Almadianos Eiyuuden – Tome 4
Table des matières
- Chapitre 99
- Chapitre 100
- Chapitre 101
- Chapitre 102
- Chapitre 103
- Chapitre 104
- Chapitre 105
- Chapitre 106
- Chapitre 107
- Chapitre 108
- Chapitre 109
- Chapitre 110
- Chapitre 111
- Chapitre 112
- Chapitre 113
- Chapitre 114
- Chapitre 115
- Chapitre 116
- Chapitre 117
- Chapitre 118
- Chapitre 119
- Chapitre 120
- Chapitre 121
- Chapitre 122
- Chapitre 123
- Chapitre 124
- Chapitre 125
- Chapitre 126
- Chapitre 127
- Chapitre 128
- Chapitre 129
- Chapitre 130
- Chapitre 131
- Chapitre 132
- Chapitre 133
***
Chapitre 99
Afin de vaincre le marquis rebelle de Strasbourg, le royaume mobilisa 12 000 soldats dirigés par l’ancien bras droit d’Albert, le marquis Lagrange.
C’était une armée exceptionnellement importante pour une armée qui ne fait pas partie des forces principales du royaume.
En revanche, l’armée d’Albert était composée de 6000 soldats réguliers et de 2000 mercenaires, soit une force totale de 8000 hommes.
Bien que cette différence ne soit pas suffisante pour respecter la règle du 3:1, qui stipule que les forces de l’attaquant doivent être au moins trois fois plus importantes que celles de l’ennemi pour remporter la victoire, Lagrange pensait que la pression psychologique que les troupes de l’ennemi subiraient en servant un rebelle serait suffisante pour faire tomber Albert.
« Je suppose que tu es vraiment fini, Albert. »
Normalement, Albert aurait pu rassembler plus de 10 000 hommes en rassemblant ses propres forces avec celles de ses proches. Le fait qu’il n’ait réussi à en rassembler que 6000 montrait que ses proches l’avaient abandonné.
Bien qu’il ait été très présent à la cour royale, il n’avait pas de réalisations à son actif en matière de guerre.
Parier sur le sort de toute la famille aurait été trop risqué.
Comment est-il devenu si bête qu’il n’a pas réalisé que cela arriverait ? … Est-ce que c’est ce qu’ils voulaient dire quand ils disent que la pauvreté émousse l’esprit ?
« Peu importe. Si cela signifie qu’il sera la pierre angulaire de ma gloire, alors qu’il en soit ainsi. »
Lagrange lui-même n’avait que 4000 hommes, ce qui était moins qu’Albert, mais suffisant pour que son armée soit considérée comme une force exceptionnelle.
De plus, le comte Crusoé avait amené 1000 soldats, le baron de Villepin 500, et Lagrange avait amené 1500 hommes supplémentaires des comtes Reine et Fyon, qui étaient des nobles de sa maison.
En outre, ils avaient été rejoints par 5000 soldats de l’armée du royaume, dirigée par le général Leclerc.
Lecerc avait la réputation d’être un homme sérieux et honnête qui avait vaincu ses ennemis grâce à sa fermeté et à sa persévérance.
Le territoire de Strasbourg était une terre fertile avec un rendement annuel élevé. Cela constituait une récompense très attrayante.
De nombreux nobles grinçaient furieusement des dents lorsqu’ils apprirent que Lagrange allait prendre la tête de son asservissement.
De sa position de traître honteux, il avait obtenu la chance de réaliser ses aspirations vers l’honneur et aux récompenses.
Ce n’était pas l’exploit d’un homme ordinaire.
« C’est spectaculaire, Monsieur le Marquis Lagrange. »
Le baron Villepin n’avait pas contenu son excitation. C’était la première fois de sa vie qu’il voyait une armée de plus de 10 000 soldats.
Si la menace que représentait l’empire Asgard était un sujet brûlant, Jormungand avait longtemps adopté une attitude passive face aux grands conflits.
C’était la première fois depuis des décennies que le royaume avait mobilisé une force aussi importante.
S’il y avait une exception à mentionner, ce serait le défilé cérémonial du Nouvel An.
« Ne soyez pas négligent, Monsieur Villepin. Au moins pas avant d’avoir obtenu la victoire. »
« Bien sûr, je ferai de mon mieux pour vous ! »
Les résultats de cette bataille allaient déterminer les récompenses qui suivraient.
Dans ces conditions, Lagrange et Villepin n’avaient pas l’intention de ménager l’ennemi.
Le problème étant qu’ils étaient trop optimistes. Ils avaient le sentiment que la victoire était presque certaine.
Leurs ambitions dérivaient dans l’atmosphère détendue typique de ceux qui ne considèrent pas la défaite.
Contrairement à eux, Leclerc était un professionnel et leur attitude lui tapait sur les nerfs.
« Ils prennent le Marquis de Strasbourg beaucoup trop à la légère… »
Ayant participé à de nombreux petits conflits territoriaux, Leclerc savait combien il était difficile de se battre en territoire ennemi.
Un avantage géographique en soi était suffisamment menaçant pour que l’adversaire mérite l’attention, surtout si son armée n’était qu’une fois et demie plus petite.
Compte tenu de tous ces points, Leclerc ne pouvait pas croire que les nobles osaient être convaincus de leur victoire.
Mais là encore, la personnalité prudente de Leclerc avait été l’une des raisons pour lesquelles il avait été choisi pour les rejoindre dans cette opération. C’était son rôle.
« Ne baissez pas votre garde ! Envoyez les éclaireurs pour renforcer les recherches ! »
« Oui ! »
Confiant ou pas, avoir une grande armée avec un moral d’acier n’était pas une mauvaise chose.
Tant qu’ils ne permettaient pas à l’ennemi de compenser la différence par une attaque-surprise ou d’adopter une stratégie qui diviserait leurs troupes, le camp du royaume aurait naturellement l’avantage.
Malgré cela, Leclerc avait le sentiment que quelque chose n’allait pas. Le camp d’Albert était sinistrement inactif. Ils n’avaient même pas essayé de faire quoi que ce soit pour déranger leurs attaquants.
Cela dit, Leclerc pouvait naturellement trouver une bonne explication à ce silence de l’ennemi.
Il s’agirait d’une tournure d’événement extrêmement inattendue, mais néanmoins possible.
Peut-être, il y a quelques mois, lorsqu’il s’était engagé dans cette voie, Albert n’avait-il pas prévu la situation actuelle. Cela pourrait être le résultat d’une série d’erreurs de calcul.
Il avait été abandonné par les parents sur lesquels il avait fondé ses espoirs, et la réticence de ses soldats à se rebeller contre leur royaume rendait leur moral terriblement bas.
Dans ces circonstances, si Albert laissait son armée faire une sortie maladroite, ce moment serait leur fin.
Quoi qu’il en soit, il devait obtenir la victoire lors de ce premier affrontement.
Et c’était ainsi qu’Albert se trouva obligé d’attendre l’occasion parfaite, une chance qui lui garantirait la victoire.
Mais elle ne vint jamais.
Ce qui était venu dans son attente, c’était l’ennemi, qui atteignit son château.
Ce genre d’impasse psychologique comique, bien qu’improbable, était parfois le lot des commandants lâches qui n’étaient pas prêts à tout risquer face aux incertitudes de la guerre.
« Votre Excellence, si nous n’élaborons pas de stratégie et que nous sommes assiégés, le moral de nos troupes ne durera pas. »
L’homme, qui était dans la seconde moitié de son âge moyen, semblait avoir une aura d’intelligence et de lucidité. Il grognait contre son supérieur.
« Vous croyez que je ne le sais pas !? Plus importants encore, nous avons besoin d’un plan qui nous apportera une victoire certaine ! »
Benoît était un homme de talent, dont les compétences n’avaient pas échappé à Albert. Cela lui avait valu le poste de stratège du marquis.
Il secoua la tête pour contenir sa rage intérieure.
« Il n’y a pas d’absolu dans la bataille. C’est pourquoi j’ai dit et répété que nous devons toujours avoir au moins deux ou trois plans d’urgence préparés, au cas où des erreurs seraient commises ! »
Benoît avait suggéré de nombreuses tactiques, dont la préparation d’une force détachée pour contourner l’ennemi et lancer une attaque-surprise, ainsi que l’adoption d’une politique de terre brûlée, en brûlant les villages des habitants pour empêcher l’ennemi d’accéder à leurs ressources.
Le problème de ces tactiques était qu’elles réduiraient légèrement les forces du château d’Albert chaque fois, mais la vraie raison pour laquelle Albert avait refusé l’ordre était qu’il ne voulait pas abaisser sa réputation en sacrifiant les habitants de son propre territoire.
On pouvait dire que cette décision était due aux faiblesses de celui qui n’avait aucune expérience de la bataille.
Il était sur le point d’être soumis par le royaume, et pourtant il s’inquiétait des questions politiques de l’après-guerre. C’était un non-sens.
Seul le camp qui avait une stratégie gagnante pouvait se permettre de s’inquiéter de tels détails.
« Dans ces circonstances, nous n’avons pas d’autre choix que de rassembler les soldats les plus loyaux et de faire une sortie tout ou rien quand l’occasion se présente. »
« N’y a-t-il rien d’autre que nous puissions faire ? Ce barbare géant a repoussé une armée d’Asgard de son propre chef, non !? »
« S’il vous plaît, ne me comparez pas à ce monstre ! »
Ces attentes étaient très mal placées. Il s’agissait en fait de demander à Benoît de devenir soudainement une armée d’un seul homme.
Si ce monstre pouvait être comparé à quelqu’un d’autre, ce n’était pas Benoît.
« Il est trop tard. Nous ne pouvons plus nous permettre de ne pas prendre de risques. »
Albert fronça les sourcils et fit un signe de tête à Benoît avec beaucoup de réticence. C’était parce qu’il comprenait que s’opposer aux vues de Benoît à ce stade ne serait que préjudiciable à lui-même.
« Écoutez, je ne permettrai pas de perte ici. Nous ferions mieux de gagner ! »
Albert cria d’une voix qui ne laissait aucune place à la discussion.
« Compris. Après tout, si nous perdons ici, je ne saurais pas pour quoi j’ai travaillé tout ce temps. »
Dans le passé, Benoît aurait pu obtenir une position notable au sein de l’armée du royaume s’il le souhaitait, et pourtant il avait rejeté la gloire et la célébrité, décidant de devenir le stratège d’Albert à la place.
C’était parce qu’il était secrètement amoureux de Felbell.
Felbell était l’épouse d’Albert, la première princesse de Jormungand.
Benoît était conscient de la différence de statut entre elle et lui.
C’était pourquoi il n’avait jamais envisagé de laisser ses sentiments porter leurs fruits.
Il se contentait de pouvoir la regarder de son côté.
S’il pouvait être d’une quelconque utilité pour celle qui finirait par régner en tant que reine du royaume, il serait satisfait.
Benoît avait entraîné les forces d’Albert avec ce seul désir sincère.
Grâce à cela, l’armée de Strasbourg devint assez puissante pour se faire un nom dans le royaume.
Benoît n’aurait jamais pu imaginer la chute et la rébellion éventuelles d’Albert.
Si nous perdons ici, alors Son Altesse Felbell…
Non seulement Felbell subirait la honte d’être prisonnière, mais dans le pire des cas, elle serait remise en récompense aux aristocrates participant à l’asservissement du territoire.
S’en tenant à sa vie de dévouement désintéressé, Benoît ne pouvait pas laisser Felbell connaître un destin aussi triste.
Et ce maudit Albert… Comment se fait-il que ce misérable incompétent et lâche ait fini par être le mari de Son Altesse !
Albert n’était qu’un homme impuissant qui ne pouvait même pas donner le bonheur à sa propre femme.
Benoît avait maudit le destin qui avait uni Albert et Felbell dans le mariage.
***
Chapitre 100
Finalement, l’attaque que Leclerc guettait n’aura jamais eu lieu.
La force punitive avait atteint le château de Strasbourg sans encombre.
Les soldats de Lagrange et des autres nobles se sentirent alors très sûrs d’eux.
« Nos ennemis sont des traîtres ! Tuez-les sans pitié ! »
« Si nous accumulons suffisamment d’acquis, nos récompenses seront sans fin ! »
Contrairement à la force punitive hostile qui parlait déjà d’exploits et de récompenses, comptant ses poulets avant qu’ils n’éclosent, les forces du côté de Strasbourg agissaient lentement et sans enthousiasme.
Elles se battaient pour préserver leur vie, mais sur le plan émotionnel, elles ne voulaient pas tuer leurs compatriotes.
Parce qu’ils se trouvaient à l’intérieur de la forteresse qu’était le château de Strasbourg, ils étaient à peine capables de maintenir leur combativité. Mais il était évident que Strasbourg ne durerait pas plus de trois jours avant de commencer à voir des déserteurs.
« Tenez le coup ! Une attaque de ce niveau ne peut pas faire tomber notre château ! »
Malgré les circonstances, la seule grâce salvatrice de Strasbourg était l’armée que Benoît avait formée de tout son être.
Lorsque le siège commença, ils réussirent à repousser les vagues d’attaques de la force punitive, leur causant ainsi d’importants dégâts.
Leur défense s’apparentait à un solide mur de fer. Même Leclerc, qui était réputé pour ses solides stratégies, exprima son admiration.
Cependant, il y avait une règle inviolable dans les sièges qui disait que repousser un ennemi ne signifiait pas obtenir une victoire.
Le moral des forces n’allait jamais s’élever par le simple fait d’empêcher l’ennemi d’attaquer. La seule victoire digne d’être notée serait celle qui découlerait du fait de prendre l’initiative et de passer à l’offensive.
Mais quelle que soit la qualité de leur combat, les soldats ne pouvaient pas se battre sans aucun espoir de victoire.
En ce sens, le moral de l’armée de Strasbourg était au bord de l’effondrement.
Bon sang… Ils n’ont toujours pas fini ? À ce rythme, nous allons…
Benoît continua de commander calmement ses forces, mais ce n’était que lorsque des sueurs froides apparurent sur son dos que Lagrange et les autres hommes de la noblesse cessèrent d’attaquer.
Benoît avait rapidement levé la main droite pour donner le signal afin de poursuivre les ennemis dans leur retraite.
Quoi qu’il en soit, le moment le plus vulnérable pour une armée était celui où elle tournait le dos à l’ennemi pour battre en retraite.
Mais à ce moment-là.
« Avancez. »
L’armée dirigée par Leclerc était à l’affût, prête à intervenir au bon moment pour protéger les forces de la noblesse dans leur retraite.
Ayant déjà anticipé cela, Benoît renforça sa résolution.
Leclerc était connu comme un général adepte des stratégies défensives. Il était beaucoup trop dangereux de contre-attaquer.
Benoît rugit sur ses soldats, sachant que c’était un point décisif.
« Mercenaires, laissez-moi ces derniers, et allez-y ! Si vous faites tomber les soldats qui s’enfuient, je vous donnerai toutes les récompenses que vous voulez ! »
Les forces mercenaires se précipitèrent comme une marée qui allait dévorer les soldats des nobles, tandis que Benoît se tournait vers les forces personnelles du royaume, dirigées par Leclerc, qui avançaient actuellement de façon ordonnée.
Les forces personnelles de la noblesse étaient plus nombreuses et n’avaient pas la persévérance nécessaire pour résister à quoi que ce soit. Si les soldats de Leclerc pouvaient être abattus, ceux de Lagrange ne seraient plus rien.
Benoît renforça sa ligne de front en y envoyant les dernières forces de réserve qu’il avait préparées.
Cependant, la détermination de Leclerc n’était pas inférieure à la sienne.
« Ne vous inquiétez pas ! La justice est de notre côté ! »
« OOOOOOH ! »
Le moral des soldats du royaume était au plus haut.
Bien qu’ayant encore des provisions en réserve, l’armée de Strasbourg s’était fatiguée pendant les quelques jours de combat qui avaient mené à ce moment.
Pendant ce temps, les forces dirigées par Leclerc conservaient encore leurs forces, car elles n’avaient pas perdu d’énergie jusqu’à présent.
L’armée de Strasbourg était sous pression.
« Repoussez-les ! »
Malgré les circonstances, Benoît dut prendre une décision pour faire face aux difficultés imprévues de la bataille.
Il avait d’abord prévu d’épuiser les forces de Leclerc, puis de chercher une occasion de jouer son atout. Cependant, la pression exercée par Leclerc dépassa toutes ses attentes.
De plus, le moral de l’armée de Strasbourg avait atteint un niveau dangereusement bas. Sans les ordres précis de Benoît, les lignes défensives de Strasbourg se seraient effondrées depuis longtemps.
À ce stade… Je ne peux que tenter un coup !
Benoît aurait souhaité couper les lignes de ravitaillement de l’ennemi ou les user beaucoup plus tôt.
Avalant tous ces regrets, il appela son adjudant.
« Ne visez pas la victoire. Résistez juste un moment. Je vais sortir ! »
« Quoi ? … Va-t-il ouvrir la porte du château ? Est-ce que cela signifie qu’il a l’intention de se rendre ? »
Contrairement à l’optimisme de ses propos, l’expression de Leclerc était sinistre.
Ses longues années d’expérience ainsi que son intuition naturelle lui donnaient des signaux d’alarme, lui disant qu’il y avait quelque chose d’anormal au niveau de la porte du château.
Certains de ses soldats avaient déjà franchi les murs du château et étaient en train d’engager un combat au corps à corps avec l’ennemi.
Il pensait être en mesure de prendre le contrôle total du château en quelques heures.
Et pourtant, le camp de Strasbourg choisissait de négliger les murs du château pour faire une sortie… Cela signifiait à tous les coups qu’ils étaient sur le point de sortir leur carte maîtresse.
« AVANCEZ ! »
Suite au rugissement de Benoît, un groupe d’hommes portant des armures massives, atteignant une hauteur d’environ 2,5 mètres, se déplaça hors de la porte du château comme les flèches d’un arc.
Construites grâce à la technologie des Cavaliers Magiques, partiellement partagée par l’empire Asgard, il s’agissait des premières armures mécaniques magiques de Strasbourg, appelées Alphonse.
Leur mobilité, la puissance de leur charge, ainsi que leur défense, étaient toutes à des lieues au-dessus de celle de la cavalerie lourde que le monde avait connue jusqu’alors.
En quelques secondes, elles s’avançaient comme une marée d’éléphants, piétinant les soldats sur la ligne de front du royaume, les transformant en morceaux de viande.
Face à la puissance de collision excessivement élevée du modèle Alphonse, même les soldats de Leclerc n’avaient pas été épargnés par les secousses.
À l’exception de Kurats, qui l’avait combattue en Laponie, personne dans le royaume de Jormungand n’avait jamais vu le modèle de Cavalier Magique d’Asgard, Chaos.
Et il n’y avait pas d’armée au monde qui ne tomberait pas dans la confusion en étant soudainement piétiné par des armes inconnues.
« Interdiction de rentrer sans la tête de leur général ! »
Benoît, qui avait pris la tête de cette force blindée, n’avait pas prêté attention aux soldats réguliers du royaume.
Il se concentrait entièrement sur la poursuite de son avance.
La vérité était que le nombre d’Armures Alphonse disponible était encore assez faible à l’heure actuelle et que la technologie ne permettait pas de le faire fonctionner pendant une très longue durée.
Benoît devait faire tout ce qui était en son pouvoir pour obtenir des résultats dans ce court laps de temps.
Et si ce résultat pouvait être la tête de Leclerc, alors tant mieux.
C’était pourquoi il avait attendu que Leclerc se montre en première ligne avant de révéler cet atout.
Cette phase était très importante. Elle apporterait à ses soldats l’espoir de victoire dont ils auraient besoin pour s’attaquer à leur propre royaume en tant qu’ennemi sans s’autodétruire.
Un peu plus tard.
Benoît se rapprochait du quartier général de l’ennemi.
À ce moment-là, le nombre d’Armures Alphonse était réduit de 30 %.
Certaines avaient été détruites, d’autres avaient cessé de fonctionner à cause de dysfonctionnements, mais il en restait suffisamment pour constituer une force considérable.
« Général Leclerc ! Vous feriez mieux de vous préparer ! »
La centaine de soldats Alphonse devint une marée écrasante, qui se précipita vers le quartier général de l’ennemi.
D’un point de vue extérieur, la victoire de Benoît était pratiquement assurée.
Mais en arrivant au quartier général, il n’y avait aucun signe de la cible, Leclerc.
Sans parler de Leclerc lui-même, même ses gardes n’étaient pas là.
L’endroit était complètement vide.
L’état excessivement ordonné de l’endroit fit savoir à Benoît qu’il s’était fait avoir.
« Non ! Est-ce que Leclerc s’attendait déjà à tout ça !? »
« Axe de visée, prêt. »
« Convergence magique, faite. »
« Canal d’amplification magique, activé. »
« … Malheureusement pour vous, vous n’êtes pas le seul à avoir apporté un atout. »
Ayant réussi à voir à travers le dernier recours de l’ennemi, Leclerc montra un sourire audacieux.
Il s’apprêtait à introduire l’atout qu’il avait mis en place tout à l’arrière de ses forces.
Il s’agissait d’une épine qui tirait parti d’une nouvelle technologie révolutionnaire capable d’amplifier considérablement le pouvoir magique grâce à l’utilisation de matériaux de monstres.
Les soldats mages envoyés en renfort par l’ordre des mages du royaume avaient mis tous ensemble en place une formation. Ils l’avaient utilisée pour lancer l’énorme sort.
« Feu souverain, Surtr Lævateinn. »
Un faisceau à haute température, comprimé à l’extrême limite, fut tiré sur les modèles Alphonse, se confrontant à leurs extraordinaires défenses magiques.
« Activez vos barrières magiques à puissance maximale ! »
« C’est inutile ! Nous ne pouvons pas le bloquer ! »
Bien que le modèle Alphonse ait une grande résistance à la chaleur, il avait à peine tenu quelques secondes avant de fondre progressivement.
En état de choc, Benoît ne pouvait rien faire d’autre que de regarder impuissant les atouts qu’il avait perdus, ainsi que les nombreux efforts et l’argent investis.
« Pardonnez-moi, mademoiselle Felbell. »
Il n’avait jamais cherché de récompense dans cette bataille. La seule chose qu’il voulait, c’était que Felbell soit heureuse.
Mais à cet instant, il n’avait plus les moyens de la protéger.
S’il était sur le point de perdre la vie, il souhaitait au moins utiliser le temps qu’il lui restait pour prier pour Felbell.
Il lui était de toute façon absolument impossible d’obtenir la victoire avec les forces qui lui restaient.
« L’atout de l’ennemi a été éliminé. Éliminez-les immédiatement ! »
Leclerc était convaincu que le déroulement de la bataille penchait entièrement dans sa direction à ce moment-là.
Il ne restait plus qu’à profiter de cette occasion pour attaquer afin de faire tomber Strasbourg.
De plus, les forces de la noblesse, qui avaient été poursuivies par les mercenaires, étaient sur le point de revenir.
Dans un sens, Leclerc avait raison d’être optimiste, mais en même temps, dans un autre sens, il avait complètement tort.
Il croyait que la victoire était déjà déterminée et elle l’aurait été, en effet, si Albert avait été le seul ennemi.
« Si ennuyeux. Ils ne peuvent même pas gagner contre de si petits alevins ? »
Ce que même Benoît n’avait pas prévu, c’était le dernier recours qu’Albert ne voulait absolument pas utiliser.
La force du Jaguar rouge, dirigée par la princesse folle Skuld, commença à se déplacer comme s’ils étaient partis se promener.
***
Chapitre 101
« Cet idiot ! Il s’est déjà vendu à l’empire !? »
Les jaguars rouges de la princesse folle étaient connus sur tout le continent.
En voyant l’un des deux meilleurs généraux de l’empire Asgard et ses forces sortir du château de Strasbourg, Leclerc devina avec justesse la situation.
Si Albert avait tenu bon malgré la nette infériorité numérique de ses propres forces, c’était probablement parce qu’il savait qu’il aurait le soutien de l’empire Asgard.
Bien qu’il avait déjà été en position d’épauler le royaume, il s’était vendu à l’ennemi.
N’a-t-il pas honte !?
Leclerc n’était normalement pas du genre à afficher ses émotions, mais en ce moment, il était tellement en colère que ses canines se montraient en serrant les dents.
En tant que général de l’armée du royaume, Leclerc avait prêté serment d’allégeance à son pays. Cette trahison impardonnable était une chose qu’il n’aurait jamais pu imaginer.
Il devait rapidement arrêter l’ennemi ici par n’importe quel moyen, avant que l’annonce de la trahison d’Albert pour l’Empire ne se propage au reste du royaume.
Mais… cela ne change rien au fait qu’il s’agit de cette princesse folle…
Grâce à son calme naturel, Leclerc avait pu percevoir la force hors norme des Jaguars rouges en armure et de la princesse folle sous la forme d’un nuage de pouvoir visible.
Les rumeurs étaient vraies. Il y avait environ 5000 soldats parmi les jaguars rouges, mais leur puissance était probablement supérieure à celle d’une force punitive de 12 000 hommes.
Du point de vue de Leclerc, le leadership de Skuld semblait également fantastique.
Bien qu’elle soit silencieuse, elle semblait pleine de confiance cachée. Son attitude silencieuse lui permettait de se retenir juste assez pour ne pas afficher ouvertement son esprit combatif vigoureux.
Leclerc n’était pas sûr que l’épée du royaume Rosberg serait capable de commander de cette manière lui-même…
« Dis-moi, Théodore… »
Leclerc s’était entretenu avec son adjudant principal, qui l’avait suivi depuis le jour où il était un simple chevalier.
« … Avons-nous tiré la paille la plus courte sur ce coup-là ? »
« Qu’est-ce que tu dis ? ! Pouvoir s’occuper de cette princesse folle devrait être notre honneur en tant que guerriers, non ? »
« Croiser son épée avec une beauté comme elle est vraiment du gâchis. »
« C’est précisément parce qu’elle est une beauté que nous devons nous engager et lui montrer ce qu’elle est… »
Les deux hommes se souriaient l’un à l’autre.
« Je suppose que perdre ma vie en dansant avec un tel monstre n’est pas trop mal. »
« N’est-ce pas ? C’est ça, être un homme. »
Avec une expression tendue, Leclerc respira profondément et cria.
« Dites à Monsieur Lagrange et à ceux qui l’accompagnent de partir. Nous allons avoir une véritable épreuve de force avec la princesse folle ici présente. »
Il n’était pas facile pour une armée autrefois vaincue de retrouver le moral. C’était particulièrement vrai quand on prenait en compte le choc de voir Skuld apparaître.
Compte tenu de la situation, Leclerc estima que Lagrange et les autres nobles n’ajouteraient rien à son potentiel de guerre.
Dans ces conditions, il valait mieux les laisser s’échapper, afin qu’ils puissent devenir un potentiel de guerre digne de ce nom dans le futur.
Il n’y avait pas nécessaire que quelqu’un d’autre que Leclerc et ses hommes donne sa vie.
De loin, Skuld n’avait pas manqué de remarquer la combativité des forces de Leclerc qui se préparaient à protéger leurs alliés.
« Aurai-je l’occasion d’affronter un homme un peu décent ? Il semble avoir bien plus de cran que ce délicat Albert. »
Skuld montra un sourire joyeux.
Skuld regardait Leclerc et évaluait son potentiel en tant qu’ennemi, comme si elle était en train de déguster du vin dans un vignoble.
Bien qu’ils ne soient pas au niveau des jaguars rouges, les soldats de l’ennemi réprimèrent leur peur et réaffirmèrent leur détermination.
Il y avait peu de commandants dans le monde qui pouvaient faire en sorte que leurs soldats soient prêts à mourir.
Il était clair que Leclerc avait à la fois la compétence et la personnalité nécessaires pour mériter la confiance des autres.
« Ça ne suffit pas. »
Skuld parlait d’une belle voix alors qu’elle se brossait lentement les cheveux. On aurait dit qu’elle chantait et dansait.
La vue de ses beaux cheveux blonds scintillant au soleil semblait mystérieuse et étrangère.
Mais la véritable essence de la scène n’était rien de plus que le jeu d’une sorcière prête à jouer avec la vie de ses adversaires.
Après avoir déterminé la valeur de Leclerc en tant qu’ennemi, le sourire enjoué de Skuld devint cruel.
« Je suppose que cela fera un bon apéritif. Je serai un peu insatisfaite, alors s’il vous plaît, mettez de l’énergie pour vous rattraper. »
Skuld n’était pas satisfaite de l’état de préparation de Leclerc et de ses soldats à la mort.
Pour Skuld, une bataille était avant tout une question de plaisir avec son adversaire.
À ses yeux, le plaisir était le facteur le plus important dans la vie.
« Maintenant, dansons ! Suivez-moi. »
Leclerc ne pensait pas être fait pour ça, il avait toujours l’impression que ses chances de victoire n’étaient pas de zéro.
Après tout, la puissance de l’arme Surtr Lævateinn qui avait détruit les armures des Alphonses en un seul coup n’était pas moins authentique qu’auparavant.
Il avait l’impression que même les Jaguars rouges ne pourraient pas ignorer le pouvoir destructeur de cette nouvelle magie.
« Il n’existe pas d’ennemi invincible. Concentrez-vous sur le fait de rester calme et préparez-vous à parer tout ce qu’ils nous lancent. »
« Ooooooooooooooh ! »
Les soldats rugirent en réponse à Leclerc, comme pour se remonter le moral.
Sur le plan numérique, il n’y avait presque aucune différence entre eux et l’ennemi. Les adversaires étaient des humains tout comme eux, si leur tête tombait, ils mourraient.
Cela dit, les jaguars rouges étaient toujours dans une autre catégorie que les autres humains, dans tous les sens du terme.
Alors que l’avant-garde des jaguars rouges se précipitait en avant comme des flèches d’un arc, les forces de Jormungand préparaient une solide formation carrée pour les intercepter.
« Percez-les à travers les murs ! »
De manière ordonnée, les lanciers de la ligne de front baissèrent le dos et levèrent leurs lances de toutes leurs forces, les dirigeant vers les Jaguars rouges qui approchaient.
Conformément à leur entraînement, leurs lances étaient dirigées vers la poitrine des adversaires.
Les jaguars rouges se précipitaient déjà à des vitesses terribles et ne pouvaient pas éviter les lances.
Quelle que soit la force de leur armure, ils ne pouvaient échapper au destin d’être embrochés à cette vitesse.
Cependant…
Smash !
Avec le bruit sourd d’un impact, non seulement les lances, mais aussi les soldats de Jormungand eux-mêmes avaient été envoyés à l’envers
À travers eux, l’impact avait englouti les nombreux alliés qui se tenaient juste derrière eux, transformant les forces d’avant-garde de Jormungand en un désordre chaotique.
« Qu’est-ce que c’est ? »
En les regardant de près, il remarqua qu’il y avait une faible lumière rouge sur chacun des armures équipées par les jaguars rouges.
Ces lumières étaient probablement la vraie raison pour laquelle les lances étaient repoussées.
Le pouvoir magique contenu dans les armures dépassait même celui des cavaliers magiques Alphonse de l’armée de Strasbourg.
« Ne me dites pas que ce sont… ce sont les modèles originaux !? »
« Absolument pas. Ne comparez pas ces armures à ces jouets. »
Tout en fronçant les sourcils de mécontentement, Skuld lança une lance.
La lance qu’elle lança avec désinvolture transperça beaucoup de soldats du Jormungand et effleura la joue de Leclerc avant de s’évanouir dans les airs.
Leclerc regarda devant lui, tremblant alors que le sang coulait de sa joue jusqu’à son menton.
« S-si puissant… »
Une lance qui transperçait dix soldats et s’envolait encore plus loin.
Leclerc ne pouvait pas commencer à deviner quelle force serait nécessaire pour y parvenir.
Bien qu’ils n’étaient pas aussi puissants que Skuld, les Jaguars rouges avaient également une force et une défense élevées, bien au-dessus de tout ce qu’un simple soldat de Jormungand pouvait atteindre.
Rien n’était plus démoralisant dans une bataille que de voir les attaques de ses alliés ne pas fonctionner.
Lorsqu’il remarqua que la panique allait se répandre dans les rangs chaotiques de son avant-garde, Leclerc cria avec une grande détermination.
« Ne vous repliez pas ! Mes braves soldats, donnez-moi vos vies ! »
« Il est temps de montrer à la princesse folle Skuld ce que les soldats de Jormungand peuvent faire ! »
L’adjudant Théodore poursuivit le cri de Leclerc avec des mots inspirés.
Peut-être que cela ne pourrait pas empêcher l’effondrement de leur armée, mais Leclerc et Théodore s’étaient également jetés en première ligne en parlant.
En laissant leurs commandants prendre la tête de leurs forces, l’armée était à peine capable de se tenir au bord de l’effondrement et de continuer à se battre de manière organisée.
« Visez les brèches dans leurs armures ! Sinon, visez les orteils et les genoux pour les faire tomber ! »
« Suivez le rythme du général, ne prenez pas de retard ! »
Skuld éprouva une véritable admiration pour le courage de ces braves soldats qui continuaient à se battre sans perdre espoir malgré leur infériorité désespérée.
« Charmant, c’est charmant. Et c’est exactement pourquoi je vais devoir vous montrer le désespoir ! »
Avec un sourire charmant, Skuld leva son bras très haut puis le baissa brusquement.
« Piétinez-les ! Mangez-les ! »
« Ouuuuuaaaaaiiiissss ! »
Les armures étaient la cristallisation de la machinerie magique dont l’empire d’Asgard était fier, l’arme décisive, le feu de l’enfer.
Alors que le cavalier magique Chaos était conçu pour être grand pour des raisons de polyvalence et pour augmenter sa force, ces armures Feu de l’Enfer en étaient une version plus petite, spécialisée dans le renforcement de grands groupes de combattants.
Comme il était possible pour un humain de la porter telle quelle, comme une armure ordinaire, les porteurs étaient capables de se déplacer comme des soldats ordinaires.
Et pourtant, bien qu’ils n’aient aucun défaut en matière de mouvement, ils décuplèrent leur capacité d’attaque et de défense.
S’ils étaient d’accord pour que ce renforcement ne dure que peu de temps, cette amplification pouvait même être multipliée par cent.
« Résistez ! Résistez avec tout ce que vous avez ! »
Le cri de Leclerc avait été vain, la bataille s’était transformée en un massacre unilatéral.
Les attaques des soldats de Jormungand n’eurent aucun effet, alors que les lances des Jaguars rouges les transperçaient facilement.
Malgré cela, Leclerc et ses hommes continuèrent à résister désespérément, bloquant les lances de l’ennemi avec leur corps, et utilisant les cadavres de leurs camarades comme murs pour se cacher derrière.
Leur esprit était uniquement concentré sur leur objectif : gagner du temps pour laisser place à leur dernier espoir.
« Chargement magique, terminé ! »
« Coordonnées, fixées ! »
« Amplification magique, sortie maximale, activée ! »
La longue préparation de l’incantation des soldats mages était enfin terminée.
Cette fois-ci, ils avaient accumulé encore plus de pouvoir magique que lors du repoussement des cavaliers magiques d’Alphonse.
« Feu ! »
« Mais le général est toujours… »
« Tirez sur le général. C’est… c’est sa volonté. »
« … Mais alors… »
En tête du front, Leclerc se battait contre plusieurs Jaguars rouges.
Il repoussa la lance d’un adversaire, mais son bras gauche avait été envoyé en l’air en récompense.
Il ne pouvait plus tenir.
Avec un rire chaleureux, Leclerc se retourna vers ses alliés.
« C’est bon, tirez ! C’est ma volonté d’homme, laissez-moi l’accomplir ! »
« Surtr Lævateinn, FEU ! »
Un faisceau de chaleur incandescent avait été tiré.
Comme ils n’avaient aucune mesure de défense magique, les soldats de Jormungand qui se trouvaient sur la trajectoire du faisceau avaient été engloutis par son énergie brûlante.
Alors qu’une lance le transperçait de part en part, Leclerc regardait avec un sourire satisfait la lumière blanche qui l’enveloppait, lui et les jaguars rouges.
« Ne regardez jamais de haut les forces du royaume de Jormungand ! »
« Bien sûr, je n’oserais pas. »
Skuld rit de joie.
Quand la lumière du rayon de chaleur s’était éteinte, Leclerc avait disparu, les soldats à l’avant-garde de son armée avaient disparu, et le reste des forces de Jormungand, qui avaient utilisé toute leur puissance magique, restaient sans voix.
Pendant ce temps, du côté de Skuld, il n’y avait que quelques centaines de soldats blessés, mais certains jaguars rouges avaient encore assez de force pour charger à nouveau sur l’ennemi.
***
Chapitre 102
À la même époque, Kurats était reparti à Bashtar, car le roi ne voulait pas qu’il accumule plus de réalisations et qu’il brise l’équilibre du royaume.
« Actuellement, Bashtar est probablement la terre qui attire le plus l’attention de tout le continent ! »
Avec un sourire qui ne cachait pas ses intentions, Lunaria pressa la main droite de Kurats sur sa poitrine.
Depuis sa nuit avec Kurats, elle travaillait sur son intimité pour rattraper Cornelia, qui avait eu une longue avance.
« Quand même, ces gens pourront-ils vraiment traiter avec le marquis ? »
Tout en occupant effrontément le côté gauche de Kurats, Frigga pencha la tête, s’interrogeant sur la bataille qui se déroulait actuellement à la frontière.
En voyant les deux amatrices de bataille marquer leurs territoires de part et d’autre de Kurats, une Cornelia boudeuse s’était assise sur un siège en face de lui.
Si l’ambiance était toujours aussi agréable malgré son humeur, c’était parce qu’elle avait la fierté d’être la première femme de Kurats et qu’elle faisait confiance à Lunaria et à Frigga.
À présent, elles avaient toutes les trois formé un front uni contre les trois monstres, Triestella, Meryl et Berta, qui étaient naturellement douées pour les questions de chambre à coucher. Elles ne voulaient pas perdre à cause du nombre.
« Je veux un rappel. »
« Moi aussi. »
« … »
Comme on pouvait s’y attendre de la part des Nosferatus, leurs désirs et leur endurance étaient extraordinaires. Après les nombreuses batailles qui avaient suivi la conversation précédente, elles avaient continué à faire pression sur Kurats pour qu’il en fasse plus, et il put tenir ses promesses grâce à son énergie débordante.
« C’est sûr, je ne mentais pas quand je disais que tu peux en avoir autant que tu veux. »
« … Mlle Lunaria… Je suis… Je suis… »
Pendant ce temps, Lunaria tenait Cornelia par les épaules pour la réconforter. Elle pouvait à peine reprendre son souffle à ce moment-là.
« C’est bon ! Tu as tout donné, Cornelia ! Laisse le reste à nous deux ! »
« Désolé Lunaria… Je suis aussi à terre. »
« Toi aussi, Frigga ! Mais si tu es à terre, alors je… ! »
Alors que Lunaria tremblait de partout, Kurats lui répondit impitoyablement avec un sourire de vainqueur.
« Oh ? Alors tu veux toi aussi un rappel ? »
« Euh… l’épouse légale ne perdra pas contre des monstres ! »
Pour les femmes, il y avait des moments où elles devaient continuer à se battre, même quand elles savaient qu’elles perdaient.
En accumulant de telles défaites à plusieurs reprises, le lien unissant Cornelia, Lunaria et Frigga devint plus fort que jamais.
Et il y avait une fille qui enviait beaucoup ces trois amantes.
Ça doit être bien… J’aimerais que le seigneur Kurats soit aussi affectueux avec moi…
C’était quelqu’un qu’on ne pouvait vraiment pas appeler l’amante de Kurats, même pas pour la flatter.
Clodette.
C’était le premier amour de Clodette, mais elle n’en était même pas consciente. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle ressentait pour Kurats.
Cependant, lorsqu’elle voyait les sourires joyeux de Lunaria et des autres filles, elle ressentait véritablement une vive douleur dans son cœur.
Maintenant qu’elle y pensait, elle ne savait même pas pourquoi elle avait décidé de se jeter aveuglément dans le territoire de Bashtar après sa première rencontre avec Kurats.
C’était… la première fois qu’un homme me protégeait…
En tant qu’authentique tête en l’air, Clodette n’avait jamais réalisé qu’elle était secrètement populaire depuis longtemps en raison de ses traits charmants, bien que quelque peu enfantins.
Le problème était qu’il y avait une trop grande différence entre ce que Clodette elle-même voulait et ce que les hommes qui la voulaient visaient.
Comme elle n’avait pas encore compris ce qu’était l’amour, Clodette ne recherchait que des amis avec lesquels elle pouvait s’amuser.
Il était tout à fait naturel que son immaturité ne corresponde pas à celle des hommes qui voulaient quelque chose de plus élevé.
Mais maintenant, elle sentait que peut-être, pour la première fois de sa vie, que l’émotion appelée amour l’avait frappée elle aussi.
« Ufufufufu... »
Marika ne comprenait pas ce qui venait de se passer dans la tête de son amie, mais grâce à ses nombreuses années d’expérience avec elle, elle savait que Clodette venait certainement de penser à une absurdité.
C’était inquiétant.
Après tout, elle entraînait toujours Marika dans des affaires terribles sans possibilité d’y échapper.
Marika secoua la tête avec tristesse en attendant la catastrophe qui ne tarderait certainement pas à se produire.
Kurats n’avait passé qu’une quinzaine de jours dans la capitale pour les célébrations, mais à son retour, Bashtar avait beaucoup changé.
Narak, qui avait servi de site temporaire pour le bureau gouvernemental, s’était maintenant transformée en une grande ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants, ce qui était incroyable étant donné que ce village rural et exigu ne comptait que quelques centaines de villageois vivant côte à côte.
Grâce à l’abondance de l’eau du ruisseau qui menait à la rivière Turenne, il n’était pas rare de voir des enfants boire tranquillement de l’eau dans toute la ville.
Le sol était couvert de feuilles vertes et riches. De nombreuses routes allaient dans toutes les directions depuis le centre de la ville, comme un filet bien organisé.
Sur la place devant le bureau du gouvernement, il y avait des marchands de tout le pays, relié entre eux par de longues files de boutiques, formant un marché qui brillait sous le ciel bleu vif.
Certains vendaient des fruits jamais vus auparavant, de la vaisselle unique et des instruments de musique typiques du sud.
Quant à savoir d’où venaient les marchandises qui n’appartenaient pas du tout au royaume, on ne pouvait qu’imaginer.
« Bienvenue, madame Marika. C’est vraiment un plaisir de voir que vous allez bien. »
Une file de bureaucrates s’était inclinée devant Marika.
Marika agita la main droite comme si c’était une évidence, comme un général calme commandant ses troupes.
« Qu’est-ce que c’était ? Qu’est-ce que tu es censé dire en premier ? »
« Seigneur Kurats, félicitations pour vos fiançailles avec Son Altesse la princesse Lunaria ! »
« O-oui… »
Je comprends que Marika est leur supérieure directe, mais ces gars ne sont-ils pas trop extrêmes avec toute cette histoire d’obéissance aveugle ?
Bien qu’il ne sache pas que ce groupe de personnes qui avaient été engagées auparavant soit maintenant appelé « les serviteurs de Marika », Kurats ne pouvait toujours pas s’empêcher de ressentir un soupçon d’anxiété sachant que ces gars étaient les bureaucrates responsables de la gestion même de Bashtar.
« Depuis que la population a augmenté, nous avons ajouté deux forces pour maintenir la sécurité publique. Devrions-nous quand même en ajouter une autre d’ici le mois prochain ? »
« Avons-nous le budget nécessaire ? La population ? »
« Compte tenu des capitaux récoltés grâce à l’exploitation du Mithril et des taxes sur les étals des marchands ambulants, le budget ne devrait pas poser de problème. Mais, à cause de la rébellion du marquis, il devient très difficile de trouver des mercenaires à employer. »
Apparemment, la plupart des mercenaires du royaume étaient allés se battre au château de Strasbourg, près de la frontière avec Asgard.
Après avoir réfléchi un peu, Kurats avait commencé à parler par télépathie avec Triestella.
{Triestella… Combien de subordonnés déguisés en humains as-tu ?}
{Maître, si vous leur donnez un peu de votre énergie, je crois qu’une centaine d’entre eux seraient prêts à tomber sous votre coupe.}
{Alors, apporte-m’en cinquante. Donne la priorité aux personnes compétentes.}
{Compris.}
Si l’on considère que ces monstres étaient l’élite des Nosferatus, même une cinquantaine d’individus suffiraient pour dépasser une armée de mille humains.
Il ne restait plus qu’à augmenter le prix offert comme rémunération afin d’engager quelques mercenaires qualifiés.
Cela suffirait à maintenir l’ordre public de Bashtar.
« Tu en as fait bien assez. Laisse-moi m’occuper de cette dernière partie. Quant à ta récompense, tu peux en discuter avec Marika. »
« Haha, en effet, tout se passe selon la volonté de dame Marika. »
« … Non, je suis sûr que j’aurai le dernier mot. »
Oui, comme je le pensais, je ne peux pas négliger ce qu’ils disent en ce moment.
Après une petite pause, le bureaucrate répondit.
« Bien sûr que oui. Vous êtes notre respectable seigneur. »
Alors que Kurats se tournait vers Marika et lui lançait un regard désapprobateur, ses joues étaient devenues rouges de gêne. Elle avait maladroitement détourné le regard.
… Ai-je exagéré ?
Marika réalisait enfin l’erreur fatale qu’elle avait commise en invitant des personnes à travailler pour le territoire.
C’était à ce moment que Clodette, qui avait veillé tranquillement sur les évènements, décida de se joindre à la conversation.
« Seigneur Kurats, puis-je avoir une récompense moi aussi ? »
« Hmm ? Bien sûr, Clodette. Pour toi, ce n’est pas un problème. Qu’est-ce que tu veux ? »
« J’aimerais sortir avec vous comme Lunaria et les autres filles ! »
Bam !
« Iiih ! »
« Cette fille ! Qu’est-ce que tu dis ? ! », cria Marika en affichant sa gêne sur son visage cramoisi.
C’est donc pour ça que j’avais ce mauvais pressentiment !
Les nombreuses années d’amitié entre Clodette et Marika n’étaient pas à prendre à la légère. Marika savait qu’il ne fallait pas laisser cela continuer.
Si elle ne l’arrêtait pas ici, le contrecoup retomberait certainement sur elle-même.
« Marika pense de même, seigneur Kurats. Nous voulons aller voir des pièces de théâtre avec vous, et dîner avec vous… »
Bam ! Bam ! Bam !
« Iiiiiiiiiih ! »
« Toi ! N’as-tu donc aucun bon sens !? »
Il a entendu ! Le Seigneur Kurats a entendu ce que je ressens vraiment !)
Marika attrapa Clodette par son fin cou.
« J-Je peux pas respirer… »
« Qu’est-ce qu’il y a, Marika ? Ça ne me dérange pas de t’emmener au théâtre et tout ça. »
« Ah ? Mais, seigneur Kurats… »
Lunaria venait de se fiancer avec lui, et Marika pensait que Cornelia et Frigga étaient probablement aussi intimes avec lui.
« Je ne sais pas s’il faut prendre d’autres personnes, mais si c’est toi et Clodette, c’est bon. Tu es spéciale pour moi. »
« Hein ? »
En regardant Kurats qui était juste devant elle, le cou de Marika semblait bouillir.
Son cœur de jeune fille commençait à se mettre à chanter une symphonie.
« Mais… Je ne vais pas vous déranger ? Je suis juste… »
La vue de Marika regardant Kurats avec ses joues teintes en rouge était extrêmement mignonne.
Kurats avait à peine réussi à retenir son envie de la serrer très fort dans ses bras sur place.
« Comment ne pas accueillir chaleureusement une jolie fille comme toi ? »
« Toutes mes félicitations ! Bravo, madame Marika ! »
Toujours parfaitement alignés sous sa direction, les sous-fifres de Marika parlaient à l’unisson, ce qui la poussait à leur crier dessus avec beaucoup d’embarras.
« On a fini, allez-vous-en ! »
« Oui, Votre Altesse ! »
{Je vois que quelqu’un leur apprend à parler.}
Kurats avait légèrement balayé le cynisme de Bernst.
« N’est-ce pas ce que tu voulais ? »
{Oui… C’est vrai. Cependant, on est encore très loin de la perfection.}
En effet, ce fut Bernst qui avait exigé de Kurats qu’ils fassent preuve de puissance et de dignité, à la hauteur de l’alter ego du roi magique.
