Wortenia Senki – Tome 3 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Ceux qui luttent

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Chapitre 4 : Ceux qui luttent

Partie 1

« Sudou… Je vous en supplie, aidez-moi… »

Alors que la lueur rouge du coucher de soleil illuminait la pièce du château d’Héraklion, le duc Gelhart baissa la tête devant un homme dont le visage était masqué par une cagoule.

« Veuillez lever la tête, Seigneur Duc », une réponse digne vint de sous la capuche.

« Je ne suis pas digne d’avoir quelqu’un d’aussi haut placé que vous se prosternant devant moi… »

Cela dit, toute la courtoisie dont cet homme avait fait preuve n’était certainement que pure hypocrisie.

« S’il vous plaît ! Vous êtes le seul vers qui je peux me tourner ! »

C’était une attitude que l’on n’attendait pas du Duc Gelhart. Mais Sudou se moquait de lui sous sa capuche, car il savait exactement pourquoi le Duc Gelhart maintenait une approche aussi modeste.

La raison pouvait se trouver dans les événements de ce matin-là.

« Vous me demandez de vous confier le commandement de l’armée de toutes les factions de la noblesse ? Qu’est-ce qui vous prend, Hodram ? Êtes-vous devenu fou !? »

Le cri du duc Gelhart résonnait dans la salle alors qu’il regardait le général Albrecht avec des yeux injectés de sang. Et ce n’était pas sa colère habituelle, qui était souvent empreinte d’ironie. C’était une colère véritable, imprégnée d’une intention meurtrière, qui émanait du corps du duc comme du feu.

Mais cette colère était naturelle. La demande du général Albrecht était tout simplement absurde. Le général, cependant, ne montra aucun signe d’impatience. En dépit de son statut d’invité, il exigeait avec force que le duc Gelhart lui remette le commandement de l’armée, qui était au cœur de sa puissance et de son autorité, mais ses yeux étaient aussi calmes qu’une source d’eau paisible.

« Bien sûr. Avec votre commandement, nous finirions par perdre une guerre que nous devrions, au dire de tous, gagner. Ne comprenez-vous pas cela, Duc Gelhart ? »

« Espèce de salaud ! Je vous ai abrité après votre fuite, et c’est comme ça que vous me remerciez !? »

Cette réunion devait leur permettre de décider de leur future ligne d’action, mais elle était désormais devenue une arène où le duc et le général devaient se battre pour le droit de diriger.

« Mais nous gagnerons sans aucun doute si je prends le commandement. Désolé de le dire, mais vous n’êtes pas l’homme qu’il faut pour ce rôle, Duc Gelhart. Bien que mes compétences soient réduites, ne serait-il pas préférable que les rênes me soient confiées ? »

Le duc Gelhart avait d’abord pensé lui donner le droit de commander une partie de ses soldats, et d’en faire bon usage. Le général Albrecht, cependant, ne voyait pas l’intérêt d’avoir à sa tête une personne sans expérience réelle. Prendre le commandement seul serait plus efficace.

Peu après le début du conseil, le général Albrecht rejeta la proposition du duc Gelhart, ce qui avait compliqué la réunion.

« Balivernes grotesques ! Il y a beaucoup de guerriers expérimentés sous le commandement du Duc Gelhart ! Il n’est pas nécessaire de vous céder le commandement, Général ! »

« Oh ? C’est la première fois que j’entends parler de guerriers aussi expérimentés. Mais j’ai entendu parler de… Quel était son nom déjà ? Celui qui a perdu malgré le fait d’avoir quatre fois de soldats que l’ennemi… ? Oh, oui, Kael. Je le connais très bien. »

Le visage du général Albrecht était empreint de moquerie. L’assistant qui avait appelé le général ne savait plus quoi dire. Il était vrai que le Duc Gelhart n’avait pas de commandant plus compétent que Kael.

« C’est… C’est… »

« Tout d’abord, je pense que le fait que le duc Gelhart ait placé un commandant aussi incompétent à la tête de son armée remet en question ses propres capacités. N’est-ce pas le cas ? »

« Quoi !? »

« Quel culot ! »

Le duc Gelhart et ses collaborateurs s’enflammèrent en entendant la déclaration audacieuse du général Albrecht.

« Oh ? Je ne fais que dire la vérité, et vous vous mettez quand même en colère ? Cela ne fait que prouver à quel point vous êtes pathétique, très cher duc Gelhart », déclara le général Albrecht, dont le ton était empreint d’un mépris absolu pour le duc.

Courtoisie hypocrite ? Non… Ce n’était rien d’autre que du mépris pur et simple.

« Espèce de salaud… À quoi pensez-vous ? », demanda le duc Gelhart.

