Edelgard et Rem en bonne santé.

Galford avait tourné difficilement son cou pour regarder Diablo, et avait séparé ses lèvres maintenant violettes pour parler.

« Dire que vous avez vaincu le Seigneur-Démon Suprême… Cela défie toute imagination, » déclara Galford.

« Hehe... Il n’était même pas un défi ! » répondit Diablo.

Sa montée de niveau, le maître à l’épée Sasara, la poupée magique Rose, et la bague de Réflexion de la Magie. Si l’un d’entre eux n’avait pas été présent, on ne savait pas comment cela se serait terminé. Mais comme il avait gagné, il voulait jubiler le plus fort possible.

L’autre jour, Galford avait l’intention d’emmener Klem faire inspecter son corps, mais il pensait peut-être que faire face à Diablo était plus dangereux que ce que cela valait.

« Vous êtes…, » il s’était mis à parler, les lèvres recourbées. Mais, au moment où il était sur le point de finir la phrase, sa voix devint si petite que Diablo n’entendait plus le reste de ses mots. Les chevaliers régionaux s’inclinèrent une fois avant d’emporter le brancard.

« N’as-tu pas utilisé une potion sur Galford ? » demanda Diablo à Shera, qui avait encore ses bras enroulés autour de l’un des siens.

« Oui, je l’ai fait. Mais une seule n’a pas suffi pour le guérir totalement. Je voulais en utiliser une autre, mais il a dit qu’il n’en avait plus besoin, » répondit Shera.

« Hm. »

Il semblerait qu’un guerrier au-dessus du niveau 100 ne pouvait pas récupérer la totalité de ses points de vie avec une potion de rang SR. Cela dit, une potion de rang SSR était trop précieuse pour être utilisée librement comme ça. Diablo en avait assez avec ceux qu’il avait entreposés s’il avait besoin de les utiliser sur lui ou sur ceux qui l’entouraient, mais pas assez pour soigner les blessés dans une guerre d’une telle ampleur. Si Galford n’était plus en danger de mort, l’Église devrait s’occuper du reste. Diablo n’avait absolument aucune intention de se reposer sur ses lauriers et d’utiliser ces potions trop librement, pour les épuiser quand il en aurait le plus besoin.

En entendant les cris d’une femme, Diablo tourna son regard vers elle.

« Vite ! Vite ! La guerre n’est pas encore finie ! »

C’était Laminitus. Elle était accompagnée de troupes du génie, avec des outils de mesure à la main.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? » Shera inclina la tête de façon interrogative.

« … Cette bataille n’est pas terminée tant qu’ils n’ont pas restauré la porte et la tour de la barrière, » expliqua Rem.

Il était vrai que Faltra se trouvait actuellement dans une position exposée. Les Déchus étaient encore à l’ouest, ils n’arrivaient probablement pas à croire que le Seigneur-Démon Suprême ait été vaincu, mais ils cherchaient peut-être encore une chance d’attaquer. Il leur restait encore sept grandes tortues, ce qui pourrait constituer une menace imposante. Faltra devrait restaurer la barrière pour retarder leur attaque.

« Combien de jours faudrait-il pour reconstruire la tour ? » Diablo ne l’avait demandé à personne en particulier.

« … Il faudrait un an ou deux pour reconstruire un remplacement équivalent à ce qui a été détruit. Mais je pense qu’ils vont probablement en faire une temporaire pour le moment, » répondit Rem.

« Hmm. » Diablo acquiesça d’un signe de tête face à l’explication de Rem.

« … Dans ce cas, il faudra trois jours pour en construire une temporaire, » déclara Rem.

« Donc, si les Déchus se déplacent, ce sera dans ce laps de temps, » déclara Diablo.

« … Oui. » Rem regarda Laminitus criant des instructions. « Maintenant que le gouverneur est blessé, avoir Lady Laminitus, gouverneur de la Tour de Zircon, dans le domaine de l’ancien Seigneur-Démon est très encourageant. Normalement, elle n’aurait aucune autorité sur les troupes stationnées, mais cela n’a pas beaucoup d’importance en ce moment, étant donné la situation. »

« C’est vrai, » déclara Diablo.

Pour une organisation tombée dans le chaos, Laminitus, qui avait pris l’initiative sans se soucier des petits détails, était une présence idéale à avoir.

Juste au moment où Diablo pensait ça, son regard avait rencontré celui de Laminitus. Elle avait fermé un œil et lui avait fait un clin d’œil. Il se souvint ensuite, une fois de plus, la nuit après qu’il eut défendu la Tour de Zircon contre les Déchus, comment elle s’était introduite de force dans sa chambre et avait fait… ceci et cela, pour lui montrer ses remerciements. Le souvenir avait fait rougir Diablo.

« … Qu’est-ce qu’il y a ? » Rem inclina la tête, se tenant maintenant à côté de Diablo.

« Ah, non… Ce n’est rien du tout, » répondit Diablo.

Quelque chose de semblable s’était produit dans le royaume des elfes, et Rem l’avait attrapé avec son pantalon baissé à l’époque… Elle s’était mise en colère et l’avait traité avec froideur et du silence pendant un long moment. C’est à ce moment-là que Diablo avait décidé d’arrêter de se laisser emporter par ces situations.

En arrachant son regard de Laminitus, il se tourna vers la ville, juste pour voir une fille avec une paire d’oreilles de lapin qui sautait d’une calèche. Elle avait les cheveux roux qui arrivait à ses épaules et était vêtue d’une tenue plutôt révélatrice. Malgré cela, elle avait le corps d’une jeune fille. C’était Sylvie, la chef de la guilde des aventuriers de cette ville.

« Salut, Diablo ! Tout le monde ! Bon travail là-bas ! » déclara Sylvie.

« Ça fait si longtemps, Sylvie ! » Shera lui fit signe en souriant.

Rem hocha simplement la tête sans paroles, tandis que Klem, Edelgard et Rose semblaient sans expression.

Sasara inclina poliment la tête. « Enchantée de vous rencontrer. Je suis la treizième maître d’armes, Sasara Graham. »

« Oui, enchantée de vous rencontrer ! Je suis Sylvie ! » Sylvie inclina la tête en réponse.

En échangeant des salutations avec tous les autres, Sylvie regarda Diablo à nouveau. « Vous nous avez vraiment sauvés ! Je croyais qu’on en avait fini quand la porte s’est effondrée ! »

« Hm. »

« Oh ? Ne me demandes-tu pas où j’étais jusqu’à maintenant ? » demanda Sylvie.

« Tu étais à la Guilde des Mages, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

« Franchement, il n’y a vraiment rien qui peut vous duper, Diablo ! » Elle sourit ironiquement. « Vous l’avez remarqué si vite. »

« Si l’armée du Seigneur-Démon attaque Faltra, cela signifie qu’ils combattent essentiellement la barrière anti-déchus. Les Races ne seraient pas vaincues de sitôt tant que la barrière restait en place, » expliqua Diablo.

« Ouais, ouais, ouais. »

« Mais en d’autres termes, cela signifie que les Déchus avaient dû prendre des contre-mesures pour la barrière. Quand Edelgard a attaqué la dernière fois, ils ont utilisé un Déchu infiltrant la ville en incitant un membre de la Guilde des Mages, et il y a eu le Déchu qui a essayé d’assassiner Céles, » déclara Diablo.

Mais cela s’était soldé par un échec. Edelgard avait déformé son visage en se souvenant de ses échecs passés.

« C’est pourquoi ils m’ont demandé de la protéger, » dit Sylvie en claquant des doigts. « Ils m’ont demandé de garder Céles en sécurité. »

« Ça a l’air d’être une décision assez valable. » Le contenu de la demande et la personne à protéger étaient pertinents.

« Nous n’aurions jamais pensé qu’ils auraient détruit de force la tour et la porte, » déclara Sylvie.

« … Céles est-elle en sécurité ? » demanda Rem.

« Oui, mais elle a été morte de peur quand la barrière a été franchie. Mais maintenant, elle rit en disant que depuis qu’elle est libérée de la barrière, elle a plus de liberté qu’elle n’en a eu en douze ans, » répondit Sylvie.

« … Il n’y a pas de quoi rire… Mais cela dit, après avoir vu la force écrasante de Diablo, je doute que les Déchus osent nous attaquer aveuglément, » déclara Rem.

« Ayup. » Sylvie se souvient alors de quelque chose. « Oh, au fait… Nous avons accueilli Émile à la Guilde des aventuriers. Il a été grièvement blessé, mais sa vie n’est pas en danger. Il devrait aller mieux dans trois jours maximum. »

Shera avait montré son soulagement. « C’est bien… Je lui ai donné une potion de vie, mais je n’étais pas sûre que ce soit suffisant. »

« Merci, Shera. Si tu ne l’avais pas fait, il n’aurait peut-être pas survécu, » déclara Sylvie.

« Hehe. »

« … Et les autres ? » demanda Rem d’une voix lugubre.

« Hm…, » Sylvie baissa les yeux à cette question. « Eristoff et Grutas n’ont pas survécu. »

« … Je vois, » déclara Rem.

« Il y a eu pas mal de victimes parmi les soldats postés aux remparts et les chevaliers régionaux… Mais, vous savez ? Quand les gens entendirent parler d’une invasion par l’armée du Seigneur-Démon avec un millier de troupes qui avançait, tout le monde pensait que le côté ouest du royaume, à commencer par Faltra, serait réduit en cendres, » déclara Sylvie.

Pas seulement Rem, mais Shera et Sasara avaient des expressions sérieuses sur leur visage. Bien qu’il ne l’ait pas montré à l’extérieur, Diablo l’écoutait aussi avec attention.

« Vous et votre groupe nous avez tous protégés, Diablo, » dit Sylvie en le regardant droit dans les yeux. « Merci. Je vous remercie tous du fond du cœur. »

***

Partie 2

« Alors je vais maintenant retourner auprès de Céles. On ne peut pas baisser notre garde maintenant ! » déclara Sylvie.

« … Puis-je me joindre à vous ? » Rem avait levé la main face aux mots de Sylvie.

« Bien sûr, mais pourquoi ? » demanda Sylvie.

« … En échange de ma liberté, j’ai promis de tout lui signaler, » répondit Rem.

« Je vois. J’adorerais aussi entendre votre rapport…, » répliqua Sylvie.

« … Je refuse, » déclara Rem.

Alors qu’elles procédaient à leur échange, Rem et Sylvie s’étaient rendues à la Guilde des Mages.

« Très bien ! Allons manger des biscuits ! » Klem avait montré du doigt le sud de la ville.

« Huhhhh ! Mais il est si tard ! Tous les magasins sont fermés, » dit Shera, les yeux grands ouverts avec appréhension.

Ce n’était pas une question d’heure, avec l’invasion de l’armée du Seigneur-Démon et l’effondrement de la barrière, les Déchus pouvaient inonder la ville à tout moment. Personne n’avait eu le loisir de garder un magasin ouvert à ce moment crucial.

« Mais je veux manger des biscuits ! » Klem avait donné un coup de pied au sol dans l’ennui.

« Mais tout le monde dort…, » déclara Shera.

« Ce n’est pas vrai ! Regarde, c’est si animé dehors ! » déclara Klem.

Comme l’avait dit Klem, les gens dans les rues étaient animés comme s’ils étaient sur le point de se lancer dans une danse. Ils étaient passés d’une situation critique, ne sachant pas s’ils vivraient un jour de plus, à la défaite du Seigneur-Démon Suprême. La ville avait été sauvée. Une situation similaire s’était également produite dans la Tour de Zircon.

« N’as-tu pas fait des provisions de biscuits ? » demanda Shera.

« Je les ai déjà tous mangés. J’ai pensé que je devrais combattre la Folie, alors je les ai mangés pour me préparer » déclara Klem.

« Oh mon Dieu ~ ! » s’exclama Shera.

« Ce Seigneur-Démon a travaillé très dur ! Et comme j’ai travaillé si dur, ça n’a pas de sens que je n’aie pas de biscuits ! » déclara Klem.

« D’accord, » déclara Shera.

« À ce rythme, ma seule option serait de tout réduire en cendres ! » déclara Klem.

« Non non non non non ! Tu ne peux pas faire ça ! On va acheter des biscuits, mais si le magasin est fermé, on attendra demain matin, d’accord ? » déclara Shera.

« Jmm. »

« Diablo, je vais aller au Pétri, » dit Shera, l’air un peu gêné.

« Hmm… alors, je vais me joindre à toi, » déclara Diablo.

« C’est bien, mais… tu dois être fatigué après toutes ces bagarres, n’est-ce pas ? Ne te force pas. Regarde, même Sasara est super endormie, » répondit Shera.

« Hm ? »

Maintenant qu’elle en avait parlé… Sasara dormait debout. Elle s’appuyait contre Rose et s’endormait.

« Zzzzz… Zzzzz… »

« A-Ah, Sasara ? » demanda Diablo.

« Ah ! » L’appel de Diablo lui avait fait ouvrir les yeux avec un départ. « Ah, je suis désolée… Je m’endors dès qu’il fait nuit. »

« N’as-tu pas passé la nuit à lire ce livre la dernière fois ? » demanda Diablo.

« Euh… Je vais bien si je n’ai pas à me battre si sérieusement, mais… Aaaaah, » répondit Sasara.

Apparemment, se battre avec des arts martiaux de haut niveau était épuisant. Diablo lui-même était aussi fatigué. Par mesure de sécurité, il avait bu une potion pour récupérer son mana perdu, mais comme il avait été contraint à un état de suspense total, il avait besoin de se reposer.

« Groupe Diablo, repos. » Edelgard hocha la tête. « Edelgard, protéger le Seigneur-Démon ? Protégez ! »

« Ne sois pas stupide. Ton maquillage est parti, et ta tenue de serveuse est foutue. N’importe qui peut dire que tu es une Déchue en ce moment, » déclara Diablo.

« Mmmrgrg… » Elle avait inspecté sa propre apparence. Klem avait guéri son corps, mais ses vêtements avaient été détruit par les attaques du Seigneur-Démon, la laissant dans un état à moitié nue qui aurait rendu difficile pour Diablo de la regarder si cela avait été plus clair.

« … Altération ? » Edelgard avait incliné la tête.

« T’es quoi, un modèle en plastique ? Rejeté ! » s’écria Diablo.

Apparemment, travailler dans un café de bonne avait rempli la tête de jargon qu’il valait mieux qu’elle ne sache pas…

Mais même ainsi, ce n’était pas acceptable. Edelgard était avec Diablo en ce moment, et beaucoup avaient vu la bataille plus tôt. Cependant, si Edelgard se promenait en ville sans se déguiser, cela provoquerait une émeute. Klem était apparemment capable de changer de tenue à volonté, il n’y avait même pas de traces de la bataille précédente sur ses vêtements maintenant. Sa queue était repliée à l’intérieur de sa jupe et ses cornes étaient cachées sous un chapeau. Ses oreilles et ses yeux semblaient encore atypiques, mais elle pouvait se faire passer pour une sorte de démon étrange.

« Edelgard, attends-nous à l’auberge ! » Klem le lui avait ordonné.

« Euh… attendre, debout. »

Shera sourit amèrement face au regard malicieux avec lequel Edelgard la regardait. Après ça, elle avait emmené Klem au Pétri.

« Que doit faire Rose avec celle-ci, Maître ? » dit Rose, portant Sasara.

« Ah… Ramène-la à l’auberge. Y a-t-il un problème avec ça ? » demanda Diablo.

« Une tâche assez facile, » répondit Rose.

« Tu dois aussi être fatiguée… Non, je suppose que tu ne le seras pas, » déclara Diablo.