Cela dit, quelque part dans l’esprit de Bernst, il avait le sentiment que le fait que Kurats grandit comme il le souhaitait ne lui conviendrait pas.
Bien que Bernst n’ait pas connu d’émotions depuis très longtemps, certains sentiments, bien que légers, s’étaient installés au fond de son cœur ces derniers temps, au-delà de son contrôle.
Il croyait que ce n’était que les sentiments qu’il partageait avec Kurats, et même s’ils ressemblaient à ses propres émotions, il n’était pas possible qu’ils soient authentiques. Ils ne pouvaient pas l’être.
Se pourrait-il que mes émotions réelles reviennent… ? C’est ridicule, cela n’arriverait jamais.
Bernst avait partagé les émotions des Kurats à maintes reprises.
Qu’il s’agisse de colère, de tristesse, de joie ou même d’amour, Bernst avait pu goûter à une abondance de sentiments à travers Kurats.
Il n’aurait pas été très difficile pour le subconscient de Bernst de finir par reconstruire de faux sentiments à partir de ces expériences.
Mais cela ne changeait pas le fait qu’il s’agissait probablement de simples imitations.
Ils sont loin d’être réels, et ce ne sont certainement pas les miennes.
Cependant, en ce moment même, le roi magique Bernst se sentait confus.
Pour lui qui était proche de la divinité, l’idée du retour de ses propres émotions était terrifiante.
Ces choses égoïstes, brutes et incontrôlables appelées émotions évoquaient les souvenirs de son lointain passé.
À l’époque où Bernst était encore humain, il menait une vie épanouie grâce à ses imperfections. À l’époque, il avait la capacité d’avoir des espoirs et une ambition ardente pour l’avenir.
Cependant, son orgueil de roi magique et d’être proche de la divinité ne lui permettait pas de reconnaître l’accomplissement de ces jours passés.
Par conséquent, pour lui, ces sentiments devaient être basés sur les émotions de Kurats.
Cette mystérieuse anxiété dans son cœur devait certainement provenir des sentiments de cet humain minuscule et fugace…
***
Chapitre 103
Le jour du rendez-vous.
Kurats avait pu constater que lorsqu’elle s’y mettait vraiment, Marika était aussi belle que Lunaria et Frigga.
Ses yeux noirs intelligents avaient un profond rayonnement et ses splendides cheveux roux tombaient sur ses épaules avec un éclat puissant.
Sa poitrine n’était pas si grande, mais elle avait quand même une forme bien définie, qui ne soulignait pas trop son attrait.
Cela correspondait bien au style de beauté intellectuelle de Marika.
Contrairement à sa façon de voir le travail, elle semblait aujourd’hui un peu moins sûre d’elle.
Il y avait une atmosphère différente en elle, du genre qui donnerait envie aux hommes de la protéger.
En fait, même si elle portait un grand chapeau pour cacher sa timidité face au rendez-vous à venir, elle avait déjà été abordée par plus de dix hommes en attendant.
« Mon Dieu, si lente… »
C’était Clodette qui avait prétendu vouloir faire un vrai rendez-vous, et maintenant que la date tant attendue était arrivée, elle n’était pas encore là.
Cela étant dit, il y avait certes encore du temps avant le moment convenu.
Marika, toujours aussi sérieuse, s’était présentée 30 minutes plus tôt.
« Celui qui te fait attendre ne vaut pas la peine. Et si toi et moi, on allait traîner ensemble et… »
« Je refuse. »
Marika donna une réponse immédiate sans laisser l’homme finir sa phrase.
Bien sûr, l’homme était enragé.
Bien qu’elle soit une belle femme, l’homme avait senti que sa fierté était blessée, car elle lui avait fait la sourde oreille et s’était rendue totalement inaccessible.
« Pour qui vous prenez-vous pour agir comme une grande dame ? ! »
Il serra le poing pour tenter d’intimider Marika par la violence.
S’il était venu 5 minutes plus tôt, l’homme aurait peut-être eu le temps de l’attaquer et même de l’emmener.
Cependant, Marika avait depuis longtemps vu la silhouette géante s’approcher au coin de la rue.
« Lèves-tu la main contre Marika ? Tu as du cran. »
« Qu’est-ce… Qui diable es-tu !? »
Alors qu’on lui saisissait le bras avant qu’il ne puisse le balancer vers Marika, l’homme regarda derrière lui avec effroi.
Bien que Kurats ait montré un sourire rayonnant, il y avait des flammes de fureur dans ses yeux.
Il regarda l’homme, qui ne pouvait même pas être considéré comme nabot selon les critères habituels.
L’homme pouvait dire d’un seul coup d’œil que le géant derrière lui avait une profession spécialisée dans la violence.
Bien qu’il ne veuille pas l’admettre, il savait qu’il n’était pas à la hauteur. Son instinct, plutôt que sa raison, sentait l’écrasante différence de pouvoir.
Il avait l’impression d’être entouré d’un régiment de chevaliers pleinement armés.
« Tu sais, elle a une centaine de gardes du corps assignés juste à elle qui seraient prêts à mourir pour elle. Et plus important encore, c’est mon importante femme. »
L’homme gémissait de douleur alors que Kurats lui serrait la main autour du poignet.
Utilisant ses deux bras, l’homme essaya désespérément de le détacher, mais Kurats ne bougeait pas le moins du monde.
Dans sa confusion, l’homme prit un coup de pied et un coup de tête, pour finir par s’effondrer, il était victime d’une commotion cérébrale
« Hé, allez, ça va ? »
Kurats secoua l’homme par les épaules jusqu’à ce que sa conscience revienne.
Frappé par la peur, il sortit son couteau de poche.
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »
Il poussa le couteau vers le poignet de Kurats, qui était d’une taille plus épaisse que le sien, et il le transperça de part en part… C’était du moins ce qu’il souhaitait.
Le couteau fit un bruit creux et glissa le long du poignet de Kurats. Il avait absorbé le choc.
L’homme put sentir que le couteau avait été repoussé par la seule puissance des muscles autour du poignet de Kurats.
« I-iiiiiih ! Je suis désolé ! »
Les genoux de l’homme étaient faibles, il ne pouvait plus se tenir debout. Heureusement pour lui, il n’eut pas à se lever, car Kurats l’avait attrapé et l’avait facilement jeté d’un simple geste.
L’homme tourna en l’air, brisant la clôture en planches d’une écurie située à plus de 12 mètres de là, passant à travers un tas de paille et finissant sa course la tête la première dans un tas de fumier de cheval.
« Je suppose que c’est pour ça qu’il ne faut jamais faire attendre une beauté. »
« Non, c’est… Il est le seul fautif ici… donc je suppose que ce que je veux dire c’est… Merci beaucoup. »
Un prince s’était galamment précipité à son secours pour la protéger des voyous.
Face à une telle situation typique des contes de fées, les premiers rouages de Marika tournaient à plein régime.
C’était à ce moment que Clodette fit irruption sans se soucier de l’ambiance.
« Pas juste ! Pourquoi y a-t-il une belle ambiance alors que je n’ai encore rien pu faire ?! »
Bam.
« O-ouch… »
Clodette pressa ses mains sur son ventre et tomba à genoux.
Les petits coups habituels de Marika sur la tête de Clodette s’étaient transformés en un coup bien ciblé dans le ventre.
Son front se crispa en réalisant ce qu’elle avait fait, mais elle affichait toujours un sourire envoûtant.
« … Clodette… Cette situation s’était mise en place à l’instant, donc je te demande de ne pas plomber l’ambiance, c’est d’accord ? »
« M-Marika, si mature. »
Aussi étourdie qu’elle soit, Clodette ne pouvait pas s’empêcher de voir les sentiments actuels de Marika.
Elle savait que Marika était en fait une fille rêveuse qui aimait les pièces de théâtre et autres.
« D’accord, ce n’est pas un endroit pour se battre, allons-y. »
« Iiih ! Oui, allons-y. »
« … On ne peut rien y faire. Je suppose que je vais devoir passer l’éponge, Clodette. »
Estimant que ce n’était pas une bonne idée de ruiner l’humeur de Kurats pour cette raison, Marika remonta son propre moral et s’était soudainement sentie parfaitement bien.
Il fallait s’attendre à ce que la puissante femme qui gérait les finances de Bashtar puisse changer aussi vite.
Cela dit, il semblerait qu’elle se sentait encore un peu timide.
Elle regardait la main de Kurats depuis un certain temps, et lorsqu’il la remarqua et lui prit la main en retour, elle montra un large sourire d’enfant.
Le nord-ouest de Narak s’était transformé en un quartier de divertissement qui ne dormait pas, offrant à l’afflux de travailleurs un espace de détente.
Il n’aurait pu se développer aussi rapidement pour devenir ce qu’il était aujourd’hui sans le plan d’urbanisme magique de Kurats.
Pour rassembler des matériaux de construction, il avait coupé des forêts comme s’il coupait un poisson avec un couteau de cuisine. Cela lui avait également évité de devoir trouver des terrains vierges pour exercer sa magie.
Il avait également écrasé physiquement les décombres et les rochers alentour.
Ainsi, une fois qu’il avait rassemblé les personnes et l’argent nécessaires, il avait pu construire des installations de loisirs comme il le souhaitait, et les commerçants s’y étaient rassemblés de leur propre chef.
Narak était vite devenu un lieu de rassemblement pour les gens de tous les métiers, qu’il s’agisse de prostituées, de musiciens de rue ou de groupes musicaux.
À Bashtar, même les travailleurs les plus modestes de la mine de Bolivie avaient de l’argent à dépenser.
« Il y a certainement beaucoup de gens qui portent des vêtements audacieux ici… »
Marika ne pouvait s’empêcher de rougir quand elle vit des prostituées au dos et à la poitrine extrêmement exposés, flirter avec les hommes qui passaient sur la route.
Cependant, la timidité mise à part, Marika ne pouvait pas cacher son intérêt. Elle jeta des regards sur les choix de vêtements des prostituées, comme une jeune fille qui s’informait sur des sujets qui concernaient les relations intimes.
Étant donné qu’elle s’était concentrée toute sa vie sur son travail grâce à son grand talent, on pourrait peut-être dire qu’elle avait l’âge mental d’une jeune fille lorsqu’il s’agissait de ce sujet.
« Seigneur Kurats, aimez-vous ce genre de vêtements ? »
Kurats répondit à la question innocente de Clodette avec un sourire ironique.
« Je suis très possessif, donc je ne voudrais pas que mes femmes se montrent comme ça aux autres hommes. Mais si nous étions seuls ensemble, ça ne me dérangerait pas de le voir. »
« Aah ! »
Peut-être parce qu’elle venait de s’imaginer dans cette situation inappropriée, Marika était devenue rouge comme une betterave et avait laissé échapper un cri sauvage.
« Oh mon Dieu, tu t’imagines quoi là ? Marika, tu es si lubrique ! »
« Ne plombe pas l’ambiance. »
Bam.
« Aïe… Marika, tu ne devrais pas frapper une fille dans le ventre… »
« Tu viens de dire quoi là ? »
« Iiiiih… Désolée… »
« Tu t’es bien endurcie, Marika… »
Kurats parla en détournant les yeux.
Qu’il s’agisse de son pouvoir sur ces bureaucrates d’avant ou de ces spectacles de brutalité peu dignes d’une dame, c’était peut-être la preuve que Marika avait jeté à la poubelle certains traits humains importants à travers ses nombreuses expériences.
Kurats avait des sueurs froides sur le front.
En tournant à gauche au bout du quartier des prostituées, le groupe avait atteint le théâtre qu’il cherchait. Mais ce qui avait attiré l’attention des Kurats et des filles n’était autre qu’un artiste de rue devant lui.
« Approchez-vous et regardez ! Raquel ici présent est l’homme le plus puissant de la ville ! Pour lui, les armures de chevalier pourraient aussi bien être en papier ! S’il peut percer cette splendide armure, je veux que vous soyez généreux avec vos dons ! »
Le public avait applaudi en chœur alors que le grand homme, qui ne portait rien au-dessus de la ceinture, montrait ses muscles.
« Ooh, ça a l’air intéressant. »
« Je ne pense pas qu’il soit comparable à vous, seigneur Kurats, mais… »
Certes, la force de Kurats dépassait de loin le domaine du possible pour l’homme, mais il ne l’avait jamais utilisée pour un tel spectacle.
Il se sentait rafraîchi.
« Yaaaaaaaaaaaaah ! »
Dong !
L’homme prit une position splendide, posa ses pieds sur le sol et donna un coup de poing en avant.
Avec un bruit sourd, son poing perça l’armure.
Lorsque le présentateur du spectacle pointa son poing vers l’armure maintenant percée, les spectateurs applaudirent à tout rompre et jetèrent de l’argent sur la scène.
« Maintenant, y a-t-il un guerrier ici qui puisse se comparer à Raquel ? Si vous pouvez le battre, vous recevrez une pièce d’or ! »
***
Chapitre 104
« Y a-t-il un guerrier ici qui veuille se comparer à Raquel ? Si vous pouvez le battre, vous recevrez une pièce d’or ! »
« Je n’ai pas besoin de la pièce d’or, mais puis-je essayer ? »
« Oho, nous avons un homme courageux dans notre public, je vois ! Venez sur scène et… »
Avant de pouvoir finir ce qu’il avait à dire, l’homme s’était retrouvé incapable de respirer.
Il avait remarqué que Kurats était encore plus musclé que Raquel.
« Et si je vous montrais un tour avant ça ? »
Avec un sourire enjoué, Kurats ramassa l’armure percée.
« Très bien, regardez bien. Pas de trucage ni de ruse d’aucune sorte. »
Comme il l’avait dit, Kurats sortit une cape pour cacher l’armure à la vue du public.
« Comme vous pouvez le voir, c’est une cape tout à fait normale. Mais quand je l’accroche devant une armure, il se passe quelque chose de curieux ! »
Bong, clink, chak !
Il y avait des sons très suspects, mais ce n’était qu’un détail que l’on pouvait oublier.
Cependant, ce qu’il fallait remarquer, c’est que, contrairement aux spectateurs, Raquel et l’homme qui présentait le spectacle de rue étaient tous deux devenus instantanément pâles.
« Cette grosse armure a disparu ! »
« Oooooooooooh ! »
Il était clair qu’il n’y avait aucun endroit où cacher l’armure, car elle était simplement posée sur une table normale.
Comme Kurats n’avait pas utilisé d’incantation, personne ne pouvait prétendre qu’il l’avait fait disparaître par magie.
Sous les acclamations des spectateurs, Kurats agita la main avec satisfaction.
Bam !
À ce moment, la table sur laquelle l’armure avait été placée s’était brisée en deux sans aucun avertissement.
Au même moment, une petite boule de la taille d’un petit pois était tombée et s’était enfoncée dans le sol en dessous. Marika n’avait pas manqué de le remarquer.
Elle s’était dit que Kurats avait utilisé sa force extraordinaire pour comprimer l’armure en un petit pois.
Il n’avait pas menti en disant qu’il n’y avait pas de trucage ou de ruse.
« Faisons un concours de force maintenant, d’accord ? »
« Absolument pas ! »
Il va sans dire que les deux hommes avaient catégoriquement refusé le concours qu’ils avaient proposé plus tôt, en secouant la tête de toutes leurs forces.
Le théâtre qui avait été choisi comme destination du jour en était vraiment un. Il était constitué d’un grand demi-cercle pour asseoir le public autour d’une scène centrale. Kurats était celui qui avait travaillé sur la plus grande partie de la structure massive en pierre.
Le théâtre était une forme de divertissement très populaire, mais c’était en partie à cause des sentiments de Marika que sa construction avait fini par être considérée comme une priorité.
« Hou, je me demande si la troupe Stephan va venir à Bashtar ? »
L’étincelle enfantine dans les yeux de Marika mettait à nu son excitation sur le sujet.
La troupe Stephan était l’une des dix meilleures troupes de théâtre de Jormungand, et ils avaient fait des spectacles dans la capitale.
À part les troupes qui avaient leur propre théâtre, il n’y avait qu’une ou deux troupes itinérantes qui pouvaient leur faire concurrence.
Leurs acteurs étaient de beaux hommes et femmes, et Marika était secrètement une grande fan au point d’acheter leurs produits dérivés.
Beaucoup de leurs pièces s’adressaient aux femmes, étaient centrées sur la tragédie et suivaient fortement l’approche de l’esthétisme.
« Quand nous sommes allés les voir avec Marika, elle a tellement pleuré. »
« Excuse-moi d’être très sensible, contrairement à toi, Clodette ! »
« Dit-elle… après avoir traité les gens de manière tellement glaciale… »
C’était agréable de voir les deux beautés s’embrouiller l’une et l’autre.
Marika, la beauté intellectuelle, et Clodette, la jeune tête de linotte.
Surtout aujourd’hui, car Clodette avait tiré sa double queue rose clair habituelle en une tresse dans le dos, ce qui la faisait paraître encore plus jeune que d’habitude.
De ce fait, bien qu’elles ne se ressemblaient pas, la vue des deux filles se disputant sans se retenir les faisait ressembler à deux sœurs proches.
De plus, elles étaient toutes deux des beautés bien au-delà de la moyenne, ce qui avait conduit le groupe à recueillir de nombreux regards d’envie et de jalousie de la part de l’entourage.
S’il n’y avait pas eu un géant imposant devant elles, les hommes de la ville les auraient probablement envahies en un instant.
« Tant que vous pouvez toutes deux apprécier la pièce, tout va bien, n’est-ce pas ? »
Kurats avait gentiment tapoté leurs deux têtes, tout en ressentant un sentiment de supériorité d’être ensemble avec deux fleurs.
« Effectivement ! »
« Oui, j’attends ça avec impatience. »
Le titre de la pièce était La promesse du clair de lune. C’était une histoire d’amour banale.
L’histoire commença avec une fille qui aidait un homme qui s’était blessé lors d’une chute.
Tout en s’occupant de l’homme, qui était amnésique, des graines d’amour germèrent entre eux.
Cependant, après que leur douce romance ait duré un court moment, l’homme retrouva la mémoire. Il était en fait le prince d’un pays ennemi.
Le cœur de l’homme vacillait.
Était-il censé rester avec la fille et trahir son peuple, ou bien reprendre son épée pour sa patrie ?
La jeune fille aussi hésita. Elle ne savait pas si elle devait révéler la véritable identité de l’homme à son pays ou la garder cachée.
Son frère avait été tué au combat pendant la guerre contre le pays du prince.
Après avoir traversé une profonde angoisse, le couple avait fini par décider de ne pas se trahir et se sépara.
Ils firent le serment sur la déesse de la lune de se retrouver lorsque la paix reviendra.
Et c’est ce qu’ils firent, quelques années plus tard. La guerre entre les deux pays étant terminée.
Après s’être occupé des conséquences de la guerre, l’homme était allé visiter la terre que lui et la fille avaient convenu de se rencontrer.
Là, il rencontra la fille. Elle était devenue encore plus belle qu’avant.
Cependant, elle était là pour partager une triste vérité avec lui.
Parce qu’elle était devenue si belle, les hommes de l’entourage avaient refusé de la laisser être, et une demande en mariage lui avait été imposée.
Réalisant qu’elle ne pouvait pas franchir les obstacles sur son chemin, la jeune fille s’était jetée dans un lac, sous la nuit de la lune.
Mais un jour, le jour de leur serment, elle avait pu le retrouver grâce au pouvoir de la déesse de la lune.
— S’il vous plaît, attendez !
Demanda le prince à la déesse de la lune.
— Même si je ne suis plus là, mon pays va prospérer. Je me débarrasserai de ma vie, mais je vous en prie, emmenez-moi dans le même monde qu’elle.
Et ainsi, en échange de la vie du prince, la déesse de la lune réalisa son souhait.
Les deux âmes s’élevèrent dans le monde harmonieux de la lune, prêtes à rattraper tous les jours qu’ils avaient passés séparément.
« Uuuh C’est heureux, mais… C’est heureux, mais… »
Comme l’avait dit Clodette, il semblait que Marika était faible face aux pièces romantiques.
Ses larmes coulaient comme des chutes d’eau, imbibant le mouchoir avec lequel elle essuyait son nez qui coulait.
« La déesse de la lune les a finalement réunis, non ? C’est une fin heureuse, c’est génial ! »
« Mais, mais, mais, ils sont morts tous les deux… Si seulement ils avaient pu se rencontrer quand ils étaient vivants… Uuuuuh ! »
Clodette était moins fixée sur la mort des deux protagonistes.
C’était amusant de voir que Marika, normalement très professionnelle, et Clodette, au cœur tendre, changeaient de place lorsqu’il s’agissait de théâtre.
Kurats prit le mouchoir mouillé de Marika et il l’échangea avec le sien.
« Je vois que tu es très sensible, Marika. »
« Uuuh- D, d, désolé seigneur Kurats, je ne sais pas pourquoi je ne peux pas m’arrêter… »
« C’est parce que Marika est si gentille qu’elle ne peut pas s’empêcher de penser à toutes sortes de choses, elle a toujours été comme ça… »
Clodette sourit avec amour et essuya tendrement les yeux de Marika, comme si elle essayait d’apaiser une jeune sœur.
Il était réconfortant de voir la petite Clodette au visage de bébé s’occuper de Marika, que beaucoup de gens considéraient comme digne et plus mûre que son âge.
Kurats réalisa que l’observation de Clodette était pertinente.
Marika, aussi logique soit-elle, ne pensait probablement pas seulement au prince et à la fille, mais aussi au monde et aux familles qu’ils avaient laissées derrière eux.
C’était peut-être la différence entre la pragmatique Marika et la plus sensée Clodette.
Les sièges des spectateurs étaient disposés en demi-cercle, certains sièges autour du milieu étant placés plus haut que les autres.
Il s’agissait des sièges VIP qui étaient dotés de coussins de qualité supérieure. Ils étaient faits pour les riches.
Comme Marika ne voulait pas trop se démarquer, le trio était assis au premier rang des sièges ordinaires.
Pendant ce temps, sur les sièges VIP, il y avait un homme qui regardait en bas vers l’endroit où Kurats et les deux femmes étaient assis, et il leva la voix en signe de surprise.
« Clodette ?! Tu es Clodette, n’est-ce pas ?! »
L’homme qui descendit l’escalier des VIP en toute hâte portait des vêtements bien taillés, de style marchand, et semblait avoir la vingtaine.
Il semblait avoir presque l’âge de Clodette.
Malgré son apparence, Clodette avait en fait plus de vingt ans.
« Une connaissance ? »
« Hmm, laisse-moi voir. »
Pendant que Clodette penchait la tête, cherchant dans ses souvenirs, Kurats la tenait pour la protéger de l’homme qui se précipitait en avant comme s’il allait la pousser vers le bas.
« Je ne pensais pas que nous nous rencontrerions dans un endroit comme celui-ci ! Qu’est-il arrivé à ton travail de percepteur d’impôts ? »
« Ah, c’est vrai ! Tu es Marlow. »
Clodette claqua la main sur l’autre paume de sa main alors que les souvenirs de ses années d’école lui revenaient à l’esprit.
« Ça fait un moment. Tu… n’as pas du tout changé. »
Clodette avait l’air d’être sous le charme d’une jeunesse éternelle. Peut-être garderait-elle encore ses traits de jeunesse quand elle aura passé la trentaine.
Marlow éprouvait un sentiment d’émerveillement et d’admiration en voyant sa beauté qui n’était pas différente de ses souvenirs.
(C’est vraiment Clodette ! Haaah !)
Apparemment, l’apparence juvénile de Clodette était vraiment le style qu’il désirait.
« … Tu as beaucoup vieilli, Marlow. »
« Ne peux-tu pas mieux le formuler ? Dis au moins que tu as grandi ou que tu es devenu adulte ou quelque chose comme ça. »
Marlow sourit avec ironie et haussa les épaules en signe de protestation contre l’honnêteté de Clodette.
Il semblerait que sa personnalité entêtée n’avait pas non plus changé.
« Alors, as-tu quitté ton emploi de percepteur d’impôts ? »
« Oui, je travaille pour le respectable seigneur de Bashtar maintenant. »
« Vraiment ?! »
Marlow fit un grand sourire et hocha la tête en signe de satisfaction.
« Si tu n’es plus percepteur, alors il n’y a plus d’obstacles entre nous. J’aimerais te souhaiter la bienvenue dans la société Weichs en tant qu’épouse. Pas seulement moi, sais-tu que mon père lui-même apprécie vraiment ton talent ? »
Marlow essaya de serrer les mains de Clodette après l’avoir dit, mais Clodette le rejeta en se cachant derrière le corps géant de Kurats.
« Je déteste ton père ! »
« Mon père est vieux jeu, il n’aime pas les collecteurs d’impôts… Mais maintenant que tu as quitté ce travail, il n’y a plus de problème ! »
« Pour faire court, c’est l’échec d’un fils stupide qui ne peut pas s’opposer à son père ? », demanda Kurats à Clodette sur un ton condamnant.
« Pour être franc, oui, c’est l’essentiel. »
« Qui êtes-vous ? Vous nous dérangez, Clodette et moi ! »
« Jamais entendu parler de toi. »
« Surveillez vos manières, je suis l’héritier de la société Weichs ! »
La poitrine de Marlow s’était gonflée de fierté, comme s’il laissait entendre que les roturiers n’auraient pas la moindre comparaison avec lui.
La société Weichs était un gros marchand qui était réputé dans Jormungand.
Elle avait beaucoup d’influence sur les canaux de distribution nationaux. En ce moment, Marlow était apparemment en visite à Bashtar pour le transport du Mythril des mines de Bolivia.
Si Kurats avait été un roturier, Marlow aurait probablement été au-dessus des nuages à la fin de cet échange.
***
Chapitre 105
« Alors, Clodette, que penses-tu de devenir la femme de cet imbécile ? »
« Hein ? Pas question, le seigneur Kurats et moi allons avoir un enfant ensemble ! »
« Quoi? Quand est-ce que c’est arrivé ?! »
Marika grogna bruyamment contre Clodette.
Pendant ce temps, l’attitude arrogante et l’excitation de Marlow n’avaient fait qu’accélérer son étonnement.
Ce fut un grand choc pour lui d’apprendre que Clodette était en avance sur lui en matière de relations.
Il n’aurait jamais pu imaginer que Clodette soit le type de femme qui envisagerait des choses comme l’accouchement.
« Après tout, depuis que le seigneur Kurats m’a aidée après que j’ai été virée du bureau des impôts, je n’ai d’yeux que pour lui ! »
Clodette déclara avec audace ses sentiments pour Kurats.
Marlow ne pouvait pas garder le silence après avoir été ainsi méprisé.
« Qui est ce Kurats ? ! Je te donne l’opportunité d’être la première dame de la puissante compagnie Weichs ! »
Non seulement l’apparition de Clodette dans la zone d’action de Marlo, mais ses compétences exceptionnelles en matière de comptabilité avaient également séduit l’entreprise.
Il savait déjà à quel point elle était douée à l’époque où ils étaient à l’école.
« Marlow, en remontant à l’époque où nous étions à l’école de commerce de la capitale, tu n’as jamais appris à écouter les gens, pas vrais ? »
Clodette poussa un long soupir et secoua la tête.
En effet, Marlow et elle avaient déjà été camarades de classe dans une école de commerce.
À l’époque, Marlow avait décidé arbitrairement qu’elle serait sa femme et l’avait suivie partout, mais il avait rapidement fait volte-face lorsqu’il avait découvert qu’elle avait décidé de rejoindre le bureau des impôts.
Cependant, dans son cerveau, cette histoire s’était apparemment transformée en une tragique histoire de deux amants séparés par un père sévère.
« Penses-tu que tu peux t’opposer à moi sans conséquence ? »
« Tu ne fais que lever des drapeaux pour toi-même à ce stade. »
Marlow fronça les sourcils devant Marika en réponse à sa froideur envers lui, doutant de ce qu’elle voulait dire.
« Écoute bien. Je suis le seigneur de Bashtar. Si tu fais un geste envers ma femme, tu ferais mieux d’être prêt à m’affronter. »
Soudainement, Marlow eut l’impression d’avoir déjà vu ce géant hors norme quelque part.
Cela lui avait permis de savoir immédiatement qu’il était vraiment le seigneur de Bashtar.
Marlow était également assez habile comme marchand pour savoir que son intuition le tirerait de cette situation.
« Je suppose que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre. C’est dommage. J’aspire sincèrement à ton bonheur. »
De bout en bout, il était du genre à changer rapidement de position.
« Tu ne peux toujours pas te résoudre à t’opposer à quelqu’un de supérieur à toi ? Je vois que tu n’as pas non plus changé. »
Incapable de saisir le sens des propos de Clodette, Welson Weichs partit en hâte comme si de rien n’était.
« Ehehe… Je l’ai vraiment dit ! »
Après l’avoir avoué plus tôt dans le feu de l’action, Clodette poussa son visage rougissant contre le dos de Kurats pour se cacher.
Même si elle n’était pas du genre timide, elle ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver une certaine gêne à se confesser.
« Sais-tu que je ne pourrai pas lâcher prise après que tu aies dit quelque chose d’aussi mignon ? »
« Je serai heureuse si tu continues à me tenir, seigneur Kurats. »
Avec un sourire timide, Clodette ferma doucement les yeux tandis que Kurats se retournait.
Même Kurats n’était pas assez obtus pour ne pas savoir ce que son geste signifiait.
Après tout, il avait accumulé beaucoup d’expérience ces derniers temps.
Il posa sa main sur sa joue comme pour l’inviter à se rapprocher…
Bam!
« Ne me vole pas la vedette, Clodette. »
« O-ouch… Alors, ne serait-il pas bien que tu le tiennes avec moi ? Je ne te volerais pas la vedette alors, pas vrai ? »
Marika ne pouvait pas permettre à Clodette, qu’elle avait toujours considérée comme une gamine, de la battre en tant que femme.
Elle leva les yeux et se tourna vers Kurats.
« Après tout ce temps, je ne vais pas être la seule à être laissée pour compte ! Alors, je vais le dire ! Je suis aussi amoureuse de toi, seigneur Kurats ! »
« Vraiment… »
Puis, dans un silence gênant, les deux amies avaient chacune tenu un bras de Kurats.
Cette nuit-là, elles avaient toutes deux monté les escaliers vers l’âge adulte.
« Iih… C’était différent de ce que maman m’a dit ! »
« Je ne sais pas comment Son Altesse Lunaria et les autres filles ont réussi à satisfaire le seigneur Kurats… »
Le lendemain matin, Marika et Clodette ne s’étaient même pas levées du lit et, pour la première fois depuis leur arrivée, elles ne s’étaient pas présentées au travail.
De plus, Lunaria, Cornelia et Frigga les avaient convoquées pendant la journée pour leur donner une conférence sur ce qu’elles devaient savoir pour être les femmes de Kurats.
« En bref, vous devez comprendre qu’il y a des différences de statut dans ce monde que l’amour seul ne peut pas surmonter. »
C’était la conclusion à laquelle étaient parvenus Lunaria, Cornelia et Frigga après leurs nombreuses défaites.
« Tout ce que nous pouvons faire, c’est utiliser au mieux notre potentiel de guerre limité, vous voyez ? »
La diminution de leur « potentiel de guerre » était pour elles une question de vie ou de mort. Elles estimaient qu’il s’agissait d’un véritable problème qu’il fallait régler.
« Le corps jeune de Clodette sera utile… Et avec deux membres supplémentaires, alors peut-être… »
« I-ih… »
« — Gloup — »
Clodette et Marika s’étaient mises à trembler en se souvenant de la bataille écrasante de la veille.
***
Chapitre 106
« Comme on l’attend de vous, général Skuld, votre talent est sans égal. »
Bien qu’il ait claqué sa langue dans son esprit, Albert salua Skuld lors de son retour triomphal.
Il devait cependant admettre que c’était vraiment étonnant.
L’armée de Jormungand, la même armée qui avait acculé les élites d’Albert, avait été facilement gérée par Skuld. Pour elle, c’était comme prendre un bonbon à un bébé.
Si Albert s’était battu seul, le château de Strasbourg serait déjà en ruine.
Mayber Lagrange seul n’était pas grand-chose, mais Leclerc était sans aucun doute un adversaire de taille.
Même Albert n’était pas assez incompétent pour ne pas comprendre cela. Il savait qu’il devait beaucoup à Asgard.
Il avait beau insulter Benoît, qui était mort au combat, Albert pensait que ce n’était pas suffisant.
Mais s’attendre à ce qu’il puisse écraser un ennemi de ce niveau avec Alphonse seul était naïf de la part d’Albert.
Cette naïveté venait de son manque d’expérience en matière militaire.
Il avait commis l’erreur élémentaire de ne pas penser que l’ennemi allait préparer un atout comme il l’avait fait.
Et maintenant qu’il avait subi une défaite totale au tout début des hostilités, l’utilité d’Albert pour l’empire Asgard ne valait plus grand-chose. Il ne pouvait leur fournir que son territoire comme base de ravitaillement.
Mais dans ce cas, tout ce qu’Albert pourrait demander à l’empire serait qu’ils épargnent son territoire.
Cela ne suffirait cependant pas à justifier le fait qu’il porte les stigmates d’un traître.
Même si les terres de Jormungand diminuaient considérablement s’ils perdaient la guerre, Albert deviendrait son prochain roi.
C’était pourquoi il avait trahi son royaume.
« Je suppose que c’est un bon endroit pour me livrer à mes plaisirs. »
Skuld regarda Albert comme si elle regardait un détritus.
« Dites, êtes-vous sérieusement censé être l’avant-garde de notre empire ici ? Comment pouvez-vous rêver d’être utile à mon empire alors que vous ne pouvez pas vaincre un ennemi de ce niveau ? »
Albert ne pouvait rien répondre à ce que Skuld venait de dire
La différence de pouvoir entre les deux était très claire pour tout le monde.
… Cette maudite fille ne sait vraiment que se battre !
Albert n’avait jamais été un individu patient.
Il avait dû se contrôler désespérément pour ne pas crier sur Skuld en réponse.
Il se sentait humilié, mais tourner le dos à l’empire Asgard à ce sujet n’apportera que sa propre ruine.
« J’admets que ce fut un spectacle décevant. Mais une fois que la production en série des cavaliers Alphonse sera terminée, je pourrai même rembourser cette dette deux fois s’il le faut. »
« … Vous ne comprenez vraiment pas, hein ? »
Cette fois, Skuld soupira comme si elle était sincèrement étonnée.
« C’est pourquoi les amateurs ne devraient pas avoir leur mot à dire en matière de guerre. Les soldats morts se retourneraient dans leurs tombes. »
Albert craignait que Skuld ne considère arbitrairement qu’il était un amateur.
Certes, il n’avait jamais été lui-même au front, mais il avait participé à de nombreuses petites batailles.
Les nobles influents avaient l’obligation de suivre un cours général sur la manière d’être un commandant d’armée.
Albert était considéré comme un excellent étudiant parmi ses pairs à l’époque, et il en était fier.
« Pourquoi avez-vous gardé les cavaliers Alphonse en réserve et les avez-vous ensuite envoyés directement ? Ce n’était pas l’une des instructions de ce commandant mort, hein ? »
« C’était la mienne. Les atouts doivent toujours être gardés en réserve pour le moment où ils peuvent avoir le meilleur impact psychologique. Mais maintenant, je pense que nous aurions dû attendre que l’ennemi soit un peu plus fatigué… »
« Je m’en doutais bien. Alors voilà le truc, même si vous produisez en masse les cavaliers Alphonse, vous allez encore perdre. »
« Qu’est-ce… !! »
Comme on pouvait s’y attendre, Albert n’avait pas pu s’empêcher d’élever la voix pour protester contre les critiques cinglantes de Skuld.
S’il laissait tomber et reconnaissait sa propre incompétence en la matière, cela entraverait la coopération militaire entre lui et Asgard à l’avenir.
« N’allez-vous pas trop loin avec cette déclaration, général Skuld ? »
« Même si les cavaliers Alphonse sont basés sur nos cavaliers du Chaos, leur puissance de feu n’est pas leur principale force. Ils devraient être utilisés principalement comme arme mobile. Les utiliser directement dans un siège, c’est comme déclarer son ignorance au monde. »
Albert s’était finalement rappelé que Benoît lui avait conseillé d’essayer de diminuer progressivement les forces de l’ennemi avant de lancer les cavaliers Alphonse dans une attaque-surprise, et non pas directs.
« Mais se concentrer sur la victoire devant nous et perdre le vrai gros poisson aurait été inutile, non ? »
L’orgueil d’Albert n’était pas si mince qu’il pouvait tranquillement reconnaître ses erreurs.
Il avait le sentiment de n’avoir rien fait de mal. Il pensait qu’il aurait été impossible de voir venir ce nouveau sort magique.
Réalisant qu’Albert n’avait pas la capacité de comprendre ses mots, Skuld mit fin à cette conversation.
« Puisque vous avez perdu vos soldats, soyez au moins utile pour semer la discorde dans le pays. Parce qu’en ce moment, je n’ai rien à signaler à Sa Majesté à votre sujet. »
« Je me montrerai à la hauteur de ces attentes. »
Grâce à la facile victoire de Skuld, Albert avait estimé qu’il ne serait pas trop difficile de convaincre les nobles familles environnantes de le rejoindre.
Il pensait qu’une fois qu’ils auraient réalisé que Jormungand n’avait aucune chance de gagner, alors il pourrait être en mesure de rallier des personnes importantes à sa cause.
Cependant, Skuld avait impitoyablement coupé les rêves naïfs d’Albert.
« Aussi, j’aimerais vraiment affronter l’homme nommé Kurats. Il n’y aura probablement pas beaucoup de gens qui seront prêts à trahir le royaume tant qu’il sera là. »
Au final, peu importe la force que Skuld avait montrée, Kurats avait détruit une armée entière d’Asgard.
Skuld avait raison de penser qu’il serait difficile de gagner d’autres aristocrates tant que Kurats ne serait pas vaincu.
Il continue à se mettre en travers de mon chemin…
Depuis l’arrivée de cet homme, aucune des attentes d’Albert ne s’était réalisée.
Voyant la grimace qu’Albert montrait à cause de son hostilité envers Kurats, Skuld sourit avec délice.
« Faites du bruit, autant que vous le pouvez. Dites aux gens que Skuld attend le défi du héros. »
◆ ◆ ◆
Christopher avait reçu le rapport de la défaite de la force punitive la veille.
Un peu plus de 30 % des forces de Lagrange et des autres nobles avaient disparu, mais il semblerait que l’armée de Leclerc, qui était censée être responsable de l’arrière, ait été anéantie.
C’était vraiment un anéantissement total spectaculaire.
Si cette situation n’était pas réglée, certains pourraient commencer à remettre en question la puissance de Jormungand.
Montrer une réponse faible reviendrait à prendre le risque de voir les nobles de la frontière se ruer aux côtés d’Asgard.
« Appelez Cellvis et Rosberg. Amenez aussi Mordred. »
« Compris. »
Christopher s’était mordu la lèvre jusqu’à ce que le sang sorte. Il maudissait son manque de vision.
Albert était un homme très ambitieux, qui voulait toujours s’élever plus haut.
Bien qu’il avait déjà perdu son statut, il était toujours le mari de Felbell, ce qui signifiait qu’il conservait vraisemblablement un certain pouvoir politique.
Malgré cela, Christopher n’avait jamais pensé qu’Albert passerait du côté d’Asgard.
Après tout, peu importe ce qu’Asgard promettait, les chances qu’ils restent fidèles à leurs paroles étaient proches de zéro. Albert n’était pas assez stupide pour ne pas comprendre cela.
Après la guerre, si Asgard réussissait, Heimdall prendrait Felbell pour lui et Albert aura la chance s’il avait un poste de seigneur féodal.
Non, il était impossible qu’une personne aussi ambitieuse et avec une telle estime d’elle-même puisse un jour gagner son temps en espérant que tout aille pour le mieux. Il devait y avoir un objectif plus important.
« Cellvis se présente à vous. »
« Rosberg est ici comme vous l’avez demandé. »
« Mordred, présent ici pour répondre à votre appel. »
« Bien. »
Christopher prit une gorgée de sa tasse pour se mouiller les lèvres, et garda pour l’instant contenues sa colère profonde et sa déception envers Albert.
« Il semble que la princesse folle ait déchiré nos forces. »
« Nous n’avons pas d’excuses à offrir, votre majesté. Leclerc était un fin tacticien. Cette princesse folle est tout simplement à un autre niveau. Elle est hors normes. »
Contrairement au très calme Cellvis, Mordred l’avait crié ouvertement. Il avait le visage tout rouge.
« Avec tout le respect que je vous dois, ce n’est pas ma faute ! Tout le monde ici devrait être conscient de la puissance du nouveau sort ! »
« Ce sort… Il a certainement réussi à disperser l’armée de Strasbourg, mais il n’a apparemment pas eu beaucoup d’effet sur les forces de la princesse folle. »
« C’est ridicule… ! »
Mordred se sentait malheureux de savoir que le nouveau type de magie qu’il avait envoyé avec une grande confiance avait fini par donner de tels résultats.
Ce sort était la carte maîtresse que Mordred avait créée en rassemblant secrètement les recherches d’Olivera, l’homme qui avait tenté d’assassiner la princesse. Ceci était censé prouver sa supériorité sur Kurats.
Mais si même Surtr Lævateinn ne fonctionnait pas, alors Mordred n’avait rien d’autre à offrir. Ce fut sa dernière action.
« Il y avait un trou à Strasbourg qu’il fallait boucher, on n’y pouvait rien. Nous n’avions également rien d’autre à confier à Lagrange et aux autres nobles pour leur permettre d’obtenir des résultats. »
Le royaume aurait dû aller soumettre Strasbourg de plein fouet dès le départ.
Mais Christopher restait néanmoins un père, et même s’il était censé être impartial, il avait fait preuve de sentimentalisme quand il avait fallu s’en prendre au mari de sa fille.
« Selon les informations de mes subordonnés, l’armée de Skuld est déjà entrée en force à Strasbourg. De plus, la première armée d’Asgard, dirigée par Gunther, l’épéiste diabolique, se prépare également à la guerre. »
« Donc Asgard vient sérieusement prendre le pays… »
L’armée de Skuld était déjà une menace en soi, mais si la première armée de Gunther s’en mêlait également, ce serait comme une guerre totale.
« Rosberg ne sera pas libre de ses mouvements s’il doit faire face à l’épéiste diabolique Gunther… »
Gunther et Rosberg étaient tous deux connus comme les « épées » de leurs pays respectifs.
Ils s’étaient autrefois affrontés dans un concours, qui était devenu plus tard une célèbre altercation où les deux parties étaient à égalité. Ce jour-là, ils avaient tous deux réussi à montrer que leurs titres d’épée du royaume et d’épéiste diabolique n’étaient pas exagérés.
Ils étaient de véritables opposants.
Il était naturel qu’ils se méfient l’un de l’autre.
« Dans ce cas, il n’y aura plus personne pour s’opposer à la princesse folle lorsqu’il s’agira de commander les troupes et de faire des prouesses militaires. »
Les compétences de Cellvis en matière d’épée étaient de premier ordre, et il y avait d’autres personnes parmi les généraux du royaume qui s’étaient fait un nom grâce à leurs talents de lanceur.
Mais aucun d’entre eux n’avait atteint le pouvoir des commandants hors normes tels que Skuld, Rosberg et Gunther, qui étaient chacun considérés comme des armes stratégiques à part entière.
Il était absurde de les comparer à d’autres personnes dès le départ.
Ils avaient déjà atteint un domaine qui ne pouvait pas être mesuré à l’échelle humaine.
« Comme prévu, il n’y a rien que nous puissions faire. On doit donc emprunter son pouvoir, non ? »
« J’en ai bien peur. », répondit Cellvis sur un ton regrettable.
En vérité, il avait espéré pouvoir profiter de cette occasion pour accroître la notoriété de l’armée de Jormungand.
Cependant, il savait qu’il était dangereux de placer les intérêts d’organisations individuelles au sein du royaume plutôt que le royaume lui-même.
Il n’avait pas été ministre de la guerre pendant tant d’années pour rien. Il avait bien mérité la profonde confiance du roi en lui.
« Envoyez un messager au seigneur de Bashtar. Je lui ordonne de soumettre la princesse folle. Dites-lui qu’il pourra demander la récompense qu’il veut une fois que ce sera fait. »
En tout cas, puisque Lunaria deviendra reine dans un futur proche, Kurats deviendra effectivement le souverain de Jormungand. Il n’y avait pas vraiment de problème à ce qu’il se comporte de manière grandiose.
À l’heure actuelle, la priorité absolue était la survie du royaume.
Alors que des pourparlers aussi sérieux se déroulaient dans la capitale, une lutte de fierté féminine se dirigeait vers sa fin à Bashtar.
« Tu peux le faire, Clodette ! Tu es la seule sur laquelle on peut compter maintenant ! »
« Je, ih… Désolé. Je ne peux pas le faire plus.… »
« Cornelia ! Marika ! Frigga ! Quelqu’un ? ! En tant que ses femmes, allez-vous vraiment accepter de dépendre du pouvoir de ces monstres ? »
« Alors, tu dis que tu vas t’en occuper à la place, Lunaria ? C’est très bien. »
« A-Attends, je vais leur permettre de le faire pour aujourd’hui. Hé, n’approche pas ! Aide-moi, Triestella ! Je-je ne peux plus !! »
L’assemblée des femmes venait d’établir un nouveau record de défaites consécutives.
◆ ◆ ◆
Felbell s’allongea langoureusement sur son lit, fixant son mari qui était dans un sommeil si profond qu’il semblait mort.
La nuit précédente, il l’avait tenue dans ses bras comme s’il essayait de l’aspirer.
Mais au lieu de la tenir dans ses bras pour la séduire comme il le faisait auparavant, il avait juste essayé d’échapper à sa peur de la mort et de sa propre chute.
« … Il n’a vraisemblablement plus d’avenir, non ? »
Albert semblait penser qu’il serait capable de s’en remettre, mais quand elle y pensa, Felbell ne croyait pas qu’Asgard le laisserait faire à sa guise.
Il n’avait été un traître qu’une seule fois, mais il était naturel que l’empire se méfie de lui.
Albert n’était pas quelqu’un qui pouvait contrôler ses désirs.
Il était déjà clair pour Felbell qu’Asgard trouverait un prétexte quelconque pour l’écraser.
Peut-être l’instinct d’Albert pouvait-il le percevoir aussi.
Je me demande ce qui va m’arriver ?
Vu la façon dont Asgard s’était montrée jusqu’alors, soit elle sera exécutée, soit elle deviendra l’un des jouets de l’empereur Heimdall.
Je suppose que je devrais me tuer avant cela.
Si elle devait être humiliée par l’ennemi, alors Felbell préférait mourir.
En tant que membre de la famille royale, elle avait ce genre de fierté.
Mais qu’est-ce que j’ai pu donc faire au juste ?
Elle se demandait quand cela avait commencé.
Qu’est-ce qui m’a fait réaliser qu’Albert criait beaucoup, mais ne mordait pas ? Que c’était un mouton déguisé en tigre.
Il avait une belle allure qui lui donnait une aura d’élégance et de sagesse, ainsi qu’un corps gracieusement bien entraîné et raffiné.
Il était déjà un homme éloquent, familier avec toutes sortes de formes d’art rafraîchissantes. À l’époque, il était au sommet, sans égal lorsqu’il s’agissait de divertir les femmes.
Les jeunes femmes de la haute société de l’aristocratie avaient autrefois toutes été captivées par lui.
L’une de ces femmes était Felbell elle-même.
Puis, une nuit, après avoir dû passer par plusieurs rendez-vous, Felbell s’était oubliée et s’était attachée à Albert.
Elle était vierge, elle s’était sentie éblouie et enivrée par la situation. Elle apprit plus tard que c’était parce qu’Albert avait utilisé un filtre.
Mais elle pensait que c’était bien.
À l’époque, il était inimaginable qu’elle puisse se retrouver avec un autre homme qu’Albert.
Depuis lors, elle avait commencé à détourner son regard de la réalité et à vivre sa vie en étant totalement dépendante de lui.
Quelle femme stupide je suis ! Je suis censée être la princesse d’un pays.
Felbell se moquait d’elle-même.
C’est ainsi qu’elle s’était éprise d’un homme si désespérément stupide.
Et elle ne pouvait pas dire si ces sentiments avaient changé.
