Wortenia Senki – Tome 7 – Chapitre 5 – Partie 2

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Chapitre 5 : Démonstration de puissance

Partie 2

« Oho… Vous pensez que ce n’est pas le moment ? »

« Je ne dirai pas que ce n’est pas le cas, mais je ne dirai pas non plus que ça l’est. Je crois que la bonne marche à suivre est que j’examine d’abord attentivement les informations dont nous disposons, que je me fasse une idée de la situation afin de pouvoir vous donner ensuite une réponse plus éclairée. »

Les chuchotements des nobles s’étaient intensifiés, et l’inimitié dirigée vers Ryoma avait augmenté en intensité. Était-ce par pure animosité, ou peut-être pour une raison quelconque… ?

« Je vois… C’est très prudent de votre part. »

« La frontière entre la bravoure et l’imprudence est mince, Votre Majesté. »

Toutes les personnes présentes dans la pièce avaient été bouleversées par le fait que Ryoma s’était adressé au roi aussi franchement qu’il l’avait fait. Ses yeux s’étaient retournés vers le regard puissant que lui adressait le trône. C’était un regard acéré, comme si l’homme avait essayé de voir à travers son cœur.

L’agitation s’était soudainement éteinte, et le silence s’était installé dans la salle d’audience.

Ses yeux sont inébranlables… Julianus I sentait une forte volonté brûler dans les yeux de Ryoma.

Il n’y voyait que la puissance de l’acier incarnée dans la forme d’un homme.

Quel genre de vie doit-on mener pour porter ces yeux à un si jeune âge… ?

Julianus I avait connu deux autres personnes ayant le même regard acéré que cet homme qui le regardait intensément. L’un d’eux était le défunt général Belares, la divinité tutélaire de Xarooda. L’autre était la déesse blanche de la guerre de Rhoadseria, Helena Steiner. Ils portaient une certaine lumière en eux. Ils avaient confiance en cette lumière, et cela se voyait dans leurs yeux.

« Très bien… Je souhaite que vous me prêtiez votre force, aux côtés de Dame Helena », dit Julianus I, l’intensité de son regard interrogateur faisant place à la sérénité qu’il affichait plus tôt.

« Je ferai tout ce qui est en mon humble pouvoir pour assurer la victoire de Xarooda. »

Ryoma inclina silencieusement la tête en promettant le triomphe au roi.

« Hmm. Nous attendons beaucoup de vous… »

Les mots de Julianus Ier avaient détendu l’air dans la salle d’audience. Les renforts envoyés par Rhoadseria avaient été acceptés. Mais certaines personnes n’étaient pas si heureuses de les accueillir. Lorsque Julianus Ier avait approuvé la réponse de Ryoma avec un sourire, un homme avait franchi la barrière de la garde royale et s’était avancé devant le trône.

« Attendez, Votre Majesté ! »

Julianus I jeta un coup d’œil dans la direction de l’homme et ordonna aux chevaliers qui tentaient de le retenir de le lâcher.

« Qu’y a-t-il, comte Schwartzheim ? »

Le roi regarda l’homme agenouillé devant son trône avec une expression quelque peu amusée, posant son menton sur ses mains alors qu’il lui donnait la permission de parler.

L’homme — le comte Schwartzheim — était vêtu de vêtements de soie décorés de cordes dorées et incrustés de pierres précieuses. Apparemment, il était assez influent au sein du palais. Le fait qu’on lui avait même donné la permission de parler après avoir fait irruption dans la garde royale était une preuve de sa position.

C’était un homme d’une quarantaine d’années, aux cheveux blonds peignés en arrière et au ventre rond et bombé. Mais ses épaules étaient plus larges que ses 170 centimètres de haut ne le laissaient supposer, et ses avant-bras étaient aussi épais que des rondins. Il était clair qu’il n’était pas seulement un noble influent.

« Si je peux me permettre, j’aimerais dire quelque chose, même si cela peut me valoir votre colère, Votre Majesté », dit-il en baissant la tête.

Pendant qu’il parlait, les regards dirigés vers Ryoma par les nobles à ses côtés devenaient de plus en plus aigus. Haine, colère, envie, dégoût. Des émotions bien trop vives pour être dirigées vers un homme qu’on avait rencontré pour la première fois.