« La bonne magmatique n’éprouve pas de fatigue. Rose est, cependant, à court d’énergie magique. Rose a besoin d’une charge rapide pour réparer les dégâts infligés pendant le combat, » déclara Rose.

« Hm. »

Diablo était un peu surpris. Il pensait qu’elle laisserait Sasara par terre après s’être endormie sur elle. Elle avait traité Sasara comme une intruse lorsqu’elles s’étaient rencontrées dans le donjon du Seigneur-Démon, mais peut-être que le fait de se battre dos à dos avec le maître à l’épée avait quelque peu changé ses valeurs ?

Je change peut-être de la même façon, pensa Diablo.

« Hmph… » Diablo sentit ses lèvres se détendre en un sourire. « Tu chéris vraiment Sasara, n’est-ce pas, Rose ? »

« Bien sûr, Maître. Rose est nécessaire pour verrouiller automatiquement tous les objets au-dessus de la rareté SSR. En d’autres termes, Rose ne peut pas les jeter sans permission, » répondit Rose.

« O-Oh ! » s’exclama Diablo.

Elle traitait Sasara comme un autre objet…

†††

Les célébrations étaient plus festives que Diablo ne le pensait. Les gens travaillaient encore en première ligne pour restaurer la barrière, et même si le Seigneur-Démon avait été vaincu, personne n’avait proclamé que les combats avaient pris fin. Ce monde n’avait pas de téléphones intelligents ou de messages texte, donc les seuls qui auraient pu dire à tout le monde de telles nouvelles étaient les soldats qui regardaient la bataille. Ainsi, l’information concernant la vie et la mort de chacun voyageait de bouche à oreille, mais lentement.

Ceux qui avaient entendu parler de la victoire avaient couru dans les rues, dansant comme s’ils rendaient grâce à Dieu. Les hommes plus âgés marchaient côte à côte avec toutes les personnes qu’ils pouvaient trouver, même s’ils ne connaissaient pas leur nom, et leur offraient à boire pendant qu’ils chantaient les cadences de marche et l’hymne national. Les gens échangeaient des signes de victoire et des câlins avec tous ceux qu’ils rencontraient. Les voir avait rempli Diablo d’un sentiment de satisfaction à l’idée de défendre la ville.

Aaah, c’est une bonne chose que je les ai protégés.

Ivre de l’humeur festive, un beau gosse avait surpris une fille qui marchait au hasard dans la rue et, sans lui donner son nom, l’avait attirée pour un baiser profond. Cependant, la jeune fille n’avait pas semblé insatisfaite de cela, enveloppant ses mains autour de son dos.

Le poing de Diablo tremblait en serrant les dents à la vue.

Et maintenant, je me sens… beaucoup moins enclin à sauver les Races…

« Maître… » Rose gémit, ses yeux brillaient. « Cette expression sur le visage du Maître est… si bonne… Haa, haa, haa... »

« N-Non… La paix est la meilleure des choses. Hm ! » déclara Diablo.

Ils étaient arrivés à l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit — Crépuscule située dans le quartier ouest. Cependant, il y avait une foule de gens devant. Il y avait d’autres endroits comme celui-ci le long de la route principale où la population et les entreprises organisaient des fêtes somptueuses pour célébrer la victoire.

Alors que Diablo pensait que toute la nourriture gratuite serait meilleure si elle n’était pas si forte, une petite ombre avait sauté vers lui depuis une ruelle voisine.

« Quoi !? » s’exclama Diablo.

« C’est moi, miaou ! »

Dès qu’il entendit la voix, il arrêta son Empereur du Tonnerre en plein swing.

« Mei… c’est toi ? » demanda Diablo.

C’était difficile à dire dans l’obscurité, mais c’était l’idole et la tête d’affiche de l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit, Mei.

« Oui ♡ ! C’est la petite Mei ☆ , » dit-elle, faisant une pose de chat.

« Qu’est-ce que tu faisais là ? » demanda Diablo.

« Je vous attendais, Diablo, miaou ! J’ai pensé que vous pourriez avoir des ennuis si vous retourniez à l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit comme ça, » répondit Mei.

« Explique-toi. Je vais te l’autoriser, » déclara Diablo.

« Je vais le faire, alors suivez-moi, » dit Mei, regardant à gauche et à droite sans relâche. « Cet endroit n’est pas bon. »

Il avait des soupçons, mais Diablo doutait que ce soit un piège. Il avait suivi Mei dans la ruelle.

« Est-ce acceptable, Maître ? » demanda Rose.

« Même si c’est un piège, si c’est quelque chose de plus dangereux que le Seigneur-Démon Suprême, ce serait amusant à sa façon, » répondit Diablo.

Rose s’inclina et prit du recul. Edelgard les suivait en silence. Si c’était Rem ou Shera, il leur aurait normalement laissé les négociations, mais…

Une fois qu’ils étaient sortis du tumulte, Mei avait ouvert ses lèvres pour parler.

« Les gens qui miaulent devant l’auberge sont tous là pour vous, Diablo, » déclara Mei.

« Quoi !? » s’exclama Diablo.

« On dit que vous avez vaincu le Seigneur-Démon Suprême, » déclara Mei.

« Ce n’est pas une rumeur, c’est un fait. » Rose hocha la tête. « Le Maître exalté de Rose a réduit en poussière le Seigneur-Démon Suprême. »

« Whoa... Vraiment, miaou. Bref, tout le monde s’est emballé et s’est rassemblé ici pour vous voir, » déclara Mei.

« O-Oh… ! » s’exclama Diablo.

Je ne me sens pas trop mal. Peut-être qu’il devrait se montrer après tout.

« À ce rythme, il faudrait attendre jusqu’au matin pour recevoir un mot de remerciement de chacun d’entre eux. » Mei haussa les épaules. « Je pensais que vous pourriez aller vous reposer sans avoir de câlins de tous ces vieux hommes. »

Petite Mei, tu es une bénédiction !

Ce n’était pas visible dans l’expression désintéressée de Diablo, mais son cœur était plein de gratitude.

« Et, à cause de cela…, » dit-elle, les conduisant à travers la ruelle en zigzag. « Ta-da ☆ L’Auberge de la Tranquillité d’Esprit — Cachette ! Une auberge secrète, réservée aux clients spéciaux mew-nly ! »

Il était derrière les maisons d’habitation et cela n’avait pas d’enseigne. Sa porte était simple et sans décorations, donc même si l’on passait juste devant, on ne devinerait pas qu’il s’agissait d’une auberge.

« … N’est-ce pas une simple maison ? » demanda Rose d’une voix froide.

« Ce n’est pas vrai ! C’est une auberge de la tranquillité d’esprit, service garanti ! » déclara Mei.

« C’est très bien. Je vais l’autoriser. » Diablo acquiesça d’un signe de tête grandiose. « Je n’aime pas le bruit et l’entêtement. Restons ici. »

Diablo avait demandé que Rem, Shera et Klem soient dirigées ici à leur arrivée à l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit — Crépuscule.

« Bienvenue ♪ , » déclara Mei.

L’intérieur de l’endroit ressemblait à l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit normale. Mei leur avait donné un jeu de clés.

« Rose et la nouvelle fille ont une chambre ! Klem et Edelgard en ont aussi une. J’ai aussi une chambre pour Rem et Shera. Vous avez l’Auberge Cachette pour vous tout seuls, Diablo ! » déclara Mei.

« Hm. »

Il s’était habitué à ce que tout le monde dorme blotti sur un grand lit, mais il était encore plus détendu quand il dormait seul.

« Diablo, pouvez-vous attendre une seconde ? » demanda Mei.

« Hm ? Rose, vas-y, mets Sasara au lit dans ta chambre, » déclara Diablo.

« Comme le souhaite le Maître, » déclara Rose.

Rose monta l’escalier, entraînant Sasara avec elle. Edelgard prit aussi sa clé et se retira dans sa chambre. Il n’y avait plus que lui et Mei.

 

†††

« Avais-tu besoin de quelque chose de moi ? » demanda Diablo.

« Eh bien, hmm… Diablo, voici la clé de votre chambre, » déclara Mei.

C’était une clé en argent.

« Oh ? »

« C’est la preuve que vous êtes un client spécial de l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit… C’est une invitation à vie à rester gratuitement ♪. À partir de miaulement, n’hésitez pas à penser à cette ville comme à votre ville de résidence ☆ , » déclara Mei.

Il s’était retrouvé en train de regarder Mei en face.

« Ehehehe... Ça vous plaît-il ? » demanda-t-elle, ses joues devenant roses.

« Oui, ce n’est pas mal, » déclara Diablo.

« C’est un cadeau du propriétaire. Et voici un cadeau de la petite Mei, » déclara Mei.

« Hm ? »

Mei s’était écartée, était montée sur une plate-forme spécialement préparée, puis s’était tenue sur la pointe des pieds.

« Mwa ♡ ! » Ses lèvres avaient touché la joue de Diablo.

 

 

 

Hein !?

Mei sauta de la plate-forme avec un petit bruit sourd et prit une certaine distance entre leurs corps.

« Mrooow… » Son visage était rouge vif. « Je suis désolée si mew n’a pas aimé le cadeau. Mais c’était le premier baiser de l’idole locale ☆ . »

Diablo était sans voix.

« Diablo, merci miaou de nous avoir tous protégés ! » déclara Mei.

La vue d’elle prenant une pose pour cacher son embarras était en quelque sorte exceptionnellement innocente et adorable.

***

Partie 3

Quand il était entré dans sa chambre, il avait été confronté à Rose, le haut de son uniforme enlevé. Elle était seins nus, avec ses seins complètement exposés !

« Nom d’un chien, ma vie présente un certain problème ! » il s’était retrouvé en train de s’exclamer à haute voix.

D’une certaine façon, il était passé d’une scène romantique sordide à un scénario érotique qui cadrait parfaitement avec l’un de ses jeux pornographiques.

« Rose est prête, Maître, » dit Rose avec une expression indifférente qui semblait ne rien trouver d’anormal.

Tant mieux pour toi, parce que mon cœur ne l’est pas !

« Quoi ? » demanda Diablo.

« Bien sûr, pour que le Maître verse sa substance… dans Rose, » déclara Rose.

« De l’énergie magique ! Mon énergie magique ! » s’exclama Diablo.

Il aurait préféré qu’elle arrête de dire les mots les plus importants d’une voix grave et inaudible.

« Oui, pour que le Maître renverse dans Rose, la substance épaisse, abondante et sirupeuse du Maître… à l’intérieur de Rose, » déclara Rose.

« … Tu fais ça exprès ? » demanda Diablo.

Elle avait incliné la tête avec une expression vraiment interrogative. Il avait l’impression que le souligner plus clairement ne ferait que le faire marcher volontiers dans les sables mouvants.

« … Ah, est-ce trop dur aujourd’hui pour le Maître ? Le Maître est-il fatigué ? » demanda Rose.

Il était en effet fatigué, mais dire. « Je suis fatigué donc je vais dormir pour la nuit » était plus une « phrase d’un employé de bureau surmené » qu’un « Seigneur-Démon en forme ».

« Hmph… Pour qui me prends-tu ? Combattre un adversaire de ce niveau ne me fatigue même pas ! » répondit Diablo.

« Aaah, toujours aussi impressionnant, Maître ! » déclara Rose.

« Je déverserai toute l’énergie magique dont tu auras besoin ! » déclara Diablo.

« Remerciement pour le Maître. Rose est tellement submergée de gratitude que Rose détecte un frisson inexplicable dans tout le corps de Rose, » déclara Rose.

Avoir une fille à moitié nue baisser la tête si bas devant lui que son dos exposé était visible, c’était comme s’il n’était pas tombé dans un monde basé sur le Croisement de la Rêverie, mais dans un autre type de jeu qui serait mieux de ne pas être mentionné.

« En tout cas, assieds-toi. Ah, non, oublie ça…, » déclara Diablo.

Le corps de Rose était aussi lourd qu’un chevalier entièrement en armure. Elle n’avait pas transpercé vers le deuxième étage, mais s’était dû à la construction solide du bâtiment. Si elle s’asseyait sur un lit ou une chaise, elle écraserait probablement les meubles.

Je suppose qu’on va devoir faire ça debout…

« Les excuses de Rose. » Rose lui tourna le dos. « Rose demande au Maître de lui fournir de l’énergie magique dans les régions qui sont près des points qui ont été endommagés. »

« Très bien, très bien, » déclara Diablo.

Son dos. Finalement, cette conversation était un peu moins exagérée.

« Le Maître doit tendre les mains de derrière jusqu’à la poitrine de Rose, s’il te plaît, » déclara Rose.

Poitrine ?

« … Hmm, Rose s’en fiche si le Maître est brutal, » déclara Rose.

Tandis qu’il se tenait là, la bouche ouverte, ses mains s’agrippaient à celles de Diablo. Il venait de parler d’un grand jeu, disant qu’il déverserait toute l’énergie magique dont elle avait besoin, mais malgré cela, il ne pouvait pas faire quelque chose d’aussi cruel que de lui serrer la main dans cette situation. C’est ce qu’elle avait souhaité, après tout.

Il sentit ses mains s’écraser contre les gros gonflements de Rose.

Ah, c’est doux !

« Ahn ! » Le corps de Rose frissonnait.

« Ça te fait-il mal ? » demanda Diablo.

« … Euh… C’était, rien du tout. Rose était tout simplement comblée de joie, » déclara Rose.

« Alors as-tu frissonné ? » demanda Rose.

« Rose rapporte que Rose a atteint son apogée…, » déclara Rose.

Déjà !?

« Est-ce que cela signifie que ta réserve a dépassé la limite ? Est-ce suffisant ? » demanda Diablo.

« Le premier réservoir d’énergie magique de Rose est rempli. Cependant, il y a plus de réservoirs…, » déclara Rose.

« Je vois. Donc je dois juste envoyer plus d’énergie magique ? » demanda Diablo.

« Oui… Ah… Nnn… Oui, oui, là-bas…, » déclara Rose.

« Quoi ? Je n’ai rien fait…, » déclara Diablo.

Il n’avait pas l’intention de faire quoi que ce soit, mais contrairement à son cœur timide, son instinct était dans la folie. Ses doigts bougeaient tout seuls.

W-Whoa !? Ils s’enfoncent juste dans…

Il sentait ses doigts s’enfoncer dans la poitrine molle. Les petites protubérances coincées entre le majeur et l’annulaire se durcissaient de plus en plus. Il les avait pincées et frottées avec ses deux doigts.

« Aaahn !? » Rose avait remué son corps. « Nn... Nnnnn… Maître… Là-bas, il y a… »

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Diablo.

« Aaah... Rose… Rose devient folle… Aaahn !? » s’écria Rose.

« Folle…, » répéta Diablo.

Le sens de la raison de Diablo était sur le point de devenir fou. Il tâtonnait et taquinait les seins. Il pétrissait, frottait, pinçait, tirait, et finalement, il essaya de les enfoncer.

 

 

« Hiyaaaaaaaaaaa ! » Rose tremblait encore et encore dans ses bras, son dos se tordant. Ses épaules avaient eu de légers spasmes.

« As-tu encore atteint ton apogée ? » Diablo avait avalé sa salive.

Une pleine charge d’énergie magique, bien sûr.

« Euh… Maître…, » Rose secoua doucement la tête.

« Hm ? »

« Ne me taquine pas… Tu as besoin de verser ton énergie magique…, » déclara Rose.

« Aaah ! »

Il était tellement occupé à jouer avec les bouts de la poitrine de Rose qu’il avait oublié d’envoyer de l’énergie magique ! Ce qui voulait dire que ce qu’ils venaient de faire ici n’avait fait aucun transfert de charge d’énergie magique. Il ne faisait que caresser ses seins !

 

Je n’arrive pas à y croire moi-même !