Bien qu’elle découvrit qu’Albert était en fait un grand lâche, sauf pour sa fierté, Felbell n’avait pas envie de lui tourner le dos.
« La gloire semble trop belle pour qu’on puisse l’espérer, alors nous pouvons au moins périr ensemble. »
Jormungand sera en paix tant qu’elle sera entre les bonnes mains de sa sœur résolue, qui était tout le contraire d’elle.
Felbell avait compris depuis longtemps que Lunaria était plus douée pour la politique qu’elle-même.
« Quel était son nom déjà ? Kurats, c’est ça ? Si c’est l’homme que Lunaria a choisi, alors c’est probablement un bon choix. Elle a fait le bon choix, contrairement à moi. »
Si Lunaria avait entendu cela, elle aurait probablement répondu : « Tu as raison, c’est un bon choix de partenaire, mais crois bien que j’ai fait d’énormes erreurs de calcul. »
***
Chapitre 107
« Maître, les subordonnées que vous avez demandées sont arrivées. »
Une nuit, Triestella entra sans bruit dans la chambre de Kurats.
« Vraiment ? C’était rapide. »
« Après tout, elles sont toutes impatientes de recevoir l’énergie du maître. »
Triestella n’avait pas besoin de préciser qu’elle était aussi impatiente.
C’était déjà clair comme de l’eau de roche à la façon dont elle léchait ses lèvres et souriait.
Bientôt, cinquante de ses subordonnées, toutes des élites parmi les Nosferatus, apparurent devant Kurats.
C’était toutes des beautés au-dessus de la moyenne, mais pas une seule d’entre elles n’avait l’air plus âgée que Kurats, qui était encore dans son adolescence.
Et apparemment, elles avaient des personnalités qui correspondaient à leur apparence.
« … C’est incroyable, est-ce que cette chose va pouvoir entrer ? »
« Quand on pense que notre maîtresse, Triestella, a même été bouleversée, c’est comme un rêve. »
« Vraiment ? Wôw… Alors on va devoir donner le meilleur de nous-mêmes aujourd’hui ! »
« Ces filles sont-elles vraiment tes élites ? », demanda Kurats, tout en se sentant déjà épuisé.
« O-oh mes… Filles ! Ne me faites pas honte ! »
Triestella cria sur les filles qui fixaient impoliment une certaine partie de Kurats avec le visage rouge.
« Waahhh ! »
« Maîtresse Triestella s’est mise en colère ! »
« Elle ne peut vraiment pas aller contre le maître »
Triestella était une dirigeante fière qui avait une emprise sur ses subordonnées. Elles ne pouvaient pas s’empêcher de crier en voyant ce côté d’elle, dont elles n’avaient jamais été témoins auparavant.
Il y avait en fait deux types de Nosferatus : Les sangs purs et les sous-espèces.
Il n’y avait que quelques vrais sangs purs, et même pour elles, il était difficile de donner naissance à d’autres vrais sangs purs sans avoir une très grande qualité d’énergie.
Ces filles, bien qu’encore jeunes, étaient toutes des purs sangs destinés à être les Nosferatus de l’ère suivante.
« Peu importe, je suppose que c’est bien. Enlevez tout et venez ici pour que je puisse faire de vous mes subordonnées. »
« Oooooh ♪ Ça va être un vrai festin ! »
Quelques heures plus tard.
« C’est fini. Arrêtez, s’il vous plaît, je vais mourir. »
« Je comprends maintenant pourquoi notre maîtresse est si bouleversée, Triestella… »
En recevant l’énergie de Kurats, les Nosferatus avaient obtenu une puissance énorme.
Leurs apparences avaient également changé. Elles semblaient maintenant avoir la vingtaine.
Bientôt, elles allaient prêter allégeance à Kurats du fond du cœur et devenir ses gardes d’élite, mais ce sera pour plus tard.
◆ ◆ ◆
« Ne baissez pas votre garde parce qu’ils sont petits ! Même ces petites frappes peuvent tuer les humains ! »
L’ancien mercenaire, Bernard, dirigeait une armée de soldats volontaires pour garder la route principale des mines de Bolivia.
« Ce n’est pas comme s’il y avait quelque chose de difficile dans ce travail… »
Un des volontaires s’était plaint que son épée avait transpercé un gobelin.
Comme Triestella avait fait reculer son armée vers le nord, seuls des monstres de bas rang et peu intelligents, tels que des gobelins et des orcs, apparaissaient sur la route.
De plus, leur nombre était inférieur à un dixième de ce qu’il était auparavant.
Pour une armée humaine bien entraînée et bien organisée, cela s’apparentait à une chasse aux animaux ordinaires.
« Si tu n’aimes pas ça, je peux certainement te faire travailler comme un fou. »
Bernard répondit à l’homme apparemment insatisfait avec un sourire cynique.
Ces hommes étaient des mercenaires tout à fait capables qui avaient été entraînés dans l’armée par Bernard en espérant obtenir de l’or.
Ils ne pouvaient pas rester inactifs et ne rien faire, c’est pourquoi ils étaient de garde sur les routes.
Cependant, Bernard pensait qu’il était impossible que Kurats se confine tranquillement à l’intérieur de Bashtar. Quelque chose devait arriver.
« Allez, Bernard, fais quelque chose. Je suis simplement venu ici parce que tu as dit que tu avais un bon travail pour moi. »
« Et maintenant, je te dis d’être un peu plus patient. Il devrait y avoir de l’action bientôt. »
« … j’envie les gars de Bruno. »
S’il avait su que les monstres responsables de l’ancienne grande invasion allaient attaquer, cet homme serait venu beaucoup plus tôt, même si cela aurait signifié la rupture des contrats qu’il avait déjà à l’époque.
Après tout, il était du genre à aimer se battre par-dessus tout.
Le nom de cet homme, qui avait un physique splendide comparable à celui de Kurats ainsi qu’un visage strict et rude, était McClain Vargas.
Bien qu’il n’ait que la trentaine, il avait 20 ans d’expérience dans le combat. Il n’y avait personne qui ne le connaissait pas parmi les mercenaires.
Il avait été un jour un noble de haut rang, jusqu’au jour où il était tombé sur une épée magique rare et s’était fait un nom en tant que guerrier.
En ce qui concerne les combats individuels, ni Bruno ni Bernard ne pouvaient prétendre être ses égaux.
Il était également un commandant talentueux qui avait autrefois dirigé le groupe de mercenaires connu sous le nom de « Les yeux de la chouette. »
En tant que groupe, les yeux de la chouette n’avaient qu’environ 500 hommes, mais ils étaient recherchés par de nombreuses nations pour leur réputation. On disait qu’ils étaient plus puissants qu’une armée de 3000 hommes.
Cependant, malheureusement, en raison des nombreuses personnes qui moururent suite au choix du maniaque de la guerre McClain, qui ne choisissait que les champs de bataille les plus violents, la plupart des membres avaient quitté le groupe il y a un an, craignant pour leur vie.
Il ne restait plus que 30 membres, qui avaient tous la même soif de bataille que McClain.
Avec McClain en leur centre, l’armée permanente de Bashtar était composée de 200 hommes qui étaient tous minutieusement entraînés par Bernard.
En plus de cela, il y avait aussi une force de sécurité publique de 500 hommes, mais elle n’était pas adaptée au combat. C’était plutôt une force de police nécessaire pour maintenir l’ordre à Bashtar.
Compte tenu de l’importance économique de Bashtar, le territoire pouvait facilement se permettre de maintenir une armée de plusieurs milliers d’hommes, mais la constitution d’une armée permanente à part entière ne pouvait pas se faire en un jour.
Dans ce cas, la seule solution pour l’instant était de mettre en place une petite force centrée uniquement sur des mercenaires ayant une grande expérience du combat.
« Alors, à quoi vous attendez-vous ? Qui sera le prochain adversaire ? »
De nouveaux nuages de guerre arrivaient à Bashtar.
Bernard et McClain pouvaient le sentir à travers leur peau.
Bien qu’ils ne s’intéressaient pas à la politique, ils pouvaient quand même sentir l’arrivée d’une bataille grâce à leur intuition aiguisée acquise par leurs expériences de guerre.
Ils étaient tous deux convaincus qu’ils allaient devoir participer à une bataille comme ils n’en avaient jamais connu auparavant.
C’était pourquoi McClain avait répondu à l’appel de Bernard, et pourquoi Bernard se dépêchait de former ses hommes.
« Qui sait, peut-être que ce sera l’empire Asgard lui-même. »
Bien que Bernard n’avait pas mis beaucoup de poids derrière ses mots, les deux hommes découvrirent en deux jours seulement que cette prédiction était tout à fait juste.
◆ ◆ ◆
« Qu’est-ce que cela signifie ? Qui sont ces femmes ? »
En voyant le groupe de femmes exceptionnellement belles, Lunaria parla avec les poings serrés, une veine sortait alors du front.
« … Ce sont les subordonnées de Triestella. Je vais les incorporer dans l’armée. »
« Oho? Les subordonnés de Tristella ? »
Les yeux de Frigga pétillaient d’intérêt.
C’est parce qu’elle pouvait deviner que ces femmes étaient toutes des Nosferatus.
Ayant été chargée par Kurats du rôle de commandant sur la ligne de front lors de l’attaque du territoire, Frigga avait personnellement fait l’expérience de la force des Nosferatus.
En ayant un si grand groupe de femmes à ses côtés, Bashtar avait l’équivalent d’une armée d’un millier d’hommes.
On pourrait peut-être dire qu’une telle armée n’était pas très utile étant donné que Kurats avait la puissance de dizaines de milliers de soldats à lui seul, mais en tant que commandant, Frigga se réjouissait quand même, car cela signifiait qu’elle aurait plus de subordonnés à diriger sur le champ de bataille.
Ce qui ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas tenu compte du fait que ces femmes extrêmement belles faisaient les yeux doux aux Kurats.
C’était à peu près à cette époque que le messager de la capitale arriva enfin à Bashtar.
« Le comte de Bashtar est-il présent ? »
« C’est moi. Qu’est-ce que c’est ? »
« Je suis venu communiquer un ordre de Sa Majesté. À cause de l’intervention de la deuxième armée d’Asgard au côté du marquis de Strasbourg, la force punitive dirigée par le général Leclerc a été vaincue. Pour cette raison, votre grâce, vous avez été appelé à soumettre l’ennemi à sa place. »
La deuxième armée ? Alors…
{L’armée de la princesse folle, c’est ça?}
Kurats avait entendu dire que la force de la princesse folle était comparable à celle de Rosberg. Cela ferait d’elle un adversaire pas trop misérable.
« Intéressant. Dites à Sa Majesté que son ordre a été bien reçu. »
***
Chapitre 108
Il y avait cinq grands pays dans ce monde, mais même parmi eux, la puissance d’Asgard se distinguait encore.
Surtout quand il s’agissait de leur puissance militaire.
Et cette menace majeure avait fini par s’abattre sur Jormungand.
Dans ces conditions, il était naturel que certains aristocrates aux allégeances peu claires prennent position du côté de l’ennemi.
Cela était particulièrement vrai pour les petites et moyennes familles nobles proches de la frontière, qui recevaient une aide directe et indirecte d’Albert.
C’était pour lui une proie idéale.
« À ce rythme, vous serez anéantis par la princesse folle. Est-ce ce que vous souhaitez ? »
Après en avoir été informées par Albert, la plupart des maisons nobles avaient renoncé à leur allégeance au royaume.
En un clin d’œil, près d’une douzaine de familles nobles avaient changé de camp.
Cependant, malgré ce succès, Albert portait une expression de mécontentement non dissimulée.
Ce nombre ne représentait même pas un quart des familles nobles qui avaient accepté de coopérer avec lui au début.
Il semblerait qu’ils attendaient le résultat de la prochaine bataille pour se décider.
« Ces maudits imbéciles ! Connaissez votre place ! »
En effet, si Skuld pouvait obtenir une autre victoire décisive, le reste des nobles viendrait tous chercher rapidement le drapeau d’Asgard.
Cela ferait probablement tomber un tiers de Jormungand.
Cependant, de tels résultats seraient crédités au nom de Skuld, et non d’Albert.
À ce rythme, même si Asgard devait gagner, Albert se verrait infliger une réprimande de la part de l’empire, ce qui rendrait sa trahison insignifiante.
Il était impossible qu’Albert admette ses torts honteux et accepte qu’il ait gâché sa vie.
« Ne réalisent-ils pas tout ce qu’ils me doivent ?! »
Albert constatait amèrement qu’il avait réussi à rassembler que peu d’alliés.
Cela était en deçà de ses attentes.
L’existence de Kurats était sans aucun doute une barrière psychologique pour les nobles.
Son exploit sans précédent de repousser la quatrième armée par lui-même les rendait hésitants à trahir le royaume.
Albert pensait que c’était stupide.
Contre la princesse folle Skuld et l’épéiste diabolique Gunther, il était probable que l’épée du royaume Rosberg n’ait même pas la moindre chance, et encore moins un roturier comme Kurats.
Les exploits de cet homme avaient sans aucun doute été exagérés et embellis grâce aux efforts de la Valkyrie Blanche-Neige, la princesse Frigga.
Comment peut-on ne pas se rendre compte d’une chose aussi évidente ? Ce monde est plein d’imbéciles.
Cependant, continuer à se plaindre ne l’amènerait nulle part.
Les inquiétudes de Felbell n’étaient pas injustifiées. Albert lui-même savait que s’il ne parvenait pas à obtenir des résultats, il ferait très probablement l’objet d’une purge politique.
Il devait montrer à la méritocratie qu’était Asgard qu’il pouvait lui être utile. Et il devait le faire avant que Skuld ne puisse remporter une nouvelle victoire.
Lorsque de telles pensées lui traversaient l’esprit, Albert recevait de nouvelles informations.
Les quelques membres de la faction de Felbell qui restaient dans le palais l’informèrent que le comte de Bashtar venait en personne.
Albert pensait que c’était exactement l’occasion qu’il avait espérée.
◆ ◆ ◆
« Est-ce qu’il ne vient vraiment qu’avec ces troupes ? »
McClain marmonnait, en état de choc, en jetant un coup d’œil à Kurats et à l’armée composée d’une centaine de personnes seulement, même en incluant Triestella et d’autres proches collaborateurs.
McClain pensait qu’il n’y avait personne au monde d’aussi imprudent que lui, mais l’imprudence du seigneur semblait être encore plus grande que la sienne.
Pendant l’âge d’or de l’œil du Hibou, McClain avait triomphé d’une armée de 3000 hommes avec seulement 500 hommes.
Cependant, cette fois-ci, dans le pire des cas, Kurats serait confronté à la deuxième armée d’Asgard, une armée de 40 000 hommes.
Il était tout à fait naturel pour McClain de douter de la santé mentale de son seigneur, qui allait les affronter avec une force qui atteignait à peine la centaine.
« … Te souviens-tu de la mine que nous défendions ? »
« Oui, mais je n’appellerais pas ça une mine, c’était plutôt des décombres sur un terrain vague. »
« Eh bien, c’était une mine. Jusqu’à ce que le seigneur l’écrase. En parlant de ça, savais-tu qu’il a battu une armée de plusieurs dizaines de milliers de monstres de tout niveau tout seul ? »
Bruno s’était gratté la tête comme si même lui ne pouvait pas croire ce qu’il disait.
« Attends ! Est-il vraiment humain ? Es-tu sûr que ce n’est pas le roi des démons ? »
Des gouttes de sueur étaient tombées de la tête de McClain.
Il pensait que les rumeurs étaient exagérées et que ce serait un gros problème même si un dixième de ce qu’il avait entendu était vrai, mais il découvrait que ces rumeurs étaient en fait plus discrètes que la réalité.
« Nous ne l’avons pas vu personnellement se battre, mais nous avons vu la force de Frigga dans la bataille. Avec son griffon, elle pourrait certainement faire face à un millier d’hommes. Et même elle n’est pas à la hauteur du seigneur, tu peux donc t’en faire une idée. »
Bruno parla doucement en levant les yeux comme s’il se souvenait, tandis que McClain semblait se résigner à la situation.
« On se demande si on peut contribuer à la situation. »
« Peut-être qu’on pourrait les escorter là-bas. »
Pendant ce temps, Frigga ne ressentait pas la moindre inquiétude, bien qu’elle fasse partie d’une force de seulement cent hommes.
Le groupe de mercenaires « Les yeux du hibou » que dirigeait McClain avait le potentiel pour dépasser une armée dix fois plus nombreuse, mais si les forces de Nosferatu composées des subordonnés de Triestella ne dépassaient pas 50 membres, elles pouvaient facilement rivaliser avec une force de plusieurs milliers de personnes.
Comme tous les subordonnés ressemblaient à de belles femmes, les mercenaires les appelaient en plaisantant la force du harem du seigneur, mais le fait était qu’elles étaient bien au-delà de la moyenne humaine en ce qui concernait leurs capacités physiques.
Leur seul problème étant qu’elles regardaient parfois Kurats avec des yeux envoûtants, mais cela ne posait aucun problème en particulier, cela irritait quand même Frigga.
En outre, les quatre femmes les plus fortes parmi les Nosferatus, Tristella, Meril, Berta et Crushiandra, pouvaient s’occuper seules de milliers d’ennemis.
Bien sûr, on pourrait dire la même chose de Frigga, à condition qu’elle puisse monter son griffon.
Quant à Kurats, piétiner des dizaines de milliers d’hommes serait comme prendre des bonbons à un bébé pour lui.
Maintenant qu’il avait obtenu sa nouvelle épée, Warcry, même Frigga ne pouvait pas prédire à quel point il était devenu fort.
Grâce à l’endurance hors normes de tous les membres de la petite troupe, ainsi qu’au fait que les fournitures nécessaires pour soutenir un si petit nombre d’hommes n’étaient pas importantes, ils avaient pu se précipiter sur le territoire de Strasbourg à une vitesse terrifiante.
Mais dans une tournure des événements sans aucun doute malheureuse… la nouvelle que l’armée de Bashtar était partie avec un nombre étonnamment faible de soldats était arrivée dans le groupe d’Albert en un rien de temps.
◆ ◆ ◆
« Bien sûr, je m’attends donc à pouvoir compter sur votre coopération ? »
Rassemblés quelque part dans une forêt à 20 km de Strasbourg, répondant à un appel sur le territoire du baron Desaix, tous les individus présents étaient des nobles qui avaient été élevés dès leur plus jeune âge dans le but de travailler pour les intérêts d’Albert…
Pourtant, ils n’avaient pas coopéré à la rébellion d’Albert au départ.
Malgré les enseignements qu’on leur avait donnés toute leur vie, ils avaient décidé de rester de simples spectateurs, jusqu’au moment où Skuld avait pulvérisé l’armée de Leclerc.
Voyant là la preuve que le royaume était en mauvaise posture, ils s’étaient empressés de rejoindre enfin le camp d’Albert, mais bien sûr, la réponse d’Albert fut froide.
« C’est vrai que nous nous retrouverons au sommet de la chaîne si nous réussissons à faire quelques exploits, mais… »
« Nous n’avons pas les mêmes atouts que vous, votre excellence… »
Albert s’était mis à renifler devant les hommes dont les paroles étaient noyées dans la passivité.
« Vous attendez-vous à recevoir un accueil chaleureux de la part d’Asgard après avoir capitulé comme vous l’avez fait sans rien apporter à la table ? C’est votre dernière chance de contribuer. Vous pouvez vous contenter de votre poste actuel, ou vous pouvez vous montrer à la hauteur de la situation et vous distinguer. »
Asgard n’avait pas été aimable avec ceux qui s’étaient rendus.
C’était une compréhension établie, tirée de toutes leurs actions jusqu’à présent.
Cependant, le système de l’empire était toujours basé sur le mérite, même ceux qui étaient autrefois des ennemis pouvaient devenir de hauts fonctionnaires à condition d’en avoir la capacité.
Mais Albert savait bien que les hommes qui se trouvaient devant lui ne faisaient pas partie de ces individus suffisamment capables.
Cela étant, en fin de compte, leur seule option était de collaborer avec Albert.
Étant donné qu’ils avaient abandonné le royaume, il n’y aurait pas de lendemain pour eux si Albert les abandonnait.
« E-En plus de cela, est-ce vraiment vrai ? Vous avez dit que le comte de Bashtar vient avec seulement une centaine de personnes, mais… », demanda le baron Desaix en s’essuyant le front.
Considérant qu’il y avait 12 000 soldats dans la force punitive envoyée précédemment par le royaume, 100 personnes étaient un nombre absurdement faible.
« Si c’est vrai, alors peut-être que cela signifie que les rumeurs sur ce qui s’est passé en Lapland étaient également vraies… »
Le baron de Desailly, qui était également présent, devint tout pâle à mesure qu’il le disait. De toute évidence, il commençait à être refroidi par la situation.
Il voulait juste se placer là où il pouvait être en sécurité. Il était facile de dire ce qu’il pensait rien qu’à son expression. Il ne voulait pas se faire l’ennemi d’un monstre
« Ne vous inquiétez pas. Je vais fournir aux messieurs ici présents les cavaliers magiques Alphonse. Ne croyez pas aux simples rumeurs. Comment pouvons-nous, en tant que nobles, nous laisser effrayer par un jeune roturier ? »
Étant donné leur classe privilégiée dans la société, les nobles étaient parfois aussi fiers que lâches.
Maintenant qu’Albert avait proposé une collaboration et chatouillé leur fierté d’hommes supérieurs, il n’y avait qu’une seule réponse qu’ils pouvaient donner.
« Très bien, vous pouvez compter sur nous. Nous ne manquerons pas de montrer au Seigneur de Bashtar sa place. »
« En effet, très bien dit. Bashtar ne pourra pas ignorer vos exploits. »
Albert fit un signe de tête, satisfait.
Ils n’avaient pas absolument besoin de gagner.
Tant qu’ils pouvaient tuer Kurats ou au moins le blesser gravement, leur bataille serait terminée.
Même s’ils perdaient, Albert n’aurait qu’à dire que le baron Desaix et les autres nobles n’avaient rien à voir avec lui.
Il était facile pour Albert, en tant que chef d’une faction entière, de jouer de tels tours.
Mais cela signifiait aussi qu’il n’était pas encore prêt à se salir les mains, même à ce stade critique.
Tout cela montrait les limites de ses talents. Mais il n’avait aucun moyen de s’en rendre compte.
◆ ◆ ◆
Sur la route de l’Odan qui menait à Strasbourg.
C’était là que les forces alliées du baron Duraix et des autres nobles avaient été stationnées. Ils étaient actuellement en formation de combat sur une étendue d’herbe claire et dégagé le long de la route.
Suivant leur bon sens, ils croyaient pouvoir vaincre haut la main une armée de seulement cent soldats.
Peu importe la force de Frigga et de Kurats, ils croyaient que le terme « armée d’un seul homme » signifiait qu’ils seraient au mieux à la hauteur d’un millier de soldats.
Cependant, les forces combinées de tous les nobles présents s’élevaient à 4000 hommes.
De plus, maintenant qu’Albert leur avait fourni des cavaliers magiques Alphonse, leur force militaire avait fait un bond en avant.
Dans ces circonstances, vaincre Kurats n’était pas un rêve. Non, ils pouvaient certainement le faire !
En regardant les cavaliers Alphonse, ces armes puissantes qui pouvaient déterminer à elles seules l’issue du combat, le baron Desaix s’enivrait déjà d’un sentiment de toute-puissance.
Il n’y avait aucun signe d’une personne pouvant être considérée comme un mage au sein des forces de Bashtar qui approchaient.
En d’autres termes, il n’y avait aucun risque qu’ils utilisent la nouvelle magie que Leclerc avait utilisée lors de la bataille précédente.
« Fuhahahahaha ! Vous ne pouvez que vous en vouloir d’être vaniteux. Venez, devenez la nourriture de notre succès futur ! »
Avant qu’ils ne s’en rendent compte, Desaix et les autres nobles avaient pratiquement oublié leur peur de Kurats, qui avaient anéanti l’armée d’Asgard en Lapland, ainsi que leurs cavaliers du Chaos.
◆ ◆ ◆
« Aaaaaah ! C’est tellement injuste ! Je voulais aussi y aller !! »
« Mais on ne peut rien y faire, non ? Vous avez perdu le concours. »
Marika rejeta la plainte de Lunaria sans aucune pitié.
« Uuuuh… »
Lunaria serra le poing et fit la moue en regardant en bas.
Sur son bureau, il y avait tellement de documents empilés qu’ils lui passaient au-dessus de la tête.
Ces derniers jours, la taille de cette montagne n’avait cessé d’augmenter, sans jamais descendre.
« Veuillez remplir les documents qui ont été soumis à votre approbation. »
*Bruit sourd*
Alors qu’une autre pile de documents était déposée par Marika sur la montagne déjà haute, Lunaria poussa le cri le plus puissant possible.
« Friggaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Je n’oublierai jamais cela ! Je garderai cette rancune jusqu’au jour de ma mort ! »
« Veuillez remplir les documents. »
***
Chapitre 109
Bien que Marika avait été de facto la plus haute dirigeante de l’administration de Bashtar depuis le début de sa grande reconstruction, elle n’était encore techniquement qu’une simple bureaucrate.
Cela étant, lorsqu’il s’agissait de signer des documents, elle avait besoin de quelqu’un qui avait le pouvoir de prendre des décisions.
Et à part Kurats, la seule personne qui détenait ce pouvoir était Lunaria, car elle était à la fois sa fiancée et une princesse du royaume.
Lorsqu’on lui avait dit de rester à Bashtar pendant que Kurats se rendait sur le champ de bataille, Lunaria avait rendu les choses difficiles. Très difficiles.
« Non, non, non, non, non ! Je vais venir avec toi aussi, Kurats ! »
« Je suppose qu’on ne peut rien y faire. Si tu peux gagner contre Frigga, je t’emmènerai. »
En y réfléchissant après coup, Lunaria avait eu l’impression que ces mots étaient un piège.
Même si Frigga était la plus forte des deux, la différence entre elles n’était pas si grande.
Dans un vrai concours, Lunaria gagnerait une fois sur quatre.
Ses chances de gagner n’étaient pas faibles.
« Je vais à tous les coups remporter la victoire ! »
Lunaria avait pris son épée avec enthousiasme… mais elle avait subi une défaite cuisante.
« Hein… Quand je pense que Frigga a quitté la chambre si facilement la veille pour prendre l’avantage le lendemain… Je n’ai pas su voir ses arrière-pensées ! Même mes yeux royaux ne pouvaient pas voir à travers ! »
« Se surmener ne vous aidera pas à faire le travail plus rapidement. Il reste d’autres documents. »
« Oui, il en reste encore beaucoup. »
En réponse aux répliques froides de Cornelia et de Marika, Lunaria jeta certains des documents sur les serviteurs de Marika, qui se tenaient devant elle, afin d’évacuer sa frustration.
« Toi ! Qui a la plus haute position ici à tes yeux ?! »
« Bien sûr, ce serait vous, princesse Lunaria. Mais nous tous, les serviteurs, croyons aux liens spirituels plutôt qu’aux constructions sociales ! »
« Donc vous dites que c’est Marika !!! »
« Je vois que Marika a aussi beaucoup de difficulté à gérer ce lot… »
Indifférents au soupir de Cornelia, les amusants serviteurs de Marika se comportaient comme d’habitude.
Sans le moindre indice sur la conversation qui se déroulait à Bashtar, Kurats penchait la tête, confus par l’armée de 4 000 hommes qui avançait.
« … N’y en a-t-il pas trop peu ? »
« Eh bien, je ne comprends pas pourquoi vous pouvez penser cela, mon seigneur. »
Réalisant que Kurats croyait sérieusement que 4 000 était trop peu, McClair secoua la tête avec une expression déprimée sur son visage.
La pression exercée par une armée de 4 000 hommes sur une force de seulement 100 personnes n’avait rien de ridicule.
N’importe quel mercenaire régulier se serait déjà échappé.
Pourtant, je ne vais pas m’enfuir…
McClain avait une grande estime de Bernard en tant que mercenaire.
Ainsi, même s’il ne pouvait pas croire les paroles de Bernard avant de les voir se réaliser, il sentait que ce seigneur ne se laisserait pas facilement abattre par un tel adversaire.
« Écoutez bien, salauds ! Nous allons leur montrer que la force des yeux de la chouette sans peur n’est pas différente des rumeurs ! »
« Ooooooooooooh ! »
« Je vois qu’ils viennent nous chercher de front. »
Desaix regardait avec des yeux froids l’armée de Bashtar. Ils arrivaient en formation la pointe d’une épée, avec 20 hommes en tête.
« S’ils méritent des éloges pour une chose, c’est qu’ils ne se sont pas enfuis. »
Contrairement à ce que ses mots indiquaient, Desailly répondit à Desaix par un ricanement.
Bien qu’il avait été si effrayé par la puissance de Kurats plus tôt, son moral semblait s’être gonflé à l’infini lors de l’essai des puissants cavaliers Alphonse.
Bien que le corps de Kurats soit massif, il n’était pas aussi grand que les cavaliers magiques Alphonse, sans parler des cavaliers du Chaos d’Asgard.
Les nobles avaient une compréhension très commune des limites du corps humain.
« Maintenant, leur accorderons-nous le privilège de percer leurs rangs ? »
Le baron de Mirabeau s’avança avec enthousiasme.
Aux yeux de tous ces nobles, l’armée des Bashtar n’était déjà plus qu’une brebis sacrifiée.
Les humains étaient des créatures qui croyaient ce qu’elles voulaient croire.
Il était donc impossible pour ceux qui n’avaient jamais vu Kurats en action de prendre son pouvoir monstrueux comme une vraie menace.
« La force de l’ennemi est petite ! Ne laissez pas un seul d’entre eux s’échapper ! »
L’assaut fut lancé par une force privée de 500 hommes, dirigée par Mirabeau à bord de son Alphonse.
« Nous leur couperons le chemin de la retraite, par prudence ! Nous ne pouvons pas leur donner une chance de s’échapper ! »
Pendant ce temps, le baron Desailly et le baron Monnier tentaient de contourner l’armée en emmenant chacun un millier de soldats sur les deux flancs.
En plus d’avoir l’avantage du nombre, les nobles se lancèrent dans une attaque en tenaille coordonnée.
Ils s’attendaient tous à ce que l’armée de Bashtar s’effondre.
Mais à ce moment-là…
« Ça fait un moment, je vais donc les combattre avec ma propre force ! »
{Comme c’est inefficace. Tu pourrais les achever d’un seul coup en utilisant la magie.}
« Il ne s’agit pas d’efficacité, mais de la sensation de bien-être que cela procure ! »
Se précipiter comme une flèche n’était pas le fait d’un seul homme, mais du baron de Bashtar lui-même.
Alors qu’il avançait, il tenait au-dessus de sa tête une épée plus grande que lui.
« Humph, par respect pour tes exploits, je te prends en duel. »
Le baron de Mirabeau, dont le rôle était d’intercepter Kurats de front, se mit à rire quand il le vit sauter par-dessus tous ses alliés et s’avancer seul.
Bien qu’il tenait une épée ridiculement grosse, cela lui permettait tout au plus de faire tomber quelques soldats.
« Je suppose que cette force bestiale est au moins digne d’éloges. »
Ce serait le dernier spectacle de jubilation arrogante de la part des nobles.
« HORS DE MON CHEMIN ! »
Dans un puissant éclair d’esprit combatif, Kurats fit tomber son épée, Warcry.
L’épée traversa l’armure d’un soldat comme si elle déchirait du papier. Son sang avait jailli comme une chute d’eau, tandis que ses entrailles éclaboussèrent le sol.
Mais ce n’était pas tout.
L’onde de choc générée par la pointe de Warcry dépassa la vitesse du son et emporta des dizaines de soldats se tenant derrière le premier.
« Comment est-ce possible ? »
Alors qu’il s’était fait couvrir le visage du nuage de poussière qui suivait, Mirabeau avait été frappé par un sentiment de terreur.
Ce n’était qu’un simple mouvement de balancier. Un seul mouvement par une seule personne.
Et pourtant, cela avait suffi à faire tomber un dixième de l’armée de Marabeau.
C’était incroyable.
« Impossible ! C’est impossible ! »
Il en eut des frissons dans la colonne vertébrale.
Sa mâchoire était grande ouverte, comme pour accueillir le poids véridique des nombreuses histoires héroïques qu’il avait jugé n’être que des rumeurs.
« PRENDS ÇA ! »
Cette fois-ci, Kurats déplaça son épée horizontalement, abattant une fois de plus des dizaines de soldats à partir de la taille.
Leurs corps s’effondrèrent comme des marionnettes cassées.
« Les autres ne sont que des enveloppes vides ! Il leur a brisé le moral ! Il les a découpés en dés à vue ! »
Pour pousser encore plus loin l’armée chaotique de Mirabeau, McClain et le reste de l’armée de Kurats s’étaient avancés, prêts à les piétiner.
Les soldats de Mirabeau avaient été tranchés, poignardés et écrasés, sans pouvoir offrir quoi que ce soit ressemblant à de la résistance sous le poids de la peur et du désordre.
« Iiiiiiiiiiiiiiiiiih ! Fuyez ! Il n’y a aucune chance de faire face à un tel monstre ! »
« Désolé, mais il n’y a pas moyen d’échapper à ce diable ! »
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »
Le dernier spectacle dont Mirabeau fut témoin avant d’être éternellement libéré de ce monde cruel était celui d’un gigantesque morceau de fer recouvrant tout ce qui se trouvait sous ses yeux.
Alors que l’armée de Mirabeau était cruellement réduite à néant, une tragédie se préparait également pour les forces de Desailly et de Monnier, qui venaient du flanc gauche et du flanc droit.
« Allons-y, Shellac. »
*Kraaa!*
Avec un grand cri, le grand griffon, Shellac, s’envola dans les airs.
Utilisant la suprématie absolue offerte par le ciel, Frigga lança un coup qui ne contenait pas un seul atome de miséricorde.
« Perce-les, éclair réfléchissant de Murasame. »
Un seul faisceau de lumière réfléchi par d’innombrables miroirs étincelants se transforma en centaines d’éclairs allant vers les soldats de l’ennemi.
En un instant, près d’une centaine de soldats virent leur vie s’achever, transpercés par les éclairs.
Desailly était désemparé de voir les soldats tomber devant ses yeux sans un bruit.
« Tirez-lui dessus ! Abattez-la ! »
La seule méthode pour attaquer Frigga en l’air était de lui tirer dessus avec des flèches et des sorts.
Cependant, les attaques de quelques mages n’allaient pas suffire à percer la défense magique d’un griffon.
En voyant les éclairs enflammés des sorts de la Lance de feu s’abattre sur elle, Frigga n’avait même pas tenté d’esquiver.
« Déchire-les en morceaux, déchiqueteuse étincelante ! »
« C’est ridicule ! Que notre armée tombe entre les mains d’une seule femme… Les cavaliers Alphonse qui nous ont été confiés par Albert sont… »
« … Qu’espériez-vous accomplir en apportant ces versions inférieures et produites en masse des cavaliers du Chaos ? »
Croyaient-ils pouvoir affronter Kurats avec un tel niveau de pouvoir ?
S’étaient-ils enivrés d’un sentiment de toute-puissance enfantine en se procurant ces jouets ?
« C’est votre récompense pour vous être moqué du sauveur de Lapland. »
Pendant que l’armée de Desailly était attaquée par Frigga, l’armée de Monnier, à droite, se portait un peu mieux.
Mais cela ne signifiait en aucun cas qu’ils allaient s’en sortir.
Au contraire, ils étaient dans une situation bien plus sombre.
« Charmants petits garçons… Venez… Offrez-moi vos vies… »
Sous le charme des 53 Nosferatus de Triestella, les hommes de l’armée du baron Monnier ne pouvaient opposer aucune résistance. Après tout, ce n’était que des hommes.
Les soldats regardaient faiblement dans le vide avec des expressions béates.
Un par un, ils avaient été vidés de leur énergie et avaient perdu la vie comme des arbres flétris.
Dans un sens, on pouvait dire qu’ils avaient connu une fin agréable.
« … Comme je le pensais, ce n’est pas suffisant. L’énergie du Maître est plusieurs fois plus délicieuse et puissante que mille d’entre vous réunis. »
Triestella s’était léché les lèvres avec sa langue pourpre. Elle affichait un sourire envoûtant.
« Ce n’est pas ce qu’on nous a dit ! Le marquis de Strasbourg s’est joué de nous ! », cria Desaix à la vue de ses alliés qui étaient tous tombés moins de dix minutes après le début de la bataille.
« Non, vous avez provoqué cela en ne croyant pas aux rumeurs. »
« Il aurait fallu que j’aie quelque chose de grave dans la tête pour croire à ce genre de rumeurs ! ATTENDS, QUAND ÊTES-VOUS VENU ICI ?! »
Desaix se jeta en arrière, très secoué. Il pensait répondre à un de ses proches collaborateurs, mais en fait c’était Kurats lui-même.
Avant qu’il ne s’en rende compte, tous les gardes qui le protégeaient avaient été anéantis, et Frigga et Triestella approchaient. Les armées des deux flancs avaient déjà été anéanties.
« Sauvez-moi ! Je me rends ! Je ferai tout ce que vous voulez ! »
« Abandonnez, c’est tout. C’est fini. »
« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! »
Maintenant que la victoire avait été obtenue, il était logique que Kurats fasse savoir qu’il n’aurait aucune pitié pour les traîtres.
Dès le début, Kurats n’avait de toute façon jamais eu l’intention de gracier Desaix.
Les nobles rebelles avaient été écrasés par Bashtar avec une force d’un peu plus de 100 hommes.
La nouvelle de cette défaite fut transmise à Albert dès le lendemain.
***
Chapitre 110
« Quelle est la signification de ceci ? »
La voix de Skuld était effrayante.
Albert ne pouvait que se baisser la tête en tremblant.
Il avait commis une erreur impardonnable.
Non seulement il avait envoyé des troupes sans consulter personne, mais il les avait même envoyées à mi-parcours sur le chemin de l’ennemi, leur donnant ainsi toute la marge de manœuvre nécessaire pour promouvoir leur propre victoire.
Pour couronner le tout, tous les nobles qui avaient jadis accepté de se joindre à la rébellion étaient maintenant morts, ce qui signifiait qu’aucun autre noble n’allait se ranger du côté d’Asgard avant la mort confirmée du comte de Bashtar.
Ces 4 000 soldats n’étaient pas une grande perte, mais compte tenu de l’impact politique que cela impliquait, la seule chose qu’Albert avait accomplie était de donner un coup de main à l’ennemi.
Bien que Skuld Beversteum, celle qu’on appelait la princesse de la guerre, soit une fanatique de la guerre, cela ne signifiait pas qu’elle était ignorante en matière de politique.
Après tout, elle était la fille de l’archiduc de Beversteum, le frère cadet de l’empereur Heimdall, décédé prématurément.
« N-non, c’est… Desaix et les autres nobles ont eux-mêmes pris l’initiative, je n’ai rien à voir avec ça… »
« Si c’est le cas, pourquoi t’es-tu donné la peine de leur envoyer personnellement les cavaliers Alphonse ? Suggères-tu par hasard que tu es si incompétent que tes propres disciples t’ont ridiculisé ? »
Ce n’était pas censé se passer ainsi.
Albert venait maintenant de réaliser à quel point il était tombé bas par rapport à la place qu’il occupait autrefois au sommet.
Dans son esprit, il avait cru qu’il serait capable de monopoliser la plupart des bénéfices sur le succès de Desaix et des autres nobles. Il était prêt à accepter le mérite de cette idée.
Il pensait qu’il pourrait s’en sortir ainsi si Desaix échouait. Il était prêt à rejeter la faute sur les nobles, prétendant qu’ils avaient agi de leur propre chef.
Dans le passé, le roi de Jormungand était la seule personne qui avait le pouvoir de lancer des accusations sur Albert sur la base de vagues soupçons.
Et pourtant le roi se serait abstenu de le faire en considérant le fait qu’Albert était le mari de Felbell.
Cependant, la valeur d’Albert aux yeux de Skuld n’était pas différente de celle que Desaix et les autres nobles avaient aux yeux d’Albert.
Celui qui s’était fait accuser cette fois-ci n’était autre qu’Albert lui-même.
Il ne l’avait pas perçu à temps. Il avait été aveugle.
Si cela continue, je serai fini. Je dois faire quelque chose, n’importe quoi…
« À ce stade, je suppose que tu nous seras utile que pour préparer des fournitures. Peux-tu t’en charger ? Nous avons de gros mangeurs dans la deuxième armée. »
Comme la plupart des forteresses nobles, la forteresse de Strasbourg était exceptionnellement grande, mais elle ne pouvait toujours pas accueillir l’armée de Skuld, qui était passée de 5000 hommes à 40 000 hommes maintenant que la guerre avait véritablement commencé.
Lorsqu’elle avait pris la décision de faire appel à une armée aussi importante, Skuld ne s’attendait naturellement pas à ce que Jormungand n’envoie qu’une armée de cent hommes.
Il allait être extrêmement coûteux de préparer des logements, des provisions et des matériaux tels que des flèches pour tant de personnes.
Bien sûr, la fortune qu’Albert avait accumulée toute sa vie n’était pas assez maigre pour qu’elle s’épuise à elle seule. Il pouvait facilement couvrir ces dépenses.
Le problème était sa faiblesse face à l’adversité.
Il était parfaitement capable de comploter depuis les limites de la position supérieure qu’il occupait autrefois, sans risque et sans pression. En tant qu’homme politique, il n’était pas non plus mauvais lorsqu’il s’agissait de gérer les affaires intérieures.
Mais Skuld savait que lorsque des hommes comme lui étaient confrontés à une crise et mis dans une position vulnérable, ils agissaient de manière incroyablement stupide. Il valait mieux le garder sur la touche.
« Mais… Mon armée n’a subi que peu de dégâts jusqu’à présent. Donnez-moi une autre chance, juste une de plus… ! »
Tant qu’il pouvait remporter la victoire sur ce monstre… Si seulement ce monstre pouvait disparaître du monde…
C’était ça. Celui qui avait poussé Albert à vivre dans ces ténèbres infernal n’était autre que cet homme monstrueux, Kurats.
Albert devait prendre sa revanche sur lui, peu importe comment.
« Tu dis cela alors que même 4 000 soldats n’étaient pas à sa hauteur ? Toi, monsieur, il semble qu’il te reste environ 6 000 hommes et tu n’as aucun atout, sauf les cavaliers Alphonse. Comment comptes-tu vaincre le baron de Bashtar ? »
« Mais avec votre aide, Skuld, je pourrais peut-être… »
Avant qu’Albert ne puisse prononcer cette phrase à haute voix, il s’était arrêté et regarda le sol avec tristesse.
Certaines personnes étaient censées en servir d’autres, tandis que d’autres étaient censées être servies.
Cette logique avait toujours semblé naturelle à Albert jusqu’à présent.
Mais ce jour-là, le serviteur était Albert lui-même, tandis que Skuld était celle qui était servie.
Il n’était pas nécessaire qu’elle fasse des efforts pour aider le traître Albert à obtenir des succès.
« Prends du recul jusqu’à nouvel ordre. »
Albert n’avait rien pu répondre aux ordres de Skuld.
Cette nuit-là, quand il était venu vers Felbell, Albert puait l’alcool.
Felbell n’avait jamais vu son mari se noyer dans l’alcool auparavant.
Cependant, bien qu’elle fronça légèrement les sourcils à cette vue inhabituelle, elle l’avait tout de même accueilli avec un sourire.
« Veux-tu de l’eau ? Ou préfères-tu un thé à la rose ? »
« J’ai fait mon choix ! Du vin ! Je vais prendre du vin ! »
« J’ai peur qu’une consommation excessive d’alcool ne te gêne demain, mon cher. S’il te plaît, viens te reposer. »
« Oh, tais-toi ! »
Albert tenait les membres fins de Felbell dans une étreinte vigoureuse.
Albert contempla la beauté de Felbell et ses yeux bleus cobalt, vibrants et caractéristiques.
Il rapprocha son visage et sentit le parfum de bergamote s’échapper de son cou.
Depuis qu’elle était devenue une femme mariée, sa séduction envoûtante ne faisait que commencer à briller de plus en plus. C’était un charme qui ne pouvait être imité par Lunaria.
Tout en jouant avec sa peau douce qui semblait pouvoir fusionner avec sa main, Albert poussa Felbell vers le lit sur le champ.
Non seulement sa beauté était difficile à obtenir, mais sa valeur était également énorme sur le plan politique en raison de ses droits de naissance.
Albert enlaça sa langue avec la sienne, et dévora ses lèvres.
Sa respiration était rude, sentant l’alcool.
Cependant, alors que son corps s’y mettait de plus en plus, un coin de sa tête était glacé.
De toute façon, si je dois être détruit j’emporterai Felbell avec moi.
Compte tenu de toutes les mesures politiques prises jusqu’alors par Asgard, il était très clair que leur politique en matière de royauté des nations étrangères consistait à exécuter les garçons et à transformer les filles en jouets.
Albert ne s’était pas mis à dos Asgard, mais si Jormungand devait être détruit sans qu’il en retire aucun mérite, il était peu probable qu’il soit en sécurité, puisqu’il avait épousé l’une des héritières potentielles du trône.
Dans ce cas, je…
Il y avait un dicton : l’adversité émousse la conscience.
Maintenant qu’Albert était dans une situation difficile, les flammes de son ambition s’étaient éteintes.
Sa propre sécurité passait avant tout le reste.
S’il ne faisait rien, il allait être tué.
Et il ne voulait pas mourir.
Il était même prêt à mener une vie simple et nonchalante si l’alternative était la mort.
Mais Felbell se trouvait sur le chemin de cette vie. Elle était un obstacle.
« Felbell, m’aimes-tu ? »
En entendant son ton, plus froid que jamais, Felbell pouvait deviner que le cœur d’Albert avait quitté son côté.
Depuis qu’ils avaient été chassés de la capitale et ramenés à Strasbourg, elle craignait que ce moment n’arrive un jour.
Et ce moment était enfin arrivé.
« Bien sûr, bien sûr. C’est toi qui es dans mon cœur, mon chéri… »
Était-ce vraiment le cas ?
Bien qu’elle ait eu l’impression de l’aimer sincèrement au début, il semblerait qu’elle n’avait fait qu’envisager le rêve qu’elle souhaitait voir.
Cependant, même si tout cela était dû aux pensées déformées d’une jeune fille protégée, elle ne regrettait pas d’avoir épousé Albert.
La seule responsable de ses décisions était elle-même, et personne d’autre.
Ce principe découlait de son orgueil. Un orgueil qu’elle ne pouvait pas tacher, comme toute personne qui portait le nom royal de la famille Jormungand.
Même si Albert lui-même ne portait pas ce même orgueil.
« Alors, pour moi, serais-tu prête à aller voir l’empereur de Bashtar et… »
Ne laissant pas Albert finir sa ligne, Felbell fit une déclaration ferme.
« Si tu dois périr, alors nous périrons ensemble. Je suis prête à t’accompagner jusqu’au bout de l’enfer. Mais si tu me demandes de t’abandonner, je mourrai ici et maintenant ! »
« Qu’est-ce que tu dis tout d’un coup, Felbell !? »
Albert fut violemment surpris par le ton déterminé de sa femme obéissante.
Il croyait que mourir à ce stade signifierait tout simplement perdre tout, cela n’accomplirait rien.
Plus important encore, sa détermination à partager son destin, peu importe ce qu’il devait être, était complètement à sens unique.
Alors qu’Albert la regardait fixement comme si elle était une sorte d’épine sur son pied, Felbell lui fit part de la réalité de la situation, servi par une voix monotone.
« Mon cher, tu as convoité le statut de roi. Je crois que tu devrais être prêt pour les conséquences qui s’ensuivent. »
***
Chapitre 111
« … Cet imbécile est un vrai casse-pieds, mais en fin de compte, ce baron est tout ce à quoi mon moi impérial peut penser actuellement. »
Si cet homme avait été vaincu par une armée de seulement 4000 hommes, alors LE détour fait par Skuld pour venir à Strasbourg en ignorant les souhaits de Gunther n’en aurait pas valu la peine.
Lorsqu’elle entendit le rapport selon lequel Kurats avait facilement vaincu l’armée des nobles rebelles, Skuld laissa échapper un cri de joie dans son esprit.
Bien qu’elle ne fût pas heureuse des actions d’Albert, il avait tout de même réussi, sans le savoir, à confirmer sa conviction que le baron serait un ennemi convenable pour elle.