C’est quoi le problème de ces types… ?

N’importe qui serait déconcerté par le fait qu’un étranger le regarde avec une haine flagrante, mais Ryoma avait essayé de supprimer sa confusion. Il ne pouvait pas se permettre de montrer une quelconque faiblesse dans cette salle d’audience, où ceux qui étaient de son côté étaient mêlés à ses ennemis.

Bien sûr, il pouvait se faire passer intentionnellement pour faible afin que les autres le sous-estiment, mais pour l’instant Ryoma avait besoin que les nobles de Xarooda soient absolument en admiration devant lui. Et en tant que tel, il prit soin de maintenir son expression aussi dure que possible.

« Si vous avez une opinion sur mes décisions, dites ce que vous pensez. »

« Je crois que cet homme, Mikoshiba, n’a pas la force que vous attendez de lui, Votre Majesté. Je crois qu’il serait préférable qu’il prenne ses soldats et retourne dans son pays. »

C’était une déclaration tellement provocante et impudique que toutes les personnes présentes dans cette salle d’audience n’avaient pu s’empêcher de commencer à murmurer.

« Ohoh. Vous me dites de renvoyer le seigneur Mikoshiba et ses renforts après le long voyage qu’ils ont fait pour venir ici ? », demanda Julianus I.

« C’est effectivement le cas. »

Le comte Schwartzheim acquiesça, ne montrant aucun signe de honte ou de remords.

« Comte Schwartzheim… Vous réalisez la signification de ce que vous dites ici, oui ? Avez-vous l’intention de creuser un fossé entre notre pays et Rhoadseria ? », dit Julianus Ier avec une voix agréable et presque amusée.

En effet, renvoyer Ryoma maintenant serait un terrible coup diplomatique, mais cela allait sans dire.

« C’est en effet une préoccupation dont je suis conscient. Mais Votre Majesté, vous ne pouvez dire cela que parce que vous n’avez pas vu les soi-disant renforts que cet homme a amenés avec lui. », dit le comte Schwartzheim, faisant taire le tumulte qui remplissait la pièce.

« Dame Helena me dit qu’ils sont tous des élites sélectionnées. »

« Si le général Helena Steiner vous a vraiment dit cela, Votre Majesté, alors je suis triste de dire qu’elle vous a grandement induit en erreur. J’ai vu ses forces, et elles ne sont que de trois cents. Non seulement cela, mais ils sont principalement constitués de filles roturières qui ont à peine l’âge, voire pas du tout. Je ne vois pas ce qu’elles peuvent nous apporter de bon sur le champ de bataille. Au pire, elles seront enlevées par l’ennemi, ce qui diminuera le moral de notre armée. Et puis, après un an de résistance, nos forces n’ont pas beaucoup de réserves à épargner. Puisqu’ils sont inutiles au combat, je propose qu’ils fassent demi-tour et retournent à Rhoadseria. »

La voix du comte Schwartzheim avait résonné dans la salle d’audience. Les renforts de Rhoadseria étaient constitués des 2 500 chevaliers menés par Helena et des trois cents amenés par Ryoma, soit un total de 2 800 soldats. Même si Helena, malgré toutes ses louanges, les commandait, leurs forces étaient bien inférieures aux dix mille élites envoyées par Myest.

Si l’attitude du comte Schwartzheim était excessivement grossière compte tenu du fait qu’il s’adressait à un homme venu de loin pour leur venir en aide, sa position n’était pas totalement erronée. Un allié faible pouvait être un handicap bien plus grand qu’un ennemi puissant, et la guerre dépendait de la façon dont on brisait le cœur des hommes.

En effet, il suffisait parfois de réclamer la vie du général qui dirigeait le champ de bataille, et d’autres fois, il fallait vaincre tous les soldats de l’ennemi. Mais si l’on examinait bien les choses, la raison pour laquelle la défaite d’un général pouvait conclure une guerre venait du fait que la mort d’un chef forçait le cœur des soldats à se briser sous le poids de la réalité. Une guerre était décidée lorsque les soldats d’un camp et leur général commençaient à craindre pour leur vie et prenaient conscience de leur défaite.

Oh… Il sait donc comment fonctionne la guerre. Cet homme n’est pas stupide.