 

Peut-être que la lutte contre le Seigneur-Démon l’avait un peu épuisé, ce qui avait rendu sa pensée moins vive que d’habitude.

« T-Très bien ! Cette fois, c’est sûr ! » déclara Diablo.

Diablo concentra une fois de plus sa volonté sur ses mains et laissa couler une énergie magique à travers elles comme lorsqu’il lançait des sorts.

« Mm… Nnn… Maître, c’est bien. L’énergie magique du maître est… en train d’affluer… Haa… C’est merveilleux… Aaah, Ahn, » Rose avait gémi.

Il avait l’impression que sa peau adhérait à elle plus fortement qu’avant. Bien qu’elle soit magique, sa peau était en sueur. C’était comme si les frontières entre leur peau devenaient confuses, et que sa main s’enfonçait dans son sein.

« Comme ça ? » demanda Diablo.

« Aaah ! Aaaaaaaah ! » Rose cria avec plus de force qu’avant. « Maître, Maître, Maître, Maîtttttrreee c’est incroyable… Nnng… Incroyable ! Si fort ! Plus… Plus fort… Plus profond… Ah ! Ah ! Hiyaaaaaaaaaaaa ! »

Sa voix était si forte qu’elle devait avoir atteint l’extérieur.

Rem ne se fâchera-t-elle plus contre moi si elle entend ça !?

Il déversait son énergie magique comme s’il jetait un grand sort, espérant que la période de charge serait plus rapide. Le corps de Rose continuerait à avoir des spasmes si forts que Diablo devait se demander s’il n’avait pas cassé quelque chose en elle…

†††

Rose était allongée sur le sol avec une expression satisfaite, avec son torse nu comme elle était auparavant. Normalement, Diablo la mettrait au lit, mais, vu son poids, c’était une tâche compliquée. Comme la regarder comme ça posait problème, Diablo l’avait couverte d’une couverture. Il soupira alors que les choses s’étaient finalement calmées.

« Ouf… Je suis un peu fatigué…, » murmura-t-il à lui-même.

On avait alors frappé à la porte de la chambre. Rem et Shera n’étaient pas encore de retour, et si s’étaient-elles, elles n’auraient pas frappé à la porte.

« Hmph… Qui est-ce ? » demanda Diablo, avec une expression de fatigue. « Si tu n’as pas peur de faire face à un Seigneur-Démon, ose ouvrir cette porte. »

« H-Hmm… C’est juste moi… » La voix derrière la porte ressemblait à celle d’un homme, une voix qui sonnait bizarrement familière. Tout comme il était mauvais pour se souvenir des visages, Diablo ne se souvenait pas très bien des voix des gens.

« Entre, je le permets, » ordonna Diablo à l’homme.

« E-Excusez-moi ! » Son invité était un soldat en armure.

« Ah, vous êtes…, » Diablo s’est finalement souvenu de lui.

« Je m’appelle Boris. »

Oui, c’est un soldat qui défendait le Pont d’Ulug.

Puis Diablo avait pensé à quelque chose. « Comment as-tu connu cet endroit ? »

« Ah… c’est parce que vous et votre groupe êtes suivis. Je ne savais pas dans quelle chambre vous étiez, mais l’armée et la Guilde des Aventuriers savent au moins où vous êtes, » répondit Boris.

Sylvie avait déjà mentionné quelque chose comme ça une fois auparavant, où Klem était suivie par plusieurs organisations. Pourtant, la pensée qu’il n’avait jamais remarquée était embarrassante.

« Aaah, tu veux dire ces mouches ennuyeuses. » Diablo haussa les épaules. « Dis-leur de garder leurs distances. S’ils deviennent trop gênants, je les réduirai en cendres. »

« Oui, monsieur ! » Boris avait réagi ouvertement et sérieusement, en saluant même.

« Pourquoi es-tu venu ici ? » demanda Diablo.

« Ah… Moi, Boris Marks du treizième régiment défensif Faltra du royaume de Lyferia, j’ai reçu l’ordre de vous inviter, aventurier Diablo, à la célébration d’un festin ! » déclara Boris.

« Célébration d’un festin ? » demanda Diablo.

« Oui, une fête pour célébrer l’assujettissement du Seigneur-Démon et la défense réussie de Faltra, » répondit Boris.

« Mais la barrière n’est-elle pas encore détruite ? » demanda Diablo.

Les Déchus ne s’étaient pas encore retirés, il était trop tôt pour supposer que c’était fini. D’après ce qu’il savait de Laminitus, elle ne ferait pas une suggestion aussi négligente.

« C’est, euh… le conseil municipal, » déclara Boris.

« Le conseil municipal ? » demanda Diablo.

« La ville de Faltra est dirigée par le gouverneur, mais il y a un conseil de nobles influents séparé de lui. Ils sont responsables du commerce et de l’agriculture, et en plus de l’impôt local, ils prélèvent également une taxe professionnelle et agricole…, » déclara Boris.

« Les affaires du gouvernement ne m’intéressent pas. » Diablo agita les mains horizontalement. « Ne mêle pas la politique à vos chamailleries. »

« Je-Je m’excuse. Essentiellement, les gens importants de la ville planifient cette fête, et ce n’est pas lié au gouverneur ou à Lady Laminitus. Par conséquent, ils demandent votre présence, en tant que plus grand contributeur et héros de cette bataille, » déclara Boris.

Ne me demanderont-ils pas de faire un discours en haut d’une scène si j’y vais ?

Rien que d’y penser, il avait l’impression que sa colonne vertébrale s’était transformée en glace.

« As-tu l’intention de me convoquer à une réunion aussi mesquine ? » Diablo lui avait jeté un regard furieux.

« Oui, je pensais que vous diriez cela… D’après ce que je sais, vous n’aimez pas ce genre de choses. Auparavant, lorsque l’armée d’une centaine de Déchus marchait sur le pont d’Ulug, on disait seulement qu’ils étaient “repoussés avec la coopération de la guilde des aventuriers” et rien d’autre, » déclara Boris.

« C’était quoi ça ? » demanda Diablo.

« Je suis désolé. J’ai juste pensé que quelqu’un devrait au moins vous informer, » déclara Boris.

Bien sûr que oui…

Cela n’irait jamais, mais s’ils organisaient une fête sans prévenir Diablo, celui qui avait battu le Seigneur-Démon Suprême, ce serait exaspérant à sa façon. Mais Boris était quand même venu, sachant que Diablo refuserait… Le soldat avait assumé ce rôle.

« Tu ne changes jamais, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

« Hahahaha... Vu que je vous ai informé de l’événement, prenez ça, au moins. » Boris lui avait donné une enveloppe. « C’est une invitation. »

« Hmph ! Je n’ai pas besoin de…, » commença Diablo.

« Cela comprend l’argent, en pièces de monnaie, nécessaire pour couvrir vos dépenses, » déclara Boris.

« … Je l’accepterai, à la lumière de tes efforts, » déclara Diablo.

Le groupe de Diablo était constamment à court d’argent, la faim de Klem en étant la cause première.

« Je leur ferai savoir que vous n’y assisterez pas. » Boris le salua. « Diablo… Notre génération a grandi avec nos pères et nos grands-pères en nous racontant l’histoire du héros Alan. Mais, à partir de maintenant, je suis sûr que nous parlerons des exploits du héros Diablo. Vous voir vous battre de mes propres yeux sera un souvenir que je garderai toute ma vie. »

« Hein…, » l’éloge soudain avait laissé Diablo sans voix.

Boris avait quitté la salle rapidement avec un dernier. « Excusez-moi. » Diablo était retombé sur le lit, regardant le plafond. Peu de temps après, ses yeux se fermèrent…

***

Chapitre 4 : La Solitaire

Partie 1

« Diablo. »

Quelqu’un l’avait appelé par son nom. Qui cela peut-il être ? se demanda-t-il. Il pensait que c’était peut-être Shera, mais une autre fille lui était venue à l’esprit.

Rem, peut-être ?

« Diablo, réveille-toi, s’il te plaît. »

Ouais, c’était à tous les coups la voix de Rem tout à l’heure. Mais ce qui flottait dans sa vue était…

« Eh !? »

C’était, sans aucun doute, Rem. Mais ce qu’elle portait n’était pas son habituel Jaque de Pierres Précieuses, mais quelque chose comme une robe de mariée blanche… Ou plutôt, c’était quelque chose qui y ressemblait, mais qui était beaucoup trop transparent pour être appelé ainsi. Ce qu’elle portait ressemblait plus à de la lingerie séduisante.

À côté de Rem se trouvait Shera, qui portait une tenue similaire. Elle penchait sa poitrine sur le dessus du lit, son corps penché vers Diablo.

« Diablo ♡ ! »

Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fais… !?

« Ooh… Aaah... »

Sa bouche ne pouvait pas former des mots. Son jeu de rôle de Seigneur-Démon était la chose la plus éloignée de son esprit en ce moment.

« … Tout ça, c’est de ta faute, tu sais, » lui chuchota Rem à l’oreille.

« C’est vrai, tout est de ta faute, Diablo, » ajouta Shera.

Suis-je responsable de tout ça !?

Diablo se demandait ce qu’il aurait pu faire, mais rien en particulier ne lui venait à l’esprit. En premier lieu, c’était ce manque de confiance en soi qui l’avait poussé à développer un trouble de la communication. S’il devait s’excuser d’avoir fait quoi que ce soit, le fait d’être né dans ce monde était la réponse la plus probable. En repensant à sa vie, tout semblait être une suite d’échecs, de regrets, de revers… et d’évasions…

« Uuuu... » Diablo s’était embrouillé, alors qu’il s’était enfui en rampant.

Il s’était senti obligé de s’échapper.

Pourquoi est-ce que j’essaie de fuir Rem et Shera habillées de robes transparentes ?

La raison — .

 

 

Soudain, il eut l’impression de flotter dans les airs, et…

Sa tête avait heurté le sol avec un bruit sourd !

Grâce à son corps robuste, ça ne faisait pas vraiment mal, mais c’était terriblement embarrassant. Quand il avait ouvert les yeux, Diablo s’était retrouvé par terre à côté de son lit.

 

†††

« Ce n’était qu’un rêve…, » Diablo soupira.

C’était vraiment bizarre de voir Rem et Shera habillées comme ça tout d’un coup. La raison de ce spectacle inhabituel et de ses propres actions bizarres était claire : les rêves étaient parfois comme ça. Ce n’était pas la première fois qu’il s’endormait quand il était trop fatigué et faisait des rêves bizarres.

Quelle heure est-il en ce moment ?

Il faisait encore nuit, mais il entendait chanter dans la rue principale. Il semblait qu’il n’avait pas dormi pendant plus d’une heure ou deux. Diablo pourrait très bien vivre sans les commodités et la technologie modernes du Japon, mais avoir une montre à portée de main serait bien.

Soudain, il y avait eu un coup de poing vigoureux sur la porte, faisant sursauter Diablo. Il s’était levé précipitamment du sol. Il ne pouvait pas faire entendre une voix paniquée, sa dignité de Seigneur-Démon ne le lui permettait pas.

« Quel idiot bruyant me dérange !? » demanda Diablo.

« Diablo, c’est horrible ! » La voix de Boris avait crié depuis derrière la porte.

« Idiot persistant ! » Diablo lui cria en colère. « Je te l’ai dit, je ne vais pas à la fête ! »

« C’est Mlle Rem ! Elle a tenté de tuer Lady Célestine ! » annonça Boris.

Diablo ne pouvait pas comprendre ce que Boris venait de dire au début. Ses pensées s’arrêtèrent.

« Mlle Rem a rendu visite à l’Association des Mages plus tôt, » poursuivit Boris, tandis que Diablo restait silencieux. « En donnant son rapport à Lady Célestine, elle a lancé une attaque magique sur Lady Célestine ! »

« Impossible ! » s’écria Diablo.

« Je le pense aussi, mais il y avait beaucoup de témoins…, » déclara Boris.

« Et Rem… !? » demanda Diablo.

« D’après les rapports, elle a été poursuivie jusqu’aux murs ouest, » répondit Boris.

Il était soulagé d’apprendre qu’elle était encore en vie, mais il était encore trop tôt pour être calme. Diablo avait mis son équipement.

« Et Céles !? » demanda Diablo en attachant son manteau et en mettant ses bottes.

« L’attaque de Mlle Rem fut manquée, et le chef de la guilde des aventuriers, qui était également présent, empêchera toute nouvelle attaque, » répondit Boris.

Qu’est-ce qui se passe !?

Rien n’avait de sens. Rem avait toujours été reconnaissante à Céles, et était allée faire le rapport par gratitude pour lui avoir donné la liberté d’agir. L’Association des Mages avait-elle essayé de la capturer ? Mais Rem n’était plus un conteneur du Seigneur-Démon. Ils n’avaient aucune raison de la retenir. Et si c’était l’Association des Mages qui avait lancé l’attaque, pourquoi le faire devant Céles ?

Avec son bâton en main, Diablo quitta la pièce, Boris s’écarta pour le laisser passer.

« Dirigez-vous vers les ruines de la porte ouest. Si elle n’a pas bougé, elle devrait toujours être sur les murs près de là, » déclara Boris.

Juste au moment où Diablo était sur le point de hocher la tête, une prise de conscience lui était venue à l’esprit.

« Boris, tu as dit que Rem avait lancé une attaque magique, » demanda Diablo.

« Oui, » répondit Boris.

« A-t-elle invoqué quelque chose ? » demanda Diablo.

« Ça ressemblait à de la magie élémentaire, » répondit Boris.

Diablo avait l’impression que sa colonne vertébrale s’était transformée en glace.

« Es-tu sûr que c’est de Rem dont on parle ? C’est une invocatrice ! Elle ne peut pas utiliser la magie élémentaire avec assez de force pour tuer quelqu’un ! » déclara Diablo.

« Ah… aaah ! » Le visage de Boris devint de plus en plus pâle.

« Rapporte-le à Rose et aux autres de mon groupe ! Je vais y aller en avance ! » déclara Diablo.

Normalement, un tel tapage ferait sortir tout le monde de sa chambre. Mais en ce moment, Sasara était épuisée et Rose était dans le même état de sommeil après avoir été chargée d’énergie magique, et avait besoin de réparations. Quant à Edelgard, elle avait été amenée au bord de la mort lors de la dernière bataille, de sorte que même une Déchue comme elle n’était probablement pas dans la force de l’âge. Ce serait mieux de ne pas compter sur elle pour le moment.

Diablo s’était précipité hors de l’auberge.

 

Rem, qu’est-ce qui t’arrive !?

†††

Les informations de Boris étaient exactes. Alors que Diablo faisait face au nord à partir des ruines de la porte ouest, il avait trouvé une atmosphère tumultueuse et grave remplissant la scène. Soldats et passants curieux avaient formé un anneau. Ils tenaient des torches allumées, illuminant l’endroit. Leurs regards étaient fixés vers le haut, vers quelqu’un au sommet du mur incliné — une fille aux cheveux noirs.

Rem.

Il n’y avait personne d’autre qu’elle sur le mur courbé. Une rangée de soldats était juste en dessous, mais personne n’essayait de l’escalader. Devant les soldats se trouvaient Laminitus et Sylvie.

« Rendez-vous, Rem Galleu ! Vous n’avez nulle part où aller ! » déclara Laminitus.

« Rem, dis-nous juste ce qui s’est passé. Nous ne te traiterons pas mal, je te le promets ! Allez, viens ! » déclara Sylvie.