« Seigneur de Bashtar, seras-tu capable d’être à la hauteur des attentes de mon moi impérial ? »
Skuld se tourna vers la terrasse, sa vue se brouillant fébrilement comme si elle était une jeune fille amoureuse.
De nos jours, les gens l’appelaient la princesse folle de guerres.
Mais ce ne fut pas toujours le cas.
Avant la mort de son père, l’archiduc de Bewersteum, c’était en fait une fille gentille et convenable qui ne pouvait pas tuer une mouche.
Quant à savoir comment un tel changement s’était produit avec le temps, tout avait commencé lorsque son père avait élaboré un plan pour assassiner Heimdall.
Ses motivations se situaient quelque part entre l’ambition et sa suspicion à l’égard de Heimdall.
Mais en fin de compte, celui qui avait été tué était l’archiduc lui-même. Il avait été insidieusement empoisonné.
Skuld avait donc fini par devoir porter le poids de toute la famille Bewerstein à l’âge de douze ans.
Heimdall avait ensuite révélé toute la vérité sur l’affaire à la jeune fille.
De plus, il lui avait personnellement donné la permission de se venger de lui lorsqu’une occasion se présenterait.
Mais Skuld n’avait pas pu tuer Heimdall.
Elle en était bien consciente.
En tant que politiciens et guerriers, la différence entre eux était trop grande. Elle ne pouvait pas être comparée à lui.
Bien sûr, Heimdall le savait très bien quand il lui avait donné la permission de se retourner contre lui.
Comme elle ne pouvait pas le faire, elle devait trouver quelqu’un qui tuerait son oncle pour elle.
Quelqu’un qui pourrait enjamber son cadavre pour récupérer la tête de Heimdall.
Si un tel homme existait, Skuld n’hésiterait pas à mourir de son épée.
Si elle avait la chance de survivre après avoir perdu contre lui, cela ne la dérangerait même pas de devenir son esclave.
Afin de rencontrer un tel homme, un homme capable de gagner contre elle et contre le héros extraordinaire qu’était l’empereur Heimdall, Skuld s’était consacrée à ne chercher que des ennemis puissants.
Cependant, un homme comme l’épéiste diabolique Gunther ne ferait pas l’affaire.
Ce que Skuld recherchait chez cette personne hypothétique n’était pas seulement la force individuelle. Elle recherchait quelqu’un qui avait de l’ambition et le charisme de ceux qui étaient destinés à régner.
Il ne pouvait pas y avoir beaucoup de personnes de ce genre dans le monde.
Mais peut-être que Kurats répondrait à ces exigences.
Skuld avait l’intuition que c’était le cas.
« Aaaah, je ne peux pas attendre. Viens prendre tout mon pouvoir, viens prendre ma vie, seigneur de Bashtar… Ufufu… AHAHAHAHAHA ! »
La belle femme, qui avait certainement perdu contenance à ce moment-là, continuait à rire comme une folle avec un sourire pur.
◆ ◆ ◆
Il y avait une raison pour laquelle le royaume laissa Kurats charger l’ennemi de son propre chef avec son armée d’une centaine de personnes seulement.
Au nord du royaume, dans la ville de Kozun, à environ 150 kilomètres du territoire de Strasbourg, la première armée d’Asgard était apparue.
Bien sûr, ils étaient dirigés par l’épéiste diabolique, Gunther.
Cependant, le seul qui pouvait s’opposer à lui était l’épée du royaume, Rosberg, ne laissant personne d’autre pour s’occuper de Strasbourg.
Certaines voix dans le royaume avaient suggéré d’envoyer des renforts à Strasbourg, mais Kurats avait refusé.
Il pensait pouvoir se battre plus librement sans que des alliés superflus viennent s’ajouter au lot.
Après tout, la principale force de frappe de Bashtar dans cette bataille était composée de Nosferatus, et non d’humains.
« Cela fait un moment, Seigneur Rosberg. »
« J’attendais avec impatience le jour où je pourrais vous affronter à nouveau, Seigneur Gunther. »
Robserg et Gunther se regardaient tous les deux en s’approchant.
Mais quand leurs chevaux les avaient finalement amenés à mi-chemin de Kozun, ils s’étaient sentis heureux de se rencontrer.
Leur dernière rencontre remontait à une dizaine d’années.
Ce jour-là, Rosberg n’avait pas failli à sa réputation d’être inégalable dans le Royaume.
C’était aussi le jour où il avait acquis son titre d’épée du royaume.
Gunther, en revanche, n’était qu’un épéiste en devenir qui venait de se faire un nom à Asgard.
Ce jour-là, il avait accompagné l’empereur Heimdall lors d’une visite à Jormungand, tandis que Rosberg s’était occupé personnellement du roi en tant que chef de la garde royale.
C’était ainsi que se déroula leur première rencontre.
Revenons à ce jour.
Il suffisait d’un regard pour que Rosberg et Gunther se rendent compte de l’extraordinaire talent de l’autre.
Trouvant un intérêt dans la situation, Heimdall leur proposa de s’affronter.
Une bataille entre le chef de la garde royale et un simple chevalier.
Cette proposition aurait dû être inacceptable étant donné le statut respectif des deux combattants.
Cependant, puisque c’était l’empereur Heimdall qui en avait parlé, et surtout, puisque Gunther et Rosberg voulaient eux-mêmes se battre, la proposition avait été acceptée.
Le combat devait se dérouler dans un terrain d’entraînement circulaire appelé Colisée, un bâtiment qui faisait la fierté de Jormungand.
Ainsi, les participants s’étaient engagés dans un face-à-face destiné à être encore un sujet de discussion dans les deux pays jusqu’à aujourd’hui.
Contre la ruée des attaques de Rosberg, Gunther avait montré la puissance défensive d’une forteresse imprenable.
Malgré le titre trompeur et imposant de « d’épéiste diabolique » qui lui sera attribué plus tard, son véritable pouvoir était focalisé sur sa défense.
Le combat acharné leur avait permis à tous deux de montrer leurs techniques jusqu’à la limite.
Il s’agissait d’un affrontement vertigineux entre l’attaque et la défense, qui dura deux heures entières.
Le spectacle était si captivant que même les paumes de Heimdall et de Christopher étaient devenues moites à ce moment-là.
La fin du temps imparti poussa les deux combattants à reprendre leur souffle et à se préparer à porter le coup final en même temps.
Rosberg choisit de tenir son épée bien haut au-dessus de lui.
Gunther, en revanche, avait légèrement abaissé le haut de son corps, en tenant son épée en bas.
En un instant, il y eut deux éclairs simultanés. Une étincelle de lumière rapide.
Avant que le public ne puisse comprendre ce qui s’était passé, les deux concurrents avaient échangé leurs positions, et l’épée de Gunther avait été brisée en deux.
« On dirait que j’ai perdu. »
Gunther sourit en regardant son épée cassée, mais Rosberg secoua la tête.
« Non, j’ai tout mis dans ce coup, et vous avez quand même réussi à le bloquer. Je suis le perdant ici. »
Rosberg avait mis toute sa puissance dans ce coup.
Même si Rosberg avait réussi à briser son épée, Gunther s’était parfaitement protégé contre l’attaque.
Avec ses compétences de l’époque, Rosberg n’aurait pas pu percer la défense de Gunther et le blesser.
Quoi qu’en disent les autres, Rosberg avait le sentiment d’avoir complètement perdu ce jour-là.
« Je vais énoncer le résultat de ce combat ! Les deux parties se sont magnifiquement battues ! »
Heimdall leva la main droite et il déclara à haute voix, ne cachant pas son excitation.
À la suite de ses paroles, Gunther et Rosberg baissèrent poliment la tête et s’agenouillèrent.
C’était la dernière fois que Rosberg et Gunther s’étaient affrontés à l’épée.
Après cela, Gunther gagna le titre d’épéiste diabolique et devint le commandant de la plus puissante armée de l’empire Asgard.
Tout cela avait finalement conduit à la situation actuelle, à l’époque actuelle.
« Ne pensez pas que je vais être gentil avec vous cette fois. »
C’était une menace tacite. Rosberg disait qu’il utiliserait son épée magique, Gerlach.
« Je ne le ferai pas non plus. Préparez-vous à voir la quintessence de la technologie magique avancée de l’empire Asgard. »
En termes de nombres purs, Rosberg avait l’avantage. La première armée de Gunther comptait 40 000 soldats, tandis que celle de Rosberg était composée de membres de l’ordre des chevaliers et de la garde royale, soit 50 000 soldats.
Cependant, en ce qui concernait les forces spéciales, Gunther avait un net avantage, à commencer par les cavaliers magiques du Chaos.
Quant à savoir si l’ordre des mages du royaume dirigé par Mordred suffirait à compenser cette différence, ce n’était pas clair.
« Nous allons régler ce combat aujourd’hui. Pour de bon. »
« Vous ne pourrez pas compter sur la médiation de Sa Majesté cette fois-ci. »
Le combat d’il y a dix ans s’était certainement terminé par un match nul, mais Gunther avait quand même bloqué la plus puissante attaque de Rosberg. Si Gunther avait été capable d’utiliser deux épées, il aurait gagné.
C’était du moins ce qu’il insinuait.
« Humph, voici donc à quoi vous ressemblez réellement. »
« L’épéiste diabolique, prêt à tout pour gagner. C’est ma vraie nature. »
Les ennemis avaient tous deux montré un large sourire.
Malgré leur différence de caractère, ce n’était que des hommes qui se frayaient maladroitement un chemin dans la vie, les batailles étant leur seul véritable terrain d’action.
« Je vous verrai plus tard, sur le champ de bataille. »
« J’ai hâte d’y être. »
***
Chapitre 112
Revenons à Strasbourg.
« Est-ce que ça va vraiment bien se passer ? »
McClain fronça les sourcils et se gratta la tête en regardant la solide formation de la deuxième armée d’Asgard dirigée par Skuld.
Kurats était un monstre, McClain en était conscient.
La Walkyrie blanche et son griffon étaient aussi une aberration.
De plus, bien qu’il ne connaisse pas leur véritable nature, il savait que Triestella et ses soldates étaient aussi terriblement fortes.
Au début, il pensait qu’elles étaient là pour faire décoration, mais il en savait plus maintenant.
Au total, même avec 10 000 soldats sous ses ordres, il ne voudrait certainement pas combattre cette armée.
S’il était mis à cette place, il s’enfuirait sans poser de questions.
Cependant, une guerre de 40 000 guerriers contre 100, c’était autre chose.
« Il s’avère que j’étais juste une personne normale toutes ces années… »
« Non, non, non, non, il n’y a rien de normal chez toi. Si tu étais une personne de bon sens, je serais désolé pour nos camarades morts. »
Bacson, qui avait rejoint les Yeux du Hibou à ses débuts, secoua la tête d’un côté à l’autre en réponse à la diatribe inexcusablement irréfléchie de McClain.
Il estimait que le fait de dire que McClain était normal était un blasphème pour le bon sens.
Si McClain avait eu un tant soit peu de bons sens en lui, peut-être que les Yeux du Hibou serait-il encore actif en tant que grande famille de mercenaires à ce jour.
« Mais, je veux dire, regarde-le. »
Avec une expression boudeuse, McClain pointa le dos d’une grande silhouette qui se démarquait particulièrement.
« … Eh bien, on ne peut vraiment pas l’évaluer selon nos critères. »
Une grande armée qui couvrait la terre à perte de vue, avec 40 cavaliers magiques qui se tenaient majestueusement dans leurs rangs.
Cependant, ce qui ressortait le plus dans ce paysage était le géant divin en son centre.
Ce géant cramoisi était une version plus grande du Chaos.
Sur sa poitrine se trouvait le blason de la famille Bewerstein, un lion.
Il avait une forme plus mince et plus polie que les cavaliers réguliers du Chaos, lui donnant une grâce digne d’un membre de la famille impériale comme Skuld.
Le nom de ce béhémoth pieux était Adelheid, le cavalier magique personnel de Skuld Beweldshteim.
En un mot, c’était un chef-d’œuvre.
McClain n’avait pas l’impression de pouvoir vaincre ce géant, même avec une armée de 1 000 hommes.
« Laissons celui-ci au Seigneur. Les monstres doivent être combattus par des monstres… »
Bacson n’avait pas non plus l’impression que ce cavalier magique était quelque chose qui pouvait être vaincu.
Il pensait plutôt que s’ils n’avaient pas un monstre au moins le niveau de Kurats de leur côté, l’armée de Bashtar serait pratiquement condamné à être anéanti à ce stade.
« Ce champ de bataille, c’est trop, je n’entrerai plus jamais dans un champ de bataille comme celle-ci. »
« Ne m’en parle pas. »
Malgré leurs paroles, le fait que McClain et Bacson n’essayaient toujours pas de s’échapper témoignait de leur amour implacable pour la guerre.
« C’est plus grand que je ne le pensais. »
{Ils ont encore du chemin à parcourir. Cela étant dit, compte tenu du niveau de la technologie magique de ce monde, c’est un exploit considérable.}
Bernst, qui n’avait jamais fait de compliments, était impressionné.
L’artisanat derrière le cavalier magique Adelheid était apparemment splendide. Il n’aurait pas eu cette réaction autrement.
Kurats avait laissé échapper un rire ravi.
Comme un bambin recevant un gros jouet, il affichait un sourire pur. Pourtant, cette pureté était recouverte d’une couche de cruauté menaçante.
Cet ennemi était fort.
Une fois, à cause de sa propre négligence, Kurats avait subi un coup de Brigitte. De plus, il avait également été mis dans une situation difficile par le cavalier du Chaos de Cabernard.
Cependant, il n’avait reconnu aucun d’entre eux comme son ennemi.
Pour lui, ces situations lui demandaient seulement de prendre les choses un peu plus au sérieux, rien de plus.
Mais maintenant, pour la première fois, il sentait qu’il allait affronter quelqu’un qui méritait d’être son adversaire.
{Ne me fais pas l’embarras de reconnaître cette chose aussi triviale comme ton adversaire.}
Pour Bernst, une personne ayant le potentiel de Kurats ne devrait pas considérer qu’un élément du niveau d’Adélaïde lui correspondait.
C’était plutôt le genre d’ennemi qu’il devait écraser d’une main pour montrer la différence entre eux.
Peu importe à quel point les autres le considéraient comme anormal et monstrueux, Kurats avait encore du chemin à parcourir avant que sa force n’atteigne les critères de Bernst.
Je sais. J’aime bien ce genre d’adversaires.
C’était un vrai guerrier ayant un but clair et non dissimulé, suintant d’une intention meurtrière sérieuse qui atteignait la folie.
Le défi que Skuld proposait était un choc frontal entre la technologie et la force pure.
Kurats croyait en l’intention de cet ennemi. Plus que cela, il ressentait une confiance envers cet ennemi.
Parfois, deux adversaires pouvaient refléter le cœur de l’autre comme s’ils se regardaient dans un miroir.
C’était exactement ce que Kurats ressentait en ce moment.
« Frigga, prends les rênes. Je dois m’occuper de ça moi-même. »
« Compris. Je vais utiliser l’atout qu’on a ramené de Bashtar pour que personne ne s’en mêle. »
Comme si leurs esprits étaient liés par télépathie, l’excitation de Kurats était la même que celle de Skuld.
En regardant le grand corps de Kurats tout en haut de son cavalier Adelheid, Skuld s’était même trouvée à ressentir de l’affection pour lui.
« Aaaaah, si merveilleux. J’ai hâte qu’on s’entretue. »
Il était habillé légèrement pour se déplacer plus librement, comme pour dire que le port d’une armure de chevalier ne ferait que le gêner.
Certaines personnes le mépriseraient probablement pour cela.
Mais c’est faux. Ça ne pourrait pas être plus faux.
Kurats était habillé légèrement pour pouvoir se battre contre Skuld.
Après tout, ces muscles étaient une armure bien plus solide que l’acier.
C’est étonnant.
C’était la première fois que Skuld rencontrait un ennemi qui l’excitait autant.
« Votre Excellence, l’ennemi est à portée de nos sorts. »
« Ne vous retenez pas, allez-y à fond. C’est notre première et dernière chance. »
Cela n’aurait probablement aucun effet sur Kurats.
Mais cela n’avait pas d’importance.
Il ne serait pas si mal que le signal de départ de leur combat soit une démonstration éclatante de leur pouvoir magique.
Alors qu’elle y pensait, les commissures des lèvres cramoisies de Skuld s’étaient levées en un sourire.
« Tuons-nous les uns les autres. Aimons-nous les uns les autres. Dansons ensemble… Toi, qui vas changer mon destin. »
***
Chapitre 113
« J’y vais. »
Le corps gigantesque d’Adelheid glissa sur le sol sans un bruit.
Le système de propulsion fonctionnait uniquement en contractant et en dilatant les fibres magiques. Il ne faisait pas de bruit. Il n’émettait qu’une faible lumière magique bleue.
En suivant ses mouvements, vingt cavaliers Chaos protégeaient chaque aile de l’Adelheid de Skuld.
« … Que la fortune de la guerre soit avec vous. »
C’était ce que disait la personne qui prenait le commandement de la seconde armée au nom de Skuld, Burckhardt.
C’était un ancien vassal qui avait servi la famille Bewerstein depuis la génération précédente.
Il connaissait Skuld depuis sa naissance.
Peu de gens, à part elle, le surclassait en termes d’autorité dans le pays.
« Lancez l’appui-feu magique. Une fois qu’ils auront tiré tout ce qu’ils ont, infanterie, allez-y ! »
Suivant l’ordre qui leur avait été donné, les corps de mages dispersés rassemblèrent leur pouvoir.
« Synchronisation du pouvoir magique, OK ! »
« Aucune anomalie de convergence magique détectée ! »
« Cible acquise ! La marge d’erreur est de 2,5 degrés ! »
« La charge est critique ! »
« Brûlez-le en cendre ! FEU DE L’ENFER ! »
Pour ceux qui ne le savaient pas, cela ressemblerait peut-être aux ailes blanches et pures d’un ange.
Mais en réalité, il s’agissait de flammes infernales qui convergeaient et atteignaient une chaleur si élevée qu’elles se transformaient en plasma.
Ces flammes semblaient impuissantes, incapables de s’empêcher de brûler tout ce qu’elles touchaient, tout ce qui se trouvait sur leur chemin.
Burckhardt connaissait la puissance de ce nouveau sort tactique.
C’était le fruit des efforts du pays ayant la magie la plus avancée, l’Empire Asgard.
Ainsi, bien que Burckhardt se sente mal pour Skuld, il croyait que ce seul sort allait mettre fin à la bataille.
« ANTI-MAGIE ! »
{Pensez-vous pouvoir vaincre ce roi magique avec un sort aussi peu efficace ? ! Restez à votre place !}
En un instant, cette flamme si chaude qu’elle transformait le sol en verre avait complètement disparu.
« Impossible ! »
Cette impossible tournure des événements sema une grande agitation sur tout le champ de bataille.
Et bien qu’ils avaient entendu parler de l’anormalité de Kurats, ils ne s’en étaient finalement jamais vraiment rendu compte.
Il était clair que le sort avait été bloqué par une barrière anti-magique.
Mais l’annulation d’un sort tactique produit grâce au pouvoir de centaines de magiciens était un exploit que personne n’aurait pu imaginer.
Personne, sauf Skuld.
« N’est-ce pas ce que je vous avais dit? Cela n’allait rien faire de plus que de déclencher un feu d’artifice tape-à-l’œil. »
Skuld n’avait pas été ébranlée le moins du monde.
Avec un léger sourire, elle s’était dirigée vers Kurats.
Elle se précipita au point de laisser derrière elle les cavaliers Chaos qui étaient censés la suivre.
Très vite, elle s’était enfin présentée devant Kurats, en regardant vers lui.
« J’ai vraiment très envie de te voir, seigneur de Bashtar. »
« Alors c’est ma chance d’être né en tant qu’homme. Me pardonnerais-tu de te faire attendre si je répondais à tes attentes ? »
Debout devant l’énorme Adelheid, Kurats avait répondu avec un sourire audacieux.
« Ufufu... C’est bon. Je vais le laisser passer. Après tout, il y a un certain plaisir à attendre un homme convenable. »
Cette conversation était comme celle de deux amoureux qui se retrouvaient enfin après avoir été incapables de se voir pendant un certain temps.
Cependant, contrairement à leurs paroles, il y avait entre eux une barrière invisible d’intentions meurtrières, créant une pression massive qui avait fait jaillir des étincelles.
Cela étant dit, cette intention meurtrière était vraiment agréable.
Skuld affichait un sourire désinvolte, inadapté à une dame. Jamais auparavant dans sa vie elle n’avait été frappée par une intention de tuer aussi transparente et claire, qui ne naissait ni de la peur ni de la haine.
« Viens, dansons ! Jusqu’à ce que toi, ou moi, ou nous deux, ne puissions plus bouger. »
« Mince, sais-tu qu’il y a de plus belles façons d’inviter quelqu’un à danser ? Laisse-moi te l’apprendre ! »
Deux flashs s’étaient déplacés des deux côtés.
Leurs épées s’étaient heurtées en un cliquetis métallique clair et strident.
L’épée d’Adelheid et la Warcry, d’une longueur folle de cinq mètres, lancèrent des étincelles.
« Je me demande comment on peut faire balancer une épée aussi ridiculement grande. »
La voix de Skuld présentait un ton d’étonnement.
Une personne normale ne serait probablement même pas capable de soulever cette épée du sol.
Skuld avait décidé auparavant qu’elle ne serait pas surprise quoiqu’il arrive.
Mais en voyant cela de près, elle n’avait pas de mots pour exprimer à quel point c’était de la folie.
De plus, elle pouvait dire que son épée serait inférieure dans un simple combat de force brute avec Warcry.
Au moment où sa lame avait rencontré Warcry, elle avait vraiment senti qu’elle était repoussée.
C’était incroyable.
Qui aurait pu penser qu’un simple humain de chair et de sang pouvait surpasser Adelheid, qui était construite avec des fibres magiques hautement transmissives et possédait des composants intégrés qui atteignaient le sommet de la magie.
« Incroyable ! C’est incroyable, seigneur de Bashtar. Tu es bien l’homme que j’espérais voir aujourd’hui ! »
Toutes ces années, elle n’était qu’une poupée qui n’avait pas l’impression de pouvoir faire l’expérience de la vie.
Peut-être que cet homme pourrait lui apprendre le vrai sentiment d’être en vie.
Même si cela signifiait qu’elle mourrait en conséquence, ce serait mieux que la vie d’un mort vivant, une vie qui cherchait la mort.
Mais il y avait une autre chose dont elle devait s’assurer, c’était de savoir s’il serait capable de vaincre l’empereur suprême, Heimdall.
« Je suis honoré par tes louanges. »
« Ce n’est pas encore fini ! Après tout, ce n’est pas suffisant pour me convaincre. »
Les deux ennemis avaient ri joyeusement.
Leurs paroles avaient la douceur des amoureux lors d’un rendez-vous, alors que l’atmosphère poignardant qui les entourait indiquait encore tout le contraire.
À ce moment, les cavaliers Chaos avaient finalement rattrapé Skuld.
Skuld n’avait pas l’intention de déclarer quelque chose d’irréfléchi comme « Ne vous mêlez pas de notre combat. »
Elle allait écraser Kurats par tous les moyens nécessaires.
Sans de telles intentions, vaincre Heimdall ne serait qu’un rêve fou.
« Section Dreisen, section Macner, prenez la gauche et la droite. Peloton Crois, peloton Kemp, soutenez-les. »
« Entendu ! »
Les cavaliers Chaos encerclèrent Kurats à moitié avec une manœuvre fluide.
Bien sûr, en donnant ses instructions, Skuld avait continué à attaquer sans relâche.
En plus de sa puissance, Adelheid avait une vitesse de réaction élevée.
Face à ses splendides attaques qui équilibraient vitesse et puissance, même Kurats ne pouvait pas contre-attaquer avec insouciance.
« Héhé… J’aimerais que le vieux Rosberg puisse voir ça. »
Il devenait clair que Skuld n’était pas un prodige de l’épée comme Frigga.
Sa nature ressemblait plutôt à celle de Lunaria, ce qui signifiait qu’elle avait dépassé ses limites grâce à un entraînement rigoureux, comblant ainsi le fossé entre elle et les talentueux.
Kurats s’était alors demandé quel degré de résolution et de détermination il aurait fallu pour maîtriser les arts martiaux à ce point uniquement par l’entraînement.
« Désolé pour mon manque d’hospitalité, mais je vais devoir être un peu dur à partir de maintenant ! »
Kurats ne pensait naturellement pas que sa maîtrise de l’épée pouvait être à la hauteur de celle de Skuld.
Il avait déjà réalisé son manque de talent pour l’épée lorsqu’il avait dupé Rosberg.
Ses atouts les plus puissants étaient sa force anormale, la rapidité de ses réflexes et son pouvoir magique.
« Prends ça !! »
Kurats tenait son épée au-dessus de sa tête avant de la faire descendre pour attaquer, laissant assez de place à Skuld pour esquiver le coup avec agilité.
Esquiver un coup aussi ordinaire, qui n’incluait même pas la plus simple des feintes, était une chose que Skuld pouvait faire les yeux fermés.
Cependant, Skuld avait involontairement mal jugé l’ampleur de la puissance contenue dans cette attaque.
Bam !
Le sol s’était effondré dans un rayon de dix mètres autour des pieds ds Kurats.
Il avait utilisé la partie centrale de la lame au lieu des bords tranchants.
Les cavaliers Chaos qui essayaient d’attaquer les Kurats par la gauche et la droite avaient soudainement perdu l’équilibre et tombèrent.
C’était le résultat que Kurats recherchait.
Il avait rapidement mis Warcry sur le dos avant de saisir la jambe d’un cavalier Chaos tombé.
Puis, il l’avait balancé de toutes ses forces.
« … Hein ? »
Incapable de résister à la puissance du mouvement, le corps du cavalier Chaos avait été séparé de sa jambe.
Voyant cela, Kurats était passé à un autre cavalier Chaos et, de la même façon, avait saisi sa jambe et l’avait fait pivoter.
« Allons, ne pourriez-vous pas rendre ces choses moins fragiles ? »
« Y a quoi dans ta tête ! »
C’est ce qui avait probablement traversé l’esprit des conducteurs des cavaliers Chaos en réponse.
Cette fois-ci, Kurats avait mieux maîtrisé sa force.
En un clin d’œil, quatre des « cavaliers Chaos » avaient été transformés en ferraille.
Qui aurait pu imaginer que le corps du cavalier Chaos lui-même finirait par être utilisé comme une arme contondante ? Personne.
Face à cette scène absurde, les membres de la section Dreisen cessèrent de bouger sans même s’en rendre compte.
Voyant qu’ils ne s’approchaient pas, Kurats avait commencé à leur jeter les restes des cavaliers Chaos déjà brisés.
« Quooooiii !? »
Les jambes, la tête et la poitrine des cavaliers Chaos s’approchaient à une vitesse effrayante.
Et bien qu’il ne s’agisse que de parties isolées des cavaliers, les têtes seules pesaient presque une tonne.
La puissance des lancers les faisait se déplacer à des centaines de kilomètres à l’heure.
Le peloton Dreisen tomba instantanément dans la panique.
Leurs appareils n’étaient pas aussi concentrés sur la vitesse de réaction que l’Adelheid de Skuld.
« V-votre excellence !! »
Les débris touchèrent les membres du peloton Deisen les uns après les autres.
Même si Skuld essayait de les aider, les restes finissaient par être jetés sur elle aussi, ce qui la tenait trop occupée pour intervenir.
« Fuhahaha ! Qu’est-ce que c’est que ce truc !? »
Qui d’autre au monde pourrait se battre de cette façon ?
On ne pouvait tout simplement pas s’attendre à ce que cet homme puisse le faire.
Le monde était apparemment beaucoup plus vaste que Skuld ne le croyait, offrant des possibilités infinies.
Si c’était le cas, alors peut-être y avait-il d’autres réponses pour elle que de vivre pour mourir. C’était une pensée extrêmement agréable.
« Fantastique… C’est juste, fantastique. Seigneur de Bashtar, c’est à mon tour de te charmer ! »
À cet instant, un flash de lumière les avait tous les deux privés de leur vue.
***
Chapitre 114
« Avaaaaaaaaaaaaaaaancez ! »
Les seuls pas de l’armée de 40 000 hommes suffirent à faire trembler la terre.
À leur tête se trouvaient les unités qui faisaient la fierté d’Asgard, les cavaliers Chaos.
Les fantassins et les corps de mages qui les suivaient étaient également des élites bien entraînées.
Magnifique était le seul mot que Frigga avait trouvé pour les décrire.
La quatrième armée de Cabernard en Lapland avait également été très disciplinée, mais elle n’avait pas été aussi excentriquement bien entraînée.
Il était clair pour elle que son camp serait englouti en un rien de temps dans un combat direct.
« Ce n’est pas une plaisanterie. »
McClain était prêt pour la défaite.
Kurats semblait être occupé avec la princesse folle en ce moment.
Bien que McClain soit fou de guerres, il ne lui semblait pas réaliste de s’attendre à ce que Bashtar résiste contre cette énorme armée avant le retour de Kurats.
« Ne vous inquiétez pas ! Quand ma prochaine attaque sera terminée, sortez et frappez l’ennemi ! »
« Comme si on pouvait faire ça »
C’était ce que McClain voulait répondre à l’ordre de Frigga, mais il renonça à exprimer cette pensée à voix haute.
C’était parce qu’il avait vu la confiance sur son visage.
Plus important encore, il avait estimé qu’il valait mieux renoncer au bon sens à ce stade.
« C’est quoi le bon sens de toute façon ? »
« Je ne sais pas, mais ça n’a certainement rien à voir avec le commandant. »
Tout en grommelant avec Bacson, qui semblait partager la même opinion que lui, McClain attendit le prochain ordre de Frigga.
Frigga avait relié son armure blanche à un dispositif fait de Mithril, un minéral qui était abondant à Bashtar.
La signature de Frigga était d’envoyer des éclairs à travers son armure blanche et de les refléter avec des miroirs d’eau créés avec son épée magique, Murasame.
Malheureusement, ce mouvement n’était pas assez puissant pour obtenir des résultats contre une grande armée.
C’était pourquoi elle avait décidé d’amplifier son mouvement signature avec un dispositif magique, en créant une nouvelle méthode qui consistait à faire converger les éclairs au lieu de les réfléchir sur l’ennemi, ce qui provoquait une explosion critique.
« Engagez tout ! FOUDRE ÉCLATE ! »
Contre le nouveau sort utilisé par la première force punitive de Jormungand quelques jours auparavant, les cavaliers Chaos n’avaient subi que des dommages mineurs.
Mais maintenant, en un seul mouvement de Frigga, leurs barrières défensives avaient été instantanément percées.
Les cavaliers Chaos, incapables de supporter directement la puissance de l’attaque, avaient commencé à dégager de la fumée et ils avaient été mis hors d’état de nuire.
Sans cet équipement spécial, les conducteurs auraient été réduits au même sort que les autres fantassins.
« C’est mauvais, reculez ! »
Burckhardt s’était rendu compte, à juste titre, que quelque chose n’allait pas dans l’attaque de Frigga.
Sa puissance de feu le plaçait clairement dans un royaume qui n’était pas encore atteint.
L’efficacité de la transmission et la puissance de l’appareil la distinguaient clairement des appareils magiques de ce continent
C’était tout à fait naturel, car le dispositif utilisé par Frigga n’était pas un fruit de ce monde.
Le dispositif avait été créé par Kurats, sur des instructions de Bernst, en utilisant le Mithril de la mine de Bolivia.
L’efficacité de la transmission et la puissance de l’appareil le distinguaient clairement des autres appareils magiques du continent.
C’était l’une des raisons pour lesquelles Frigga était si confiante depuis le début.
« Ne laissez pas passer cette occasion ! Avaaaaaaaaaaaancez ! »
« Merde ! L’effrayante princesse veut qu’on y aille. »
« N’y pense pas trop. Penses-y de cette façon, si tu ne bouges pas, tu seras laissé derrière par les autres. »
Ignorant les sentiments troublants auxquels ils étaient confrontés, McClain et les mercenaires s’étaient précipités tous ensemble.
Leurs longues années d’expérience leur avaient dit que c’était un moment décisif.
« Soldats ! Ne faiblissez pas ! Ne ternissez pas le nom de son excellence Skuld ! »
Malgré la férocité de la voix de Burckhardt, la réaction des soldats fut plus lente que prévu.
S’il avait peut-être eu l’influence nécessaire pour ramener les soldats à la raison, il n’avait malheureusement pas eu leur confiance inconditionnelle comme Skuld l’avait fait.
C’était aussi la première fois qu’ils subissaient de telles pertes depuis le jour où Skuld avait commencé à diriger la deuxième armée.
Le nombre de soldats perdus après le sort de Frigga, qui était essentiellement un sort tactique, s’élevait à environ 10 000.
De plus, 70 % de la force des cavaliers Chaos avait été endommagée et rendue impuissante. C’était un coup particulièrement énorme, étant donné qu’ils constituaient le cœur de la seconde armée.
Avec de telles pertes, même si la seconde armée pouvait encore gagner, il n’en tirerait aucune fierté.
Frigga avait prédit avec précision que le moral de l’ennemi allait basculer dans la passivité afin d’éviter de subir d’autres dommages.
Avant que toute cette agitation ne s’estompe, Frigga se précipita au beau milieu de la deuxième armée, sur le dos de son griffon Shellac.
« Meryl, Berta, Crushiandra, vous savez ce que vous avez à faire ? »
« Bien sûr. »
« C’est un jeu d’enfant ! »
« Comme prévu de la maîtresse Frigga… C’était tellement superbe, je… Aïe ! »
Sans oublier de frapper Crushiandra, qui regardait Frigga avec fébrilité, Triestella rit de façon envoûtante.
« Il n’y a pas de meilleure proie pour nous que des hommes confus qui cherchent de l’aide. »
En effet, c’était précisément parce qu’elle était consciente de cela que Frigga avait osé sauter dans les lignes ennemies.
Vu qu’elle jouait parfaitement son rôle, les Nosferatus devraient jouer le leur également.
« Venez. Laissez-moi vous présenter l’art de la séduction des Nosferatus. »
« Que diable se passe-t-il aujourd’hui !? »
Alors que son armée se faisait étriper par une force de 100 hommes, Burckhardt se sentait déconcerté.
Il savait que Frigga était forte, mais il ne s’attendait pas à ce que le reste de l’armée soit aussi puissante.
En ce qui concernait la mobilité, personne n’était capable de suivre Frigga qui chevauchait son griffon.
Elle était la seule à se battre depuis le ciel, ce qui obligeait la seconde armée de l’empire à être constamment sur la défensive. Ses méthodes étaient trop inhabituelles.
Et profitant de l’occasion que leur offrait Frigga, les mercenaires des Yeux du Hibou, menés par McClain, se frayaient un chemin à toute allure.
Les mercenaires étaient peu nombreux, mais chacun d’entre eux était hautement qualifié.
Avec McClain à leur tête, la deuxième armée, encore dans le chaos, allait avoir du mal à les piéger.
« Visez ce Griffon ! Tenez les autres à distance et réorganisez les troupes ! »
La véritable difficulté de cette situation était que les ennemis se faufilaient à travers les troupes bien trop nombreuses de la seconde armée.
Dans ce cas, il fallait prendre de la distance par rapport à eux et reconstruire la chaîne de commandement.
Sinon, les effectifs importants de la deuxième armée ne feraient que devenir un fardeau.
« Ne les laissez pas se rendre vers le corps des mages ! S’il le faut, le tir ami est autorisé ! »
L’armée de Bashtar n’était pas la seule à pouvoir utiliser des sorts tactiques à grande échelle.
Une seule démonstration de magie avancée suffirait probablement pour faire face à une si petite armée d’un seul coup.
Burckhardt était conscient que, dans le pire des cas, tous ses alliés mouraient avec l’armée ennemie sous l’effet d’un tel sort.
Mais il n’était plus temps de considérer ces risques.
De la façon dont les choses se passaient, les 40 000 soldats de la seconde armée allaient perdre face à une force de 100 hommes.
Une telle honte devenant une possibilité réaliste, Burckhardt ne pouvait pas se permettre d’être pointilleux sur ses méthodes.
« … Vous voyez ? Écoutez ce qu’il dit maintenant. N’est-il pas terrible ? », chuchota Triestella près de l’oreille d’un guerrier de haut rang de l’empire tout en pressant ses mains sur ses épaules et sa grosse poitrine sur son dos.
« Terrible, Burckhardt, terrible. »
La lumière de la raison manquait dans les yeux de l’homme.
Avec un regard vide, il répétait sans cesse les mêmes mots cassés.
« Bon enfant, ne devrions-nous pas punir cet homme terrible ? »
Ce que Burckhardt ne pouvait pas savoir, c’était que son atout, le corps des mages, était actuellement détruit par les Nosferatus dans le chaos de la seconde armée.
***
Chapitre 115
Les cavaliers Chaos qui escortaient Skuld avaient été rapidement anéantis.
Cela ne signifiait pas qu’ils étaient faibles. C’était juste que leur capacité d’adaptation était un peu trop faible pour qu’ils puissent s’occuper de Kurats.
S’ils disposaient d’informations parfaitement précises sur la force surhumaine et écrasante de Kurats, peut-être auraient-ils été capables de s’en sortir.
Et bien qu’ils soient également très puissants, c’était en partie pour cette raison qu’ils étaient tous tombés comme de grands arbres brisés par un vent violent.
« J’espère que l’attente n’a pas été trop longue. Il est temps que notre valse commence. »
Skuld répondit aux mots dédaigneusement arrogants de Kurats par un doux sourire.
« Je te prends au mot. Mais as-tu confiance en tes talents de danseur ? »
« J’ai décidé de me faire accompagner par mon premier partenaire de valse. J’en suis honoré. Mais je suis désolé de dire que, même si c’est moi qui t’ai invitée, je ne suis pas un bon danseur. »
« Cela n’a pas d’importance. Après tout, tu es l’homme que j’ai choisi. »
Prenant ces derniers mots comme leur signal, ils avaient tous les deux simultanément balancé leur épée tout en se souriant l’un l’autre.
CLINK!
Des bruits de métal s’entrechoquèrent et s’assemblèrent pour donner naissance à un son fort et secouant.
C’était la preuve qu’en un seul instant, les deux épées s’étaient rencontrées non pas une, ni deux, mais des dizaines de fois.
« Agh ! C’était moins une ! »
Il y avait de fines coupures sur la joue de Kurats et sur le haut de son épaule.
Les attaques de Skuld étaient si rapides qu’elles donnaient l’impression qu’elle avait joué jusqu’à présent.
Il n’était pas surprenant que Kurats, dont les compétences au sabre étaient manifestement inférieures, n’eût pas pu la maîtriser.
« Oh, mon Dieu, mes talents de sabreuse sont-ils affaiblis ? Dois-je aller un peu plus vite ? »
La vitesse de l’épée de Skuld augmenta encore plus.
Kurats était à peine capable de suivre, mais cela dépassait déjà les limites de ce que la vision d’un être humain normal pouvait percevoir.
« Yah! Oh ! Ah ! »
Les exclamations de Kurats semblaient plus comiques que sérieuses, mais il se défendait à peine contre ces attaques.
Une seule erreur lui coûterait la vie.
« C’est un peu vexant. »
« Non, crois-moi, j’en ai plus qu’assez en ce moment ! »
Kurats n’avait pu esquiver que par réflexes, et cela n’avait été possible que grâce à ses muscles lui permettant des réactions surhumaines.
Cependant, en ce qui concernait les seules compétences au sabre, il avait déjà complètement perdu.
« Tu peux encore te permettre d’être aussi calme, je ne peux donc pas me permettre de me retenir. Perce-le, Gungnir. »
« Oh zut ! TÉLÉPORTATION ! »
Avant que la lance divine tirée de l’abdomen d’Adélaïde ne puisse le transpercer, Kurats s’empressa de réciter l’incantation de son sort de téléportation.
Cependant, cela n’avait pas empêché la sueur froide de couler de son front.
Maintenant que Skuld essayait vraiment de le tuer, il était vraiment en danger.
Pendant ce temps, Skuld n’était pas assez liée pour avoir besoin de se soucier d’autre chose que de la manière de gagner. C’était très irritant pour Kurats.
« Tu es une femme absurde. »
« Oh ? Ne penses-tu pas être la seule personne absurde ici ? »
En disant cela, Skuld sortit une seconde épée.
Elle tenait une épée dans chaque main avec une position magistrale.
Cela semblait être son véritable style de combat.
« Donc tu es une double manieuse. »
« C’est un exploit que je ne peux réaliser qu’en chevauchant Adélaïde. »
Indépendamment de ses talents de sabreuse, Skuld était une femme normale et humaine. Elle n’aurait jamais pu rivaliser avec Kurats en matière de force physique.
Cependant, grâce à Adélaïde, elle avait pu non seulement compenser cette différence, mais elle avait même pu concrétiser le double maniement qu’elle ne pouvait habituellement imaginer que dans sa tête.
Et ce n’était pas tout.
« ÉPÉE FRACTALE. »
Les bras d’Adélaïde s’étaient fendus en deux à partir de l’articulation du coude. Il y avait une épée au bout de chaque coude.
{Cela va vraiment devenir pénible…}
(Tu n’es pas obligé de me le dire ! )
Skuld était déjà devenue beaucoup plus menaçante avec sa double épée, mais avec la fente du bras d’Adélaïde, c’était comme si elle maniait deux épées dans chaque bras.
Chacun de ses coups d’épée était suivi par un coup de l’autre lame.
En d’autres termes, c’était un style à quatre épées.
Ce qui rendait ce style encore plus vicieux était le fait qu’il y avait une très petite différence entre le moment et les angles des coups d’épée normaux et les coups de coude qui suivaient.
Bien qu’il soit frustrant pour Kurats de l’admettre, il savait que Skuld allait percer sa défense et être fendue en deux à ce rythme.
« Je n’arrive plus à suivre. »
Avec les compétences actuelles de Kurats en matière d’épée, l’épée magique Warcry était un gâchis pour lui.
C’est pourquoi il avait une fois de plus mis Warcry sur son dos et avait serré les poings avec un sourire audacieux.
{C’est de toute façon toujours de cette manière que cela se termine…}
(Et pourquoi pas?)
« Tu as l’intention de contrer mes épées à main nues ? »
Skuld ne prenait pas à la légère la force surhumaine de Kurats, mais il était raisonnable de penser qu’il serait coupé en deux s’il faisait face à ses lames à mains nues.
Même si c’était Kurats, qui avait longtemps laissé le bon sens au rebut, Skuld doutait qu’il puisse survivre.
Mais ces doutes avaient été immédiatement dissipés.
Kurats avait fait un pas en avant, suivi de ce qui semblait être un coup de poing en l’air.
Skuld ressentit alors un grand impact, comme si Adélaïde avait été frappée par un poing invisible.
« Quoi ? »
Ce n’était pas suffisant pour percer la défense d’Adélaïde.
Cependant, Skuld continuait à ressentir un impact après l’autre, comme si elle était sous une vague d’attaques.
« Serait-ce… des ondes de choc ? »
Tranchant l’air devant elle, Skuld élimina les ondes de choc qui la frappaient.
« Bon sang. En quoi tes mains nues sont-elles plus brutales que ton épée ? Tu es vraiment un homme insensé. »
« Je suis profondément honoré par tes compliments. »
« Je ne te complimentais pas. »
Skuld montra un sourire impuissant et ironique.
Combien de coups le bon sens avait-il pris ce jour-là ?
Elle ne pensait pas que le monde avait autant de plaisir à offrir. Ce fut sans aucun doute le plus beau jour de sa vie.
Elle souhaitait que cette belle danse se poursuive éternellement.
Cependant, la réalité était que c’était une danse mortelle qui ne pouvait se terminer que si l’un d’entre eux mourait.
Et elle voulait gagner.
Chercher un homme plus fort qu’elle aurait dû être son objectif. Un homme capable de vaincre ce monstrueux Heimdall, qu’elle ne pourrait jamais surpasser.
Cependant, à ce moment précis, tout ce qu’elle voulait, c’était faire tomber l’homme qui se trouvait devant elle. Elle voulait vaincre les Kurats.
Je n’ai jamais pu trouver aucune valeur à la vie auparavant. Jamais je n’aurais imaginé que je ressentirais un jour cela.
Juste avant que la tempête d’attaques d’Adélaïde ne s’abatte, Skuld avait pris un raccourci et s’était rapprochée des Kurats.
Les quatre lames s’étaient dirigées vers Kurats par le haut et par le bas.
Kurats n’avait pu esquiver l’attaque qu’en frappant vers l’avant à un angle parfait et en changeant sa propre trajectoire.
Même avec la puissance de Kurats, faire face à ces attaques simultanées était une entreprise herculéenne. De plus, il ne lui restait aucune marge de manœuvre pour détruire les armes de Skuld.
Des sueurs froides coulaient encore du front de Kurats.
Sa peur de la mort lui serrait l’estomac, mais cette peur s’empilait sous tout le plaisir qu’il prenait tout au long du combat, le rendant incapable de s’empêcher de rire.
Skuld ne pouvait pas non plus cacher son excitation, car ils s’accrochaient à peine tous les deux à leur vie.
Sa vie de poupée qui ne vivait que pour chercher la mort sans jouir une seule seconde de sa vie semblait maintenant une illusion absurde.
Elle voulait goûter à cette excitation aussi longtemps que possible.
Et ainsi, le choc invisible des épées et des poings continua.
Cependant, peu à peu, Skuld commença à perdre l’équilibre. Elle était de plus en plus désavantagée.
Bien qu’ils continuèrent tous deux à attaquer et à se défendre en évitant toute blessure mortelle, il était impossible pour le corps massif du cavalier magique Adélaïde d’éviter chacune des attaques de Kurats.
L’armure du cavalier magique avait fini par recevoir de multiples coups. C’était inévitable.
Ces attaques que Skuld ne pouvait pas esquiver n’étaient pas très fortes, mais même un oiseau pouvait faire tomber une montagne avec suffisamment de coups de bec.
Skuld sentit son cavalier magique Adélaïde hurler à cause des dégâts accumulés.
« Déjà ? Nous arrivions justes au meilleur moment ! »
Skuld tira une autre lance pour prendre de la distance.
C’était la dernière lance qui restait au cavalier Adélaïde. À partir de ce moment, Skuld ne pouvait plus compter que sur ses épées.
Skuld pensait que la suite serait simple.
Soit ses compétences en matière d’épée feraient l’affaire et lui apporteraient la victoire, soit elles ne suffiraient pas, auquel cas, elle perdrait.
« Nous n’avons pas encore fini. »
« Bien sûr, je vais te tenir compagnie encore un peu, chère princesse. »
« Si je suis une chère princesse pour toi, cela fait de toi mon chevalier en armure brillante. Embrasseras-tu la princesse pour le grand final ? »
***
Chapitre 116
« Si je suis une princesse chère à tes yeux, cela fait de toi mon chevalier en armure étincelante. Embrasseras-tu la princesse dans le grand final ? »
Kurats ne pouvait pas s’empêcher de jeter un coup d’œil aux fines lèvres roses de Skuld, qui jetaient aussi un coup d’œil à travers le cockpit du cavalier Adelaide.
Contrairement à Frigga et Lunaria, Skuld avait un attrait séduisant dans lequel la force et l’éphémère coexistaient.
Kurats n’avait été distrait qu’un instant, mais Skuld ne manquerait jamais cette occasion.
En une seconde, elle combla la distance qui les séparait, s’approchant encore plus près qu’elle ne l’avait été au départ.
« Wôw, veux-tu vraiment que le combat soit si proche ? »
Raccourcir autant la distance allait être un désavantage pour le cavalier Adelaide car il ne pouvait pas faire de manœuvres dans si peu d’espace.
De plus, cette distance compenserait la portée plus courte de Kurats et faciliterait la frappe de ses coups de poing.
Mais Kurats découvrit vite que c’était une perception trop optimiste de la situation.
Après qu’elle ait replié les articulations du coude de l’Adelaide à la normale, la vitesse des attaques de Skuld augmenta encore, ils continuaient à venir de la gauche et de la droite.
De plus, elle ajoutait maintenant des coups de pied et des attaques du coude au mélange.
Les orteils de l’Adelaide étaient tranchants et triangulaires, ce qui les rendait semblables à des lames.
