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Rakudai Kishi no Cavalry – Tome 1

Table des matières

***

Prologue : Une Rencontre dans la Matinée

Après avoir terminé sa course quotidienne, Ikki Kurogane était retourné dans son dortoir pour étudiants et c’est alors qu’il avait trouvé une belle fille à moitié nue se trouvant à l’intérieur de la pièce.

... Eh !?

Ces cheveux cramoisis semblaient incarner des vagues de flammes ardentes. Ces pupilles de la couleur du rubis placé sur un joli visage clairement étrangère étaient béantes d’étonnement face à la soudaine intrusion d’Ikki. Elle possédait des bras immaculés aussi blancs que de la neige fraîche, revêtus de dentelle noire.

Parfaite. Ikki ne pouvait pas penser à un autre mot pour décrire ces traits. Sa beauté était telle la peinture d’une déesse, évoquant un caractère solennel, mais qui ne laissait aucune place à la convoitise. Elle avait tout simplement suscité son intérêt.

Mais... Mais quelle était la raison pour qu’une fille comme elle se trouve ici dans sa chambre ?

Peut-être que je ne suis pas rentré dans la bonne chambre ?

Il le pensait également, mais il s’agissait bien de la chambre numéro 405 du premier dortoir des étudiants. L’appartement de deux mètres et demi par trois mètres et demi de large avec un lit superposé était sans aucun doute celui d’Ikki, ainsi la personne qui faisait l’erreur était probablement cette fille, mais...

« Heee..., » elle laissa échapper un petit cri de sa gorge serrée, puis il entendit une profonde inspiration.

Oh oh. Si une fille criait dans cette situation, les accusations tomberaient à tous les coups sur le garçon.

« S’il vous plaît, attendez un peu. Je comprends ce que vous voulez dire ! C’est peut-être un accident, mais je ne vais pas m’excuser pour ce que j’ai clairement vu, » déclara Ikki.

Ikki n’allait pas essayer de le reprocher à qui que ce soit d’autre pour ce désastre. Il pouvait parfaitement imaginer l’amertume d’être vu nu par un étranger. C’était une situation qui, en tant qu’homme, devrait être réglée ! Alors il avait dit... 

« C’est pourquoi je vais aussi enlever mes vêtements, et restons-en là. »

 

Version originale

Coloriage numéro 1

Coloriage numéro 2

 

« NOONNNNNNN !!! UNE BEEEEEEEEETTTTTTTEEEEEEEEEEE !!! » cria la jeune femme.

Et ainsi, un cri déchira le silence du matin et se leva pour percer le ciel. C’était la vérité de cette étrange rencontre.

***

Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté

Partie 1

Les Blazers

Il s’agit de personnes spéciales. Une personne sur mille en est un. Ils peuvent matérialiser leur âme sous forme d’une arme appelée Dispositif.

Dans le passé, on les aurait appelés des magiciens ou des sorcières. Les plus forts parmi eux pouvaient même façonner l’écoulement du temps en utilisant des capacités que la science ne pouvait pas expliquer et même les plus faibles étaient déjà extraordinaires face au commun des mortelles. Bien qu’ils soient humains, ils possédaient un pouvoir surnaturel qui était allé au-delà des limites humaines, un pouvoir inabordable pour un homme normal, que ce soit par l’entraînement ou la puissance apportée par la technologie.

À l’heure actuelle, les armées nationales et même les forces de police locale exigeaient des Blazers. Néanmoins, cette grande puissance impliquait des responsabilités qui siéent avec ce statut. Une expression de cette responsabilité était le système de Chevalier-Mage. Il s’agissait d’une organisation où les Blazers étaient diplômés dans des écoles de formation professionnelle approuvée au niveau international. Ceci leur donnait la licence et le statut social d’un Chevalier-Mage, en d’autres termes, l’autorisation d’utiliser leurs capacités.

L’académie Hagun était l’une des sept académies de Chevalier-Mage au Japon, une école dont la superficie couvrait plus de dix fois la région du Dôme de Tokyo [1]. Ici, les jeunes Blazers passaient leur temps, jour après jour, à polir avec diligence leurs compétences en tant qu’aspirants chevaliers mages.

Et dans l’Académie Hagun, Ikki Kurogane, accusé de harcèlement et pris en flagrant délit par les gardiens des dortoirs, avait été amené au bureau de l’actuelle directrice. Là, une belle femme dans un costume était assise dans un canapé en cuir, fumant une cigarette. Kurono Shinguuji, la nouvelle directrice de l’Académie Hagun avait fini d’entendre les explications d’Ikki concernant la chaîne d’événements et elle lui répondit d’une voix fatiguée.

« Je vois et vous avez essayé de réparer l’accident en vous mettant vous-même à moitié nu. Êtes-vous un crétin ? » demanda Kurono.

« Je pensais que c’était une idée juste et courtoise, » répondit Ikki.

« Vous êtes un gentleman d’un certain genre, » commenta Kurono.

« Non, je ne cherchais surtout pas à être un gentleman pervers... Eh bien ! Maintenant que j’y pense, tout à l’heure, je ne pensais pas avoir agi de manière perverse, » déclara Ikki puis il poussa un soupir.

« Haha. En d’autres termes, après avoir vu son corps délicieusement nu, vous avez perdu le contrôle et vous avez enlevé vos vêtements sans réfléchir !? » demanda Kurono sur un ton sarcastique.

« ... C’est peut-être comme cela que les choses se sont passées, mais pouvez-vous s’il vous plaît ne pas le dire ainsi ? N’essayez pas de me faire voir comme un gars vraiment dangereux ! » répliqua Ikki.

« Même si vous dites cela, Kurogane, essayez d’imaginer cette scène, après vous êtes mis à sa place. Dans un dortoir pratiquement vide en raison des vacances de printemps, vous êtes soudainement interrompue par un garçon inconnu pendant que vous changez de vêtements, puis pour couronner le tout, il retire ses propres vêtements. Comment pourriez-vous le voir ? » déclara Kurono.

« Comme un gars vraiment très dangereux..., » répondit Ikki.

Après avoir imaginé les choses du point de vue de la jeune fille comme Kurono l’avait suggéré, Ikki commença à transpirer à grosses gouttes.

« ... Certainement... Haaa ! Je lui ai fait quelque chose d’impardonnable dès la première journée d’étude à l’étranger de Stella-san. J’espère vraiment qu’elle ne va pas haïr le Japon à cause de tout cela, » déclara Ikki.

« Qu’est-ce que vous savez à propos de mademoiselle Vermillion ? » demanda Kurono.

« J’étais trop surpris pour reconnaître son visage quand je suis tombé sur elle, mais je m’en suis souvenu il y a un instant, » déclara Ikki.

Son nom était Stella Vermillion et elle était une princesse de l’Empire Vermillion, une petite nation européenne. Son arrivée au Japon pour y étudier avait fait l’objet de tout un battage médiatique depuis un petit moment.

{Un prodige comme il n’en apparaît qu’une fois par décennie ! Stella Vermillion (15 ans), la deuxième princesse impériale de l’Empire Vermillion, inscrite à l’Académie Hagun après avoir marqué le plus haut score jamais enregistré de l’histoire de l’école !}

Ikki se souvenait encore très bien de l’article qu’il avait lu sur elle.

« Une vraie princesse et en plus de cela, elle est inscrite en tant qu’étudiante. N’est-elle pas incroyable !? », s’exclama Ikki.

« Elle est devenue le numéro un avec une large marge en plus, dépassant de loin le score moyen pour toutes les catégories et sa capacité de mana, le trait le plus important d’un Blazer, est d’environ trente fois supérieures à celui d’un étudiant entrant régulier. Une monstrueuse Blazer de Rang A..., en comparaison avec un certain Rang F qui a dû recommencer une année parce que ses scores d’attributs étaient trop bas, elle est totalement d’un autre niveau que vous, n’est pas, “Le Pire” ? » répliqua Kurono sur un ton sarcastique.

« Laissez-moi tranquille avec cela, » déclara Ikki.

Il protesta face aux sarcasmes de Kurono avec un froncement de sourcils, mais ne le nia pas. Il ne pouvait pas le nier. Après tout, Ikki Kurogane avait seulement un dixième de la capacité moyenne en mana d’un étudiant normal.

« Mais là, c’est devenu une vraie galère avec ce que vous avez fait. J’ai invité la jeune fille au Japon en dépit de toutes les formalités liées à son inscription ici et un tel problème est arrivé dès le tout premier jour. Si cette affaire est traitée de manière incorrecte, ceci pourrait se transformer en un incident international. Donc, même si vous n’êtes pas en faute, vous devez en prendre la responsabilité en tant qu’homme, et cela même si cela peut vous paraître déraisonnable, voire inacceptable, » déclara Kurono.

« ... Je me demande bien pourquoi “être un homme” est seulement utilisé dans ce genre de situation, » lâche Ikki.

Ikki avait alors soupiré. Puis, à ce moment ―.

« Excusez-moi, » déclara la voix d’une jeune femme venant de l’extérieur de la pièce.

La porte du bureau de la directrice s’était alors ouvert et la personne liée à leur discussion en cours, Stella Vermillion, entra.

Contrairement à avant, elle était vêtue de manière appropriée avec une veste sombre de bon goût et une jupe. L’uniforme réglementaire de l’Académie Hagun lui convenait très bien, car cela lui faisait ressortir le rouge-feu de ses cheveux. Mais ce qui attira le plus les yeux d’Ikki fut sa poitrine. Cette zone immense, ornée d’un ruban, émettait une présence tellement imposante qu’instantanément, Ikki se rappela de sa silhouette à moitié nue. Mais son souffle s’arrêta net après avoir vu l’expression de la jeune fille. Elle avait pleuré. La peau sous ses yeux était remplie de ressentiments.

« Excusez-moi ! » déclara Ikki.

Voilà pourquoi des excuses vinrent spontanément de sa bouche. Un homme ne devait pas faire pleurer les femmes. Même si ce n’était de la faute d’aucun des deux étudiants, la terreur qu’elle avait ressentie à ce moment-là avait été bien réelle.

« Ce qui est arrivé était un malheureux accident et je ne cherchais nullement à vous espionner. Mais j’ai vu ce que j’ai vu. Et c’est pourquoi je vais prendre mes responsabilités en tant qu’homme. Faites-moi bouillir, brûler, ou tout ce que vous voudriez me faire, » déclara Ikki alors qu’il était penché vers l’avant.

« ... Belle résolution ! Est-ce que c’est ce qu’on appelle l’esprit d’un samouraï ? » demanda Stella.

« Non, il s’agit plutôt de l’esprit d’un piètre orateur, » répondit Ikki.

Ikki avait alors affiché un sourire pénitent et Stella semblait comprendre ses remords. En voyant ce sourire, elle avait également adouci son expression et lui renvoya un mince sourire.

« Haaa... Honnêtement, après avoir rencontré un délinquant sexuel juste après que je fus arrivée au Japon, ceci m’a fait penser que cet endroit était un lieu horrible. J’aurais aussi pu en faire un incident diplomatique, mais je me suis calmée un peu grâce à vous. Et parce que vous m’avez démontré cet esprit fort, il est normal pour moi de répondre de manière équitable en tant que membre d’une famille impériale, » déclara Stella.

L’hostilité du début qu’elle avait eu au moment où elle était rentrée dans la pièce avait désormais disparu. Après avoir vu cette expression plus favorable, Ikki allégea également son comportement. Il avait d’abord pensé qu’une princesse impériale serait de mauvaise humeur et difficile à satisfaire, mais maintenant, elle semblait être quelqu’un qui accepterait d’avoir une conversation convenable.

« Ikki, par déférence pour votre galanterie, je vais pardonner vos actes si vous effectuez un hara-kiri, » Stella avait alors lâché une bombe.

... Ou alors peut-être que sa première impression fut la bonne la concernant.

« Non, s’il vous plaît, attendez une minute ! Le hara-kiri est une punition trop sévère, même pour un crime grave !? », s’écria Ikki.

« Bien sûr que non. Est-ce que la peine de mort ne devrait pas être appliquée après avoir agressé une princesse telle que moi ? Franchement, vous devriez être lié à un poteau et lapidé à mort par tous les citoyens de la nation. Ceci est un privilège que je vous laisse vous faire pardonner à la place de cette façon, » déclara Stella.

« La lapidation est-elle mieux adaptée que de se transformer en steak tartare pour ce délit ? » demanda Ikki.

« Juste le fait de vous permettre de mourir avec honneur est déjà une grande indulgence. Il s’agit d’un sacrifice ensanglanté pour la peine que vous m’avez causée, » répondit Stella.

« Finalement, je suis toujours celui qui finit par saigner ! » s’exclama Ikki.

« Hahaha. Kurogane, vos réponses sont tellement intelligentes, » déclara la directrice en riant à grand éclat.

« Non, s’il vous plaît, arrêtez de rire. En tant qu’éducatrice et directrice, vous devriez être celle qui empêche de procéder à une exécution au sein de l’école ! » s’écria Ikki.

« Kurogane, nous pouvons maintenir la paix entre le Japon et l’Empire Vermillion en vous offrant tout simplement. Ne pensez-vous pas que c’est une très bonne affaire ? » demanda Kurono.

« Comment un accord peut-il être acceptable si cela coûte une vie humaine !? » demanda Ikki à son tour.

Du point de vue Ikki, toute cette affaire était une grosse arnaque.

« H-Hey, Stella-san, ne pouvez-vous pas penser à une autre façon moins radicale de résoudre ce problème ? » demanda Ikki.

« Hmm ! Pourquoi êtes-vous si mécontent à propos de ma demande ? Le hara-kiri n’est-il pas considéré comme un honneur pour les hommes japonais ? » demanda Stella.

« Non, je suis né à l’Ère Heisei [2] ! De plus, je n’ai aucun lien avec les samouraïs ! Et je suis passé à côté de la hip-hop depuis déjà un certain temps, Yo ! », répondit Ikki.

« Ha ! Ce personnage semble vraiment faux, » répliqua Kurono.

« Si vous n’avez pas envie de l’arrêter, alors restez alors silencieuse, s’il vous plaît ! » demanda Ikki en parlant à Kurono.

Ikki avait crié à la suite de l’interruption de Kurono, qui semblait avoir du plaisir quant au déroulement de l’affaire. Pendant ce temps, l’expression de Stella s’était à nouveau obscurcie en réponse à la résistance farouche d’Ikki.

« Quoi !? N’avez-vous pas dit que je pouvais faire ce que je voulais que ce soit vous griller ou vous cuire !? Si vous êtes un homme, respectez au moins votre parole ! » demanda Stella.

« N-Non ! Ceci était juste une particularité de la langue japonaise. Je ne savais pas que vous étiez vraiment décidée à véritablement me cuire et me griller ! », répliqua Ikki.

« Kurogane, vous êtes plein d’excuses et de dérobades. Rappelez-moi, ce que vous m’avez dit à propos de la prise de responsabilité en tant qu’homme, » déclara Stella.

« ... Dans tous les cas, juste parce que je vous ai vue en sous-vêtements, vous ne pouvez pas me faire payer au prix de ma vie ! » déclara Ikki.

« J-Juste, vous avez dit !? Je.. Je ne peux pas le croire ! Je ne peux vraiment pas le croire, vous êtes totalement perverti ! Est-ce que vous osez dire cela après avoir souillé le corps d’une princesse célibataire !? Même mon père ne m’a jamais vu ainsi ! » cria Stella.

Les flammes de colère surgirent des yeux de Stella face aux paroles imprudentes d’Ikki. Non... ce n’était pas seulement ses yeux qui s’enflammaient. L’air autour de Stella commençait à dégager une chaleur lumineuse qui était rapidement devenue vraiment torride.

À ce moment-là, il se remémora ce que le journal avait écrit au sujet de son talent.

« Impardonnable ! Je vais personnellement transformer un pervers, un agresseur, un roturier insolent comme vous en cendres ! Sers-moi Laevateinn [3] ! » déclara Stella.

Une aurore resplendissante accompagnée d’une zone de chaleur était apparue dans le bureau de la Directrice et une longue épée entourée de flammes s’était alors matérialisée dans la main de Stella. Il s’agissait d’un Dispositif fabriqué à partir de son âme du Blazer.

Sainte-Épée ―.

Révérence de Démon ―.

Objet maudit ―.

Objet divin ―.

Un héritage transmis dans les légendes sous diverses formes et modèles. Le Dispositif était la « baguette d’un magicien ». En utilisant cet outil comme un focalisateur, un Blazer pouvait utiliser leurs capacités appelées les Arts Nobles.

Et la capacité de la « Princesse Écarlate » était de produire des flammes incandescentes qui lui permettaient de tout brûler très facilement !

« Préparez-vous, être dégénéré ! Je vais vous effacer de ce monde sans laisser la moindre trace ! » cria Stella.

« Ê-Êtes-vous sérieuse !? », s’écria Ikki.

« Des excuses sont désormais inutiles ! » déclara Stella.

L’épée de flammes frappa vers le bas. Face à cela, Ikki avait également instantanément pris une posture défensive.

« Viens à moi, Intetsu [4] ! » déclara Ikki.

Une longue épée japonaise en acier noir corbeau était apparue dans ses mains. Le Chevalier de Rang F, Ikki Kurogane avait alors utilisé son Dispositif nommé Intetsu afin de bloquer la frappe de Stella.

Mais ―.

« Cette défense est tellement fragile ! » déclara Stella.

« Brûlant ! » s’exclama Ikki.

« Bien sûr que c’est brûlant ! Mon Art Noble, les flammes du Souffle du Dragon [5] qui couvre Laevateinn, atteint les trois mille degrés Celsius ! Même si vous le bloquez, je peux brûler mes ennemis uniquement avec le Pouvoir de l’Impératrice Dragon, » déclara fièrement Stella.

« Quelle capacité ridicule... ! » s’exclama Ikki.

Le sentiment de colère était si proche qu’Ikki devait utiliser toute sa force pour mettre un peu de distance entre eux. Mais ―.

« Ha-Hahaha... Stupide garçon ! Il n’y a aucune chance que je vous manque dans une petite pièce comme celle-là. Je vais vous désintégrer bien assez tôt et j’effacerais de ce monde le monstre qui a osé ruiner ma virginité avant le mariage ! » déclara Stella.

« Attendez, attendez ! S’il vous plaît, calmez-vous un peu ! Vous appelez cela “ruiner”, mais je n’ai rien fait qui soit si grave !? », s’écria Ikki.

« Menteur ! Vous avez osé regarder mon corps nu avec vos yeux si pervers !! » répliqua Stella.

« C’est vrai que je vous ai regardée, mais c’était... ce n’était pas, euh... ce n’était pas parce que je pensais à des choses lubriques ! C’est tout simplement que... comment puis-je le dire, j’étais hypnotisé parce que vous étiez trop belle ! » déclara Ikki.

« Fueh !? » s’exclama Stella.

En un instant, le visage en colère de Stella devint beaucoup plus rouge. Ikki pensa alors qu’il avait inutilement augmenté sa colère et il commença à transpirer. Cependant ―.

 

 

« QQQ-Qu’est-ce que vous venez de dire, imbécile ! A-Appelez une jeune fille non mariée b-belle. C-C’est exactement pourquoi les roturiers sans délicatesse sont si... ! », balbutia-t-elle.

Laevateinn avait soudainement perdu ses intenses flammes pour se transformer en de petites étincelles vacillantes. La jeune fille qui avait été remplie avec tant de haine quelques instants avant, commençait maintenant à bouger comme si elle se sentait mal à l’aise, mais également un peu heureuse. Quand il examina son visage, son front qui avant, avait toujours été tourné face à lui, était maintenant penché vers le bas, impuissant et ses yeux étaient humides en raison de la gêne. Elle semblait même être très embarrassée par la situation.

C’est surprenant. Je pensais qu’une fille aussi belle que Stella-san aurait déjà souvent reçu de telles louanges, pensa Ikki.

Quoi qu’il en soit, l’effondrement de la colère de Stella était une bonne occasion à utiliser. Il devait prendre l’initiative pour essayer de calmer Stella.

« Concernant la présente affaire, ceci est arrivé en premier lieu parce que vous êtes rentrée dans ma chambre et que vous avez commencé à changer de vêtements dedans. Donc s’il vous plaît, épargnez-moi en ne m’obligeant pas à faire hara-kiri, » demanda Ikki.

Mais en réponse à l’argument d’Ikki, le visage de Stella avait recommencé à s’assombrir une fois de plus.

« Quel genre de justification irrationnelle est-ce !? Vous êtes celui qui est entré dans ma chambre de votre plein gré ! J’ai ouvert cette pièce avec la clé que j’ai reçue directement de la directrice, donc je ne peux pas être dans l’erreur ! » s’écria Stella.

« ... Hein ? » s’interrogea Ikki.

Attends un peu... Maintenant qu’il y pensait, Ikki avait sans faute verrouillé sa chambre avant de sortir. Même si Stella avait fait une erreur, il n’y avait aucune chance qu’elle puisse y entrer, mais elle avait quand même pu y rentrer. Mais alors comment cela pouvait-il être possible ?

Stella venait de donner la raison de tout cela à cet instant : « Kurono lui avait donné une clé. »

« ... Qu’est-ce que cela signifie, Madame la Directrice ? » demanda Ikki.

« Hahahaha..., » Kurono n’avait pas répondu, elle s’était contentée d’un petit rire.

« ... Madame la Directrice ? » demanda Stella.

Lorsque les deux étudiants regardèrent à l’unisson, Kurono se mit à rire comme si elle ne pouvait pas se contenir plus longtemps ―.

« Hehe ! Bon, désolée. Ceci se transformait en quelque chose de si intéressant que je me sentais un peu espiègle. Eh bien, vous n’avez pas besoin de me le demander, car c’est exactement comment cela sonne. Les dortoirs de l’Académie Hagun placent deux étudiants par chambre. Kurogane devrait déjà le savoir. En d’autres termes, aucun d’entre vous n’a confondu sa chambre. Enfin, bref, vous êtes tout simplement deux colocataires, » annonça la directrice.

― Et elle leur avait dit quelque chose d’incroyable.

« HEINNNNNNN !? », s’exclama Stella.

Notes

  • 1 : Le Dôme de Tokyo a une superficie de 112 456 mètres carrés.
  • 2 : La période Heisei, qui a commencé en 1989, c’est l’ère actuelle selon le système de nommage de période du Japon. Le Hara-kiri comme une punition officielle qui a été supprimée au cours de la période Meiji, en 1873.
  • 3 : Laevateinn : Une arme, peut-être une épée ou un bâton, mentionné dans Poetic Edda de la mythologie nordique. Dans la culture populaire, il est associé avec le feu. Celui-ci utilise le kanji. 妃竜の罪剣, Hiryuu no Zaiken (« Lame de l’Impératrice Dragon »).
  • 4 : Intetsu, 陰鉄 : « Fer ombragé »
  • 5 : Souffle du Dragon : Il utilise le kanji 妃竜の息吹, Hiryuu no Sokusui (« Souffle du Dragon Impératrice »).

***

Partie 2

« ... Que voulez-vous dire, Madame la Directrice ? M-Moi, avec ce colocataire pervers !? » s’écria Stella.

« Voilà exactement ce que je voulais dire, Stella Vermillion. Y a-t-il un problème ? » demanda Kurono.

« Oui ! Un énorme ! » cria Stella.

Ikki fronça les sourcils.

« Je suis d’accord. Les dortoirs de l’Académie Hagun regroupent certainement deux personnes par chambre, mais je n’ai jamais entendu parler d’un garçon et d’une fille ensemble. C’est absurde, » déclara Ikki.

« C’était vrai l’année dernière, avant que je ne devienne la Directrice de l’Académie. Mais Kurogane, ne vous ai-je pas déjà parlé au sujet de mon objectif ? » demanda Kurono.

« ... Appliquer une doctrine du mérite pur, entièrement basée sur la performance réelle au combat et sur la force. N’est-ce pas cela ? » demanda Ikki en retour.

« Correct. Contrairement aux six autres académies de chevalier, Hagun n’a produit aucune réussite notable dans ces dernières années, » répondit Kurono. « Nous sommes sur une série de défaites, même au Festival des Sept Étoiles, qui est parrainé par les sept écoles afin de sélectionner le plus fort étudiant Chevalier-Mage. Je fus appelée par le conseil pour réorganiser ce lieu et l’affectation des chambres est la première étape. Je ne mets pas ensemble deux étudiants au hasard. Ceci ne concerne nullement l’âge ou le sexe des étudiants, mais c’est plutôt de mettre ensemble deux chevaliers avec des compétences similaires afin qu’ils puissent s’entraider dans le but qu’ils s’améliorent tous les deux. Après tout, lorsque des combattants égaux se rapprochent les uns des autres, la concurrence se crée naturellement entre eux. L’affectation de votre chambre fait donc partie de mon plan afin de mettre en œuvre une concurrence intentionnellement entre vous deux. Incroyable, ne le pensez-vous pas ? »

Kurono avait révélé ses plans avec un air hautain. Malgré ceci, Ikki n’était pas entièrement satisfait de cette explication.

« Mais dans ce cas, ce que vous avez fait là encore plus bizarre dans ce cas ! », s’exclama Ikki. « Parmi les nouveaux étudiants, Stella-san est le numéro un avec une large marge. Pourquoi serait-elle dans la même chambre que moi, le pire étudiant qui a même dû redoubler une année ? »

« Re-Redoublé ? Vous, avez-vous dû répéter une année ? » demanda Stella.

« C’est embarrassant comme vous pouvez le voir. Je ne suis officiellement qu’un Rang F, » répondit-il.

« M.. Moi et un Rang F. Vous appelez cela des chevaliers de force semblable ! Qu-Qu’est-ce que tout cela veut dire !? » s’écria Stella.

« Haha, eh bien ! Comment puis-je le dire ? Vous êtes des cas particuliers. Franchement, il n’y a personne d’aussi excellent que Mademoiselle Vermillion, et il n’y a personne d’aussi faible que Kurogane. En d’autres termes, vous êtes tous les deux les seuls étudiants qui soient restés sans partenaire approprié. Donc je ne pouvais que vous jumeler ensemble tous les deux. Ça ne vous paraît-il pas raisonnable ? » demanda Kurono avec un sourire ironique comme si tout cela n’était qu’une évidence.

« Qui pourrait comprendre cela !? » s’écria Stella.

*Bam !* Stella frappa le bureau du directeur avec sa paume et continua à protester.

« En premier lieu, il est absurde pour un garçon et une fille comme nous de partager une chambre alors que nous avons le même âge ! Que feriez-vous si quelque chose de mauvais arrivait !? » demanda Stella en protestant.

« Oh ! Mademoiselle Vermillion, pensez-vous que lorsque les garçons et les filles du même âge vivent ensemble, de mauvaises choses arrivent ? Bien sûr, je voudrais bien entendre de quoi vous parler ~, alors dites-le-moi » demanda Kurono en affichant toujours son sourire ironique.

« C’est. Euh. Ahh..., » balbutia Stella.

Témoignant de la compassion pour Stella qui avait déjà les yeux pleins de larmes de honte, Ikki protesta également contre Kurono. « Pourquoi agissez-vous comme un vieil homme ivre ? »

Kurono avait souri comme si tout ceci n’était qu’une plaisanterie, mais ne changea pas son point de vue.

« Quoi qu’il en soit, cette décision a déjà été prise, » déclara-t-elle fermement. « Il y a aussi d’autres paires de sexes opposés en plus de vous deux. Par rapport à ma décision et vos choix, Mademoiselle Vermillion, je ne vais pas vous donner un traitement spécial parce que vous êtes une princesse. Si vous n’aimez pas cet arrangement, alors tout ce que vous avez à faire est de quitter dès maintenant cette école. Comprenez-vous bien ça ? »

Quittez cette école. Stella était visiblement choquée par cette phrase. Elle avait délibérément traversé les continents et était venue au Japon pour étudier à l’étranger. En pensant à cela, Ikki qui ne connaissait pas ses objectifs ou ces raisons se doutait bien qu’elle ne devait certainement pas être prête à abandonner pour si peu.

En fin de compte, même Stella ne put que se plier aux décisions de Kurono.

« ... Je comprends, » déclara Stella.

Ikki regarda le visage défait de Stella.

« Êtes-vous d’accord avec ça ? » demanda Ikki.

« Je n’ai pas vraiment le choix, non ? Si c’est ce que l’école exige, alors..., » Stella répondit à Ikki d’un ton découragé.

Puis Stella avait levé trois doigts avant de se remettre à parler. « Mais pour que nous puissions vivre ensemble, je vais devoir vous imposer trois conditions ! »

Ikki était également incertain au sujet de cette nouvelle règle de l’école. Alors qu’il n’avait aucune obligation de tenir compte de ses demandes. Mais il était, après tout, de un an son aîné, alors quelques conditions ne devraient pas être un problème.

« Si elles ne sont pas quelque chose d’aussi ridicule comme d’avoir les meilleures notes académiques, un revenu élevé, alors je peux faire quelques efforts, » répondit-il.

« Je ne veux pas ce genre de choses. Vous pouvez donc facilement répondre à mes conditions, » déclara Stella.

Elle en avait trois.

« Ne me parlez pas, n’ouvrez pas vos yeux et ne respirez pas, » annonça Stella.

« S’il fait ceci, alors Kurogane va probablement mourir, non ? » demanda Kurono en riant.

Mais Stella avait ignoré le commentaire de Kurono.

« Si vous pouvez suivre ces trois règles alors je suis d’accord pour que vous viviez en face de la chambre ! » déclara Stella.

« Et à la fin, je suis toujours chassé de la chambre !? » s’écria Ikki.

« Qu’est-ce que vous ne pouvez pas faire dans mes demandes ? » demanda Stella.

« Je ne peux pas, ces exigences sont trop foireuses ! Ne pourriez-vous pas au moins me laisser respirer ? » demanda Ikki.

« Aucune chance ! Vous allez essayer de me renifler en utilisant cela comme une excuse. Pervers ! » s’écria Stella.

« Je vais alors respirer avec ma bouche ! De cette façon, je ne pourrais pas vous sentir ―, » déclara Ikki.

« Ce n’est pas bon non plus ! Vous allez probablement essayer de goûter l’air que j’expire avec votre langue. Pervers ! » cria Stella.

« Je ne peux même pas imaginer faire cela ! Ahh, je ne peux vraiment pas suivre la créativité d’une princesse ! » s’exclama Ikki.

« Alors vous devriez tout simplement quitter l’école ! De cette façon, je pourrais vivre seule dans la chambre ! » déclara Stella.

« C’est si injuste ! » répliqua Ikki.

Kurono qui était en train de regarder arriva avec une solution.

« Quel ennui que tout ça ! » s’exclama-t-elle. « À ce rythme, la discussion ne mènera à rien, peu importe combien vous vous disputez. Alors pour régler la question, vous allez devoir faire une chose simple. Vous allez tous deux participer à un simulacre de bataille et le gagnant obtiendra le droit de décider des règles. Comme les chevaliers qui défrichent leur chemin menant à leur destination avec leur propre lame, vous ne devriez donc pas avoir d’objections, non ? »

En d’autres termes, les deux colocataires se battraient dans un simulacre de bataille et celui qui gagnera, choisira sa voie. C’était une solution très simple. Ceci était une pratique courante entre les chevaliers lorsqu’ils devaient régler leurs litiges.

« Oui, ceci me semble juste, non ? Alors, faisons cela, Stella-san, » déclara Ikki.

Ikki approuva rapidement et Stella avait également consenti à cela, mais ―.

« Q-Quoi !? » s’écria Stella après quelques secondes.

Mais Stella fixa immédiatement son regard sur lui et sa voix devint rauque.

« Hein ? Qu’est-ce que vous n’aimez pas encore ? » demanda Ikki.

« Non, ce n’est pas de savoir si j’aime ou pas cette solution... Vous. Comprenez-vous ce que vous venez de dire ? » demanda Stella, abasourdie par la tournure des événements.

« Ai-je dit quelque chose de mal ? » demanda Ikki.

« Un Rang F ! Un chevalier raté qui ne peut même pas franchir les niveaux scolaires de l’école ! Il n’y a aucune chance que vous puissiez gagner contre un chevalier de Rang A tel que moi !? » s’exclama Stella.

Ikki avait compris en partie ce que Stella essayait de lui dire. En effet. Si un échec comme lui qui ne pouvait même pas répondre aux critères de promotion de l’école lui disait : « Réglons cela avec un simulacre de bataille, » à elle, une authentique, immensément prometteuse, prodige qu’on ne trouvait qu’une fois par décennie alors, un tel défi serait une action bien au-delà de la simple insouciance.

Mais face à cela, Ikki avait souri en restant d’un calme olympien.

« Mais vous savez, ceci ne sera pas fixé si nous ne combattons pas, » déclara Ikki.

Stella n’était pas prête à concéder cela. Ikki ne pouvait pas non plus abandonner. Il avait aussi ses raisons pour devenir un Chevalier-Mage. À ce stade, l’obstacle ne pouvait pas être résolu par la négociation, alors ils n’avaient pas d’autre choix que d’essayer quelque chose d’autre afin de sortir de cette impasse.

Mais à la suite de ces mots, Stella craqua finalement et elle se mit à lui crier dessus...

« Nmounyaa ~ ! Je ne peux plus me retenir ~ ! Ce roturier ! » cria-t-elle. « Non seulement a-t-il commis le crime de m’avoir espionnée et d’avoir souillé une princesse telle que moi, mais en plus, il a osé dire qu’il pouvait gagner contre moi, lui, un chevalier raté ! Je... Je n’ai jamais été aussi déshonorée comme cela de toute ma vie ! Quel genre d’endroit monstrueux est ce pays !? »

Stella regarda Ikki avec des yeux brûlants, puis elle avait fait une déclaration choquante. « D’accord. Enfin, j’ai compris. Je vais faire ce combat contre vous. Mais après m’avoir insultée de la sorte, on ne va pas juste parier pour le droit de choisir les règles pour vivre ensemble. Celui qui perd se soumettra au gagnant pour le restant de sa vie. Il deviendra un esclave qui obéira aux exigences de son maître comme un chien, peu importe la façon dont cela sera humiliant ! Alors, préparez-vous à ça ! »

« E-Eeeehh ? Ceci va un peu trop loin là..., » s’écria Ikki.

« C’est inutile, et cela même si vous avez peur actuellement, » déclara Stella. « Si vous voulez maudire quelque chose, alors, maudissez votre étourderie qui m’a fait devenir si sérieuse. Ce n’est plus un simulacre de bataille, mais une vraie bataille ! »

« Il semble que la discussion soit finie. Vous allez utiliser la troisième arène d’entraînement. Je vais vous donner la permission de l’utiliser, » déclara Kurono.

« Directrice ! S’il vous plaît, ne transformez pas cette place pour votre propre convenance ! » s’écria Ikki.

Mais la protestation d’Ikki arriva trop tard et Stella lui lança un « Préparez-vous ! Hmph ! », avant de sortir de la pièce, le laissant derrière. Elle était déjà probablement en route vers la troisième arène.

« ... Haa. Cela s’est transformé en quelque chose de terrible, non ? Ce genre de chose est vraiment gênante, Directrice..., » déclara Ikki.

« Hahaha. Ne voulez-vous vraiment pas devenir son esclave ? » demanda Kurono.

« Bien sûr que non. Gagner ou perdre, je ne veux pas faire ni l’un ou ni l’autre, » répondit Ikki.

« Gagner ou perdre, vous dites... Vous venez de voir la puissance de cette fille, non ? Une flamme rouge qui brûle tout ce qui l’approche. Une menace pour tous ses adversaires. Peu de gens dans le monde ont des capacités aussi axées sur la violence et aucun de ses examens publics n’était des inventions. Mais même après avoir vu cela, avez-vous toujours l’intention de gagner ? ... Que vous êtes un homme intéressant ! » déclara Kurono.

« Elle est quelqu’un contre qui je vais automatiquement devoir me battre par la suite, » répondit Ikki. « La Directrice devrait déjà être au courant de cela. Vous êtes bien celle qui m’avez dit : “Si vous obtenez une victoire globale dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, alors je vous permettrais d’obtenir votre diplôme malgré vos mauvais scores d’attribut” et Stella-san devrait certainement apparaître au Festival. C’est juste une simple question de faire face maintenant ou plus tard. »

« Si vous comprenez cela alors il n’y a pas besoin de douter, non ? Tout ce que vous avez à faire est de gagner, » déclara Kurono. « Si vous gagnez, vous pourrez définir les termes que vous voulez et vous pourrez dire que vous être contre les esclaves. Ceci résoudra tous vos problèmes ! »

Après avoir tapoté l’épaule d’Ikki, la directrice quitta également le bureau. Ikki, qui avait été laissé dans la pièce, laissa échapper un autre, au combien nombreux, soupir de cette journée-là !

―― Eh bien, certainement... tout ce que je dois faire est de gagner, pensa Ikki.

Bien sûr, il savait que cela serait difficile de gagner. Son adversaire était fort parmi les plus forts, redoutable parmi les plus redoutables. Ikki comprenait cela grâce au témoignage de cette force démontré il y a quelques instants. Le talent de Stella était écrasant. Son pouvoir agissait de concert avec ses émotions, avec une aura écrasante qui avait fui même sans qu’elle s’en aperçoive. En comparaison, la magie d’Ikki était inexistante, et cela ressemblait à une fourmi face à un éléphant. Il n’y avait pas besoin de deviner ce que serait le résultat ; même de les mettre sur la même échelle serait scandaleux. Et encore...

―― Peu importe la façon dont la situation était totalement inutile, ce combat ne peut ni être perdu ni être évité et cela ne faisait aucun doute, pensa Ikki.

Lui-même était résolu depuis longtemps. Le jour où il avait vu le sourire de cet homme, il avait décidé qu’il allait marcher sur ce chemin jusqu’à la fin.

« Alors, je n’ai pas d’autre choix que de me battre, » murmura Ikki.

Après ça, Ikki quitta également le bureau du directeur afin de se rendre jusqu’au stade, pour son duel, afin de façonner son propre destin avec la lame de son âme.

***

Partie 3

Les Chevaliers-Mages renforçaient la force de leur pays et donc ils cherchaient naturellement à augmenter cette puissance martiale. Ce pouvoir n’était pas seulement nécessaire pour la guerre, mais aussi contre les groupes terroristes et les organisations criminelles qui abusaient des pouvoirs des Blazers. Pour la formation des Chevaliers-Mages, un certain nombre d’arènes en forme de dôme parsemait le campus de l’Académie Hagun. L’intérieur de chaque dôme comprenait un espace de combat d’un diamètre d’environ cent mètres, avec des sièges pour les spectateurs construits autour de cette zone sous forme d’un bol.

Dans le troisième dôme de formation, Ikki Kurogane et Stella Vermillion se tenaient à vingt mètres de distance avec Kurono Shinguuji, attendant entre les deux étudiants, en tant qu’arbitre. Au-dessus d’eux, une vingtaine d’étudiants de deuxième et troisième années qui s’entraînaient là précédemment ainsi que de nombreux visiteurs qui avaient entendu les rumeurs d’un simulacre de bataille avaient leurs regards fixés sur le terrain. Ils étaient tous là pour regarder le prodige qui était soudainement apparu au Japon, Stella Vermillion.

 

☆☆☆

 

{Alors cette fille est la « Princesse Écarlate » de la Famille Vermillion !?}

{C’est une très belle fille, hein ?}

{Ces jolis cheveux... ils sont tellement merveilleux, comme s’ils étaient en feu...}

{Mais qui est son adversaire ?}

{ ... Attendez, n’est-ce pas Kurogane, le gars qui a redoublé sa première année !?}

{Un redoublant !? Pourquoi se bat-elle contre quelqu’un comme lui ? Stella-san n’est-elle pas censée être un prodige de Rang A ?}

{Je ne sais pas... Hé, ne sont-ils pas là des étudiants de deuxièmes années qui ont partagé des cours avec lui ? Je veux savoir quel genre de chevalier il est.}

{J’étais dans la même classe, mais parce que ce mec n’a même pas pu répondre aux exigences minimales pour la pratique du combat, je ne l’ai pas vraiment vu en action avant aujourd’hui.}

{Il a oublié de progresser dans l’année. Il n’a même pas eu des notes assez élevées pour la pratique !? N’est-il pas tout simplement trop faible ?}

{Vraiment, qu’est-ce que c’est ennuyeux ! La princesse ne va-t-elle pas instantanément le tuer ?}

 

☆☆☆

 

Stella ricana en entendant les rumeurs rependues par le public.

« Plus j’entends des choses sur vous et plus vous me semblez totalement inutile. Ne devriez-vous pas juste arrêter d’essayer de devenir un Chevalier-Mage et de simplement vivre comme un citoyen ordinaire ? » demanda Stella sur un ton sarcastique.

« Eh bien, peut-être que je devrais abandonner. Mais je ne serais jamais sûr si je ne me battais pas pour cela, » répondit Ikki d’une voix calme.

« Ne comprenez-vous pas la situation ? Vous allez devenir mon esclave si vous perdez, vous rendez-vous compte de ça ? » demanda Stella.

« Bien sûr, je comprends parfaitement ça, mais cela n’arrivera que si je perds. Mais cela ira très bien si je gagne, » répliqua Ikki.

« ... Même maintenant, avez-vous encore l’intention de me vaincre ? » demanda Stella.

« Bien sûr. Voilà pourquoi j’ai fait l’effort de venir jusqu’ici, » répondit Ikki.

Ikki lui retourna un sourire troublé, mais chaleureux face aux mots piquants de Stella, mais il n’avait pas fait un pas en arrière depuis sa position de départ. Il était déjà prêt pour le combat. Mais pour une raison inconnue, cela irrita grandement Stella.

Effort... ? pensa-t-elle.

{Si je travaille dur alors je peux même battre un génie.} (Ancien combattant)

Stella détestait les gens ordinaires qui pensaient comme cela. Chaque fois qu’ils perdaient contre quelqu’un comme elle, ils disaient :

{J’ai travaillé dur, mais je n’ai pas pu battre ce talent.} (Ancien combattant)

Comme si seulement eux avaient dû faire beaucoup d’efforts, pensa-t-elle. Comme si... je gagnais seulement grâce à mon talent.

Ceci enflamma sa colère. Stella n’avait pas eu cette force dès le départ. Non, elle était tout le contraire à l’époque. Au cours de son enfance, elle n’avait pas les capacités nécessaires pour aspirer à la chevalerie. Elle ne pouvait pas contrôler sa puissance écrasante et parfois, elle avait même brûlé son propre corps. Son père et sa mère ainsi que tout le monde autour d’elle pensaient qu’elle ne pourrait jamais devenir un chevalier.

Mais malgré cela. Stella n’avait pas abandonné. Elle savait qu’elle avait un potentiel.

Un puissant Blazer était crucial pour un petit État comme Vermillion et tout comme le Samouraï Ryouma qui avait autrefois dirigé cette terre modeste de l’Extrême-Orient jusqu’à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, un Chevalier-Mage assez fort pouvait permettre à son pays de négocier avec les grandes nations comme des égaux.

Si elle pouvait apprendre à contrôler son pouvoir, elle deviendrait un atout essentiel pour protéger le peuple de son royaume, de sorte que Stella n’avait pas abandonné.

Elle avait poursuivi sa formation, peu importe combien tout le monde autour d’elle objectait contre cela. Et après trois longues années, elle avait maîtrisé le Souffle du Dragon. Elle avait été grièvement blessée à plusieurs reprises au cours du processus, mais ainsi, elle avait finalement atteint le sommet où elle se trouvait maintenant grâce à son travail acharné.

Voilà pourquoi je ne peux pas supporter d’être rejeté avec des mots bon marché comme talent ou prodige !

« Maintenant, nous allons commencer la bataille simulée. Du côté des deux combattants, matérialisez votre Dispositif sous sa Forme Illusoire, » déclara Kurono.

« Viens ici, Intetsu, » déclara Ikki.

« Sers-moi, Laevateinn, » déclara Stella.

Stella avait invoqué Laevateinn, l’épée faite à partir de son âme, en une forme qui n’infligeait aucun dommage physique pour les humains, mais aspirait directement l’endurance physique et la force physique. Et elle avait promis à l’homme se trouvant devant elle : « Je vais vous écraser. »

Le talent ne peut être vaincu. Un prodige est spécial.

Pour effacer cette tromperie, elle allait complètement l’écraser.

« Très bien. Eh bien, nous allons pouvoir commencer ! » annonça Kurono.

Et donc, le combat entre un chevalier prodige et un chevalier raté avait ainsi commencé.

***

Partie 4

« Ahhhh ! » cria la jeune femme.

Le match commença et Stella se précipita instantanément vers Ikki, balançant son épée maintenant recouverte de flammes rouges. Les mouvements de son épée pouvaient paraître ordinaires aux observateurs ignorants, mais il s’agissait d’une attaque puissante et précise.

Cependant, une attaque de grande envergure était uniquement une grosse attaque. Ikki avait vu à travers son mouvement et avait brandi Intetsu afin de la bloquer, mais il abandonna immédiatement cette action et recula d’un pas en arrière. Un instant plus tard, Laevateinn frappa le sol et l’arène entière vibra comme si un tremblement de terre venait d’avoir eu lieu.

« Une sage décision. Si vous aviez reçu ce coup de plein fouet, cela ne se serait pas terminé avec seulement quelques égratignures, » déclara Stella d’un ton ironique.

« Cette attaque est si extraordinaire. Donc, vous n’étiez pas sérieuse dans le bureau de Madame la Directrice !? » s’écria Ikki.

« C’est vrai. Si j’avais été sérieuse dans un tel lieu, l’ensemble du bâtiment de l’école aurait été détruit, » répondit-elle.

Grimaçant largement, Stella commença immédiatement la poursuite et Ikki dut faire un autre pas en arrière pour augmenter la distance entre eux. S’il avait essayé de bloquer cette attaque, son bras aurait certainement été brisé.

Comme l’arme de Stella était une épée longue faite de matériaux à haute densité, alors Ikki aurait sûrement un avantage en vitesse face à elle. C’était le bon sens de penser cela face à des armes plus lourdes que la sienne.

Mais le bon sens ne pouvait pas s’appliquer face à un adversaire monstrueux tel que Stella.

« Lent. Beaucoup trop lent ! » s’exclama Stella.

« Quoi ?? » s’écria Ikki.

*Whoosh !*. Le vent avait rugi, et à ce moment-là, Stella le rattrapa immédiatement.

« Est-ce que vous pensez que vous pourriez me battre vis-à-vis de la vitesse ? » demanda Stella. « Dommage, mais la magie ne se limite pas seulement à l’offensive. Je peux également augmenter ma mobilité de plusieurs fois en concentrant de la magie dans mes pieds et en la libérant d’un coup. La quantité de magie que je possède est de trente fois supérieures à un Blazer normal. Je peux continuer ainsi très longtemps. En d’autres termes, vous ne pouvez pas me battre en puissance ou en vitesse ! »

Si Ikki devait la comparer à quelque chose, alors cela serait un « char lourd avec une mobilité ultrarapide et une réserve de carburant infinie ». Ikki avait souri amèrement face à ce genre de capacité injuste, dont la propriétaire était maintenant en train de se battre contre lui.

Donc, ceci est un Rang A, hein ? pensa Ikki.

Même les dernières générations de vainqueurs du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée étaient pour la plupart des rangs B ou C. Ils étaient selon Ikki ce qui semblait idéal pour réaliser ça, mais un Rang A ne pouvait pas être limité aux idéaux d’un simple aspirant chevalier. Les chevaliers de Rang A à travers les temps modernes avaient tous, sans exception, été de grands héros qui avaient gravé leurs noms dans l’histoire.

Un talent exceptionnel qui n’apparaît qu’une fois par décennie selon l’opinion publique n’était en aucune façon un mensonge. Pour Ikki, qui venait d’être mis au courant de ce fait avait en face de lui la « Princesse Écarlate » qui brandissait son épée flamboyante et balançait des attaques imparables qui pouvaient même diviser la terre elle-même.

Maintenant qu’il ne pouvait plus esquiver ses attaques plus longtemps, Ikki se résolut également à répondre avec son arme. Le combat à l’épée commença ainsi et les sons clairs des cliquetis de métal résonnèrent comme de la musique dans les oreilles des spectateurs de la troisième arène.

{Oooooh...!} (Public)

Leurs acclamations augmentèrent quand ils virent les frappes de la lame en combustion de Laevateinn. Il s’agissait du spectacle d’un Chevalier-Mage expert dans les techniques à l’épée.

Peu de Chevaliers-Mages excellaient dans les arts martiaux ou l’art de l’épée, car ils pouvaient devenir beaucoup plus fort par l’entraînement de leur capacité de Blazer au lieu de leur force physique. Cette croyance avait été poussée en avant par les éducateurs et la société elle-même, de sorte que l’évaluation des chevaliers ne comprenait que cette capacité de Blazer. Ceci entraîna que les Chevaliers-Mages partagèrent eux aussi cette pensée et donc la plupart des chevaliers étaient médiocres en termes de force physique.

La minorité, les chevaliers vraiment puissants maîtrisaient les compétences physiques aux côtés des capacités de Blazer, parce qu’il avait une volonté inébranlable de s’améliorer toujours plus. Ils absorbaient toutes les tactiques qui pourraient leur donner les moyens de développer leur force et d’atteindre des sommets toujours plus élevés.

Stella Vermillion se tenait parmi cette minorité. Elle, qui avait remporté le Tournoi d’Épée de l’Empire Vermillion, utilisait son Art Impérial [1] comme si elle était en train de danser, mais avec assez de force pour faire pression sur Ikki. Tandis que lui essayait toujours de créer un espace entre eux, tout ce qu’il pouvait faire était de se défendre contre ces attaques. Il continuait à reculer.

{Bien sûr, ceci devait se passer ainsi. Le redoubleur est totalement surclassé.} (Spectateur A)

{Oui, on voit que tout ce qu’il sait faire, c’est fuir !} (Spectateur B)

{C’est juste une question de temps maintenant, hein ?} (Spectateur C)

Face à ce résultat surprenant, les spectateurs excités commencèrent finalement à se détendre. Mais —

Que se passe-t-il ? pensa Stella.

De son côté, Stella Vermillion avait senti quelque chose de troublant dans cette situation. Son épée produisait des attaques qui pouvaient occasionner des tremblements de terre, pouvait briser l’ennemi à coup sûr en une seule frappe. Toucher son adversaire sans qu’il soit écrasé devrait être impossible dans de telles conditions, parce que ses attaques ne pouvaient être bloquées avec tant de désinvolture. Mais que se passait-il dans ce duel ? Stella qui était celle qui était la seule à avoir porté des attaques à son adversaire était aussi celle qui était en sueur.

Surclassé par l’autre ? Fuite ? C’est une question de temps ! Ces impressions étaient complètement fausses. Stella elle-même l’avait réalisée.

Je suis victime d’un piège... ! pensa Stella.

« Ahhh !! » cria-t-elle alors qu’elle se sentait mal à l’aise.

Encore une fois, Stella avait frappé avec Laevateinn vers le bas en plein sur l’adversaire se trouvant en face à elle. Ikki avait neutralisé cette attaque avec Intetsu, mais sans la bloquer totalement. Il avait absorbé la force de l’attaque et avait rapidement sauté en arrière dans le même mouvement, élargissant ainsi à nouveau la distance qui les séparait.

... À nouveau, il l’a fait ! pensa-t-elle.

De loin, il semblerait bien que les attaques de Stella repoussaient chaque fois Ikki, mais la réalité était tout autre. Avec cette tactique mise en œuvre, ses attaques étaient complètement neutralisées sans causer le moindre tort à son adversaire. Le fait d’utiliser une défense souple qui drainait lentement la puissance pouvait sembler facile, mais il s’agissait en réalité de quelque chose de très difficile à réaliser. Si la force du blocage était un peu trop élevée, alors son bras serait pulvérisé et si elle était un peu trop faible, il serait tranché par l’attaque. Les calculs de la puissance, de l’angle et de l’instant étaient donc cruciaux. Une erreur mineure dans l’un de ces trois facteurs signifiait un échec immédiat, mais l’adversaire de Stella traitait tout cela sans même laisser couler la moindre sueur. Après avoir eu cette prise de conscience, Stella avait senti une angoisse indescriptible l’envahir. Une sonnette d’alarme s’était enclenchée en elle. Son sixième sens l’avertissait que cet adversaire était extrêmement dangereux !

« Êtes-vous juste bon à fuir !? » s’exclama Stella sur un ton moqueur.

Comme si elle essayait de dissiper ce sentiment par ses mots et ses actes, Stella continua à attaquer Ikki.

Mais il ne répondit pas. Le sourire troublé, mais chaleureux qu’il arborait il y a quelques instants avait disparu. Maintenant, il présentait une expression si sérieuse qu’elle en était terrifiante et il regardait avec un calme olympien chaque mouvement que Stella faisait.

Que ces yeux sont si perçants ! pensa Stella.

C’était comme si ses vêtements, sa peau et ses muscles étaient lus fibre par fibre, et qu’ainsi, chacun de ces actes était étudié minutieusement. Et à partir de ce regard, elle réalisa qu’Ikki essayait de comprendre les Arts Impériaux en analysant ses mouvements.

« Mon style d’épée n’est pas si simple que vous pourriez voir à travers lui si facilement ! » s’exclama Stella.

« ... Eh bien, je l’ai déjà assimilé, » répliqua Ikki.

En un instant, le rythme de la bataille tourna subitement. Seulement cinq minutes s’étaient écoulées depuis le début du match lorsqu’Ikki Kurogane commença à attaquer pour la première fois.

Au premier coup d’œil, cela pouvait sembler être comme une action suicidaire. Dans un choc frontal entre épéistes, que pouvait-il faire avec une technique un peu meilleure contre un adversaire dont la force était beaucoup plus offensive ? Il pouvait aussi perdre face à la puissance du feu ardent qu’elle dégageait. Ceci aurait dû être inévitable, cependant ―.

« Kuh! » cria Stella.

Mais c’était Stella elle-même qui avait dû reculer cette fois-ci sous l’assaut. Ikki avait repoussé Stella avec son arme. Comment ? La frappe d’Intetsu ressemblait à s’y méprendre à la première attaque de Stella. En vérité, il s’agissait exactement de l’Art Impérial de Stella qu’elle avait utilisé jusqu’à maintenant.

« Impossible ! ... Comment pouvez-vous ainsi l’utiliser ? » demanda une Stella surprise.

Alors elle demandait cela, quelque chose traversa subitement l’esprit de Stella.

« Ne voulez-vous quand même pas dire que vous avez copié mon style au cours de ces échanges de coups !? » s’écria Stella.

« C’est bien quelque chose comme ça, » répondit Ikki. « J’ai été méprisé depuis que je suis un enfant, donc personne n’a voulu m’enseigner la moindre chose. Ainsi tout ce que je pouvais faire était de regarder les autres et de voler leurs styles. Voilà pourquoi je suis devenu plutôt bon avec ce genre de tactique. Je peux comprendre la plupart des techniques d’épées en seulement une minute d’affrontement. »

La maîtrise de l’épée se décrivait dans l’expression du praticien, la posture, la respiration et les mouvements. Si l’on suivait les Branches et les Feuilles d’un style d’épée et qu’on arrivait tout en bas dans les Racines, alors il n’était pas difficile de saisir les techniques et les combinaisons de ce style, ou son approche pour faire face aux différentes situations. Voilà en gros ce que disait Ikki.

« Et si je peux comprendre le style de l’épée, alors je peux également créer des techniques qui surpassent celle de mes adversaires, » annonça Ikki comme s’il s’agissait de quelque chose de naturel.

Quel était le meilleur moyen de dépasser le style de l’épée d’un adversaire ? Il suffisait de corriger tous les défauts de ce style pour créer un nouveau qui serait plus parfait et qui serait donc nettement supérieur à l’ancien. Le nouveau style effaçant tous les défauts de l’ancien style et même compensant ses faiblesses. Il éclipsera son précurseur dans toutes les situations, aussi bien offensives que défensives.

« Créer un style d’épée au cours de la bataille est ma technique, la Lame Voleuse [2], » expliqua Ikki. « Stella-san, parce que vos techniques étaient si bien enracinées, il m’a fallu deux minutes pour les voler et trente secondes pour les dépasser. Mais maintenant, j’ai une solide connaissance de ces techniques et donc, à partir de maintenant, je vais aussi attaquer. »

{H-Hey. Je n’arrive pas à croire que la princesse soit ainsi repoussée !?} (Public)

Stella était visiblement en position de faiblesse. Le public avait commencé à remuer face à ce développement inattendu, mais la plus surprise fut Stella elle-même et pas seulement parce qu’elle avait perdu au niveau des compétences à l’épée, mais plutôt, car son précieux style avait été copié. Et pour couronner le tout, Ikki avait même été jusqu’à assez perfectionner ce nouveau style pour dépasser son propre style.