Ces deux-là sont les pires personnes pour gérer ça…

Leur allure et leur beauté respectives étaient des choses que Diablo savait comme étant quelque chose qui pourrait la berner. Laminitus et Sylvie étaient toutes les deux des têtes dures et n’avaient pas hésité à sacrifier d’autres personnes pour leur peuple. C’était de braves gens qui respectaient la loi… Des gens qui faisaient passer la loi avant tout. Il serait impossible de les convaincre de le laisser prendre le contrôle de la situation. Au pire, elles considéreraient Diablo comme le coopérateur de Rem et le feraient arrêter.

« Je suppose… Je vais devoir m’y attaquer d’en haut, » déclara Diablo.

Il avait mis de la magie dans ses bottes de rang SSR, les Bottes du Ciel Vide. Son corps avait obtenu la magie de vol et avait lévité dans l’air. Il avait sauté en piqué jusqu’au sommet du mur. Les soldats avaient été émus en le voyant. Peut-être, la seule raison pour laquelle il n’avait pas été prit pour un Déchu, c’était parce qu’ils savaient que Laminitus pouvait aussi utiliser la magie de vol, et heureusement, certains d’entre eux avaient aussi vu Diablo voler plus tôt. Personne n’avait osé tirer une balle sur l’homme qui avait vaincu le Seigneur-Démon.

Diablo avait atteint le sommet du mur incliné. Il était fissuré, déformé et sur le point de s’effondrer.

« Rem ! » demanda Diablo.

« … Hein !? » Les yeux de Rem s’étaient élargis en raison de la surprise.

Heureusement, ou malheureusement, il n’y avait pas eu d’erreur… c’était Rem, la fille qui était à ses côtés du matin à la tombée de la nuit depuis presque un an maintenant. Il pouvait dire que c’était elle rien que par ses gestes et son atmosphère.

« … Diablo… tu es venu, » déclara Rem.

« Que s’est-il passé ? Parle, » ordonna Diablo.

En regardant vers le bas, on comprenait pourquoi aucun des soldats n’essayait d’escalader le mur. Elle vacillait, si légèrement. Des éclats s’effritaient chaque seconde. Ce n’était qu’une question de temps avant que cette partie du mur ne s’effondre d’elle-même, que ce soit maintenant ou dans quelques années. Il était certain que, si un troupeau de soldats en armure se précipitait sur ce mur, il s’effondrerait aussitôt. Diablo avait gardé sa magie de vol active, et s’était assuré de ne pas y appliquer son poids.

« Tu ne me croiras peut-être pas…, » dit Rem avec un visage angoissé.

« Oh ? »

« … En ce moment… Modinaram est dans mon corps, » déclara Rem.

« C’est comme je le pensais, » Diablo fit claquer sa langue.

« Hein… ? Me crois-tu !? » demanda Rem.

« Pourquoi pensais-tu que je ne te croirais pas ? Je t’ai cru quand tu as dit que Krebskulm était enfermée en toi, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

« D’accord, mais… Mais j’ai… attaqué Céles…, » déclara Rem.

« J’ai entendu dire qu’elle va bien. Que s’est-il passé à l’Association des Mages ? » demanda Diablo.

Rem jeta un coup d’œil au sol. Il n’y avait aucun mouvement parmi les soldats. Il semblait qu’ils avaient décidé de surveiller les actions de Diablo pour l’instant. Laminitus, qui se tenait en tête, avait cependant une expression grave.

« … Je parlais à Céles dans le bureau de l’Association des Mages, » commença Rem. « Puis ma conscience s’est éteinte pendant un moment. J’avais l’impression de m’endormir. Ma condition physique n’était pas bonne au début, alors même que je ne m’étais pas battue, j’étais fatiguée — c’est du moins ce que je pensais. »

« Hmm. »

« … Mais, à mon réveil, j’avais une lance magique à la main… Une noire, » déclara Rem.

« Une Lance Noire ? » demanda Diablo.

« … Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout. » La fille secoua la tête. « Je n’ai pas ce genre de connaissances. Mais le sort était sur le point de s’activer. J’ai détourné sa cible pour qu’elle ne touche pas Céles. »

« Je vois, » déclara Diablo.

« … J’ai alors réalisé, sur la base de mon expérience passée, qu’il y avait un Seigneur-Démon en moi. Mais c’est la première fois que mon corps est manipulé comme ça, » déclara Rem.

« Krebskulm était scellé, mais Modinaram s’est réfugié en toi. C’est peut-être la différence, » déclara Diablo.

Ce genre d’événement ne s’était jamais produit dans le Croisement de la Rêverie.

Rem avait hoché de la tête. « … Krebskulm devait renaître si je mourais. »

« C’est vrai, » déclara Diablo.

« Mais je pense… Modinaram se réveille dès que je m’endors, » annonça Rem.

Pourquoi est-ce toujours Rem… ?

L’indignation contre l’injustice de tout cela s’était intensifiée à Diablo. Mais il devait d’abord trouver une contre-mesure.

« Klem connaît peut-être un moyen de résoudre ça, » déclara Diablo.

Elle était aussi un fragment du Seigneur-Démon, et elle avait la connaissance de l’époque où elle avait été écrasée par Dieu. Elle connaissait aussi les autres Seigneurs-Démons.

« … C’est, tout… tout va bien, mais… En fait, je suis à ma limite, » déclara Rem.

« Quoi !? » s’exclama Diablo.

« … La conscience de M-Modinaram ne cesse de se renforcer, » annonça Rem.

« Rem ! Reste consciente ! Tu es une aventurière douée, n’est-ce pas ? » demanda Diablo.

« … Je sais, je sais. J’ai aussi ma dignité. Je ne veux pas… devenir le tremplin de quelqu’un… sans défense… » Elle marchait jusqu’au bord extérieur du mur, et regardait au loin.

« … Les Déchus…, » déclara Rem.

« Quoi ? » demanda Diablo.

« Je suis sûre… qu’ils savaient que Modinaram allait renaître. C’est pour ça qu’ils y sont restés, » déclara Rem.

« Cela semble probable, » répondit Diablo.

« … Mais je ne les laisserai pas faire, » déclara Rem.

« Bien sûr que non. Laisse-moi m’occuper du Seigneur-Démon Suprême, » déclara Diablo.

Rem avait soudain souri. Il n’y avait aucun signe d’agonie sur son visage. C’était une expression complètement brillante.

« … Merci beaucoup, Diablo… Je suis vraiment heureuse d’avoir pu te rencontrer une dernière fois, » déclara Rem.

La dernière fois ? À quoi penses-tu, Rem !?

Rem serra les dents et jeta son corps au-delà du bord extérieur des murs.

 

« Rem ! Ne meurs pas comme ça ! » cria Diablo.

 

Le collier de fer serré autour d’elle avait réagi à son ordre. Le collier d’esclavage avait enfin eu son utilité. Rem, le corps penché vers le bord extérieur des murs, s’était soudain raidie comme une statue.

Je l’ai fait…

« … Pourquoi… ? » Des larmes coulaient de ses yeux. « Pourquoi ne me laisses-tu pas mourir, Diablo !? Je ne sais pas… Je ne veux pas devenir ton ennemie… »

« Je suis le Seigneur-Démon Diablo ! Peu importe ce qui essaie de te contrôler, je le détruirai sans pitié ! » déclara Diablo.

« Kya ! » Les membres de Rem s’étaient soudain détendus. On aurait dit qu’elle pouvait s’effondrer, mais elle restait suspendue en diagonale, comme si elle était retenue par des cordes, complètement immobile. La brume noire avait commencé à envelopper son corps, changeant sa forme. Des appendices en forme de corne poussaient sur les côtés de sa tête, et ses ongles s’étendirent, devenant aussi pointus que des couteaux. Ce qui ressemblait à des écailles avait même poussé sur sa peau par endroits. Elle ressemblait quelque peu à la forme éveillée de Klem. Elle ressemblait à un Seigneur-Démon…

Deux ensembles de quatre ailes noir violacé étaient sortis du dos transformé de Rem. Ils ressemblaient à des figures de fumée indistinctes et sans forme. De l’une des ailes émergeait la forme d’une tête de chèvre noire.

Modinaram !

La forme de son visage ouvrait sa bouche pour parler.

 

« Aaah... Imbécile que tu es. Noyé dans l’émotion, tu as raté ta dernière chance de te débarrasser de moi…, » déclara Modinaram.

***

Partie 2

Diablo serra fermement son bâton dans ses bras. Rem avait été reprise par Modinaram. Son choix de l’arrêter était peut-être une erreur… mais il n’avait aucun scrupule.

« Tu regretteras profondément d’avoir posé la main sur mes biens, Modinaram. Je vais te vaincre et reprendre Rem ! » déclara Diablo.

« Non, non. J’ai transcendé l’achèvement. »

« Hm ? »

« Ma défaite dans notre dernière bataille découle de deux causes. Le premier est une lacune dans les connaissances. Je ne te connaissais pas, alors que tu me connaissais, moi et les autres Seigneurs-Démons. »

C’est vrai, c’est ce qui avait décidé le combat. Diablo connaissait déjà la plupart des tactiques de Modinaram. C’était toutes des attaques que les Seigneurs-Démons utilisaient dans le Croisement de la Rêverie, donc Diablo les connaissait. À l’inverse, Modinaram ne savait pas que Diablo avait une réflexion de la magie. Le Déchu Eulerex était du côté opposé, donc il aurait probablement pu fournir cette information à Modinaram, mais il semblerait que la force ait cédé la place à la vanité dans ce cas et qu’ils n’aient pas échangé leurs connaissances. Personne n’effectuerait un tour d’horizon pour un jeu qui ne nécessitait aucune compétence à battre, ce qui conduirait à la rétention d’informations.

« Mais j’ai acquis de telles connaissances maintenant. Je te connais bien, grâce à cette Panthérienne… »

« Pourquoi Rem ? Si tu voulais prendre quelqu’un, pourquoi faire quelque chose de si détourné alors que tu aurais pu essayer de t’emparer de moi ? Non pas que je sois le genre de Seigneur-Démon qui te céderait ! » déclara Diablo.

« Cette Panthérienne est un réceptacle…, » les ailes du dos de Rem vacillèrent. « Une existence rare capable de contenir un Seigneur-Démon. Le fait qu’elle était vacante était très favorable pour moi. »

Il y a longtemps, Dieu avait scellé Krebskulm dans la lignée de Rem. Diablo ne savait pas s’il leur avait donné la capacité d’agir comme des réceptacles ou s’il les avait choisis parce qu’ils étaient déjà ainsi. Quoi qu’il en soit, le retrait de Krebskulm de l’intérieur de Rem avait laissé une place vacante en elle. En entrant, Modinaram avait pu accéder à ses souvenirs et apprendre le style de combat de Diablo. Diablo ne pouvait pas espérer qu’il répète la gaffe de lui lancer à nouveau de la grande magie.

« La deuxième cause de ma défaite a été la différence dans nos sous-fifres. Aucun Déchu arrogant ne se tiendrait devant le Seigneur-Démon Suprême. Nous ne sommes pas comme les Races. »

« Hmph… Tu dis qu’il n’y a pas de soldats lâches sous un commandant supérieur ? » demanda Diablo.

Il l’avait dit dans une tentative d’agitation, mais en termes simples, il s’agissait d’une différence de culture. Les Déchus avaient veillé sur la bataille parce qu’ils croyaient qu’il serait honteux de l’aider.

« Selon les souvenirs de cette Panthérienne…, » Rem s’était pointée du doigt. « Tu n’as plus de subordonnés à tes côtés maintenant. »

« Hehe ! Imbécile. Je n’ai pas besoin de l’aide de mes sous-fifres pour te détruire, » déclara Diablo.

Diablo n’avait pas laissé échapper sa bravade un seul instant, mais il ne faisait aucun doute que Sasara et Rose, servant d’avant-garde, avaient joué un grand rôle dans sa dernière bataille contre Modinaram.

Ça va être dur…

Jusqu’à présent, Diablo avait beaucoup d’informations sur ses ennemis. Ses connaissances du Croisement de la Rêverie avaient agi comme des renseignements qu’il avait recueillis et lui avaient donné l’avantage. Mais maintenant, Modinaram avait aussi des informations sur lui. Et ce n’était pas aussi simple qu’un animal ou un enfant, c’était intelligent.

Jusqu’à présent, il y avait quelques fois où les stratagèmes rusés d’un adversaire prenaient le dessus sur Diablo, comme avec Galford et le capitaine des paladins Batutta… Diablo avait vu à maintes reprises que ce n’était pas des ennemis avec des statistiques élevées, mais plutôt ceux qui utilisaient leur tête qui s’étaient avérés être de vrais défis.

« Il n’y a aucun plus aucune défaite de ma part, » affirma Modinaram. « Je sortirai victorieux, sans faute ! »

Rem tendit la main et une épée noire apparut : l’épée tueuse de Dieu. Modinaram avait l’intention de garder ce combat dans une mêlée, un choix naturel, étant donné qu’il connaissait maintenant la réflexion de la magie de Diablo.

Mais pendant que Diablo parlait avec Modinaram, il avait déjà prévu trois actions dans la bataille.

 

« Je t’ordonne, au nom du Seigneur-Démon Diablo ! Ne bouge pas, Rem ! » ordonna Diablo.

 

Le collier d’esclavage avait encore réagi. Alors qu’elle était encore en équilibre avec son épée, son corps s’était raidi.

« Gah... Qu’est-ce que c’est que ça !? » Modinaram, qui avait essayé de manipuler le corps de Rem pour attaquer Diablo, avait crié de surprise.

Bien ! Même le Seigneur-Démon ne peut pas facilement dissiper un collier d’esclavage.

Le corps de Rem était sous le contrôle de Diablo. Il ne voulait pas lui donner d’ordres, mais si quelqu’un d’autre la manipulait, la situation devenait terrible. Pour couronner le tout, Diablo l’avait regardé de haut afin de le ridiculiser autant qu’il le pouvait.

« Heheheheh ! Tu as peut-être acquis quelques connaissances, mais cela n’a pas d’importance si tu es simplement une tête de chèvre qui ne sait pas comment l’utiliser correctement ! Rem m’est asservie. Tant que tu habites ce corps, toi aussi, tu es mon esclave ! » déclara Diablo.

« Quelle force de contrainte intense ! »

« Ne bouge pas, Rem. J’écraserai ces ailes disgracieuses avant que tu t’en rendes compte, » déclara Diablo.

Diablo avait serré le poing droit.

Est-ce que j’utilise des sorts qui fonctionnent par contact ? Non, Matoi Izuna et Zéro Absolu ne toucheront pas seulement sur les ailes, ils endommageront Rem, qui y est aussi attachée. Peut-être le Canon de Noirceur, alors ? Il tire un obus au pouvoir pénétrant puissant. Je vais tirer à bout portant pour qu’il ne touche pas Rem !

Décidant rapidement d’une stratégie, Diablo s’était empressé d’aller de l’avant. Alors qu’il se rapprochait de son adversaire, les ailes derrière elle avaient changé de forme, formant un poing géant.

« Je suis sûr que la victoire m’appartient ! »

Le corps de Rem ne pouvait pas agir à cause du collier d’esclavage, mais Modinaram, qui se trouvait actuellement à l’extérieur de son corps, avait manifestement riposté. Le poing massif s’étendant à partir des ailes s’était avancé vers Diablo.

« Bien sûr que tu ferais ça ! Tu n’as qu’un seul choix ! » déclara Diablo.

Prévoyant cette tournure des événements, Diablo avait facilement évité l’attaque, bien qu’il ait quand même réussi à écraser son épaule. Cet impact causé avait donné à Diablo l’impression que toute sa moitié supérieure avait été emportée par le vent. Du point de vue de Modinaram, ce n’était qu’une feinte, mais c’était presque un coup fatal pour Diablo. On aurait dit qu’un camion s’était écrasé contre lui.