L’habileté de Skuld à pratiquer les arts martiaux énerva sérieusement Kurats.
Il n’aurait jamais pensé qu’il serait poussé si loin dans ses retranchements par les prouesses d’un combat sans armes de quelqu’un d’autre.
Sans s’en rendre compte, il avait développé une certaine fierté dans le fait que personne ne pouvait l’égaler en matière de combat au corps à corps.
{Ce pourrait être terminé très bientôt si tu utilises la magie.}
Impossible, je ne me reposerai pas tant que je n’aurai pas frappé cette princesse moi-même !
« Qu’est-ce qui se passe ? Ne vas-tu pas contre-attaquer ? »
Skuld fit comprendre par son ton qu’elle se sentait comme le membre dominant dans ce combat, ce qui fit gémir Kurats.
« Comment ose-t-elle regarder mes muscles de haut ? »
La confiance de Skuld n’était pas sans fondement, ses attaques étaient en effet spectaculaires.
Qu’il s’agisse du timing, des angles, de la puissance ou de la coordination parfaitement calculée de ses attaques, chaque aspect méritait d’être mis dans un manuel.
Cependant, Skuld n’oublia pas que Kurats était un adversaire anormal.
Elle se demandait ce qu’il allait faire maintenant, attendant son prochain mouvement avec des yeux impatients.
Elle se sentait en conflit. Elle voulait à la fois gagner et voir Kurats dépasser ses attentes.
« Une ouverture ! »
Voyant Kurats s’arrêter de bouger de façon anormale, Skuld l’attaqua par réflexe.
La vitesse excessive de son combo lui permit de ne pas avoir le loisir d’hésiter et de se demander si ce n’était pas un piège.
Ses épées venant des deux côtés étaient maintenant trop proches pour que Kurats puisse s’échapper.
De face, de gauche, de droite ou de derrière, peu importe où il s’enfuyait, il prendrait un coup direct de l’une des épées.
J’ai gagné.
Cette conviction de Skuld n’était que le germe de sa déception à venir.
« Humph ! »
Kurats avait tendu ses muscles détendus de façon massive. Puis, il frappa le sol, créant une vibration qui se propagea dans tout son corps et repoussa les épées qui arrivaient.
Sur l’impulsion de ce mouvement, il sauta vers le torse de l’Adelaide dans un mouvement fluide et relâcha toute la puissance de son poing en une seule fois.
« Ugh! »
Cette contre-attaque prit Skuld complètement au dépourvu.
Au moment où elle commença à penser qu’elle avait gagné, l’idée de se défendre lui avait complètement échappé.
Malgré cela, elle avait immédiatement baissé les coudes pour bloquer le coup de poing du mieux qu’elle pouvait.
Elle n’avait probablement pu y parvenir que grâce à l’entraînement qu’elle avait profondément ancré dans chaque centimètre de son corps.
Kurats avait été véritablement impressionné par sa vitesse de réaction.
« C’était incroyable, mais c’est fini. »
Snap!
Le bras droit de l’Adelheid se cassa et fut envoyé en l’air. Mais le poing de Kurats ne s’était pas arrêté et ne s’était pas affaibli. Il continua son chemin vers le flanc de l’Adelaide, tout droit à travers ses fibres magiques.
Cela détruisit tous les moyens de combat de l’Adelaide.
La perte de son bras droit avait été assez grave, mais ce qui avait été vraiment fatal, c’était la perte des fibres magiques qui reliaient son torse et le bas de son corps.
Est-ce déjà terminé ?
C’était tellement amusant.
C’était la première fois de ma vie que je voulais vraiment gagner.
Et ça va se terminer à cause d’un seul moment d’inattention ?
Non, ce n’est pas fini.
Je ne laisserai absolument pas cela être la fin.
Après tout, je peux encore me battre.
Avec mon propre corps, je peux encore me battre !
Pour la première fois de sa vie, Skuld se sentait vraiment en vie. Elle ne voulait pas renoncer à ce sentiment.
Bam !
Elle sauta du cockpit de l’Adélaide, tenant calmement son épée.
« C’est l’heure de notre dernière valse. »
◆ ◆ ◆
« Ugh! Nous continuons à les couper en morceaux, mais il n’y a pas de fin à cela ! »
« On ne peut pas faire grand-chose, ils sont 40 000 et nous sommes 50… »
Les mercenaires avaient abattu au moins 1000 ennemis, mais ce n’était qu’une petite partie de la deuxième armée d’Asgard.
C’était un exploit suffisant, mais cela ne changeait rien au fait qu’il y avait toujours un fossé infranchissable entre la puissance des deux forces armées.
Pour aggraver les choses, Mc Clain et les autres atteignaient leurs limites physiques.
Vaincre des ennemis dont le nombre était déjà des dizaines de fois supérieures était déjà étonnant, mais ce qui l’était encore plus, c’était que les mercenaires avaient encore en eux la capacité de se battre.
« Je suppose que c’est une belle étape pour la chute de l’Œil du Hibou… »
« Je ne sais plus le nombre de fois ou nous avons cru être au bout du rouleau au fil des ans, mais cela n’a jamais aussi vrai auparavant. »
Après que la deuxième armée ait réorganisé ses troupes, elle envoya de nouvelles troupes vers les mercenaires afin de tirer parti de leur avantage en nombre.
Ce groupe allait apparemment être le tout dernier adversaire de l’Œil du Hibou.
Alors que cette pensée traversait l’esprit de Mc Clain, le groupe de soldats fut soudainement effacé par un grand rayon de chaleur tiré de l’arrière.
« Quoi ? Qu’est-ce que vous faites ? ! L’ennemi est par là ! »
Burckhardt était furieux.
Il n’avait jamais vu un tel tir ami lors des exercices de l’armée.
Sans compter que c’était impensable venant de la seconde armée, une partie de l’élite de l’empire.
Mais ce n’était pas la fin de ce cauchemar.
Une deuxième attaque magique, puis une troisième suivirent.
À ce moment-là, Burckhardt avait été forcé d’accepter que ce tir ne fût pas accidentel. Il s’agissait d’attaques intentionnelles.
« Est-ce de la trahison ? Mais, pourquoi ? »
« Tu n’as pas besoin de comprendre, idiot. »
Triestella remarqua de loin la perplexité de Burckhardt avec un sourire satisfait.
La deuxième armée venait d’être trahie par les alliés les plus dignes de confiance.
Les soupçons de trahison sur ce groupe avaient naturellement provoqué une vague de chaos au sein de la chaîne de commandement.
Si l’élite des troupes de mages avait changé de camp, on ne pouvait que se demander qui trahirait ensuite la seconde armée.
« Bons enfants ! Continuez à tirer jusqu’à ce qu’il ne vous reste plus de pouvoir magique ! »
« Oui ! Je le ferai. Donne. Tous ! »
« Donne. Tout ! Donne. Tout ! »
« Donne. Tout ! Donne. Tout ! »
« J’aime votre obéissance, mais elle me donne la chair de poule… »
Burckhardt remarqua finalement la femme mal habillée qui ne cessait d’apparaître et de disparaître derrière les troupes de mages.
« Non… Ce n’est pas possible ! Est-ce qu’elle leur lave le cerveau ? »
Ce sort de lavage de cerveau était quelque chose que même l’empire Asgard, l’empire ayant la magie la plus avancée, ne connaissait pas.
Même parmi les monstres de ce monde, seules la race des vampires et celle des Nosferatu avaient cette capacité.
C’était pourquoi on considérait qu’il était impossible de la copier.
Jormunganged avait-il réussi à recréer un sort aussi avancé ? !
« Merde ! Trouvez celui qui leur fait un lavage de cerveau ! Si le lanceur meurt, le lavage de cerveau s’effacera ! »
« Désolé, vous pensiez que je vous laisserais faire comme vous le souhaitez ? »
Percevant l’intention de tuer à l’arrière de son cou, Burckhardt sauta en arrière par réflexe.
Juste au moment où il pouvait remarquer l’énorme griffon blanc qui passait devant lui à une vitesse effarante, la murasame de Frigga passa juste devant son cavalier du Chaos.
S’il avait sauté en arrière un peu plus lentement, son cavalier du Chaos aurait déjà été décapité à ce moment-là.
« La Walkyrie Blanche comme Neige, hein. »
Le griffon s’élançant dans le ciel changea de cap.
Il était honteux pour Burckhardt, en tant que guerrier, d’admettre qu’il n’avait pas fait attention au ciel au-dessus de lui avant maintenant, à cause du chaos qui l’entourait.
Cette vitesse, cet air intimidant comme une incarnation de la mort, cette puissante intention de tuer qui ressemblait à une arme acérée.
Frigga ressemblait en effet à une véritable valkyrie volante.
L’insouciance n’était pas une option ici.
« Je vois, c’est une affaire simple en fait. En bref, si je gagne, leur camp perd, et si je perds, leur camp gagne. »
La défaite de Burckhardt signifierait la défaite de la seconde armée. Sans sa présence ni celle de Skuld, l’armée deviendrait incontrôlable et s’effondrerait.
Le problème était que, à cause du tir allié des troupes de mages, il n’y avait temporairement personne pour protéger Burckhardt.
Bien qu’il avait tout intérêt à gagner du temps, il était très peu probable qu’un guerrier habile comme Frigga se lance dans un combat prolongé.
Je crains qu’elle n’ait l’intention de régler ce problème lors de sa prochaine attaque.
Burckhardt, qui était au milieu de la quarantaine, se sentit empli d’un sang chaud et d’une passion qu’il avait depuis longtemps oubliée.
Burckhardt n’était pas un commandant né. Il était autrefois un guerrier qui traversait les champs de bataille en courant et qui, un jour, avait soudainement gravi les échelons.
En vieillissant, il avait appris à se servir des gens, à gérer une armée. Mais, jusqu’à ce jour, il était toujours un guerrier dans l’âme.
« Je vais te ramener sur terre, sorcière. »
Une légende ancienne parlait de Valkyries, des jeunes filles de guerre qui emmenaient les âmes des guerriers au-delà du crépuscule.
Mais cette femme n’était pas une Valkyrie. C’était un ange déchu qui était tombé des cieux sur la terre.
Burckhardt fit le vœu ferme de lui apprendre cela.
***
Chapitre 117
Après avoir quitté son cavalier Adelaide pour affronter Kurats avec son propre corps, Skuld s’était sentie à la fois effrayée et excitée.
Bien sûr, elle était encore équipée de puissants artefacts de niveau secrets nationaux. Mais cela ne rendait pas l’affrontement avec Kurats moins terrifiant.
Et pourtant, elle était là, se sentant ravie de l’avoir affronté.
Elle ne savait pas qu’un tel sentiment existait.
En ce sens, elle était reconnaissante envers Kurats.
{...... Hey, tu réalises ce qui se passe, n’est-ce pas ?}
(Merde ! Je déteste l’admettre, mais je le fais !)
Bien qu’elle n’ait plus la puissante défense et attaque de son cavalier Adelaide, Skuld faisait en fait pression sur Kurats.
Ses coups n’étaient pas aussi rapides qu’ils l’avaient été avec Adelaide.
Même avec l’aide des artefacts, sa force était dix fois moindre qu’auparavant.
Mais elle continuait clairement à repousser Kurats.
« Mais qu’est-ce qui se passe avec cette princesse ? ! »
Kurats parlait comme s’il oubliait qu’il avait lui-même montré une meilleure performance à mains nues qu’avec son épée.
Après avoir éliminé le cavalier magique Adelaide, Kurats avait baissé sa garde, pensant que le combat était terminé.
Il n’était pas facile de retrouver immédiatement un sentiment de tension après l’avoir perdu.
Ce problème se produisait à un niveau subconscient, ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait consciemment résoudre.
Mais le plus important dans tout cela était le fait que Skuld anticipait ses mouvements.
Pour preuve, elle esquivait avec précision des attaques qu’elle ne pouvait pas voir avec sa perception des mouvements.
Peut-être était-il naïf de la part de Kurats de penser que son pouvoir venait uniquement de l’entraînement et qu’elle n’avait pas le talent de Frigga.
En raison de l’entraînement excessif qui l’avait amenée à se sentir comme une poupée, sa perception était allée au-delà de l’ordre naturel.
On pourrait même dire que sa précision était proche de la prédiction de l’avenir.
« Mon Dieu… Tu es vraiment terrifiant. »
« Ce n’est pas le visage d’une personne effrayée ! »
Skuld affichait un sourire éblouissant. Le sourire d’une jeune fille innocente. Le genre de sourire qui ne pouvait que captiver les gens.
Mais la vérité était que son dos était trempé de sueurs froides. Elle devait lutter contre la terreur frissonnante qui régnait en elle.
Afin d’accomplir les mouvements et la clairvoyance qui lui permettaient de jouer avec le divin Kurats, elle devait maintenir sa concentration au-delà de ses limites.
Ainsi, le sourire sur son visage ne dissimulait en rien la quantité anormale de sueur qui émanait d’elle. Elle allait probablement bientôt atteindre les limites de sa concentration.
Anticipez ses mouvements et esquiver ne suffira pas pour gagner !
Cependant, contre-attaquer allait être impossible.
Après tout, sans le soutien d’Adelaide, la vitesse naturelle de Skuld, sa puissance d’attaque et sa vitesse de réaction étaient devenues incomparablement inférieures
Et bien qu’elle ait pu anticiper et éviter de justesse les coups fatals, elle n’avait pas la marge de manœuvre nécessaire pour contre-attaquer en même temps.
Je ne veux pas perdre par manque d’énergie !
Je veux gagner. Oui, je veux vraiment vaincre Kurats.
Par rapport à ce seul désir, toute l’affaire consistant à confier à Kurats le soin de venger la mort de son père et de tuer Heimdall semblait triviale.
C’était parce qu’elle était désespérée de trouver son « moi » que Skuld s’était accrochée sans pouvoir se défendre à des rêves aussi creux.
Mais les choses avaient changé,
Elle voulait essayer de découvrir à quel point elle pouvait devenir forte.
Elle voulait vaincre Kurats, celui qu’elle avait reconnu comme l’homme le plus fort.
Par conséquent !
Elle avait décidé de tout miser et d’essayer de passer outre l’attaque de Kurats, mettant sa vie en danger !
Aucun délai ni aucune hésitation n’étaient permis. Skuld s’abandonna à sa clairvoyance qui était proche de l’instinct, puis avança imprudemment.
La pression du vent du poing de Kurats qui passait devant elle lui brûla la joue, tandis que son coup de pied lui arrachait une partie de son armure coûteuse.
C’était une épreuve écrasante où chaque instant comptait.
Mais Skuld l’avait finalement surmonté.
Elle était finalement arrivée à une distance qui ne laisserait aucune chance à Kurats d’échapper à la mort.
Je me suis glissée à travers !
Alors qu’elle glissait devant son poing, le haut du corps non protégé de Kurats était arrivé juste devant ses yeux.
Maintenant qu’elle avait perturbé sa position, Kurats était à la merci de son attaque.
Je ne te laisserai pas vous échapper ! Pas cette fois !
Le corps de Skuld avait déjà mémorisé le moment où Kurats avait repoussé l’épée de l’Adelaide.
S’il essayait à nouveau maintenant, tout ce qu’elle aurait à faire serait de modifier son timing pour le couper.
« Tu vois, c’est pour ça que je t’ai dit de ne pas prendre de haut mes muscles. »
Mais si Kurats ne pouvait pas esquiver l’attaque, cela signifiait qu’il devait la bloquer.
Même l’acier n’était pas à la hauteur de la puissance de ses muscles à pleine puissance.
De plus, tant qu’il savait où il allait être coupé, il lui était facile de concentrer sa force et son pouvoir magique à cet endroit précis.
Ce doit être un mensonge ! Dès le début, il… !
Tout comme Skuld, Kurats avait aussi pensé qu’il voulait régler le combat avant que Skuld ne soit à court de force.
Et donc, il avait intentionnellement laissé passer Skuld, sans même essayer de repousser son attaque.
Il s’était permis de prendre un coup pour gagner le combat.
Ce qui signifiait qu’il avait la certitude que, quelle que soit l’importance de l’artefact que représentait l’épée de Skuld, il serait absolument capable de la bloquer.
Il n’y a aucune chance que les muscles que j’ai entraînés si durement soient déchirés par l’épée d’une enfant.
{Ce ne serait pas si étrange. Les adultes comme les enfants sont impuissants devant une épée.}
Mais pas mes muscles !
Skuld réalisa que Kurats lui-même la laissait passer, mais elle ne pouvait plus reculer maintenant.
Elle s’était décidée et continua à brandir son épée de toutes ses forces.
Cling !
Le retour du coup était lourd, mais étrange. C’était comme si elle venait de frapper une sorte d’acier raffiné ayant les propriétés d’un matériau amortissant.
Il semblerait que Kurats avait mis toute son attention sur le blocage plutôt que sur la répulsion de l’attaque.
C’était la seule occasion pour Skuld de porter un coup décisif, mais il était vite apparu que les dégâts qu’elle avait occasionnés étaient superficiels.
Elle savait que son épée avait au mieux traversé de quelques centimètres, une seule couche de peau au pire.
Le fait qu’elle ait réussi à couper les abdominaux de Kurats, même si c’était sur quelques centimètres, témoignait de son extraordinaire talent.
Mais en réalité, elle avait perdu le pari qu’elle avait fait avec elle-même.
« Kuh... ! »
Skuld se tordit le corps et essaya à nouveau de pousser son épée, mais hélas, elle fut attaquée par la lassitude qu’elle ne ressentit pas jusqu’alors.
Elle avait finalement perdu sa concentration.
Mais quand il vit Skuld se préparer à attaquer à nouveau, Kurats lui avait asséné un coup de poing impitoyable sans se soucier de son état.
Il était extrêmement en colère.
Sa fierté, ses muscles, avaient subi une blessure.
Il ne retint aucunement sa force au moment où il brandissait son poing massif.
Skuld devait esquiver à tout prix, mais son corps était lourd, comme si elle s’était transformée en plomb.
Est-ce que je vais mourir ?
Si Kurats la frappait, elle mourrait presque certainement. Et c’était bien dommage.
C’était le type de mort que peu de gens pouvaient observer.
Mais n’était-ce pas ce qu’elle cherchait elle-même ?
Après l’avoir vaincu, Kurats détruirait probablement l’empire Asgard tôt ou tard.
Il était l’incarnation parfaite de la personne qu’elle recherchait.
Cependant
(Je ne veux pas mourir)
Le visage gracieux de Skuld se balançait pour la première fois.
Elle se souvint soudainement de quelque chose qu’elle avait perdu quelque part sur son chemin, lorsqu’elle était devenue une femme.
Mais il était trop tard pour cela.
Le poing de Kurats s’était maintenant suffisamment rapproché pour qu’elle ne puisse plus s’échapper.
Alors qu’elle se résignait à son sort et qu’elle fermait les yeux, elle le sentit se heurter à son visage.
« Hein ? »
Curieusement, ce coup de poing brutal qui pouvait faire voler la terre en éclats ne faisait que procurer une mystérieuse chaleur à Skuld.
Elle se sentait confuse comme un enfant perdu, incapable de comprendre ce qui venait de se passer.
« Si tu dois pleurer, tu n’aurais pas dû te battre dès le début. Sais-tu qu’il est terrible de faire pleurer les femmes et les enfants ? »
Peut-être parce qu’il était embarrassé par ses propres mots, Kurats avait subtilement détourné son regard, ratant le moment où Skuld s’était accroché à lui et s’était mis à pleurer ouvertement.
Aussi loin que sa mémoire puisse la porter, c’était la première fois qu’elle pleurait comme ça.
Même le jour de la mort de son père, Skuld avait continué à endurer courageusement tout ce que la vie lui avait rejeté.
Mais maintenant, elle pleurait et pleurait encore contre la poitrine de Kurats jusqu’à ce qu’elle n’ait plus d’énergie et s’endorme.
◆ ◆ ◆
En volant dans le ciel, Frigga avait pu voir que Kurats avait gagné.
Mais il y avait un gros problème.
Pour une raison quelconque, il semblait tenir Skuld dans ses bras et la réconforter.
Quel gaspillage d’embrassade !
Cette chaleureuse étreinte aurait dû être pour elle, qui luttait désespérément, et non à cette femme qui appartenait à l’ennemi.
« Tuer. Je dois tuer celle-ci dès que possible. »
Ensuite, elle allait se faire complimenter par Kurats.
Frigga se retourna et fixa la position de son épée alors qu’elle se léchait les lèvres de façon envoûtante.
« Elle arrive. »
Burckhardt abaissa la posture de son cavalier Chaos, en adoptant une position oblique.
Tant que Frigga était dans le ciel, tout ce qu’il pouvait faire était de l’intercepter.
C’était une position extrêmement stressante, mais grâce à ses nombreuses années sur le champ de bataille, il n’avait aucune difficulté à attendre.
« Naïf. Quel genre d’imbécile foncerait directement de front ? »
Frigga marmonnait en ricanant.
Abaisser sa posture à mi-longueur lorsqu’on tentait d’intercepter une attaque était logique, car cela abaissait la zone projetée du corps.
Cependant, cela ne fonctionnerait que contre un ennemi venant de front.
La partie supérieure du cavalier Chaos était modelée d’après le corps humain, il n’y avait pas moyen d’éviter le fait que sa vision et ses mouvements étaient limités au front.
Le corps humain, dans sa constitution même, n’était fondamentalement pas adapté à une orientation vers le haut.
En descendant du ciel, Frigga pouvait se garantir une vue vers l’avant de l’ennemi, mais il allait être difficile pour Burckhardt d’apercevoir Frigga alors qu’elle volait à grande vitesse.
Cela signifiait que Frigga avait l’initiative d’attaquer de n’importe où et à tout moment.
Cette suprématie aérienne était quelque chose que Burckhardt ne pouvait naturellement pas saisir puisqu’il n’avait aucune expérience de vol.
« Bon sang ! Elle n’arrête pas de bouger… ! »
Burckhardt commençait à avoir du retard pour suivre Frigga, dont la vitesse de rotation augmentait de plus en plus.
Depuis un certain temps, il ne la voyait plus que du coin de l’œil.
S’il ne faisait rien, il allait prendre une attaque-surprise dans son point mort.
Y aurait-il vraiment une possibilité d’arrêter la Walkyrie blanche alors qu’il ne la voyait même pas venir ?
Tout le corps de Burckhardt était trempé de sueurs froides.
Cependant, ce qui était amer dans le fait d’être un guerrier, c’était qu’il n’y avait pas moyen de s’échapper.
« VIENS À MOI ! »
Burckhardt sentait l’intention de tuer derrière lui.
Suivant son intuition, il balança son épée derrière lui, comme s’il cherchait à atteindre son adversaire.
Mais en raison de la structure même du cavalier Chaos, attaquer en arrière allait inévitablement être plus lent qu’attaquer en avant.
Cela ne provoquait qu’un écart de quelques secondes, mais cela faisait toute la différence dans un combat entre l’élite des guerriers.
« Aaaaaaaaah !! »
Un instant avant que l’attaque de Burckhardt ne puisse atterrir, Frigga glissa à ses côtés comme une rafale.
Le balancement de sa Murasame coupa l’armure du cavalier Chaos et coupa même l’abdomen de Burckhardt à l’intérieur du cockpit.
« Je ne peux pas perdre… Je ne peux pas… J’ai fait à la princesse… Une promesse… »
« Malheureusement pour vous, votre princesse a déjà perdu. Vous allez juste vous mettre en travers du chemin maintenant, dépêchez-vous de mourir. »
Irritée par le fait que Kurats tenait encore Skuld, Frigga avait perdu tout intérêt pour Buckhardt et elle frappa avec Murasame.
***
Chapitre 118
La princesse folle Skuld avait perdu.
Cette nouvelle choquante arriva immédiatement jusqu’au château de Strasbourg.
Ridicule ! Comment est-ce possible ?!
Bashtar n’avait amené qu’une centaine de personnes.
L’empire Asgard n’était-il pas censé être la nation la plus forte du continent ?
Le fait qu’il ait facilement vaincu l’armée de Leclerc contre laquelle même les propres forces d’Albert avaient lutté était il vraiment dû à un coup de chance?
Albert était complètement désorienté.
Il n’y avait bien sûr qu’une seule vérité.
Kurats était si puissant que même Skuld ne pouvait pas être son égale.
Mais Albert ne l’admettra jamais.
« S-siege! Préparez-vous à un siège ! »
Alors que les soldats se préparaient à la hâte pour un siège, il ne fallut pas longtemps pour que des déserteurs apparaissent parmi eux.
Les premiers à s’enfuir furent les mercenaires engagés pour l’occasion.
Après tout, ils n’avaient pas l’obligation d’affronter un adversaire capable d’écarter la plus grande puissance militaire du continent.
Mais le pire, c’est qu’ils ne s’étaient pas contentés de s’enfuir.
Après tout, ils restaient toujours des mercenaires.
En s’échappant de Strasbourg, ils avaient également pillé la nourriture et les richesses du château.
Mais ce n’étaient que des mercenaires.
Ceux qui avaient parcouru le chemin glorieux en tant que serviteurs de cette prestigieuse famille du royaume de Jormungand étaient très loyaux et unis.
Sans eux, peut-être que Strasbourg serait tombée depuis longtemps.
Cela dit, il était déjà clair pour tout le monde que Strasbourg ne pouvait pas gagner.
Même si Albert ne voulait toujours pas l’admettre, il était évident qu’il n’avait aucune chance contre Kurats, qui venait de vaincre la deuxième armée de l’empire, dirigée par Skuld.
Aussi loyaux que soient les partisans d’Albert, ils n’étaient pas aussi décisifs lorsqu’il s’agissait d’entraîner leurs familles dans leur destin.
Albert n’eut d’autre choix que de regarder les familles civiles s’échapper des quartiers d’habitation du château.
Le nombre de personnes présentes diminua fortement pendant la nuit, laissant le château dans un état de solitude totale.
« C’est juste… Que diable fait l’empire ? Jormungand va tomber entre les mains de ce roturier à ce rythme ! »
Si le territoire de Strasbourg devait être pris par Kurats, la seule voie que l’empire Asgard pourrait emprunter pour envahir Jormungand serait la route de Lyon, qui appartenait au duc de Normandie.
Il y avait peu de routes et de villes qui pouvaient permettre à une grande armée de se déplacer.
C’était pourquoi Albert pensait que la valeur stratégique du territoire de Strasbourg ne diminuerait jamais.
Non, en vérité, il gardait en lui cette croyance, car c’était la seule chose qui l’empêchait d’être écrasé par la peur.
« L’armée de Bashtar a commencé à bouger ! »
Au lendemain de l’annonce de la défaite de Skuld, l’armée de Bashtar avait enfin montré ses crocs vers le château de Strasbourg.
Leur façade calme et tranquille ne les rendait pas moins intimidants.
C’était tout naturel de la part de ceux qui avaient vaincu les forces de la princesse folle.
« Nous devons le vaincre à tout prix ! Si nous pouvons juste vaincre cet homme, cela changera tout ! »
Se sentant agité, Albert n’arrêtait pas tourner en rond.
Mais ses ordres étaient bien trop irréfléchis.
À l’heure actuelle, une centaine de cavaliers Alphonse avaient été rapidement construits et assemblés au château de Strasbourg.
Pendant ce temps, Skuld avait eu dans son armée 40 des cavaliers Chaos, bien plus puissants.
Donc, même si la totalité des 100 cavaliers était réunie, il semblerait qu’ils n’auraient aucune chance.
D’autant plus qu’ils n’avaient suivi aucune formation spécialisée.
Tout au plus, en profitant de leurs puissants remparts, ils pourraient gagner du temps en attendant l’arrivée des renforts.
« Votre Excellence, il est dangereux de rester ici. Laissez-nous nous occuper du reste nous-mêmes, s’il vous plaît. »
« C’est ma dernière chance ! Je ne vous laisserais pas faire même si j’avais mille cous à sauver ! »
Benoît, qu’Albert considérait comme étant au-dessus de ses autres subordonnés, n’avait même pas réussi à vaincre Leclerc.
Pour Albert, il était impensable de confier son destin à une racaille encore moins capable.
Cet homme vient pour me tuer !
Albert se sentait plus proche de la mort que jamais.
Non, en ce moment, il avait l’impression que Kurats était la mort elle-même.
Albert voulait le tuer quoiqu’il arrive.
Mais au-delà même de cela, il ne voulait pas mourir.
Il essayait déjà de penser à ce qu’il ferait s’il perdait.
« Hein ? Ils sont vraiment venus ? »
« Est-ce que ces types de Strasbourg sont stupides ? Ou dois-je croire qu’ils sont assez forts pour traiter Asgard comme s’ils n’étaient rien ? »
« S’ils étaient aussi forts, ils ne nous attendraient pas docilement. »
« C’est vrai. Ça doit être dur d’être sous les ordres d’un noble. »
McClain et Bacson échangèrent un regard, éprouvant de la sympathie pour les soldats de l’ennemi.
Toute personne ayant la tête sur les épaules n’aurait jamais ordonné cette sortie.
Il était clair que celui qui avait imposé cela à ces soldats devait être un idiot qui ne connaissait rien du champ de bataille.
En tant que mercenaire, une force jetable, Mc Clain avait fait l’expérience de ces ordres déraisonnables à de nombreuses reprises. Il n’y avait aucune chance qu’il ne s’en rende pas compte.
Cependant, il n’avait jamais eu le moindre désir de faire quoi que ce soit à ce sujet dans sa vie.
Pour le bien de la prochaine bataille, et pour la bataille qui suivra.
Les mercenaires devaient survivre, pour continuer à se battre.
Il n’avait jamais oublié cela, même si le champ de bataille était déraisonnable.
Kurats et Frigga ne pouvaient pas cacher leurs sourires ironiques lorsqu’ils assistèrent à cette sortie.
« Ce n’est pas comme si cela a pu changer quoi que ce soit. »
« Tu peux seulement dire ça parce que c’est toi, maître… je veux dire, seigneur Bashtar. Mais leurs remparts redressés et leurs défenses magiques sont en fait assez bons, non ? »
Si Strasbourg avait eu affaire à des fantassins normaux, ils auraient pu facilement s’enfermer derrière leurs remparts pendant une période allant de six mois à un an.
Cependant, dans les mains de Kurats, cette défense très coûteuse ne valait pratiquement rien.
Alors que l’armée de Bashtar avait des pensées insouciantes, l’armée de Strasbourg, en revanche, vivait une affreuse tristesse.
« Il semble que je vais probablement assister à la mort de ma lignée… Bon sang… »
« N’abandonnez pas ! Il suffit d’un seul coup, pour faire tomber un homme, et toute la guerre sera renversée avec sa chute ! »
« … vous savez quoi ? Espérons juste un miracle, et mourons dans la gloire ! »
Ces hommes connaissaient leur propre pouvoir.
Ils savaient que la seconde armée dirigée par Skuld était plus puissante que la leur.
En d’autres termes, ils savaient qu’ils n’avaient aucune chance de gagner contre Kurats.
Malgré cela, ils espéraient toujours un coup de chance, un miracle.
Un seul miracle qui permettra de vaincre uniquement Kurats.
Avec cet unique espoir dans leur cœur, ils étaient sortis.
Quant à Albert, qui avait prétendu ne pas pouvoir leur confier cette tâche, il n’était nulle part sur le champ de bataille.
« Ooooooooooooooooooooooooooooooh ! »
Dans un rugissement désespéré, prête à mourir, l’armée de Strasbourg commença à charger.
« Eh bien, je dois au moins saluer leurs esprits combatifs. »
Tous les ennemis étaient concentrés uniquement sur Kurats.
La force décisive qu’était le corps des cavaliers Alphonse se précipita d’un seul coup sur lui, le forçant à un demi-siège.
Les fantassins se consacraient à tenir Frigga et les autres à distance, tandis que les troupes de mages lançaient des sorts de soutien.
Cependant, concentrer les troupes sur Kurats et ne viser que lui était une idée terrible.
« Tue-les, Warcry ! »
Kurats, ce géant, sauta en l’air et fit descendre avec lui un éclair qui emportait avec lui tout son poids et son esprit.
Il fit violemment claquer son épée Warcry contre le sol.
Instantanément, le sol même sous les pieds des troupes avait été mis en pièces.
Cette déchirure se transforma en un long couloir qui engloutit les troupes sous terre à l’aide de l’onde de choc qui suivit.
« Uaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »
« R-ridicule ! D’un seul coup d’épée… Il a détruit 40 % de notre armée… ? »
Les plus grandes pertes avaient été observées chez les fantassins et les mages qui avaient été proches de l’onde de choc.
Pour aggraver les choses, l’onde de choc dépassa les rangs de l’armée de Strasbourg, détruisant sans pitié une partie de leurs remparts, les dépassant même.
En constatant cette puissance bien trop absurde, les forces de Strasbourg perdirent leur esprit.
Néanmoins, beaucoup de guerriers décidèrent de prendre sur eux de défier Kurats dans une confrontation sans espoir.
Et tout cela malgré leur terrible chef…
Mais Albert était déjà un seigneur compétent avant que tout cela n’arrive.
Et surtout, leur histoire en tant que serviteurs de la famille de Strasbourg de génération en génération n’avait pas laissé de place à la trahison dans leur cœur.
« À part cet Albert, je me souviendrai de tous vos visages. »
« J’ai échoué, pardonnez ma faiblesse… ! »
Les vétérans à l’intérieur des cavaliers Alphonse s’étaient battus avec acharnement.
Leur coordination était admirable, et leurs compétences rendaient très visibles les fruits cumulés de leur long entraînement.
« … Ils sont gaspillés avec ce type. »
Frigga, qui observait de loin, ne pouvait s’empêcher de parler avec admiration de ces quelques hommes.
Après la défaite des principaux serviteurs dans les cavaliers Alphonse, abandonnés par les hasards de la guerre, l’armée de Strasbourg s’était complètement effondrée.
Certains se rendirent, d’autres s’enfuirent, d’autres encore tentèrent de trahir leur camp.
Il n’y avait plus l’ordre et la structure qui faisaient autrefois d’eux une armée.
***
Chapitre 119
« Bandes d’idiots inutiles ! »
Albert, observa avec colère la bataille à une distance raisonnable, claqua son verre sur le sol lorsqu’il réalisa que son armée avait perdu sans avoir pu faire la moindre chose.
Il pensait que les chances de gagner étaient minces.
Mais il espérait toujours que ses hommes seraient capables de faire quelque chose pour y remédier.
Après tout, jusqu’à présent, ils avaient toujours réussi à faire de ses ordres une réalité à tout prix.
Il n’est pas exagéré de dire que son succès dans le passé était dû à ses remarquables subordonnés.
Mais maintenant qu’ils avaient échoué, le château n’était plus en sécurité.
Tous les serviteurs à l’intérieur criaient et couraient en panique, essayant de s’échapper comme s’ils étaient infectés par la peur d’Albert.
Ils auraient dû s’enfuir avant que l’armée des Bashtar ne puisse entrer dans l’enceinte du château.
« Hé, vous ! Ne vous avisez pas de vous échapper de votre propre chef ! Apportez-moi tout l’argent que vous pourrez trouver au Trésor ! »
En réponse aux paroles d’Albert, dix des quelques serviteurs encore présents se précipitèrent au Trésor.
« Envoyez un messager au seigneur de Bashtar ! Il est temps de suivre le plan ! »
Après l’avoir dit à son majordome de confiance, Albert se précipita dans une des salles de l’arrière du château.
Là, il trouva sa femme, Felbell, aussi resplendissante que d’habitude.
C’était rassurant.
Non pas qu’Albert se soit particulièrement inquiété de son bien-être, mais elle était censée être un hommage à Heimdall, l’empereur d’Asgard, garantissant à Albert une position correcte dans le royaume de Jormungand
En d’autres termes, Felbell était son ticket d’entrée pour un avenir sûr.
« Dépêche-toi, Felbell ! On s’en va ! »
Après s’être précipité dans la chambre de Felbell, Albert resta sans voix.
Il remarqua que Felbell, qui l’attendait, portait une robe luxueuse, semblable à une robe de mariée, ainsi qu’un charmant maquillage.
« Pourquoi t’habiller ainsi pour t’échapper ? »
« C’est plus que stupide », dit Albert comme s’il crachait ses mots.
Les femmes aiment généralement se déguiser, mais il y a un temps et un lieu pour tout.
Ne savait-elle pas à quel point la situation actuelle était dangereuse ?
« S’il te plaît, change aussi de vêtements, mon cher. Le chef de la prestigieuse famille de Strasbourg ne peut pas se déshonorer dans ses derniers instants. »
« Que dis-tu, Felbell ? »
Et bien qu’il ait pu comprendre ses mots par déduction, ses émotions ne lui permettaient pas de comprendre.
Albert ne voulait pas mourir.
Peu importe la honte qu’il devait subir, il visait toujours sa survie et son rétablissement.
Pour cela, même offrir sa propre femme en cadeau n’était pas un problème.
Par conséquent, il ne voulait pas que Felbell ait des pensées étranges dans sa tête.
« Ne sois pas téméraire. Il n’a pas encore été décidé que nous avons perdu. »
« La situation ne pourrait pas être plus claire ! Tu as manifestement été vaincu ! S’il te plaît, ne détourne pas tes yeux de la réalité ! »
Les serviteurs d’Albert et leurs familles s’enfuyaient, et son peuple était sous la terreur des pillards.
Pendant ce temps, l’armée de Bashtar s’approchait lentement et régulièrement des quelques soldats qui avaient durci leur détermination.
C’était la scène cruelle et typique d’un château qui s’écroulait, comme il apparaissait souvent dans le monde entier au cours de l’histoire.
De plus, Strasbourg était tombée lors d’un conflit interne.
Si le chef de famille et sa femme ne se donnaient même pas la peine de sauver les apparences, le nom de Strasbourg porterait à coup sûr un stigmate de déshonneur pendant mille ans.
« Tais-toi ! Je n’ai pas perdu ! Un imbécile s’est mis en travers de mon chemin, je dois donc rester caché pour l’instant ! Ne crois-tu plus en ton propre mari ? »
« Si tu es vraiment mon mari, alors partageons ces derniers moments ensemble. »
Albert avait-il toujours été un homme si petit et si chétif ?
Il n’avait jamais fait preuve d’une telle bêtise lorsque Felbell l’avait rencontré.
Il était toujours éloquent. C’était le genre d’homme qui savait comment attirer l’attention des gens. En plus de la grande puissance économique de la maison de Strasbourg, il était rapidement devenu le chef d’une faction importante de la cour royale.
Il y avait beaucoup à attendre de lui à l’avenir, et on avait même dit un jour qu’il deviendrait certainement le prochain Premier ministre.
Felbell avait l’impression que même son père, le roi, s’était montré très attentif envers Albert.
Il s’y connaissait bien en finances et excellait dans les négociations. Il était également si doué avec les femmes qu’il avait même réussi à faire en sorte que la fille protégée du roi tombe amoureuse de lui.
Peut-être n’avait-il été, dès le début, qu’un homme bon parce qu’il avait été placé dans une position sûre avec un bon entourage.
Mais il était noble jusqu’au bout. Dès qu’il avait été confronté à l’adversité et au danger, il avait révélé son incroyable folie.
Felbell avait appris dans ses cours d’histoire que de telles personnes apparaissaient de temps en temps.
En d’autres termes, cet aspect de lui était toujours là, mais je ne l’ai jamais vu.
C’était un grand homme en temps normal. Il aurait été trop demander à Felbell, qui n’avait aucune expérience avec un homme à l’époque, de voir à travers lui.
Mais elle avait quand même senti qu’il était naturel pour elle d’accepter son destin, que c’était sa responsabilité.
Et, malgré tout, elle aimait encore suffisamment Albert pour vouloir partager ce destin avec lui.
Jusqu’à présent, elle l’aimait vraiment.
« Non, je ne veux pas ! Comment pourrais-je mourir ici ? ! Je ne suis pas le genre d’homme qui finira comme ça ! »
« C’est fini. Arrête cette lutte déplaisante. »
« Non, ce n’est pas fini ! C’est vrai, je t’ai toujours toi ! »
En regardant la folie dans les yeux d’Albert, Felbell réalisa que ses derniers sentiments amoureux se refroidissaient.
D’une part, elle sentait que les mots d’Albert n’avaient rien d’inattendu, d’autre part, elle ne voulait pas croire qu’ils pouvaient être vrais.
Elle avait entendu des rumeurs selon lesquelles Heimdall rassemblait les princesses des royaumes qu’il occupait, les forçant à vivre dans la débauche.
Si Albert ne pouvait rien apporter à Asgard, et qu’il leur était donc redevable, l’empereur lui demanderait sûrement de livrer Felbell.
Et même si le royaume de Jormungand pouvait gagner contre Asgard, Albert serait éliminé tandis que Felbell serait contrainte de rester confinée dans un monastère.
Quoi qu’il en soit, le moment de leur séparation arrivait. Cela, elle le savait.
Cependant, il y avait une différence d’implication entre le fait qu’ils soient séparés par d’autres et le fait qu’Albert la force à s’éloigner de lui-même.
Cela signifiait qu’en fin de compte, elle n’était rien de plus aux yeux d’Albert qu’un outil lui permettant de gravir les échelons de la hiérarchie.
Tout ce que Felbell avait fait, de la pureté qu’elle lui avait donnée à l’amour qu’elle lui avait juré toute sa vie, était le fruit de sentiments unilatéraux.
Cette pensée était bien confirmée par le regard narcissique et répugnant de l’homme qui se trouvait devant elle.
« Je n’ai aucunement intention de devenir la propriété de Heimdall. Je préfère de loin mourir ici, avec ma dignité, que de devenir le jouet de quelqu’un. »
« N’importe quoi ! Vas-tu abandonner ton mari ? ! »
« Et un mari qui abandonne sa femme est en quelque sorte mieux ? »
Albert tressaillit sous le regard froid de Felbell.
Il était sûr que, jusqu’à présent, Felbell était vraiment amoureuse de lui, qu’elle lui était dévouée.
« Ne m’aimes-tu plus ? »
Quelle valeur aurait-elle s’il ne pouvait pas être le chef de la cour royale ?
Quelle valeur aurait son existence s’il ne pouvait pas être au centre des aristocrates et avoir l’influence nécessaire pour faire bouger tout le royaume ?
Est-ce pour cette raison que sa propre femme essayait de l’abandonner ? Parce que sa position était trop basse maintenant ?
Toutes ces pensées étaient le fruit des illusions égocentriques d’Albert.
Parce qu’il méprisait l’idée de tomber si bas, il sentait que tous les autres ressentiraient le même mépris à son égard pour cette même raison.
« Je t’aime. Alors s’il te plaît, laisse-moi mourir comme une femme amoureuse. »
Une fois de plus, Felbell lui tendit la main, espérant qu’ils pourraient tous deux quitter ce monde ensemble en tant qu’amants.
Le seul désir de Felbell était qu’ils puissent le faire ensemble et être unis dans la mort.
« Non ! NON ! NON ! Tu ne vas pas mourir de ton propre chef, et moi non plus ! Je ne le permettrai pas ! Tu devras m’aider ! »
Mais Albert avait perçu cela comme un abandon par la dernière personne sur laquelle il pouvait compter.
Pourquoi ? Pourquoi le monde doit-il me tester ainsi ?
Alors qu’il était né dans une famille prestigieuse, lui qui avait conquis le cœur de Felbell, aurait dû être destiné à la gloire.
Comment était-il tombé si misérablement bas ?
C’était à cause de cet homme. Tout cela avait commencé le jour où Lunaria avait été sauvé par ce roturier.
Quoi qu’il en soit, Albert ne pouvait absolument pas reconnaître la gloire de cet homme.
Il allait provoquer la ruine de Kurats, même si cela signifiait qu’Asgard allait tout lui prendre.
Quant à ce qui arriverait à Felbell au cours du processus, cela ne le concernait pas.
En ce moment, pour lui, tout ce qui n’allait pas dans son sens était son ennemi.
« Arrête de tourner autour du pot et allons-y ! Je ne vais pas laisser cet homme faire ce qu’il veut de ce royaume ! »
Albert renonça à essayer de persuader Felbell et alla s’emparer de son bras svelte par la force.
Mais à ce moment, un flash traversa soudainement sa vision.
Il ressentit une sensation de chaleur, comme une brûlure, venant de sa main droite.
Ce n’était que lorsque des gouttes de sang tombèrent sur le tapis que son cerveau réalisa qu’il avait été lacéré par Felbell.
Impossible.
Felbell, la Felbell qui n’avait pas eu d’autre choix que de se faire porter comme une poupée tout au long de sa vie, ne ferait jamais une telle chose.
Albert, qui ne savait ni reconnaître ni s’opposer à l’adversité, n’avait aucune idée de la façon dont il percevait cette situation inattendue.
Tout ce qu’il pouvait en déduire était que Felbell essayait de le tuer pour qu’elle puisse utiliser ce fait plus tard pour aller vers l’ennemi et plaider pour sa vie.
« Espèce de garce ! Ton ancienne vie te manque tellement que tu es prête à me vendre à l’ennemi ! »
« Je suis attristée que mes sentiments ne puissent même plus t’atteindre… »
Felbell n’avait pas peur de mourir.
Malgré le désespoir de la situation actuelle, tout ce qu’elle espérait, c’était qu’elle et Albert puissent faire le vœu de mourir ensemble et de redevenir un couple s’il y avait une vie après la mort.
Même si Albert pouvait survivre à la situation actuelle, tout ce qui l’attendait était un véritable enfer.
L’empire n’était pas connu pour bien traiter les perdants. En premier lieu, même s’ils avaient réussi, il était douteux qu’ils les aient acceptés.
Au pire, il ne serait pas étonnant qu’Albert soit tailladé sur place pour avoir été une nuisance incompétente une fois qu’il aura réussi à s’échapper à Asgard.
Dans cette situation, Felbell ne serait plus que la prostituée de Heimdall.
Elle ne pourrait pas avoir de regrets devant un tel avenir.
« Mettons fin à nos vies. Au moins, notre honneur sera préservé. »
Felbell tenait un poignard que son père lui avait donné à un très jeune âge pour se protéger.
Elle va me tuer.
Comme s’il oubliait tout ce qu’il venait d’essayer de faire, Albert s’était livré à une colère irrationnelle.
Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir.
Que dois-je faire alors ?
Oui !
Je devrais la tuer avant qu’elle ne me tue !
L’idée de donner Felbell à Heimdall avait complètement disparu de la tête d’Albert.
« Traître ! Vous êtes tous des traîtres ! »
Avec des larmes et un nez qui coule, Albert sortit misérablement une épée.
Sa capacité de réflexion avait été fortement émoussée, mais son instinct seul lui permettait de dire qu’il était dans un état pitoyable.
Personne ne pouvait plus le sauver.
BOOM !
Un grand bruit retentit, comme si quelque chose d’énorme venait de bouger.
L’armée de Bashtar avait enfin franchi les portes et envahi le château.
Albert n’avait plus de temps à perdre. Il devait s’enfuir immédiatement.
Malgré cela, il posa une dernière fois la même question à Felbell, en gardant un espoir qu’il ne pouvait absolument pas laisser s’échapper.
« Es-tu sûre que tu ne veux pas venir avec moi ? »
« Je préférerais de loin mourir. »
Felbell répondit instantanément, sans la moindre hésitation, alimentant Albert d’une haine insupportable.
C’était précisément parce qu’elle avait été obéissante et lui avait apporté la gloire qu’il ne pouvait lui pardonner de ne pas avoir fait ce qu’il voulait.
« Meurs donc. »
« Toi aussi. »
Albert et Felbell essayèrent tous deux de s’entretuer au mieux de leurs capacités.
Cependant, non seulement il y avait une différence de portée entre une épée et un poignard, mais Albert, en tant qu’homme, était aussi plus fort et plus rapide.
Après que leurs lames se soient heurtées à deux reprises, Felbell fut temporairement paralysée, ne pouvant même plus balancer son poignard.
« Qu’est-ce que c’est ? Y a-t-il un problème ? Tu fais un spectacle honteux. »
« Je dirais qu’il est bien plus honteux pour un homme de se vanter de battre une femme, non ? »
« Comment oses-tu ! C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! »
Furieux, Albert leva son épée au-dessus de sa tête.
Felbell accepta le fait qu’elle ne pourrait pas l’éviter, se résignant à sa mort prochaine.
Je suis désolé… Pardonne-moi de ne pas avoir pu t’arrêter.