Juste en regardant ses techniques d’épée, il pouvait saisir la sagesse d’une technique, lire son histoire et trouver ses secrets. Cette perception démoniaque pouvait être appelée l’œil du démon. Et pour couronner le tout, il avait fait tout cela sans l’aide de la moindre magie.

Pour ce garçon, recevoir les attaques féroces de Stella Vermillion et dépasser ses Arts Impériaux n’étaient rien de plus que des exploits liés à sa maîtrise à l’épée des plus communs. Quelle formation fallait-il faire pour gagner cette expertise ?

Fort... ! pensa Stella.

Elle ne pouvait plus le nier. En comparant simplement leurs compétences à l’épée, ce garçon était plusieurs niveaux au-dessus d’elle. Si le duel avait été limité aux armes seules, ceci n’aurait même pas été un combat loyal.

Stella l’avait parfaitement compris. Le fait de pouvoir admettre de telles choses était l’un de ses points forts. Mais il s’agissait également de la force du chevalier de Rang A Stella Vermillion, la « Princesse Écarlate », qui lui permettait de continuer à lutter contre un adversaire plus fort.

Si son style d’épée avait été volé, alors elle pouvait tout simplement exploiter ce fait.

Stella avait alors prédit la position qu’elle avait prise jusqu’à maintenant lorsqu’elle frappait avec Laevateinn et Ikki avait alors déplacé Intetsu vers le haut en réponse. Elle avait libéré sa frappe vers lui afin de briser sa garde et Ikki avait déjà saisi la vitesse et la puissance de l’attaque dès le moment où elle avait pris sa position initiale, de sorte que sa réponse était inévitable. Mais c’était là le piège de Stella !

Ça a marché ! s’exclama-t-elle intérieurement.

Stella avait alors abandonné son attaque et elle sauta en arrière en affichant un sourire. Si Ikki avait vu à travers son style, il serait sûrement pris au dépourvu par cette action si imprévisible, car Stella, qui avait seulement attaqué à ce jour, avait reculé pour la première fois depuis le début du combat.

Ikki avait pris l’initiative après avoir vu à travers son style et il avait ainsi été trompé pour la feinte. Son attaque en cours manqua largement sa cible. Attendant cet instant, Stella avait frappé avec Laevateinn en plein sur le flanc exposé d’Ikki. Il s’agissait d’une variation brusque de la tactique de Stella, qui avait été jusqu’à présent de seulement attaquer franchement.

La lame noire d’Intetsu que venait de sabrer un espace vide ne pouvait pas répondre à ce changement de rythme. La lame de Laevateinn avança rapidement vers le côté exposé d’Ikki.

Il avait dû travailler dur, cependant ―.

« Votre épée est à moitié endormie, vous savez, » déclara Ikki avec calme.

― La lame de Laevateinn ne put jamais atteindre le côté d’Ikki. Elle fut bloquée bien avant cela.

Pas possible !? pensa-t-elle.

Il avait également changé son rythme, puis il avait arrêté son approche et même si cela s’était passé dans sa zone vulnérable, la lame d’Intetsu étant censée être trop loin, il avait réagi à cette attaque et l’avait bloquée !

Comment !? La réponse à cette question était ― sa garde. Ikki avait bloqué la feinte de Stella avec la garde d’Intetsu, en utilisant le léger décalage entre ses mains où elles serraient la poignée.

Quel genre de perception du mouvement ce type a-t-il !?, se demanda-t-elle.

« Viser négligemment la victoire après avoir été mis sous pression n’est pas une bonne chose ! » déclara Ikki. « Le fait de frapper pendant une feinte n’est pas votre style. Même quelqu’un comme moi peut arrêter une attaque si faible. Ce mouvement fut ainsi votre perte. »

Tout en disant cela, Ikki avait poussé Laevateinn loin de lui, créant ainsi une grande ouverture dans la garde de Stella.

« Haaaaa ! » cria Ikki.

Et avec la lame d’Intetsu, il frappa, par le haut, le corps sans défense de Stella.

Notes

  • 1 Art Impérial : Ceci utilise le kanji 皇室剣術, Koushitsu Kenjutsu (la « Technique d’Épée Impériale »).
  • 2 Lame Voleuse : Ceci utilise le kanji 模倣剣技, Muhou Kenjutsu (la « Technique d’Imitation d’Épée »).

***

Partie 5

{Est-ce fini !?} (Spectateur A)

{C’est un succès parfait. Ceci devrait mettre fin au combat.} (Spectateur B)

{Pas possible ! Un Rang A tel que Stella-san ne peut être battue comme ça...} (Spectateur C)

{A-t-elle seulement été prise au dépourvu ? Sinon, ceci aurait été impossible...} (Spectateur D)

{ ... Non, attendez ! Regardez ça !} (Spectateur E)

Les spectateurs confus tournèrent leurs regards vers l’épaule droite de Stella. Intetsu avait bien frappé à cet endroit, mais la lame noire fut complètement arrêtée. La frappe d’Ikki à sa pleine puissance ne pouvait même pas nuire à Stella.

« ... Donc à la fin, ceci tourne de cette façon, » déclara Ikki.

Mettant de côté son exaspération, Ikki fit, une nouvelle fois, un grand pas en arrière pour échapper à la chaleur torride, ce qui augmenta ainsi l’écart entre eux. Son adversaire avait utilisé sa magie comme un bouclier et une attaque non renforcée par une aussi forte magie ne pouvait pas nuire à un Blazer protégé de cette manière. La magie d’Ikki était trop limitée, trop faible. Malgré l’excellence de ses techniques, il lui manquait le trait le plus important d’un Blazer. Ceci signifiait qu’il ne pouvait même pas percer le pouvoir magique que Stella libérait inconsciemment lorsqu’elle se protégeait.

La capacité de Mana était l’énergie spirituelle totale qu’un Blazer pouvait utiliser pour ses capacités. Ce montant ne pouvait pas être augmenté par l’effort. Il était verrouillé à la naissance, lié par le poids du destin... la valeur prédéterminée d’un être humain.

Des gens formidables avaient eu la grandeur de faire de grandes réalisations. Dès l’instant où ils étaient nés, chacun avait sa place dans une hiérarchie incontestable. En d’autres termes, cet avantage que Stella avait porté depuis sa naissance était devenu une muraille ferme et avait arrêté le Katana d’Ikki.

« Cela laisse un mauvais goût. Devoir gagner comme ça..., » déclara Stella.

« Comme je l’avais pensé, Stella-san, vous aviez déjà tout de suite compris la situation. Mon Intetsu ne peut pas vous blesser, » déclara Ikki.

« Naturellement. Et parce que je l’avais compris, que je vous ai défié dans ce duel non seulement avec la magie, mais aussi avec ma maîtrise à l’épée. Je voulais montrer que ma force ne venait pas juste de mon talent. Mais cela ne tourne pas comme je le voulais... Je l’admets. Cette bataille, je vais seulement la gagner en raison de ce talent inné, » déclara Stella.

Ikki était fort. Les paroles sur les efforts qu’il avait prononcés pesaient bien plus que ceux de ses anciens adversaires. Avec seulement le talent d’un Blazer normal, ou même un peu moins, il aurait battu Stella dans ce match. C’était frustrant, mais Ikki n’avait même pas cela. S’il disait « j’ai perdu uniquement à cause de son talent » comme excuse pour sa défaite, elle n’aurait pas pu le nier ! Il avait le droit de dire de telles choses sans aucune honte.

Il est... tellement fort. C’est pourquoi, pensa Stella.

« Je vais finir ce combat avec mon respect des plus sincères, » annonça Stella.

Soudain, Stella fit un grand bond en arrière. Elle se retira à la frontière de l’arène en forme d’anneau, proche du mur qui séparait l’arène des sièges des spectateurs.

En ce qui concerne sa sincérité. Ikki se sentit mal à l’aise par l’augmentation de la distance avec Stella après avoir déclaré ces mots, mais ce malaise fut remplacé par une sensation bien plus lourde.

« Percez le ciel bleu, flamme du purgatoire, » cria Stella.

Au moment où Stella leva vers le ciel Laevateinn, les flammes qui couvraient l’épée brûlante augmentèrent en fureur et en chaleur et bientôt l’épée perdit sa forme, pour prendre la forme d’une colonne de lumière qui fondit vers le toit du dôme de l’arène.

{Q-Quelle est cette chose !!!} (Spectateur A)

{Ceci est totalement fou ! Est-elle vraiment humaine !?} (Spectateur B)

La lame qui s’était facilement étendue d’une centaine de mètres vers le haut, brillant de son propre éclat tels un soleil, une conflagration écarlate face à quoi on ne peut pas s’opposer. Pour ce chevalier de Rang A, la « Princesse Écarlate », c’était son plus fort Art Noble. Stella ne cherchait plus à combattre avec une épée. Elle ne serait plus présomptueuse face à Ikki. Ikki était un épéiste qui l’avait largement dépassée et parce qu’elle avait admis cela, elle avait choisi de mettre fin à cette bataille en détruisant l’arène avec son injuste talent.

« C’est fini. Acceptez votre défaite. Ceci devrait être ainsi plus facile pour vous, » juste avant de déclencher son attaque, elle prononça ces mots avec la puissance d’un dragon.

Stella croyait que quelqu’un d’assez fort pour la submerger comme cela triompherait ailleurs, peu importe les difficultés, mais elle n’avait pas pris en compte que ce garçon dont le manque de talent l’avait forcé sur le chemin d’un chevalier raté. Voilà pourquoi Stella vaincrait Ikki aussi pour lui, en utilisant le pouvoir absolu que lui procurait son talent !

« Katharterio Salamandra !! » [1] (Stella Vermillion)

La lame descendante de lumière qui ne connaissait que la ruine brûla toute l’arène.

{Hein, uwaaa !} (Spectateur A)

{Fuyez ! Nous allons être touchés par cela !} (Spectateur B)

{Hey hey... Est-ce vraiment un mouvement pour un combat en un contre un ?} (Spectateur C)

Alors que l’arène s’effondrait de toute part, une foule d’étudiants commencèrent à fuir en hurlant et Kurono regarda tout cela avec une expression amère.

 

 

Mais debout, devant cette dévastation qui approchait, Ikki Kurogane avait simplement souri.

« Ma petite sœur me disait souvent, “Grand Frère, tu peux devenir autre chose qu’un Chevalier-Mage, alors tu devrais viser cela.” Certes, peut-être, qu’elle a raison, puisque je n’ai pas le talent, » déclara Ikki.

Si Ikki Kurogane voulait être un Chevalier-Mage, il devrait au minimum gagner lors du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Mais cette victoire était aussi téméraire que l’escalade d’une chute d’eau dans un bateau en bambou. Ikki le savait probablement mieux que quiconque.

« Mais je ne peux pas abandonner maintenant, parce que devenir un chevalier est mon rêve le plus cher. Si j’abandonnais ainsi, je ne pourrais pas me pardonner d’avoir rompu la promesse qui nous unit, » déclara Ikki avec résolution.

Et c’est alors que ―.

« Alors je me suis demandé une chose simple. Comment le plus faible peut-il vaincre le plus fort ? Comment puis-je dépasser ma propre faiblesse ? Ici et maintenant, je vais vous montrer ma réponse, » déclara Ikki.

Ikki avait alors pointé la lame d’Intetsu vers Stella et lui déclara : « Ici, avec ma plus grande faiblesse, je vais vaincre votre plus grande force — ! »

À ce moment-là, l’intégralité du corps d’Ikki ainsi qu’Intetsu avait commencé à briller.

Une lumière bleue s’était mise à onduler très légèrement telle une flamme. Était-ce semblable à une puissance du feu élémentaire comparable à la sienne ? Pendant un court instant, Stella pensait que c’était le cas, mais elle avait rapidement rejeté cette idée. Non, cette lumière était celle du pouvoir magique qui augmentait de plus en plus au point d’en être visible.

Sa puissance... augmente-t-elle... !? pensa Stella.

Impossible. Le montant total de pouvoir magique ne pouvait ni augmenter ni diminuer, et il était fixé à ce niveau pour son propriétaire depuis la naissance. Alors, quel était exactement le phénomène qui se déroulait sous ses yeux ? Stella ne pouvait nullement le comprendre. Elle n’avait jamais entendu parler d’une façon d’augmenter la puissance magique. Mais elle comprenait une chose : la lame d’Intetsu rayonnante d’une lumière bleue avait le pouvoir de la frapper.

―, mais alors, quoi !? Peu importe quel genre de pouvoir il possédait, toutes les choses dans les cieux et la terre brûlent et deviennent des cendres bien avant le Soleil !

Frappe-le ! Je peux prendre la victoire juste avec ça ! pensa Stella.

La distance entre eux était de plus de soixante mètres. Donc, cela n’avait pas d’importance ce que son adversaire avait essayé de faire, parce que sa lame de lumière l’aurait atteint en premier.

Mais cette personne ― elle avait déclaré qu’elle briserait ce raisonnement !

« Quoii !? » s’écria Stella.

À l’instant où la lame de lumière tomba sur la position d’Ikki, il avait disparu. Non, il avait tout simplement sauté assez rapidement tout en évitant la lumière que cela avait donnée l’impression qu’il avait disparu.

Stella avait été abasourdie après avoir raté ainsi sa cible.

À l’instant, que s’est-il passé !? pensa-t-elle.

Malgré sa grande surprise, elle attaqua immédiatement Ikki avec un second mouvement. Katharterio Salamandra était une épée faite de flamme qui n’avait pas de corps physique et elle pouvait atteindre un objectif à plus de cent mètres. Ce n’était pas quelque chose qu’un homme de chair et de sang pouvait facilement éviter.

Mais Ikki le fit.

La deuxième attaque, puis la troisième. Ici et là sur le champ de bataille, Ikki continua son mouvement telle une tempête de vent entre ses frappes de lumière, esquivant complètement chaque attaque. Ses mouvements étaient impossibles à suivre. Laissant de côté son épée, même ses yeux ne purent pas suivre la vitesse d’Ikki. Enfin, Stella ne pouvait même pas capturer une trace de sa position.

« Kuh, c’est quoi cette vitesse !? Comment pouvez-vous tout d’un coup vous déplacer avec cette vitesse !? », demanda Stella.

« Parce que ceci est ma capacité. Tout comme vous, Stella-san, vous pouvez contrôler les flammes, moi aussi j’ai une capacité en tant que Blazer, » répondit Ikki.

La capacité d’Ikki était... de doubler ses attributs physiques.

Mais ceci était considéré comme la pire capacité parmi toutes qu’un Blazer pouvait avoir, parce que même sans le renforcement des attributs physiques, un Blazer pouvait augmenter beaucoup plus sa force ou sa mobilité en appliquant simplement de la magie à son corps. En effet, Stella avait utilisé une telle magie lors de ce match et ses attributs avaient été multipliés par cinq ou six fois et non pas seulement doublés. En d’autres termes, la capacité d’Ikki était une version dégradée de ce que chaque Blazer pouvait faire en utilisant leur magie.

On pouvait dire que cette capacité était très appropriée pour un Rang F considéré par tous comme un déchet.

« C’est un mensonge ! Ces mouvements sont beaucoup plus que doublé ! Et d’ailleurs, je n’ai jamais entendu parler d’une augmentation du pouvoir magique, » répliqua Stella qui ne croyait pas aux paroles d’Ikki.

Tout en déplaçant son épée de lumière, Stella avait donc fait cette protestation. Une libération de puissance magique qui pouvait être vue à l’œil nu, puis des mouvements qui ne pouvaient même plus être aperçus ? De telles choses n’étaient pas causées simplement en doublant ses attributs physiques. Même si elle ne considérait que la puissance physique, Ikki avait sûrement dû avoir une augmentation de plus de dix fois.

Alors qu’il était toujours en mouvement autour d’elle comme une tempête de vent qui esquivait l’épée de Stella, Ikki avait esquissé un petit sourire vantard à ce qu’elle faisait remarquer !

« C’est parfaitement vrai, mais je n’utilise pas ma capacité de manière normale. Au lieu de cela, je l’utilise à sa pleine puissance, » déclara Ikki.

« Hein !? Il n’y a aucun moyen pour vous d’améliorer cela juste à cause de votre enthousiasme ! » s’écria Stella.

« Non... je ne parlais pas de l’enthousiasme, mais au sens littéral, » répondit Ikki.

« Hein... ? » s’exclama-t-elle.

« J’ai pensé depuis longtemps à ce sujet, » expliqua Ikki. « Disons que vous sprintiez sur une centaine de mètres juste après avoir dit que vous alliez le faire à pleine puissance. Même si vous le faites vraiment avec cette intention, vous aurez encore de l’énergie de secours pour plus tard. J’ai toujours trouvé ce fait étrange. Si vous l’aviez vraiment exécuté tout en utilisant toute votre force, ne devrait-il pas être normal de perdre connaissance après cela ? »

Comment ceci pouvait-il arriver ? La réponse était simple. Les humains étaient vivants et les créatures vivantes veulent instinctivement préserver leur vie, leurs instincts donnant la priorité à la survie. Peu importe combien une personne s’engageait à utiliser toute sa force, son subconscient ne le permettrait jamais. Même s’il dépensait toute son énergie, une certaine quantité resterait encore de telle sorte que son corps pouvait continuer à fonctionner correctement après ça. Cette limitation avait été câblée dans chaque organisme vivant.

En raison de cette limitation, les humains n’utilisaient normalement jamais plus de la moitié de leur endurance, de leur force, ou de leur puissance magique. Ceci était une règle absolue et immuable.

Mais si quelqu’un pouvait briser cette règle absolue ? Que faire si quelqu’un, en utilisant seulement sa volonté, pouvait retirer ce limiteur qui l’empêchait d’exercer pleinement sa force ?

« Vous... êtes-vous capable de faire cela !? » demanda Stella.

« Exact. Mon pouvoir magique n’est pas augmenté. Je vais tout simplement puiser dans le pouvoir que je ne pouvais pas utiliser avant, après avoir dépassé volontairement mes limites, » déclara Ikki.

Plus que quiconque, Ikki manquait de talent et il avait compris mieux que quiconque ce fait. Il ne pouvait pas combler le fossé entre lui-même et un prodige en travaillant dur. Même les prodiges avaient également travaillé dur et donc, alors il serait insultant de dire qu’ils avaient gagné uniquement grâce à leur talent. Des efforts insuffisants pourraient creuser l’écart, mais l’effort d’investissement ne pouvait pas se réduire si facilement. La différence de talent était généralement un facteur d’une importance vitale.

S’il voulait combler l’écart d’une certaine façon, ceci ne pouvait pas être en restant normal plus longtemps. Il n’avait pas d’autre choix que de devenir un Shura [2]. Ikki ne détourna pas ses yeux de cette vérité choquante. En se concentrant sur cette prise de conscience, il avait découvert un moyen d’y accéder. Pour dépasser le talent, il ne devait plus laisser de force non utilisée.

Une minute suffisait. Il était préférable pour lui de ne jamais savoir ce qui arrivera juste après la fin de cette minute. Mais pendant cette minute, il était devenu assez fort pour battre n’importe quel adversaire.

Ce fut la réponse qu’Ikki Kurogane avait trouvée, de sorte que sa plus grande faiblesse pouvait vaincre la plus grande force de l’autre. En utilisant intentionnellement toute sa vigueur et son endurance après avoir brisé ses limites, il pouvait le faire. Il s’agissait d’un Art Noble qui faisait ressortir toute sa maigre puissance pour un peu plus d’une minute et multipliait ce pouvoir de plusieurs dizaines de fois.

« Ittou Shura [3], » déclara Ikki.

Soudain, Ikki, qui se déplaçait autour de l’arène avec des mouvements qui ne pouvaient même plus être suivis par des yeux humains, utilisa sa vitesse étonnante pour apparaître dans l’angle mort de Stella et acheva ainsi le combat.

Avec une unique *frappe*.

À une vitesse qui ne pouvait ni être esquivée ni bloquée, sans même lui laisser une chance de crier, Stella se prit un coup direct d’Intetsu.

« Ah ― !! » cria Stella.

Elle avait alors senti le sol sous ses pieds se dissoudre, puis les pensées de Stella tombèrent dans l’obscurité. Il s’agissait d’un type spécial d’inconscience imposée par une blessure mortelle causée par la Forme Illusoire. Tout comme son nom l’indiquait, Ittou Shura avait abattu la « Princesse Écarlate » avec une seule frappe et Stella s’était évanouie, totalement impuissante.

« C’est suffisant ! Le gagnant est, Ikki Kurogane ! » annonça Kurono.

Bien que Kurono ait annoncé la victoire d’Ikki, ce magnifique résultat se tenait là debout devant leurs yeux et les spectateurs n’arrivèrent pas à comprendre ce qui venait d’arriver à ce moment-là. Tout ce qu’ils pouvaient faire était de regarder là-bas, la silhouette du Chevalier Raté qui se tenait debout sans dire un mot.

Notes

  • 1 : Katharterio Salamandra : « Salamandre du Purgatoire », en grec. Celui-ci utilise le kanji. 天壌焼き焦がす竜王の焔, Tenjou Yakikogasu Ryuu-Ou no Honoo (« Flamme du Ciel et Terre-Sacré Roi Dragon »).
  • 2 : Shura : Des divinités ou demi-dieux bouddhistes de bas rang. Ils sont plus puissants que les humains, mais sont enchaînés au cycle de la renaissance par de grandes passions égoïstes, surtout l’envie.
  • 3  : Ittou Shura, 一刀修羅 : « Lame unique du Shura »

***

Partie 6

« ... Hmm. » (Stella Vermillion)

Émergeant à travers une brume lumineuse, Stella se réveilla progressivement et ce qui avait rempli sa vision quand elle ouvrit ces yeux était un plafond assez bas et Kurono assise à côté de son lit qui fumait une cigarette.

« Êtes-vous éveillée, Mademoiselle Vermillion ? » demanda Kurono.

« Madame la Directrice... où suis-je ? » demanda Stella en retour.

« Dans votre chambre. Vous vous êtes effondrée de fatigue après avoir été frappée par un Dispositif sous Forme Illusoire, » répondit Kurono. « Comme ce n’est vraiment pas quelque chose qui nécessiterait l’utilisation d’une capsule de soins IPS ou de devoir appelé un médecin pour vous, je vous ai donc fait transporter ici pour que vous puissiez vous reposer. »

Tout en disant ceci, Kurono avait libéré un nuage de fumée de ses lèvres enduites de rouge à lèvres.

... Il est interdit de fumer dans les dortoirs ! pensa Stella.

Mais Stella n’était pas vraiment d’humeur pour le dire à haute voix.

« Ceci signifie que... tout cela n’était pas un rêve !? » demanda Stella.

Avec cette prise de conscience, ses sentiments devinrent sombres. Il semblait que ses espoirs ne se réaliseraient pas. Elle avait été vaincue et conquise si complètement qu’elle ne pouvait même pas faire d’excuses pour nier sa défaite.

« ... HAA. Je pensais avoir oublié ce sentiment depuis si longtemps. Perdre... c’est ainsi que l’on se sent après avoir perdu, » déclara Stella.

« Eh bien, vous ne devriez pas laisser ce sentiment vous submerger autant, » déclara Kurono. « On aurait pu penser qu’il s’agissait là d’un combat déséquilibré, mais Kurogane est un gars qui a même réussi à gagner un combat équitable contre moi. Il n’est pas quelqu’un que vous pourriez vaincre comme vous êtes actuellement. »

« Il a même gagné contre “l’horloge du monde”, l’ancien premier tiers dans le monde... qui est vraiment ce garçon ? » demanda Stella.

Il devrait y avoir une limite quant à être un monstre.

... Non, elle ne pouvait pas dire cela. Vaincre dans le temps d’une seule minute était le sommet de la volonté, et c’était quelque chose de normalement impensable. Quel genre de monstrueuse résolution et de détermination devait-on avoir pour pouvoir réaliser un tel exploit ? De cette manière, il avait en effet combattu tel un Shura. Il pouvait donc tout à fait être appelé inhumain.

Ah, pensa subitement Stella.

Par ailleurs, qu’est-il arrivé à cette personne après qu’il eut tout donné de lui-même ?

« Madame la directrice. Ce garçon, comment va-t-il ? » demanda Stella.

Kurono avait légèrement hoché la tête face à sa question avant de répondre. « Il va bien. Bien qu’il soit beaucoup plus fatigué que vous, il va assez bien pour que sa vie ne soit pas en danger. »

Après avoir dit ceci, elle avait regardé vers le niveau supérieur du lit superposé.

Stella avait rampé hors du lit inférieur et avait levé les yeux pour voir le visage pâle d’Ikki au-dessus d’une chemise d’exercice. Sa vitalité semblait si faible que si Stella n’avait pas entendu sa faible respiration, elle l’aurait certainement pris par erreur pour un cadavre.

« Eh bien, il avait encore assez d’énergie en réserve pour retourner par lui-même dans sa chambre et changer de vêtements, » déclara Kurono. « S’il n’avait pas pu conserver un peu en réserve, au lendemain de sa technique, les conséquences auraient été beaucoup plus graves. Au moins, Kurogane a exercé une certaine prévoyance. »

« Je ne pense pas que cela compte vraiment comme de l’énergie en réserve, » répondit Stella.

Ittou Shura était un Art Noble qui faisait ressortir la pleine puissance de son utilisateur, tout en ignorant l’instinct de conservation. L’utilisateur ne serait même plus capable de respirer après seulement une minute d’utilisation, de sorte qu’Ikki ne pouvait plus l’utiliser pour se battre pendant un bon moment après cela. S’il n’avait pas gagné dans cette minute, la défaite serait inévitable. C’était donc vraiment une tactique extrême autodestructrice. Mais avec la maîtrise de cette technique dangereuse, ce garçon avait démontré qu’il pouvait même lui-même se conquérir.

« Madame la Directrice, qui est exactement ce garçon ? » demanda Stella.

« Que voulez-vous dire par là ? » demanda Kurono qui ne comprenait pas où elle voulait en venir.

« S’il vous plaît, ne jouez pas l’idiote ! » s’exclama Stella. « Il n’est certainement pas normal de se déplacer si vite que mes yeux ne pouvaient même plus le suivre ! Pourrait-il par hasard être l’un d’entre eux ? L’un de ces célèbres ninjas japonais !? »

« Non, vous avez totalement tort à propos de ça..., » répondit Kurono.

« Dans tous les cas, il est étrange pour quelqu’un comme lui d’être un simple Rang F et de devoir recommencer une année ! S’il vous plaît, expliquez-moi exactement ce qui s’est passé ! » demanda Stella.

« Même si vous dites cela, son Rang F est en fait un jugement valide, parce que le système de classement évalue actuellement uniquement les capacités de Blazer, » répondit Kurono. « Les compétences générales telles que la maîtrise à l’épée, la santé physique et les arts martiaux ne sont pas inclus dans cette évaluation, étant donné que ces choses seraient probablement inefficaces contre les Arts Nobles dans la plupart des situations. »

En effet, les compétences générales n’étaient rien par rapport aux écrasants pouvoirs surnaturels des Blazers. Par exemple, supposons qu’il existe un maître-épéiste qui peut même couper de l’acier. Comment pourrait-il lutter contre l’épée flamboyante de Stella ? Sa maîtrise était inutile ; car il finirait brûlé en cendres. Les compétences générales étaient un avantage seulement pour les Blazers qui se battaient contre ceux qui avaient une puissance magique équivalente à eux.

« Voilà en ce moment la façon de penser du grand public. Pour le dire simplement, il n’existe aucun système pour évaluer correctement Kurogane, » continua Kurono. « Et Kurogane, qui n’excelle que dans les compétences physiques... he bien, il ne pouvait qu’être appelé “Le Pire”. Il est extrêmement rare pour quelqu’un d’avoir des circonstances si mauvaises. Si vous êtes un prodige qui n’apparaît qu’une seule fois par décennie, alors lui, il est l’échec qui n’apparaît qu’une seule fois par décennie. Rien ne peut vraiment être fait à ce sujet. Vous devriez aussi l’avoir compris après lui avoir directement fait face. Son attaque à pleine puissance n’a même pas pu vous faire du mal, même quand vous étiez sans défense. »

« ... Eh bien, il n’y a que..., mais vous ne m’avez toujours pas expliquée la raison qui l’a obligé à redoubler une année, » déclara Stella.

« Ne l’ai-je pas fait ? » demanda Kurono.

« Je suis un membre de la royauté. Je sais combien les pays apprécient les Blazers forts et une académie qui est responsable de la formation des Chevaliers-Mages doit penser la même chose. Ne pas avoir de bonnes évaluations ne devrait pas être un motif suffisant pour lui faire recommencer une année, » déclara Stella.

Parce que des organisations d’insurgés avaient récemment commencé à apparaître un peu partout, les pays avaient toujours cherché à promouvoir le développement de puissants chevaliers. Aucune raison n’était suffisante pour changer cette priorité.

Face à l’argument correct de Stella, Kurono avait affiché un sourire amer puis elle avait soupiré comme si elle était d’accord avec ça.

« Haha... bien bien. Vous savez vraiment frapper là où ça fait mal, » déclara Kurono.

« Comme je l’avais pensé, il y a une autre raison, n’est-ce pas ? » demanda Stella.

« Oui, son manque de qualification n’est pas suffisant pour une telle chose. Ceci a tout simplement été utilisé comme le principal prétexte de l’administration de l’école pour le faire redoubler, » répondit Kurono.

« Prétexte... ? » demanda Stella.

« En effet. Mademoiselle Vermillion, est-ce que le nom de Kurogane vous dit quelque chose ? » demanda Kurono.

« Il n’y a aucune chance que je connaisse quelque chose de si plébéien que cela, » répliqua Stella.

Il était normal qu’elle ne puisse pas savoir une chose si peu importante. Voilà ce qu’elle voulait dire, mais une personne avec ce nom était subitement apparue dans son esprit.

« Attendez ! Ce n’est pas possible... le Samouraï Ryouma !? » s’exclama Stella.

« Exactement. Le héros qui a guidé le Japon jusqu’à la victoire lors de la Seconde Guerre mondiale, le Samouraï Ryouma, » répondit Kurono. « Son vrai nom est Ryouma Kurogane et il est grand-père d’Ikki Kurogane. Même sans lui, le clan Kurogane est une famille distinguée datant de l’ère meiji qui a produit de nombreux Blazers de rang supérieurs depuis des générations et détient une forte influence dans la société des Chevaliers-Mages. Ce clan a mis une pression directe sur l’académie Hagun et a dit : “Ne laissez pas Ikki Kurogane, le réprouvé, qui a fui la maison Kurogane être diplômé.” »

« Pourquoi ont-ils fait quelque chose comme cela ? » demanda Stella.

« C’est simple. Ils ont fait ça afin de maintenir le prestige de leur distinguée famille, » répondit Kurono. « Si une valeur aberrante comme un Rang F apparaissait publiquement dans leur lignée, cela ternirait leur nom. Ils pensent probablement quelque chose comme cela, car les chevaliers d’aujourd’hui mettent l’accent plus sur le rang que sur toute autre chose. L’ancien directeur de l’académie était d’accord avec eux et il a mis en place des règlements ridicules spécialement pour lui concernant les exigences minimales à avoir pour pouvoir prendre part aux leçons de combat. De cette manière, il a facilement exclu Kurogane des cours et le résultat de cette injustice a été de l’obliger à répéter son année. »

Au moment où Stella entendit cette histoire dure, elle avait ressenti un ressentiment inimaginable au plus profond de sa poitrine.

« Était-ce quelque chose qu’un parent ou un enseignant devrait faire !? » s’exclama Stella, indignée.

« C’est regrettable, mais il existe beaucoup d’adultes comme cela dans le monde, » répondit Kurono. « Bien sûr, je n’ai pas l’intention de fermer les yeux sur leurs actions. Après avoir pris ce poste, j’ai soigneusement purgé ceux qui étaient liés à cette affaire... mais cela ne rendra jamais l’année que Kurogane a perdue. »

Après quelques secondes, elle avait poursuivi. « Mais... Mais malgré cela, ce garçon n’a jamais désespéré. En dépit d’être ciblé par sa famille qui l’a traité injustement, d’avoir été privé de ses possibilités et d’être même raillé comme un déchet par les autres, il n’a pas cessé de croire en sa propre valeur. Ne voyant pas les prodiges comme étant insurmontable, ne fuyant pas ses insuffisances, il a avancé à sa manière. Après avoir lutté à travers toutes ces injustices, il a atteint le sommet où il se trouve maintenant. En ayant foi en lui-même et en ces valeurs, il a misé tout son courage et a finalement pu atteindre sa “Minute d’Invincibilité”, qui peut même vaincre la “Princesse Écarlate” qui est appelée par tous un prodige. Honnêtement, il est lui aussi quelqu’un de spécial qu’on ne voit qu’une fois par décennie. »

Croire en soi et dans sa propre valeur, peu importe comment, la situation était désespéré. Stella savait très bien comment cela pouvait être dur et comment cela pouvait faire mal. Mais heureusement pour elle, elle avait du talent. Elle croyait que si elle arrivait enfin à dominer les flammes se trouvant à l’intérieur d’elle, son pouvoir aiderait grandement son pays. Voilà pourquoi elle avait pu persévérer.

Qu’en est-il d’Ikki ? Il n’avait vraiment rien du tout. Sa magie était terriblement faible et son Art Noble, la carte maîtresse d’un Blazer, n’était que le doublement de sa force physique, ce qui était ridicule. C’était déjà assez pénible ainsi, mais en plus, les adultes autour d’Ikki avaient tout fait, pour lui bloquer son chemin. Comment avait-il pu garder en tout temps sa foi et croire en lui-même ?

« Qu’est-ce que..., qu’est-ce qui l’a poussé à aller jusque-là... ? » demanda Stella.

« Qui sait ? Ce n’est pas quelque chose que vous comprendrez sans le demander directement à Kurogane, » répondit Kurono. « Mais dans tous les cas, j’ai de grandes attentes quant à lui. Je pense vraiment que Kurogane peut atteindre la première place dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. »

Kurono avait alors écrasé sa cigarette dans son cendrier portable, puis elle avait demandé une fois de plus à Stella. « Mademoiselle Vermillion. Lorsque vous êtes venue dans mon bureau ce matin pour me saluer, vous souvenez-vous comment vous avez répondu à la question : “Pourquoi êtes-vous venue ici pour étudier à l’étranger ?” »

« Oui. Parce que, si j’étais restée dans mon pays..., j’aurais pu oublier comment progresser, » répondit Stella.

Il s’agissait de la raison de Stella pour laquelle elle avait quitté le royaume de Vermillion. Les gens de sa terre, de leur plein gré, l’avaient emprisonnée dans la cage en tant que « prodige ». Qu’elle que soit ce qu’elle faisait, elle gagnait contre n’importe qui sans réellement avoir besoin de faire d’efforts.

Si Stella était restée parmi eux, elle aurait elle-même commencé à les croire. Elle serait alors devenue arrogante et son cœur aurait pourri. Son arrogance se serait construite sans fondement et sa volonté de s’améliorer se serait émoussée au fil du temps. Ceci l’effrayait tellement qu’elle ne pouvait pas se permettre de rester plus longtemps là-bas. Elle devait devenir un chevalier beaucoup plus forte afin de protéger son bien-aimé Empire Vermillion.

C’était la raison de Stella de sa venue au Japon : à la recherche de gens plus forts qu’elle. Elle voulait lutter contre ces puissants chevaliers, les vaincre et devenir ainsi le Roi des Épées des Sept Étoiles.

« Dans ce cas, Stella Vermillion, poursuivez Kurogane de toutes vos forces pendant un an. Je suis sûre que cela ne sera pas une perte de temps pour vous. » Kurono avait annoncé ça, révélant par la même occasion la raison derrière le fait de l’avoir placée dans la même chambre qu’Ikki.

Face à l’air énergique de Kurono, Stella n’avait pas pu donner une réponse définitive. « Je ne... comprends pas. Je ne sais toujours rien de lui au-delà de vos mots... »

« Eh bien ! Ceci est également vrai, je l’admets, » répondit Kurono.

Il n’était pas certain de savoir si la réponse de Stella avait convaincu Kurono, mais Kurono se dirigea dans tous les cas vers la sortie après avoir fait un signe de tête.

Puis, tournant la poignée, elle avait ouvert la porte avant de déclarer. « Par la suite, vous devriez en apprendre plus sur lui par vous-même. Comme je l’ai déjà dit avant, Ittou Shura est une attaque de grande puissance qui ne peut être utilisée qu’une fois par jour, ne laissant pas la moindre trace de magie, de force ou de volonté à son utilisateur. Et c’est une capacité qui, comme un cheval au cours d’une charge, ne peut être arrêtée à mi-chemin. Il ne devrait pas se réveiller avant un certain temps... bien. Espérons qu’il ne soit pas réellement mort, mais qu’il en ait juste l’air. Il se lèvera tôt ou tard et si vous ne voulez toujours pas vivre avec lui après avoir confirmé mes paroles, venez me le dire. Je vous ferais préparer une salle VIP pour vous seule. »

Après avoir dit cela, Kurono était sortie de la chambre.

***

Partie 7

Stella, maintenant un peu abandonnée, regarda la couchette supérieure et étudia le garçon qui l’avait vaincue.

Je ne suis... certainement pas faible, pensa-t-elle

Elle n’était pas assez audacieuse pour penser qu’elle était la plus forte dans le monde, mais elle n’avait jamais perdu contre une personne ayant des capacités si médiocres. Ikki était très fort et elle était curieuse de connaître la source de cette force. Elle voulait savoir comment il pouvait continuer à croire en lui, tout en subissant tout les mauvais traitements qu’il avait surmontés.

« ... Ikki Kurogane, » murmura Stella.

Quand elle prononça ce nom, une mystérieuse douceur fit légèrement palpiter son cœur. Pour Stella, c’était la première fois qu’elle voulait autant en savoir sur quelqu’un d’autre. Elle ne pouvait pas retenir le désir d’en apprendre davantage sur ce garçon endormi et l’attente de son rétablissement était insupportable. Voilà pourquoi, après avoir été submergée par une curiosité bouillonnante à l’intérieur d’elle, elle grimpa à l’échelle du lit superposé.

Ikki dormait encore. Il avait changé de côté pendant son sommeil et maintenant, il était couché sur le ventre et elle ne pouvait plus voir son visage. Elle pouvait entendre sa faible respiration qui correspondait aux faibles mouvements de son corps bien construit. Comme son état s’était amélioré un peu par rapport à avant, le sentiment qu’il pouvait ne jamais se réveiller avait diminué. Stella se sentit un peu soulagée en voyant cela.

« ... Ikki, » continua-t-elle à murmurer.

Elle appela à nouveau son prénom avec une pointe d’audace dans la voix, mais il ne se réveilla pas de son profond sommeil. C’était inévitable. Il dormait si profondément qu’il en serait impoli de le réveiller par la force. Comme son anxiété n’avait pas encore totalement disparu, Stella décida qu’elle devrait faire une promenade à l’extérieur et revenir plus tard.

Eh bien, c’est ce que Stella pensait faire, mais ―, elle jeta accidentellement un coup d’œil dans l’espace entre la chemise et la nuque d’Ikki. Il possédait un large dos et cette vue avait eu un profond impact qu’elle ne pouvait pas imaginer, et elle affichait en ce moment un sourire penaud.

Non, son corps n’était pas que musclé. Dans tous les cas, il pouvait être considéré comme quelqu’un de mince, mais avec une force inébranlable et son dos semblait beaucoup plus large que ce qu’il était en réalité.

... Ju-Juste un petit peu, c’est normal, non ? De toute façon, il a déjà fait de même, alors il s’agit d’un juste retour des choses, pensa-t-elle.

Après avoir conféré avec une personne invisible se trouvant dans son cœur, Stella tendit ses mains vers le dos d’Ikki et elle commença lentement à le toucher.

« W-Wow..., » s’exclama Stella.

*Boum Boum*

Lorsque Stella le toucha avec les paumes de ses mains, la sensation du sang d’Ikki qui coulait en lui commença à entrer en elle. C’était puissant et assez chaud pour brûler, mais son corps était tout à fait différent de l’acier, comme si elle sentait la chaleur de sa vitalité.

― Donc, ceci est le... dos d’un garçon, pensa Stella.

Il s’agissait de la première fois qu’elle touchait un garçon et Stella se sentit comme si elle était en train de rêver.

« N... mn... » (Ikki Kurogane)

« Hii... ! » (Stella Vermillion)

Ikki s’était soudainement retourné et il était maintenant orienté avec son visage vers le haut. À cause de cela, la main droite de Stella avait glissé et elle était maintenant coincée sous le corps endormi.

― Oh non ! pensa-t-elle.

Si Ikki se réveillait à ce moment-là, Stella ne pourrait pas trouver d’excuses valables. Son corps était étonnamment lourd, donc elle ne pouvait pas simplement tirer sa main pour la décoincer. Et si elle tirait simplement, ceci pourrait le réveiller et si elle tirait trop fortement, elle pourrait même tomber de l’échelle ce qui serait également désastreux.

... Quel autre choix ai-je ? se demanda Stella.

Stella avait alors retenu son souffle avant de grimper plus haut sur l’échelle. Debout sur ses genoux, tout en prenant soin de ne pas toucher Ikki, elle utilisa sa main gauche pour soulever le côté d’Ikki lentement... lentement... très lentement.

« Uun... n !... Kuh. » (Stella Vermillion)

Q-Qu’est ce qu’il est proche ! pensa-t-elle.

Stella avait senti une sueur froide se formant dans son dos. Avec la méthode qu’elle avait entreprise, elle avait ainsi réussi à soulever ce côté et ainsi, elle libéra sa main et... d’une manière ou d’une autre, elle avait réussi à se tirer de ce piège. Succès ! Mais... même après cela, Stella avait continué à regarder Ikki dormant en dessous d’elle.

« Ce gars ne se réveille toujours pas, » murmura Stella.

Et même s’il était épuisé, elle ne pouvait pas comprendre pourquoi il dormait si profondément. Voyant qu’Ikki ne bougeait toujours pas, Stella avait dégluti. Maintenant qu’il s’était retourné, elle pouvait voir son abdomen légèrement exposé.

Le ventre d’un garçon..., pensa Stella.

Même si elle en avait vu quelques-uns auparavant, elle n’en avait jamais touché un. Quel genre de sentiment cela pouvait-il lui procurer ?

« À quoi penses-tu, Stella !? Ce n’est pas bien ! Pour moi qui suis toujours célibataire et en plus de cela, une princesse, le fait de posséder un intérêt pour le corps d’un garçon qui n’est même pas mon aaam-amoureux ou quoi que ce soit dans le genre... est trop embarrassant ! » s’exclama Stella.

Attendez, ce n’était pas si mal que cela, n’est pas ? Ce n’est pas comme elle avait vraiment eu des pensées perverses. Elle voulait seulement en savoir plus concernant Ikki Kurogane par pure curiosité, le premier adversaire qui avait réussi à la vaincre, car elle savait qu’elle affronterait de nouveau ce chevalier en face à face dans un futur proche.

C’était aussi simple que cela. Peut-être. Plus ou moins.

« E-En tout cas, il m’a vue nue en premier, donc c’est juste un simple retour des choses, non... ? » se demanda-t-elle à voix haute.

C’était un sophisme, mais Stella sembla se justifier de cette façon. Poussée par la curiosité au sujet du premier chevalier contre lequel elle avait perdu, elle tendit, une fois encore, sa main vers l’abdomen d’Ikki et elle fit glisser sa main à travers la fente de la chemise. Elle avait lentement atteint le bas du plexus solaire et... tira doucement la chemise.

« ... Ceci est... donc... le corps... d’un garçon..., » balbutia Stella.

Depuis le début de sa vie, il s’agissait de la première fois qu’elle voyait quelqu’un de si proche. Lorsqu’Ikki s’était soudainement déshabillé la première fois où ils s’étaient rencontrés, elle ne l’avait pas vraiment vu en raison de la confusion, mais maintenant qu’elle était si proche, elle avait compris que ce corps était exceptionnellement tonique. Les légères ombres des muscles traversant ce corps avaient l’air complètement différentes d’elle, en tant que femme. Bien sûr, les touchers devraient aussi être différents.

« Haa... haa... » Stella avait gémi à ce moment-là.

Le cerveau de Stella commençait à bouillir face à cette intense envie de le toucher. Sa tête lui donnait l’impression d’être fiévreuse et prise de vertige. De plus, sa respiration était devenue lourde et irrégulière. Elle ne pouvait plus s’arrêter alors qu’elle était déjà dans une telle situation.

« ... C’est bon, » annonça-t-elle.

 

 

Avec une main tremblante, elle avait atteint l’abdomen d’Ikki et quand elle le toucha, une sensation électrique se répandit à travers elle, provoqué par la texture de la peau et des muscles d’Ikki. Il était fort tout en ayant une souplesse subtile, une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant, mais elle avait aisément compris l’énorme énergie qu’il contenait.

« Incroyable..., » murmura Stella.

Ce n’était pas le corps d’un chevalier qui trébuchait, perdu dans l’obscurité, mais celui de quelqu’un qui avançait avec force et une détermination inébranlable vers ses objectifs. Stella, elle-même, avait toujours dit qu’elle était un chevalier avant d’être une femme. Elle savait combien il était difficile de perfectionner son corps jusqu’à un tel point et comment ceci pouvait être difficile de maintenir un tel corps.

Elle ne pouvait plus douter plus longtemps des paroles de Kurono. Ikki n’avait certainement jamais donné dans le désespoir. Son corps était aussi endurci que sa volonté indéfectible.

Mais parce que Kurono n’avait pas exagéré, le désir de Stella d’en savoir plus sur Ikki avait augmenté d’une manière vertigineuse. Plus elle en savait sur lui et plus elle voulait en savoir encore plus. Ce désir commençait à faire surchauffer sa tête, assez pour l’étouffer. Elle était de plus en plus en transe, perdue dans une fièvre sans cause ni raison, mais c’était agréable, ce qui l’avait encore plus surprise.

« Haa... Que fais-je là..., je me le demande..., » murmura Stella.

Tout en jouant sur l’abdomen avec ses délicats doigts, elle posa cette question à une personne invisible se trouvant dans son cœur, observant tout comme elle, luttant contre son délire. Mais alors ―

« Euh, c’est aussi quelque chose que je voudrais vous demander. Stella-san, qu’êtes-vous en train de faire ? » demanda Ikki.

Pour une Stella qui était à cheval sur lui et qui touchait sa peau ici et là, Ikki fit écho à la question avec un visage qui montrait clairement qu’il ne savait pas ce qui se passait.

« A-Aieeeeeeeeeeeee !? » cria Stella.

Stella avait instantanément libéré un terrible cri avant de faire un bond en arrière afin de s’éloigner d’Ikki

« Attendez ! Si vous sautez de cette façon vous allez ―, » commença-t-il à dire.

L’avertissement d’Ikki fut inefficace.

Après avoir sauté si brusquement, la tête de Stella avait frappé le plafond avec une force choquante et elle tomba de la couchette supérieure du lit, avec un jappement, tout droit vers le sol.

« S-Stella-saaaaaan !? Allez-vous bien !? Votre tête semble blessée ― ! » s’écria Ikki.

« JJJJJJ-Je vais bien ! Je suis simplement tombée et du jus de tomate a été arrosé sur le dessus de ma tête, voilà tout ! » répondit Stella.

« Ceci ne va pas du tout ! » déclara Ikki. « Parce que ce jus de tomate vient de l’intérieur de votre corps ! Pour l’instant, asseyez-vous calmement. Je vais faire les premiers soins, alors restez là sans bouger ! »

***

Partie 8

« Ceci devrait le faire, » déclara Ikki avec douceur après avoir fini ses premiers soins.

Ikki avait traité Stella avec le kit d’urgence se trouvant dans son tiroir.

« Merci. Vous êtes assez bon sur ça, » répliqua Stella.

« J’ai vécu seul depuis le collège, donc je sais au moins faire cela, » déclara Ikki.

Eh bien, ce n’est pas comme si quelqu’un m’avait aidé quand je vivais dans cette maison, pensa-t-il.

Alors qu’Ikki soupira, Stella avait déclaré quelque chose de bizarre. « ... J’ai entendu beaucoup de choses à propos de vous. De Madame la Directrice. »

« À propos de moi !? » demanda Ikki.

« Oui, à propos de la façon dont vous avez été traité à l’école et par votre famille, » répondit-elle.

« Q-Quoi... !? Pourquoi cette personne a-t-elle divulgué des informations à propos de questions sensibles à quelqu’un d’autre que sa famille ? Désolé, mais ceci n’a probablement pas été une histoire agréable à entendre, » déclara Ikki.

« Cela ne l’est vraiment pas. Mais au contraire, je voudrais que vous m’en disiez plus à ce propos, » demanda Stella.

« Vous dire quoi ? » Ikki avait demandé ça en réponse.

« Comment pouvez-vous espérer devenir un chevalier quand tout le monde vous traite si mal ? » demanda Stella.

« ... Pourquoi voulez-vous savoir ça ? » demanda Ikki.

« C-Ce n’est pas comme... Ce n’est certainement pas, car je voudrais en savoir plus sur vous ! » répondit Stella. « Ne soyez pas prétentieux ! Je veux juste savoir pourquoi un novice avec une puissance magique tellement ridicule peut encore avoir l’envie d’être un chevalier ! Je suis tout simplement curieuse. »

« Dire quelque chose de si terrible, directement face à moi... je sens en quelque sorte un certain rafraîchissement, » répliqua Ikki.

Eh bien, son histoire ne valait pas vraiment la peine d’être cachée. Ikki était un peu gêné de le dire, mais si Stella voulait vraiment la connaître, alors il ne pouvait pas lui refuser cela.

« Il y a une personne que j’essaye d’atteindre, » commença-t-il.

« Une personne ? Voulez-vous parler du Samouraï Ryouma ? » demanda Stella.

Un héros bien connu, dont n’importe qui dans la famille Kurogane aurait pu vouloir imiter. Ikki pensait donc qu’il était naturel que ce nom lui vienne à l’esprit.

« Oui, exactement lui, » répondit Ikki. « Je n’ai jamais eu le talent, donc mes parents et ma famille en général m’ont rejeté depuis que je suis très jeune. Ma famille est une lignée de héros remontant à de nombreuses générations, où les enfants sans talent sont un fardeau. Je ne fus pas autorisé à participer aux leçons de magie de ma famille. Au lieu d’avoir un siège lors des fêtes, je fus chaque fois enfermé hors de leur vue lors de toute réunion comme j’étais une honte pour eux. »

{Ceux qui ne peuvent rien faire ne devraient rien faire.} (Père d’Ikki)

À son cinquième anniversaire, il s’agissait des dernières paroles que le père d’Ikki lui avait prononcées et après cela, il ne lui avait plus jamais adressé la parole et n’avait même plus jamais tourné son regard vers lui. Comme le chef de famille avait déterminé la position d’Ikki dans la famille, Ikki Kurogane avait été traité comme « quelqu’un qui n’existe pas » par tous les autres.

C’était si pénible que je voulais véritablement disparaître.

« Mais à cette époque, Ryouma-san m’a parlé, » continua Ikki.

Même maintenant, Ikki Kurogane pouvait se souvenir clairement de ce jour enneigé. Il s’agissait du Nouvel An et toute la famille était réunie, mais cette fête ne signifiait rien pour Ikki vu qu’il n’avait pas le droit d’être là. Il entendait les rires joyeux en dépit d’être enfermé, ce qui rendait sa présence encore plus douloureuse. Alors il était parti dans les montagnes se trouvant derrière la demeure familiale.

Et... il s’était perdu en chemin. Le soleil s’était soudainement caché et l’air s’était subitement refroidi. Les douces chutes de neige s’étaient transformées en une tempête de neige sans qu’il s’en rende compte.

Personne ne vint le trouver. La raison en était évidente : de toute façon, qui aurait aidé un enfant qui n’existait même pas ? Même si Ikki était mort de froid, ni ses parents ni ses familles n’auraient été affligés.

Dans sa famille, seulement sa sœur cadette se serait attristée par sa mort... mais elle aurait bien été la seule.

Quand il avait pensé à cela, il n’avait pas pu s’empêcher de pleurer. Non pas parce qu’il n’avait pas de talent, mais parce que personne n’avait cru en lui.

... Et c’est alors que Ryouma Kurogane, un homme âgé arborant une longue moustache blanche de style impériale, apparut devant Ikki. Il déclara à Ikki qu’il devrait chérir ces larmes.

Ces larmes étaient la preuve qu’Ikki n’avait pas encore abandonné.

{Écoute, gamin. Tu es encore maintenant un enfant. Quand tu grandiras, ne deviens pas un adulte ennuyeux comme beaucoup qui glorifie quelque chose d’aussi inutile que le talent. Ne deviens pas un adulte faible qui abandonne sans essayer et qui appelle le fait d’agir ainsi de la maturité. Deviens un adulte qui marche si loin que les autres ne peuvent même pas suivre tes traces. Un homme peut atteindre un but aussi longtemps qu’il ne renonce pas. Après tout, l’humanité a une fois volé jusqu’à la lune en dépit de ne pas avoir d’ailes.} (Ryouma Kurogane)

Le vieil homme lui avait dit ces mots avec un sourire enfantin et avait brossé la neige qui s’était installée sur la tête d’Ikki.

« Je fus... fou de joie. C’était la première fois que quelqu’un me disait que je ne devais pas abandonner, » continua Ikki. « Bien que je n’étais qu’un enfant, je savais quand même que c’était simplement des mots et qu’ils ne garantissaient en rien mon avenir. »

Mais malgré ceci, j’étais si heureux. Même si c’était juste quelques mots, je me sentais vraiment sauvé par eux, pensa-t-il.

« Alors je l’ai décidé à cet instant, » continua Ikki. « Si je dois grandir, alors je grandirai pour être comme lui. Et si jamais je rencontre quelqu’un dans la même situation que moi, contrairement à mes parents, je lui dirais : “Vous ne devez pas abandonner,” et je soulignerais le fait que les gens ne doivent pas seulement compter sur leurs talents. Je serai un adulte qui portera les mots de cet homme à d’autres. Cependant, je ne suis pas encore assez fort pour le faire dès maintenant. Je dois devenir plus fort, aussi fort qu’il l’était, où mes paroles seront que des excuses de faiblesse. Voilà pourquoi je ne peux pas simplement abandonner dans un endroit comme celui-ci. Si je veux être aussi fort que Ryouma Kurogane, je dois gagner dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Ceci est le moins que je puisse faire. »

« ... Je vois. C’est donc ça votre rêve, » déclara Stella.

« Pensez-vous que cela est sans espoir ? » demanda Ikki.

Boudeuse. L’expression de Stella s’était maladroitement assombrie. Elle pensait vraiment que le rêve d’Ikki était merveilleux, mais... pour l’atteindre ―.

« Vous n’êtes pas obligée de le dire, ou de faire un tel visage, » déclara Ikki. « Je sais que ce n’est pas quelque chose que je peux facilement réaliser. Mais même ainsi, Stella-san, si vous aviez un rêve que vous ne vouliez pas abandonner et si quelqu’un vous disait qu’il est impossible pour vous de le réaliser, allez-vous quand même essayer ou... allez-vous docilement obéir à cela ? »

« Ah ―, » s’exclama Stella.

Les yeux de Stella s’écarquillèrent en entendant ces paroles. Ses pupilles brillaient d’un éclat lumineux, comme si elle avait enfin compris quelque chose, comme si elle avait accepté quelque chose.

« Hehe ! Hahaha ! » Le regard désolé de Stella avait disparu et elle éclata de rire. « Oui, tout à fait. Je ne voudrais pas abandonner. Même si je suis brûlée, pourquoi devrais-je abandonner ? »

Après avoir entendu les paroles d’Ikki, Stella se souvint qu’elle aussi avait été ainsi depuis des années.

« Voilà donc la raison, » déclara Stella. « Il est vrai que nous ne devons pas nous inquiéter de la réalisation de nos rêves. Si mes efforts sont vains, même après avoir tout donné de moi, alors c’est correct. Mais nous ne pouvons pas décider si nous allons réussir avant d’avoir essayé. »

« Exactement. Peu importe combien je manque de talent et combien de personnes me disent que je suis inutile, je ne vais pas abandonner pour ces raisons. Et c’est d’autant plus vrai que je déteste perdre, » déclara Ikki.

« Alors là, je ne pense pas qu’il n’y a pas quelqu’un qui déteste autant perdre que moi, » après avoir dit cela, Stella avait commencé à rire. Ce fut un rire qui semblait très surpris, mais aussi très joyeux.

Elle s’était détendue et elle avait levé les mains.

