Wortenia Senki – Tome 6 – Chapitre 5 – Partie 6

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Chapitre 5 : Feu impitoyable

Partie 6

Mais leur détermination est clairement différente…

La façon dont ils avaient dissimulé leur présence et conservé leur calme n’était pas différente de la normale, mais le fait d’avoir un but clair avait accru leur état mental et les avait poussés à se battre.

Cela est peut-être évident… Notre ville se met en place, et ils refusent de laisser quelqu’un s’immiscer dans notre nouveau foyer… Même si cette personne est le souverain de ce pays, la reine Lupis…

Sakuya repensa à leur conférence de la veille. Sept hommes et femmes avaient entouré une table ronde alors que le bruit des marteaux en bois retentissait à l’extérieur. La plupart des personnes présentes avaient écouté l’explication de Ryoma avec une expression de confusion.

« C’est pourquoi je vous ai tous appelés ici… Je suis désolé d’avoir dû vous distraire pendant que vous étiez occupés. Surtout toi, Sakuya. », dit Ryoma.

« Ah, pas du tout. C’est compréhensible, vu les circonstances… Et ne vous inquiétez pas, j’ai laissé quelques hommes derrière moi comme guetteurs. », dit Sakuya en secouant la tête

Sakuya avait reçu l’ordre d’exterminer les pirates, et avait découvert la cachette des pirates il y a quelques jours en suivant furtivement l’unité de reconnaissance des pirates à leur retour. Elle avait ensuite effectué une reconnaissance approfondie de la zone, en recherchant le nombre de navires et de personnels dont ils disposaient ainsi que la topographie de la ville.

Sa seule tâche restante était de préparer le terrain pour le moment où Ryoma donnerait l’ordre. Et juste quand elle avait terminé ces préparatifs, elle avait reçu l’ordre de Ryoma de retourner dans leur ville.

« Alors… Que comptez-vous faire, Seigneur Ryoma ? Accepterez-vous la fidélité des pirates ? », demanda Sakuya.

« C’est… une tâche un peu difficile. Les petits sont peut-être loyaux maintenant, mais si nous faisons cela, ils seront mécontents et se retourneront contre nous. », répondit Lione.

Boltz fit un signe de tête profond.

« C’est évident… Pour les enfants, les pirates sont ceux qui ont brûlé leur ville natale et les ont vendus, eux et leur famille, à l’esclavage. Même s’ils sont libérés de cet esclavage maintenant, leur rancune envers les pirates ne disparaîtra pas aussi vite. »

Tout le monde hocha la tête silencieusement à l’explication de Boltz. Les esclaves étaient devenus les soldats de Ryoma en échange de leur libération de l’esclavage, mais cela n’avait pas effacé leur passé. Leur vie plus épanouie n’avait fait que mettre en évidence la terrible et douloureuse période qu’ils avaient passée en tant qu’esclaves.

« Mais refuser la force des pirates est une occasion manquée. Nous avons seulement agi pour les anéantir, car nous pensions qu’ils ne nous obéiraient pas. Ne pouvons-nous pas trouver un usage à leur force puisqu’ils veulent nous jurer leur loyauté ? », déclara Genou.

Un silence s’était abattu sur tout le monde à la question de Genou. Il n’y avait aucune base réelle pour nier sa suggestion. La valeur des pirates ne se résumait pas à leur force sur la mer. Ils avaient l’avantage de contrôler les eaux et pouvaient même aider au commerce. Les pirates avaient d’innombrables usages.

L’agriculture et la pêche n’étaient pas des industries existantes dans la péninsule de Wortenia pour le moment. Leur seule source de financement plausible était la vente d’objets récoltés sur les monstres ou la vente de demi-hommes à l’esclavage.

Mais bien que le côté pratique de leur esprit s’en rendait compte, ils ne pouvaient pas l’accepter émotionnellement.

« C’est vrai, mais… Quo !?, Allez-vous cracher sur les sentiments des petits ? » demanda Lione, avec un ton colérique à sa voix.

