Chapitre 4 : Montre ta force
Partie 4
Bien sûr, Ryoma n’était pas en retard au rendez-vous, donc il n’avait pas besoin de s’excuser, mais Branzo ne pouvait le voir que comme un gosse qui ne connaissait pas sa place. Il avait l’air assez inoffensif et parlait poliment, mais tout dans son comportement irritait Branzo.
« Je vois ce que tout le monde voulait dire maintenant, » chuchota Branzo en regardant la forme tonique de Ryoma.
« Tu es plutôt bien fait pour un gosse, et tu as les couilles de le prouver. Je comprends pourquoi tu surestimes ta propre force. »
Les abdominaux bien définis de Ryoma seraient probablement aussi durs qu’une plaque de métal s’il les fléchissait. Sa poitrine était large et ses mains étaient aussi épaisses que des bûches, avec de la graisse recouvrant ses muscles d’acier. C’était vraiment, le corps d’un guerrier, assez pour susciter l’admiration des mercenaires environnants.
Mais Branzo, d’un autre côté, était sûr de sa supériorité. De tous les points de vue, que ce soit la taille, le poids ou le physique, Ryoma n’était pas son égal. Le pouvoir d’une personne était la somme de sa force musculaire, et son physique dictait la limite supérieure de ce pouvoir. Et à tous ces égards, Ryoma manquait par rapport à Branzo.
« Eh bien, le physique et les muscles ne sont pas tout. »
Ryoma ricana de façon significative.
Ryoma insinua que Branzo était un idiot qui n’était bon que pour ses prouesses musculaires, et la lumière moqueuse dans ses yeux indiquait clairement qu’il n’avait pas du tout peur de son adversaire.
L’attitude indomptable de Ryoma avait amplifié la rage dans les yeux froids de Branzo, comme ceux d’un reptile. Sa hauteur imposante de deux cent vingt-cinq centimètres, ainsi que ses muscles dégageaient l’aura menaçante qu’un géant blindé pourrait produire.
Son regard meurtrier à lui seul pourrait faire pleurer les femmes et les enfants. Mais Ryoma ne fit qu’incliner légèrement la tête et lui tourna le dos sans un mot.
« Tu as vraiment des couilles, je te l’accorde. Au moins, tu n’as pas l’air d’un débutant… Très bien. Je me suis dit que je t’accorderais une mort sans douleur, par respect pour un autre mercenaire… Mais on s’en fout. Avec ce genre d’attitude, je t’arracherai les membres comme un insecte. »
Chuchotant ces mots d’une voix rauque, Branzo jeta un regard meurtrier sur Lione.
« Lion cramoisi… Tu connais le marché. Pas d’interférence. »
« N’est-ce pas un petit peu trop tard pour en parler, petit malin ? C’est de toi qu’on parle. Et ce n’est pas comme si tu n’avais pas pris tes propres mesures, hein ? »
Il avait répondu à sa question avec un sourire qui montrait clairement qu’elle avait raison.
« Bien sûr que non. Je ne suis pas assez bête pour croire quelqu’un sur parole sans aucune garantie. »
« C’est plutôt froid de ta part. » dit Lione, apparemment offensée.
« Si tu ne me fais pas confiance à ce point, pourquoi t’es venu pour ça ? »
« Même moi, je ne peux pas mettre la main sur quelqu’un qui se cache dans le château. Et je suis assez occupé. Mon boulot, c’est de tuer un gamin débutant, et je ne veux plus perdre de temps. »
Il semblerait que Lione ait cru ses paroles. Le talent de Branzo n’était pas du tout mauvais, mais il avait un corps massif qui n’était pas fait pour se faufiler dans un château et assassiner une cible. Cela signifiait qu’il devait attendre que sa proie finisse par sortir de son trou, mais cela prendrait du temps. Elle ne savait pas combien ce travail lui apporterait, mais cela avait du sens. Compte tenu de sa personnalité, il accepterait cette offre si elle mettait fin aux choses rapidement.
« Je te comprends… L’idée de Gran a dû être une aubaine pour toi, hein… »
« Plus ou moins… Mais merde, quel gosse stupide ! Dire qu’il est venu me voir pour se faire tuer. »
Lione fixa froidement Branzo en souriant d’un sourire indomptable.