« ... Ahh, j’ai perdu. Je vous ai mis sur ma propre échelle ridicule de prodige et de médiocrité et je n’ai pas pu voir le vrai vous, » continua-t-elle. « Il était donc impossible pour moi de gagner avec ces sentiments présomptueux que j’avais. Ceci est ma défaite totale, Ikki. »

En disant ces mots, Stella se sentait un peu libérée. Elle n’avait plus de doute au sujet de l’avis de Kurono. Ikki était une personne qui partageait le même esprit et il était plus fort qu’elle. C’était exactement la raison pour laquelle elle pouvait apprendre de lui. Si elle le suivait, alors elle pourrait sûrement devenir elle-même plus forte. Avec cette sincère conviction au fond de son cœur, Stella était reconnaissante d’avoir rencontré Ikki. Comment pouvait-elle ne pas l’être quand on a traversé le monde pour cela ?

Et Ikki, après avoir vu son expression radieuse, estima que Stella était parvenue à le comprendre. Elle semblait satisfaite de ses réponses. Dans ce cas ―.

« Alors, puisque nous avons atteint un accord maintenant, ― allons-nous discuter de cette autre question importante ? » demanda Ikki.

« Hein ? Laquelle ? » demanda Stella.

« Eh bien, je veux dire... J’ai gagné le duel, non ? » demanda Ikki.

« Bien sûr. Même si je déteste perdre, je ne suis pas assez déraisonnable têtue pour nier ceci quand cela arrive, » répondit Stella.

« Alors ceci signifie que Stella-san, vous êtes mon esclave à partir de maintenant, non ? » demanda Ikki.

« ... Hein ? » s’exclama Stella.

Les yeux de Stella s’agrandirent soudainement, comme une colombe abattue par des plombs.

« Ne vous souvenez-vous plus que nous avions fait un pari ? Le perdant devait se soumettre au vainqueur toute sa vie et obéir à tous ces ordres, » Ikki lui avait alors rafraîchi la mémoire.

Instantanément, le teint de Stella devint rouge, puis elle pâlit pour devenir d’un blanc bleuté. Il semblerait qu’elle avait complètement oublié l’affaire, car tant de choses étaient arrivées depuis.

« Donc, comme j’ai gagné, nous allons commencer dès maintenant ―, » commença Ikki.

« Qu.., c-c’ét... ait cela ! Un fi-figure de st-st-styles et je l’ai dit, car j’étais trop énervée et... ! » balbutia Stella.

« Hmm, je me demande ce que je vais exiger en premier. Vous avez bien dit n’importe quoi, non ? » demanda un Ikki pensif.

« TT-Tout !? N-Non, c-c-c-c’est, c-c-c-c’est, j’ai vraiment dit que je ferai n’importe quoi, mais rien de tout cela n’est bien ! Totalement pas bien, non !? » s’écria Stella.

Stella avait alors plongé dans le coin de son lit avant de se recouvrir de ses couvertures, comme si elle essayait de se cacher d’Ikki.

Qui est-ce celui qui lui avait dit de ne pas être déraisonnablement obstinée ?

« Hein ? Alors Stella-san, allez-vous revenir sur votre parole ? » demanda Ikki.

« Pouah... ! »

« Eh bien ! Si vous êtes réticentes avec cette promesse, alors ceci me va ainsi. Ahh, je suppose que la Famille Impériale du Vermillion ne peut même pas tenir ses promesses !? » déclara Ikki comme s’il se posait la question.

« Ahh, agh..., » grogna Stella.

« C’est un peu décevant, » déclara Ikki avant de pousser un soupir.

« AA-Attendez un peu ! » balbutia Stella.

Comme prévu, Stella avait réagi à la moquerie éhontée d’Ikki. Tirant lentement sur les couvertures, elle dévisagea Ikki avec les yeux au bord des larmes.

« Qui a dit que nous ne pouvions pas le faire !? » s’écria Stella. « C’est bon !! Je vais devenir votre esclave ou votre chien ! Je ferai tout ce que vous voulez ! Je ferais aussi des choses indécentes ! Pervers ! Idiot ! Je vous déteste ! »

« Vous avez voulu ce pari et maintenant vous êtes furieuse à ce sujet !? » s’écria Ikki.

... Eh bien, peut-être que je suis allé trop loin, pensa-t-il.

Ikki voulait châtier Stella pour avoir parié négligemment et si facilement, mais il semblerait qu’il avait un peu exagéré. Dès le début, il n’avait jamais voulu faire de Stella son esclave. Sa vraie demande était ―.

« Alors voici un ordre. Stella-san, soyez ma camarade de chambre, » déclara Ikki.

― Pour eux, ceci reviendrait à vivre ensemble dans la même pièce.

« Eh... est-ce que... que, c’est tout ? » demanda Stella.

« Oui. Je pensais pendant que nous nous battions que nous serions en mesure d’avoir une relation pacifique et que je voudrais aussi devenir votre ami, Stella-san, » répondit Ikki. « Plutôt qu’un ordre, considérez plutôt cela comme un souhait. »

Ikki voulait en savoir plus sur cette jeune fille dont l’esprit ressemblait tant au sien. À ses mots ―.

« Fuah..., » la jeune fille qui pensait exactement la même chose sentit son cerveau déborder.

« V-vous, ju-juste... juste après m’avoir dit que... que j’étais belle... et là vous voulez être mon ami... dire ceci à une princesse célibataire comme si de rien n’était. Vraiment, vous n’avez réellement aucune délicatesse..., » déclara Stella.

Elle ne pouvait plus regarder directement Ikki. Même ses oreilles étaient teintées en rouge quand elle détourna son regard. Voyant cela, Ikki avait pris cette réaction comme une forme de colère.

« Ah ! Vo-Vous ne voulez pas ? Pour vous faire vivre avec un garçon..., désolé pour avoir dit quelque chose de si choquant, » déclara Ikki. « Allons trouver Madame la Directrice. Avec un peu de chance, je pense qu’elle pourra vous trouver une autre chambre pour vous ―. »

« Attendez ! » déclara Stella.

Stella avait arrêté Ikki au moment où il était sur le point de partir.

« ... C’est d’accord, » déclara Stella.

« Hein !? » s’exclama-t-il.

« J’ai dit... que ça ne me dérange pas ! » déclara Stella.

« Hein ? Êtes-vous sûre ? » demanda Ikki.

« Je-je viens de vous le dire, mais c’est seulement parce qu’il s’agit d’un ordre ! » répondit Stella. « Je vais être troublée si vous pensez que les membres de la Famille Vermillion sont des menteurs. C’est tout ! C-Ce n’est pas comme si... Je-je ne le fais par parce que je veux être amie avec vous ! »

Stella se leva après avoir jeté des regards autour d’elle. Elle s’était exprimée d’une manière détournée... mais Ikki avait compris qu’elle était consentante. Ceci le rendit très heureux.

« Alors, laissez-y ensemble à partir de maintenant, Stella-san, » déclara Ikki.

« ... On ne peut rien y faire, alors prenez soin de moi... Hmph ! » répliqua Stella.

Stella lui serra la main tout en regardant de l’autre côté. Sa main était beaucoup plus petite qu’il ne l’avait imaginé et beaucoup plus chaude.

Juste au moment où ils avaient finalement réglé la question de la colocation, la cloche du dortoir sonna. Il s’agissait du signal pour les huit heures.

« Arg, il semble que j’ai dormi pendant un moment. Je suppose qu’il est maintenant trop tard, » déclara Ikki.

« Y a-t-il quelque chose de gênant à huit heures ? » demanda Stella.

« Les cafétérias ferment ici à huit heures. Que vais-je faire pour le souper ? » se demanda Ikki à voix haute.

Le couvre-feu est à neuf heures. Je suppose que je devrais aller au supermarché et acheter quelque chose. Mais mon corps me fait trop mal après avoir utilisé Ittou Shura, donc je ne veux pas vraiment cuisiner..., pensa-t-il.

Ikki se trouvait dans une situation embarrassante. Il était effrayant de penser ce qui se passerait s’il se coupait un doigt.

Ikki croisa les bras dans l’inquiétude, mais alors Stella, à ce moment-là, proposa une solution avec une voix étrangement excitée.

« S-Si c’est juste cela, alors je vais nous préparer quelque chose, » déclara-t-elle.

« Hein ? Est-ce que cela vous convient ? » demanda Ikki.

« Je veux dire, Ikki est... mon maître même si je suis très réticente à ce sujet... et il est du devoir d’une servante de cuisiner quand le maître veut un repas, » déclara Stella.

« ... Euh, ne pourriez-vous pas oublier cette histoire à propos du maître et de l’esclave ? » demanda Ikki.

« C-Ce n’est pas acceptable ! Les membres de la royauté ne brisent jamais une promesse ! A-Alors, cessez d’être réticents et laissez-moi vous servir ! » déclara Stella.

Quelle exaltante femme de chambre qu’elle était ! Et pour être honnête, Ikki était à l’âge où la cuisine maison faite par une jeune fille était plutôt attrayante.

« Je comprends. Alors, allons au supermarché le plus proche ensemble. Je vais au moins faire l’achat, Stella-san, » déclara Ikki.

« Hmm ―, » Stella semblait boudée face à ses mots.

... Hein ? Pourquoi boude-t-elle cette fois ? se demanda Ikki.

« ... Ce n’est pas permis, » déclara Stella.

« Quoi donc ? » demanda Ikki, qui était perdu face à ces réactions.

« Cette chose “Stella-san”. Ikki est le maître ici et en plus de cela vous êtes plus vieux, donc il serait bizarre pour vous d’ajouter un honorifique. Dites-le sans le “-san”, » demanda Stella.

« Euh... je ne devrais pas le faire. Je veux dire que vous êtes réellement une princesse..., » répliqua Ikki.

« Et qui est-ce qui veut être ami avec cette princesse ? » demanda Stella.

« Euh..., » balbutia Ikki.

« N’est-il pas bizarre pour des amis d’être aussi formel ? » demanda Stella.

Eh bien, c’est effectivement le cas, mais ―

« N’est-il pas plus étrange pour des amis d’être également maître et esclave ? » demanda Ikki.

« Cela est un autre problème, » déclara Stella.

« Eeeeehhh !? » Ikki était abasourdi par la tournure des événements.

« Dans tous les cas ! » déclara-t-elle. Puis Stella pointa un doigt vers le bout du nez d’Ikki.

« Je ne répondrai pas si vous ne m’appelez pas Stella, » déclara-t-elle.

Elle déclara ceci d’une manière adorablement en colère, mais en même temps, elle semblait très embarrassée. Ikki ne pouvait pas parler à une princesse avec tant de désinvolture... mais il est vrai que s’ils devaient devenir des amis, alors un refus maintenant ne serait pas très bien.

« ... Heh. Je comprends, Stella, » déclara Ikki.

En fin de compte, Ikki avait cédé. Ou plutôt, Stella l’avait guidé à travers la conversation pendant un certain temps jusqu’à en arriver là. Quelle outrageuse grande fille qu’elle était !

« Oui. Alors, allons-y, Ikki ! Je ne sais pas grand-chose sur le Japon, alors assurez-vous de m’escorter correctement, » déclara Stella.

« Oui, oui, » déclara Ikki.

Mais bien qu’il avait dit son prénom sans aucune formalité, si cela la rendait si heureuse, alors il devrait à partir de maintenant l’appeler ainsi. Captivé par le sourire de Stella, Ikki était arrivé à cette conclusion et avait lui aussi souri.

***

Chapitre 2 : Un Visiteur de l’Ancienne Maison

Partie 1

Au début d’une froide matinée d’avril, deux silhouettes pouvaient être vues à l’extérieur de l’Académie Hagun. L’une était Ikki Kurogane. Il portait un pull-over et il se tenait debout devant la porte principale. Il buvait une bouteille de boisson sportive tout en déplaçant ses épaules de haut en bas. L’autre personne était Stella Vermillion ; elle était assez éloignée d’Ikki et haletait de fatigue alors qu’elle courait en direction de la porte principale.

Ikki n’ayant aucun talent magique, il s’était fixé des routines d’entraînement intense pour lui-même et courait ainsi une vingtaine de kilomètres tous les matins pour maintenir sa condition physique. Ces vingt kilomètres n’étaient nullement un jogging léger. Il avait sprinté à pleine vitesse tout le long et avait souvent changé son rythme afin de forcer intentionnellement ses fonctions cardio-pulmonaires.

Stella, qui était devenue sa camarade de chambre il y a trois jours, l’avait également rejoint dans cette routine quotidienne.

Le premier jour, Stella s’était effondrée en cours de route. Lors du second, elle avait vomi. À cause de cela, le troisième jour, Ikki avait commencé à courir au même rythme que Stella.

« Quand est-ce que je t’ai dit que cela me dérangeait ? » avait crié Stella.

Mais quand il avait diminué sa vitesse, Stella avait crié sur Ikki avec une intensité qu’il n’avait jamais vu auparavant et donc il avait recommencé à courir comme d’habitude aujourd’hui aussi. Et aujourd’hui, même s’il y avait un délai, elle avait réussi à atteindre la fin du parcours.

... Comme je l’avais pensé, Stella est vraiment incroyable, pensa-t-il.

Pendant qu’elle chancelait jusqu’à la porte, Ikki admirait la silhouette de Stella. Elle possédait un grand talent pour la magie, mais en plus de cela, elle s’était également entraînée très durement physiquement. Il devait admettre qu’elle ne dépendait pas seulement de son don et qu’elle avait poursuivi ses efforts pour elle-même.

« Haa, haaaa ― ! Réusssssi..., » s’exclama Stella à bout de force.

« Bien joué, » déclara Ikki.

« Je-je vais bien... c-c’est super ―, » déclara-t-elle.

Elle était tellement épuisée que même ses vêtements étaient complètement humides, dût à la transpiration. Elle avait une incroyable volonté. Ikki regardait vers Stella qui respirait lourdement et il lui offrit la boisson qu’il consommait un instant plus tôt.

« En veux-tu ? » demanda-t-il.

Stella avait alors regardé la bouteille avec une expression déconcertée.

« E-Eh, c’est un... baiser indirect..., » balbutia Stella en un murmure.

« Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ? ... Oh, désolé, Stella. Tu ne peux pas boire dans une bouteille qu’un garçon a déjà utilisée, » déclara-t-il.

« Je n’ai pas dit que c’était mal de faire cela ! C’est même tout le contraire ! » s’exclama Stella.

« Contraire !? » Ikki s’écrit ça, surpris par les paroles de Stella.

« RR-Rien, tu es un idiot ! Alors, donne-la-moi ! » déclara Stella avec force.

... Aaah, dans tous les cas, elle va boire à l’endroit où j’avais mis ma bouche, pensa-t-il.

Avec un visage encore plus rouge que quand elle avait fini la course, Stella avait pris la boisson et y avait bu.

Mais il ne fut pas assez rapide pour l’avertir de cela. Se sentant rempli de remords, il évita le regard de Stella et regarda vers la porte principale de l’Académie Hagun où se trouvait un panneau indiquant les prochaines formalités scolaires.

« Enfin la cérémonie de rentrée, » murmura Ikki.

C’était quelque chose de très personnel pour Ikki. Une année avait passé sans même pouvoir obtenir une chance, mais cette année serait différente. La nouvelle directrice, Shinguuji Kurono voulait donner à tous les élèves l’occasion de progresser. Il pouvait sentir son appréhension en hausse. En outre ―.

« Tu as l’air très heureux, Ikki, » déclara Stella.

« Le penses-tu vraiment ? En fait, il y a une personne que je veux rencontrer aujourd’hui, » demanda-t-il.

« ... Je suppose que tu ne parles pas d’une fille ? » demanda Stella.

Hein ? Je sens une intention meurtrière, pensa-t-il.

« Euh, c’est vrai que c’est une fille, mais ―, » répondit Ikki.

« Adieu, » déclara Stella.

« Attends ! Attends un peu ! Pose Laevateinn, et après ça, veux-tu bien écouter le reste !? Je parlais seulement de ma petite sœur ! » s’exclama Ikki.

« Sœur ? En y pensant, tu m’as dit quelque chose pendant notre duel au sujet d’une sœur, » déclara Stella.

« Tout à fait, » répondit-il. « Elle va intégrer l’Académie en première année. Je n’ai pas pu communiquer avec elle après être parti de la maison il y a quatre ans, donc je suis heureux de la rencontrer après si longtemps. »

Il s’agissait d’une fille avec deux queues de cheval argentées qui suivait toujours Ikki avec de petits pas hésitants. Elle était une personne pleurnicheuse, gâtée et solitaire, mais elle était aussi sa mignonne petite sœur qui ne l’avait jamais méprisé alors que son frère, sa mère, son père, ainsi que les autres du clan l’avaient tous fait. Pour Ikki, Shizuku Kurogane était sa seule famille. Comment avait-elle grandi en quatre ans ?

« Je suis impatient d’y être, » déclara Ikki.

« Je voudrais te poser une question à propos de ta sœur. Es-tu sûr qu’elle est effectivement liée par le sang avec toi ? » demanda Stella.

« Oh, elle est uniquement une petite sœur liée par sang que tu peux trouver dans toute famille. Pourquoi cette question ? » demanda Ikki.

« Alors je te le pardonne, » annonça Stella.

À propos de quoi est-il exactement pardonné ? Ikki n’avait pas saisi la raison. Cependant, sa politique était d’éviter les choses qu’il ne pouvait comprendre. Ikki avait encore une fois regardé le panneau qui disait « Cérémonie de Rentrée » et il avait réfléchi aux prochains jours. Les combats qui décideront du droit d’aller au Festival des Sept Étoiles étaient sur le point de commencer.

***

Partie 2

« OK ☆ ! À tous les nouveaux étudiants, toutes mes félicitations pour votre venue dans cette école, ― ♥ ! » déclara la femme se trouvant devant les étudiants.

* Bang ! * Debout sur la plate-forme face aux étudiants, une jeune professeur salua tout le monde avec un tir de confettis et un grand sourire.

« Je suis Yuuri Oreki, » continua-t-elle. « Je serais la personne responsable de votre classe pour cette première année. Comme il s’agit de la première fois que je suis une enseignante titularisée, je serais très heureuse si vous m’appelez Yuuri-chan ☆ et que vous me traitiez comme votre amie. ♪ »

Leur première journée scolaire commençait dans la gaieté. Stella, assise à un bureau voisin d’Ikki comme si elle était liée à Ikki par le destin, grommela face à l’enthousiasme excessif d’Oreki.

« ... Elle a l’air fatigante, » murmura Stella.

« Haha, c’est vrai, mais c’est également un bon professeur et une bonne personne, » répondit Ikki.

« La connais-tu ? » demanda Stella.

« Eh bien, oui un peu, » répondit-il.

Ikki avait souri puis il avait reporté son attention sur le discours de l’enseignante.

« Aujourd’hui, comme il s’agit de votre première journée, il n’y aura donc pas de cours ! » annonça Oreki. « Mais j’ai quelque chose à vous dire à propos de batailles de sélection qui détermineront les représentants pour le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Tout le monde, pourriez-vous prendre votre terminal étudiant ? »

Conformément aux instructions, Ikki avait sorti dans la paume de la main son terminal à cristaux liquides se trouvant avant ça dans sa poche de poitrine. Le terminal étudiant de l’Académie Hagun était un outil tout-en-un qui pouvait être utilisé comme identifiant, portefeuille, téléphone cellulaire, borne Internet et bien plus encore.

« Eh bien. Comme l’a dit Madame la Directrice lors de la cérémonie d’ouverture, l’Académie Hagun utilisait un système de notation de compétences pour sélectionner ses représentants au Festival jusqu’à l’année dernière, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle. « Mais dès cette année, la sélection par score de compétences a été supprimée ! Le système a été changé pour une sélection aux moyens de véritables batailles avec la participation de l’ensemble de l’école et ainsi, six personnes seront choisies en fonction des résultats. Wôw, quelle violence, n’est-ce pas ! Et le comité exécutif de sélection des batailles vous enverra à tous des e-mails sur vos terminaux étudiants. Vous devez venir à l’endroit désigné après que la date et l’heure sont confirmées, d’accord ? Si vous ne venez pas, vous perdrez automatiquement, alors, méfiez-vous ♥ . »

Stella avait brusquement levé sa main, puis elle avait demandé. « Sensei [1]. »

« Non non ! Si tu ne m’appelles pas Yuuri-chan ☆ alors je ne vais pas te répondre, » répondit Oreki.

« ... Yu-Yuuri-chan, » balbutia Stella.

« Oui ! Oui, Stella-chan ? » demanda Oreki.

« Combien de combats auront lieu afin de compléter la sélection des participants ? » demanda Stella.

« Je ne suis pas sûre, mais chaque étudiant devra faire au minimum une dizaine de matches, » répondit Oreki. « Après que les matches commencent, vous aurez certainement un match tous les trois jours, alors soyez ♪ prête. »

Après avoir entendu cela, Ikki s’était senti un peu soulagé. Après tout, son Art Noble, Ittou Shura, ne pouvait pas être utilisé plus d’une fois par jour. Ainsi, une série de batailles consécutives serait très difficile pour lui. Mais alors que cet arrangement était bien pour Ikki, il l’était beaucoup moins pour ses camarades de classe.

« Hey, vous ne pouvez pas être sérieuse, » déclara l’un des autres étudiants de la classe.

« Trop gênant ~. Alors je ne serai pas en mesure de sortir m’amuser ! » s’exclama un autre.

« De toute façon, je ne veux vraiment pas participer au Festival. »

Des voix contrariées retentirent dans la salle de classe, mais bien sûr, tout le monde n’était pas aussi intéressé par le Festival des Sept Étoiles que l’était Ikki. D’une part, les formes illusoires ne seraient pas utilisées, rendant les combats beaucoup plus dangereux. Certaines personnes ne voulaient pas risquer de se blesser pour seulement augmenter leurs classements. Être diplômé en paix et faire l’acquisition de la qualification de Chevalier-Mage et ainsi trouver un emploi à salaire élevé leur suffisait. C’était le cheminement que prenaient beaucoup d’étudiants pour leur vie.

L’un de ces étudiants avait parlé à voix haute. « Y a-t-il des pénalités pour avoir perdu ou dans le cas, où l’on s’abstient ? »

« Non ~ ♪. Il n’y a pas de pénalité pour avoir perdu ou de réduction de vos notes scolaires. Cependant, il y a des avantages si vous gagnez, » répondit Oreki. « ~ ☆ Et bien sûr, vous pouvez également vous abstenir et donc les personnes qui ne souhaitent pas se joindre au Festival doivent écrire un courriel au comité exécutif disant qu’ils n’y participeront pas. Vous serez ainsi immédiatement retiré de la liste. Mais vous savez... »

Oreki avait alors regardé dans la direction d’Ikki pendant un moment et lui sourit avec douceur.

« Sensei pense que cela peut être très difficile, mais elle pense également que c’est un merveilleux système qui donne à chacun de vous une chance égale de gagner au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée et ainsi de pouvoir devenir le Roi des Épées des Sept Étoiles, » continua-t-elle. « Voilà pourquoi, si possible, je voudrais que vous participiez si vous le pouvez. Je suis sûre que tout le monde va chérir cette expérience. »

Ikki avait acquiescé de la tête avec reconnaissance face à ce regard le visant.

Le jour de son examen d’admission, il avait rencontré Oreki qui était alors son examinatrice. Et comme elle l’avait correctement évalué, Ikki avait pu rentrer à l’Académie Hagun.

Alors que son esprit vagabondait à propos de cet événement survenu il y a un an, il s’était souvenu de quelque chose...

Attendez. Oreki-sensei n’avez-vous ―, pensa Ikki.

« Donc tout le monde, s’il vous plaît, fait de votre mieux à partir de maintenant ! ABUUAAABUFUUU !! » s’écria Oreki.

*Du sang fut projeté partout*

pas un corps extrêmement fragile ? Mais au moment où il s’était souvenu de ce fait, Oreki était déjà en train de vomir du sang sur le sol de la salle.

« Yu-Yuuri-chaaaaan !? »

Ses camarades de classe crièrent à la suite de cette explosion rouge vif sortant de la bouche de l’enseignante. Pendant ce temps, Ikki avait sauté de son siège afin de soutenir Oreki.

« Ah ! Elle va bien, oui, elle va bien. Tout le monde, s’il vous plaît, calmez-vous, » déclara Ikki. « Vous ne devez pas trop vous inquiéter pour ce que vous voyez. Oreki-sensei est tout simplement quelqu’un souvent malade. »

« Non, ceci est assez inquiétant ! Comment peut-il y avoir tant de sang qui sort ainsi !? » demanda l’un de ses camarades de classe.

*Tousse tousse*

Toussant violemment, Oreki avait affiché à ses élèves en difficulté un sourire fragile.

« Oh, comme l’a dit Kurogane-kun, je vais tout à fait bien. Votre professeur... crache souvent un litre de sang chaque jour depuis qu’elle est une enfant…, » déclara Oreki.

« Est-ce bien ainsi !? » s’écria l’un des élèves.

*Tousse tousse*

« ... Eh bien, je vis avec ce corps depuis plus de vingt ans. Je serais en forme dans une semaine. Haha... incroyable, non ? » demanda Oreki.

Ikki avait alors soupiré avant de parler. « S’il vous plaît, ne soyez pas fière de quelque chose de si triste. Pour l’instant, je vais emmener Sensei à l’infirmerie pour des soins, alors, quelqu’un pourrait-il nettoyer cette mare de sang ici présente. »

« Compris. Laissez nous faire cela ! » déclara l’une de ses camarades de classe.

Après avoir vu qu’une jolie jeune fille ayant des cheveux couleur blond-pêche avait hoché la tête, Ikki avait soutenu Oreki par son épaule et ils se dirigèrent vers l’infirmerie.

Sur le chemin, il avait demandé à son professeur quelque chose qui le tracassait depuis un certain temps. « Oreki-sensei. Vous semblez être de bonne humeur aujourd’hui. Était-ce à cause de l’accueil des nouveaux étudiants ? »

* Tousse tousse * « … Exact ! Après tout, il s’agit du premier jour... donc je dois féliciter tout le monde et donc Sensei a pris un risque pour créer de l’ambiance…, » répondit-elle.

Après tout, c’était bien le cas. Ikki était heureux parce que c’était quelque chose qui rendait Oreki sympathique, mais là, elle avait trop fait.

« Oreki-sensei, il y a quelque chose d’important que je voudrais vous dire, » déclara Ikki avec sérieux.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle.

« Je pense que vous avez fini par un peu exagérer, » déclara Ikki.

« Arg…, » fut sa seule réponse.

C’était dur, mais c’était pour son propre bien. Les individus devaient agir en fonction de leur âge.

Notes

  • 1 Sensei : utilisé pour parler d’un Maître/Professeur.

***

Partie 3

« Sensei m’a demandé de vous dire que vous pouviez rentrer chez vous. Les cours sont finis pour aujourd’hui, » déclara Ikki.

Après qu’Ikki ait transmis le message venant de leur Sensei dans la salle de classe, la première journée d’école avait ainsi pris fin.

Je crois que je vais aller chercher Shizuku. De toute façon, je ne devrais pas rester ici plus longtemps, pensa Ikki après quelques instants de réflexion.

Il avait senti depuis le début du cours des regards confus posés sur lui. Il s’agissait de regards d’interrogation provenant de personnes ne sachant pas comment interagir avec lui. Même si Oreki s’étant effondrée avant que les élèves puissent se présenter, il n’y avait aucun doute que les autres savaient déjà qu’il était un élève qui avait dû redoubler cette année.

Peut-être que j’ai agi trop ouvertement par rapport à ce que j’aurais dû faire, pensa Ikki.

Alors qu’il était affecté par l’attitude de ses camarades de classe, Ikki s’était retourné afin de pouvoir partir, mais c’était alors que ―.

« Senpai [1] ! » s’exclama une voix féminine.

« Quoiiii ! » déclara Ikki, surpris par ce qui venait d’arriver.

Au moment où il avait voulu partir de là, l’une de ses camarades de classe lui avait attrapé le bras. Cette scène avait immédiatement attiré toute l’attention de Stella.

« Q-Quoi !? A-Attends un peu ! Ikki, que se passe-t-il ici !? » s’écria Stella.

« Voilà aussi ce que je voudrais savoir ! » s’exclama Ikki. « H-Hey, qu’est-ce que vous faites si soudainement ? »

Et c’est alors que la jeune fille lui avait répondu. « Ah ! Quand je me suis aperçue que j’avais enfin l’opportunité de parler correctement avec vous, Senpai. J’étais tellement excitée par cette idée que..., s’il vous plaît, pardonnez-moi. »

La mignonne jeune fille blonde s’excusa auprès de lui. Il s’agissait de la même fille qui avait accepté de prendre en charge le travail de nettoyage. Léchant ses lèvres d’une manière adorable, elle s’était un peu éloignée d’Ikki, avant de se présenter.

« Je me présente, je m’appelle Kagami Kusakabe. Je suis votre plus graaaande admiratrice, Senpai ~ ! » s’exclama-t-elle.

« Hein ! Mon admiratrice ? » demanda Ikki.

Le monde tenait en très haute estime les Blazers et c’est ainsi que beaucoup de Chevaliers-Mages étaient au centre de l’attention de beaucoup de personnes. Ceci comprenait également des aspirants Chevaliers-Mages et il y avait même ceux comme Stella qui suscitait un grand intérêt même dans les médias.

En outre, le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée qui était la plus haute compétition pour des étudiants retransmettait également à travers le pays les batailles des meilleurs concurrents, et cela par l’intermédiaire d’Internet. Ceci n’était donc pas rare pour des étudiants de s’inscrire dans une académie après être devenu fan de l’une de ces célébrités.

Mais... ceci n’avait rien à voir avec Ikki et donc, il avait penché sa tête en pleine confusion après avoir entendu cette réponse.

« Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit pour mériter des admirateurs, » répondit-il, confus. « Peut-être que vous me confondez avec quelqu’un d’autre ? »

« Oh s’il vous plaît, Senpai ! N’essayez pas de faire l’innocent ~. Je parle de ça. Maintenant, regardez par ici ! » s’exclama Kagami.

Ikki ne cherchait nullement à faire l’innocent, mais après avoir vu l’écran du terminal numérique de Kagami, ses mots restèrent coincés dans sa gorge.

Stella, qui regardait également l’écran, avait crié en raison de sa surprise. « Mais ! Ne serait-ce pas notre duel !? »

« Se pourrait-il que Senpai et Stella-chan ne sachent vraiment rien à ce propos ? Est-ce qu’aucun d’entre vous n’est allé regarder les nouvelles sur Internet ? » demanda Kagami.

« Tout à fait. Après tout, je ne suis pas bon avec les machines et ces trucs-là, » répondit Ikki.

« Je n’ai pas été non plus les voir, » répondit Stella. « De plus, je n’ai pas d’ordinateur ici. »

« Euh et bien. Cette vidéo a été placée sur un site de partage vidéo immédiatement après que Stella-chan et Senpai eurent terminé leur duel, » expliqua Kagami. « Tout cela a rapidement provoqué une grande agitation sur Internet. Tout le monde ici doit déjà être au courant à ce sujet, n’est-ce pas ? » demanda Kagami en se tournant vers ses camarades de classe.

En réponse à la question de Kagami, toutes ses camarades de classe qui écoutaient leur conversation hochèrent la tête.

« Oui, moi aussi, j’ai également vu cette vidéo, » déclara l’une d’elles.

« Et une tonne de messages concernant cette vidéo ont été postés. La plupart des personnes ici doivent déjà être au courant à propos de tout cela, non ? » demanda Kagami.

« Oui, j’ai aussi vu ces messages et la vidéo, » déclara une autre de ses camarades de sexe féminin. « C’est pourquoi je voulais poser beaucoup de questions sur différents sujets, mais comme vous avez un an de plus que moi, il était difficile pour moi de vous parler. Hahaha... »

Voilà donc la vraie raison des regards que j’ai ressentis avant ? pensa Ikki.

« Ah... Je suis désolé de vous avoir causé des problèmes. Mais il est correct pour vous de me parler normalement puisqu’après tout, nous sommes des camarades de classe, » déclara Ikki.

 

« « Vraiment !? » »

 

Toutes les filles de la classe s’approchèrent instantanément en réponse à ces mots.

« Dieu merci ! Merci beaucoup, Kurogane-san ! »

« J’avais vraiment envie de vous parler depuis que j’ai visionné ce match ! »

« Moi aussi, je veux dire que... vous étiez tellement cool lors de ce combat ! »

« He, Kurogane-senpai. Si ceci ne vous dérange pas, pourriez-vous m’enseigner la maîtrise de l’épée ? Je voudrais être forte comme vous ! »

« Ah ! C’est injuste ! Je voulais aussi lui demander cela ! »

Ikki avait supplié du regard les filles en liesse dont les yeux brillaient avec énormément d’affections et de respects.

« A-Attendez un peu. Bien sûr, j’ai dit qu’il était correct de me parler normalement, mais c’est un peu déroutant si vous venez toutes à moi comme vous le faites toutes en ce moment, » déclara Ikki.

Comme Ikki avait passé tous ses loisirs à s’entraîner au lieu d’interagir avec le sexe opposé, il était évident dans ce genre de situation qu’il serait mal à l’aise face à elles. Les filles de son âge ne s’étaient jamais approchées de lui de cette manière et l’admiration étincelant dans leurs yeux rendait tout cela encore plus embarrassant.

Kagami avait rigolé quand elle avait vu son expression.

« Est-ce que cela vous surprend d’être si populaire, Senpai ? » demanda Kagami. « Pour le dire sérieusement, vous êtes en ce moment, l’un des principaux centres d’attentions. Selon mes données, ceci concerne surtout la population féminine ! » annonça-t-elle.

« Hein ? P-Pourquoi ? » demanda Ikki qui n’en croyait pas ses oreilles.

« Et bien... je veux dire... N’êtes-vous pas si fort, Senpai ? » répondit-elle par une question. « Toutes les filles qui aspirent à devenir Chevalier-Mage aiment toutes les garçons puissants. En plus, même si vous êtes si fort, vous êtes toujours quand même appelé le “Chevalier Raté”. C’est quelque chose de si mystérieux que cela fait palpiter nos cœurs avec tant de passions. Mais la raison la plus importante est que vous avez un visage si adorable, Senpai. »

« Je ne pense vraiment pas que ce soit le cas, en tout cas selon moi, » répondit Ikki, gêné par les paroles de Kagami.

« Et en ce moment, ce visage inquiet augmente aussi à son maximum l’instinct maternel d’une fille, » déclara Kagami tout en regardant Ikki.

À la suite des paroles de Kagami, les filles autour de lui applaudirent toutes en disant : « C’est vrai ! C’est vrai ! » et « Même s’il est un peu plus âgé que moi, je le trouve tellement mignon ! »

M-Mignon ? Je savais que mon visage n’était pas trop enfantin, mais d’être ainsi étiqueté de « mignon », par des filles plus jeunes que moi... pour un gars, cela me donne des sentiments complexes !

Eh bien, c’est beaucoup mieux d’être aimé que d’être haï, pensa Ikki tout en faisant un sourire. Mais à ce moment-là, Kagami attrapa soudainement sa main droite.

« Ka-Kagami-san !? » s’exclama Ikki.

Après l’avoir attrapé, Kagami s’était collée contre lui et elle l’avait supplié avec des yeux larmoyants. « Et aussi, Senpai. J’ai une grande faveur à demander à mon aîné super populaire. Est-ce que vous pouvez écouter la demande de votre mignonne cadette ~ ? »

« Q-Qu’est-ce que c’est ? Si je peux aider... alors, je vais essayer de... ? » bégaya-t-il une réponse.

« Wah ~ ♪ ! Merci beaucoup ! » s’exclama Kagami. « En fait, je pensais commencer un club de journalisme et je voulais tout mettre sur vous dans le premier numéro. Le titre serait... c’est vrai, que diriez-vous de “L’embuscade mortelle ! La soi-disante prodige conquise !”, ou quelque chose dans le genre. »

Alors même que Stella se tenait debout à côté d’elle, elle voulait écrire cette horrible histoire !? Ikki avait d’un coup commencé à transpirer et il avait regardé sur le côté.

« Hoo ~ h. N’est-ce pas bien d’être si populaire ? Cette histoire, est-ce que vous allez m’aider à l’écrire, Senpai ? » demanda Kagami.

Stella avait affiché une expression incroyablement acerbe face à ces mots. Bien sûr, elle ne serait pas contente que sa défaite devienne un tel article dans un journal. Et Ikki n’avait plus le courage d’accepter de le faire après avoir vu un tel visage.

« Je suis vraiment désolé, mais je ne suis pas familier avec ce genre de chose, » répondit Ikki.

Mais Kagami ne recula même pas d’un pas et elle avait saisi encore plus fermement le bras d’Ikki.

« Ce n’est pas grave ! Je vais y aller en douceur, et je vous aiderais à le faire en prenant tout le temps nécessaire ~, » répondit Kagami.

*Squish* en agissant ainsi, elle avait pressé le bras d’Ikki contre ses seins et une douce sensation avait alors immédiatement parcourue à travers tout le corps d’Ikki.

 

 

« Qu... euh... Kusakabe-san, » déclara Ikki.

« S’il vous plaît, ne me traitez pas comme une étrangère. Utilisez juste Kagami, c’est mieux. Notre relation n’est-elle pas bien ainsi ~ ? » demanda Kagami.

Quel genre de relation avons-nous si soudainement ? Ne venons-nous pas juste de nous rencontrer ? cria Ikki à l’intérieur de son cœur.

« Kagami-san, euh, pourriez-vous un petit peu reculer ? Ils me touchent, » murmura Ikki.

« Oh vraiment ? Toucher ? Qu’est-ce qui touche ? » demanda Kagami.

Est-ce que Kagami ne s’en était vraiment pas rendu compte avant qu’il le dise ? Elle avait alors baissé les yeux et après avoir réalisé que le bras d’Ikki était contre sa poitrine, elle avait réalisé la situation. Mais à ce moment-là, elle afficha d’une façon surprenante un sourire si diabolique, révélant que ses pensées étaient bien plus profondes que ce à quoi il s’attendait.

« Pas du tout, je ne vais pas vous laisser partir tant que vous n’aurez pas accepté une entrevue avec moi ~, » déclara Kagami.

Et ainsi, elle s’était pressée encore plus fermement contre lui.

« Waaah ! » s’écria Ikki.

« S’il vous plaît, dites-moi tout... à propos... de vous... ♡, » déclara Kagami.

Bien sûr, elle ne l’avait pas fait d’une manière normal. C’était d’une voix suave qu’elle soupira près des oreilles d’Ikki et son souffle chaud caressa le lobe de son oreille. Bien entendu, tout cela n’était qu’un appât pour attirer Ikki. Oui, tous deux étaient des appâts et Ikki l’avait compris, mais ―.

... M-Mignonne ! pensa Ikki.

Mais après tout, Ikki était un homme. Comment pourrait-il rester calme avec une jeune fille si mignonne qui l’approchait de manière si agressive ?

Bien qu’il sache qu’elle le menait en bateau, son charme assuré le submergeait totalement.

La patience de Stella avait ainsi finalement touché le fond après avoir vu Ikki dans un tel état.

« Hé Ikki ― ! » commença-t-elle à parler.

Agissait-elle, car il interagissait d’une manière si amoureusement !? Cette personne misérable ! Elle avait essayé de réprimander Ikki à propos de son attitude quand ― .

« Hé, Senpai ! Nous voulons aussi discuter avec vous. »

Mais avant qu’elle ne puisse rien faire, une voix insolente comme celle d’une bête féroce se fit entendre avec force sans même essayer que la personne en question essaye de cacher son hostilité.

Notes

  • 1 Senpai : Un membre plus âgé dans une organisation. Dans le cas d’une école, il est équivalent à élève de classe supérieur.

***

Partie 4

C’est ainsi que cinq garçons avec des yeux remplis d’agressivités vinrent vers lui, poussant à travers le cercle de filles et se placèrent directement en face d’Ikki. Parmi eux, un homme remarquablement grand regarda Ikki et lui parla d’une voix qui montrait sa grande irritation.

« Tu sembles être bien populaire, mais ne penses-tu pas que flirter avec toutes les gonzesses de la classe ne va pas un peu trop loin, Senpai ? »

Il semblait que la monopolisation des filles par Ikki avait mis les nerfs des garçons à vif et maintenant, ce garçon parlait à Ikki avec condescendance avec une veine proche de l’éclatement sur ses tempes.

Leurs camarades de classe ne comprenaient cependant pas cette attitude.

« Que faites-vous, Manabe-san !? Êtes-vous jaloux ? » demanda l’une des filles.

« Ne commencez pas à bouder juste parce que vous n’êtes pas populaire ! Vous êtes vraiment le pire ! » déclara une autre fille.

Leurs paroles semblèrent déclencher la rage du reste du groupe des garçons.

« Salope, qu’est-ce que tu viens de dire !? Ne fais pas jaillir ta merde sur Ma-kun, » cria l’un des garçons l’accompagnant.

Les partisans de Manabe étaient maintenant menaçants envers les filles, mais s’ils voulaient vraiment un combat, Ikki pensait que cela serait mieux s’il restait lui-même leur cible au lieu d’elles. Il s’inclina légèrement en face d’eux, en essayant de les calmer.

« Si cela vous dérange, j’en suis désolé. Bien sûr, causer un tapage après l’école n’est pas approprié, tout comme vous l’avez dit, » déclara Ikki.

« Que diable dis-tu ? Est-ce que tu essayes de te la jouer cool, toi le tricheur ? » demanda Manabe avec mépris.

« Le tricheur ? Que voulez-vous dire ? » demanda Ikki. 

« Même si tu as réussi à tromper ces idiotes de filles, tu ne peux pas me tromper. Il n’y a aucune chance qu’un Rang F puisse battre un Rang A. Ce match était probablement truqué pour que tu puisses devenir populaire auprès des autres, » déclara Manabe.

« Hein ! Vous faites erreur, je n’ai dupé personne. Et vous êtes insultant envers Stella, » déclara Ikki.

« Donc, prétends-tu toujours avoir battu un Rang A ? C’est assez éhonté. Si tu es si fort, alors bats-toi contre nous, Senpaiii !! » cria Manabe.

Après qu’il ait dit ça, les cinq garçons commencèrent à encercler Ikki comme des hyènes entourant leur proie. Les quatre individus qui étaient avec Manabe convoquèrent, à ce moment-là, leur Dispositif.

En voyant ceci, Kagami se mit à crier. « Hé, attendez ! Êtes-vous sérieux !? Vous serez suspendu si vous utilisez ici vos Dispositifs ! »

« Tais-toi, salope ! Pousse-toi si tu ne veux pas être blessée, » cria l’un des partisans de Manabe.

Les quatre partisans de Manabe ignorèrent les avertissements de Kagami et brandissaient toujours leurs armes. À en juger par leurs expressions féroces, ils ne l’utilisaient pas sous Forme Illusoire. Mais même dans cette situation, Ikki gardait son sang-froid et essayait toujours de garder le contrôle de la situation.

« Non, nous ne pouvons pas faire cela ici. Comme l’a dit Kusakabe-san, combattre dans la salle de classe est en violation avec les règles de l’école. Nos compétences en tant qu’étudiants-chevaliers sont limitées dans cette académie et l’utilisation de ces compétences en dehors des zones désignées est interdite. Donc, allons nous battre ailleurs. Si vous le voulez, je me battrais avec vous jusqu’au soir dans un des dômes d’entraînement, » déclara Ikki.

Ikki disait qu’il pouvait se battre avec eux dans une des arènes d’entraînement. Il était d’accord d’accompagner ces garçons bien qu’ils ne vaillent pas la peine de les combattre. C’était d’autant le cas qu’il aurait préféré aller chercher sa jeune sœur. Mais il agissait ainsi en tant qu’aîné, en étant indulgent envers ses cadets.

« Enfoiré..., » cria Manabe.

Pourtant, une autre veine de plus sembla éclater sur les tempes de Manabe, parce qu’il semblerait qu’Ikki avait involontairement commis une grosse gaffe.

Ce que Manabe et ses partisans voulaient n’était pas un combat, mais c’était plutôt de voir un lâche Rang F ramper à leurs pieds et le voir demander pardon pour avoir utilisé la tromperie pour se rendre populaire auprès des filles. Au lieu de cela, ce Rang F leur disait qu’il voulait se battre après être allé dans un lieu approprié. C’était pour eux une pure insulte.

« Ne sois pas arrogant, toi le putain de redoubleur ! Frappez-le, les gars ! » cria Manabe.

Hein ? Ai-je dit quelque chose de si mal ?  se demanda Ikki.

Les garçons ne pouvaient plus être arrêtés dans l’utilisation de leurs armes et donc, ils essayeraient à coup sûr de frapper Ikki alors que les filles criaient en voyant tout cela. Ce chaos ne pouvait plus être résolu pacifiquement. Ikki soupira amèrement... Il allait maintenant falloir recourir à la force.

« Senpai ! Je vais me porter garante concernant votre légitime défense. Donc écrasez-les, pour de bon ! » déclara Kagami.

Kagami le poussait à se battre et avait même promis de l’absoudre si les autorités scolaires avaient à étudier l’incident. C’était une proposition agréable, mais ―.

« Non, je n’en ai nullement besoin, » déclara Ikki.

Nullement besoin, parce qu’il n’aurait besoin d’aucune arme au cours de cette bagarre.

En un instant, Ikki se concentra au niveau de ses yeux. Il n’avait pas besoin de voir la couleur, de sorte qu’Ikki coupa ce détail et il vit alors le monde en mouvement, mais tout gris. Il avait transféré l’acuité de son sens de la couleur à sa perception des mouvements. Au moment où il fit ceci, les mouvements du monde autour de lui semblèrent se ralentir. Ce n’était pas un pouvoir spécial, mais juste le coup de pouce lié à de la concentration que même les gens ordinaires faisaient naturellement quand ils sentaient un danger, sauf qu’Ikki pouvait l’activer consciemment. De toute évidence, il ne pouvait pas atteindre le niveau de concentration nécessaire pour gagner un combat en moins d’une minute sans ce genre de capacité.

Le monde gris autour de lui s’était donc ralenti, grisé comme s’il était au fond de la mer et à ce moment-là, Ikki analysa ses environs. Il y avait quatre ennemis. Un à sa gauche, un autre à droite, un devant lui et le dernier derrière lui.

Le plus rapide sera sans aucun doute celui brandissant un Katana et venant directement de face, pensa Ikki.

Voyant ceci, Ikki utilisa avec douceur le dos de sa main droite pour frapper le centre du Katana adverse et avec un mouvement complètement détendu, il fit changer la trajectoire de l’arme.

 

« Hein !? » La surprise apparut sur le visage du garçon qui l’avait attaqué avec son Katana. Sa lame vola horizontalement juste à côté d’Ikki et en même temps, Ikki utilisa l’une de ces jambes pour le faire trébucher.

 

« Quooooooiii !? » cria le garçon au katana.

 

Au moment où il trébucha, il percuta en même temps son compatriote attaquant Ikki par-derrière avec un Dispositif en forme d’épée longue et tous deux chutèrent pour s’écraser finalement contre des bureaux à proximité.

Deux de neutralisés.

« Fils de puuuute ! » cria un garçon encore debout.

« Meurrtttttttt ! » cria l’autre.

Les deux garçons sur sa gauche et sur sa droite l’attaquèrent simultanément avec leurs haches. Tous deux avaient visé la tête d’Ikki, dont la réponse fut simple.

« Hup ―, » Ikki plia ses genoux et ainsi se baissa. Une seconde plus tard, le son clair de l’acier contre l’acier résonna en dessus de lui. Ce fut le bruit du choc entre deux armes à leur pleine puissance.

« « Gaaaaaaaah! » » Les deux garçons tombèrent, étourdis, tout en hurlant. La secousse de l’impact leur ayant complètement engourdi leurs bras respectifs.

Plus qu’un.

« Me-Merde ! » s’exclama Manabe.

L’arrogance de Manabe avait disparu. Il ne pouvait pas comprendre comment ses amis avaient été vaincus si facilement, alors, en pleine confusion, il fit apparaître son Dispositif. C’était un revolver de gros calibre, un Dispositif inhabituel pour un Oriental et il le pointa vers le visage d’Ikki. Il pouvait tirer une balle magique avec juste une simple pression sur la gâchette.

Mais Ikki était déjà en mouvement. Il attrapa une gomme posée sur un bureau proche de lui et l’envoya vers le haut à l’aide de son pouce. Le morceau de caoutchouc frappa le plafond, puis rebondit vers le bas et alla se coincer comme de lui-même dans l’espace entre le marteau et le percuteur de l’arme à feu.

Manabe poussa un cri sans voix, comme s’il venait de voir un fantôme. Ikki avait désactivé le pistolet d’une manière totalement inimaginable.

Ikki se déplaça alors dans le côté aveugle de la défense de Manabe et ―.

* Bam ! *

― Il fit claquer ses deux paumes ensemble devant les yeux de Manabe.

« Hii ― » cria Manabe.

Mais c’était largement suffisant. Bien qu’Ikki ait seulement applaudi qu’une seule fois, Manabe tombât sur le dos et tout en tremblant, fixât Ikki avec des yeux emplis de terreur. Ses yeux étaient remplis de surprise et de peur. C’était tout à fait naturel.

Juste devant ses yeux, un Rang F avec les mains vides, avait battu cinq Blazers brandissant leurs Dispositifs comme si c’était qu’un jeu d’enfant. Il n’y avait aucune chance pour que Manabe puisse avoir un combat équitable contre lui, donc Ikki n’avait même pas eu besoin de donner un coup final. Aucune bataille en utilisant des Dispositifs n’avait eu lieu. Aucun combat n’avait même eu lieu.

Face à ce résultat, Ikki regarda vers le bas avec un sourire qui selon Kusakabe était sûr de susciter les instincts féminins d’une jeune fille.

 

« Entendons-nous bien à partir de maintenant, puisque nous allons être des camarades de classe pour toute une année entière, » déclara Ikki.

 

Manabe ne put que hocher la tête tout en tremblant.

Les camarades de classe autour d’eux se tenaient aussi choquées après avoir vu Ikki se battre, les mains vides, contre cinq Blazers sans aucune blessure des deux côtés.

« E-Eh ? Stella ! Est-ce que l’ambiance de la classe n’est-elle pas un peu trop froide en ce moment ? » demanda Ikki.

« Naturellement ! Voilà ce qui arrive lorsque tu montres autant de puissance ! » répliqua Stella.

« Montrer !? Je pensais m’être assez retenu pour ne pas les blesser, » déclara Ikki.

« N’est-ce pas la raison pourquoi tout le monde est surpris par ce que tu viens de faire ? » demanda Stella.

Stella poussa un soupir de stupéfaction. Mais à ce moment ―.

 

*Clap clap clap*

 

Des applaudissements se firent entendre, provenant de l’entrée de la classe. Tout le monde se tourna vers cette direction, se demandant qui cela pouvait être. C’est alors qu’ils virent tous une petite fille debout dans le couloir. Elle avait des cheveux courts argentés et des yeux de jade verts, montrant assez de charme pour fasciner tout le monde. Elle affichait en plus de cela un léger sourire sur les lèvres en forme du bourgeon de rose.

« Une force écrasante qui ne laisse approcher aucune mauviette. Comme prévu de toi, Onii-sama [1]. » Sa voix raffinée résonna telle une chanson.

Onii-sama. À ce mot, les yeux d’Ikki s’ouvrirent en grand.

« Tu ne peux pas être..., » commença Ikki.

Non, il n’avait pas besoin de demander. Le ton, les traits du visage, la coiffure et tout le reste à son sujet avaient tellement changé, mais une seule personne dans le monde l’appelait ainsi. Elle était la seule résidente de la vaste propriété Kurogane qui l’eut mis à l’aise, sa seule et unique petite sœur qui le suivait partout avec ces petits pas.

« Shizu... ku ? » demanda Ikki.

« Oui. Ceci a été une si longue période, Onii-sama, » déclara Shizuku.

Notes

  • 1 Onii-sama : « Grand frère », mais sous une forme extrêmement respectueuse.

***

Partie 5

« Shizuku ! » déclara Ikki.

Ikki se précipita vers sa sœur et lui prit les mains.

« Wôw, c’est vraiment toi ! Tu as tellement grandi, je peux à peine te reconnaître ! » déclara Ikki.

« Bien sûr, étant donné que nous ne nous sommes pas revus depuis quatre ans. Il serait plus étrange si je n’avais pas changé, » répliqua Shizuku.

« Hahaha, c’est vrai. Mais je suis si heureux ! » déclara Ikki. « Je n’aurais pas pensé que tu serais celle qui viendrait vers moi ! Je voulais venir te chercher moi-même, mais j’ai eu un peu de mal avec ma classe et bien, c’est sans importance, n’est-ce pas ? Désolé, je suis trop excité. »

Il voulait lui dire énormément de choses, comme présenter ses excuses pour avoir quitté si brusquement la maison, où encore partager sa joie pour ces retrouvailles. Mais toutes ces choses essayèrent de quitter sa bouche en même temps, donc il n’avait pu lui parler correctement. C’en était tout à fait troublant.

« Hey Ikki. Se pourrait-il qu’elle soit la sœur que tu as mentionnée ce matin ? » demanda Stella.

La question de Stella fut une bouée de sauvetage, donnant à Ikki une chance de se ressaisir.

« Eh ? Ah ! Oui ! Stella, je vais faire les présentations, » déclara Ikki.

Mais quand Ikki se tourna vers la classe, Shizuku attrapa sa manche pour attirer son regard et l’attira plus près.

« Onii-sama... Je voulais tant te voir..., » déclara Shizuku.

 

Touchant les joues d’Ikki, Shizuku l’embrassa avec ses lèvres rose pâle.

 

 

 

À cet étourdissant baiser en public, le reste de la classe ainsi que Stella crièrent en même temps

« « QUE SE PASSE-T-IL — !? » »

« A-Attendez une minute ! Ikki ! T-T-Tu ! Que penses-tu que tu as fait là !? » demanda Stella.

Évidemment, Ikki était le plus confus d’avoir été embrassé par sa petite sœur. Il enleva rapidement les mains de Shizuku de sa veste.

« JJ-Je ne sait pas non plus ce qui est arrivé ! Shizuku ! Tout à l’heure, qu’as-tu fait... !? » demanda Ikki.

 

 

« Quoi ? ... C’était juste un baiser. Tu ne le sais pas ? » demanda Shizuku.

« Je le sais ! Je suis surpris justement parce que je suis tout à fait clair à ce sujet ! Mais pourquoi m’as-tu fait ce baiser !? » demanda Ikki.

« Est-il vraiment nécessaire d’avoir une raison ? Un baiser est une preuve d’amour profonde, quelque chose fait par des personnes partageant un lien profond, volage ou empli d’un amour romantique. Donc n’est-il donc pas naturel pour un frère et sœur du même sang de se donner un baiser ? » demanda Shizuku. « Au contraire, il serait étrange pour eux de ne pas le faire. Et d’ailleurs, le baiser est tout simplement une salutation dans d’autres pays. »

« Hein ? Est-ce vrai ? Stella, suis-je dans l’erreur ici ? » demanda Ikki.

« Bien sûr que non ! C’est parce qu’elle essaye de t’induire en erreur !? » s’écria Stella. « Tout d’abord, le baiser sur la bouche n’est pas une salutation acceptable même dans d’autres pays ! Le Japon est-il un pays où les frères et sœurs s’embrassent ainsi !? »

Leurs camarades de classe reculèrent à la question de Stella et se mirent à murmurer entre elles.

« Non non non. Ce n’est certainement pas le cas, » répondit une première camarade de classe.

« Totalement impossible, » déclara une deuxième.

« Je vomis juste à y penser, » répliqua une troisième.

« Oh, alors Shizuku, tu es celle qui est bizarre. C’est une conclusion qui a été décidée à l’unanimité, » déclara Ikki.

Shizuku rit doucement face à cela. « Il n’y a pas de problème du tout, Onii-sama, parce qu’ils sont eux et que nous sommes nous. Je suis sûre que les liens entre frères et sœurs de tout le monde ici sont aussi froids que la toundra. Notre époque moderne est malade à sa façon. Mais toi et moi sommes différents. Un tel baiser ne peut même pas exprimer l’amour que j’ai ressenti pour toi pendant ces quatre longues années. Même si nous faisions l’amour ici, ça ne serait rien de plus qu’un message d’accueil. »

« « C’est totalement impossible que cela soit acceptable !!! » » crièrent toutes les filles de la classe, y compris Stella.

Ce n’était que la première période de la première journée d’école, mais le cœur de la classe de première année avait déjà atteint une unité parfaite.

« Non, Shizuku, que dis-tu !? Pour une jeune femme, de parler si facilement de sexe, comment cela pourrait-il être décent !? » demanda Ikki.

« C’était une blague. Onii-sama est si mignon quand il rougit comme ça, » déclara sa petite sœur. 

Qui... qui êtes-ce !? Le sourire enchanteur de Shizuku donna des sueurs froides à Ikki. Sa sœur dans ses souvenirs était terriblement timide et avait peur de la foule. Comment pouvait-elle être devenue ainsi ?

« Eh bien ! Onii-sama, mettons ces choses insignifiantes de côté. S’il te plaît, viens plus près de moi et permets-moi d’ainsi me sentir plus proche de toi, » déclara Shizuku.

