Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 1

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Chapitre de l’Elfe

Prologue

C’était un matin comme les autres. Comme d’habitude, des moineaux gazouillaient à l’extérieur de la fenêtre, et le soleil matinal remplissait ma chambre à travers les rideaux. Avec l’arrivée récente du printemps, et comme c’était la première journée ensoleillée depuis longtemps, c’était la journée idéale pour faire une promenade. Le fait de respirer l’air frais du matin serait exactement ce dont j’avais besoin pour me réveiller et me vider l’esprit.

C’est du moins ce que je pensais...

« Calme-toi, respire profondément. Je n’ai rien fait de mal. Rien du tout, » murmurai-je.

J’avais réalisé que je débitais des bêtises dans mon état de confusion. J’avais l’air de quelqu’un qui venait de commettre un crime, mais ce n’était certainement pas le cas.

« Attends un peu. Que va-t-il se passer maintenant ? J’ai amené quelqu’un dans ma chambre sans sa permission... Sans compter que son origine nationale est..., » continuai-je.

Je me l’étais demandé à voix haute en regardant mon lit. Cela pourrait peut-être être considéré comme un crime dans certaines circonstances, mais j’avais besoin de prendre une grande respiration et de me concentrer sur la question principale ici.

Il y avait une chose inconnue dans mon lit, qui était un peu plus grande que nécessaire pour une personne. La bosse sous ma couverture se déplaçait lentement de haut en bas, respirant doucement dans son sommeil confortable. Je me demandais si l’odeur faible et douce venait de son souffle. Les cheveux longs, soyeux, blanc-argenté, brillaient de mille feux à la lumière du soleil, m’attirant par son éclat. Elle semblait jeune. Ses lèvres étaient pâles et roses, son nez bien dessiné et ses longs cils donnaient presque l’impression que la personne ressemblait à une poupée. Je m’étais trouvé hypnotisé par cette vue, mais ce n’était pas le moment d’être dans un tel état de stupeur.

Mon regard s’était légèrement déplacé vers les oreilles de la jeune femme. Je pensais que c’était là ma principale source d’inquiétude. À en juger par ses oreilles allongées et légèrement tombantes, elle n’était certainement pas humaine. Bien sûr, le monde était grand, alors peut-être que ce n’était pas impossible pour quelqu’un comme elle d’exister là-bas. Mais ce qui passerait probablement dans la tête de la plupart des gens s’ils voyaient son apparence féerique, c’était ceci :

Il y avait une elfe au Japon.

Les elfes n’existent que dans les histoires de médiéval fantastique. Je n’imaginais pas la panique qu’il y aurait si la population découvrait qu’ils existaient vraiment, et qu’il y en avait une qui dormait dans mon lit en ce moment.

Au fur et à mesure que ces pensées me traversaient la tête, les sourcils de la jeune elfe en question tremblèrent. Ses yeux s’ouvrirent lentement, révélant leur couleur d’améthyste chatoyante. En voyant leur couleur élégante et brumeuse, j’avais eu l’impression d’être témoin de l’éclosion d’une fleur. Les gens décrivaient parfois des yeux qui semblaient vous attirer, mais je n’aurais jamais pensé que j’en ferais l’expérience.

J’avais oublié tout, y compris la situation actuelle pendant un moment, subjugué par les yeux de la jeune fille. Quand ils avaient commencé à se concentrer, mon cerveau avait recommencé à fonctionner normalement.

Que s’est-il passé hier soir ?

Tout comme la fille qui ouvrait lentement les yeux, mes pensées se déplacèrent rapidement vers le passé. Mon cœur battait plus fort en raison de la nervosité et d’une impatience inexplicable.

Oui... cette fois, je...

***

Épisode 1 : Bonjour, Mademoiselle l’Elfe

Partie 1

Les gens avaient tendance à avoir au moins un côté étrange. Il y avait des individus qui détectaient les fantômes et les esprits, et des gens qui pouvaient facilement dessiner de belles œuvres d’art. Il y avait des individus beaux avec des voix terribles quand ils chantaient, et des gens maigres qui étaient des mangeurs voraces. Il y avait des individus qui n’étaient pas si beaux, mais qui n’avaient aucun problème à obtenir des rendez-vous, et ainsi de suite.

Moi aussi, j’avais une de ces bizarreries vraiment spéciales. C’était lié au fait que j’étais un salarié moyen de vingt-cinq ans, mais, par-dessus tout, y compris l’avancement de ma carrière, mon principal objectif était de quitter le travail à l’heure.

J’avais défait ma cravate dès que j’étais rentré dans ma chambre et j’avais commencé à mettre mon pyjama confortable. La façon dont j’avais fredonné en faisant mon lit pourrait bien être un spectacle étrange à voir. Ce ne serait peut-être pas aussi bizarre si je n’étais pas célibataire, mais, malheureusement, je n’avais jamais eu de petite amie auparavant. C’était ma routine, ou plutôt la chose pour laquelle je vivais. Après tout, je rêvais de vivre dans un monde imaginaire depuis mon enfance. J’adorais les histoires sur les combats et le fait de vaincre des monstres avec des épées, des boucliers et de la magie. Je me souvenais d’avoir emprunté ces livres à la bibliothèque et de les avoir lus encore et encore jusqu’à ce qu’ils soient tous usés.

C’était peut-être à cause de mon obsession, mais j’avais rêvé à ce genre de choses pratiquement toutes les nuits. Je me battais dans un monde d’épées et de magie, je participais à des guerres intercontinentales et j’entrais dans d’énormes donjons. Ces rêves avaient commencé quand j’étais enfant, et même à l’âge adulte, j’avais encore hâte de les voir la nuit.

Ce qui était malheureux, c’est qu’ils pouvaient aussi devenir trop réels. Ça aurait été bien s’ils avaient été plus gentils avec moi de temps en temps, mais j’avais été vaincu par des monstres à maintes reprises, et il n’était pas rare pour moi de périr de temps en temps en pleine nuit. J’avais toujours été extraordinairement faible, et je ne me souvenais pas combien de fois j’avais été dissous par des choses d’apparence visqueuse. J’avais été agressé par des indigènes, dont je ne comprenais même pas la langue, et tout cela aussi un nombre incalculable de fois.

Mais, aussi terrifiants qu’ils aient pu être, ces ennemis n’étaient que des rêves. Il n’y avait jamais eu de douleur puisque ce n’étaient que des rêves, alors je pouvais m’en tirer avec une telle imprudence comme de charger directement vers un dragon imposant. Ensuite, je me réveillais sous le soleil du matin et je me dégourdissais les membres en pensant au rêve amusant que je venais de faire. Il n’y avait tout simplement aucun moyen de faire l’expérience de telles choses dans le Japon moderne.

Alors, comme d’habitude, j’avais préparé mon lit pour la nuit. J’avais mis une bouteille d’eau à côté de mon oreiller, avec un bento qui aurait encore bon goût une fois froid. Ce n’était pas une sorte de rituel, mais le fait d’agir ainsi allait avoir un intérêt que plus tard... En fait, ce serait plus rapide de le faire que de l’expliquer.

J’avais regardé ma montre, qui me disait qu’il était 19 h. Si les choses se passaient comme d’habitude, je me réveillais à 7 h. Je dormais plus longtemps que la plupart des gens de mon âge, mais j’avais travaillé dur et je vivais seul, donc personne ne pouvait vraiment rien dire contre mon rythme de vie. C’était bien de n’avoir à prendre soin que de soi. Cependant, je n’étais pas sûr si je devais y penser comme un privilège d’adulte ou me plaindre de ma vie triviale. Bien sûr, je me voyais comme le premier, mais la plupart des gens me verraient comme le second.

Mais c’était très bien. Il fallait profiter de la vie, et je n’avais pas l’intention de laisser tomber ma vie de sommeil.

« Eh bien, bonne nuit, » murmurai-je pour moi-même.

Et donc, j’avais plongé sous ma couverture douillette. En tant que dormeur chevronné, j’avais relâché un ronflement et j’étais entré dans cet autre monde, comme d’habitude.

 

***

 

Chirp chirp, chirp chirp.

Dès que j’avais ouvert les yeux un peu difficilement j’avais vu un petit oiseau juste devant mon visage. La couleur bleue de son petit corps rond s’assombrissait progressivement vers l’extrémité de ses ailes. Ce petit gars extrêmement curieux s’appelait Nuzzle, et il n’avait pas vraiment peur des humains. Il avait été nommé d’après des ruines voisines appelées Nazul-Nazul. Au printemps, il sortait à la recherche de nourriture, mais il semblait passer la plupart de son temps dans les ruines.

« Ahhhh... J’ai très bien dormi. Mais de l’autre côté, je viens de m’endormir, » déclarai-je pour moi-même.

Et pourtant, je me sentais bien reposé même quand je me réveillais aussi au Japon. Je suppose que c’était logique, vu que j’étais dans un rêve de ce côté-ci.

Comme d’habitude, j’avais offert de la chapelure venant de ma poche de poitrine. L’oiseau gazouilla de gratitude, puis le ramassa dans son bec et s’envola.

J’avais brossé les miettes restantes et je m’étais levé en réfrénant un bâillement. Puis, le soleil, se levant dans le ciel bleu et clair et la prairie en pente douce, avait rempli mon champ de vision. Il y avait une rivière qui coulait à proximité, donc il semblerait que je n’aurais pas de difficulté à trouver de l’eau potable.

« Hm, je suppose que ça reprend là où je me suis arrêté hier soir. Ah, c’est vrai, je dormais sous un arbre..., » déclarai-je.

La rosée nocturne s’était accumulée sur le manteau que j’utilisais comme lit de fortune, et les gouttelettes tombaient en perles quand je les essuyais. J’avais choisi un endroit où poussaient des arbres parce que je me méfiais de la pluie, mais à en juger par l’aspect actuel du ciel, il ne semblait pas y avoir lieu de s’inquiéter.

J’avais jeté un coup d’œil à mon environnement : Il y avait un sac à bandoulière en cuir et quelque chose qui brillait au soleil à côté.

« Le voilà. C’est là. Une bouteille d’eau me suffit, mais je dois prendre mon thé pendant les repas, » déclarai-je.

Il y avait une bouteille en plastique qui ne semblait pas à sa place dans le monde fantastique, et un bento était enveloppé dans un tissu à côté. Je l’avais préparé avant de m’endormir et, étrangement, il me remplissait l’estomac quand je le mangeais dans mes rêves. Ou peut-être que c’était encore plus bizarre que le fait que je pourrais même avoir faim dans mes rêves...

« La nourriture est difficile à trouver et a mauvais goût dans mes rêves, alors ça aide vraiment. »

Il y a quelque temps, je pêchais pour ne pas mourir de faim, mais j’avais adopté cette méthode dès que j’avais commencé à travailler à temps plein. Le raisonnement était que je ne voulais pas perdre mon temps à essayer d’obtenir de la nourriture alors que je pouvais réaliser mon rêve.

Maintenant, j’avais tout mis dans mon sac et j’avais commencé à marcher vers la rivière. J’avais besoin de remplir ma bouteille d’eau et mon visage avait besoin d’un rinçage matinal.

J’avais senti le froid du début du printemps en m’aspergeant d’eau sur le visage. Me frotter le visage avec de l’eau froide avait été très efficace pour me réveiller de mon état de somnolence. Mon visage dans le reflet de l’eau vacillante était très différent en âge de mon visage dans le monde réel. La peau lisse et jeune et mon regard endormi... Oh, j’étais réveillé maintenant, mais c’était comme ça que mes yeux ressemblaient naturellement. À en juger par ma taille, j’étais probablement plus en âge d’aller au collège. Mes vêtements noirs n’offraient manifestement pas beaucoup de protection, et j’avais choisi quelque chose de bon marché, donc ça ne me dérangeait pas s’ils étaient endommagés. Je suppose que le seul équipement sur moi que vous ne verriez pas au Japon était l’épée accrochée à ma taille.

J’ai un peu vieilli par rapport à avant, mais je vieillis beaucoup plus lentement dans le monde du rêve. Maintenant, à en juger par la façon dont cet oiseau était ici, ça doit être près des ruines Nazul-Nazul.

Si je marchais le long de cette rivière, ça me mènerait à la ville souterraine. Mais la question était de savoir si je continuerais dans cette voie ou si je trouverais un autre endroit. J’avais caressé mon bracelet d’argent en y pensant, puis un écran blanc bleuté était apparu devant moi. Ceux-ci avaient été distribués dans tous les pays et avaient permis d’informer le porteur de leur statut actuel. Cela montrait que j’étais au niveau 72, ce qui indiquait que j’étais beaucoup trop surpuissant pour cette zone.

« Franchement, mon niveau est devenu assez élevé après toutes ces années. »

Au début, j’étais désespérément faible, mais j’avais tellement progressé grâce à tout le dur labeur que j’avais fait. Mais je jouais depuis près de vingt ans, il était donc difficile de dire si mon rythme avait été rapide ou lent. Mais il n’y avait pas d’ennemi comme un seigneur démon à vaincre, alors je m’y prenais bien, c’est tout. S’il y avait une puissance ennemie comme celui-là dont il fallait se charger, j’aurais probablement fait beaucoup plus d’efforts au lieu d’améliorer mes compétences de pêche pendant tout ce temps.

« Pour être honnête, je ne faisais que monter mon niveau pour pouvoir aller voir d’autres domaines... Hm ? »

À ce moment-là, j’avais senti les yeux de quelqu’un poser sur moi. Je l’avais remarqué grâce à la compétence d’Intuition que j’avais mise à niveau pour éviter le combat, mais il semblait que celui qui me regardait ne cherchait pas le combat.

Une jeune fille aux longues oreilles était apparue de derrière un arbre et s’approcha de moi.

« Oh, bonjour, Kazuhiho. Je vois que tu campes d’une manière primitive, comme d’habitude. Si tu veux mon avis, tu ressembles beaucoup plus à un elfe que moi. »

« Ah, oui, oui. Bonjour, Marie. J’ai de la chance qu’il fasse encore beau aujourd’hui. Parfois, je me réveille pendant une forte pluie, et cela peut être assez épuisant mentalement, » répondis-je.

Marie inclina la tête comme si elle n’avait aucune idée de ce dont je parlais.

Son espèce était celle des elfes, et son vrai nom était Mariabelle. Je l’appelais par son surnom Marie, et bien qu’elle semblait avoir à peu près mon âge, elle avait plus de cent ans, ce qui expliquait en partie pourquoi on l’appelait une demi-fée. Ses cheveux, scintillant au soleil, étaient d’un blanc pur comme le pistil d’un pissenlit. Cela descendait jusqu’à la taille, ce qui la rendait facilement reconnaissable, même de loin.

 

 

Et puis il y avait eu moi qui, pour une raison ou une autre, me suis fait appeler « Kazuhiho ». Je n’avais que ma jeune personne à blâmer pour avoir mal écrit une seule lettre. C’était basé sur mon vrai nom, Kazuhiro Kitase... mais pour ainsi dire, je l’avais mal orthographié quand je faisais la configuration initiale.

« Inutile de pleurer sur le lait renversé... Oh, je parlais tout seul. De toute façon, ce n’est pas souvent que je te vois ici, Marie. Voudrais-tu venir voir les ruines voisines avec moi ? » demandai-je.

« C’est un sacré endroit où tu viens de m’inviter. Je ne comprends pas encore très bien les sensibilités humaines, mais les femmes aiment-elles habituellement qu’on les invite dans des ruines ? » demanda Marie.

« Je suppose que cela dépend de la personne. Mais si tu décides de te joindre à moi, je t’offrirai du bento, » déclarai-je.

Ses longues oreilles frémirent en réponse.

J’avais vu une étincelle dans ses yeux pourpres, et il était clair comme de l’eau de roche qu’elle était tentée, car elle s’agitait clairement avec le bâton qu’elle tenait derrière son dos.

« E-Eh bien... Si tu insistes vraiment, je pourrais accepter ton offre. Bien que je sois assez occupée avec d’autres affaires, juste pour que tu le saches, » déclara Marie.

Après ça, elle jeta un coup d’œil au sac que j’avais placé à côté de moi. C’était assez petit, donc la forme de la boîte à bento était visible. Elle semblait avoir un sens aigu du goût. Depuis que j’avais partagé un peu de mon bento il y a quelque temps, elle s’y attendait de plus en plus. Mais, comme elle était têtue, elle n’avait jamais demandé directement si elle pouvait en avoir.

C’était aussi très rare que je la croise. Depuis qu’elle était passée de la forêt elfique à la Guilde des sorciers, elle passait ses journées à étudier la magie. Comme j’avais eu cette rare occasion de passer du temps avec elle à nouveau, je voulais aller m’amuser un peu avec elle.

« Alors, allons-y. Il n’y a pas beaucoup d’ennemis puissants dans le coin, donc c’est parfait pour faire une promenade, » déclarai-je.

« Je pense que ton idée d’une “promenade” est un peu étrange. La plupart des gens appelleraient cela “explorer des ruines”, pas une promenade de l’après-midi. » Son front se plissa d’une manière adorable alors qu’elle corrigea mon sens pas si commun.

Je la connaissais depuis l’école primaire maintenant que j’y pense, alors elle était peut-être ma meilleure amie dans ce monde. Mais il est vrai qu’elle avait toujours agi comme si elle était ma Grande Sœur ou quelque chose comme ça, étant beaucoup plus vieille que moi et tout.

Nous avions commencé à marcher côte à côte, quand mon regard avait été attiré par l’objet qu’elle tenait.

« Oh, est-ce ton bâton ? Puis-je le voir ? » demandai-je.

« Hm, vas-y. Le manche est fait de houx —, et regards, il a même des poils de licorne ici, » déclara Marie.

« Wôw, Marie, je suis toujours si impressionné que tu puisses même utiliser la magie. Laisse-moi y jeter un coup d’œil pendant que nous marchons, » demandai-je.

Marie avait souri joyeusement en réponse.

***

Partie 2

Sa capacité à contrôler les esprits était une spécialité des elfes et, comme l’indiquait sa robe grise, elle était aussi une mage. Il semblait qu’elle venait tout juste d’obtenir son bâton, car il était en parfait état. Je n’avais aucune idée de la façon dont cette chose pouvait libérer de la magie, puisque tout ce que j’avais appris, c’était de frapper avec mon épée.

C’était mignon de l’écouter parler des matériaux précieux dont son bâton était fait, mais elle m’avait en fait tué lorsque nous nous étions rencontrés pour la première fois. C’était une elfe tout à fait scandaleuse, mais elle semblait s’être finalement calmée ces dernières années. J’avais fait cette observation à voix haute, et elle m’avait fait une expression un peu agacée.

« Tu as tout faux. C’était de ta faute, tu sais. J’ai été horrifiée quand tu es revenu à la vie et que tu m’as reparlé avec le sourire aux lèvres. Je pensais que tu étais un fantôme ou quelque chose comme ça, » répliqua Marie.

« En tout cas, ce n’était pas un meurtre. Et je ne sais pas si je souriais vraiment, mais je me sens heureux quand je te vois, puisque tu es si jolie et mignonne, » déclarai-je.

Marie passait la main dans ses cheveux avec une expression calme, comme si elle entendait ça tout le temps. Elle n’arrêtait pas de me regarder comme pour me dire : « Allez... »

Je trouvais que c’était mignon quand les filles faisaient ce genre d’expression. J’étais peut-être dans le corps d’un enfant, mais en réalité, j’étais un adulte à part entière. Pouvoir escorter une fille aussi adorable était donc loin d’être désagréable. En fait, j’aimais bien quand elle se comportait comme ça... bien qu’elle détesterait que je lui dise ça.

Je l’avais regardée à la lumière du matin alors que nous marchions le long de la rivière. La couleur de ses cheveux lisses était beaucoup trop brillante pour être décrite comme un simple « blanc ». Peut-être que la comparaison la plus proche serait la soie. Ses yeux étaient violets comme l’améthyste, donc dire qu’ils étaient comme des pierres précieuses serait une bonne comparaison. C’était peut-être à cause de la longue vie qu’elle avait vécue, mais même si nous avions la même taille, je ne pouvais pas lui tenir la draguée sur le plan intellectuel.

« Oh, c’est ça ? Près de ces rochers moussus, » déclara Marie.

Son doigt fin pointait vers les ruines en question. Le trou en forme de grotte devant nous, qui était entouré de roches recouvertes de mousse, était l’entrée des ruines Nazul-Nazul. Elle avait une longue histoire, et les rumeurs disaient que c’était une ville souterraine qui avait été détruite il y a 1 000 ans. Mais comment une civilisation magique si bien développée avait-elle été détruite ? C’était un mystère qu’il restait encore à résoudre.

« Allons donc chercher des mystères anciens, d’accord ? » demandai-je.

« Oui, tu es vraiment bizarre. Qu’espères-tu trouver dans les ruines où personne n’a mis les pieds depuis longtemps ? » demanda Marie.

On s’était approchés de la grotte, et je l’avais tirée par sa main mince. Je n’avais pas réalisé à quel point elle était légère et j’avais surcompensé la traction. Elle avait été propulsée contre ma poitrine et j’avais trouvé ses grands yeux ronds juste devant les miens.

« Hmph, ne peux-tu pas faire quelque chose pour tes yeux somnolents ? » demanda Marie.

« Je suis né avec ces yeux. Je ne peux rien y faire, » répliquai-je.

Elle gloussa et fit signe avec son bâton de houx. Un esprit de lumière émergea du bâton et commença à flotter autour de nous. Puis il s’était envolé vers la grotte et avait dissipé les ténèbres qui s’y trouvaient.

Les préparatifs semblaient terminés. Marie hocha la tête et notre exploration des ruines de Nazul-Nazul commença.

 

***

 

Les ruines de Nazul-Nazul...

Il y a longtemps, il y avait une civilisation qui avait été soudainement anéantie. Dans la plupart des cas, les villes détruites avaient connu leur fin en raison de la guerre ou de catastrophes naturelles qui avaient dévasté les maisons. Mais ceux qui avaient enquêté sur ces ruines n’avaient signalé aucun signe de conflit, et la plupart des maisons qui s’y trouvaient n’avaient pas été endommagées. Pour cette raison, il y avait une théorie selon laquelle cette civilisation s’était effondrée à cause d’une maladie inconnue. Cependant, la probabilité de cela était discutable si l’on considère à quel point leur magie était avancée.

« C’est pourquoi c’est l’une des sept merveilles de la région. D’innombrables autres personnes ont enquêté sur cette affaire dans le passé, alors qu’est-ce qui te fait croire que c’est toi qui vas résoudre ce mystère ? » demanda Marie.

« Il n’y a pas que moi. Je t’ai ici aussi. En plus, ça ne me dérangerait pas si je n’y arrivais pas. C’est la volonté de le résoudre qui compte, » répondis-je.

Nos pas résonnaient tandis que nous continuions à explorer les ruines. Le plafond était très haut et il était impossible de le voir à travers l’obscurité, même avec l’esprit de lumière qui nous accompagnait. Son invocatrice, Marie, avait conjuré d’autres esprits en récupérant ses pouvoirs magiques, et il y en avait déjà cinq qui volaient autour de nous.

« Donc tu dis que tu nous considéreras comme chanceux si on trouve quelque chose ? En tout cas, cet endroit est assez grand maintenant que je le vois de l’intérieur. Je n’aurais jamais imaginé que c’était aussi spacieux en le voyant de l’extérieur, » déclara Marie.

« Oui, c’était une ville entière après tout. L’entrée n’est qu’une partie du réseau du sous-sol, » répondis-je.

Il semblait que la voie navigable était cruciale pour les ruines. La rivière coulait le long du chemin formé de roches, et voyants qu’il y avait encore de l’eau ici, soit la source d’eau n’était pas encore morte, soit il y avait de l’eau de pluie qui s’écoulait. Il avait l’air d’être fait très simplement, avec une construction de base en pierre. Cependant, j’avais repéré de nombreuses runes magiques sur le chemin qui avaient permis d’augmenter sa durabilité. C’est sans doute pour cette raison qu’il avait pu conserver sa forme pendant un millénaire.

« C’est une technologie incroyable que de pouvoir résister pendant 1 000 ans comme ça. Ils ne pourraient pas aussi l’utiliser pour les bâtiments de la ville ? » demandai-je.

« Je ne crois pas, non. Il a été construit dans une veine pour qu’il n’ait pas besoin d’être réapprovisionné avec de la magie, ce qui signifie qu’il y a des conditions assez strictes qui doivent être remplies. Il faudrait également un graveur hautement qualifié, donc je doute que quiconque puisse se le permettre, » répondit Marie.

Hm... Je n’avais pas vraiment compris, mais j’avais l’impression que ce n’était pas vraiment plausible. Venant d’un pays sujet aux tremblements de terre comme le Japon, j’avais été envieux de voir de la magie qui pourrait accroître la stabilité comme celle-ci.

Les longues oreilles de la jeune fille avaient bougé en réponse à mes murmures, puis elle s’était tournée vers moi.

« Les tremblements de terre sont certes effrayants, mais ils ne peuvent pas se produire si souvent. D’où viens-tu dans le monde ? » demanda Marie.

« Oh, je viens du Japon, mais ce n’est probablement sur aucune de tes cartes. C’est un pays insulaire très loin d’ici, » répondis-je.

Elle avait fait un bruit et avait déformé son visage d’une manière telle qu’il était difficile de dire si elle était intéressée ou désintéressée.

Les cheveux noirs et des yeux noirs étaient une combinaison rare dans ce monde, mais son intérêt était plus concentré sur mon bento. Je savais que la raison pour laquelle elle m’avait suivi dans les ruines et qu’elle n’arrêtait pas de jeter un coup d’œil à mon sac, c’était pour ce bento que j’avais préparé.

Ça faisait longtemps qu’on n’était pas venus ici. La fatigue devrait bientôt s’installer. J’avais trouvé un endroit dégagé où nous pouvions nous reposer et j’avais tourné mon visage vers le sien.

« C’est un bel endroit pour s’asseoir. Et si on déjeunait ensemble ? » demandai-je.

« Bonne idée ! Je me demande ce que tu as apporté aujourd’hui, hehe ~, » déclara Marie.

Les pas de l’elfe semblaient soudain plus légers, et elle m’aida avec enthousiasme à me préparer. Dire qu’elle avait cent ans. Les elfes étaient parfois vraiment difficiles à comprendre... Eh bien, même si elle en avait juste après ma nourriture, c’était mignon quand les filles étaient aussi expressives.

Je lui tendis le bento recouvert de tissu, et ses yeux pourpres s’illuminèrent d’une manière plus intense que ses esprits de lumière.

« Je vais l’ouvrir maintenant..., » déclara Marie.

« Bien sûr, vas-y. Tu ne sais probablement pas te servir de baguettes et tu t’es déjà lavé les mains, alors tu peux les manger avec tes mains, » déclarai-je.

La jeune fille avait ouvert la boîte à bento, et elle cligna des yeux avec une joie enfantine. Le menu d’aujourd’hui était des inarizushi et des chikuzenni juteux qui étaient agréables jusqu’à la texture. Ils n’avaient peut-être pas l’air tape-à-l’œil dans le département de la couleur, mais le parfum délicieux était très séduisant. L’odeur forte de la sauce soja soulignait la douceur qui suintait, stimulant l’appétit, qu’on le veuille ou non.

« Hmm, cette odeur... C’est si merveilleux ! » murmura Marie.

Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire quand elle avait pris plusieurs grandes respirations avec le couvercle encore à la main.

« Vas-y, mange. Je ne suis pas très doué pour ce genre de plats mijotés, mais j’adore la façon dont je peux faire de grosses quantités à la fois tout en conservant un bon goût quand c’est froid, » déclarai-je.

Je lui avais fait signe de commencer à manger, et elle avait d’abord pris l’inarizushi dans sa main. Il était plein de jus, qui coulait sur ses doigts quand elle le tenait. Insouciante, elle l’avait porté à sa bouche et le jus s’était infiltré dans sa bouche.

« Nn ! Hmmm... Si... doux ! » murmura Marie.

Le léger arôme de la sauce soja. Elle se léchait les doigts et faisait des petites rides entre les sourcils. Elle avait ensuite mâché les inarizushi pleins d’umami, et la douceur intrinsèque du riz était arrivée en abondance. Les jus et la saveur aigre-douce se mélangeaient, laissant l’arrière-goût parfumé du sésame. L’elfe semblait complètement enchantée et continuait à mâcher les yeux fermés.

« Tiens, prends du thé. Bois lentement, maintenant, » déclarai-je.

Elle inclina poliment la tête, même dans son état de béatitude actuel, et avait pris la bouteille en plastique. Elle avait été déconcertée par la matière quand je l’avais présentée pour la première fois, mais elle s’y était finalement habituée.

« Nn... nng... Paah ! Je suis impressionnée. Il semble que tu aies encore amélioré tes compétences. Alors, c’est quoi ce truc marron ? » demanda Marie.

« Inarizushi. C’est vraiment bon parce que ça fait ressortir la saveur même quand il fait froid. Et voici du Chikuzenni. C’est fait avec des légumes de printemps, donc c’est très nutritif. Tiens, goûtes-en un peu, » déclarai-je.

Marie hocha la tête à plusieurs reprises, puis plaça des pousses de bambou et des racines de lotus dans sa bouche. La consistance croustillante lui avait ouvert l’appétit en alternant entre l’inarizushi et les légumes mijotés.

C’était difficile de croire qu’une elfe mince comme elle puisse manger autant. C’était amusant de la voir placer chaque bouchée de nourriture l’une après l’autre dans sa bouche, même si elle était beaucoup plus maigre que moi. Elle avait bu du thé et s’était reposée un peu avant de se tourner vers moi avec le sourire.

« Hehe, j’ai eu raison de te suivre, Kazuhiho. Je me suis toujours demandée, mais est-ce que c’est fait maison ? » demanda Marie.

« Oui, le repas d’aujourd’hui l’est. Mais je l’achète au magasin quand je n’ai pas envie de cuisiner, » répondis-je.

« Où est-ce qu’ils les vendent ? Allez, dis-le-moi ! C’est à Sissle, tout près ? Ou est-ce à Phlox ? » demanda Marie.

Je ne pouvais pas lui dire que ça venait du Japon. Si j’essayais d’éviter la question et que je lui donnais une réponse vague, elle se gonflait les joues et s’énervait en disant que j’avais essayé d’« à nouveau de garder le secret ».

« Je t’en offrirai d’autres quand tu voudras. Reviens ici quand tu auras du temps libre, » déclarai-je.

« Je suis occupée par mes études, alors ce n’est pas comme si j’avais beaucoup de temps libre. Mais je suppose que je peux prendre une pause de temps en temps, » déclara Marie.

Ce n’était pas souvent qu’elle me montrait son joli sourire comme ça. J’avais entendu dire qu’elle n’aimait pas les humains, alors ça me rendait étrangement heureux quand elle est amicale avec moi. C’était comme interagir avec un animal sauvage qui ne devrait pas devenir amical avec toi, mais c’était probablement une façon extrêmement impolie de penser aux elfes.

« On devrait y aller bientôt. Je veux sortir d’ici avant le coucher du soleil, » déclarai-je.

« Oui, nous devrions y aller. Mais je suis assez pleine, alors ça te dérangerait de marcher lentement ? » demanda Marie.

Nous nous étions lavé les doigts avec la bouteille d’eau de tout à l’heure et nous nous étions essuyé les mains avec une serviette avant de nous lever pour partir. Finalement, nous nous étions dépoussiérés et notre petit déjeuner amusant avait pris fin.

Les ruines de Nazul-Nazul étaient pleines de zones avec de l’eau, et chaque partie d’entre elles était pleine d’humidité. Nous avions marché le long de la voie navigable et jeté un coup d’œil dans les habitations en passant. Il s’agit peut-être de ruines vieilles de 1 000 ans, mais en raison de leur emplacement souterrain, elles avaient été lentes à se détériorer et il n’était pas difficile d’imaginer que les gens avaient l’habitude de vivre ici.

Je me demandais quel genre de personnes vivaient dans un endroit si sombre comme celui-ci avant qu’il ne soit détruit il y a mille ans, et en réfléchissant à cette pensée, j’avais remarqué quelque chose dans l’ombre.

« Oh, un monstre. Attends ici une seconde... Heeey, bonjour ? » déclarai-je.

J’avais laissé Marie, effrayée, derrière moi et je m’étais approché de l’ombre qui me faisait lentement face. Le monstre ressemblait à un lézard sur deux pattes, et il était beaucoup plus large qu’un crocodile. Le niveau de celui-ci semblait se situer dans les vingt, et il était considéré comme assez vicieux.

On les appelait les hommes-lézards. C’était un peu étrange que même les femmes aient des « hommes » dans le nom, mais ce n’était pas si important que ça. Il avait dirigé ses yeux ronds vers moi, puis avait baissé la tête. C’était en partie parce qu’il y avait un écart de niveau très important, mais je pouvais aussi comprendre leur langage, alors il était rare de se battre avec moi à moins qu’il ne se passe quelque chose de radical.

« Ah, si ce n’est pas Kazuhiho. Tu vas te promener avec une elfe aujourd’hui ? Bon sang, je suis jaloux ! » déclara l’autre.

« Eh bien, je pense qu’elle en a juste après mon bento..., » lui répondis-je.

La plupart des hommes-lézards n’avaient pas l’habitude de parler, donc certaines parties de leur discours étaient un peu difficiles à comprendre. Mais certaines espèces de monstres n’avaient même pas de langue, donc c’était tout à fait dans les limites de ce que je pouvais gérer.

« Nous sommes juste venus explorer ces ruines. Alors, cette zone est-elle sûre ? » demandai-je.

« Je ne dirais pas cela... Il y a un dragon avec un nid à l’arrière, et elle vient d’entrer dans sa saison de frai. Ce serait dangereux de s’approcher de là. Mon peuple est une sous-espèce d’hommes-dragons, comme tu le sais, j’en suis sûr, et nous avons été garde-dragons depuis l’époque de mes ancêtres. Mais les jeunes d’aujourd’hui disent : “Nous sommes des lézards, pas des dragons !” Mais... Je m’écarte du sujet. Quoi qu’il en soit, le dragon qui est là-bas est très irritable en ce moment. Je te déconseille de t’approcher de cette zone, » me répondit-il.

Il parlait beaucoup pour un lézard.

J’avais salué l’homme-lézard serviable et j’étais parti. J’avais couru vers Marie, et elle m’avait regardé avec des yeux légèrement élargis.

« Mon Dieu, as-tu maintenant appris à parler aux monstres ? Où as-tu appris à faire ça ? Je doute qu’il existe une littérature de ce genre, » déclara Marie.

« Ouais, j’ai plongé la tête la première. Je ne peux pas compter combien de fois j’ai été attaqué, et il m’a fallu environ trois ans pour apprendre. Tu te rappelles comment tu m’as appris à parler elfique ? C’est un peu comme ça, » répondis-je.

« Oh, tu as vraiment plongé dedans, n’est-ce pas... Je me sens étrangement désolée pour les monstres de tout à l’heure, » déclara Marie.

***

Partie 3

Même une elfe, qui avait vécu pendant presque un temps infini, semblait avoir de la difficulté à comprendre mes choix de vie. Elle avait appuyé son doigt accusateur sur son front et l’avait écrasé de haut en bas comme si elle avait du mal à le faire. 

Il y avait de nombreux types différents de langues monstrueuses, divisées en catégories allant des groupes A à E. Je me demandais quel genre de visage elle ferait si je lui disais que j’avais déjà appris jusqu’au Groupe C.

« Mais c’est tellement utile. Tu veux que je te l’apprenne, Marie ? » Demandai-je.

« Je dois avouer que je suis un peu intéressée... Alors peut-être que je pourrais te demander de m’apprendre demain, si tu as le temps, » déclara Marie.

« Bien sûr, ça ne me dérange pas. Ça fait un moment que je n’ai pas fait de projets avec toi comme ça, alors ça me rend heureux, » répondis-je.

Elle m’avait regardé d’un air suspicieux comme si j’essayais de savoir si j’essayais de la draguer. Je ne voulais pas m’excuser, mais maintenant que j’avais vingt-cinq ans dans le monde réel, le temps passé avec de jolies filles était extrêmement précieux et ça me rendait heureux de passer du temps avec elle. Mais je ne lui dirais pas ça, parce qu’elle me regarderait probablement comme un pervers si je le lui disais.

« Mais de toute façon, un dragon en période de frai, hein... Je veux aller jeter un coup d’œil, » déclara Marie.

« Vous y revoilà... As-tu l’intention de faire des plats d’un autre monde ou quelque chose comme ça ? » demandai-je.

« Quoi ? Non, pas du tout. Cependant, j’ai lu que les œufs de reptiles existent dans toutes sortes de variétés. Certains sont dans des substances qui ressemblent à de la gelée, d’autres ont des coquilles dures et d’autres encore sont mous. J’ai entendu dire que les œufs de dragon sont huileux, mais je me demande si c’est vrai. Hmhm, je suppose que je ne le saurais pas avant de l’avoir mangé, » déclara Marie.

Elle m’avait regardé comme pour me dire qu’elle avait raison. Mais j’aimerais voir quelque chose comme ça au moins une fois. Je ne voulais pas le manger, bien sûr, mais j’étais très curieux de savoir à quoi ressemble un œuf de dragon.

J’avais traîné Marie vers les profondeurs des ruines, malgré sa réticence évidente.

***

Je portais une cape avec un effet de Furtivité sur la tête et je m’étais couvert tout le corps, avant de ramper sur le sol comme une chenille. Les esprits de lumière avaient déjà été écartés, et la zone environnante était couverte de ténèbres. J’avais regardé de mon côté en retenant mon souffle, puis une paire d’yeux mauves, à l’air triste, s’étaient tournés vers moi.

Nous avions traversé la voie navigable asséchée et étions arrivés à ce qui semblait être la zone la plus profonde. Un bruit bas et étrange résonnait autour de nous, et il ne semblait pas y avoir de monstres dans la zone. Cela aussi avait provoqué une image troublante dans ma tête.

Qu’est-ce qu’il pourrait bien y avoir devant... ?

Je m’étais approché avec l’elfe et j’avais regardé en bas du plateau rocheux pour trouver l’obscurité qui m’attendait en bas. Le bruit fort et grondant de quelque chose qui respirait dans ses profondeurs était un signe évident qu’il y avait un ancien dragon qui dormait en bas. Mais bien sûr, je n’avais pas la capacité de voir dans l’obscurité totale.

« Ne bouge pas, Kazuhiho. Je vais aussi te donner une vision nocturne, » murmura Marie.

« Wôw, merci, Marie. Tu ne cesseras jamais de m’étonner, » répondis-je en murmurant.

Je pouvais toujours compter sur Marie. Elle pouvait utiliser la Sorcellerie en plus de la Magie des Esprits, ce qui lui permettait de s’adapter à un large éventail de situations.

Ses doigts, qu’elle pressait fermement contre mon front, brillaient faiblement dans l’obscurité. Cela m’avait apparemment donné un bonus qui amplifiait la lumière comme l’œil d’un chat, donnant l’impression que mon environnement brillait de mille feux.

Je regardais encore une fois en bas, et mon cœur avait bondi, car je voyais maintenant clairement un énorme dragon.

Si gros...

À en juger par sa taille et l’intensité stupéfiante de son aura, il pourrait être l’un des rares dragons des légendes. Son niveau estimé pourrait même dépasser 1 000. N’étant que de niveau 72, je n’aurais aucune chance contre ça.

« C’est vraiment grand... Sais-tu quel est le nom de ce dragon ? » demandai-je à Marie en murmurant.

« Il est noir et possède une magie dense, donc peut-être un arkdragon, une sorte de magi drake. Regarde, la marque sur la surface de son corps bouge. C’est donc vrai, ils peuvent générer de la magie simplement en respirant..., » répondit Marie en murmurant.

Marie semblait timide au début, mais elle était maintenant emplie d’une grande curiosité.

Mais... comment dire ceci... La cape n’était pas si grosse que ça, alors elle s’accrochait à mon bras. Elle était peut-être mince, mais elle était quand même une fille. Mon bras était serré entre les deux monticules sur sa poitrine, et...

« Tu m’écoutes, Kazuhiho ? Tu sais ce que ça veut dire si c’est vraiment un arkdragon ? Leur saison de frai n’a lieu qu’une fois tous les 1 000 ans. L’une de leurs écailles... non, même une goutte de salive pourrait être vendue pour un prix élevé ! Oh, c’est tellement excitant ! » déclara Marie en murmurant.

« Tu peux parfois ne pas te comporter comme une elfe, Marie. T’arrive-t-il de te faire dire que tu as un sens du matérialisme important ? » demandai-je en murmurant.

En réponse à mon commentaire, ses yeux d’améthyste me regardèrent. Ses cils semblaient encore plus longs de près et elle ressemblait à une belle poupée à la peau pâle. Mais elle me fusillait froidement du regard, alors je ne pouvais pas continuer à la fixer.

« C’est ta faute, Kazuhiho. Je ne me serais jamais intéressé au monde humain sans toi. C’est toi qui m’as troublée en me parlant de la ville pleine de vie et de toutes les choses que j’aimerais acheter, » répliqua Marie en murmurant.

Hein ? Et c’est ma faute ? Ai-je déjà dit que je l’emmènerais dans le monde extérieur... ?

J’avais déjà visité son village elfique auparavant, après avoir traîné et appris un peu d’Elfique pendant que j’y étais. Je ne me souvenais pas l’avoir invitée à sortir de là.

Mais, plus important encore, la sensation que ses seins qui me serraient le bras avec encore plus de force avaient peut-être été le plus gros problème ici. J’avais peut-être été mature mentalement, mais Marie pourrait être un peu plus réservée à ce sujet.

Mais bien sûr, ce n’est pas que je n’aimais pas ça.

Je m’étais vite rendu compte que ce n’était pas le moment d’être troublé par de telles choses. Les yeux de l’arkdragon s’étaient ouverts avant que je m’en rende compte, et il émettait maintenant un grognement d’avertissement.

« Il ne nous a pas remarqués, n’est-ce pas ? Je veux dire, ses yeux sont..., » déclara Marie.

« Ouaip, il nous regarde droit dans les yeux. Mais ne t’inquiète pas, j’ai déjà trouvé une issue de secours, » répondis-je en murmurant.

J’avais regardé derrière moi et j’avais vu une petite grotte. Elle était juste assez grande pour nous convenir à tous les deux, donc il n’y avait aucun moyen pour le dragon de nous pourchasser par là.

*Baaam !*

Une herse était tombée avec un son lourd et métallique, et nous avions tous les deux gelé sur place.

Ne me dis pas que c’est un événement incontournable ! C’est peut-être vraiment légendaire !

La musique grondante qui suivit marqua le début d’une bataille, et son ton imposant indiquait la puissance de notre adversaire. C’était un rythme étonnamment lent et régulier, mais d’après les sons graves de la musique, je pouvais dire qu’il y aurait de la tristesse et du désespoir suivis d’une fin tragique. Cela nous avait dit que nous étions sur le point d’affronter la mort, et tout ce que nous pouvions faire, c’était trembler en nous tenant l’un et l’autre.

Les griffes gigantesques du dragon se déplacèrent avec un bruit de grattage bruyant sur une prise rocheuse, alors que ses yeux luisants apparaissaient devant nous. J’avais pris Marie dans mes bras pour essayer de la protéger, mais la bouche du dragon s’était ouverte comme la gorge d’un volcan.

C’était un spectacle qui m’avait ébranlé jusqu’à mon âme : un souffle de dragon qui s’enflammait devant mes yeux.

Ouais, on dirait que je meurs encore aujourd’hui. J’aurais aimé au moins voir ses œufs..., pensai-je.

Aussitôt que j’eus l’impression de penser calmement, mon entourage fut enveloppé d’un torrent furieux de puissance, et je sentis tous les poils de mon corps s’évaporer. J’avais disparu en un instant. Mon existence même avait été détruite avant même que j’aie pu enregistrer la douleur.

La nature écrasante de cette forme de vie était à la fois horrifiante et émouvante...

Puis, le courant d’énergie féroce qui avait tordu la lumière s’était soudainement arrêté. Le monde était passé du noir et blanc aux couleurs vives à nouveau, et l’arkdragon avait laissé échapper un grognement satisfait alors que la tranquillité était revenue à la grotte. Finalement, il était descendu le long du mur et était retourné à son nid d’œufs.

***

J’avais lâché un long bâillement dans une pièce noire, puis j’avais écarté ma couverture confortable pour étirer mes membres. Il faisait encore nuit, comme prévu, et j’avais levé les yeux vers l’horloge pour voir qu’il était trois heures du matin.

C’est dommage, je m’amusais tellement avec Marie..., pensai-je.

Je m’étais gratté la tête en pensant à la façon dont j’aurais aimé passer plus de temps avec elle.

Si j’étais vaincu dans mon rêve comme ce qui s’était passé tout à l’heure, ou si je m’endormais là-bas, je finissais par être réveillé de force ici. Donc, quand j’avais regardé la bouteille et la boîte à bento à côté de moi, elles étaient, comme prévu, vides.

C’était mon « côté étrange », bien qu’étant autrement un salarié ordinaire. Je pouvais jouer et manger dans mes rêves... non pas que je pouvais vraiment m’en vanter.

J’avais murmuré à moi-même et j’avais appuyé sur l’interrupteur du chevet pour allumer l’éclairage indirect. Cela avait dissipé les ténèbres, tout comme les esprits de lumière. Mais au moment où j’allais me lever pour aller aux toilettes, j’avais gelé sur place. Je pensais qu’on pouvait dire sans risque de se tromper que n’importe qui serait surpris s’il remarquait soudainement la peau dénudée d’un bras enroulé autour de sa poitrine.

Je m’étais lentement tourné sur le côté et j’avais trouvé les cheveux plus blancs que mes draps, et la peau lisse d’une épaule...

« M-M-Marie !? » avais-je crié de façon hystérique, même si c’était au milieu de la nuit. Le moindre soupçon de somnolence persistante s’était instantanément dissipé.

Dans mon lit, il y avait une elfe qui dormait confortablement.

Et ainsi, l’incident le plus bizarre de ma vie était apparu jusqu’à ce moment-là. C’était un peu... non, incroyablement étrange, mais il semblait que mon rêve était devenu réalité et une elfe s’était pointée dans ma chambre.

***

Épisode 2 : Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe

Partie 1

J’étais encore complètement paralysé quand j’avais entendu les moineaux gazouiller à l’extérieur pour indiquer que le matin était arrivé. J’avais finalement relâché mon souffle, qui était sorti comme un soupir alourdi par les pensées troublées présentes dans mon esprit.

J’avais regardé par la fenêtre et je m’étais murmuré : « Je ne peux pas me rendormir... »

Ce n’était pas très surprenant, vu qu’il y avait une elfe qui dormait dans mon propre lit. Je m’interrogeais sur la santé mentale de quiconque pourrait se rendormir dans cette situation.

Mes yeux ne pouvaient s’empêcher d’être attirés par elle. À mesure que la pièce devenait plus lumineuse, la présence de l’elfe devenait de plus en plus difficile à ignorer. Ses cheveux brillaient comme de la soie, et la beauté de ses traits facials la faisait presque ressembler à une fée à part entière. Elle était ridiculement jolie avec sa peau pâle et ses lèvres brillantes comme une fleur en pleine fleuraison, et je ne pouvais m’empêcher de la fixer longuement.

C’était une elfe, ce qui était évident d’après ses longues oreilles, et une utilisatrice de la Magie d’Esprit et de la Sorcellerie. Le fait qu’elle dormait dans mon lit était comme un rêve en soi, ignorant que ce n’était, en réalité, qu’un appartement à Tokyo.

Mais comment s’est-elle présentée exactement devant moi ? Quel est ce monde que je pensais comme n’existant que dans mes rêves... ?

Je n’avais pas trouvé de réponse et j’avais simplement poussé un autre grand soupir.

Elle s’appelait Mariabelle. Je l’avais toujours appelée Marie dans mes rêves, et ce n’est que récemment que nous étions devenus assez proches pour qu’elle me sourie. Mais la nuit dernière, nous avions été frappés par le souffle d’un arkdragon alors que je la tenais dans mes bras, et je m’étais réveillé avec elle ici, et à côté de moi, pour une raison ou une autre. En plus de cela, nous nous étions réveillés dans mon lit (qui était très confortable, au moins).

Il y avait tellement de questions...

Mais d’abord, je devais m’assurer qu’elle ne se réveille pas en pleine panique. Après tout, elle avait été transportée du monde que je pensais être un rêve jusqu’ici au Japon. Si j’étais à sa place, je ne serais peut-être pas aussi calme avec toutes les questions que j’aurais. En fait, j’aurais probablement été très excité par les événements inexplicables... Mais savoir que je devais lui dire qu’il n’y avait aucune garantie qu’elle puisse rentrer chez elle était une pilule difficile à avaler.

Pendant que je luttais avec ces pensées, les yeux de la jeune elfe s’ouvrirent lentement.

Ses yeux clairs et améthyste...

C’était comme si j’étais témoin de l’éclosion d’une fleur vivante devant moi, et je n’aurais pas été surpris si elle avait un effet de Séduction. Elles étaient aussi belles que ça, et je sentais mon cœur battre malgré mon âge. J’avais simplement vu ses lèvres brillantes s’ouvrir peu à peu et prononcer des mots en elfique.

« ... Kazu... hiho ? »

« Salut, Marie. Belle matinée, n’est-ce pas ? » répondis-je.