Puis-je m’en prémunir avec mon équipement actuel ? L’Empereur du Tonnerre : Libre peut-il dévier ça ?

Ce n’était pas impossible, mais un échec lui coûterait la vie. Le risque était trop grand.

Un monstre noir était alors apparu dans le dos de Rem. Il avait une tête de chèvre et un corps volumineux et musclé de gorille, mais il semblait quelque peu différent de la forme que Diablo avait combattue auparavant. Sa silhouette était troublée, et cela ressemblait à de la fumée, ou à une sorte d’aura. Était-ce une masse d’énergie magique ? Ou peut-être une sorte de corps spirituel ?

Diablo fouilla sa mémoire, essayant de se rappeler si des monstres de ce type étaient déjà apparus dans le Croisement de la Rêverie. À défaut d’autre chose, un Seigneur-Démon formé par le brouillard n’avait jamais été implémenté dans le jeu. Il y avait quelques monstres de forme indéterminée où les attaques physiques pouvaient avoir été utiles quand ils avaient des formes physiques, mais, pour la plupart, ils étaient sensibles à la magie.

Je suppose que je devrais essayer d’exposer ses propriétés en utilisant des attaques simples.

« Flèche de foudre ! »

Il envoya un projectile de lumière. Il n’avait pas assez de puissance de feu pour endommager le Seigneur-Démon Suprême, mais il était rapide et précis. La balle avait perforé le brouillard, le forçant à se disperser.

« Je vois… » La tête de chèvre noire plissa ses yeux. « Tu refuses de faire du mal à cette enfant des Races… Par conséquent, tu n’utiliseras pas la grande magie. »

« J’ai tellement de choses à prendre en compte dans ce combat, » déclara Diablo.

« La victoire est tout ce qui est suprême ! »

« C’est la seule chose sur laquelle je suis d’accord avec toi ! » déclara Diablo.

Diablo avait donné un coup de pied au sol pour prendre de la distance entre eux, puis avait hoché la tête. « Tu te trompes sur trois points, Modinaram… »

Diablo ne pouvait pas lire l’humeur de la tête de chèvre avec son expression et son silence, mais son adversaire s’arrêta de bouger.

« Tu pensais qu’en reprenant Rem, tu m’empêcherais d’utiliser la grande magie… » Il avait levé un doigt. « Mais je n’ai jamais eu besoin de quelque chose d’aussi exagéré pour te vaincre. »

« C’est absurde…, » déclara Modinaram.

« La deuxième erreur que tu as faite, c’est de penser que Rem connaissait mon style de combat, » déclara Diablo.

« Hmm !? »

« J’ai aussi ça dans ma manche ! » déclara Diablo.

Diablo avait sorti un tube de sa poche, avec un soupçon de honte. Avant de l’utiliser, il avait serré les dents.

« Kuh... Penser… J’aurais besoin de compter sur quelque chose comme ça ! » déclara Diablo.

Un objet exclusif du gacha que j’ai dû acheter !

Le tube émettait un bruit d’éclatement et un globe de lumière s’en élevait, illuminant la zone d’une luminescence bleuâtre. La tête de chèvre s’inclina avec curiosité.

« Illumination ? »

« Oui, Rem n’est pas au courant. Naturellement, » déclara Diablo.

C’était un objet SSR extrêmement rare, même dans le jeu, exclusif à la boîte à butin de gacha, qui avait 3 % de chances de lâcher un objet SSR. De plus, il y avait plus de 300 articles SSR dans les choix possibles du gacha. Diablo ne voulait même pas calculer la probabilité d’en obtenir une en particulier.

La sphère illumina le ciel au-dessus d’eux comme une lune.

« Modinaram… c’est toi qui as utilisé un truc aussi ignoble pour manipuler Rem en premier. Tu n’oseras pas me traiter de lâche pour ça, n’est-ce pas ? Mais je me moquerais de toi si tu le faisais, » déclara Diablo.

« Cette lumière, c’est quel genre de pouvoir ? »

« Heheheheh... Je vais te le dire. C’est ce qu’on appelle une bombe personnalisée. C’est un outil magique qui applique certaines conditions sur cette zone, » déclara Diablo.

« Certaines conditions !? »

« Écoute attentivement, car l’état est celui d’un Restreignement Physique ! À partir de maintenant, toutes les attaques physiques dans cette zone seront affaiblies de 90 % ! » déclara Diablo.

Diablo ne pouvait pas lire l’expression de Modinaram, mais il pouvait dire à quel point il était dérangé par son silence stupéfait.

« Et ! » Diablo s’était avancé en courant. « Ta troisième erreur a été de penser que tu pourrais gagner contre moi ! »

Diablo était encore une fois à la portée de Modinaram et Rem.

« Ooooooooh ! » Modinaram avait levé son poing massif sur Diablo en hurlant.

Diablo avança son poing droit contre le poing massif et rocheux qui s’abattait sur lui.

« Canon Volcanique ! »

Un magma magique et bouillonnant avait jailli de sa main droite alors que les deux poings s’affrontaient. Dans un environnement normal, le poing de Modinaram aurait peut-être été brûlé, mais son pouvoir écrasant anéantirait le magma et écraserait le haut du corps de Diablo. Cependant, à l’heure actuelle, son pouvoir était très limité.

« Heheheheh... Tu ne m’as pas entendu, Modinaram ? Toutes les agressions physiques sont diminuées. Tu n’es bon que pour frapper ? Pourquoi ne pas jeter un sort ou deux ? J’arriverai quand même à les refléter ! » déclara Diablo.

« Guuuh… Diabloooooooo ! »

Modinaram avait commencé à le repousser.

Même réduit à 10 %, il est toujours aussi fort !

Mais maintenant, il pouvait le finir !

« Canon de Pier… Ah !?? » s’écria Diablo.

L’ennemi disparut soudain, laissant Diablo confus pendant un moment. Modinaram n’aurait pas dû être en mesure d’agir aussi rapidement maintenant. Il utilisait les jambes de Rem, après tout, et il lui avait ordonné de ne pas bouger.

Pendant un moment, Diablo avait eu l’impression de tomber. Puis, un grondement qui ressemblait à un tremblement de terre lui était parvenu aux oreilles.

Les murs s’effondrent-ils !?

***

Partie 3

Diablo avait eu de la chance que l’effet des Bottes du Ciel Vide soit toujours activé, ce qui lui avait permis de bénéficier de la magie de vol pour qu’il ne soit pas pris dans les décombres. Il avait atterri sur le sol, du côté extérieur des murs effondrés. Une centaine de mètres de murs s’étaient effondrés, et il entendait les gens de la ville paniquer.

En battant des ailes noires, Modinaram avait atterri, ainsi que le corps de Rem. Elle était encore manipulée. La tête de chèvre en forme de gorille émergeait des ailes dans son dos.

Il y a des dizaines de Déchus qui veillent sur la bataille depuis l’ouest. Si ça vole là, les choses pourraient devenir ennuyeuses…

Diablo ne pouvait pas dire si c’était à cause de sa forme actuelle ou de l’effet du Limiteur Physique en jeu, mais sa vitesse de vol était lente pour le moment. Ils étaient revenus à la case départ, mais la situation n’avait pas changé. Il devait réduire à zéro la distance une fois de plus, et cette fois, c’est sûr…

Diablo serra les poings.

« Toi… » Modinaram grogna.

« Hm ? »

« Je le suis ! Le Seigneur-Démon Suprême ! J’ai absorbé de tous les autres Seigneurs Démons ! Le plus grand Seigneur-Démon, sur le point de devenir le Seigneur-Démon primordial ! Manipulateur de la plus grande magie, et de la plus grande force physique ! Et pourtant… un simple enfant de Races ! Un simple enfant des Races ! »

Ses mains massives berçaient sa petite tête de chèvre, et un bruit strident atteignit les oreilles de Diablo. La tête se déformait.

« Pourquoi !? » cria Modinaram d’une voix glaçante. « Comment le Seigneur-Démon Suprême peut-il être inférieur ? Pourquoiiiii !? »

 

« Tes préparatifs étaient trop insuffisants, » déclara Diablo.

 

« Giyaaaaaaaaah !? Diablooo… ooo… Gah !? Gaaaaaaaaa ? Gugugugu… Ooh !? »

La tête de chèvre s’était déchirée, envoyant une éclaboussure de sang sur les surfaces environnantes. Sa tête avait été écrasée par ses propres mains massives.

S’est-il suicidé !?

Diablo avait toujours un mauvais pressentiment à ce sujet, et surtout, la conscience de Rem n’était pas encore revenue.

Merde, et maintenant !? Ne devrait-elle pas reprendre ses esprits maintenant !?

Alors qu’il faisait un pas vers le corps de Rem, un serpent noir s’était soudain jeté sur lui.

« Uuuu !? » Il n’était pas sûr du sort qu’il allait lancer sur un coup de tête.

Rem était dans la ligne de mire. Si le sort pénétrait le serpent, il pourrait la blesser. Mais, s’il était trop faible, il pourrait bloquer l’attaque…

La foudre tomba d’en haut, transperçant le serpent, et la voix forte d’une fille résonna dans les oreilles de Diablo. « Recule, Diablo ! Tu vas te faire attraper ! »

« Klem !? » s’exclama Diablo.

Et laisser Rem derrière moi  !?

Malgré cela, il devait croire en Klem maintenant. Il était retourné en ville, pour constater un peu plus tard que son jugement était correct.

D’innombrables serpents noirs s’écoulèrent de Rem en masse, le faisant finalement disparaître de sa vision.

« Qu’est-ce que c’est !? » demanda Diablo.

« Le Seigneur-Démon de la Folie, Modinaram, a montré sa vraie nature ! » cria Klem, courant vers lui avec Shera derrière elle.

« Et Rem !? » demanda Shera. « Qu’est-il arrivé à Rem !? »

« Reste calme, Shera ! Modinaram est dans son corps, donc elle devrait aller bien. Si son réceptacle devait être détruit avant qu’il prépare sa résurrection, même un Seigneur-Démon serait anéanti, » répondit Klem.

« Je ne comprends pas un mot de ce que tu dis, Klem ! » s’écria Shera.

« Aaah. Si Rem meurt, Modinaram mourra aussi. Ça la maintient en vie, » déclara Klem.

« Hein… ? Donc Rem doit mourir si on veut vaincre Modinaram ? » demanda Shera.

« Je ne laisserai pas ça arriver ! » Klem secoua la tête. « Ce Seigneur-Démon traînera Modinaram hors du corps de Rem ! »

« Super ! »

« … Mais Modinaram le sait. Même après avoir utilisé Rem comme levier, il n’a pas pu battre Diablo, donc maintenant son réceptacle n’est qu’une faiblesse. C’est ce qu’il a fait, en cherchant sa prochaine forme, » déclara Klem.

« Qu’est-ce qu’il fait, Klem ? » demanda Shera.

 

« Modinaram rassemble l’énergie magique pour gagner un corps assez puissant pour te vaincre, même s’il sait que cela entraînera sa destruction ! » déclara Klem.

 

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Les Seigneurs-Démons ne produisent-ils pas des quantités infinies d’énergie magique ? » demanda Diablo.

« Oui, notre réserve est infinie tant que nous sommes intacts ! Mais Modinaram a perdu son corps et s’est enfui à l’intérieur de Rem, et son énergie magique restante n’était pas suffisante pour te battre, » répondit Klem.

C’était donc dans ce genre d’état…

« Qu’entends-tu par rassembler de l’énergie magique ? » demanda Diablo.

« Ça a commencé. » Klem l’avait montré du doigt. « Regarde par toi-même et tu comprendras. »

Les innombrables serpents chargeaient vers les Déchus. Diablo pouvait entendre les cris et les explosions des sorts et des talents martiaux, mais rien n’arrêtait les serpents noirs. Ils dévoraient les Déchus et les bêtes magiques les uns après les autres.

« Argh… » Shera avait serré sa main sur la bouche.

Diablo avait senti un frisson couler le long de sa colonne vertébrale. « Alors, cette énergie magique… c’était les Déchus ? »

« Tu as de la chance, tu sais ? Les Races n’ont pas beaucoup d’énergie magique, alors c’est plutôt dans cette direction qu’il est allé, » déclara Klem.

Avec beaucoup de Déchus et de bêtes magiques qui avaient probablement une quantité stupéfiante d’énergie magique dans laquelle puiser…

Quand les serpents noirs apparurent, Eulerex, le commandant en chef, fut le premier à s’envoler.

« C’est mauvais ! Retraite ! Courez ! » le prêtre déchu, Lazpuras, avait crié.

« Fuis, Grande Tortue. » Manuela, l’utilisatrice de bête magique, tapa sur la carapace sous ses pieds.

« On ne peut plus sauver cette tortue ! » Lazpuras avait saisi Manuela sous les aisselles et il s’était enfui, comme si elle se glissait dans sa coquille.

La plupart des Déchus et des bêtes magiques ne s’étaient pas enfuis, mais s’étaient simplement tenus là, regardant les choses se dérouler. Leur force de combat individuelle était élevée, ils manquaient donc de peur et de prudence.

Ils seront anéantis.

Lazpuras avait continué à courir. Les plus grands Déchus qui se tenaient à l’avant-garde furent les premiers à être dévorés par les serpents noirs.

« Seigneur-Démon Suprême !? Pourquoi… !? » s’écria l’autre Déchu, comme s’il était la prochaine proie dans la file d’attente.

Puis vint le tour des bêtes magiques.

« Pourquoi le Seigneur-Démon Suprême fait-il ça ? » demanda Manuela, son visage pâle.

Lazpuras courut, portant désespérément son corps lourd.

« Ce n’est plus le Seigneur-Démon Suprême ! Ce n’est rien d’autre qu’un serpent venimeux qui a soif d’énergie magique ! »

« Comment peux-tu dire quelque chose d’aussi blasphématoire ? N’es-tu pas prêtre ? » demanda-t-elle.

« Tu pourras me faire la morale une fois qu’on sera partis d’ici avec nos vies intactes ! » répondit-il.

Son gros ventre de grenouille l’avait giflé bruyamment contre ses jambes en courant. Non loin de là, les serpents se régalaient des Déchus et des bêtes magiques. Et au moment où il était sur le point de s’enfuir dans la forêt…

Une ombre noire avait été projetée sur la tête de Lazpuras.

« Ah… ! »

Un serpent.

***

Partie 4

« Regarde, il a encore changé de forme ! » Shera haussa le ton de sa voix.

« Oui ! On dirait que c’est la forme finale choisie par Modinaram ! » dit Klem d’un air excité.

C’était un château, un château que Diablo avait déjà vu.

« … Le château du Seigneur-Démon, » déclara Diablo.

Cependant, le vrai était beaucoup plus grand. Dans le jeu, le château du Seigneur-Démon pouvait même éclipser la citadelle de Faltra. C’était naturel, il était logique qu’un dernier donjon soit plus grand qu’une ville rencontrée au milieu de l’histoire. Il avait plusieurs flèches en forme de lances comme tours et était entouré de hautes murailles. Les portes d’entrée s’ouvraient avec un grincement inquiétant.

« C’est probablement qu’il te fait signe, Diablo, » dit Klem.

« Hmm… »

« Modinaram pense qu’il peut te battre à l’intérieur… Non, il a probablement déjà perdu toute trace de réflexion. Tout ce qu’il veut maintenant, c’est te combattre, » déclara Klem.

« Rem est-elle à l’intérieur ? » demanda Diablo.

« Elle l’est. Je peux le dire d’après son odeur. Je le sais bien, puisque je suis avec elle depuis si longtemps, » déclara Klem.

C’est alors que les gens de la ville avaient commencé à sortir. De toute façon, les murs étaient réduits en ruines, de sorte qu’il n’y avait pas vraiment de frontière claire entre la ville et les plaines à ce moment-là.