Shizuku annonça ceci et juste après, ses bras s’enroulèrent autour du cou d’Ikki comme des serpents blancs. Ses yeux de jade, qui n’avaient regardé personne d’autre que lui depuis qu’elle était rentrée dans la salle de classe brillèrent vers Ikki comme les yeux d’un oiseau envers sa proie.

« Pendant ces quatre ans, j’étais si seule..., » déclara Shizuku.

« Uwa... ah ! » avait gémi Ikki.

Ses lèvres roses se rapprochèrent pour un second baiser. Ce n’était pas bon. Le fait d’aller plus loin était une mauvaise chose. Ce n’était pas une relation appropriée entre un frère et une sœur. Mais même si Ikki savait cela, il ne pouvait pas bouger. Sa sœur avait cloué ses yeux de jade sur lui et elle ne le laisserait certainement pas fuir, donc les deux, une fois de plus ―.

« NOOOOOOOOOONNNNNN !!! »  Mais Stella intervint à ce moment critique. « Hey Ikki ! Pourquoi ne l’as tu pas arrêtée !? Contrôle-toi ! »

« D-Désolé ! Je veux dire, merci de m’avoir sauvé ! » déclara Ikki.

Pour la première fois, Shizuku regarda quelqu’un d’autre qu’Ikki, comme si elle venait maintenant de remarquer la présence de l’autre fille.

« Qu’êtes-vous en train de faire ? » demanda Shizuku.

« C’est ma question cela ! Qu’êtes-vous en train de faire là !? Pourquoi vous collez-vous autant à lui !? » demanda Stella.

« Quoi ? J’allais juste l’embrasser, » déclara Shizuku.

« C’est vrai ! Mais pourquoi diable voulez-vous faire cela !? » demanda Stella.

« Pourquoi ? Eh bien, si je devais répondre, alors ―, » répondit Shizuku.

Shizuku soupira à la question de Stella.

« ― Je fais avec mon frère ce que je veux, » acheva Shizuku.

« Ikki ! Ta sœur est bizarre ! Quelle partie de “une sœur liée par le sang” est normale !? » demanda Stella.

« Eh bien, je suis aussi surpris ! » répondit Ikki.

« Vous nous avez interrompus plus d’une fois maintenant, » déclara Shizuku. « Vous êtes celle dont parle la rumeur, la Princesse Stella, n’est-ce pas ? Pourquoi la royauté empiète-t-elle sur une conversation entre roturiers ? »

« Les roturiers ne doivent pas non plus avoir ce genre de conversations obscènes !? » s’écria Stella.

« Comme je l’ai dit avant, ce sont eux et nous sommes nous, » répliqua Shizuku.

« Vous êtes juste en train d’ignorer la question ! Pensez un peu au bon sens ! » déclara Stella.

« ... Qu’est-ce que vous êtes une personne bruyante ! » déclara Shizuku. « Très bien, même si cela peut vous paraître étrange pour une sœur que d’embrasser son frère et même si j’avais fait quelque chose de contraire au bon sens... pourquoi est-ce si important pour vous ? »

« Heuu..., » balbutia Stella.

« Cette affaire est entre lui et moi. Une princesse à l’esprit étroit qui n’est même pas impliquée dans nos affaires devrait rester à l’écart, » déclara Shizuku.

Shizuku annonça cela avec les yeux mi-clos et Stella fut embarrassée à la suite de cette remarque. La détermination de cette petite sœur était venue d’un grand désir pour son frère après quatre ans de séparation. Stella n’avait certainement pas de lien direct et elle ne devrait pas se mêler à leur réunion, mais ―.

« Onii-sama, il semblerait y avoir un obstacle ici. Alors, allons à un endroit plus calme afin de récupérer les années que nous avons perdues, » déclara Shizuku.

Mais cette fille n’agissait certainement pas comme une petite sœur. Elle parlait à Ikki d’une manière qui avait largement franchi la ligne d’une relation normale et Stella ne pouvait pas laisser une telle personne seule avec Ikki.

Alors Stella décida. « ... Si c’est d’une connexion dont vous avez besoin, alors j’en ai une. »

Son visage devint rouge au moment où elle avait annoncé cela.

« Nous avons une relation, de sorte que je ne peux pas permettre que vous embrassiez Ikki ! » déclara Stella.

« Hein !? » s’exclama Ikki.

Ces mots choquèrent Ikki, parce que Stella venait de déclarer que ce n’était pas bien pour lui d’embrasser une autre fille.

Est-ce que... par hasard... ceci voulait dire que Stella, envers moi... ? se demanda Ikki.

« Parce qu’Ikki est mon maître ! Si mon maître se transforme en un siscon perverti [1] et est jeté en dehors de la société, c’est évident que cela me dérangera ! » annonça Stella.

« C’est donc ta raison ― !? » s’écria Ikki.

« Super énorme scandale ― ! Je peux déjà voir le titre pour le premier numéro “Enchaînée par la poitrine ! La Princesse et le Colocataire Sauvage enfermés dans leur chambre pendant 72 ​​heures !”. Ceci va être certainement cela ! » annonça Kagami.

« Kurogane semblait mature, mais il est encore un... ? » déclara une camarade de classe.

« Wôw, peut-être qu’il cache des appétits très importants ? » demanda à voix haute une autre camarade de classe.

« Faire d’une princesse sa servante ! Voilà un certain jeu de dégradation de haut niveau, » déclara une troisième fille.

C-C’est très mauvais tout cela. Stella vient de placer la situation dans une direction totalement ridicule, pensa Ikki.

« A-Attends un peu, Stella ! Que dis-tu en face de toutes ces personnes !? » s’écria Ikki.

« M-Mais n’est-ce pas vrai !? Nous avons combattu dans ce duel tout en pariant tout. Comme j’ai perdu contre toi, cela signifie que, même si je suis indisposée envers cela, que mon corps et mon cœur appartiennent désormais à toi ! Tu pourrais même dire que nous ne sommes plus qu’un seul corps et une seule âme. Il n’y a aucune chance que je ne fasse pas partie de tes affaires ! Et garder son seigneur sur le droit chemin est le devoir d’un vassal ! » déclara Stella.

« Ne t’ai-je pas dit que nous devrions simplement oublier cette promesse !? » s’écria Ikki. 

« Impossible ! Mon orgueil de princesse ne me permettrait pas cela, et n’as-tu pas donné à cette princesse, l’ordre de “Laisse-moi vivre avec toi dans le même lit !?” » demanda Stella.

« Je ne me souviens pas que cela sonnait si doux ! Et de plus, il n’y avait aucune implication immorale, » répliqua Ikki.

« Mais ce que tu m’as dit n’était pas si différent ! » déclara Stella.

Je ne peux pas tellement en parler, mais...

 

« Est-ce vrai ? » demanda Shizuku.

 

Une voix glaciale retentit derrière Ikki. Un froid traversa son corps, comme si de l’eau froide avait été versée à l’intérieur de ses vaisseaux sanguins. Le charme qu’affichait sa sœur avant cela avait totalement disparu. Sa voix froide retentit de nouveau.

« Est-ce vrai ? » demanda de nouveau Shizuku.

Shizuku se tenait là, à regarder fixement Ikki, son visage rigide comme un masque de Nô [2].

Effrayant !

« Onii-sama. Je demande si ceci est vrai ou non, » demanda Shizuku.

Quelle question dangereuse ? Il voudrait le nier. S’il ne le niait pas, quelque chose de mauvais allait certainement se produire. Ikki le savait, mais malheureusement, c’était presque exactement comme l’avait dit Stella, alors ―.

« E-Eh bien, je pense qu’une certaine nuance de rancune a été rajoutée, mais... c’est à peu près comme elle l’a dit, » répondit Ikki.

L’honnête Ikki ne pouvait pas éviter de donner cette réponse, même si les gens honnêtes ne vivent pas longtemps.

« Oh, c’est donc vrai ! Fu... Fufufu... fufu-hii ! » Shizuku se mit à rire.

« Shizuku...? » demanda Ikki.

 

« Menteur, » annonça Shizuku.

 

Shizuku avait souri avec les yeux mi-clos et un sentiment de terreur comme si quelqu’un léchait sa moelle épinière parcourut le corps d’Ikki.

« Pourquoi voudrais-tu dire un tel mensonge, Onii-sama ? » demanda Shizuku. « Il n’y a aucun moyen que tu fasses ce genre de chose. Jamais tu ne feras quelque chose pour me rendre triste, jamais tu ne dirais quelque chose qui pourrait me faire du mal. Ceci ne peut pas venir de toi, Onii-sama. »

« Hee! Shizuku-san..., » déclara Ikki.

« Ah ! Je comprends. Je suis sûr que cette femme te fait du chantage pour que tu sortes avec elle, » déclara Shizuku. « Et tu masques ce fait pour ne pas m’inquiéter, non ? Oui, car rien d’autre n’est possible ― »

« Attends ! Il suffit de m’écouter pour me c ―, » commença Ikki.

« Pauvre Onii-sama. Quelle femme horrible ! » déclara Shizuku. « C’est exactement pourquoi je ne voulais pas que tu quittes la maison. Tu es tellement incroyable et fascinant sinon, pourquoi une certaine personne OBSCÈNE et stupide t’ ―. »

« Shizuku, je te supplie de te calmer un peu. Parlons un peu à propos de ―, » déclara Ikki.

« ― approche avec seulement ses gros seins pour tenter de te séduire ! Tu n’es pas à blâmer. Tu es juste captivant et romanesque. C’est donc de la faute de cette femme. Tout est la faute de cette femme. Voilà pourquoi je vais te libérer. Éclabousse loin, Yoishigure [3] ! » déclara Shizuku.

« H-Hey Shizuku, ce n’est pas bien ! Tu ne peux pas faire cela ! Range cette chose dangereuse et écoute-moi ! On ne me fait aucun chantage. Hé, écoute-moi !? » s’écria Ikki.

Ikki ne pouvait que rester là avec un visage pâle après que Shizuku eut appelé son Dispositif en forme de Kodashi [4], Yoishigure.

« Oh s’il te plaît, Onii-sama. Je t’écoute, » déclara Shizuku. « Il n’y a aucune chance pour que Shizuku n’entende pas ce que dit son Onii-sama ! C’est impossible de retourner en arrière. Je suis peut-être la deuxième parmi les premières années et un Rang B inférieur à Stella-san, mais mon élément est l’eau, l’ennemi naturel du feu. Pourtant, je suis reconnaissante pour ton inquiétude. Je t’aime, Onii-sama. »

« Tu n’as rien écouté du tout ! Tu dis des absurdités depuis le départ ! » cria Ikki.

« Sers-moi, Laevateinn, » déclara Stella.

« Quoooii !? Stella, pourquoi deviens-tu aussi agressive !? » demanda Ikki.

« Désolée, mais contrairement à toi, je ne suis pas si douce pour que je me retienne alors que quelqu’un pointe un Dispositif sur moi. Si elle veut se battre, alors je suis prête et disposée, » répondit Stella.

Au moment où Ikki s’en rendit compte, ni Shizuku ni Stella ne regarderaient ailleurs plus longtemps. Seul l’ennemi se reflétait dans leurs yeux de jade et de rubis. Il ne pouvait plus les arrêter avec des mots, maintenant qu’elles voulaient se battre l’une contre l’autre.

« Okaaay ! Tout le monde, s’il vous plaît sortez de la salle. Si vous restez ici, vous allez mourir ~ ! » déclara Kagami.

Kagami avait déjà commencé l’évacuation, montrant la grande capacité d’adaptation d’une journaliste. Bientôt, les seules personnes qui restaient dans la salle de classe furent les deux filles qui s’insultaient.

« Mais encore, vous avez un tel Dispositif si modeste... tout comme votre poitrine, » déclara Stella.

« Et vous ! Une arme sans élégance du tout, tout comme vos vulgaires seins. Les deux sont inutilement grands. Ils vous conviennent fort bien, » répliqua Shizuku.

« Quelqu’un d’aussi dépourvu de cela ne peut rien y faire, à part parler de son parti pris, mais je vais vous pardonner, puisque je suis une femme dont le cœur est aussi grand que sa poitrine, » répliqua Stella.

« ... Grosse, » répliqua Shizuku.

*Crack*

Ikki entendit un bruit désagréable provenant de la direction de Stella.

Ahh, c’est sans espoir.

Ikki quitta alors la salle avec ses épaules affaissées et l’inévitable tragédie commença ainsi.

 

« « Je vais te tuer ! » » (Stella Vermillion/Shizuku Kurogane)

 

Ces deux Blazers transformèrent la classe Une de première année en ruines en à peine quelques secondes.

Notes

  • 1 Sis-con : Une personne avec un « complexe de sœur », qui aime trop sa sœur.
  • 2 Masque de Nô : Masque utilisé pour du théâtre japonais
  • 3 Yoishigure, 宵時雨 : « Pluie du Soir ».
  • 4 Kodashi : Une épée courte japonaise, essentiellement un court Katana.

***

Partie 6

Inutile de dire qu’avoir une salle de classe détruite était une catastrophe. En réponse à cela, les enseignants discutèrent entre eux et ils décidèrent de la peine pour les deux coupables : une semaine de détention à domicile. Tel fut la situation pour les deux lycéennes de premières années qui furent ainsi suspendues, dès leur premier jour d’école. Ce scandale devint donc l’histoire inaugurale pour la première page du journal de Kagami et se propagea à travers le corps étudiant comme une traînée de poudre.

Eh bien, Ikki était heureux d’être épargné de l’annonce de « Enchaînée par la poitrine ! La Princesse et le Colocataire Sauvage enfermé dans leur chambre pendant 72 ​​heures !! », mais ―.

« ... Elle n’était vraiment pas comme cela avant, » murmura Ikki.

Il avait été choqué par énormément de choses et il n’avait pas cessé depuis de soupirer même après son retour dans sa chambre ce soir-là. Shizuku avait toujours été protégée et donc elle avait toujours été extrêmement timide. Par le passé, elle avait toujours suivi Ikki avec des petits pas légers et se cachait chaque fois que quelque chose d’embarrassant arrivait. C’était une enfant vraiment obéissante. Comment a-t-elle pu se transformer en une telle adolescente extraordinaire séduisante ?

Stella, maintenant en résidence surveillée, se plaignit auprès de lui d’une voix mécontente.

« Peut-être pas. Mais tu m’as semblé heureux de cela. N’as-tu pas pris plaisir ? » demanda Stella.

« Ce n’est pas vrai, » répliqua Ikki.

« Oui, ceci l’est. Si je ne l’avais pas arrêtée, tu aurais été embrassé deux fois, » déclara Stella.

« Pouah, » Ikki avait laissé sortir un son étrange. 

Sans Stella, c’était certain qu’il aurait été embrassé une deuxième fois.

« M-Mais ce n’est pas comme si je n’avais pas cherché à bouger parce que je voulais être embrassé. Comment puis-je... Shizuku m’avait semblé si mature et féminine que j’ai été submergé, » déclara Ikki.

« En d’autres termes, tu étais fasciné par ta petite sœur qui s’est avérée être devenue si jolie après quatre ans, » répliqua Stella.

« Non, je veux dire que ce n’est pas comme cela..., » déclara Ikki.

Shizuku était encore la sœur d’Ikki. Il n’avait jamais pensé à elle d’une autre manière et il ne le ferait jamais. Mais aujourd’hui, en la voyant à nouveau après quatre ans... ces affriolants yeux humides, son visage légèrement rougissant et ses lèvres solitaires... et si on lui avait demandé s’il voyait maintenant, Shizuku comme une femme, il n’aurait pas pu le nier avec une parfaite conviction.

« ... Peut-être, » avoua Ikki.

« Tu as un complexe de sœur ! » s’écria Stella.

« Argh, » Ikki avait gémi.

« Pervers ! » lâcha Stella.

« Je... n’ai aucune excuse, » déclara Ikki.

Oh non, peut-être qu’après tout, je suis affamé des filles pour avoir été ainsi charmé par ma petite sœur après quatre ans..., pensa Ikki.

Stella le fixa alors qu’il chancelait vers leur salle de bains commune.

« Et où vas-tu ? » demanda Stella.

« Je vais prendre une douche pour me rafraîchir un peu, » répondit Ikki.

Il avait pris trop de coups aujourd’hui. Allez se laver puis aller au lit tôt serait le mieux.

***

Partie 7

« C’est vraiment agaçant ! » s’écria Stella.

Après qu’Ikki fut entré dans la salle de bains, Stella se mordit les lèvres et bouda. Qu’est-ce que c’était que ce « peut-être » ? Il aurait dû de toutes ses forces tout refuser à la place !

« ... Même si tu as dit que je suis trop belle, » murmura Stella.

Mais d’être attiré par sa sœur ? C’était si frustrant qu’elle ne pouvait pas l’accepter. En dépit de dire qu’il voulait être ami et partager la même chambre, pourquoi ne s’était-il toujours pas encore approché d’elle ?

Stella s’était déjà préparée pour Ikki. Elle se réveillerait toujours avant lui chaque matin pour se peigner les cheveux dès la sortie du lit et ainsi qu’il ne voit jamais son aspect inesthétique et elle était prête tous les soirs pour lui pour se livrer à la légendaire tradition japonaise du « Yobai » [1].

Attends ! Ce n’est pas comme si je voulais le faire avec lui ! Si ceci arrivait, bien sûr, que je refuserais ! Je lui botterais les fesses ! Une princesse ne pouvait pas avoir de relations sexuelles avant le mariage ! Mais..., pensa Stella.

Mais elle ne pouvait pas supporter de laisser les choses comme elles étaient maintenant.

« Même si tu as appelé une fille célibataire, belle ! Même si tu me disais que tu voulais qu’on s’entende mieux ! » murmura Stella.

Quelle est la grande idée en la laissant suspendue à un fil après avoir dit tous ces non-sens ? Est-ce que c’est ce qu’on appelle « Ne pas nourrir un poisson qui a été pêché. » Elle voulait une explication et il avait besoin de présenter de meilleures excuses pour avoir ainsi été hypnotisé par sa sœur après qu’elle l’eut embrassé.

« Ah, zut ! Abruti ! Ikki, tu es un idiot, pervers, Sis-con ! Meurs ! » cria Stella.

Stella pleurait presque alors qu’elle frappait son oreiller, crachant des mots très vulgaires en même temps.

Que faire si Ikki n’était pas intéressé par elle et qu’il ne la voyait pas en tant que femme ? Et si elle n’est pas appréciée par Ikki ? Que faire s’il était plus intéressé par le type de filles loli [2] comme Shizuku ? C’était mauvais, parce que même si Stella n’était pas grande, elle avait toujours été confiante dans son corps mature, mais si Ikki était pris à être un sis-con et devenait un lolicon [3] ? Alors, le corps et le visage de Stella seraient totalement incompatibles avec ses goûts.

Ce serait terrible. Elle ne voulait pas que cela arrive. Elle ne pouvait pas permettre cela.

« ― D’accord ! » déclara Stella.

Et c’est alors que Stella échafauda un plan.

Notes

  • 1 Yobai : 夜這い, « Nuit rampante » une ancienne pratique traditionnelle japonaise, où un homme se faufile au cours de la nuit, dans une maison pour aller se glisser dans le lit d’une femme pour ainsi avoir des rapports sexuels consensuels et discrets, puis se faufile hors de la maison avant le matin sans déranger le reste des habitants. Le reste des habitants de la maison sont au courant, mais vont faire comme si rien ne s’était passé. Il était aussi courant pour les jeunes femmes de faire cela pour se trouver un mari. Énormément de variantes en fonction des villages.
  • 2 Loli : Abréviation de « Lolita », une jeune fille mineure ou une femme peu formée.
  • 3 Lolicon : Une personne avec un « complexe Lolita », qui est attiré par les jeunes filles mineures.

***

Partie 8

« Sis-Con. »

« Haaaa... »

Ikki plongea au fond de la baignoire après s’être rappelé les paroles de Stella. Ses sentiments coulaient avec lui dans la baignoire.

« Peut-être que maintenant, elle me déteste..., » déclara Ikki.

« Pervers ! »

« Wow... »

Y avait-il un homme qui ne serait pas découragé d’être appelé un pervers par une fille ? Honnêtement, c’était tout à fait insupportable, d’autant plus que ces durs mots étaient venus de Stella. Ikki la respectait comme un vrai chevalier, parce que, malgré son important talent, elle avait toujours eu en tête un objectif supérieur et n’avait jamais été facile avec elle-même. Aurait-il pu faire la même chose, s’il avait été aussi doué qu’elle ? ... Bien sûr, elle était aussi une femme fascinante, et le fait d’être ainsi détesté par quelqu’un qu’il admirait tant aussi bien en tant que chevalier, mais aussi en tant que femme le rendait très déprimé. Il avait besoin de se débarrasser de cette mauvaise impression dès que possible.

« Ainsi, il faudra aussi que demain, j’en parle avec Shizuku, » déclara Ikki.

Pour commencer, l’avis de Stella était important pour lui et il devait aussi faire comprendre à Shizuku qu’elle n’était plus une enfant et donc que faire quelque chose comme embrasser ainsi son frère n’était pas acceptable. Après tout, elle avait grandi pour devenir une personne si mignonne et avait ruiné cette joyeuse réunion en l’embrassant sur la bouche. Ceci n’était pas non plus, une bonne chose pour Shizuku.

Juste au moment où Ikki avait décidé de cela ―.

Stella, vêtue d’un bikini, entra d’une manière fort agressive dans l’étroite salle de bains.

« Je-j’entre, » annonça Stella.

Qu’est-ce que ceci pouvait être ?? Pour une raison quelconque, Ikki sentait qu’il avait fait une grande erreur, comme de penser qu’il venait de voir une baleine dans un étang. Parce qu’on se trouvait dans une salle de bain, il était étrange que Stella porte un maillot de bain. Même si c’était gênant, le port d’un maillot de bain était vraiment bizarre et aussi peu pratique. Alors même que cela pouvait être embarrassant, utiliser une serviette serait bien plus judicieux.

« ― Non, Non, Non, Non, Non ! » s’exclama Ikki.

Ikki tomba presque à terre quand il découvrit ce développement subitement devenu absurde.

« Ce n’est pas la question, mais c’est bizarre en soi ! Tout d’abord, pourquoi voudrais-tu venir ici même !? Je ne peux pas comprendre, en ce moment, ce qui se passe ! » déclara Ikki.

« Q-Quoi !? Tu ne devrais pas être si surpris, non ? » demanda Stella.

« Quoi qu’il en soit, je suis surpris ! Oui, bien sûr que je le suis ! Sérieusement, que se passe-t-il !? Pourquoi voudrais-tu mettre un bikini et rentrer ainsi dans la salle de bains où j’y suis déjà !? » demanda Ikki.

« T-Tu... ne comprends vraiment pas ? » demanda Stella.

« Je ne peux vraiment pas du tout le deviner ! » déclara Ikki.

« Je... Je pensais juste venir là, afin de laver ton corps, Ikki..., » déclara Stella.

Un vertige s’abattit alors sur lui. Sa tête tournait. Son corps était bouillant. Il devait sûrement halluciner.

Stella venait-elle laver mon corps ? Hahaha, c’est impossible. Dans quel genre de jeu vidéo suis-je tombé ? pensa Ikki.

« Désolé Stella. Il semblerait que je ne suis, en ce moment, pas moi-même. Je crois avoir entendu quelque chose d’absurde. Pourrais-tu répéter, s’il te plaît ? » demanda Ikki.

« Je veux dire... que... tu le sais déjà ? Je suis ton esclave, non ? Et donc, laver le corps de mon maître est mon devoir en tant qu’esclave, n’est-ce pas ? » annonça Stella.

« Oh ho, alors c’est simplement cela... être un esclave doit vraiment être difficile, » déclara Ikki.

... Hein !?

« Euhhh N-Non, a-attends une minute ! Je n’ai jamais demandé ça ! » s’écria Ikki.

« Je le ferais même sans que tu me le demandes ! Hideyoshi [1] réchauffait bien les sandales de Nobunaga [2], même s’il ne l’avait jamais demandé !? C’est comme ça ! » annonça Stella.

« De quoi parles-tu !? » demanda Ikki.

« Quoi qu’il en soit ! Ceci est mon devoir en tant que ton esclave ! Alors, dépêche-toi et assieds-toi ! » déclara Stella.

 

 

« Il n’y a aucune chance que je puisse te laisser faire ça ! » répliqua Ikki. « Toutes ces choses au sujet des maîtres et des esclaves sont certainement fausses ! En premier, Shizuku et maintenant toi. Qu’est-ce qui se passe ces jours-ci avec le sens de la vertu des jeunes filles ? »

« Tout va bien si c’est moi qui te le dis ! Il te suffit de faire comme je l’ai dit et de t’asseoir. Dans le cas contraire, je ―, » déclara Stella.

Stella s’arrêta un instant de parler et du feu commença alors à se disperser tout autour de ses cheveux.

« Je vais te faire bouillir ! » annonça Stella.

Notes

  • 1 Hideyoshi : Serviteur d’Oda Nobunaga connu pour avoir commencé en tant que son porteur de chaussures.
  • 2 Nobunaga : Au cours de la dernière partie de la période des Royaumes Combattants du Japon, vers le milieu des années 1500, un samouraï, seigneur de guerre, du nom d’Oda Nobunaga commença l’unification des différents domaines du Japon. Hideyoshi Toyotomi était un serviteur né paysan d’Oda, travaillant d’abord comme porteur de sandale, mais les réalisations de Toyotomi comme négociateur et général l’a élevé au-dessus de son bas rang dût à sa naissance et il est aujourd’hui considéré comme l’un des trois personnages principaux qui unifia le Japon aux côtés d’Oda et d’Ieyasu Tokugawa.

***

Partie 9

*Rub rub rub* (bruit de l’éponge)

Stella, princesse de l’Empire Vermillion, était actuellement vêtue d’un maillot de bain et se tenait à genoux juste devant Ikki, lavant le corps du jeune homme alors qu’il portait seulement une serviette enroulée autour de ses hanches.

Q-Que se passait-il... ? La tête d’Ikki était sur le point de se détraquer. Ou peut-être que tout cela s’était détraqué depuis longtemps. Dans le cas contraire, il souhaitait que ce soit ça.

« N’oublie pas de tenir ta promesse. Je ne te laisse jouer à cette farce qu’aujourd’hui, mais je ne vais certainement pas l’accepter à partir de demain, c’est sûr ! » déclara Ikki.

« Je comprends. Je ne fais pas ceci, car je le veux, tu sais. J’ai perdu et donc je suis devenue ton esclave, de sorte que c’est l’unique raison pourquoi je dois le faire, » répliqua Stella.

... Pourquoi ne peux-tu pas arrêter de revenir avec ça ? pensa Ikki.

Mais lui demander ne servirait à rien. Il lui avait déjà demandé cela avant, à de nombreuses reprises, mais sans succès. Selon Stella, le lavage était censé être le devoir de tout esclave, alors elle ne serait pas en mesure de se calmer sans l’avoir réalisé au moins une fois. Ikki ne la comprenait vraiment pas, mais avec la fierté royale gonflée à bloc de Stella, il ne pouvait pas facilement argumenter contre son raisonnement tordu.

Quoi qu’il en soit, c’était seulement pour aujourd’hui. Juste pour aujourd’hui, je serai indulgent avec elle et ensuite, j’oublierai toute cette scène... ! pensa Ikki.

Ikki se jura à lui-même alors que Stella lavait son corps. Toutefois ―.

« ... Euh, » murmura Ikki.

Ses yeux avaient été irrésistiblement attirés par le corps de Stella vêtue seulement de son bikini. La raison lui disait de ne pas la regarder, mais ses instincts ne voulaient pas écouter. Il faisait semblant de détourner le regard, mais ses émotions l’avaient contraint à continuer à regarder.

En ce moment, il regardait le visage parfait de sa charmante colocataire qu’il n’arrivait vraiment pas à comprendre dans ces moments-là. Stella était beaucoup plus exposée que quand il l’avait vue, le premier jour, alors qu’elle était à demi nue. Elle était là, devant lui, exposant les ombres pâles de ses clavicules en bas de son long, mais, malgré tout, mince cou, ses épaules bien redressées et ses hanches, affichant une douce ligne au bout de ses longues jambes blanches et tendres.

Et parmi ses caractéristiques les plus frappantes, la plus terrible était sans aucun doute... sa poitrine. Des seins blancs et massifs assez colossaux pour être fermement gonflés par son bikini.

Des fruits mûrs et magnifiques qui ne pouvaient pas être cachés, même lorsqu’elle portait son uniforme. Les bosses se balançant de gauche à droite chaque fois que Stella déplaçait son corps, même légèrement.

En les voyant, Ikki sentit son cerveau se vider de son sang et sa gorge devint brûlante de soif.

C’est... impossible à supporter..., pensa-t-il.

Il n’y avait aucune chance qu’il puisse détourner ou fermer ses yeux. Ikki était plus tempéré que la plupart des garçons, peut-être même trop sérieux, mais il était quand même un jeune homme en bonne santé de seize ans. Il n’était pas assez vieux pour pouvoir retirer son attention du corps si captivant d’une jeune fille qui venait se mettre juste en face de lui. Il ne pouvait pas s’empêcher de regarder furtivement tous les coins et recoins de ses séduisants membres. Dieu merci, Stella ne semblait pas l’avoir remarqué.

... Eh bien, Stella est vraiment magnifique, pensa Ikki.

Bien sûr, Stella était belle en tant que femme, mais son corps était aussi beau en tant que chevalier. Ikki pouvait voir comment Stella avait dû s’entraîner durement pour en arriver là. Elle avait une volonté inébranlable bien qu’elle possède tant de talent. Son corps pourrait tout à fait être la sculpture de son âme.

Vraiment magnifique, pensa Ikki.

C’était la première fois qu’Ikki se rendit compte que son visage était aussi joli. C’était aussi la première fois qu’il voulait autant la toucher. Bien sûr, il savait que la toucher serait impardonnable, mais ―.

 

En même temps, mais du point de vue de Stella...

Depuis le début, il n’a pas arrêté de me regarder..., pensa Stella.

Stella avait remarqué les regards d’Ikki dès le départ, car une femme était sensible aux regards des hommes, surtout quand cet homme remplissait entièrement son esprit. C’était probablement cette chose qu’on appelait « l’intuition féminine », une sensation que les hommes n’avaient pas et le sien l’avait immédiatement averti du regard fiévreux d’Ikki, et elle l’en avait informée. Oh non ! Il me regarde ! Il est devant moi à me regarder !

« ... Uu... fu... uu. »  Elle était consciente de cet intense regard et son corps commença, en réponse à cela, à se réchauffer fiévreusement.

La vision insidieuse d’Ikki se déplaçant de son cou à sa clavicule, ses seins, son nombril et ses cuisses, comme s’il lavait doucement le corps de Stella.

C’est tellement embarrassant... Je vais m’évanouir..., pensa Stella.

Mais Stella n’y était nullement opposée. Non, elle était même soulagée qu’il le fasse, car c’était la preuve qu’Ikki ne détestait pas son corps, où du moins il n’était pas indifférent.

Elle avait été très inquiète en vue de la réaction qu’elle avait eue après avoir vu le corps d’Ikki et de la même manière, le cœur d’Ikki avait également réagi de la même façon après l’avoir vu, elle. Stella était rassurée par cela et ceci la rendait très heureuse. Elle ne voulait pas perdre. Non, elle ne perdrait certainement pas contre cette petite sœur !

« Alors, après ça... ton dos. Je vais te le laver... ! » déclara Stella.

Stella se positionna dans le dos d’Ikki après avoir terminé l’avant de son torse. Bien sûr, elle n’avait pas été jusqu’à laver sa moitié inférieure. Il était encore bien trop tôt pour cela. Vraiment. Pas encore.

« O-Oui, je vais te laisser faire, » répondit Ikki.

Ikki prit soin de ne pas mentionner à Stella qu’elle n’avait pas tout fait. Si la situation lui avait demandé d’enlever sa serviette, alors il était déjà disposé à s’enfuir même s’il devait se fracasser contre un mur.

Il ne reste plus que le dos. Après ceci sera fini...

Tant qu’il n’avait pas à regarder le corps de Stella, le contrôle de soi-même était beaucoup plus simple. Il se sentait un peu mal à l’aise que son dos soit ainsi lavé, mais il n’avait pas besoin de déplacer sa poitrine ou son abdomen.

Il pouvait donc le supporter. Il pourrait ainsi passer cette mystérieuse épreuve. Et puis il l’oublierait complètement. Il ne parlerait jamais à personne de ce qui était arrivé ici aujourd’hui ni ne s’en souviendrait après. Tout ceci sera enterré et abandonné dans la partie la plus profonde de ses souvenirs.

Alors qu’Ikki avait lui-même déterminé cela ―.

Stella lui parla, tout à coup, derrière lui avec une voix aussi douce que les battements d’ailes d’un papillon. « Hey, Ikki ! »

« Qu’est-ce que qu’il y a ? » demanda Ikki.

« Euh. Tu — tu... euh, je veux dire, il y a quelque chose que... j-je voudrais... te demander..., » balbutia Stella.

« Bien sûr, c’est d’accord. Qu’est-ce que c’est ? » demanda Ikki.

« Ikki... tu... aimes-tu... les filles avec de gros seins ? » demanda Stella.

Ikki sentit un marteau frappant l’arrière de sa tête.

« Quuuu ! Ah, tu — ! QQQ-Qu’as-tu dit...! » s’écria Ikki.

« Je veux dire que... n’as-tu pas arrêté de les regarder fixement... avant cela, non ? » demanda Stella.

Quoiiiiiiiiiiiiii !?

Il avait été pris sur le fait ! Elle avait donc remarqué ses regards !

Ikki voulait mourir. Disparaître. Il aurait souhaité pouvoir devenir du vent en cet instant.

« Je suis désolé ! Je savais que ce n’était pas bien de te regarder comme ça ! Mais il faut me comprendre ― ! » déclara Ikki.

« Non, tu n’es pas obligé de présenter des excuses. Il te suffit de répondre à ma question, » déclara Stella.

Sa question ? Il préférait se jeter la tête la première sur le sol, plutôt que de devoir répondre devant elle. Pour être interrogé sur ses préférences par une fille juste derrière lui, quel genre de jeu de punition était-ce ? Terrible, c’était juste trop terrible. Avait-il attiré la colère de quelques dieux ?

Il était mortifié, mais Ikki n’avait pas d’échappatoires possibles, alors il se résigna et prononça tout doucement.

« Oui, ils me plaisent, » répondit Ikki.

« ... Hmph, » murmura Stella.

...

...

... D-Dis quelque chose !

« H-Hey, Stella ―, » Ikki semblait pouvoir mourir en raison du silence, mais au moment où il avait commencé à parler.

 

*Squish !*

 

Deux choses rondes, bien plus moelleuses qu’une éponge et beaucoup plus douces que ses paumes, venaient de se presser contre son dos. Il sentit comme un engourdissement dans son dos et dans son cerveau. La conscience d’Ikki avait été immédiatement court-circuitée.

Incompréhensible. Tout ceci était arrivé derrière lui, en plein dans son angle mort. Et peu importe comment sa vision était excellente, Ikki ne pouvait rien voir là où il ne pouvait pas regarder. Mais même s’il était complètement aveugle dans cette zone, il pouvait, quand même, deviner ce qui s’était produit, et du pourquoi il se sentait ainsi.

« S-Stella... tout à l’heure... tu... ! » commença Ikki.

Avant qu’il ne puisse demander une explication, Stella se précipita déjà hors de la salle de bains à la vitesse de l’éclair, son visage étant rouge jusqu’aux oreilles.

« Pourquoi !? » demanda Ikki.

Premièrement Shizuku et maintenant Stella. Juste en étant de l’autre sexe, les gens deviennent vraiment difficiles à comprendre !?

Ikki était tout simplement incapable de comprendre ce qui était arrivé aujourd’hui. Mais une chose qu’il pouvait dire avec certitude : il n’oublierait jamais cette sensation.

***

Chapitre 3 : Rébellion

Partie 1

Shizuku Kurogane avait un homme qu’elle aimait. Au cours de son enfance, il fut la seule personne qui lui avait montré un sourire amical parmi les sombres visages des adultes. Il était son frère par le sang, âgé d’un an de plus qu’elle, Ikki Kurogane. Shizuku l’aimait et après tant d’années, elle l’avait brusquement embrassé lors de leur réunion.

Mais au début, Shizuku n’avait pas considéré Ikki de cette façon.

Il y a quatre ans, elle l’aimait seulement comme une sœur cadette le ferait et bien que ses sentiments aient changé lorsqu’il avait quitté la résidence familiale, la séparation n’avait pas transformé, dans son cœur, tout cela en une soudaine romance. Non, ceci avait seulement fait réaliser à Shizuku à quel point ses parents, son frère aîné et les autres personnes de sa famille avaient totalement ignoré Ikki. Pourquoi n’avait-elle pas remarqué la douleur de son frère avant qu’il ne disparaisse, alors même qu’elle était si proche de lui ? Elle fut tourmentée par des remords éternels en réalisant cela, qui devint par la suite, une colère envers sa famille, pour avoir osé entraver son si gentil frère, et cela même après qu’il ait rompu tous liens avec eux. Et tout cela, simplement parce qu’il manquait cruellement de talent. Tout simplement parce que « La production d’un chevalier de Rang F serait déshonorante pour le nom de famille ».

C’était à ce moment-là que Shizuku Kurogane avait décidé de ce qu’elle devrait faire vis-à-vis de tout cela. Qui se souciait des « tabous » ? Qui se souciait si leur père, leur mère, et le monde entier n’aimaient pas Ikki ? Quant à elle, elle aimerait son frère à leur place, et suffisamment pour que personne d’autre dans le monde ne se sente aussi aimé.

Mais alors quelque chose d’intolérable était apparu devant son but. L’esclave autoproclamé d’Ikki, Stella Vermillion. Shizuku savait juste en regardant Stella qu’elle était très intéressée par son frère et qu’elle l’avait séduit sous ce prétexte. Cette fille, non ce monstre, avait imprudemment essayé de franchir la ligne avec son frère. Mais même encore aujourd’hui, après que leurs punitions furent levées et que Shizuku ait invité son frère à aller au cinéma en tant que célébration pour leur libération, et Stella avait fait intrusion dans son rendez-vous et avait demandé à se joindre à eux.

Shizuku ne pouvait pas supporter cela. Son frère, vu le genre de personne qu’il était, avait naturellement accepté que Stella vienne aussi avec lui, surtout après avoir entendu une excuse du genre « Je ne sais rien de ce pays, mais je voudrais en apprendre plus ». Shizuku fut bouleversée par ce changement dans ses plans, mais bien sûr, elle était uniquement en colère contre Stella, et non pas contre Ikki, car Shizuku considérait que son frère était le plus merveilleux des hommes. Et voilà pourquoi elle ne pouvait pas tolérer que Stella s’approchant ainsi d’Ikki.

« ... Cette truie aux gros seins, » s’écria Shizuku.

Le colocataire de Shizuku, Nagi Arisuin, sourit légèrement en voyant sa détresse.

« Oh ! Mon Dieu, aujourd’hui, tu es encore de mauvaises humeurs. Est-ce que quelque chose s’est à nouveau, produit avec la princesse  ? » demanda Arisuin.

« ... Oui, » répondit Shizuku.

Fraîchement sortie du bain, Shizuku avait répondu en affichant sa rage bouillonnante à l’intérieur d’elle, tandis qu’Arisuin lui peignait ses cheveux. Elle parlait d’habitude poliment, même avec Stella et évidemment avec son frère, mais elle n’était pas si réservée avec Arisuin. Son expression n’était pas comme d’habitude. Elle faisait la moue, ce qu’Arisuin pouvait facilement voir.

« Haha. C’est dur pour une jeune fille amoureuse, » déclara Arisuin.

Shizuku avait déjà tout expliqué à son colocataire. Elle méprisait naturellement les autres sans distinction de sexe, parce que sa timidité avait tourné vers la méfiance après qu’Ikki ait quitté la maison. En qui était-elle censée faire confiance dans ce monde où même les parents peuvent ne rien ressentir pour leurs enfants ? Pourtant, elle avait parlé à Arisuin de son amour, même si elle n’avait rencontré cette personne que depuis environ une semaine.

« Il semble que cela soit quelque chose d’amusant de tout simplement parler avec toi, Alice..., » déclara Shizuku.

Arisuin écoutait toujours ce que les autres avaient à dire, et laissait les autres parler à leur guise. Quand Shizuku était ravie à propos de quelque chose, Arisuin était également devenu heureux, mais il ne se mêlait jamais des questions dont Shizuku n’avait pas parlé avec lui. Shizuku avait des frères, mais Arisuin était le modèle parfait pour une sœur plus vieille, donc Shizuku parlait souvent longtemps avec Arisuin.

« Hey ! Alice, » s’exclama Shizuku.

« Quoi ~ ? » demanda Arisuin.

« ... Penses-tu qu’il est étrange pour une sœur d’aimer ainsi son frère ? » demanda Shizuku.

Shizuku savait que c’était enfantin, alors pourquoi avait-elle posé cette question inutile ? C’était parce qu’elle voulait qu’Arisuin devine ses sentiments et lui donne ainsi une réponse différente.

« Si l’on regarde cela avec du bon sens, bien sûr, que cela l’est ! » répondit Arisuin. « Je ne pense pas que la société puisse accepter quelque chose comme ça. Tu devrais déjà le savoir sans même me le demander, non ? Mais si tu l’aimes de cette façon, alors je pense que c’est un véritable et magnifique amour. »

Comme d’habitude, Arisuin avait deviné juste.

« Désolé, Alice. Je demande quelque chose de si pathétique..., » déclara Shizuku.

« Mon Dieu, n’est-ce pas quelque chose de bien ? En voyant comment tu penses tellement à lui, je sens que ton amour est quelque chose de vraiment magnifique, » déclara Arisuin.

« Merci. Je ne me sens pas du tout honteuse de ce que je ressens pour lui. Mais, je suis surtout inquiète de savoir si Onii-sama m’acceptera ainsi, » répondit Shizuku.

« Je pense que c’est un concours de patience, » déclara Arisuin. « S’il te chérit en tant que sœur, alors il te sera très difficile de devenir une femme à ses yeux. La princesse possède l’avantage de ne pas avoir à passer au-dessus de cet obstacle. »

« Ooh..., » s’exclama Shizuku.

L’analyse calme d’Arisuin rendit Shizuku triste. En vérité, Shizuku n’était pas une fille dépourvue de sens commun. Elle savait qu’elle ne devrait pas se jeter ainsi sur son frère, mais elle avait besoin de l’approcher encore plus, même si cela signifiait dévisser un peu les vis de sa tête. Elle avait besoin de passé pour Ikki, d’une sœur à une femme, tel était ce qu’il fallait faire. La distance entre eux s’était élargie après quatre ans et si elle ne se rapprochait pas maintenant, elle n’aurait plus aucune chance. Mais même une attaque écrasante repousserait son frère si elle manquait de charme. Il pourrait même, un jour, ne plus l’aimer comme sa sœur. Shizuku était si mal à l’aise à ce sujet qu’elle pouvait tomber en larmes à tout moment.

Arisuin sentit la tristesse de Shizuku.

« Ne fais pas ce visage découragé, » déclara Arisuin. « Car après tout, ta rivale a aussi ses propres obstacles à surmonter, en raison de sa position sociale. Et il n’y a pas un homme qui détesterait être approché par une jeune fille autoritaire. Surtout si la jeune fille est aussi mignonne que toi, c’est d’autant plus excitant. »

Mais est-ce le cas... ? se demanda Shizuku.

Shizuku ne savait pas si elle était le genre de fille qu’Arisuin décrivait, mais si Arisuin disait que les hommes étaient comme ça, alors c’était que cela devait être le cas. Arisuin avait certainement mieux compris les hommes qu’elle.

« Merci, Alice. Je me sens beaucoup mieux maintenant, » déclara Shizuku.

« Il n’y a pas de quoi ~ ♪... Mais quand même, lui faire un baiser comme ça juste après vos retrouvailles était un peu trop osé. Le sais-tu ? Je sais que c’était conçu pour lui démontrer ta volonté, mais si tu fais quelque chose de si grand dès le début, alors tu vas mettre à la place ton partenaire sur la défensive, » déclara Arisuin.

« ... Je le regrette sincèrement, » répondit Shizuku.

« Alors, ceci est correct dans ce cas. Tu dois faire fondre la conscience d’un homme lentement et soigneusement... tout comme un morceau de bonbons sur ta langue. Maintenant, laisse-moi te préparer pour ton rendez-vous de demain. Je vais te faire une cure de jouvence telle que tu n’en as jamais connu auparavant ― ♡, » annonça Arisuin.

« C’est vrai. J’ai Alice avec moi. Je ne vais pas perdre face à cette personne, » déclara Shizuku.

Si sa rivale allait exploiter le fait d’être l’esclave d’Ikki, alors Shizuku utiliserait, au maximum, son statut de sœur. Elle n’était sûrement pas sur le point d’abandonner. Surtout comme elle était la seule qui pouvait comprendre son gentil et solitaire grand frère. Elle ne pouvait pas le laisser à cette fille. Les étrangers ne se souciaient que d’eux-mêmes, mais quant à elle, elle ne trahirait jamais son frère. Elle ne le rendrait jamais triste. Elle resterait à ses côtés pour toujours et ses sentiments allaient durer encore plus longtemps. Voilà pourquoi elle l’avait poursuivi aussi loin.

Jamais... Je laisserais cette fille l’avoir.

Les paroles d’Arisuin avaient ainsi donné du courage à Shizuku et elle avait retrouvé l’énergie qu’elle avait perdue quand Stella avait fait intrusion dans leur rendez-vous.

« Je ferai de mon mieux ! » annonça Shizuku.

« Voilà le bon état d’esprit. Voilà, c’est fini, » déclara Arisuin.

Arisuin avait éteint le sèche-linge et les cheveux d’argent de Shizuku bruissèrent quand elle pencha la tête. Ils étaient totalement différents des fois où elle le faisait elle-même. Lorsque Shizuku avait appris les étonnantes compétences d’Arisuin, elle avait arrêté de se concentrer sur son apparence et avait permis à Arisuin de complètement la gâter.

Je veux faire aussi quelque chose pour Alice, mais..., pensa Shizuku.

Mais que pouvait-elle lui offrir ? Shizuku avait réfléchi à quelque chose et se retourna.

« C’est vrai. Alice, demain, que dirais-tu de venir avec nous pour voir le film ? » demanda Shizuku.

« Oh ! Est-ce correct ? Ne vais-je pas être dans le chemin ? » demanda Arisuin.

« Non, c’est bon. Le rendez-vous a déjà été ruiné au moment où cette personne l’a rejoint, » répondit Shizuku.

« Haha ! Eh bien ! Ceci est aussi vrai. Alors, permets-moi de vous accompagner. J’espérais discuter au moins une fois, avec le frère dont tu es si fière, » déclara Arisuin.

Bon, Alice semble heureuse à ce sujet, pensa Shizuku.

Shizuku envoya donc rapidement un courriel à son frère. Comme Ikki emmenait sa colocataire, alors il devrait comprendre.

« On dirait que demain sera amusant. S’il se révèle être un homme bien, alors peut-être que je vais aussi essayer avec lui, » déclara Arisuin.

« Hein ? Désolée, je ne suis pas sûre d’avoir bien entendu. Pourrais-tu répéter... si tu le peux ? » demanda Shizuku.

« Non, je suis désolé ! C’était juste une blague alors s’il te plaît, arrête de pointer Yoishigure [1] vers mon cou ! » s’écria Arisuin.

Ceci avait beau sembler être une plaisanterie, mais même si Arisuin avait été sérieux, alors Shizuku n’aurait pas pu vraiment le savoir.

Notes

  • 1 Yoishigure, 宵時雨 : « Pluie du Soir ». Dispositif de Shizuku

***

Partie 2

Dans la matinée, ils avaient promis d’aller voir un film avec Shizuku. Ikki Kurogane et Stella Vermillion se tenaient là, patientant, à la porte principale de l’Académie.

Ils ne portaient pas leurs habituels uniformes scolaires. Ikki portait une chemise et un jean confortable tandis que Stella portait un cardigan qui sentait bon le printemps au-dessus d’une blouse blanche élégamment taillée.

« Ikki, ils sont en retard. Qu’est-ce qu’ils font ? » demanda Stella.

« Nous aurions pu partir ensemble si nous étions logés dans le même dortoir. Mais..., » répondit Ikki.

Ikki et Stella vivaient dans le dortoir étudiant numéro un, tandis que Shizuku était dans le dortoir numéro deux, en totale opposition dans le campus, avec, en plus, le bâtiment principal de l’école située entre eux. Voilà pourquoi ils s’étaient donné rendez-vous près de la porte principale, mais l’heure de leur rendez-vous était déjà passée il y a longtemps et Shizuku n’était pas encore arrivée.

« Eh bien, je pense qu’ils seront là dans un instant. Bien que je n’aurais jamais pensé que tu souhaiterais à aller voir un film, » déclara Ikki.

Lorsque Shizuku le lui avait demandé, Stella avait immédiatement sauté hors de son lit en criant : « Je veux aussi y aller ! Je veux certainement y aller ! J’y vais même si tu me dis de ne pas y aller ! » Cela avait été une réaction étonnamment vigoureuse.

« Je ne peux pas te laisser seul avec Shizuku, surtout dans un espace si étroit et si sombre. C’est beaucoup trop dangereux, » répliqua Stella.

« Hein !? Pourquoi est-ce que c’est si dangereux ? » demanda Ikki.

« Comment peux-tu ne pas remarquer une catastrophe à venir ? As-tu oublié ce qui est arrivé le premier jour ? » demanda Stella.

« Ah, ça ― ! » s’exclama Ikki.

Il n’y avait certainement aucun moyen pour Ikki de l’oublier. En vérité, ceci avait été son premier baiser.

« Si c’est ce qui t’inquiète tant, Shizuku ne s’est-elle pas excusée le lendemain ? Elle m’a expliqué qu’elle avait été submergée par l’émotion après m’avoir retrouvé après quatre ans et que ceci avait été reflété dans ses actions. D’ailleurs, je suis juste son frère aîné donc de toute façon, je ne vais certainement pas être dévoré à nouveau, » déclara Ikki.

« ... Si tu ne veux pas être impliqué de cette façon alors, ne sois pas si proche d’elle..., » répliqua Stella.

« Hein ? Qu’as-tu dit ? » demanda Ikki.

« Je t’ai simplement appelé un sis-con, » répliqua Stella.

« Je ne suis pas un sis-con ! Non, Shizuku est ma précieuse petite sœur et je l’aime beaucoup. Mais combien de fois dois-je te dire qu’elle est seulement, ma sœur ? Liée par le sang ! Je ne vais certainement pas commencer à la voir comme une femme juste parce que nous avons été séparés pendant ces quatre ans ! » s’écria Ikki.

« Vraiment ? Ne vas-tu plus être captivé par elle ? » demanda Stella.

« Certainement ! » déclara Ikki.

Il n’y avait aucun moyen pour qu’il puisse être excité après avoir vu sa sœur. Il était pénible de nier quelque chose de si évident, mais au moment où Ikki déplorait le peu de confiance que Stella avait en lui, ceux qu’ils attendaient arrivèrent enfin.

« Onii-sama, je suis désolée de t’avoir fait attendre, » déclara Shizuku.

« Ah ! Shizu ―, » commença Ikki.

« Vous êtes arrivé si tard. Qu’est-ce que vous faisiez avant cela ? » demanda Stella.

Ikki et Stella se retournèrent pour répondre et leurs expressions se figèrent alors que Shizuku s’excusait, baissant la tête pour ce faire.

« Je suis désolée, j’ai pris trop de temps pour choisir ce que je devais porter, » expliqua Shizuku.

Pour une raison inconnue, Shizuku avait l’air encore plus jolie que d’habitude. Elle portait une tenue de Lolita Gothique [1] qui allait à merveille avec ses cheveux d’argent et sa petite taille, augmentant considérablement le charme d’une jeune fille qui était à l’origine telle une poupée de porcelaine. Elle avait l’air beaucoup plus belle dans ces vêtements que dans son uniforme scolaire.

En outre, comme Shizuku avait régulièrement utilisé ce style depuis longtemps, et qu’Ikki était déjà familier avec cela, il ne devrait donc pas sentir quelque chose de spécial à propos de ces vêtements. Mais la magie qui se dégageait de Shizuku ne permettait pas d’ignorer sa beauté.

... B-Belle.

Shizuku se tenait devant lui sous un halo de la lumière provenant du soleil et le paysage autour d’elle semblait fade. Quel genre de magie diabolique avait-elle jeté sur elle, pour pouvoir à ce point, attirer son attention ? Ikki se tut, car sa langue était raide... mais en regardant de plus près, il se rendit compte rapidement que la source de cette sorcellerie était son maquillage. Ses yeux avaient été teints avec de l’ombre à paupières claire et il décela la présence d’un léger rouge à lèvres. De plus, ses sourcils étaient parfaitement mis en force, et quelqu’une de ses mèches d’argent semblait être en train de danser sous l’action de la brise et finalement, l’ensemble dégageait un faible rayonnement argenté, comme si c’était Shizuku elle-même qui était brillante. Tous ces changements avaient amélioré son apparence sans pour autant diminuer son charme, non, ils avaient augmenté ce charme à plusieurs reprises, ce qui faisait que Shizuku ne ressemblait pas à une sœur ni à une enfant, mais plutôt comme une femme fascinante.

Stella hurla à cette vue. « Q-Qu’est-ce que c’est !? Elle triche ! Cette apparence, ce n’est pas le fruit du travail d’amateur ! As-tu fait appel à un styliste !? » 

« Je ne suis pas une princesse, donc je ne saurais tricher et je ne connais pas de styliste. C’est mon colocataire qui m’a aidé, » répondit Shizuku.

« Colocataire ? » demanda Stella.

Ikki cligna des yeux.

« Ah ! Est-ce que tu parles d’Arisuin-san qui vient aujourd’hui avec nous ? » demanda Ikki.

Ils avaient déjà appris son nom dans le courrier de Shizuku. Selon Shizuku, Arisuin était une sorte de « onee-san » [2].

« Oui, Alice devrait être ici dans peu de temps, » répondit Shizuku.

Et alors que Shizuku disait cela, Arisuin apparut finalement derrière elle.

« Mon Dieu. Shizuku, tu es trop rapide. Si tu trébuches, ton maquillage sera ruiné, tu le sais bien, non ? » déclara Arisuin avec un léger ton de reproche dans sa voix.

Mais ―.

« “Hein ?” » s’exclamèrent Ikki et Stella.

Les expressions d’Ikki et de Stella furent congelées à l’instant, parce que peu importe de quel angle ils le regardaient, la personne qui avait fait le maquillage professionnel de Shizuku était... Un homme.

Notes

  • 1  Gothic Lolita : Une sous-culture de la mode féminine japonaise qui implique une robe de style victorien. Le sous-ensemble « gothique » de la mode Lolita souligne les couleurs plus sombres dans les vêtements et le maquillage.

***

Partie 3

 

 

« Hahaha. Ravi de vous rencontrer, et je vous remercie pour l’invitation d’aujourd’hui. Je suis le colocataire de Shizuku, Arisuin Nagi. Je n’aime pas beaucoup qu’on m’appelle par mon nom complet, donc je serais heureux si vous m’appeliez Alice — ♪. » déclara Arisuin.

Le garçon avec une grande et maigre silhouette était habillé tout comme Shizuku. Il avait un type d’apparence du genre « visual-kei [1] ». Il ôta son chapeau melon et les accueillit avec un sourire, tendant la main pour une poignée de main.

« E-Eh, heu, c’est aussi un plaisir de vous rencontrer, » déclara Ikki.

« Ah, oui ! Bonjour... ! » déclara Stella.

Ikki et Stella avaient nerveusement répondu à la salutation, mais ne pouvaient pas cacher leurs inquiétudes et ils commencèrent alors à murmurer entre eux.

« H-Hey Ikki attend, qu’est-ce que cela signifie ? » demanda Stella en murmurant. 

« Heu ! Ceci aussi me trouble, tu sais, » répondit Ikki lui aussi en murmurant.

Tous deux avaient pensé qu’Arisuin était une fille. Mais peu importe la façon dont ils le regardaient, ceci n’était pas vrai. Il était peut-être un peu mince pour un homme, mais pas assez pour le prendre pour une femme. Et en plus, il était plus grand qu’Ikki, probablement, passé les 180 centimètres.

« Son discours et ses gestes sont ceux d’une femme, non ? C’est une blague ? Dois-je en rire ? » demanda Stella.

« Je te dis que je ne peux pas répondre à ces questions, » répondit Ikki.

« Hahaha. Regarde, Shizuku, ils semblent tous deux hypnotisés par ma beauté, » déclara Arisuin.