Les yeux endormis de Marie avaient retrouvé leur éclat, et les coins de ses sourcils s’étaient redressés en me regardant. Je ne lui en voulais pas, c’est vrai, j’avais l’air d’avoir quinze ans dans mes rêves, mais j’avais l’air radicalement différent maintenant que j’avais vingt-cinq ans.

 

 

« Hein ? Attends, es-tu... vraiment Kazuhiho ? Pas son père ou quelque chose comme ça... ? » demanda Marie.

« Oui, c’est moi... Je t’expliquerai plus tard, mais d’abord, es-tu blessée ? Tu as été frappé par ce souffle de dragon tout à l’heure..., » répondis-je.

Elle semblait enfin se souvenir des événements d’hier soir, et elle était sortie de la couverture d’elle-même dans un état d’agitation. J’avais eu un mauvais pressentiment quand j’avais vu son épaule nue, mais j’avais soudain eu une vue complète de la peau de l’elfe. J’avais détourné le regard, mais c’était trop tard.

« Qu-Quoiiiiiiiiii !? » s’écria Marie.

C’était peut-être le cri le plus hystérique que j’aie jamais entendu. L’image gravée dans mon cerveau était celle d’une peau claire et blanche, et... Oh, je ne devrais pas y penser. Mon visage était devenu rouge vif, même si elle n’était qu’une jeune fille.

J’avais entendu un bruit que j’avais supposé être elle qui replaçait la couverture par-dessus sa tête. J’avais trop peur d’en être sûr, mais j’étais presque sûr que c’était ça. Mon dos et mon cou transpiraient abondamment, et je pouvais presque sentir ses poignards qui me fixaient, mais alors, avec sa voix tremblant de rage, elle me parla.

« T-T-T-Toi ! » cria Marie.

« Désolé ! Je ne le savais pas, et je n’ai pas levé le petit doigt sur toi, vraiment ! » déclarai-je.

Je serais incroyablement heureux si elle me croyait sur parole, même si j’avais probablement du mal à le croire si je me retrouvais nu dans la chambre de quelqu’un. La vraie question était de savoir si j’étais digne de confiance.

Elle expirait bruyamment de son nez, ce que j’avais vu comme elle qui prenait en considération mes paroles malgré sa colère évidente. Nous n’étions pas particulièrement proches, mais tout ce que je pouvais faire, c’était espérer qu’elle comprenne quel genre de personne j’étais.

Après avoir attendu longtemps, elle avait finalement poussé un soupir. « C’est peut-être grâce à toi... mais je n’ai pas été blessée. J’espère que tu vas m’expliquer ce qui se passe ? »

« Absolument ! » répondis-je.

« Apporte-moi d’abord des vêtements ! Et n’ose pas te retourner ! » déclara Marie.

Un oreiller m’avait frappé au visage et j’avais dû aller acheter des vêtements pour femmes. J’avais regardé partout chez moi, mais je n’avais pas de vêtements, d’équipement ou de sacs dont une fille pouvait se servir.

***

« Oui, oui, monsieur. Je suis vraiment désolé. Je ne manquerai pas d’y aller demain. »

J’avais profondément baissé la tête et j’avais raccroché l’appel sur mon smartphone. Je ne pouvais m’empêcher de soupirer, considérant que j’étais debout devant des individus en costumes qui semblaient se rendre au travail et regarder fixement un magasin de vêtements qui était sur le point d’ouvrir pour la journée. Je n’aimais pas prendre des jours de congé quand je n’étais même pas malade, mais je n’avais pas le choix. Je ne pouvais pas dire à mon patron que j’avais affaire à une elfe qui sortait de mes rêves.

Mais... ce qui est fait est fait, alors il était temps de trouver quelque chose qui lui convienne, sans être trop cher bien sûr. J’étais sûr qu’une fille mignonne comme elle serait superbe dans de beaux vêtements, mais je n’avais pas le plus grand sens de la mode. Je ne sortais pas souvent, encore moins pour acheter des vêtements pour une fille.

« Hmm... Je crois que je vais acheter quelque chose pour l’instant et aller acheter le reste avec elle, » murmurai-je.

J’avais donc décidé de faire ainsi.

Je n’avais aucune idée de la taille ou du type de sous-vêtements qu’elle voudrait, alors je lui avais choisi le type athlétique avec stretch. En pensant ça, j’étais allé chercher quelques sous-vêtements et je les avais mis dans mon panier, avec une jupe plissée et des chaussettes hautes. Puis j’avais choisi une chemise blanche à manches longues et des baskets qui semblaient bien aller avec eux. Je voulais au moins lui acheter de jolies chaussures, alors c’était dommage que je ne connaisse pas sa taille. Ce n’était pas que les baskets étaient mauvaises, mais j’avais passé un temps inutilement long à réfléchir si elles allaient bien avec des tenues plus formelles...

Je dois absolument l’amener la prochaine fois...

La raison pour laquelle je me plaignais était parce que je commençais à comprendre que c’était un peu amusant d’acheter des vêtements pour une femme aussi élégante. Ces tenues étaient toutes brillantes, aux couleurs printanières, et l’ambiance des tenues changeait complètement selon les combinaisons. C’était une expérience complètement différente de l’achat de vêtements pour hommes, qui aspirait à avoir juste assez de « normalité » pour ne pas se faire remarquer. C’était toujours dommage que je n’aie jamais vu Marie qu’en robe, mais maintenant je pouvais l’habiller selon mes préférences...

Ah... Je devrais m’arrêter là...

Le personnel du magasin derrière le pilier avait alors vérifié si c’était moi qui l’appelais. Je m’étais brièvement demandé si le fait de faire des affaires ici donnait l’impression que je cherchais une tenue pour me travestir, mais j’avais mis de côté ces pensées. J’avais rapidement payé pour les habits, j’avais placé le tout dans les sacs à provisions pleins de petits cadeaux dans ma voiture et j’avais décidé de rentrer directement à la maison.

J’avais conduit une petite voiture de type break qui convenait à environ quatre personnes. Sa seule caractéristique était son faible coût, mais elle était suffisante pour faire le tour de la ville en voiture.

J’avais tapé sur le volant avec un doigt en attendant que les lumières changent. J’avais regardé dans le sac de choses que je venais d’acheter quand une question me venait à l’esprit :

Pourquoi était-elle nue ?

Son bâton et son sac avaient également disparu, et je doutais qu’elle ait eu le temps de les cacher d’une façon ou d’une autre.

Puis j’avais réalisé que j’étais dans la même situation : Je n’avais pas non plus été en mesure d’apporter mon matériel ou mes objets de valeur de là-bas jusqu’ici. La seule différence était que je portais déjà mon pyjama avant de m’endormir ici.

Ouais, ça doit être la raison...

Si cet endroit dans mes rêves existait vraiment, alors ils seraient tous les deux indépendants l’un de l’autre et ce serait la première visite de Marie de ce côté-ci, alors elle avait été forcée de commencer avec une ardoise vierge, des vêtements et tout... enfin, peut-être.

En y repensant, je me demandais si j’étais aussi nu quand j’étais arrivé dans son monde... J’avais beau essayer, je n’arrivais pas à retrouver ces souvenirs de mon enfance.

Puis j’avais réalisé que je commençais à accepter la situation bizarre dans laquelle je me trouvais. J’avais toujours pensé que ce rêve n’était qu’imaginaire et les événements de ce matin m’avaient fait changer d’avis, mais il était temps de changer ma façon de penser. Maintenant que je l’avais vu de mes propres yeux, je n’avais d’autre choix que d’accepter la réalité...

Oui, il y avait une elfe dans ma chambre. Personne n’y croirait, mais j’étais obligé. Marie était réelle, et j’avais pris sa main et je l’avais amenée dans mon lit. Comme je l’avais tenue dans mes bras au moment de ma mort, il était fort probable que ma capacité à « me réveiller au Japon à mon décès » l’ait aussi affectée. Mais que se passerait-il si elle mourait dans ce monde ? Elle pourrait retourner dans son propre monde comme moi, mais je ne voulais certainement pas le découvrir de cette façon.

Le feu était devenu vert et j’avais arrêté toutes ces spéculations qui n’allaient nulle part. J’avais appuyé sur la pédale avec mon pied, et la voiture avait commencé à accélérer lentement.

***

Partie 2

J’avais ouvert la porte avec les sacs à provisions à la main et j’avais trouvé Marie debout devant les fenêtres. Elle était enveloppée dans des couvertures et se tenait dos à moi, alors je ne pouvais pas facilement voir son expression.

J’avais vécu dans un appartement 1DK d’environ dix-neuf mètres carrés et conçu pour une seule personne. De l’entrée, la cuisine était directement à droite, avec une table et une chaise directement devant elle. Sur le côté gauche se trouvait ma chambre à coucher, qui avait une armoire basse qui la séparait de la salle à manger. C’est ainsi que j’avais pu voir Marie, qui se tenait au bord du lit, immédiatement après être entrée.

Sa frange vacillait dans le vent qui soufflait à travers la fenêtre légèrement ouverte, et j’étais là, à la recherche de mots, à la vue d’une elfe dans le paysage d’un quartier résidentiel. La vue était si mythique que je m’étais demandé si j’étais vraiment encore au Japon.

J’avais relâché un souffle fervent, puis je l’avais finalement appelée, « Je suis de... »

« Kazuhiho, où est-ce exactement ? » m’avait demandé sa voix calme.

Donc elle se tenait vraiment là juste pour regarder la vue de mon appartement. C’était complètement différent de son propre monde, donc elle avait dû être sous le choc.

« Je comprends ce que tu ressens. Quand je suis allé dans ton monde pour la première fois, je..., » répondis-je.

« Tu dois être très riche si tu peux vivre dans un bâtiment aussi haut ! C’est incroyable, Kazuhiho ! Je n’ai jamais vu une ville aussi avancée ! Ahh, le fait de regarder en bas fait trembler mes genoux ! » déclara Marie.

Oh, c’est vrai. J’étais dans un état d’excitation totale, comme si j’étais allé pour la première fois dans un parc d’attractions amusant. Moi aussi, je m’excitais toujours comme ça quand j’allais dans son monde. On disait que les oiseaux à plumes se rassemblent, mais peut-être que nous avions traîné ensemble tant de fois parce que nous avions des personnalités similaires. Elle était très curieuse, tout comme moi, et nous avions tous les deux été totalement absorbés par les choses qui nous intéressaient.

J’étais là à penser à tout ça quand la fille m’avait montré quelque chose dehors. Elle avait tapoté le verre de la fenêtre avec son doigt, puis s’était tournée vers moi avec des yeux pleins de curiosité.

« C’est quoi cette tour là-bas ? C’est là qu’habite un archimage très renommé ? » demanda Marie.

« La tour ? Oh, le Tokyo Sky Tree. J’ai pris ma journée, alors veux-tu qu’on aille voir ça ensemble ? C’est la saison des cerisiers en fleurs, alors je suis sûr que tu apprécieras le paysage, » déclarai-je.

Je ne l’avais jamais vue sourire aussi brillamment. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle s’intéresse aux trucs typiquement touristiques. Mais, pour être honnête, j’étais content qu’elle ne se sente pas déprimée par cette situation.

« Alors je ferais mieux de profiter de mon jour de congé pour te faire visiter mon monde. Enfile d’abord ces vêtements, et..., » déclarai-je.

« Ah ! Ah ! Je suis si excitée ! Amusons-nous bien ensemble, Kazuhiho ! » déclara Marie.

Si elle me saute dessus pour un câlin comme ça... Et voilà la couverture... Son derrière souple et parfaitement beau était dans mon champ de vision, et Marie m’avait immédiatement couvert les yeux avec sa main ! Je n’aurais vraiment pas dû regarder si c’était le seul aboutissement...

***

En tout cas, on ne pouvait aller nulle part tant qu’on ne l’avait pas habillée. Je l’avais éloignée du lit et j’avais déposé les vêtements dans les sacs de cours. Elle portait toujours sa robe lourde et étouffante dans son monde, mais on m’avait dit que les sorciers changeaient la couleur de leur robe en fonction de leur rang. J’avais entendu dire que le bleu marine était le plus haut, alors j’avais surtout choisi cette couleur pour ses vêtements. Une jupe plissée qui se terminait au-dessus de ses genoux et les chaussettes hautes lui donnait un peu l’impression d’être une écolière.

Et bien sûr, j’étais là quand je l’avais vue sortir, toute habillée.

« C’est si léger, extensible et facile à se mouvoir ! Je n’ai jamais vu de tissu avec un tricot aussi fin ! Es-tu sûr que je peux porter ça ? Ça a dû coûter cher..., » déclara Marie.

Alors qu’elle marchait joyeusement sur le plancher, elle semblait s’inquiéter du fait que je dépense de l’argent pour elle. Ses doigts bougeaient pendant qu’elle me regardait en s’excusant. Honnêtement, j’étais si content qu’elle ait l’air de les apprécier que je ne me souciais même pas du coût.

« Maintenant que je te vois les porter, je pense que c’était une bonne affaire. Tu as toujours été si belle, mais ces vêtements te vont vraiment bien. Je suis surpris de voir à quel point tu es superbe, » déclarai-je.

Marie avait semblé elle-même un peu surprise, puis avait fait une expression très collet monté comme pour dire : « Franchement... ! »

Quand elle avait tenu les bords de sa jupe dans ses mains et avait fait une pose mignonne, mon visage s’était brisé en un léger sourire. Ses lèvres galbées s’étaient courbées en un sourire en réponse, montrant ses dents d’un blanc nacré.

 

 

« Ton âge est peut-être différent, mais je suis soulagée de voir que tu es vraiment Kazuhiho. Alors, c’est ici l’endroit “Japon” dont tu m’as parlé tout à l’heure ? » demanda Marie.

J’avais aussi été soulagé d’apprendre qu’elle me croyait. L’elfe était à peu près une tête plus petite que moi, alors je m’étais un peu penché pour lui parler.

« C’est vrai. C’est pour ça que ça n’a jamais été sur tes cartes, ou que je n’ai pas pu te le faire visiter. Mais pour une raison ou une autre, on dirait que j’ai le droit de le faire aujourd’hui. J’aimerais donc prendre le temps de t’expliquer les choses au fur et à mesure que tu apprends à connaître mon pays. »

Après ça, j’avais secoué mes clés devant elle : ma clé de chambre et ma clé de voiture. En les voyant, les yeux de la jeune fille brillèrent encore plus. C’était comme si elle était sur le point d’entrer dans le monde d’un livre d’histoires.

« Il fait très beau aujourd’hui au printemps, alors on devrait aller manger dehors. Quel genre de nourriture aimes-tu, Marie ? » demandai-je.

« Quelque chose qui n’est pas trop piquant. De la nourriture fraîche, ce serait bien, mais je n’en demanderai pas trop. Je te laisse le choix. J’ai aussi besoin que tu m’expliques exactement comment j’ai atterri ici, » répondit Marie.

Elle semblait incroyablement curieuse à ce sujet et me suivait avec de légers pas. Puis je m’étais souvenu de quelque chose d’important au moment où je m’approchais de la porte...

« Oh, j’allais oublier... Les elfes n’existent pas vraiment dans ce monde. Pourrais-tu porter ce bonnet pour que les gens ne commencent pas à flipper ? » demandai-je.

« Quel tricot magnifique ! Tu sais, je ne pense pas que tes goûts vestimentaires soient aussi mauvais que tu le penses, » déclara Marie.

Elle avait peut-être raison. J’étais plus du genre à l’intérieur et j’étais certain que je n’étais pas du tout doué pour choisir des vêtements, mais je prendrais ça comme un compliment.

Je l’avais regardée mettre le bonnet sur sa tête et cacher ses oreilles, puis j’avais ouvert la porte d’entrée. Le soleil du matin était si doux et relaxant. Mais mon cœur, d’un autre côté, battait la chamade. L’exaltation de la fille derrière moi avait dû déteindre sur moi. Il n’y avait rien de tel que l’émerveillement de voir un nouveau monde pour la première fois.

J’allais donc sortir avec une fille pour la première fois de ma vie. Non seulement ça, mais c’était également la première fois au monde que quelqu’un avait un rendez-vous avec une elfe.

 

***

Il semblait y avoir plusieurs obstacles avant que nous puissions aller manger. C’était un problème lorsque nous étions sortis de l’appartement et elle avait alors vu le trottoir en asphalte. Elle était accroupie et le frottait du bout des doigts, essayant probablement de comprendre ce que c’était. Chaque fois que quelque chose attirait son attention, que ce soit un feu vert ou une voiture dans le parking, l’elfe s’arrêtait pour l’observer.

Le plus troublant, c’était probablement quand elle ne m’avait pas permis de conduire jusqu’à ce que je lui explique le fonctionnement des voitures. Elle avait refusé de bouger jusqu’à ce que j’ouvre le capot et passe en revue les fonctions de chaque pièce en dessous. Lorsque je l’avais guidée jusqu’au siège passager et que je m’étais assis au volant, trente minutes s’étaient déjà écoulées depuis que nous avions quitté l’appartement. Cela me paraissait étrange en tant que personne du monde moderne, alors quand je l’interrogeais à ce sujet, elle me regardait comme si je lui demandais si le ciel était bleu.

« Comment pourrais-je devenir une meilleure sorcière si je n’essayais pas de comprendre les choses difficiles ? Tout a un flux à lui. Au moins personnellement, j’ai trouvé cela stimulant et intéressant, » répondit Marie.

Ah, alors c’est pour ça...

J’avais murmuré pour qu’elle reste immobile, puis j’avais mis la ceinture de sécurité pour elle. Elle s’était rapidement mise à tirer sur la ceinture et s’était plainte qu’elle ne s’était pas complètement verrouillée en place. Elle avait l’air très occupée avec toutes cette agitation et ces plaintes. Cela fonctionnerait en cas de freinage soudain, mais il y avait des choses dans le monde auxquelles on ne pouvait pas se préparer simplement en les comprenant.

J’avais mis le moteur en marche et j’avais entendu une forte respiration juste à côté de moi. Chaque fois que je conduisais, la sécurité était ma priorité numéro un. À tel point que lorsque j’avais emmené une connaissance quelque part, il s’était plaint que ma conduite l’avait endormie. Mais la voiture n’avait même pas encore bougé, et je ne pouvais pas faire grand-chose avant de commencer à conduire. Il semblait qu’une elfe qui avait grandi dans une forêt ne pouvait s’empêcher d’être effrayée par le rugissement d’un moteur.

Je me sentais un peu inquiet, je m’étais tourné vers elle. « Hé, veux-tu marcher à la place ? Il y a d’autres endroits où nous pourrions manger. C’est juste que j’ai un endroit que je recommande pour cette saison, mais ce n’est pas très loin en voiture. »

« Non, je vais bien... C’est un peu effrayant, mais je veux voir comment ça bouge. Kazuhiho, puis-je te tenir la main ? » demanda Marie.

J’avais été un peu surpris par sa demande. Je ne me souvenais pas de la dernière fois que j’avais tenu la main d’une fille, et j’avais l’impression que Marie et moi avions toujours eu une certaine distance entre nous comme amis. Mais j’étais honnêtement heureux de voir qu’elle comptait sur moi. J’avais eu la chance de conduire une automatique, alors j’avais répondu : « Bien sûr que oui, » et elle s’était accrochée à mon poignet.

Elle était apparemment nerveuse, parce que je pouvais sentir la sueur et la chaleur de sa peau. Elle semblait s’être un peu calmée par rapport à tout à l’heure. Alors je lui avais assuré que tout irait bien et j’avais lentement levé le pied de la pédale de frein.

« Alors, allons-y. Je crois que je vais nous emmener dans un restaurant japonais, » déclarai-je.

« Ah ! Ça bouge ! Wooww, je peux tout voir dehors ! C’est tellement effrayant ! » déclara Marie.

Elle s’était agrippée à mon bras avec surprise et peur, malgré notre lenteur. La façon dont sa tête se déplaçait pour regarder autour d’elle lui donnait l’air d’un petit écureuil ou quelque chose comme ça. Mais les choses qui pouvaient être vécues de première main avaient tendance à être apprises facilement et rapidement, mais difficiles à oublier. De même, j’avais entendu dire que les joueurs de football professionnels pourraient perdre une partie de leur vitalité avec l’âge, mais qu’ils étaient tout de même capables de maintenir leurs compétences en football.

Comme nous avions continué à conduire un peu plus longtemps, l’emprise de la fille sur mon bras s’était lentement relâchée.

« Wôw, le sol est entièrement fait de pierre. Je doute que tout ait été façonné en les sculptant, donc elles ont dû être placées sur le dessus..., » déclara Marie.

Elle murmura à elle-même en analysant son environnement comme elle l’avait fait tout à l’heure. Cela semblait atténuer son sentiment de peur en comprenant des choses comme les fonctions de la route, des trottoirs et des feux de circulation.

Quoi qu’il en soit, je n’avais pas pu m’empêcher de penser à quelle journée paisible c’était. La chaleur du soleil donnait vraiment l’impression d’être au printemps, et il y avait une femme qui promenait son chien sur le trottoir. Les yeux violets de l’elfe les suivaient, et le temps que le chien brun disparaisse de la vue, sa main m’avait déjà libéré. Ses deux mains étaient pressées contre la fenêtre, et elle murmura comme si elle parlait d’elle-même.

« Le Japon est vraiment un endroit paisible. Non seulement il n’y a pas de monstres, mais tout le monde semble aussi avoir une vie stable..., » déclara Marie.

« C’est un pays calme et agréable. Les Japonais ont tendance à admirer les cultures d’autres pays, mais comme nous sommes un pays insulaire, les gens d’autres pays ont tendance à envier notre culture à leur tour, » répondis-je.

J’avais pensé que c’était peut-être une erreur de conduire aujourd’hui, mais ça avait l’air de marcher. En la voyant se calmer au fil du temps, j’avais commencé à penser à la façon dont cela m’avait donné une bonne occasion de décrire ce qui se passait autour de nous. Elle s’était beaucoup plus habituée à la voiture quand nous étions arrivés au restaurant, mais elle avait quand même poussé un cri quand un bip électronique avait retenti à la fermeture de la porte.

Nous étions arrivés dans un restaurant de style japonais, bien qu’il s’agisse malheureusement d’une chaîne de franchise. Je voulais l’emmener dans un endroit chic puisque c’était sa première visite, mais, malheureusement, je n’avais pas gagné assez d’argent pour ce genre de plaisir.

La seule raison pour laquelle je possédais un appartement était parce que mon passe-temps étrange était le sommeil, alors j’avais donné la priorité à mes conditions de vie par-dessus tout. À ce titre, je possédais un lit et un système de climatisation de haute qualité.

***

Partie 3

Quoi qu’il en soit, nous nous étions enfoncés sous le rideau du restaurant et avions ouvert la porte, et une serveuse était tout de suite venue nous saluer. Comme on pouvait s’y attendre, elle portait des vêtements japonais, et Marie regardait autour d’elle avec beaucoup d’intérêt, y compris l’intérieur au look épuré.

« Mets tes chaussures dans ce placard à chaussures. On peut mettre les nôtres l’un à côté de l’autre, » déclarai-je. 

« Oh, OK... Mais ne seront-elles pas volées ? Elles sont très confortables, tu sais. J’ai peur de les laisser ici... Oh, cette planche en bois est la clé... ? Je n’en suis pas si sûr..., » demanda Marie.

Elle avait l’air d’aimer les baskets que je lui avais données. Ce n’était pas une femme facile à ébranler, mais cela m’avait fait sourire en la voyant me demander sans cesse, inquiète, si nos chaussures n’allaient pas être volées. Je n’arrivais pas à m’excuser et à lui dire qu’elles étaient plutôt bon marché...

En parlant de ça, j’avais réalisé que j’avais parlé à Marie en Elfique pendant tout ce temps. Inquiète de la réaction de la serveuse, je m’étais retourné vers elle, bien sûr, elle était gelée sur place sans savoir quoi faire. Mais c’était complètement différent de ce à quoi je m’attendais. La femme se tenait debout avec une expression onirique, perdue devant la beauté merveilleuse de Marie. Ce n’est pas surprenant puisqu’elle pensait probablement que Marie était une fée ou quelque chose comme ça. Marie avait même des yeux violets.

« Deux, s’il vous plaît. C’est ma nièce adorable qui vient de l’étranger. J’espère que vous pourriez lui montrer un peu de l’hospitalité japonaise, » déclarai-je.

« Oui, oui, bien sûr ! » déclara la serveuse.

Son expression s’était éclaircie alors qu’elle répondait énergiquement. Elle était très excitée. C’était vraiment pour montrer à quel point les gens étaient beaux et gentils.

La serveuse nous avait guidés jusqu’à notre table, qui était à un bel emplacement juste à côté de la fenêtre. Nous avions une vue sur les cerisiers en fleurs comme je l’espérais, et Marie semblait oublier de s’asseoir, subjuguée par le paysage pittoresque. C’était peut-être une chaîne de restaurants, mais cela s’était vraiment transformé au printemps. Il y avait un sentiment de présence venant de chaque cerisier en fleurs comme s’ils accumulaient toute la lumière du soleil pour eux-mêmes, et toute la vue était remplie d’un rose vif. Les arbres avaient de nouveau bien fleuri cette année.

J’avais pris place, alors que moi aussi, j’admirais le paysage. C’était peut-être parce qu’il était déjà l’heure du déjeuner, mais c’était tout à fait un luxe d’avoir cette vue pour nous tout seul. J’avais remercié mon entreprise de m’avoir laissé prendre ma journée de congé et avais pris le menu dans ma main.

« Je vais commander pour nous, Marie. Voyons voir... Tempura, sashimi... Ah, je ne peux pas oublier la crème aux œufs cuite à la vapeur. Et un plat que vous recommandez, s’il vous plaît. Oh, et une fourchette, » déclarai-je.

« Je vous remercie. Profitez de votre séjour ! » déclara la serveuse.

La serveuse nous avait souri. Marie n’arrivait pas à la comprendre, mais elle s’inclina en réponse avec des yeux plus larges. Puis, Marie s’était finalement assise dans le siège en face du mien. Elle observa la solide table en bois et le siège kotatsu, puis elle me regarda droit dans les yeux.

« Qu’est-ce que cette dame me disait à l’instant ? » demanda Marie.

« Elle m’a dit : “Profitez de votre séjour”. Elle semblait très distraite par ta beauté, » répondis-je.

« Et voilà que tu dis ces choses avec ce regard léthargique... Mais je suis surprise de voir à quel point personne ne semble être sur ses gardes, y compris les travailleurs et les habitants de la ville. Il semble qu’ils ne s’inquiètent pas du tout..., » déclara Marie.

Elle dirigea à nouveau son regard par la fenêtre vers les cerisiers en fleurs. Je me demandais comment ces fleurs de cerisier roses et colorées apparaissaient dans les yeux d’un elfe. À en juger par son regard captivé, nous n’étions peut-être pas si différents que ça.

« C’est parce qu’il n’y a pas de monstres dans ce monde. Je pense aussi que c’est très calme ici parce que c’est l’un des pays insulaires les plus amicaux du monde. Puisque tu es ici maintenant, autant profiter pleinement de ce monde, Marie, » déclarai-je.

Marie s’était arrêtée sans pouvoir répondre et semblait se demander si elle devait accepter mon geste de bonté. Mais c’était une si belle journée aujourd’hui, et nous étions au milieu de la plus belle saison de l’année... Je lui avais souri pour lui montrer que tout allait bien, et elle avait finalement hoché la tête.

« Alors je vais accepter ton aimable offre. Je te considère comme l’un des rares humains en qui j’ai confiance, » déclara Marie.

« Mais tu sais, il n’y a pas vraiment autant de mauvaises personnes que tu ne le penses. Tu es peut-être un peu trop prudente, Marie, » répondis-je.

Elle m’avait jeté un regard qui criait sur ma naïveté. Mais quand ça venait d’une jolie fille comme elle, même être regardée de haut, c’était sympa. Je n’étais pas un pervers, c’était plutôt comme si j’étais grondé par une jolie fille.

Marie semblait curieuse à propos du kanji présent sur le menu et avait commencé à me poser des questions en regardant les caractères.

« Peux-tu m’expliquer quelque chose ? Où est-ce que c’est exactement, et pourquoi suis-je au Japon ? Je ne comprends aucune des langues ici, et je ne me souviens de rien après avoir été attaqué par l’arkdragon. Et pourquoi as-tu l’air d’avoir grandi tout d’un coup ? » demanda Marie.

Je suppose qu’il était temps pour moi de la mettre au courant. Mais je ne comprenais pas non plus vraiment ce qui se passait. J’avais commencé par dire qu’il ne s’agissait que de conjectures, puis j’avais commencé à expliquer :

« Commençons par ce pays : Japon. Je suis presque sûr que tu ne le trouveras sur aucune carte de ton monde. C’est un petit pays insulaire, mais il a une histoire dramatique qui est plutôt cool quand on y entre vraiment, » déclarai-je.

Elle avait écouté mes paroles avec une expression qui était difficile à dire si elle était intéressée ou non. Le problème était maintenant d’expliquer le reste de ses questions. Je n’étais pas sûr de pouvoir expliquer clairement ce qui se passait à son entière satisfaction.

« Tu sais comment tu rêves quand tu dors ? As-tu déjà rêvé d’un endroit que tu n’as jamais visité auparavant ? » demandai-je.

« ... Oui, mais qu’en est-il ? » demanda Marie.

« De mon point de vue, chaque fois que nous traînions ensemble, tout se passait dans mes rêves. Mais cette fois, je me suis réveillé avec toi. Je pensais que ce n’était qu’un rêve tout ce temps, mais ce matin, j’ai réalisé que les deux mondes sont réels, » répondis-je.

Ses yeux ronds avaient rencontré les miens. La raison pour laquelle ses doigts bougeaient encore avec le menu devait être due à son esprit actif. Le cerveau et le bout des doigts d’une personne étaient après tout en quelque sorte liés.

« Chaque fois que je meurs ou que je m’endors dans ton monde, je me réveille toujours dans celui-ci. C’est peut-être pour ça que tu as fini par venir ici avec moi cette fois. Je me suis toujours aventuré seul, mais c’était la première fois que je mourais avec quelqu’un, » déclarai-je.

« Veux-tu dire... que je suis morte ? » demanda Marie.

Son expression était devenue incertaine, probablement à cause de mon utilisation de concepts abstraits comme les rêves et la réalité. Mais à ce moment précis, même moi, je ne pouvais pas savoir lequel était lequel, donc il était probablement plus sûr de les considérer tous les deux comme réels.

« D’après ce que j’ai compris, tu n’es pas morte, Marie. Je pense que si tu dors dans ce monde, tu pourras retourner dans le tien. Il ne nous reste plus qu’à attendre de voir ce qui se passera la nuit, » déclarai-je.

Marie avait fait une réaction sans engagement en posant son menton sur sa main. La plupart des elfes ne croyaient pas en une vie après la mort parce que c’était un fait connu que les elfes, contrairement aux humains, se dissolvaient dans le monde des esprits après la mort. C’est pourquoi il lui serait plus facile de comprendre si je lui expliquais que nos deux mondes étaient tous les deux des « réalités ».

« Quant à ta dernière question sur mon âge, je pense que le temps passe différemment entre le Japon et le monde du rêve. Ou alors, je ne faisais que vieillir en rêvant dans ce monde. Quoi qu’il en soit, il n’y a aucun moyen pour moi d’en être sûr pour l’instant, » déclarai-je.

« Hmm, si ce que tu as dit jusqu’ici est vrai, je pense que c’est plus probable. Je me suis déjà posé la question, mais il semble que tu aies vieilli plus lentement que les autres humains. Alors, Kazuhiho, quel âge as-tu en ce moment ? » demanda Marie.

Je lui avais dit que j’avais 25 ans, et ses yeux s’élargirent. Apparemment, elle pensait que j’avais l’air plus jeune.

« C’est difficile de dire quel âge ont les humains. À ton âge, il n’est pas rare d’avoir une grosse barbe et plusieurs enfants. Mais je pense que tu es plus fiable et plus séduisant de cette façon, » déclara Marie.

« Oh, euh, merci... Quoi qu’il en soit, je suis désolé que tout ce que je peux offrir pour l’instant, ce soit des suppositions. Pour être honnête, je suis moi-même toujours surpris de tout ça, » répondis-je.

Non seulement mon rêve était devenu réalité, mais une partie de celui-ci était apparue dans mon monde. Il n’y avait probablement pas une seule personne dans le monde qui pouvait expliquer entièrement ce qui se passait. Heureusement, il semble que Marie l’ait compris, du moins dans une certaine mesure. Je ne pouvais qu’émettre des hypothèses à partir des résultats, mais cela semblait suffisant pour stimuler son esprit intelligent.

Nous avions décidé d’organiser nos réflexions sur le sujet plus tard et d’en discuter à nouveau ce soir.

Pendant que nous continuions à parler, la nourriture arriva enfin. Je venais de finir de dire à Marie ce que je savais, alors je profiterais de cette prochaine occasion pour lui faire découvrir des plats japonais comme le sashimi, la tempura et la soupe miso.

« Oh, même les bols sont jolis ! Aucun d’entre eux n’est du tout ébréché... Ah, euh, merci, » déclara Marie.

« Marie dit merci, » j’avais traduit pour la serveuse. « Et elle est heureuse de voir à quel point les bols sont beaux et propres. »

La serveuse avait souri joyeusement, s’inclina et nous laissa manger. Le sashimi, la tempura et d’autres aliments du printemps avaient tous l’air si colorés et savoureux.

Est-ce que c’était juste moi, ou est-ce que les gens appréciaient plus les compliments des étrangers que ceux des autres Japonais ? J’avais cependant compris la réaction de la serveuse, voyant la lumière du visage de Marie aussi brillante qu’elle l’était. Son sourire était comme une fleur en fleuraison, et il y avait un certain charme chez elle qui vous réchauffait le cœur.

« D’accord, mangeons. Si les baguettes sont trop dures, n’hésite pas à utiliser une fourchette, » déclarai-je.

« Ça ne me dérange pas si je le fais. Maintenant, voyons voir..., » déclara Marie.

On aurait dit qu’elle avait abandonné les baguettes dès qu’elle m’avait vu les ramasser. Elle avait d’abord cueilli une crevette tempura, puis y avait mis de la sauce tempura selon mon conseil. Ses yeux s’étaient élargis au fur et à mesure qu’elle mordait, et son sourire avait grandi en continuant à mâcher.

« Hmm, si doux ! Il y a un parfum merveilleux qui s’échappe à chaque bouchée ! Oh ! Est-ce censé aller avec ce truc marron ? » demanda Marie.

Le riz takikomi était fait avec des ingrédients de saison, et elle trouvait cela aussi doux et délicieux. La texture extérieure croustillante de la tempura, le riz moelleux et tous les autres plats au goût différent avaient souvent suscité chez elle une réaction d’émerveillement.

« Il y a tant à manger, mais je pourrais continuer à manger ! Il n’y a pas beaucoup de viande, mais c’est tellement délicieux. Je vais devoir m’abstenir d’essayer le poisson, car je ne peux pas le manger cru, » déclara Marie.

« Essaie, c’est bon aussi. En fait, le poisson est le plat principal de ce repas, » déclarai-je.

Elle m’avait fait un regard de scepticisme évident. Certaines personnes ne pouvaient tout simplement pas manger de poisson, alors j’avais décidé de ne pas le forcer. Même certains Japonais ne le supportaient pas, y compris ma mère.

Il semblerait qu’elle s’y intéressait un peu. Elle poignarda avec précaution un morceau de sashimi rouge avec sa fourchette, le trempa dans de la sauce soja, puis le plaça dans sa bouche avec une expression réticente. Quelques secondes de mastication, et son visage s’étaient immédiatement dissous dans un sourire.

« Mmf, si doux ! Ce n’est pas le goût du poisson d’où je viens. Pourquoi est-ce si bon ici ? » demanda Marie.

« Mélanger les ingrédients et les cuire tous ensemble peut vraiment faire ressortir le goût de chaque plat, mais dans ce cas, je pense que c’est la saveur des ingrédients en eux-mêmes. Si tu aimes manger du poisson, on devrait aller manger des sushis un de ces jours. C’est un plat représentatif de la cuisine de ce pays, donc je suis sûr qu’il te plaira, » déclarai-je.

« Ooh, je veux essayer ! Promets-moi de m’emmener, Kazuhiho ! » déclara Marie.

Je n’avais jamais vu Marie sourire aussi joyeusement. C’était rare de la voir ainsi dans l’autre monde, mais j’avoue que cela la rendait d’autant plus spéciale.

Nous avions mangé notre crème pâtissière aux œufs cuits à la vapeur et notre soupe miso, puis nous avions profité de la vue sur les cerisiers en fleurs à l’extérieur. Nos estomacs étaient maintenant pleins, et la chaleur agréable du printemps commençait à nous endormir. J’avais l’impression de passer du temps dans le luxe, et Marie semblait d’accord.

« Nous ne faisons que manger, mais c’est tellement mouvementé. Dis-moi, est-ce que ces belles fleurs fleurissent toujours comme ça ? » demanda Marie.

« Non, seulement une fois par an. On ne les voit fleurir qu’à cette époque de l’année. Et si on changeait nos plans et qu’on allait admirer le paysage ? Le parc est vraiment magnifique à cette époque de l’année avec des milliers de cerisiers en fleurs. Tu sais, si ça t’intéresse..., » déclarai-je.

Il me semblerait que je n’avais même pas besoin de demander puisque le visage de Marie débordait d’intérêt et que ses mains serraient les miennes de l’autre côté de la table avec excitation. Elle ressemblait à une enfant qui avait hâte d’aller dans un parc d’attractions.

Je l’avais donc conduite par la main et j’étais allé au comptoir pour payer le repas. Pendant que la serveuse nous guidait vers l’avant, Marie avait tiré sur la manche de ma chemise.

« Comment exprimes-tu ta gratitude dans ta langue ? Je veux montrer mon appréciation pour un repas si somptueux, » demanda Marie.

« Oh, je pense qu’un simple “merci” devrait suffire, » répondis-je.

Elle s’était répété les mots à elle-même en un murmure quelques fois avant de donner un « merchi » maladroit, mais la serveuse avait souri chaleureusement. J’avais aussi remercié mentalement la serveuse d’avoir fait preuve d’hospitalité japonaise envers Marie. Même si c’était une elfe plutôt qu’une étrangère... mais j’avais deviné qu’elle serait quand même étrangère au Japon.

Peut-être que le Japon est un endroit impartial dans ce sens...

***

Partie 4

C’était le milieu d’un jour de semaine, et j’étais arrivé au parc d’Ueno avec une elfe qui s’intéressait beaucoup aux cerisiers en fleurs. Un lit de rivière à proximité aurait pu fonctionner aussi, mais nous pourrions aussi bien aller quelque part où nous pourrions profiter d’une vue complète d’eux.

Nous étions sortis du parking et nous nous étions retrouvés entourés de cerisiers en fleurs, et Marie s’était mise à tituber en sortant du siège du passager. J’avais fermé la porte-passager et je l’avais suivie.

Les rangées de cerisiers en fleurs étaient aussi impressionnantes que leur réputation, et en voir autant qui pouvaient remplir toute votre vision était rare même pour les Japonais. Il semblait qu’ils essayaient de remplir le ciel bleu et clair. Il y avait aussi beaucoup d’enfants qui couraient joyeusement dans la lumière chaude du soleil.

« Ah, le temps est parfait. Nous sommes peut-être arrivés au meilleur moment possible, » déclarai-je.

J’avais appelé Marie quand elle m’avait rattrapé, mais elle avait l’air un peu à côté de la plaque. Je me demandais pourquoi elle ne répondait pas pendant que nous continuions à marcher. Puis, elle m’avait soudain attrapé le coude. J’avais caché ma petite surprise et j’avais attendu qu’elle commence à parler.

« Ce sont donc des cerisiers en fleurs ? Ils sont étonnants... Il y a tant d’esprits que je n’ai jamais vus auparavant, ça me rend tout étourdie, » déclara Marie.

J’avais presque oublié qu’elle était utilisatrice d’esprits. J’avais aussi entendu dire qu’il y avait des esprits pour les cerisiers en fleurs, et je me demandais si elle avait agi ainsi parce qu’elle avait vu quelque chose de différent des humains. J’avais suivi son regard vers un pétale de fleur qui dérivait dans la lumière du soleil filtré à travers le feuillage, et mes pensées se tournèrent vers une légère odeur sucrée.

« Les fleurs de cerisier sont spéciales au Japon, et tout le monde apprécie cette période de l’année. Tu es sortie de mes rêves par pur hasard, mais j’espère que tu profiteras au maximum de notre meilleure saison. Et aussi, bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe, » déclarai-je.

J’essayais d’obtenir une réaction de sa part, mais elle m’avait simplement regardé fixement avant de me faire un sourire. Nos pas semblaient un peu plus légers, et nous avions commencé à marcher lentement le long des rangées de cerisiers en fleurs. Ils étaient vraiment beaux.

Les troncs étaient noirs, ce qui donnait un bon contraste pour rendre le rose encore plus éclatant. La présence des lanternes décoratives était aussi excitante à voir (ou peut-être que toute l’excitation venait de la personne avec qui je marchais). Si j’avais été seul, ça aurait été une image très différente.

« Je n’ai jamais vu de si belles fleurs. C’est toujours un peu effrayant, comme si j’étais en train de rêver, » déclara-t-elle en chuchotant, c’est pourquoi elle voulait s’accrocher à moi telle qu’elle était, et je n’avais certainement aucune raison de la refuser.

Il faisait assez chaud à cette époque de l’année, et il semblait que tout était en pleine floraison. C’était probablement grâce à elle que nous avons eu la chance d’être ici.

« Tu sais, je n’aurais pas pu voir tout ça si je n’avais pas pris ma journée de congé. Il est difficile de dire si le Japon est un pays ordonnée ou non, mais c’est un endroit magnifique, » déclarai-je.

Elle hocha la tête. Elle n’en savait pas encore grand-chose, mais elle partageait mon appréciation pour sa beauté. Mais je me doutais que même moi, je ne connaissais pas grand-chose du Japon. Tout comme j’avais été surpris par ce paysage, je ne l’avais vraiment vu qu’à la télévision et dans les magazines et j’en avais donc ma propre version. Après m’être promené avec elle aujourd’hui, j’avais eu l’impression d’avoir enfin pu le voir.

Elle semblait l’apprécier autant que moi, et en complimentait sans cesse la beauté. Elle s’était réjouie de voir le bâtiment oriental connu sous le nom de la pagode à cinq étages, avec son décor complexe et en bois orné de cerisiers en fleurs. Nous nous étions promenés jusqu’au soir, et quand l’odeur des étals de nourriture avait réveillé notre faim, elle avait pleinement profité de la chaleur du printemps.

« Tu dois être fatigué de marcher. Pourquoi ne pas s’asseoir sur ce banc ? » demandai-je.

Nous avions acheté un repas léger à un stand de nourriture et nous nous étions assis sur un banc qui venait de se libérer, savourant la vue des cerisiers en fleurs qui tombaient. Les pétales dérivant doucement dans les airs étaient d’une certaine façon rêveurs, et les bouchées de maïs rôti à la sauce soja nous rendaient somnolents.

Finalement, Marie était devenue beaucoup plus calme et j’avais regardé vers elle pour la trouver endormie paisiblement. Elle avait été très excitée toute la journée et devait être épuisée par toute cette excitation. Son corps s’était incliné sur le côté, et elle s’était appuyée sur mon épaule. Elle respirait doucement et semblait plus à l’aise que lorsque je l’avais trouvée dans ma chambre. Honnêtement, cela me rendait heureux de pouvoir la voir se reposer, et je ne pouvais m’empêcher de marmonner : « Repose-toi bien. Si chaque jour était comme aujourd’hui, j’aimerais sortir plus souvent. »

C’était peut-être à cause de mon côté lâche que je n’aimais pas sortir. Ce n’était pas tant la ville, mais je n’aimais pas que des étrangers me regardent. Ça me mettait mal à l’aise. Je devais faire un effort conscient pour agir normalement quand j’étais en public. Je préférais de loin le monde onirique où je n’avais aucun regard critique. Mais pour une raison ou une autre, je ne ressentais plus qu’un sentiment de paix.

Avec sa chaleur à côté de moi, je regardais distraitement les cerisiers en fleurs dans le silence.

 

***

 

Le soleil s’était couché il y a un bon moment avant qu’elle ne se réveille. Entre temps, je l’avais recouverte de ma veste, mais elle avait peut-être senti un frisson maintenant que la lumière chaude du soleil avait disparu.

L’elfe penchée avait lentement ouvert ses yeux pourpres mystiques, puis regarda avec fascination la vue nocturne des cerisiers en fleurs.

« Wôw..., » s’exclama Marie.

C’est à ce moment-là que les lanternes brillaient vraiment. Elles illuminaient les allées d’un air presque magique, remplissant la zone d’une lumière couleur pêche.

Je me demandais comment elle ressentait en voyant ces pétales tombés devant elle. Elle était fascinée par une lueur et elle avait la bouche légèrement ouverte. Il semblait qu’elle ne pouvait pas détourner le regard de cette vue fantasmatique alors qu’elle poussait un soupir, la tête reposant toujours sur mon épaule.

« Je pourrais y jeter un coup d’œil pour toujours... Mon monde aurait-il pu être aussi beau s’il n’y avait pas eu de monstres ? » demanda Marie.

« Qui sait ? Le paysage est différent dans chaque pays. De plus, s’il n’y avait pas de monstres, tu aurais pu avoir des conflits avec d’autres personnes. Même ce pays a déjà été vaincu par un plus grand, » déclarai-je.

La conquête était comme une drogue : Une fois qu’on avait eu le goût de piller les richesses des autres pays, c’était finalement devenu la norme. En ce sens, le monde de Marie se trouvait dans un équilibre précaire.

Tandis que je réfléchissais à ces pensées qui ne convenaient pas à notre lieu actuel, elle m’avait murmuré une question à l’oreille.

« Kazuhiho, que va-t-il se passer si je ne peux pas rentrer chez moi ? » demanda Marie.

« J’y pensais pendant que tu te reposais. Si tu ne peux pas y retourner, tu pourrais peut-être vivre avec moi et visiter toutes sortes d’endroits. Ce pays est plein de nourriture et de culture, comme les sources chaudes et les châteaux. Qu’en penses-tu ? » demandai-je.

Je l’avais dit sans trop y réfléchir, mais elle semblait le prendre différemment. Ses joues devenaient de plus en plus rouges, et je n’avais pas remarqué tout de suite qu’elle avait tiré son bonnet plus bas sur son visage.

« Ça a l’air amusant, » déclara-t-elle en m’appuyant encore sur l’épaule. « Ça ne me dérangerait pas. »

Je me sentais étrangement soulevé, et j’admirais les cerisiers en fleurs tandis que l’elfe et moi partagions la chaleur de nos corps l’un avec l’autre.

Pour une raison inconnue, la vue était différente quand j’étais avec elle. Peut-être que je l’imaginais, mais ça avait l’air tellement plus paisible et relaxant.

 

 

La nuit était tombée, alors nous étions rentrés chez nous pour la journée. Marie avait enlevé son bonnet dès que nous étions rentrés dans ma chambre et avait secoué ses longues oreilles. Elle avait une expression joyeuse et libérée alors qu’elle étirait ses membres. Puis elle avait commencé à marcher pieds nus.

Elle comprenait que ses oreilles attireraient beaucoup d’attention, alors j’étais reconnaissant qu’elle soit prête à coopérer sur ce point. Mais comme elle ne semblait pas du tout japonaise, elle attirait l’attention, même avec ses oreilles cachées.

« Maintenant, nous avons juste besoin de savoir si tu peux retourner dans ton monde. Mais veux-tu prendre un bain d’abord ? Je suis sûr que toute cette marche a été quelque chose pour toi, donc ça devrait être plutôt rafraîchissant, » déclarai-je.

« Oh ? Tu as même un bain dans ta chambre ? » demanda Marie.

Elle m’avait suivi dans la salle de bains avec des yeux larges et curieux. J’avais allumé l’interrupteur, et elle avait regardé avec stupéfaction quand la baignoire avait commencé à se remplir d’eau.

Mais moi, par contre, je me sentais un peu triste. Si elle pouvait y retourner, nous n’aurions probablement pas l’occasion de passer du temps ensemble comme ça à nouveau.

« Marie, si tu y retournes, tu crois que ce sera pour de bon ? » lui demandai-je.

« Hein... ? Oh, pourquoi y a-t-il de l’eau chaude qui sort de là ? Et, attends, j’ai cru te voir appuyer sur ce bouton... Ne me dis pas... que tu as enfin appris à jeter des sorts sans incantations ? » demanda Marie.

« Non, pas exactement. De l’eau chaude sort lorsque tu appuies sur ce bouton. Lave-toi les cheveux et ton corps ici, puis plonge-toi dans la baignoire aussi longtemps que tu le veux. Mais, pour en revenir à ce que je disais, quand tu y retourneras..., » déclarai-je.

« Oh, mon Dieu, c’est trop de luxe ! Je ne suis même pas une noble et je peux me baigner quand je veux ? Es-tu sûr que c’est bon ? J’espère que cela ne fait pas de moi une elfe dépravée pour s’être livrée à un tel luxe..., » déclara Marie.

Oh, elle n’écoute pas...