Pourquoi ? Comment peut-il se permettre d’agir avec autant d’assurance… ? Il n’a que deux mille chevaliers sous son commandement. J’en ai vingt mille, bien qu’ils soient actuellement en bonne posture… Pourquoi ?

Il était vrai que sa situation était défavorable à cause des actions de Ryoma Mikoshiba, mais il ne voyait pas comment le général Albrecht pouvait justifier une telle agressivité.

« Je veux gagner cette guerre, et je ne fais que ce qui est nécessaire pour assurer ce résultat. »

Je comprends ça… Mais ça ne peut pas être tout!

En toute impartialité, les affirmations du général Albrecht étaient justifiées. Il ne faisait aucun doute qu’en termes de capacités, le général Albrecht était le meilleur homme pour ce travail. Mais…

« Je suis d’accord avec l’opinion du général Albrecht ! »

Les pensées contradictoires du Duc Gelhart avaient été troublées par un appel provenant d’un des coins de la pièce.

« Quoi !? »

Tous les yeux dans la pièce s’étaient concentrés sur un seul homme.

« Ne m’avez-vous pas entendu ? Alors je vais le redire ! Je suis d’accord pour que tous les droits de commandement reviennent au général Albrecht ! »

La salle de conférence était devenue complètement silencieuse. Personne n’avait pu trouver les mots pour comprendre ce qui venait de se passer.

« Quelle est la signification de tout cela ? Est-ce que vous me trahissez... Kael !? » grogna le Duc Gelhart d’une voix froide et calme.

Entre toutes les personnes possibles, c’était Kael, celui qui avait donné à Albrecht le prétexte de délégitimer le duc, qui s’était prononcé en faveur du général. Il était impossible pour le duc Gelhart de réprimer sa colère.

« Que dites-vous, seigneur ? J’agis simplement pour que mes devoirs soient remplis de la meilleure façon possible ! »

« Quoi… ? »

Le Duc Gelhart avait été surpris par les propos agressifs de Kael.

« Pour commencer, vous ne m’avez accepté que parce que vous respectiez mon talent pour le commandement, et je n’ai pas les compétences nécessaires pour vous assurer de gagner cette guerre, seigneur ! »

Kael s’était ensuite arrêté, regardant tous les nobles assis dans la salle de conférence.

« Donc, si nous devons nous battre contre un ennemi que je n’ai même pas pu vaincre, nous n’avons pas d’autre choix que de confier le commandement à un général plus expérimenté que moi ! »

« K-Kael... Comment osez-vous ! »

Le duc Gelhart avait compris les intentions de Kael.

Ce salaud essaie de frapper tant que le fer est chaud afin de s’attirer les faveurs d’Hodram ! Je me suis fait avoir… Je n’aurais pas dû le laisser assister à cette réunion !

Il avait réalisé que le Duc Gelhart ne lui faisait pas confiance après sa défaite précédente et avait agi par instinct de conservation.

C’était vraiment une erreur imprudente. Le Duc Gelhart avait décidé de renoncer à Kael en apprenant sa défaite, mais il ne pensait pas que Kael en serait conscient. La tendance du duc à se servir le plus possible de lui avait donné à Kael la possibilité de tourner les choses en sa faveur.

Bordel ! Pourquoi ai-je appelé Kael ici !?

Le regard du Duc Gelhart se posa sur l’assistant assis à côté de lui. Mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Quand son assistant avait proposé de punir Kael, il avait dit qu’il s’occuperait de lui plus tard, mais il n’avait jamais donné l’ordre de lui retirer son autorité. Et qu’était-il advenu de cela ?

Bien qu’il avait été traité comme ayant été puni, il avait reçu le même traitement qu’auparavant. Il était donc naturellement présent lors de cette importante discussion avec le général Albrecht concernant leur politique future.

« Oh ! Si le Seigneur Kael le dit… ! Je suppose qu’il ne faut pas forcément se fier aux rumeurs. Je ne m’attendais pas à ce que vous ayez une telle capacité à évaluer la situation ! »

« De telles paroles aimables ne sont pas dignes de m’être accordées. »

Auparavant, le général Albrecht n’avait fait que se moquer de Kael, mais maintenant son ton était tout le contraire. Et bien qu’il ait entendu le général dire du mal de lui, Kael ne semblait pas s’en soucier.

« Je vois… Si Seigneur Kael le dit, je n’ai pas d’autre choix que de me rallier à ses paroles. »

« Quoi ! »

« Quelle est cette folie... Comte Adelheit ! Qu’est-ce que vous dites !? »

Un autre des hommes du duc Gelhart s’était prononcé en faveur de la prise de commandement de l’armée par le général Albrecht.

Le visage de son assistant était devenu livide. Ce n’était pas surprenant. Le comte Adelheit était le deuxième homme le plus important de la faction des nobles. En d’autres termes, l’homme qui avait été le bras droit du duc Gelhart pendant des années approuvait l’opinion du général Albrecht.