Toutes ces années, Felbell s’était laissé entraîner et n’avait pas réussi à contrôler les ambitions d’Albert.
S’il s’était contenté d’être une figure importante du pays et rien de plus, Albert n’aurait en aucun cas été un homme incompétent.
Si elle n’avait pas été une princesse, mais une dame noble moyenne, auraient-ils pu connaître un bonheur plus simple ?
Felbell sourit en se moquant d’elle-même.
Comme si quelqu’un d’aussi ambitieux qu’Albert allait jamais vraiment baisser les yeux sur une femme comme moi si ce n’était pour mon statut.
Ressentant une douleur brûlante dans la poitrine, Felbell ferma lentement les yeux.
***
Chapitre 120
« Oh, wôw, je ne l’ai pas vu venir… »
Avec sa robe teintée de cramoisi, Febell gisait dans une flaque de son propre sang.
Kurats ne pouvait cacher un sentiment de rare perplexité à cette vue.
Il ne connaissait aucune personne qui avait quelque chose à gagner de la mort de Felbell.
Quant à Albert, bien que Kurats avait d’abord pensé qu’il l’aurait certainement emmenée avec lui, il n’avait été vu nulle part.
« … A-t-il fui ? »
« Oh, vous avez encore un peu de souffle ? On dirait bien qu’il s’est enfui. Mais d’après la façon dont vous l’avez dit, dois-je comprendre que c’est votre mari qui vous a poignardée ? »
« C’est tout ce que je mérite pour avoir si mal choisi mon homme. S’il vous plaît, dites à ma petite sœur que c’est elle qui a finalement fait le bon choix. Bien que je suppose que cela ne me regarde pas. »
Bien que cela n’avait peut-être rien à voir avec sa mort, quelque part dans son esprit, Felbell était jalouse de sa sœur qui semblait avoir bien choisi son homme.
Avec ce qu’elle savait maintenant, Felbell ne choisirait probablement jamais Albert comme elle l’avait fait ce jour-là.
Mais il était trop tard pour les regrets.
« Désolé de vous décevoir, mais Lunaria m’a demandé de ne pas vous laisser mourir. »
{Heureusement, il semblerait qu’elle ne laisse que son esprit vagabonder. Elle ne va pas mourir tout de suite.}
Ça montre bien que ce type est un vrai profane.
En tout cas, il avait réussi à la retrouver vivante, ce qui était génial.
Il ne pouvait pas imaginer la pluie d’insultes qui l’attendait s’il était retourné voir Lunaria avec la nouvelle de la mort de sa sœur.
« Je te confie ma sœur. Elle a beaucoup de fierté, celle-là. J’ai peur qu’elle pense probablement à mettre fin à sa vie à ce moment-là. »
C’était le souhait de son épouse, la plus importante. Il n’y avait aucun moyen de le contourner.
« R.E.G.E.N.E.R.A.T.I.O.N I.N.S.T.A.N.T.A.N.E.E »
Qu’ils soient au bord de la mort à cause d’une blessure mortelle ou dans un état critique à cause d’une maladie, Bernst pouvait faire en sorte que n’importe qui se rétablisse complètement grâce à ce sort.
C’était dans ce genre de situation que Kurats pouvait vraiment ressentir la valeur de la magie. Malheureusement, si les muscles pouvaient faire beaucoup de choses, la guérison du corps d’une personne n’en faisait pas partie.
{AHAHAHAHAHA ! Continue ! Complimente ma glorieuse magie ! Avec mon pouvoir, même ressusciter les morts ne sera finalement pas un rêve lointain ! AHAHAHAHAHA !}
Tu t’excites beaucoup trop pour ça, vieil homme…
◆ ◆ ◆
« Je suis Albert, marquis de Strasbourg ! Veuillez informer Sa Majesté, l’empereur Heimdall, de ma venue ! »
À Nahalag, un poste de contrôle frontalier situé à environ 50 kilomètres du château de Strasbourg.
Après s’être enfui en courant, Albert frappa à la porte de l’empire et chercha de l’aide.
Au final, il n’avait réussi à s’emparer que de 10 % des richesses de son château.
Vu les circonstances, il n’avait pas pu tout emporter.
Nombre de ses serviteurs étaient partis après les nombreux désastres provoqués par la chute du château et, comme on pouvait s’y attendre, seuls quelques-uns d’entre eux avaient accepté de travailler pour Albert jusqu’à la fin.
« … S’il vous plaît, attendez un peu. »
« Merci. »
Albert était tombé si bas qu’il devait maintenant faire attention à ses paroles lorsqu’il s’adressait à un simple soldat.
Aussi humiliant que cela puisse être, il n’y avait plus de place au monde pour Albert en dehors d’Asgard.
En regardant derrière lui, seules quelques douzaines de serviteurs l’avaient suivi.
La femme à qui il avait jadis promis son présent et son avenir était morte de ses mains.
Qu’allait-il lui arriver désormais ?
Son orgueil naturel le protégeait à peine de l’anxiété de son cœur.
Un homme comme moi ne rencontrerait jamais la mort de cette façon !
Il avait été sur le point de régner sur un pays entier. Qui pouvait dire qu’il ne pourrait plus jamais se relever ?
Avec le soutien d’Asgard, il avait encore l’espoir de renverser la situation.
Pourtant, le refus catégorique de Felbell de coopérer était une tournure détestable des événements.
Sa lignée et son corps charmant auraient été des atouts importants dans les négociations à venir.
« J’ai entendu dire que Sa Majesté est extrêmement fâchée de cette défaite. Veuillez rester devant la porte jusqu’au retour d’un messager de la capitale. »
« Sa Majesté est en colère, hein… On n’y peut rien. Maintenant, où vais-je rester ? »
« Actuellement, la frontière est en état d’alerte maximale en raison de la défaite de la seconde armée. Mes excuses, mais vous devrez préparer une tente et y rester. »
« Vous voulez que MOI je dorme dehors ? ! »
« Normalement, je voudrais que vous joigniez nos forces et participiez à la bataille, mais vous ne devez attendre ici, ce sont les paroles de Sa Majesté. »
Albert était furieux. Les paroles du soldat semblaient impliquer que tout cela se produisait à cause de sa défaite.
« L’ennemi est un homme que même cette Skuld n’a pas pu vaincre ! »
« Peu importe l’ennemi, notre devoir est de résister jusqu’à la mort. Si son excellence le marquis de Strasbourg souhaite se joindre à nous dans la bataille, je ne vous en empêcherai pas. »
Se battre contre cet homme équivalait à se préparer à une mort certaine.
Bien qu’il ne veuille pas l’admettre, Albert n’avait aucune idée du type de puissance militaire nécessaire qu’il fallait pour vaincre Kurats.
Il n’avait qu’un vague espoir qu’il parviendrait à s’occuper de lui d’une manière ou d’une autre avec la coopération d’Asgard.
Comme Albert n’avait pas de réponse à offrir, le soldat mit fin à la conversation avec une expression neutre.
« S’il n’y a rien d’autre, nous avons des préparatifs à faire. »
Jusqu’où Albert allait-il tomber ?
Il ne restait aucune trace de sa gloire passée, et même le commandant d’un poste de contrôle frontalier le regardait de haut.
Albert grinça des dents devant sa propre inutilité, en sanglotant tranquillement.
Ce ne fut qu’au bout de sept jours qu’un messager envoyé par Heimdal se rendit à la tente d’Albert.
Compte tenu de la distance qui sépare la capitale du poste de contrôle, on ne pouvait pas dire qu’il ait mis trop de temps à arriver. Mais pour un messager agissant en temps de guerre, il avait encore été un peu lent.
« Je suis venu transmettre un message de Sa Majesté au marquis de Strasbourg. Je vous prie de bien vouloir le recevoir. »
« Désolé, quel est votre nom ? »
Remarquant que le messager le regardait comme s’il n’était qu’un simple caillou au bord d’une route, Albert ne fit aucun effort pour cacher son expression offensée.
« La valeur des paroles de Sa Majesté n’a aucun rapport avec celui qui les transmet… Mais exceptionnellement, je répondrai. Mon nom est Pulse Mackensen. Je suis le nouveau commandant de la quatrième armée, maintenant réorganisée. »
« Je vois, un commandant. Je vous en prie, continuez. »
« Seigneur de Strasbourg, quelle est votre valeur selon vous ? »
Tout en se demandant pourquoi un vrai guerrier comme Pulse lui poserait une telle question, Albert répondit avec confiance.
« La famille Strasbourg est une famille noble qui n’a pas d’égal dans tout Jormungand. Nous avons une forte influence au sein du royaume et notre peuple ne manque pas de loyauté. Sans compter que je connais très bien la géographie de Jormungand, je pourrais avoir de nombreuses utilisations dans la conquête du royaume par l’empire. »
Albert pensait plutôt : « Je suis le marquis de Strasbourg, cela devrait suffire à donner une valeur politique », mais il avait à peine réussi à s’empêcher d’exprimer ces pensées.
Si cette situation s’était produite avant sa récente défaite, il aurait déjà eu une crise il y a un certain temps.
« C’est ce que vous croyez ? Sa Majesté n’est pas d’accord. Il croit que vous êtes totalement inutile, que vous ne valez pas la peine d’être utilisé pour soutenir l’empire. Mais j’ai essayé d’interroger directement l’ennemi sur votre valeur, au cas où. C’est pourquoi ce message arrive si tard. »
« Je suis… Je suis le chef de la glorieuse famille de Strasbourg ! Comment pourrais-je être inutile ? »
« Une grande déclaration pour quelqu’un qui n’a pas encore prouvé son utilité d’une quelconque manière. En tout cas, j’ai essayé de demander au seigneur de Bashtar ce qu’il enverrait à l’empire en échange de vous. Il a été rapporté que le général Skuld a été capturé, j’ai donc pensé que ça valait la peine d’essayer de la récupérer. Cependant… »
Pour la première fois depuis qu’il était venu ici, Pulse s’était mis à rire d’amusement.
« Tout ce qu’il nous a envoyé, c’est cette seule épée. Il n’a pas renvoyé un seul de nos soldats. Et j’aurais fait de même. »
Bien qu’il ne sache pas pourquoi, Albert avait instinctivement l’impression d’avoir pris une décision atrocement mauvaise en venant ici
« Ne comprenez-vous pas le sens de sa réponse ? »
Pourquoi cette épée avait-elle été considérée comme valant autant que lui ?
Est-ce qu’il y avait une allusion au fait qu’il avait poignardé Felbell ? Ou bien cela signifiait-il qu’il n’avait aucune valeur en tant que soldat ?
« Êtes-vous vraiment marié à une princesse ? Il semblerait que le seigneur de Bashtar, bien qu’il soit né roturier, ait une vision beaucoup plus élevée que la vôtre. En bref, ce qu’il voulait dire, c’est que vous ne valez pas l’échange, votre seule valeur résiderait dans le fait que vous assumiez la responsabilité de votre défaite et que vous vous sacrifiez. »
En regardant cela d’un autre point de vue, cela signifiait qu’il n’y avait aucune valeur à garder Albert en vie.
Il avait réussi à s’enfuir vivant pour ensuite se retrouver lui-même condamné à mort.
« S’il vous plaît, attendez ! Je ne peux pas mourir ici ! Je peux certainement être utile à l’empire ! S’il vous plaît, épargnez ma vie ! »
À ce moment, Albert se souvint très bien des mots que Felbell lui avait laissés avant leur séparation.
{C’est fini. Arrête cette lutte disgracieuse.}
« CE N’EST PAS FINI ! »
Albert cria comme un fou.
« Seigneur Pulse, veuillez servir de médiateur entre moi et Sa Majesté Heimdall, je lui remettrai tout ce que je possède, je ferai n’importe quoi ! »
« Le mieux que vous pouvez faire est de mourir d’une mort misérable. »
L’empire Asgard, autrefois invincible, avait perdu deux batailles consécutives. La seule utilité qu’il restait à Albert était de mourir le plus misérablement possible pour assumer la responsabilité de ces défaites.
« NOON ! JE NE VEUX PAS MOURIR ! »
« Seigneur de Strasbourg, vous aviez le droit de choisir votre façon de mourir, vous avez renoncé à cette possibilité. Vous récoltez ce que vous avez vous-même semé. »
Albert comprit finalement le vrai sens des mots de Felbell.
Il était néanmoins toujours terrifié par la mort, mais cette peur était précisément ce qui faisait de lui la meilleure proie pour un bon spectacle.
Un sourire calme et froid apparut sur le visage de Pulse.
***
Chapitre 121
« Hmmm ! »
Felbell s’étira tout en bâillant.
Avant même qu’elle ne s’en rende compte, les sombres sentiments et la fatigue qu’elle avait accumulés avaient disparu comme s’ils n’avaient jamais existé.
Depuis combien de temps ne s’était-elle pas réveillée dans une humeur aussi rafraîchie ?
Peut-être depuis le lendemain de son mariage, au moment où la façade d’Albert avait commencé à s’écailler, révélant sa déception.
Ce ne fut qu’au moment où ses pensées avaient atteint ce point que Felbell avait réalisé qu’elle n’était pas morte.
Il n’aurait pas dû y avoir de méthode pour la sauver, elle avait subi une blessure mortelle.
Maintenant qu’elle y pensait, elle avait le vague sentiment d’avoir eu une conversation avec quelqu’un, juste au bord de la mort.
« On dirait que tu es réveillée. »
« Eh ? … Mlle Skuld ? »
Felbell fut déconcertée de trouver la princesse folle d’Asgard, qu’elle avait eu peur d’approcher auparavant, regardant son visage.
« Tes blessures physiques ont été guéries, mais il semblerait que tu aies accumulé bien plus que cela. Tu as dormi pendant trois jours. »
« Trois… jours ? »
Pas étonnant qu’elle se sentait renaître après s’être débarrassée de tant de fatigue.
« Tu pensais être morte, et pourtant tu es là, vivante et en bonne santé. Ce n’est pas si mal, n’est-ce pas ? »
« … Je ne le nierai pas. »
Elle était sûre qu’elle avait donné son accord pour mourir par la lame d’Albert à ce moment-là.
Elle n’avait cependant aucun sentiment de satisfaction à l’égard de ce résultat.
L’homme qui lui avait tout juré s’était enfui et l’avait laissée en disgrâce.
Quelle femme au monde voudrait être abandonnée et assassinée par son propre mari !
Alors que de telles pensées lui traversaient l’esprit, des sentiments écœurants commencèrent à refaire surface dans sa poitrine.
« Alors que tu pensais être morte, tu t’es sentie en quelque sorte libérée de tes chaînes, n’est-ce pas ? »
« As-tu éprouvé un sentiment similaire, Mlle Skuld ? »
« En effet. Pour être honnête, je n’arrive toujours pas à croire que je sois toujours en vie. Après tout, j’ai toujours vécu pour me battre et mourir. »
Depuis le jour où son père avait été assassiné en guise de punition, Skuld cherchait un homme qui pourrait la tuer et surpasser Heimdall.
Mais, ayant survécu afin de se voir défaite, elle avait l’impression qu’il lui restait trop de choses à faire dans la vie.
La vie était pleine de possibilités, n’est-ce pas ?
Elle sentait qu’elle pouvait trouver du plaisir à rester au lit jusqu’au lever du soleil, ou encore à se bourrer le ventre de sucreries jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus déjeuner.
Plus important encore, elle était impatiente de se battre à nouveau en duel avec cet homme.
Non, si possible, on pourrait aller plus loin et… faire ceci, et cela… Et même cela !
« Aaah »
Felbell s’était retrouvée à sourire alors qu’elle regardait Skuld. Celle-ci s’était soudainement mise à rougir tout en faisant tournoyer ses index.
C’était réconfortant. Elle avait l’air bien trop innocente pour porter le titre de princesse folle.
« Serait-ce possible… que tu sois tombée amoureuse ? »
« L, L’amour ? Amoureuse ? Moi ? »
« Oh, viens-tu juste de le réaliser ? »
« Iiiiiiiiiiiiih »
Paniquée, Skuld agita ses mains de façon chaotique.
Felbell sentait qu’elle pouvait voir en elle son ancien visage, celui de l’époque où elle était tombée amoureuse d’Albert.
Son propre amour avait pris une tournure malheureuse, mais elle ne pouvait s’empêcher de souhaiter que l’amour de Skuld réussisse.
Kurats ne vint rendre visite à Felbell qu’une fois l’heure de midi passée. Il vit qu’elle était complètement rétablie aujourd’hui.
« Tu as l’air en bonne santé, c’est super. La vérité est que je suis venu te demander quelque chose. »
Le cœur de Felbell bondit quand elle entendit cette voix familière et profonde.
C’était effectivement la voix de l’homme qui lui avait parlé alors qu’elle était au bord de la mort.
Elle se sentait étrangement gênée de ne pas pouvoir deviner, à partir de ses vagues souvenirs, ce qu’elle avait pu dire à ce moment-là.
« Je crois que c’est la première fois que nous nous rencontrons ainsi, Seigneur Bashtar. »
Elle avait entendu parler de lui d’innombrables fois à la suite des plaintes et des abus d’Albert, mais c’était la première fois qu’elle le rencontrait en personne.
Sans compter la fois où il était venu la sauver, bien sûr.
« Alors je vais me présenter officiellement. Je suis Kurats Hans Almadianos de Bashtar. J’ai beaucoup entendu parler de vous par l’intermédiaire de Lunaria, Votre Altesse. »
Felbell se souvenait de sa petite sœur, quand elles avaient dû se séparer en deux factions.
Elle avait été la seule à partager avec elle une bonne relation sans hiérarchie ni statut superflu.
Contrairement à elle, sa petite sœur était du type joyeux et ouvert. Tout le monde était attiré par son excentricité.
Si Felbell avait obtenu le soutien de la noblesse, c’était parce qu’elle avait le talent d’Albert à ses côtés. Si les deux sœurs avaient participé individuellement à un concours de popularité, Lunaria aurait gagné.
Felbell avait toujours été jalouse de sa petite sœur, innocente et simple.
Et plus Lunaria devenait sauvage, plus Felbell s’entêtait à se comporter comme une bonne enfant.
Cela l’avait à tous les coups fait passer pour une marionnette facile à manipuler pour Albert et les autres.
Si elle avait vécu aussi librement que Lunaria dès le début, sa vie aurait-elle été un peu différente ?
« Vous m’avez sauvée, n’est-ce pas ? »
« Ah oui, Lunaria me l’a demandé. En plus, je ne pourrais pas dormir la nuit si je vous laissais mourir comme ça. »
« Elle vous l’a demandé ? »
Il y avait une certaine irritation dans cette question.
Sa fierté ne lui permettait pas d’approuver que sa petite sœur lui accorde sa sympathie après qu’elles soient devenues les responsables de deux factions ennemies.
« Et si je voulais mourir ? »
« Je vous demanderai alors si vous voulez encore renoncer à votre vie pour le bien de cet homme ? »
« … Kuh »
Cette réaction n’était pas seulement logique, mais aussi émotionnelle.
Elle ne pensait plus être prête à mourir pour le bien d’Albert.
Les racines de ses sentiments pour lui s’étaient complètement fanées. Peu importe la quantité d’eau qu’elle y versait, elles ne refleuriront plus jamais.
« J’y ai réfléchi. Les gens ne sont pas assez forts pour se forcer à croire en une idée qui la conduira à leur propre mort. »
Sacrifier sa vie pour quelqu’un était quelque chose qui ne pouvait littéralement être fait qu’une fois.
Une fois cette opportunité gâchée, il était impossible de le refaire.
« Mais pour l’instant, je veux vous poser une question afin d’obtenir une confirmation. Votre mari est apparemment détenu par Asgard. »
« Détenu ? »
« Ils essaient probablement de lui faire endosser la responsabilité de la défaite. Je suppose qu’il n’a plus aucune valeur maintenant qu’il a été chassé de son propre territoire. »
Comme je le pensais, on en est arrivé là.
Felbell n’avait rien trouvé à dire, car c’était malheureusement bien dans ses attentes.
Elle savait qu’Albert n’avait plus de pouvoir car il avait perdu à la fois son territoire et son influence après sa défaite.
Le seul qui n’avait pas compris que cela allait arriver était Albert lui-même.
Mourir courageusement sur la terre de ses ancêtres était la chose la plus élémentaire qu’il aurait pu faire pour protéger son honneur, mais en fin de compte, il avait rejeté cette option.
« En ce moment, il est comme un enfant non désiré pour Asgard. Ils ont dit qu’ils nous le livreront pour que nous puissions faire ce que nous voulons de lui, mais seulement si nous leur donnons quelque chose en échange. »
Le pays qui voulait le plus punir Albert était, bien sûr, Jormungand, pas Asgard.
Il était le mari de la princesse, et pourtant il s’était rebellé contre le royaume et avait même fait entrer une nation ennemie sur son territoire.
Même s’il était déchiré membre par membre, cela ne suffirait naturellement pas à le faire payer.
« Que ferez-vous, seigneur Bashtar ? »
« Eh bien, je suis sûr qu’ils seraient aux anges si nous leur remettions son altesse Felbell ou le général Skuld. »
« Aaaah, pas question ! Je ne veux plus retourner dans ce pays ! »
Skuld, qui avait jusqu’alors écouté discrètement, s’était accrochée à la manche droite de Kurats comme un enfant qui venait d’être pris en train de faire des bêtises.
« Elle s’est vraiment attachée à vous. »
« Je suis aussi surpris que vous… Hé, ne me regardez pas comme ça. »
Kurats se sentait mal à l’aise de voir que Felbell le regardait comme s’il était l’ennemi de toutes les femmes.
« Relax, c’est bon. Je n’ai pas l’intention de te livrer à eux. »
« Entendu ! Je n’ai maintenant aucune raison de me battre pour Asgard ! Je vais plutôt travailler avec toi pour les vaincre ! »
La très honnête Skuld était redevenue visiblement vive, donnant à Felbell un sentiment agréable.
Elle aussi avait été comme Skuld. Tout comme elle, elle réagissait de façon excessivement émotionnelle à chaque mouvement de celui qu’elle aimait.
Mais aujourd’hui…
« Vous ne voulez pas le sauver, n’est-ce pas ? »
« J’étais prête à mourir avec lui, mais je n’ai pas l’intention de vendre mon corps pour lui. »
« Évidemment. »
Même pour deux personnes qui s’aimaient, la dignité était quelque chose qui devait être respecté quoiqu’il arrive.
C’était particulièrement vrai pour les membres de la famille royale et les aristocrates. Ils étaient censés protéger leur dignité avec leur propre vie.
« Alors je leur dirai que je ne leur donnerai rien. »
« Non, envoyez-leur une épée. Je veux au moins lui donner la possibilité de prendre sa propre décision. »
Si Albert pouvait assumer personnellement la responsabilité de ses actes, il serait en mesure d’effacer un tant soit peu son déshonneur.
Cependant, Kurats et Felbell savaient tous deux que cela serait impossible pour Albert.
« En espérant qu’il en fasse bon usage. »
Bien que ces mots n’aient été qu’une simple consolation pour Felbell, Kurats ne put s’empêcher de les dire
Felbell réalisa que Kurats était plus doux qu’elle ne le pensait.
Il parlait délibérément mal d’Albert afin que Felbell ne se sente pas coupable de survivre.
Mais il était également prêt à aider Felbell à envoyer ses dernières pensées à Albert.
Peu d’hommes étaient assez prévenants pour s’inquiéter de telles choses.
Il semblerait que Lunaria se soit trouvé un très bon partenaire.
« Maintenant, que vais-je devenir ? »
Felbell avait été maintenue en vie et capturée.
On pouvait supposer que cela signifiait qu’elle ne serait probablement pas tuée, mais il était toujours possible qu’elle soit maintenue en vie pour être exécutée en public afin de servir d’exemple.
La solution la plus envisageable était d’enfermer Felbell quelque part jusqu’à ce que Lunaria donne naissance à un héritier.
Elle finirait peut-être par devenir le jouet d’autres nobles qui avaient été enfermés avant elle.
Si tel devait être son destin, Felbell avait bien l’intention de s’ôter la vie par tous les moyens.
***
Chapitre 122
« Hein ? Qui a dit que je voulais vous faire quelque chose ? Une fois la guerre terminée, vous pourrez faire ce que vous voulez. Vous pourriez peut-être rester à Bashtar pendant un certain temps. »
« Qu’est-ce que vous avez dit ? »
Felbell ne pouvait pas s’empêcher de remettre en question ce qu’elle venait d’entendre. La réponse de Kurats était trop choquante.
Cet homme ne savait-il pas qu’elle s’était opposée au royaume ?
« Croyez-vous que père… Sa majesté le permettrait ? »
« À qui pensez-vous parler en ce moment ? »
Kurats fit un sourire féroce, en montrant ses dents.
Felbell se recroquevillait de peur.
L’aura intimidante de l’homme avait mis son instinct de survie en alerte, lui donnant un sentiment de malheur imminent.
C’était un sentiment provoqué par la puissance de Kurats, une indication de sa nature accablante.
« J’ai repoussé la quatrième armée de l’empire en Lapland, et maintenant j’ai même vaincu la deuxième armée de Skuld. Évidemment, je n’ai pas l’intention de m’arrêter là. La même chose arrivera à la première armée. J’écraserai tous les ennemis qui se mettront en travers de mon chemin, et je ferai céder Asgard de mes mains. »
Le titre le plus connu de Kurats était « Héros de Bashtar », mais Felbell connaissait un autre titre qui lui avait été donné.
« L’armée d’un seul homme »
… Mais ce titre ne lui convenait même plus. Ayant écrasé Skuld, il pouvait probablement être considéré comme l’égal de toute une nation maintenant.
Felbell tourna son attention vers Skuld, qui était actuellement absorbée à regarder Kurats ricaner avec arrogance.
Si Skuld et Frigga étaient placées sous la direction de Kurats, il pourrait alors, de façon réaliste, conquérir tout Asgard.
Felbell sentit soudain des frissons l’attaquer.
Ses pensées lui donnèrent la chair de poule.
Sachant que Felbell venait d’obtenir la réponse à sa question par elle-même, le sourire de Kurats se transforma en un rictus.
« Qui peut s’opposer à moi, selon vous ? Pensez-vous qu’il y ait une force sur ce continent qui puisse gagner contre l’homme qui peut piétiner tout Asgard à lui tout seul ? »
Même la fierté du royaume, Rosberg, ne pourrait jamais faire face à l’empire Asgard tout seul.
Cela signifiait que Kurats ne pouvait pas être maîtrisé par la force.
Pour commencer, sans Kurats, Jormungand n’aurait pas été en mesure de se sortir indemne de la trahison d’Albert. Cette trahison aurait très certainement porté un coup fatal au royaume.
Si ce même Kurats avait son mot à dire sur le traitement infligé à Felbell, il était alors pratiquement impossible pour quiconque de s’y opposer ouvertement.
Personne ne se porterait volontaire pour s’opposer à un adversaire imbattable.
Si le roi Christophe avait une autorité formelle sur lui, il ne pouvait même pas forcer Kurats à faire quoi que ce soit.
« Que comptez-vous faire de tout ce pouvoir ? »
S’il le voulait, cet homme pourrait s’emparer à la fois d’Asgard et de Jormungand.
Peut-être que celui qui était le plus proche de prendre le contrôle du monde était Kurats, pas Heimdall.
Le sentiment de mort imminente chez Felbell était dans un sens naturel.
« Laissez-moi réfléchir… Et si je l’utilisais pour faire de vous et Skuld mes femmes ? »
Soudainement, Kurats jeta un regard lascif à Skuld et Felbell.
« Quoi ?? »
« … Kyu »
Leurs deux visages étaient devenus simultanément pourpres, comme s’ils étaient en feu.
Skuld avait été la plus touchée. Sa conscience volait dans les nuages du débordement émotionnel.
« Je plaisante avec vous… Mais si jamais l’occasion se présente, qui sait. »
Alors que Kurats se retournait calmement et quittait la pièce, Felbell tombait dans une grande fureur. Un mélange de colère, d’embarras, d’incertitude et même d’impuissance à ne rien faire face à ces émotions.
« C’est absolument impardonnable ! Je dois rembourser cette humiliation au centuple ! Souvenez-vous de cela ! »
Si tous ceux qui connaissaient Kurats avaient entendu cela, ils auraient tous eu exactement la même pensée : « drapeau en vue. »
◆ ◆ ◆
« Non ! Que quelqu’un me sauve ! Je ne veux pas mourir !! »
Une grande foule s’était rassemblée sur l’un des sites d’exécution de l’Empire en apprenant qu’un noble allait être décapité.
Les gens pointaient du doigt et se moquaient d’Albert, qui agitait ses membres et criait sans se soucier de sa réputation.
« Si le royaume de Jormungand appelle cela un noble, alors ce n’est vraiment pas grave. »
« Ne se rend-il pas compte que personne n’aidera un type qui a trahi son pays pour ensuite être complètement écrasé ? »
Albert avait subi toutes sortes d’abus, mais il s’en fichait. Le visage plein de larmes et de mucus, il secouait désespérément son corps pour échapper au bourreau.
« Libérez-moi ! Lâchez-moi !! »
« Ça suffit ! Sa Majesté a eu la gentillesse de vous donner le choix de vous suicider, et pourtant, regardez comme vous agissez de façon pathétique. Si vous êtes vraiment un noble, soyez raisonnable et agissez comme tel ! »
« Je m’en fiche ! Je ne suis pas censé mourir comme ça ! Il doit y avoir une sorte d’erreur ! »
Le bourreau secoua la tête. Il en avait eu assez du refus d’Albert de faire face à la réalité.
N’avait-il pas réalisé qu’on lui donnait une dernière chance de préserver son honneur ?
Finalement, le bourreau renonça à laisser Albert s’ôter la vie. S’il n’était pas prêt à voir la situation telle qu’elle était, alors il n’était pas nécessaire de se donner la peine d’essayer de sauver son honneur.
Si pour lui, il n’y avait pas de différence entre être exécuté et se suicider, alors il était normal de le tuer.
Deux bourreaux vinrent appuyer sur les deux épaules d’Albert avec leurs gros bras.
Ils le maintinrent ainsi sur l’estrade de décapitation, mettant fin à son combat désespéré.
Puis, un autre bourreau s’approcha lentement en tenant une hache.
Albert cria comme s’il était devenu fou.
Il ne pouvait plus faire qu’une chose à ce moment-là : continuer à nier la réalité.
« Dieu tout puissant ! Venez me réveiller de ce cauchemar ! Viiite ! »
« Tu devrais être content ! À partir de maintenant, tu pourras dormir autant que tu veux, sans que des cauchemars te hantent ! »
La pensée d’Albert sur ces mots devait être un secret qu’il emporterait avec lui dans son sommeil éternel.
Mais personne sur place n’était assez excentrique pour s’intéresser à lui après sa mort.
Ce ne fut que quatre jours plus tard que Jormungand fut informé qu’Albert avait été décapité, non pas en tant que noble, mais en tant que simple criminel.
En entendant ce rapport, il avait été dit que Felbell n’avait même pas bougé un sourcil.
Elle prit une seule rose dans un vase et la jeta par la fenêtre, dans le ciel nocturne.
***
Chapitre 123
« Argh… À l'instant… qu'est-ce que c'était ? »
« Comme on pouvait s’attendre de l'épée du royaume, je suppose qu'il n'y a pas moyen de vous achever sans faire quelques dégâts… »
Le duel entre Rosberg et Gunther avait donné lieu à une scène de destruction semblable à deux catastrophes naturelles qui s'affrontaient.
La terre sous leurs pieds s'était transformée en verre à cause de la chaleur, il y avait de grands cratères partout et tout ce qui se trouvait entre eux, des plantes aux objets, avait été détruit.
Ni leurs ennemis ni leurs alliés n'avaient pu s'approcher d'eux, de peur d'être victimes de tirs alliés.
Rosberg avait utilisé son épée magique, Gerlach, tandis que Gunther montait un chevalier magique appelé Farenheit, qui avait été fabriqué en paire avec l'Adelaide de Skuld.
Lorsque les deux ennemis se croisaient, des étincelles de foudre volaient littéralement entre eux.
Cette lutte compétitive avait duré environ 20 minutes.
Cependant, lors de leur dernier échange, pendant un dixième de seconde seulement, Rosberg avait senti les mouvements de son corps s'arrêter complètement.
Malgré cela, il avait choisi de libérer toute la puissance de son épée magique.
Et bien qu'il ait semblé que les deux rivaux aient frappé l'autre, seul le Farenheit de Gunther avait finalement touché.
Rosberg fut gravement blessé, mais en échange, Farenheit fut contraint de s'arrêter.
La survie de Rosberg était due au fait que Gunther avait donné la priorité à la préservation de son chevalier magique.
Si Gunther, encore indemne, avait décidé de donner la priorité au duel, Rosberg aurait probablement dû perdre la vie.
« Seigneur Rosberg ! S'il vous plaît, tenez bon ! »
Allongé sur le sol, le haut de son corps trempé dans son propre sang, Rosberg avait été sauvé par son général de confiance, Courier.
« Ça va aller, monsieur Courier. Que l'armée se replie immédiatement. Je m'excuse, mais je dois vous confier le reste. »
« Entendu ! Reposez votre corps, s'il vous plaît, seigneur Rosberg ! »
Après le départ de leur excellent commandant pour un traitement médical, l'armée de Jormungand avait commencé à battre en retraite de façon assez ordonnée.
Il était impossible pour les forces d'Asgard de manquer une telle occasion.
« Poursuivez-les ! Celui qui apportera la tête de Robserg aura la récompense qu'il désire ! »
« Ne les laissez pas s'échapper ! Frappez-les ! »
Pendant que Gunther ramenait le cavalier magique Farenheit à une position sûre, le reste de ses forces poussait hardiment des cris de guerre, prétendant qu'ils s'attaquaient à l'armée de Jormungand.
« Pas si vite ! Je ne laisserai pas un seul d'entre vous passer ! »
À ce moment précis, Courier était arrivé juste devant l'armée d’Asgard, avec les 2000 hommes sous son commandement direct.
« Que pensez-vous pouvoir faire avec 2000 hommes ? ! »
« C'est bien plus qu'il n'en faut pour retenir des gens comme vous ! »
Se gonflant de fierté, Courier lança un sort incantatoire en un mot, ainsi que tous ses hommes.
« E.C.L.A.I.R »
Bien que le pouvoir du sort ne soit pas très connu, sa force réside dans la vitesse de lancement caractéristique de la magie à un mot.
En tant que mage et disciple direct de Rosberg, Courier était un adversaire extrêmement difficile à affronter lorsqu'il utilisait la magie à un mot.
Ainsi, alors que les éclairs de lumière frappèrent l'ennemi de leur effet désorientant, les 2000 chevaliers mages dirigés par Courier sautèrent droit dans les forces ennemies.
« F.L.E.C.H.E D.E F.E.U »
« L.A.N.C.E D.E T.E.R.R.E »
« É.C.L.A.T D.E.A.U »
Aucun de ces hommes n'avait assez de pouvoir magique pour causer à leurs ennemis autre chose qu'une simple blessure.
Cependant, comme ces hommes étaient capables d'utiliser leur faible magie en plus de leur style de combat physique, les soldats déjà désorientés de l'armée d'Asgard furent instantanément forcés de se lancer dans une grande mêlée.
L'objectif de Courier n'était pas de gagner quoi que ce soit, mais de donner le temps à ses alliés de battre en retraite.
Tout ce qu'il avait à faire était de maintenir le chaos actuel pendant un certain temps.
Avec cet objectif en tête, il avait déjà accepté dès le départ que ses hommes soient anéantis.
Après tout, c'était dans une telle mêlée chaotique que les habiles chevaliers mages seraient capables de briller malgré leur magie médiocre.
« Ne vous arrêtez pas ! Concentrez-vous sur le fait de trancher les adversaires devant vous ! »
De plus, il faut mentionner que Courier lui-même était assez talentueux pour mériter la reconnaissance de Rosberg
Et comme Gunther était temporairement incapable d'intervenir, la première armée d'Asgard ne pouvait rien faire d'autre que de se laisser entraîner dans le chaos, permettant ainsi aux forces de Jormungand de se retirer.
Bien sûr, pas un seul chevalier mage n'avait réussi à quitter ce champ de bataille.
◆ ◆ ◆
« Vous dites que cet oncle a perdu ? »
Kurats avait été sincèrement surpris lorsqu'un messager était venu l'informer que Rosbeerg avait été battu dans un combat en duel.
Kurats avait une grande estime pour Rosberg.
Il pensait qu'il serait un adversaire encore plus redoutable que la princesse folle Skuld dans un combat sérieux avec son épée magique.
Le fait que Gunther ait réussi à vaincre Robserg signifiait que même Kurats devait se méfier de lui.
« Alors, comment va-t-il ? »
« Bien qu'il ait été gravement blessé, sa vie n'est pas en danger. De plus, 80% des forces de notre camp se sont retirées avec succès. Cependant, le Seigneur Rosberg pense qu'il ne pourra pas bouger pendant les prochains mois. »
« Ça va être un problème. »
« Mais cela ne sera également pas trop problématique. », ajouta Kurats dans son souffle.
Aux yeux de Kurats, aucun commandant de Jormungand n'était à la hauteur de Rosberg.
Même le ministre de la guerre, Cellvis, n'était fondamentalement qu'un politicien de l'armée. Il y avait quelques personnes dignes d'intérêt parmi les généraux du royaume, mais elles n'étaient pas si puissantes que ça.
Sachant tout cela, Kurats avait pu deviner ce que le messager voulait lui dire.
« Alors, que voulez-vous de moi ? »
Kurats était comte de Bashtar, pas un commandant des forces royales.
Son seul ordre, cette fois, était de soumettre le marquis de Strasbourg. Il ne pouvait pas changer le but de son armée de sa propre initiative.
« L'ennemi a aussi subi des dégâts. Ils se sont temporairement repliés pour réorganiser leurs troupes. Le général Rosberg voulait que je vous dise qu'il aimerait que vous évaluiez leurs pertes et les repoussiez si possible, Seigneur Bashtar. »
Apparemment, le camp de Rosberg avait eu le dessus sur le commandement des troupes, ce qui les avait conduits à infliger des dommages importants à l'armée d’Asgard.
Cependant, les hommes de l'Empire seraient-ils capables de lancer un nouvel assaut dans leur état actuel ? Ou bien se trouvaient-ils dans une position où ils devaient attendre ?
Il n'y avait pas encore de réponse à ces questions.
Peut-être d'autres personnes pourraient-elles prendre la relève de Kurats pour les missions de reconnaissance, mais personne d'autre ne pourrait assumer le rôle de repousser les ennemis.
Et bien que ce ne soit pas un ordre du roi, Rosberg avait le droit de prendre une décision de ce niveau en tant que personne ayant la plus haute autorité sur place.
« Très bien. Je vais prendre l'ordre. Mais dites à Sa Majesté de prendre soin de Felbell et Skuld pour moi. »
En regardant le grand corps de Kurats, qui mesurait plus de 2 mètres, le messager s’était clairement senti sous pression. Il pouvait sentir le regard de là-haut qui le regardait de haut en bas.
Normalement, personne ne pouvait faire une demande unilatérale au roi.
De plus, Kurats imposait clairement sa volonté, partant du principe que la demande serait satisfaite sans même avoir obtenu de réponse.
Malgré cela, le messager n'avait pas l'impression que les paroles de Kurats étaient déplacées.
Les instincts de survie inhérents à tout être vivant ne lui laissaient aucune place pour ignorer les paroles provenant de la personne puissante qu’était Kurats.
« Absolument, seigneur Bashtar. Que la fortune de la guerre soit avec vous. »
« Maintenant, je dois trouver un prétexte pour que Felbell… »
Si Kurats prenait les choses étape par étape, il ne serait probablement pas difficile pour lui d'obtenir plus tard Skuld comme commandant de ses forces. Tout ce qu'il avait à faire était de laisser Skuld obtenir quelques succès par elle-même.
Le problème était le traitement de Felbell.
Felbell était l'épouse d'Albert, mais elle était toujours de la famille royale du royaume. De plus, à part Lunaria, elle était la seule personne ayant le droit de succéder au trône, ce qui signifiait qu'elle avait toujours une très grande valeur politique.
Il y aurait toujours des nobles qui la voudraient comme leur pion.
Il était trop dangereux de la laisser seule à Strasbourg. De plus, plutôt que les gens d'Asgard, Kurats était encore plus préoccupé par le genre de méthodes que les nobles du camp de Jormungand utiliseraient contre elle.
« Frigga. Je vais laisser Felbell, McCain et les autres mercenaires ici, alors tu attends les renforts. »
« A-attends, s'il te plaît ! Si je reste ici, qu'en est-il de cette femme ? »
« Skuld sera juste un obstacle si je la laisse ici. Ne le penses-tu pas ? Je l'emmènerai avec moi. »
« Tu peux compter sur moi ! Je serai très utile à tes côtés ! HAH ! »
« Toi ! Maître… Je veux dire, seigneur Kurats ! Je serais plus utile que cette femme ! »
Frigga leva le coin de l’œil en signe de protestation.
Elle avait du mal à laisser une femme ayant servi l'ennemi suivre Kurats, mais elle ne sentait aucune odeur de luxure de sa part.
« Veux-tu laisser Skuld s'occuper de Febell à ta place ? Tu réalises à quel point ce serait un problème, n'est-ce pas ?! »
« Uhh… Tu as raison… »
Skuld serait obéissante aux côtés de Kurats, mais si lui et Frigga partaient et laissaient Skuld rester dans le camp à la place, il n'y aurait personne pour la surveiller.
Plus important encore, elle avait été le général ennemi quelques jours auparavant.
Il n'était pas question de la confier à Felbell.
Si elle décidait de se précipiter à Asgard, tous les efforts que Jormungand avait faits jusqu'alors seraient réduits à néant.
« Désolé, mais j'emmènerai aussi Triestella et son groupe avec moi. Je vais devoir te confier uniquement Felbell et les autres. »
« Je comprends, je n'aime pas ça, mais je comprends… »
« Et tu peux compter sur moi à tes côtés ! HAH ! »
« Tu cherches juste à te battre maintenant, n'est-ce pas ? ! Et bien tu vas l'avoir ! »
« Mesdames… s'il vous plaît, ne poussez pas ça trop loin… »
Voyant que les deux femmes avaient sorti leurs épées et se regardaient avec des étincelles entre elles, Kurats les avait laissées seules et s’était échappé de la salle.
***
Chapitre 124
Le résultat du violent combat entre Frigga et Skuld fut apparemment la défaite de Frigga. Mais elles avaient toutes deux limité leur force pour ne pas causer trop de dégâts et Frigga n’avait pas utilisé son griffon.
Après avoir demandé à une femme de chambre de nettoyer le désordre dans le hall, Kurats était allé se baigner dans un grand bain qui faisait la fierté du château de Strasbourg parmi les habitants du royaume de Jormungand.
« … Aaaaah, la seule chose que j’envie de Strasbourg, c’est sans aucun doute leurs bains publics. »
Le bain très spacieux semblait pouvoir accueillir facilement 10 personnes.
Le marbre recouvrant l’espace de lavage était décoré de fleurs artificielles multicolores, et l’eau chaude continuait de couler de multiples fontaines, grandes et petites.
Bashtar venait juste de commencer à se développer, il n’y avait donc pas d’excellents bains publics à cet endroit.
Se soumettant à la sensation de chaleur qui s’élevait du centre de son corps, Kurats ferma les yeux alors qu’il était couvert d’eau jusqu’aux épaules.
{Cela fait tellement longtemps que j’avais même oublié que la sensation de prendre un bain n’est pas si mauvaise}.
« Tu as raison. »
C’était autre chose que des désirs instinctifs comme la luxure et la faim.
Et bien qu’il ne s’agissait que d’une sensation physique, elle s’accompagnait d’un sentiment de satisfaction mentale.
« Haaaah. »
Alors que Kurats se lavait le visage et poussait un profond soupir comme s’il était un vieil homme, il entendit soudain quelque chose.
Le bruit d’une porte qui s’ouvrait.
« Euh… Si je peux me permettre, seigneur Kurats, vous êtes seul en ce moment, n’est-ce pas ? Il n’y a personne d’autre, n’est-ce pas ? »
La voix gênée était celle de Skuld.
Kurats pouvait voir ses cheveux blonds de l’autre côté de la porte, avec son corps magnifiquement enveloppé dans une serviette.
La vue de ses bras et de ses jambes blancs et souples, bien entraînés et pourtant d’une douceur féminine, lui brûlait les yeux.
« Non, mais je dois dire que tu es assez audacieuse. »
Kurats était conscient de l’affection sincère de Skuld à son égard.
Comme dans le cas de Frigga, l’acte de rencontrer Kurats aurait apparemment un impact assez massif sur ceux qui recherchaient le pouvoir.
Il y avait certainement une partie de Kurats qui espérait quelque chose de Skuld quand il avait choisi de l’emmener avec lui dans la ville de Kozun pour s’occuper de la première armée.
Cela dit, même lui n’avait pas prévu qu’elle se présenterait aux bains publics avec sa peau nue exposée.
« À propos de ça, c’est assez embarrassant, alors si vous pouviez fermer les yeux juste un petit peu… »
Se sentant excité malgré lui, Kurats ferma les yeux comme on le lui avait dit.
Après quelques pas vacillants, un bruit apaisant d’éclaboussures d’eau résonna dans la pièce.
Elle est entrée !
Une légère ondulation de l’eau atteignit le bas du corps de Kurats, et alors qu’il sentait son souffle léger s’approcher de lui, une grande vigueur descendit puis remonta.
« Vous pouvez les ouvrir maintenant. »
Kurats ouvrit puissamment les yeux, se permettant de voir le corps de Skuld à moitié exposé, frais et vibrant, assis juste à côté de lui avec ses épaules et le haut de son décolleté mis à nu.
Elle donnait l’impression qu’elle s’évanouirait sur le coup en raison de l’embarras si elle se laissait aller à réfléchir à ce qu’elle faisait.
Elle baissa la tête et sa peau blanche devint entièrement rouge.
N’avait-elle pas l’habitude d’être aussi audacieuse ?
Une sensation lancinante était venue du fond de son estomac. Elle revenait sans cesse, ce qui lui donnait une sensation de chaleur dans tout le corps.
Elle n’était pas sûre de pouvoir rester consciente si elle regardait encore une fois le corps d’acier de Kurats, qu’elle avait déjà regardé en entrant dans le bain.
« Magnifique. »
« Hyaa ! »
La voix grave de Kurats donnait à Skuld l’illusion qu’il respirait directement dans son oreille.
La vue des gouttes d’eau glissant sur la peau soyeuse de Skuld était d’un charme indescriptible.
Comme elle avait attaché ses cheveux à l’aide d’une serviette, rien ne cachait sa nuque séduisante, laissant Kurats ivre de désir.
« Au fait… Y avait-il du vrai dans ce que tu as dit plus tôt ? »
« Plus tôt ? »
« À propos de faire de Son Altesse Felbell et moi tes femmes ! »
Parlant d’une voix si faible qu’elle semblait pouvoir disparaître à tout moment, Skuld avait eu les larmes aux yeux alors que son visage rougissait à l’extrême.
Pour Skuld, qui n’avait jamais eu une conversation normale avec un homme auparavant, exprimer ses sentiments pour Kurats était un peu trop.
Depuis l’assassinat de son père, elle ne vivait plus que dans l’idée de l’entraînement et de la vengeance. Il était probablement naturel qu’elle n’ait aucune résistance face à ce genre de choses.
« Je n’étais pas sérieux, mais je suppose que je serais heureux si cela devenait réalité. »
« Vraiment ? Dieu merci ! Cela signifie que j’ai un peu de charme aux yeux du seigneur Kurats ! »
Skuld leva soudainement son visage et sourit comme une fleur en floraison, mais cela fit en sorte que ses yeux croisèrent directement le regard de Kurats.
Cela fut suffisant pour la faire rougir et bouillir à nouveau. Elle plongea son visage jusqu’au nez dans le bain chaud, quelques bulles sortaient de sa bouche sous l’eau.
En voyant ce geste enfantin, Kurats avait à peine réussi à garder son sens de la raison et à réprimer son envie de la pousser sur place.
« Tu es plus que charmante. »
Peut-être parce qu’elle était plus petite que Lunaria et Frigga, cela semblait immoral.
Mais, contrairement à Cornelia, Skuld était loin de manquer dans la région de la poitrine. Au contraire, elle était massive. Kurats se sentait impuissant face à ce déséquilibre.