« Hé, Diablo, » dit Sylvie. « C’est devenu un vrai bordel, hein ? »

« C’est quoi, ce château ? » Laminitus était apparue à ses côtés. « Quand est-ce qu’il est arrivé ? »

« C’est ce qu’il reste du Seigneur-Démon Suprême Modinaram, » déclara Diablo.

Laminitus ne semblait pas croire l’explication de Diablo, mais elle ne l’avait pas non plus nié.

« C’est une boule d’énergie magique, non ? » demanda Sylvie. « Peut-il le maintenir longtemps sans corps ? J’aimerais bien entendre l’opinion d’un vrai Seigneur-Démon… »

Diablo se demandait en quoi c’était une façon implicite de dire qu’il y avait un « faux Seigneur-Démon » présent, mais n’avait pas commenté la question.

« C’est vrai ! » Klem hocha la tête. « C’est justement cela qui disperse l’énergie magique qu’il a consommée des Déchus ! Il disparaîtra probablement d’ici demain matin. »

« Je le savais ! »

« Mais… si nous attendons que ça arrive tout seul, cette ville ne s’en sortira pas non plus indemne, » déclara Klem.

« Ah, ouais, je le savais aussi. » Sylvie s’était gratté la tête.

En regardant de plus près, le château du Seigneur-Démon était encore en train de cracher des serpents noirs. Cela se rapprochait aussi progressivement.

« À cette vitesse, il entrera en contact avec Faltra dans une heure, » déclara Laminitus en regardant le château. « Je ne sais pas à quelle vitesse ces serpents noirs peuvent s’étendre, mais s’ils ont la même portée qu’un fusil magique, ils seront à l’intérieur de la ville à moins de la moitié de ce temps. »

C’était une personne qui commandait des navires des sables, donc sa capacité à mesurer de telles choses purement par la vue était digne de confiance. Malheureusement, ils n’avaient pas le loisir de veiller jusqu’au lever du soleil maintenant. Laminitus avait commencé à donner des ordres aux chevaliers régionaux derrière elle.

« Déplacez les civils vers la porte est, avec priorité aux blessés ! Si quelqu’un veut fuir vers la capitale, qu’il le fasse. Nous n’avons pas de soldats pour les escorter et les aider à évacuer. Les autres, gardez cet endroit avec vos vies ! » ordonna Laminitus.

« Oui, madame ! »

« Allez-vous vous battre contre ce truc !? » demanda Sylvie, ses yeux ronds de surprise. « C’est un Seigneur-Démon Suprême bien plus fort après avoir dévoré toute l’armée du Seigneur-Démon ! »

« Peu importe qui est l’ennemi… six des huit tours barrières sont intactes ou réparables. S’il ne s’agit que de deux tours, nous pouvons en installer des temporaires en trois jours. Le pouvoir central de l’Association des Mages est également intact. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre Faltra si nous voulons protéger les territoires des Races ! Si cette ville est détruite, les Déchus seront libres d’attaquer les autres villes même sans le Seigneur-Démon. Pouvez-vous garantir qu’il n’y a plus de Déchus dans l’arrière-garde ? » demanda Laminitus.

« Hmm… Il y en a probablement, » il y avait probablement des Déchus prudents qui n’avaient pas pris les devants, attendant leur heure.

Des aventuriers et des soldats s’étaient tenus pour défendre la ville. Alors que les chevaliers régionaux couraient dans la panique, quelqu’un d’autre s’était précipité vers eux.

« Rose, Edelgard ! » Shera leur fit signe.

« Rose s’excuse sincèrement. » Rose inclina profondément la tête devant Diablo. « Maître, punis Rose comme bon te semble. De penser que Rose dormirait paresseusement pendant que le Maître est engagé dans un combat mortel… »

« C’est bon, tu avais besoin de repos. Et Sasara ? » demanda Diablo.

« Rose ne pouvait pas la réveiller malgré tous ses efforts, » répondit Rose.

Est-ce vraiment le cas !?

Une atmosphère gênante s’était installée au-dessus d’eux. Même pendant un combat pour la survie des Races, l’heure du coucher était-elle venue ? Vraiment !?

C’est alors que Diablo avait pensé à quelque chose : la Grande Prêtresse choisie par Dieu, Lumachina, avait une pénalité unique qui ne lui permettait pas d’utiliser ses miracles de guérison sur elle-même. Alors peut-être…

« Non, j’en doute… Je suppose qu’il est inutile de la forcer à se réveiller. Une épée n’est tranchante que si on la maintient bien affûtée. Si elle a besoin de dormir, laisse-la faire, » déclara Diablo.

« Comme le souhaite le Maître, » déclara Rose.

D’un autre côté, Edelgard regarda le château du Seigneur-Démon avec des sentiments mitigés.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Klem.

« Beaucoup d’amis…, » la déchue avait gémi face à la question de Klem. « Tous partis… »

« Ah, c’est vrai. À l’origine, tu étais aussi l’un des Déchus du château du Seigneur-Démon, » déclara Klem.

« Oui… Mais… Eeeh… Hmm…, » Edelgard semblait chercher les mots. Elle était toujours mauvaise pour parler, donc personne ne la bousculait, jusqu’à ce qu’un seul mot lui échappe. « Regrets ? »

« Oui… c’est exact. » Klem ferma les yeux sur le murmure d’Edelgard, et toutes les deux se calmèrent un moment.

Mais Klem avait applaudi avec enthousiasme. « D’accord ! Assez de bavardages. Diablo. C’est à toi de décider ! Qu’as-tu l’intention de faire ? »

Diablo avait examiné toutes les personnes présentes. Son regard passa sur Shera, Klem, Edelgard, Rose, Sylvie, Laminitus… puis s’installa sur le château du Seigneur-Démon.

Rem.

« C’est évident ! J’irai reprendre ce qui m’appartient de droit ! Modinaram veut aussi me faire face une dernière fois, » déclara Diablo.

Klem souriait. « Des paroles dignes du maître du Seigneur-Démon. Cette chose s’arrêtera si tu détruis son noyau, de toute façon. Vas-y et achève-le ! »

« Tu n’y vas pas, Klem ? » Shera inclina avec curiosité la tête. « N’allait-on pas sauver Rem ensemble ? »

« J’irai seul, » déclara Diablo.

Diablo avait suffisamment bien compris la force de Modinaram. Selon toute vraisemblance, la Restriction Physique n’avait eu aucun effet dans les limites du château, puisque la lumière de la Bombe personnalisée ne l’avait pas atteint. Si une bagarre éclatait comme tout à l’heure, Diablo ne pouvait pas garantir qu’il serait capable de protéger ceux qui l’entouraient.

« Les attaques physiques sont affaiblies dans la région en ce moment. » Diablo avait fait la remarque. « S’il y a des gens qui utilisent des lances ou des épées, enchantez-les pour qu’ils fassent des dégâts magiques. »

En fait, si Modinaram s’en était rendu compte, Diablo aurait peut-être dû trouver une autre stratégie. Mais il semblait que la force de Modinaram était si grande qu’il n’avait jamais pris la peine de réfléchir plus profondément.

« C’est de la folie, Diablo ! La plupart des soldats et des aventuriers comptent sur les attaques physiques. » Sylvie fronça les sourcils. « Et vous dites “enchanter leurs armes”… Je ne peux en gérer que quelques-uns à la fois, vous savez ! »

« Hmm. »

Diablo n’avait pas prévu ça. Il n’avait jamais vérifié en profondeur comment l’enchantement magique fonctionnait dans ce monde. Il n’avait jamais eu beaucoup de raison de s’en soucier, puisque l’Anneau du Seigneur-Démon reflétait tous les enchantements qui s’appliquaient à lui. Mais c’était un problème. Avec la plupart de leurs forces combattantes affaiblies de la sorte, les troupes de Faltra seraient-elles capables de repousser les serpents noirs ?

« Permettez-moi de reprendre le rôle de l’enchanteur. »

*

Une voix parla depuis derrière eux. En se retournant, Diablo vit s’approcher un groupe de chevaliers régionaux et de sorciers. Le groupe se sépara rapidement sur les côtés, révélant une belle femme qui se tenait là avec un sourire et un long bâton à la main.

« Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus, Diablo, » déclara-t-elle.

« Céles !? »

Certains mages avaient plissé leurs sourcils vers Diablo qui se référait à elle par un surnom.

« J’ai reçu un rapport sur la situation. » Galford se tenait à ses côtés. « Laissez-nous nous occuper de cet endroit… Les Races sont toujours en danger. Si le faux château du Seigneur-Démon n’est pas arrêté, nous aurons tout perdu. »

« Tu parles beaucoup, Galford… mais seras-tu vraiment utile ici ? » demanda Diablo.

« Voudriez-vous me tester ? » L’aura menaçante de Galford n’avait pas du tout diminué.

Son bras perdu était redevenu normal. Malgré ses blessures si graves, il était de retour au combat en moins d’une demi-journée ! C’était la force d’un héros de guerre expérimenté.

« Diablo, » Céles avait coupé dans leur conversation.

« Hm ? »

« Je ferai de mon mieux, » déclara Céles.

« Ah, oui, Hmm… Oui, aide ces mauviettes à survivre, » déclara Diablo.

Ses paroles calmes et lentes semblaient apaiser l’atmosphère tendue. Dans cette situation, c’était à la fois bon et mauvais.

« S’il vous plaît, Diablo…, » dit Céles en l’implorant. « Vous devez sauver Rem ! »

« Êtes-vous sérieuse ? Rem n’a-t-elle pas essayé de vous tuer ? » demanda Galford.

« Rem ne ferait jamais ça sérieusement. C’était le Seigneur-Démon Suprême. Cette fille est une enfant responsable, persistante et solitaire. J’ai toujours voulu qu’elle soit libérée, dans le vrai sens du terme, » déclara Céles.

En dépit d’être une sorcière, les paroles de Céles ressemblaient à une prière adressée à Dieu. Mais cela allait sans dire.

Diablo avait fait surgir son bâton et il déclara. « Laisse-moi faire. »

***

Chapitre 5 : Tout mettre en œuvre

Partie 1

Prenant son envol vers le ciel avec sa magie de vol, Diablo s’était approché du château du Seigneur-Démon par le ciel. Des serpents noirs s’échappèrent par les fenêtres du château, se tortillant à mesure qu’ils se déplaçaient. Diablo pensait que Modinaram l’invitait à l’intérieur, étant donné qu’il avait ouvert les portes pour lui, mais il semblait que les choses n’allaient pas être si faciles. Les serpents s’étaient jetés sur lui, l’un après l’autre.

« Ne vous mettez pas sur mon chemin ! Explosion ! » Diablo avait libéré sa magie.

À en juger par leur combat avec les Déchus, Diablo connaissait les niveaux de pouvoir individuels des serpents. Chaque serpent était grosso modo la force d’un Déchu de grande taille, donc bien que la magie de bas niveau ne les vaincrait pas, elle lui permettrait quand même de forcer une ouverture. Lancer un sort puissant les anéantirait d’un seul coup, mais cela le laisserait aussi à découvert. Lorsqu’il était attaqué de toutes les directions à la fois, il était essentiel pour Diablo de continuer à esquiver et de ne tirer que le minimum d’attaques nécessaires pour avancer.

Son désir de sauver Rem était fort. Tous les autres l’encourageaient, et les émotions se répandaient dans sa poitrine. Mais pendant qu’il chargeait à pleine puissance, l’esprit de Diablo devenait de plus en plus froid. Il avait mémorisé les informations sur la position des serpents qui se tordaient vigoureusement et avait lancé des sorts aux angles exacts et optimaux. Parfois en les contournant, parfois en les attaquant avec force…

« C’est fini ! »

Diablo perça à travers la toile des serpents noirs, comme s’il les avait démêlés, et se retrouva devant ce qui restait de Modinaram : le faux château du Seigneur-Démon. Un seul serpent noir massif se tenait sur son chemin, comme si c’était la porte elle-même. Il était assez grand pour avaler non seulement quelqu’un des Races, mais même un géant. Sa bouche était tapissée de crocs en forme de lame.

Gaaaaaaaah !

« Je vais te réduire en poussière ! Frappe éclairante ! »

Diablo avait brandi son bâton, l’Empereur du Tonnerre. Une séquence d’explosions émana de l’intérieur du corps du serpent noir, le faisant exploser de l’intérieur. Tout comme les Déchus, le serpent fut réduit en particules de lumière et disparut.

C’était assez fort…

Rose et Klem pourraient probablement le battre facilement, tout comme Laminitus, mais Shera et Edelgard n’avaient probablement pas les moyens de se battre en tête-à-tête. Cependant, il ne pouvait pas juger quand il s’agissait de Sylvie, et il n’était pas sûr non plus de Galford, puisque le gouverneur venait à peine de se remettre de blessures graves. Si les soldats et les aventuriers devaient le combattre, Diablo ne pourrait que les voir souffrir de lourdes pertes. Il devait se dépêcher d’arrêter Modinaram avant que le château du Seigneur-Démon n’entre en contact avec Faltra.

Il passa par les portes ouvertes et entra dans le faux château du Seigneur-Démon. L’air était épais, avec une odeur qui rappelait le souffle d’un animal. Ce château était ce qui restait de Modinaram, ce qui signifiait que Diablo voyageait essentiellement à l’intérieur de son corps.

 

***

« Lumière ! » Il avait jeté un sort éclairant à quelques pas de là. L’environnement s’illumina, révélant un couloir parfaitement plat qui menait droit devant. Les murs froids étaient recouverts de rideaux, mais il ne pouvait pas y avoir de fenêtres ici, ce qui signifiait qu’ils cachaient quelque chose.

Les rideaux avaient bougé.

Le vent souffle-t-il ?

Ce n’était pas possible…

Tandis que les rideaux s’éloignaient, un groupe de coléoptères rhinocéros, plus gros que les hommes adultes, s’en étaient échappés. Diablo avait lancé un sort instinctivement, dans ce qui frisait les réflexes. Son habitude de cliquer sur un raccourci clavier chaque fois qu’il était surpris se manifestait dans ce monde dans le cadre de son incantation.

« Explosion ! »

Les coléoptères avaient été emportés par le souffle, se disparaissant en particules de lumière.

Est-ce des gardes de type bêtes magiques à l’intérieur de soi… ?

S’il s’agissait d’un donjon normal, il aurait gardé les ennemis cloués au sol par la magie au fur et à mesure de sa progression. Mais Diablo avançait prudemment alors même qu’il se dépêchait, afin de ne pas impliquer Rem dans son attaque.

Il donna un coup de pied dans la porte au bout du couloir, révélant un espace dégagé. Une ombre remua dans ses profondeurs.

« Lumière ! » Diablo illumina la pièce avec sa magie de la lumière.

« Grrr… »

Devant lui se tenait un monstre avec une tête et un torse de lion, des ailes d’aigle et un serpent comme queue.

« Une chimère. » Diablo fit claquer sa langue. « Il a laissé un monstre ennuyeux ici… »

Ce monstre possédait une barrière d’annulation magique et une résistance impressionnante aux attaques physiques. C’était le genre de monstre que Diablo voulait éviter de se battre partout où c’était possible, mais le fait de l’avoir qui le pourchassait ne ferait que compliquer les choses.

« Hmph… Qu’il en soit ainsi. » Diablo avait changé l’Empereur du Tonnerre en épée. « Je me suis entraîné comme guerrier, mais je ne l’ai pas encore utilisé en combat réel. C’est une bonne occasion de le tester. »

Il n’avait pas beaucoup de temps, alors il avait lancé sa première attaque à pleine puissance. La chimère avait rugi et s’élança vers lui quand Diablo prit position avec son épée magique.