« Mes excuses. Duc Gelhart… S’il vous plaît, ne pensez pas du mal de nous à ce sujet. Nous sommes responsables de nos vassaux… Nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras croisés et de laisser la mort nous réclamer. »

Son ton avait fait comprendre que c’était un choix grave qu’il devait faire avec amertume, mais il n’avait rien fait pour faire taire le Duc Gelhart. L’homme avait ignoré la Rhoadseria pendant des décennies. La responsabilité de ses vassaux ? Le Duc Gelhart savait très bien qu’Adelheit ne ressentait rien de tel.

Mais le fait qu’il apparaisse comme un vieil homme au grand cœur, tout désolé de la situation et qui devait prendre une décision douloureuse avait certainement fait taire tout le monde autour de lui.

Tout… est déjà fait…

Alors que son cœur bouillonnait d’inimitié et de rage, son esprit percevait clairement la situation. Le deuxième homme le plus puissant de la faction des nobles étant en faveur du général Albrecht, l’opinion du duc ne valait rien.

Et en effet, les autres membres de la faction se précipitaient pour soutenir le général, comme si un barrage s’était rompu.

« Il semble donc que nous soyons d’accord. Je vais prendre le commandement de nos troupes ! »

Le général Albrecht conclut ainsi la réunion par ces mots, laissant le duc Gelhart assis sur sa chaise, tout seul, en état de choc.

« S’il vous plaît, Sudou… ! Vous êtes le seul en qui je peux avoir confiance ! Je vous en supplie ! »

Sudou considéra la requête du duc Gelhart avec des yeux froids, et le duc s’accrochait à lui, pensant que sa requête était ignorée.

Était-ce l’idée de Kael, ou celle du général Albrecht ? Qu’importe la personne étant derrière ce complot, le résultat final avait été que le contrôle du Duc Gelhart sur sa faction avait été arraché. Il était déjà à bout de nerfs devant l’arrivée imminente de la princesse Lupis avec ses forces.

Quand on pense que c’était le premier ministre de Rhoadseria… Ce n’est qu’un déchet qui a perdu dans cette lutte pour le pouvoir…

Sudou considéra le Duc Gelhart avec mépris.

Toute personne influente redevient une personne normale une fois qu’elle a perdu le pouvoir… Je suppose que c’est vrai pour tout politicien, néanmoins…

Mais Sudou ne pouvait pas abandonner le Duc Gelhart s’il voulait atteindre son but. Du moins pour l’instant.

Selon les ordres de l’empire, l’invasion de Xarooda ne commencera que dans six mois… Je suppose que tant que je le maintiens en vie, j’aurai encore une certaine marge de manœuvre pour prendre des mesures…

« Soyez assuré, Duc Gelhart. Je vous aiderai. »

***

Partie 2

Soudainement, il avait lentement placé ses mains sur celles du Duc Gelhart, qui s’accrochaient à sa robe.

« Oh ! Vraiment ? Voulez-vous vraiment m’aider… !? Mais… ma situation actuelle est… »

Il ne restait plus aucune trace de son attitude dominatrice habituelle. Il était si servile que Sudou se doutait que le duc lui lécherait les bottes s’il l’exigeait.

« Ne vous inquiétez pas, j’ai un plan. »

« Vraiment ! Pensez-vous pouvoir vous en sortir ? »

Mais le ton du Duc Gelhart était redevenu en quelques instants son ton habituel. Il avait peut-être agi de manière abjecte et sans retenue, mais il ne faisait que simuler. Sudou n’y voyait, au contraire, aucun inconvénient.

« Eh bien, cela vous demandera d’assumer un fardeau considérable, mon seigneur. »

L’expression du Duc Gelhart s’assombrit aux paroles de Sudou.

« Un fardeau, dites-vous… Voulez-vous dire de l’argent ? De l’autorité… ? Vous ne voulez quand même pas dire ma tête, n’est-ce pas ? »

Cet homme… Même à ce stade du jeu, il est plus rapace que jamais…

Sudou ne pouvait s’empêcher de se sentir déprimé par la cupidité et la grossièreté des nobles.

« Vous n’avez pas à vous inquiéter pour votre tête. Cependant, je crains que vous n’ayez pas d’autre choix que de renoncer à votre argent et à votre autorité. »

« N’importe quoi ! À quoi bon, alors !? »

« Non, non, vous ne comprenez pas. Vous devrez peut-être y renoncer, mais cela ne veut pas dire que vous ne pourrez pas y faire face. »

« Que voulez-vous dire ? »

L’expression du duc changea.

« En ce moment, il y a très peu d’options qui s’offrent à vous. Le général Albrecht vous a après tout arraché le contrôle des soldats. »

« Je le sais bien ! N’enfoncez pas le clou ! »

Le duc Gelhart haussa la voix sur Sudou, comme si l’homme frottait du sel sur sa blessure.