S’ils ne devaient considérer que leur profit immédiat, accepter l’offre de fidélité des pirates n’était pas une mauvaise idée. Mais à long terme, il était clair qu’ils pouvaient s’attendre à des frictions entre leurs soldats et les pirates. Et même si cela n’explosait pas immédiatement, cela se produirait certainement dans un avenir proche.

L’une des rares forces de Ryoma dans cette position extrêmement désavantageuse était la qualité et la loyauté de chacun de ses soldats. Leur libération de la servitude et le traitement positif et personnel qui leur avait été réservé depuis lors étaient destinés à renforcer leur loyauté envers lui.

Le problème était que s’il acceptait la proposition des pirates, une fissure pourrait se produire dans cette loyauté par ailleurs très ferme. Lione et Boltz, qui étaient chargés de la gestion des soldats, s’en méfiaient fortement.

Mais Ryoma avait vite fait d’étouffer cette suspicion dans l’œuf.

« Je n’ai pas l’intention d’accepter leur serment de fidélité. »

La voix profonde de Ryoma résonna froidement dans la pièce.

« Êtes-vous sûr, seigneur ? »

Alors que tout le monde se taisait, Genou avait regardé avec effroi en cachette l’expression de Ryoma.

Genou n’avait pas l’intention d’insister sur son opinion. Ryoma avait finalement eu le dernier mot, et Genou n’avait fait qu’évoquer un point à considérer pour aider Ryoma à prendre la bonne décision. Toutes les personnes présentes l’avaient compris. Genou pensait cependant que Ryoma accorderait normalement plus d’importance à son opinion.

Mais les paroles suivantes de Ryoma allaient effacer les appréhensions de chacun.

« Oui, peu importe leurs intentions, on ne peut pas les accepter. Ce sont après tout des criminels vicieux. »

C’était une question qui était encore plus fondamentale que tout ce qu’ils avaient soulevé jusqu’à présent. Aussi léger que soit le coût de la vie humaine dans ce monde, la loi existait. Si l’on mettait de côté la pertinence de l’État de droit dans chaque pays, on ne pouvait pas établir une nation dans un environnement totalement sans loi.

Et la péninsule de Wortenia était, juridiquement parlant, un territoire appartenant au royaume de Rhoadseria. Et il allait sans dire que la piraterie était considérée comme illégale en Rhoadseria. Et dans tous les pays de cette Terre, la peine pour piraterie était la mort. Et cela ne s’appliquait pas seulement au pirate qui avait commis le crime, mais aussi à sa famille.

C’était une peine encore plus lourde qu’un meurtre ordinaire, bien sûr, mais il y avait une raison pour cela. Les pirates pillaient au nom de leur propre profit, ce qui faisait souffrir beaucoup de gens au quotidien. De plus, la punition servait à donner l’exemple afin de maintenir l’ordre civil. Et surtout, elle satisfaisait les masses, qui étaient souvent directement ou indirectement touchées par l’activité des pirates.

Les idées de miséricorde et d’éthique pouvaient être très différentes selon l’époque à laquelle on vivait, l’éducation qu’on recevait et l’environnement dans lequel on vivait. Et si cette loi avait pu paraître barbare dans le Japon moderne, dans ce monde, elle était tout simplement une conclusion naturelle. Un acte de pitié pouvait facilement en résulter, l’un montrant de la pitié à l’autre attaqué pour sa faiblesse.

Les gens de ce monde ne se soucieraient probablement pas du fait que des pirates avaient changé ou réformé leurs habitudes. Et ils n’épargneraient aucune pitié pour leurs familles, qui vivaient d’une fortune tachée de sang.

Bien sûr, Ryoma pouvait ignorer la loi grâce au droit à l’autonomie qu’il avait obtenu de la reine Lupis. Mais cela créerait des frictions inutiles entre lui et les nobles environnants et leurs sujets. Si Ryoma avait voulu un pouvoir absolu, cela n’aurait pas eu beaucoup d’importance, mais c’était risqué à ce moment-là, vu qu’il était encore un noble émergent de Rhoadseria.