Il avait une raison logique et bien raisonnée de dire ce qu’il avait dit. Ryoma était honnêtement impressionné par l’homme agenouillé à côté de lui. Il avait l’air d’un imbécile hautain, mais les premières impressions étaient trompeuses. Et avec ces préjugés disparus, Ryoma avait commencé à voir les véritables intentions de cet homme.

Il y a deux options ici. Soit il est sérieux, soit il essaie de nous tromper… S’il est sérieux, cet homme est digne de confiance et fiable. Mais s’il trompe le roi, cet homme est un vrai bandit.

Ryoma avait silencieusement regardé le visage du comte Schwartzheim pendant qu’il criait. Comme s’il essayait de scruter son cœur…

Les problèmes qu’il soulignait étaient compréhensibles. Si l’on s’en tenait à la surface des choses, les trois cents soldats de Ryoma ne valent rien, d’autant plus que la plupart de ses soldats étaient des filles du peuple.

Si son armée avait été composée d’hommes robustes, le comte n’aurait peut-être pas élevé la voix à ce point. Normalement, on n’enverrait pas une armée de conscrits pour une telle mission, mais étant donné les problèmes de Rhoadseria, on pouvait être enclin à ravaler sa colère.

Il était compréhensible que, comme ils se remettaient d’une guerre civile, ils n’avaient pas beaucoup de soldats à envoyer à l’étranger… À cet égard, le comte Schwartzheim appréciait le fait que Rhoadseria avait pris la peine d’envoyer 2 500 chevaliers sous le commandement compétent et expérimenté d’Helena.

Mais ce n’était pas le cas de Ryoma et de ses soldats. Une armée de soldats qui n’avait pas l’air d’être d’une quelconque utilité sur le champ de bataille, dirigée par un jeune noble avec peu ou pas de mérite à son nom.

Amener cette populace et l’appeler en renfort… C’est une insulte à Xarooda !

Cette colère s’était enflammée dans son cœur. Du point de vue du comte Schwartzheim, Ryoma avait déguisé des roturiers en soldats et avait essayé de les faire passer pour une armée.

« J’apprécie qu’ils viennent ici et offrent leur aide, mais nous n’avons pas beaucoup de loisirs. Je ne sais pas quelles étaient vos intentions en amenant cette armée ici, mais je vais être franc — elle n’est rien de plus qu’une nuisance pour nous ! Ils ne sont peut-être que trois cents, mais nous n’avons aucune provision à offrir à vos soldats ! »

Ses cris avaient résonné dans la salle d’audience. En effet, il ne fallait pas gaspiller de précieuses provisions pour des soldats inutiles.

« Comte Schwartzheim, ne prenez-vous pas cela trop au sérieux ? »

Grahalt avait tenté de le réprimander pour son emportement.

Grahalt avait déjà porté la même accusation contre Ryoma auparavant, mais c’était dans un cadre informel. Dire tout ce qu’il avait dit pendant une audience, alors que tout le monde écoutait, était excessif. Mais en ce moment, ce niveau de considération de base était au-delà du comte.

« Que dites-vous, Capitaine Henschel ? Pour commencer, à quoi pensiez-vous ? J’ai entendu dire que vous aviez été envoyé pour accueillir cet homme aux abords de la capitale. Si vous le saviez à l’avance, pourquoi ne pas en avoir informé Sa Majesté ? Vous auriez dû repousser cet homme avant même qu’il ne vienne à cette audience ! »

Son argument était solide et ne pouvait être réfuté. Xarooda avait besoin de renforts — pas d’un bagage inutile. Dans cette optique, Grahalt aurait dû forcer cette armée à faire demi-tour. Si cela n’était peut-être pas vrai pour tous les autres nobles, le comte Schwartzheim était prêt à tout risquer pour la pérennité de Xarooda et de sa famille royale. Julianus Ier était peut-être considéré comme un roi médiocre par les autres pays, mais aux yeux du comte Schwartzheim, il était un souverain digne d’être servi.

Sa Majesté n’est en aucun cas médiocre. Il a surmonté d’innombrables crises dans ce monde violent, et a conservé le pays avec respect !

Cette émotion poussa le comte à aller de l’avant. Et pourtant, Julianus Ier n’avait aucune intention d’accepter son conseil.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour la traduction.

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