« Mais cela peut aussi être vu comme un coup de chance. »

« Quoi ? Que voulez-vous dire ? En quoi le fait qu’Hodram prenne le contrôle de mon armée est-il un coup de chance !? »

« Pour parler franchement, le commandant ennemi est extrêmement vif. Franchement, je ne pense pas que vous ayez beaucoup de chance. »

« Quoi !? Comment osez-vous ! »

Si les regards pouvaient tuer, le regard du Duc Gelhart aurait frappé Sudou sur place.

« S’il vous plaît. J’insiste pour que vous m’écoutiez », mais la voix de Sudou n’avait pas faibli.

Et pourtant, l’atmosphère derrière ses mots était complètement différente. Un brouillard froid, vif et puissant, possédant une puissante intention meurtrière, remplissait l’air, et face à cette pression, le cœur du duc Gelhart s’enfonça à nouveau dans le calme.

« Je suis désolé… », des mots d’excuse lui glissèrent des lèvres.

« Je vais donc continuer mon explication. Je pouvais moi-même à peine y croire, mais l’attaque aquatique qui a vaincu Seigneur Kael était assez impressionnante. Et la façon dont ils ont manipulé la diffusion de l’information par la suite était également précise. »

« Diffusion de l’information… ? Parlez-vous de ces fameuses rumeurs ? »

« Oui. Il ne fait aucun doute que les rumeurs sont l’œuvre du commandant ennemi lui-même. »

« Alors c’était vraiment lui… »

Le Duc Gelhart semblait l’avoir compris.

« Pensez-vous que le général Albrecht serait capable de vaincre une personne capable d’une planification aussi précise… ? Ce ne sont que des spéculations, mais je ne serais pas surpris si l’ennemi avait encore des tours dans sa manche. »

« Le croyez-vous vraiment !? »

« Oui. À sa place, je ferais tout pour prendre l’avantage. »

Le Duc Gelhart avait le sentiment que Sudou souriait derrière son capot.

« Alors, que faisons-nous ? Faut-il avertir Hodram !? »

Le duc Gelhart fit une suggestion à laquelle n’importe qui d’autre aurait pu penser.

En toute logique, on pourrait en conclure que cela n’améliorerait pratiquement pas la position du Duc Gelhart, mais de toute évidence, il n’avait pas pensé à l’avenir.

« Cela n’aurait aucun sens. Vous devriez plutôt considérer cela comme une opportunité. », dit Sudou en montrant un signe de déni.

« Opportunité ? Que voulez-vous dire ? »

« Voici ce que je dis : ne souffle pas un mot au général Albrecht et laisse-le perdre face à la princesse Lupis. »

« Êtes-vous fou !? Cela signifierait la fin de tout ! »

Il avait peut-être la princesse Radine comme cause juste, mais du point de vue de la princesse Lupis, ce n’était rien d’autre qu’une tentative d’insurrection, et le duc Gelhart en était le chef. S’il perdait la guerre face à la princesse Lupis, il serait sans doute tenu pour responsable.

Mais Sudou secoua de nouveau la tête.

« Ce sera parfait. Toute la responsabilité incombera au général Albrecht. »

« Quoi !? »

« Après tout, il vous a volé votre droit de diriger. Pourquoi ne pas utiliser ces circonstances à votre avantage autant que vous le pouvez ? »

Le duc Gelhart pouvait pratiquement sentir le sourire cruel sur le visage de Sudou.

« Mais est-ce même possible ? Même si vous me dites de lui faire porter la responsabilité, c’est toujours moi qui ai mobilisé l’armée. Ce fait ne changera pas… »

« Oui, mais si vous jouez bien votre main, vous pouvez minimiser votre responsabilité. Quelqu’un devra être exécuté en tant que meneur. Dans des circonstances normales, ce devrait être vous, mais… »

« C’est ça ! Maintenant, ce serait Hodram ! »

« Précisément. S’il y a deux personnes à exécuter en tant que chef de file, l’une d’entre elles peut être épargnée, selon le déroulement des négociations. »

« Mais… ai-je une monnaie d’échange qui convaincra la princesse Lupis d’épargner ma vie ? »

Peu de choses incitaient à épargner le chef d’une rébellion, et il était impossible pour le duc Gelhart de capturer le général Albrecht afin de le livrer à la princesse. Mais contrairement aux inquiétudes du duc, Sudou répondit facilement.

« Êtes-vous sûr de ne pas avoir de monnaie d’échange ? Avez-vous vérifié votre cachot ? »

« Mon cachot… Cachot… Le cachot ! »

Les paroles de Sudou avaient rappelé au Duc Gelhart une certaine personne.