« La péninsule de Wortenia m’a été donnée comme territoire, et cela signifie que le maintien de la loi et de l’ordre ici me revient. Personne ne dit rien pour l’instant, mais si nous laissons les pirates tels qu’ils sont, les gens pourraient exiger que j’assume la responsabilité des actes des pirates, même pour les choses qu’ils ont faites dans le passé. »

Il était clair qu’il était difficile de s’installer et de gouverner une terre laissée sans surveillance pendant des années, personne n’avait donc embêté Ryoma avec cette affaire pour le moment. Mais avec le temps, les nobles de la région pourraient commencer à exiger qu’il s’occupe des pirates, ou même qu’il assume la responsabilité de leurs raids passés. Il était logique qu’ils le fassent. Jusqu’à présent, personne ne pouvait punir les pirates puisque la terre était abandonnée, mais maintenant, Ryoma en était le gouverneur, s’occuper de faire régner la loi et la justice faisait partie de son devoir.

« Et, bien, il y a toutes ces autres raisons que vous avez évoquées, mais pour le dire franchement, je ne les aime pas. »

Ryoma fit un sourire.

Il comprenait la position des pirates, et savait qu’ils n’étaient pas devenus des pirates parce qu’ils le voulaient. Ils étaient peut-être même des victimes, d’une certaine manière, laissant par la même occasion de la place pour la sympathie. Mais ils ne pouvaient que réclamer la justice qui leur était due en tant que victimes contre les agresseurs qui leur faisaient du mal. Rien ne justifiait qu’ils aient tourné leurs lames contre des civils totalement innocents.

Sur le plan émotionnel et pratique, Ryoma ne pouvait pas accepter leur proposition de fidélité.

« Et pour cela, je vais devoir les éliminer. Des objections ? »

Il regarda tout le monde autour de la table ronde avec un regard froid et poignardant.

À ce moment, le sort des pirates était scellé.

*****

« Vos ordres, Sakuya. », dit l’un des hommes, en arrachant Sakuya à ses souvenirs.

Ce n’est pas bon… Je dois rester concentrée.

En termes d’échecs, ils avaient déjà coincé le roi. Les pirates n’avaient aucun moyen de s’échapper. Mais cela ne signifiait pas que Sakuya pouvait se permettre d’être imprudente. Sakuya avait hoché la tête en silence et avait levé la main en l’air.

« Il est temps de leur donner une mort honorable. Nous n’avons pas beaucoup de temps. La moitié d’entre vous va se regrouper avec grand-père et sécuriser rapidement la cible ! Le reste d’entre vous me suivra et allumera le feu. Assurez-vous que le chemin de retraite de notre Seigneur ne soit pas coupé avant le prochain signal ! »

Sur l’ordre de Sakuya, les ninjas se mirent en route comme des flèches tirées d’un arc.

Vu leur planification et leurs préparatifs minutieux, l’explication de Sakuya était peut-être inutile. Les ninjas avaient simplement hoché la tête et attaché une corde autour du tronc d’un arbre épais. Ils s’étaient ensuite accrochés à la corde et avaient plongé de la falaise.

La ville sans nom qu’Henry et ses acolytes avaient construite était en effet une forteresse naturelle. Elle était entourée dans trois directions par des falaises de plusieurs dizaines de mètres de haut, l’océan s’étendant à son extrémité nord. Seuls deux escaliers traversaient les falaises, à peine assez larges pour permettre à deux personnes de passer ensemble. Elle avait probablement été conçue de cette façon pour se défendre des monstres, mais en temps de guerre, les falaises servaient également de murs.

La seule façon de mener une charge frontale dans la ville après être sorti de la forêt était de franchir un étroit escalier taillé dans la falaise. Mais ce n’était que si l’on tentait une charge frontale comme le ferait un monstre. Les humains pouvaient trouver une multitude d’autres moyens d’entrer dans la ville. Comme descendre en rappel de la falaise à l’aide d’une corde…

Ce monde n’avait rien de comparable à un mousqueton, qui serait sûrement considéré comme la solution parfaite dans le monde de Ryoma. Ainsi, les ninjas avaient dû suspendre leur vie à cette corde, en s’appuyant sur elle pour descendre la falaise.

« Je vous laisse le reste, Seigneur Boltz. », chuchota Sakuya en fixant son corps à la corde et en plongeant dans le vide.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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