« Êtes-vous prêts tous les deux ? »
Ryoma et Branzo hochèrent la tête en silence suite à la question de Lione.
La distance entre les deux guerriers se regardant l’un l’autre était d’environ dix mètres.
J’apprendrai à ce petit con comment il faut me parler…
Branzo baissa la taille et regarda Ryoma de haut en bas. Le fait qu’il ne lui ait même pas demandé d’enlever l’armure de cuir qu’il portait sur son corps massif ne faisait que l’ennuyer davantage.
Cela ne voulait cependant pas dire qu’il avait l’intention d’enlever sa propre armure. Cela l’aurait ennuyé jusqu’à la fin, mais il ne voulait pas laisser de côté un avantage.
Regarde-moi ce farceur. Il a l’intention de me combattre en restant immobile… ? Quel amateur inexpérimenté ! Ce pauvre idiot ne sait même pas se battre, et il m’a quand même défié.
Branzo se moqua de Ryoma, qui se tenait immobile, les bras pendus. Il ne pouvait voir Ryoma que comme un agneau pitoyable. Dans ce monde où il y avait peu de restrictions sur le port d’armes, les gens ne se battaient presque jamais à mains nues. Il y avait peu de maintien de l’ordre, et même à l’intérieur des villes, l’ordre public était faible. En plus de cela, il y avait des formes de vie puissantes appelées monstres errants. Dans ce monde, les conflits étaient monnaie courante, et même les roturiers portaient un poignard pour se défendre.
En d’autres termes, il y avait peu d’occasions de se battre à mains nues. Il n’y avait pas de loi ou de règlement sur le port d’armes, donc c’était probablement évident. Et dans ce monde, c’était sur le champ de bataille que l’on se battait le plus les mains vides.
Bien sûr, aucun imbécile ne s’aventurerait sur le champ de bataille sans arme, mais à part un très faible pourcentage, n’importe quelle arme, aussi chère et bien fabriquée soit-elle, finira par être usée. Les armes blanches étaient entaillées et ébréchées lorsqu’elles coupaient à travers leur ennemi, et le sang versé ternissait progressivement la lame.
De plus, au milieu des combats en mêlée, il n’était pas rare que les armes soient déviées et qu’elles tombent des mains de quelqu’un. Dans des moments comme celui-ci, le dernier recours d’une personne était son corps entraîné. Branzo lui-même avait tué plusieurs personnes sur le champ de bataille de ses propres mains.
« Très bien, alors. Commencez ! »
La voix de Lione résonna dans le champ de manœuvre.
À ce moment-là, Branzo fonça vers l’avant comme s’il glissait sur la terre, couvrant la distance entre les deux individus en un instant.
Gémis comme le crétin que tu es. Voilà ce que cela coûte pour m’avoir offensé.
Avec un sourire cruel sur les lèvres, son corps de près de deux cents kilos voyageait à la vitesse d’un boxeur léger. Ce phénomène était physiquement impossible. Il avait clairement renforcé son corps avec une magie martiale.
Mais Ryoma n’avait même pas plissé un front. Son cœur était resté figé avec une détermination inébranlable.
« Crève, petit morveux de merde ! »
Criant avec une voix remplie de meurtre et de haine, Branzo leva le poing droit, avec l’intention de le cogner contre le visage de Ryoma. C’était coup de poing capable de pulvériser un rocher solide.
Les mercenaires environnants retenaient leur souffle. Si le coup de poing touchait, le visage de Ryoma serait écrasé comme une grenade.
Mais ce qui s’était passé ensuite avait dépassé leurs attentes.
Ryoma avait parfaitement perçu la trajectoire du poing. Certes, la magie martiale l’avait renforcé pour aller au-delà de leurs limites normales, mais elle n’avait rien fait pour changer la structure fondamentale du corps humain. Les articulations de l’ennemi ne pouvaient pas aller plus loin que d’habitude, et les points faibles naturels de son corps ne disparaissaient pas.
La magie pouvait agir pour renforcer les capacités physiques, mais tant que l’adversaire avait décalé le timing, il était parfaitement possible d’éviter le coup.