Il me semblait que j’avais sous-estimé sa réaction à la baignoire et que le moment était mal choisi pour parler de son départ. Elle regardait la baignoire avec la joie d’une écolière, je ne pourrais pas lui parler comme ça. C’est exactement pour cela que j’étais « Kazuhiho. »

Pour l’instant, je la laissais choisir un additif parfumé pour l’eau du bain et la laissais se laver. Il n’y avait pas d’éléments pour le fan service, bien sûr, mais j’étais libre de fantasmer sur ce que je voulais.

Peu de temps après, j’avais commencé à entendre un chantonnement joyeux venant de la salle de bains. C’était un sentiment étrange, puisque je ne laisserais jamais d’autre individu utiliser mon bain avant. En fait, le fait qu’il y ait eu quelqu’un ici était rare.

Mais je m’écarte du sujet.

Je ne pouvais pas lui poser les questions importantes, bien qu’il soit tout aussi important de lui donner l’hospitalité nécessaire. Je lui avais déjà acheté un pyjama et des sous-vêtements de rechange, alors il était temps pour moi de préparer un simple dîner.

Un repas facile et délicieux que j’avais toujours recommandé était le katsudon.

Cela n’était pas beaucoup plus difficile que d’acheter du porc, des œufs, des oignons et des assaisonnements, puis de les mélanger tous ensemble. Tout ce dont il fallait vraiment faire attention, c’était d’éviter de trop mélanger les œufs et le fait de trop les faire cuire. Mais même si c’était simple et agréable, j’avais du temps à perdre en attendant que le riz soit cuit.

J’avais placé des œufs dans la poêle à frire alors que la porte de la salle de bain s’était ouverte et qu’une Marie au visage embué sortait. J’avais jeté un coup d’œil à l’horloge, indiquant qu’elle avait apprécié le bain pendant environ trente minutes. Sa peau était si pâle, et voir ses joues rougir comme celles d’un enfant était un spectacle adorable. Elle semblait aimer la texture de la serviette de bain, et nos yeux s’étaient croisés juste au moment où elle prenait une bouffée d’air.

« J’en ai fini ! Ce bain était merveilleux. Tu vois, ma peau est si jolie maintenant ! » déclara Marie.

« Hmm... Mais Marie, tu es toujours jolie. Je ne peux pas vraiment faire la différence pour être honnête, » déclarai-je.

« Voilà que tu dis ces choses avec la même expression somnolent, » déclara Marie.

Elle s’était cachée avec la serviette et m’avait regardé fixement. Il devait faire chaud, parce que Marie se grattait les joues en s’approchant de moi.

« Qu’est-ce qui sent si bon ? Ne me dis pas que tu cuisines quelque chose, Kazuhiho ? » demanda Marie.

« Ouaip. C’est presque fini, alors assois-toi. Puisque la sauce soja semble te convenir, je pense que tu aimerais beaucoup la cuisine d’ici, » déclarai-je.

Marie avait jeté un coup d’œil pour voir ce que je cuisinais pendant que je parlais, et son visage s’était plissé en un sourire. Sa garde semblait baissée après avoir pris un bain parce qu’elle n’avait pas remarqué que l’un de ses boutons de pyjama était défait, et je pouvais voir son décolleté rose d’elfe... Je ne devrais pas regarder là...

J’avais réussi à me maîtriser, puis j’avais versé du riz dans un bol, suivi d’une escalope avec des œufs suintants. Tout au long de ce processus, l’elfe avait regardé avec des sourcils plissés par la concentration.

« Ça va être délicieux. Je peux déjà le dire, » marmonna Marie.

« Pourquoi marmonnes-tu comme ça... ? » demandai-je.

C’était mignon comme elle se plissait le nez à chaque reniflement. J’aimais le fait d’avoir pu voir ses côtés de jeune fille et d’enfant depuis qu’elle était venue au monde. Je ne l’aurais jamais vue comme ça dans des ruines ou un donjon dans son monde.

***

Partie 5

J’avais fini le plat en le garnissant avec les légumes que j’avais, et j’avais apporté le bol à la fille qui attendait.

« Voilà pour toi. Allons manger, » déclarai-je.

« D’accord ! » répondit Marie.

Elle répondait toujours avec un sourire si joyeux dans des moments comme celui-ci. J’admirais ce sourire lorsque nous nous étions déplacés vers nos chaises, puis nous avions ramassé des baguettes et une fourchette. J’avais mis du thé vert sur la table, et notre petit dîner avait commencé.

« Itadakimasu. »

« E-Eatadakimaws..., » elle avait répété maladroitement l’expression habituelle avant le repas après moi, puis avait rapidement commencé à placer de la nourriture dans sa bouche.

Le katsudon était un plat simple, mais c’était aussi une des raisons de sa popularité. La côtelette trempée dans les œufs suintants et la sauce épicée et sucrée faisait jaillir de la saveur dès qu’elle l’avait mordue. Sa saveur remplissait la bouche de l’elfe, et elle plissa son front de surprise en mastiquant un peu. Plus de saveur éclata à chaque bouchée, et le mélange avec du riz avait vraiment amélioré sa saveur sucrée avec sa haute teneur calorique. Marie mangeait comme une petite fille en pleine croissance, et elle n’avait pas pu s’empêcher de sourire joyeusement.

« Mmm ! Tellement boooooonnnn ! » déclara Marie.

« Je suis content que ça te plaise. La nourriture n’est pas aussi bonne dans ton monde, vu qu’il n’y a pas beaucoup d’assaisonnements disponibles, » répondis-je.

« C’est tellement délicieux ! C’est vraiment la meilleure chose que j’ai mangée de toute la journée. Non, ça fond dans ma bouche ! » déclara Marie.

Ohh, j’avais obtenu le premier rang pour la journée. C’était tout un honneur. C’était le cas de la plupart des cuisiniers, mais rien ne vaut la combinaison de bons ingrédients et de fraîcheur. Je pensais que c’était particulièrement vrai dans des cas comme le gyoza. Plus le plat est simple, plus ces deux éléments étaient devenus importants. La côtelette d’aujourd’hui était plutôt bon marché, donc je ne pouvais pas vraiment parler de ça.

« Tu es facile à satisfaire, Marie. Je peux faire quelque chose comme ça quand tu veux. La raison pour laquelle j’ai tendance à apporter du bento dans ton monde, c’est parce que même les ingrédients y sont un peu incertains, » déclarai-je.

« C’est pour ça que tu les portais toujours dans ton sac... Je comprends maintenant. Si tu as l’habitude d’une telle nourriture, n’importe quel autre type de plat aurait un goût plutôt fade. Cela me fait me souvenir d’une chose, en supposant que nous allons tester si je peux retourner dans mon monde plus tard, nous devrions essayer de comprendre pourquoi tu es en mesure d’apporter de la nourriture et des boissons, » déclara Marie.

Je lui avais répondu avec un petit grognement. En y repensant, nos mondes n’étaient pas complètement séparés, vu que j’avais pu y amener du bento comme elle l’avait mentionné. Elle avait elle-même pu traverser de ce côté, donc il devait y avoir une raison.

« Y a-t-il quelque chose que tu n’as pas été en mesure d’apporter avant ? » demanda-t-elle.

« Hmm... Je n’ai pas pu apporter ma montre ou une lampe de poche quand j’ai essayé. Oh, c’est ce truc qui s’allume, » déclarai-je.

Elle semblait habituée à la civilisation japonaise après s’être promenée en ville, alors une simple lampe de poche ne suffisait plus à la surprendre. Elle avait réfléchi à ce que je lui avais dit en mangeant sa nourriture. L’un de ses doigts tapait sur la table, ce qui signifiait probablement que les engrenages tournaient dans sa tête.

« Peut-être que les choses liées à ta civilisation ou à ta technologie sont interdites. Le bento et le jus de fruits sont probablement assez simples pour qu’ils puissent passer, » déclara Marie.

« C’est possible, mais je ne pouvais pas non plus apporter un stylo ou un carnet comme ceux-ci. Ils ne sont certainement pas aussi high-tech, mais ils n’ont pas encore été transférés, » répondis-je.

Apporter des objets n’impliquait pas une sorte de rituel avancé. Je n’avais qu’à les laisser à côté de mon oreiller, je l’avais déjà essayé plusieurs fois. Voici quelques-unes des choses que j’avais pu apporter...

« Nourriture et boissons. Intéressant..., » déclara Marie.

« C’est ce que tu crois ? Je ne peux rien apporter d’autre, donc je ne pense pas que ce soit très utile, » répliquai-je.

« Mais réfléchis-y : Si seules la nourriture et les boissons sont permises, il doit y avoir quelqu’un qui gère ces choses. Cela signifie probablement qu’il y a une raison pour laquelle tu as pu m’amener ici, et c’est probablement qu’on t’ait donné un rôle ou une signification. Peut-être t’a-t-on accordé une sorte de mission ? » demanda Marie.

« Hein... ? » Ma bouche était restée grande ouverte pendant que je me figeais au milieu d’une bouchée de ma côtelette. « Euh, je ne comprends pas... Comme, une mission de bento ? Mais tu l’as déjà mangé hier. »

« Et c’était très délicieux... Ah ! Non, oublie le bento pour l’instant. Quelqu’un t’a-t-il déjà demandé de faire quelque chose ? » demanda Marie.

J’avais compris ce qu’elle voulait dire. Je n’y avais jamais pensé, mais j’avais apprécié mes aventures avec des règles établies par quelqu’un, disant que j’étais capable d’aller dans un monde de rêve et d’apporter seulement de la nourriture et des boissons. Mais bien sûr, je n’avais jamais entendu parler d’une telle mission. Je l’avais dit à Marie, et elle avait semblé l’accepter tout de suite.

« Je ne suis pas surprise. Si tu te souvenais d’avoir été chargé de quelque chose comme ça, je suis sûre que tu remarquerais que ce n’étaient pas des rêves ordinaires. Permets-moi donc de changer la question : Y a-t-il eu un événement qui t’a permis d’entrer dans tes rêves ? » demanda Marie.

« J’y joue depuis que je suis jeune, alors je ne m’en souviens plus. En fait, je pensais que c’était normal jusqu’à aujourd’hui, » répondis-je.

Nous avions tous les deux penché la tête. Notre investigation s’était rapidement enlisée dans une impasse, et toutes nos discussions avaient abouti à une réponse « Je ne me souviens pas. » Cela ressemblait à la réponse d’un politicien, mais je n’avais rien pu faire pour changer cela.

« Tiens-moi au courant si tu te souviens de quelque chose. Je suis sûre que c’est quelque chose d’important, » déclara Marie.

« Compris. Je te le dirai si je le fais, » répondis-je.

Je lui avais dit ça, mais je n’étais pas sûr de le faire. Je n’aurais jamais été capable d’identifier un tel souvenir en 25 ans de vie.

Passant à autre chose, j’avais commencé à ranger la vaisselle maintenant vide. Je m’étais penché vers l’avant sur mes coudes, et les yeux violets de Marie devinrent un peu plus larges quand elle remarqua le changement de mon comportement. Peut-être qu’elle avait vu quelque chose dans mes yeux endormis, parce qu’elle avait rapproché son visage, m’imitant.

« Quoi qu’il en soit, nous devons d’abord régler le problème dont nous sommes saisis. Si nous sommes capables de te transférer, qu’allons-nous faire après ? As-tu pensé à ce qui va se passer quand on se réveillera ? » demandai-je.

« Qu’est-ce que tu veux dire... ? Tu dis ça comme s’il y avait un gros problème à régler, » déclara Marie.

Elle avait pris une gorgée de son thé, puis éloigna lentement ses lèvres de sa tasse. Quand elle me regardait à nouveau, il y avait un regard qui indiquait qu’elle l’avait enfin compris.

« Je n’arrive pas à croire que je me sois laissée emporter et que j’ai oublié quelque chose de si important ! » s’écria Marie.

« C’est vrai. Quand nous nous réveillerons dans le rêve, nous serons à l’endroit où nous étions avant. Juste à l’intérieur de la tanière de l’arkdragon, » déclarai-je.

C’était le point le plus important. Comment exactement nous échapperions-nous vivants de la tanière du dragon ? Si on n’arrivait pas à comprendre ça, je ne pourrais pas dire que je l’avais ramenée chez elle sain et sauf.

J’avais mis sur la table le carnet de notes de tout à l’heure, et notre réunion secrète avait commencé.

***

Heureusement, nous avions eu de multiples occasions de le découvrir. Tant que nous nous réveillerions de ce côté même si nous mourions, nous pourrions essayer différentes approches sur plusieurs tentatives. Mais j’étais sûr que le dragon comprendrait nos méthodes et essaierait de nous capturer.

Le cahier était rempli de différentes possibilités, et chacune d’elles était marquée d’un « X » au bout de son chemin. Peu importe l’option choisie, il s’agissait d’un dragon légendaire. Si on devait survivre, se battre n’était pas une option.

« Donc, je vais aussi devoir refuser l’idée de prendre un œuf de dragon en otage. Même si nous parvenons à nous échapper temporairement, il ne laissera pas vivre un couple d’humains qui connaissent son lieu de repos, » déclara Marie.

« Je suis d’accord. Si nous ne faisons pas attention, nous devrons toujours surveiller nos arrières et je n’arriverai probablement jamais à dormir. Plus important encore, j’espérais que tu pourrais me dire ce que tu as lu sur l’arkdragon, » déclarai-je.

Après avoir discuté pendant près d’une heure, nous étions arrivés à la conclusion qu’il serait après tout extrêmement difficile de s’échapper. Donc, pour faire ça, je devais découvrir ce que je pouvais sur l’ennemi.

La jeune fille avait tapé un doigt sur la table en bois, puis avait dirigé son regard vers moi.

« À propos de cela... Je crois que j’ai déjà lu quelque chose comme ça. Pour commencer, il a une intelligence supérieure à celle des humains. Il peut générer une source inépuisable de magie simplement en respirant. Cette créature a détruit des îles et des volcans en éruption dans le passé, le tout à la suite d’innombrables batailles avec des démons et des humains, et..., » expliqua Marie.

J’avais agité la main pour indiquer que ce n’était pas le genre d’information que je cherchais. Je savais de quoi j’étais capable, et affronter le dragon de front avec des prouesses au combat n’en faisait pas partie.

« Connais-tu quelque chose de plus comme des anecdotes ou des histoires qui peuvent m’en dire plus sur son caractère ? » demandai-je.

« Quoi ? Caractère ? Qu’est-ce que tu racontes ? Tu t’attends à ce qu’un dragon ait de la personnalité ? » demanda Marie.

Les sourcils de l’elfe se hérissèrent de confusion face à mes mots. Mais elle avait continué à écrire avec son stylo, peut-être pour rassembler toutes nos pensées ou simplement parce qu’elle aimait ce qu’elle ressentait entre ses doigts.

« Je ne sais pas quel type d’information tu recherches, mais j’ai entendu dire que ses écailles peuvent être vendues à un prix étonnant, » déclara Marie.

Elle avait incliné la tête comme pour demander si cela suffirait, et j’avais fait signe pour qu’elle continue. Nous avions juste besoin de commencer petits, et nous pourrions finir par découvrir un élément d’information clé.

« Il a aussi la capacité de générer de la magie. C’est si puissant que n’importe quel médium magique qui l’utilise devient célèbre et leurs exploits sont enregistrés dans de nombreuses œuvres littéraires. Quiconque parviendrait à en obtenir un serait également extrêmement riche. Et... J’ai lu qu’il a déjà pris la forme d’un humain pour entrer dans la ville, mais ce n’est probablement pas vrai. Impossible qu’un roturier puisse reconnaître un arkdragon, » déclara Marie.

« Attends, je veux en savoir plus. Si c’est vrai, il devait y avoir une raison pour que l’arkdragon y soit resté, non ? » demandai-je.

Il n’irait pas dans une ville sans raison. Il devait y avoir un objet ou une information ou même une fortune qu’on ne pouvait pas obtenir sans y aller.

Mais l’elfe poussa un soupir. « En fait, ils disent que ça n’a rien fait. J’ai lu qu’il y a passé quelques jours, puis a disparu. Je crois que c’était à Ozloi, la ville portuaire. »

« Ozloi, hein... C’est une bonne chose que j’ai voyagé dans ce monde. J’y suis déjà allé une fois. Je n’oublierai jamais le goût délicieux de la liqueur de malt d’orge là-bas. Le propriétaire de la taverne était très gentil, et m’a même laissé boire malgré le fait que je sois mineur, » répondis-je.

Je repensai affectueusement à ce souvenir, mais l’elfe assise devant moi semblait malheureuse. OK, peut-être que dans une situation de vie ou de mort — ou plutôt, je suppose que dans ce cas c’était juste mon insomnie qui était le problème — je ne devrais pas fantasmer sur l’alcool au beau milieu d’une réunion importante.

Attends un peu...

Il n’y avait pas d’élément distinctif à cet endroit, si ce n’est son commerce et sa bonne boisson alcoolisée. Si l’arkdragon visitait et partait sans rien faire...

« Serait-ce la raison de la visite... ? » demandai-je.

J’avais posé ma question à voix haute et j’avais regardé vers le réfrigérateur à côté de ma cuisine. Les sourcils de l’elfe étaient plissés dans une forme étrange en regardant mes actions.

Quoi qu’il en soit, il se faisait tard, et j’avais décidé d’aller me coucher et de faire une première tentative.

***

Ahh, j’ai complètement oublié...

L’idée me trottait dans la tête alors que je restais là, immobile. Nous étions là, regardant le lit sous l’éclairage indirect de mes lampes.

On allait dormir ensemble.

Je n’avais pas l’intention d’essayer quoi que ce soit d’étrange avec elle, mais, en tant qu’homme, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à de telles choses.

« Wôw, ça a l’air si confortable ! » déclara Marie.

Pendant ce temps, Marie était pleine d’excitation innocente alors qu’elle faisait beaucoup bouger le lit avec son derrière tourné vers moi. Elle avait mis les couvertures de côté pour se placer après ça sous les couvertures, puis elle avait sorti un « Mmmm ! » de délices. Puis elle tourna ses yeux pourpres vers moi et dit : « Viens, Kazuhiho, » alors qu’elle me faisait signe.

Je n’aurais jamais pensé voir une belle elfe tendre sa main vers moi comme ça...

Elle m’avait pressé de me dépêcher à nouveau, ce qui m’avait fait céder et j’avais pris sa main. Nos doigts s’étaient serrés les uns contre les autres, et au fur et à mesure que je me rapprochais, j’avais senti un parfum féminin distinct.

Est-ce que c’est bon ? C’est vrai, n’est-ce pas ? Ne me laisse pas tomber.

J’avais maudit mon sentiment pathétique de maîtrise de soi en me cachant sous les couvertures. Mon visage devait être rouge. Marie m’avait regardé avec une expression curieuse, mais je ne pouvais pas lui dire que c’était parce qu’elle avait son joli visage à côté du mien.

« Maintenant, il est temps de commencer notre expérience. Hmm, devrais-je m’accrocher à toi ? » demanda Marie.

« Oui, probablement. Nous nous serrions fort l’un contre l’autre quand nous avons été frappés par l’attaque du dragon, » répondis-je.

J’avais senti mon cerveau rationnel reprendre le contrôle quand elle avait mentionné le mot « expérience ». Oui, c’était juste une expérience. Rien de plus.

« Essayons de recréer nos positions à ce moment-là. Viens ici, Marie, » déclarai-je.

Peut-être avais-je un peu agi un peu trop à l’aise, il me semblait que c’était la mauvaise chose à dire.

Marie regarda mon bras qui attendait comme si elle réalisait quelque chose, et son visage devint de plus en plus rouge. Son expression était tout simplement captivante, et nous nous étions trouvés en train de nous regarder dans les yeux.

« ... D’accord, » la seule réponse de l’elfe était aussi mignonne qu’une fleur en fleuraison.

Elle s’était lentement avancée vers moi, puis avait placé sa tête à côté de la mienne. Nous nous étions enlacés sous les couvertures et, à mesure que nos corps se rapprochaient, je pouvais sentir sa silhouette élancée et ses petites protubérances sur son corps.

« Si... chaud..., » murmura-t-elle.

Sa voix semblait indiquer qu’elle avait déjà sommeil. Son cœur qui battait doucement ressemblait à celui d’un petit oiseau. La couverture s’était rapidement réchauffée à mesure que nos corps échangeaient de la chaleur, et même notre respiration semblait être synchronisée.

Finalement, mes paupières s’étaient fermées. Le fait de m’endormir beaucoup plus tôt que d’habitude était probablement dû au fait que sa somnolence m’avait aussi infecté.

Nous étions assez près pour que nos fronts se touchent pendant que nous nous endormions tranquillement. Mais je ne lui avais jamais posé la question la plus importante de savoir si elle allait continuer à me voir. Alors que j’y pensais avec un léger regret, l’appartement s’était vite rempli du son de notre sommeil...

***

Épisode 3 : Magi Drake

Partie 1

D’abord, il y avait eu le sentiment de dériver vers le bas. Puis j’avais entendu le son d’une elfe qui respirait dans son sommeil. L’appartement sombre était devenu encore plus sombre, et la sensation du lit doux et chaud avait été oubliée depuis longtemps. Au lieu de cela, j’avais ressenti une sensation du froid et d’une grande dureté contre mon dos, alors que quelque chose de rigide et aiguisé s’y enfonçait. Je m’étais retrouvé dans l’obscurité, et j’avais noté que ma théorie était juste.

Il y avait eu des moments où je m’étais réveillé à un endroit différent de celui où j’étais mort, mais c’était seulement quand j’étais dans un endroit qui serait coincé dans une boucle sans fin de morts, comme quand j’étais tombé dans une mer de magma. Dans les cas où je me réveillais paisiblement comme ça, c’était généralement au même endroit.

« Hmm, c’est peut-être vrai que quelqu’un supervise cet endroit, » murmurai-je.

En parlant, j’avais remarqué à quel point je me sentais reposé. Nous avions bâillé tous les deux, puis nous nous étions lentement levés.

« Eh bien, euh... Je suppose qu’il est temps de commencer notre mission, » murmurai-je.

« Je vais avoir besoin que tu te ressaisisses. Continue à parler comme ça, et tu vas me faire perdre toute motivation, » répliqua Marie.

J’avais reçu un commentaire désapprobateur de sa part, et un esprit de lumière était apparu peu après. Une elfe vêtue était apparue comme une bougie illuminant l’obscurité, et nous nous étions souri malgré l’horrible situation dans laquelle nous nous trouvions. Il semble que nous ayons au moins réglé le premier de nos problèmes.

« Je suis content que tu sois rentrée saine et sauve. Je suis vraiment désolé de t’avoir mise en danger, » déclarai-je.

« C’est bon, je me suis bien amusée. La nourriture délicieuse, les fleurs de cerisier et les chaussures confortables... Tout cela était merveilleux. Je t’en remercie, » déclara Marie.

Je n’avais pas réalisé qu’elle était une fille si gentille et directe, et je n’avais pas pu m’empêcher de regarder son sourire sincère. Même si ce n’était que pour une journée, j’étais heureux d’avoir eu la chance de connaître Mariabelle pour la femme enchanteresse qu’elle était.

Mais rester ici comme ça, c’était juste demander à être trouvé par le dragon. Et, bien sûr, des griffes géantes s’étendaient des falaises juste en dessous de nous, secouant le sol alors qu’ils grimpaient vers le haut. Ses yeux d’obsidienne étaient pleins de rage, et le feu noir scintillait dans sa bouche pleine de crocs pointus. Les roches environnantes avaient fondu lorsque les flammes les touchaient, et il semblait que nous étions sur le point de rencontrer un destin similaire.

En nous voyant la regarder, tout en se tenant la main, l’arkdragon cligna des yeux, apparemment décontenancé. En m’en rendant compte, je m’étais recueilli et j’avais parlé avec la voix la plus calme que j’avais pu rassembler.

« Nous sommes désolés pour l’intrusion dans votre maison. Je voulais juste voir vos œufs, et je l’ai emmenée, bien que contre son gré. Pourriez-vous au moins la laisser partir ? » demandai-je.

Mes paroles pouvaient être comprises par le dragon, mais pas par Marie. J’avais connu les « gardes dragons » grâce au lézard que nous avions rencontré dès notre entrée dans les ruines, et je pensais que l’arkdragon comprendrait le langage des reptiliens humanoïdes.

J’avais aussi entendu dire que les dragons protégeant leurs œufs agissaient en fonction de puissants instincts protecteurs. La question était maintenant de savoir comment apaiser ces instincts. Nous avions passé un peu de temps la veille au soir à élaborer un plan, mais la chose la plus importante que nous avions conclue était de montrer que nous n’étions pas hostiles. Ensuite, nous pourrions prendre l’arkdragon par surprise et la calmer. Heureusement, notre planification avait semblé porter ses fruits, car son grognement intimidant s’était calmé et les flammes ardentes avaient commencé à s’éteindre. Les yeux d’obsidienne qui nous fixaient semblaient avoir de la curiosité en eux. J’étais secrètement soulagé de constater que Marie avait raison et que le dragon ne semblait pas être un autre monstre sans cœur. Pour utiliser « l’arme secrète » pour cette mission, il fallait un peu de tact.

« Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais nous espérons que cela vous aidera à apaiser votre colère, » déclarai-je.

En disant ça, j’avais sorti une bouteille de bière ordinaire que l’on pouvait trouver n’importe où au Japon. Si les histoires étaient vraies, elle pourrait s’intéresser à l’alcool à base d’orge.

Le fait d’ouvrir une bouteille devant un dragon était un spectacle assez étrange. Mais vu que nos vies étaient en jeu, nous ne pouvions pas éclater de rire à ce moment-là. La seule chose qui devrait éclater, c’étaient les bulles de la bouteille de bière.

Le gros museau du dragon se rapprocha, puis prit une bouffée. La bière chargée de malt sentait l’alcool avec une légère amertume. Peut-être que cela rappelait au dragon la ville portuaire, parce qu’il continuait à respirer l’odeur. Ses yeux se rétrécirent et son haleine sembla un peu plus douce. Bientôt, une voix profonde et gutturale résonna dans les grottes.

« Haha, haha, haha... Vous êtes un mortel assez intéressant, pour parler la langue des petits dragons et connaître mes intérêts. Sans parler du fait que je vous ai trouvé ici, indemne, quand je vous ai sûrement incinéré hier encore. Révélez les réponses à ces mystères, et j’épargnerai vos vies. Qu’en dites-vous ? » demanda le dragon.

« Oui, volontiers... Marie, elle dit qu’elle nous pardonnera, » déclarai-je.

Elle devait être nerveuse malgré son front dur, car ses genoux s’étaient affaiblis et elle s’était assise sur le sol. Elle avait alors mis ses mains sur sa poitrine et avait poussé un soupir de soulagement.

Le dragon nous fit signe avec ses énormes serres, et nous descendîmes dans sa tanière.

 

***

 

Le fond de la grotte était étonnamment constitué d’une étendue rocheuse lisse et rocheuse qui semblait bien polie. On disait que la dragonne n’apparaît qu’une fois tous les 1 000 ans pendant sa saison de frai, alors les hommes-lézards avaient peut-être pris soin de l’endroit.

Le dragon baissa la tête jusqu’à notre niveau, le ventre à plat contre le sol. Devant nous, il y avait une face pleine de crocs géants. Elle tenait trois œufs noirs, et nous avions tous les deux lâché un « whoaaaa » dans l’émerveillement face à leur taille et à l’éclat de l’obsidienne.

« Haha, haha, haha... Des mortels si bizarres, de vouloir voir mes œufs. Vous êtes les plus téméraires, mais beaucoup ont perdu la vie à cause d’une curiosité excessive. Faites attention à partir de maintenant, » déclara le dragon.

La région était très chaude, un peu comme le souffle venant des narines du dragon. Le sol était également chauffé par la chaleur géothermique, presque comme un bain de roche-mère.

« Réchauffe-t-elle ses œufs ? » demanda Marie. « Les esprits ici sont très actifs. Les dragons peuvent contrôler les esprits librement, bien mieux que nous ne le pourrions jamais. »

« Hein, je ne le savais pas. Pour être honnête, je ne sais toujours pas ce que sont les esprits..., » déclarai-je.

Je ne pouvais pas moi-même les voir, mais il y avait apparemment d’innombrables esprits qui volaient tout autour de nous.

Le dragon tourna habilement son œuf avec le bout de sa griffe et ses yeux se tournèrent vers Marie et moi.

« Hmm, un résident du monde du rêve, vous dites ? J’ai déjà entendu parler de tels êtres par l’une de mes connaissances. J’ai supposé qu’elle délirait, mais... haha, haha, haha, on dirait que c’est vrai, » déclara le dragon.

C’est vrai, j’avais déjà attaqué un dragon pour m’amuser plusieurs fois, mais je n’avais même pas réussi un seul coup avant d’être réduit en cendres par celui-ci, alors je doutais qu’ils soient fâchés contre moi.

« Oui, je... oh, et Mariabelle ici présente, les deux nous le sommes. Hier, nous avons vécu une expérience si bizarre en nous rendant ensemble dans un monde connu sous le nom de Japon, » déclarai-je.

Le dragon cligna des yeux avec curiosités. Les motifs sur son corps d’obsidienne ondulaient en respirant. Le mouvement semblait avoir un sens de régularité et une beauté particulière.

« Hmm, vous êtes vraiment intéressant. C’est assez ennuyeux d’attendre l’éclosion de mes œufs. Et je me suis demandée non seulement à propos de votre alcool d’orge, mais aussi... cette odeur. Enfant de l’homme, qu’est-ce que vous cachez ? » demanda le dragon.

« Quoi ? Rien... Ah ! » m’exclamai-je.

Maintenant que j’y pense, j’avais senti un arôme sucré et appétissant. Je m’étais rendu compte que je savais ce que c’était et j’avais ouvert le sac qui avait été laissé sur le sol, libérant le parfum dans l’air. Le bento que j’avais emballé pour le déjeuner semblait avoir été réchauffé par la chaleur géothermique à la température parfaite.

« Oh, ce sont les restes du katsudon d’hier soir ? » demanda Marie.

« Oui, ceux que j’ai laissés près de mon oreiller... Je suis désolé, ce bento est la source de l’odeur. Si ça vous dérange, je peux m’en débarrasser, » déclarai-je.

« Hmm ? Non, ça ne me dérange pas. Ce n’est pas désagréable du tout, mais mes narines sont beaucoup trop sensibles... Hrm... Il est trop difficile de parler sous cette forme. De plus, la boisson que vous m’avez apportée en guise d’excuses ne m’humectera guère la langue avant qu’elle ne s’épuise. »

Parler avec une bouche aussi grande qu’une voiture semblait fatigant. Il semblait que le dragon n’était plus prudent à notre égard. C’était naturel, vu qu’on ne pouvait même pas lui faire de mal. Je ne savais pas s’ils existaient dans ce monde, mais je préférerais laisser tous ces trucs de mort de dragons aux héros et autres.

Le dragon cria d’une voix étrangement aiguë et commença à prononcer des mots mystérieux et difficiles à comprendre. Je n’avais aucune idée de ce qui se disait parce que je ne comprenais que le langage des dragons inférieurs, mais on aurait dit : « Devenez un humanoïde de emokeb de io namaff emokeb. »

« De la magie draconique !? Ce n’est pas possible... Je ne l’ai jamais entendu en personne ! » s’écria l’elfe.

Il semblait que l’elfe avait encore peur, puisqu’elle s’accrochait à mon dos pendant qu’elle parlait. Je ne connaissais pas grand-chose à la magie, mais... J’aurais aimé qu’elle se rende compte que la robe est mince, donc ça n’avait pas fait grand-chose pour filtrer la sensation de son corps qui se pressait contre le mien. Je n’allais certainement pas me plaindre, mais je n’étais pas entièrement habitué aux filles, alors mon corps s’était contracté.

« Kazuhiho, tu ne le sais peut-être pas, mais une forte concentration de magie se condense en ce moment. Un simple mortel ne pourrait pas rêver d’atteindre une magie d’une telle hauteur... Regarde, c’est sur le point de s’activer ! » déclara Marie.

J’avais regardé où elle dirigeait mon regard et j’avais vu la poitrine du dragon briller.

« Ce n’est pas de la magie d’attaque, n’est-ce pas... ? » je m’étais vaguement demandé si quelque chose d’incroyable s’était déroulé devant moi.

On aurait dit que le dragon avait craché un objet humain brillant, mais il avait rapidement développé un squelette, des fibres musculaires et de la chair, se transformant en corps de femme.

« Quoi !? Est-ce que cette personne vient juste de naître !? » demandai-je.

« Non, c’est un draconien ! Je ne sais pas si tu les connais, mais ils naissent en utilisant un Noyau de Dragon. Je n’aurais jamais imaginé que les légendaires draconiens existaient vraiment ! » déclara Marie.

Ah, elle avait raison, je n’avais vraiment aucune idée de ce que c’était. Ou peut-être que mon cerveau s’était arrêté de fonctionner parce que j’étais si figé de la beauté de la draconienne.

Une magnifique femme aux cheveux noirs atteignant sa taille était apparue devant nous. Elle était complètement nue parce qu’elle était née il y a quelques instants, et je m’étais retrouvée regardant son corps en forme, ses seins amples et ses yeux obsidiennes qui me regardaient en réponse. Désolé de le dire, mais par rapport aux seins de Marie, qui étaient serrés contre moi, les siens étaient beaucoup plus... Oh, ce n’est pas le moment !

Les seules différences apparentes entre elle et un humain semblaient être les cornes ressemblant à un ornement de tête, les pointes dépassant le long de sa colonne vertébrale et la queue en forme de dragon. Un crépitement avait retenti, et la belle femme fut bientôt parée d’une armure ressemblant à la peau dure de l’arkdragon. L’armure elle-même avait la forme d’une robe et avait un design compliqué lui permettant de conserver ses propriétés défensives tout en conservant sa mobilité et son amplitude de mouvement.

 

 

La femme avait ajusté l’armure à la bonne taille, puis s’était tournée vers moi et avait parlé. « Hmm, ça devrait le faire. Il y a longtemps que je n’ai pas utilisé un tel sort. Dis-moi, ai-je l’air étrange du point de vue humain ? »

« Oh ! Euh ! Pas du tout, vous êtes très belle, » déclarai-je.

Les yeux de l’arkdragon s’élargirent pendant un moment, tandis qu’elle riait de bon cœur.

« Alors je suppose qu’il n’y a pas de problème. Eh bien, enfant de l’homme, je vais prendre votre verre et votre gâterie maintenant, » déclara-t-elle.

Son sourire était digne d’une dame, mais avait l’intensité d’un dragon derrière elle. À cause de cela, ma colonne vertébrale s’était raidie et, n’ayant pas d’autre choix, j’avais cédé devant celle du dragon... Attends, quoi ?

« Attends, voulez-vous dire mon katsudon ? Mais ma cuisine est loin d’être digne d’être servie à un arkdragon comme vous, » déclarai-je.

« Espèce d’idiot ! Bien sûr, je ne voudrais pas de nourriture comme... Non, non, non. Ahem. Un échantillon. Je n’ai jamais mangé de nourriture humaine. Par conséquent, je souhaite le tester, » déclara la dragonne.

Quoi ? Si elle n’avait pas besoin de le manger, elle n’avait pas besoin de le goûter non plus. Mais elle n’arrêtait pas de regarder mon bento avec le même regard dans les yeux que celui de Marie d’hier soir.

O-Oui... Si elle le veut, ça ne me dérange pas vraiment...

« Qu-Qu’est-ce qu’elle dit ? » Marie, qui s’était cachée derrière moi il y a longtemps, chuchota à mon oreille.

Je ne devrais peut-être pas lui dire que le dragon voulait le katsudon. Eh bien, c’était la vérité, donc il n’y avait pas grand-chose à faire à la fin.

Pendant que nous chuchotions, le dragon semblait confondre notre conversation avec un débat sur l’opportunité de lui donner ou non le bento. Elle avait soudain eu un regard agité, puis elle avait levé l’index.

« H-Hm. Oui. Je n’ai pas dit que vous ne seriez pas récompensé. Non, je ne présume pas d’une telle arrogance. Et si je vous donnais une de mes écailles ? Ce n’est pas l’une des écailles sur le sol qui n’a plus de magie, mais une écaille qui est encore sur mon corps, » déclara la dragonne.

« Oh, vous êtes sûre... ? Marie en voulait une, alors ce serait fantastique, » déclarai-je.

« Oui. Elle repoussera en un rien de temps. Quoi qu’il en soit, les hommes-lézards nettoieront mon endroit où je dors une fois que mes œufs auront éclos, » déclara la dragonne.

La belle femme tendit la main, la paume vers le haut, comme pour dire que le marché avait été conclu. Je ne pouvais pas refuser, alors je lui avais tendu le bento et la draconienne avait souri en réponse.

***

Partie 2

Je me trouvais dans une situation étrange. Là, devant moi, la dragonne était assise sur la patte arrière des restes de sa vraie forme et plaçait de la bière et un bento sur la patte avant.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Je pensais qu’on était en mission de vie ou de mort jusqu’à tout récemment. Mais je préférais ne pas mourir, alors j’avais servi l’arkdragon tel un serveur. J’avais versé la bière dorée dans un verre que j’avais apporté, l’arkdragon y jetant un coup d’œil sans s’empêcher de cligner des yeux tout le temps. Malgré tout ce qu’elle avait dû voir au cours des milliers d’années qu’elle avait vécues, les fines bulles qui pétillaient à la surface semblaient l’intéresser beaucoup.

« Hmm, donc c’est ce qu’on appelle le verre de ces derniers jours. Je vois qu’il permet de profiter de cette belle vue dorée à travers le conteneur, » déclara la dragonne.

« Oui, c’est du verre spécialement pour la bière. Je crois que le meilleur moyen d’en profiter, c’est de le boire après une bouchée de nourriture, » déclarai-je.

J’avais eu raison d’apporter une fourchette au cas où Marie en aurait besoin. En passant, c’était étrange que la verrerie et les baguettes retournent sur mon oreiller quand je me réveillais, mais c’était quelque chose que je devais examiner plus tard.

Comme conseiller, le dragon plaça d’abord la côtelette dans sa bouche. La chaleur résiduelle du sol était agréable et humide, et les jus pleins d’umami s’infiltraient dans la viande de porc parfumée. Les yeux du dragon s’élargirent immédiatement, et je regardai sans voix quand la queue du dragon humanoïde claqua contre le sol. Elle avait alors crié « Hmmmmmmmm !! » pendant un moment, puis elle commença à manger la nourriture à pleine vitesse.

« Hng ! Nng ! Bien ! Tellement bonnnnnn ! »

Le fait de voir une beauté aux cheveux noirs agir comme ça, c’était tout un spectacle. La scène de son repas était beaucoup plus intense que nous l’imaginions, et Marie et moi ne pouvions que la fixer sans dire un mot.

Tandis que le dragon mâchait joyeusement sa nourriture, elle se souvint enfin de l’événement principal. Elle regarda le verre à bière bouillonnant et fit sortir une déglutition audible, ses yeux d’obsidienne scintillant d’anticipation. Finalement, le liquide ambré fut versé dans la gorge du dragon. Le katsudon salé avait été recouvert avec la bière fraîche et cela avait fait une combinaison fantastique. Le goût amer de l’orge demandait un peu de temps pour s’y habituer, mais ce n’était pas un problème pour l’arkdragon, vu son amour pour la bière.

Le goût amer se transformait rapidement en saveur délicieuse, et vous ne pouviez vous empêcher d’incliner le verre et de boire de bon cœur. La carbonatation issue du processus de brassage l’avait rendu d’autant plus rafraîchissant. Si vous poussiez un soupir satisfait, l’arôme de l’orge passera par votre nez. C’est peut-être la raison pour laquelle une bière avait si bon goût après une longue journée de travail.

« Urrrgh. C’est ça ! H-Hm... pas mal. Je dirais, la note de passage... Est-ce que tous les humains mangent des friandises comme celle-ci ? » demanda la dragonne.

« Oh, non, non. La cuisine était faite maison, et l’alcool vient du Japon. Je ne pense pas que vous trouveriez ces choses vendues normalement ici, » déclarai-je.

En entendant ma réponse, ses sourcils joliment formés tombèrent tristement en murmurant. « Dommage. J’envisageais de conquérir une colonie humaine... »

Ce n’était pas loin... J’avais failli faire annihiler une colonie.

J’étais content qu’elle ait l’air d’aimer ça.

Marie, qui avait suivi le déroulement des événements, m’avait posé une question alors que je mettais une main sur ma poitrine en poussant un soupir de soulagement.

« Elle a aimé ça ? Elle doit l’avoir fait, vu la qualité de ta cuisine. Alors, de quoi discutais-tu avec la draconienne tout à l’heure ? » demanda Marie.

« Oh, elle a dit qu’elle allait nous donner l’une de ses écailles en remerciement. Tu en voulais une, alors j’ai pensé que ce serait bien, » déclarai-je.

Les yeux de Marie s’élargirent de surprise, puis elle chuchota, « Un bento contre une écaille de l’arkdragon !? »

D’après ce que j’avais entendu la dernière fois, une écaille de dragon semblait extrêmement précieuse. Bien que personnellement, je ne savais pas grand-chose à ce sujet.

« C’est incroyablement précieux. En fait, un mage donnerait probablement tout ce qu’il a pour s’en procurer une. C’est un objet magique qui peut te fournir de la magie et cela peut augmenter les limites de tes capacités, de sorte que les gens paieront autant qu’ils le peuvent, » expliqua Marie.

« Ouais, je n’ai aucune idée de quoi tu parles, » déclarai-je.

C’était difficile pour moi de visualiser un prix aussi vague quand tout ce qui m’intéressait, c’était de voyager et de voir les curiosités. C’est peut-être le résultat d’un état d’esprit : « Je préfère me promener dans ce monde fantastique plutôt que de traiter avec d’autres personnes. »

Clang !

Un son mélancolique avait retenti. Je m’étais tourné vers la source et j’avais trouvé une draconienne qui regardait une boîte à bento vide, apparemment au bord des larmes.

Ah... Cette dragonne était très facile à lire quand elle était sous forme humanoïde. Ça me rendait triste rien qu’en la regardant.

« Tout est parti..., » murmura la dragonne.

« Oh, j’en ai un autre, » déclarai-je.

 

 

La beauté tourbillonnait autour de moi, puis étendit rapidement sa main vers moi. Soudain, elle avait eu l’air de réaliser quelque chose. Elle plissa les sourcils et ramassa une pierre du sol.

« Je vous rembourserai, bien sûr, comme il se doit. Et ce caillou ? J’admets que je ne comprends pas leur valeur, mais les humains semblent avoir une haute opinion d’eux, » déclara la dragonne.

« Euh... Marie ? Tu es d’accord pour échanger ce caillou ? » demandai-je.

Le bento restant était censé être celui de Marie, alors j’avais pensé lui demander son avis. Je lui avais montré la pierre bleue que la draconienne m’avait donnée, et Marie l’avait regardée avec curiosité.

« Qu’est-ce que cette pierre bleue... ? On dirait qu’elle a changé de couleur. Non, c’est plutôt... quelque chose qui s’est infiltré et qui s’est solidifié à l’intérieur... Kazuhiho, peux-tu lui demander ce que c’est ? » demanda Marie.

« Excusez-moi, c’est quoi cette pierre ? » demandai-je.

« Une pierre qui a été trempée dans mon sang. Comme vous le savez, j’ai pondu mes œufs. Depuis lors, le sang a été absorbé dans les roches environnantes, » déclara la dragonne.

Hein, donc les dragons ont le sang bleu...

Du sang durci, ou un katsudon. Je n’avais aucune idée de ce qui valait plus. J’avais de nouveau demandé à Marie de me donner son avis et, pour une raison ou une autre, elle était devenue sans expression et très calme.

« Hein ? Marie ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.

« ... ly... »

« Reprends tes esprits. Cela va ? » demandai-je.

« Donne-lui le bento pour cette pierre. Rapidement..., » déclara Marie.

Les yeux de Marie brillaient étrangement. Incapable de refuser sa pression intense et un peu effrayante, j’avais hoché la tête avec enthousiasme et déclarai à la draconienne que nous accepterions son offre. Le visage de la dragonne s’éclaira d’un sourire éclatant en réponse.

« Oui, oui, oui ! Je savais que vous comprendriez ! Alors, on a un accord ! » déclara la dragonne.

Alors que je lui tendais l’autre bento, la draconienne l’avait pris contre ses seins amples comme si c’était un cadeau d’un amant, puis lui donna un tendre baiser. Immédiatement après, elle avait démontré son appétit qui était loin de celui d’une dame en le dévorant, et j’avais de nouveau été surpris par l’extrême différence avec son apparence.

J’admirais l’intensité du repas d’un dragon quand j’avais entendu Marie marmonner quelque chose pour elle-même.

« Dragon... Sang de dragon... Du sang de dragon... pour un bento..., » murmura Marie.

Elle regardait la pierre qu’elle avait reçue avec une expression sans émotion.

Ouais, elle a sa propre intensité bizarre, m’étais-je dit.

Notre mission était donc terminée, même si je n’avais aucune idée que nous allions recevoir comme cadeau, du sang de dragon et une écaille de dragon au lieu de courir pour sauver nos vies.

 

***

 

« Enfant de l’homme, vous êtes le bienvenu. Et la prochaine fois, vous apporterez plus de ce “bento”. Trois... non, quatre exemplaires, » m’avait dit l’arkdragon quand les grilles de fer avaient été ouvertes. Ses yeux étaient pleins d’intelligence, malgré ses commentaires plutôt stupides... mais j’avais décidé de ne pas trop m’attarder là-dessus.

« Alors je vous reverrai. Merci pour votre hospitalité, » déclarai-je.

J’avais fait signe, et notre rencontre avec le dragon avait pris fin. Mais en laissant les ruines, j’avais remarqué que Marie titubait au hasard.

« Qu’est-ce qu’il y a ? As-tu faim ? Accroche-toi à ma main, j’ai peur que tu ne te blesses, » déclarai-je.

« Oui, merci..., » déclara Marie.

Elle m’avait pris la main sans hésitation. C’était comme si nous étions des amants, et je n’avais pas pu m’empêcher d’en être heureux. Je me disais que c’était un peu dommage que nous soyons de la même hauteur dans ce monde, contrairement au Japon, où Marie me parlait en levant un peu les yeux.

« On dit que le sang de dragon peut guérir n’importe quelle maladie... Ceci et l’écaille sont si précieux que je ne sais pas quoi faire..., » déclara Marie.

« Je-Je vois... Alors peut-être que tu devrais le vendre quelque part ou le partager avec une personne malade, » déclarai-je.

« ... C’est ça le problème, » Marie secoua la tête. « Ils valent tous les deux une fortune, mais les gens vont certainement soulever des questions sur la façon dont je les ai acquis. Il serait impossible de garder le secret. Voilà à quel point ils sont précieux. »

Elle semblait incroyablement troublée pour quelqu’un qui venait d’obtenir des objets d’une telle valeur. J’avais trouvé cela étrange et j’avais admiré les ruines dans l’obscurité. Alors la réponse m’avait frappé.

« Oh, je comprends... Alors les gens découvriront l’endroit où dort le magi drake, » déclarai-je.

Marie hocha la tête.

J’avais entendu dire que les magi drakes n’apparaissent qu’une fois tous les 1000 ans, quand il était temps de pondre leurs œufs. Quelqu’un de puissant pourrait y voir une occasion d’attaquer. Mais c’était l’arkdragon légendaire dont nous parlions, tous ceux qui la défiaient ne rentreraient pas indemnes chez eux. Mais serait-elle capable de se battre et de protéger ses œufs en même temps... ?

« Ah, donc c’est ça. Je comprends enfin pourquoi cet endroit a été réduit en ruines, » déclarai-je.

« Hm... ? » demanda Marie.

J’avais dû piquer sa curiosité, car ses yeux se tournaient vers moi.

« Une fois tous les 1000 ans, l’arkdragon pond ses œufs. Les résidents de ces ruines ont dû essayer de mettre la main dessus, » déclarai-je.

« Alors le dragon persistant les a poursuivis jusqu’à leur ville souterraine, les habitants se sont enfuis, et elle y est restée depuis... Il serait normalement étrange d’y penser, mais étant donné que la ville a été anéantie il y a 1 000 ans, tout s’aligne, » déclara Marie.

Quelque chose que j’avais dit avait dû l’aider à se décider sur les cadeaux du dragon, parce qu’elle semblait soudain retrouver son comportement habituel. Je l’avais regardée dans la confusion alors qu’elle déverrouillait mon sac et mettait les objets à l’intérieur.

« Alors, c’est réglé. Nous déciderons quoi faire de cet objet une fois que les bébés auront grandi et quitté leur nid. Et c’est à tous les coups plus sûrs pour toi de les garder, » déclara-t-elle.

« Quoi ? J’espère ne pas les perdre..., » déclarai-je.

Marie avait gloussé, puis m’avait serré dans ses bras. Par rapport à l’époque où nous étions au Japon, cependant, ses seins se pressaient contre moi à une position beaucoup plus élevée.

« Si ça arrive, cela arrivera, c’est tout. Ne t’inquiète pas, je ne t’en voudrais pas. Un jour, on pourrait se vanter dans un pub et dire : “On a déjà rencontré le légendaire arkdragon”, » déclara Marie.

