Wortenia Senki – Tome 8 – Chapitre 3 – Partie 5

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Chapitre 3 : La renarde du Nord

Partie 5

Leur plan initial était de faire de Xarooda leur vassal, et d’attendre une opportunité pour faire de même avec Rhoadseria et Myest. À cet égard, on pouvait dire que leurs plans avaient été devancés, à une exception près.

« Je suppose que oui. Je n’imaginais pas que ce serait une personne aussi capable. Je l’ai peut-être un peu sous-estimé. »

Grindiana se redressa et porta la tasse de thé posée sur la table à ses lèvres. Depuis longtemps, elle s’intéressait à la valeur géographique de la péninsule de Wortenia. Après tout, tant que l’on pouvait faire quelque chose pour ces terres, l’établissement d’une route maritime entre Helnesgoula et Myest serait possible.

Grindiana connaissait l’importance du commerce. À ses yeux, le fait que Rhoadseria avait laissé les vastes terres de Wortenia sans gestion pendant tant d’années la faisait douter de la santé mentale de ce pays et de son gouvernement. Si ces terres étaient à elle, elle ne pouvait qu’imaginer les richesses qu’elle en tirerait.

Mais tout cela n’était qu’un rêve. Grindiana savait que mobiliser une armée et qu’entrer en guerre avec Rhoadseria au nom de l’occupation de ce no man’s land n’en valait en aucun cas la peine.

Maintenant, cependant, une chance de réaliser ce rêve était tombée à ses pieds. Lupis Rhoadserians avait accordé cette terre à un homme, que ce soit par caprice ou par véritable gratitude.

« Qu’il en soit ainsi. Nous avons passé pas mal de temps à rassembler des informations, mais je ne suis pas particulièrement mécontente du résultat. »

Depuis que Ryoma avait reçu Wortenia, Grindiana avait gardé un œil attentif sur la péninsule et ses actions. C’était ainsi qu’elle avait appris que Ryoma venait d’un autre monde.

« Mais êtes-vous vraiment sûr… ? Selon la façon dont les négociations se déroulent, je crois qu’il est possible pour vous de dominer la péninsule de Wortenia », dit Grisson.

Grindiana sourit à ces mots.

« Je n’ai pas l’intention de m’obstiner à régner directement sur Wortenia. Du moins, pas tant que cet homme continuera à la gouverner correctement et à me rapporter des bénéfices… »

En effet, tant que Ryoma gérait correctement la péninsule, elle pouvait faire des profits. Le sourire sur ses lèvres était vraiment rempli de la dignité mystique que l’on attend de la Renarde du Nord.

Pour Grindiana, rien ne comptait plus que le fait que l’alliance des quatre royaumes augmenterait la portée du commerce. Car ce faisant, Helnesgoula deviendrait plus puissante qu’elle ne l’était actuellement.

L’expansion de son territoire était bien sûr importante, mais elle savait que régner sur une terre trop vaste ne serait qu’un fardeau. Après tout, une terre trop grande ne pouvait devenir qu’un foyer de rébellion…

Pendant que Grisson et Grindiana planifiaient leur prochain plan d’action, Ryoma était retourné dans sa chambre à l’auberge de la ville.

« Ouf, elle était tout aussi effrayante que les rumeurs le disent… »

Ryoma soupira en prenant une gorgée du verre posé sur la table en face de lui.

« Pas étonnant qu’on l’appelle la Renarde du Nord. Lupis ne lui arrive pas à la cheville. C’est femme est tout simplement monstrueuse. »

L’ombre qui s’accrochait à son expression montrait clairement à quel point Grindiana Helnecharles lui inspirait de la crainte. Laura avait refroidi la bière dans son verre grâce à la magie, et la boisson froide servait à refroidir doucement la chaleur qui brûlait dans sa poitrine.

« Mais les discussions elles-mêmes se sont bien déroulées ? », demanda Laura avec un doux sourire, tout en faisant basculer la bouteille dans le verre après que Ryoma l’ait fait claquer contre la table.