« Mais… a-t-il vraiment autant de valeur pour eux ? »

Il est vrai qu’il avait réalisé quel genre de monnaie d’échange Sudou voulait impliqué, mais le Duc Gelhart doutait qu’elle ait assez de valeur pour mériter que sa vie soit épargnée.

« Oh, ne vous inquiétez pas. »

Il pouvait entendre Sudou étouffer un rire derrière sa capuche.

« La princesse Lupis acceptera vos négociations… Sans aucun doute. »

Toujours en proie à une légère anxiété, le duc Gelhart n’avait pas eu d’autre choix que de hocher la tête. Il se trouvait maintenant dans une situation critique, sa vie étant en jeu.

Le jour de la bataille décisive approchait à grands pas, et personne ne pouvait savoir comment elle allait se terminer…

Le soleil s’était finalement levé le septième jour, date promise de l’arrivée de la princesse Lupis. Le groupe de Ryoma se tenait sur les rives de la Thèbes, le regard fixé sur le bord de la lance scintillante de la rive opposée.

De l’autre côté du fleuve se trouvait la première formation dirigée par Helena, qui avait commencé à traverser le fleuve.

« Il ne s’est au final rien passé… »

« Oui. Je pensais que nous pourrions être attaqués pendant la nuit, mais… »

Ryoma fit un signe de tête à la remarque de Sara.

« Le Duc Gelhart n’a jamais fait pression sur nous, pour quelque raison que ce soit. »

Ils avaient prévu que le Duc Gelhart marcherait personnellement sur eux après la défaite de Kael, mais la force principale de l’ennemi ne s’était jamais montrée, la Princesse Lupis était finalement arrivée avec des renforts.

Ils avaient maintenu leur sécurité en vidant les douves la nuit précédant la date promise, soupçonnant qu’ils pourraient être attaqués à ce moment-là.

« Peut-être que les rumeurs que tu as répandues ont été efficaces ? »

« Je n’en doute pas, mais elles ne réduiraient pas le nombre de l’ennemi à zéro. Je pense qu’elles réduiraient leur nombre de trente pour cent au mieux. »

Comme l’avait souligné Sara, les rumeurs que Ryoma avait répandues avaient semé l’agitation parmi les paysans, mais cela ne voulait pas dire que cela puisse empêcher leur enrôlement.

Le duc pouvait les menacer de violence ou les acheter avec de l’argent. S’il utilisait ce genre de pouvoir après avoir donné son ordre, certains roturiers n’auraient pas d’autre choix que de s’enrôler, que cela leur plaise ou non.

Cela réduirait leur effectif, mais Ryoma ne pensait pas qu’il était possible qu’absolument personne ne tienne compte de l’appel aux armes du duc. Il ne doutait pas du succès de son complot, mais en même temps, il ne surestimait pas son efficacité.

« Toujours aucun mouvement d’Héraklion ? »

« Oui, les scouts surveillent toujours la ville. Si l’ennemi fait un mouvement, ils nous le feront savoir immédiatement. »

« Si leur idée est d’attaquer pendant que les forces traversent le fleuve, ils devraient envoyer leurs forces tout de suite ou ils n’arriveront pas à temps… »

Ryoma pencha sa tête.

« Dans ce cas… Peut-être voulaient-ils mener une bataille décisive dans les plaines ? »

« Une bataille décisive, hein… ? »

Il y avait des bois et des plaines entre le camp de Ryoma le long de la Thèbes et la forteresse du duc Gelhart à Héraklion. Les plaines en particulier avaient une grande superficie, avec des terres agricoles qui produisaient entre autres du blé, grâce aux branches de la Thèbes qui coulaient dans la zone. Héraklion était une région assez généreuse, même au sein de Rhoadseria. Mais si cette terre devait devenir un champ de bataille, elle serait réduite en cendres.

Néanmoins, si leur analyse de la situation était correcte, l’objectif du duc Gelhart était de mener une bataille décisive, il ne pouvait avoir d’autres intentions s’il renonçait à la précieuse chance de les attaquer pendant la traversée du fleuve.

Les plaines étaient un terrain de choix pour mobiliser une grande armée. L’idée n’était donc pas du tout idiote, mais elle causerait de grands dégâts lorsqu’on pense à ce qui arrivera à Rhoadseria dans le futur. Toute cette affaire ne semblait pas normale pour Ryoma.

N’y a-t-il pas quelque chose de louche dans tout cela ? Je ressens vraiment des vibrations bizarres… C’est comme si quelqu’un était dans les coulisses, tirant les ficelles de cette guerre…

Ryoma sentait que la volonté de quelqu’un était en jeu ici, alors qu’il essayait de reconstituer la situation.

Mais… On n’a pas l’impression qu’ils essaient de faire gagner le Duc Gelhart… Non, c’est comme s’ils essayaient de le faire perdre… En quoi cela aurait-il un sens ?