« Hmm, mais tout ce qu’on a fait c’est la regarder manger du katsudon... On pourrait au moins se vanter auprès des enfants, » déclarai-je.

Son visage souriant s’était figé avec mon commentaire, puis son visage était devenu rouge. Je ne savais pas pourquoi elle réagissait ainsi, mais je la trouvais très séduisante.

Le temps que nous sortions dehors, dans les bras l’un de l’autre, le soleil commençait déjà à se coucher. Puis nos estomacs avaient grogné de façon audible, et j’avais réalisé que nous n’avions rien mangé de toute la journée.

« Pourquoi n’irions-nous pas à Sissle ? Ils sont bien connus pour leurs repas légers. À tel point que tu pourrais, manger autant que tu le veux et ne jamais être rassasié, » déclara Marie.

« Ouais, ça pourrait être sympa de temps en temps. Oh, et si on se logeait pour la nuit ? Je vais retourner au Japon, mais n’as-tu pas à t’inquiéter de l’endroit où dormir ? » demandai-je.

J’avais regardé son visage pendant que nous marchions vers la ville. Il y avait quelque chose que je ne pouvais pas lui demander la nuit précédente...

Sera-ce un au revoir ?

Je lui avais parlé avec désinvolture, mais je me sentais en fait assez nerveux. Mais les oreilles de la jeune elfe se redressèrent en riant joyeusement.

« Non, je n’ai pas non plus besoin de m’inquiéter pour ça. Je vais dans ton pays avec toi, après tout. Et comme tu l’as promis au début, je te demanderai de m’apprendre ta langue. Je veux dire le japonais, bien sûr, » déclara Marie.

J’avais été pris par surprise, mais une partie de moi s’y attendait aussi. J’avais le sentiment que nous allions passer beaucoup plus de temps ensemble. Par exemple, je rentrais du travail et une adorable elfe m’attendait pour faire du bento. Ensuite, on partirait ensemble dans un autre monde. Ne serait-ce pas une vie merveilleuse ?

Un sourire s’était répandu sur mon visage alors que nous marchions vers Sissle, mais Marie avait une expression de perplexité pendant qu’elle me bombardait de questions. Avant même de nous en rendre compte (peut-être parce que mes pas semblaient si légers), nous étions arrivés à destination beaucoup plus tôt que prévu.

***

Chapitre de la Pierre Magique

Prologue 2

Une nuit...

Un enfant de la tribu Neko était retourné dans sa maison souterraine. Il faisait trop sombre pour voir la lune, mais pour une demi-bête comme lui, c’était peut-être aussi bien que le milieu de la journée. Bien sûr, un oiseau était pendu à sa taille. Ses plumes avaient bien sûr été arrachées dès qu’il l’avait attrapé.

La tribu Neko était incroyablement faible en tant qu’espèce. Ils n’avaient aucune chance contre les monstres, et ils évitaient absolument les humains. C’est pourquoi ils agissaient dans des zones éloignées de leur maison avant de retourner finalement dans leur grotte cachée. Si un prédateur découvrait leur maison, cela aurait certainement de graves conséquences.

« Oh, tu es de retour. C’est un bel oiseau que tu as là. »

Alors que le garçon entrait dans la grotte et arrivait dans le hall, son grand-père l’avait salué avec un sourire. L’enfant avait ri joyeusement quand son grand-père le louait et lui tapota la tête.

Leurs structures squelettiques étaient trop semblables à celles des humains pour les décrire comme des chats bipèdes, et ils étaient trop animaux pour les décrire comme des humains à fourrure. La souplesse était cruciale lorsqu’il s’agissait de chasser, de sorte que même un adulte avait à peu près la taille d’un enfant humain.

Ils miaulèrent en se frottant le visage l’un contre l’autre et échangèrent des odeurs, puis commencèrent à se préparer pour le dîner. Ils chérissaient leur vie paisible et sans histoire, pour laquelle ils s’étaient toujours battus.

Mais cette nuit-là, leur vie allait s’écrouler autour d’eux...

 

***

Alors qu’ils étaient assis dans la lueur des lanternes endommagées après leur repas, le grand-père avait sorti une pierre de son sac. Cet objet était la chose la plus merveilleuse qu’il ait jamais vue. La roche scintillait de couleurs fascinantes lorsque la lumière se reflétait sur elle, et l’enfant en était devenu émerveillé.

Il avait aussi bu du vin pour la première fois en six mois, donc son humeur était particulièrement bonne ce soir-là.

« Et si je te parlais du bon vieux temps avant d’aller au lit ? C’est notre histoire qui s’est transmise de génération en génération, » déclara le grand-père.

L’enfant avait encore la bouche pleine de viande d’oiseau lorsqu’il regardait la main tendue de l’aîné, et ses yeux brillaient en voyant le grand objet placé là. Elle n’était pas très bien taillée pour une gemme, mais, selon l’angle, on pouvait voir à travers. C’était quelque chose de très ancien, comme le disait son grand-père, et il ne pouvait s’empêcher d’y toucher avec sa petite patte griffée. Puis, l’endroit qu’il touchait brilla faiblement. Voyant cela, l’humeur de son grand-père s’était encore améliorée et l’homme âgé avait ri avec un visage plein de rides.

« Ohohoho, on dirait que le rocher t’aime bien. Oui, notre peuple a déjà manipulé ce qu’on appelle une pierre magique au Pic d’Ujah. C’était il y a des centaines d’années, » déclara l’aîné.

« Pierre magique... Il y a des centaines d’années... ? »

L’enfant avait détecté un soupçon d’amertume dans la voix de son grand-père et leva les yeux. Avant de poursuivre l’histoire, le grand-père avait déplacé la pierre magique avec une patte poilue pour changer son angle. Des lumières d’un blanc bleuté étaient éparpillées tout autour de la grotte, comme des étoiles dans un ciel nocturne. La vue incroyable avait fait gonfler la fourrure sur le corps de l’enfant. Et alors qu’il regardait avec étonnement, sa queue gonflée s’était finalement affaissée.

« Cette pierre magique est particulièrement spéciale. Et, malheureusement, c’est aussi celui-là même qui a conduit à la disparition de notre village..., » déclara le grand-père.

L’enfant s’approcha de son grand-père en entendant les paroles inquiétantes, comme il le faisait toujours quand il avait peur. Son petit cœur semblait enfin se calmer après s’être fait tapoter la tête.

« La légende dit qu’un monstre s’est réveillé parce qu’on l’a découvert. Nos ancêtres ont été dispersés, chassés de leurs maisons, et les humains ont cherché à prendre les quelques pierres magiques qui leur restaient, » déclara le grand-père.

La raison pour laquelle la catastrophe s’était produite était encore inconnue. Cependant, il avait été dit que les ancêtres avaient découvert les pierres magiques profondément sous terre et les avaient ramenées chez eux. Heureusement, le monstre n’avait pas voulu les poursuivre une fois qu’ils avaient quitté le Pic d’Ujah. Depuis lors, la tribu Neko avait vécu loin de la terre qui était autrefois leur domicile, passant leurs journées comme s’ils fuyaient encore quelque chose.

L’enfant n’arrêtait pas de penser au conte populaire, même couché dans son lit. Sa chambre, faite d’herbe et de fourrure étroitement liées l’une à l’autre, s’était réchauffée dès qu’il s’était recroquevillé, mais l’histoire qu’il venait d’entendre était en boucle dans sa tête.

Pourquoi son grand-père gardait-il encore cette pierre magique ? Et c’était quoi exactement ?

Cela dégageait un éclat plein de vie, et débordait d’énergie quand il le touchait. Le désir d’y toucher à nouveau, ainsi que l’horrible image du monstre l’empêchait de s’endormir.

 

***

Ses ancêtres avaient en effet connu un sort terrible... Mais le même sort les attendait aussi. Les survivants de la tribu Neko avaient tendance à être pris pour cible. Leur rareté et leur timidité les rendaient précieux pour le commerce, et certains d’entre eux étaient aptes à raffiner des catalyseurs magiques.

Cet enfant était tout à fait adapté.

La grotte avait immédiatement été engloutie par les flammes. Des bandits avaient traqué pour trouver leur refuge et tendu un piège. Les membres de la tribu Neko avaient été chassés par la fumée et facilement capturés. La pierre magique, transmise de génération en génération, tomba entre les mains des bandits, et le grand-père âgé fut rapidement éliminé.

Cela avait pris dix minutes. On n’avait même pas le temps de verser une larme.

L’enfant avait été enchaîné, représentatif du destin même de la tribu...

***

Épisode 1 : C’est Gyoza, Mademoiselle l’Elfe

Partie 1

J’avais entendu dire que pour les anglophones, la langue japonaise était l’une des langues les plus difficiles à apprendre. Il y avait même eu des efforts de la part des Japonais pour simplifier la langue au fil du temps, ce qui voulait dire qu’elle était encore plus difficile à l’époque.

En tout cas, la vue dans ma chambre était devenue très intéressante. Et par ma chambre, j’entendais mon appartement 1DK à Koto Ward, Tokyo, où une elfe d’un monde fantastique était assise sur mon lit.

Ses longs cheveux blancs étaient toujours soyeux et humides, même sans appliquer d’huile. Pourtant, elle n’avait presque rien fait pour s’en occuper, ce qui m’avait fait me demander si les humains et les elfes différaient jusqu’à leurs cheveux.

Ses yeux étaient pleins d’intelligence, d’une couleur pourpre pâle comme deux améthystes. Quiconque la voyait se réveiller serait sûrement ravi, comme si une fleur colorée s’épanouissait au moment où elle se réveillait.

« A-I-U-E-O... »

Mais à ce moment-là, il semblait qu’une partie de son charme avait disparu. Ses cheveux étaient un peu effilochés et les vêtements minces qu’elle portait à l’intérieur étaient plissés de partout. Elle écrivait dans son cahier en écoutant les sons provenant de la télévision. Apparemment, c’était sa façon d’étudier le japonais en apprenant la prononciation et les lettres en même temps.

J’avais regardé sa méthode d’étude agressive en rentrant du travail, et j’avais desserré la cravate de mon costume.

« Je suis rentré à la maison. J’ai du bœuf haché en solde, alors je vais faire du gyoza. Tu veux de l’alcool, Marie ? » demandai-je.

« Gyo, za ? Hmm, je ne suis pas sûre. En fait, je me soûle assez facilement. Je vais prendre quelque chose de facile à boire, si ça ne te dérange pas que je dise des choses absurdes, » déclara Marie.

J’avais déjà le sentiment qu’elle serait un poids plume...

Aujourd’hui, c’était vendredi, ma soirée préférée de la semaine, alors je me sentais plutôt bien. J’avais mis les ingrédients que j’avais achetés dans le réfrigérateur, en organisant le compartiment à légumes en pensant à la demande de Marie.

Quelque chose de facile à boire, hein...

Je pensais que le vin serait mon meilleur choix comme alcool auquel une elfe d’un autre monde serait habituée. Le vin blanc devrait aussi aller bien avec le gyoza, et je pourrais même sortir un peu de fromage.

En la regardant, elle avait l’air d’être une fille mineure, mais belle. Mais c’était une elfe de plus de cent ans, ce qui la rendait bien au-delà de l’âge légal pour boire... ou du moins je le pensais.

Ouais, probablement...

Il n’y avait pas de lois spéciales qui ne s’appliquaient qu’aux elfes, il n’y avait donc pas lieu de s’en faire.

Comme ces pensées me traversaient l’esprit, l’elfe en question me parlait.

« Kazuhiho, je suis Mariabelle. »

J’avais été surpris par son Japonais instable. J’avais failli faire tomber mon paquet de bœuf haché, mais je l’avais attrapé en plein vol. Voyant cela, l’elfe avait fait un sourire satisfait.

« N’as-tu pas commencé à étudier il y a deux jours ? As-tu déjà commencé à apprendre à faire des phrases complètes ? » demandai-je.

« Non, j’ai juste appris en premier des répliques qui pourraient être utiles. Ma méthode est d’apprendre d’abord une phrase, puis de développer le langage à partir de là, » déclara Marie.

Le sourire heureux de la jeune fille s’était élargi au fur et à mesure que ma surprise grandissait. Son sourire était plus beau que celui que j’avais vu lorsque je l’avais rencontrée pour la première fois, et il ressemblait à une épée qui me transperçait le cœur quand il m’avait surpris. Elle n’avait probablement même pas réalisé à quel point son sourire pouvait être puissant.

« Développe-le à partir de là, hein ? Je crois que je vois où tu veux en venir. Quand j’apprends le langage d’une autre espèce, je commence par trouver un point de départ. Ensuite, j’ai en quelque sorte étendu mes connaissances à l’extérieur et j’ai rempli les blancs à partir de là, » déclarai-je.

J’avais versé du vin blanc dans mon verre pour goûter, puis j’étais allé dans ma chambre. La seule chose qui la séparait de la cuisine était une armoire basse, alors Marie m’avait tout de suite remarqué et avait levé les yeux.

« Oh, tes vêtements sont si jolis et gentleman. Puis-je les sentir ? » demanda Marie.

« Quoi ? Tu veux dire mon costume ? J’allais te faire sentir le vin... Tu sembles avoir un peu un fétichisme des odeurs, n’est-ce pas, Marie ? » demandai-je.

« Comme c’est grossier. Il n’y a rien d’étrange à sentir des choses que tu ne connais pas. Maintenant, viens ici pour que je puisse te sentir, » déclara Marie.

Cela ressemblait vraiment beaucoup à un fétichisme des odeurs selon moi... mais je ne l’avais pas dit à voix haute. Je m’étais déplacé vers elle sans autre protestation, puis elle m’avait attrapé par le tissu autour de mon ventre et avait commencé à me renifler.

Hmm, se faire sentir par une jolie fille me semble étrange...

Elle avait enfoui son nez dans ma chemise et je sentais l’air qu’elle respirait et expirait. Cela me chatouillait, mais étrangement, la voir rétrécir ses yeux de manière heureuse ne me faisait pas me sentir mal du tout.

« Merci, je suis satisfaite maintenant. Et... C’est vrai, le verre a l’air d’aller aussi. On dirait qu’il n’y a pas non plus d’additifs, » déclara Marie.

« Oh, tu veux dire les trucs qu’ils ont mis pour cacher l’odeur ? Je ne les supporte pas non plus. Je préfère boire de l’eau plutôt que de payer pour ça, » répondis-je.

Marie acquiesça d’un signe de tête, puis s’était assise sur le lit. Ensemble, nous avons choisi le pyjama ayant la couleur des cerisiers qu’elle portait, et elle aimait beaucoup le tissu qui n’irritait pas sa peau. Elle avait passé beaucoup de temps à traîner dans l’appartement depuis.

J’avais regardé dans le cahier sur le lit, et il contenait diverses notes écrites à l’intérieur, comme l’alphabet et le salut qu’elle m’avait dit plus tôt. Il semblait qu’elle voulait d’abord apprendre toutes les bases. J’avais feuilleté les pages et prononcé quelques mots que j’avais déjà entendus quelque part.

« On dit qu’il faut plus de 2 000 heures pour apprendre une langue radicalement différente de celles que tu connais. Ce qui signifie que même si tu parles dix heures par jour, cela prendrait plus de 200 jours pour apprendre une langue, » déclarai-je.

« Hmm. Alors je suppose que ça veut dire que ça me prendrait deux fois moins de temps. Peut-être encore moins si j’essaie vraiment. Je vais donc me fixer comme objectif de pouvoir tenir une conversation dans un délai de deux mois, » déclara Marie.

J’avais été surpris par sa confiance, puis j’avais réalisé d’où elle venait. Elle m’avait pour parler japonais, et tant que nous allions ensemble dans le monde du rêve, elle pouvait étudier pendant qu’elle dormait. Ajoutez son intelligence au mélange, et c’était tout à fait plausible.

Mais en même temps, il y avait une question qui me venait à l’esprit...

« Je me demandais pourquoi tu veux apprendre le japonais. Il ne te sera d’aucune utilité dans ton monde, et ce n’est pas comme s’il te faisait obtenir une reconnaissance de la part de la Guilde des sorciers, » déclarai-je.

« Parce que je pense que ce pays est merveilleux. C’est un peu bruyant, mais j’aime le paysage magnifique, la tranquillité, la nourriture délicieuse et le confort que l’on y trouve. Pour quelle autre raison aurais-je besoin d’apprendre la langue maternelle ici ? » demanda Marie.

J’étais content de voir qu’elle semblait vraiment aimer le Japon. Et si elle apprenait vraiment la langue, nous pourrions aller au cinéma ou jouer ensemble. Ça avait l’air très amusant, alors j’avais décidé de faire ce que je pouvais pour l’aider.

Mais quand j’avais commencé à me diriger vers la cuisine, je m’étais figé. Je venais de réaliser que ses paroles signifiaient qu’elle vivrait avec moi pendant au moins deux mois. J’avais du mal à contenir la joie enfantine qui se répandait en moi. Cela avait dû se voir sur mon visage, parce qu’elle me regardait droit dans les yeux... mais il n’y avait aucun moyen que j’allais m’expliquer.

« En tout cas, tu dois être fatiguée. Pourquoi ne prends-tu pas un bain ? J’aurai un bon repas prêt pour toi quand tu sortiras, » déclarai-je.

« Hehe, merci. J’ai hâte de voir ce que tu vas faire avec la nourriture “gyotzah”, » déclara Marie.

Je voulais la corriger et lui dire que c’était du « gyoza », mais je ne pouvais rien dire quand elle m’avait sauté dessus et m’avait serré dans ses bras en les plaçant autour de la taille.

C’est une adorable elfe... !

Bien que dans environ 45 minutes, cette beauté elfique serait en train de crier, « Délicieux ! »

 

***

Pendant que je préparais des bentos pour notre aventure, Marie s’appuyait sur le dossier d’une chaise avec la moitié de ses fesses placées sur le siège. Elle avait toujours un esprit intellectuel en elle, mais elle semblait un peu au-dessus des nuages grâce à la combinaison d’une nourriture savoureuse et de vin blanc. Elle s’était assise là avec un regard rêveur bien visible sur son visage, puis elle m’avait parlé avec des mots légèrement bafoués.

« Hehe, c’était délicieux, Kazuhiho... Je tiens à te remercier du fond du cœur..., » déclara Marie.

« Je suis content que ça corresponde à ton palais d’elfe. Ce n’est pas cher à faire, alors fais-moi savoir si tu en veux encore, » déclarai-je.

Les ingrédients ne coûtaient pas cher, mais le seul inconvénient était qu’il avait fallu un certain temps pour envelopper les garnitures avec des emballages gyoza. Mais j’étais de bonne humeur parce que c’était vendredi, et c’était amusant de voir sa réaction, donc ça ne me dérangeait pas le travail supplémentaire.

« Whaaaa, c’était inespéré !? Je ne comprends pas la nourriture de ce pays... Mais c’est bon, j’en suis très contente, » déclara Marie.

Elle se levait partiellement, mais son corps s’était de nouveau affaissé. Elle avait l’air plutôt satisfaite d’après son visage. Je pouvais voir son nombril sortir de son pyjama ébouriffé, mais j’avais décidé de ne rien lui dire parce qu’elle venait de me faire un compliment.

La façon tordue dont elle parlait à cause des effets de l’alcool était en fait assez mignonne, et cela m’avait donné envie d’ajouter d’autres boissons à notre menu du dîner à partir de maintenant.

Tandis que je réfléchissais à cette pensée, la jeune fille tourna les yeux vers moi en posant sa tête sur le dossier de la chaise.

« Kazuhihooo... Est-ce vrai que tu es de niveau 72 ? » demanda Marie.

« Ouais, c’est toujours la même chose que quand je te l’ai dit avant. Je ne t’ai jamais demandé ça, mais à quel niveau es-tu, Marie ? » demandai-je.

« ... Vingt sept... Écoute, je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées. C’est juste très difficile de monter en niveau tout en apprenant à la fois la Magie de l’Esprit et la Sorcellerie. Cela fait de moi une classe connue sous le nom de Sorcière Spirituelle, qui ne peut être atteinte que par quelques privilégiés. J’ai même entendu dire que mon prédécesseur était déjà décédé il y a longtemps, » déclara Marie.

Quelque chose que j’avais dit avait dû la déranger, parce que ses sourcils étaient plissés. Elle parlait assez vite maintenant, mais j’avais presque cru qu’elle cherchait des excuses.

« Une sorcière spirituelle, hein. Ça a l’air impressionnant. Je peux t’emmener dans un endroit de chasse recommandé, si tu veux. Avec tes compétences, je pense que tu pourrais gagner au moins cinq niveaux dans la première journée, » déclarai-je.

Je lui avais fait cette suggestion, mais elle n’avait pas répondu pendant un moment. En attendant sa réponse, j’avais emballé les restes du dîner dans des boîtes à bento et je les avais laissés refroidir. J’avais commencé à faire la vaisselle et j’avais fini par voir l’elfe se lever du coin de l’œil.

« ... Il m’a fallu soixante-dix ans pour atteindre ce niveau. Même si c’est toi, je serais en colère si tu dis ça pour m’embêter, » déclara Marie.

« Mais j’ai juste besoin d’attirer des mobs et de te laisser les finir, non ? J’ai pensé que ce serait facile si on commençait avec des monstres autour du niveau 40, » déclarai-je.

Je pensais que ce serait une tâche simple, mais j’avais peut-être tort. Je m’étais tourné vers l’elfe et j’avais incliné la tête de manière interrogative, et je l’avais trouvée me regardant avec des yeux légèrement écarquillés.

 

***

Marie se glissa joyeusement sous les couvertures de mon lit, faiblement éclairée par la lumière du jour, et j’entrai dans le lit après elle. J’avais compris de quoi ça aurait l’air pour un étranger, mais nous devions le faire pour aller dans l’autre monde.

Aujourd’hui, j’avais le devoir supplémentaire de l’aider à augmenter en niveau. Si je n’étais pas capable de le faire, je serais probablement rétrogradé à un simple dormeur qui ne pourrait pas tenir parole.

Mais... J’avoue qu’il n’était probablement pas nécessaire que je regarde ses fesses pendant qu’elle se mettait au lit. Je ne voulais pas m’excuser, mais en tant qu’homme, je n’avais pas le choix. Ouais, c’était ça.

« Je vais juste mettre le bento ici... Hmm, mais cela peut un peu sentir parce que c’est du gyoza, » déclarai-je.

« Il n’y a pas de raison de s’inquiéter. On ne pensera qu’à sa délicatesse quand on la mangera. Bien que ce soit dommage, il ne sera pas aussi croustillant qu’il l’était lorsqu’il était fraîchement cuit, » déclara Marie.

« C’est dommage, mais rien ne vaut la nourriture fraîchement cuite. J’ai fait du riz frit, qui est encore bon quand il est froid, donc tu pourras goûter à ça, » déclarai-je.

La fille avait souri dans l’obscurité. Elle devait vraiment avoir hâte au bento, parce qu’elle avait mis son bras autour de mon cou et s’était approchée de moi. Je l’avais aussi rapprochée, et on s’était écoutés mutuellement.

C’était peut-être le corps chaud à côté de moi, mais je m’étais endormi beaucoup plus vite dernièrement. Je me demandais si je serais encore capable de dormir comme ça quand elle ne sera plus là... mais c’était probablement la partie lâche de mon discours.

Je pouvais entendre son cœur battre doucement et sentir ses bras et ses jambes minces s’entrelacer avec les miens sous la couverture. Mes paupières devinrent plus lourdes grâce au confort de son étreinte chaleureuse.

Zzzzz...

Comme si je sombrais dans l’eau, ma conscience était vite tombée dans un rêve. Toujours en nous enlaçant, nous avions voyagé au plus profond du monde des rêves... ou plutôt, dans un autre monde. Tout en espérant une autre journée pleine d’amusement et de joie...

***

Partie 2

*Pi, Pi, Pi, Pi.*

J’avais ouvert les yeux d’un air grognon, et j’avais alors trouvé un petit oiseau qui sautillait dans un champ d’herbe comme s’il s’agissait d’une petite promenade. C’était un oiseau connu sous le nom de lupul, et son régime principal était constitué d’insectes trouvés dans les arbres. Ils n’étaient pas si rares, mais il était rare de les voir de près en raison de leur nature timide.

Comme d’habitude, j’avais pris des miettes de pain dans ma poche, puis je les avais dispersées vers le petit visiteur tout en m’allongeant. Il m’avait fait un petit pépiement en guise de remerciement, puis il avait ramassé une miette avec son bec et il s’était envolé.

C’était peut-être parce que nous avions bu tant de verres hier soir, mais à en juger par l’angle du soleil, il semblait que la matinée était sur le point de se terminer.

« Quel oiseau mignon... ! N’étais-tu pas aussi en train de nourrir un oiseau, Kazuhiho ? » demanda Marie.

J’avais entendu un murmure à l’oreille, alors je m’étais frotté mes yeux endormis et m’étais tourné vers la source. Là, j’avais vu une paire de lèvres s’ouvrir et bâiller d’une manière mignonne. Elle était de petite taille, mais ses lèvres étaient vibrantes et attrayantes comme une fleur, et les regarder me réchauffait les joues.

C’est vrai, on se réveille de la même façon qu’on s’endort...

J’avais besoin de rester sur mes gardes ou mon cœur sauterait un battement en raison de la surprise. La vue d’une elfe le matin était si belle que cela m’avait pleinement réveillé.

J’avais pris discrètement une grande respiration, puis je lui avais répondu.

« J’ai tendance à les nourrir chaque fois que je les vois à proximité. Mais bon, bonjour, Marie. As-tu bien dormi ? » demandai-je.

« Oui, bien sûr. Hehe, bien que nous nous soyons juste endormis de l’autre côté, » déclara Marie.

J’avais enlevé la couverture toute neuve, puis j’avais pris sa main pour qu’elle se lève en même temps que moi. J’avais regardé autour de moi pour trouver les champs d’herbe qui s’étendaient tout autour de nous, et il y avait une ferme au loin. Il devait y avoir un village tout près.

« Oh, ouais, on a décidé de dormir ici quand il a fait nuit. J’ai l’impression de prendre l’habitude de camper après tout le temps que je passe avec toi..., » déclara Marie.

« Et dire que tu te moquais de moi pour ça. Tiens, Marie, ta boisson et ton bento, » déclarai-je.

Elle m’avait remercié en les prenant, et nous avions chacun mis nos repas dans nos sacs. Nous avions répété le processus plusieurs fois maintenant, alors il semblait que nous nous étions habitués à la routine.

Avec nos bagages bien emballés, j’avais sorti une carte un peu simple et je l’avais étalée devant nous. C’était un produit bon marché qu’on pouvait acheter n’importe où. Alors ça ne me dérangeait pas si elle était un peu imprécise.

« L’endroit de chasse dont j’ai parlé tout à l’heure est par ici. Ce sont les ruines qui sont à deux pays d’ici, le Pic d’Ujah, » déclarai-je.

« Ne me dis pas que tu veux qu’on y aille à pied ? Cela prendrait au moins une semaine, même en calèche, » déclara Marie.

« Non, je vais utiliser une technique de déplacement. Comme tu le sais, je voyage tout le temps, je suis plutôt doué pour ces choses-là, » déclarai-je.

En termes simples, mes capacités à me déplacer pouvaient être divisées en « mouvement à longue portée » et « mouvement à courte portée ». Le mouvement à longue distance me permettait de voyager une fois par jour en chantant le nom du dieu du voyage jusqu’à son monument. Ensuite, le temps qu’il fallait pour se rendre à destination changeait en fonction de la distance à parcourir. Le mouvement à courte portée permettait traditionnellement de se déplacer jusqu’à un point dans son champ de vision, mais je l’avais fortement modifié pour l’adapter à mes besoins, de sorte qu’il ne serait pas très utile cette fois-ci.

« Hein, tu as mis à niveau un ensemble inhabituel de compétences, » déclara Marie. « La plupart des gens choisiraient d’entraîner des compétences plus adaptées au combat. Je suppose que les individus qui passent tout leur temps à voyager ont tendance à être étranges d’une certaine façon. »

« Mais je pense que les capacités de mobilité sont assez fortes. Il semble avoir une mauvaise réputation parce qu’elles sont surtout acquises par les marchands ambulants. Les capacités de mouvement sont limitées par le poids, mais ça devrait aller parce que tu es si légère, » déclarai-je.

J’avais caressé le bracelet sur mon poignet, et un écran de statut était apparu devant moi. C’était probablement à cause de ces effets de jeu que je ne pensais pas que ce monde pouvait être un monde qui existait vraiment quelque part. Les habitants d’ici y étaient habitués, mais j’avais l’impression que le monde entier était géré par une entité. Je ne l’avais pas remis en question, car je ne pouvais pas faire grand-chose pour en savoir plus, mais j’aimerais bien résoudre le mystère un jour.

Mon objectif pour la journée était d’aider l’elfe à monter de niveau. Avec cette pensée, j’avais tendu la main à Marie, qui était toute prête à partir.

« D’accord. Allons-y, Marie. Accroche-toi bien, » déclarai-je.

« Oui, je suis prête. Mais je dois dire que je suis surprise que tu puisses couvrir la distance de deux pays. Tu pourrais probablement utiliser tes compétences pour gagner autant d’argent si tu le veux, » déclara Marie.

« C’est bon, je préfère ne pas travailler dans mes rêves. OK, c’est parti... Trayn, le guide du voyage, » déclarai-je.

Au moment où j’avais activé la compétence, le paysage s’était estompé en une image vague. Les champs d’herbe s’étaient déformés et étaient devenus translucides, et le sol sous nous avait disparu.

« Kyaaaa ! » cria Marie.

J’avais entendu le cri aigu de Marie, et nous étions tombés d’un coup dans un monde souterrain...

Le monde s’était assombri autour de nous. Je me tenais debout, tenant Marie de côté dans mes bras, et j’avais fini par atterrir sur un sol solide. La descente soudaine avait dû l’effrayer, car je la sentais trembler alors qu’elle s’agrippait à moi. Je lui avais doucement tapoté l’épaule pour lui faire savoir que tout allait bien maintenant.

Elle avait timidement levé la tête, et je soupçonnais que notre environnement pourrait la surprendre. C’était presque comme une grotte géante, mais nous étions enveloppés dans l’obscurité totale, à l’exception des quelques trous d’où l’on pouvait voir la végétation.

Alors que je levais les yeux vers l’éclat du ciel bleu qui était encore visible, notre environnement s’était lentement mis à s’accélérer. La lumière devant nous s’était dissipée derrière nous, et Marie l’avait suivie de ses yeux.

Voooooooom...

La sensation de voyager dans l’obscurité totale à des vitesses extrêmes ressemblait un peu à celle d’un train dans le métro. Mais voyant comment les cheveux de Marie s’étaient à peine déplacés, il semblait que le vent et l’accélération étaient assez doux. Elle semblait enfin s’y habituer en relâchant la force de ses doigts qui m’agrippaient.

 

 

« Wôw... Incroyable... Il fait nuit noire, mais c’est comme si on se déplaçait vers une autre ville à toute vitesse. Les commerçants voient-ils ce paysage tout le temps ? » demanda Marie.

« Je suis sûr que certains d’entre eux le font. Il faut beaucoup de temps pour apprendre cette compétence, alors il faudrait probablement qu’ils décident de devenir un commerçant itinérant à un jeune âge, » répliquai-je.

Pendant que je parlais, j’avais mis la fleur que j’avais cueillie plus tôt dans la poche intérieure de ma chemise. Il était de coutume d’offrir une fleur cueillie au cours d’un voyage en arrivant au monument, et j’avais secrètement trouvé cette pratique agréable.

Comme je l’avais mentionné, ceux qui avaient décidé de devenir un commerçant itinérant à un jeune âge étaient très susceptibles d’apprendre cette compétence. Mais il y en avait beaucoup qui n’aimaient pas voyager en raison de sa nature épuisante. Par conséquent, seuls quelques-uns d’entre eux avaient réellement mis cette capacité en pratique.

Marie semblait à l’écart de ce spectacle inhabituel, puis elle avait finalement semblé se rendre compte qu’elle était tenue latéralement. Elle avait chuchoté qu’elle allait bien maintenant, alors je l’avais finalement descendue sur le sol noir.

« Reste près de moi, au cas où. Il semble que nous soyons bons quant à la limite de poids, mais je ne sais pas ce qui arriverait si tu t’éloignais trop de moi. D’habitude, je voyage seul, après tout, » déclarai-je.

L’elfe hocha la tête.

Il y avait de l’obscurité tout autour de nous alors que nous dérivions à grande vitesse. La lumière s’infiltrait parfois de l’extérieur, mais elle dérivait tout de suite derrière nous avec un vooom !

La jeune fille semblait déjà habituée à la vue, et sa robe vacilla en se retournant.

« Je n’aurais jamais pensé que le mouvement sur de longues distances était si utile. Combien de temps nous faudra-t-il pour passer de l’autre côté ? » demanda Marie.

« Hmm... Avec cette distance, je dirais une vingtaine de minutes. Cela varie beaucoup, et j’ai entendu dire qu’il y a des gens qui ont passé environ un an ici, » déclarai-je.

Elle semblait un peu effrayée par mon commentaire. Les dieux avaient tendance à être inconstants, il n’y avait donc pas grand-chose que vous puissiez faire à ce sujet. Mais l’expression aux yeux ronds sur son visage était plutôt hilarante, et j’avais dû me couvrir la bouche pour cacher mon rire.

« Il n’y a pas de quoi rire... Bien que je suppose que nous sommes un cas spécial. S’il se passe quelque chose, nous pourrions tout simplement retourner au Japon. Il y a ce phénomène qui change aussi notre lieu de réveil si nécessaire, » déclara Marie.

« Exactement. Peux-tu me montrer ton écran d’état, Marie ? Je veux être efficace avec ta montée de niveau, » déclarai-je.

« Je suppose que je peux, mais promets-moi de n’en parler à personne. Tu ne le sais peut-être pas, mais j’ai beaucoup de rivaux avec qui je suis obligé de traiter, » déclara Marie.

La Guilde des Sorciers avait apparemment un système de classement basé sur les niveaux. Avec la précieuse classe de Marie, la Sorcière Spirituelle, elle était sûre d’obtenir beaucoup d’attention négative de la part de ceux qui l’entouraient. Ils avaient dû se baser sur des niveaux parce qu’ils ne pouvaient pas la battre en importance ou en capacités. C’était aussi la raison pour laquelle elle me disait toujours à quel point elle était occupée. Mais la guilde des sorciers avait l’air plutôt crasseuse et effrayante. Cela m’avait fait plaisir d’éviter les règlements en général, et j’avais soupiré mentalement de soulagement.

Marie avait caressé le bijou autour de son poignet, et un moniteur bleu-blanc était apparu dans l’obscurité. Elle navigua alors dans les contrôles pour m’accorder des permissions de visualisation. La lumière floue s’était finalement transformée en lettres, ce qui m’avait permis de lire les capacités de Mariabelle.

« Kazuhiho, j’aimerais aussi voir tes capacités, si ça ne te dérange pas. Je n’ai jamais vu quelqu’un de niveau 72, donc je suis très curieuse. Et, à propos de la formation d’un groupe..., » déclara Marie.

« Bien sûr que ça ne me dérange pas. Oh, mais nous n’avons pas besoin de former un groupe. Mon gain d’expérience a été beaucoup plus efficace lorsque j’étais seul, » répondis-je.

« Mais ne va-t-on pas se battre ensemble ? Je ne pourrais pas le faire toute seule, et nous ne pourrions même pas discuter par le biais d’un lien mental sans former un groupe, » déclara Marie.

Il serait probablement plus facile de lui apprendre en lui montrant plutôt qu’en lui disant, alors j’avais mis du temps à lui répondre pour l’instant et j’avais aligné nos écrans d’état côte à côte en les comparant.

« Chanter Avancé, amélioration de la précision et amélioration de la mémoire, hein ? On dirait que tu es vraiment spécialisé dans la Magie Spirituelle et la Sorcellerie. Oh, et une fois que tu auras atteint le niveau supérieur, tu devrais apprendre cette compétence appelée “Grande Expérience”. Cela augmentera l’expérience que tu acquerras, » déclarai-je.

« Hmm ! Mais comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai beaucoup de rivaux à affronter. N’oublie pas que j’ai besoin d’augmenter mes capacités tout de suite, » répliqua Marie.

« Mais si tu en arrives à un point où tu n’en as plus besoin, tu peux simplement le réinitialiser lorsque tu passas au niveau supérieur. Je te laisse le choix, mais c’est ma recommandation, » déclarai-je.

Elle semblait encore hésitante, mais elle m’avait regardé dans les yeux pendant un moment, puis m’avait hoché la tête.

En fait, j’étais un peu excité d’aller monter de niveau avec quelqu’un. Je n’avais jamais joué à des jeux en ligne auparavant, mais j’imaginais que c’était comme ça que cela devait être. Coopérer les uns avec les autres, avoir des discussions, et perdre la notion du temps dans le jeu...

En y réfléchissant, Marie m’avait montré l’écran d’état et m’avait regardé avec une expression d’interrogation.

« Hé... qu’est-ce que cet “Épéiste Illusoire” en tant que classe ? Je n’en ai jamais entendu parler, » déclara Marie.

« Oh, vraiment ? Je suppose que c’est comme... un escroc, en quelque sorte. C’est un peu non orthodoxe, mais très amusant, » déclarai-je.

Dès que j’avais répondu, elle avait éclaté de rire. Je ne pouvais que la fixer d’un regard vide quand elle gloussait tout en se tenant le ventre.

« Hahahaha ! Qu’est-ce que c’est que cette vague description de classe ? Tu as toujours l’air si somnolent, alors j’ai pensé que ça voulait dire que tu te battais en ronflant dans ton sommeil ! » déclara Marie.

« Je suis né avec ce visage, tu sais... Mais techniquement, je suis dans mes rêves, donc je ne peux pas non plus vraiment dire que c’est faux, » répliquai-je.

J’avais joué avec elle, puis nous ne pouvions plus tenir le coup et nous avions éclaté de rire ensemble.

Maintenant, selon Marie, les classes avancées issues des Chevaliers étaient les plus populaires. Les chevaliers magiques et les chevaliers sacrés, en particulier, avaient tendance à occuper des postes importants, et il y avait d’innombrables candidats pour ces rôles chaque année. Mais la question de savoir s’ils conviendraient ou non à ces classes était tout à fait différente. Être Chevalier ne signifiait pas que l’on posséderait des terres, mais cela leur permettait d’être employés par le royaume, ce qui leur procurait une source régulière de revenus.

En raison de leur compétence dans les attaques coordonnées, ils avaient tendance à briller dans les guerres contre les monstres et les humains. Quant à moi, j’avais évité les environnements qui m’auraient enseigné ce genre de compétences, de sorte que je m’étais peut-être stabilisé de façon assez étrange selon leurs normes. Je n’avais jamais combattu quelqu’un du même niveau que moi, alors je ne savais pas à quel point j’étais fort.

Quant aux sorciers comme Marie, ils avaient toujours vécu pour percer les mystères des arts secrets anciens, et avaient souvent été engagés par le pays pour garder une longueur d’avance sur ça. En fin de compte, c’était eux aussi qui se vantaient d’avoir la puissance de feu la plus élevée pendant une guerre.

« Guerre... Quelle pensée effrayante ! J’ai déjà participè à quelques unes d’entre elles, mais maintenant que je sais que ce monde est réel, ce sera difficile pour moi de participer à nouveau, » déclarai-je.

« Je ne veux pas non plus participer à une guerre. Si jamais on me forçait à le faire, je quitterais la Guilde des sorciers, » déclara Marie.

J’avais été un peu décontenancé par cela. Quitter la Guilde des sorciers comportait de grands risques. Toute personne de haut rang était d’autant plus remarquable, et l’on s’efforcerait d’empêcher que leurs secrets ne soient divulgués à d’autres pays. Elle serait probablement capable de résoudre de tels problèmes avec de l’argent à son grade, mais...

« Oh, je suppose que tu as l’écaille du dragon si ça arrive, donc ça va aller, » déclarai-je.

« Non, ce serait du gâchis. En tout cas, qu’est-ce que c’est ? Niveau de pêche 59 ? Et tu as Linguistique qui prend l’un de tes précieux créneaux de compétences ? Tu ne prends pas ce monde très au sérieux, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

« C’est en fait l’un de mes rares hobbies... Je peux dire avec confiance que la pêche est la meilleure façon de profiter pleinement de la nature. Et les langues sont une capacité importante pour élargir ton monde, » répondis-je.

J’avais l’air de pleurnicher sur mes excuses. Mais c’était vrai que je n’avais fait que jouer pendant tout ce temps, et je me sentais un peu coupable quand on m’avait interrogé à ce sujet. Et, comme je m’y attendais, Marie m’avait fait un regard qui disait : « Les hommes sont vraiment stupides. »

Je veux dire, je pourrais enlever les compétences, mais je n’y arrivais pas. Elles m’avaient vraiment sauvé les fesses dans le passé... mais je suppose que ce n’était pas le moment de le faire. J’avais décidé de parler de sujets plus importants, mais ce n’était pas seulement parce que je voulais changer de sujet.

« Je sais. Pourquoi ne pas faire le tour du Japon ensemble ? J’ai quelques jours de congé consécutifs le mois prochain en raison de ce qu’on appelle la Golden Week. Ça n’a pas besoin d’être super chic, mais que dirais-tu d’une petite tournée nationale ? » demandai-je.

« Oh, ça a l’air sympa ! Mais je ne suis pas encore très habituée aux voitures. Je serais heureuse si nous pouvions la garder loin de nous, » déclara Marie.

Elle avait raison sur ce point. Elle avait à peine passé du temps en voiture jusque-là, et son premier voyage l’avait tellement fatiguée qu’elle s’était endormie. Il vaudrait probablement mieux faire le tour de la ville en voiture, puis choisir une destination plus éloignée s’il n’y avait pas de problèmes.

Mais cela m’avait laissé avec la question de l’argent. Je n’étais qu’un humble salarié, donc je ne pouvais pas partir en vacances quand je le voulais. Je le lui avais dit parce que je n’avais aucune raison de le cacher, et Marie avait soupiré.

« Aww... C’est une honte que nous ne puissions pas simplement apporter l’argent de ce monde au Japon. Si je pouvais aussi apporter des tomes magiques, cela aurait été la meilleure façon d’étudier, » déclara Marie.

Franchement, elle avait prévu d’étudier même dans ses rêves ? Même si c’était possible, je penserais que c’était insensé de faire venir du travail de mon entreprise dans ce monde.

Les elfes avaient vécu longtemps, alors j’avais pensé qu’ils devraient simplement séparer le travail du jeu et vivre une vie décontractée. La question de l’argent pourrait être résolue si j’avançais dans ma carrière, donc il n’y avait pas beaucoup d’intérêt à en discuter davantage. J’allais passer le reste du temps à aider Marie à apprendre le japonais et à essayer de lui apprendre les joies de la pêche, mais mes efforts pour cette dernière allaient été vain.

J’avais commencé à ressentir un grondement, signifiant que notre destination était proche. Nous avions fermé nos écrans de statut et vérifié que nous n’avions laissé aucun de nos biens derrière nous. Il n’y avait évidemment pas d’objets trouvés ici, donc tout ce que nous avions oublié serait probablement perdu à jamais.

Le Pic d’Ujah, les ruines que je recommande pour l’augmentation de niveau, était à environ une heure de marche maintenant.

***

Partie 3

Les ruines du Pic d’Ujah...

Cet endroit était autrefois une carrière. Elle avait attiré l’attention par le fait que les pierres magiques utilisées pour fabriquer des objets magiques pouvaient y être extraites. Un fort avait été construit et la zone environnante avait été sécurisée pour protéger cette richesse face aux autres pays. Mais pour une raison inconnue, les pierres magiques avaient cessé d’y être exploitables, et les ruines s’étaient progressivement délabrées au cours des 200 dernières années. Ceux qui visitaient cet endroit pouvaient sûrement encore sentir la présence des minerais qui reposaient sous la terre, car les pierres magiques ne s’épuisent jamais par leur nature même.

***

La plupart des gens s’éveilleront à la curiosité après avoir entendu un tel folklore, et l’elfe n’avait certainement pas fait exception. Du moins, c’est ce que je pensais...

« Il fait chaud..., » c’était sa seule réponse.

Pour être juste, la lumière du soleil descendait durement sur nous, et il n’y avait rien d’autre que de la roche brûlée rouge brunâtre, du sable et des fragments de la forteresse effondrée qui nous entourait. Au-delà de la brume de chaleur scintillante dans les sables lointains, il y avait des montagnes en forme de pyramide. Nous marchions vers elles depuis environ une heure, et son humeur ne faisait que s’aggraver.

Il y avait une brèche dans la haute montagne comme si elle avait été fendue avec un couteau de cuisine géant, et nous nous dirigions droit vers le trou qui s’y trouvait. Les vestiges de ce qui semblait être la forteresse étaient éparpillés ici et là, mais les ruines sans valeur avaient été abandonnées depuis longtemps.

Comme elle n’aimait manifestement pas le désert, j’avais pensé qu’il valait mieux les traverser le plus vite possible.

« Il y a une oasis au-delà de cette zone. Ça devrait être bien mieux une fois qu’on y sera. Essaie d’endurer ça encore un peu, Marie, » déclarai-je.

« Oui... Bien sûr... Je ferai maintenant de mon mieux pour t’endurer, » déclara Marie.

Pourquoi ai-je eu envie de pleurer... ?

Je savais que ce genre d’endroit n’était pas populaire auprès des femmes, mais je ne savais pas qu’elle était aussi intolérante à la chaleur.

Je vois, les femmes et les elfes n’aiment pas les conditions climatiques extrêmes...

Cela m’avait fait m’inquiéter de la façon dont elle allait gérer l’été au Japon, même si c’était encore dans plusieurs mois.

Nous avions continué à marcher sur le sable rugueux avec ces pensées troublées dans mon esprit, puis nous avions mis les pieds dans les ruines. Nous avions enfin pu nous abriter de la lumière intense du soleil, et il semblait qu’elle était enfin capable de reprendre son souffle. L’air transporté par le vent était toujours aussi chaud que d’habitude, mais il y avait maintenant un sentiment de soulagement dans son expression.

J’étais peut-être accroché à son sourire, mais que pouvais-je faire ? Les hommes étaient destinés à voir leur vie influencée par la volonté des femmes.

L’elfe devait être curieuse de connaître la disposition de la zone qui était prise en sandwich entre deux falaises, parce que j’avais regardé dans sa direction pour la trouver en train de regarder autour d’elle.

« On aurait dit une montagne de loin, mais cet endroit est très différent de l’intérieur, » déclara Marie.

« Oui, j’ai entendu dire que cet endroit était une mine de charbon, mais qu’il avait sa propre culture unique. Les fragments partout donnent vraiment l’impression d’être des ruines, » déclarai-je.

C’était comme si nous commencions à nous habituer à la région, et nous observions notre environnement alors que nous commencions à marcher avec des pas plus légers. Le sentier sinueux menait plus loin, et il y avait juste assez de places pour que plusieurs adultes puissent marcher côte à côte. Cette région semblait moins érodée, et nous avions été accueillis avec des vestiges de civilisation au fur et à mesure que nous avancions.

« Il y avait la maison de quelqu’un, et même un autel ici. On dirait que ce n’était pas qu’une carrière, mais des gens ont vécu ici pendant longtemps. Peut-on encore se procurer des pierres magiques ici ? Je suis curieuse d’en savoir plus maintenant que je sais qu’ils peuvent être utilisés pour raffiner des objets magiques, » demanda l’elfe en posant ses mains sur l’autel. Mais tout ce que j’avais pu faire, c’était incliner la tête en me posant des questions.

S’il y avait des nouvelles que des pierres magiques pouvaient encore être trouvées ici, cet endroit serait sûrement rempli de ceux qui voulaient mettre la main dessus. Le pays qui possédait ces ruines l’avait même libéré pour que les aventuriers puissent y entrer librement. Il me semblait que le pays comptait sur le peu de chance que quelqu’un découvre des pierres magiques pour eux.

« Mais peut-être qu’il y a vraiment quelque chose ici. Peut-être que je l’imagine, mais j’ai ce sentiment. Notre objectif pour aujourd’hui est d’augmenter ton niveau, mais serais-tu désireuse de rester quelques nuits pour enquêter ? » demandai-je.

« Hmm, je ne pense pas. Je n’avais jamais réalisé l’importance du climat. Personnellement, j’ai plus peur de me dessécher que de trouver des minerais, » répondit Marie.

Ouais, j’étais d’accord avec ça. J’étais assez insensible à la douleur dans ce monde parce que c’était un rêve, et je n’étais pas vraiment endommagé dans la réalité. Mais la faim et la soif étaient deux choses différentes, et elles pouvaient être extrêmement gênantes. Tout comme manger dans ce monde me remplissait l’estomac, avoir faim ici me rendrait évidemment affamé de l’autre côté. C’était l’une des raisons pour lesquelles j’avais évité les zones qui devenaient dangereuses lors d’un séjour prolongé, comme les déserts.

« Mais plus loin, il y a l’oasis dont j’ai parlé..., » déclarai-je.

Je m’étais arrêté avant d’avoir fini ma phrase. À ce moment-là, j’avais ressenti ce qui ressemblait à de multiples paires d’yeux qui nous fixaient. C’était le regard fixe d’un chasseur qui regardait ses proies d’en haut. J’avais entendu des chuchotements étouffés et un léger bruit de cliquetis de métal, mais ils étaient restés immobiles, peut-être en attendant le bon moment.