Ryoma ne savait pas quand exactement elles avaient trouvé le temps de le faire, mais apparemment les sœurs Malfist étaient sorties en ville pour acheter de nouveaux vêtements. Elles avaient déjà quitté les vêtements sales et pleins de suie qu’elles portaient sur le chemin de Memphis et étaient habillées comme les filles du coin. C’était des vêtements ordinaires faits de chanvre, mais ils étaient faciles à porter et avaient encore quelque chose de fleuri.

Ryoma remarqua également l’arôme des roses qui s’élevait de Laura. Elles avaient probablement acheté du parfum en même temps qu’elles cherchaient des vêtements. Elles considéraient probablement leur toilette personnelle comme une sorte de devoir d’esclave envers leur maître, ou quelque chose de ce genre.

« Oui, le capitaine Greed était ravi et a dit que ça s’était bien passé », s’exclama Sara avec une joie innocente.

« Je… suppose », dit Ryoma en esquissant un sourire crispé avant de prendre une autre gorgée. Il était vrai que, du point de vue des jumelles, les négociations avaient été un grand succès. Une alliance avait quand même été formée avec Helnesgoula à sa tête.

« Ou quelque chose te dérange ? Penses-tu que l’accord pourrait finir par être annulé ? », demanda Laura, remarquant l’ombre qui s’était installée sur le visage de son maître.

Il était vrai que l’accord passé par Ryoma avec Grindiana n’était que verbal pour le moment. Mais tout de même, il s’agissait d’un accord verbal entre un leader d’un pays et un autre. La rupture de cet accord entraînerait son lot de conséquences. Même s’il s’agissait simplement de stopper l’invasion d’O’ltormea, aucun pays ne pourrait facilement tourner le dos à une telle promesse.

Rhoadseria et Xarooda n’avaient pas la puissance militaire nécessaire pour survivre à cette situation, et n’avaient donc jamais eu l’option de vraiment refuser l’accord. Myest avait suffisamment de forces pour entrer en guerre, mais même s’ils refusaient l’alliance, cela ne changerait pas grand-chose. Dans ce cas, les trois autres pays formeraient simplement une alliance sans eux.

Il était vrai que sans l’influence de Myest en tant que partenaire commercial, les profits de l’alliance seraient moindres, mais cela n’influencerait pas beaucoup les choses à long terme. Si Myest finissait par refuser, certains ajustements devraient être faits dans l’accord, mais il était autrement sûr de dire que le traité ne pouvait pas être révoqué à ce stade.

« Eh bien, je pense juste que j’ai peut-être un peu exagéré… »

Ryoma secoua lentement la tête à la question de Laura.

Ce qui avait serré le cœur de Ryoma si fortement, c’était le regard de Grindiana au moment où il lui avait fait ses adieux. C’était le regard d’un prédateur observant sa proie. Il ne pensait pas avoir fait de mauvais choix, mais il y avait peut-être quelque chose qu’il aurait pu faire différemment.

« Peut-être que je n’aurais pas dû laisser une si forte impression… »

Peut-être qu’au lieu de venir personnellement, il aurait plutôt dû envoyer un noble de Xarooda et manipuler leurs actions depuis l’ombre. Pourtant, il y avait un motif valable qui l’avait poussé à ne pas le faire.

Il y a une chance que cela l’ait rendue suspicieuse, alors je me suis dit que j’allais le faire moi-même…

Si Ryoma avait essayé de rester en retrait, Grindiana aurait probablement considéré le changement soudain de politique de Xarooda avec suspicion. Aussi inconfortable que cela puisse l’être, si un messager était simplement venu avec une lettre de Julianus Ier, il y avait de fortes chances pour qu’elle soit jetée sans être lue. Refuser une lettre était une chose très répréhensible d’un point de vue diplomatique, elle aurait donc été probablement acceptée, mais les choses ne se seraient toujours pas déroulées aussi facilement.