« Maître Ryoma ? », dit Sara, en regardant le visage de Ryoma.

« Oh… Désolée. Je suis juste pris dans mes pensées… »

« Je peux partir si je dérange. »

« Non, il n’y a pas de quoi s’inquiéter… Mais Sara, as-tu envisagé la possibilité d’une bataille de siège ? », déclara Ryoma, comme pour changer de sujet.

Il n’y a pas beaucoup d’intérêt à s’attarder sur ce sujet pour l’instant… Je peux laisser tomber tant que nous ne sommes pas désavantagés…

Mentalement convaincu de cela, Ryoma s’était efforcé de cacher ses sentiments et revint à la question qu’il avait posée à Sara.

« Une bataille de siège… ? Je pense que c’est extrêmement peu probable. »

***

Partie 3

Ryoma ne pouvait s’empêcher de sourire à la réponse de Sara. Soit dit en passant, il n’avait même pas envisagé la possibilité que le Duc Gelhart puisse essayer de se cacher à Héraklion, la raison étant qu’étant donné la taille de la ville, elle n’avait probablement pas les moyens de faire vivre plusieurs milliers de soldats en plus de ses propres citoyens.

En d’autres termes, même si l’ennemi rassemblait ses soldats, il n’avait pas la capacité de les maintenir sur une période prolongée. Ryoma avait estimé qu’ils ne pouvaient soutenir leur armée que pendant un demi-mois au mieux.

« S’ils essaient de se terrer à Héraklion avec leurs forces habituelles, il est peu probable qu’ils puissent repousser les forces de la princesse Lupis, et s’ils rassemblent suffisamment de forces pour défendre la ville, ils seront à court de provisions dans le mois qui suit. »

En fin de compte, ils étaient à court pour l’une ou l’autre option. S’ils ne rassemblaient pas toutes leurs forces, ils ne seraient pas capables de résister à un siège, mais s’ils le faisaient, leurs provisions ne dureraient pas.

Après tout, la seule option du Duc Gelhart était d’opter pour un affrontement avec la Princesse Lupis sur une courte période en utilisant toutes ses forces. Il en allait cependant de même pour la princesse Lupis.

Ryoma fit un signe de tête profond à la réponse de Sara. L’œil des sœurs Malfist pour la tactique s’était amélioré au cours des derniers mois, ce dont Ryoma était très satisfait. Cela signifiait que ses chances de survie s’amélioraient.

« Seigneur Ryoma ! Trois mille chevaliers sous le commandement de Dame Helena ont traversé la rivière ! »

« Compris. Guidez Helena jusqu’à ma tente, puis préparez des tentes pour le reste des soldats et laissez-les se reposer. »

Ryoma donna des instructions au chevalier qui lui fit le rapport, puis retourna à sa tente avec Sara à ses côtés.

Le moment de vérité se rapprochait rapidement.

« C’est impressionnant… »

Helena fit part de sa surprise à Ryoma.

« D’avoir sécurisé une tête de pont comme celle-ci… »

« Ce n’est pas si difficile. »

« Tu sais que la modestie peut parfois sembler condescendante. Au moins, tu n’as pas trompé ma prévision. Je suis sûre que Sa Majesté sera impressionnée par tes réalisations quand elle arrivera. »

Alors même que Ryoma haussait modestement les épaules, Helena le complimentait.

« Personnellement, j’ai plutôt peur qu’elle me gronde… »

Helena écouta avec étonnement les paroles de Ryoma. Elle ne comprenait pas où l’on devait trouver à redire à Ryoma. Ryoma avait cependant une question en tête : le sort de Mikhail Vanash.

Ryoma rapporta tout à Helena sans cacher les faits, pensant que toute tentative de brouiller les pistes ne ferait que nuire à sa confiance.

« Je vois… Donc Mikhail… »

« Oui, nous n’avons pas confirmé s’il a été tué au combat ou non, mais on n’a plus reçu aucun signe de lui après l’échec de la mission d’exploration. Ni de lui ni de son armée… Il est clair qu’il a violé les ordres, mais il reste toujours un proche de la princesse… »

Helena poussa un soupir, que l’on pouvait prendre comme un soupir d’épuisement ou d’exaspération.

Quel ennui... C’est vraiment un problème…

Une fois que Ryoma l’avait honnêtement informée de ce qui s’était passé, elle comprit ses appréhensions. Mikhail était le subordonné de Ryoma, mais en même temps, il était placé pour veiller sur lui. C’était un rôle nécessaire à jouer, car Ryoma était un nouveau venu assumant un devoir important. La princesse Lupis ne pouvait pas se permettre qu’il la trahisse au milieu de la guerre après lui avoir accordé le commandement de ses soldats.