J’avais relâché une respiration assez doucement pour que Marie ne l’entende pas.

Les bandits étaient répandus partout, et j’en avais vu beaucoup depuis ma jeunesse. Au début, j’avais joué à leur jeu et j’avais supplié pour ma vie, mais il n’y avait pas de fin pour eux. J’avais finalement décidé de m’enfuir loin d’eux, et j’avais maintenant maîtrisé l’art de disparaître comme de la brume dès qu’ils étaient apparus.

Curieusement, les gens qui étaient apparus dans ces lieux de chasse étaient toujours de hauts niveaux, ce qui signifiait qu’ils ne devraient pas être des cibles faciles.

« Quelque chose ne va pas, Kazuhiho ? C’est peut-être l’éclairage, mais tu as l’air un peu effrayant en ce moment, » déclara Marie.

« Oh ! Non, ce n’est rien, » répondis-je.

J’avais l’impression d’avoir une expression rigide en me concentrant autant sur l’aiguisage de mes sens. Marie m’avait écrasé le front avec son doigt, ce qui m’avait fait du bien.

En raison de la chaleur implacable et de l’absence de donjon souterrain, les ruines du Pic d’Ujah que je connaissais étaient assez désertes, sauf pour la zone de chasse. Se pourrait-il que cela ait changé depuis la dernière fois que j’étais venu ici ?

En tout cas, ce n’était pas comme si j’étais inquiet. J’étais sûr de pouvoir nous sortir de n’importe quel problème qui se poserait à nous, alors j’avais pour l’instant décidé de continuer à aider Marie à augmenter de niveau. D’ailleurs, j’avais déjà utilisé Trayn, le guide du voyage pour cette journée, donc ce n’était pas comme si j’aurais pu l’utiliser pour y retourner.

J’avais décidé d’oublier ça et de changer de sujet.

« Alors, Marie, en quoi ta sorcellerie spirituelle diffère-t-elle de la magie normale ? » demandai-je.

« Eh bien, voyons voir... Quand tu entends “sorcier”, tu imagines quelqu’un qui envoie de la magie d’attaque avec un bâton, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

Je l’avais écoutée parler pendant que nous marchions dans le sable rugueux et que nous hochions la tête. La plupart des sorciers que j’avais rencontrés étaient à peu près comme elle l’avait décrit. Ils marmonnaient des incantations, puis lançaient des sorts de feu ou de glace. Marie avait aussi un bâton, alors j’étais sûr qu’elle avait utilisé un moyen de convertir la magie en dommage.

« Avec la Magie spirituelle, j’agis comme médium pour faire des pactes avec certains esprits. Cela nous permet d’invoquer les esprits, comme ceci..., » déclara Marie.

Un faible grondement se fit entendre, puis une boule de feu était apparue à ses pieds. Une bouche en était sortie soudain, puis cela avait crié comme en signe de protestation. Ensuite, ce qui semblait être une courte queue, des mains et des pieds avaient grandi, prenant la forme d’un lézard.

« Oh, un lézard de feu ? C’est si mignon et rond, » déclarai-je.

« C’est vrai. D’abord, j’ai fait un pacte avec l’esprit, puis je peux y transférer ma magie..., » expliqua Marie.

Marie tapota légèrement la tête du lézard avec son bâton, puis prononça une incantation dans le langage des esprits. Le lézard avait été enveloppé d’une lumière pâle, et il dégageait un grognement. J’avais regardé son front pour trouver une sorte de symbole qui y était inscrit.

« Là, maintenant je peux libérer ma magie avec le lézard de feu comme médium. La vraie différence entre nous et les sorciers est que nous pouvons stocker la magie de manière préventive. Apparemment, j’ai une bonne compatibilité avec les esprits, donc selon la quantité de magie requise, je pourrais en garder plusieurs à la fois, » déclara Marie.

J’avais laissé sortir un « oooh » impressionné et je l’avais applaudie. Marie leva la tête avec une expression fière. Je ne l’avais pas vraiment remarqué avant, mais je commençais à trouver ses manières enfantines mignonnes.

Mais maintenant que je savais ce qu’était la sorcellerie spirituelle, cela m’avait semblé très utile de pouvoir préparer la magie. Elle pouvait être activée sans incantations avec la configuration appropriée, et si elle pouvait en invoquer plusieurs, elle pourrait fournir une puissance de feu fiable au fur et à mesure qu’elle les utilisait. J’avais toujours entendu dire que c’était une classe précieuse, mais maintenant que j’avais vu ce qu’ils pouvaient faire, cela m’avait vraiment fait réaliser tout leur potentiel.

J’avais fait à Marie un sourire plein d’espoir.

« Eh bien, Mademoiselle l’Elfe-Ayant-Un-Futur-Prometteur, augmentons votre niveau autant que possible aujourd’hui, » déclarai-je d’un ton formel.

« Oui, j’ai hâte de le faire, Kazuhiho, » déclara Marie.

J’avais toujours été du genre à ne penser qu’à moi, mais j’étais vraiment heureux de pouvoir l’aider. En y repensant, aucun individu n’avait vraiment dépendu de moi. C’était aussi très excitant de s’imaginer à quel point elle pourrait progresser dans l’avenir.

Mais avant d’arriver au lieu de chasse, il y avait quelque chose d’intéressant que je voulais lui montrer en guise de récompense pour avoir enduré le dur périple jusqu’ici. C’était un privilège seulement réservé aux voyageurs.

Au fur et à mesure que nous tournions le long de la route, cela devenait plus lumineux comme si nous émergions d’un tunnel. Notre destination était un espace dégagé de la taille d’une cour d’école, avec la lumière du soleil qui descendait grâce à l’absence de plafond, sauf qu’il ne faisait pas aussi chaud qu’avant. Une oasis verte nous attendait, et l’elfe poussait des cris joyeux.

« Ahh, c’est trop cool et rafraîchissant ! Je ne m’attendais pas à ce que quelque chose comme ça soit ici ! » déclara Marie.

« Hehe, c’est l’oasis dont je parlais. Regarde, il y a même des filets d’eau sur les murs. Ceux-ci débordent comme de la brume et créent de la vapeur avec la chaleur, » déclarai-je.

J’avais montré du doigt les murs noirs et humides, et une douce brise s’était élevée vers nous. L’elfe avait fait une petite course, puis s’était baignée dans la brume et avait étendu les bras avec gaieté. Elle semblait enfantine dans sa joie, mais n’importe qui serait heureux d’être ici après un voyage aussi rigoureux.

J’avais marché à côté d’elle, puis je l’avais pointée du doigt juste au-dessus de nous. « C’est le centre de la montagne, et il y a un trou béant là-haut. Cet endroit a peut-être été créé par hasard lorsque quelqu’un dans la carrière a heurté une veine d’eau et que toute l’eau a surgi. »

« Il fait encore beau, mais il fait frais ici. Je n’avais pas réalisé à quel point une chaleur aussi brumeuse pouvait sembler incroyable. Peut-être que je pourrais réaliser quelque chose comme ça avec des esprits de l’eau ? » demanda Marie.

« Oh ouais, tu pourrais rendre n’importe quel endroit plus frais si tu pouvais contrôler la vaporisation, » déclarai-je.

L’elfe m’avait montré une expression vraiment hautaine avec un « Hmph ! »

Personnellement, j’aimerais qu’elle l’apprenne pour qu’elle puisse rendre les étés japonais plus supportables. Je le lui avais ainsi dit, mais elle m’avait fait un regard troublé pour une raison inconnue.

« À propos de cela... Je sens encore un mur entre moi et les esprits de ton monde. J’ai l’impression qu’ils ont pris de la distance, comme si j’étais revenue quand j’étais enfant, » déclarai-je.

« Oh, j’ai compris. C’est probablement différent entre ici et là, comme dans mon cas. Tu dois être l’équivalent du niveau 1 pendant ton séjour au Japon, » déclarai-je.

Ce n’était rien d’autre que des conjectures et cela laissait encore beaucoup de questions sans réponse. Par exemple, pourquoi suis-je capable de parler elfique dans les deux mondes ? Cependant, comme il s’agissait d’une simple question de langue, il se pouvait qu’il s’agisse d’une tout autre chose que de capacités fantastiques.

« Si seulement je pouvais utiliser mes déplacements longue distance au Japon. Non seulement je me mettrais au travail plus rapidement, mais je garderais aussi la compensation pour mes déplacements, » déclarai-je.

Ouais, ce commentaire m’attirerait probablement des ennuis avec le département des Ressources humaines...

Quoi qu’il en soit, comme Marie pouvait parler le langage des esprits, j’avais pensé qu’il y aurait une chance qu’elle puisse les contrôler un jour même au Japon.

« Oui, je ne sais pas si je peux le faire, mais je ferai de mon mieux pour communiquer avec les esprits au Japon. Ce n’est pas comme si ça allait me coûter quoi que ce soit, » déclara Marie.

Mais j’avais dû admettre qu’il m’était difficile d’imaginer son contrôle des esprits au milieu de Koto Ward. J’avais incliné la tête et j’avais du mal à l’imaginé, quand je l’avais sentie mettre son bras autour du mien. Ses yeux brillaient, et je pouvais voir qu’elle voulait aller dans l’oasis pleine de palmiers.

« Tu es un peu bizarre. Il y a peu de temps, j’étais toujours enfermée dans le bureau, le nez dans un livre. Mais ces derniers temps, j’ai profité de la nourriture et des paysages, et j’ai même vu de mes propres yeux la culture d’un autre monde. J’ai l’impression d’avoir été si chanceuse dernièrement, » déclara Marie.

« C’est pareil pour moi. Chaque jour a été très amusant, et j’ai eu la chance de voir tant de facettes de toi, » répliquai-je.

En réponse, elle avait fait une expression qui disait qu’elle n’était pas sûre si elle devait se sentir flatter ou non. Elle avait ensuite eu l’air un peu troublée en rougissant un peu, mais à la fin, elle avait hoché la tête sans dire un mot.

Au fur et à mesure que nous avancions, j’avais remarqué que le sol sous les pieds était maintenant humide et beaucoup plus vert, formant une passerelle parfaite pour que Marie et moi puissions nous promener main dans la main.

***

Partie 4

Vous pourriez en apprendre beaucoup sur Pic d’Ujah en marchant le long du sentier. L’oasis pourrait être considérée comme un lieu de repos et de détente, et la civilisation avait dû se développer autour de cet endroit. On pouvait voir des morceaux d’anciens bâtiments proches de cette zone, mais ils étaient maintenant partiellement engloutis par les plantes et recouverts de mousse. Il semblait que ce qui était autrefois une civilisation s’était transformé en ruines, se transformant finalement en une oasis.

J’avais marché sur des plantes basses et m’étais dirigé vers le plateau près des murs extérieurs alors que la brise légère soufflait autour de nous. Je conduisais la jeune fille par la main, debout à un endroit où nous pouvions voir l’oasis.

« Ils ont même construit des bâtiments sur les falaises environnantes... Hé, comment crois-tu qu’ils ont grimpé jusqu’en haut ? Je ne vois pas d’escalier, » demanda Marie.

« J’ai entendu dire qu’ils utilisaient des échelles à l’époque. Le bois se dégrade plus rapidement que les autres matériaux, de sorte que seuls les bâtiments sont laissés ici. Si ceux-ci étaient usés, ils tomberaient et feraient tomber les parties inférieures avec eux, de sorte qu’il y a des sections qui manquent nettement dans des bandes verticales depuis le haut, » répondis-je.

L’elfe essuya sa sueur et hocha la tête en signe de compréhension.

Les escaliers de pierre étaient à peine utilisables jusqu’à ce point, car ils étaient en assez mauvais état, alors nous avons dû grimper avec prudence. Mais cela n’avait pas plus de deux étages de haut et le sol en dessous était constitué de sable, alors tomber ne serait pas trop grave.

« Alors, pourquoi ne sommes-nous pas censés aller près de l’eau dans l’oasis ? Ça a l’air si joli, » déclara Marie.

« Oh, parce que des monstres apparaissent de là. Tu te souviens encore qu’on est venus ici pour te faire monter de niveau, n’est-ce pas, Marie ? » demandai-je.

Quelques secondes s’étaient écoulées, puis elle avait acquiescé.

Ouais... elle avait à tous les coups oublié ça.

C’était quelque chose que tous ceux qui avaient visité cette région devraient déjà savoir. Les monstres allaient frayer à l’infini, de sorte que cet endroit était devenu bien connu comme un lieu pour accumuler de l’expérience.

« Nous avons de la chance qu’il n’y ait pas d’autres individus à proximité, parce que je ne veux pas vraiment que les gens voient ma méthode. Quoi qu’il en soit, attends sur ce plateau, d’accord ? Envoie ta magie sur les cibles quand je donne le signal, » déclarai-je.

« Attends un peu ! Tu sais que je n’aurai pas d’expérience si je te vole ton monstre sans qu’on fasse un groupe, hein ? » demanda Marie.

« Oui, je sais, je sais. C’est pourquoi tu dois attendre mon signal. Ce sera beaucoup plus rapide de te montrer que de te l’expliquer, » déclarai-je.

Marie inclina la tête de façon interrogative.

Les arbres tropicaux qui nous entouraient nous procuraient beaucoup d’ombre, ce qui nous permettait de nous détendre même loin de l’eau. L’elfe sensible au climat semblait soulagé et m’avait souri.

« Bon, je m’en vais ! » déclarai-je.

« F-Fais attention, Kazuhiho ! » déclara Marie.

Elle avait l’air un peu inquiète, mais les monstres de la région étaient autour du niveau 40, bien plus bas que mon niveau 72. Je lui avais fait signe de la main et lui avais dit que c’était bon, puis j’avais sauté du plateau. J’avais glissé le long des rochers et m’étais dirigé vers l’oasis sans faire attention, oubliant complètement l’avertissement que j’avais mentionné quelques instants auparavant.

On disait que les monstres de cette région restaient cachés pour attendre que les aventuriers aillent boire ou se nourrissent. C’était peut-être juste moi, mais j’avais l’impression qu’il y avait plus que ça à certains moments. C’était comme s’ils attaquaient des individus qui s’approchaient, non pas parce qu’ils avaient faim, mais pour se défendre...

Vshaaaa !

Et ainsi, un tristement célèbre Koopah était apparu. L’adversaire qui était apparu en même temps qu’une grosse éclaboussure d’eau était une créature ronde, bipède, ressemblant à un dinosaure. Le nom Koopah n’était pas très intimidant, mais le crâne épais qui protégeait sa tête avait plus de dix centimètres d’épaisseur, et les dents pointues et dentelées qui sortaient de son bec étaient tout simplement horribles. Ils n’étaient malheureusement pas très intelligents, donc je ne pouvais pas apprécier une conversation avec ce monstre en particulier.

« Niveau 42, hein... Je suppose que c’est pas mal, » déclarai-je.

Il avait fait un grondement menaçant, puis avait commencé à donner des coups de pied dans le sable alors qu’il avançait vers moi. Pour une créature de plus de deux mètres de haut et pesant plus de 300 kilogrammes, elle était étonnamment agile. Quant à moi, j’étais reconnaissant pour sa rapidité, car cela m’avait permis de retourner plus vite sur le plateau où Marie m’attendait.

D’abord, je devais le blesser juste assez pour qu’il ne meure pas...

Essayons de l’attaquer une fois.

J’avais fait un coup de pied dans le sable et j’avais rapidement bougé vers le flanc du monstre, qui s’était tourné en étant surpris. Il s’était immédiatement rendu compte qu’il était surclassé, mais s’était quand même tourné vers moi pour tenter de me mordre. Le bec ouvert était plein de petites dents pointues, donc une attaque de cette chose aurait probablement déchiqueté ma chair.

« Hup ! »

J’avais frappé avec ma lame pour tester sa résistance. Elle s’était enfoncée dans le monstre d’un seul coup d’une manière satisfaisante. Mon attaque s’était avérée fatale à cause de l’écart de niveau, et le monstre avait dandiné un peu avant de s’écraser sur le sol, mort. Le sang avait commencé à s’accumuler sur le sol, puis, après quelques instants, le Koopah avait disparu.

« Hmm, on dirait que j’ai besoin de réduire un peu ma force. Cela doit être juste assez pour exposer le cœur..., » déclarai-je.

J’avais balancé mon épée devant moi, ajustant ma forme en répétant le mouvement. Exécuter un swing parfait chaque fois pourrait être douloureux, alors j’avais décidé d’activer ma compétence principale, « Refaire ». J’avais une vingtaine d’emplacements de compétences, et trois d’entre eux étaient actuellement inutilisés. Et c’était...

Vshaaaa !

Une colonne de sable s’éleva juste à côté de moi, et un autre Koopah qui était un peu plus grand que le précédent apparut. J’avais oublié qu’ils avaient tendance à attaquer ceux qui ne bougeaient pas. Ils mordaient tous les passants apparemment insoupçonnés comme moi et essayaient de les traîner sous terre, mais...

« Oh, bon choix du moment. Hmm... peut-être comme ça ? Ya ! » criai-je.

J’avais évité les os durs et j’avais tranché proprement à travers ses muscles. Cela avait l’air d’avoir bien tourné cette fois. La chair avait été découpée en deux, révélant son point faible à l’intérieur... même si ce n’était pas très joli à voir.

Refaire, la capacité que j’avais activée plus tôt, était une compétence qui me permettait de répéter une certaine action. Je pouvais mémoriser un certain schéma d’attaque que j’avais fait précédemment pour reproduire parfaitement une attaque précédente.

« C’est plus une compétence de débutant, mais c’est assez utile à avoir, » murmurai-je.

J’avais tout simplement aimé la façon dont ça m’avait permis de monter en niveau même en allant dans des zones extérieures. Mais j’avais ajouté tout un tas d’emplacements de compétences, donc la plupart des gens ne les trouveraient probablement pas ainsi... Oh, je devrais d’abord le finir pour qu’il ne souffre pas inutilement. J’avais porté un coup fatal au cœur du Koopah, et il avait facilement péri.

« Maintenant que j’ai mémorisé le mouvement avec Refaire... Hehe, c’est l’heure de l’augmentation de niveaux, » déclarai-je.

C’était comme si les Koopahs étaient attirés par mon sourire, parce que plusieurs individus étaient sortis du sable. Mais ils ressemblaient à des plats servis sur un tapis roulant, et la bataille qui s’ensuivit pouvait difficilement être qualifiée d’excitante.

 

***

J’avais expiré dans un rythme régulier pendant que je faisais ma course sur le sable. Il y avait peu de choses que je déteste plus que courir longtemps au Japon, mais mon endurance était beaucoup plus grande dans ce monde, alors ça ne me dérangeait pas de courir ici.

Je me dirigeais vers le plateau où Marie m’attendait, et je regardai par-dessus mon épaule pour confirmer que les Koopahs me suivaient toujours. Je les avais félicités mentalement pour être encore derrière moi, et j’avais presque voulu leur faire plaisir de le faire.

« Dommage pour eux, ils auront le bâton plutôt que la carotte, » déclarai-je.

Je m’étais soudain arrêté et je m’étais retourné. Je n’étais pas du tout essoufflé en tant que niveau 72, et je me faufilais vraiment facilement hors des trajectoires des bouches pleines de dents alors que je tranchais leurs corps avec ma lame. Je les avais ainsi tranchés d’une frappe satisfaisante, et les Koopahs tombèrent en produisant un violent bruit de tonnerre avant qu’ils roulèrent sur le sol sablonneux.

« Hé, vas-tu bien !? » demanda Marie.

Il semblait que Marie n’était pas très habituée à la bataille et elle regardait prudemment le plateau. Je lui avais fait signe de la main pour lui montrer que tout allait bien, puis j’avais montré du doigt avec mon épée la blessure ouverte de Koopah qui était invalide.

« Vise ici, Marie ! »

« Mais je n’aurai pas d’expérience puisque nous ne sommes pas dans un groupe ensemble ! » déclara Marie.

« Essaie, fais-moi confiance ! » déclarai-je.

« Si tu le dis... Lance de Flammes ! » cria Marie.

Alors qu’elle criait l’ordre, le lézard de feu avait ouvert la bouche et lança un éclair en forme de lance sur le Koopah mourant. Comme elle l’avait fait remarquer, vaincre le monstre ne lui donnerait normalement aucune expérience. Le truc, c’était que j’avais disparu comme si je n’avais jamais été là depuis le début.

« Eh bien, à plus tard. De l’autre côté de la route, » déclarai-je.

À ce moment-là, j’avais activé ma deuxième compétence primaire, une capacité qui me permettait de me déplacer instantanément à un autre endroit. Je n’avais pas senti de vent ou d’accélération pendant le mouvement, donc cela semblait fonctionner de la même façon que la téléportation. Cependant, la façon dont la vue avait changé en un instant pouvait être nauséeuse jusqu’à ce qu’on s’y habitue.

« Oh, on dirait que ça a marché. Bien, » déclarai-je.

Comme je l’avais pensé, le corps du Koopah avait émis une faible lumière blanche dès que je m’étais éloigné de lui. C’était la lumière qui indiquait que j’avais dépassé la limite de distance, et le monstre n’était plus en combat avec moi. J’avais utilisé cette compétence comme un moyen de m’échapper dans le passé et j’avais pensé qu’elle pourrait être utile pour aider les autres à monter en niveau, alors j’étais content de voir que mon intuition semblait juste.

L’objectif principal de cette compétence « Sur la route » était d’aider à franchir des itinéraires particulièrement dangereux au cours d’un voyage. Cela me permettait de me déplacer à n’importe quel endroit dans mon champ de vision, ce qui m’avait même permis de contourner un rocher géant qui pourrait bloquer mon chemin. J’avais modifié cette compétence pour qu’elle soit lançable en un instant, mais la distance parcourue était limitée à cinquante mètres en guise de compromis. Il y avait beaucoup d’autres limitations, et je ne pouvais même pas porter la plupart des armures à cause de la restriction stricte de la limite de poids.

Fwooosh !

La magie de Marie frappa le cœur du Koopah, et son intérieur fut englouti dans une flamme rouge et brillante. Le monstre cria au fur et à mesure qu’il mourut, et sa récompense en expérience fut entièrement accordée à Marie. Ainsi, après m’être retiré du combat, j’étais libre d’aller chercher la prochaine cible dans les monstres qui se tenait à l’arrière-plan.

L’efficacité était cruciale lorsqu’il s’agissait de montée de niveau. Bien que, pour être honnête, je me sois déjà endormi en travaillant en silence pendant de longues périodes, la recherche de l’efficacité devait donc être la tentative de mon cerveau de rester occupé.

 

***

Le soleil commençait lentement à se coucher.

Au début, Marie avait levé son bâton, visé et crié « Lance de Flammes ! » avec une expression sérieuse, mais sa voix devenait de plus en plus calme à cause de l’absence de défi. Après avoir répété la même situation de nombreuses fois, elle avait fini par s’accroupir à l’ombre, étouffant les bâillements alors qu’elle donnait périodiquement des ordres à son esprit sans un mot. Il semblait qu’elle s’était complètement installée dans le rôle d’opérateur dans une usine travaillant à la chaîne.

Au départ, il y avait une grande différence de niveau entre Marie et les Koopahs. Elle était de niveau 27, alors que les niveaux des monstres étaient dans les 40. Elle était en train de vaincre des ennemis qui devraient être presque deux fois plus forts qu’elle en un seul coup et elle récoltait le gain d’expérience, alors j’avais souvent pu apprécier la musique de niveau supérieur pendant qu’elle combattait.

Un par un, encore et encore, elle avait tué un monstre dont le cœur était exposé. Elle semblait s’ennuyer à mourir, mais la montée de niveau efficace était généralement répétitive et peu excitante. Cependant, cette méthode ne serait pas possible sans quelque chose comme ma mobilité, alors peut-être que ce que nous faisions n’était pas du tout très typique.

Elle battait un monstre environ une fois toutes les minutes comme prévu et avait augmenté de niveau après environ douze minutes. Vingt-quatre minutes plus tard, elle avait encore augmenté. Et un autre niveau trente-six minutes plus tard. Quarante-huit minutes plus tard, puis soixante-deux minutes plus tard... Finalement, elle m’avait fait un signe, du haut du plateau, le symbole des deux mains formant un « X », indiquant qu’elle était à court de pouvoir magique.

Ou, à en juger par son expression, cela signifiait peut-être qu’elle était trop endormie pour continuer plus longtemps.

Quoi qu’il en soit, j’avais rengainé mon épée et étais retourné sur le plateau pour trouver une elfe épuisée assise là.

« Salut. On dirait que tu as gagné exactement cinq niveaux, comme je l’avais prévu, » déclarai-je.

Je lui avais parlé d’un ton enjoué, mais elle m’avait fait l’impression qu’elle venait de manger quelque chose d’amer. Je ne m’y attendais pas vraiment, et j’étais là avec une expression déconcertée...

***

Épisode 2 : La lumière de la pierre magique

La pièce était sombre et humide, avec d’innombrables fissures dans ses murs de pierre. Les fissures avaient été continuellement dégradées au fil du temps par la lumière intense du soleil venant d’en haut et par l’humidité provenant de l’oasis.

Un visage barbu regardait à travers l’une des nombreuses fissures emplies de mousse dans le mur. De là, il pouvait voir deux enfants prendre un repas ensemble, et il ne pouvait s’empêcher de soupirer devant leur insouciance. C’était comme s’ils venaient pique-niquer au milieu des zones destinées aux aventuriers avancés. Mais vu qu’ils étaient encore en vie, il était évident qu’ils n’étaient pas des enfants ordinaires.

L’homme bronzé par le soleil qui les observait sentait la vieille sueur, et il était clair qu’il ne s’était pas lavé depuis des jours. Ses compagnons étaient dans un état similaire, avec le même regard vif dans les yeux et la même allure dangereuse.

« Qu’est-ce qu’il a, lui ? » dit l’homme en continuant à regarder les deux enfants avec ses yeux froids. « Il est si maigre, mais c’est un monstre. »

« Il doit être au niveau 50… non, environ 60. Les Koopahs sont rapides et solides, mais l’elfe qui est avec lui est une sorcière. Elle doit utiliser un sort pour diminuer leur défense. Même là, ils frappent ces Koopahs à toute vitesse. »

L’homme qui semblait être le chef du groupe caressa sa barbe, enfouie profondément dans ses pensées. Puis ses yeux jaunâtres s’étaient concentrés sur les affaires des deux individus, et il avait activé les Yeux du Charognard. Il s’agissait d’une compétence qui ciblait les objets, ce qui la rendait difficile à détecter. De plus, les utilisateurs de cette compétence n’étaient pas très répandus, de sorte que très peu de gens avaient les moyens de s’en protéger. Cependant, la compétence n’avait révélé que la valeur de l’objet visé.

À l’intérieur du sac se trouvaient le sang et l’écaille d’un arkdragon d’une valeur extraordinaire. Les yeux du chef brillaient devant les trésors, puis il ouvrit sa bouche.

« Oho, c’est un trésor juteux dans ce petit sac ! Les gars, préparez-vous à l’action, » déclara-t-il.

L’enthousiasme du groupe s’était accru face à ces mots. Si le chef le disait, alors les deux individus étaient sûrs d’être chargés d’objets de valeur.

Mais il y avait le fait que le groupe d’hommes souriait avec confiance malgré le fait d’être surpassé en niveau. L’une de ces raisons était la chaîne qu’ils tenaient dans leurs mains. Ils l’arrachèrent de force, et quelque chose qui ressemblait à une petite couverture était sorti de l’obscurité. Puis cela avait bougé, révélant une personne mince enveloppée dans une robe. La personne était beaucoup plus petite que le reste du groupe, et les membres minces qui sortaient de sous la robe tremblaient de peur.

Le meneur s’approcha du nouveau venu, qui se détourna de lui et se recroquevilla en boule. Cela rendait sa carrure déjà petite encore plus petite.

« Oh, franchement… Il n’y a aucune raison d’avoir peur, n’est-ce pas ? C’est un travail très important pour nous tous. Si nous ne gagnons pas d’argent, nous mourrons tous de faim. Et en plus, combien de personnes as-tu déjà tuées ? Quelle différence ça fait de rajouter un ou deux morveux ? » demanda le chef.

« Ah ! »

Les yeux qui sortaient de la capuche s’élargirent d’horreur et le corps continua de trembler. Le groupe d’hommes s’était mis à rire grossièrement à la vue de la terreur de la petite personne, puis ils commencèrent à penser à la façon dont ils allaient dépenser le butin qu’ils allaient bientôt obtenir. Ils pouvaient se procurer de nouvelles armes, mais ils avaient toujours les nombreuses armes qu’ils avaient reçues dans le passé. Ils avaient donc décidé qu’il était temps qu’ils dépensent leur argent pour autre chose que de l’équipement.

Il semblerait que ces enfants ignoraient que les ruines dans lesquelles ils se trouvaient avaient été désignées zone dangereuse par le pays. Il y avait eu de nombreux rapports d’enlèvements non résolus et d’autres cas, avec de nombreuses personnes qui n’étaient jamais revenues de l’oasis…

Et aujourd’hui, de nouvelles victimes étaient sur le point d’être ajoutées à cette liste.

 

***

 

C’était l’heure du déjeuner, mais il y avait une expression sombre sur le visage de Marie. Elle avait toujours aimé manger son bento avec bonheur, mais cette fois-ci, il y avait un air de tristesse en elle.

Ai-je fait quelque chose pour la contrarier ?

J’avais commencé à transpirer à cette pensée en la regardant, puis elle murmura amèrement, « Cinq niveaux en un peu plus de trois heures… Et il m’a fallu des années pour gagner un seul niveau… »

« Oui, euh, félicitations. J’avais le sentiment que tu pouvais le faire, et tes sorts étaient impressionnants de rapidité et de précision, » déclarai-je.

Il y avait un peu de flatterie là-dedans, mais c’était aussi mon sentiment honnête. J’avais passé de nombreuses années dans ce monde, mais c’était la première fois que j’étais témoin de la sorcellerie spirituelle. À mon avis, elle avait un potentiel incroyable.

Comme prévu, la capacité de préparer une incantation pour lui permettre de lancer le sort dès le début de la bataille était un énorme avantage. Ses sorts étaient également très précis, comme le suggérait sa personnalité soignée et minutieuse, et elle n’avait jamais raté une seule occasion en combattant un si grand nombre de monstres. Elle avait l’inconvénient d’avoir un taux de montée de niveau plus lent, mais elle devait monter à la fois la Magie de l’Esprit et la Sorcellerie en même temps, donc il fallait s’y attendre. Mais le montant des promesses qu’elle montrait avait plus que compensé cela, alors je dirais qu’elle s’était épanouie tardivement.

L’évaluation finale et globale de la classe était : « Un sorcier qui peut attaquer de façon préventive… » Cela avait l’air plutôt intéressant.

J’avais été arraché à ces pensées insouciantes quand ses yeux violets m’avaient fusillé du regard, et j’avais commencé à transpirer abondamment. Ses joues légèrement gonflées étaient adorables, mais elle avait aussi une étrange sensation d’intensité.

« … À quoi bon toutes ces années que j’ai passées jusqu’à maintenant ? » demanda-t-elle.

« Mais tu devais quand même monter tes niveaux de compétences séparément, alors ton dur labeur a payé dans ce sens, n’est-ce pas ? » demandai-je.

Même si je lui avais dit tout ça, Marie semblait toujours mécontente, car elle avait laissé échapper un « Hmm… » Elle avait ensuite sorti un mignon « Hmph ! » et elle commença à parler calmement comme si elle avait changé d’avis.

« Non, ce n’est pas juste. Je devrais juste te dire ce que je ressens vraiment, » déclara Marie.

Quoi… ? Quoi encore ? Était-elle en colère pour quelque chose ? Je l’avais regardée, le cœur battant, puis l’elfe avait repris son souffle et s’était mise à tout avouer.

« Mes collègues de la Guilde des Sorciers se vantaient toujours de leurs niveaux, alors ça fait du bien de les surpasser ! J’en ai marre de ces bons à rien dont le seul talent était leur niveau ! Malheureusement pour eux, je les ai battus non seulement en capacité, mais aussi en niveau ! » déclara Marie.

« O-Oh… Ça a dû être dur…, » déclarai-je.

Marie déversait ses frustrations avec un regard intense, et ce genre de méritocratie semblait effrayant… Cela ressemblait à un cauchemar pour une personne ordinaire comme moi, et me rappelait les examens d’entrée à l’université qui étaient très disputés.

La sorcière spirituelle semblait se sentir mieux après avoir confessé ses véritables sentiments. Elle était beaucoup plus joyeuse après avoir tout laissé sortir, et nous avions repris notre déjeuner avec des sourires ironiques.

« Mais c’est dommage qu’on ait été séparés si longtemps. J’avais hâte de parler avec toi pendant qu’on montait de niveau. C’est marrant d’être avec toi, tu sais ? » déclarai-je.

« Hein, le suis-je vraiment ? Mais je ressens la même chose. Je n’avais jamais combattu avec quelqu’un auparavant, alors je me sens tout le temps excitée, » déclara Marie.

Je lui avais souri alors que je lui parlais, et les expressions de l’elfe indiquaient qu’elle était devenue encore plus heureuse. Ses yeux pourpres clairs semblaient scintiller lorsqu’elle me souriait, et j’avais l’impression que tout ce qui se trouvait autour d’elle semblait devenir plus lumineux.

Les beaux yeux de Marie regardaient dans les miens pendant qu’elle parlait à nouveau. « Je suis peut-être un obstacle pour toi maintenant, mais un jour, tu ne sauras plus quoi faire sans moi. »

Son sourire timide semblait lui dire : « Regarde-moi bien ! » et j’avais dû admettre que cela avait fait battre mon cœur avec force. Ce sourire m’avait fait me demander, et j’avais peu d’espoir, si elle restait avec moi pour toujours.

Ses joues étaient légèrement roses alors qu’elle montrait un peu ses dents nacrées, et je ne pouvais m’empêcher de la fixer malgré mon âge.

Comment peut-elle être si ridiculement mignonne ?

J’étais en train de vivre toutes sortes d’émotions en moi, mais j’avais réussi à répondre. « J’ai hâte d’y être. »

Je devais au moins avoir l’air d’un adulte calme et recueilli.

Nous avions donc passé un peu de temps à nous reposer et à savourer du thé pour l’aider à retrouver ses pouvoirs magiques. La quantité de pouvoir magique que l’on avait variait d’une personne à l’autre, et celle de Marie en particulier semblait se situer à l’extrémité supérieure de la plage.

Les méthodes les plus courantes de restauration de la magie consistaient soit à se reposer, soit à utiliser des produits de restauration. Mais de tels articles étaient chers, et j’aimais passer du temps paisiblement comme ça, alors je doutais que nous les utilisions beaucoup.

« Hmm, le vent est agréable. Et le paysage est magnifique tant qu’il n’y a pas de monstres autour. On dirait presque qu’on est là pour un pique-nique, » déclara Marie.

« C’est dommage que le gyoza et le riz frit ne soient pas des aliments de pique-nique, » déclarai-je.

« Mais ils sont délicieux, c’est tout ce qui compte. Même le riz est plein de saveur, et j’aimerais bien en ravoir un jour, » déclara Marie.

Un vent frais soufflait de l’oasis et Marie semblait aller beaucoup mieux. Je soupçonnais que son état anormalement irrité plus tôt avait dû être affecté dans une certaine mesure par l’épuisement de son pouvoir magique.

« Ce serait un bon endroit pour monter de niveau s’il n’y avait pas cette chaleur. Et, heureusement, il n’y a personne d’autre, » déclarai-je.

« Oui, la vue est belle, et je pense que j’aime un peu plus les déserts maintenant. Bien que ce sentiment puisse être complètement renversé lorsque nous devrons revenir sur ce chemin, » déclara Marie.

J’avais ri en étant d’accord avec le commentaire de l’elfe volage.

En même temps, j’avais réalisé que c’était ce qui était différent de ma vie jusqu’à récemment. Je n’avais pas à m’inquiéter de quoi que ce soit lorsque je passais du temps seul, alors je ne riais jamais comme ça tout seul. J’avais levé les yeux vers le ciel clair et bleu, pensant que ma vie commençait à changer dans ce sens.

Je m’étais dépoussiéré les genoux, puis je m’étais rapproché un peu plus de Marie.

« OK, vérifions tes compétences maintenant… Maintenant que tu as monté de niveau… Ouais, tu as un nouvel emplacement de compétences. Pourquoi ne pas équiper cette Grande Expérience ? C’est une compétence assez rare, et je t’envie de pouvoir l’utiliser, » déclarai-je.

« Oh, peut-être que je l’utiliserai puisque je n’aurai pas à changer quoi que ce soit. Tu n’avais pas ce bonus d’expérience, Kazuhiho ? » demanda-t-elle.

Je n’étais pas très au courant de ces choses parce que je ne parlais pas beaucoup aux gens, mais j’avais entendu dire que ce n’était pas courant pour les gens qui avaient des compétences inadéquates comme moi d’y avoir accès. Inversement, il était plus susceptible de devenir disponible pour des spécialistes comme Marie.

« Hmm, je ne sais pas pourquoi, mais peut-être que c’est seulement adapté à certains types de personnes. Dans ton cas, tu as plusieurs types de compétences comme la pêche, les langues et la mobilité. Mes compétences sont toutes liées les unes aux autres, alors augmenter l’une d’elles peut affecter les autres d’une manière ou d’une autre. Est-ce peut-être pour ça ? » demanda Marie.

Je pensais avoir compris… en quelque sorte ?

Quoi qu’il en soit, les nouvelles compétences devraient encore améliorer notre efficacité, ce qui était toujours bienvenu pour une classe qui était difficile à monter de niveau comme la Sorcière Spirituelle. Il y avait encore un peu de temps avant le coucher du soleil, donc nous pourrions probablement avoir quelques niveaux de plus avant.

En y repensant, j’avais senti un frisson descendre dans ma colonne vertébrale. La compétence d’Intuition que j’avais montée de niveau pour éviter les embuscades de monstres me disait que quelqu’un nous observait avec de mauvaises intentions. J’avais immédiatement pensé aux multiples paires d’yeux que j’avais ressenties sur nous à notre arrivée.

C’est étrange… Je ne pensais pas qu’ils représentaient une grande menace à l’époque.

J’étais déjà au courant que des individus louches se cachaient à proximité. C’est en partie pour cette raison que j’avais voulu continuer à monter de niveau et à combler l’écart dans notre différence de puissance. J’avais cru qu’ils finiraient par disparaître, mais il me semblait que ça ne s’était pas vraiment passé comme prévu.

Soudain, j’avais vu quelque chose scintiller au-dessus de ma tête.

« Qu’y a-t-il ? » demanda Marie.

« Là-bas. Il y a quelqu’un devant ces bâtiments…, » déclarai-je.

J’avais levé les yeux pour trouver une personne qui se tenait devant le bâtiment, vers le milieu d’une falaise. Nous nous étions arrêtés tous les deux, les sourcils plissés, observant tout ça.

C’était difficile à voir à cause de la chaleur, mais ses membres maigres étaient visibles sous les vêtements sales en tissu qu’il portait.

En regardant, j’avais remarqué la chaîne autour de ses mains et de ses pieds, et j’avais aperçu des traces de fourrure qui suggèrent qu’il était un homme-bête.

« Un enfant homme-bête ? Et… est-ce qu’il tient un catalyseur magique ? » demanda Marie.

J’avais plissé les yeux pour voir que l’enfant tenait en effet une pierre dans ses mains. C’est ce que j’avais dû voir scintiller tout à l’heure. Mais que faisait un enfant dans un tel endroit ?

Nous avions continué à regarder, quand l’enfant avait jeté la pierre en l’air. La lumière était devenue encore plus forte, jusqu’à ce que…

Grondement…

Un tremblement résonna dans l’oasis, et tandis que Marie et moi nous nous blottissions l’un contre l’autre, un trou s’était lentement ouvert dans le sol devant nous. Cela s’était formé en une fosse conique, et quelque chose semblait émerger de ses profondeurs.

Du sable avait été projeté en l’air alors qu’une tête géante devenait visible. La tête seule devait mesurer au moins deux mètres, avec de nombreux yeux sur le côté. Son corps se tordant émergea peu de temps après, et il s’enroula comme un serpent alors qu’il aspergeait de sable partout dans l’oasis.

Grrrk…

Grrrrrrrrk !

Il avait ouvert sa bouche tentaculaire et avait rugi. Le sable s’était envolé dans les airs dans une vague radiale, et nous avions ressenti un fort choc alors qu’il sortait complètement de la fosse.

 

 

« Ah ! »

C’était comme si on avait reçu un coup de poing dans la tête. Marie avait poussé un cri, et je l’avais tenue dans mes bras pour la protéger. Le monstre avait dû l’entendre, car tous ses yeux s’étaient tournés vers nous en même temps. La vue était suffisante pour me faire dresser les cheveux sur la tête, malgré le fait d’être un aventurier chevronné.

« Il nous a vus ! » déclarai-je.

Il se faufilait en s’approchant de nous, écrasant tous les arbres sur son passage.

Je ne savais pas quoi faire. J’avais déjà épuisé ma capacité de mouvement à longue distance pour la journée, et la limite de poids m’empêchait d’utiliser mes mouvements à courte distance.

« Attends, je sais ! Marie ne bouge pas ! » Avant qu’elle puisse répondre, je l’avais serrée dans mes bras et j’avais attendu que le monstre s’approche.

La créature massive s’approchait de plus en plus et avait ouvert sa bouche si grande qu’il semblerait qu’elle allait se fendre en deux. Immédiatement après, un courant torride de sable avait été projeté vers nous. Nous avions été engloutis dans le flot, et même si la chaleur était suffisante pour faire fondre l’acier, je ne lâcherais jamais la fille dans mes bras.

C’était le seul moyen.

Pour que nous en sortions vivants, je devais enlacer l’elfe et mourir avec elle, comme nous l’avons fait face à l’arkdragon.

 

***

 

Marie et moi nous étions assis dans mon lit. Nous nous étions regardés avec encore de la somnolence dans les yeux, émettant simultanément des soupirs de soulagement. J’avais alors murmuré. « Je suis content que ce ne soit qu’un rêve, » et j’avais serré le corps mince à côté du mien sans réfléchir, quand j’avais entendu un petit « Eep ! »

Je venais de me réveiller, mais je m’étais peut-être un peu emporté. La chaleur que je sentais à travers le pyjama était tout simplement trop réconfortante, et après être restée un peu immobile, la fille m’avait gentiment serré dans ses bras.

Toujours dans cette position, Marie me murmura à l’oreille. « C’était de la folie… Mon cœur bat toujours la chamade, comme tu peux le constater. »

« Ouais, je dois admettre que j’ai aussi été surpris. Qu’est-ce que c’était que ce truc ? » demandai-je.

Je ne pouvais pas le dire puisque le rêve était déjà terminé, mais ces bandits avaient sûrement dû chercher nos cadavres et nos biens partout en ce moment. Dommage pour eux, nous étions un cas spécial. Nos affaires avaient complètement disparu dès que nous étions retournés dans ce monde, sinon nos vêtements et même nos sous-vêtements seraient laissés sur le sol chaque fois.

« Il est déjà six heures du matin, » les yeux ronds et violets de l’elfe regardaient le mur. « Je suppose que c’était le bon moment, d’une certaine façon. Vas-tu te préparer pour le travail maintenant, Kazuhiho ? »

Malgré la réalité du rêve, j’avais malheureusement dû retourner aux réalités du Japon. La jeune fille l’avait compris et m’avait rappelé le travail, malgré la folie qui venait de se produire dans le monde des rêves. Cependant, j’avais secoué la tête en réponse à sa question.

« Non, j’ai un jour de congé puisque c’est samedi. Je pourrais t’aider dans tes études, ou… Oh, pourquoi ne pas sortir aujourd’hui ? Voyons voir, quel endroit pourrais-tu aimer visiter… ? » répondis-je.

J’avais déplacé la couverture et ouvert les rideaux en y pensant. Il faisait de plus en plus clair à l’extérieur, et notre week-end au Japon était sur le point de commencer.

***

Épisode 3 : Une fin de semaine reposante

Partie 1

J’avais évité d’allumer la télé après mon réveil parce que je voulais profiter un peu plus longtemps de mes rêves.

Je m’étais assis sur une chaise et je m’étais détendu en sirotant une boisson chaude. Alors que la nuit disparaissait, j’étais retourné à ma vie quotidienne normale.

« Veux-tu une boisson chaude, Marie ? » demandai-je.

« Oh, ce serait merveilleux ! J’ai l’impression d’être un membre de la royauté en me faisant servir à boire le matin, » déclara Marie.

Comme avec la télé, mes habitudes avaient changé dernièrement. Aujourd’hui, je m’étais réveillé avec une elfe provenant d’un monde onirique à côté de moi, qui me répondait chaque fois que je lui parlais. C’était comme si mes rêves s’étaient prolongés, et même ma vie après mon réveil devenait quelque peu agréable. Je passais moins de temps à aspirer à ce que la nuit vienne, et la seule partie de ma routine à rester était mon verre du matin.

Il faisait déjà beau dehors, mais il était encore un peu trop tôt pour préparer le petit déjeuner. Je m’étais levé du lit pour commencer à profiter de ma journée de congé et j’avais décidé de réchauffer du lait dans la cuisine. C’était peut-être un peu enfantin, mais j’avais toujours adoré le lait chaud. Je le buvais de temps en temps, mais sa saveur simple, mais délicieuse me surprenait parfois.

Je m’étais demandé si une elfe préférerait du miel ou du sucre, mais j’avais fini par choisir le premier. Les fruits étaient à peu près les seules sucreries disponibles dans son monde, et le miel était un article de luxe qu’il était difficile d’obtenir en grandes quantités. Vu ça, j’étais sûr qu’elle apprécierait le miel et le lait.

Ding ! J’avais sorti les deux tasses du four à micro-ondes et je les avais apportées dans la chambre à coucher, c’est-à-dire que j’étais passé devant l’armoire basse qui la séparait de la cuisine. L’elfe était assise sur le bord du lit, observant tranquillement le monde extérieur.

Le mot « pittoresque » m’était venu à l’esprit, et c’était parfaitement adapté à la scène. Le soleil du matin brillait à travers ses cheveux blancs, chaque mèche rayonnant comme de l’argenterie. Sa peau pâle et ses yeux d’améthyste la faisaient passer pour une œuvre d’art ou une fée. J’avais presque l’impression que le fait de lui parler maintenant ruinerait la vision parfaite qui était devant moi, et j’avais senti une petite bosse dans ma gorge pendant que je parlais.

« … Voilà. Attention, c’est chaud, » déclarai-je.

« Oh, merci. Désolée, j’étais un peu dans la lune, » déclara Marie.

« C’est bon, on a traversé tellement de choses plus tôt. Bois un peu, ça t’aidera à te détendre, » déclarai-je.

Un doux parfum remplissait l’air, et ses yeux pourpres regardaient avec curiosité dans la tasse. Elle avait pris une petite gorgée pour goûter, puis se mit à sourire avec joie.

« Oh ! Cette faible douceur est si savoureuse. Il n’a pas non plus d’odeur trop pesante. De quel type de lait s’agit-il ? » demanda Marie.

« C’est du lait de vache. Il n’y en a pas beaucoup là où tu vis, mais je pense que cela deviendra plus courant avec le temps. Je ne pense pas que ça aurait le même goût que ça, » déclarai-je.

Après ça, je m’étais assis sur le lit à côté d’elle. Il semblait qu’elle regardait les petits oiseaux sur le balcon par la fenêtre. Ils se gazouillaient l’un et l’autre, puis s’envolaient après s’être regardés dans les yeux. Le ciel printanier était raisonnablement clair, et la journée semblait propice à une sortie.

En y réfléchissant, l’elfe me regarda.

« Tu as dit que tu avais un jour de congé, mais cela signifie-t-il que tu as perdu ta source de revenus ? » demanda Marie.

« Ce n’est pas comme le travail contractuel. C’est plus comme si j’avais un emploi permanent. Je prends deux jours de congé par semaine, » lui expliquai-je.

Elle semblait y réfléchir, et je soupçonnais que, dans son esprit, j’avais un maître qui me faisait travailler. J’avais supposé que mon patron et mes supérieurs étaient un peu comme ça… Je dirais que ce n’était pas tout à fait la même chose. Je lui apprendrai peut-être la structure sociétale du Japon un jour ou l’autre.

Elle avait l’air d’aimer le lait chaud, et elle continuait joyeusement à prendre de petites gorgées de sa tasse. J’avais aussi pris une gorgée, et cela m’avait fait me sentir un peu plus heureux que d’habitude.

« Et si on allait à la bibliothèque plus tard ? C’est essentiellement une librairie ouverte au public. Je suis sûr que ça sera aussi utile pour étudier le japonais, » déclarai-je.

« Bien sûr, ça ne me dérange pas. Mais ne devrions-nous pas donner la priorité au fait de parler la langue ? » demanda Marie.

« Oui, mais je pensais que si tu trouvais un livre qui t’intéressait, ça t’aiderait à apprendre plus vite, » répondis-je.

L’elfe hocha la tête et sembla comprendre mon raisonnement.