« Quel genre de pensées positives avez-vous là !? » Stella et Ikki répliquèrent à l’unisson, puis Ikki se gratta le dos de sa tête.

« Heu ! Alice-san ? » demanda Ikki.

« Vous ne devez pas utiliser le “-san”. Je suis mauvais avec les formalités, » déclara Arisuin.

« Alors, Alice... êtes-vous, heu... un Okama [2] ? » demanda Ikki.

« Pas du tout. Je suis juste une jeune fille née dans le corps d’un homme, » répondit Arisuin.

« Q-Quelle est la différence, Stella... !? » demanda Ikki.

« Ne commence pas à me le demander ! » répliqua Stella.,

En regardant les deux qui étaient manifestement mal à l’aise, Shizuku parla. « Est-ce vraiment compliqué pour vous ? »

Comme leurs confusions étaient clairement visibles, Ikki se gratta maladroitement la joue.

« Aha, haha. Eh bien, je savais que des gens comme cela existaient, mais ceci est ma première rencontre avec l’un d’eux et je ne suis pas sûr de savoir comment parler avec eux, donc... désolé, » déclara Ikki.

« Oh, vous n’êtes pas obligé de présenter des excuses. Je suis habitué à cela. Mais Shizuku n’a pas été dérangée du tout, » répondit Arisuin.

Shizuku regarda d’un côté. « C’est parce que je ne me soucie pas vraiment du sexe des autres ―. »

Ikki fut profondément ému par la facilité de Shizuku qui avait déclaré si facilement qu’elle n’avait pas de problème avec Arisuin. Alors que lui ne pouvait pas cacher sa propre stupéfaction d’avoir rencontré quelqu’un du genre Okama.

Je n’ai pas vu Shizuku depuis si longtemps, mais elle a certainement beaucoup mûri. Pensa-t-il.

Avoir un cœur pour permettre des choses qui vont à l’encontre des valeurs communes, c’était quelque chose qu’il avait besoin d’apprendre.

« Peu importe si ce sont des hommes ou des femmes, je n’aime tout simplement pas les humains en général, » annonça Shizuku.

Louanges rétractées. S’il vous plaît, que quelqu’un trouve de la colle pour réparer le cœur éclaté de sa sœur.

« Eh bien, Alice n’est pas une personne du genre qu’on rencontre tous les jours, mais comme il se considère comme une femme alors je fais de même ! Vous deux, Onii-sama et Stella-san, si vous le pouvez, s’il vous plaît, pensez à elle aussi comme une femme et traitez-la ainsi. » déclara Shizuku.

« Je vais essayer de mon mieux, » déclara Ikki.

« Je vous remercie, mais vous ne devez pas vous forcer. Je déteste faire des choses étranges, vous savez, » déclara Arisuin.

Arisuin était assez poli en leur donnant une voie d’évacuation comme celle-là.

« Quoi qu’il en soit, cela signifie que tout le monde est réuni. Nous devrions donc partir pour le cinéma, » déclara Arisuin.

Ikki hocha la tête. « C’est vrai. Rester debout ici serait ennuyeux. »

« Onii-sama, il reste un peu de temps avant que le film commence, alors prenons notre temps, » annonça Shizuku.

Shizuku proposa ceci après avoir regardé sa montre, puis elle enlaça le bras d’Ikki comme si cela était tout à fait naturel. C’était une manière de marcher avec Ikki qu’elle faisait souvent quand ils étaient enfants.

« Wow ! » s’exclama Ikki.

Ikki sursauta. Sa détermination durcie était déjà sur le point de se rompre et franchement la possibilité que Shizuku l’ensorcelle encore aujourd’hui était forte. Il voulait s’éloigner d’elle, mais...

« Mmm, ceci fait bien longtemps depuis la dernière fois que nous avons marché comme cela, n’est-ce pas Onii-sama ? » demanda Shizuku.

« Eh, o-oui. C’est... vrai, » répondit Ikki.

Il ne pouvait rien dire quand Shizuku souriait d’un air si heureux, surtout quand cela lui rappelait le passé. Shizuku aspirait à son amour en tant que sœur. Elle voulait juste se tenir à ses côtés comme dans le passé. Mais il ne pouvait pas la voir comme sa sœur dans des moments comme ceux-là. Son cœur était trop excité.

Mais même si Shizuku ne voulait rien de plus, il n’y avait aucun moyen que Stella puisse laisser passer cela tranquillement. Elle se plaça alors brusquement entre eux.

« Hé ! Que pensez-vous que vous faites si soudainement ? » demanda Stella.

« Qu’est-ce ? Ceci est juste un simple contact [3] entre frère et sœur. Par le passé, nous l’avons souvent utilisé pour marcher côte à côte, » répondit Shizuku Kurogane.

« Ah, heu. Hahaha, c’est vrai, » déclara Ikki.

« A-Alors, moi aussi ―, » déclara Stella.

« Je pensais bien que vous diriez ceci, alors j’ai préparé quelque chose pour vous. Voici, une laisse. S’il vous plaît, utilisez-la pour profiter au maximum du contact d’un esclave avec son maître, » annonça Shizuku.

« Oh, comment pouvez-vous réfléchir ainsi ? Dans ces moments-là, est-ce que votre esprit est tordu !? » demanda Stella.

« Mais marcher aux côtés de votre maître manque de décence, n’est-ce pas. Vous aviez dit que vous m’aviez parlé d’un ton brusque seulement parce que vous êtes l’esclave d’Onii-sama, mais est-ce que vous honorez cette relation correctement ? Je pense que je vois, en ce moment, la vraie princesse Vermillion, » déclara Shizuku.

« Heu ―, » balbutia Stella.

« Non, ceci me va. Si vous voulez tenir la main d’Onii-sama alors vous devriez juste le faire ? C’est correct, car après tout, il possède deux mains. Mais vouloir le faire avec une personne du sexe opposé qui n’est même pas de votre famille, avez-vous des sentiments spéciaux pour lui ? Se pourrait-il que Stella-san soit... d’Onii-sama ― ? » demanda Shizuku.

« II-Il n’y a rien de tout cela ! J’ai simplement perdu un duel avec lui et je suis devenue son esclave, voilà tout ! Telle est notre relation ―, » déclara Stella.

« Donc, il n’y a aucune raison pour vous de lui tenir la main, n’est-ce pas ? » demanda Shizuku.

Et Stella fut très frustrée à la suite de cela.

« Grrr... ! » s’écria Stella.

« Allons-y, Onii-sama ? » demanda Shizuku.

« O-Oui..., » déclara Ikki.

« ... Qu’est-il arrivé à tout ce qui ne devait pas être captivé, sis-con. Pervers..., » s’écria Stella.

Ikki marchait sur la route avec Shizuku à son bras, tandis que les malédictions de Stella martelaient, à plusieurs reprises, son dos. Comment pourrions-nous passer la journée en paix avec ces deux-là ?

Ce fut le début d’une journée, qui restera longtemps dans leurs souvenirs avec un certain malaise.

Notes

  • 1 : Visual kei : Un style de mode qui est associé à des musiciens japonais de sexe masculin de certains genres de rock et de musique pop. Il combine généralement le maquillage flamboyant, les coiffures et les tenues leur donnant une apparence androgyne.
  • 2 : Okama : un travesti ou un homosexuel. Le terme est également utilisé pour décrire un homme efféminé.
  • 3 : Contact : En anglais « skinship ». Représente l’acte d’approfondir ou de renforcer une relation personnelle étroite en se livrant à un contact intime peau à peau.

 

***

Partie 4

Près de l’Académie se trouvait un grand centre commercial et leur destination était un cinéma situé au quatrième et dernier étage de ce centre.

Le groupe n’y alla pas immédiatement, car comme l’avait souligné Shizuku, ils avaient encore du temps restant avant que le film ne commence.

Au quatrième étage, il y avait seulement des magasins de marchandises ainsi qu’un théâtre et donc ils ne devaient pas y aller trop tôt. Au lieu de cela, le groupe se déplaça jusqu’à la zone restauration située au premier étage pour y passer un peu de temps.

« Nn ~. C’est délicieux ~ ! » s’exclama Stella.

La voix de Stella commença à vaciller alors qu’elle goûtait aux crêpes qu’ils avaient achetées sur la recommandation d’Arisuin. Shizuku était d’accord avec elle, grignotant avec sa petite bouche les crêpes se trouvant devant elle.

« Je pensais qu’elles étaient juste ridiculement chères, mais cela en vaut vraiment la peine, » déclara Shizuku.

Arisuin hocha aussi la tête.

« C’est vrai, non ? Les crêpes de ce restaurant utilisent une crème très riche ♪. Mais pour la crème glacée, je vous suggère la boutique de crème glacée numéro 13 qui se trouve au troisième étage, » annonça Arisuin.

« Vous semblez familier avec beaucoup de choses, » déclara Stella.

« Eh bien, visiter ce lieu de temps à autre est très payant. Et la pâtisserie est quelque chose que chaque fille adore. ♪ » répondit Arisuin.

« Si vous êtes à la recherche de quoi que ce soit, Alice est certainement la personne à qui poser les questions sur les pâtisseries ou les beaux vêtements, » déclara Shizuku.

« Je n’ai pas encore vu de magasins qui vendent des robes pour une mignonne princesse, mais pour les sucreries savoureuses, je peux vous indiquer un certain nombre d’endroits. Dois-je être la guide aujourd’hui ? » demanda Arisuin.

« Vraiment ? Wôw, ça sonne comme étant très amusant ! Que savez-vous des autres magasins que vous connaissez ? » demanda Stella.

« Eh bien, il y a un café-restaurant dans ce centre commercial et le tiramisu là-bas est ―, » expliqua Arisuin.

Alors que les filles s’amusaient à manger des crêpes et à discuter à propos de nourritures, Ikki regardait en dehors de leur cercle. Il n’aimait pas tellement les sucreries, et donc il ne pouvait pas trouver un moyen de participer à cette conversation.

Mais Alice avait rapidement pris de l’assurance.

Même Stella, qui avait été très surprise par Arisuin, parlait avec lui de beaucoup plus près que ce qu’elle faisait avec les garçons de leur classe. Arisuin pouvait vraiment être le type Onee-san, bien que les filles seraient probablement tombées amoureuses par sa seule beauté.

Alors qu’Ikki savourait lentement son café glacé dans la solitude, il remarqua un peu de crème collée sur la joue de Shizuku.

Uh, oh.

Ceci allait ruiner son maquillage. Bien sûr, Ikki était nerveux au sujet de l’apparence de Shizuku, mais il était soulagé et reconnaissant de ne plus être captivé par elle.

... Mais quand même, le maquillage avait pris bien trop de temps pour se faire que cela serait une perte de temps.

« Hey, Shizuku, » déclara Ikki.

« Oui ? Que se passe-t-il ? » demanda Shizuku.

Lorsque Shizuku se tourna vers lui, il essuya la crème de sa joue avec son doigt et ―.

« C’était sur ton visage. Puisque tu as pris la peine de te maquiller si bien, tu devrais être plus prudente, » déclara Ikki.

Il lécha son doigt sans aucune hésitation.

Tout le corps de Shizuku devint rouge comme si elle avait fait irruption dans les flammes et elle se précipita derrière la chaise d’Arisuin. Se cacher derrière quelque chose chaque fois qu’elle était gênée était l’une des plus vieilles habitudes de Shizuku.

« Est-ce que cela va aller ? Peut-être que Shizuku est le genre de personne à tous mettre en attaque, avec rien en défense ? » demanda Arisuin.

« Ta-Ta-Tais-toi Alice ! Il est arrivé si soudainement que cela m’a juste un peu surprise ! » s’écria Shizuku.

Ikki regarda Shizuku bégayer en se cachant derrière Alice.

« Tu ne devrais vraiment pas être embarrassée par juste pour un peu de crème, » déclara Ikki.

Alice avait souri face à ce commentaire.

« Je ne pense pas que cela soit la raison, mais c’est un excellent travail, le grand frère, » déclara Arisuin.

« Oh ? Alors pourquoi ? » demanda Ikki.

« Hahaha ―. ♪ Ce n’est pas quelque chose que vous devriez entendre de moi, » répondit Arisuin.

Arisuin esquiva sa question en douceur. Et de l’autre côté de la table, Stella commença à tousser violemment.

« Pardon pardon, » déclara Stella.

« Hein, Stella ? Quelle est la question ? As-tu pris froid ? » demanda Ikki.

Lorsqu’Ikki se retourna, il vit toute la bouche de Stella couverte de crème, comme si elle portait une barbe du père Noël.

« Quel est le problème, Ikki ? Tu as l’air tellement choqué. Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? » demanda Stella.

« Penses-tu qu’il n’y a rien ? !? C’est encore plus choquant ! » s’écria Ikki.

« SS-S’il y a quelque chose... Alors... Alors... Ne pourrais-tu pas le nettoyer, comme tu l’as fait pour Shizuku ? » demanda Stella.

« Non, ce n’est pas une quantité que je peux nettoyer avec mon doigt ! Je vais chercher une serviette. Alors attends un moment, » déclara Ikki.

« Hein ? Mais ― Heuuu ! » s’exclama Stella.

Sans laisser le temps pour que Stella termine sa phrase, Ikki alla emprunter une serviette à un employé du magasin.

« ... Hum. Stella-san... Se pourrait-il... que vous soyez une idiote ? » demanda Shizuku.

« Oh, c’est quelque chose de si maladroitement mignon que cela me donne envie de vous aider vous aussi, » déclara Arisuin.

« Ta-Ta-Taisez-vous ! Ce n’est pas comme j’avais eu un motif secret, ou quoi que ce soit du genre ! Ma main a juste glissé et c’est arrivé sur ma bouche ! Voilà, c’est tout ! Vraiment ! » s’exclama Stella.

***

Partie 5

Après que les quatre aient terminé de manger leurs crêpes, ils finirent par bavarder jusqu’à ce que le film soit sur le point de commencer.

« Il semble que cela soit bientôt l’heure. Alors allons au quatrième étage, » déclara Shizuku.

Lorsque Shizuku proposa cela, ils étaient prêts à quitter la zone quand Stella souleva une question très importante.

« Hey, Ikki, quel est le film que nous allons voir aujourd’hui ? » demanda Stella.

« Je ne le sais pas encore, » répondit Ikki.

Après tout, l’invitation était venue de la mignonne petite sœur qu’Ikki n’avait pas vue depuis quatre ans. Il ne lui refuserait rien dans tous les cas et donc il n’avait pas demandé ce détail.

« ... Alors pourquoi alors es-tu venu ici ? » demanda Stella.

« Ne devrais-je pas aussi te demander la même chose ? » demanda Ikki.

« Je suis seulement ici pour vous chaperonner, donc c’est très bien comme cela. Shizuku, quel est le film que nous allons regarder ? » demanda Stella.

« C’est juste une histoire d’amour tout à fait normale, » répondit Shizuku.

« Bien sûr, c’était donc ainsi. Tu vois ? J’avais aussi raison de venir ! » répliqua Stella.

Stella soupira.

« Et le titre ? » demanda Stella.

« Je suis tombé amoureux de ma petite sœur. Classé R-15 [1], » répondit Shizuku.

« Comment est-ce que ceci pourrait être une histoire d’amour normale !? » s’écria Stella.

« C’est un amour qui est normal et pur, si cela ne vous dérange pas qu’ils soient frères et sœurs, » répliqua Shizuku.

« Comment est-ce que quelque chose de si immoral peut-elle être appelée pure !? » demanda Stella. « Et comment est-ce que vous pouvez avoir si peu de sens moral !? Et en plus, vous avez le culot d’essayer de voir ce genre de choses avec votre frère ! Croyiez-vous que l’atmosphère va être normale ? Ceci ira bien au-delà de la simple surprise ! »

« Je ne veux pas entendre un exposé venant de quelqu’un qui se déclare elle-même être une esclave devant tous ses camarades de classe, » répliqua Shizuku.

Ceci était tout à fait une réplique correcte, mais Ikki n’avait pas si peu de bons sens pour aller voir un film comme celui-ci, seul avec sa petite sœur.

« Shi-Shizuku... Pouvons-nous ne pas aller regarder ce film ? » demanda Ikki.

« Eh ~ ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Shizuku.

« S’il vous plaît, expliquez-moi ce qui est correct dans ce genre d’histoires, » demanda Stella.

Ce serait terrible s’il avait dû aller voir une histoire d’amour coter R-15 sur une relation fraternelle interdite avec sa petite sœur, non ?

« Q-Quoi qu’il en soit, je ne peux pas aller voir cela ! Regardons quelque chose d’autre ! » déclara Ikki.

« Hmm ! Si c’est toi qui ne veux pas aller le voir, je suppose que je vais devoir l’accepter. Dans ce cas, qu’est-ce que nous allons regarder ? » demanda Shizuku.

Shizuku utilisa son terminal étudiant pour accéder au site du cinéma et Stella exprima une préférence.

« Ah ! Est-ce que celui-là n’est pas mieux ? Karna, la Reine du désert. C’est un film d’animation où la princesse Karna est kidnappée par des bandits du désert, mais finit par tomber amoureuse du jeune chef des bandits. Ceci ressemble bien à un film romantique, » déclara Stella.

« Rejeté, » répliqua froidement Shizuku.

« Pourquoi !? » s’écria Stella.

« Je ne veux pas voir un film avec une chienne qui ouvre ses jambes pour un loubard qu’elle ne connaît pas vraiment, » répliqua Shizuku.

« Ceci vaut bien mieux qu’un film perverti où les frères et sœurs font ceci et cela ! » s’écria Stella.

Alice soupira.

« Eh bien, il semble que nous ne trouvions pas de compromis, même si nous nous disputons encore plus. Que diriez-vous de faire un compromis et d’aller voir Le Paradis Perdu des Hommes ? C’est aussi un R-15, » proposa Arisuin.

« Qui a dit qu’on voulait faire des compromis sur le sexe !? » s’écrièrent Stella et Shizuku.

La réponse de Stella et Shizuku fut en parfaite harmonie. Peut-être qu’elles pourraient s’entendre plutôt bien finalement. Alice fit la moue face à cette double réplique.

« Comme vous êtes inflexible ! Alors, dans ce cas, il n’y a plus qu’une seule option, un film d’action, » proposa Arisuin.

Ikki regarda sa montre. « Cependant, il n’y a plus beaucoup de temps avant que celui-là ne commence. »

« C’est inévitable, car c’est après tout un petit cinéma, » déclara Arisuin.

« Mais je pense que les garçons et les filles peuvent profiter tous les deux d’un film d’action. Est-ce que cela vous va à toutes les deux ? » demanda Ikki.

« Arg ! C’est regrettable, mais si c’est Onii-sama qui le demande..., » déclara Shizuku.

« Nous ne disposons pas d’autres choix. Mais vu que j’aime aussi l’action, je suppose que cela sera très bien, » répondit Stella.

Alice hocha la tête à la suite des réponses de Shizuku et de Stella.

« Alors nous devrions y aller maintenant. Le film va bientôt commencer et donc nous allons devoir nous dépêcher un peu, » déclara Arisuin.

« Alice, à propos du film, quel est le titre ? » demanda Shizuku.

« Gandhi, le Nirvana de la Rage, » répondit Arisuin.

Sur le site, sur l’affiche du film, sous le mot Gandhi, on pouvait voir un homme portant un débardeur et qui transportait des armes lourdes, et avec à l’arrière de l’image, des flammes. Le slogan du film était. « Avez-vous dit que le pardon était un signe de force ? C’est un mensonge ! »

« Qu’est-ce que c’est !? Je veux le voir ! » annonça Stella.

Attirés par l’image exagérée, ils étaient finalement facilement parvenus à un consensus. Les quatre se dirigèrent donc vers l’escalier qui montait jusqu’au quatrième étage. Mais au moment où ils avaient atteint le troisième étage, Ikki annonça.

« Désolé à tous, je dois aller aux toilettes. S’il vous plaît, allez acheter le billet pour moi, » déclara Ikki.

Arisuin avait également suivi Ikki.

« Oh ! Mon Dieu, je crois que je vais vous rejoindre, » annonça Arisuin.

Stella et Shizuku acquiescèrent.

« D’accord ! Nous y allons en première, et nous irons aussi acheter les vôtres. Vous nous les rembourserez plus tard, » déclara Stella.

« Et s’il vous plaît, revenez avant que le film ne commence. Vous savez qu’il ne reste plus beaucoup de temps, » déclara Shizuku.

« D’accord, nous reviendrons dès que nous le pourrons, » répondit Ikki.

« Shizuku ! Shizuku ! Je veux un siège à côté d’Ikki ~ ♪ , » déclara Arisuin.

« Onii-sama, nous allons acheter des billets que pour trois, » annonça Shizuku.

« Non ! C’était une blague, une blague ! » répliqua Arisuin.

Stella et Shizuku partirent d’un côté, tandis que les deux garçons se dirigèrent vers les toilettes du troisième étage.

« Hahaha ~ ♪ enfin, on est juste nous deux, » déclara Arisuin.

Ikki grimaça en entendant les paroles d’Arisuin.

« Euh, si vous le dites comme cela..., » déclara Ikki.

« Hein ? Est-ce que c’était une excuse le fait d’aller aux toilettes ? » demanda Arisuin.

« Vous avez tout à fait tort ! » déclara Ikki.

« Vous savez, je plaisantais. Vous êtes vraiment facile à taquiner, » déclara Arisuin.

« ... Je suis désolé, c’est la première fois que je parle avec quelqu’un comme vous, donc il se peut que je ne saisisse pas bien les distances..., » répondit Ikki.

« Vous avez juste à me traiter comme une fille ― normale, » déclara Arisuin.

Oui, mais ceci était impossible.

« Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas intéressé par les hommes hétérosexuels, » déclara Arisuin.

« V-Vraiment !? » demanda Ikki.

« En d’autres termes, je ne suis pas sexuellement intéressé par vous, » expliqua Arisuin.

« O-Oh, voilà donc ce que vous vouliez me dire. Oui, cela m’aide, cela m’aide même vraiment beaucoup, » déclara Ikki.

« Mais il est vrai que je voulais parler avec vous en tête à tête. J’ai entendu beaucoup de choses de Shizuku et donc je me demandais quel genre de personne vous êtes, » déclara Arisuin.

« Vous savez, je suis également intéressé par vous, » déclara Ikki.

« Oh par moi ? Moi moi moi ! En voilà une surprise ! Alors, devrions-nous tous les deux aller voir le film ensemble : Le Paradis Perdu des Hommes ? » demanda Arisuin.

« Pas de cette façon ! C’est juste que, vous savez, Shizuku, est vraiment timide alors elle ne se fait pas facilement d’amis, surtout avec les garçons, donc j’étais curieux, » expliqua Ikki.

« Eh bien, je suis juste une fille ordinaire... Hey, qu’est-ce que ce regard ? Avez-vous une objection ? » demanda Arisuin.

« Non pas vraiment, » répondit Ikki.

Est-il sérieux ? Le dit-il sérieusement ?

Il était vraiment impossible de savoir comment les gens de ce type pensaient réellement après en avoir rencontré un que depuis si peu de temps. Ikki savait qu’il ne devrait pas intervenir sans préparation dans un sujet qu’il ne comprenait pas, alors il changea rapidement de sujet.

« À propos des choses me concernant que vous avez entendues parler par Shizuku, quelles sortes d’histoires étaient-ils ? » demanda Ikki.

« C’est un secret entre filles, » répondit Arisuin.

Arisuin mit un long doigt mince tel celui d’un pianiste devant ses lèvres. Ceci pouvait paraître impoli, et Ikki se figea tout en continuant à être dérangé par ce genre de comportement. Heureusement, Arisuin avait fini par céder.

« ... Mais elle m’a dit qu’Ikki Kurogane était un homme très fort et intéressant. Après vous avoir rencontré aujourd’hui, je suis d’accord avec elle. Vous êtes tout comme elle me l’a décrit. Mais quelque chose me dérange. Puis-je vous demander quelque chose ? » demanda Arisuin.

« Bien sûr, » répondit Ikki.

« Est-il vrai que vous n’avez pas pu participer aux combats à cause de l’ingérence de votre famille ? » demanda Arisuin.

« O-Oui, l’école m’a interdit de le faire. De même que pour les classes de cours pratique, ainsi que les simulacres de batailles, » répondit Ikki.

Ikki se demandait si Shizuku avait également parlé du différend entre lui et le clan Kurogane, même si ceci était considéré comme une honte familiale inadaptée aux commérages. Shizuku, faisant toujours partie du clan Kurogane, n’aurait pas partagé cela à Arisuin si elle ne lui faisait pas entièrement confiance.

« Mais c’est revenu dans un état normal cette année. La nouvelle directrice a changé les règlements, » continua Ikki.

« N’est-ce pas dans ce cas juste de la chance ? Qu’auriez-vous fait si la directrice n’était pas venue ? » demanda Arisuin.

« J’aurais fait le maximum, comme d’habitude. Après tout, je ne savais rien à propos de sa nomination ou de ses plans quand j’ai décidé de recommencer l’année, » répondit Ikki.

« Vous ne pensez pas qu’en faisant la même chose pour une autre année que cela n’aurait pas été inutile ? » demanda Arisuin.

« Pas du tout. Je crois qu’Alice le sait déjà, mais les enseignants de l’Académie sont des professionnels. Ils peuvent saisir la force d’un étudiant juste en les regardant. Et pour une académie de Chevalier-Mage, il n’y a rien de plus remarquable que la production d’un Roi des Épées des Sept Étoiles. Tout ce que j’aurais dû faire était de convaincre les enseignants que je pouvais atteindre ce niveau. J’aurais donc dû devenir assez fort pour leur faire réaliser cela, peu importe combien d’années il m’aurait fallu, » répondit Ikki.

Avec beaucoup d’efforts, il se serait rendu si précieux que Hagun n’aurait pas pu le vendre à la maison Kurogane. Comme toujours, Ikki avait gardé sa forte conviction.

« Mais je suis reconnaissant envers la nouvelle directrice. Même moi, je ne voudrais pas passer par tant de peines s’il y a une autre route plus facile, » continua Ikki.

« Je vois. Je comprends maintenant, » déclara Arisuin.

Pendant un moment, Ikki vit quelque chose dans les yeux d’Arisuin comme si Arisuin regardait cela d’un point de vue extérieur. Il avait... pitié.

« Ikki... vous... vous avez pris l’habitude d’être blessé, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

« Alice ? » demanda Ikki.

« C’est quelque chose provenant de ma propre expérience, donc il se pourrait que cela ne s’applique pas à vous. La force est, à la fin, la quantité que vous êtes en mesure d’endurer. Si vous ne permettez pas à cette force de se relâcher de temps en temps et que vous continuez de vous battre avec ce fardeau, un jour vous vous casserez si durement que vous ne pourrez plus être réparé. Normalement, le cœur crie avec toute sa colère, sa tristesse et son irritation, en disant “je veux que quelqu’un connaisse ma douleur” et “je veux que quelqu’un comprenne mon chagrin”. Mais vous avez gardé cela en vous si longtemps que vous n’entendez même plus ce cri, » déclara Arisuin.

Ikki fut surpris par ces mots. Il ne pouvait pas les comprendre même si le visage d’Arisuin s’était fermé comme s’il était en deuil.

« ... H-Heu, cependant, je ne pense pas que ce soit le cas, » déclara Ikki.

Ikki ne manquait pas de telles émotions et il y avait certainement des moments où il se sentait en colère ou triste. Mais Arisuin secoua la tête.

« Non, vous ne pouvez pas l’entendre. Du moins, vous ne pouvez pas le faire en ce moment. Je veux dire, si vous le pouviez, alors comment pourriez-vous rester si calme ? Comment pourriez-vous sourire si facilement ? » demanda Arisuin.

Exactement, je n’ai jamais eu une vie si facile jusqu’à maintenant, pensa Ikki.

Mais tout de même, Arisuin réfléchissait probablement trop à cela et Ikki ne pouvait pas faire beaucoup plus qu’afficher un sourire inquiet dans le cas où Arisuin parlerait sérieusement avec ce visage triste. Arisuin soupira en voyant l’expression confuse d’Ikki.

Eh bien, il n’y a aucune chance que mes paroles puisse l’atteindre, se dit Arisuin.

Quel poids ces mots pouvaient-ils posséder ? Ikki était un étranger qu’Arisuin venait à peine de rencontrer aujourd’hui. Donc même si Arisuin savait qu’il n’y arriverait sûrement pas, il avait quand même fini par essayer de toute façon. Il voulait faire ouvrir les yeux d’Ikki, parce que non seulement Ikki Kurogane était important pour Shizuku, mais Arisuin pensait lui aussi qu’il était une personne agréable.

En fin de compte, Arisuin fit un sourire encourageant et embrassa le chapelet d’argent accroché à son cou.

« Il serait bien si quelqu’un qui peut entendre ce cri pour vous apparaissait. Je le prie du fond de mon cœur, en tant que votre ami, » déclara Arisuin.

Mais cette époque, Ikki ne put pas saisir cette prière. Était-il censé remercier Arisuin ? Il ne put pas s’empêcher d’être confus. Mais de toute façon, les mots d’Arisuin restèrent dans son esprit, et ils continuèrent à faire écho comme s’ils étaient comme une sorte de révélation.

Tout à coup, l’expression d’Arisuin se durcit. Ce n’était plus l’expression triste qu’il avait eue avant, mais une expression remplie d’inquiétude. Il commença à analyser leur environnement.

« Alice ? » demanda Ikki.

« Ikki, pourriez-vous me suivre pendant un petit moment ? » demanda Arisuin.

Arisuin attrapa le bras d’Ikki et se précipita en avant.

« Hein ? E-Eh !? » s’exclama Ikki.

« Il suffit de me suivre, » répondit Arisuin.

Sans écouter les plaintes d’Ikki, Arisuin se précipita vers les toilettes où ils se dirigeaient déjà avant. Peut-être qu’il ne pouvait plus se retenir ?

Juste au moment où Ikki pensait ceci, il entendit une explosion, des bris de verre... et des coups de feu accompagnés de cris.

Notes

  • 1 R-15 : les films japonais sont évalués selon la « Motion Code Image » du comité d’éthique, inspiré par le système de notation américaine, avec les catégories suivantes : G, PG-12, R-15 et R-18.

***

Partie 6

Deux hommes portant des uniformes de combat noirs et des masques à gaz entrèrent alors dans la salle de bain où Ikki et Arisuin se cachaient.

« Eh bien, tout ce qui reste à vérifier est les toilettes des hommes. Je vais voir dans les cabines. Attends-moi ici, » déclara le premier homme.

« Bah, pourquoi doit-on les vérifier une par une ? » demanda le second.

« H-Hey ! » s’écria le premier.

L’homme avec le ton désinvolte ignora son partenaire, pointa le canon de son fusil d’assaut M4 vers les cabines et balaya ensuite la salle en tirant en mode automatique. Au moment où les tirs eurent cessé, toutes les portes des toilettes avaient été détruites. Personne n’aurait pu s’en sortir indemne. Aucun sang ne s’écoulait de l’une des portes.

« Tu vois ? Personne ne s’y trouvait, » déclara le deuxième individu.

« Ne fais pas des choses de manière si paresseuse ! Nous sommes censés prendre en otage les clients, merde ! » s’écria le premier.

« Je voulais juste tirer avec une arme à feu. N’es-tu pas d’accord, car de toute façon il n’y a pas de sang ? Donc, ils étaient vides. Hahaha, » déclara le deuxième.

« ... Si Bischof-san te tue à cause de cela, cela ne sera pas mon problème, » répliqua le premier.

Le son d’un rire inquiétant suivit le départ des deux hommes, ne laissant que des débris et une odeur de brûlé dans les toilettes. Mais à partir des ombres projetées par des plafonniers fluorescents, Arisuin et Ikki sortirent leurs têtes comme si cela était de l’eau noire. Après avoir confirmé que leurs ennemis avaient bien quitté les lieux, Arisuin sortit de l’ombre.

« Hmm, on dirait qu’ils sont partis, » déclara Arisuin.

Dans sa main, un poignard brillait d’un éclat gris foncé.

« Voilà mon Hermite de l’Obscurité [1]. Très pratique, non ? » demanda Arisuin.

« Le pouvoir de manipuler les ombres ? C’est certainement utile, » déclara Ikki.

« Eh bien, dans une arène bien éclairée, sans aucun obstacle pour faire des ombres, ce n’est pas tout à fait si intéressant, » déclara Arisuin.

Ikki avait deviné la même chose. Ce pouvoir était mieux adapté pour les assassins que pour les chevaliers.

« Mais si quelqu’un découvre que vous avez utilisé votre Dispositif en dehors du campus, vous aurez des ennuis, » déclara Ikki.

« Les situations exigent certaines choses dont elles ont besoin. Je n’avais pas le choix. Bien que ceci serait bien si vous ne le dites à personne, » déclara Arisuin.

Arisuin offrit son autre main à Ikki et quand Ikki l’avait attrapé, Arisuin le tira hors de l’ombre.

« Je ne vais pas dire quoi que ce soit. Merci de nous avoir sauvés. Mais qui sont ces gars ? » demanda Ikki.

« La Rébellion, » répondit Arisuin.

Les yeux d’Ikki s’écarquillèrent face à la réponse sans aucune hésitation d’Arisuin. La Rébellion était le syndicat du crime le plus infâme du monde. Ils étaient appelés les « Blazers Élus », une nouvelle race choisie qui considérerait l’humanité comme inférieure et qui voulait détruire la société afin qu’ils puissent construire leur propre paradis où les rares élus régneraient sur le peuple.

« Comment saviez-vous qu’ils sont de la rébellion ? » demanda Ikki.

« J’ai été entraîné dans quelque chose d’identique à maintenant où j’avais l’habitude de vivre avant et leur équipement était exactement pareil. Plus important encore, je suis préoccupé pour Shizuku, » répondit Arisuin.

« Oui, mais il y a quelque chose que nous devrions faire en premier, » déclara Ikki.

Ikki sortit alors son terminal étudiant et composa un numéro d’urgence qu’il avait enregistré au préalable. L’appel se connecta immédiatement et le visage familier de la directrice de l’Académie Hagun, Kurono Shinguuji, apparut alors à l’écran.

« Je suis déjà au courant de la situation, » annonça Kurono.

Kurono avait immédiatement fourni des explications. Il semblerait que le problème était déjà connu en dehors du centre commercial.

« Cela nous aiderait beaucoup. Alors s’il vous plaît, donnez à Ikki Kurogane, Stella Vermillion, Shizuku Kurogane et Nagi Arisuin, la permission d’utiliser leurs Dispositifs en dehors du campus, » demanda Ikki.

« Très bien, je vous autorise, vous quatre, à utiliser vos capacités en dehors du terrain de l’école, » annonça Kurono.

« Génial. Ceci va nous permettre de nous occuper des choses les plus critiques, » déclara Ikki.

Après qu’Ikki ait terminé, Arisuin parla aussi. « Directrice, pouvez-vous nous dire ce que vous savez de la situation ? »

« Les coupables sont de la Rébellion, environ vingt à trente unités, toutes équipées d’armes. Leurs objectifs sont l’argent de la rançon ainsi que les marchandises et l’argent trouvé dans le centre commercial. En gros, c’est leur collecte de fonds périodique, » répondit Kurono.

« Y a-t-il déjà des victimes ? » demanda Arisuin.

« Quelques personnes ont été amochées en s’échappant à l’agitation qui a eu lieu, de sorte qu’il s’agit seulement de quelques blessures légères. Toujours pas de morts ou de blessés graves. Selon les images que nous avons prises à partir des caméras de sécurité, la Rébellion a rassemblé environ cinquante otages dans l’aire de restauration, » répondit Kurono.

« Aire de restauration... où nous avons mangé nos crêpes ? » demanda Arisuin.

Ikki hocha la tête.

« Oui ! Cette place, » répondit Ikki.

« Je peux aller jusque-là avec ma Marche des Ombres [2]. Nous pouvons y arriver immédiatement, » annonça Arisuin.

« Alors, nous allons d’abord passer à un endroit où nous pourrons nous dissimuler et observer la situation. Stella et Shizuku seront probablement là-bas aussi, » déclara Ikki.

Ces deux-là n’auraient jamais abandonné les otages et pris la fuite. Elles s’étaient sans doute mélangées avec les otages tout en cachant leur pouvoir magique.

« Je pense que vous le savez déjà, mais la sécurité des otages passe en premier. Ne prenez pas trop de risques, » déclara Kurono.

Remerciant les conseils de Kurono, Ikki coupa son terminal pour s’assurer qu’il ne ferait plus aucun bruit.

« D’accord, nous pouvons y aller, » déclara Ikki.

« Laissez-moi faire, » répondit Arisuin.

Arisuin serra la main tendue d’Ikki et ils sombrèrent immédiatement dans leurs ombres. Se raccordant d’ombre en ombre comme s’ils suivaient un cours d’eau. La Marche des Ombres ne pouvait être contrôlée que par Arisuin, l’utilisateur du Dispositif Hermite de l’Obscurité, alors Ikki retenait son souffle et nagea à travers les ombres tout comme Arisuin le faisait.

« Nous sommes arrivés, » annonça Arisuin.

Après avoir nagé dans l’obscurité pendant une courte période, ils atteignirent un endroit surplombant l’aire de restauration, à l’ombre d’une colonne dans la cour du troisième étage donnant une vue d’ensemble de la zone. Arrêtant la Marche des Ombres et commençant à observer, Ikki et Arisuin confirmèrent rapidement les informations de Kurono. Les otages étaient rassemblés là-dessous, entourés d’une dizaine de personnes portant les mêmes uniformes de combat noirs qu’ils avaient vue auparavant.

« Ikki, là-bas, » murmura Arisuin.

Dans la direction qu’Arisuin pointait, le visage de Shizuku était visible parmi les otages.

« Mais je ne vois pas Stella-chan, » continua Arisuin.

« ... Eh bien, elle est là à côté de Shizuku, celle avec le grand chapeau. Elle est célèbre en tant que Chevalier-Mage, de sorte qu’elle doit se cacher, » expliqua Ikki.

« Maintenant que vous le dites, elle est apparue dans les journaux, non ? Alors la situation n’est pas très bonne, » déclara Arisuin.

« Oui, les otages sont placés trop près des criminels. Si nous attaquons brusquement, les otages vont certainement être blessés. Et d’ailleurs, le nombre de troupes de la Rébellion ne correspond pas en nombre, » déclara Ikki.

« Peut-être qu’ils agissent en équipes ? Nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre pour l’instant, » annonça Arisuin.

Même si la rébellion agissait en escouades, la proportion de troupes de la rébellion par rapport au nombre d’otages était un peu trop élevée, ce qui serait un problème pour les otages s’ils tentaient de s’échapper. Ils devaient attendre d’avoir une meilleure occasion, donc ils décidèrent de rester assis et de continuer à observer pour le moment, mais la situation changea rapidement d’une manière qu’ils ne pouvaient pas imaginer.

 

« N’embêtez pas ma maman ! »

 

Soudain, un garçon de l’âge d’un élève de la maternelle se précipita vers un soldat armé de la rébellion.

Oh non !

C’était mauvais, mais ils n’étaient pas en mesure d’arrêter le garçon, qui avait crié et jetait maintenant sa crème glacée qu’il tenait sur l’homme, éclaboussant l’homme de blanc. Ceci ne pouvait pas faire tomber l’homme, mais c’était plus que suffisant pour provoquer l’ennemi.

« Toi le sale gosse ! »

Le soldat cria de rage, puis il frappa sans hésitation le garçon qui n’était même pas assez grand pour atteindre sa taille.

« Ahh, Shinji ! »

Une femme dans la vingtaine, probablement la mère du garçon, se précipita hors du cercle des otages. Son abdomen était bombé, mais elle bougeait si vite que l’on ne pouvait pas penser qu’elle était enceinte et elle s’interposa désespérément entre le garçon et le soldat.

« Hors de mon chemin, Femme ! Ne te mêle pas de cela ! »

« Je suis désolée, je suis désolée, c’est juste un enfant ! S’il vous plaît, pardonnez-nous ! »

Un autre soldat de Rébellion regarda en direction du bruit.

« Hey, qu’est-ce que tu fais !? »

« Ce putain de morveux a lancé de la crème glacée sur mes vêtements ! Je vais le tuer ! »

« Quel est ton problème !? Combien de fois t’ai-je dit de ne pas toucher les otages, mon Dieu !? Tu peux mourir, mais si tu fâches Bischof-san, il ne s’arrêtera pas avant d’avoir tué une bonne douzaine de personnes. Ne nous implique pas dans ton gâchis ! »

« Tais-toi ! Il y a beaucoup de personnes parmi nous à qui cela ne pose pas de problèmes si nous en tuons un ou deux ! »

Après cela, le soldat se retourna et pointa le canon de son fusil vers le garçon et la jeune femme.

« Non, je vous en prie ! Épargnez-nous ! »

« Pensez-vous que les porcs qui osent salir un citoyen d’honneur comme moi peuvent être dans notre utopie ? Vous allez payer pour cela avec votre vie ! »

Il mit alors le doigt sur la gâchette, sans aucune hésitation et une balle de plomb sorti du canon. Pour protéger son fils, la mère enceinte le protégea avec son dos. Mais c’était totalement inutile. La balle allait transpercer le corps de la femme pour ensuite frapper l’enfant juste après.

Mais la balle n’atteignit jamais la mère parce que les flammes de Stella brûlèrent le projectile ainsi que les grains de poussière qui étaient sortis de la bouche du canon de l’arme.

Notes

  • 1 Hermite de l’Obscurité : Il utilise le kanji 黒き隠者, Kuroki Inja (« Black Hermit »).
  • 2 Marche des Ombres  : Il utilise le kanji 日陰道, Hikagedou (« Chemin de l’ombre »)

***

Partie 7

« Il est préférable que je sorte seule... De toute manière, j’aurais été découverte tôt ou tard... Alors tout va bien. S’ils savent qui je suis, ils ne vont certainement pas me tuer tout de suite... Voilà pourquoi vous devez rester cacher et faire les préparatifs au cas où, » déclara Stella.

Après avoir arrêté Shizuku avec ces mots, Stella fit brûler la balle en l’interceptant avec ses flammes. Les soldats rebelles devinrent confus en réponse à cette soudaine menace.

« Un Blazer !? »

« Merde ! »

Ils se tournèrent alors par réflexe vers Stella, puis firent feu à l’unisson, à l’aide de leurs fusils. Une tempête de balles jaillit alors vers elle.

« Robe de l’Impératrice [1], » cria Stella.

Une robe composée de flammes recouvrit instantanément Stella. Permettant ainsi de vaporiser au passage toutes les balles avant qu’elles ne puissent atteint son corps. Mais ―.

« Aiiieeeee ! »

Les otages commencèrent alors à paniquer à cause de la soudaine fusillade. Les fusils M4 n’avaient pas une précision parfaite. Et à ce rythme, les otages allaient tôt ou tard finir par être eux aussi touchés.

« Que tout le monde se calme !! » déclara Stella.

Une voix pleine de dignité retentit au-dessus des bruits de coups de feu et des cris et cela eut pour effet d’immédiatement attirer l’attention de toutes les personnes présentes que cela leur plaise ou non. Les otages qui se préparaient à fuir se figèrent sur place tandis que les soldats de la Rébellion se raidirent comme des enfants grondés.

« Je ne veux pas me battre contre vous, donc s’il vous plaît calmez-vous et écoutez ce que j’ai à dire, » déclara Stella.

Ceci les calma pour le moment.

Quant à elle, Stella se sentait parfaitement calme quand elle leur parlait. Au Japon, elle était peut-être une simple étudiante, mais elle était aussi une princesse de l’Empire Vermillion. Elle connaissait donc un peu le fonctionnement de l’organisation criminelle internationale connu sous le nom de la Rébellion, y compris la façon dont ils organisaient leurs unités d’interventions. Même si la rébellion était largement connue comme étant une organisation de Blazers, en vérité, la majorité de ses membres étaient des non-Blazers dénommés « adhérents ». Dans le nouvel ordre mondial que la rébellion voulait créer, les « apôtres », qui eux sont des Blazers, étaient en fait une minorité. Les unités Rébellion se composaient de ce petit groupe de Blazers en tant que commandant, et de non-Blazers en tant que soldat.

Chaque soldat de la Rébellion ici était un Adhérent, de sorte que l’Apôtre qui les contrôlait était probablement quelque part à proximité.

Il ne devrait y avoir qu’un seul apôtre pour une opération de cette taille. Je ne devais donc pas agir inconsidérément avant qu’il ne soit découvert.

Se montrer dans une telle situation était un inconvénient majeur. Mais avec cela en tête, Stella, encore une fois, jeta un regard acéré vers les soldats.

« Je représente les otages et je veux négocier avec votre chef, » déclara Stella.

« Q-Qu’est-ce que cette fille dit !? Vous, comment allez ―, » commença un soldat.

Il semblerait que les soldats ne l’aient pas encore reconnu, de sorte que Stella enleva le chapeau qu’elle avait emprunté dans un magasin.

« Je suis ―, » déclara Stella.

 

« Oh, Oh génial ~ ? Il semblerait que nous ayons un VIP étranger ici. »

 

Une voix interrompit Stella avant qu’elle ne puisse révéler son identité. En regardant dans la direction de cette voix, elle vit un homme debout avec un groupe d’une dizaine de soldats entièrement armés à ses côtés. Quand leurs yeux se rencontrèrent, l’homme sourit, tordant le tatouage dessiné sur son visage.

« Eh bien, ne serait-ce pas la deuxième princesse de l’Empire Vermillion ? Hehehe. »

« Des vêtements entièrement en noirs et un manteau décoré d’or... une robe d’apôtre. Cela signifie que vous êtes le patron de ces fous, non ? » demanda Stella.

« Hehehe, je suis si heureux de faire votre connaissance. Oui, c’est exactement cela. Je porte le nom de Bischof [2]. L’honneur est pour moi. Princesse, » déclara Bischof.

L’homme appelé Bischof salua respectueusement Stella, puis se tourna vers ses subordonnés entourant les otages et fit une expression offensée.

« Hé ! Que diable faites-vous avec ces bâtards ? Vous ne pouvez même pas garder correctement des enfants  ? » demanda Bischof.

« Mais..., » balbutia un soldat.

« Quand vous ai-je dit de ne pas attendre ? N’ai-je pas dit qu’il ne fallait pas toucher aux otages ? Non ? » demanda Bischof)

« N-Nous avons essayé de l’arrêter ! Mais ce bâtard d’Yakin n’a pas écouté ! » répliqua un soldat.

« Ya ~ kin. Était-ce vous qui avez causé tout ce gâchis ? » demanda Bischof.

« N-Non attendez, c-ce morveux a salis mon pantalon et ―, » répondit Yakin.

« Hein !? Vous êtes devenu fou juste à cause de... Ho non ! » déclara Bischof.

Bischof redevint alors avec un regard bienveillant affiché sur son visage.

« ... Hehehe, » puis Bischof se mit à rire.

« Bischof-san ? » demanda l’un des soldats.

« Ahh, Yakin. Ceci a dû être un désastre. Je compatis vraiment avec vous, » déclara Bischof.

L’attitude de Bischof avait soudainement changé et il gifla alors le soldat qui avait de la crème glacée renversée sur son pantalon. Puis il sortit une arme et la pointa vers le garçon que la mère protégeait encore.

« Rassurez-vous. Je vais équilibrer la balance pour vous, mon citoyen d’honneur, » annonça Bischof.

Stella se mit à parler, sous le choc. « Q-Que faites-vous !? »

« Qu’est-ce que je fais ? N’est-ce pas évident, Princesse ? Je vais faire assumer à ce gamin la responsabilité de ce qu’il a fait. La responsabilité est importante, non ? » demanda Bischof.

« N’avez vous pas dit que vous n’alliez pas toucher aux otages !? » demanda Stella.

« Eh bien... ceci serait vrai s’ils restaient calmes, mais ce gamin ne l’a pas fait. Ahh, il n’est pas un adulte et donc nous ne pouvons pas le juger trop durement, mais... ce que l’enfant a fait était quand même un péché. Il a piétiné la dignité de ce citoyen d’honneur ici présent et donc, il doit le payer de sa vie. La pénitence pour le péché, le pardon pour la pénitence, ceci est ma devise, vous voyez ! » annonça Bischof.

Bischof pressa soudainement légèrement sur la gâchette. Il allait vraiment tirer et donc Stella n’hésita pas à invoquer Laevateinn.

« Haaaaa! » cria Stella.

Puis elle sauta vers l’avant et frappa Bischof avec son Dispositif. Voyant ceci, Bischof se mit à sourire.

M’a-t-il piégé !?

Mais peu importe ! Elle ne voulait pas lui donner le temps d’appeler son Dispositif. Bischof tenait seulement une arme de poing. Il n’y avait donc aucune chance qu’il puisse bloquer Laevateinn avec quelque chose comme cela !

Stella frappa l’homme à l’aide de son arme, mais Bischof arrêta simplement la lame avec seulement son index et son majeur.

« QUOOOIII !? » s’écria Stella.

« Hehehe ! Oh ma chère ! Vous êtes rapide et forte comme les rumeurs le disaient à propos de votre Rang A. Mais hélas, vous ne savez pas comment ce monde peut être grand et terrifiant, » déclara Bischof.

Stella ne put pas cacher sa surprise. Une attaque de toutes ses forces avait été complètement bloquée avec seulement les doigts d’une main. Ce n’était pas une technique humaine. Le doigt ainsi que le bras auraient dû tous deux être arrachés. Même si l’attaque avait en quelque sorte été bloquée, le bras aurait quand même dû être brûlé par les flammes de Laevateinn. Mais Bischof semblait totalement insensible à la fois à la force et à la chaleur, neutralisant totalement son épée.

Comment ? Avant qu’une réponse ne puisse lui parvenir, la main droite de Bischof frappa en plein dans l’abdomen de Stella.

« Guh... euh... !? » s’écria Stella.

Il s’agissait là d’une puissance offensive qui avait été capable de complètement briser sa Robe d’Impératrice. Stella s’effondra alors d’un seul coup.

Comment ? Il ne semblait pas être si fort en tant que Blazer...!

Comment avait-il fait pour avoir cette puissance d’attaque de folie ? Stella s’était presque évanouie à la suite de ce coup, mais elle leva alors les yeux vers Bischof et réalisa le secret derrière sa contre-attaque.

« Ces... a-anneaux ! » déclara Stella.

Bischof portait une bague sur le doigt de chaque main et elles émettaient une lumière d’un rouge sinistre. Elles pouvaient ressembler de prime abord à de simples accessoires, mais ―.

« Ceci est mon Dispositif, l’Anneau du Jugement [3]. Sa spécialité est de traiter le “péché’ et la “pénitence’. La main gauche absorbe toutes attaques portées contre moi, alors que la main droite convertit le pouvoir magique et me permet de le renvoyer sur mon ennemi. Hehehe, en d’autres termes, plus mes ennemis sont forts et plus je le deviens aussi, » expliqua Bischof.

« ... Je vois, donc j’ai été frappée par ma propre puissance, » déclara Stella.

Son explication était crédible, car elle ne pouvait plus se lever.

« Vous ne devriez pas sauter quand vous ne savez pas la puissance que détient votre adversaire, chère princesse ~, » ricana Bischof.

« ... Ce ne sont pas... vous êtes celui... qui m’a fait faire cela ? » déclara Stella.

« Hehehe, oh, vous avez tout à fait raison. Contre la Princesse Écarlate, je ne pouvais vraiment pas me permettre d’être pointilleux avec mes tactiques. Je suis tellement désolé. Mais bon, je suis impressionné. Vous, la princesse d’un autre pays, auriez pu rester bien cachée, mais vous avez choisi de protéger un certain morveux. C’est vraiment touchant. Est-ce ce que c’est ce qu’on appelle les obligations liées à la Noblesse ? Moi, Bischof, je suis vraiment étonné, alors je vais vous donner un moyen de sauver cet enfant, chère princesse Stella, » déclara Bischof.

« Quel moyen ? » demanda Stella.

« Voyez-vous, il y a une méthode très simple. Une méthode de repentance que tout le monde ici présent connaît. Des simples excuses réalisées après avoir fait quelque chose de mal. Mais, Votre Altesse, vous devrez présenter ces excuses à la place de l’enfant. Et vous devrez le faire à genoux et complètement nue. Hahahaha ! » déclara Bischof.

Notes

  • 1 Robe de l’Impératrice : Il utilise le kanji 妃竜の羽衣, Hiryuu no Hagoromo (« Grande tenue de l’impératrice Dragon »)
  • 2 Bischof : Un nom allemand, ce qui signifie « évêque ».
  • 3 Anneaux du Jugement : Ceci utilise le kanji 大法官の指輪, Daihoukan no Yubiwa (« Arène du Haut Juge »)

***

Partie 8

Compte tenu de la demande de Bischof, Ikki bouillonnait de colère. Il voulait sauter hors de la pièce se trouvant au-dessus et découper cet homme en morceaux, mais ―.

... Non !

S’il le faisait, il en résulterait le chaos et les otages subiraient alors des pertes. Il fallait éviter cela à tout prix.

« Hehe... bien sûr, je ne vais pas vous forcer. Comment pourrais-je donner des ordres à une princesse ? Ceci ne me dérange nullement si vous refusez. Mais si vous refusez, je vais faire prendre la responsabilité à ce morveux comme il était prévu initialement, » annonça Bischof.

Quel sale type !

Bien qu’il contenait sa colère, Ikki se mordit fermement les lèvres. Bischof pensait que Stella ne pouvait pas accepter sa demande, de sorte qu’il lui avait donné cette option juste pour l’humilier. Mais la réponse de Stella fut exactement comme l’avait prévu Ikki.

« ... Compris, » déclara Stella.

Stella dissipa son dispositif, Laevateinn, puis poussa un soupir de reddition tout en contenant sa colère.

« En retour, promettez-moi que les otages n’auront même pas une égratignure, » déclara Stella.

« Bien sûr. Moi, Bischof, je suis un homme connu pour ne jamais manquer à sa parole. Alors, rassurez-vous. Eh bien sûr, l’argent de la rançon ainsi que notre évasion réussie doivent également être garantie, » déclara Bischof.

« ... Alors, comme vous l’avez promis, » déclara Stella.

Après confirmation, Stella se leva. Ses genoux tremblaient probablement dus aux dommages qu’elle venait de subir. Puis ses mains commencèrent à enlever ses vêtements et dès lors, les tremblements n’étaient plus dus à la douleur, mais à l’agitation.

« Wôw, haha ! C’est impressionnant, le strip-tease d’une princesse impériale ! »

« Quelle belle idée ! C’est juste comme monsieur Bischof l’avait prédit ! » 

« Ouais, elle se déshabille, elle se déshabille ! Hahaha ! » 

Le visage de Stella était rouge de honte. Elle n’avait pas d’autre choix que d’exposer son corps nu face à ces ordures. Elle ôta donc ses vêtements, une seule pièce à la fois.

Son gilet tomba au sol et ainsi ses belles épaules furent exposées.

Ce fut le tour après cela de sa jupe qui descendit en glissant jusqu’à ses pieds et ses jambes menues et attrayantes furent exposées.

Puis après ça, les boutons de son chemisier furent défaits un par un et son petit nombril put enfin être vu dans la fente ainsi créée.

Et enfin, elle se retrouva seulement vêtue de ses sous-vêtements aux bordures blanches confectionnés avec de la dentelle.

« Wôw. Voilà un joli grand buste. Est-elle vraiment une lycéenne ? »

 

 

« Je ne me lasserais jamais de ça ! »

« Monsieur Bischof ! Peut-on prendre des photos ? »

« Vous êtes bien trop bruyants, vous, les salauds pervertis. Hehehe. Mais contemplez ça. Car le vrai spectacle commence maintenant, » déclara Bischof.

En entendant cette voix insupportablement crasseuse arrivée jusqu’à son cœur, le corps de Stella se mit à trembler. À ce moment-là, Ikki vit quelque chose d’étincelant se trouvant sur les joues de Stella.

Des larmes.

Au moment où il vit ces petites étincelles provenant de ces yeux, Ikki entendit un bruit et sentit quelque chose se déchirer en lui. Il s’agissait du bruit de ses lèvres qui étaient violemment mordues pour ainsi lui permettre de réprimer sa colère.

― Stella !

Mais Ikki ne pouvait plus bouger de sa place.

« Pouah ! » s’exclama Ikki.

Il sentait comme si son corps était attaché au sol. Quand il tourna la tête, il put voir le Dispositif d’Arisuin, l’Ermite Ténébreux, poignardant son ombre. Arisuin avait arrêté les actions d’Ikki avec un Art Noble qui permet arrêter les mouvements d’une cible, le Blocage d’Ombre [1].

« Calmez-vous. Qu’est-ce que vous étiez sur le point de faire. Vous comptiez sauter dans un moment comme celui-ci ? » demanda Arisuin.

« Mais si je n’y vais pas maintenant, Stella va... ! » déclara Ikki.