La princesse Lupis avait donc envoyé Mikhail, le serviteur en lequel elle avait le plus confiance après Meltina, pour le surveiller. C’était la preuve qu’elle lui faisait confiance.

Et puis, même s’il avait eu ce qu’il méritait pour avoir défié les ordres, il était mort sous le commandement de Ryoma. Sa survie était incertaine, mais à en juger par la situation, il était probablement mort. Donc, du point de vue de la princesse Lupis, elle avait perdu un précieux serviteur à cause de Ryoma.

Si elle avait compris qu’il était mort au combat, Ryoma aurait été mieux loti. Au pire, elle pourrait en venir à croire que Ryoma avait organisé sa mort.

« Crois-tu que je réfléchis trop à tout cela ? »

Helena avait eu du mal à trouver une réponse aux doutes de Ryoma. Il était facile de rire en pensant trop à la question, mais en considérant les choses de manière réaliste, on ne pouvait pas facilement ignorer ses préoccupations.

« Non… Mais tu dois le signaler de toute façon, n’est-ce pas ? »

« En effet… C’est en fait pour ça que je t’en ai parlé en premier. »

Si Ryoma avait appâté Mikhail dans un piège, les 1500 chevaliers présents n’auraient pas suivi ces ordres. De la position d’Helena, le fait que Ryoma ait établi cette tête de pont et qu’il ait pu attendre l’arrivée des renforts seul prouvait son innocence.

Mais il était peu probable que cela puisse convaincre la princesse Lupis. Ryoma et Helena n’avaient pas beaucoup interagi avec la princesse, et la princesse ne les voyait que comme des serviteurs. Ils n’avaient participé qu’à des réunions avec elle. Et tout comme elle avait envoyé Mikhail pour le surveiller, elle ne lui faisait pas confiance non plus.

« Eh bien, c’est bon… C’est moi qui vais devoir lui donner le rapport… »

Helena avait décidé d’être celle qui recevra le plus grand coup.

Bien qu’il y ait eu une explication parfaitement raisonnable à cette affaire, elle pourrait facilement passer pour un mensonge si la personne concernée était chargée de l’expliquer. Mais si Helena devait annoncer la nouvelle, la princesse Lupis serait moins encline à réagir de manière émotionnelle.

« Désolé de t’avoir fait perdre ton temps, Dame Helena. Merci. »

Réalisant rapidement ses intentions, Ryoma la laissa s’occuper de tout.

« C’est bon, te laisser tomber ici ne ferait que me causer des problèmes… C’est vrai. Tu devrais donner la priorité à la réorganisation de tes formations pour le moment »

Helena attribua une tâche à Ryoma.

« Quelqu’un devrait le faire de toute façon… Je lui en parlerai après le dîner aujourd’hui. »

Cette tâche consistait à trouver une raison pour que Ryoma n’ait pas besoin d’annoncer lui-même la nouvelle. Elle n’avait pas servi toutes ces années comme général de Rhoadseria pour rien.

« Compris… Dans ce cas, je m’en vais. »

Ryoma s’inclina et quitta la tente, tandis qu’Helena poussait un soupir en le regardant partir.

« Bon… Comment puis-je annoncer la nouvelle… ? Il vaudrait peut-être mieux le dire d’abord à Meltina plutôt qu’à Son Altesse… »

Ce n’était pas directement lié à la guerre, mais si elle avait mal géré la situation et avait rendu la princesse Lupis suspecte, cela pourrait influencer le commandement de Ryoma.

« Oui, il serait plus sage de le signaler à Meltina… »

En conclusion, Helena se dirigea vers le quai, où la deuxième vague de renforts, menée par Meltina, devait arriver.

« Aaaaah... »

Un mélange de soupirs et de gémissements de lamentation s’échappa des lèvres de Meltina.

« Comme je l’ai dit, tout cela n’est pas dû à une erreur de Ryoma. »

« Non, je comprends très bien… C’est juste que… »

« Juste quoi ? »

Le ton d’Helena était devenu plus fort en répétant la réponse vague de Meltina.

« Seigneur Mikhail était l’escorte et le garde du corps de Son Altesse depuis qu’elle était enfant… À vrai dire, le lien de Son Altesse avec lui est plus profond que mon lien avec elle… »

Helena pâlit devant les propos de Meltina. C’était exactement ce que Ryoma avait craint.

« Penses-tu qu’elle soupçonnera Ryoma ? »

« Non, je ne pense pas que ce soit le cas… »

Meltina nia les inquiétudes d’Helena.

« Si tu expliques clairement la situation, aussi triste soit-elle, sa colère ne se tournera pas vers le Seigneur Mikoshiba… »

Meltina ne voulait pas non plus que la princesse Lupis se méfie de Ryoma à ce stade. Après tout, la faction de la princesse devait toute sa supériorité à ses complots.