Dans mon cas, le désir de converser avec Marie était ma motivation pour apprendre l’Elfique… bien que cela aurait été un peu gênant de lui dire en face. Mais je savais que la curiosité et l’intérêt étaient des choses puissantes qui pouvaient rendre l’apprentissage beaucoup plus efficace.

Elle était complètement détendue quand elle avait fini de boire son lait, et nous avions décidé de prendre le petit déjeuner peu après.

***

Dès que nous avions quitté l’appartement, Marie s’était un peu raidie. Bien que ses oreilles soient cachées sous son chapeau, les gens se tournèrent vers son apparence d’un autre monde. Pour couronner le tout, ces véhicules connus sous le nom de voitures qu’elle ne comprenait pas bien étaient partout dans les rues. Je commençais à me demander si elle irait bien, quand la fille avait fait un pas en avant.

« N’aie pas l’air si inquiet. Je suis une elfe qui passe du temps dans le monde des humains. Je m’en sortirai tant que tu seras ici avec moi, » déclara Marie.

« Je suis content de l’entendre. Alors, veux-tu que je tienne ta main ? » demandai-je.

Marie semblait un peu gênée, mais elle hocha la tête en réponse. Il y avait une différence de hauteur notable, mais j’avais l’impression qu’il n’y avait pas beaucoup de distance entre nous. Je sentais ses doigts minces alors que nos mains s’entremêlaient, et elle chuchota. « D’accord, allons-y. » C’était tout ce qu’il avait fallu pour que mes pas deviennent plus légers.

« Ouais, allons faire un tour et marchons le long du lit de la rivière. On pourrait y aller en voiture, mais je préfère profiter de mon jour de congé et faire une promenade avec toi, » déclarai-je.

« N’es-tu pas un beau parleur ? Tu parles toujours comme ça avec… Hmm, non, probablement pas. Tu les ferais probablement bâiller avec tes yeux d’endormi, » déclara Marie.

Mon visage avait-il vraiment l’air si somnolent ? Bien sûr, j’étais loin d’être capable de parler à n’importe qui, et j’aurais probablement l’air ridicule si j’essayais un jour. Ce serait cruel de s’attendre à de telles choses de la part d’un Japonais ordinaire comme moi.

Nous avions commencé à voir plus d’arbres en cours de route, et il faisait un peu plus sombre à l’extérieur. Nous avions continué à marcher un peu plus loin pour trouver une promenade le long du lit de la rivière et avions marché à travers le portique du parc sur le chemin de terre. Il y avait une passerelle plus récente qui était mieux entretenue, car ce côté-là était un chemin de terre aplati. Mais pour l’elfe, elle ne pouvait toujours pas tout à fait le considérer comme étant la « nature ».

« Ils ont même construit des choses sur la rivière. C’est joli, mais les esprits ici ne semblent pas très énergiques, » déclara Marie.

« La lutte contre les inondations est très importante dans cette région. Il y avait une tonne d’inondations à l’époque. J’ai entendu dire que cela se passait depuis l’époque d’Edo, alors ils travaillent dur pour garder les rivières sous contrôle depuis près de 400 ans, » déclarai-je.

Marie soupira d’un regard qui était un mélange de surprise et d’exaspération. Elle fixa de nouveau la rivière, son regard se déplaçant du haut du ruisseau vers le bas. Son visage avait l’air de voir les âmes courageuses qui avaient résisté à ces inondations dans le passé.

« Donc, tu peux aussi voir les esprits de l’eau, n’est-ce pas ? Sais-tu ce qu’ils disent en ce moment ? » demandai-je.

Je m’étais penché contre la clôture à côté de Marie et je le lui avais demandé alors que le vent froissait ses cheveux. Cependant, elle secoua la tête de côté et elle déclara. « Je n’entends pas bien leurs voix. Je pense que j’ai besoin d’interagir davantage avec eux. Je pense essayer quand j’aurai un peu de temps, mais… »

Elle s’était soudainement arrêtée pour une raison inconnue, puis elle avait regardé quelque chose devant moi. En y pensant, je m’étais retourné, puis j’avais vu quelque chose qui était courant dans le centre-ville.

Il y avait un chat qui nous regardait du pied d’un arbre. À en juger par le collier autour de son cou, ce n’était pas un chat errant. Il était probablement en train de faire une promenade matinale.

« Oh, un chat. Maintenant que j’y pense, il n’y a pas d’animaux semblables dans l’autre monde, » déclarai-je.

« Aww, si petit ! On t’appelle “chat”, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

Le chat miaula affectueusement, puis leva les yeux ronds vers Marie. Son nez était rose pâle, et sa fourrure semblait douce et duveteuse, comme un petit poussin couvert de plumes de duvet.

« Tu es un garçon ? Quel est ton nom ? » demanda Marie.

Elle ressemblait beaucoup à l’elfe qu’elle était, car elle plissa légèrement ses yeux et chuchota à l’animal. Marie était beaucoup plus calme que la plupart des filles de mon âge, probablement parce qu’elle avait vécu plus de cent ans.

« Hehe, si mignon et minuscule. Y a-t-il beaucoup de ces chats dans le coin ? » demanda Marie.

« Ouaip. C’est le centre-ville, et une tonne de personnes ont des chats par ici. Il y a des chats vagabonds ici et là aussi, bien sûr, » répondis-je.

Marie n’avait pas remarqué parce qu’elle me regardait, mais le chat avait étiré son corps, puis avait décidé de marcher vers elle. Il s’était penché en direction de son doigt tendu et avait reniflé. Elle avait l’air un peu surprise lorsqu’elle avait réalisé ce qui se passait, puis elle s’était mise à sourire lentement.

« Ahhhh… »

« Je crois qu’il te salue. N’y touche pas encore. Les chats te diront quand ils veulent qu’on les touche, tu dois donc attendre, » déclarai-je.

Elle se tortilla un peu pendant que la fourrure du chat chatouillait sa peau, puis regarda le chat avec des étincelles dans les yeux. Je crois que j’avais entendu dire que les chats avaient tendance à aimer les gens avec un comportement calme et une petite taille. Marie était d’une carrure plus légère, alors peut-être qu’elle avait plus de chance d’être aimée d’eux.

Le chat s’était finalement déplacé pour pousser son visage contre le bout de son doigt. Marie me regarda sans mot, mais ses yeux disaient : « Eh bien ? Je peux le toucher maintenant ? » Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire en hochant la tête en réponse.

« OK chat, je vais te toucher maintenant… Ohh, si doux…, » murmura Marie.

Alors qu’elle caressait le chat avec précaution, il pressait son visage contre elle comme pour demander plus de caresses. Elle gratta le chat entre son menton et son collier avec ses doigts minces, et pendant ce temps, il miaulait de bonheur. Son mouvement semblait devenir beaucoup plus détendu, et il avait commencé à ronronner de façon audible. La vibration causée par le ronronnement lui paraissait accablante et elle s’était penchée en arrière pour me regarder avec une grande jubilation. Je n’avais jamais vu ses yeux violets aussi ronds, et voir ses joues rosées d’excitation enfantine était presque trop mignon pour moi.

Le chat semblait se mettre à l’aise, car il s’était retourné et avait révélé son estomac à Marie. Voyant cela, son sourire joyeux s’était transformé en exaltation absolue.

« Hehe, tu aimes qu’on te frotte ici, n’est-ce pas ? Miaaaouuu, » déclara Marie.

Une elfe qui était si absorbée par les caresses d’un chat était un spectacle étrange. L’image de Marie qui miaule comme une enfant dans ma tête, c’était comme si elle voulait détruire mes joues en me faisant sourire autant.

Je ne savais pas quoi faire. J’avais tellement essayé de me contenir que je commençais à trembler.

Le chat avait finalement semblé en avoir assez, parce qu’il s’était levé et était reparti avec un dernier « miaou ». L’elfe l’avait regardé partir avec un regard déçu, et ne se replaça pas debout avant que plusieurs minutes se soient écoulées.

« Ahhhh… As-tu vu ça ? Alors, adorable ! » demanda Marie.

Ses joues étaient rouges alors qu’elle parlait d’une voix joyeuse, et elle faisait parcourir ses doigts de haut en bas de mon bras comme si elle caressait encore le chat. La sensation de chatouillement était trop forte, et j’avais finalement éclaté de rire.

« Pfffaha ! Oui, ce chat était adorable. C’était génial ! » déclarai-je.

« N’est-ce pas ? C’était incroyable ! Soupir… Je me demande si ce chat va encore jouer avec moi… Oh, revenons ici, Kazuhiho ! » déclara Marie.

Il y avait un regard de détermination sur son visage, comme si elle entreprenait une mission importante. Elle semblait fière d’avoir découvert ce lieu de rencontre avec le chat, et j’avais hoché la tête en réponse.

J’avais pris sa main, qui était maintenant plus chaude qu’avant, et j’avais décidé de continuer à marcher le long de la promenade.

***

Partie 2

Il y avait beaucoup de lieux publics comme des bibliothèques dans cette région, et certaines possédaient des terrasses où l’on pouvait lire des livres. Mais ces endroits étaient plus fréquents dans les zones plus récemment aménagées, de sorte qu’ils auraient été un peu trop loin à pied. Je n’étais là que pour trouver quelque chose qui plairait à Mademoiselle l’Elfe, alors je l’avais emmenée dans un passage dans un mur voisin.

« Ah ! Je n’ai pas été surprise par l’ouverture automatique des portes ou quoique cela soit d’autres… J’ai simplement fait du bruit parce que le verre a bougé, c’est tout, » déclara Marie.

Sa surprise ne me dérangeait pas, et je me doutais que cela arriverait.

Marie semblait se rebeller contre le Japon moderne ou quelque chose comme ça…

Elle avait regardé autour d’elle plusieurs fois avant d’entrer dans la bibliothèque. Il y avait peu de monde à l’intérieur puisqu’il venait juste d’ouvrir pour la journée, mais l’immeuble était bien climatisé. Les murs étaient bordés d’objets d’art et d’artisanat fabriqués par des enfants et de dépliants présentant différents livres. La jeune elfe les regardait avec beaucoup d’intérêt, alors j’avais regardé avec elle. Cela semblait dessiné sur du papier coloré. Elle avait pris origami rose dans sa main et avait émis un son plein d’étonnement.

« Cet endroit “bibliothèque” est très différent de ce que j’avais imaginé. Je pensais qu’il ferait plus sombre et plus poussiéreux. La lumière du soleil est après tout un poison pour les livres, » déclara Marie.

« Hein, je ne le savais pas. Je n’ai jamais été moi-même dans un musée, mais je pense que tu as raison de dire que le cuir et le papier sont sensibles à la lumière du soleil et à la chaleur, » déclarai-je.

Dans l’autre monde, les livres devaient être écrits à la main, donc ils étaient naturellement très chers. Seuls ceux qui avaient un statut social comme les nobles et les sorciers étaient autorisés à entrer dans un établissement semblable à celui-ci. Il y avait quelques magasins qui vendaient des livres au grand public dans les villes, mais les livres étaient encore loin d’être considérés comme accessibles au grand public. Le fait que les bibliothèques d’ici semblaient être orientées vers les enfants l’avait aussi beaucoup surprise.

« Vérifions d’abord l’annuaire… Hmm, je pense qu’un livre avec bon nombre de photos serait bien… Maintenant, où est la section des enfants… ? » déclarai-je.

« Ton monde doit être très avancé si les enfants peuvent lire des livres, » déclara Marie.

Il n’y avait pas de technologie d’impression dans son monde. Mais on pourrait dire que seules des informations précieuses avaient été stockées dans leurs livres en guise de compromis. Du moins, je pensais que c’était ce qu’elle voulait dire, mais Marie secoua la tête.

« Non, je parle du taux d’alphabétisation. Seulement, environ trente pour cent de la population sait lire dans mon monde, et les livres ne sont généralement utilisés que par les nobles et nous, les sorciers, » déclara Marie.

« Oh, c’est vrai. Mais ne pas savoir lire n’affecte pas vraiment la vie là-bas, hein, » déclarai-je.

C’était une évidence pour une sorcière comme Marie de savoir lire. Leur mission était de percer les mystères de l’art secret, de sorte que déchiffrer ces faisceaux d’information faisait partie de leur rôle élémentaire. Quant aux nobles, ils avaient le devoir d’apprendre pour ne pas être trompés par des formulations trompeuses dans les contrats liés à l’argent et aux biens. La population générale n’avait pas de missions ou d’emplois aussi importants à faire et se préoccupait davantage de ce qu’il fallait manger ce jour-là.

J’avais supposé que le seul autre type de lecture que les gens auraient besoin de faire serait sur leurs écrans de statut. Mais même dans ces cas-là, ils pourraient simplement demander à d’autres aventuriers ou à leur guilde de leur apprendre ce que chaque terme signifiait. Je doutais qu’aucun d’eux n’ait trouvé de la joie dans l’acte de lire. Cette mentalité pourrait probablement être renversée si une telle chose comme le manga existait dans leur monde…

« OK, Marie ! Allons pour l’instant à la section pour les enfants, » déclarai-je.

« … Attends un peu. As-tu l’intention de me faire lire un livre écrit pour les enfants ? » demanda Marie.

« Ah, j’ai juste pensé qu’il y a peut-être quelque chose que tu aimerais y voir. S’il n’y en a pas, on peut passer cette section et continuer à regarder autour de nous, » déclarai-je.

Elle avait plissé ses yeux violets, et j’avais réalisé que je la faisais devenir un peu malheureuse. Je voyais bien qu’elle craignait de regarder les livres pour enfants alors qu’elle était une sorcière spirituelle.

Finalement, je l’avais invitée à y jeter un coup d’œil, et elle m’avait suivi à contrecœur.

Dès que nous étions entrés dans la salle de lecture, un spectacle familier était entré dans mon champ de vision. Bien que cela faisait un certain temps que je n’étais pas venu ici, j’y étais souvent allé depuis que j’étais à l’école primaire. La vue nostalgique et les odeurs m’avaient ramené à cette époque révolue…

Une chose que j’avais appréciée, c’est que la réceptionniste nous avait accueillis sans regarder fixement la jeune elfe. C’était formidable de savoir qu’elle tenait compte de l’espace personnel des individus pour qu’ils puissent venir lire tranquillement.

« Hein, je la reconnais…, » murmurai-je.

Si je me souvenais bien, j’avais parlé à la même réceptionniste plusieurs fois dans le passé. Mais aujourd’hui, j’étais avec Marie, alors j’avais décidé de laisser ça pour plus tard.

« Magnifique… Autant de couleurs…, » Marie s’émerveillait en marchant entre les étagères.

Les rangées de livres avaient toutes des tranches colorées, et l’elfe regardait chacun d’elles avec un regard plein de curiosité.

Puis, elle s’était figée. Je m’étais tourné vers elle, et ses yeux violets étaient fixés à un seul point sur une étagère. J’avais fait quelques pas en arrière pour voir où elle regardait, puis j’avais réalisé ce qui avait attiré son attention.

Il y avait un chat sur la couverture d’un livre.

Il nous regardait avec ses yeux clairs et ronds, et il ressemblait à la vraie affaire, bien qu’il portait un joli chapeau. Marie venait de jouer avec un chat, révélant un côté d’elle que je ne voyais pas souvent.

« As-tu trouvé un livre qui te plaît ? » demandai-je.

« Non, ce n’est pas ça. C’est juste que les couleurs vives m’ont attiré les yeux, » déclara Marie.

J’avais répondu avec un « Mhm » quand j’avais pris le livre qu’elle regardait. C’était plus lourd que ce à quoi je m’attendais, et il était clair en regardant la couverture arrière qu’il avait été publié à l’étranger.

« Pourquoi ne pas vérifier ? C’est aussi beau et coloré à l’intérieur, » déclarai-je.

« J’ai dit que je ne suis pas intéressée…, » déclara Marie.

Elle n’arrêtait pas de me faire des regards curieux alors qu’elle me l’avait dit. J’avais souri à la façon dont elle avait essayé de cacher son intérêt et j’avais tourné une page. Ensuite, le sentiment que l’histoire du chat prenait vie avait pu être ressenti à travers les pages ouvertes.

« Si je me souviens bien, cette série parle d’un chat qui part à l’aventure dans différents pays. C’était beaucoup plus populaire avant, et je me souviens qu’on en parlait tout le temps, » avais-je dit à Marie pendant qu’elle regardait le livre.

Puis elle avait dirigé ses yeux ronds vers moi. « Quoi, ce n’est plus populaire ? Mais c’est un si beau livre… »

« Il y a aussi des tendances dans les livres d’images. Mais il est encore possible qu’il redevienne populaire… Et si on s’asseyait un peu ? » J’avais fait un geste en direction des chaises rondes à proximité, et nous nous étions assis l’un à côté de l’autre.

Il faisait beaucoup plus clair à l’extérieur, et la lumière du soleil qui se réfléchissait sur le sol avait réchauffé la pièce. C’était un peu étrange qu’une elfe d’un monde imaginaire s’accroche à ma manche au milieu d’une pièce pleine de livres d’images.

« Ce chat ressemble à celui que j’ai vu ce matin. C’est si mignon, mais le livre…, » déclara Marie.

« Pourquoi ne le lis-tu pas ? En fait, les livres veulent que les gens les lisent, tu sais, » répliquai-je.

J’avais basculé à la page suivante, et le chat était sorti pour commencer son aventure. L’elfe s’était approchée assez près pour que nos joues se touchent presque, puis avait regardé dans le livre d’images.

« J’aimerais bien, mais… Je ne comprends toujours pas comment lire les caractères, » déclara Marie.

« C’est une coutume dans d’autres pays, mais j’ai entendu dire que tu ferais un beau rêve si tu lis avant de te coucher. Si tu choisis un livre que tu aimes, je peux te le lire à la maison, » déclarai-je.

Marie avait cligné des yeux plusieurs fois, puis s’était tournée vers moi. « On a le droit d’emprunter ces livres ? Mais quelqu’un pourrait les salir, ou même les voler ! » déclara Marie.

« C’est vrai, mais nous en prendrons bien soin. Nous ne pouvons les emprunter que pour un temps limité, alors revenons les rendre ensemble, » déclarai-je.

Elle avait tiré sur ma manche quelques fois avec la même expression que celle qu’elle montrait au chat tout à l’heure. J’imaginais qu’elle s’imaginait déjà le monde à l’intérieur du livre d’images juste avant de s’endormir. Je lui avais dit que c’était décidé et j’avais fermé le livre, puis je le lui avais donné. Elle le tenait précieusement dans ses mains, son sourire semblant éclairer la pièce en répondant adorablement. « D’accord ! » Même la réceptionniste semblait rougir et apprécier l’expression heureuse de l’elfe.

« Merci, j’ai hâte d’y être ! » C’était presque comme si des fleurs flottaient et dansaient autour de la tête de Marie.

« Très bien, alors allons chercher autre chose qui pourrait te plaire, » déclarai-je.

J’avais décidé de sauter le fait que c’était habituellement les enfants qui se faisaient lire des livres avant le coucher…

En tout cas, je voulais lui faire la lecture. Je l’imaginais se frotter les yeux en me demandant de lire un chapitre de plus… Hmhm, je ne pouvais pas attendre.

 

 

En regardant Marie comparer avec enthousiasme deux livres d’images, j’avais eu une idée :

Hm, Marie s’intéresse donc à l’illustration…

Quand j’y pense, le plaisir de l’art était réservé à quelques privilégiés, comme les nobles. C’était une forme profonde de divertissement que la plupart ne considéraient pas comme étant pour les enfants. C’était sans doute pour cela que Marie avait réalisé pour la première fois le charme de tout ça dans cette bibliothèque.

En y repensant, j’avais réalisé que beaucoup d’enfants avaient d’abord appris la langue dans des livres d’images et des animes. En ce sens, l’anime pouvait être un bon moyen pour elle aussi d’apprendre le japonais. Mais je devais éviter de l’ennuyer avec quelque chose de trop enfantin. J’avais besoin de quelque chose d’intéressant et d’agréable pour les enfants et les adultes…

Puis, ça m’était venu à l’esprit.

« Hm, ça pourrait marcher. Je crois que je vais louer un film en rentrant, » déclarai-je.

Tandis que je me disais cela à voix haute, la jeune elfe se leva de sa chaise, les livres soigneusement tenus dans ses bras. Après avoir pris le temps de se décider, elle avait choisi trois des livres de la série de livres d’images du chat qu’elle avait trouvé plus tôt. Mais pour le dire franchement, elle me rappelait un peu un chat elle-même, comme sa nature capricieuse et la façon dont elle me regardait parfois avec ses yeux tels des joyaux.

Elle leva les yeux avec une expression interrogatrice qui ne faisait que confirmer pour l’instant ses qualités de chat dans mon esprit. Elle était là, la tête inclinée, et j’avais posé ma main sur le chapeau sur sa tête. Ce serait bien si elle me laissait caresser sa tête comme ce chat l’avait fait pour elle…

« Tu as réfléchi pendant un moment. N’avais-tu rien trouvé d’autre qui te plaisais ? » demandai-je.

« J’ai trouvé un livre avec une grenouille dessus. C’est assez injuste. Qui n’aurait pas du mal à décider ? » demanda Marie.

J’avais suivi son regard vers un livre avec une grenouille à l’air suffisant sur la couverture. J’avais remarqué qu’elle avait l’air d’aimer les personnages insolents comme eux.

Cela veut-il peut-être dire qu’elle aimerait de la marchandise liée à des marques de personnages ? Cela pouvait être amusant de l’emmener dans cet immense établissement qui était difficile à dire si c’était à Chiba ou à Tokyo… Cela me donnait toutes sortes d’idées d’endroits pour l’emmener dans le futur.

« Allons voir ces livres à la réception, » déclarai-je.

« Très bien, allons-y alors ! » L’elfe semblait toujours être dans le monde des livres d’images, car ses pas étaient légers alors que je l’emmenais à la réception.

La femme au comptoir nous avait salués, avait reçu les livres que Marie lui avait présentés, puis avait souri. Ses cheveux descendaient jusqu’aux épaules et elle avait un comportement calme.

« Excusez-moi, j’aimerais emprunter ça, » déclarai-je.

« Bien sûr que oui. Ça fait un bail, Kitase-san. Je vois que vous avez une jolie fille aujourd’hui, » déclara la femme.

J’étais déjà venu ici quelques fois, donc je connaissais déjà la réceptionniste. Nous n’avions pas l’air très éloignés l’un de l’autre en âge, et à en juger par l’anneau à son doigt, c’était une femme mariée.

« C’est une parente d’outre-mer. Elle semble aimer les livres d’images, alors je pense qu’on reviendra de temps en temps, » déclarai-je.

« Ah, j’ai hâte que cela se produise. Puis-je vous demander votre nom ? » Ses cheveux noirs et soyeux ondulaient en se penchant un peu au-dessus du comptoir pour regarder Marie.

Je m’étais rendu compte que c’était une bonne occasion pour un entraînement au japonais de base, alors j’avais traduit la question à l’elfe et je lui avais rapidement appris quelques phrases. Elle se les répéta plusieurs fois, puis se mit à parler maladroitement.

« H-Hallo, je m’appelle Mariabelle, » déclara Marie.

« Je suis Kaoruko Ichijo. Ravie de vous rencontrer, Mariabelle-chan, » déclara Kaoruko.

Marie lui tendit la main pour lui serrer la main, ce qui semblait être une habitude du monde onirique. Kaoruko sembla enchantée par la main pâle et élancée de l’elfe pendant un moment, puis se leva de sa chaise dans une agitation. Il semblait qu’elle aussi ressentait quelque chose de fantastique de la part de Marie.

La beauté de Marie semblait tout droit sortie du monde des fables. Si je devais la comparer à une créature mythique, je dirais qu’elle ressemble plus à une licorne. Kaoruko avait peut-être hésité à toucher une telle œuvre d’art.

C’était timide et maladroit, mais les deux femmes se serraient enfin la main. C’était un peu trop pour Kaoruko, car elle avait laissé échapper un « Nn ! » et se tortilla un peu, avec une Marie qui semblait surprise.

Mais je pouvais comprendre Kaoruko. Marie était vraiment comme une jolie petite poupée. Je l’avais ressentie juste en la voyant bouger, alors la toucher avait suffi à faire trembler quelqu’un.

L’elfe me regarda avec une expression perplexe. « Kazuhiho, pourquoi a-t-elle mis “chan” après mon nom ? Est-ce que je n’ai pas communiqué mon nom correctement ? »

« Oh, non ! Je suppose que c’est juste quelque chose qu’on met à la fin du nom d’une jolie fille, » répondis-je.

Elle avait incliné la tête, alors je lui avais donné une petite leçon. Je lui avais dit que Kaoruko avait mis « -san » à la fin de mon nom parce qu’il était utilisé pour s’adresser aux hommes et aux femmes qui étaient du même âge ou plus âgés. Inversement, « -chan » était principalement utilisé pour s’adresser à des personnes plus jeunes.

Marie acquiesça de la tête, puis se tourna vers Kaoruko pour parler. « Meechu, Kaoruko, Chan. »

Oh, c’est vrai… Kaoruko serait plus jeune du point de vue de l’elfe. Mais non seulement Kaoruko n’avait pas peur qu’on s’adresse à elle de cette façon, mais elle était sur le point d’être tuée par le bégaiement mignon de Marie. Elle avait serré ses bras autour de son propre corps, puis avait levé la tête après avoir laissé ses émotions se calmer. Des mèches de ses cheveux noirs n’étaient pas à leur place sur son visage, mais elle semblait retrouver son attitude cool de réceptionniste.

« … Kitase-san, c’est beaucoup trop pour moi quand elle s’adresse directement à moi avec mon nom comme ça, » déclara Kaoruko.

« Ouais, j’ai compris. C’est assez troublant pour moi parce qu’elle ne réalise même pas ce qu’elle fait, » déclarai-je.

Kaoruko me regarda avec des yeux pleins d’empathie. Je ressentais un étrange sentiment de bonheur de trouver quelqu’un qui comprenait ma douleur, lorsqu’elle avait soudain semblé réaliser quelque chose et que son regard s’était transformé en un regard de suspicion.

« Ne me dites pas que vous avez…, » demanda Kaoruko.

« Non, non, non, nous n’avons pas… Je n’aurais même pas le courage de faire quelque chose comme ça, » déclarai-je.

« Alors, vous feriez quelque chose si vous aviez plus de courage ? » demanda Kaoruko.

Oh franchement, je n’aurais vraiment pas dû dire ça…

Mais… ça m’avait fait réfléchir à sa question. Dans mon esprit, je voulais éviter de détruire ma relation avec Marie par-dessus tout. Ce n’était pas vraiment une question de savoir si j’allais agir ou non, ou si j’avais les tripes.

« C’est une fille très gentille. Je n’aurais jamais pensé faire quoi que ce soit qui puisse la décevoir, » déclarai-je.

« Oui, je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais je pense que vous devriez maintenir cette relation pendant un certain temps… Maintenant, à propos de votre carte de bibliothèque. Avez-vous changé d’adresse depuis votre dernière visite ? » demanda Kaoruko.

Oh, maintenant qu’elle en a parlé… En fait, j’avais déménagé une fois depuis la dernière fois que j’étais venu ici.

J’avais sorti mon permis de conduire et j’avais commencé à remplir les papiers pour un changement d’adresse. Quand je lui avais remis mon permis, Kaoruko avait eu un regard de surprise sur son visage.

« Oh… ? Cette adresse… Alors vous vivez aussi là-bas ? » demanda Kaoruko.

« Hein ? Voulez-vous dire que vous vivez aussi là-bas ? » demandai-je.

Ses yeux s’étaient ouverts en grand et elle avait hoché la tête.

Ça, c’était une surprise. Je n’avais jamais réalisé qu’on vivait au même endroit.

Marie avait tiré sur ma manche, et j’avais baissé les yeux pour la trouver en train de me regarder d’un air empli de doutes.

« Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda Marie.

« Je viens d’apprendre qu’elle vit dans le même immeuble d’appartements que moi. Je pense qu’elle est mariée, donc elle vit probablement avec son mari, » déclarai-je.

« Ah, donc c’est une voisine. Ces immeubles en copropriété ont des maisons en dessous et à côté d’eux, il est donc difficile de dire qui habite où, » déclara Marie.

Il était vrai que le concept de faire connaissance avec ses voisins disparaissait dans la société moderne. Personnellement, je n’avais jamais eu ce genre de relation avec mes voisins, et je ne pouvais pas dire que j’étais vraiment intéressé par ça. Donc, même si mon immeuble avait une association de gestion, je n’avais pas assisté à la plupart de leurs réunions. Je l’avais dit à Kaoruko en tant que telle, et elle avait acquiescé d’un signe de tête.

« L’association de gestion s’occupe principalement du nettoyage et des exercices d’incendie. Nul n’est obligé d’y assister à des fins sociales, » répondit Kaoruko.

« C’est vrai. J’ai de toute façon tendance à passer tout mon temps libre sur mes loisirs…, » déclarai-je.

Je n’étais pas trop fan des relations sociales. Être prévenant pourrait être fatigant, et je devrais m’inquiéter de ne pas donner aux gens une mauvaise impression de moi.

Mais, attends… alors pourquoi n’ai-je pas ressenti d’aversion à être avec Marie ?

« Hm… ? »

Elle semblait confuse quand nos yeux s’étaient croisés, mais je n’avais pas la réponse. Je n’avais jamais eu l’impression que le fait d’être avec elle était gênant, et même prendre soin d’elle était agréable selon moi. Je ne m’attendais vraiment pas à trouver une telle question enfouie dans mes pensées…

En y réfléchissant, Kaoruko m’avait parlé. « Ça vous dirait d’aller quelque part ensemble l’un de ces jours ? Pour être honnête, j’aimerais mieux connaître Mariabelle-chan. »

« Oh, Euhh, je vois…, » déclarai-je.

J’avais été un peu surpris par son invitation. C’était une situation étrange. Cette femme que je connaissais à peine nous avait invités à sortir, et ses yeux étaient complètement obsédés par Mariabelle et ils m’ignoraient apparemment. Je n’avais pas pu m’empêcher de me sentir étrangement déçu. C’était un peu comme si une fille te parlait juste pour te demander de donner une lettre d’amour à un autre gars.

J’avais quand même décidé d’étudier son offre.

« D’accord, bien sûr. Puis-je obtenir vos coordonnées… ? » demandai-je.

Interagir avec d’autres personnes pouvait être un bon moyen pour Marie d’étudier le japonais. Cela pourrait aussi l’amener à se rendre à la bibliothèque pour parler avec Kaoruko pendant mon absence. C’était dans cet esprit que j’avais décidé d’accepter son offre.

Mais l’échange de coordonnées avec une femme m’avait rendu un peu nerveux. Le simple fait de s’ajouter les uns aux autres sur les médias sociaux était apparemment un échange incompréhensible du point de vue de l’elfe. Elle avait cligné des yeux plusieurs fois, puis elle avait attrapé un livre dans un mouvement d’agitation alors qu’il commençait à glisser vers le bas.

« H-Hey, qu’est-ce que tu fais ? » demanda Marie.

« Elle dit qu’elle veut mieux te connaître. C’est pourquoi je lui donne mes coordonnées. Ça ne te dérange pas, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Non, bien sûr que ça ne me dérange pas, mais…, » répondit Marie.

Ses doigts doux s’étaient glissés entre les miens sous le comptoir. J’avais l’impression qu’elle dépendait de moi alors qu’elle serrait ses mains autour des miennes, et mon cœur avait commencé à battre plus vite pour une raison inconnue. J’avais l’impression qu’un petit oiseau s’était posé sur mon doigt.

« C’est bon, je serai à tes côtés pendant ce temps. Je pense que tu es sur le point de te faire ta première amie, » déclarai-je.

Je m’étais souvenu qu’elle avait une personnalité un peu introvertie. Elle évitait les foules et n’aimait pas interagir avec les autres, alors elle était un peu comme moi dans ce sens.

Elle avait inconsciemment serré ma main, puis m’avait finalement parlé. « Alors, d’accord. Vas-tu m’apprendre comment saluer correctement dans cette situation ? »

Dans le coin de la salle de la bibliothèque, l’elfe prononça maladroitement des paroles de salutation. Quand j’y pense, c’était la première fois qu’elle interagissait avec quelqu’un qui n’était pas moi. En fait, ce chat serait-il le premier… ? Ou la serveuse peut-être…

Les deux femmes se serrèrent à nouveau la main, et il semblait que l’elfe avait fait un petit pas de plus dans le Japon.

***

Partie 3

Nous avions quitté la bibliothèque avec le sac de livres à la main. Des enfants étaient entrés alors que nous partions, vers lesquels j’avais souri et je m’étais demandé s’ils se dirigeaient aussi vers la section pour les enfants. Marie avait eu une réaction similaire en marchant à côté de moi maintenant qu’elle comprenait quel genre d’endroit était la bibliothèque.

Le soleil était presque directement au-dessus de nos têtes maintenant, et c’était le bon moment pour commencer à réfléchir à ce qu’il fallait manger. Je m’étais tourné vers Marie, qui tenait le sac de livres dans ses bras, et j’avais dit : « Je veux m’arrêter dans un magasin avant de rentrer à la maison. Je peux aussi transporter les livres si tu veux. »

« Bien sûr. Mais je peux moi-même tenir les livres, » déclara Marie.

J’avais déjà tendu la main pour les prendre, mais elle me l’avait refusé. J’avais rétracté mes mains qui n’avaient nulle part où aller. Puis Marie m’avait dit. « Tu peux parfois être un peu trop protecteur, tu sais. Je pense que tu oublies que je suis bien plus vieille que toi. »

Bien sûr que je m’en étais souvenu, mais peut-être que je commençais à oublier au fil des jours.

Elle avait rétréci ses yeux avec suspicion, mais il y avait toujours un sentiment de rêverie chez elle. Son regard s’abaissa sur les livres dans ses bras, puis elle poussa un soupir de joie.

« Haah... C’était si adorable… ! Je me sens si chanceuse de pouvoir emporter une telle douceur à la maison. Ces bibliothèques sont des endroits merveilleux, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

« Il y a une limite au nombre de livres que nous pouvons emprunter en même temps, mais nous pouvons les emprunter autant de fois que nous le voulons. Nous reviendrons une prochaine fois et nous trouvons des livres ensemble à nouveau, » déclarai-je.

Elle hocha la tête et sourit chaleureusement. La jeune fille semblait baisser sa garde et me montrait ce beau sourire chaque fois qu’elle était excitée par quelque chose. J’avais souri à la vue d’elle tenant les livres précieusement et j’avais continué à marcher avec elle. Nous ne pouvions pas nous tenir la main avec elle portant des livres, mais l’aura joyeuse qui en émanait me mettait aussi de bonne humeur.

***

En rentrant dans ma chambre, j’avais décidé de sortir le DVD que j’avais pris sur le chemin du retour. Marie regardait les paquets sur les étagères du magasin tout à l’heure, mais elle semblait plus enthousiaste dans la bibliothèque. J’avais pensé que je ne devais pas regarder des films d’action en direct avec elle jusqu’à ce qu’elle s’habitue un peu plus au Japon et à d’autres formes de divertissement.

Je l’avais d’abord fait asseoir sur le lit, lui avait mis un coussin derrière le dos, puis j’avais démarré la vidéo sur mon téléviseur LCD.

« C’est le DVD de location que tu as loué dans ce magasin ? Qu’est-ce que ça va passer à la télé ? » demanda-t-elle.

« Ouaip. Les livres d’images montrent des images fixes, mais là, ce sont essentiellement des images en mouvement. C’est un peu lumineux ici, alors je vais fermer les rideaux, » déclarai-je.

Un verre et du pop-corn auraient été bien, mais je ne voulais pas en renverser sur mon lit.

C’est ainsi que la vidéo avait commencé à être diffusée. C’était un film pour un anime bien connu et apprécié des enfants et des adultes de tout le Japon. Beaucoup de familles l’avaient regardée ensemble, et beaucoup de gens qui l’avaient regardée en grandissant l’avaient encore appréciée jusqu’à l’âge adulte. Puisqu’elle aimait les beaux livres d’images, j’étais sûr qu’elle aimerait celui-là aussi.

Bien sûr, elle avait émis un bruit excité alors que la joyeuse musique d’ouverture s’était mise à jouer. Le tempo joyeux et le ton léger s’adressaient aux enfants, mais l’elfe avait élargi ses yeux avec joie.

« Cette musique est si mignonne…, » dit-elle, puis se pencha un peu plus près.

Malheureusement, ma télé n’était pas très grande parce qu’elle était conçue pour une seule personne. Mais elle ne tiendrait pas dans ma chambre si elle était trop grande, alors je n’y pouvais pas grand-chose. Ce n’était pas vraiment un problème si nous le regardions de près de toute façon.

Le ciel bleu s’était affiché à la fin de la musique, puis cela avait lentement commencé à présenter les personnages. J’avais particulièrement apprécié les expressions des personnages. Ils pourraient même évoquer l’ennui ou la paresse avec une simple expression. Cela faisait partie de ce qui rendait les personnages plus humains, même s’ils n’étaient que des personnages dans un anime.

Personnellement, je n’avais pas beaucoup regardé d’anime, mais la vivacité des personnages à eux seuls le rendait agréable. La jeune fille, elle aussi, semblait immergée alors qu’elle fixait et clignait des yeux de façon répétée.

« Les photos… Tu avais raison, ils bougent… est-ce de la magie ? » demanda Marie.

« Non, je pense que c’est surtout dessiné à la main. Un tas de gens se sont réunis et ont fait chacun de ces tableaux en mouvement, » déclarai-je.

Je ne pensais pas que même la magie pouvait faire quelque chose comme ça. C’était empli par l’âme du créateur, qui était au cœur de toute bonne histoire, et c’est ce qui attirait tant ses spectateurs. C’était comme un livre d’images dans ce sens, et l’elfe était entraîné dans l’histoire, qu’elle le veuille ou non.

Il n’y avait pas de magie dans mon monde, mais il y avait quelque chose qui n’était pas trop loin. Ces mondes créés dans ces histoires fictives avaient une sorte de charme mystérieux qui leur était propre.

« Qu’est-ce qu’ils disent, ces gosses ? Tu peux me le dire, Kazuhiho ? » demanda Marie.

Elle me regardait, moi et l’écran de télévision en étant agité, et il était clair qu’elle était captivée. Je voulais qu’elle s’intéresse davantage au japonais, alors je n’avais pas tout expliqué. Je lui avais raconté le déroulement de l’histoire, puis je l’avais laissée comprendre le reste à partir des actions de chaque personnage. Elle semblait comprendre un peu ce qu’ils disaient, hochant la tête de temps en temps en réponse à ce qu’elle voyait dans l’histoire. Elle avait agi avec tranquillité pendant les scènes paisibles et avait réagi avec surprise devant les personnages mystérieux. En un rien de temps, elle s’était intéressée aux jeunes protagonistes.

« Hehe, cette personne me fait penser à toi. Son visage endormi ressemble au tien, » déclara Marie.

« Hein, tu crois ça ? Je pense qu’il est plus éveillé que moi, » répondis-je.

Nous avions continué à regarder et à rire ensemble, et elle avait tiré sur ma poitrine en me demandant de lui expliquer quelque chose. En répétant cela, nous nous étions naturellement retrouvés dans une position où je la tenais dans mes bras. Son corps doux et mince s’appuyait sur le mien, et ses beaux cheveux blancs touchaient mon menton. Mon corps s’était finalement réchauffé en regardant le film dans le confort.

« C’est presque comme si j’étais dans l’histoire…, » la fille parlait doucement, d’un ton lent et détendu.

« Oui, je connais ce sentiment. C’était pareil pour moi aussi, » répondis-je.

Ma voix était plus calme que d’habitude, et l’elfe leva légèrement les yeux vers moi. J’avais aussi détendu mon corps et commencé à apprécier le film avant de le réaliser.

Cependant, avec une bonne histoire, les conflits étaient encore plus graves.

Alors que la nuit s’installait, l’ambiance distincte du Japon après la tombée de la nuit s’était manifestée, et le corps de l’elfe s’était tendu. La solitude dépeinte par le protagoniste marchant seul semblait s’étendre à Marie, et elle me serrait dans ses bras. Son corps doux était pressé contre le mien, et je sentais son cœur battre comme celui d’un petit oiseau. Elle avait un parfum quelque peu doux en elle, et le fait d’être si près d’elle rendait l’arôme d’autant plus proéminent. J’avais réfréné les sentiments qu’elle invoquait et je l’enlaçais doucement dans le dos, puis je lui chuchotais à voix basse au-dessus de sa tête comme si j’étais le narrateur.

« Ah ! »

Elle avait fait entendre sa voix alors qu’un mignon personnage se joignait à l’histoire. C’était le genre de créature qu’elle aimait, et cela l’avait fait me tenir dans ses bras avec un peu plus de force. Elle était complètement absorbée par l’histoire, et son regard allait et venait de la télévision à mon visage avec un regard qui me demandait d’expliquer ce qui se passait. Je ne savais pas pourquoi, mais ça me donnait envie de rire.

Les personnages avaient finalement surmonté leur conflit au cours d’épreuves, et la jeune fille avait poussé un soupir de soulagement lorsque c’était arrivé à une heureuse conclusion. Son corps s’était finalement éloigné, ce qui était un peu dommage, mais j’étais aussi heureux de voir les sourires heureux sur les visages des personnages.

La même chanson d’ouverture avait été jouée en finale, et j’avais souri en voyant Marie se balancer la tête d’un côté à l’autre en même temps que la musique joyeuse. Elle avait continué à regarder jusqu’à ce que la musique se termine, et quand le message de fin était apparu à l’écran, elle avait finalement été autorisée à quitter le monde de l’histoire.

Elle n’avait pas bougé un instant, alors je lui avais demandé. « Comment était-ce ? » Mais c’était peut-être une question inutile à poser. Elle avait un regard rêveur quand elle s’était finalement tournée vers moi, et il semblait qu’elle comprenait maintenant l’attrait de regarder des films.

« Oui, c’était très divertissant. Je n’ai pas compris la plupart des conversations, mais je suis heureuse d’avoir pu en faire l’expérience, » déclara Marie.

Après ça, elle m’avait sauté dans les bras comme pour exprimer sa bonne humeur. Peut-être qu’elle avait été revigorée en regardant le film parce qu’il y avait une quantité surprenante de puissance dans son mouvement, et j’avais fini par être poussé vers le bas sur le lit. Elle s’était assise sur mon ventre et m’avait regardé avec ses yeux violets et brillants.

« C’était comme si ces photos étaient vivantes. Quel sentiment étrange ! » déclara Marie.

« Ouaip. C’est parce que ce n’était pas que des images, c’était une histoire, » chuchotais-je à la fille qui pressait sa joue contre ma poitrine avec une expression fascinée.

J’avais alors envie de toucher ses cheveux blancs et fluides, et j’avais poussé doucement quelques mèches derrière son oreille avec mon doigt. Elle semblait l’apprécier, car ses yeux se rétrécissaient en laissant échapper un souffle chaud.

« Oui… Hmm… Ah… J’aime aussi les livres, mais j’aime mieux utiliser mon imagination. Parce que l’imagination est illimitée, tu sais ? Je pense que ce que nous avons vu, c’était plutôt comme si on nous montrait le monde de l’imagination de quelqu’un d’autre, » déclara Marie.

« Ah, c’est une façon simple, mais intéressante de le dire. Il existe de nombreuses formes de divertissement comme ça au Japon. Je pense que tu pourrais en apprécier beaucoup d’autres une fois que tu auras appris le japonais. Il y aura tant de choses à savourer que tu ne pourras pas tous les compter, » déclarai-je.

L’elfe leva soudain la tête et afficha un sourire radieux.

« Je vais à tous les coups l’apprendre. C’est vraiment dommage que je ne puisse pas les comprendre maintenant, et ça me rend triste. Dis-moi, est-ce que c’est quelque chose que je peux apprécier à nouveau ? J’aimerais le revoir si possible, » déclara Marie.

« Ouais, tu peux le regarder autant de fois que tu le veux. Je vais te montrer comment utiliser la télécommande. Je vais nous préparer un repas léger. Alors vas-y et fais-toi plaisir, » déclarai-je.

C’était bon à entendre. Il semblait qu’elle s’intéressait maintenant à la fois à l’anime et à la littérature en japonais.

Ça faisait un moment, mais j’avais aussi aimé le regarder avec elle. Mais le plus amusant, c’était de voir ses réactions.

***

Alors que je me préparais dans la cuisine, cette joyeuse chanson d’ouverture avait recommencé à jouer. J’entendais les murmures de l’elfe, et quand je m’étais retourné, je l’avais vue se balancer en même temps que la musique. J’avais failli rire face à cette vue précieuse, mais j’avais besoin de résister à l’envie et de me concentrer sur la cuisine. S’il n’y avait personne d’autre autour de moi, j’aurais probablement déjà été en train de rire.

Je voulais faire quelque chose à manger en regardant des films, alors j’avais opté pour des pancakes. C’était facile à faire, et j’avais déjà du miel que je pouvais utiliser.

Pendant que je cuisinais, Marie me posait des questions depuis le lit, comme la signification de certains mots et phrases, ainsi que les nuances détaillées de leur usage. Une chose que j’avais remarquée, c’était qu’elle n’avait jamais demandé la même chose deux fois. Elle avait un esprit brillant pour commencer, et elle avait maintenant le monde charmant à l’écran pour guider sa motivation. Elle entassait pratiquement toutes les informations qu’elle pouvait auparavant, mais de cette façon, elle apprenait naturellement tout en s’amusant. J’étais sûr qu’elle acquérait des connaissances comme une éponge qui absorbait l’eau de cette façon.

Oui, j’ai fait le bon choix.

J’avais placé un plateau sur ses genoux et je lui avais fait manger les pancakes qui avaient été coupés en portions. Bien qu’elle soit absorbée par l’histoire, elle en avait sorti un « siiii délicieux ! » et avait fait apparaître un adorable sourire.

Après avoir apprécié l’anime et les pancakes, elle était retournée sur le lit. Elle s’était tortillée de gauche à droite, puis m’avait tendu la main à mesure que je m’approchais.

« Désolé, je suis si contente que je ne peux plus me lever maintenant. Peux-tu m’aider ? » demanda-t-elle.

J’avais ri et je lui avais dit que j’en serais ravi, puis je lui avais pris sa main mince et je l’avais mise en position assise au bord du lit. J’avais toujours pensé qu’elle ressemblait à une poupée, mais elle l’avait vraiment fait à ce moment-là.

Elle poussa un soupir rêveur, puis me regarda avec les yeux à moitié ouverts.

« Cette campagne était si belle, avec un paysage nocturne si merveilleux. Était-ce aussi une partie du Japon ? » demanda Marie.

« Oui, mais je pense que c’était il y a longtemps. En fait, je pense que la maison de mon grand-père ressemble à cet endroit, » répondis-je.

Les yeux de Marie s’ouvrirent et elle me fixa. Son expression avait changé depuis une minute, et elle était maintenant pleine d’attente.

Hmm, j’avais prévu de l’emmener quelque part pendant mes vacances en mai, alors c’était peut-être l’endroit où aller.

« Alors, ça te dirait d’y aller pour mes vacances le mois prochain ? Nous devrons faire un petit voyage avant pour t’y habituer, » déclarai-je.

« Oh, oh, je veux y aller ! Enfin, si je ne dérange personne…, » répondit Marie.

Elle semblait mourir d’envie d’y aller, mais elle était en même temps assez mûre pour être attentionnée.

Mais j’avais déjà pris ma décision. Elle était clairement impatiente de partir, alors quel genre d’homme serais-je si je n’y arrivais pas ?

« Alors, allons à la campagne où vit ma famille. J’espère que tu l’attends avec impatience, Marie, » déclarerai-je.

Son visage semblait briller de joie lorsqu’elle s’était penchée vers moi pour me serrer dans ses bras.

Je sentais totalement ses seins quand elle se pressait contre moi par devant comme ça, et, eh bien… cela m’avait juste fait se figer maladroitement.

Alors que Marie prenait un bain ce jour-là, j’avais entendu la chanson thème de l’anime qui venait de la salle de bain. C’était tellement adorable, je suspectais qu’elle essayait de me briser le visage en me faisant sourire si intensément. Heureusement, elle ne pouvait pas me voir, alors j’avais pu m’en sortir en souriant comme un idiot.

J’avais gloussé tout en continuant à cuisiner.

Ce soir, je faisais du curry avec un peu plus de piquant. J’avais ajouté du garam masala aux oignons au fur et à mesure qu’ils commençaient à perdre leur opacité, et un arôme appétissant avait rempli la cuisine.

***

Partie 4

Nos horaires de repas nous dictaient des repas légers le matin et le midi au Japon, puis des repas plus lourds le soir et le midi dans l’autre monde. Les deux mondes étaient peut-être différents, mais j’avais l’impression de partager le même estomac dans les deux et c’est pourquoi j’avais pris un total de quatre repas. C’était juste la bonne quantité, mon apport calorique quotidien équivalant à trois repas complets par jour.

« En fait, c’est peut-être manger un peu plus de calories que trois repas normaux, bien que ce ne soit pas comme si je gardais une trace de toute façon, » déclarai-je.

Quoi qu’il en soit, j’avais l’impression d’avoir mangé un peu plus que la norme.

Je me demandais si Mademoiselle l’Elfe serait troublée si elle prenait du poids. Personnellement, je pensais qu’elle était un peu mince et qu’elle avait besoin d’un peu plus de viande. Mais il serait peut-être plus sain de manger des aliments délicieux et de faire de l’exercice plutôt que de s’inquiéter trop des calories.