« C’est correct. J’ai un plan. Shizuku est en train de préparer quelque chose, donc il faut juste attendre encore un peu, » annonça Arisuin.

Ikki ne pouvait pas croire ces paroles.

« Shizuku... ? » demanda Ikki.

« Oui. Elle est en train de préparer la création d’une barrière d’eau tout en cachant son pouvoir magique, » expliqua Arisuin.

En entendant cela, Ikki regarda à nouveau vers la salle et essaya de rechercher la présence de la magie, mais ―.

« ... Est-ce vrai ? Je ne détecte rien, » demanda Ikki.

« Eh bien, bien sûr. Shizuku pourrait être inférieure à Stella dans les scores globaux, mais quand cela concerne le contrôle magique, elle est incontestablement la numéro une de cette année. On pourrait dire que Shizuku possède un talent de Rang A seulement dans ce domaine, » répondit Arisuin.

Le visage d’Ikki montra clairement sa surprise à la suite de l’explication d’Arisuin. Selon la situation, Shizuku pouvait compléter une action en utilisant seulement un quart du pouvoir magique dont les autres Blazers auraient besoin. Elle pouvait aussi parfaitement camoufler la magie pour que l’ennemi ne remarque rien. En outre, Shizuku Kurogane était un Blazer de type technique.

« Si quelqu’un du niveau de Shizuku cache son pouvoir magique, alors personne ne pourra le détecter, » déclara Arisuin.

Arisuin montra alors son terminal étudiant à Ikki. L’ayant apparemment laissé sur le mode silencieux. Un message de Shizuku était clairement visible.

{Création d’une barrière en cours, signal une fois terminé.}

Il s’agissait d’un court message qu’elle avait probablement tapé tout en ne regardant pas le terminal pour ainsi éviter de se faire remarquer. Mais le sens était facilement compréhensible.

Shizuku !

Ikki prononça le nom de sa sœur avec de la joie qui emplissait son cœur. Comme réponse à son signal ―

 

« Shouha Suiren [2] ― ! » prononça Shizuku.

 

L’utilisatrice d’eau, Shizuku Kurogane, éleva alors une barrière pour ainsi séparer les otages et des soldats de la Rébellion. Il s’agissait de son signal.

Notes

  • 1 Blocage de l’ombre : Ceci utilise le kanji 影縫い, Kagenui (« Shadow Weave »).
  • 2 Shouha Suiren : 障波水蓮: "Entrave Water Wave Lotus"

***

Partie 9

« Quoi !? » s’exclama Bischof.

Une barrière d’eau s’éleva brusquement vers le haut de la pièce comme seul un Blazer pouvait créer une telle chose. Bischof avait déjà envisagé la possibilité qu’un autre chevalier soit caché et cria donc ―.

« Si vous ne restez pas calme alors nous allons tuer tout le monde ! Vous tous, bâtards, tirez sur les otages ! » cria Bischof.

À la suite de l’ordre de Bischof, les adeptes visèrent les civils de l’autre côté de la barrière et tirèrent à l’unisson. Les otages, effrayés par l’eau, puis par la volée de coups de feu, paniquèrent et se recroquevillèrent tout comme s’ils avaient été jetés dans un chaudron d’huile bouillante.

Mais pas une seule balle tirée ne put atteindre les otages. Malgré le son d’eau qui chutait alors qu’elle frappait le sol, les balles avaient toutes été arrêtées par l’Art Noble de Shizuku, Shouha Suiren.

L’eau avait une résistance très importante aux chocs et donc, frapper sa surface rapidement revenait au même effet que frapper du béton. Pour un objet à haute vitesse telle qu’une balle de fusil, frapper l’eau ordinaire serait déjà suffisant pour la briser en fragments, mais l’eau infusée avec le pouvoir magique de Shizuku avait une solidité équivalente à l’acier. Rien en plomb ne pouvait pénétrer cela.

Et Shizuku ne combattait pas seule. Au même instant où elle utilisa « Shouha Suiren », Ikki invoqua « Ittou Shura ». Il sauta ensuite de l’atrium du troisième étage, ce qui créa une attaque-surprise décisive provenant des sommets au-dessus de Bischof.

« Tch ! Ils avaient aussi des camarades se cachant en haut !? » s’écria Bischof.

Mais Bischof était un terroriste qui avait lutté à travers de nombreuses situations extrêmes. Il remarqua donc immédiatement l’attaque-surprise, et appliqua donc rapidement une contre-mesure. Il tendit alors l’une de ses mains vers l’Intetsu d’Ikki avec la même main qui avait bloqué précédemment le Laevateinn de Stella. L’Anneau du jugement qui saisissait chaque attaque unique en tant que péché et activait ainsi la capacité de sa main gauche qui avait rendu impuissante la frappe pouvant provoquer des tremblements de terre de Stella.

L’épée d’Ikki était seulement plus rapide que celle de Stella. Mais elle était aussi plusieurs fois moins puissante, et donc elle ne pouvait pas pénétrer cette capacité. L’attaque-surprise était donc une erreur. L’attaque d’Ikki serait certainement considérée comme un péché et reviendrait contre lui en tant que pénitence. Mais cela, c’était uniquement si la main gauche de Bischof pouvait capturer la lame d’Ikki !

« ... Hein ? » s’exclama Bischof.

À cet instant, Bischof vit quelque chose d’incroyable : son bras gauche volant dans un jet de sang.

Peu importe comment Bischof pouvait utiliser sa main gauche pour laisser une attaque sans défense, il n’y avait aucune possibilité qu’il puisse saisir une attaque qui ne pouvait pas voir. Et ce que Bischof ne pouvait pas voir, il ne pouvait pas l’attraper et ce qu’il ne pouvait pas attraper, il ne pouvait donc pas l’arrêter.

Ikki avait frappé avec Intetsu avec une vitesse qui dépassait de loin la perception du mouvement chez des humains, si vite que le propre corps d’Ikki ne pouvait pas suivre. Il s’agissait là d’une frappe invisible, l’un des sept techniques d’épée originales d’Ikki Kurogane.

« La septième frappe secrète : Lame Raikou [1], » déclara Ikki.

Note

  • 1 Lame Raikou : Raikou  雷光 : signifie l’Éclair, « Lightning »

***

Partie 10

« Je vais m’occuper des petits poissons, de sorte que vous, Ikki, s’il vous plaît, mettez hors de combat leur vulgaire singe de patron, » lui déclara Arisuin.

Ikki avait exactement fait comme l’avait dit Arisuin. Avec sa frappe invisible « Raikou », il avait ciblé le bras gauche du péché de Bischof et l’avait envoyé au loin, puis il avait attaqué une deuxième fois pour lui couper par la même occasion le bras droit.

Ainsi les deux bras de Bischof se détachèrent de lui, et donc, ceci n’avait plus aucune importance de savoir s’il était fort dans ses fanfaronnades. Mais malgré cela, ses blessures lui avaient à peine fait fermer la bouche.

« Gaaaah! M-mes bras ! Allez vous faire ―, » cria Bischof.

« Hein ! Un tel jacassement si pénible ! » s’écria Ikki.

« Hii... ! » Mais Bischof cessa sa déclaration extravagante au moment où il vit le visage empli de haine d’Ikki.

« Même si cela vous semble méchant, j’ai été gentil avec vous. Après tout ce que vous avez fait subir à Stella, cela ne me dérangerait nullement de vous couper un ou deux membres de plus. Après tout, avec un traitement dans une capsule IPS, ce genre de traumatisme n’est pas permanent, » répliqua Ikki.

Ikki repoussa Bischof en changeant son regard pour qu’il semble devenir proche de la congélation, comme s’il regardait une saleté. Puis après cela, il observa les otages qui n’avaient pas été blessés, ce qui signifiait que son action avait été un succès.

*Tape* Arisuin lui tapota alors sur l’épaule.

« Vous avez vraiment réussi, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

« Alice. Est-ce que vous avez également fait ce qu’il fallait faire là-bas ? » demanda Ikki.

« Dois-je dire que je l’ai fait ou plutôt, que quelqu’un d’autre l’a fait à ma place ? Je pense que c’est tout à fait étonnant provenant de cette fille, » déclara Arisuin.

Ikki fronça les sourcils face aux incompréhensibles paroles d’Arisuin avant de se tourner. Mais alors, il vit à ce moment-là, ce qu’Arisuin voulait dire. Des soldats de la Rébellion qui étaient positionnés ici et là, pas un seul étaient encore debout. Sur ce champ de bataille, il ne pouvait voir que le dos d’une seule personne se tenant encore debout.

« Stella... ! » s’écria Ikki.

Il s’agissait bien entendu de la Princesse Écarlate qui fit alors un profond balancement de ses cheveux roux. Elle avait en ce moment son corps vêtu d’une robe de flammes et dans sa main se trouvait Laevateinn qui générait des flammes tout autour d’elle. Après avoir subi un coup critique et une honte qu’elle n’avait jamais reçus auparavant, Stella avait encore fait le premier pas et avait terrassé chacun des soldats si vite qu’Arisuin n’avait même pas pu participer. Elle avait fait ceci en tout gardant un jugement précis et un important calme en dépit d’avoir été humiliée. Elle avait su garder le contrôle de sa force. Ikki était d’accord avec l’avis d’Arisuin sur le fait qu’elle était vraiment incroyable, mais alors ―.

Arisuin poussa légèrement Ikki dans la direction de Stella.

« Permettez-moi d’aller avertir les personnes se trouvant à l’extérieur. S’il vous plaît, allez-y, » déclara Arisuin.

« Merci, » répondit Ikki.

Elle n’aurait pas dû être forcée à devoir faire quelque chose comme cela !

« Stella ! » déclara Ikki.

Ikki courut jusqu’à Stella et juste après qu’elle se fut tournée vers cette voix, il la serra tout contre lui.

« Ah ! Hey ! Qu’est-ce que... !? » demanda Stella.

Stella était confuse et effrayée d’être si soudainement étreinte, mais Ikki ne se souciait nullement de cela. En ce moment, il savait ce qu’il voulait faire, alors il enlaça étroitement Stella, cachant ainsi la peau de la jeune fille avec son propre corps. Ceci semblait mettre cette douce et héroïque fille à l’aise.

« Désolé. Si seulement j’étais venu pour te sauver plus rapidement... alors tu n’aurais pas été gênée de cette façon, » déclara Ikki.

« Ikki... ! » répondit Stella.

Que ses sentiments soient compris ou non, Stella confia son petit corps tremblant à l’étreinte d’Ikki. Ikki essayait de ne pas regarder l’expression de Stella, mais son étreinte resta ferme.

Peu de temps après, Shizuku l’appela. « Onii-sama. »

« Shizuku, merci. Élever cette barrière fut d’une grande aide. Est-ce qu’une personne a été blessée ? » demanda Ikki.

« Bien sûr que non. Penses-tu que je sois si maladroite ? » demanda Shizuku en réponse.

En semblant indignée, Shizuku tendit alors à Stella les vêtements que Stella avait jetés au sol avant cela.

« Je les ai rassemblés pour vous. J’espère que vous ne prévoyez pas de vous tenir ainsi debout à moitié nue beaucoup bien longtemps ! » déclara Shizuku.

« M-Merci... Je suis surprise que vous fassiez cela pour moi, » déclara Stella.

« Quelle grossièreté !? Vous devriez être reconnaissante de vous avoir protégée après que vous vous soyez précipitée sur eux si négligemment, non ? » demanda Shizuku.

« Ooh... ! » s’exclama Stella.

En lançant des regards noirs à Shizuku, Stella détourna timidement les yeux. Mais alors Shizuku ―.

« Toutefois... J’ai aussi un peu une meilleure opinion de vous, » déclara Shizuku.

« Hein !? » s’exclama Stella.

« Moi-même, je ne pouvais pas sauver cette mère et son enfant, mais vous avez mis votre vie en jeu pour le bien d’un complet inconnu, » continua Shizuku.

« ... C-Ce n’est pas comme si je voulais bien paraître... Mais bon, ceci aurait été dangereux si votre barrière n’avait pas été là. Cette technique était splendide..., » déclara Stella.

Elles avaient été complètement hostiles l’une envers l’autre jusqu’à maintenant, mais avec cette évaluation honnête ou peut-être à cause de l’embarras, les regards de Stella et de Shizuku étaient tous deux exceptionnellement chaleureux et Ikki espionna l’échange de leurs reconnaissances mutuelles.

Ce serait bien si elles pouvaient profiter de cette occasion pour mieux s’entendre.

« Ah, c’est vrai. Shizuku, peux-tu effectuer une guérison ? » demanda Ikki.

« Bien sûr, mais... non, ne me dis pas que tu as été blessé ? » demanda Shizuku.

« Non, pas moi, mais lui, » répondit Ikki.

Il désigna Bischof. Le saignement de l’homme était important, donc ils ne pouvaient pas le laisser ainsi et la guérison d’une plaie en manipulant l’eau était une compétence limitée aux utilisateurs d’eau de haut niveau.

« Tu n’as pas besoin de reconnecter les bras. Tu as juste besoin d’arrêter l’écoulement du sang. Sinon bientôt, il va devenir encore plus violent et pénible, » expliqua Ikki.

« Je comprends, Onii-sama. Tu ne veux pas la vie de cet homme sur ta conscience, » déclara Shizuku.

« Je voulais juste le rendre impuissant, mais je veux aussi lui épargner la vie, » déclara Ikki.

« Neeee bougeeez passss !!! »

***

Partie 11

Un cri de colère éclata parmi les otages. Ikki et les filles se tournèrent vers la voix et ils virent alors un jeune homme portant un T-shirt rouge posant une arme de poing sur la tempe d’une femme d’âge moyen.

« S-S’il vous plaît, sauvez-moi ! » cria la femme.

« Ne bougez plus, vous, les marmots ! Si vous bougez, je vais éclater la tête de cette vieille sorcière ! » cria l’autre.

Ikki se raidit. « Oh non ! Un criminel était dissimulé parmi les otages !? »

« ... Hehe, Hahahaha ! Se cacher parmi les otages n’est pas quelque chose que seul vous, les gars, pouvez faire ! » déclara Bischof.

« Bischof... » déclara l’homme. 

Le Blazer criminel fit une grimace déformant son visage tatoué tandis que du sang jaillissait de ces deux épaules sans bras.

« Hey toi, la lolie naine-gothique là-bas ! » cria Bischof)

« Vous avez dit la naine !? » s’écria Shizuku.

« Oui, toi, la naine. Tu as bien dit que tu pouvais me guérir, donc viens tout de suite ici et remets mes bras en place ! Et ne va surtout pas me dire que tu ne peux pas le faire !? Hehehe..., » ordonna Bischof.

Face au rire de Bischof, la femme d’âge moyen cria à nouveau. Si une arme à feu avait été ainsi pressée sur la tempe d’Ikki, il aurait probablement réagi de la même manière.

Zut !

Ikki serra les dents de colère. « Ittou Shura » était encore actif, mais le canon était fermement pointé sur la femme et il ne pouvait pas risquer un coup de feu.

« Dépêche-toi ! » cria Bischof.

« Onii-sama..., » déclara Shizuku.

« Nous n’avons pas le choix. Il a pris le contrôle de la situation ―, » répondit Ikki.

 

« Pas du tout. »

 

La voix d’un garçon retentit directement dans la tête d’Ikki, puis d’innombrables rayons de lumière passèrent à côté de lui. * Swish Swish Swish * il s’agissait de flèches magiques brillantes de la couleur d’un bleu ciel radieux.

« Uaaaah! » cria Bischof.

« Gah-ah..., » cria le preneur d’otage.

À de nombreuses reprises, les flèches magiques percèrent Bischof et le preneur d’otages, les laissant cette fois-ci impuissants à coup sûr.

« Quoi !? C’était quoi ça ― ? » s’exclama Stella.

Stella frissonna en se tournant soudainement, mais Ikki avait déjà vu cela auparavant. De plus, il connaissait cette voix.

Cette technique est...

« Hahaha, bon bon, après tout, il est triste d’avoir à donner un coup de main ainsi. Je ne veux pas voler la réalisation de quelqu’un d’autre. »

L’espace vide sous leurs yeux commença alors à briller, puis l’image de l’air vide s’émietta comme si des écailles tombaient. Au milieu de cet effondrement, un jeune homme mince apparu, tenant un Dispositif en forme d’arc. Même Arisuin, qui avait été capable de détecter le groupe de Bischof à distance, n’avait rien pu détecter.

Mais ceci n’avait nullement surpris Ikki. Car la furtivité était la capacité spéciale de ce jeune homme. Ikki savait déjà cela, car qu’ils étaient après tout, à l’origine, des camarades de classe.

« Kirihara-kun. Ceci fait un certain temps depuis la dernière fois, n’est-ce pas ? » demanda Ikki.

Shizuya Kirihara. Le meilleur nouvel étudiant de l’année dernière ainsi que le représentant du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée de l’année dernière. Kirihara sourit calmement à cette réunion et tout en envoyant un regard dédaigneux à travers ces paupières plissées.

« Ouais ! Ouais ! Ça fait un bail, Ikki Kurogane-kun ! Es-tu toujours dans cette école ? » demanda Kirihara.

Stella et Shizuku firent toutes deux des expressions clairement désagréables, mais cette personne les avait quand même aidées, de sorte qu’elles ne se plaignirent pas.

Soudain, pas moins de sept filles quittèrent la masse des otages, poussant le groupe d’Ikki sur le côté avant de se précipiter jusqu’à Kirihara. Elles étaient des amies de Kirihara qui étaient venues avec lui aujourd’hui pour visiter le centre commercial.

« Kirihara-kuuun ! Nous avions tellement peur ~ ! »

« Vous avez subi une expérience affreuse à cause de mes décevants cadets, n’est-ce pas ? Mais ceci va bien maintenant ! » déclara Kirihara

« Oui, j’avais la foi que vous me sauveriez. »

« Ah, Kirihara-sama ~. Vous êtes vraiment si cool. Après tout, vous êtes un chevalier si puissant ~. »

Shizuku toussa et Stella grimaça aux louanges extravagantes de ces filles bien habillées et vis-à-vis de Kirihara qui se prélassait de ces louanges.

« ... Quel garçon invivable ! » déclara Stella.

« Ceci bien est la première fois où nous sommes tombés d’accord sur quelque chose, non ? » demanda Shizuku.

La police, qui avait été contactée par Arisuin se précipita dans la cour juste après que Kirihara ait assaini la situation et ils commencèrent à arrêter les soldats rebelles et à prendre soin des otages. Et Ikki, qui avait vu que les troubles pour ce jour de congé étaient plus ou moins terminés, vit toute sa tension le quitter d’un coup. Son corps fut violemment secoué et il tomba au sol. La fatigue due à l’utilisation d’Ittou Shura avait jailli d’un seul coup en lui.

« Onii-sama ! » s’exclama Shizuku.

« Ikki, vas-tu bien ? » demanda Stella.

« ... A-Ah, oui, je vais bien... si je peux me reposer un peu. Mais je ne peux que marcher lentement, » répondit Ikki.

« Alors, tu devrais aller t’asseoir pendant un moment, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

Alors qu’Arisuin déplaça Ikki sur un banc se trouvant dans l’aire de restauration, l’officier de police responsable de l’affaire les appela avant de se courir jusqu’à eux quatre.

« He ! Êtes-vous les étudiants-chevaliers qui ont résolu le problème ? Pourriez-vous venir avec moi jusqu’au poste de police afin de faire un rapport sur les événements ? » demanda le policier.

« Mais, mais... peut-être que vous ne le savez pas, mais ce n’est pas vraiment le bon moment pour cela ! Nous aimerions qu’Ikki puisse avoir un peu de repos si c’était possible, » répondit Arisuin.

Arisuin tourna son regard vers Kirihara qui était entouré par ses amies, mais ―.

« Devriez-vous me supplier de m’occuper d’une enquête si pénible après que j’ai dû nettoyer tout cela pour vous ? » demanda Kirihara.

― Il semblerait Kirihara ne voulait pas continuer à les aider plus longtemps. Il annonça donc ce refus infranchissable avant de commencer à parler avec ses partisans féminins concernant le fait d’aller quelque part pour se détendre un peu.

« Non, Alice. C’est correct... Si je reste dans la voiture de patrouille, je pense que je vais pouvoir récupérer un peu, » déclara Ikki.

« Ikki, tu ne te forces pas un peu trop là ? » demanda Stella.

« Je vais bien. Tout va bien..., » déclara Ikki.

Ikki se leva en faisant semblant d’être encore plein de force en dépit de son expression profondément fatiguée. Après un moment, il se tourna dans la direction de Kirihara avant de s’incliner légèrement.

« Merci, Kirihara-kun. Vous nous avez vraiment sauvés aujourd’hui, » déclara Ikki.

« Pas besoin de me remercier. Les forts doivent soutenir les faibles, » répliqua Kirihara.

Stella et Shizuku firent à nouveau fait des expressions dangereuses en entendant les mots malveillants provenant de Kirihara, mais un repos pour Ikki était plus important pour eux que de répondre à ce garçon, de sorte que Stella attrapa l’épaule d’Ikki avant d’essayer de le guider vers la voiture de patrouille.

« Mais Kurogane-kun... tu essayes toujours de devenir un chevalier tout en ayant cette force si pitoyable ? » demanda Kirihara.

Stella ne put ignorer plus longtemps le mépris de Kirihara face à Ikki.

« Vous... Comment osez-vous ! » s’écria Stella.

« Stella, c’est correct, » déclara Ikki.

« Ceci ne l’est pas ! Je ne vais pas rester calme après avoir entendu de telles insultes éhontées ! » s’écria Stella.

Secouant la tentative d’Ikki pour retenir sa colère, Stella haussa ses épaules avant de pointer un doigt vers Kirihara.

« Vous pouvez dire ce que vous voulez, mais Ikki est beaucoup plus fort que quelqu’un comme vous ! J’ai moi-même vu sa force ! Avez-vous la moindre idée de la quantité d’efforts qu’il a dû accumuler jusqu’à maintenant !? » demanda Stella.

Mais les mots mordants de Stella n’étaient que de pieux vœux. Stella ne connaissait pas la puissance de Kirihara, elle ne connaissait pas l’écart désespéré entre Ikki et ce garçon.

« ... Haha, Hahahaha ! » Kirihara se mit à rire.

« Qu’est-ce qui est si drôle !? » demanda Stella.

« Tout ça ! Comment ne puis-je pas m’empêcher de rire à ce sujet ? Dire que le Chevalier Raté là-bas est plus fort que moi... hahaha ! Lui, le lâche qui, par une fois déjà, s’enfuit parce qu’il avait trop peur de me combattre ? C’est vraiment un chef-d’œuvre ce que tu me dis là ! » déclara Kirihara.

« Hein... ? » s’exclama Stella.

Ikki avait fui lors d’un match ? Stella tourna sa tête avec étonnement et incrédulité, mais... Ikki ne nia pas ce fait. Il se contenta de rester silencieux, regardant Kirihara. Elle ne put donc pas avoir sa réponse. Mais Stella savait qu’une telle chose était impossible, alors elle se tourna à nouveau vers Kirihara avant de dire cela.

« Vous mentez ! Il n’y a aucune chance que tout cela soit vrai ! » déclara Stella.

« Hahaha, parce que tu es convaincue qu’il est le plus fort entre nous deux, » déclara Kirihara.

« Exactement ! Ikki a gagné contre moi, donc il n’y est pas un chevalier ordinaire ! » répondit Stella.

« Oh ? Alors Mademoiselle Vermillion, que diriez-vous si nous faisions un pari ? » demanda Kirihara.

« ... Pari, dites-vous ? » demanda Stella.

Kirihara avait changé son regard de Stella à Ikki.

« En fait, une bonne façon de savoir si vous avez raison ou tort est déjà prête à l’instant où je vous parle. Kurogane-kun, je devine que tu as coupé ton terminal étudiant, n’est-ce pas ? Allume-le pour voir et jette un coup d’œil à ce qui s’y trouve, » déclara Shizuya.

Ikki sortit rapidement son terminal étudiant et au moment où il le démarra, un avertissement concernant la réception d’un nouveau courrier arriva aussitôt. L’expéditeur était... le comité exécutif des sélections des batailles ! Et son contenu était ― :

 

{L’adversaire pour le premier match des batailles de sélection de Monsieur Ikki Kurogane a été décidé. Il s’agit de Monsieur Shizuya Kirihara de la classe 3 de deuxième année.}

 

« C’est vrai, ton premier adversaire pour ton match n’est nul autre que moi, le représentant du Festival de l’année dernière. Moi, Shizuya Kirihara, qui détient le surnom de “Chasseur”. Notre combat ayant déjà été prévu, je compte dans le cas ou je perdrais retirer tout je viens de dire aujourd’hui et j’irais même jusqu’à faire des excuses comme me l’a demandé Mademoiselle Vermillion. Mais si je gagne... J’exige qu’elle sorte avec moi, » déclara Kirihara.

Naturellement, Ikki haussa la voix pour ainsi protester.

« Kirihara-kun ! Quelque chose comme ça est franchement ridicule ―, » déclara Ikki.

« Très bien. Je vais accepter ces termes, » déclara Stella.

« Quoiii !? » s’écria Ikki.

Stella accepta facilement au grand dam d’Ikki.

« Arrête ça, Stella ! Tout ça n’a pas d’importance pour moi ! De plus, je n’ai nullement besoin des excuses de Kirihara-kun ! » s’écria Ikki.

« Même si toi, tu n’en as pas besoin, je vais quand même le faire. Je n’accepterais jamais que le chevalier qui a été capable de me battre dans un duel équitable soit dit par quelqu’un comme étant un faible, » répliqua Stella.

Ikki n’avait pas renoncé à essayer de la persuader, mais Stella ne céda pas d’un pouce. Ni l’un ni l’autre n’était prêt à faire des compromis et donc, malheureusement, le pari de Kirihara fut ainsi validé.

« Ceci met fin aux négociations, non ? Il s’agissait avant cela d’une rencontre ennuyeuse que j’allais gagner dans tous les cas. Mais peut-être que maintenant cela en vaut un peu la peine ? Kurogane-kun, rends-toi la prochaine fois directement dans l’arène. Je ne pense pas que je dois le dire. Mais si ce jour-là, tu viens devant moi avec une telle puissance minable... eh bien, mieux vaut être prêt à la défaite. Les batailles de sélection sont après tout, des combats réels, pas comme ces simulacres de batailles. Alors il te faudra combattre de toutes tes forces si tu ne veux tout simplement pas mourir. HaHaHa ! » répliqua Kirihara.

Riant bruyamment, Kirihara partit ensuite avec ses adoratrices. Ni Arisuin, ni Shizuku et encore moins Stella n’avaient eu des impressions positives de Kirihara après qu’il ait ainsi affiché son arrogance.

« Hmm. Son visage est très bien, mais le fait d’avoir une telle personnalité malhonnête est vraiment terrible, » déclara Arisuin.

« ... Quelle sensation désagréable ! » s’exclama Shizuku.

« Haa ! Peu importe ce qu’il vient de dire. Tu as bien gagné contre moi, donc tu peux facilement battre ce gars. Tu ne le crois pas ? » demanda Stella.

Stella espérait qu’Ikki donne avec force une réponse positive. Mais ―.

« Le puis-je ? Pour moi, il s’agit là du pire adversaire qu’il m’est possible de rencontrer, » répondit Ikki.

« Ikki... ? » demanda Stella.

― La réponse qu’elle avait attendue ne vint donc jamais. Contrairement à Stella, Ikki connaissait l’immense pouvoir du Art Noble de Kirihara, il ne pouvait pas faire une promesse avec assurance. Ce combat... Ikki en avait l’intuition, sera extrêmement difficile.

 

Et les batailles de sélection pour le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée commencèrent le lendemain. Les premières rencontres pour Stella, Shizuku et Arisuin étaient prévues pour le début de la semaine, le lundi. La première rencontre pour Ikki était le lendemain, le mardi. Et ceci annonçait la première compétition officielle pour Ikki. Tout ceci serait ainsi très différent des batailles simulées qu’il avait faites jusqu’à maintenant, car il s’agissait là d’une bataille dans le vrai sens du terme. La bataille approchait de devant ses yeux.

***

Chapitre 4 : Le Début de la Bataille

Partie 1

Les batailles de sélection de l’académie Hagun pour le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée commencèrent le lundi, une nuit après l’affaire concernant la Rébellion.

{Eh bien ! Il est enfin temps que cela commence ! Sur le programme de cette journée d’ouverture des batailles de sélections, nous avons une nouvelle étudiante de Rang B. Elle descend directement du grand héros Ryouma Kurogane. Ceci sera la première bataille pour la concurrente nommée Shizuku Kurogane !}

Cette annonce venait d’être faite par l’un des membres du club de radiodiffusion de l’Académie Hagun et elle fut accueillie par les acclamations provenant de nombreux étudiants qui avaient suivi les nouvelles concernant Shizuku, la deuxième meilleure étudiante des premières années.

{Son adversaire se trouve être un étudiant de troisième année qui a participé à la confrontation interscolaire de l’hiver dernier contre l’Académie Donrou. À ce moment-là, il avait gagné contre le représentant de Donrou pour le Festival, Azukiyama Michiyuki. C’est un chevalier de Rang C et donc, tout le monde est impatient de le voir dans le Festival de cette année. Voici donc le concurrent Shigenobu Suga ! Le fait d’avoir un si jeune chevalier qui fait face à un tel étudiant expérimenté de dernière année. Wôw ! Quel début difficile ! Est-ce que cette supernova de la prochaine génération va nous montrer sa force !? Ha ! La cloche annonçant le début du match vient de retentir... quoi !? Le concurrent Suga a immédiatement commencé à attaquer !}

Un Dispositif composé de deux épées emplies d’électricité se trouvait dans les mains de Suga.

« Dommage pour toi, la Supernova. Ma capacité étant la foudre, il s’agit là de l’ennemi naturel de l’eau que tu utilises. Il est donc dommage pour toi de m’avoir en tant qu’adversaire, mais ne m’en veux pas pour ça — ! Hakuraijin [1] ! » déclara Suga.

Avec une expression triomphante, Suga projeta vers elle une frappe de foudre sur une Shizuku qui ne bougeait pas d’un pouce.

« Shouha Suiren. » répliqua-t-elle.

Shizuku venait ainsi d’essayer de se défendre en utilisant un mur d’eau. Comment pourrait-il la protéger contre la foudre ? Pourtant, l’Art Noble de Shizuku put bloquer le puissant courant électrique sans aucune difficulté.

« Quoi !? » s’exclama Suga.

{P-pour une raison inconnue, la foudre n’a eu aucun effet ! Commentatrice Oreki, que vient-il de se produire là !?}

{* Kof kof *. Probablement qu’il s’agit là d’une utilisation de l’eau ultra-pure...} répondit Yuuri Oreki.

{De l’eau ultra-pure ?} demanda la présentatrice.

{Oui... tout le monde pense que l’eau perd automatiquement face à l’électricité, n’est-ce pas ? Mais il s’agit là d’une erreur. Lorsque l’eau perd face à l’électricité, cela est uniquement dû aux impuretés présentes dans l’eau sous la forme d’ions et de microbes qui rendent ainsi l’eau conductrice. Mais l’eau devient de moins en moins conductrice quand elle devient de plus en plus pure, et cela jusqu’à ce qu’elle devienne ultra-pure, formant ainsi un isolant absolu que l’électricité ne peut en aucun cas franchir.} Expliqua Yuuri Oreki.

{Oh... je vois... ? Alors pourquoi les autres utilisateurs de l’eau ne copient-ils pas cette tactique ?} demanda la présentatrice.

{Ce n’est pas qu’ils ne le font pas, c’est plutôt qu’ils en sont incapables. Éliminer complètement les impuretés au niveau des ions est au même niveau que tamiser la poussière d’or se trouvant dans le sable d’un désert. Seul le niveau de contrôle magique de mademoiselle Shizuku lui permet de réaliser une telle technique. Si un chevalier ordinaire essayait de copier de telles choses, son esprit serait épuisé avant même de pouvoir le réaliser. * Toux * comme on pouvait s’y attendre de celle qui est considérée comme la deuxième plus puissante parmi les premières années... * guh * !} expliqua Yuuri Oreki.

{Whoa! Ceci doit bien être la troisième fois que vous crachez du sang aujourd’hui ! Est-ce que cela va... Madame Oreki !?} demanda la présentatrice.

{Aah, je-je vais bien, je vais bien. Si je prends mes médicaments, je vais aller mieux... Aah, je me sens déjà mieux...} répondit Yuuri Oreki.

{Madame Oreki ! Madame Oreki ! Le médicament vous fait-il marmonner votre discours ? Allez-vous vraiment bien maintenant !?} demanda la présentatrice.

{Je vais bien... C’est juste quelque chose que je dois effectuer pour faire face à cette maladie... Heuuu !} répondit Yuuri Oreki.

{Professeur ! Tout devient complètement n’importe quoi là !} s’écria la présentatrice.

Quel débat chaotique ! Quoi qu’il en soit, Shizuku semblait insensible aux attaques de foudre. Quelle sera désormais la réaction de Suga, maintenant qu’il l’avait compris ?

« Merde ! Si ceci est vrai, alors je dois prendre une certaine distance, » déclara Suga.

Mais Shizuku annonça sereinement sa réplique.

« Et comment comptez-vous vous retirer ? » demanda Shizuku.

{Ah ! Comme c’est choquant ! Les pieds du concurrent Suga sont totalement gelés au niveau du sol ! Il ne peut plus se déplacer maintenant !} s’écria la présentatrice.

« Suiroudan [2], » déclara Shizuku.

Shizuku projeta alors une sphère d’eau d’une trentaine de centimètres de large à partir d’Yoishigure et l’orbe vint frapper Suga en plein dans son visage, s’arrêtant en plein air, couvrant ainsi totalement sa tête. Suga essaya de l’attraper ou de l’enlever cette orbe, mais l’eau n’étant pas solide, il ne pouvait pas le prendre dans ses mains. Il chercha alors désespérément de l’air tout en donnant l’impression de griffer le liquide, mais la seule chose qu’il réussit à faire fut de projeter un peu d’eau partout autour de lui. Et assez rapidement ―.

« ... Gah... »

Au moment où les poumons de Suga eurent utilisé tout l’air contenu à l’intérieur, ses mains devinrent molles, et Shizuku le libéra enfin de sa prison aqueuse. Il s’était déjà effondré sur le sol de l’arène et au même instant, l’arbitre fit son annonce.

« Shigenobu Suga ne peut plus se battre ! La gagnante est donc Shizuku Kurogane ! »

{Le match est terminé ! Face à un attribut élémentaire incompatible, la concurrente de première année Kurogane a pris la victoire en affichant une différence énorme quant à leurs techniques !} annonça la présentatrice.

Toussant modestement, Shizuku tourna son regard et fit un petit geste en réponse à Ikki qui se tenait dans l’un des sièges des spectateurs, alors qu’il lui faisait un signe pour ainsi marquer sa victoire.

« Ce n’était vraiment pas une grosse affaire, » déclara Shizuku.

Puis elle tourna son attention vers le tableau d’affichage se trouvant au bord de l’arène.

... Un moment approprié pour régler le différend devrait venir bien assez tôt.

Notes

  • 1 Hakuraijin, 白雷刃 : « La Lame Blanche d’Éclair »
  • 2  Suiroudan,水牢弾: "l’Orbe-Prison d’Eau"

***

Partie 2

 

Tandis que Shizuku se battait dans la quinzième arène d’entraînement, un nombre quatre fois plus important de spectateurs étaient réunis à la septième arène où la princesse étrangère Stella Vermillion, la numéro une des nouveaux étudiants de cette année et qui avait déjà reçu un surnom de la part des étudiants de l’académie, allait avoir son premier match.

« Allezzzzz ! Momotaniiii! »

« Vous êtes imbattable dans un combat au corps à corps ! Vous le savez bien ! »

« Montrez-nous la puissance d’un étudiant de classe supérieure ! »

{Les encouragements démontrent un soutien du public vraiment incroyable ! La place du concurrent, le « Char Lourd » Momotani est bien parmi les dix plus populaire de l’école et ceci est clairement visible devant nous. Maintenant, va-t-il nous faire son mouvement qui est devenu sa signature et qui lui a permis d’éjecter hors de l’arène bon nombre de chevaliers lors de ses précédentes apparitions ? Son « Attaque Lourde » offerte par son Dispositif rare de type Goliath !} déclara la présentatrice.

Takeshi Momotani, un géant d’un mètre 90 et massif tel un roc, était pour son premier match l’adversaire de Stella. Poussé par les cris d’acclamation du public et en prévision de l’affrontement avec son adversaire, il abaissa son corps lourdement blindé dans une position lui permettant d’effectuer une charge, avec une de ces épaules pointées directement vers son adversaire. Mais, après avoir pris cette position, Momotani ne bougea plus d’un iota.

« Momotani, quel est le problème !? Faites-la voler comme vous le faites habituellement ! »

« Cette fille a même perdu face à un Rang F ! Quelqu’un comme vous est bien assez fort pour pouvoir la vaincre, n’est-ce pas !? »

Ses amis et camarades de classe se moquaient d’elle, mais quant à Momotani lui-même,

C’est facile pour vous les gars de dire ça, mais comment suis-je censé faire face à ça... ?

― il était terré à la limite d’une mer de flammes qui se propageait sur presque la totalité de l’arène. Stella, son adversaire, se tenait au centre de cette mer, habillée d’une robe flamboyante couvrant tout son corps. La chaleur de son souffle de dragon grillait Momotani jusqu’à l’intérieur de son armure en dépit d’être à plus de dix mètres d’elle. Il comprit pour la première fois l’extraordinaire puissance que Stella possédait. La lutte contre un tel adversaire reviendrait à se jeter directement dans un four allumé.

Stella se mit à parler à un Momotani immobile. « Il semble que vous ayez un meilleur jugement que cette bande bruyante se tenant derrière vous. Cette rencontre est une vraie bataille et si vous venez m’affronter, alors vous ne subirez pas juste une douleur illusoire. Tout en gardant ceci à l’esprit, vous devriez vraiment réfléchir avant de prendre une décision. »

Que ce soit à cause de sa propre hésitation ou du raisonnement qu’il venait d’entendre, Momotani prit ses conseils très au sérieux.

« ... J’abandonne, » annonça Momotani.

{Q-Qu’a-t’il dit !? Le prétendant Momotani, sans même faire un pas depuis le début du match, a tout simplement abandonné !} s’écria la présentatrice.

{Hahaha ! Comme c’est pitoyable ! Honteux ! Mais c’est aussi très sage ~ !} déclara Nene Saikyou.

À la décision de Momotani, une petite enseignante se tenant au poste de commentateur et portant un habit d’un rouge éclatant, se mit à rire grossièrement depuis son siège avant de déclarer quelque chose qui pourrait être interprété, soit comme une insulte, soit comme une louange.

{Que voulez-vous dire, Saikyou-sensei ?} demanda la présentatrice.

{Après tout, il n’y a aucune chance qu’il puisse surmonter un tel monstre ! Allez-vous lui demander de battre jusqu’à ce qu’il soit brûlé à mort ? Il ne peut pas ! Et donc, dans tous les cas, abandonner dès le départ est la bonne action à faire ! Hahahaha !} déclara Nene Saikyou.

{U-Umm, Saikyou-sensei, je pense que vous devriez choisir vos mots avec un peu plus d’attention...,} déclara la présentatrice.

Les étudiants se tenant à proximité furent incapables d’ignorer les mots provenant de Nene. Ils la regardaient avec des visages tendus et menaçants.

{Wahaha. Oh non ! Ça devient super dangereux ici. J’ai peur et donc je vais devoir fuir ~.} s’écria Nene Saikyou.

Nene quitta rapidement la salle des présentateurs.

{Ah, attendez, Saikyou-sensei ! La journée est loin d’être finie ! Vous partez trop tôt ! Qui allons-nous avoir pour faire les commentaires si vous n’êtes plus là !?} s’écria la présentatrice.

... Il s’agissait là d’une couverture médiatique pour ce match plutôt désordonné, n’est-ce pas ?

Stella quitta alors l’arène dans la stupéfaction de ce qu’elle venait d’entendre. En route ―.

{Err... tout à l’heure, nous avons reçu des nouvelles de la deuxième plus forte des premières années qui a eu un combat dans l’arène numéro quinze. Shizuku Kurogane a obtenu une victoire parfaite face à son adversaire, l’étudiant de troisième année, Shigenobu Suga !} annonça la présentatrice.

― elle avait entendu parler de la victoire de Shizuku. Eh bien, elle ne pensait pas que Shizuku perdrait contre ce genre d’adversaires.

{Mais quelle force ! Les étudiants de première année de cette année ont complètement écrasé leurs aînés lors de leur match ! Ils ont débuté leurs premiers matches sans être touchés une seule fois ! Les nouveaux étudiants de cette année sont vraiment quelque chose ! Avec eux, atteindre le sommet des sept étoiles pourrait même être possible !} annonça la présentatrice.

***

Partie 3

« Félicitations Stella, » déclara Ikki.

Après que le premier jour des combats de sélection fut terminé, Ikki accueillit Stella quand elle revint dans sa chambre. Sa réponse fut monotone, mais de la façon dont son nez se crispa, elle ne sembla pas ignorer complètement son salut.

« Haa ! Eh bien ! Si je dois me battre dans ce genre de compétition, je devrais au moins pouvoir gagner, » répondit Stella.

« Après tout, c’est dommage que je n’aie pas pu voir ton match, » déclara Ikki.

« J’ai simplement incendié quelque chose de superflu, comme d’habitude ! » répliqua Stella.

« Mais c’est décevant de constater que je n’ai pas pu venir te voir, » déclara Ikki.

« ... Je suis celle qui est déçue, » déclara Stella.

« Hein !? Qu’as-tu dit ? » demanda Ikki.

« R-Rien ! Nous ne pouvions pas éviter cela vu que le match de Shizuku était prévu dans le même créneau, mais la prochaine fois, vient voir sans faute mon combat ! » déclara Stella.

« Bien sûr, bien sûr. Quoi qu’il en soit, n’es-tu pas revenue un peu tard ? » demanda Ikki.

« Le combat a été une telle déception et comme je ne savais pas quoi faire avec mon trop-plein d’énergie, alors je suis allée à la salle de gym pour une séance d’entraînement, » répondit Stella.

« Je vois. Mais c’est vraiment super que toi, Shizuku et Alice aussi, que vous ayez tous gagnés, » déclara Ikki.

Le match d’Arisuin avait eu lieu dans la quinzième arène d’entraînement juste après Shizuku et il avait battu une deuxième année de Rang E en une dizaine de secondes. Bien qu’Arisuin s’était décrit lui-même comme désavantagé dans un affrontement direct, sa performance avait clairement montré qu’il était digne d’être choisi en tant que colocataire de la deuxième meilleure étudiante de première année.

« J’ai aussi pu voir la force d’Alice dans la lutte contre la Rébellion, mais il a gardé son pouvoir et ses compétences offensives secrets. Ce genre de savoir-faire pourrait être une mauvaise affinité contre toi, » déclara Ikki.

« Je ne vais pas perdre, peu importe qui est mon adversaire. Je veux dire... tu ne devrais pas plutôt être inquiet pour une autre personne ? » demanda Stella.

« Ah, haha. Je pense que oui, » répondit Ikki.

Ikki reporta son attention sur le match qu’il regardait à la télévision avant que Stella n’entre. Dans ce match se trouvait présent le prochain adversaire d’Ikki, Shizuya Kirihara.

« Toujours sur l’enregistrement de ce type-là ? Tu n’as pas arrêté de le regarder depuis hier, n’est-ce pas ? » demanda Stella.

« Ouais. Je pense que je devrais comprendre ses mouvements autant que possible avant mon match, » déclara Ikki.

L’enregistrement était une vidéo qu’il avait demandée et reçue de la fille du club de journalisme Kagami Kusakabe. Il s’agissait là des images d’un combat lors du premier tour dans le Festival des Épées de l’année dernière. Dans ce document, Kirihara avait tourné autour de son adversaire et il avait tiré en continu ses flèches. Son adversaire avait cherché partout Kirihara avec un air ahuri jusqu’à son effondrement causé par la perte de sang, incapable de se battre, alors même que Kirihara se tenait là, à deux pas de lui. Pourquoi ? Tout simplement, car son adversaire ne pouvait pas le voir.

« Un camouflage furtif sans failles qui masque la présence de son utilisateur, La Zone d’Invisibilité [1]. Il s’agit là de la puissance de son Dispositif, Oborotsuki [2], » expliqua Ikki.

« Ceci ne va pas t’aider, peu importe combien de fois tu regardes les tactiques de ce mec, » déclara Stella.

Stella regarda dédaigneusement l’enregistrement et Ikki compris immédiatement les raisons de son humeur. Le contenu de l’enregistrement était vexant. Au lieu de voir deux prétendants s’affrontant dans un match, il s’agissait là plus comme d’un tireur qui allait dans un stand de tir faire des cartons.

« Cependant, cette méthode est très efficace. Il n’a pas pris une seule égratignure dans tous ces combats auxquels il a participé au cours de l’année dernière. Kirihara-kun est fort, » déclara Ikki.

« ... Mais n’est-ce pas étrange ? Ce gars a prétendument combattu dans le Festival de l’Art de l’Épée de l’an dernier, mais n’a pas été en mesure de devenir le Roi des Épées des Sept Étoiles. Comment a-t-il perdu ? » demanda Stella.

« Lors du deuxième tour. Mais il s’agit là d’une perte par abstention, » répondit Ikki.

« Abstention ? » demanda Stella.

« Kirihara-kun n’a tout simplement pas combattu un adversaire qui pouvait neutraliser le pouvoir de sa Zone d’Invisibilité. Sa capacité est forte, mais les attaques de zones fonctionnent très bien contre lui. Il ne peut pas lutter contre des personnes qui ont un moyen de frapper d’un seul coup toute la superficie de l’arène. Comme toi par exemple, tu peux facilement transformer l’arène en une mer de flammes, non ? » répondit Ikki.

« Je vois. L’Invisibilité n’a pas d’importance face à une attaque qui couvre tout le champ de bataille, » déclara Stella.

« Oui ! Et donc il n’y a aucun doute permis qu’il se retirerait du combat s’il devait faire face de quelqu’un comme toi. Parce qu’il possède ce style de combat qui est inapproprié pour un chevalier, le monde lui a donné le surnom de “Chasseur”, » répondit Ikki.

« ... Pfff ! Ce n’est pas un surnom très cool. Je n’ai aucun opposant que je n’oserais pas affronter, et cela même si je dois en subir plus qu’une légère réprimande. En comparaison, ce garçon est vraiment un trouillard, » répliqua Stella.

Kirihara était fort aussi longtemps qu’il était en sécurité. De plus, son style infligeait énormément de souffrances inutiles à son adversaire en évitant les attaques mortelles pour ainsi atteindre ce but. C’était ce qui avait rendu Stella malade en voyant simplement ces images.

« Mais... je comprends pourquoi tu dis qu’il s’agit là de ton pire adversaire, » déclara Stella.

« C’est vrai ! Il est après tout mon ennemi naturel, » répondit Ikki.

Ikki avait besoin d’une technique de zone pour vaincre la Zone d’Invisibilité, mais il n’en avait pas. Il possédait certainement une technique supérieure à l’épée, un corps trempé dans l’acier et des compétences au corps à corps très importantes, mais toutes ses attaques étaient à courte portée et l’étendue de ses possibilités était limitée à la mêlée.

Le Dispositif de Kirihara, Oborotsuki, était un arc, une arme à longue portée, alors Kirihara sera toujours celui qui faisait le premier pas dans ses duels. Et plus que toute autre chose, la carte maîtresse d’Ikki, Ittou Shura ne pouvait être utilisé qu’une fois par jour, avec une durée strictement limitée d’une seule minute. Et cette capacité était vraiment inutile contre des capacités spécialisées dans l’évasion.

Sur l’écran, l’adversaire de Kirihara venait d’être transporté sur une civière. Stella, dont ces yeux pouvaient comme voir quelque chose de tragique arriver à Ikki demain, parla avec anxiété.

« Est-ce que cela va aller, Ikki ? » demanda Stella.

« Peut-être que tu es inquiète ? » demanda Ikki en réponse.

À la question décontractée qu’il lui avait adressée, le visage de Stella se mit à rapidement rougir.

« Je ne suis pas vraiment inquiète pour toi ! Je suis seulement inquiète pour le cas où tu ne gagnerais pas, car je devrais devenir la copine de cette personne ! Être ton esclave est vraiment horrible, mais être la petite-amie de ce gamin arrogant est encore bien pire que cela ! » répliqua Stella.

« Ce pari est quelque chose que toi, Stella, tu as décidé par toi-même, n’est-ce pas ? Il est troublant si tu me rends responsable de tout ça. Après tout, je t’ai demandé de t’arrêter, » répliqua Ikki.

« Euh... mais... tu es un idiot. C’était tellement frustrant comme situation, » répliqua Stella.

« Hein ? Mais... quoi ? » demanda Ikki.

« R-Rien ! » s’écria Stella.

Stella détourna subitement ses yeux d’Ikki, et bien que ses mots furent un peu trop enfantins, il avait compris qu’elle voulait tout simplement qu’il gagne.

« Eh bien ! Je n’ai nullement besoin des excuses de Kirihara-kun, mais je ne veux pas que tu me voies me faire vaincre, » déclara Ikki.

« As-tu un plan ? » demanda Stella.

« J’en ai un, » Ikki déclara cela sans aucune hésitation. « J’ai déjà trouvé un moyen de le battre. »

Kirihara était la recrue numéro un de la génération d’Ikki, un adversaire coriace dont la très puissante capacité avait fait de lui le représentant du Festival de l’école en dépit d’être une première année. Mais même ainsi, Kirihara n’avait pas passé le deuxième tour. Alors comment Ikki pourrait-il atteindre le sommet s’il trébuchait contre un tel adversaire ? En outre, le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée nécessitait de sélectionner les six meilleurs combattants de l’Académie. Son enseignante principale, Oreki, avait dit que les participants devraient se battre au moins lors de dix matches, voir même plus, ce qui signifiait que ceux qui restaient invaincus tout le long de ce cheminement pourraient avoir à combattre une vingtaine de fois. S’il était battu dès maintenant, alors peut-être qu’il ne pourrait jamais avoir la moindre chance d’aller jusqu’au bout.

De plus, s’il était battu dès le début, tout ce qu’il avait enduré jusqu’à maintenant perdrait tout son sens. Il ne pouvait pas se permettre cela.

« Je vais à coup sûr gagner ! » déclara Ikki.

Bien qu’Ikki semblait légèrement différent des jours précédents, mais ses mots forts purent satisfaire Stella. En fait, avant que Stella ne revienne dans sa chambre, Nagi Arisuin l’avait appelé pour qu’elle vienne auprès de lui après que son propre match fut terminé. Arisuin avait transmis à Stella ses inquiétudes quant à savoir si Ikki serait nerveux au cours de son premier match, mais cette attitude énergique montrait probablement qu’il allait très bien. Stella avait le mieux compris la véritable force d’Ikki.

« C’est donc très bien. Tu vas certainement battre ce gars. Tu as donc déjà jeté la cuillère [3], » déclara Stella.

« Non, non, jeter la cuillère est le contraire de ce que je fais actuellement, » répliqua Ikki.

Le japonais de Stella était vraiment très bon, mais sa connaissance des proverbes et des mœurs était quelque peu douteuse, comme vis-à-vis de son discours concernant le seppuku.

« Quoi qu’il en soit, n’est-il pas temps pour aller dîner ? Moi, je suis affamée, » demanda Stella.

« Ouais ! J’ai déjà assez vu cette vidéo, alors allons-y dès maintenant, » déclara Ikki.

« Les Japonais mangent du curry avec des escalopes de porc dans des moments comme celui-ci, non ? » demanda Stella.

« ... Heuu, non, nous ne faisons pas vraiment ce genre de chose. Des nouilles comme d’habitude seront vraiment très bien, » répondit Ikki.

Les deux quittèrent alors la chambre du dortoir pour aller ensemble jusqu’à la salle à manger et c’est ainsi que le premier jour des matches se termina, comme un lundi tout à fait normal.

Notes

  • 1 Zone d’Invisibilité : 狩人の森, Kariudo no Mori (« La Forêt du Chasseur »).
  • 2 Oborotsuki, 朧月 : « La Lune Brumeuse »
  • 3 Jeter sa cuillère : il s’agit là d’un proverbe japonais qui signifie qu’on admet sa défaite. Littéralement, il s’agit d’un médecin jetant sa cuillère de médecine, car il ne peut pas traiter une maladie incurable.

***

Partie 4

{Désolé Kurogane. Je ne peux plus rester ami avec toi.}

 

Avant que le soleil ne soit levé, Ikki était déjà réveillé. Ikki fut surpris d’avoir été ainsi réveillé par ce terrible rêve. Ses mains s’étaient serrées involontairement et ses paumes étaient moites.

Pourquoi ai-je fait un rêve sur quelque chose s’étant déroulé l’année passée ?

Ces mots d’excuse résonnaient encore dans l’esprit d’Ikki bien qu’il soit réveillé. Il voulut alors aller s’aérer un peu la tête. Et donc Ikki descendit de sa couchette et quitta la pièce, tout en faisant attention à ne pas réveiller Stella qui dormait paisiblement dans son lit.

Il est un peu tôt pour aller courir...

L’air avant l’aube était froid, comme c’était souvent le cas en ce début avril, mais ce froid était confortable pour un corps couvert de sueur.

« Vraiment, je me demande pourquoi je me suis souvenu de cela après si longtemps ! » se demanda Ikki à voix haute.

Bien que personne ne soit là pour lui répondre, Ikki laissa quand même cette question sortir.

 

{Le personnel de l’école trouvera suspecte toute personne étant amicale avec ce gars.}

Depuis combien de temps cette rumeur avait-elle commencé ? Quand est-il devenu un étudiant solitaire qui ne pouvait pas prendre part au cours de combats, avec l’excuse fallacieuse de « il lui manque la capacité, et donc il est dangereux de le laisser pratiquer dans la moindre activité » ? On ne lui avait donné aucun choix et même si peu de personnes connaissaient vraiment l’attitude du personnel, tout le monde la soupçonnait.

{S’associer avec Ikki va vous causer des ennuis.}

Si une telle rumeur se répandait autour de vous, alors, bien sûr, toutes les personnes l’entendant gardaient leur distance.

« Je me souviens. C’était justement là-bas, » murmura Ikki.

Ikki regarda à travers une des fenêtres du couloir du dortoir qui donnait sur le bas de la cour. Il s’agissait d’un lieu avec une pelouse des plus luxuriantes. Après que tout le monde commença à prendre au sérieux ces rumeurs, quand tout le monde sauf son colocataire était déjà parti loin d’Ikki, une personne inhabituelle avait appelé Ikki au cours de l’un de ses déjeuners. Cette personne n’était nulle autre que Shizuya Kirihara, le meilleur élève de la génération d’Ikki et une superstar qui était apparue dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée en dépit d’être une première année.

En vérité, Ikki avait déjà une mauvaise impression de Kirihara. Contrairement aux étudiants ordinaires qui étaient restés loin d’Ikki et n’avaient jamais cherché la bagarre, Kirihara ne condamnait pas Ikki quand ils étaient face à face, mais il le faisait dans la salle de classe et partout où il pouvait, avec toujours une tonne de filles qui le suivaient. Il diffamait Ikki avec assez de force dans le seul but qu’Ikki puisse parfaitement l’entendre. Il propageait aussi des rumeurs défavorables concernant Ikki à tous ses camarades de classe et était directement responsable de plusieurs actes de harcèlements qu’il avait déjà subis.

Pourquoi ? Ikki ne se souvenait pas d’avoir attiré l’inimitié de Kirihara. Il n’y avait probablement pas de véritable rancune. Comme personne ne défendait Ikki à cette époque, Kirihara avait simplement eu l’idée que de jouer avec Ikki était correct parce qu’Ikki était le genre de personnes inutiles qu’on pouvait trouver n’importe où. Kirihara devait probablement penser qu’affronter Ikki était simplement une chose naturelle à faire.

Ikki comprit qu’il n’avait rien de bon qui puisse arriver lors d’une interaction entre eux deux, et donc, que cela sera automatiquement une conversation sans valeur qui en découlerait.

{Combien de temps vas-tu continuer de cette façon à tolérer les mots des enseignants comme quoi ils ne reconnaîtront jamais ta véritable capacité, même si tu devais souffrir pour le restant de ta vie ? Maintenant, il est temps de faire un duel contre moi, non ?} demanda Kirihara.