« Chaleur Sonique ! »

Il avait déclenché un talent martial combo de quatre-vingts coups dès le départ, qui avait été multiplié par sept en raison de l’effet de son épée. Même la solide chimère avait été réduite en particules de lumière au moment du choc. Diablo regarda l’épée magique dans ses mains avec surprise.

Je ne pensais pas battre une chimère aussi facilement !

C’était un monstre qui l’avait troublé à de nombreuses reprises dans le Croisement de la Rêverie, mais maintenant…

Cela dit, en échange d’une telle puissance offensive massive, son endurance était grandement diminuée. Contrairement au Mana, les Points d’Endurance se régénéraient naturellement de lui-même avec le temps…

« Nng... »

Il pouvait entendre le bruit de pas secs qui s’approchaient de loin. Diablo souriait d’un air ironique.

C’est logique. Il y avait aussi une tonne de serpents noirs.

Plusieurs chimères semblaient l’entourer.

« Grrr, grrr, grrr, grrrrrrrr… »

Diablo avait serré son épée. « Je suis pressé, donc je n’ai pas le temps de jouer avec vous. Venez vers moi tout de suite ! Je vous réduirai tous en particules de lumière ! »

 

†††

Diablo avait pu récupérer avec des potions de Vie et de Mana mais l’épuisement accumulé rendait ses membres paresseux.

Moi, plus que quiconque… Suis-je vraiment en train de perdre ma concentration au milieu du donjon du dernier Boss !?

L’utilisation de son corps lui mettait progressivement les nerfs à rude épreuve. Contrairement au jeu, sa vie était en jeu. Il avait été contraint d’affronter successivement des adversaires puissants l’un après l’autre, plus que jamais auparavant, et il pouvait sentir qu’il était épuisé.

Une autre porte s’ouvrit, comme si elle lui faisait signe à l’intérieur.

Un piège ?

Même si c’était le cas, il devait continuer. La pièce où il était entré était si haute qu’il avait dû lever les yeux pour voir le plafond. Contrairement aux couloirs étroits, cette pièce était extrêmement spacieuse, ce qui avait fait que Diablo se demandait s’il avait marché si longtemps qu’il s’était retrouvé dehors.

Le plafond était en forme de dôme et, en son centre, des cristaux s’étendaient vers le bas. Elles étaient luminescentes et illuminaient grandement la pièce. Directement sous les cristaux se trouvait un trône bleu pâle. Le froid dans l’air atteignit jusqu’à Diablo, c’était un trône de glace.

« Rem, » cria Diablo.

Elle était assise au sommet de ce trône de glace. Les cornes sur sa tête, les ailes sur son dos et ces griffes en forme de lame avaient toutes disparu. Elle était même retournée à sa tenue normale, le collier d’esclavage métallique luisant sur son cou.

Son regard était fixé sur Diablo. Il fut soulagé de la retrouver encore en vie et l’appela de nouveau par son nom.

« Rem. »

« … Diablo. » Ses lèvres légèrement colorées bougèrent.

Il sentait le besoin de se précipiter à ses côtés, mais le fait qu’il n’y avait rien à se mettre en travers de son chemin était d’autant plus inquiétant. C’était comme un piège à souris, Rem étant le fromage d’un Diablo souris.

Rem n’avait pas bougé. Bien sûr que non, il lui avait donné l’ordre de ne pas le faire plus tôt. Il devait lui demander quelque chose avant d’annuler cet ordre.

« Où est Modinaram ? » demanda Diablo.

« … Il n’est plus en moi, » répondit Rem.

Était-ce vrai ? Rem ne mentirait pas, mais si elle était manipulée par Modinaram, elle pourrait tout dire.

 

« … Laisse-moi, » dit-elle d’une voix basse.

 

Au début, il pensait l’avoir mal compris.

« Qu’est-ce que tu dis, Rem ? Ce n’est pas le moment de plaisanter, » déclara Diablo.

« … Ce n’est certainement pas une blague. Je suis juste… trop inutile. Je suis une aventurière, mais je ne fais que te causer des ennuis, » répondit Rem.

« Ne sois pas stupide. J’agis simplement comme je le souhaite. Je n’ai jamais agi pour te sauver. Je suis un Seigneur-Démon ! Ne prétends pas connaître le sens de mes actions ! » déclara Diablo.

Diablo parlait avec une grande arrogance, mais ne pouvait pas savoir ce qu’elle comprenait vraiment.

« Uuuugh… » Rem avait gémi. « Je suis trop inutile… Je dois tant à Céles, mais j’ai mis sa vie en danger… »

« C’est Céles qui a été la première à me supplier de te ramener saine et sauve. Si tu as quelque chose à lui dire, tu le lui diras toi-même à notre retour en ville, » répondit Diablo.

« Shera, aussi… Comparé à elle, je…, » balbutia Rem.

« Arrête de dire n’importe quoi. » Rem et Shera étaient assez proches pour se promettre qu’elles tiendraient un café ensemble.

« Mais…, » Rem cria. « En fin de compte, tu l’as choisie, n’est-ce pas ? »

« La choisir !? » demanda Diablo.

« Tu es devenu le roi des elfes… et tu as épousé Shera ! » déclara Rem.

Il s’était retrouvé par inadvertance à prendre du recul. Il ne pensait pas qu’elle dirait ça ici… Mais, non, c’était probablement parce que c’était la situation dans laquelle ils se trouvaient qu’elle l’avait dit. Devrait-il ramener Rem en ville même s’il devait la traîner ? Est-ce que ça la sauverait vraiment ?

Diablo prit une grande respiration et déglutit. « Ah… Rem… Je comprends ce que tu essaies de dire. Mais je vais te corriger sur un point. Je te sauverai, et peu importe à quel point tu peux être utile ou inutile. »

Elle attendit silencieusement ses prochaines paroles avec une expression terrifiée. Diablo sortit alors un certain objet de sa pochette : une bague en argent. Les yeux de Rem s’étaient élargis. Le cœur de Diablo battait plus vite qu’il ne l’avait fait dans n’importe quelle bataille aujourd’hui.

« A-Accepte… ça. Non, s’il te plaît… Non, je suis un Seigneur-Démon, donc…, » déclara Diablo.

Donner une bague tout en jouant le rôle d’un Seigneur-Démon était impossible, mais en même temps, la forcer sur elle lui ferait se sentir mal, aussi. Diablo y avait réfléchi profondément avant ça et il avait fini par choisir de la donner à Rem, la prenant spécialement pour elle dans le coffre au trésor. L’événement dont il l’avait reçu dans le Croisement de la Rêverie était destiné aux couples, alors il en avait naturellement reçu deux bagues.

« Aaah ! Prends-la, Rem ! » déclara Diablo.

« … Je suis si heureuse. » Les yeux de Rem s’étaient remplis de larmes.

« Hein ? Tu l’es ? » Diablo avait été stupéfait de voir à quel point elle semblait sincèrement heureuse. Il se sentait de plus en plus mal à l’aise.

« … Mais…, » Rem secoua la tête. « Je ne peux pas. Je ne peux pas. Je n’ai aucun moyen de prouver que Modinaram n’est plus en moi. »

« Hm. » Diablo comprenait le danger derrière tout ça, et il n’y avait pas que lui qui était en danger ici. Et s’il ramenait Rem à Faltra, et qu’elle s’avérait être Modinaram ? Pas seulement cette ville, mais l’ensemble des Races serait détruit.

Non, c’est là que je suis censé lui dire. « Je crois en toi, » puis que je m’approche d’elle, et que je lui mets la bague au doigt.

Il secoua la tête.

Mais n’est-ce pas comme un drapeau pour une mauvaise fin où elle me transperce le cœur dans le feu de l’action ?

S’enivrer à ce point de romantisme qu’il aurait cessé de penser rationnellement et aurait fait quelque chose de dangereux serait impardonnable pour un joueur ! Diablo ne pouvait pas entrer dans une scène dangereuse sans preuve que c’était sûr. Il était honteux de donner la priorité à ses propres émotions, surtout quand la vie de tant de gens reposait sur ses épaules. Vaincre Modinaram, qui était devenu le château du Seigneur-Démon, était tout aussi important que sauver Rem.

Il y avait bien réfléchi. Modinaram pourrait regarder à l’intérieur de la mémoire de Rem, pour pouvoir répondre à toutes ses questions. Toute question à laquelle il n’aurait pas répondu serait une question à laquelle Rem ne connaissait pas non plus la réponse en premier lieu.

« Prouve que le Seigneur-Démon n’est pas en toi, » déclara Diablo.

N’est-ce pas impossible ? C’est une preuve du diable.

C’était le bon sens dans son ancien monde qu’il n’était pas possible de prouver que quelque chose n’existait pas (bien que certaines personnes ne l’aient pas compris, malheureusement…). Exiger d’elle qu’elle prouve son innocence serait faire la même chose qu’un paladin corrompu.

Peut-être qu’il devrait toucher Rem et voir son énergie magique ? C’était dangereux si Modinaram se cachait encore en elle. S’il attaquait au moment où Diablo était à portée de main, il ne pourrait pas le bloquer.

Celle à qui il parlait en ce moment était-elle vraiment Rem, ou était-elle manipulée par Modinaram ?

Ah ! Diablo s’en était alors rendu compte.

Débloquées par une étincelle d’inspiration, ses pensées étaient allées plus loin, comme si elles traçaient le long d’un fil mince. Il l’envisageait sous plusieurs angles, mais tout lui paraissait juste.

« Si je prouve ton innocence, Rem, tu rentres avec moi ? » demanda Diablo.

« … Si tu es en mesure de… Je doute que ce soit possible, » répondit-elle d’un ton sinistre.

***

Partie 2

« Très bien ! » Diablo avait souri et étendit les mains. « Rem Galleu… Je te permets de convoquer une invocation ! »

 

« … Tu ne m’ordonnes pas d’en convoquer un, mais… me le permets ? » Ses yeux s’étaient élargis.

« En effet. J’ai partiellement levé mon ordre antérieur t’interdisant de bouger. Si tu es la vraie Rem, invoque quelque chose. Tu ne pourras pas le faire si Modinaram te contrôle, car il utilise la magie élémentaire, » déclara Diablo.

Quand Rem avait attaqué Céles sous l’influence de Modinaram, elle avait utilisé la magie élémentaire. La magie élémentaire et la magie d’invocation étaient similaires en ce sens qu’elles ne pouvaient être lancées contre la volonté du lanceur. Même si quelqu’un contrôlait le corps d’une autre personne et lançait un cristal d’invocation, l’invocation n’apparaîtrait pas.

Rem s’était levée du trône de glace. « … Génial, Diablo. »

Elle prit un cristal d’invocation de sa pochette et elle l’avait tenu dans sa main.

« Je t’ordonne de venir au nom de Rem Galleu, Golem de Fer ! » cria Rem.

Elle brisa le cristal d’azur contre le sol, et une rafale avait surgi de ses fragments. Un brouillard blanc avait rempli l’air puis s’était dissipé, révélant une statue gris foncé d’apparence grossière qui se tenait à ses côtés.

« … Je suis Rem. » Elle tapota affectueusement le Golem de Fer.

« C’est ce qu’il semblerait… J’annule tous mes ordres ! » déclara Diablo.

L’effet contraignant du collier d’esclavage avait été supprimé. Elle traversa lentement le sol, son expression se chargeant en nervosité.

« … Diablo… puis-je vraiment croire tes paroles d’il y a un instant ? » demanda Rem.

« Je suis le véritable Seigneur-Démon ! Je ne parle jamais en plaisantant ! » Il n’y avait pas de retour en arrière maintenant, il ne pouvait pas dire qu’il était trop nerveux.

Rem s’arrêta devant lui et lui présenta sa main gauche. Ses doigts tremblaient lorsqu’elle se tenait là, sans dire un mot, probablement à cause des émotions qu’elle ressentait. Diablo n’arrivait pas non plus à maîtriser son embarras en prenant sa main gauche dans la sienne et en glissant l’alliance qu’il tenait dans sa main droite sur son doigt.

 

 

†††

Un bruit fort avait été émis par le plafond. Diablo enroula ses bras autour de Rem dans la panique et la couvrit. Un orbe noir était descendu vers eux avec des décombres. Il avait une tête de chèvre noire et un corps de gorille.

« Diaaaaaaaaabloooooooo ! » hurla-t-il.

« Modinaram ! »

C’était comme Klem l’avait supposé, la folie dans sa voix éclipsait largement tout soupçon d’intelligence. Même en sachant qu’il disparaîtrait d’ici demain, il avait quand même absorbé tous ses sous-fifres déchus et les bêtes magiques et prit la forme du château du Seigneur-Démon.

« Gaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! »

« “Folie”, hein ? » Diablo brandissait son bâton.

La situation était cependant loin d’être favorable. Il l’avait prédit comme tel, mais l’effet de la Bombe personnalisée ne s’étendait pas à l’intérieur du château, et après avoir absorbé tant d’énergie magique, Modinaram était presque à pleine puissance. S’il s’approchait trop près, même un coup d’éclat serait fatal. Il devait également se battre tout en protégeant Rem…

Je peux gagner ? Non… Je dois gagner ! Si je ne le bats pas ici, ce faux château du Seigneur-Démon n’arrêtera pas son déchaînement !

Diablo avait peut-être récupéré ses points de vie et son mana, mais l’épuisement l’avait quand même atteint et l’avait rendu somnolent.

« Tu t’es dit inutile, n’est-ce pas, Rem ? » demanda Diablo.

« C’est…, » commença-t-elle à répondre.

« Écoute-moi, et mets-le dans ton cœur : ceux qui n’ont ni force ni talent naturel ne doivent jamais fuir l’effort. Les inutiles ne le sont que parce qu’ils ne luttent pas jusqu’au bout ! » déclara Diablo.

Rem semblait choquée au début, puis hocha la tête avec un sourire. « Oui… Cela dit, j’ai toujours été nulle pour abandonner. »

« Bien. Reste derrière moi, » déclara Diablo.

« … Diablo, je n’ai aucune preuve à l’appui de cette idée… mais il y a quelque chose que j’aimerais vérifier. As-tu un Élixir sur toi ? » demanda Rem.

« Bien sûr que si, mais pourquoi ? » demanda Rem.

Diablo en avait pris un. C’était une potion connue sous le nom de médecine divine, capable de guérir les gens à la porte de la mort, de restaurer son mana dans son intégralité et d’éliminer tous les maux négatifs. Rem ne semblait pas gravement blessée.

Elle avait montré l’ennemi du doigt. « Utilise-le sur Modinaram. »

« Quoi !? » s’exclama Diablo.

« Gah !? » Les yeux de la tête de chèvre s’étaient élargis, et elle s’était mise à trembler.

« … Quand Modinaram était en moi et regardait dans mes souvenirs… J’ai aussi eu un aperçu de ses propres souvenirs. Dans l’un d’eux, je l’ai vu craindre un Élixir, » déclara Rem.

« Peur d’un Élixir ? Pour quelle raison !? » demanda Diablo.

 

« … La folie est un effet sur le statut de type maladie. Par conséquent, un Élixir peut le purifier, » expliqua Rem.

 

« Quoi... Quoi !? » s’exclama Diablo.

Modinaram avait ce genre de faiblesse ? D’innombrables joueurs avaient affronté Modinaram dans le Croisement de la Rêverie, mais aucun d’entre eux n’était assez étrange pour utiliser un Élixir super rare sur un Seigneur-Démon. Dans tous les cas, ce genre d’information n’avait jamais existé sur les sites d’informations sur le jeu.

Tenant un Élixir dans sa main gauche, Diablo réduisit lentement la distance sur l’ennemi.