« Alors pourrais-tu te charger de le signaler à Son Altesse à ma place ? »

« Oui, je vais m’occuper de lui donner le rapport. »

Meltina hocha la tête.

À la tombée de la nuit, les 23 000 troupes conduites par la princesse Lupis avaient traversé la Thèbes. Des tentes avaient été ajoutées au camp sous le commandement de Ryoma pour accueillir les nouveaux venus. Et dans l’une de ces tentes nouvellement érigées se trouvait la princesse Lupis.

« Mikhail… »

Assise sur son lit, trop modeste pour qu’une personne de la famille royale puisse y dormir, elle prononça le nom de Mikhail.

« Mikhail… N’as-tu pas dit que tu me protégerais toujours… ? »

Ayant appris par Meltina que son sort était inconnu, la princesse Lupis se remémora les jours qu’elle avait passés avec le chevalier dans sa jeunesse. Des larmes glissèrent sur ses joues.

En entendant le rapport de Meltina, la princesse Lupis avait dû réprimer la colère qui l’avait envahie. Sa responsabilité de princesse lui interdisait de blâmer Ryoma.

En tant que souveraine, elle devait juger les choses équitablement. Et dans ces conditions, il n’y avait rien à redire dans le commandement de Ryoma. Le seul fautif était bien Mikhail, qui avait défié les ordres, coûtant la vie à cinq cents hommes.

Elle comprenait cela. Du moins, son esprit le comprenait. Mais en tant que personne, son cœur niait ce jugement rationnel.

En conséquence, la princesse Lupis se retira dans sa tente après un dîner rapide, où elle s’enferma. Elle était consciente que si elle restait là, elle aurait pu trouver à redire à Ryoma.

« Aaah, Mikhail… Ne m’as-tu pas dit une fois que tu ferais de moi ton épouse... »

Un membre de la royauté comme la princesse Lupis ne pouvait pas épouser un simple chevalier, et elle ne le souhaitait pas vraiment. Ce n’était rien d’autre qu’une promesse verbale fantaisiste faite quand elle était enfant. Mais des souvenirs comme celui-ci, qui étaient généralement bannis de l’esprit et hors de portée du souvenir, semblent maintenant remonter à la surface les uns après les autres.

« Tu as dit que tu me protégerais toujours… »

Pour la princesse Lupis, Mikhail était son plus fidèle serviteur, seule Meltina étant capable de l’égaler sur ce front. C’était lui qui lui avait conseillé de s’opposer à la tyrannie du général Albrecht. Si Meltina, une compagne, était une sœur pour elle, Mikhail était pour elle comme un frère ou un père.

La douleur de le perdre était encore plus profonde que celle qu’elle avait ressentie lorsque son vrai père, Pharst le Second, étaient décédé. Bien avant qu’ils ne soient séparés, ils étaient roi et princesse du pays avant d’être père et fille, ils n’avaient donc jamais pu développer ce genre d’affection.

« Oh », la voix d’un homme s’était soudainement élevée derrière la princesse Lupis.

« Je vois que vous êtes aussi affligée que je le pensais, Votre Altesse. »

« Qui êtes-vous ? Un assassin… !? »

La princesse Lupis avait pris la décision de crier en une fraction de seconde.

« Quelqu’un ! Venez vite ! »

Elle ne savait pas comment cet intrus était entré dans sa tente, mais il y avait des chevaliers qui montaient la garde à proximité. Son cri aurait dû les faire venir immédiatement.

Mais attendez, pas un seul chevalier n’était entré dans sa tente.

« Vous gaspillez votre souffle, Votre Altesse. Ma magie les a endormis pendant un moment. »

Les paroles de l’homme lui firent comprendre la situation. Elle avait dégainé l’épée en s’appuyant contre le lit.

« Vous n’êtes pas un assassin… Pourquoi êtes-vous ici ? »

Ses paroles et ses actions étaient un peu dépareillées et maladroites, mais la princesse Lupis était sérieuse. Aucun assassin ne parlerait ainsi, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne lui voulait aucun mal. Elle n’avait pas l’intention de baisser sa garde tant que l’objectif de l’homme n’était pas clair.

« Pourquoi suis-je ici ?... Vous avez effectivement raison. Nous n’avons pas beaucoup de temps, alors je vais aller droit au but. Je suis venu vous proposer un marché. »

La princesse se détendit un peu à sa réponse.

« Que voulez-vous dire ? Pour commencer, qui êtes-vous ? Comment êtes-vous arrivé ici ? »

Pour répondre à la question de la princesse Lupis, l’homme révéla son visage sous le capot.

« Je m’excuse de ne pas m’être présenté plus tôt. Je m’appelle Sudou. Akitake Sudou. »

Sudou baissa la tête, dans un geste de non-hostilité.

***

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