Si Ikki avait eu un combat loyal contre Kirihara, qui était lui-même apparu lors du Festival des Épées, les enseignants n’auraient certainement plus été en mesure de nier la capacité d’Ikki ? Il s’agissait là d’une proposition qui aurait pu l’aider... mais Ikki ne pouvait pas accepter cela. Bien qu’ils soient au sein de l’école, les combats sans la permission de l’enseignant étaient sévèrement réprimandés. Si Ikki n’avait été même qu’un peu entaché par un tel scandale, le directeur qui était fortement lié au clan Kurogane l’aurait expulsé avec joie. Et c’était bien là le véritable but de Kirihara. À cette époque, il y avait même des signes montrant clairement que de nombreux enseignants étaient présents dans la zone. Il s’agissait, sans nul doute, des copains du directeur qui avaient toujours mal traité Ikki depuis son entrée dans l’école. Peut-être qu’ils étaient directement derrière les actes de Kirihara. Comprenant ceci, Ikki avait alors décliné l’offre avant de commencer à quitter les lieux. Mais alors ―.

{Ne dis pas cela. Je suis inquiet pour toi en tant que camarade de classe,} déclara Kirihara.

― Kirihara se mit en position avec son Dispositif Oborotsuki, prêt à tirer contre un Ikki qui lui tournait le dos. Ikki avait refusé le défi et donc, il n’avait pas invoqué sa propre arme.

« Ouais ! Je fus vraiment surpris par ce qui arriva à ce moment-là..., » murmura Ikki.

Il fut surpris que personne n’intervînt, aussi bien parmi les étudiants se trouvant à proximité que parmi les enseignants qui attendaient de voir ce qui allait arriver. À l’époque, Ikki n’avait même pas encore réalisé sa propre situation. Il ne savait pas encore comment son isolement allait être écrasant.

Les professeurs semblaient attendre qu’Ikki agisse en réponse à la provocation de Kirihara, car selon eux, l’expulsion était sûrement la meilleure manière pour réaliser la demande du clan Kurogane qui était qu’Ikki ne soit jamais un Chevalier-Mage professionnel. Ikki savait bien sûr cela et donc il avait simplement encaissé toutes ces attaques sans jamais invoquer Intetsu. Et même s’il avait essayé d’esquiver la moindre attaque, quelqu’un aurait pu interpréter sa tentative de fuite comme une intention de combats, alors il n’avait même pas essayé de partir.

Ikki avait simplement laissé les flèches de Kirihara le frapper dans son dos, lui faisant perdre connaissance en ce lieu... et ainsi, la preuve de son refus de se battre avait bien été filmée par une caméra de sécurité de l’école et il ne put être blâmé pour cette affaire. Mais la punition de Kirihara fut seulement un avertissement et des excuses forcées qu’il dut réaliser. Il était clair depuis le début que le directeur avait au préalable fait un accord secret avec Kirihara.

« En pensant à cela, quelle année sans valeur aura-t-elle été, n’est-ce pas ? » se demanda Ikki à voix haute.

Mais les harcèlements n’avaient même pas diminué après ce moment-là, ils étaient simplement devenus de plus en plus sévères et malveillants. Et ainsi, beaucoup d’étudiants rendirent la vie d’Ikki un enfer et peu à peu l’atmosphère créée par les enseignants, ainsi que le groupe de Kirihara qui augmentait de jour en jour firent que même la dernière personne qui avait été l’ami d’Ikki, le garçon qui était à ce moment-là le colocataire d’Ikki, se détourna avec une expression si douloureuse. Ikki n’avait alors nullement exprimé de colère, mais il se rappelait clairement des regrets qui avaient presque éclaté à ce moment-là. Après ceci, ils avaient tout simplement cessé de se parler l’un et l’autre. Si son colocataire avait commencé une conversation, Ikki n’aurait probablement pas été en mesure de l’ignorer. Mais comme cela n’arriva jamais, Ikki l’ignora avec diligence tout au long de l’année. Puis après ça, ce garçon passa en deuxième année, de sorte qu’Ikki qui devait quant à lui recommencer à zéro l’année, ne l’avait plus jamais revu, mais ―.

« Mais je me demande pourquoi ai-je fait ce rêve après si longtemps !? » (Ikki)

Toute cette époque était déjà derrière lui et Ikki ne s’en souciait pas assez pour s’en remémorer au cours de ses rêves. Et donc, sans doute ceci avait dû ressurgir après avoir reparlé avec Kirihara après si longtemps.

Eh bien, il n’y a plus besoin d’y repenser, n’est-ce pas ?

Ceci n’avait plus rien à voir avec le présent. Ce directeur avait disparu et plus personne ne faisait obstacle à Ikki. Seuls ses propres efforts décideront désormais de son avenir.

Soudainement, une lumière chaude brilla sur l’un des côtés du visage d’Ikki. Une lumière dorée et vive qui éclata en provenant de la fenêtre du dortoir, et il vit alors la silhouette du paysage urbain se trouvant au-delà de la fenêtre. Évitant de regarder directement la lumière vive qui annonçait le début de la journée, Ikki ressentit certainement ce que représentait cette journée.

Il s’agissait du début des matches du groupe H. Et donc, aujourd’hui, tout d’Ikki Kurogane sera testé dans l’adversité.

***

Partie 5

Le matin, l’école commença comme d’habitude, car les batailles de sélection ne commenceraient qu’à partir de l’après-midi et continueraient ainsi jusqu’au soir. Le tour d’Ikki était à une heure et demie. Il s’agissait là de l’une des premières rencontres de la journée, un moment délicat où le déjeuner était encore fermement ancré dans l’estomac et ce jour-là, il venait de terminer son pouding fourni par la cafétéria de l’école. Avec Stella, Shizuku et Arisuin, il alla ensuite à son match qui se déroulerait dans la quatrième arène d’entraînement.

Il était déjà une heure. Dans l’arène, le match avant Ikki avait déjà commencé. Les personnes venaient toujours plus tôt et attendaient une fois arrivées à l’arène, mais il restait encore une bonne vingtaine de minutes avant qu’il doive y aller. S’asseoir dans les sièges de spectateurs pour un petit moment et regarder les combats d’autres personnes avec des amis proches de lui n’était probablement pas une mauvaise idée. Stella et Shizuku avaient toutes deux l’intention de le faire. Mais Ikki ne voulait pas.

« Je vais aller un peu plus tôt à la salle d’attente, » déclara Ikki.

Stella cligna des yeux en entendant ça.

« Hein !? Ne viens-tu pas regarder quelques matches avant ça ? » demanda Stella.

« Non, en ce moment, je veux me concentrer sur mon propre combat, » répondit Ikki.

Ikki s’était déjà préparé pour le combat contre Kirihara. Et il avait horreur de troubler son esprit en regardant le match de quelqu’un d’autre.

« Eh bien, je vais y aller, » déclara Ikki.

« S’il te plaît, triomphe, Onii-sama. Je crois en toi, » déclara Shizuku.

« Puisque tu m’as dit hier que tu allais gagner, alors je ne te pardonnerai jamais si tu réalises une mauvaise performance, » déclara Stella.

« Soyez prudent, d’accord ? » demanda Arisuin.

Renvoyant un clin d’œil à chacune de ces trois différentes formes d’encouragement, Ikki se dirigea vers la salle d’attente.

***

Partie 6

« Ikki Kurogane, première année de la classe Une ? Votre identité a été confirmée. Voici votre terminal étudiant. »

La réceptionniste en face de la salle d’attente venait de compléter les formalités pour le match à l’aide de son terminal informatique.

« Avant que le premier match ne se termine, je vais vous expliquer les règles pour les batailles de sélection. Ces batailles utilisent le même format de véritable combat que lors du Festival des Sept Étoiles : Un duel en un contre un. Il n’y a aucune limite de temps. Comme il s’agit d’un véritable combat, la Forme Illusoire n’est donc pas utilisée, et donc, il est possible que la vie des participants soit en danger. Des professeurs ainsi que des membres du personnel sont présents dans l’arène pour prévenir de tels incidents et en fonction de la situation, l’arbitre peut aussi arrêter le match, mais la sécurité absolue n’est néanmoins pas garantie. Après avoir pris ces risques en compte, si vous êtes toujours déterminé à participer, veuillez appuyer sur le bouton “Oui” se trouvant sur l’écran du terminal. Sinon, s’il vous plaît, appuyez sur le bouton “Non”. Cependant, une fois que vous aurez appuyé sur “Non”, vous ne pouvez plus rejoindre les matches de sélection, donc s’il vous plaît, choisissez avec soin. »

Ikki pressa sur le « Oui » sans montré la moindre hésitation.

« Wahaha ! Un jeune homme qui prend une rapide décision, je vois — . ♪ »

« ... ? » s’exclama Ikki.

Une voix enjouée fit alors se tourner Ikki sur lui même et là, debout derrière lui, se trouvait une petite fille portant un kimono blanc à motifs de fleurs ainsi qu’un haori rouge [1] très voyant. Les caractéristiques spécifiques de cette innocente jeune fille étaient un kimono très ouvert qui ne lui correspondait pas. Cette combinaison donnait une impression terriblement enfantine, mais Ikki savait qu’elle n’était nullement une étudiante.

 

 

« Nene Saikyou-san... n’est-ce pas ? » demanda Ikki.

« Ohh ? Tu connais mon nom ? » demanda Nene.

« Tout le monde dans cette école connaît le représentant japonais des Jeux olympiques de l’an dernier et aussi le meilleur candidat de la KOK, la “Princesse Yaksha” [2], » répondit Ikki.

« KOK » était le « Sommet des sommets pour les Chevaliers (King of King) », une compétition entre Blazers se faisant face à face. Il s’agissait là du sport le plus populaire dans le monde avec, disait-on, des recettes de diffusions de plus de trois milliards de yens pour chaque année [3]. Tous les Mages-Chevaliers savaient tout de cette personne, qui était à la fois une étoile resplendissante ainsi qu’une célèbre athlète très active qui était considérée comme étant la plus forte de la région Asie-Pacifique. Après cela, elle était aussi devenue un sujet récurrent ​​dans de nombreux talk-shows, car elle avait une vie privée assez infâme. Mais ceci n’était pas quelque chose qu’il devrait mentionner en face de la personne en question, mais...

« Mais pourquoi est-ce qu’une professionnelle active se trouve dans un endroit comme celui-ci ? » demanda Ikki.

« Bien sûr, je suis venue uniquement dans le but de te rencontrer, Ikki Kurogane... — kun, » répondit Nene.

« Moi ? » demanda Ikki.

« Oui, oui. Depuis que Kuu-chan... ah, je devrais plutôt dire devant toi Shinguuji, m’a parlé de toi, je me demandais quel genre de Rang F était la personne dont Kuu-chan avait les yeux rivés dessus, alors je suis venue ici pour la voir en personne, » déclara Nene.

« Haa... Mais je pensais que l’académie avait complètement restreint l’entrée des personnes provenant de l’extérieur, » répondit Ikki.

« Ceci n’est pas un problème. Après que Kuu-chan ait fait virer tous ces enseignants si inutiles, elle n’avait plus suffisamment de collaborateurs, alors je suis venue pour l’aider pendant mon temps libre puisque nous sommes de la même génération. J’ai même reçu une nomination officielle en tant qu’enseignante, » expliqua Nene.

« Je vois, c’est ainsi que cela s’est fait ? » déclara Ikki.

Ikki avait instantanément compris ce que tout cela sous-entendait, car il savait aussi que le personnel enseignant de l’ancien directeur avait été massivement restructuré au moment où Kurono avait pris ses fonctions. Nene hocha la tête.

« Après ceci, eh bien, je voulais aussi pouvoir profiter de l’occasion pour goûter à quelques jeunes gens si délicieux... ha, attends. Peut-être que je ne devrais pas dire quelque chose comme cela ? Fait plutôt comme si je n’avais rien dit, » déclara Nene.

« Je n’ai rien entendu, » répondit Ikki.

« Wahaha. Mon garçon, j’aime les hommes qui ont du tact. J’aime aussi les hommes galants. Une prompte et forte décision est aussi très attrayante. Tous les matches avant le lycée utilisaient la Forme Illusoire, de sorte que beaucoup d’enfants paniquent lorsque leurs combats à l’école se transforment en de véritables combats, n’est-ce pas ? » déclara Nene.

Les combats réels étaient toujours accompagnés d’effusion de sang. Même dans les batailles de la ligue KOK, il n’était pas rare de voir des bras et des jambes coupés et envoyés valsés. Ces blessures étaient bien entendu soignables grâce à l’utilisation de capsules IPS, mais le spectacle des membres sectionnés était pour beaucoup quelque chose de dévastateur mentalement. Les nouveaux étudiants avaient naturellement peur à cause de ces mêmes images. Cependant, Ikki secoua négativement la tête.

« Je connaissais déjà tout cela depuis que j’ai décidé de devenir un Chevalier-Mage, » répondit Ikki.

« Même si tu le sais, il est dans la nature humaine de perdre son sang-froid. Pourtant, ton courage est digne d’être celui dont Kuu-chan a posé les yeux dessus, hein ? Et en regardant de près, tu as vraiment un visage merveilleusement mignon. N’est-ce pas vrai, mon garçon ? » demanda Nene.

À ce moment, le mètre de distance séparant Ikki et Nene disparut instantanément.

« Hein !? » s’exclama Ikki.

Ikki fut surpris que quelqu’un puisse arriver aussi proche de lui d’une manière totalement inattendue. Nene s’était alors gracieusement collée contre la poitrine d’Ikki et maintenant, elle fit tourner sa tête vers lui, affichant un regard séducteur.

« Que dirais-tu d’une leçon spéciale et privée ce soir directement dans ma chambre — ? » demanda Nene.

« Salope ! Que fais-tu à mon élève ? »

Une voix menaçante vint alors de derrière la tête de Nene. Sa propriétaire n’était nulle autre qu’une femme renfrognée portant un costume, la directrice Kurono Shinguuji.

« Wôw ! Quelle surprise ! Arrête ça Kuu-chan. Arriver ainsi debout derrière moi si soudainement. J’aurais pu te tuer avant que je ne réalise qui c’était, » répliqua Nene.

« Comment pourrais-tu me tuer même si tu avais essayé ? Ceci mis à part, qu’est-ce que tu fais ici ? Tu étais censée faire des commentaires et de la surveillance à la quatrième arène d’entraînement, non ? » demanda Kurono.

« Ah oui ! Mais ce match était ennuyeux, donc comme j’avais un peu de temps libre, je suis venue pour inspecter un peu le favori de Kuu-chan et peut-être tenter la chance de cueillir une fleur, » déclara Nene.

« C-Ce n’est pas comme s’il s’agissait de mon préféré ! » s’écria Kurono.

Kurono semblait un peu gênée par la déclaration de Nene, alors elle attrapa les cheveux de Nene en créant ainsi un bruit sourd et Ikki put voir que son regard avait une expression inhabituelle.

« Désolée, Kurogane. J’ai troublé votre concentration avec cette si étrange querelle, » déclara Kurono.

« N-Non. J’étais juste un peu surpris, mais je vais bien, » répondit Ikki.

« Elle va retourner dès maintenant à son poste, alors ne vous inquiétez pas au sujet des absurdités qu’elle vient de débiter. Hé ! Retourne donc à ton poste, toi, l’indécence publique ! » s’écria Kurono.

« Ouais ouais ! J’ai compris, j’ai compris. Donc, cesse de me traîner par mes vêtements ! J’ai déjà compris ! » cria Nene.

Kurono tira Nene plus loin, et son action générait le son d’un objet traîné sur le sol. Alors qu’Ikki les regardait ainsi partir, Kurono lui laissa un dernier message par-dessus son épaule.

« Je l’ai déjà dit il y a quelque temps, mais n’exagérez pas trop au cours de ce combat, car ce soir sera une soirée de célébration avec tout le monde, » déclara Kurono.

Ses mots sous-entendaient qu’il gagnerait.

« Wahaha. On ne peut rien y faire si les plans ont déjà été établis, non ? Dommage, dommage. Si c’est comme cela, alors montre-moi un combat divertissant. Ton match est en plus celui que je vais surveiller, » déclara Nene.

Un mince index sortit alors de la longue manche de Nene et fut pointé dans la direction d’Ikki. Nene laissa flotter un petit rire au coin de sa bouche et c’était ainsi qu’elle quitta la pièce avec Kurono, ses sabots faisant un bruit de frottement alors qu’elle était traînée.

Quel était le sérieux de tout ça... ? Que cette personne est vraiment une personne illisible.

Cependant, son corps émettait une grande puissance.

En un instant, elle s’est collée à moi avant que je ne puisse m’en rendre compte.

Ikki n’avait jamais ressenti ceci auparavant. C’était une expérience inconfortable de voir quelqu’un qui avait été capable se rapprocher de lui sans être en mesure de réagir. C’était probablement une sorte d’art martial classique, peut-être une variété d’un jeu de jambes issue d’une ancienne lignée d’arts martiaux japonais. Il ne savait pas exactement quel genre de technique c’était, mais ―.

« ... Euh, ceci n’est pas bon si je ne me concentre pas sur le match qui est juste face de moi en ce moment, » déclara Ikki.

Un jeu de jambes qui utilisait un contact les yeux dans les yeux avec un adversaire pour ainsi rendre la distance difficile à estimer. Il s’agissait là d’une technique intéressante, mais il n’y avait probablement aucune chance qu’il puisse s’entraîner à cela pour le moment, et donc, il supprima ses pensées concernant cela afin de se préparer pour son important match.

Tout en se concentrant sur sa préparation, Ikki entra dans la salle d’attente. Il y avait là-bas plusieurs casiers et bancs, ainsi que de grands miroirs apposés contre les murs. C’était par ailleurs un espace plutôt morne avec vraiment rien d’intéressant à voir. Cependant, à l’intérieur de cette pièce, il y avait également une petite porte qui créait une étrange pression sur Ikki. Au-delà de cette porte se trouvait l’arène où débutera bientôt sa première bataille.

Je suis enfin arrivé ici, hein ?

Le Roi des Épées des Sept Étoiles, et c’était la route qui menait au sommet en tant qu’étudiant-chevalier. Cette étape commençait enfin. En venant ici... beaucoup de choses étaient arrivées au cours de ce long chemin. Famille, temps, amis... il avait perdu beaucoup de choses. Néanmoins, il avait continué à marcher vers l’avant sans jamais renoncer et il était arrivé à ce moment-là tant attendu. Au-delà de cette porte, son combat contre Kirihara l’attendait. Toute cette douleur et ses sacrifices étaient-ils utiles ? Maintenant, il était devenu rendu à l’instant où il pourrait obtenir sa réponse, mais ―.

 

*Bo-Bouuum*

 

« Hein !? » (Ikki)

Son cœur avait comme soudainement bondi.

Q-Qu’est ce... que c’est ?

Son champ de vision s’était mis à trembler d’une manière incontrôlable. Les couleurs étaient devenues floues comme dans une peinture à l’eau et en plus, il se sentait comme malade. Quelque chose arrivait-il en ce moment à son corps ? Il ne le savait pas. Il ne savait plus rien, mais sa gorge lui donnait l’information qu’il avait terriblement soif. De l’eau. Il devrait boire un peu d’eau ―. Face à cette pensée, Ikki ouvrit le bouchon de la bouteille en plastique qu’il avait apportée. Cependant, sa main ne bougeait actuellement pas comme il le souhaiterait et la bouteille tomba sur l’un des bancs. Le bouchon roula au loin et de l’eau se déversa sur le sol. Ses chaussures devinrent alors mouillées. Ne devait-il pas essuyer cela ? Avec quoi ? Comment ? Non, avant ça, un son provenait — de sa gorge.

 

{Première année Ikki Kurogane. Et Deuxième année Shizuya Kirihara. Votre match va maintenant commencer, alors s’il vous plaît, venez immédiatement à l’entrée.}

 

L’annonce avait fait remonter la conscience d’Ikki jusqu’à la surface de ses pensées turbulentes. Quand il regarda l’horloge alors qu’il était en pleine confusion, il vit qu’il était déjà 1 h 30. C’était arrivé si rapidement.

Merde, combien de minutes suis-je resté debout ainsi ici... ?

« Kuh... » (Ikki)

Impossible que je sois si nerveux...?

Calme-toi. Calme-toi. Ikki reprit dès lors le contrôle de son cœur, en devenant conscient de lui-même. Il avait déjà vu à travers la ruse de son adversaire en observant la vidéo. Il avait analysé la force que son ennemi utilisait pour ces tirs, ainsi que l’angle des tirs et les manœuvres prévues par la suite. Il avait déjà mis au point un moyen de briser l’Art Noble de Kirihara, la Zone d’Invisibilité. Il avait forgé sa contre-attaque à travers de nombreuses simulations.

C’était correct d’être nerveux, mais il faut aussi gagner. Et s’il gagnait maintenant, les difficultés qu’il avait dû supporter jusque-là maintenant gagneraient leurs justifications, parce qu’elles seraient devenues utiles — !

Avec cela ancré fortement dans son esprit, Ikki contrôla la pulsation de son cœur et alla ouvrir la porte de l’arène.

Notes

  • 1 Haori : Il s’agit d’un vêtement japonais se portant sur le dessus du kimono. Mais il était avant cela porté par les combattants sur le dessus de leur armure tout comme les chevaliers européens portant leurs tablards.
  • 2 Yaksha : Il s’agit là d’un type d’esprit de la nature se trouvant dans l’hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme. Ils possèdent tous une double personnalité : un inoffensif, et l’autre méchant.
  • 3 trois milliards de yens représentent environ 30 milliards de dollars américains. En comparaison, les Jeux Olympiques de Londres de 2012 ont permis de gagner environ trois milliards de dollars en revenus de diffusion.

***

Partie 7

{Eh bien ! La troisième confrontation est terminée ! Nous arrivons à la quatrième rencontre et beaucoup de spectateurs sont venus pour elle, c’est vraiment incroyable ! Cette confrontation attire une tonne de personnes qui veulent vraiment regarder que ce match !? Avec une couverture radiophonique en direct effectuée par moi, Tsukuyomi, du club de radiodiffusion et avec celle responsable des commentaires, Nene Saikyou-sensei ! Maintenant, nous allons introduire les candidats ! Il a été le meilleur élève de l’année dernière qui est même allé jusqu’au Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée et a aussi réalisé l’exploit incroyable d’écraser l’étudiant de troisième année de l’Académie Bunkyoku qui était considéré comme le plus susceptible de remporter le championnat, et cela dans un jeu unilatéral dès le premier tour ! Il prétend devant tous qu’il va gagner contre tous les adversaires qu’il affrontera. Il a aussi obtenu jusqu’à présent des victoires parfaites dans tous ces combats réguliers et dans tous ces duels, ce qui lui a valu le surnom de « Chasseur » ! Nous avons devant nous, la personne qui est le meilleur représentant des principaux candidats pour le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée ! Le concurrent de deuxième année, Kirihara Shizuya !} (Présentatrice Tsukuyomi)

Kirihara, qui se tenait dans l’arène, leva une main. En réponse, depuis les sièges des spectateurs, d’intenses applaudissements purent ainsi être entendus.

{Comme on pouvait s’attendre de lui, avec ce visage et cette silhouette, le concurrent Kirihara possède une extraordinaire popularité auprès de la gent féminine !} (Présentatrice Tsukuyomi)

{Hein !? Quant à moi ! Mes goûts des hommes vont vers quelqu’un d’un peu plus sauvage !} (Nene)

{Je ne suis nullement à l’écoute des goûts de Saikyou-sensei.} (Présentatrice Tsukuyomi)

{Pourquoi est-ce ainsi ?} (Nene)

Tsukuyomi gardait une certaine rancune envers Nene qui avait abandonné ses responsabilités professionnelles juste avant et donc, Tsukuyomi avait simplement haussé froidement les épaules quand elle avait introduit l’adversaire de Kirihara.

{Maintenant, face au Chasseur se tient un chevalier de Rang F ! Cependant, ne le sous-estimez pas, car il ne s’agit pas d’un Rang F ordinaire ! Peut-être que presque tout le monde ici est déjà au courant que ce concurrent a en quelque sorte gagné dans une bataille simulée contre le chevalier de Rang A, la « Princesse Écarlate » Stella Vermillion ! Est-ce que les quelques enregistrements vidéo ont-ils montré sa véritable force, ou bien est-il comme prévu par tous quelqu’un des plus ordinaires, le « Pire » !? Le moment est venu de clarifier ce mystérieux pouvoir ! Le concurrent de première année, Ikki Kurogane !} (Présentatrice Tsukuyomi)

Ikki salua légèrement le public.

Quel incroyable nombre de personnes !

Se battre pour la première fois devant un tel auditoire créait ainsi une certaine agitation en lui et Ikki sentit une distance se former entre son corps et son esprit, comme si quelqu’un d’autre venait d’entrer dans l’arène. Sa conscience était comme emprisonnée dans une brume blanche et il ne pouvait plus correctement réfléchir à la situation. Comme Ikki restait là sans rien faire, perplexe, Kirihara lui adressa la parole.

« Je ne peux pas croire que tu sois réellement venu, même si tu avais fait la chose la plus intelligente dans le passé et que tu avais fui le plus loin possible de mon défi, » déclara Kirihara.

« ... Il s’agit là d’une vieille histoire, » répondit Ikki.

« Vraiment ? Eh bien, c’est tout ce que tu as à me dire. Mais maintenant que tu es sur cette scène... es-tu vraiment prêt ? » demanda Kirihara.

« Nous sommes déjà là, face à face, alors, avez-vous vraiment besoin de me demander ça ? » demanda Ikki.

« Houla ! Tout doux ! » s’écria Kirihara.

Après avoir un peu discuté entre eux, les deux duellistes prirent leurs positions respectives.

« Viens ici, Intetsu, » déclara Ikki.

« Le temps de chasser, Oborotsuki, » annonça Kirihara.

Les deux parties opposées convoquèrent leurs Dispositifs respectifs. Ikki appela un Katana en acier noir qui se trouva rapidement dans sa main droite et alors Kirihara invoqua un grand arc vert.

{Et maintenant, que le quatrième match commence !} (Présentatrice Tsukuyomi)

Le signal de départ pour ce match se mit alors à retentir. Et au même instant, le corps de Kirihara disparu totalement de la scène.

{Ooh ! Tout à coup, il a disparu ! Il s’agit là de la Zone d’Invisibilité ! Avec ceci en cours d’utilisation, le concurrent Kirihara ne peut plus être vu à l’œil nu !} (Présentatrice Tsukuyomi)

{Quelle capacité gênante ~. Il ne peut plus être affecté que par des attaques de zones.} (Nene)

{Oui, c’est bien cela ! Dans le premier tour du Festival des Épées de l’année dernière, la troisième année de l’académie Bunkyoku qui a combattu contre le concurrent Kirihara était de type combat rapproché, mais comme il ne possédait pas d’attaques de zone, il a ainsi été facilement défait. Est-ce que Kurogane possède-t-il une attaque de zone !? Nous n’exagérerons nullement quand nous annonçons cela !} (Présentatrice Tsukuyomi)

Le chasseur se cachait actuellement dans une profonde forêt et depuis cette cachette, il pointa son arc vers sa proie. Voir la silhouette du chasseur était désormais impossible. Voilà pourquoi il n’y avait personne qui pouvait arrêter cette attaque et de ce qui devait sembler être du vide, une flèche magique apparue soudainement avant de foncer vers le dos d’Ikki, en plein dans sa zone aveugle !

Voilà comment cela aurait dû fonctionner.

{Là bas !} (Nene)

{En frappant derrière lui ! Le concurrent Kurogane vient d’utiliser son Katana pour éjecter la flèche de son ennemi invisible !} (Présentatrice Tsukuyomi)

{Non, ce n’est pas encore terminé ~. Regardez !} (Nene)

Comme l’avait dit Nene, Ikki n’avait pas seulement dévié la flèche venant de sa zone aveugle, il avait aussi immédiatement tourné son corps telle une toupie et il avait couru dans la direction d’où la flèche provenait.

Kirihara était certainement impossible à voir. Cependant, pour les flèches, c’était très différent.

L’emplacement de départ des flèches pouvait être calculé à partir de là où les flèches volaient. Il s’agissait là de la faiblesse de la Zone d’Invisibilité !

Si l’on déterminait soigneusement le moment de l’apparition des flèches, il était possible d’exploiter à son profit cette information. La stratégie d’Ikki pour contrer la Zone d’Invisibilité était de calculer la direction et la distance de l’adversaire grâce à la force des flèches.

« Prends ça ! » cria Ikki.

Ikki frappa avec la lame d’Intetsu, visant l’endroit où l’ennemi devait se tenir. Mais la lame faucha l’air vide et de cette espace vide, un morceau d’un uniforme tomba au sol tout doucement.

« Ha, si proche. Non seulement tu as réussi à dévier une attaque arrivant dans ta zone aveugle, mais en plus, tu réussis même à deviner ma position après que j’ai disparu ? Ceci demande une importante concentration, n’est-ce pas ? Est-ce que c’est ce qu’on appelle : voir sans posséder la vue ? » demanda Kirihara en ricanant.

« Ce n’est pas quelque chose de si difficile à réaliser, » répondit Ikki.

Ikki retourna avec humilité à la voix qui devint rapidement vague aussi bien au niveau de sa portée que de sa direction. Cependant, contrairement à ses humbles mots, Ikki se sentait tout à fait confiant.

C’est bon !

Avant le match, sa concentration était peut-être devenue confuse, mais la stratégie qu’il avait travaillée à l’avance pour faire face à la Zone d’Invisibilité fonctionnait à merveille. La prochaine fois, il était sûr de pouvoir atteindre Kirihara. Gardant cet esprit fort, Ikki se concentra en préparation pour le second coup.

« Hooo ! Quels yeux effrayants ! Faire de tels yeux envers son ancien camarade de classe est quelque chose de si cruel, n’est-ce pas ? » s’écria Kirihara.

« Ceci n’est nullement déraisonnable pour un match, » répondit Ikki.

« Pfff ! En d’autres termes, tu essayes vraiment de me battre ? » demanda Kirihara.

« Bien sûr, sinon je ne serais jamais venu ici, » répondit Ikki.

« ... Haha, hahaha ! En effet, c’est tout à fait toi. Je pensais que te faire recommencer la même année pourrait te faire comprendre ta position, mais il semblerait qu’il n’y a pas de moyen facile pour corriger ta stupidité. Tu n’as vraiment pas du tout changé. Tu agis toujours comme dans le passé. Tellement, oui, c’est tellement désagréable, » répliqua Kirihara avec mépris.

La soif de sang avait alors rempli la voix de Kirihara et Ikki savait qu’il était temps de se concentrer sur la seconde attaque qui allait arriver sous peu. Aiguisant sa concentration pour détecter dans tous les angles possibles, il étendit sa perception et provoqua Kirihara pour qu’il lance maintenant son attaque.

« Si vous pensez que c’est désagréable, alors vous devriez simplement encocher une flèche dans votre arc et tirez afin de me tuer. Je vais à coup sûr bloquer votre attaque, » déclara Ikki.

Au moment où il percevrait la prochaine flèche, il comptait utiliser « Ittou Shura », avant que Kirihara ne puisse s’échapper. La Victoire sera ainsi décidée ici !

« Hehe... un visage avec un tel esprit combatif. Certes, ton épée est formidable. C’est quelque chose que même moi je reconnais. Mais quelle tristesse ! Car c’est seulement formidable en comparaison de ce que les paysans sont capables de faire. Pour nous, les véritables Blazers, la nouvelle race choisie de l’humanité, les batailles sont entièrement basées sur nos capacités ! Et je me demande donc bien comment un Rang F qui n’est guère mieux qu’une simple ordure peut-il briser ma Zone d’Invisibilité !? » répliqua Kirihara.

« Nous ne le saurons pas si nous n’essayons pas, » déclara Ikki.

« C’est vrai. Bon, à partir de maintenant, je vais vraiment le faire, » déclara Kirihara.

À ce moment, du sang avait jailli d’un trou se situant dans la cuisse droite d’Ikki.

« ― Quooooi !? » s’écria Ikki.

Une douleur telle que celle provoquée par un fer chaud qui aurait été enfoncé dans sa cuisse parcourue à travers toute la cuisse d’Ikki. Ceci sembla comme poignarder son cerveau.

« Guaaah ! » Ikki poussa un cri tout en étant en état de choc. Mais l’étonnement l’emporta sur la douleur.

Qu’est-il arrivé !?

Bien qu’il ait aiguisé sa concentration au maximum et qu’il ait contrôlé toutes les trajectoires possibles pour chaque attaque envisageable, il avait quand même été blessé, mais comment ? Tentant de maintenir ensemble sa conscience désordonnée avec son corps, Ikki regarda le trou qui s’était soudainement ouvert dans sa cuisse. À l’endroit où il regardait, il vit un jet de sang suspendu anormalement dans les airs, comme si le sang entourait quelque chose de transparent. Tendant la main vers cela, il avait saisi alors quelque chose de solide.

« Ceci ne peut pas être..., » balbutia Ikki.

Pour Ikki, il s’agissait là de la pire des situations.

« Exactement. Cette année, les flèches que j’utilise peuvent-elles aussi être invisibles. Comprends-tu ? En d’autres termes, mes attaques peuvent frapper furtivement mon adversaire ! » annonça Kirihara.

***

Partie 8

Arisuin fronça les sourcils alors qu’il regardait le match depuis l’un des sièges des spectateurs.

« Ceci devient très mauvais, n’est-ce pas ? » demanda Arisuin.

« Oui. Onii-sama avait remarqué la trajectoire des flèches et donc, il avait pensé à un moyen de faire face à Kirihara. Mais... en ce moment, ce plan vient d’être détruit. S’il ne peut pas voir les flèches, alors on peut oublier toute contre-attaque. Il ne peut même plus se défendre ou esquiver..., » répondit Shizuku.

« Comme on pouvait s’y attendre du représentant du Festival de l’année dernière, n’est-ce pas ? Quelle capacité scandaleuse ! » s’exclama Arisuin.

Tout à coup, Stella coupa les paroles d’Arisuin.

« Non ! » s’écria Stella.

« Stella-chan ? » demanda Arisuin.

« La Zone d’Invisibilité est certainement un pouvoir qui m’a aussi surprise, mais actuellement, ce n’est pas le problème ! Plus que cela... c’est Ikki qui agissait déjà bizarrement avant ce match ! » répondit Stella.

« Onii-sama a agi bizarrement ? » demanda Shizuku.

« Oui, c’est vrai ! Après tout, pourquoi n’a-t-il pas attaqué immédiatement après le début du match !? Il devait bien savoir que son adversaire disparaîtrait immédiatement ! Alors il savait que l’instant tout au début du match était le moment décisif où frapper !? » demanda Stella en réponse.

En entendant ceci, Shizuku répondit avec étonnement. « Vous, n’avez-vous donc rien appris de l’attaque terroriste de l’autre jour ? Ne pensez-vous pas que le fait de se précipiter négligemment, face à un adversaire qui est un Blazer, ne serait-il pas suicidaire ? Les tactiques d’Onii-sama sont avant tout basées sur la lecture des astuces de l’ennemi et sur le vol de ses pensées. C’était bien comme cela qu’il a fait contre vous, n’est-ce pas ? »

Mais Stella secoua négativement la tête. « C’est vrai. Bien sûr, Ikki observe son adversaire ce qui lui permet de créer un plan afin de gagner, mais... l’ennemi actuel a disparu, n’est-ce pas ? Il sera donc confronté en permanence à des attaques provenant d’un ennemi invisible. À quel point pensez-vous qu’il soit l’objet de fortes pressions qui finiront par l’épuiser !? »

Shizuku réalisa également ceci après que Stella l’ait déclaré. La pression mentale quant au fait de ne pas savoir d’où la prochaine flèche viendrait, ainsi que la pression de devoir rester en alerte en permanence, cet épuisement était au-delà de la norme. Pour ce combat, le plan habituel d’Ikki était rendu impossible. Comparé à cela, saisir la position de l’adversaire et frapper à l’aide d’une attaque rapide tout au début pouvait sembler hâtif. Mais d’un simple coup d’œil, on voit clairement qu’il s’agissait du meilleur choix possible.

« Malgré cela, pourquoi... ? » demanda Stella.

Alors que Stella faisait grincer ses dents, Arisuin donna la raison expliquant pourquoi Ikki avait négligé une attaque rapide dès l’ouverture du match. « Ce n’est pas qu’il ne voulait pas le faire. C’est qu’il ne pouvait pas le faire. »

« Il n’y a aucune raison de ne pas essayer cela malgré la difficulté ! Ikki n’est évidemment pas le genre de chevalier qui renoncerait si facilement !? » s’écria Stella.

« Et c’est bien parce qu’il ne renoncera jamais à cela qu’Ikki est maintenant dans une telle situation, » répondit Arisuin.

« Aucune chance ! Ce genre de chose est tout à fait..., » contraire à lui. Voilà ce que Stella allait dire, mais ses mots restèrent coincés dans sa bouche. Devait-elle vraiment croire ce qu’Ikki avait dit ?

{Je vais gagner sans aucun doute.} (Ikki)

Ikki avait eu un comportement quelque peu étrange hier. Était-il du genre à utiliser des mots forts comme « gagnez sans aucun doute » avant un combat ? Son duel avec elle s’était déroulé très différemment.

{Mais vous savez, ceci ne sera pas clair si nous ne combattons pas.} (Ikki)

Bien que son but ait toujours été la victoire, il avait très bien compris les dangers causés par un duel. Se pouvait-il que les mots forts d’Ikki eût été qu’une tentative frénétique afin de nier la pression qu’il ressentait avec la possibilité de perdre et ses conséquences ?

Arisuin hocha la tête. « Il semblerait que vous savez parfaitement ce que je veux dire. Mais ne vous blâmez pas pour ne pas l’avoir remarqué, Stella-chan. C’est à peine quelque chose que vous pourrez vous sentir responsable alors même la personne elle-même n’est nullement au courant. »

« La personne elle-même ? » demanda Stella.

« Oui, Ikki a été bien trop habitué à être blessé. Il ne peut pas entendre les cris provenant de son propre cœur. Si l’on considère la façon dont il a lutté pour entrer dans cette compétition, il est certainement anormal d’être capable de lutter de cette façon et aussi longtemps comme il a dû le faire, » déclara Arisuin.

Les épreuves qu’Ikki avait traversées pour arriver ici. En y repensant, Stella en avait totalement perdu ses mots de déni. Personne ne le comprenait, personne ne l’avait aidé. Sa terrible année de rejet absolu était tout à fait scandaleuse... non, il avait dû résister bien avant cela pendant des mois, non, il serait plus juste de dire des années. Il croyait que la chance finirait enfin par venir, mais en même temps, que le hasard allait lui faire risquer tout ce qu’il avait enduré jusqu’à présent. Et s’il perdait à ce moment-là, toutes ses expériences amères n’auraient servi à rien. Et pour couronner le tout, se trouvant ainsi dans ce genre d’épreuve décisive, il faisait face à un adversaire puissant qui était en plus de cela son ennemi naturel.

Son esprit devait être tellement tendu par une situation comme celle-là que...

Agir normalement lui aurait été impossible avec tant de pressions qui l’étouffaient totalement. Ceci serait sûrement humainement impossible à supporter.

Mais pourquoi ne l’ai-je pas remarqué alors même que si je suis la personne la plus proche d’Ikki... ? se demanda Stella.

Maintenant qu’il était trop tard, elle regrettait amèrement son ignorance. Et comme le pensait Arisuin, le stress accumulé par Ikki avait éclaté au pire moment.

« Quoi qu’il en soit... maintenant que les flèches sont invisibles, les crocs d’Ikki ne pourront plus atteindre le chasseur caché dans sa profonde forêt. Vous deux, vous devriez vous préparer à ce qui va suivre. Car ce qui commence ici ne sera pas une confrontation, mais une chasse unilatérale, » annonça Arisuin.

***

Partie 9

« ... Cruel..., » déclara Tsukuyomi.

Ceci faisait dix minutes que le match avait commencé et la voix de Tsukuyomi, qui assurait actuellement la couverture médiatique en direct du stade, vacillait. Dans l’arène, Ikki pouvait à peine soulever son épée avec ses mains ensanglantées. Il avait été réduit à cela après que les flèches invisibles de Kirihara eurent totalement détruit sa stratégie. Pourtant, la bataille continuait toujours, et cela parce que les flèches avaient déjà transpercé chacune des parties de ses bras et de ses jambes, mais aucune n’avait percé ses entrailles. Était-ce de la miséricorde ? Non, tout le monde qui regardait actuellement ce match à sens unique savait que cela n’était pas le cas. Ce spectacle montrait simplement un chasseur qui tourmentait son actuelle proie.

À ce match trop déséquilibré, Tsukuyomi essaya tant bien que mal de plaider auprès de Nene assise à ses côtés. « Saikyou-sensei ! Il n’y a plus de sens dans ce combat ! Je vous en supplie, s’il vous plaît, arrêtez le match ! Nous ne pouvons pas regarder plus longtemps autant de cruauté ! » 

Mais Nene ne répondit rien à la suite de la proposition de Tsukuyomi. Dissimulant sa personnalité insouciante qu’elle avait quelques instants avant, elle regardait l’arène avec une expression terriblement sérieuse, alors, Tsukuyomi, impuissante, poursuivit son émission en direct.

{ ... Le concurrent Kurogane a admirablement bloqué la première attaque de Kirihara, mais à partir de la seconde flèche qui est désormais invisible, il est totalement incapable de réagir et le match est totalement dominé par Kirihara. Mais malgré ceci, le concurrent Kurogane n’a toujours pas abandonné. Peut-être a-t-il un plan en tête ?} (Tsukuyomi)

Ikki ria amèrement en entendant l’annonce de Tsukuyomi. Je ne peux même pas dire cela. Ma stratégie était trop superficielle...

S’il avait réfléchi au fait que Kirihara serait évidemment différent entre cette année et l’année passée, il aurait su que l’instant tout au début du match serait le moment où la furtivité serait moins efficace et que c’était là l’instant où la victoire lui aurait été le plus probable. En réalisant quelque chose de si évident si tard, Ikki devint de plus en plus conscient de sa propre tension mentale ainsi que de sa perte de sang-froid.

Est-ce comme me l’avait dit Alice, hein ? pensa Ikki.

En y repensant, le rêve qu’il avait vu ce matin pouvait tout à fait être les cris de son cœur qu’Arisuin avait mentionné, mais Ikki ne l’avait pas réalisé à ce moment-là. Il était trop habitué à endurer et ceci donnait maintenant ce résultat si pathétique.

... Non, je ne peux plus me permettre de m’inquiéter de cela maintenant, pensa Ikki.

Eh bien, quelle était alors la meilleure option ? Que devait-il faire à partir de maintenant ? Comment pourrait-il capturer cet adversaire invisible ?

« Heh heh heh. Ne pas abandonner même si tard dans ce jeu... c’est au-delà de l’incroyable, » déclara Kirihara.

« ... Abandonner au cours de ce combat... ce serait encore pire que de devoir recommencer une année, » répondit Ikki.

« Oui, oui, ceci te ressemble tout à fait. Bon, pour te montrer un peu de respect, je vais te donner un avantage. Je vais te dire l’endroit où je vais visé lors du prochain tir. Alors, essaye de l’éviter. Maintenant, je vais commencer par viser la cuisse gauche, » déclara Kirihara.

« Gah ! » s’écria Ikki.

« Quel est le problème ? Ta réaction est trop lente. Là, l’épaule droite ! » déclara Kirihara.

« Guh...! » cria Ikki.

« Aller ! Essaye quand même d’esquiver ! Le prochain est ton oreille droite ! » annonça Kirihara.

« Uwa! » cria Ikki.

« Tes mouvements sont trop lents, Kurogane-kun ! N’as-tu pas une certaine motivation ? Mets un peu plus de combativité dans ce combat et bouge-toi ! Maintenant, l’épaule gauche ! La cuisse droite, la paume droite, le mollet, le genou droit, l’intestin grêle, l’estomac ! Le foie ! Les reins ! Le gros intestin ! Tu vas mourir, oui, tu vas mourir ! Si tu n’esquives pas un peu mieux, tu vas mourir ! » cria Kirihara.

« Guaaaaaaah ! » s’écria Ikki.

Finalement, les genoux d’Ikki ne purent plus le soutenir. Il s’effondra quand les flèches de Kirihara commencèrent à frapper ses organes internes de son torse.

« Hehehe, Hahaha ! Un être si misérable et sale ! Tu as un visage si misérable, n’est-ce pas, Kurogane-kun ? Et maintenant, tu continues à te battre, haha, tu continues à te battre avec le sourire. Tu devrais avoir une bonne raison de continuer à te battre ainsi, n’est-ce pas ? Après tout, Kurogane-kun, tu es dans ce match parce que tu veux obtenir ton diplôme, non ? » demanda Kirihara.

{Hein... !?} Face aux paroles inattendues de Kirihara, les spectateurs retinrent tous leur souffle.

{H-Hé, qu’est-ce qu’il vient de dire à propos de l’obtention de son diplôme ?} 

{Ils nous ont dit que de ne pas rejoindre les batailles de sélection n’aura pas d’incidence sur nos notes, non ?}

{Attendez une seconde ! J’ai refusé parce qu’il n’y avait pas de pénalité pour cela.} 

 

« Ah, désolé, désolé tout le monde. On dirait qu’il y a actuellement un petit malentendu. Calmez-vous. Le seul qui veut obtenir un diplôme de cette manière est ce mec-là. Ce Chevalier de Rang F ici présent, Ikki Kurogane-kun, qui possède une capacité si inférieure et ordinaire qu’il semblerait qu’il ne puisse pas obtenir son diplôme par les voies normales. À cause de cela, la nouvelle directrice a donc créé une exception qui est que s’il prend part au championnat du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée et qu’il devient le Roi des Épées des Sept Étoiles, il pourra quand même obtenir son diplôme, » annonça Kirihara.

Cette vérité fut ainsi annoncée aux spectateurs. Leurs agitations cessèrent soudainement, et quand, d’un coup, ―.

 

« « ... Bu-AHAHA HAHA HAHAHAHAHAHA !!! » » Un rire qui fluctuait telle une marée venait ainsi d’exploser en provenance de presque la totalité des spectateurs et il remplissait totalement la quatrième arène d’entraînement.

 

{Il obtiendra son diplôme en devenant le Roi des Épées des Sept Étoiles !? Hé hé, vous n’êtes pas sérieux !}

{Il n’y a aucune chance qu’une telle chose soit possible pour un Rang F ! La directrice lui a seulement fait une méchante blague !}

{Pfff et cet idiot a accepté cette promesse !?}

{Hahaha, il a oublié sa place et est venu ici. Il est totalement pitoyable, non !?}

{Il n’y a aucune chance qu’une personne qui se fait écraser à son premier combat puisse devenir le Roi des Épées des Sept Étoiles, n’est-ce pas !? Hahahahahaha!} 

Le Roi des Épées des Sept Étoiles était le sommet pour tous les étudiants-chevaliers du Japon. Parmi les dernières générations de rois, la quasi-totalité d’entre eux était de Rang B, avec quelques-uns qui étaient de Rang C et une extrême minorité était des chevaliers de Rang A. Un Rang F, un étudiant raté, inférieur à la moyenne qui rampait dans la poussière, ne pouvait pas prendre ce sommet. En toute logique, ceci ne pouvait être qu’une blague.

Mais il y avait des gens qui élevèrent leurs voix pour s’opposer à ce mépris retentissant. Ils étaient tous des camarades de classe d’Ikki.

{Ce n’est pas vrai ! Kurogane-san est vraiment incroyable !}

{C’est vrai ! Nous l’avons vu ! Nous avons vu Kurogane-san défaire à mains nues cinq personnes brandissant leurs Dispositifs !}

{En plus de cela, Kurogane-kun a également gagné contre Vermillion-san qui est un chevalier de Rang A ? Un Rang A qui ne montre que rarement son nez, même parmi les Rois des Épées des Sept Étoiles ? Et il possède de réelles capacités qu’il lui permette de gagner !}

Mais les répliques se firent.

{Idiots. Vous ne savez pas ? Cet enregistrement a été fait pour être juste quelque chose de trafiqué comme on peut en trouver sur l’Internet.} (Spectateur hostile à Ikki)

{C’est vous, les gars, qui êtes des idiots. Comment une princesse pourrait-elle participer à quelque chose de ce genre ? C’est totalement impossible, même si vous pensez cela.} (Camarade de classe d’Ikki)

{Qu’est-ce que vous en savez ? Saviez-vous que votre Rang F est un fils du clan Kurogane, et qu’il provient donc d’une lignée de Chevalier-Mage riche et de renommée mondiale ?} (Spectateur hostile à Ikki)

{C’est vrai, oui c’est vrai. La famille Kurogane a certainement envoyé de l’argent au pauvre Empire Vermillion et ainsi, ils ont arrangé un match truqué pour soutenir leur enfant. C’est probablement pour le distinguer en lui faisant gagner contre une pseudo-prodige.} (Spectateur hostile à Ikki)

{Quooi... ceci ne peut pas être vrai !} (Camarade de classe d’Ikki)

{Même si vous dites que cela ne peut pas être vrai, alors le fait qu’un Rang F qui gagne contre un Rang A est encore moins probable. Nous ne savons pas pourquoi elle a bien voulu soutenir ce sale type, mais cela devrait être vous, les gars, qui devriez mettre un peu de bon sens dans votre tête ?} (Spectateur hostile à Ikki)

À cet argument, les camarades de classe d’Ikki qui le soutenaient avalèrent leurs mots, laissant ainsi l’arène ne se remplir de rien d’autre que de huées hostiles.

{Quelqu’un qui achète une victoire avec l’influence de ses parents. Pfff. Pense-t-il devenir ainsi le Roi des Épées des Sept Étoiles ? Ne me faites pas rire, imbécile !} (Spectateur hostile à Ikki)

{Vous êtes une ordure, une honte pour nous, les chevaliers !} (Spectateur hostile à Ikki)

{N’êtes-vous pas allé au-delà de votre capacité en dépit d’être un minable Rang F !? Vous n’êtes qu’un tricheur !} (Spectateur hostile à Ikki)

La famille Kurogane qui truquerait un match pour soutenir leur propre fils ? Il s’agissait là d’un mensonge basé sur des rumeurs sans fondement. Sans aucun doute, il s’agissait du fantasme irresponsable de quelqu’un allant anonymement sur un forum en ligne, et qui avait ainsi rentré dans la conscience collective du public où tout cela s’était largement répandu pour devenir une soi-disant réalité. Il n’y avait aucune chance que le clan Kurogane continuerait à tourmenter Ikki en faisant une telle chose et cela même en tant que simple plaisanterie. De plus, c’était aussi totalement absurde de penser que la royauté de l’Empire Vermillion pourrait accepter un pot-de-vin de ce qui n’était rien de plus qu’une simple famille de Chevaliers-Mages.

Cependant, ce fantasme avait été accepté comme une vérité ici, car il était tellement confortable. La majorité des étudiants-chevaliers étaient de rang D et rang E. Des envieux qui ne cessaient de se tourner vers ceux qui étaient appelés les « Prodiges » qui existent au-dessus d’eux. Pour ces rangs D et E, ceux marqués en tant que Rang F était peu nombreux et inférieurs à eux-mêmes. Et cela les sécurisait en leur permettant d’avoir des gens à mépriser et à abuser. Ils avaient besoin de personnes inférieures qu’ils pouvaient surpasser, et qui les appelaient eux-mêmes en tant des génies et les considéraient comme bienheureux. Et parce qu’ils étaient résignés à ne jamais réaliser des exploits comme le fait de battre un Rang A, il leur fallait peu de chose pour se sentir bien. Et c’est pourquoi ils avaient pris ce fantasme commode comme une vérité et qu’actuellement, ils haussaient leurs voix pour crier des insultes.

À ces mots, Ikki grinçait des dents.

C’est tellement frustrant...

Ikki n’avait pas particulièrement besoin de l’évaluation d’autrui et encore moins de l’approbation d’une quelconque personne. Il ne se préoccupait donc pas de savoir ce qui se disait de lui. Mais... il souffrait que même de mauvaises choses soient aussi dites contre Stella. Alors bien sûr sa propre inutilité était très irritante pour lui.

« Oh, oh ! Il semblerait que beaucoup de monde parle de toi. Mais ceci ne peut pas être évité, parce qu’ils ont vu que ton rêve était bien au-delà de tes moyens et donc ils sont en colère contre toi, » Kirihara lâchait des insultes sans relâche, tandis qu’Ikki, qui était tombé à genou, baissait la tête.

« Que dirais-tu d’accepter les faits tels qu’ils sont ? Un menu fretin avec quelque chose comme le renforcement de sa capacité qui continue à se battre dans ce lieu ? En raison de ma Zone d’Invisibilité, tu ne peux même plus utiliser tes bras et tes jambes. Ceci est la réalité, n’est-ce pas ? Le statut d’une personne est déjà décidé dès la naissance. En fin de compte, il n’y a aucune vérité dans les idées comme quoi beaucoup d’efforts peuvent surpasser le talent. Peu importe comment tu agis courageusement, finalement, tu es juste très laid. Hé ! Est-ce que c’est ce que tout le monde pense maintenant !? » demanda Kirihara.

{Oui, c’est tout à fait ce que dit Kirihara-kun !} (Spectateur hostile à Ikki)

{Tu es vraiment disgracieux ! Tandis que Shizuya-kun, il est tellement magnifique !} (Spectateur hostile à Ikki)

{Adieu ! Toi le sale bâtard népotiste !} (Spectateur hostile à Ikki)

{C’est vraiment impudique pour ta position sociale de faire ainsi défection, connard ! Et combien de temps vas-tu encore nous montrer cette laideur !?} (Spectateur hostile à Ikki)

Les spectateurs avaient ainsi agi en harmonie avec l’influence de Kirihara. Leurs voix avaient alors été de plus en plus une forte pression qui frappait le corps d’Ikki. La douleur se répercutait dans son corps, ce qui lui fit grincer ses dents alors qu’il subissait ce sentiment d’impuissance.

Suis-je vraiment laid ?

En effet, on pouvait le regarder de cette façon. À l’heure actuelle, il n’avait pas de stratégie efficace contre la Zone d’Invisibilité, une furtivité qui cachait le son, les indications, l’odeur et la forme. Il ne pouvait même pas dire si une attaque venait jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Que devait-il faire face à un tel adversaire ? Il n’en avait pas la moindre idée et à ce stade, il était encore conscient seulement à cause de sa volonté. Sa volonté de ne pas abandonner qui était maintenant tendue à sa limite. S’il cédait, la marque noire provoquée par le fait d’avoir été vaincu dans une bataille de sélection serait inamovible, mais ceci ne serait-il pas toujours mieux que cette amertume ? Au moment où le cœur d’Ikki était le plus vulnérable...

 

« TAISEZ-VOUS TOUS !!! »

 

Un rugissement balaya les huées tel un tsunami et tout le monde se tourna alors dans la direction d’où cela provenait. Elle était là ―.

... Stella.

― la Princesse Écarlate se tenait debout, avec ses pupilles cramoisies brûlant d’une indignation sans limites. Une pluie de braises tourbillonnait tout autour de sa silhouette.

***

Partie 10

Shizuku et Arisuin la regardaient avec émerveillement, mais pourquoi Stella se soucierait-elle tant de cela ?

Elle ne pouvait pas en supporter plus. Lançant une malédiction sur les spectateurs avec des yeux indignés emplis de flammes, elle les frappa alors avec des mots comme si elle crachait des flammes.

« N’y a-t-il aucune chance qu’un Rang F puisse gagner contre un Rang A ? Est-ce que c’est quelque chose que vous avez vous-même décidé vous concernant !? Comme vous ne pouvez pas faire quoi que ce soit pour surmonter un génie, vous utilisez seulement tout cela pour justifier votre propre démission, vous tous, les personnes qui ont déjà abandonné tout cela pour plus de commodité. Mais dans ce cas, n’utilisez pas votre propre démission pour ainsi nier la force d’Ikki ! » cria Stella.

C’était intolérable, oui, absolument intolérable. Car même si Ikki était inférieur à tout le monde présent ici, il avait continué à rejeter cette démission ! Mais comme il s’agissait là d’Ikki, il pouvait supporter d’être ricané par tous, d’être traité comme un déchet et de se faire dire que le talent était insurmontable.

Malgré tout, il avait toujours continué à croire en sa propre valeur. Et malgré les traitements scandaleux qu’il subissait, il avait obtenu la plus puissante minute qui pouvait vaincre n’importe quel talent se trouvant face à lui. Et encore maintenant, l’éclat de l’esprit d’Ikki qu’elle avait vu ce jour-là brûlait encore dans les yeux de Stella. Avant cela, elle n’avait jamais pensé aussi fortement à une autre personne. Avant cela, elle n’avait jamais autant admiré une autre personne. Et parce que Stella avait compris à quelle hauteur était sa fierté ―.

« Il ne possède pas quelque chose comme le talent. Mais vous restez accrochées à de telles futilités. Alors pour vous, il n’y a aucune chance que vous compreniez un jour la véritable force d’Ikki ! Il n’y a aucun moyen que vous puissiez la percevoir ! Et vous, les imbéciles, avec votre ton comme si vous saviez tout, ne vous moquez pas du chevalier que j’aime !!! » cria Stella.