J’avais goûté un peu aux épices dans la poêle et j’avais ajusté le goût. J’avais du vin blanc à déguster tout en goûtant ma cuisine, ce qui était un privilège réservé à celui qui préparait la nourriture. Cuisiner avait toujours le meilleur goût frais, alors j’appréciais beaucoup les collations et les boissons d’avant le repas.

Soudain, mes pieds avaient été étrangement instables.

« Hm ? Ça a vraiment tremblé tout à l’heure. Un tremblement de terre… ? » demandai-je.

Les tremblements de terre n’étaient pas rares au Japon. J’étais déjà très habitué à eux, les ayant vécus depuis mon plus jeune âge.

J’avais éteint le feu sur le poêle et allumé la télé à côté du lit. La tonalité d’urgence retentissait juste quand j’avais allumé, et elle semblait être d’une magnitude de 4,0.

« Celui-là était plutôt gros. Je suis un peu inquiet parce que les gens disent que les fondations sont un peu faibles par ici, mais… ça devrait aller pour le moment, » déclarai-je pour moi-même.

J’avais hoché la tête, puis j’avais entendu la porte de la salle de bains s’ouvrir bruyamment.

En ouvrant la porte juste à côté de la chambre à coucher, on découvrait un lavabo et un dressing, avec des toilettes à gauche et une salle de bains à droite. Je regardais la télévision, mais naturellement, mes yeux s’étaient lentement dirigés vers la source du bruit.

« As-tu déjà fini ? C’était rapide —, » commençai-je.

Je m’étais retourné pour trouver le corps encore mouillé de Marie et, bien sûr, elle ne portait rien…

J’avais laissé sortir un « oof » gêné. Son corps mince, sa belle silhouette, ses seins féminins et colorés…

« Aaaaaaaahhhh ! »

« Kyaaaaaaaaaaaaahhhh ! »

Je n’avais même pas eu le temps de courir. Elle avait crié encore plus fort que moi et avait sauté contre ma poitrine. Je pouvais sentir nos cœurs battre frénétiquement et son corps réchauffer par le bain avec sa peau douce et nue juste contre moi… mais j’avais besoin de lever les yeux. En haut !

« Cela a tremblé ! Le bain vient de trembler ! Pourquoi !? Ahh, j’ai peur ! J’ai tellement peur ! » déclara Marie.

« Oh, ouais, c’était un tremblement de terre. C’est bon, c’était juste un petit tremblement, » déclarai-je.

« Non, non ! Comment ça peut aller ? Le sol a tremblé. Et si tout s’effondre et qu’on se fait écraser !? » s’écria Marie.

En réalité, j’étais vraiment déjà sur le point d’être écrasé, par une autre force plus généreuse.

 

 

Même aujourd’hui, son odeur de fraîcheur et la sensation de ses épaules nues m’avaient rendu douloureusement conscient de sa féminité. Mes pensées étaient si agitées que le tremblement de terre était le cadet de mes soucis.

« D’accord, mais Marie, tes vêtements ! » déclarai-je.

« Hein ? A-Ahhh ! Ferme les yeux ! Ou, attends, continue à regarder le plafond ! » ordonna Marie.

J’aurais aimé lui dire que ce n’était pas un problème, mais il avait fallu toute ma volonté pour me retenir.

Je sentais son corps s’éloigner du mien, puis j’avais entendu la porte de la salle de bains se fermer.

Enfin la paix…

Je m’étais lourdement assis sur le lit, puis mon corps s’était ramolli pendant que je m’allongeais. J’étais épuisé.

Après quelque temps, j’avais remarqué que l’elfe avait laissé des gouttelettes d’eau et son odeur sur ma poitrine. J’avais murmuré entre de lourdes respirations, « Je… Je l’ai fait… Bon travail…, moi… »

Bon sang, je ne l’avais pas vu venir…

J’avais alors réalisé que j’avais complètement oublié les tremblements de terre. Le Japon était l’un des pays les plus exposés aux tremblements de terre au monde, et c’était de ma faute si je ne l’avais pas prévenue. Je devrais aussi lui apprendre les voies d’évacuation et la façon d’y faire face lorsque cela se produisait.

J’avais poussé un autre grand soupir, puis j’avais enfin pu me relever.

Quand elle était sortie des toilettes, on avait baissé la tête pour s’excuser. Pour être honnête, j’étais content qu’elle ne m’en veuille pas.

***

Marie était en pyjama maintenant, reniflant l’odeur de la pièce. Elle me rappelait un peu le chat que nous avions vu le matin. Il semblait que les épices que j’utilisais pour le dîner lui étaient encore étrangères, et elle essayait de trouver la source de l’odeur inconnue. Ce comportement, encore une fois, me rappelait le chat.

« Donc cette odeur vient de ta cuisine. C’est moi ou ta nourriture sent de plus en plus fort chaque jour ? » demanda Marie.

« C’est un plat qui est de plus en plus reconnu comme cuisine traditionnelle japonaise, appelé curry. Celui-ci est un peu différent du genre typique, » lui répondis-je.

La plupart des ménages utilisaient du roux du commerce, mais j’avais utilisé une tonne d’épices que l’on trouve couramment dans la cuisine indienne traditionnelle. Hm, peut-être aurait-elle préféré ce qui était considéré comme du curry « normal » ? Mais je m’étais assuré de ne pas le rendre trop épicé, donc ça aurait dû aller.

Elle avait regardé la nourriture avec curiosité, alors je lui avais donné une assiette. Je n’étais pas un grand fan des naans, alors j’avais fait du riz jaune pour l’accompagner. Ce n’était pas tellement que je n’aimais pas ça, mais pourquoi ne pas manger du pain au curry à ce moment-là ?

L’elfe continuait à renifler depuis là où elle se tenait. Ça semblait la faire saliver parce qu’elle avait fait une déglutition audible. Son estomac avait alors émis un grognement mignon, qu’elle ne pouvait pas cacher avec ses deux mains qui tenaient son assiette.

C’était ce que j’adorais dans les plats épicés. Le simple fait de les sentir vous avait ouvert l’appétit et vous avait fait grogner l’estomac. Votre corps se préparait automatiquement à manger et ne sera satisfait que lorsque vous le ferez.

« C’est bizarre, je me sens soudain tellement plus affamée. Est-ce à cause de l’odeur forte ? » demanda Marie.

« Ouais, j’ai utilisé un tas d’assaisonnements différents pour le plat d’aujourd’hui. On dit que la faim est aussi la meilleure épice, alors je suis sûr que tu vas en profiter. J’ai un peu peur que cela soit un peu trop fort pour toi, » déclarai-je.

Elle semblait un peu confuse, mais je pouvais aussi voir qu’elle voulait déjà manger.

Nous avions donc été nous déplacer à la table à côté. J’avais remarqué la faible odeur du savon en m’approchant d’elle. Nous avions chacun déplacé une chaise, nous nous étions assis et nous avions dit « itadakimasu » en même temps. Sa prononciation était devenue beaucoup plus éloquente, probablement parce qu’il y avait tant d’occasions d’utiliser cette expression.

« Nn... !? »

Elle avait pris un peu de curry avec sa cuillère et avait pris une bouchée, puis ses yeux s’étaient écarquillés. Elle était restée assise là, figée pendant une dizaine de secondes, puis elle avait finalement recommencé à mâcher. Elle l’avait avalé avec un peu d’eau, puis avait tourné ses yeux ronds et violets vers moi.

« C’est… épicé ? Savoureux ? Hm, qu’est-ce que c’est ? Je ne sais pas comment le décrire, mais…, » déclara Marie.

Marie me regarda, puis fixa son curry. Elle avait avalé, puis comme si elle ne pouvait plus résister à la tentation, elle avait pris une autre bouchée du curry épicé.

« Mmm… C’est épicé et savoureux. Oh, attends, le poulet est parfumé et a aussi un goût sucré. M-Mmm, si délicieux ! » déclara Marie.

« Ah, on dirait que tu ne peux pas t’en empêcher. J’en suis ravi, » déclarai-je.

Elle semblait être entrée dans une boucle d’alternance entre le piquant et le savoureux.

J’avais l’impression de regarder les réactions de l’elfe plus souvent quand on mangeait dernièrement. Regarder ses expressions était divertissant, même si je sais qu’il serait impoli de ma part d’en dire autant. Je voulais aussi savoir quels types de saveurs elle aimait manger. Je pensais qu’une partie de moi pensait que ce serait du gâchis si je n’entendais pas ses réactions dans ce cas.

« Nnngh, il fait si chaud ! Mais je n’arrête pas de manger… Ce curry déborde de saveur ! » déclara Marie.

« Maintenant que j’y pense, la région désertique de l’autre monde utilise des assaisonnements au goût similaire. La nourriture se gâte plus rapidement par temps chaud, c’est peut-être pour cela qu’ils ont tendance à utiliser autant d’épices, » déclarai-je.

Marie me regarda avec des yeux ronds, puis fixa le plafond pendant une minute. Elle mâcha lentement comme pour savourer le goût, avala, puis cria. « Ah ! »

« Ce pays… Je veux dire, ce monstre à l’oasis ! Je n’arrive pas à croire que c’est arrivé hier. J’étais tellement occupée à profiter de mon temps que je l’ai oublié ! » déclara Marie.

Oui, j’ai pensé qu’elle aurait pu…

Puis, comme si elle s’en était déjà remise, elle m’avait regardé avec ses cheveux humides qui vacillaient.

« Tu crois qu’on se réveillera au même endroit qu’avant ? » demanda Marie.

« Je n’en suis pas sûr. Il m’est déjà arrivé de me réveiller dans une autre région. Mais si je devais le deviner, je dirais que c’est probablement au même endroit, » répondis-je.

Hm, le curry n’avait pas mauvais goût, si je le disais moi-même. Il y avait une bonne touche dans l’épice, mais il avait été équilibré par la douceur des tomates.

Oui, avais-je pensé. Le poulet va très bien avec ce curry.

Mon insouciance semblait irriter l’elfe. Elle avait continué à mâcher et à savourer le repas, mais ses sourcils s’étaient plissés lorsqu’elle avait rétréci ses yeux.

« Tu sais… Mmg, mm… Tu as l’air très détendu, mais… *déglutition*… J’espère que tu te rends compte que, même si nous pouvons revenir ici, nous sommes toujours en danger de mort, » déclara Marie.

« Je comprends ce que tu dis, mais je ne pense pas que ça compte vraiment comme un danger mortel. Je veux dire, on peut retourner à l’oasis sans avoir peur de quoi que ce soit maintenant, » déclarai-je.

Je doutais qu’il y ait une chance d’abattre ce mystérieux serpent géant. Marie semblait le savoir, et c’était probablement la raison pour laquelle elle semblait si agitée.

Mais voyant que j’avais gardé mon insouciance, elle m’avait lâché un « Hmm » et avait réfléchi à ce que je venais de dire. Elle avait l’air d’avoir réfléchi, alors j’avais décidé de l’aider.

« Voici un indice : il y a quelque chose que nous pouvons faire aujourd’hui et que nous ne pouvions pas faire hier, » déclarai-je.

Marie avait fait la moue avec une cuillère accrochée dans sa bouche. Elle était clairement un peu malheureuse de ne pas avoir pu comprendre où je voulais en venir. Mais soudain, son expression s’était transformée en un sourire.

« Oh, je sais ! Tu as récupéré ta technique de mouvement à longue distance. Tu peux utiliser ça pour nous sortir du danger maintenant ! » déclara Marie.

« Exactement. C’est pourquoi il n’y a pas de quoi s’inquiéter, » déclarai-je.

Elle leva le bras triomphalement, ayant protégé sa fierté de sorcière spirituelle.

J’avais donc choisi de laisser Mademoiselle l’Elfe profiter au maximum de la journée. On dit que le temps, c’est de l’argent, mais j’étais maintenant libéré de la restriction qui me permettait d’utiliser cette compétence une seule fois par jour.

« J’ai entendu dire qu’il y a une condition dans laquelle les compétences peuvent devenir inutilisables, et c’est lorsque la présence d’une grande entité aberrante est proche. Peut-être que les dieux ont décidé de ne pas interférer, parce que le dieu du voyage n’a pas répondu à mon appel quand nous avons affronté l’arkdragon. Le monstre que nous avons affronté hier ne devrait pas être un problème, » déclarai-je.

« Hmm, je vois. Quoi qu’il en soit, nous aurons un peu de temps avant que l’ennemi n’arrive, donc tout devrait bien se passer. Tu as toujours l’air sur le point de t’endormir, mais il est bon de savoir que tu penses à ces choses, » déclara Marie.

« Oh, ouais. J’ai préparé quelques moyens d’échapper à ce genre de situation, juste au cas où. Le problème est que…, » déclarai-je.

Il restait encore quelques questions sans réponse concernant l’oasis. Marie était assez astucieuse pour comprendre ce que je voulais dire avant que je puisse l’exprimer. Elle avait agité sa cuillère quand elle avait commencé à parler avec moi.

« Oui, le problème n’est pas de savoir comment s’enfuir de là, mais ce qu’il faut faire pour cet enfant. Il semblait être un homme-bête, et les chaînes autour de ses mains et de ses pieds me disent que quelqu’un le forçait à invoquer ce monstre sur nous, » déclarai-je.

« Je ne sais pas comment un enfant a invoqué un tel monstre, mais ce catalyseur magique doit y être pour quelque chose. Je veux vraiment savoir ce qu’il en est. Donc, je me demandais…, » déclara Marie.

Elle hocha la tête et elle se rapprocha, et nous avions parlé avec des voix étouffées comme lors d’une réunion secrète. Environ une demi-heure plus tard, nos plans avaient été faits.

***

Je m’étais nettoyé après avoir pris un bain, puis je m’étais dirigé vers mon lit. Je m’attendais à passer un peu moins de temps dans le monde du rêve que d’habitude.

Il y avait encore une demande de l’elfe que je devais satisfaire avant de m’endormir. Elle était déjà au lit en attente et me regardait avec une expression pleine d’espoir. Il y avait un peu de timidité dans ces yeux scintillants qui ressemblaient à des gemmes quand ils me regardaient.

Oui, je devais quand même lui lire un livre, comme je l’avais promis plus tôt dans la journée.

« Puis-je profiter d’une histoire en m’endormant ? Je ne peux pas attendre ! » déclara Marie.

J’attendais ça avec impatience. Même si je n’en avais jamais lu à quelqu’un auparavant, j’étais sûr qu’elle allait apprécier l’expérience.

Marie avait rapproché sa tête de mon oreiller pendant que je m’asseyais à côté d’elle. J’avais tapoté son front de façon ludique, puis j’avais tenu le livre au-dessus de nous et j’avais commencé à démêler le monde intérieur.

C’était le livre que nous avions emprunté à la bibliothèque pendant la journée. Parmi le large choix disponible, l’elfe avait choisi celui qui avait le style artistique adorable que je tenais dans mes mains.

La reliure était épaisse et robuste. L’odeur du papier me remplissait le nez quand je l’avais ouvert, et le chat noir qui était le personnage principal était là à nous regarder.

« Hehe, commençons donc… Le chat noir et le pays de la nuit. »

L’elfe frappa des mains dans l’éclairage tamisé de la chambre.

C’était un livre coloré malgré le faible éclairage, et les yeux du chat noir semblaient nous attirer. C’est peut-être ainsi que les livres d’images devraient être.

Je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer qu’il semblait y avoir un sentiment d’étrangeté dans les couleurs, et la combinaison avec son style d’écriture unique semblait emmener ses lecteurs vers un autre endroit.

« Un jour, le chat noir s’est réveillé pour trouver… »

Je pouvais dire que Marie regardait le livre avec beaucoup d’intérêt. Son esprit semblait être à l’intérieur du monde entre ces pages alors qu’elle suivait le chat avec ses yeux. J’avais l’impression que nos cœurs battaient ensemble avec autant d’enthousiasme. Nous étions prêts à nous embarquer pour des terres inconnues avec une anticipation croissante quant à l’histoire à venir.

 

 

« Mais la mer houleuse a secoué violemment, boum, boum, boum, boum, boum… »

Il était intéressant de voir à quel point le chat noir semblait plus humain que certains personnages humains.

Malgré l’apparence charmante du personnage, il semble que le destin qui l’attendait puisse difficilement s’appeler un voyage en douceur. Il avait été ballotté en étant à la merci de son destin comme avec les vagues de l’océan, mais il l’avait affronté courageusement de front. Le livre nous laissait deviner ce qui allait se passer ensuite, et nous n’avions qu’à tourner les pages pour le découvrir. C’était si bon que ça.

Après avoir parcouru plusieurs pages de l’aventure, j’avais entendu Marie bâiller à côté de moi.

« Attends, » me chuchota-t-elle à l’oreille en se plaignant. « Ta voix me rend somnolente… mais je veux savoir ce qui se passe ensuite… »

J’avais souri, mais il faisait trop sombre pour qu’elle le remarque. En fait, elle semblait déjà avoir les yeux fermés. J’avais replacé la couverture jusqu’aux épaules, puis elle avait poussé un soupir confortable.

J’avais l’impression de passer plus de temps dans ce monde depuis que Marie était venue ici. Jusque-là, il n’y avait pas grand-chose qui me plaisait au Japon, et j’avais surtout aimé passer du temps dans le monde onirique. Mais depuis l’arrivée de la jeune elfe, j’avais appris à trouver l’excitation même dans ce monde. Grâce à elle, j’avais l’impression de réaliser à quel point le Japon pouvait être fascinant. La promesse que j’avais fait avec elle de l’emmener chez mon grand-père en faisait partie.

Je ne m’en rendais pas compte avant, mais les deux mondes étaient pleins de plaisir et d’excitation.

Zzzzz…

J’avais souri à la dormeuse à côté de moi, puis j’avais fermé le livre en silence.

Bonne nuit, Mademoiselle l’Elfe. Nous continuerons l’histoire demain.

J’avais tiré la couverture jusqu’aux épaules et je m’étais installé dans le lit chaud. Je savais qu’un sommeil confortable m’attendait, ce qui était l’un des avantages du printemps.

***

Épisode 4 : Bataille avec la bande de voleurs

Partie 1

Une lumière vive et la sensation de quelque chose de froid comme de la brume touchant ma joue m’avaient réveillé de mon sommeil.

Les ruines du Pic d’Ujah…

J’étais là, à moitié enterré dans le sable sur le site ensoleillé d’une ancienne carrière. Mon oreiller avait été remplacé par du sable, qui coulait autour de moi pendant que je luttais pour me libérer.

Je me sentais bien reposé après mon sommeil, mais j’avais trouvé ça difficile d’avoir du sable qui coulait de mon cou jusqu’à mon estomac. C’était une terrible façon de se réveiller, mais, étonnamment, une partie de moi n’était pas trop dérangée par cela. Le plaisir d’une matinée n’était pas complètement déterminé par la vue ou la météo.

J’avais regardé vers le poids contre ma poitrine et j’avais trouvé une vue féerique juste en face de moi. On disait qu’il suffisait de voir au réveil une seule belle fleur pour faire passer une bonne matinée à quelqu’un. Bien que cette fleur en particulier me regardait de son côté avec une expression malheureuse.

Les lèvres vives de Marie se séparèrent, et elle poussa une voix de plainte comme prévu. « Je n’arrive pas à croire que je me sois endormie si vite ! Je me demanderai ce qui va se passer dans le livre toute la journée ! »

J’avais réfréné mon envie de toucher ses cheveux blancs devenus éblouissants à la lumière du soleil.

« Hehehe, au moins, on a ça à attendre avec impatience ce soir. En tout cas, c’est un tas de sable, » déclarai-je.

L’elfe s’était éloigné, et je m’étais levé après elle. Puis, comme avant de nous endormir, la lueur de l’oasis était entrée dans notre vision depuis la plate-forme. Nous avions levé les yeux pour constater que le ciel était presque azur et que même le sol sablonneux me paraissait issu d’un monde fantastique.

Le mystérieux monstre d’hier nous avait attaqués avec une vague de sable brûlante et destructrice. J’avais pensé que nous pourrions nous réveiller à nouveau dans une telle situation, donc je ne pourrais pas dire que c’était trop agréable. Mais savoir que Marie attendait avec impatience le reste du livre m’avait fait sourire.

Du sable s’était déversé de ma manche, révélant un bracelet luisant et terne sur mon poignet. C’était principalement pour vérifier mes capacités actuelles, mais je pouvais aussi utiliser une simple commande pour envoyer une demande de groupe à l’elfe à côté de moi.

« Voilà, ajouté. Je suppose que c’est la première fois que nous organisons un groupe ensemble, » déclarai-je.

« Je pense que tu as raison. C’est un peu excitant. Je ne fais presque jamais équipe avec d’autres personnes, » répondit Marie.

Elle m’avait fait remarquer que c’était surtout un problème avec ma personnalité quand j’avais sorti mon sac à moitié enterré dans le sable. J’avais aussi sorti ses affaires, et du sable s’était répandu sur le plateau où nous nous trouvions.

Faire équipe avec d’autres personnes finissait généralement par être une source d’anxiété pour moi. Les choses pourraient devenir gênantes si la conversation s’apaisait, et si une stratégie d’équipe ne fonctionnait pas, et c’était moi qui pourrais être blâmé.

Cependant, j’aimais à penser que les choses seraient différentes avec Marie. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais juste le sentiment, même avec l’écart énorme entre le niveau 72 et 32.

J’avais pensé à la façon dont je m’étais souvent retrouvé confus au sujet de mes propres pensées et sentiments ces derniers temps alors que j’époussetais le sable sur mes vêtements.

« D’accord, alors, commençons. Notre mission aujourd’hui est de sauver cet enfant homme-bête et de vaincre les bandits qui se cachent. Si j’arrive à la conclusion que ce serait trop difficile, je te le ferai savoir avec la communication mentale, » déclarai-je.

« C’est vrai. Si cela se produit, nous nous regrouperons et tu nous sortirais d’ici avec Trayn, le Guide du voyage. Maintenant, exécutons notre plan ! » déclara Marie.

Elle avait haussé la voix avec audace, puis avait commencé à préparer sa Magie Spirituelle. Des taches scintillantes dansaient autour de sa robe, et je clignais des yeux en pensant que c’était un tour de passe-passe pour les yeux. Elle avait presque l’air de disparaître à la vue et à l’abri des regards. Je m’étais frotté les yeux, puis j’avais découvert que Marie avait déjà disparu de mon champ de vision.

« Voilà donc l’esprit de la lumière, Voile Lumineux. Je suppose que ça te rend vraiment invisible, » déclarai-je.

« Ce ne serait pas un sort si un dormeur comme toi pouvait encore me voir. Je vais me déplacer lentement à partir de maintenant, mais je ne pourrai plus cacher mes pas ou mon odeur. Donc, en fonction de ce à quoi nous sommes confrontés, je pourrais encore être détectée, » répondit Marie.

C’était logique. Mais cela signifiait que les endroits où elle pouvait se cacher étaient limités. Heureusement pour nous, Marie était une sorcière spirituelle. Peu d’autres avaient le pouvoir d’affecter profondément une bataille par eux-mêmes sans faire un seul pas.

« D’accord, alors je vais aussi y aller. S’il se passe quelque chose, n’hésite pas tout de suite à m’appeler avec la communication mentale, » répondis-je.

« Oui, toi aussi, fais attention. Et n’oublie pas de me lire le reste de ce livre ce soir, » déclara Marie.

Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire. Le fait que Mademoiselle l’Elfe attendait avec impatience le livre de ce soir était une motivation suffisante pour moi, et j’avais commencé à marcher vers l’oasis avec cette pensée positive en tête.

Il était temps de commencer.

J’ai activé Sur le Chemin depuis le plateau, et j’étais instantanément apparu sur les sols sablonneux en contrebas. En marchant sur l’herbe clairsemée, j’avais réfléchi à ce que nous allions faire.

Notre objectif était de sauver l’enfant homme-bête. C’était une mission extrêmement difficile qui nous obligeait à vaincre de nombreux hors-la-loi et un énorme monstre. Malgré mon niveau élevé, je n’étais pas assez arrogant pour présumer que je pouvais gagner une bataille alors que nous étions si peu nombreux.

D’abord, je devais m’éloigner de Marie pour qu’elle ne soit pas considérée comme une menace. Puis je devais attirer leur attention d’une façon ou d’une autre. Nous ne savions toujours pas où se cachaient nos adversaires et nous devions trouver cet enfant.

Alors que je m’approchais du front de mer pour le faire, le monstre reptilien connu sous le nom de Koopah avait surgi avec un jet de sable. Il n’était pas nécessaire d’y aller doucement comme la dernière fois, alors je l’avais massacré dès qu’il était apparu, le faisant hurler de douleur.

« Hm, je pense qu’ils m’ont enfin remarqué. Marie, comment se passent les préparatifs ? » demandai-je.

« Pas mal. Pas mal. Je suis en train de créer d’autres lézards de feu et de les faire se cacher dans le sable pour l’instant, mais es-tu sûr que tu veux que je retienne leur pouvoir ? » demanda Marie.

« Bien sûr que oui. Nous voulons cette fois-ci les submerger par le nombre plutôt qu’avec de la puissance brute. Si nous le faisons bien, cela pourrait nous donner un plus grand avantage que de les tuer carrément, » je lui avais dit cela avec le système de communication de groupe, puis j’avais jeté un coup d’œil à ce qui m’entourait.

Selon mon Intuition, ils étaient moins de dix. J’avais senti le faible bruit des voix et des yeux qui me regardaient, alors je m’étais tranquillement éloigné de l’oasis. J’avais maintenant une idée de l’endroit où ils se trouvaient, de sorte qu’il n’était plus nécessaire de faire du grabuge en combattant des Koopahs.

J’avais essayé de détecter leur présence, mais mon regard s’était lentement relevé. Puis, à l’intérieur du bâtiment partiellement délabré, j’avais aperçu un homme à l’air sale alors qu’il cachait son visage.

« Oh, le voilà. La question est, où peut bien être ce gamin ? » demandai-je.

Ils devaient se demander pourquoi je m’étais montré après m’être enfui, et où l’elfe qui était avec moi avait pu aller.

Après avoir pris le temps d’y réfléchir, il semblerait qu’ils aient décidé d’adopter la même approche qu’avant. C’était probablement la seule chose qu’ils pouvaient faire.

Alors que j’avais découpé un Koopah qui approchait en petites rondelles, le sol avait tremblé. Le sable vibrait avec les tremblements, et j’avais senti un impact comme si quelque chose se frayait un chemin à partir du sol. Puis vint le rugissement perçant qui fit trembler de peur même les Koopahs.

Rugissement !

Le grondement retentissant avait propulsé du sable, mais j’avais tiré des leçons de mes expériences passées. J’avais profité du fait que j’étais seul et j’avais activé Sur le Chemin pour pouvoir m’échapper dans l’un des bâtiments en ruines. Le bâtiment fut immédiatement écrasé par l’onde de choc, et les Koopahs restants furent immédiatement réduits en poussière.

Cette intensité et ces tremblements, c’était autre chose. Mais en tant qu’individu qui n’avait formé que sa capacité de s’enfuir, la situation était loin d’être ingérable.

Après avoir habilement esquivé les débris qui tombaient, je m’étais déplacé sur le toit du bâtiment, puis à nouveau dans un autre bâtiment au loin. C’est là que j’avais vu quelque chose qui brillait de loin : la pierre tenue dans la main de l’enfant homme-bête.

L’enfant portait un manteau en lambeaux comme hier, et ces mains et ces pieds étaient liés par des chaînes.

« C’est un peu loin, mais j’ai maintenant une bonne idée où sont les autres. Je pense que nous pouvons commencer, » déclarai-je.

« Fais attention, d’accord ? Et si tu as besoin de battre en retraite, n’hésite pas à le faire. J’attirerai l’attention de ce monstre pour que tu n’aies pas à t’en faire pour un moment, » déclara Marie.

J’avais répondu par un « D’accord » face à la voix rassurante dans ma tête.

Si je devais le deviner, ce monstre géant devait être environ au niveau 100. Penser qu’une elfe de niveau 32, allait l’affronter de front… c’était comme si j’étais dans un rêve étrange ou quelque chose comme ça.

J’avais pensé à me pincer, mais j’avais réalisé que j’étais en fait dans un rêve, donc ça ne ferait même pas mal.

« D’accord, j’y vais maintenant. À plus tard, Marie, » déclarai-je.

J’avais fait mes paroles d’adieu à la fille invisible, puis j’avais marché sur le sol avec les deux pieds et activé Sur le Route. Non seulement la compétence avait des limites de poids et de distance à parcourir, mais je devais aussi voir physiquement ma destination et avoir les deux pieds sur terre. Malgré les restrictions assez strictes, il s’agissait d’une compétence vitale lorsqu’il s’agissait de combler une lacune.

Je m’étais instantanément déplacé vers le mur, puis je m’étais déplacé dans un bâtiment qui était contre la falaise. Alors que je marchais sur le toit en ruines et que je volais à nouveau dans les airs, j’avais l’impression de courir droit dans le ciel.

De derrière moi, j’entendais le monstre crier comme pour me dire d’arrêter de fuir. Son souffle était suffisant pour secouer le sol, mais en regardant le bas de la falaise et en observant la vue, je m’étais dit : « Hein… c’est vraiment très utile. »

Il y avait Marie, faisant pleinement usage de ses capacités de sorcière spirituelle. Elle avait déjà créé au moins une dizaine d’esprits. J’avais entendu dire que la Magie Spirituelle avait pour but de fournir de la magie aux esprits et de lancer la magie sur les ennemis, mais il semblait qu’ils pouvaient aussi creuser dans le sable et voyager sous terre, comme des combattants de guérilla.

Les esprits étaient cachés loin de leur lanceur et ils avaient tiré de temps en temps des projectiles magiques sur le monstre, s’avérant être l’ultime distraction pour moi. J’avais été étonné de voir le monstre charger dans la direction opposée à celle de Marie alors que de plus en plus d’esprits apparaissaient.

À ce moment-là, j’avais senti que je comprenais. Sa polyvalence à s’adapter à n’importe quelle situation était ce qui la distinguait du sorcier moyen. C’était grâce à cette capacité que nous avions pu mettre au point des stratégies qui ne seraient pas possibles autrement.

« Il semble que cela pourrait être utile dans toutes sortes de situations. Oh, mais plus important encore…, » déclarai-je.

Vu la quantité de pouvoirs magiques qu’il lui restait, je n’avais probablement pas beaucoup de temps. Je devais remplir mon propre rôle, sinon elle me gronderait plus tard.

J’avais volé d’un toit à l’autre une fois de plus, puis j’avais trouvé l’enfant de tout à l’heure devant moi.

L’homme-bête à capuche s’était recroquevillée à mon arrivée. L’enfant, un garçon, était encore plus petit de près, comme un écolier.

Il s’était éloigné de moi, terrifié. Je m’étais accroupi jusqu’au niveau des yeux, puis j’avais ouvert la bouche.

« Salut. Veux-tu que je t’aide ? Si c’est le cas, je peux te donner un coup de main, » déclarai-je.

L’enfant s’était mis à trembler en réaction. Cette fois-ci, c’était peut-être par un faible sentiment d’espoir plutôt que de peur. Après tout, je parlais dans la langue des demi-bêtes, dont peu de gens savaient parler.

« Quoi ? Tu connais… notre langue ? » demanda le garçonnet.

« Ouaip. C’est l’un de mes passe-temps. J’aimerais bien parler un peu plus longtemps, mais nous n’avons pas beaucoup de temps. Qu’est-ce que tu préfères ? Je te laisse tranquille ? Ou… » demandai-je.

La chaîne avait tremblé d’un cliquetis métallique lorsque ses petites pattes m’avaient tendu la main. Il était couvert d’une fourrure blanche et brun si sale que je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de la sympathie. Les tendons des deux pieds de l’enfant étaient horriblement endommagés, et il n’était manifestement pas en état de courir.

« S’il te plaît… aide-moi ! Je n’en peux plus… Je ne supporte pas d’invoquer des monstres avec la pierre pour attaquer des innocents ! » déclara le garçonnet.

« D’accord, » avais-je répondu.

Nous étions trop haut pour que la brume des veines d’eau nous atteigne, et il était même difficile de respirer. Celui qui y vivait il y a longtemps était peut-être d’un rang social inférieur.

Lentement, je m’étais levé devant l’homme-bête qui était courbée comme dans une prière. Le groupe qui se rapprochait de nous par-derrière était celui-là même qui avait commis des crimes dans la région. Ils étaient environ huit, chacun portant une cagoule brûlée par le soleil et tenant une épée dans leurs mains.

Bien qu’ils aient l’air galeux, leurs muscles gonflés et leur regard aiguisé m’avaient dit qu’ils étaient d’un niveau assez élevé. En fait, cela m’avait fait me demander si ce n’étaient vraiment que des bandits ordinaires.

L’homme qui dirigeait le groupe, que je présumais être leur capitaine, était parfaitement calme malgré le fait qu’il marchait sur le toit instable avec des trous. Il avait caressé la barbe noire sur son menton en s’approchant de moi et m’avait dit. « Bon travail pour revenir ici, petit. J’ai enfin compris comment tu t’en es sorti vivant hier. Tu es spécialisé dans les compétences de type mobilité, et tu t’es échappé avec l’elfe, tout comme tu t’es envolé jusqu’ici. »

« Ohh, ouais, en fait tu n’es pas trop loin de la vérité. Quoi qu’il en soit, ça te dérangerait d’enlever la domination présente sur ce petit gars ? » demandai-je.

En jetant un coup d’œil aux chaînes, j’avais pu voir qu’il était lié par la puissance d’un contrat plutôt que par le métal ordinaire. En d’autres termes, cela ne pouvait pas être détruit physiquement. Si je devais libérer cet enfant, j’avais besoin de cette pierre de contrat dans la main de cet homme souriant.

« Alors, faisons un marché. Donne-moi ton sac plein de trésors, et je laisserai partir ce petit crétin, » déclara le chef.

Hein… Pourquoi ce type s’embêterait-il à dire un mensonge aussi évident ? J’avais peut-être l’air d’un enfant, mais j’étais adulte à l’intérieur. Je ne savais pas comment ils faisaient, mais ils utilisaient clairement cet enfant homme-bête pour attaquer des aventuriers. Il n’était pas question qu’ils abandonnent leur poule aux œufs d’or si facilement.

Il semblait que le temps des négociations était terminé. En fait, je ne pouvais pas dire qu’il s’agissait d’une négociation.

J’avais dégainé mon épée, et ils s’étaient placés sur la défensive. Ils semblaient croire qu’ils étaient toujours hors de portée, mais comme leur chef l’avait deviné, j’étais un spécialiste de la mobilité. J’avais immédiatement activé Sur le Chemin, j’étais apparu sur le flanc de leur chef et j’avais baissé mon épée sans hésitation.

Mon but était proche, et la pierre de contrat avait été fendue en diagonale lorsque le bruit de l’acier sur la pierre avait retenti. J’avais failli sourire au chef, mais son visage était tombé, et il m’avait fait un regard perçant.

« C’est ça. Je te couperais les bras et les jambes, puis je frotterais tes blessures avec du sel, » déclara le chef.

Les paroles d’un adulte qui avait l’intention de te faire du mal peuvent vraiment faire peur. Ou ça le serait, si j’étais juste un enfant innocent.

L’homme avait fait signe avec la pointe d’un doigt, et un homme en surpoids s’était précipité vers moi. Il semblait être le lourdaud du groupe, et il avait fléchi ses bras de la taille d’un tonneau devant moi alors qu’il s’approchait. C’était comme s’il demandait qu’on lui coupe les bras, mais mes yeux s’étaient élargis quand mon épée avait rebondi avec un bruit métallique ! Les bras de l’homme s’étaient solidifiés avec comme une couche de blindage renforcé dessus, et j’avais été surpris de voir des étincelles voler à l’impact.

Son niveau semblait être assez élevé.

J’aurais pu attaquer ses jambes pendant qu’il continuait à me repousser, mais arrêter sa pression n’aurait pas été une tâche facile. En un rien de temps, le bord de la falaise était juste derrière moi.

« Haha ! Tombe, petite merde ! »

« Oh, d’accord. À plus tard, » répliquai-je.

Il avait jeté tout son poids dans un dernier plaquage, et m’avait foncé dessus… mais il était passé à travers, chargeant la falaise tout seul. Les autres bandits, la bouche ouverte, regardant le « moi » qui avait été jeté dans les airs, et qui se déformaient. Je m’étais déformé comme un tableau se dissolvant dans l’eau, puis j’avais disparu dans l’air.

C’était ma dernière compétence primaire, Image Fantôme, qui m’avait permis de créer une illusion de moi-même. C’était probablement cette compétence qui avait donné le nom de ma classe, Épéiste Illusoire.

J’avais « Refaire » qui me permettait de mettre en place et de répéter certaines actions, « Sur le Chemin », qui me permettait de parcourir une courte distance, et « Image Fantôme », qui m’avait permis de faire une illusion de moi-même. C’était mes trois principales compétences au combat.

Un grand bruit sourd ! se fit entendre et du sable s’envola dans les airs pendant que l’homme s’écrasait, attirant ainsi l’attention du monstre. Les bandits et moi avions sorti un « ah ! » en même temps. L’homme qui était tombé s’était enfui loin du monstre, et le sol avait grondé bruyamment pendant qu’il été poursuivit par le monstre.

Essaie de ne pas mourir, lui dis-je mentalement.

Plus le monstre le poursuivait, plus ce serait facile pour Marie.

***

Partie 2

Il y avait un grand trou rond dans la montagne qui descendait jusqu’au niveau du sol. L’oasis était essentiellement entourée de falaises abruptes, avec des bâtiments qui étaient autrefois des habitations qui restaient encore présentes sur les falaises. C’était la prochaine partie de la bataille et cette fois-ci, pour être honnête… c’était tellement en ma faveur que je me sentais presque mal.

« Hé, il est derrière toi ! Tue-le ! »

« Aaaaaaaargh ! »

J’émergeai silencieusement derrière l’un des bandits, et un autre cria pour l’avertir. Face à un adversaire insaisissable comme moi, tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était d’essayer de se protéger les uns les autres.

L’homme se retourna et balança son épée sauvagement, mais je m’étais retourné en l’air et j’avais percé des trous dans ses pieds en esquivant deux flèches en même temps. Une flèche avait effleuré ma joue, mais j’avais profité de l’élan de ma pirouette pour claquer le plat de mon épée sur le sommet de la tête de mon adversaire. Un bruit fort s’était fait entendre et les yeux de l’homme avaient semblé se retourner. Tandis qu’il s’écrasait au sol, j’avais aperçu un grand homme avec une lame dans chaque main s’approchant de son ombre. Combattre quelqu’un qui était prêt à me faire face m’avait semblé être un ennui, alors j’avais laissé une illusion et j’avais disparu avant que quelqu’un ne me tire une autre flèche sur moi.

Il y avait des endroits sûrs où je pouvais me rendre tout autour de nous sans que mes ennemis puissent me suivre, alors j’avais pu apprécier leurs cris de frustration lorsqu’ils avaient découvert qu’ils venaient d’attaquer une autre illusion. Ils avaient rugi et exigé de savoir où j’étais, mais tout ce que j’aurais pu leur dire, c’est que j’étais dans l’un des nombreux bâtiments à proximité. Bien que bien sûr, je ne l’avais pas dit à voix haute.

« Il n’y a pas beaucoup de bonnes bases avec tout ce qui est si usé, mais ils devraient faire face aux monstres s’ils descendent au niveau du sol. Cette oasis est un bon terrain de chasse, alors j’aimerais prendre mon temps et les chasser un par un, » murmurai-je.

Mais les actions de leur chef avaient quand même attiré mon attention. Sans même me regarder, il avait simplement observé le monstre géant se tortiller dans l’oasis. Il n’avait pas l’air de me prendre à la légère, vu qu’il avait deux hommes qui veillaient sur lui.

« … J’ai un mauvais pressentiment. C’est pourquoi je n’aime pas me battre contre d’autres humains, » déclarai-je.

Ma Répétition m’avait permis de mémoriser des schémas de mouvements, mais elle avait ses limites. Au fur et à mesure que le nombre d’ennemis et les tours dans leurs manches augmentaient, il devenait de plus en plus difficile d’utiliser la compétence efficacement. Elle était plus adaptée pour affronter des monstres simples d’esprit que des humains.

J’avais pensé à faire un saut vers eux, quand le chef avait soudain crié. « Là, l’elfe se cache derrière ce pilier ! Les gars, allez là-bas et faites-la sortir ! »

Puis, cela m’avait frappé : il n’observait pas le monstre. Il devait utiliser une technique de détection pour trouver Marie à travers son Voile Lumineux.

Les bandits étaient assoiffés de sang en sautant de l’immeuble et n’avaient même pas peur du monstre géant qui les attendait.

En les regardant partir, j’avais senti mon excès de confiance se dissiper rapidement. Marie était une utilisatrice de magie, et une utilisatrice de bas niveau en plus. Elle ne serait pas capable de repousser les attaques en mêlée. J’étais tellement agité que je ne savais pas que le chef avait délibérément élevé la voix pour m’appâter et me faire passer à l’action.

« Je ne peux pas te laisser faire ça. Sur la Route ! » déclarai-je.

Je n’avais pas d’autre choix que de tous les mettre à terre. Je m’étais rapidement approché d’eux et je m’étais préparé à frapper, quand le chef avait encore une fois crié.

« Maintenant, rôtissez-le en entier ! »

« Quoi… !? »

Mon environnement s’était instantanément engouffré dans une mer de flammes, et une vague de chaleur pourpre m’avait enflammé, moi et les sbires bandits. La surface de ma peau avait brûlé, et j’avais immédiatement réalisé que j’étais en danger et j’avais retenu mon souffle. Si je ne l’avais pas fait, les flammes seraient entrées dans mes poumons et m’auraient brûlé de l’intérieur. Dans un sens, l’expérience d’avoir été tué par des monstres tant de fois dans le passé pouvait avoir été ce qui m’avait sauvé.

« Gyaaaaaaaaaa ! »

Mais les choses s’étaient mal terminées pour les autres qui n’étaient pas habitués à de telles situations. Les sbires s’étaient griffé la tête en courant vers le bord de la falaise. Les voir tomber alors qu’ils étaient brûlés vifs m’avait semblé assez horrible pour me faire faire des cauchemars.

J’avais roulé sur le sol pour échapper à la chaleur infernale, mais j’avais réalisé qu’il y avait un problème avec mon bras droit.

« Argh, une déception ! »

Mon bras brûlait encore, souffrant d’un effet négatif temporaire qui réduisait de moitié la puissance de mes attaques à l’épée. Pour qu’une compétence de type feu ait un effet de malus, il fallait que le lanceur ait été spécialisé dans le feu ou qu’il ait été tout simplement puissant au départ.

« Hahaaaaa ! Téléporte-toi autour de tout ce que tu veux, mais tu es facile à gérer si je sais où tu vas, morveux ! » déclara le chef.

J’avais levé les yeux pour trouver ses hommes pointant des bâtons qu’ils avaient cachés droit sur moi. Ah, alors ils avaient caché le fait qu’ils avaient des sorciers parmi eux pendant tout ce temps. C’était étonnamment intelligent de leur part. Je les avais peut-être pris trop à la légère, en supposant qu’il ne s’agissait que d’une bande de voyous en loques.

« T’as encore de la vigueur en toi, hein ? Hé, crétin, tu veux que je devine où tu vas apparaître ensuite. Juste ici. Tu vas te pointer à côté de ce morveux d’homme-bête… Hé, brûlez-le, » ordonna-t-il.

Mes yeux s’élargirent face à ses paroles, et je regardai les hommes tourner leurs bâtons vers l’homme-bête.

C’était mauvais. Ils avaient pris le contrôle de la situation et je sentais que mes options devenaient de plus en plus limitées.

« C’est pour ça qu’il s’en est pris à ses hommes pour m’atteindre…, » déclarai-je.

S’il avait visé l’homme-bête dès le début, j’aurais probablement pensé que c’était du bluff. Mais maintenant, il avait laissé l’impression qu’il ferait tout ce qu’il fallait pour obtenir des résultats, même si cela signifiait tuer sa propre source de revenus. De plus, il avait demandé à ses hommes de viser l’homme-bête tout de suite pour me forcer à passer à l’action avec peu de temps pour réfléchir.

Que dois-je faire ici ? Que ferait-il si j’ignorais le chemin qu’il m’avait tracé ? C’était évident : il montrait sa brutalité en blessant l’enfant juste assez pour qu’il mette le garçon au bord de la mort. Il m’avait présenté le pire chemin possible sans rien perdre en retour. De là, il pourrait prendre son temps pour me faire faire ce qu’il veut.

« … Sur le Chemin, » déclarai-je.

Avec un sentiment de dégoût pour le mal devant moi, j’étais apparu devant l’homme-bête. J’avais glissé sur le toit de pierre, et j’avais levé les yeux en silence, agenouillé. Le chef du bandit me regarda de haut avec un visage qui semblait légèrement surpris par mes actions.

Ses yeux étaient rétrécis, avec un sourire qui ressemblait à celui d’un serpent. Il se demandait probablement s’il fallait m’avaler tout entier ou jouer un peu avec sa nourriture avant.

« Je sais déjà que ta capacité a une limite de poids. Sinon, tu serais déjà parti avec cet homme-bête. Ai-je tort ? J’ai tout compris, n’est-ce pas ? » demanda le chef.

« … »

Il avait raison. Je n’avais pas pu activer ma capacité à cause de ses restrictions. Trayn, le Guide du voyage était une chose, mais Sur le Chemin était assez strict en ce qui concerne la limitation de poids.

Juste à ce moment-là, un autre chemin avait été bloqué.

L’homme-bête terrifié serra mes vêtements avec des yeux suppliants. À ce moment-là, mon Sur le Chemin était devenu complètement invalide. Et comme mon bras était encore brûlé, le malus temporaire était toujours en vigueur. Même si j’attrapais le garçon et sautais de l’immeuble, mon dos serait une cible facile pour leurs sorciers. Je savais déjà par expérience que ces options de descente se terminaient rarement bien.

Le chef des bandits avait pointé son épée sur moi. J’avais l’impression que son niveau était très élevé et qu’il pouvait facilement me couper les membres d’un simple geste du poignet.

 

 

« Haha, tu abandonnes enfin, gamin ? Jette ton épée. Maintenant, » ordonna-t-il.

« Bien sûr. Voilà pour toi, » déclarai-je.

Je l’avais jetée de côté sans hésitation. Le regard de l’homme avait été attiré par mon épée, qui avait tourné dans les airs en tombant lentement.

Je me demandais s’il se demandait pourquoi j’avais abandonné si facilement. Ou peut-être qu’il était trop excité pour ce qui allait arriver, il n’y avait même pas pensé.

Si la limite de poids était le problème, c’est tout ce que j’avais à faire…

Jette mon épée et prends l’enfant à sa place.

Cela m’avait mis à peine en dessous de la limite de poids, me permettant de m’échapper vers l’espace dégagé dans le bâtiment de l’autre côté. Avec tout ce poids, c’était probablement le plus loin où je pouvais aller.

« Accroche-toi bien ! » avais-je crié. Puis je l’avais tout de suite regretté.

Au moment suivant, j’avais vu qu’il y avait vingt mètres entre moi et le sol en contrebas, et la distance faisait transpirer chaque grain de sueur de mes pores. J’avais été libéré de la gravité pendant une fraction de seconde, puis le paysage s’était estompé lorsque je m’étais retrouvé dans une chute libre. J’avais crié, et j’avais eu pitié de l’homme-bête qui s’agrippait à moi parce que je ne pouvais pas activer Sur le Chemin pour l’instant. L’une des conditions pour l’activer était d’avoir les deux pieds sur terre, donc c’était hors de question. Tout ce que je pouvais faire alors était de serrer l’enfant dans mes bras et de me préparer à l’impact.

« Aaahhhh, bon sang ! Ma pierre magique ! Qu’est-ce que vous attendez ? Allez les chercher ! » cria le chef.

J’avais entendu le chef des bandits crier, puis j’avais été confronté à un impact soudain et violent. Mon corps avait été claqué contre le sol sablonneux, et je sentais ma vie s’épuiser. Mais en même temps, je pouvais à peine voir avec le nuage de sable projeté en l’air. J’étais trop engourdi pour bouger, mais je savais que je devais me lever et sortir de là tout de suite. Même si j’avais considérablement réduit leur nombre, l’ennemi pouvait encore me tirer dessus de loin.

En levant le poing dans le sable et en m’asseyant, j’avais vu l’enfant serrer ma poitrine et trembler.

« Quoi !? »

« Ah, je suis content que tu ailles bien… Mais nous devons partir d’ici, vite…, » déclarai-je.

J’étais soulagé de le voir indemne et je m’étais relevé.

Mais comme pour rire de mes efforts, une ombre plana sur nous deux. Je savais que c’était le monstre sans même lever les yeux, et je n’avais pas pu m’empêcher d’exprimer mon émerveillement devant la peur qui s’installait.

« Wôw… Si grand…, » avais-je dit alors que je tordais mon cou juste pour le regarder.

D’innombrables yeux me fixaient tandis qu’il tournait son visage terrifiant vers moi. Les tentacules se tordaient dans ce qui semblait être sa bouche. J’avais à peine réussi à rester conscient quand le monstre m’avait soufflé dessus, ce qui était flamboyant et avait projeté plus de sable dans l’air.