« Mais si nous prenons trop de temps, la forteresse du bassin d’Ushas pourrait ne pas tenir. Alors, le fait que vous ayez terminé ça aussi rapidement n’est-il pas la preuve que ce que vous avez fait était idéal ? », demanda Laura.

Ryoma dut acquiescer. L’affrontement final avec O’ltormea était imminent, et il n’y avait pas de temps à perdre.

« Je suppose que oui… »

Le fait que Ryoma doive se sentir si prudent à proximité de Grindiana était un résultat négatif qu’il n’avait pas prévu, mais il ne pouvait rien faire d’autre que d’essayer de compenser ce trou dans ses plans.

Pour l’instant, je devrais mettre de côté mes contre-mesures contre Helnesgoula et me concentrer sur la guerre qui m’attend.

L’alliance avec Helnesgoula prenait forme, mais la question restait posée : comment cette guerre allait-elle se terminer ? La composition de cette image se précisait déjà. Deux problèmes subsistaient cependant. Premièrement, il devait discuter de la suite des événements avec Grindiana et recevoir son approbation. Deuxièmement, ils devaient s’assurer que le groupe de Lione pourrait se retirer du bassin d’Ushas en toute sécurité.

« Nous devons envoyer un oiseau immédiatement et les informer de notre situation. Ils n’ont envoyé aucun message, on peut donc supposer que tout se passe comme prévu pour le moment. », dit Sara.

Ryoma leva les yeux au ciel à ces mots. Les téléphones et les e-mails n’existaient pas dans ce monde. Cela signifiait que chaque fois qu’une information était transmise, il y avait toujours un certain délai, directement proportionnel à la distance que l’information devait parcourir.

Heureusement, les normes technologiques de ce monde étaient plus ou moins uniformes. La vitesse à laquelle l’information voyageait était à peu près la même dans tous les pays. Bien sûr, Ryoma était habitué à l’échange instantané d’informations que permettait la technologie moderne, et ce décalage lui semblait être un énorme inconvénient. Et pour être honnête, il était toujours à la recherche d’une meilleure méthode. Et bien qu’il ait trouvé une solution possible…

La façon dont tout se déroulera dépendra de la façon dont cette guerre se termine.

Il y avait encore beaucoup de choses que Ryoma voulait et devait faire, mais pour l’instant il ne pouvait se concentrer que sur une seule chose. Aussi mécontent que Ryoma, un lycéen normal, puisse être de cette situation, elle était toujours le résultat de ses propres choix. Et on pouvait aussi appeler cela le destin.

« Oui, c’est ça… »

Sa tactique d’embuscade du convoi de ravitaillement d’O’ltormea pour ralentir leur vitesse d’invasion était bonne, mais il savait qu’il ne pouvait pas espérer couper complètement leur ligne d’approvisionnement. Il avait seulement demandé à Lione de leur infliger quelques dégâts et de se retirer ensuite à la forteresse du bassin d’Ushas. Là, les forces alliées des armées de Xarooda, de Rhoadseria et de Myest devaient tenir la ligne contre l’invasion O'ltormean.

Si tout se passait comme prévu, le groupe de Lione aurait dû se retirer de la région montagneuse en ce moment même.

Mais le temps, le temps, le temps… Les pourparlers avec Helnesgoula ont été réglés plus vite que prévu, mais nous ne tenons toujours qu’à un fil… Bon sang, nous devons y arriver…

Leurs chances étaient déjà minces, car ils avaient dû renverser la situation face à l’ennemi alors qu’ils étaient en position d’infériorité. Ils n’avaient pas d’autre choix que de faire un pari à un moment donné. La rencontre avec Grindiana s’étant bien déroulée, Ryoma était maintenant confronté à son prochain défi.

« Mais se plaindre maintenant ne nous mènera nulle part. Tout ce que nous pouvons faire, c’est croire que Lione et Joshua puissent tenir jusqu’à ce que nous puissions renverser la forteresse des plaines de Notis. »

L’esprit de Ryoma se tourna vers eux deux, sur ce champ de bataille loin au sud.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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