« Stella..., » murmura Ikki.

Face à de telles émotions qui le submergèrent, ainsi qu’aux mots qui venaient ainsi de le frapper, Ikki leva les yeux vers Stella, vers sa poitrine palpitante douloureusement d’émotions qui se trouvaient là.

« Pourquoi fais-tu un visage si misérable... !? » demanda Stella Vermillion à Ikki.

Son expression était si fragile qu’il pourrait s’effondrer à tout moment. C’était compréhensible et Stella l’avait déjà compris. Ikki n’était pas encore aussi mûr qu’elle. Au contraire, il était encore si jeune que l’on pouvait dire qu’il était encore un enfant. Peu importe comment il essayait d’être fort, peu importe la façon dont il portait son inébranlable détermination, il n’y avait aucune chance qu’il puisse aussi être totalement insensible.

Il sera toujours blessé par ces railleries et son cœur serait ainsi blessé par de tels abus. Par rapport à cette constante détresse qui le torturait tous les jours, ceci était peut-être une chose miséricordieuse provenant de sa réalité que la personne appelée Ikki Kurogane se perd aujourd’hui et se brise maintenant. Mais ―, mais quand même... !

« Ikki, ne me l’as-tu pas dit ? Quel que soit ce que les autres personnes te disent, tu ne renonceras jamais ! » déclara Stella. « J’ai pensé que si tu étais comme cela et qu’ainsi, je te suivrais partout où tu iras ! Donc face à ces personnes qui disent ce qui leur plaît, ne fais pas un visage comme si tu renonçais déjà ! Je ne veux pas que tu perdes contre un type si faible ! Parce que... celui que j’admire, celui dont je suis tombée amoureuse, et celui que j’ai toujours observé jusqu’à maintenant, est ce chevalier et je veux continuer à être fier de celui qui est appelé Ikki Kurogane ! ― Alors... »

 

« QUAND TU ES EN FACE DE MOI, TU DOIS TOUJOURS ÊTRE AUSSI COOL QUE JE SAIS QUE TU ES, TOI L’IDIIIOOOOOTTTTT !!! » cria Stella.

Car il y avait un endroit qu’elle avait toujours voulu atteindre avec lui. C’était pourquoi Stella avait mis tous ses sentiments dans son cri. Ce n’était donc plus seulement Ikki lui-même qui croyait en la valeur d’Ikki Kurogane. À ce moment-là ―.

 

*Pow !* Ikki se frappa la joue avec assez de force pour que le bruit soit entendu de loin.

{Quoii !?}  Tout le monde se mit à crier dans l’étonnement en voyant cela, cet acte excentrique. Que diable faisait-il ?

Sous les regards interrogateurs, Ikki ―.

« Merci, Stella. Tu me redonnes vraiment de la vie, » déclara Ikki.

― lentement, mais avec force, se releva.

***

Partie 11

Debout, Ikki regarda la jeune fille aux cheveux roux qui venait ainsi de le gronder. De grandes larmes brillantes débordaient des yeux rouges de Stella. Pour qui ces larmes se répandaient-elles ? Pour qui était-elle en deuil ? Ikki n’était pas assez borné pour ne pas le savoir. Cependant, même dans la douleur, Stella disait ceci.

Bats-toi !

Stella connaissait quel était le dur et douloureux chemin d’Ikki, malgré tout, elle voulait toujours qu’il continue à se battre.

Donc, il y a quelqu’un d’autre que mon grand-père, Ryouma, qui me disait de faire cela..., pensa Ikki.

Ikki pensait que s’il avait perdu lors de ce combat, alors tout ce qu’il avait souffert jusqu’à présent, perdrait tout son sens et ainsi, il avait peur de penser à cette perte. Mais il se trompait totalement. Son but de devenir un Chevalier-Mage l’avait déjà obligé jusqu’à présent à réaliser beaucoup d’efforts. Mais tous ces jours-là où il avait ainsi essayé d’aller de l’avant et où il avait mis tant d’énergie, oui, tout cela ne deviendrait jamais vide de sens.

Parce que j’ai rencontré une fille qui annonce clairement et devant tous, qu’elle aime la façon dont j’ai vécu jusqu’à présent ! pensa Ikki.

Au moment où il comprit cela, *clic*, Ikki sentit son cœur et son corps se rejoindre pour redevenir enfin unis comme ils auraient dû être. Ses pensées qui jusqu’à présent étaient assombries par la tension et la consternation redevenaient totalement claires. Son corps était grandement blessé en plus des saignements ce qui le mettait sur le bord de l’effondrement. Mais malgré ça, il pouvait bouger comme il le souhaitait. L’état de combat d’Ikki avait finalement atteint son zénith.

Mais, il était encore trop tôt, oui, beaucoup trop tôt pour abandonner. Il ne pouvait pas abandonner si facilement. Surtout qu’il y avait encore quelque chose qu’il devait essayer. Quelque chose que lui seul, Ikki Kurogane, pouvait faire. Il irait donc de l’avant, peu importe la punition qui pouvait lui être infligée. Et s’il était malgré tout vaincu en ayant utilisé toute sa force, alors il pourrait se remettre de ses blessures et se battre à nouveau, mais...

 

Mais perdre son sang-froid et fuir, ceci ce serait se déshonorer en tant que chevalier pour le restant de sa vie !

 

« OOOOOOOO !!! » cria Ikki poussa un cri de guerre et se redressa complètement.

 

De sa chair, de son sang, de chacune de ses cellules, il rassembla son pouvoir magique et enflamma le tout en un éclair. Le corps d’Ikki Kurogane se mit alors à briller avec une flamme bleue qui ondulait comme sous l’emprise du vent, l’éclat rayonnant de son Art Noble, « Ittou Shura ». Et, ce faisant, Ikki déclara sa détermination à terminer ce combat ici et maintenant.

 

 

 

« Avec ma plus grande faiblesse, je vais attraper votre plus grande force, Kirihara-kun ! » annonça Ikki Kurogane.

 

{Aaaaah! Le concurrent Kurogane, que nous pensions déjà vaincu, vient de lancer un grand défi ! Il a invoqué Ittou Shura, l’Art Noble qui a éliminé le chevalier de Rang A, Stella Vermillion ! Maintenant, la grande technique qui ne peut être utilisée qu’une seule fois par jour vient d’être activée. A-t-il pu trouver un moyen de battre la Zone d’Invisibilité !?} (Présentatrice Tsukuyomi)

À la suite de ce changement soudain dans la bataille qui était jusqu’à présent complètement dominée par Kirihara, le ton des commentaires en direct de Tsukuyomi changea. Comme elle avait été consternée par les tactiques horribles utilisées par le chasseur, elle espérait qu’une telle chose arrive au cours de cette bataille et donc, elle envoya à Ikki ses plus sincères encouragements. Mais hélas, Ikki n’avait pas la solution qu’attendait Tsukuyomi. La Zone d’Invisibilité était sûrement le plus fort Art Noble antipersonnel qui soit et ce n’était nullement une technique qui pouvait être battue par la force d’un Chevalier Raté.

Et Kirihara le savait aussi.

« Attraper ? Quelqu’un comme toi, Le Pire, veux m’attraper, moi, le “Chasseur” Shizuya Kirihara ? Ce genre de chose bien est au-delà de tes capacités. Tu ne fais que te vanter de quelque chose que tu ne peux même pas faire ! » déclara Kirihara.

Justement, c’était à l’heure actuelle tout à fait exact. Ikki se vantait de quelque chose qu’il ne pouvait pas réaliser. Le fait d’avoir ainsi agi avait certainement été une erreur et lorsqu’il avait essayé cela au début du combat, ceci l’avait seulement rendu confus. Mais dès le départ, seul Ikki Kurogane aurait pu accomplir cet exploit.

« Je crois que tu as eu assez de problèmes avec mon invisibilité depuis bien trop longtemps. De plus, je suis fatigué de te regarder faire quelque chose d’inutile et donc, j’ai décidé qu’il était temps que je conduise tout cela à sa fin... Hmm, je me rappelle que je t’avais promis de te dire où je visais, n’est-ce pas ? Alors dans ce cas... mon prochain tir sera..., » déclara Kirihara.

Une soif de sang était clairement perceptible dans la voix de Kirihara quand il encocha une flèche sur la corde de son arc. Peut-être que son mouvement serait le tir final qui décidera de ce combat.

« ― Le sommet de ton crâne. Si tu ne veux pas mourir, alors esquive-le, toi, l’échec, le redoubleur ! » déclara Kirihara.

Une intention meurtrière et destructrice s’abattit alors, et une flèche invisible capable d’arracher la vie fut envoyée directement dans la direction d’Ikki. Mais les intentions de tuer étaient maintenant sans conséquence. De sa flèche, il n’y avait rien qui pouvait être vu, rien qui pouvait être entendu. Ikki voyait que ce qu’il pouvait voir, entendait que ce qu’il pouvait entendre. Et donc, plutôt que d’essayer de voir la flèche.

Souviens-toi ―

L’ordre dans lequel il avait reçu ses blessures, leurs directions ―

Souviens-toi ―

La profondeur de ses blessures, leurs angles ―

Souviens-toi ―

Les paroles déclarées par Kirihara à ce moment-là, le son de sa voix ―

Tout concernant ce match était rassemblé dans ces détails. Parcourant l’histoire d’une technique particulière d’un style d’épée, analysant les pensées de l’ennemi, ses priorités, ses déplacements... c’était comme s’il collectait les connaissances concernant la maîtrise d’une école d’épéiste, désossant la position des blessures et leurs angles. C’était comme s’il volait les principes se trouvant derrière son inventeur, les astuces qu’il avait utilisées, exposant le mode de pensée de la personne à l’aide de mots et d’informations présentes dans la voix. Et puis, en plus de tout ce qui se trouvait là, il examina aussi ses actes antérieurs, ses tendances naturelles, sa personnalité, ses techniques, sa conception du monde. Puis en les intégrant, en les analysant, en les comprenant, et cela jusqu’à l’épuisement de toutes les sortes de données en sa possession ― il saisissait ainsi tout concernant la personne appelée Shizuya Kirihara !

Il n’y avait aucune raison pour qu’il ne puisse pas le faire. Ce n’était pas si difficile en soi. Car depuis le début, depuis longtemps, Ikki Kurogane avait toujours combattu de cette façon !

À cet instant, la flèche projetée par Oborotsuki frappa Ikki. La zone qu’elle perça... ne fut pas le sommet de la tête, mais le cœur. Oui, Kirihara avait tendu un piège lors de sa dernière attaque. Cette dernière avait été réalisée avec le sang-froid du chasseur. Son adversaire était déjà dans une situation désespérée, mais juste au cas où, comme si aucune des blessures n’avait eu lieu, il envoya une flèche dans le cœur d’Ikki tout en disant qu’il visait sa tête. Une feinte rajoutée à son invisibilité, son attaque ne permettant déjà pas l’esquive. Et exactement comme Le Chasseur l’avait prévu, la mise à mort invisible perça le cœur d’Ikki.

« ... Oh !? » s’exclama Kirihara.

Ce bruit se répandit de la bouche de Shizuya Kirihara à la vue inexplicable se trouvant devant lui et son esprit se vida d’un coup. Il avait bel et bien envoyé une flèche de mort assurée qui ne pouvait pas être évitée ou bloquée, mais la main gauche d’Ikki l’avait quand même saisie, l’arrêtant au moment où elle allait pénétrer dans sa poitrine.

« C-Comment... ? » demanda Kirihara.

Comment était-ce possible ? Est-ce qu’une telle chose était elle vraiment arrivée ? Pour le chasseur surpris qui avait ainsi été confronté à une réalité au-delà de sa compréhension, sa proie imbibée de rouge toussa avant de lui dire.

 

« ... Comme je le pensais, il n’y avait aucune chance que vous me disiez la vérité, » déclara Ikki.

 

« Qu’est-ce que tu dis — !? » s’écria Kirihara.

À ce moment-là, Kirihara frissonna comme si un ver avait creusé un sillon dans son dos. Les yeux d’Ikki, sans la moindre errance, le regardaient directement alors qu’il devrait être imperceptible.

« Ceci... ne peut pas être..., » balbutia Kirihara.

Il n’avait jamais connu cela avant et une sueur glaciale coulait de tout son corps. Un frisson rampa vers le haut de sa colonne vertébrale et ses membres tremblèrent alors avec fracas. Dans le champ de vision ― d’un Kirihara bouleversé.

« ... Oui, je vous ai attrapé et je ne vais pas vous laisser partir de là, » déclara Ikki.

― le sanguinolent chevalier devant lui se mit à rire faiblement.

***

Partie 12

{QQQ-Que se passe-t-il — !? Le concurrent Kurogane vient d’attraper la flèche qu’il ne devrait pas être en mesure de voir ! Que diable se passe-t-il !? Même moi, qui suis directement sur place, je ne peux toujours pas voir le concurrent Kirihara ! La Zone d’Invisibilité, la furtivité parfaite, est encore active, et donc, les images de nos appareils ne nous montrent absolument pas sa présence... mais elles révèlent que le concurrent Kurogane a réagi face à la flèche qui volait vers lui ! Peut-il voir des choses que nous ne pouvons pas !?} (Présentatrice Tsukuyomi)

{Aha, wahahaha! Il est sérieux !? Ce mec l’a vraiment fait !} s’écria Nene.

Brusquement, Nene, qui était elle aussi responsable des commentaires de cette bataille, se frappa dans les mains tout en faisant un rire retentissant.

{Saikyou-sensei ? Y comprenez-vous quelque chose !?} demanda la présentatrice Tsukuyomi.

{Hehe hehe hehe... ! Oui ! Oui ! J’ai tout compris. C’est exactement comme cela semble être. La Zone d’Invisibilité est désormais totalement inutile.} Annonça Nene.

Aux mots de Nene, Kirihara se mit à réagir par réflexe. « N-ne soyez pas ridicule ! Ma Zone d’Invisibilité est imbattable ! Il n’y a aucune chance que ce déchet de Rang F puisse voir à travers elle ! » 

{Ahaha. Oui tu as raison. Mais voilà aussi ce que je pense de cela. La Zone d’Invisibilité de Kiri-yan [1] est le plus fort Art Noble contre les combattants solos. Tu as donc totalement raison d’être confiant à ce sujet, car après tout, on ne peut en aucun cas voir à travers la Zone d’Invisibilité. Mais la chose qui a été vue est... le chasseur lui-même.} Répondit Nene.

« Bon sang ! Qu’est-ce que ça signifie !? » s’écria Kirihara.

{Oh, mon Dieu ! Tu es exceptionnellement terne, mon petit Kiri-yan ? N’as-tu pas vu le combat entre la princesse et Kuro-bou [2] ? À cette époque, Kuro-bou a vu et a volé les Arts Impériaux de la princesse. Mais le vol d’une technique d’épée n’est nullement un exploit ordinaire comme cela peut l’être de simplement imiter un style. C’est à la place quelque chose comme le fait d’absorber un style ou un art de manier l’épée. L’histoire accumulée est ainsi étudiée. Les idées qui indiquent comment on en est arrivés là sont ainsi découvertes, les exposant littéralement, et ceci, jusqu’à être retourné jusqu’au principe de sa fondation. Voilà ce que nous appelons le vol d’une technique d’épée. Et actuellement, il a fait exactement la même chose contre toi. Pendant ce combat, il a volé la personne appelée Kirihara. N’est-ce pas, Kuro-bou ?} demanda Nene.

Aux mots absurdes de Nene, Ikki répondit. « Eh bien. C’est quelque chose comme ça. »

Ikki confirma l’analyse de Nene tout en lui faisant un clin d’œil. Il avait employé sa technique antipersonnel, Le Vol de la Lame, contre Kirihara.

« R-Ridicule ! Comment quelque chose comme cela pourrait-il se produire !? Surtout que je dois toujours être invisible pour toi... ! » demanda Kirihara.

« Exact, je ne vous vois pas. Mais Kirihara-kun, savoir où vous êtes en ce moment ce n’est pas si compliqué, parce que vous avez laissé beaucoup trop d’indices, » déclara Ikki.

« Des indices... ? » demanda Kirihara.

« Les blessures que vous m’avez infligées, » répondit Ikki. « Votre manière d’agir a été saisie à partir de la série des blessures que j’ai reçues. Votre direction, je la connais grâce à l’angle des impacts. Et la distance, je l’ai connu à l’aide de la puissance de vos attaques. Tout cela me dit clairement où vous êtes. Et ainsi, connaître la position du chasseur à un moment donné est facile si je prends en compte ces marqueurs et si je comprends autant de choses vous concernant. Ceci revient finalement à la même chose que de pouvoir vous voir. Dans ce duel, il était correct pour moi de faire ce que je fais habituellement. Que ce soit une technique d’épée ou une personne, il y a toujours un principe qui fondamentalement gouverne toutes leurs actions. Vous pouvez appeler cela un système de valeurs. En utilisant les actions et les plans de cette personne, je peux savoir à quoi cette personne pense en ce moment. Quand et comment je dois me déplacer ! Quelles sont les contre-mesures qui devraient être faites ! Que ce soit pour se mouvoir vers l’avant ou pour reculer, pour attaquer ou pour défendre, toutes les mesures possibles sont complètement et très clairement prévisibles. Par exemple, en ce moment, je sais que vous avez fait trois pas en arrière alors que je vous parlais. »

Le corps de Kirihara se figea d’effroi à la déclaration claire d’Ikki et il laissa fuir un cri silencieux, parce que ce qu’Ikki venait de déclarer était incontestablement vrai. Mais bien sûr, Ikki pouvait connaître la réaction de Kirihara. Le principe dont il avait parlé n’était pas une notion limitée à ici et maintenant. Cette prévisibilité de la pensée humaine était liée à une identité fermement ancrée, pas à quelque chose qui pourrait être changé en un instant. Cependant même si la personne elle-même voulait modifier cette identité, la pensée même d’être plus malin que l’autre provenait de l’identité elle-même et donc cela ne pouvait donc pas échapper à la perception d’Ikki. En volant l’identité de l’adversaire, Ikki avait saisi tous ces sentiments et ces pensées.

Si Ikki devait nommer cette technique, alors cela serait sans aucun doute la « Vision Parfaite » [3]. Avec la découverte de ce pouvoir, Kirihara avait enfin compris une chose. La véritable et horrible puissance du chevalier appelé Ikki n’était nullement sa technique d’épée, ni son coup de pouce d’une minute, ou toute autre chose comme cela. Il s’agissait de sa capacité à exposer et à refléter la véritable nature de tout ce qu’il voyait, un œil si précis tel un miroir magique qui brillait. Ce miroir qui pouvait même capturer l’invisible chasseur. Et donc ―.

« Je vois tout ce que vous êtes capable de faire. Dans ce match, je vais prendre sans aucun doute possible la victoire ! » déclara Ikki.

Avec cette déclaration, Ikki fonça vers l’avant afin d’enfoncer ses crocs dans le « Chasseur » qui avait ainsi perdu son refuge !

« R-Restez loinnnnnn !!! » cria Kirihara.

En réponse, Kirihara mit en place une résistance finale. Bandant Oborotsuki avec tant de force qu’il se mit à grincer, il fit alors face au plafond au-dessus de lui et tira une flèche avec toute sa magie chargée en elle. Un instant plus tard, la flèche explosa dans les airs, devenant ainsi une centaine de copeaux de fer brillant de lumière, mais invisible aux regards des autres. Chutant sur Ikki telle une soudaine averse, ils se précipitèrent sur lui, forant et brisant le sol de pierre du champ de bataille, le soulevant et le cassant à maintes reprises.

Il n’y avait aucun schéma à cette destruction sauvage. L’Art Noble de la Pluie du Million [4] était une attaque de longue portée en aveugle composée de plus d’une centaine de fragments de métal. Kirihara avait conclu que si ses pensées étaient en train d’être ainsi lues, il devrait attaquer la zone sans aucune pensée tapie en lui. L’idée de base était correcte, mais même cela ―.

« Pourquoi !? Pourquoi n’a-t-il pas été touché !? » demanda Kirihara.

― Ikki avait dévié les projectiles invisibles se trouvant sur son trajet, et cela tout en courant à travers cette pluie destructrice sans même subir le moindrement ralentissement. Il se lançait ainsi à travers ce nuage entouré de poussière sans aucune hésitation. En vérité, il avait déjà tout vu à travers tout cela.

« Tout ceci est inutile. Peu importe combien vous essayez de garder votre cœur calme, vous voulez quand même me battre. Vous voulez me tuer. L’envie de votre cœur me crie votre intention de me tuer et cela ne peut en aucun cas être masqué. Peu importe combien vous voulez m’attaquer avec un esprit illisible, l’intention de tuer est présente en vous, » répondit Ikki.

Et la Vision Parfaite avait capturé avec précision cette intention. Attaquer un ennemi sans avoir consciemment le but de tuer en tête était un état mental enseigné par certains arts martiaux, mais ce n’était pas une compétence que quelqu’un comme Kirihara pouvait utiliser. Il avait seulement augmenté le nombre de flèches qu’il avait envoyé en même temps afin de battre son adversaire.

« Que ce soit une centaine de flèches ou un millier, mon Ittou Shura ne tombera pas face à de telles choses ! » (Ikki)

Cette résistance était déjà dénuée de sens. Tel un joueur de rang supérieur qui pouvait prédire une centaine de coups, Ikki avait déjà vu la fin de ce match !

« Attends, attends ! Stop ! Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt Arrêt, je t’ai dit d’arrêter ! M’entends-tu !? Arrête de plaisanter, putain ! Suis-je censé tomber face à un tel échec d’étudiant de Rang F !? Contrairement à toi, beaucoup de mondes attendent des choses de moi ! Contrairement à une ordure sans valeur comme toi, j’ai des choses à perdre, t’en rends-tu compte ? Quelqu’un comme toi n’a finalement aucune raison de gagner contre moi ! Alors, arrête-toiiiii  !!! » cria Kirihara.

Mais Ikki n’avait nullement arrêté son mouvement. Il ne pouvait plus être arrêté par Kirihara !

« H-Hey ! C’est une blague, hein !? Yeah! Laissons tomber ! Laissons tomber ça ! Ce genre de..., cette lame !? Si tu frappes une personne avec cette chose, ceci va probablement devenir une catastrophe, ai-je raison !? Ce genre de chose n’est pas normal, n’est-ce pas !? Il n’y a pas d’autres raisons pour nous de le faire ! Alors, arrêtons-nous là ! Je sais ! Si l’on décidait du gagnant avec un pierre-feuille-ciseaux ! C’est correct ainsi, non !? Hey, Kurogane-kun ! Ne sommes-nous pas des camarades de classe, et même des amis !? » demanda Kirihara.

Ikki n’avait nullement l’intention de l’écouter. Qui était celui qui avait demandé s’il était lui-même préparé à venir se battre lors de ce combat ? Dès l’instant où un chevalier entrait dans l’arène, il devait être déterminé à tuer ou à être tué. Par conséquent, Ikki ne ressentait nulle pitié. La lame noire allait écraser toutes les défenses de Kirihara, et ainsi, effaçant la distance entre lui et Kirihara, avec son épée, quand enfin ―.

« Haaaaaaaaaaaaaaaa !!! » cria Ikki.

« H-HIIIIIIIIIIIIIIII! A-ARRRETERRRRR !!! Je sais ! Je veux bien perdre ! Oui, je suis parfaitement d’accord que je perdes ce match. ALORS, NE ME BLESSSSSSEZ PAS, MEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERR... !!! » cria Kirihara.

Ikki frappa vers le bas dans un flash et à ce moment-là, l’espace devant lui fut comme cisaillé par une lumière très brillante. Le corps de Kirihara était actuellement visible au milieu de cette lumière. Kirihara tomba alors sur le dos. Il était déjà inconscient, comme le démonteraient ses yeux révulsés ainsi que la mousse blanche qui jaillissait de sa bouche, mais cela... sans subir la moindre blessure. Sa peau n’avait été que superficiellement coupée, si faiblement qu’il n’y avait même pas de saignement sur la zone du bout de son nez où la lame était entrée en contact.

Ikki avait déjà compris que Kirihara allait abandonner. Et donc, depuis le début, il n’avait jamais eu l’intention de tuer Kirihara. Et encore ―.

La distance prévue était déphasée d’un millimètre.

Même s’il n’avait pas eu l’intention de le blesser, le tranchant de l’épée avait légèrement touché la peau. Même si c’était seulement d’une aussi faible distance, c’était assurément la puissance des flèches de Kirihara qui avait rendu la lecture de la distance difficile.

Je suppose que ma formation est toujours incomplète ? J’ai encore un long chemin à parcourir, pensa Ikki.

Et voyant que le chasseur avait été vaincu par la bête maniant l’épée devant lui ―

« Kirihara n’est plus en état de se battre ! Le vainqueur est donc Ikki Kurogane ! »  L’arbitre annonça ainsi la première victoire d’Ikki.

Notes

  • 1 Kiri-yan : Contraction de « Kirihara-chan ». Par rapport à l’utilisation du suffixe « — chan », qui signifie « petit » et qui est utilisé pour parler aux enfants. Se référer à Kirihara avec ce « Kiri-yan » indique qu’elle le traite encore plus comme un enfant.
  • 2 Kuro-bou : Contraction de « Kurogane bouzu », où « bouzu » signifie « garçon ». Semblable à Kiri-yan, mais il s’agit là d’une façon mièvre pour répondre à un enfant.
  • 3 Vision Parfaite : Il utilise le kanji 完全掌握, « Kanzen Shouaku » signifiant « Compréhention Parfaite »
  • 4 Pluie du Million : Il utilise le kanji 驟雨烈光閃, Shuu'u Rekkousen (« La Pluie de la Lumière Violente »).

***

Partie 13

{Le match est finiiiiii ! Il semblerait donc que le chevalier de Rang F, le concurrent Ikki Kurogane, a acquis la victoire lors de ce match ! Mais alors même qu’il lui avait été interdit d’assister aux combats lors de sa précédente année, il a aujourd’hui vaincu le plus fort des chevaliers de sa génération dans une lutte à mort et a ainsi acquis une première victoire fort belle au cours de ces matches de sélection !} (Tsukuyomi)

Au moment où la victoire d’Ikki fut annoncée à tous, les chaînes qui retenaient son corps semblèrent se rompre. Tout ce qui l’avait soutenu jusqu’à présent céda. Les blessures et les saignements reçus au cours de la lutte ainsi que la fatigue extrême d’Ittou Shura se rassemblèrent d’un coup.

{Félicitations à vous... ! Aaaaah ! Le concurrent Kurogane vient de tomber dans l’arène ! N’est-il pas tout à fait maladroit de s’effondrer après avoir ainsi remporté son match !?} demanda Tsukuyomi.

{Merde. Vite ! L’équipe médicale ! Dépêchez-vous de mettre immédiatement cette personne dans une capsule !} cria Nene.

Acceptant les instructions de Nene, le personnel de l’établissement plaça le corps d’Ikki sur une civière avant de quitter rapidement l’arène. Des capsules IPS avaient été installées dans chacune des arènes d’entraînement et donc, les pires scénarios étaient le plus souvent évités. Et ainsi, après que le gagnant fut parti de cette façon, seul un Kirihara évanoui restait au centre de l’arène, et cela jusqu’à ce que Kirihara soit traîné hors de l’arène par un membre du personnel de l’école.

{Le prétendant Kirihara vient tout à l’heure également de quitter l’arène. Il était considéré jusqu’à maintenant comme étant le principal candidat du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée pour cette année, mais vient inopinément d’être vaincu ! Peut-être à cause de cet énorme choc, mais il semblerait qu’il ne montre aucun signe de pouvoir se lever en dépit de n’avoir reçu aucune blessure !} déclara Tsukuyomi.

Un membre du groupe qui acclamait Kirihara avant cela, et qui avait bien vu la conclusion de la lutte depuis les sièges des spectateurs, toussa avant de déclarer. « Ce n’était vraiment... pas génial. » 

« Oui, au dernier moment, ne s’est-il pas... mis à pleurer ? Ceci me met quelque peu mal à l’aise ! » répliqua un autre.

« Franchement, je suis désabusée..., » déclara une autre.

« Partons. Oui, allons ailleurs. J’ai déjà perdu tout intérêt pour lui, » déclara une quatrième.

Depuis leurs sièges de commentateur, Tsukuyomi et Nene regardaient toutes ces personnes en train de discuter.

{Ohohoh ! Les filles qui l’acclamaient jusqu’à présent semblent le quitter en masse. Eh bien ! Il doit être difficile de perdre son idole,} déclara Tsukuyomi.

{Tôt ou tard, il aurait été le moindrement blessé, et donc, ils auraient tous vu qui il était vraiment, n’est-ce pas ?} demanda Nene.

{ ... C’est peut-être vrai, hein ? Oh et bien, la quatrième rencontre se termine ici. Le cinquième match commencera après une période de nettoyage. Et donc les concurrents qui se présenteront lors de ce nouveau match, s’il vous plaît, veuillez vous préparer,} annonça Tsukuyomi.

Après avoir fait cette annonce, Tsukuyomi coupa son micro.

« Ouf... quel combat incroyable. La Zone d’Invisibilité du concurrent Kirihara qui lui avait permis tant de victoires sans subir la moindre blessure vient d’être totalement surpassée par un chevalier de Rang F. Je n’avais pas vu venir cela, » déclara Tsukuyomi.

Se plaçant pour ainsi pouvoir se relaxer, elle avait déclaré cela à Nene qui était à proximité. Mais là où aurait dû être assise Nene, il y avait seulement une note portant un court message : {Ce match a été satisfaisant, alors je suis partie d’ici.}

« Nooon! Je ne veux pas faire ça seule encore une fois ! Que quelqu’un me rejoigne vite ! » cria Tsukuyomi.

***

Partie 14

Alors que Tsukuyomi hurlait son désespoir, les spectateurs étudiants quittèrent un par un la quatrième arène d’entraînement puisque la plupart d’entre eux étaient uniquement venus pour regarder ce match. Mais deux personnes se tenaient là, au milieu de ce flux, sans bouger d’un pouce.

« Avec tant de spectateurs qui quittent l’arène, je me sens un peu mal pour les deux combattants du prochain match, » déclara Arisuin.

Arisuin toussa tout en regardant en direction des personnes qui sortaient, puis demanda à la petite fille qui se tenait à côté de lui. « D’un autre côté... Shizuku, ne vas-tu pas dans sa chambre d’hôpital ? »

Shizuku secoua légèrement la tête. « ... Même si j’y allais, il sera uniquement en train de dormir. »

« Il pourrait être en train de dormir, mais dans le cœur d’une jeune fille, elle voudrait être à proximité à un moment comme celui-ci, n’est-ce pas ? Stella-chan est déjà auprès de lui... Peut-être que tu as pensé à les laisser seuls tous les deux ? » demanda Arisuin.

Il avait posé la question avec soin, mais le visage de Shizuku se gonfla alors qu’elle commença immédiatement à bouder. Elle découvrit ses dents en colère.

« Aujourd’hui est... spécial. On dirait que cette fille a obtenu une victoire, » répondit Shizuku.

Shizuku semblait en apparence très réticente, mais en réalité, elle était très heureuse. Personne ne le savait, mais parce que Stella avait majestueusement déclaré devant les masses un amour pour la volonté ainsi que ses sentiments envers le frère de Shizuku dont personne ne comprenait rien, Shizuku résistait à l’envie de courir immédiatement auprès de lui et donc, elle préférait rester plus loin. Elle se tenait tout simplement ici, parce que, au moins pour aujourd’hui, elle ne voulait pas interférer entre eux.

« Mais c’est uniquement vrai que pour aujourd’hui ! » annonça Shizuku.

« Hahaha... Shizuku, » répliqua Arisuin.

« Quoi ? Tu veux te moquer de moi comme si j’avais perdu ? » demanda Shizuku.

« Pas du tout. Tu ne le sais peut-être pas, mais j’aime beaucoup la façon dont tu agis, » déclara Arisuin.

Ses joues pâles tournèrent au rouge, Shizuku bouda alors de plus en plus.

« Bon sang ! S’il te plaît, ne joue pas avec moi comme ça ! » s’écria Shizuku.

« Haha, je suis désolé. Je ne vais plus toucher à ce sujet. Donc comment puis-je te remonter le moral ? Eh bien, que devrions-nous faire ? Comme nous sommes déjà ici, que dirais-tu de regarder le prochain match ? » demanda Arisuin.

« ... Je ne suis pas très intéressée par cela, » répondit Shizuku.

« Dans ce cas, nous devrions voyager un peu plus loin que d’habitude et aller manger quelque chose de délicieux, juste nous deux ? Avec Ikki blessé comme ça, la célébration pour la victoire d’aujourd’hui sera certainement reportée, » déclara Arisuin.

L’utilisation d’une capsule raccommodait immédiatement les blessures, mais la fatigue ne pouvait pas être réduite si facilement. Ikki serait probablement dans le coma pour le restant de la journée. Et jusqu’à ce qu’il se réveille, Stella sera certainement à son côté.

« Puisque tu donnes un peu de temps seul à ces deux-là, tu mérites un peu de luxe en retour, tu ne penses pas ? » demanda Arisuin.

« ... Un endroit avec de l’alcool savoureux serait très bien. Je suis déjà une adulte après tout, donc..., » déclara Shizuku.

« D’accord ! Je connais un endroit avec une bonne ambiance. Tu vas bien t’amuser, » annonça Arisuin.

« En dépit de ce que je disais tout à l’heure, je vais absolument regretter de laisser cette truie seule avec mon frère pendant quelques heures. Ce qui signifie que je vais être de très mauvaises humeurs. Désolée, mais tu dois être prêt à subir cela, » déclara Shizuku.

« Hahaha. Ne t’inquiète pas, je serai prêt à l’emploi ♪, » répondit Arisuin.

Puis, tout en décidant s’ils allaient retourner dans leur chambre pour changer de vêtements, les deux personnes sortirent derrière le flux des personnes qui quittaient elles aussi l’arène. Regardant le dos des spectateurs qui se trouvait devant eux, Shizuku toussa soudainement.

« Ces gens qui insultaient Onii-sama avant cela, je me demande si elles refuseront toujours de croire qu’il est vraiment fort !? » demanda Shizuku.

« Qui peut le dire ? » répondit Arisuin. « Il y a probablement des personnes qui n’accepteront jamais la réalité même quand ils la voient de leurs propres yeux. Mais tout le monde qui possède la force d’essayer d’aller au sommet des Sept Étoiles va sûrement le reconnaître et ainsi, ils se rappelleront tous le nom d’Ikki Kurogane. Alors Ikki ne sera ainsi plus considéré comme un Chevalier Raté qu’il semblait être jusqu’à présent. Certainement pas. »

Les paroles d’Arisuin étaient tout à fait correctes. Aujourd’hui fut un point décisif pour Ikki, car le Chevalier Raté prit dès lors un nouveau nom dans tous les recoins du Net.

Le Roi sans Couronne de l’Épée.

Un tel nom démontra clairement qu’Ikki ne restera pas juste un Chevalier Raté. Et tout cela, car Ikki Kurogane avait battu l’un des principaux candidats représentatifs du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée.

***

Partie 15

« Bien bien ! Le match d’aujourd’hui a été un spectacle étonnant. Un Chevalier de Rang F redoublant a ainsi fait chuter Le Chasseur qui utilisait le plus fort Art Noble antipersonnel qui soit et cela, en utilisant une telle méthode non conventionnelle ? Voir à travers l’identité de son adversaire en plein milieu d’un match est bien au-delà de ce que peut faire l’homme, » déclara Nene.

À côté des sièges de spectateurs de la quatrième arène de formation pouvait être vue une petite silhouette d’un rouge éclatant qui montait l’escalier tandis que ses chaussures faisaient un bruit de *clack clack*. Elle était celle qui avait fui après avoir effectué quelques commentaires au cours du match, Nene Saikyou. Et elle était en train de prononcer un monologue concernant le match avec une attitude passionnée.

« Personne, pas même dans la ligue de classe A, ne pourrait faire quelque chose comme ça. Non, non, il est bien approprié qu’il soit l’arme secrète de Kuu-chan. Les batailles de sélection seront certainement très agréables ~. Mais la prochaine fois, je veux qu’il affronte un adversaire bien plus fort. Par exemple, oui... comme la présidente du Conseil Étudiant de l’Académie Hagun, » continua Nene.

Elle venait finalement d’arriver au dernier rang des sièges des spectateurs.

« N’êtes-vous pas d’accord avec moi, vous, les membres du Conseil Étudiant de l’Académie Hagun ? » demanda Nene.

Elle se tourna alors vers les quatre chevaliers se tenant là, avec un sourire montrant bien qu’il y avait un sens caché derrière ses propos. Ces quatre possédaient un pouvoir magique d’une qualité bien évidemment supérieure vis-à-vis des étudiants qui quittaient actuellement l’arène et ils avaient tous des surnoms personnels.

Le vice-président, « Cinquante Cinquante » Utakata Misogi.
La trésorière, la « Scharlach Frau » [1] Kanata Toutokubara.
Le secrétaire, le « Destructeur » Ikazuchi Saijou.
La directrice des affaires générale, la « Grande Coureuse » Renren Tomaru.

Elles étaient les personnes les plus influentes de l’académie Hagun.

« Il est dommage que Toka-chan ne soit pas ici, n’est-ce pas ? Elle voulait voir le match d’aujourd’hui, vous le saviez ? Mon intuition dit que Kuro-bou deviendra le rival de Toka-chan lors des batailles de sélection, » déclara Nene.

Aux paroles de Saikyou, Utakata Misogi, un élève du primaire... non, un petit garçon qui pouvait même prit pour un enfant de la maternelle, éclata de rire.

« Ahaha — ☆. Saikyou-sensei a délibérément déclaré cela à haute voix, n’est-ce pas ? » demanda Utakata Misogi.

Kanata Toutokubara, la grande fille blonde vêtue d’une robe blanche et pure comme si elle était une noble française et qui portait en tout temps un parasol, même si elle était à l’intérieur, sourit alors qu’elle se tenait à côté du petit Utakata. « Hmm. Oui, tout à fait. Il a combattu si vaillamment après avoir subi d’importantes blessures, de sorte qu’il serait déplorable de ne pas l’estimer avec une valeur encore plus élevée, n’était-ce pas ce que vous dites ? » 

« Hehe. Pour cette fois-ci, n’êtes-vous trop confiante ? Est-ce que le fossé de puissance entre les étudiants réguliers et les quatre meilleurs du Festival de l’Art de l’Épée de l’année dernière est-il vraiment si important ? » demanda Nene.

« Ahaha —☆. Saikyou-sensei déclare donc vraiment délibérément cela. Même si elle le sait déjà, » répondit Kanata Toutokubara.

« Hmm, c’est sûrement ainsi. Il est vrai que même sans regarder dans les choses du passé, comme dans les dossiers des années précédentes, c’est clair, » déclara Utakata Misogi.

« Qu’est-ce que vous dites ? » demanda Nene.

Toutokubara leva légèrement son visage et plissa ses yeux bleus comme elle regardait loin.

« C’est assez simple. Même avec ces griffes, et peu importe comment sont pointus ses crocs... comment une souris gagnerait-elle contre un lion ? Elle ne remarquera même pas ce garçon, notre princesse est bien loin de lui. Elle ne pourra même pas voir quelqu’un comme lui de tout en haut, » déclara Toutokubara Kanata.

Notes

  • 1 Scharlach Frau : il s’agit d’allemand qui signifie la « Femme Écarlate ».

***

Épilogue : Une Promesse sous le Clair de Lune

 

Ikki se réveilla et la première chose qu’il ressentit fut une luminosité floue qui se propageait sur ses paupières. À ce moment-là, il ouvrit les paupières sans aucune difficulté. Dans la pénombre de la pièce, un plafond familier flottait devant ses yeux.

« Suis-je à l’infirmerie ? » murmura Ikki.

C’était exact. Ikki s’était effondré après le match et son traumatisme physique avait été immédiatement traité dans une capsule. Il avait ensuite été amené à l’infirmerie et mis dans un lit. Levant légèrement la tête, Ikki regarda à travers la fenêtre. La pleine lune lui montra qu’il avait dormi pendant de nombreuses heures depuis que le match s’était terminé.

C’est sûrement, car j’ai été autant blessé, du moins, je le suppose, pensa Ikki.

Mais il ne ressentait déjà plus aucune douleur provenant de son corps, de sorte qu’il savait que ses blessures avaient été complètement guéries. En dépit d’avoir été violemment frappées, les blessures de cette gravité ne restaient pas si une capsule était rapidement utilisée afin de les traiter. Pourtant, la fatigue restait quant à elle très présente.

*Ronflement*

« Hmm ? » demanda Ikki.

À sa grande surprise, Ikki entendit un bruit familier, se situant quelque part dans la pénombre. Il s’agissait de quoi ? Il leva très lentement son corps.

« Stella... » demanda Ikki.

Elle somnolait sur une chaise posée à côté du lit. Dans son souvenir, juste avant de perdre complètement conscience, alors qu’il avait été installé sur un brancard, il avait vu la silhouette d’une jeune fille qui l’avait appelé pendant tout le trajet.

... Était-elle restée avec moi depuis tout ce temps ? se demanda Ikki.

En pensant à cela, Ikki ressentit une douce pression serrant sa poitrine.

« Ah ! » s’exclama Ikki.

Après l’avoir observée de plus près, il vit qu’un peu de bave pendait des lèvres de Stella alors qu’elle somnolait. Il semblerait que même une princesse soit sans défense pendant son sommeil. Mais ceci n’était probablement pas quelque chose qu’elle voudrait que les gens voient. Ikki chercha alors dans sa poche, puis sortit un mouchoir et doucement essuya la salive suspendue tout en prenant soin de ne pas la déranger. Mais ―.

« Nn... uu,... fuaa. »

Est-ce qu’elle dormait trop légèrement ? Stella ouvrit ses yeux au moment où le mouchoir toucha ses lèvres.

« Désolé. Je suppose que je t’ai réveillée ? » demanda Ikki.

« Ikki... ? » demanda Stella.

Stella était encore toute engourdie due au sommeil et elle agissait d’un air absent. Mais lentement, sa vue se centra sur le mouchoir humidifié par sa propre salive. *Poof!*. Son visage devint d’un rouge vif et elle arracha alors le mouchoir des mains d’Ikki.

« As-tu vu quelque chose ? » demanda Stella.

Ikki grimaça à la question férocement lancée contre lui.

« Je n’ai rien vu, » répondit Ikki.

« Tu mens, » s’écria Stella.

« ... Oui désolé, » répondit Ikki.

« Ooh — ! » s’exclama Stella.

Il répondit docilement et le visage de Stella devint de plus en plus de la couleur d’une aubergine bien mûre, sa bouche grimaçant d’avant et en arrière.

« Tu es le pire ! De me réveiller à un moment tel que celui-ci ! Ceci est vraiment trop embarrassant ! » s’exclama Stella.

« ... Il est vraiment difficile de répondre à ce genre de critique, » répondit Ikki.

« Tais-toi, imbécile ! Je vais aller acheter un autre mouchoir puis je reviendrais plus tard ! » s’écria Stella.

« Hein ? Non, tu ne devrais pas faire cela. Tu n’as pas besoin de t’inquiéter à ce sujet, » déclara Ikki.

« Je dois m’inquiéter à ce sujet, tu devrais le savoir ! » répliqua Stella.

« Ah, d’accord ! S’il te plaît, pardonne-moi, » déclara Ikki.

Ikki dut se rétracter quand Stella grogna et découvrit ses crocs. Mais au moment où la conversation était au point mort, *grondement grondement*, un son mignon sorti alors en provenance de l’estomac de Stella qui fit écho dans l’infirmerie silencieuse.

« Nooooooonnnn ! Qu’est-ce que c’est que ça !? » s’écria Stella.

« Stella, calme-toi. Il se peut qu’il n’y ait personne d’autre ici, mais nous nous trouvons quand même dans une chambre d’hôpital, » déclara Ikki.

« Pour être vue comme cela au moment où tu te réveilles... Tout cela me donne aussi envie de pleurer ! Tout est complètement de ta faute ! Qu’est-ce que tu fais là, toi ? !? Tu m’entends faire des sons dus au fait que je suis affamée comme si de rien n’était ! Idiot, imbécile ! » s’écria Stella.

Stella frappa Ikki à plusieurs reprises avec ses poings en boule. Ceci faisait un peu mal, mais il ne pouvait pas se plaindre envers Stella qui était restée à ses côtés assez longtemps pour avoir manqué le repas. Ikki baissa la tête face aux réprimandes de Stella.

« ... Je suis vraiment désolé. Je ne t’ai vraiment pas montré des choses cool aujourd’hui et je t’ai fait t’inquiéter, » déclara Ikki.

« Je n’ai pas été inquiète du tout ! Ces types de blessures sont telles des égratignures après une petite sieste dans une capsule...! » répondit Stella.

« Mais tu as été avec moi tout ce temps, n’est-ce pas ? » demanda Ikki.

Puis, il jeta un rapide regard sur le ventre qui venait de faire un grognement juste avant. Stella détournait étrangement son visage.

« Je ne pouvais pas éviter de faire cela, tu le sais bien ! As-tu déjà oublié ? Je suis ton esclave et il est donc naturel pour un serviteur de veiller sur son maître malade. Ce n’est pas quelque chose dont tu as besoin de m’exprimer ta reconnaissance pour avoir fait cela ! » répliqua Stella.

« Non, je veux dire, si tu n’avais pas été là aujourd’hui, ceci aurait pu vraiment être dangereux pour moi, » déclara Ikki.

Alors qu’il était presque sur le point de céder, elle avait crié qu’elle aimait quelqu’un de si non qualifié. Et il s’agissait de la raison pour laquelle Ikki n’avait pas abandonné ses espoirs alors que tant de gens le traitaient comme un déchet. Même dans son amertume, il s’était souvenu de ses mots d’amour et maintenant Ikki devait transmettre quelque chose à Stella, peu importe quoi.

« He ! Stella, » déclara Ikki.

« Je t’ai déjà dit que je n’avais pas besoin de gratitude ―, » répliqua Stella.

Non, ce qu’il voulait transmettre n’était nullement de la gratitude.

 

« Moi aussi, je t’aime Stella, » annonça Ikki.

 

Face à la jeune fille qui avait dit qu’elle aimait la façon dont il avait vécu, Ikki lui avoua directement ses honnêtes sentiments et alors, en réponse à cela, toutes les expressions du visage de Stella disparurent à cette soudaine confession qui venait de lui être faite. Et comme si ceci avait été trop brusque pour elle, elle ne comprit rien au début, mais la compréhension arriva progressivement dans son esprit.

« Hyau...! » Stella cria tout en tombant de sa chaise avant d’atterrir directement sur son dos.

« Quuu.. ! Est-ce que ça va, Stella !? » demanda Ikki.

« Id― ii-idiot ! S-Sais-tu ce que tu viens de me dire !? » demanda Stella en criant.

« Oui, je le sais. Je t’aime Stella, » déclara Ikki.

Qu’Ikki se soit préparé ou non, ses paroles n’étaient, dans tous les cas, nullement déclarés timidement. Mais Stella, qui ne s’attendait pas à ce genre de confession avait maintenant son visage qui rougissait d’un incomparable rouge par rapport à celui qu’elle avait eu peu de temps avant sur son visage. Et c’est ainsi qu’elle se trouva réduite à marmonner des propos incohérents.

« Q-Que dis-tu, mais, c-cela !? Mon Dieu, c’est, ton mode de vie, Ikki, ta volonté, quelque chose comme ça, que j’ai dit que j’aimais, tu le sais !? P-Pas particulièrement toi-même, cela... en tant qu’h-h-h-homme, si je t’aime, je ne parlais pas de ça, tu sais !? Le point principal est que je suis la princesse d’un autre pays et que l’affection d’un roturier, q-que ce genre de chose est totalement impossible ! » déclara Stella.

Ikki hocha la tête.

« Oui, je ne le sais que trop bien. Je suis après tout une personne déracinée qui ne peut même pas revenir dans sa propre famille et toi, tu as ta propre situation, ta position et ainsi de suite. Les mots provenant de ma bouche ne peuvent pas devenir quelque chose de réel. Mais aujourd’hui, je ne peux plus les garder à l’intérieur de moi plus longtemps, » déclara Ikki.

Toute cette douceur, il ne pouvait pas la garder plus longtemps cachée en lui. C’était bien trop difficile.

« Si je ne te le dis pas maintenant, alors je ne pourrai sans aucun doute plus jamais le faire plus tard, alors... Je voulais que tu saches que le fait de t’avoir rencontrée m’a vraiment rendu heureux. Bien sûr, tu n’es nullement obligée de me répondre, » déclara Ikki.

Il savait qu’il allait être rejeté, mais l’amertume provoquée par cela était bien plus supportable que de ne pas transmettre sa grande reconnaissance et voilà pourquoi Ikki avait ainsi déclaré ses vrais sentiments de cette façon. Mais ―.

« ... Ce n’est vraiment pas juste, » déclara Stella.

Il regarda Stella qui gonflait ses joues.

« Qu’est-ce qui n’est pas juste ? » demanda Ikki.

« ... Tu as été si honnête, c’est vraiment sournois, » répondit Stella.

Ikki ne comprenait pas ce que Stella lui disait. Mais il avait tout simplement l’intuition que la colère de Stella devait être terriblement à vif. Comme il l’avait pensé, elle était probablement devenue très ennuyée d’avoir dû entendre la confession de quelqu’un qui était même inférieur à un roturier. Dans tous les cas, elle avait l’air très irritée.

« Ferme les yeux pendant un petit moment, » déclara Stella.

Va-t-elle me frapper !?

« Euh, euh, désoler Stella. Si je t’ai incommodée ―, » déclara Ikki.

« Je t’ai dit de fermer les yeux ! » ordonna Stella.

« D-D’accord ! » déclara Ikki.

Il y avait des fois où la voix de Stella exerçait une force irrésistible. Peut-être était-ce une aptitude due à son appartenance à la royauté ? Ikki ferma les yeux tout en émettant un son de nervosité et après un court silence :

 

*baiser*

 

 

 

 

 

Il ressentit une sensation tendre et humide directement sur sa joue.

« Hein...? » s’exclama Ikki.

Ikki ouvrit les yeux sous le choc et c’est alors qu’il vit une jeune fille qui avait ses propres joues colorées d’un ton de la couleur de pomme rouge vif.

« S-Stella... tout à l’heure... !? » demanda Ikki.

Il ne put terminer la question. Car même comme il était là, Ikki avait déjà compris que Stella l’avait embrassé. Mais parce qu’Ikki ne s’attendait vraiment pas à ce que Stella fasse une telle chose, il ne pouvait que la regarder en silence, en étant totalement abasourdi. Les yeux de Stella s’embuèrent en réponse à la réaction d’Ikki.

« N-ne te méprend pas. Tout à l’heure, esclave ou maître, princesse ou roturier... ce n’est pas lié à tout cela. Je ne l’ai fait que parce que je voulais le faire. Je-je veux dire qu’en ce moment, même si tu m’avais donné l’ordre de le faire, je n’aurais absolument pas fait quelque chose comme ça..., » déclara Stella.

« ... En d’autres mots, tu dis que toi aussi tu m’aimes ? » demanda Ikki.

Stella cacha ses yeux humides à la suite de cette question, alors que ses joues fleurissaient encore plus d’un rouge d’embarras. C’était vraiment très faible, mais elle avait certainement hoché la tête à cette question.

« ... M-Mais, tu sais ? Parce... que je n’ai jamais socialisé avec des garçons avant cela, tu pourrais vraiment être très déçu, » déclara Stella.

« P-Pas du tout ! D’ailleurs moi aussi, je n’ai jamais socialisé avec les filles avant cela, » répondit Ikki.

Ikki n’avait jamais été dans une telle relation avant. Son premier baiser... eh bien, il avait été volé l’autre jour par sa sœur cadette. Mais son expérience avec le sexe opposé était également inexistante et il l’avait de lui-même admis honnêtement.

« Donc, je suis ton premier amour, Ikki ? » demanda Stella.

« O-Oui, » répondit Ikki.

« Vraiment ? ... Hehehe. D’une certaine manière, je suis contente de cela..., » déclara Stella.

Stella plissa ces yeux dans la joie avant d’adoucir ses joues. Ikki ne put se retenir plus longtemps en voyant cela.

« Désolé. Mais en ce moment, tu es bien un peu trop mignonne pour que je puisse le supporter ainsi, » déclara Ikki.

« Hein !? » s’exclama Stella.

Sans attendre que Stella ne puisse terminer sa phrase, Ikki attira le corps de la jeune fille vers lui-même avant de la serra fortement dans ses bras.

« Je te remercie. J’en suis très heureux, » déclara Ikki.

« ... Bon sang ! Je te laisse être aussi agressif, mais juste aujourd’hui. Tu as compris ? Si tu n’es pas plus doux après cela, je te mordrais, d’accord ? » répliqua Stella.

Soupirant d’étonnement, Stella mit également lentement ses mains autour du dos d’Ikki, acceptant ainsi son étreinte. Le corps de Stella était chaud, doux... mais il sentait aussi une forte flamme brûlant à l’intérieur d’elle. Cette chaleur était merveilleusement douce.

Et... pour cette raison―

« Hey Stella, » déclara Ikki.

« ... Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Stella.

« À cette époque, n’as-tu pas dit que tu étais celle qui me suivrait partout où j’irais ? » demanda Ikki.

« Oui, c’est bien ça, » déclara Stella.

« Moi aussi. Si je suis avec toi, alors je sens que je peux devenir assez fort pour aller n’importe où, » continua Ikki.

Alors ―.

« Alors, allons-y ensemble. Tous les deux. Aussi haut que les chevaliers puissent aller, » déclara Ikki.

Et ―

 

« Et pour le dernier match lors de ce sommet, je veux te combattre, » déclara Ikki.

 

S’éloignant un peu de Stella, Ikki déclara cela en la regardant dans les yeux. Marcher ensemble, poussant l’autre vers l’avant, puis s’affrontant à nouveau en face à face. Dans un premier temps, les profonds yeux pourpres de Stella s’étaient grandement ouverts en raison de la surprise, mais rapidement, un incendie commença progressivement à y osciller, brillant d’un fort esprit combatif.

« ... J’espère la même chose que toi ! Parce que la prochaine fois, je ne dois absolument pas perdre face à toi, » déclara Stella.

C’est ce qu’Ikki désirait le plus et Stella le souhaitait également du plus profond de son cœur. Elle l’aimait plus que quiconque. Elle le respectait plus que quiconque. Et pour ces raisons-là, elle voulait une fois de plus combattre ce chevalier. Comme Ikki, elle était quelqu’un qui désirait atteindre les plus hauts sommets. Et en haut de ce sommet, elle n’avait nullement l’intention de le laisser gagner. Les deux, au milieu du silence si écrasant qu’il en faisait presque mal aux oreilles, s’étaient ainsi juré cela au clair de lune. À partir de maintenant, ils auront probablement beaucoup de combats à effectuer face à de puissants ennemis qu’ils n’avaient encore jamais rencontrés auparavant.

Mais ils ne pouvaient pas perdre face à quiconque ―.

Et pour répondre à leur rival le plus élevé et le plus aimé directement sur le champ de bataille où le Roi des Épées des Sept Étoiles était couronné ―.

 

« “Je te le promets.” » Déclarèrent les deux.

***

Illustrations

 

***

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5 commentaires :

  1. Dommage que votre travail ne soit pas plus exposé :'( Ou du moins avant cela je n’en ai jamais entendu parlé. En tout cas je vous remercie pour ce travail de qualité et surtout gratuitement. je n’ose même pas savoir le nombres d’heures de taff derrière ça. Encore une fois Merci.

    • Merci.
      Pas mal d’heures de boulot derrières toutes ces traductions. Pour l’exposition, comme la team est toute récente, c’est normal, mais cela progresse.
      On a de plus en plus de lecteurs et bientôt, de nouvelles fonctionnalités vont voir le jour ce qui devrait aussi incité le monde à venir sur notre site à la place d’aller chez ceux qui publie nos traductions chez eux (déjà que les leurs ne sont jamais à jour vu que nous corrigeons souvent des fautes quand nous en trouvons, ou qu’un lecteur en trouve).

  2. Merci pour votre énorme travail !!
    Pouvez m’indiquer où est-ce que je peux signaler les fautes ? Cela vous évite de tout relire vous même pour rien puisque que vous connaissez déjà l’histoire ^^

  3. Merci bcp pour la traduction de ce premier, il y a pas mal d’informations trés importante et intéressantes qui ne sont pas dans l’animé

  4. dans la parti 6 tu as mis que 3 milliard de yen équivalais à 30 milliard de dollars. Je pense que tu t’est trompé et que tu a voulut écrire 30 millions de dollars. A moins que le yen dans ce roman soit devenu plus fort que le dollars ?

    En tout cas merci beaucoup pour ces traductions

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