{ … Une fille de la famille impériale d’Asgard, hein. Je veux absolument qu’elle serve notre cause de domination mondiale.}
N’interviens pas ! Tu plombes l’ambiance !
Lunaria, Felbell et Skuld.
Comme Heimdall n’avait pas d’enfants, Kurats pourrait peut-être se qualifier comme prince consort de leurs deux pays.
Cette idée calculatrice avait soudain traversé l’esprit des Kurats.
« Je suis si heureuse ! Personne ne m’a jamais rien dit de tel. J’avais peur de ne pas être attirante en tant que femme ! »
« Non, non, non, il n’y a aucune chance que ce soit vrai ! »
Non seulement Skuld était la nièce de l’Empereur, mais elle était aussi d’une beauté unique, c’était le moins qu’on puisse dire.
Et cette appréciation était sans aucun doute sûre puisqu’elle venait de Kurats, qui avait rassemblé toutes sortes de beautés, comme Cornelia, Lunaria, Frigga, Marika et Clodette.
Et pourtant, personne ne lui avait jamais dit qu’elle était séduisante ou belle ? Si c’était vrai, alors les hommes d’Asgard étaient tous aveugles.
« Mais c’est vrai ! Chaque fois que des personnes légèrement intéressantes se présentaient, on se battait en duel et elles mouraient toutes ! »
« Comment es-tu passé du sujet de l’amour au meurtre !? »
Cette femme pense-t-elle que « Amour » signifie niveau de violence ?
« Eh bien, je veux dire, ils étaient plus faibles que moi, alors ils sont morts. On ne pouvait rien y faire, n’est-ce pas ? »
« Si, on peut ! Et si tu commençais par ne pas mettre la mort dans l’équation ! »
Du point de vue de Skuld, le partenaire idéal devait être quelqu’un qui battrait son oncle préféré et imbattable, Hiemdall, qui se trouvait être celui qui avait autrefois assassiné son père. C’était la condition de base nécessaire pour qu’une personne soit considérée comme son partenaire. Elle avait parié sa vie sur cette idée, pour se venger.
C’était pourquoi elle semblait considérer qu’il était indispensable que son partenaire mette lui aussi sa vie en danger.
Je vois, est-ce pour cela qu’on l’appelle la princesse folle ?
« C’est pour ça que je fais ça… Je n’ai aucune idée de ce que je suis censée faire… mais je me suis souvenue que Père aimait prendre des bains avec Mère… »
C’était pourquoi Skuld avait résisté à sa propre gêne et avait foncé dans les bains publics.
Malgré cela, exposer sa peau douce comme ça était quelque chose qu’elle n’avait même pas fait devant son défunt père.
Avant que sa mère ne meure dans un accident, le père de Skuld était un homme très doux et sans ambition.
À l’époque, il s’accrochait toujours à sa femme sous prétexte qu’elle avait la peau douce. Skuld n’avait jamais réalisé la vérité, à savoir que ses parents n’étaient que des accros de la luxure.
Du point de vue de Skuld, ils avaient simplement une excellente relation. Une relation tellement géniale qu’elle en était envieuse.
En repensant à cette époque, elle se souvenait que son père avait toujours une peau affreuse à la sortie du bain. En revanche, sa mère avait toujours une peau brillante et charmante après avoir pris un bain avec lui.
Et lorsqu’elle avait essayé de poser des questions à ce sujet à l’époque…
« Ufufu... . Tu le sauras quand tu prendras un bain avec ton mari un jour. »
« C-c’est vrai. Mais ne dit-on pas que le secret de la paix intérieure est d’apprendre à s’adapter à sa situation, ma chère épouse ? »
Son père avait répondu avec un visage pâle.
« Mais ne te semble-t-il pas que le secret de la beauté est de pousser les choses au maximum ? Ne veux-tu pas que je sois belle, très cher ? »
« Oui, oui… Mais si on pouvait ajuster un peu les choses — …. »
« Ooh ? Tu veux dire que tu ne veux pas entendre ma demande, chéri ? »
« N’importe quoi. Je ne le ferais jamais. Bien sûr que non. »
« Maman et papa sont de si bons amis ! »
Quant à savoir quel genre de pensées avaient traversé l’esprit du père de Skuld, feu l’archiduc de Bewerstein, quand il avait vu le sourire innocent de sa fille à l’époque, c’est un grand mystère.
QUE QUELQU’UN ME SAUVE DE CE DOUX HENNISSEMENT !
Il semblait que le secret d’un mariage heureux résidait dans le fait que le mari écoute tranquillement les demandes de sa femme.
« Pour une raison inconnue, mon père semblait être heureux quand ma mère le lavait avec de la mousse. Est-ce la même chose pour vous, seigneur Kurats ? »
« AAAAAAAAAAAAAH ! »
En entendant les paroles de Skuld, qui n’avait manifestement jamais réalisé ce que son père et sa mère avaient vraiment fait, Kurats avait eu envie de vomir du sang.
Comment diable était-il censé réagir ?
Faites comme d’habitude.
Ma conscience ne me permet pas de faire ça avec elle ! Elle est en fait une enfant ignorante en ce moment.
« Apparemment, il se sentait bien aussi quand il se refroidissait avec de la glace pilée, mais je me demande si cela signifie que les hommes n’attrapent pas de rhume quand ils se refroidissent ? »
« C’EST VRAIMENT UN PROBLÈME ! »
C’était une bonne chose que le père de Skuld soit mort. S’il était encore en vie maintenant, Kurats lui enverrait probablement un crochet du droit au visage.
Kurats ne savait pas ce qu’il devait dire à Skuld, qui le regardait innocemment, désireuse de le rendre heureux.
***
Chapitre 125
« Aaaah Agaçant, agaçant, agaçant !! »
Felbell avait violemment jeté son châle sur le mur, se sentant vexée.
Kurats avait eu l’audace de déclarer qu’il ferait d’elle, une vraie princesse qui venait de perdre toute perspective de devenir reine dans un avenir proche, sa femme. C’était aussi effrayant qu’irritant.
Mais ce qui contrariait vraiment Felbell, c’était qu’il l’avait fait se sentir troublée comme une jeune fille, pour admettre ensuite qu’il avait plaisanté.
Qui crois-tu appeler ta femme !
Cela étant dit, si Kurats demandait à recevoir Felbell en récompense de sa victoire, Christophe ne refuserait probablement pas.
La vérité était que, bien qu’Albert soit celui qui avait pris le blâme de la rébellion, Felbell n’allait pas échapper au sort d’être punie ou incarcérée.
Après tout, si elle était jugée innocente maintenant qu’Albert était mort, de nombreux nobles allaient mettre la main sur elle, vu qu’elle était la seule rivale de Lunaria pour le trône.
Et celui qui mettrait la main sur elle deviendrait tout simplement un autre Albert.
Après tout ce qui avait été fait pour rétablir l’ordre dans le royaume de Jormungand, Felbell ne se fera plus jamais la cause principale de la scission du royaume.
Cependant, si c’était Kurats qui s’occupait d’elle, ce serait une tout autre histoire.
Il avait déjà été établi que si Lunaria devenait reine, Kurats deviendrait essentiellement la plus haute autorité du royaume.
Il avait un pouvoir et un charisme inégalé, et, plus important encore, Lunaria était profondément amoureuse de lui.
Même les personnes qui travaillaient pour lui étaient excellentes.
Clodette et Marika avaient déjà fait entendre leurs talents dans d’autres pays, et encore plus dans le royaume lui-même.
De plus, comme Kurats avait déjà écrasé les forces d’invasion de l’Empire, il y avait probablement très peu de gens qui voulaient se le mettre ouvertement à dos.
Cependant, s’il prenait la main de Felbell pour couronner le tout, toute opposition à son égard deviendrait impossible.
Plutôt que d’être emprisonné et de devoir s’inquiéter des nobles des factions opposées, la meilleure solution était de se donner à Kurats bien que cela ne corresponde pas aux souhaits des nobles.
Même Christopher serait certainement favorable à ce que Felbell épouse de Kurats plutôt que d’avoir à punir sa propre fille.
En tenant compte de tout cela, Felbell réalisa que son appartenance à Kurats était un scénario beaucoup plus probable qu’elle ne le pensait au départ.
Et ce n’est pas comme s’il avait fait du mal à mon défunt mari…
Albert avait provoqué sa propre chute, personne d’autre n’était responsable.
Felbell avait déjà rempli son devoir envers lui en essayant de donner sa vie en même temps que de prendre la sienne.
Dans ces conditions, elle n’avait plus aucun sens du devoir ni d’amour pour lui.
Cependant, elle hésitait encore à se livrer à Kurats. Ou plutôt, il était plus exact de dire qu’elle se sentait trop gênée pour le faire.
Elle avait l’impression d’avoir complètement oublié sa résolution de s’ôter la vie si elle devait être donnée à un autre noble.
« Je refuse de laisser un homme aussi vexant prendre l’initiative ! Tu ne me prendras pas ! Je te prendrai TOI ! »
Sa nouvelle résolution était outrageusement ambitieuse pour quelque chose qui était essentiellement impossible.
Une attente aussi disproportionnée était généralement ce que les gens appelaient un drapeau…
Les illusions de Felbell se déchaînaient alors qu’elle se promenait dans sa chambre.
« … Lunaria est plus que belle, mais je ne crois pas qu’elle sache montrer efficacement son charme de femme. Quant à cette Frigga, c’est une brute épaisse au sang chaud. »
Ces mots, qui feraient certainement monter la colère des deux filles, furent prononcés sans la moindre réticence par Felbell.
« Depuis le début, cette fille a toujours manqué de maîtrise de soi. Si elle est l’étendard des princesses dans l’esprit du Seigneur Bashtar, il ne pensera probablement pas que le statut de princesse soit élevé ! »
C’était sans doute pour cette raison qu’il avait trouvé si facile de dire à Felbell qu’il la voulait pour lui !
« Comme prévu, je vais devoir porter un coup dur ! Le premier coup sera décisif ! En tant que femme mariée, prendre l’initiative sera un jeu d’enfant pour moi ! »
Felbell ne savait pas qu’elle était de plus en plus excitée.
Par nature, elle était du genre à dépendre de son homme et à faire dépendre son homme d’elle.
Elle avait une tendance à la codépendance. Et maintenant qu’elle avait fait l’expérience de penser qu’elle était morte, sa nature se déchaînait apparemment.
« Il cédera à l’attrait que Lunaria et Frigga n’ont pas, l’attrait d’une femme adulte ! »
Felbell serra le poing, sans se rendre compte que ses paroles étaient absurdement désespérées.
Et ainsi, après avoir conçu et peaufiné sa stratégie, Felbell prit une gorgée de salive et s’approcha de la porte des bains publics, tout en serrant une serviette autour d’elle.
Kurats était derrière cette porte.
Tout le corps de Felbell était en ébullition. Elle perdait son courage et se sentait engourdie par sa timidité.
S’introduire dans le bain de quelqu’un était une méthode de séduction courante depuis des temps immémoriaux.
Bien sûr, cela ne signifiait pas qu’elle avait l’intention de se donner facilement.
Le dernier moment de négociation, celui qui décidait du contact où non de l’autre partie, avait une influence importante sur la détermination de l’initiative entre un homme et une femme.
Même si elle n’avait jamais utilisé ce type de marchandage avec Albert, Felbell avait l’intention de mettre sérieusement en pratique la technique de séduction qu’elle avait entendue de ses servantes dans le passé.
Allez, Felbell ! Prépare-toi !
Bam !
Elle ouvrit la porte avec force.
« Excusez-moi, seigneur… Bashtar… ? »
En ouvrant la porte, la première chose que Felbell vit était Kurats, dont le dos était lavé par Skuld. Le petit corps exposé de Skuld se balançait derrière lui.
Mais ce n’était pas le problème.
Le problème était que Kurats était face à la porte, ce qui signifiait que les yeux de Felbell étaient directement confrontés à sa partie importante qui était censée être cachée.
De plus, comme une Skuld exposée lui lavait le dos, son superbe corps affichait ouvertement son désir débordant.
« Est-ce que c’est ce que je crois ? Je connais les Francfortois, mais je n’ai jamais su que ces bâtons de cyprès pouvaient se transformer en épées sacrées. »
Le choc de cette vision bien trop diabolique fit perdre à Felbell un peu de sa prise sur sa serviette.
Glissade.
Réalisant qu’elle venait d’exposer tout son corps à l’air chaud des bains publics, Felbell cria aussi fort que les cordes vocales le lui permettaient.
« Nooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon ! »
« C-calme-toi, Felbell ! »
Malgré ses paroles, les yeux de Kurats étaient cloués sur Felbell pendant qu’il parlait. Son corps svelte, sa poitrine relativement grande, et l’ombre de sa zone secrète bien formée.
Au fur et à mesure qu’elle sentait son regard se poser sur elle, le chaos qui régnait en Felbell s’accentuait.
« Je l’ai vu ! Je l’ai vu ! J’ai vu un homme en tenu d’Adam pour la première fois ! »
Comme on pouvait s’y attendre, Kurats ne pouvait pas laisser passer ces mots absurdes, il avait dû intervenir.
« Que diable faisais-tu avec Albert si tu n’as jamais vu son corps ? ! »
« On n’y pouvait rien ! Il aimait le faire tout habiller ! »
« Trop d’informations ! Je ne voulais pas savoir ça ! »
Le choc donné par l’audition d’un autre penchant anormal avait bien secoué la raison de Kurats.
« De toute façon, s’il vous plaît, détournez-vous de moi ! »
Cet homme, Albert, s’il avait participé à cette scène, il se serait caché.
Felbell se retourna pour ramasser sa serviette, révélant son fascinant derrière, qui se balançait comme un pudding.
« Owaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »
C’était une pêche magnifique.
Cette belle pêche avait une douceur qui différait des dos bien entraînés et tendus de Lunaria et Frigga.
« Aaaaah, tu as vu ? Tu m’as revue, n’est-ce pas ? Espèce de dépravé ! Après que je t’ai demandé de détourner le regard ! »
Quand elle entendit le rugissement excité de Kurats, Felbell se tordit les hanches en panique et essaya de la cacher cette fois-ci.
Ses réactions avaient un charme que l’on pourrait difficilement qualifier comme étant celui d’une femme adulte.
« … Ne te mets pas en travers de mon chemin. »
Une voix effrayante était venue de derrière Kurats. Skuld enroula ses bras autour de son cou et se pressa contre son dos.
Elle lui tordit ensuite le cou pour détourner son regard de Felbell.
Malgré sa force surhumaine, même Kurats était impuissant devant ce piège à miel.
En ce moment, elle essayait seulement de laver le dos des Kurats, en présentant toujours le corps que lui avaient donné ses parents.
Mais ce qu’elle faisait en réalité, c’était de presser sa poitrine généreuse sur Kurats, avec une grande quantité de mousse.
Kurats ne pouvait pas s’empêcher de gémir, car il sentait les fruits sensibles glisser sur son dos.
C’est… CE jeu !
Frotter la poitrine généreuse d’une femme avec ses propres mains était bien, mais la sensation de glisser sur la peau était à sa manière très spéciale.
Tout en faisant cela, Skuld regardait Felbell comme si elle était une hyène en train d’attraper sa proie.
En voyant cela, Felbell, qui avait finalement enroulé sa serviette autour de son corps, avait timidement posé une question.
« C’est, hmmm, le hobby du seigneur Bashtar ? »
« Bien sûr que oui ! »
« C’est ça ! Le Seigneur Kurats et moi allons simplement nous amuser à nous laver ensemble avec le tabouret et le seau de la salle de bain, bien que je ne comprenne pas bien pourquoi nous sommes censés le faire ! »
« Mais qu’est-ce que tu dis ? ! »
Ou plutôt, qu’est-ce que l’archiduc de Bewerstein a bien pu apprendre à sa fille ? ! De plus, ses jeux étaient bien trop maniaques !
« Oh, mon dieu, il semble que vous soyez le pire… »
Felbell regardait Kurats comme s’il était littéralement une ordure, ce qui l’incitait à crier son innocence.
« C’est un malentendu ! Je suis, hum, normal ? Oui, normal ! »
Kurats lui-même avait mélangé un point d’interrogation dans sa déclaration, mais il valait mieux que cette erreur passe inaperçue.
Après une courte pause, Felbell commença à se remettre du choc d’avoir été vu dans son intégralité par Kurats.
Elle se souvenait alors de la raison pour laquelle elle était venue ici.
La situation était trop éloignée de ses attentes.
En tant que femme expérimentée, elle pensait qu’elle pouvait submerger Kurats parce qu’elle pensait qu’il manquait d’expérience.
Cependant, elle découvrit par hasard que Kurats était déjà un vétéran et un pervers.
En tant que princesse, pouvait-elle aussi accepter de commettre des actes aussi pervers ?
Et bien qu’elle soit embarrassée, Felbell ne pouvait pas contenir son excitation.
Le jeu des vêtements d’Albert ne me dérangeait pas parce que je croyais que c’était considéré comme normal, mais demander à une princesse de participer à un jeu de savon est tout simplement… !
Et bien qu’il ne s’agissait que d’un malentendu extrêmement involontaire du point de vue de Kurats, Felbell avait eu l’impression d’être à un point de non-retour.
En vérité, il aurait été parfaitement raisonnable de sa part de prendre du recul, mais la vue de l’épée sacrée de Kurats lui avait enlevé cette option.
Avale.
Felbell avala de nouveau sa salive en regardant l’épée sacrée qui se durcissait de plus en plus.
« H-humph ! Tu ne sais pas ce que tu fais, n’est-ce pas ? Si tu veux qu’un homme s’amuse, tu dois faire ça ! »
« O-oh »
Après un dernier moment d’hésitation, Felbell s’était mise à tripoter l’épée sacrée.
Cette fois-ci, c’était Skuld qui s’était sentie agitée.
« Ma mère m’a dit un jour que lorsqu’un homme entre dans le derrière d’une femme, son *** va grossir deux à trois fois ! »
« Tu veux dire qu’il sera encore plus gros que ça ? »
« Fufufu… De plus, si tu te mets à faire des trucs avec tes fesses, l’homme va apparemment se transformer en bête ! »
Clac
Ce son venait de Kurats, qui aimait jouer avec ses partenaires, mais détestait qu’on joue avec lui.
Il ne pouvait plus supporter cette situation. Sa patience avait atteint ses limites.
« Vous deux ! Je ne peux plus me retenir ! »
« Fuaaaah ! »
« Seigneur Bashtar ! S’il vous plaît, attendez ! J’étais sur le point d’utiliser ma technique secrète pour… »
« C’est ça ! Je te punis !! »
Bien sûr, les deux filles étaient impuissantes devant l’endurance sans limites de Kurats, et n’offraient aucune opposition.
Elles avaient toutes deux été avalées par un torrent de plaisir.
Plus tard, Kurats retrouva soudainement la raison, pour se retrouver face à la vue cruelle des deux femmes couvertes des traces qu’il avait laissées sur tout leur corps.
Il se gratta la tête, troublé par le spectacle que lui-même détestait.
« … je ne peux pas faire passer ceci pour un accident, hein ? »
***
Chapitre 126
Et vint le moment du départ de Kurats.
Une Felbell incroyablement docile l’accompagnait depuis la terrasse, comme si elle ne voulait pas s’en séparer. Ce fait avait incité Frigga à lui jeter un regard suspicieux.
Il était fort probable que les actions de Kurats soient bientôt exposées.
Il sentit alors une sueur froide couler le long de sa tempe.
« Vous allez bien, Monsieur Kurats ? Vous n’avez pas l’air bien. »
« D-Désolé, princesse Skuld, mais pourriez-vous ne pas rester trop près de moi jusqu’à ce que nous soyons loin du château ? »
Il sentait la pression des yeux de Frigga depuis un moment maintenant.
Et c’était douloureux.
Si les regards pouvaient tuer, il serait déjà mort.
« Eh bien, je compte sur toi en mon absence. Je vais battre Gunther et je reviens tout de suite. »
« Un jour… »
« Hmm ? »
« … Quand tu reviendras, s’il te plaît garde un jour entier juste pour moi. »
Cela semblait être le compromis minimum que Frigga accepterait.
Elle avait apparemment une vague idée de la relation de Kurats avec Felbell et Skuld, mais ce qui avait été fait était fait.
De plus, elle considérait comme inévitable le fait que le nombre de femmes autour de lui augmente.
L’empire d’Asgard était réputé pour être le pays le plus fort du continent.
Vaincre leur deuxième et quatrième armée était un exploit facilement digne d’un roi.
S’il pouvait faire tomber Asgard dans son ensemble, à l’exception des monstres, il n’y aurait plus aucun pays au monde qui pourrait s’opposer à lui.
À ce moment-là, l’importance de Kurats dépasserait même celle d’un roi.
Il était donc évident que les femmes se rassembleraient autour de lui comme dans le palais intérieur d’un roi.
Et si cela devait arriver, alors Frigga avait l’intention de monopoliser une partie de son temps limité.
Voyant à travers la volonté innocente de Frigga, Kurats ne put s’empêcher de la tirer dans une étreinte serrée.
« Ah ! »
Les deux prédatrices, Felbell et Skuld, eurent une réaction de colère. Laisser passer une atmosphère aussi douce était pour elles hors de question.
« … Cela semble amusant, seigneur Kurats. Je vais également profiter pleinement de notre temps ensemble jusqu’à ce que Gunther soit vaincu. »
« C’est rusé ! S’il te plaît, donne-moi aussi toute une journée d’amour.… »
Alors que Felbell n’avait pas réussi à rendre Kurats dépendant d’elle, elle semblait être devenue complètement dépendante de lui.
Skuld et elle-même regardaient clairement Kurats avec des yeux enchantés.
« Ma… je veux dire, monsieur Kurats ? »
Frigga tenta d’objecter à la situation, mais Kurats l’empêcha de parler davantage.
« Aaah, oui, je t’aime, Frigga. »
Après avoir serré fortement Frigga afin de lui bloquer la bouche et l’empêcher de l’interroger davantage, Kurats partit en direction de la plus forte armée de l’empire Asgard, prêt à affronter la force qui avait même fait tomber Rosberg.
Le plan de Skuld consistant à monopoliser Kurats pour elle-même alors qu’ils marchaient vers la première armée de l’empire avait été trop naïf.
Elle avait essayé de le servir dans son lit, mais elle n’avait même pas pu tenir une nuit.
Elle avait finalement été laissée à plat sur le dos comme une marionnette cassée, complètement épuisée.
Les Nosferatus, qui marchaient à leurs côtés, eurent quelques critiques sévères à son égard après l’avoir vue dans cet état.
« Pensais-tu pouvoir t’occuper des besoins du maître à ce niveau ? C’était naïf. »
« Ce domaine est la spécialité naturelle des Nosferatus, et pourtant même nous ne pouvons pas satisfaire complètement l’appétit du maître. »
« Comment des gens comme toi peuvent-ils espérer réussir alors que tu n’es même pas capable de comprendre les connaissances que ta mère t’a transmises ? »
« Ah, aah, wow… »
Skuld était dans un état second alors qu’elle regardait Triestella et les autres Nosferatus essuyer leurs corps souillés.
Grâce aux mots des Nosferatus, Skuld avait pu comprendre la signification de ce que sa mère avait l’habitude de dire pour la première fois.
Mère… Je suis vraiment ta fille…
Elle comprenait maintenant ce que sa mère avait l’habitude de ressentir.
Quant à son père, qui n’était pas aussi fort que Kurats, il avait dû vivre un enfer à l’époque.
Skuld sourit à elle-même en s’allongeant dans une demi-transe, se sentant vraiment ravie que Kurats soit son partenaire.
◆ ◆ ◆
Gunther regardait attentivement son cavalier magique rouge brûlant.
Les coupures d’apparence fraîche sur la machine racontaient l’histoire de la redoutable épée magique Gerlach.
S’il s’était agi d’un cavalier Chaos au lieu de son cavalier personnel Farenheit, Gunther aurait probablement été le perdant de ce face-à-face.
Mais même s’il avait gagné contre lui, Rosberg restait un adversaire terrifiant.
« Néanmoins, c’était une démonstration regrettable de ma part. J’étais si près de l’achever. »
Même si Gunther avait réussi à blesser sérieusement Rosberg, il regrettait de l’avoir laissé revenir vivant.
Blessé gravement ou non, un homme aussi habile ferait certainement preuve d’une puissance dépassant ses limites si son royaume devait se retrouver en crise.
Il ne faisait aucun doute qu’il tenterait bientôt de retourner au front malgré ses blessures.
J’aurais peut-être dû le tuer même si cela signifiait que Farenheit aurait été détruit de l’intérieur
Il ne pensait pas qu’il perdrait s’ils se livraient un autre duel, mais son précieux Farenheit subirait certainement d’autres dommages.
Alors que Gunther avait de telles pensées, il reçut la nouvelle de la défaite de Skuld.
C’était quelques jours après son combat contre Rosberg.
Sans surprise, la défaite de sa collègue lui fit un choc.
Après tout, elle était une personne digne de rivaliser avec lui pour le siège du plus fort de l’empire.
« Alors même cette princesse folle… Je ferais mieux d’être moi aussi prudent… »
–
Gunther avala sa salive.
Il savait combien l’issue de la prochaine bataille serait importante.
Si la première et la deuxième armée du pays le plus fort du continent devaient être terrassées par un seul héros, cela donnerait naissance à une ère terrible où aucun pays, quel qu’il soit, ne serait capable d’opposer une quelconque opposition à Kurats.
« … Mais je ne suis pas comme la princesse folle. »
Gunther riait avec une grande confiance.
Il ne pensait pas qu’il perdrait, même dans un combat de force brute.
Ses compétences à l’épée n’étaient en rien inférieures à celles de Rosberg.
C’était pourquoi Robserg n’avait pas eu d’autre choix que de viser l’égalité.
En réalité, Robserg n’aurait probablement même pas pu riposter sans son épée magique, Gerlach.
Plus important encore, Gunther avait un autre atout dont Rosberg ne connaissait pas l’existence.
« … Je ne crois pas que cet abruti sera capable de résister éternellement. »
Asgard était un empire magique avancé avec une technologie que Jormungand n’aurait jamais pu imaginer.
Ils n’allaient pas laisser un homme sans cervelle comme Kurats faire ce qui lui plaît indéfiniment.
Cet avantage avait eu un effet limité sur Rosberg, mais Gunther pensait qu’il devrait s’avérer plus efficace contre Kurats.
***
Chapitre 127
L’institut de magie de l’empire Asgard.
C’était l’institution de recherche en technologie magique la plus avancée du continent.
Il était déjà de notoriété publique sur le continent que la magie était la force motrice de l’hégémonie et de la croissance de l’Empire.
Mais comment avaient-ils réussi à obtenir de telles innovations technologiques ?
La réponse était un secret de polichinelle de l’empire.
La vérité était qu’une bonne partie de ces innovations étaient dues à deux femmes.
« … Il semble que la bataille contre Rosberg se soit bien passée. »
Une grande fille de 16 ans ramassa ses documents avec un sourire satisfait.
« Je suppose que c’est vrai. »
Mais la plus jeune des deux fit la moue. Contrairement à la plus âgée, la jeune fille de 12 ans, qui parlait avec un zézaiement, semblait mécontente.
« Cet homme, Kurats, a dû être surpris. »
« Mais même ainsi, je suppose que c’était encore loin d’être parfait. Le fait que Farenheit ait été poussé au point d’être non fonctionnel en est une preuve suffisante. »
« En effet. Nous devrions être plus prudentes cette fois-ci. »
Les filles étaient différentes en âge et en taille, mais à part ça, elles étaient si semblables qu’elles avaient l’impression de regarder leur propre reflet dans un miroir.
Ce qui était encore plus surprenant, c’était que la plus âgée avait l’air d’avoir 12 ans, tandis que la plus jeune avait l’air d’avoir 16 ans. En vérité, elles avaient toutes deux une vingtaine d’années.
Les deux sœurs souffraient du « syndrome de mutation congénitale de croissance », une maladie sans cause ni remède connus.
Tout ce que l’on savait de leur état était que leur cerveau avait connu une croissance anormale au détriment de leur croissance physique.
Ce qui était certain, en revanche, c’est que ces deux prodiges de l’ingénierie magique étaient indissociables de la croissance technologique magique sur laquelle l’empire Asgard mettait désormais tant l’accent.
« Je suppose que nous avons encore beaucoup de progrès à faire sur la stabilité des cavaliers. Farenheit a eu quelques problèmes, mais les cavaliers Chaos sont totalement incapables de gérer de hauts rendements magiques. La vraie difficulté sera sûrement d’apporter la stabilité aux modèles produits en série. »
« L’Empire est la nation la plus puissante du continent à l’heure actuelle. Nous devrions nous concentrer sur l’amélioration de la technologie actuelle, pas sur la production de masse. »
Naturellement, une fois que l’Empire commencerait à produire en masse les cavaliers, aucune nation au monde ne serait capable de les vaincre.
Cela témoignait de la supériorité de la magie des deux filles par rapport à la magie telle que le monde la connaissait.
Cette différence était d’autant plus frustrante pour les sœurs perfectionnistes. Elles étaient réduites à devoir se débrouiller comme elles le pouvaient et à équiper le cavalier Fahrenheit de différents prototypes pour les tester.
« Mais je suppose qu’il y a eu des rapports de monstres supérieurs ayant la capacité d’utiliser des barrières d’annulation de la magie. Bien que notre magie ne soit pas de la même nature, il devrait toujours être possible d’augmenter son efficacité avec des rendements inférieurs. »
La sœur aînée secoua ses nattes d’un côté à l’autre comme une enfant gâtée qui ne pouvait tout simplement pas être convaincue, incitant la plus jeune sœur à frémir comme si elle ne pouvait pas se retenir, avant de la serrer étroitement dans ses bras.
« Aaaah, c’est trop ~~ ! Tu es trop mignonne, Mizeru !! Ma grande sœur est trop mignonne ! »
« Qu… qu’est-ce que tu crois que tu es en train de faire, Isla ! Libère-moi tout de suite ! »
« Pas question ! Je ne me lasserais jamais de ça ! »
Isla frottait joyeusement ses joues sur le corps très chaud de sa grande sœur.
Ses mains la tenaient fermement, sentant ses cheveux doux et son très jeune corps qui ne grandirait pas, ne manquant pas un seul endroit.
Ce n’était pas sans raison.
Le prix du développement massif du cerveau des deux sœurs était le sacrifice de leur croissance physique.
Cependant, leur dur destin leur réservait encore plus.
La structure même du cerveau humain ne permettait pas de supporter une croissance anormale comme la leur.
Mizel, dont le cerveau avait connu une croissance particulièrement forte, ne serait apparemment jamais en mesure d’atteindre ses premières règles. De plus, elle ne pourra jamais atteindre l’âge de trente ans.
En d’autres termes, il ne lui restait que quelques années à vivre.
Même avec leurs cerveaux surdéveloppés, les deux sœurs n’avaient pas réussi à trouver un traitement efficace pour leur condition.
La raison pour laquelle elles avaient rejoint l’institut magique de l’Empire était de trouver un remède par la recherche.
Mais, après presque 10 ans, elles avaient tout simplement découvert qu’il n’y avait pas de remède. Et ainsi, elles avaient toutes deux accepté leurs destins.
Personne d’autre ne pouvait les comprendre. Par conséquent, elles n’avaient besoin de rien d’autre dans cette vie que de l’autre.
Dans ce monde à part que personne d’autre ne pouvait atteindre, elles vivraient seules et mourraient seules.
Une fois que Mizel aurait atteint la fin de sa vie, Isla ne serait naturellement plus capable de vivre.
Pour Isla, sa parenté excessive avec sa grande sœur était sa façon de tirer le meilleur parti de chaque instant du peu de temps qu’elles avaient encore, aussi éphémère soit-il.
Creeee !
Un bruit inorganique et mécanique résonna dans la pièce.
À ce moment-là, les sœurs, qui venaient de jouer entre elles comme des enfants, reprirent instantanément leur expression habituelle, totalement dénuée d’émotion.
Il n’y avait que quelques personnes qui pouvaient entrer dans cet institut. Parmi elles, une seule personne était autorisée à venir sans aucun préavis.
« C’est donc celui que Gunther a utilisé contre Rosberg. »
Le sourire d’Heimdall portait une arrogance telle qu’elle ne pouvait venir que d’un chef suprême qui avait le monde dans le creux de ses mains.
« Affirmatif. Cependant, la sortie est encore insuffisante. »
« Conjecture : il semble que la machine se soit arrêtée d’urgence à cause d’un court-circuit causé par une surcharge magique. »
« La puissance actuelle de Farenheit sera-t-elle suffisante pour faire face au seigneur de Bashtar ? »
Heimdall avait déjà reçu des informations concernant non seulement le fait que SKuld avait été vaincu, mais même le fait qu’elle avait rejoint le camp de Kurats.
De son point de vue, ce n’était pas une tournure d’événements étrange. Il avait toujours été vaguement conscient des véritables sentiments de Skuld lorsqu’elle travaillait à contrecœur pour lui, l’ennemi de son père.
Si elle devait être une ennemie, alors ainsi soit-il. Il y avait de nombreuses méthodes pour la vaincre de toute façon.
Mais le problème était de savoir comment vaincre Kurats, le monstre qui avait dépassé les attentes de Heimdall lui-même.
Si ce monstre avait l’intention de coopérer avec Skuld, la situation pourrait devenir légèrement incontrôlable.
« Affirmatif : mais uniquement en combat rapproché. »
« Affirmatif : mais uniquement dans un combat à court terme. »
« Combien de temps peut-il fonctionner à pleine puissance ? »
« Supposition : 5 minutes tout au plus. »
« Conjecture : si plusieurs ennemis l’attaquent en même temps, il durera moins de 3 minutes à pleine puissance. »
« Prolongez son temps de fonctionnement aussi vite que vous le pouvez. Tout le matériel dont vous aurez besoin sera préparé pour vous. »
Kurats n’était pas le seul adversaire dont il fallait se méfier en ce moment.
Il y avait aussi la valkyrie blanche, Frigga, ainsi que Lunaria, dont la force de combat ne devait pas être sous-estimée. Et maintenant, on pouvait supposer que même Skuld les avait rejoints en tant que combattant.
De plus, selon les renseignements que Heimdall avait reçus, Kurats était également suivi par quelques belles femmes aux pouvoirs mystérieux.
En vérité, ils formaient une équipe étonnante.
Même l’inégalable empire d’Asgard aurait eu du mal à rassembler une telle équipe.
À l’origine, la seule personne digne de prudence dans le royaume de Jormungand avait été Rosberg.
Il y avait encore beaucoup de pays ayant une puissance une force militaire suffisante pour devenir une menace, mais quand il s’agissait d’équipes individuelles et de leurs commandants, il n’y avait personne pour rivaliser avec Asgard, même parmi les 5 grandes puissances du continent.
Il n’était probablement pas exagéré de dire que si l’Empire pouvait vaincre Kurats et prendre le contrôle du royaume de Jormungand, alors leur conquête du continent serait réalisée à 90 %.
« Objection : on nous a promis un mois de vacances si notre mécanisme montrait de bons résultats dans une vraie bataille. »
Isla lança un regard furieux à Heimdall tout en serrant anxieusement la main de Mizel.
La vitesse de croissance de son corps était inversement proportionnelle à celle de son intelligence, ce qui signifiait que son corps ne pouvait pas suivre la consommation d’énergie de son cerveau.
Ces derniers temps, Mizel s’évanouissait comme si sa batterie était à plat et ses heures de sommeil s’allongeaient. Personne ne comprenait mieux la situation qu’Isla.
Si Mizel pouvait récupérer son énergie, alors elle pourrait très probablement prolonger un peu son espérance de vie.
Mais Heimdall répondit en grognant, comme si cela ne l’intéressait pas.
« Il ne te reste que 3 ans, quelle différence un mois va-t-il faire ? »
Si une courte durée de vie était le prix à payer pour l’intelligence surhumaine des deux filles, il était essentiel de maximiser le nombre de recherches qu’elles pourraient réaliser au cours de leur courte vie.
Si leur donner des vacances pouvait prolonger leur durée de vie, Heimdall leur aurait probablement accordé une pause.
Cependant, à moins que leurs pauses ne puissent être comptées en années, on ne pouvait s’attendre à un tel effet d’allongement de la durée de vie.
Des pauses aussi longues ne seraient qu’un raccourcissement insignifiant de leur temps de recherche.
Dans ce cas, les exploiter et en tirer le maximum était probablement la meilleure façon d’obtenir des résultats de recherche.
« Indignation : si vous n’améliorez pas votre traitement à notre égard, nous prendrons des mesures décisives. »
Seules les deux sœurs connaissaient le contenu de leurs recherches. Elles seules pouvaient les comprendre ; et personne d’autre ne pourrait s’en occuper à leur place.
Si Heimdall n’avait pas l’intention de donner son congé à sa grande sœur, alors Isla allait le prendre elle-même.
Elle était déterminée à le faire.
Mais sa détermination était loin de faire impression sur Heimdall.
« Si vous voulez que je vous sépare et que je prenne l’une d’entre vous en otage, ça me va. Mais si vous voulez rester ensemble, taisez-vous et obéissez. »
« Réticence : Sa Majesté l’empereur est injuste. »
« Réticence : mais nous continuerons nos recherches. »
Les sœurs étaient ensemble depuis le jour de leur naissance. La seule pensée d’être séparées suffisait à leur ôter toute volonté de s’opposer à Heimdall.
En fin de compte, elles n’étaient que des oiseaux en cage, le genre qui ne pouvait subsister sans son propriétaire.
« Un choix intelligent. Si on arrive à faire tomber le seigneur de Bashtar, j’envisagerai de vous donner des vacances. Ce n’est pas comme si j’avais l’intention de vous faire travailler jusqu’à votre mort. »
Heimdall avait l’intention d’utiliser les filles autant que nécessaires.
Pour lui, la fin justifiait les moyens, aussi injustes soient-ils. Il n’hésitera pas à faire ce qu’il doit faire.
Dans l’intérêt de son objectif d’unifier le monde, il ne pouvait pas se permettre de compatir à la douleur de chacun.
« Vous pouvez demander tous les fonds et toutes les informations que vous voulez, vous aurez la priorité sur tout le reste. Mais j’attendrai de vous de meilleurs résultats. »
Malgré l’arrogance de son ton, Heimdall ne pouvait en réalité pas s’empêcher de ressentir un profond intérêt envers l’anomalie qu’était Kurats.
Il espérait que Kurats était fier d’avoir vaincu Skuld en ce moment.
Mais les plus grands atouts de l’empire n’étaient pas des individus puissants comme Skuld et Gunther.
La technologie magique qu’aucun autre pays ne pouvait suivre, la technologie qui était dirigée par ces deux sœurs. C’était l’arme la plus forte de l’empire.
***
Chapitre 128
Il fallait trois à quatre jours à un corps d’armée pour marcher de Strasbourg à Kozun, où se trouvait actuellement la première armée d’Asgard.
C’était sans compter le temps nécessaire pour s’occuper d’une grande armée, de la préparation des logements à la cuisson des repas.
Cependant, Kurats et Skuld marchaient avec une très petite armée, qui était composée de Nosferatus.
Ils auraient pu arriver à Kozun en une journée s’ils avaient réduit leur temps de sommeil, mais ils avaient quand même pris un peu de temps pour se reposer, juste au cas où.
Le lendemain matin, avant le lever du soleil, le groupe de Kurats avait atteint le village de Misul. Il se trouvait à environ 10 kilomètres de Kozun.
« Euh… Mon dos… »
Tout le monde, à l’exception de Kurats, se sentait clairement fatigué.
C’était particulièrement vrai pour Skuld, qui se remettait encore de la nuit précédente.
Elle gémissait fréquemment en chemin, se tenant les hanches tout en ressentant une douleur aiguë et sourde.
« Nous avons encore du chemin à parcourir avant d’y arriver, n’est-ce pas ? Nous serons ses servantes nocturnes jusqu’à ce que nous y arrivions. »
« Vous agissez de la sorte uniquement parce que vous êtes une bande de Nosferatus ! Je ne peux pas absorber l’énergie, ce n’est pas juste ! »
Bien que Triestella et les autres Nosferatus s’affrontaient avec la nouvelle femme de Kurats, sa concentration était ailleurs. Il pouvait sentir l’atmosphère turbulente entourant Misul.
« Ce sentiment… Cela signifie-t-il que Rosberg est toujours là ? »
Bien que l’on puisse penser que Robserg s’était retiré dans la capitale après avoir été vaincu par Gunther, Kurats était capable de percevoir sa forte persistance en tant que guerrier.
Il n’y avait que quelques soldats dans ce village. Grâce à sa perception, Kurats avait senti qu’ils étaient probablement moins d’une centaine.
Les forces ennemies étaient stationnées à seulement 10 kilomètres d’ici. Kurats ne voyait qu’un seul scénario qui justifierait que Rosberg reste dans cet endroit.
« Qui va là ? »
Une sentinelle remarqua l’approche du groupe de Kurats, et avait rapidement demandé leurs identités.
Au même moment, d’autres soldats du village s’étaient instantanément alignés en formation carrée, se serrant les uns contre les autres comme s’ils protégeaient leur propre maison.
Un simple coup d’œil à leur splendide coordination suffisait à dire à quel point leur commandant avait été sérieux dans leur entraînement.
« Je suis le comte de Bashtar. Comment va Rosberg ? »
« OOH ! Le seigneur de Bashtar est venu en personne… C’est une bénédiction des cieux ! »
Le soldat s’était accroché à Kurats comme s’il allait s’écrouler autrement.
« Faites quelque chose, s’il vous plaît, Seigneur ! Les guérisseurs de l’ordre des mages se sont échappés et il n’y a personne d’autre pour s’occuper du traitement de son excellence Rosberg ! »
« On dirait que les mages réguliers de l’ordre des mages ne sont pas très différents de leurs hauts gradés. Je commence à m’inquiéter pour l’avenir de Jormungand. »
Kurats avait l’impression de pouvoir imaginer la scène qui s’était déroulée ici.
Une bande de mages ayant le sentiment d’être des êtres élus s’étaient donné à eux-mêmes une priorité à cause de l’influence de leur chef égocentrique, Mordred.
Ils n’avaient rien à voir avec les gardes royaux de Rosberg, qui étaient prêts à se battre jusqu’au bout et à donner leur vie pour le royaume.
Mais là encore, il était insensé de les comparer.
« Montre-moi le chemin. Je ne peux pas laisser le maître d’armes de Lunaria perdre la vie, n’est-ce pas ? »
Rosberg logeait dans ce qui était à l’origine la maison du maire du village.
Il avait établi un camp temporaire dans l’espace se trouvant autour de la maison, qui était assez bien construite et grande pour un village d’un peu plus de deux cents personnes.
« Il est ici. »
Le soldat qui guidait Kurats ouvrit la porte de la chambre à coucher, faiblement éclairée et sans fenêtre.
Rosberg comprit qui était là à la seconde où il vit la silhouette absurdement grande s’approcher.
« Je dois être un spectacle terrible à voir. »
« Non, au contraire, je pense que tu as bien fait de survivre jusqu’à maintenant. Tu aurais mieux fait de traiter avec des ennemis intelligents qu’avec des alliés stupides. »
Si des sujets loyaux comme Rosberg perdaient la vie, il n’y aurait plus personne pour tenir en échec des imbéciles comme Modred.
Bien que le simple fait de respirer lui soit douloureux pour le moment, Rosberg se leva lentement.
Son souffle court et son visage pâle comme la cire lui donnaient l’image d’un homme mourant.
Un jeune garçon, qui semblait être un écuyer, essaya de le maintenir assis, mais Rosberg refusa obstinément de se laisser faire.
C’était sa façon bien à lui de ne pas céder devant le comte de Bashtar.
« Tu as perdu trop de sang. C.H.A.R.G.E. E.N.E.R.G.I.Q.U.E »
Voyant qu’un manque de sang et un manque d’endurance dû à la bataille meurtrière étaient les principaux problèmes en jeu, Kurats utilisa un sort qui restaurerait l’endurance de Rosberg à partir de la base.
« Wôw ! Mon corps me semble déjà léger… ! »
La peau de Rosberg, qui était jusqu’à présent aussi pâle que de la cire, reprit progressivement une couleur plus saine et rougeâtre.
« G.U.E.R.I.S.O.N H.A.U.T.E »
Une lumière bleue était apparue sur la paume des mains de Kurats, et la grave blessure qui avait même endommagé les organes internes de Rosberg avait guéri en quelques secondes.
Rosberg n’avait pas pu cacher son choc.
La magie de guérison qu’il connaissait était quelque chose qui ne pouvait que recoudre une blessure ouverte ou réconforter le corps pour améliorer son rétablissement naturel.
« Sérieusement, vous êtes plus incroyable que jamais. »
Rosberg, qui avait à la fois récupéré de ses blessures et retrouvé son endurance, haussa les épaules d’une voix exaspérée. Son corps était revenu au même état qu’avant son combat avec Gunther.
Maintenant que son énergie et sa force étaient de retour, il était également capable de percevoir la présence d’un puissant guerrier qu’il n’avait pas remarqué jusqu’à présent.
« Sire Bashtar… La dame derrière vous, pourrait-elle être… »
Rosberg avala sa salive, incapable de trouver les mots pour terminer sa question.
Il ne voyait aucune raison pour laquelle cette personne serait ici.
« Oh, tu veux parler de Skuld ? »
« Pourquoi la princesse folle est-elle avec vous ? Cela signifie-t-il que vous nous avez trahis, vous aussi ? »
Si cela avait été le cas, Kurats n’aurait pas guéri Rosberg, mais Rosberg était trop confus pour penser aussi loin.
Même le marquis de Strasbourg, l’une des personnes les plus influentes de la nation, s’était transformé en traître.
Rosberg ne pouvait pas prétendre qu’il n’y avait aucune chance que cela se reproduise avec Kurats.
« Après que je l’ai battue, elle a commencé à pleurer, disant qu’elle ne voulait pas mourir, alors j’en ai fait ma femme. »
« Cette description ne va-t-elle pas un peu trop loin ? Non pas que je prétende qu’elle soit fausse. » (Skuld)
Sching !
« Viens par ici, espèce de salaud !!!! »
« Merde, j’avais oublié que c’était un fanatique de Lunaria. »
D’après ce que Kurats avait entendu, lorsque le roi Christopher annonça officiellement les fiançailles de Lunaria avec Kurats, Rosberg continua à boire jusqu’au matin, envoyant quelques dizaines de ses hommes à l’hôpital.
Même si elle était son élève préférée, l’obsession de Rosberg pour Lunaria était encore anormale.
« Comment pouvez-vous ! Vous avez déjà la princesse Lunaria, et pourtant, même si vous ne vous êtes pas encore marié, vous avez tendu la main à la femme d’une nation ennemie ! Vous méritez une condamnation à mort ! »
Voyant que Rosberg commençait puérilement à sortir son épée magique, Kurats cria une série de mots interdits, révélant ce qui n’aurait jamais dû être connu.
« Je dirai à Lunaria que tu as une peinture miniature d’elle à cinq ans que tu caches soigneusement avec toi ! Je lui dirai aussi qu’elle y est représentée nue dessus ! »
Rosberg fut pétrifié sur place. Un regard de désespoir se dessina sur son visage.
« C’est mon plus grand secret, comment avez-vous… ? »
« Le médaillon sur ta poitrine est ouvert depuis que je suis arrivé ici. Honnêtement, je me demandais quand le signaler. »
Rosberg n’avait apparemment jamais lâché son médaillon pendant le combat mortel contre Gunther, même au bord de la mort. Il semblait y être redoutablement attaché.
En le serrant trop fort dans le combat, il en avait brisé le loquet, révélant ainsi pleinement le contenu qu’il gardait secrètement à l’intérieur.
« C’est pour moi, l’épée du royaume Rosberg, le plus grand échec de ma vie. »
« Je me demande ce que Lunaria pensera si elle entend parler de ça ? Son âge est ce qu’il est, mais je veux dire, elle est nue, non ? »
« Euh, je… »
« Il a raison, Pervers ! »
« AGHH ! »
« Ne t’approche pas ! »
« Abela, pas toi aussi ! »
« Amoureux des enfants. »
« Ce n’est pas ça ! C’est complètement différent de ces sentiments charnels ! C’est de l’amour pur pour un être suprême qui doit être protégé ! C’est une représentation de l’adoration pieuse, l’agapè ! »
« Tais-toi, pervers. »
« Dieu est mooooooooooort !!! »
« Désolé, je ne peux pas du tout sympathiser avec toi. Fais-moi une faveur et reste loin de Lunaria pendant un moment, d’accord ? »
« Essayes-tu de me tuer ?! »
***
Chapitre 129
Après avoir essuyé de multiples attaques-surprises, il avait fallu près de deux heures à Rosberg pour se remettre mentalement.