« Hmph… Comme c’est intéressant. Ça vaut le coup d’essayer ! » déclara Diablo.

Le résultat n’avait pas besoin d’être mentionné. Modinaram s’était retiré, manifestement effrayé. Avec la sortie de la pièce en forme de dôme dans le dos, le corps semblable à celui d’un gorille avec la tête d’une chèvre, provoquait un tumulte semblable à celui d’un animal dans un zoo.

« Je ne laisserai aucune ouverture, » menaça Diablo. « Je n’aurai aucune pitié. Je vais te détruire, ici et maintenant ! »

« Uugh… Uugh… Uugh… »

« Va-t’en, Modinaram ! » cria Diablo.

« Gaah, gaah, gaah, gaaah ! »

Clank! Un bruit mécanique résonna dans l’espace en forme de dôme. Des symboles avaient été gravés sur le front de la tête de chèvre.

« Quoi !? » Diablo avait eu un mauvais pressentiment.

« Ce sont des chiffres de l’alphabet céleste…, » déclara Rem avec une expression inquiète. « Je crois que c’est… neuf, huit, sept... »

Les chiffres gravés changeaient rapidement, comptant à la baisse à un rythme d’une à chaque seconde. C’était à tous les coups un compte à rebours !

« Toi ! » s’exclama Diablo.

« V-V-V-V-Vous rencontrerez… ruine… avec moi… Gyaha ! Gyahahahahahahaha ! » Les lèvres de la tête de chèvre s’enroulèrent dans un sourire désagréable.

 

« Ouais, désolé… ce cliché est exagéré, » déclara Diablo.

 

« Aaah !? » Diablo avait enroulé son bras droit autour de Rem.

Les chiffres sur le front de Modinaram changeaient encore, puis son corps se transforma en un éclair de lumière.

†††

Devant la porte ouest de la citadelle de Faltra.

« Hiyaaa ! » Shera avait tiré une flèche, frappant un serpent noir qui avait rapidement disparu avec un bruit sec.

« Hmmhmm, bien joué, Shera ! » Klem lui avait souri.

Klem avait donné plus de pouvoir à l’arc de Shera avant le début de cette bataille, ainsi qu’à ses bottes et à ses vêtements. Shera était actuellement vêtue de ce que l’on pourrait appeler un « Ensemble d’Équipement du Seigneur-Démon ». C’était grâce à cela que la zone dont Shera et Klem étaient responsables était restée bien défendue.

D’un autre côté…

Rose la femme de chambre magique s’attaquait à elle seule à plusieurs serpents noirs. Cependant, son énergie magique, qui commençait à manquer, était presque épuisée.

« Rose achèvera la tâche que le Maître lui a confiée… même si Rose doit sacrifier le corps de Rose pour ce faire ! » déclara Rose.

Par contre, il semblait que chaque fois qu’elle battait les serpents noirs, ils se reproduisaient en plus grand nombre. Les attaques devenaient de plus en plus sauvages au fur et à mesure que le château s’approchait. Galford et Laminitus se battaient aussi courageusement, avec épée et fusil magiques respectivement en main.

Les endroits défendus par tous les autres, cependant, étaient sur le point de s’effondrer. Les soldats étaient dévorés par les serpents, les aventuriers étaient repoussés et des cris retentissaient partout.

« Tout le monde, battez-vous au mieux de vos capacités ! » Céles cria, entourée de sorciers. « Juste un peu plus longtemps ! Diablo va sûrement arrêter le château ! »

Ces mots n’étaient qu’une simple consolation — ce qui les rendait d’autant plus incroyables lorsqu’ils étaient devenus réalité !

Edelgard regarda intensément le château, avec du sang coulant de sa tête.

« Ah… Lumière !? »

Une explosion s’était propagée. Un éclair de lumière se répandit de l’intérieur du château, avec un feu jaillissant des fenêtres d’où émanaient les serpents. Finalement, tout le château avait été envahi par les flammes noires. Tout le monde était stupéfait, regardant la boule de feu massive qui se présentait devant eux.

« Où est Diablo !? » demanda Shera d’une voix qui frôlait le cri. « Qu’est-il arrivé à Diablo ? Et Rem ! Où sont-ils !? »

Personne n’avait pu répondre à sa question…

Les serpents noirs prirent feu, leurs cadavres carbonisés se répandirent sur tout le sol alors qu’ils étaient réduits en poussière avec un bruit de grésillement. Ils s’étaient ensuite transformés en particules de lumière et avaient disparu dans le ciel.

Quand le feu avait commencé à s’éteindre, Klem avait soudain montré du doigt l’endroit où se trouvait le château auparavant.

« Regardez ! »

†††

À l’épicentre de l’explosion se trouvait Modinaram, allongé, avec seulement la moitié supérieure de son torse. Ce qui en restait s’effritait, et ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne s’efface complètement.

Un orbe noir flottait près d’elle. L’instant d’après, le tissu qui constituait sa surface s’était transformé en un manteau avec un bruit de battement.

« Ah ! » Diablo expira, alors qu’il s’était senti tout aussi étouffé, mais il avait gardé la dignité d’un Seigneur-Démon.

« Pheeew… »

« … Ça va, Diablo ? » demanda Rem.

« Et toi, Rem ? » demanda Diablo en réponse.

« … Oui. » Elle avait souri.

« Pourquoi !? » Les dents de Modinaram grinçaient sur le sol. « Comment !? Pourquoiiii !? »

« Rideau Noir. » Diablo pinça son manteau. « Son effet est une annulation de dommages de plusieurs secondes. Il protège son porteur de tout dommage pendant cette période. »

Dans le Croisement de la Rêverie, il défendait tous les membres du groupe du porteur, mais d’après ce que Diablo pouvait dire de cet usage, il ne pouvait en protéger que trois.

« … De penser qu’un tel manteau pourrait exister…, » déclara Rem, apparemment impressionnée. « Cela doit être un objet très rare. »

« Non, le Rideau Noir n’est que de rareté SR. Tu en trouveras peut-être un autre si tu regardes bien autour de toi, » répondit Diablo.

Son effet avait été utile, mais ses statistiques étaient plutôt modestes. Même s’il offrait l’annulation complète des dommages, il ne fonctionnait que pendant trois à cinq secondes, ce qui rendait son utilisation instable et très situationnelle. Diablo ne l’avait équipé que face à des ennemis exagérés comme les Seigneurs-Démons.

Vous ne pouviez activer son effet qu’une fois toutes les trois minutes dans le jeu, mais je me demande combien de temps cela prendrait dans ce monde… ?

Diablo se tenait près du corps mourant de Modinaram avec un Élixir à la main. Il n’avait plus de force pour résister.

« On ne peut même plus se donner la peine de se réfugier à l’intérieur de Rem, n’est-ce pas ? Va-t’en, » déclara Diablo.

« Attends… Es-tu sûr de vouloir… me guérir ? » demanda Modinaram.

« Ton bluff est inefficace, Modinaram. Tu aurais dû le dire avant de t’autodétruire, » déclara Diablo.

Diablo avait renversé le contenu du flacon sur lui, comme s’il avait renversé de l’eau bouillante sur une sculpture de glace.

« Aah ! Aaah ! Aaah ! Disparais ! En train de s’estomper ! Aaah… Gaaaaaaaah !! » Les cris rauques de Modinaram résonnaient dans tout le champ.

 

Ainsi, le Seigneur-Démon Suprême Modinaram n’était plus…

 

Diablo laissa tomber la fiole vide dans la cavité creuse laissée dans son sillage, et elle se logea dans la terre calcinée. Ce n’était pas vraiment une pierre tombale, mais…

Il se retourna, et Rem rencontra son regard. Elle caressait affectueusement l’annulaire de sa main droite, qui portait maintenant une bague argentée sans ornement.

« … Euh, Diablo… Est-ce vraiment bon pour moi d’avoir ça ? » demanda Rem.

« O-Oui. » Sa nouvelle demande l’avait mis dans l’embarras.

« … J’aimerais t’entendre le mettre en mots. » D’un autre côté, elle lui avait demandé assez facilement de faire une tâche aussi difficile.

Argh…

« Aah... Euh…, » Diablo s’approcha de Rem et posa ses mains sur ses épaules. « Ce que j’essaie de dire… c’est que… »

« … Oui. » La petite fille leva le menton et ferma les yeux, les oreilles de son chat frémissant.

Hein ? Hein ?

Diablo s’étaIt trouvé raidi.

Qu’est-ce que c’est que cette situation !? Qu’est-ce que je suis censé faire ici !?

C’est alors que la voix de Shera les appela depuis la direction de la ville.

« Diablooo ! Reeeeeeeem ! »

Il n’y avait pas que Shera qui avait fait entendre leur voix, Klem, Rose et plein d’autres personnes couraient aussi pour les saluer.

« Shera ! Klem ! » Rem avait répondu.

Oui. C’est enfin fini. Diablo croisa les bras et hocha la tête profondément.

« Diablo ! » dit Rem en souriant, la queue de Rem faisant des mouvements de va-et-vient.

« Hmm ? »

« … Je ne sais jamais quand abandonner, alors prépare-toi ! » déclara Rem.

***

Épilogue

Trois jours après l’affrontement avec le Seigneur-Démon Suprême.

La barrière anti-Déchu avait enfin été restaurée. Galford avait déclaré que la bataille était victorieuse, et la ville s’était lâchée dans les acclamations. Même après le coucher du soleil, il n’y avait aucun signe annonçant la fin de l’excitation. À ce rythme, il semblait que les festivités pouvaient vraiment durer un mois.

Voilà ce qui indiquait clairement tout simplement la gravité de cette bataille. Beaucoup de vies avaient été perdues, mais il avait été dit que les survivants avaient le devoir de vivre pour eux-mêmes et pour ceux qui avaient péri.

Diablo, cependant, avait interprété ce dicton comme suit. « Paressez suffisamment pour nous-mêmes et pour ceux qui ont été perdus. »

Dans l’Auberge de la Tranquillité d’Esprit — Cachette —

Aujourd’hui, Diablo avait passé un jour de plus au lit. Ses points de vie, de mana et d’endurance avaient tous été parfaitement rétablis, et sa fatigue avait disparu. Il passait simplement ses journées à paresser sans raison particulière.

Béni sois-tu, puissants jours de paresse !

Les jours où vous n’aviez pas besoin de travailler étaient des bénédictions. Diablo s’était demandé comment les gens vivaient ces jours-ci. Une douce somnolence s’empara bientôt de lui, et il ferma les yeux…

 

***

« Diablo. »

Quelqu’un l’avait appelé par son nom.

Hm ?

Un sentiment de déjà vu, l’ayant déjà vécu une fois, l’assaillit.

« Diablo, réveille-toi, s’il te plaît. » C’était la voix de Rem.

Il avait ouvert les yeux, et ce qui l’avait salué — .

« Quoiiii !? » s’écria Diablo.

C’était, sans aucun doute, Rem. Mais ce qu’elle portait était une tenue si audacieuse qu’elle laissait que peu de place à l’imagination. L’habit était blanc comme une robe de mariée, mais sa peau était plus visible que n’importe quelle lingerie normale. Elle n’était pas tout à fait nue, mais cela n’avait fait qu’attirer les regards vers elle.

Shera était également présente, se blottissant contre lui. Elle était encore plus dangereuse à cause de sa poitrine volumineuse. Ses gonflements impressionnants secouaient et se balançaient à l’intérieur de sa tenue transparente. Elle s’agenouillait sur le lit, s’approchant lentement de lui.

« Diablo ♡ ! » murmura Shera d’une manière langoureuse.

« Qu’est-ce que vous faites !? » demanda Diablo.

Est-ce un rêve !?

Les mains de Shera s’étaient glissées sur les genoux de Diablo. Le réalisme de cette sensation avait écarté toute suspicion que ce soit un rêve. Ce n’était pas une hallucination ou une illusion.

« J’ai entendu dire que tu as aussi fait de Rem ta femme, Diablo ? » demanda Shera.

« Euh… !? »

En fait, il avait l’intention de le faire plus graduellement, au bon moment, après avoir d’abord consulté Shera. Mais, à cause de Modinaram, il avait dû donner la bague à Rem dans de telles circonstances.

Donc ce n’est pas ma faute !

« La polygamie n’est pas acceptée à Lyferia, » lui chuchota Rem à l’oreille.

« Uuoh !? »

À bien y penser, le système matrimonial dans le Croisement de la Rêverie ne l’appuyait pas non plus…

« Mais tu es le roi de Greenwood, Diablo. C’est peut-être permis là-bas ? » demanda Rem.

« Je me le demande ? » Shera inclina la tête de façon interrogative. « Personne ne l’a jamais fait avant, donc je ne sais pas. »

« C’est à Diablo de décider si c’est possible ou non. C’est le roi, après tout, » déclara Rem.

« Ouais, tu as raison. C’est le roi, » déclara Shera.

Diablo était rempli d’anxiété. Le premier ordre d’un roi immédiatement après son accession au trône ne serait-il pas : « La polygamie est maintenant permise ! » N’y a-t-il pas trop d’obscurité dans le décor du jeu ? Que diraient le ministre de l’Intérieur, Drango, et la reine mère ?

« De toute façon, ce n’est pas comme si la loi importait. » Shera déplaça ses boucles d’or.

N’est-ce pas vrai !?

« … C’est vrai, » dit Rem. « Cela n’a pas d’importance. Diablo, d’après ce que j’ai entendu, tu n’as pas encore fait… euh… ça, correctement avec Shera ? »

« Aaah, huuh ? » La vue de Diablo se déplaça sans cesse.

« Et tu m’as dit de tout te laisser, » déclara Shera, les joues gonflées, boudeuse.

Je suis désolé, pour de vrai.

« … Et donc, euh…, » marmonna Rem, le rougissement n’étant pas limité à ses joues mais allant jusqu’à son cou. « J’ai pensé qu’il vaudrait mieux que vous m’incluiez pour qu’on puisse établir des faits établis… Non, je veux dire, solidifier cette relation correctement. Telle est ma conclusion. »

Telle était sa conclusion, hein ? Diablo devait douter de l’intégrité de son raisonnement.

« Oublions les trucs compliqués, faisons-le. » Shera se pencha en avant. « Faisons-le, et correctement. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? »

« … On commence par un baiser, » déclara Rem.

« Wôw, tu es vraiment maline, Rem, » déclara Shera.

« … Pour dissiper tout doute, je signale que je n’ai aucune expérience en la matière, » déclara Rem.

Rem avait aussi posé ses mains sur les épaules de Diablo. Le contact de leurs mains douces et fines avait complètement limité la liberté de mouvement de Diablo.

Elles lui murmuraient à l’oreille.

« … Tout est de ta faute, tu sais… Je t’attendais, mais tu n’es pas venu dans ma chambre une seule fois pendant ces trois derniers jours, » déclara Rem.

« C’est vrai, tout est de ta faute, Diablo. » Shera hocha la tête. « Je ne savais pas que tu ne l’avais pas fait correctement. »

« J’étais… Je suis un homme occupé ! » déclara Diablo.

 

 

Se rouler sans but dans son lit était une affaire sérieuse de la plus haute priorité. Il ne les évitait d’aucune façon parce que les relations humaines étaient un frein…

En regardant à gauche, ses yeux avaient rencontré ceux de Rem. Ses oreilles de chat tremblaient. Regardant vers la droite, les seins de Shera bloquaient son champ de vision.

Je suis fini…

Sa rationalité l’était, au moins.

Les lèvres des deux filles se rapprochaient de celles de Diablo. Rem et Shera respiraient plus fort que d’habitude, alors que leurs lèvres…

À suivre…

***

Illustrations

 

Fin du tome 9.

***

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2 commentaires :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le tome 9

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