Malgré l’horrible spectacle devant moi, le ciel était d’un bleu clair et onirique…

C’était mauvais. Je ne pouvais pas me permettre de mourir là-bas, et je ne pouvais pas utiliser ma mobilité sur de longues distances pour m’échapper avec l’enfant, vu que Marie était toujours dans l’oasis.

Grk, grrr… Grrrark…

Mais rien n’avait semblé se produire, et j’avais incliné la tête dans la confusion. Je m’attendais à être englouti dans une bouffée de sable brûlant comme avant. Soit ça, soit j’avais pensé qu’il m’écraserait avec son énorme corps.

Nous l’avions fixé d’un air empli de doutes, puis le monstre étendit lentement ses tentacules vers nous. Il n’y avait pas d’hostilité dans son mouvement, et il semblait presque qu’il cherchait quelque chose.

J’avais réalisé que le monstre était apparu pour la première fois à cause du catalyseur magique que tenait l’enfant. Puis je m’étais souvenu des bandits qui criaient à propos de la Pierre magique. La homme-bête la serrait encore contre son ventre, même pendant la chute.

« Ne me dis pas que c’est la pierre Magique ? J’ai entendu dire qu’il avait disparu il y a longtemps, » déclarai-je.

L’enfant dans mes bras m’admirait en réponse. Je ne pouvais pas voir son expression sous sa capuche, mais les yeux clignotants à répétition étaient clairs comme des billes.

« J’ai entendu parler de cette histoire. Mes ancêtres l’ont déterré, et le monstre ancien qui les a suivis a détruit le Pic d’Ujah, » déclara le jeune.

J’avais alors regardé en réponse vers le monstre qui tendait ses tentacules vers nous. Je ne savais pas à quel point cet objet était important, mais ce monstre le cherchait depuis 200 ans.

Juste à ce moment-là, ma vision était remplie d’une lumière chaude. J’avais regardé en bas pour trouver que la lumière bleuâtre-blanc venait de la Pierre magique. Cela remplissait son environnement d’une lumière étincelante, et je ne pouvais m’empêcher de la fixer malgré la situation dans laquelle nous nous trouvions. Il y avait une chaleur mystérieuse dans cette illumination, et j’avais entendu quelque chose comme un battement de cœur plein de vie.

L’homme-bête me regardait avec des yeux qui semblaient demander la permission pour quelque chose. Il semblait vouloir rendre la Pierre magique, à l’origine de cette tragédie.

« … Ne fais pas attention à moi. Tu peux faire ce que tu veux, » déclarai-je.

Il hocha la tête, puis souleva la pierre Magique avec ses deux mains.

« Je suis désolé de t’avoir appelé tout ce temps. Je vais maintenant rendre la Pierre magique transmise par mes ancêtres, » déclara le garçon.

Le monstre commença à se déplacer encore plus lentement en voyant la pierre déborder d’une énergie chatoyante. Enfin, ses tentacules s’enroulèrent autour de la pierre comme s’il avait enfin trouvé ce qu’il cherchait.

Grrrk !

Tandis qu’il criait de nouveau, il semblait presque trembler de joie. Le monstre avait émis un rugissement, puis il secoua son corps massif alors qu’il s’enfonçait dans le sable.

La terre avait grondé et le sable avait été soufflé, formant une tempête de sable. J’avais tenu l’enfant contre moi, et nous étions restés accroupis jusqu’à ce que le grondement s’estompe.

Quand les choses s’étaient calmées, l’air s’était rempli d’un silence parfait. Nous nous étions lentement levés et un spectacle surprenant avait rempli notre vision. Malgré mon état d’épuisement, mes yeux s’étaient écarquillés quand j’avais vu le trou géant qui restait devant nous.

« Est-ce que ça peut être… un donjon !? » demandai-je.

Le trou géant était si profond que nous ne pouvions pas voir le fond, et le chemin qui semblait être une passerelle s’enfonçait de plus en plus bas dans le sol. Et ce sentiment inimitable dans l’air était exactement comme celui d’un donjon.

Qu’est-ce qui vient de se passer ?

Le fait de donner la Pierre magique au monstre avait-il révélé un donjon complètement inconnu ? Je n’avais jamais vu ou entendu parler d’une telle chose avant.

Nous nous tenions là sans rien dire, et l’air qui montait du trou ressemblait au souffle des temps anciens. Cela m’avait aussi fait me souvenir de quelque chose…

La catastrophe qui s’était produite il y a longtemps.

« C’est donc la raison pour laquelle le Pic d’Ujah a été détruit… La recherche de la Pierre Magique mène finalement au donjon interdit, » déclarai-je.

L’enfant m’admirait en réponse à mon commentaire. Ses yeux d’animaux étaient ronds et remplis de surprise et d’espoir.

Personne ne savait pourquoi, mais il n’en restait pas moins qu’un donjon était apparu. Si nous traversons ce donjon, nous pouvons découvrir le mystère de la Pierre Magique et le passé oublié de cette ville.

Un frisson avait parcouru ma colonne vertébrale en pensant au monde inconnu, quand j’avais finalement remarqué deux choses. La première, c’était que ces sales bandits venaient toujours droit sur nous. La deuxième chose, c’était que Marie avait désactivé son Voile Lumineux et qu’elle venait aussi vers nous.

« Huff... huff... huff... Qu’est-ce que c’était ? J’ai entendu un bruit fort…, » déclara Marie.

« Hmm… Je t’expliquerai plus tard. J’aimerais m’éloigner de ces bandits dès que possible. D’accord ? » avais-je demandé à Marie, qui transpirait abondamment, et ses yeux s’étaient élargis, quand elle aussi, elle l’avait remarqué. Elle nous avait ensuite dit de partir de là, et vite. L’enfant était incroyablement léger, donc avec nous trois, cela ne serait pas un problème.

« Alors, au revoir tout le monde. Trayn, le guide du voyage, » déclarai-je.

« Aaaa — . »

Leurs voix nauséabondes retentissaient alors que nous descendions dans le monde, une couche plus basse. Ce monde n’était pas géré par l’homme — c’était le domaine du dieu du voyage, restreint par personne.

La seule chose qui était différente de la normale, c’était que je ne pouvais pas bouger avec quelqu’un qui s’accrochait à moi d’un côté ou de l’autre. Quoi qu’il en soit, cela faisait longtemps que je n’avais pas été soulagé d’entrer dans ce monde d’obscurité totale.

Et pourtant, j’avais toujours un souci en tête…

Une elfe et un homme-bête pourraient s’entendre ? Les elfes appréciaient la pureté, et certains d’entre eux avaient exprimé leur mépris pour ceux que l’on appelle le sang contaminé…

Juste à ce moment-là, un vent léger souleva les vêtements de l’enfant, soulevant le capuchon qui lui avait recouvert le visage. Cela avait révélé deux oreilles pointues et des yeux marbrés. Son corps était complètement recouvert de fourrure, mais Marie fit immédiatement entendre sa voix face à cette vue.

« Chaton !? »

L’enfant aux yeux ronds était un membre de la tribu Neko. Les yeux de Marie brillaient de mille feux face à son apparence adorable, et elle en dégagea un « aww » gai et joyeux !

C’était l’espèce qu’elle aimait le plus en ce moment. Je n’avais pas pu m’empêcher d’être surpris par la coïncidence de leur rencontre. Il me semblait que mes soucis étaient inutiles, et j’étais soulagé de savoir que l’elfe prendrait bien soin de lui.

« OK, tout ce qu’on a à faire maintenant c’est de dénoncer ces bandits. Allons manger quelque chose de savoureux après ça, » déclarai-je.

Marie tenait l’enfant Neko dans ses bras alors qu’elle acceptait mon plan.

C’était une séance d’augmentation de niveau très mouvementée, mais j’étais content qu’on s’en soit sortis vivants. Je ne pensais pas que quelqu’un aurait pu deviner que nous serions attaqués par des monstres et des bandits. Personne ne penserait que nous aurions trouvé la légendaire Pierre magique, et même découvert un tout nouveau donjon.

***

Partie 3

La tempête de sable s’était calmée et le démontage du camp avait commencé. Les membres du groupe avaient commencé à sortir le tissu à demi enterré et à le plier, et chacun d’eux portait un écusson sur l’équipement qu’il portait. Le sable s’était infiltré à l’intérieur et à l’extérieur de leurs vêtements, mais ils continuaient à se déplacer avec des expressions immuables.

Parmi eux, il y avait une personne à l’air bizarre. Celui-ci était plus petit que les autres, sans écusson sur son équipement. Il n’était manifestement pas d’ici avec ses cheveux et ses yeux noirs, et c’était étrange de le voir marcher avec le chef du groupe à l’avant.

Le chef lui avait alors dit. « Je vois… Ça a dû être un désastre pour la tribu Neko. C’est une race timide, donc je suis sûr que c’était une expérience terrifiante. »

« Oui, et les bandits ont habité l’oasis. Ils ont dû apprendre par hasard que la pierre peut invoquer la bête, ce qui a fait de nombreuses victimes, » répondit le garçon.

Il y avait plus de dix personnes qui marchaient régulièrement à travers les sables, chacune d’entre elles étant chargée de protéger la paix. Il y avait une certaine différence de hauteur entre les adultes et les enfants, mais, étonnamment, c’était une petite personne qui avait résolu l’incident récent et avait même découvert un donjon.

« Alors s’il vous plaît, protégez ce membre du clan Neko comme promis, » déclara cette petite personne.

« Pas besoin d’être pressé. Je dois d’abord vérifier si le donjon est réel avant de parler de protection, » répondit le chef.

Si l’histoire du nouveau donjon était vraie, la position des tribus Neko, Mewi, changerait radicalement. Et si les pierres magiques pouvaient être à nouveau excavées, la capacité de Mewi à raffiner les catalyseurs magiques serait d’une valeur inestimable pour le pays.

Mais ce n’était rien de plus qu’un rapport venant d’un garçon inconnu. Il aurait pu s’agir d’un mensonge ou d’une erreur, de sorte qu’il y avait encore du scepticisme dans les yeux de l’homme.

Le garçon avait réagi à son ton dédaigneux en soulevant le tissu au-dessus de sa bouche jusqu’à son nez, puis il s’était mis à marcher sans paroles. Il semblerait que le garçon n’était pas très doué pour traiter avec les adultes.

Cette nouvelle région était encore hors de portée des aventuriers et des guildes. La découverte d’un nouveau donjon fera d’abord bouger l’autorité locale, car on ne sait pas encore si elle conduira à une grande richesse ou à un immense danger. S’il y avait à la fois richesse et danger, c’est à ce moment-là que la Guilde des Aventuriers serait désignée pour s’en occuper.

Ce membre de la tribu Neko, Mewi, venait de donner les détails la veille. Les tendons de son pied avaient été coupés, et il était actuellement soigné avec une jeune elfe dans le désert. C’était dommage, mais il était peu probable qu’il puisse marcher pendant un certain temps.

 

***

 

Le vent hurlait depuis les profondeurs du sol. Le trou géant dans le coin de l’oasis ne serait jamais inondé, bien qu’il soit près d’une veine d’eau. Son fond était invisible même à la lumière du soleil, et il y avait un étrange souffle de vent venant de ces profondeurs. C’était presque comme si la civilisation que l’on croyait détruite depuis longtemps se réveillait à nouveau.

« Ce n’est pas possible… Non, il n’y a pas de malentendu. C’est un donjon souterrain ! »

« Combien d’années se sont écoulées depuis qu’on en a découvert un ici, dans le pays d’Arilai ? Et regardez, un monstre de si haut niveau, et ce n’est que l’entrée ! »

Le groupe avait fait entendre des voix de surprise. Mais même parmi leurs commentaires excités, le garçon s’agenouilla et fixa tranquillement le sol sablonneux. Il y avait là de nombreuses empreintes de pas, et comme ses yeux les suivaient, il avait trouvé un objet familier.

Comme prévu, c’était l’épée qu’il avait perdue. Elle était cassée en deux et semblait être un avertissement : « Ce sera toi la prochaine fois que nous nous reverrons. »

Les traces de pas s’étaient poursuivies jusqu’au trou géant de l’ancien donjon. Cela avait dû signifier…

« Maudits bandits… Ils ont finalement fait leur entrée dans le donjon, » murmura le garçon. On s’attendait déjà à ce que ce soit une situation difficile, mais maintenant ils devaient aussi réfléchir à la façon de s’occuper des bandits.

Son cœur battait fort, comme les tambours d’une musique ancienne. Mais le garçon regarda dans le trou béant, puis avait légèrement souri.

 

 

***

Interlude : Faire des emplettes avec Mademoiselle l’Elfe

Partie 1

Il y avait un certain nombre de choses qui me dérangeait ces derniers temps. La plupart de ces choses concernaient Marie, la jeune elfe venue depuis une terre inconnue dans le Japon.

Les voitures qui descendent les routes, les regards curieux et la nourriture — et bien, je suppose que la nourriture était bonne, mais j’avais entendu dire qu’un environnement inconnu pouvait causer du stress. J’avais peur qu’elle s’épuise mentalement et qu’un jour, elle ne veuille plus jamais revenir.

Comme j’avais évidemment besoin d’aller travailler, je ne pouvais pas toujours être là pour veiller sur elle. Ça aurait été sympa qu’elle ait une amie, mais se mêler aux voisins viendrait plus tard.

« Et Marie est du genre à garder les choses à l’intérieur au lieu de se plaindre…, » m’étais-je murmuré alors que j’étais aux toilettes.

C’était probablement le plus gros problème. Je ne savais pas si c’était un truc d’elfe, mais elle pouvait parfois être trop sérieuse. Même si je lui demandais s’il y avait quelque chose qui la dérangeait, elle ne me le dirait probablement pas.

Ce n’était pas le seul problème. Il y avait environ une demi-journée de décalage horaire entre le Japon et le monde onirique. Le matin, il faisait nuit ici, donc une demi-journée passait chaque fois que nous allions nous coucher. Si je dormais à 19 h, il serait 7 h là-bas. Cela signifie que nous avions été actifs pendant 24 heures d’affilée. Mais nos mondes semblaient indépendants les uns des autres, parce que je me sentais complètement reposé au réveil.

J’avais quand même peur que ce mode de vie ne lui cause du stress. Cela ne m’avait pas du tout affecté, puisque j’avais vécu comme ça pendant les vingt dernières années et que j’aimais ça. Mais c’était une vie complètement nouvelle pour elle, et toutes ses connaissances préalables lui étaient refusées chaque jour qui passaient, à mesure qu’elle en apprenait davantage sur la civilisation moderne.

Pour cette raison, je n’avais pas pu m’empêcher de m’inquiéter de plus en plus. Je voulais la soutenir de toutes les manières possibles, bien sûr, il n’y avait rien que je voulais plus qu’elle puisse profiter de sa vie ici. Mais en même temps, cela m’avait fait prendre conscience d’une autre partie du problème.

« Hm, je suppose que tout se résume à vouloir qu’elle passe du temps avec moi. C’est peut-être la partie la plus problématique de tout ça, » murmurai-je.

Je m’étais levé et j’avais poussé le levier sur le côté des toilettes. L’eau tourbillonnait avec un bruit de chasse d’eau, et je soupirai en sortant des toilettes.

***

« Ce n’est pas comme si ça m’intéressait de jouer avec des poupées ou quoi que ce soit. J’ai grandi par rapport à ces choses-là depuis un bon moment déjà, » elle me l’avait soudain dit alors que nous allions faire du shopping.

Cela m’avait fait réfléchir, vu qu’elle disait cela alors qu’elle s’asseyait sur le trottoir en regardant une poupée. D’habitude, c’était une réplique que quelqu’un disait en passant avec un air de désintérêt.

C’était un dimanche ensoleillé, avec de longs nuages qui semblaient étirés par le vent. Nous étions dans un quartier commerçant bien peuplé, mais nous avions l’impression que l’endroit était devenu beaucoup plus calme qu’avant. Il y avait de nombreux quartiers résidentiels dans cette partie du quartier Koto, et le centre-ville avait une longue histoire, de sorte que les bâtiments y changeaient souvent. Un magasin avec ses volets fermés s’était transformé en immeuble d’appartements, et une épicerie y avait été construite pour les nouveaux clients potentiels de la région. Pour cette raison, la plupart des paysages de mon enfance avaient déjà changé.

Je restais là à me souvenir de ça pendant que Mademoiselle l’Elfe était fixée par la poupée destinée à attirer l’attention des gens qui passaient devant. Elle le regardait fixement de façon flagrante alors qu’elle continuait à se plaindre, accroupie juste en face d’elle, sans intention apparente de bouger.

C’était une journée venteuse pour un printemps, et elle semblait un peu froide pour sa tenue comprenant une chemise, une jupe et des chaussettes hautes. Mais quand j’avais jeté un coup d’œil pour voir ce qu’elle regardait, j’avais trouvé une poupée étonnamment mignonne qui attendait là.

« Le visage est un peu bizarre. Il boude un peu comme s’il était agacé, et ses yeux regardent sur le côté, » déclarai-je.

« Hmph. Ça t’a peut-être dupé, mais je ne me laisserai pas avoir si facilement. Celui-ci a fait quelque chose de mal. Je suis en vie depuis cent ans, donc je peux le dire rien qu’en regardant ses yeux, » déclara Marie.

J’étais un peu sceptique au sujet de son affirmation, mais j’avais quand même hoché la tête.

Il s’agissait d’un petit magasin où l’on exposait des marchandises diverses. Ils étaient loin d’être aussi bien approvisionnés que les grands magasins, mais il y avait une raison pour laquelle ils étaient capables de rester actifs.

Les gens n’avaient pas vraiment remarqué les enseignes des magasins lorsqu’ils passaient devant. Les magasins étaient sombres pour la plupart, et peu de gens avaient pris la peine de jeter un coup d’œil pour voir quelles sortes de marchandises étaient vendues.

Alors, comment avaient-ils attiré les clients ? Une méthode consistait à utiliser des odeurs appétissantes. Stimuler l’appétit était un moyen efficace de relâcher les cordons de la bourse. Cela avait été efficace dans plusieurs cas, et c’était généralement bon s’ils étaient capables d’arrêter Marie sur son trajet.

Dans le cas d’un magasin de marchandises diverses comme celui-ci, mettre un article intéressant et accrocheur à peu près à la hauteur des yeux était la meilleure solution. Cela leur permettait de contrôler légèrement la circulation et était apparemment un moyen efficace d’attraper les elfes sauvages dans la ville.

« Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Sache que je ne le touche que pour vérifier le matériel. Tu vois, c’est si moelleux et doux, je suis sûre qu’il donnerait chaud même par temps froid, » déclara Marie.

Elle avait parlé rapidement comme elle l’avait expliqué, mais j’avais eu l’impression qu’elle cherchait des excuses.

Tandis qu’elle écrasait l’estomac de la poupée, elle avait fait un bruit strident qui ressemblait à « Papyuuuu ! » Je n’avais pas remarqué au début, mais il semblait qu’il y avait une sorte de bouton sur son estomac qui, lorsqu’on appuyait dessus, le faisait couiner comme ça.

« Ahh ! Wha, whoa, whoaa, whoaaaa ! » La jeune fille s’était retournée et l’avait presque lâchée, mais elle avait réussi à l’attraper dans les airs.

J’avais laissé échapper un soupir de soulagement. J’avais applaudi avec étonnement face à sa réaction rapide, mais elle m’avait regardé avec ses yeux violets.

« As-tu entendu ça ? Cette petite se plaint aussi de toi. Il dit : “Kazuhiho le dormeur va geler dans son sommeil, tout seul par une nuit froide”, » déclara Marie.

Eh bien, je me sentais plutôt bien ces derniers temps grâce à toi. Et j’avais fini dans l’autre monde quand je m’étais endormi, alors le froid ne m’avait pas vraiment dérangé.

Bien que ces pensées m’aient traversé l’esprit, les mots qui étaient sortis de ma bouche étaient complètement différents.

« Es-tu sûre de toi ? J’ai cru entendre autre chose, » répliquai-je.

Je m’étais accroupi à côté d’elle. C’était déjà le printemps, mais c’était une journée venteuse. Quand j’avais touché son doigt en tenant la poupée, il faisait un peu froid. J’avais retourné la poupée pour faire face à Marie, puis j’avais commencé à parler d’une voix aiguë.

« Emmène-moi dormir avec toi, et tu devrais pouvoir dormir bien au chaud. Demande à Kazuhiho de m’emmener, » déclarai-je.

Les yeux de la jeune fille s’étaient élargis et ses joues semblaient légèrement rouges. Elle était déjà tombée dans le piège tendu par les propriétaires du magasin. Il n’avait pas fallu longtemps pour que les coins de ses lèvres se recourbent en un sourire.

Elle s’était raclé la gorge, puis avait regardé la poupée à ma place. « Je-Je suppose. Je doute que quelqu’un t’achète avec un visage pareil, alors je peux lui demander pour toi. Mais tu dois bien te tenir pendant que tu resteras dans notre chambre. Compris ? »

J’avais fait un signe de tête à la poupée, puis j’avais écarté l’elfe du chemin et je l’avais regardée fixement. Elle avait un peu tendu les lèvres et avait détourné les yeux, ce qui m’avait presque fait éclater de rire. Elle ne s’en rendait pas compte, mais le visage qu’elle faisait ressemblait exactement à celui de la poupée.

 

 

Je m’étais donc promené dans le quartier commerçant avec Marie pendant qu’elle continuait à jouer avec la poupée. Elle faisait toujours le même visage boudeur que la poupée, et j’avais du mal à les regarder ensemble.

Il me semblait que Marie aimait les personnages qui avaient un peu d’attitudes, ce que j’avais réalisé lorsque nous avons choisi des livres pour elle. Étonnamment, on aurait dit qu’elle ne s’en rendait même pas compte elle-même.

« Alors, ça te dérange d’aller avec moi pour choisir des vêtements ? » demandai-je.

« Mais je n’ai pas besoin de tant de tenues différentes. J’aime ces vêtements, et le pyjama me va si bien sur la peau. Je ne pense pas que je sortirai trop souvent, donc je serai d’accord avec peu de choses, » déclara Marie.

J’avais secoué la tête. Même si ça ne la dérangeait pas, je ne pourrais pas avoir une jeune fille comme elle vivant dans une seule tenue. Elle passait la plupart de son temps dans une robe dans l’autre monde, donc elle avait probablement l’habitude de faire avec ce qu’elle avait. Mais j’avais l’impression qu’elle s’intéressait aux vêtements. Il y avait beaucoup de jolis motifs au printemps, et je me souvenais qu’elle regardait les tissus aux couleurs vives exposés dans les vitrines des magasins.

« Pourquoi insistes-tu pour être si frugale, Marie ? Ça ne me dérange vraiment pas, » déclarai-je.

Elle m’avait regardé comme si la réponse était évidente. « Parce que j’ai réalisé que tu n’étais pas riche. J’ai eu la mauvaise impression quand j’ai vu la hauteur de ta chambre, mais je ne peux pas en demander trop si tes revenus sont si bas. »

Ah, donc c’était son raisonnement. Mais si c’était le cas… Mes yeux s’étaient dirigés vers la poupée, mais elle l’avait vite cachée derrière son dos.

Elle avait toujours aimé faire du shopping. Il semblait qu’elle était troublée par toutes les tentations qui l’entouraient, peu importe à quel point elle se retenait. Cela m’avait donné envie de résoudre son dilemme.

Oui, il valait mieux régler ces problèmes le plus tôt possible. Sinon, elle pourrait avoir la mauvaise habitude de tout garder pour elle.

« Je vois. Et si on allait apprendre, faire du shopping aujourd’hui ? » demandai-je.

Elle m’avait regardé d’un air interrogateur. « Apprendre… à faire du shopping ? »

J’avais hoché la tête. Le problème maintenant n’était pas d’être trop frugal, mais le fait qu’elle ne comprenait pas l’argent. Tant qu’elle vivra au Japon, il lui sera utile de savoir ce qui était nécessaire et ce qui ne l’était pas.

Nous étions arrivés au grand magasin, qui ressemblait plus à un lieu d’apprentissage qu’à un centre commercial à nos yeux.

***

Partie 2

D’abord, nous étions allés sous terre au lieu d’aller dans un magasin de vêtements. C’était la première fois qu’elle voyait un escalier mécanique, et elle avait pris plusieurs grandes respirations avant de s’élancer dessus. Elle s’était ensuite collée à mon dos et avait regardé ses pieds pendant tout le trajet.

« Il n’arrêtait pas de se mouvoir tout seul comme tu l’as dit ! C’est amusant ! » me dit-elle en souriant en sautant.

Elle tenait la poupée de tout à l’heure dans ses mains, alors c’était peut-être cette invitée inattendue qui la rendait si joyeuse. Il semblait que dans un sens c’était le bon choix.

« Il y a des tonnes de manèges comme ça dans ce monde. Sans eux, les grands immeubles seraient trop encombrants pour qu’on puisse s’y promener et cela pourrait faire fuir les clients, » déclarai-je.

« Je vois, je pensais que cet endroit était trop grand, mais c’est logique. Dans mon monde, le quartier commerçant dans lequel nous étions auparavant était de la taille typique, » répliqua Marie.

En expliquant ces choses, la « chose bizarre qui bouge » s’était transformée en un objet pratique pour attirer les clients. Elle comprenait mieux quand j’expliquais le raisonnement derrière eux, plutôt que les détails structurels.

C’était un dimanche, alors j’avais décidé de passer la journée à lui en apprendre plus sur la vie quotidienne et la connaissance commune de ce monde. Cela aiderait peut-être à atténuer certaines des choses qui m’avaient troublé ce matin.

J’avais commencé par expliquer des choses comme les portes automatiques, les ascenseurs et les toilettes comme je l’avais fait plus tôt, puis je lui avais demandé de les essayer par elle-même. Les toilettes, en particulier, étaient équipées d’un système automatique d’écoulement d’eau et de sèche-mains, ce qu’il était une bonne chose pour elle d’en apprendre davantage. Ses yeux étaient grands ouverts quand elle était revenue. Je lui avais demandé. « As-tu été surprise ? »

Elle m’avait répondu. « Oui ! » Et elle avait couru vers moi. Elle avait ensuite étendu les mains comme si quelque chose d’incroyable venait de se produire.

« Le vent a soufflé si fort ! Et c’était comme si… ma peau était serrée. La sensation entre mes doigts me chatouillait. J’ai cru que j’allais crier ! » déclara Marie.

Oh, alors c’était ça la raison pourquoi son « nyaaaa ! » était venu des toilettes des femmes…

Je m’étais dit que c’était une bonne chose que je l’ai amenée quand il n’y avait personne, et j’avais sorti un mouchoir pour essuyer l’excès d’humidité de ses mains.

« Tu te sers de ces trucs pour enlever l’eau de tes mains. Une serviette où quelque chose ne serait pas hygiénique avec autant de personnes qui l’utilisent, donc nous avons des appareils qui n’entrent pas en contact avec les mains des gens, » expliquai-je.

« Hygiénique… J’ai vu tant de signes au Japon à propos du fait de se laver les mains et de se rincer la bouche. Pourquoi est-ce que c’est comme ça ? » demanda Marie.

C’était une question un peu compliquée. C’était probablement mieux de prendre mon temps pour y répondre la prochaine fois que nous allions à la bibliothèque ou autre.

Nous étions arrivés dans la zone souterraine, alors j’avais décidé de lui montrer la section nourriture. Bien que je ne sois pas là pour acheter quoi que ce soit, nous avions quand même regardé autour de nous.

« Ah ! C’est lumineux ici ! Fruits et légumes… vendent-ils de la nourriture ici ? » demanda Marie.

« C’est vrai. Beaucoup de gens font leurs courses dans ces endroits, ils sont cruciaux pour notre vie quotidienne. Les aliments plus savoureux et plus rares ont tendance à être plus chers, » lui expliquai-je.

Les champignons matsutake étaient une exception, mais… eh bien, je suppose que c’était une préférence personnelle. Je n’avais même pas si souvent mangé de matsutake avant.

C’est là que j’avais décidé de prendre mon temps pour lui enseigner le concept d’argent que j’utilisais tous les jours. Je lui avais dit mon salaire approximatif et combien d’argent avaient été utilisés pour la nourriture. Puis j’avais soustrait le coût approximatif de la nourriture entre nous deux de mon revenu.

« Il y a un autre coût de la vie appelé frais de chauffage et d’éclairage. L’éclairage, l’eau et même le gaz peuvent contribuer à ce coût, » expliquai-je.

Il semblait qu’elle n’avait pas réalisé que tout coûtait de l’argent.

En y repensant, une fois les réseaux d’aqueduc et des égouts en place au Moyen Âge, ils avaient tendance à être laissés à eux-mêmes. Peut-être qu’ils percevraient des impôts et feraient des réparations, mais c’était à peu près tout.

Quoi qu’il en soit, j’avais soustrait ces coûts de mon salaire, ainsi que ma facture de téléphone, les frais d’entretien de ma voiture et les taxes.

« Ils font même payer l’eau prélevée dans la nature ? C’est de la folie. Personne ne s’énerve-t-il pour ça ? » demanda Marie.

« Hmm, je ne sais pas comment c’était à l’époque, mais l’eau au Japon est très bien entretenue. Je suis presque sûr qu’il n’y a pas beaucoup de pays où l’on peut boire de l’eau propre directement des robinets, » déclarai-je.

« Quoi !? Alors que font ces gens quand ils veulent de l’eau ? » demanda Marie.

« Ils l’achètent dans les magasins. Mais c’est plus cher comme ça, » déclarai-je.

Elle avait cligné des yeux.

Il y avait aussi les coûts de construction et d’entretien du barrage pour acheminer l’eau à chaque foyer, mais j’avais décidé de lui parler de ces choses la prochaine fois que nous irons à la bibliothèque. Elle était bien meilleure que moi quand il s’agissait de mémorisation et de calcul, donc l’explication rapide que je lui avais donnée en montant l’escalier mécanique lui avait déjà permis d’apprendre.

Comme elle jouait avec sa poupée à deux mains, il semblait qu’elle était en train de traiter l’information que je venais de lui donner. J’avais répondu à quelques questions, puis j’avais finalement dit ce que je voulais lui dire.

« Et ce qui reste, c’est l’argent que je peux dépenser pour le mois, bien que j’ai bien sûr besoin d’en mettre de côté une partie, » déclarai-je.

« Hmm, c’est comme ça que ça marche. Je suis surprise qu’il y ait tant de détails dans la gestion de l’argent. Mais j’ai l’impression de bien comprendre maintenant, » déclara Marie.

Je lui avais demandé ce qu’elle voulait dire, et elle m’avait répondu. « Les modes de vie des gens sont gérés par leurs revenus et leurs dépenses. Ce n’est peut-être pas très joli, mais vu toutes ces installations comme faisant partie de ta vie quotidienne ici, cela semble fonctionner plutôt bien. »

Il semblait qu’elle le comprenait assez bien maintenant. Un salarié moyen comme moi ne pouvait pas saisir l’ensemble de l’économie japonaise, mais j’étais sûr que même les responsables de sa gestion ne voyaient que vaguement le tableau d’ensemble.

« Alors, nous sommes arrivés à destination : l’espace habillement. Maintenant que tu as appris ce qu’est l’argent, jetons un coup d’œil aux boutiques ici, » déclarai-je.

« Hehe, ça devient amusant. Tu es doué pour enseigner. Je pense que tu ferais un excellent professeur, » déclara Marie.

Hein, serais-je vraiment ?

Cela semblait être un compliment, alors je l’avais remerciée.

Le secteur de l’habillement comportait de nombreuses sections différentes, comme le luxe et le non-luxe, et des sections divisées par groupes d’âge. Il y avait beaucoup de boutiques chères, mais Marie avait fait un « X » avec ses doigts et avait dit des choses comme « les montres présentées dans le présentoir à montres sont trop chères. » Mais contrairement à tout à l’heure, c’était la réponse qu’elle n’avait donnée qu’après que nous ayons discuté de mes fonds disponibles.

« C’est comme ça que tu gères l’argent. Je pense qu’il est plus important de penser à ce que tu achèteras ou n’achèteras pas, plutôt que de décider de ne rien acheter du tout, » déclarai-je.

Par exemple, si j’aimais vraiment cette montre de tout à l’heure, je pourrais l’acheter en faisant un budget et en économisant pour elle pendant quelques mois. Il était possible de l’obtenir tant que je décidais de ce que je voulais faire ou non.

« Je vois, donc il faut choisir seulement ce dont on a besoin sans gaspiller d’argent, » déclara-t-elle en agitant la main de sa poupée.

C’était bon, cette poupée ne comptait pas comme un gaspillage d’argent. Il avait le rôle important de divertir Mademoiselle l’Elfe à partir de maintenant.

En tout cas, j’avais pu lui apprendre le shopping, un savoir nécessaire pour vivre au Japon. Quand Marie avait commencé à choisir ses vêtements, elle avait eu l’impression de connaître et d’accepter le Japon un peu plus qu’avant.

 

***

 

Nous étions entrés dans un café pour nous reposer. Devant elle, il y avait un café et, à côté d’elle, ses sacs à provisions.

Je mettais du sucre et du lait dans sa tasse quand elle m’avait tapé la main avec son doigt. Je levai les yeux pour trouver l’Elfe, les oreilles cachées sous un chapeau tricoté, me souriant.

« Merci de m’avoir acheté de si beaux vêtements. Cette pièce avec les lacets devrait aussi pouvoir être portée quand la saison change. Et c’était si bon marché ! » déclara Marie.

Nous avions passé beaucoup de temps dans le domaine de l’habillement à choisir ensemble ce dont nous avions besoin. Les employés du magasin étaient venus nous aider, ce qui nous avait pris par surprise. L’apparition d’une jolie fille comme Marie était comme un événement spécial pour eux, et ils avaient choisi toutes sortes de vêtements qui lui iraient bien sans jamais nous pousser à acheter. Ils avaient même répondu à ses questions sur les saisons du Japon et le moment où chaque vêtement pouvait être porté, ce que j’avais trouvé utile.

« Pas de problème du tout. Je suis content qu’on ait pu t’acheter des vêtements de printemps. Après tout, tu disais que tu n’avais pas besoin d’autres vêtements au début, » déclarai-je.

« C’était naturel quand je ne comprenais pas la situation. Ça ne m’aurait pas dérangé si tu étais riche… Eh bien, ça m’aurait probablement quand même dérangée, » déclara Marie.

Elle n’avait pas tort. Je n’aurais pas été à l’aise de demander à quelqu’un de m’acheter un tas de choses quand je ne connaissais pas leur valeur. En ce sens, j’étais heureux qu’elle ait maintenant une vue d’ensemble de la situation et qu’elle ait acquis la capacité de choisir ce dont nous avions besoin.

Pendant que j’y réfléchissais, un petit quelque chose avait jeté un coup d’œil de dessous la table. Ses lèvres sortaient et ses yeux regardaient sur le côté. Puis, d’une voix aiguë, cela m’avait parlé.

« Bonjour, Kazuhiho, merci de m’avoir tant appris aujourd’hui, » déclara la poupée.

« Hehe, de rien. J’espère que cette information t’a été utile, » répondis-je.

« Bien sûr ! C’était très amusant et Marie adore ses nouveaux vêtements. En plus, elle semble profiter de la vie ici au Japon. Tu sais, tu es un peu idiot, mais tu peux être très mature quand il s’agit de ça, » déclara la poupée.

J’aurais aimé qu’elle arrête, parce que voir Marie mouvoir ses lèvres en faisant son numéro de ventriloque m’avait presque fait cracher mon café en riant. Elle était presque trop mignonne pour faire ça.

Pendant que je gloussais, la poupée avait commencé à me caresser la tête. J’avais levé les deux mains en me rendant, et ses lèvres s’étaient transformées en un sourire. En voyant un sourire comme le sien, j’avais eu l’impression que mon cœur était en train de se purifier. Des émotions joyeuses semblaient jaillir d’elle et se fondre en moi à travers ses yeux. Je n’avais pas pu m’empêcher de regarder fixement, malgré mon âge.

Pour être honnête, elle m’avait bien eu. Elle ne se rendait pas compte à quel point son attaque était puissante, et je faisais semblant de ne pas être affecté, mais je ne restais calme que grâce à mes vingt-cinq ans d’âge.

Je m’étais raclé la gorge, puis j’avais touché la poupée avec mon doigt.

« Tu l’aimes beaucoup, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Oui, je l’aime. C’est une petite morveuse, je ne peux pas la quitter des yeux, » répondit Marie.

C’était une réponse tellement honnête qu’on avait soudainement éclaté de rire tous les deux. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle joie. Tout cela en sortant simplement pour aller l’habiller… Le temps que j’avais passé avec elle pendant mes jours de congé était vraiment spécial.

Il faisait déjà nuit quand nous étions parties, et nous avions décidé de prendre le chemin le plus long pour rentrer chez nous.

***

Illustrations

..

***

Histoire bonus

La routine du matin

Le soleil du matin brillait dans la salle de bain où nous nous brossions les dents tous les deux. J’avais une tête de plus que Marie dans ce monde, alors naturellement, nous nous étions mis en position avec elle debout devant moi. Se brosser les dents devait être une pratique peu familière pour une elfe, mais elle semblait apprécier le dentifrice propre et parfumé à la menthe. Je vivais seul depuis tout ce temps, alors cela me faisait sourire de la voir se brosser les dents.

J’avais l’estomac plein du petit déjeuner et la lumière du soleil était agréable et chaude. L’air paisible de la matinée avait également contribué à rendre mes paupières lourdes. Lorsque ma conscience avait commencé à dériver légèrement, j’avais entendu le bruit d’un rire étouffant. Lorsque j’avais ouvert les yeux, j’avais vu Marie s’éclaircir la gorge avec une expression un peu douloureuse. Elle avait rapidement fini de se gargariser, puis s’était tournée vers moi, le visage rouge.

« T-Toi ! Comment diable as-tu réussi à faire apparaître une bulle de sommeil en te brossant les dents ? »

Après m’être fait gronder, j’avais recraché le dentifrice et je m’étais rincé la bouche à l’eau. J’avais essuyé ma bouche avec une serviette et je m’étais tourné vers elle.

« Quoi ? Non, je ne l’ai pas fait. Je me suis juste un peu endormi, c’est tout. Si je m’étais vraiment endormi, je serais probablement dans le monde des rêves. »

Marie avait eu une nouvelle quinte de toux puis m’avait jeté un regard furieux. « Bien. Si c’est comme ça que tu veux jouer, je vais te donner un avant-goût de ta propre médecine. Regarde. »

Oh, d’accord… Bien que je ne sois pas sûr de ce qu’elle voulait dire par là. Est-ce qu’elle allait aussi faire une bulle dans son nez ? Elle ne le ferait pas… n’est-ce pas ?

Le lendemain matin, il faisait tout aussi beau et j’avais commencé à me brosser les dents comme d’habitude. Marie, par contre, semblait préparer quelque chose en s’éloignant des toilettes. Que prévoyait-elle ? Était-elle sérieuse dans ce qu’elle avait dit hier ?

En y réfléchissant, elle était soudain apparue derrière moi. Je l’avais regardée dans le miroir. Elle avait un sourire confiant sur son visage, comme si elle avait quelque chose dans sa manche. Elle avait alors levé le doigt… et avait écrasé son joli nez, le faisant ressembler à un museau de cochon.

« Baaahaha ! C’est à cela que servait le regard confiant ? Je n’arrive pas à y croire ! »

Pris par surprise, je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire. Marie se tenait là, son visage explosant de rouge.

« Qu’est-ce qui te fait rire ? C’est la vengeance pour hier, d’accord ? Tu as perdu pour avoir ri plus fort que moi ! »

Elle me tirait désespérément sur le dos, mais j’étais désolé de dire que son embarras avec l’œil larmoyant n’avait fait qu’alimenter davantage mon rire.

« Tu es vraiment adorable, Marie. Je suis content d’avoir pu commencer ma journée avec un si beau spectacle. »

« Nooon ! Oublie ce que tu viens de voir ! Je ne savais pas ce que je faisais ! » L’elfe avait donné un coup de pied dans un étalage en raison de la frustration et de l’embarras.

C’était un événement assez amusant pour moi, mais depuis ce jour, il y a un morceau de papier au mur sur lequel on peut lire « Pas de rire en se brossant les dents ».

Je m’étais gargarisé avec de l’eau au niveau de l’évier et je m’étais dit qu’il n’y avait jamais un moment d’ennui quand on passait du temps avec elle.

C’est du maïs rôti, Mademoiselle l’Elfe

« Dis-moi, que vendent-ils là-bas ? »

Je m’étais retourné quand elle m’avait demandé cela et j’avais vu un vendeur à un stand de nourriture cuisiner quelque chose avec une serviette enroulée autour de sa tête. L’expression « boulettes sur fleurs » m’était venue à l’esprit, mais les étals de nourriture avec un fond de fleurs de cerisier en pleine floraison me rappelaient toujours cette période de l’année. Les gens avaient tendance à se rassembler autour de la beauté, puis devenaient des clients pour des plats délicieux. Je l’avais dit à Marie, et elle avait gloussé.

« Je suppose que, quel que soit le monde dans lequel vous êtes, tout le monde pense de la même façon. Ils devraient se rendre compte que c’est une perte de temps de manger au lieu de profiter d’une si belle vue, » avait-elle dit avec une expression qui semblait dire « ces humains stupides ».

Les fleurs de cerisier étaient en pleine floraison autour de nous, et il faisait beau et chaud avec le soleil de printemps. Les mots de Marie étaient assez convaincants, étant donné que c’était la période la plus fantastique de l’année au Japon.

« C’est vrai. Je préfère profiter des fleurs de cerisier qui ne sortent qu’une fois par an plutôt que de manger. »

« Absolument. Puisqu’ils ne fleurissent que pendant un court moment, alors… »

Elle s’était arrêtée au milieu de sa phrase, probablement parce qu’elle avait aperçu la nourriture. Du maïs bouilli, de couleur jaune vif, était grillé sur un grillage métallique. En les retournant, les marques de brûlure de l’autre côté étaient devenues visibles, ce qui avait dû être un spectacle étrange pour la jeune fille qui venait d’un autre monde. Ses pieds avaient cessé de bouger peu après qu’elle se soit tue.

De la sauce soja et du mirin avaient été versés sur le maïs, et une fumée blanche s’était élevée dans l’air avec un szzt ! À ce moment, une éruption d’arôme se répandit dans toute la région alors que la sauce recouvrait le maïs légèrement brûlé. L’elfe sans méfiance prit le coup de front et se tint simplement là, la bouche grande ouverte, les cheveux argentés se balançant derrière elle.

« Ah ! »

Ce n’était pas juste. La savoureuse sauce soja, le doux mirin et le maïs parfumé s’étaient entremêlés pour agresser des passants innocents. Les personnes qui avaient visité cet endroit n’étaient pas là pour les stands de nourriture, mais cet arôme avait submergé leur désir de voir les fleurs avec un besoin de rassasier leur appétit. Une elfe à moitié fée qui ne résisterait pas à une telle attaque serait sans doute facile à cueillir.

« Hum, Marie… c’est très bien si tu veux manger en regardant les fleurs, tu sais. »

Mes mots ne semblaient pas lui parvenir, car ses yeux violets fixaient simplement la sauce soja trempant sur le maïs rôti. Puis, elle avait dégluti bruyamment.

« Oh, euh, je suis désolée. Disais-tu quelque chose ? »

« … C’est ce qu’on appelle le maïs torréfié. On dit que les manger en regardant les fleurs de cerisier rend l’expérience d’autant plus agréable. Veux-tu en goûter un ? »

« Ohh, oui ! C’est une bonne idée ! Je pense que c’est une excellente occasion d’en apprendre davantage sur la culture japonaise ! »

C’était bien plus enthousiaste que je ne l’imaginais. Le vendeur et moi avions presque ri à la vue de son impatience pendant que je payais le maïs.

Nous avions finalement eu notre nourriture et nous nous étions dirigés vers un banc lorsqu’elle avait demandé avec empressement. « Comment est-ce qu’on la mange ? Par où commencer ? » Le regard sur son visage quand elle avait pris sa première bouchée… C’était comme si la fille n’avait pas l’intention de me laisser profiter des fleurs de cerisier en paix.

En mangeant, ses yeux s’étaient élargis et elle avait laissé échapper un « Mmmfff ! » tout en donnant des coups de pied avec une joie enfantine. J’avais l’impression d’avoir obtenu bien plus que ce que valait mon argent, alors je ne pouvais pas me plaindre.

« Je vais certainement prendre du poids si je reste trop longtemps dans ce pays ! »

Après qu’elle l’ait dit, elle avait pris une autre grosse bouchée de son maïs grillé. C’était donc le sens de « boulettes sur fleurs ». J’avais regardé le ciel magnifique et les fleurs de cerisier et j’avais entendu « Mmm ! Délicieux ! » à côté de moi.

Tu aimes Chutoro, Mademoiselle l’Elfe ?

En regardant autour de moi, j’étais dans un restaurant confortable et bien éclairé où les fruits de mer circulaient sur un tapis roulant.

Marie avait un regard abasourdi en bougeant la tête de droite à gauche, puis elle avait dit : « Je ne m’attendais pas à ce genre de “rotation”. »

« Que veux-tu dire ? Tiens, je vais commencer à commander du poisson que je te recommande. »

Comme je l’avais promis l’autre jour, j’avais amené Mademoiselle l’Elfe dans un bar à sushi tournant pour qu’elle puisse en profiter. Elle semblait un peu agitée, assise au comptoir, mais j’étais sûr qu’elle s’installerait une fois que nous aurions commencé à manger. Il n’avait pas fallu longtemps au chef de sushi pour nous apporter nos commandes.

« Voici votre chutoro ! Profitez-en. »

Marie venait juste de commencer à apprendre le japonais, mais j’avais souri à la vue de sa concentration pour lui dire un « merci ». Le chef avait également souri joyeusement et nous avait dit : « N’hésitez pas à en commander d’autres. »

Mais l’elfe semblait quelque peu morose.

« Je suis toujours nerveuse à l’idée de manger du poisson cru. Je pourrais avoir une intoxication alimentaire… »

« Essaies-en un. Crois-moi », lui avais-je dit, et elle avait hoché la tête en hésitant. Elle s’était un peu débattue avec ses baguettes, mais elle avait réussi à tremper le chutoro dans de la sauce soja et à l’amener à sa bouche.

C’est un plat très populaire au Japon qui signifie « thon moyennement gras ». Comme son nom l’indique, la viande grasse fond dans la bouche dès que l’on y croquait doucement. La texture du poisson était lisse, et le goût du thon de saison était sans équivoque. Il était plein d’huiles de haute qualité et totalement exempt d’odeurs désagréables. Il m’avait rempli la bouche d’umami, car il avait perdu sa forme. Cela s’était dissous avec le riz dans ma bouche, et sa douceur naturelle avait dominé mes papilles gustatives.

L’elfe était ravie. Son expression d’inquiétude de tout à l’heure avait disparu, et elle en appréciait pleinement la saveur les yeux fermés.

« Mmm ! Ça fond dans ma bouche… Aaah ! Comment ça s’appelle déjà ? “Chutoro” ? Ok, je vais me souvenir de ça ! »

Ses yeux brillaient comme si elle venait de faire une grande découverte, ce qui m’avait rendu heureux pour une raison inconnue. Elle semblait avoir le même effet sur les autres personnes qui nous entouraient et qui nous écoutaient en souriant. Elle parlait peut-être l’elfique, mais ils semblaient la comprendre suffisamment grâce à ses expressions faciales.

Une employée qui nous observait souriait également en nous disant : « L’otoro d’aujourd’hui est délicieux aussi. Cela dépend de vos préférences, mais c’est une note plus élevée que le chutoro. »

Marie inclinait la tête, alors j’avais traduit pour elle et ses yeux s’étaient élargis. « Umm, j’aimerais en avoir un, s’il te plaît ! » dit-elle en levant son doigt, nous faisant sourire, moi et tous les autres, à cette jolie vue.

Quand l’otoro était arrivé, ses yeux violets semblaient briller encore plus fort.

« Je n’arrive pas à croire qu’il y ait quelque chose de plus grand que le chutoro… Eh bien, voilà… »

Elle avait mis le morceau de sushi dans sa bouche. Elle manipulait mieux ses baguettes qu’auparavant, et je m’étais dit que son gain de contrôle pouvait être attribué au fait qu’elle côtoyait des aliments savoureux. Puis la fille avait arrêté de mâcher. Le thon gras marbré fondait dans la bouche dès que l’on commençait à le manger, de sorte qu’il se dissolvait instantanément dans sa bouche et la remplissait d’umami, la saveur du poisson frais envoya un frisson à travers le corps de l’elfe.

En voyant cela, je lui avais dit : « Tu sais, il y a une autre classe au-dessus qui s’appelle kama toro. »

Elle secoua la tête d’un côté à l’autre comme pour dire « Non, non, non ! Je suis désolée, mais je ne peux pas ! Ce serait trop pour une elfe comme moi ! » C’était hilarant à voir, pour une raison inconnue, et j’avais eu beaucoup de mal à étouffer les rires qui menaçaient d’éclater.

Sur le chemin du retour, j’avais entendu le terme « sushi » plus de fois que je ne pouvais compter…

***

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