C’était vraiment une perte de temps pour tout le monde.
« Vas-tu vraiment garder cela secret à la princesse Lunaria ? »
« Je tiendrai ma promesse, alors parle-moi déjà de ce Gunther. »
« O-oh… D’accord. »
En disant cela, Robserg fronça les sourcils et ferma les yeux comme s’il se souvenait de quelque chose d’amer.
« Je ne pense pas que mes compétences à l’épée soient inférieures aux siennes. Mais ce Fareinheit est un problème. La mobilité, l’attaque et la défense de ce cavalier sont quelque chose qu’un corps fait de chair et de sang ne peut pas se comparer. »
« J’ai eu affaire à l’Adelheid de Skuld, j’en suis bien conscient. »
« Un dispositif qui peut se déplacer continuellement tout en permettant à un guerrier de premier ordre de déployer ce genre de puissance est une menace très réelle. Mais si cela n’avait été que ça, j’aurais été capable de le gérer… »
« Le nombre. Même moi, je pensais que mon corps pouvait le surpasser. »
Après tout, il y avait une limite à la précision avec laquelle les cavaliers pouvaient afficher les techniques de combat des pilotes à l’intérieur.
Surtout quand il s’agissait d’épéistes exceptionnels comme Skuld et Gunther.
La vitesse de traitement des cavaliers n’était pas suffisante pour les égaler.
Bien sûr, leurs cavaliers personnels étaient équipés de meilleures armes que les autres pour compenser la différence, mais ce n’était pas très efficace contre une élite comme Rosberg.
« … Je vois. Votre Altesse Skuld, j’aimerais vous demander : connaissez-vous une technique qui puisse bloquer complètement la puissance magique ? »
« Pas dans mon Adelheid. Adelheid a été fait pour le combat physique. »
« Cette technique que tu as décrite, est-ce la raison pour laquelle tu as perdu ? »
Kurats s’était tourné vers Rosberg avec des yeux qui percevaient le danger.
On lui avait montré le pouvoir de l’épée magique Gerlach une fois auparavant.
Chaque coup portait une puissance magique de haute densité qui pouvait égaler un sort tactique.
Il ne s’agissait pas d’une épée magique fragile qui pouvait être traitée par un simple sort défensif.
Seul un mage comme Bernst, qui était complètement en dehors du domaine du bon sens, serait capable de la couper complètement.
Au minimum, Kurats savait qu’avec son maniement encore maladroit de la magie, il n’avait pas la capacité de bloquer complètement un coup de Gerlach.
Mais encore une fois, il pouvait toujours penser à de nombreuses méthodes pour surmonter Gerlach et vaincre Rosberg.
« Je ne peux pas vraiment le dire. Mon épée pourrait ne pas avoir été exactement annulée. Lorsque j’ai frappé avec mon épée, j’ai seulement eu l’impression de ne pas recevoir de réaction de celle-ci. Gunther a utilisé cette chance pour me frapper. »
Quand il y pensait maintenant, Rosberg n’avait pas l’impression que Farenheit a neutralisé toutes ses attaques, malgré la lumière magique qui l’avait parcouru.
Le fait que Gunther n’avait pas poursuivi Rosberg gravement blessé était probablement une preuve suffisante que Farenheit n’était pas sorti indemne de la bataille.
Et parce que Rosberg était un guerrier d’élite, une situation où il ne ressentait aucune réponse de son épée était encore plus grave que pour les autres.
Gunther n’aurait pas pu négliger cela et s’arrêter d’un seul coup.
« Aucune réponse, hein… »
Kurats pensait qu’il était plus probable que Rosberg ait été affecté par une illusion, mais encore une fois, un combattant aguerri comme Rosberg ne verrait-il pas à travers une illusion ?
« Comme je le pensais, je n’aurai pas de réponses tant que je ne l’aurai pas vu de mes propres yeux. »
« Tu pars ? »
« Oui, mais tu peux rester ici et continuer à te reposer pour toujours si tu veux, pas d’inquiétude. »
Kurats avait dit cela avec un sourire espiègle, incitant Rosberg à donner un sourire audacieux en réponse tout en étirant la barbe qui avait poussé sur son visage pendant qu’il était coincé au lit.
« L’homme à la force surhumaine, Kurats, la princesse folle, Skuld, et l’épée du royaume, Rosberg. C’est une sacrée brochette. J’ai plutôt de la sympathie pour les soldats d’Asgard. »
Cet échange entre les deux alliés était quelque chose que Gunther n’avait aucun moyen de savoir.
« Les réparations sur Farenheit sont-elles terminées ? »
« On est en plein territoire ennemi donc l’environnement n’est pas bien adapté pour une maintenance correcte… De plus, le nombre de techniciens qui peuvent travailler correctement sur Farenheit est assez limité. »
« Est-ce le sort de ceux qui ont des machines spéciales ? »
Gunther laissa échapper un soupir et caressa instinctivement une partie fondue de l’armure de sa chère machine.
S’il s’agissait d’un cavalier Chaos, il y aurait eu beaucoup de techniciens capables de travailler dessus.
Après tout, le modèle du cavalier Chaos avait été redessiné et adapté pour la production de masse.
Mais cela ne s’appliquait pas lorsqu’il s’agissait de cavaliers spéciaux comme Farenheit et Adelheid.
Ces machines nécessitaient des techniciens à qui l’on pouvait faire confiance pour ne pas divulguer d’informations à leur sujet, tout en étant suffisamment qualifiés pour travailler sur elles. Seule une poignée de techniciens pouvaient répondre à ces critères.
Et c’était tout à fait naturel. Après tout, ces cavaliers étaient équipés d’une technologie secrète importante, susceptible de changer la face du monde.
Même si un jour, les cavaliers Farenheit seraient peut-être produits en masse, cela ne résout en rien le problème actuel.
« Je sais que c’est trop demander, mais vous devez travailler plus vite. J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet. »
« Une prémonition du commandant ? Alors nous devons vraiment nous diriger vers des temps troublés… »
Avoir un sixième sens était une compétence essentielle pour un guerrier de première classe.
Aucune personne sotte ou obtuse ne pourrait jamais réussir en tant que commandant au combat.
C’était dû au fait que chaque bataille, sans exception, n’était qu’une accumulation de coïncidences et d’absurdités imprévisibles.
« Je ferai de mon mieux pour accélérer le processus. »
« Je compte sur toi. Ce travail est un champ de bataille qui t’est propre et qui est hors de ma portée. Mais, bien sûr, je suis très conscient des nécessaires récompenses et punitions de ce domaine. »
« Je m’en réjouis d’avance. »
Prendre la tête de l’ennemi sur le champ de bataille n’était pas la seule façon de se battre.
L’officier technique était soulagé de savoir que Gunther avait l’intention de donner une évaluation aussi juste de son travail.
Quelques heures plus tard, il découvrira également que la prémonition de Gunther était correcte.
***
Chapitre 130
« … On dirait que leurs troupes n’ont pas été réduites de beaucoup. »
Bien que la première armée de l’Empire avait dû subir quelques dégâts lors de leur dernière altercation avec Jormungand, Kurats avait l’impression que les effectifs de cette force de 40 000 hommes avaient à peine été réduits.
« Alors que Gunther et moi nous battions en tête-à-tête, la bataille entre nos forces respectives ne se résumait qu’à une chamaillerie. Même notre camp n’a pas subi beaucoup de dégâts à part notre arrière-garde lors de notre retraite. »
« Je vois, c’est pourquoi presque tous les cavaliers Chaos semblent être là.… Mais je ne vois Farenheit nulle part, pourquoi ? »
Tout comme Adelheid, l’énorme Farenheit qui faisait deux fois la taille des cavaliers Chaos ordinaires se démarquerait certainement.
S’il était introuvable, c’était qu’il avait dû probablement subir des dommages et était en cours de réparation, comme le camp de Kurats s’y attendait.
« Cette princesse ne sera pas surpassée par de simples cavaliers Chaos. Laisse-moi faire, je ne les laisserai pas se mettre en travers de ton chemin ! »
Skuld serra les poings, mettant l’accent sur sa déclaration.
Son ancienne personnalité aurait certainement fait des pieds et des mains pour affronter Gunther.
Mais maintenant que sa soif de pouvoir, semblable à une malédiction, avait été étanchée, tout ce qui restait en elle était une confiance absolue dans la force supérieure de Kurats.
L’actuelle Skuld n’avait pas la moindre hésitation à se consacrer entièrement au soutien de Kurats.
« Bien que je veuille vous dire de me laisser Gunther… J’ai déjà perdu contre lui une fois. Je ne ferai pas une demande aussi égoïste. Cela ne me dérange pas de vous le laisser. Mais qu’allez-vous faire ? »
Rosberg lança à Kurats un regard inquisiteur.
Mais la réponse à sa question avait été déterminée dès le départ.
« Je vais bien sûr prendre sa tête ! Je ne vais pas rater quelque chose d’aussi amusant ! »
Kurats voulait absolument l’affronter l’homme qui avait vaincu LE Rosberg.
Il voulait montrer à la fois à Rosberg et à Gunther qu’il était, sans aucun doute, le plus fort.
{Ne sois pas imprudent. Le malaise de Rosberg est un peu inquiétant.}
(Je ne serai pas imprudent. Peu importe ce qu’il a dans sa manche, je vais le terrasser.)
{Ne pense pas que les muscles que tu as à la place du cerveau fonctionneront éternellement.}
Bernst grogna et se tu.
Personne n’était plus conscient du danger de la situation que Kurats lui-même. Il avait même la chair de poule.
Mais ce n’était qu’en traversant ce danger qu’il obtiendra l’avenir qu’il vise, un avenir où personne ne s’opposera à lui.
Rosberg était à la tête d’une force de 100 élites de l’ordre des chevaliers royaux.
De plus, Triestella était à la tête de plus de 50 nosferatus.
D’autre part, le côté opposé était la première armée d’Asgard, la crème de la crème de l’Empire. Ils avaient encore 90 % de leur force totale de 40. 000 unités.
En temps normal, il ne devrait pas y avoir de bataille entre deux forces d’échelles si différentes.
Cependant, cette bataille inconcevable était maintenant tout à fait possible, grâce à un certain commandant dont l’absurdité pouvait briller même face à une telle différence de force.
« Très bien, on les descend. »
« Fufufu… Ne le prenez pas personnellement, tout le monde. C’est pour le bien du seigneur Kurats. »
« Nous avons subi une défaite la dernière fois, mais aujourd’hui nous vous foutrons hors de notre royaume, bande de hors-la-loi non invités. »
Il n’y avait aucune trace de peur sur les visages de Kurats, Skuld et Rosberg.
Leurs yeux affichaient l’éclat ardent de ceux qui étaient nés dans le royaume des forts.
C’était les yeux de chasseurs, d’êtres qui connaissaient la joie de piétiner leur proie.
« Allons les battre à mort ! »
Suivant les mots de Kurats et sans aucune ruse, la petite force qui semblait devoir s’envoler si quelqu’un soufflait sur elle attaqua de front la première armée de l’empire.
En entendant l’explosion du cri de guerre, deux unités du Chevalier Chaos et la troisième compagnie de la première armée, qui gardaient le bord extérieur de la force d’ensemble, réagirent immédiatement.
Ils envoyèrent un messager au quartier général, puis demandèrent un soutien par tir magique indirect aux troupes de mages à l’arrière. Enfin, ils tentèrent d’encercler les forces ennemies sur les deux flancs grâce à une collaboration entre deux moitiés de la compagnie.
C’était une intervention sans faille exécutée sans aucune hésitation. N’importe quel instructeur en tactiques de guerre aurait donné à ces hommes une note parfaite.
Malheureusement pour eux, leur ennemi était bien trop étonnant.
« Très bien ! »
Kurats écrasa son épée Warcry sur le sol comme s’il la lançait depuis son dos.
L’onde de choc et le tsunami de terre et de sable qui en résultèrent engloutirent instantanément la troisième compagnie, ainsi que les septième et huitième compagnies, qui étaient sur le point d’arriver justes derrière eux.
« Il y a deux angles morts chez les cavaliers Chaos, un en dessous et un au-dessus du cockpit. N’oubliez pas cette leçon. Si vous survivez, bien sûr. »
Ceux qui n’avaient pas croisé Kurats n’avaient pas été épargnés par le désastre en cours.
Les deux pilotes des cavaliers Chaos, qui étaient censés mener la contre-attaque, avaient été transpercés et réduits au silence d’un seul coup par Skuld.
Elle avait été amenée à conduire des cavaliers Chaos encore et encore dans le but de les améliorer. Elle savait tout ce qu’il y avait à savoir sur les forces et faiblesses de ces modèles.
« Montre-toi ! Gunther !! »
Quant à Rosberg, malgré ce qu’il avait dit tout à l’heure sur le fait de laisser Gunther à Kurats, il fonçait à toute allure, avec l’état d’esprit qu’il n’y aurait rien à faire s’il tombait sur lui par hasard.
S’il n’attaquait pas le premier, ce ne serait pas considéré comme un manquement à sa parole.
(Si Gunther est celui qui fait un geste envers lui, alors tout va bien !)
Gerlash brillait d’une teinte bleu clair tandis que Rosberg fauchait joyeusement son chemin, tout en étant soutenu par les élites de l’ordre des chevaliers.
Ils s’étaient battus aux côtés de Rosberg depuis longtemps. Ils savaient que leur rôle était d’élargir la brèche que Rosberg avait percée dans les lignes ennemies.
La première armée de l’empire, qui aurait dû profiter des suites d’une contre-attaque quasi parfaite, se retrouva instantanément à deux doigts de laisser l’ennemi marcher dans ses rangs, jusqu’à ses forces de mages.
« Merde ! Votre mauvais pressentiment était juste, monsieur ! Pourquoi la jeune princesse prend-elle part à la bataille ? ! Je n’ai rien entendu à ce sujet ! »
Gunther aperçut Skuld alors qu’elle battait facilement les cavaliers Chaos, sans même leur laisser une chance de croiser le fer avec elle.
Bien qu’il soit conscient de l’angoisse qu’elle avait traversée, il savait que le sang d’un traître coulait dans ses veines.
Il était naturel pour lui de s’attendre à ce qu’elle devienne une ennemie.
Le groupe de beautés du côté d’Asgard était également terriblement puissant.
À cet instant, alors qu’il réalisait la situation dans laquelle il se trouvait, Gunther décida de faire retirer ses troupes. Une décision digne d’un commandant résolu comme lui.
« Vous n’avez pas besoin de les viser individuellement ! Troupes de mages, tirez avec tout ce que vous avez et battez en retraite immédiatement ! Fantassins, protégez les mages et battez en retraite ! Unités du Chaos, après moi ! »
En tant que groupe, Kurats, Skuld et Rosberg étaient bien trop incompatibles avec ce à quoi une armée régulière était censée faire face.
« Combien de temps avant que Farenheit ne soit prêt ? »
« Si nous avions 30 minutes de plus, nous pourrions l’amener à ses conditions maximales… Tel qu’il est maintenant, il pourra tenir une heure à 60 % de sa puissance ! »
« Cela fera l’affaire ! »
« Ugh ! Ils tirent à l’aveugle ! »
Pour un guerrier de haut niveau comme Rosberg, il était particulièrement difficile d’éviter les tirs ennemis incontrôlés.
Ces types d’attaques magiques, bien qu’inefficaces contre les groupes, étaient difficiles à prévoir puisqu’elles n’avaient pas de cibles précises.
Voyant qu’il devait éliminer certains des sorts parasites qui arrivaient, Rosberg avait été obligé de mettre enfin sa charge au repos.
« Chargez au centre de l’encerclement ! »
Comme s’ils attendaient ce moment précis, un groupe de près de trente cavaliers Chaos attaqua Rosberg et ses chevaliers.
De plus, leur attention se portait principalement sur les chevaliers.
« Bon sang ! Ces foutus lâches ! »
Malgré ses paroles, Rosberg savait que la lâcheté n’existait pas sur le champ de bataille.
Il était tout à fait raisonnable pour l’ennemi de viser les chevaliers qui leur faisaient de l’ombre. Le camp de Rosberg avait tort d’être trop faible pour éviter cela.
Dans un face-à-face, Robserg aurait été largement supérieur à ces cavaliers Chaos.
Cependant, faire face à plusieurs cavaliers Chaos tout en protégeant ses alliés était une tâche presque impossible, même pour lui.
« Je t’ai fait attendre ? »
« Non, j’avais juste fini de m’échauffer. »
Alors que Kurats avait calmement observé le combat de Rosberg, son énorme corps était couvert d’une ombre encore plus grande.
Bien que Farenheit se concentrait davantage sur la puissance brute qu’Adelheid, la vitesse de déplacement du cavalier semblait toujours être son point fort dans ces conditions.
« Comment osez-vous faire attendre le seigneur Kurats ! »
À ce moment, Skuld avait instantanément réduit la distance qui la séparait de Gunther.
Alors qu’elle tentait d’abattre son épée dans son dos, Gunther, qui souriait ironiquement, abattit son épée sur elle sans même prendre la peine de se retourner.
« Tu dois faire plus d’efforts pour étudier tes adversaires, Skuld. »
« Gaaaaaaaaaaaaaah ! »
Même s’il devait combattre un allié, il était prêt à les étudier avant le combat et à fournir tous les efforts nécessaires pour obtenir la victoire. On pourrait dire que cette obsession excentrique de la victoire était la partie la plus effrayante de Gunther.
À ce stade, il avait déjà une bonne maîtrise du timing de Skuld et de ses moindres habitudes.
Cela étant, bien qu’elle ait à peine réussi à se défendre à temps, l’impact du coup direct de l’épée l’avait tout de même soufflée à environ 100 mètres avant qu’elle ne s’effondre.
« Tu ne l’as pas tuée, n’est-ce pas ? »
« Elle n’est pas une petite fille faible qui mourrait avec quelque chose de ce niveau, hein ? »
« Je suppose que non. »
Tout en laissant échapper sa pensée non convaincue qui aurait probablement fait pleurer Skuld si elle l’avait entendue, Kurats se prépara à combattre.
« Revenons à nos moutons »
« Je ne suis pas dans ma condition optimale en ce moment alors vas-y doucement avec moi, d’accord ? »
« Tu veux que j’y aille doucement avec la façon dont tu as traité Skuld ? Je vais y réfléchir, mais d’abord, je vais te donner une note en fonction de la façon dont tu m’as étudié. »
Maintenant, comment puis-je m’y prendre… ? se demanda Gunther, tout en observant attentivement Kurats, à l’affût de la moindre ouverture dans sa garde.
Gunther était réaliste. Kurats était l’homme qui avait vaincu Skuld. Gunther ne pensait pas pouvoir le vaincre avec Farenheit dans un état où il ne pouvait utiliser que la moitié de sa puissance.
Bien sûr, s’il utilisait son atout, il serait probablement capable de créer une ouverture pour lui, mais c’était son dernier recours.
Dans son esprit, ce qui avait la priorité sur tout était sa survie. En dehors de cela, il ne se battait que lorsqu’il pouvait garantir sa victoire.
C’était l’obsession et le mode de vie du guerrier nommé Gunther.
« C.H.A.L.E.U.R »
Le premier mouvement de Gunther était d’enchanter son épée avec de la magie de feu et de la balancer vers Kurats.
Il se disait que même s’il ne parvenait pas à le toucher directement, la chaleur de plusieurs milliers de degrés Celsius lui causerait des brûlures mortelles rien qu’en passant à côté de lui.
Mais cette quantité de chaleur était naturellement inefficace contre Kurats.
À ce stade, il devenait douteux que Kurats soit vraiment un être humain.
D’autant plus qu’il n’utilisait aucun sort de blocage ou d’annulation de la magie.
En d’autres termes, Kurats avait simplement entraîné ses muscles au point qu’ils pouvaient supporter des températures ridiculement élevées.
Gunther voulait appeler cela absurde, mais cela ne changerait rien aux faits exposés devant lui. Il n’y avait pas d’autre solution.
{En tant que roi de la magie, ces muscles sont la seule chose qui peut aller au-delà de mon imagination. Ou plutôt, ils brisent clairement plusieurs lois de la vie.}
Le fait que Bernst ait autant à dire sur les muscles de Kurats était une preuve suffisante de leur puissance.
« Bon sang, c’est chaud ! »
« Sais-tu que cette température est assez élevée pour faire fondre de l’acier ? Ne te sens-tu pas mal de garder cette expression calme alors que les soldats doivent supporter la chaleur ? »
« Désolé, mais soigner l’ego de quelques adultes n’est pas un de mes hobbies ! »
Contrairement au ton tranquille de leur conversation, les épées des deux ennemis s’affrontaient de manière hargneuse.
L’épée massive du cavalier Farenheit et le Warcry de Kurats émettaient des sons stridents et des étincelles à une vitesse vertigineuse.
Et bien que Farenheit soit à peine capable de gérer les attaques, le cavalier devint à court d’énergie.
(Vous devez vous moquer de moi.)
***
Chapitre 131
Les pensées de Gunther n’étaient pas sans rappeler celles de Skuld quelques jours plus tôt.
Le cavalier Farenheit était beaucoup plus grand que les cavaliers Chaos, en plus d’avoir une puissance magique supérieure. Le fait qu’il soit aussi surpuissant était quelque chose que Gunther n’avait même pas envisagé.
Un tel exploit aurait dû être impossible pour un être humain. À ce sujet, Gunther voulait sincèrement remettre en question le fait que Kurats soit un être humain.
Même comparé à Adelheid, Farenheit avait un meilleur rendement des bras et des jambes puisque le premier était plus axé sur la vitesse.
Et pourtant, au final, Farenheit avait été quand même surpassé.
Sérieusement, laisse-moi un peu tranquille… Mais bon, me lamenter sur ce point ne me mènera nulle part.
De l’autre côté du combat, Kurats s’impatientait un peu, car Gunther n’avait pas encore utilisé l’atout mentionné précédemment par Rosberg.
{C’est parce que tu n’as pas encore réussi à le coincer.}
« Je sais, bon sang ! Bon sang ! »
Bref, Gunther était encore dans un état suffisamment confortable pour ne pas avoir besoin de sortir son atout.
Kurats n’était pas vraiment comme ça. Coincer ses adversaires mentalement tout en se retenant de les tuer n’était pas une posture qu’il maîtrisait.
« Peu importe, ça ne sera pas grave si je casse un peu sa machine à ce stade. »
Au moment où Kurats était sur le point d’abandonner l’idée de comprendre quel était l’atout, Gunther tira des balles depuis un dispositif construit à l’intérieur de la taille de Franheit.
Au même moment, Gunther balança son épée de toute sa force, en direction de Kurats.
Il s’agissait d’une attaque simultanée de saturation conçue pour submerger les sens de l’adversaire. Skuld avait utilisé une attaque similaire une fois auparavant.
« Franchement, tu me prends de haut maintenant… »
Seules quatre balles étaient en mesure de toucher directement Kurats. Cela dit, cette attaque n’avait déjà pas fonctionné lors du combat contre Skuld. Elle n’allait pas fonctionner maintenant.
{Non ! Ne les touche pas!}
« Huh ? »
Le temps que la confusion de Kurats se dissipe, il était trop tard. Les balles que Kurats essayait de faire tomber éclatèrent au moment de l’impact.
« Quoi ?!? »
Un acide puissant, qui pouvait fondre la peau, et un liquide rouge apparemment toxique tombèrent sur le corps de Kurats.
En plus de cela, Gunther avait enchaîné avec un barrage d’attaques sur Kurats, dans le but de mettre un terme définitif au combat.
« Putain ! Ne me prends pas à la légère ! »
L’acide de Gunther était censé faire fondre la peau jusqu’aux os. Il était déçu de voir qu’il n’avait pas réussi à agir correctement sur les muscles de Kurats.
Malgré tout, il avait réussi à infliger quelques brûlures sur la peau de Kurats.
Quant au liquide rouge, il s’agissait d’une toxine paralysante capable d’abattre instantanément un éléphant.
De toute évidence, Kurats n’allait pas tarder à se retrouver dans une position désavantageuse.
À ce stade, tout ce qui restait à faire pour Gunther était de continuer à attaquer avec tout ce qu’il avait afin d’empêcher Kurats d’utiliser un sort de désintoxication.
{J’ai du mal à croire que tu te sois laissé prendre par un stratagème aussi évident!}
« Et c’est toi qui oses dire ça ! Tu ne l’as pas remarqué non plus jusqu’au dernier moment. »
Comme Rosberg et Skuld étaient tous deux obsédés par l’épée, Kurats avait eu la mauvaise impression que Gunther était le même type de guerrier.
En réalité, Gunther était du genre à faire tout ce qu’il fallait pour gagner.
Et c’était le choix naturel à faire sur un champ de bataille où la vie et la mort étaient en jeu.
Kurats, d’un autre côté, s’était battu avec un sérieux inhabituel. Il avait fait l’erreur de se battre comme un chevalier au lieu de s’en tenir à son propre style.
Ceci étant dit, l’erreur de Kurats n’enlevait rien aux compétences de combat de Gunther.
Kurats n’avait jamais fait face à un adversaire aussi dévoué à la victoire.
D’une part, Gunther libérait toutes ses compétences martiales, les tissant dans un mélange d’attaques, et d’autre part, il continuait à tirer des balles de son cavalier, empêchant ainsi Kurats d’utiliser ses sorts.
Bien que Kurats ait tout juste réussi à utiliser un sort de soin ne nécessitant pas d’incantation, la toxine était plus puissante qu’il ne le pensait.
{Le poison est trop fort pour être désintoxiqué pour le moment. Il semble que tu vas devoir utiliser un sort avancé…}, grommela Bernst.
Il se souvenait que, en plus d’être mauvais dans l’utilisation de la magie en général, Kurats était particulièrement mauvais dans l’utilisation des sorts de guérison.
Je pourrais être capable de le vaincre là.
De telles pensées commencèrent à monter à la tête de Gunther quand il vit le teint pâle de Kurats.
Même s’il savait que certains diraient que ses méthodes étaient lâches, il pensait que Kurats était le seul à avoir tort de ne pas avoir vu venir le coup.
Dans une bataille, le vainqueur est toujours le plus fort. Le vainqueur a toujours raison.
« Mes excuses, mais je vais devoir te demander de mourir ici. »
« Désolé, ça n’arrivera pas, je connais quelqu’un qui sera vraiment énervé si je meurs ici. »
{Et comment ! Je n’arrive pas à croire que tu te battes contre un être aussi insignifiant ! Misérable homme, tu fais honte au nom du roi de la magie!}
Bien qu’il ressentait un engourdissement douloureux remontant du bout de ses doigts, l’esprit de Kurats était en réalité clair.
Tout ceci parce qu’il s’était débarrassé de la pensée inutile de faire révéler son atout à Gunther. Son objectif était clair maintenant : vaincre son ennemi.
Gunther était sensible à ce changement d’aura chez Kurats.
« Qu’est-ce qui te prend ? À quoi te sert ton corps à ce stade… »
« Tu dois te réveiller et voir que tu es le seul à être négligent ici. »
Maintenant qu’il ne ressentait plus la nécessité de se retenir, Kurats repoussa l’épée de Farenheit de toutes ses forces.
« Se pourrait-il que… tu te sois retenu plus tôt ? »
Soudainement, l’épée de Farenheit fut repoussée, incitant l’épaule du bras qui la tenait à hurler sous la pression énorme.
La seule raison pour laquelle le cavalier n’avait pas lâché l’épée était probablement le talent extraordinaire de Gunther lui-même.
Ce fut à ce moment que Gunther réalisa qu’il avait une compréhension fondamentalement erronée de l’homme appelé Kurats.
« Oooooooooooooooooooooooh »
Kurats devait régler cette bataille avant que les toxines ne puissent paralyser tout son corps.
Avec cet objectif en tête, il ne se préoccupait plus de savoir quel pouvait être l’atout de Gunther.
Il avait décidé d’opter pour barrage de coups. Et cette fois-ci, Gunther était uniquement en défense.
« … Quoi… ? Merde ! Au diable cette force absurde ! »
Bien qu’elles ne puissent pas être plus brutes et non polies, les attaques de Kurats portaient une vitesse et une puissance terribles.
Ce n’était plus du tout le domaine de la force absurde.
Gunther avait l’impression de faire face à un véritable tas de morceaux de fer.
S’il essayait d’affronter l’épée de front, il savait que son bras serait arraché ou que son épée serait brisée.
Ce n’était que grâce à sa maîtrise de l’épée qu’il pouvait à peine repousser les attaques, mais pas de front.
« Hu »
Cependant, le corps du cavalier Farenheit était massif. Il n’était pas possible d’éviter le barrage d’ondes de choc de Kurats, alimenté par des coups de poing.
De l’intérieur du cockpit, Gunther ressentait les impacts qui s’apparentaient à des pierres lancées à répétition sur lui.
« Les ondes de choc de sa main nue peuvent abîmer l’armure de Farenheit ? … C’est quoi comme blague ? »
Kurats tenait son épée de guerre d’une main et envoyait le barrage de coups de poing de l’autre.
Il était impossible pour Guther de bloquer chacune de ces attaques.
En plus de sentir l’impact des nombreux coups, il pouvait voir sur l’écran du cockpit que certains des tuyaux reliés au réacteur magique avaient pris des coups.
« Ce… n’est pas bon. »
Au train où allaient les choses, le cavalier Farenheit allait finir par dysfonctionner et être détruit par Kurats.
Peut-être était-il temps pour Gunther de révéler son atout.
Sans aucune hésitation, Gunther changea son objectif de tuer Kurats pour préserver son cavalier Farenheit.
Cependant, il ne laissa rien paraître de ce changement de stratégie en surface.
Choisir de s’échapper imprudemment serait son seul moyen de prendre un coup fatal. Par conséquent, il avait patiemment attendu le bon moment pour tenter sa chance.
De l’huile s’échappait de partout du corps de Farenheit, et des étincelles blanches de lumières magiques s’échappaient de ses tuyaux d’alimentation.
De toute évidence, la machine était sur le point d’atteindre ses limites de fonctionnement.
La raison pour laquelle elle parvenait à peine à suivre le combat, en dehors de l’habileté de Gunther, était le fait que Farenheit était plus résistant qu’Adelheid.
« Nous sommes proches de la fin ! »
Bien qu’il ne sentait clairement plus ses poings, la puissance de la prise de Kurats ne faiblissait pas le moins du monde.
En y pensant normalement, c’était tout simplement impossible.
Peut-être était-ce dû au fait que les muscles de Kurats étaient indépendants de son système nerveux cérébral ?
Gunther se mit à rire de sa propre supposition stupide.
Bon, c’est le moment… C’est maintenant ou jamais !
De toute évidence, avec la prochaine attaque, Kurats avait l’intention de mettre fin au combat.
Lui aussi était considérablement acculé. Si ce n’était pas le cas, il n’aurait pas eu besoin de précipiter ce duel.
Dans sa tentative de mettre fin au duel, Kurats avait réussi à porter un coup direct avait Warcry, en utilisant toute sa force surhumaine.
Mais Gunther s’était seulement retrouvé à voler en arrière.
S’il avait encaissé le coup normalement, son cavalier aurait été fracassé et brisé sur place. Mais en utilisant la puissance de l’attaque pour se renvoyer en arrière, il avait au contraire fait de la force de Kurats sa propre arme.
« Tu ne t’échapperas nulle part ! »
Alors que Farenheit s’envolait à plusieurs centaines de mètres, Kurats lança son épée Warcry sur lui de toutes ses forces.
Et même si Gunther avait pris pas mal de distance, Kurats se disait qu’il ne serait pas possible pour lui d’éviter Warycry en plein vol.
Gunther n’avait d’autre choix que de garder son dos complètement exposé à l’attaque de Warcry, sans aucune tentative d’esquive possible.
Pendant ce temps, Warcry s’élevait dans le ciel, filant droit comme une flèche, prêt à transpercer Farenheit.
Il n’y avait plus rien à faire. Peu importe le sort utilisé par Gunther, l’attaque de Warcry, amplifiée par la puissance magique de Kurats, aurait dû être impossible à défendre.
Ce coup allait à tous les coups le frapper.
Les yeux de Kurats pouvaient déjà imaginer son épée magique s’écraser contre le dos de Farenheit.
À ce moment-là.
Comme si elle était restée en suspension dans l’air depuis le début, l’épée magique Warcry tomba au sol sans rien faire.
L’attaque n’avait pas été bloquée par une barrière ou repoussée par un choc. C’était comme si le fait même de l’attaquer avait été annulé.
« C’était ça… ta carte maîtresse ? »
Kurats ne comprenait pas ce qui venait de se passer.
Tout ce qu’il savait, c’était que, pour l’instant, les dégâts qu’il avait infligés avaient été rendus nuls et qu’il n’allait pas pouvoir poursuivre Gunther plus sans d’abord neutraliser les toxines sur lui-même.
« Adieu. Je me préparerai à te vaincre la prochaine fois que nous nous rencontrerons. »
« Ça n’arrivera pas alors dis-moi comment tu as fait ça ! »
« Ne sois pas absurde. C’est un secret national du plus haut niveau. »
Comme prévu, Kurats avait réussi à voir l’atout de l’ennemi. Mais écraser cet atout allait être une tout autre histoire.
***
Chapitre 132
{Un vrai génie.}
Bernst marmonnait pour lui-même, sans prêter attention à Kurats, qui était assis tranquillement tout en éliminant les toxines de son corps.
« Hm… ? De qui tu parles… ? »
{Certainement pas de toi.}
« Je sais, tu n’as pas besoin de me le dire ! »
Un génie est quelqu’un qui peut faire quelque chose à partir de rien. Aussi fort qu’il soit, Kurats n’était pas un génie bien qu’il soit certainement un monstre de la nature.
Si Skuld et Gunther étaient des combattants à l’épée de première classe, ils n’étaient pas non plus des génies.
Être un génie était quelque chose de fondamentalement différent que de simplement exceller dans une discipline.
Être capable de franchir l’horizon de ce que les gens ordinaires pouvaient même imaginer, c’était la preuve qui séparait les génies de tous les autres.
Cette technique dont la machine de Gunther avait fait preuve, Bernst savait que c’était un miracle qui ne pouvait être inventé que par de telles personnes, par ceux qui pouvaient regarder au-delà de l’horizon.
{De penser que quelqu’un pourrait manifester un pouvoir d’un échelon supérieur avec la magie limitée de ce monde… Même moi, je n’aurais pas pu l’imaginer.}
« Qu’est-ce qu’un échelon ? »
{En un mot, c’est quelque chose comme le statut d’une âme. La manifestation d’un échelon supérieur de l’âme est aussi appelée le franchissement d’une barrière dimensionnelle. Dans les termes de mon monde, tu appartiendrais au premier échelon.}
« Ce qui veut dire ? »
{Penses-y de cette façon, les échelons inférieurs ne peuvent pas interférer avec les échelons supérieurs. Ils ne peuvent pas voir ou toucher ce qui se trouve dans les dimensions supérieures. Mais les échelons supérieurs sont capables d’interférer avec les inférieurs.}
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »
Il était compréhensible que Kurats se demande comment une chose aussi déraisonnable pouvait être.
S’il devait croire les paroles de Bernst, alors peu importe sa force ou la puissance de ses sorts, aucun de ses efforts ne pourrait atteindre ceux des échelons supérieurs.
Cela ferait essentiellement de la personne de l’échelon supérieur un dieu pour ceux d’en bas, n’est-ce pas ?
{En effet, les échelons sont un chemin vers la divinité. Je suis moi-même très proche du quatrième échelon, c’est-à-dire, pour ainsi dire un dieu.}
Pour être plus précis, Bernst parlait de l’incarnation de sa conscience.
Avec l’élévation de l’échelon de son âme, il avait atteint une autre dimension.
En même temps, il avait perdu son lien avec le monde ordinaire. Et alors qu’il accumulait de plus en plus de puissance, il perdait progressivement tout intérêt.
Il avait la capacité de tout savoir sans avoir à bouger de sa place. Il n’avait donc plus besoin de faire d’efforts ni de partir en quête de connaissances. Et comme il était passé à une dimension supérieure, il avait même perdu le désir de procréer.
À l’étape supérieur, il allait s’unir à la volonté du grand univers lui-même, et l’individu appelé Bernst disparaîtrait.
En attendant, Bernst vivait des journées ennuyeuses et sans soucis, comme un grand arbre, inébranlable, ne ressentant aucune joie, aucun plaisir, aucune colère et aucun chagrin.
{Eh bien, cette manifestation d’un échelon supérieur est le type le plus incomplet. Comme il s’agit probablement d’un pseudo-échelon, cette technique ne peut probablement bloquer que les attaques magiques ou physiques.}
Malgré tout, quelqu’un avait perçu le fonctionnement des échelons et avait réussi à reproduire leurs effets, mais pas complètement. Cela valait bien un coup d’œil de Bernst.
Bernst avait atteint les échelons supérieurs au point culminant de sa quête de connaissances, devenant ainsi un être d’une dimension supérieure. Il n’avait jamais pensé à reproduire l’effet des échelons supérieurs sans les atteindre.
Amener son âme aux échelons supérieurs, c’était aussi se libérer de la mort. Il n’avait jamais eu l’idée d’utiliser un dispositif magique pour ne reproduire que de façon limitée les effets des échelons supérieurs.
{ … Je veux le rencontrer, l’ingénieur en magie qui a conçu ceci.}
Sans faire aucun effort pour cacher sa mauvaise humeur, Kurats s’était largement étiré en sentant enfin les toxines quitter son corps.
« … Et alors ? Quel est le problème d’être à un échelon supérieur ? »
Vexé, Kurats attrapa une pierre de la taille de sa main et la transforma en sable avec sa force de préhension.
{Oh ? Tu te sens frustré ?}
Il était inhabituel pour Kurats d’exposer sa frustration à ce point.
Finalement, Gunther avait réussi à s’échapper. Kurats ne pouvait pas accepter le fait qu’apparemment, il avait dansé dans la paume de la main de Gunther depuis le début.
La vérité était que c’était la première fois que Kurats se battait sérieusement sans aucun résultat.
Le timing de sa dernière attaque était parfaitement adapté à un coup mortel.
Farenheit n’avait pas eu la possibilité d’esquiver, et Warycry, avec son poids et l’énergie cinétique incommensurable qu’il transportait, aurait dû détruire la machine pour de bon.
Mais la conviction que Kurats avait eue autrefois avait été brisée.
« Je ne le laisserai pas s’échapper la prochaine fois. Je vais le frapper jusqu’à ce qu’il supplie et pleure ! »
{Si tu as affaire à quelqu’un qui est vraiment à un échelon supérieur, ça n’arrivera jamais.}
C’était l’implication derrière les mots de Bernst.
« Donc si, comme tu l’as dit, c’est un pseudo-échelon, je peux toujours faire quelque chose ? »
{Tu le peux, en effet. Mais garde à l’esprit que si tu t’étais consacré davantage à ta magie, tu aurais pu, de manière réaliste, être au second échelon à ce stade.}
Jusqu’au deuxième échelon, il était possible de rester attaché à son corps. Parmi ces individus figurent les rois et les héros dont les âmes avaient atteint un royaume héroïque alors qu’ils étaient encore en vie.
Au troisième échelon, l’existence d’une personne peut être maintenue par le seul pouvoir de l’âme. Comme dans le cas de Bernst.
Au quatrième échelon, la conscience individuelle de Bernst disparaîtrait et s’unirait à l’univers, faisant de lui un être éternel. Cependant, au lieu de penser à cet échelon, Bernst commençait à envier les êtres qui avaient encore tous leurs désirs en place.
Peut-être était-ce la preuve qu’il était empoisonné par les émotions de Kurats.
{Être capable d’imiter les échelons supérieurs est en effet un exploit splendide. Cependant, il n’existe pas d’ascension approximative des échelons, aussi temporaire que soit cette technique. Cette pseudo-ascension pousse les choses trop loin, ce qui implique une certaine forme de tension.}
Ce fait offrirait une opportunité à exploiter librement.
Pour Bernst, le roi de la magie au troisième échelon, ce faux deuxième échelon était quelque chose à ridiculiser.
« Eh bien, que ça marche ou pas, je lui ferai payer. »
Kurats frappa ses poings l’un contre l’autre devant sa poitrine, comme pour se remettre de ce qui avait dit précédemment.
Il semblerait que, même maintenant, il n’avait toujours pas abandonné l’idée d’écraser Farenheit par la force pure.
{Tu es une tête de nœud…}
Mais Kurats était comme ça, et c’était précisément pourquoi Bernst trouvait ses combats intéressants.
{Bon sang, pourquoi dois-je faire face à ça}
Pendant ce temps.
Rosberg se battait seul contre un groupe entier de cavaliers Chaos, mais il n’avait pas négligé la tentative d’évasion de l’énorme Farenheit.
« Ce général lâche… ! Il essaie de s’enfuir ! »
Un commandant qui s’échappait en premier tout en utilisant ses soldats comme bouclier était une honte pour tous les hommes.
Pour Rosberg, qui avait choisi d’être chevalier avant d’être l’épée du royaume, les actions de Gunther semblaient méprisables.
Cependant, il réalisa immédiatement qu’il s’agissait d’un malentendu.
En effet, grâce à leur excellente coopération, tous les cavaliers Chaos avaient instantanément battu en retraite après Gunther.
C’était une manœuvre splendide qui n’aurait jamais pu être réalisée par des soldats qui avaient perdu leur moral après avoir été abandonnés par leur commandant.
Rosberg pouvait dire que tout cela avait été planifié depuis le début.
« Une fois de plus, l’épée du royaume a été… Inesthétique. »
Tout comme Kurats, Rosberg sentait ses entrailles brûler d’humiliation.
La fois précédente, Gunther l’avait gravement blessé, et cette fois-ci, les dommages à l’ennemi avaient été réduits au minimum.
« *Grognement* ! Gerlach ! »
Cependant, Rosberg n’avait pas eu la gentillesse de fermer les yeux sur les ennemis qui s’enfuyaient.
Libéré du carcan de devoir protéger ses hommes, Rosberg poursuivit et détruisit la moitié des cavaliers Chaos de l’ennemi.
***
Chapitre 133
« … Hnn »
Le visage de Skuld était tordu à cause de la douleur dans tout son corps.
« Tu es debout ? J’ai lancé quelques soins de guérison sur toi, mais ce n’est pas parfait. Tu peux te reposer un peu plus si tu veux. »
« Seigneur Kurats ! »
Skuld avait enfin réalisé la situation dans laquelle elle se trouvait.
Le Seigneur Kurats… me donne ses genoux comme coussin ?
Bien que le corps de Kurats soit couvert de muscles d’acier, ses cuisses étaient étonnamment douces, comme un lit de plumes.
En effet, des muscles souples et bien entraînés avaient la particularité d’être solides comme l’acier dans les situations tendues et de devenir doux comme des nuages lorsqu’ils étaient détendus.
Agacée, Skuld essaya de se lever, mais Kurats l’avait retenu en lui caressant la tête.
« Ne bouge pas trop imprudemment. Si Gunther ne s’était pas retenu, tu aurais déjà perdu la vie. »
« Alors il y est allé doucement avec moi, je vois. »
Skuld baissa les yeux vers le sol, encore sous le choc.
La première et la deuxième armée de l’empire étaient généralement considérées comme étant de même niveau.
En fait, Skuld s’était entraînée à l’épée de nombreuses fois avec Gunther et elle pensait, elle aussi, que ses compétences à l’épée n’étaient pas inférieures aux siennes.
« Le moins que je puisse dire c’est qu’il est un cran au-dessus de toi. »
Peut-être que Skuld avait une plus grande disposition naturelle pour l’épée.
Mais cette différence était plus que compensée par l’expérience de Gunther, son processus minutieux de collecte d’informations, et son obsession de la victoire.
La force de Gunther était sa capacité à analyser complètement toutes les habitudes, les compétences spéciales et les faiblesses de ses ennemis, et à utiliser ces informations pour simuler des milliers de batailles dans son esprit.
Mais il avait probablement caché ces griffes à Skuld, même si elle avait été son alliée. Voilà tout simplement le genre d’homme qu’il était.
« Uuh… »
Des gouttes chaudes de liquide étaient tombées sur les genoux de Kurats.
« Tu te sens frustrée ? »
« Oui. »
C’était une émotion que Skuld n’avait jamais ressentie après avoir perdu contre Kurats.
Pourquoi était-elle si frustrée que son cœur brûlait ?
Ce n’était pas une simple frustration due à la défaite.
Ce qui l’avait vraiment touchée, c’était le fait que Gunther l’avait trompée pendant tout ce temps, et qu’il s’était ensuite montré indulgent envers elle.
Ne sachant pas à quel point il était fort, elle avait été si vaniteuse qu’elle s’était laissée croire qu’elle était son égale.
« J’ai aussi des affaires non réglées avec lui. Quoi qu’il ait fait, tu devrais t’efforcer de le lui rendre au double un jour, tout comme moi. »
« Même toi, tu as perdu contre lui, Seigneur Kurats ? »
Skuld ouvrit ses longs yeux grands ouverts de surprise.
En voyant à quel point il l’avait dominé pendant leur combat, Skuld n’aurait jamais pensé que Kurats subirait une défaite humiliante des mains de Gunther.
« Je n’ai pas perdu, mais il s’est joué de moi. Ça fait un moment que je ne me suis pas senti comme ça… »
Ceci étant dit, Gunther avait fait une erreur décisive.
Kurats n’était pas du genre à se taire après avoir été mis dans cet état.
Gunther n’aurait pas dû se battre au point de mettre Kurats en colère.
S’il voulait le mettre en colère, il aurait dû le vaincre sur le champ.
En clair, tout ce que cette bataille avait accompli était de créer un tigre méchant, vengeur et blessé.
« Ma vengeance va faire très mal. »
Indépendamment des spécificités de la bataille, c’était un fait que Jormungand avait regagné toutes ses terres après que la première armée de Gunther ait été obligée de battre en retraite vers Asgard.
Jomrungand n’avait pas seulement vaincu la seconde armée, qui était considérée comme la crème de la crème, il avait même repoussé la première armée sur ses propres terres.
Si l’on considérait uniquement les résultats globaux, cette première série de batailles avait été marquée par la victoire écrasante de Jormungand.
Pour l’instant, du moins, personne n’en doutait.
◆ ◆ ◆
Alors qu’il pensait à la prochaine bataille, Bernst sentit une excitation écrasante dans sa poitrine.
À présent, il était conscient que cette excitation n’était plus due à une pseudo-conformité avec les émotions de Kurats.
J’ai atteint mon objectif de m’aligner sur un alter ego, d’accumuler des données émotionnelles, puis de créer un circuit pseudo-émotionnel en moi. Cependant…
Bernst avait extrêmement peur de perdre ses acquis.
En tant que roi de la magie, l’être le plus proche de la divinité, un tel sentiment n’était pas censé exister chez Bernst.
Un tel sentiment aurait dû être éliminé de lui.
Mais, au final, Kurats avait été créé par Bernst. Reconstruire ce sentiment à partir de Kurats n’avait pas été une mince affaire pour lui.
Ce sentiment instinctif de peur, la peur de ce qui était sur le point d’arriver.
Sans ce sentiment, Bernst savait qu’il serait capable d’apprécier ce monde davantage, et pourtant…
Les émotions sont vraiment une nuisance. Cependant, c’est pourquoi je les aime tant…
Ayant enfin retrouvé les émotions qu’il avait longtemps oubliées, il était impossible pour Bernst de s’en défaire.
Mais au-delà de ces sentiments, Bernst percevait maintenant un fil fin et indescriptible venant directement de l’abîme sans fin et s’enroulant autour de lui.
De ce fil, Bernst percevait un sentiment d’extase, comme s’il commençait à se fondre avec le vent et l’air et à fusionner avec les constellations. Mais ce sentiment s’était accompagné d’un autre sentiment : un sentiment de solitude, se répandant dans sa poitrine.
Cela fit savoir à Bernst qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps pour profiter de sa dernière pièce.
Seulement pour un petit moment… S’il te plaît, fais en sorte que j’aie juste un peu plus de temps pour savourer ces sentiments de peur, d’excitation, de colère et de joie.
***