Se déplaçant conformément au mouvement de l’épaule de Branzo, Ryoma avança sa jambe gauche, manœuvrant son corps vers le flanc de son adversaire. La pression du vent était équivalente à celle d’un camion d’une tonne qui le contournait au fur et à mesure qu’il avançait.
La force de ce coup de poing était effectivement écrasante. Mais tout comme une voiture rapide ne pouvait pas freiner à l’improviste, plus le poing brandi était empli de force, plus il serait difficile pour Branzo de maintenir sa posture si son attaque était évitée.
Maintenant !
Ryoma avait saisi le poignet droit de Branzo alors qu’il s’éloignait en titubant, le tirant vers sa poitrine, puis il bougea son propre corps vers la droite, verrouillant les articulations du poignet en tirant son corps vers l’arrière.
C’était le même mouvement qui avait fait tomber son grand-père un nombre incalculable de fois, un mouvement que son grand-père lui avait imposé à maintes reprises. C’était une technique qu’il n’avait utilisée que lors de ses entraînements quotidiens, mais elle fonctionnait parfaitement sur un adversaire comme Branzo.
Du point de vue de Ryoma, c’était juste un amateur qui se vantait constamment de sa force. Certes, il était un mercenaire vétéran qui avait tué beaucoup de ses ennemis à mains nues et qui avait l’habileté pour y parvenir.
Mais ce n’était pas un champ de bataille. Il s’agissait d’un match en tête-à-tête où vous n’auriez pas à vous soucier de votre environnement comme vous le feriez sur le champ de bataille chaotique, de sorte que le style de combat dans cette situation serait naturellement différent pour les deux camps.
« Quoi !? »
« Impossible, il est si énorme… ! »
C’était une manœuvre semblable à celle d’un sumiotoshi en judo, bien qu’aucun individu ici présent ne puisse le savoir. De leur point de vue, ce que Ryoma venait de réaliser était effectivement magique.
Et c’était encore plus logique que Ryoma ait choisi d’employer une technique de projection plutôt qu’un coup.
Les mercenaires qui veillaient sur la bataille élevèrent la voix, en état de choc. La forme massive de Branzo vola, et l’arrière de sa tête s’écrasa contre le sol alors qu’il était projeté au sol. Normalement, pendant l’entraînement, Ryoma tirait simplement par le bras et soulevait l’adversaire au-dessus de sa tête, mais le vrai combat exigeait une mesure différente.
Le coup porté à sa tête par le jet impitoyable contre le sol fit tomber Branzo dans un état d’inconscience, ses yeux étaient éteints et flous. Son corps entraîné et son poids de près de 200 kilogrammes avaient empêché ses os du cou de se briser, mais aucun entraînement ne protégerait le cerveau d’un tel coup. Branzo était étendu sur le sol.
C’est fini.
Ryoma s’avança sans un mot, se jetant impitoyablement sur le cou de Branzo pour porter le coup de grâce. Ryoma sentit une étrange sensation sous son pied. Peu importait la puissance du corps de Branzo, le coup de pied de Ryoma, soutenu par un poids de plus de cent kilogrammes, appuyait sur son cou, un des points faibles du corps humain.
Avec non seulement sa trachée, mais aussi ses vertèbres cervicales écrasées, son corps s’asphyxia une fois avant de sombrer dans l’immobilité éternelle.
Le silence était tombé sur le champ de manœuvre. Personne n’avait dit un mot. Le combat n’avait pris qu’un instant. À peine une dizaine de secondes s’étaient écoulées depuis que Lione leur avait donné le signal de départ.
Finalement, après avoir confirmé que Branzo était mort, Ryoma leva tranquillement sa main droite vers le ciel.
« « « Ooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooh ! » » »
Après avoir vu la victoire de Ryoma, les mercenaires avaient poussé un retentissant cri de joie qui ressemblait davantage à un cri de guerre.
Je suppose que tout s’est passé selon ton plan… Lione sourit amèrement, regardant Ryoma répondre aux applaudissements des mercenaires avec un sourire.
Il avait écrasé une présence qu’ils craignaient et détestaient universellement sous les yeux de tout le monde. C’était un stratagème astucieux, employé dans tous les lieux et à toutes les époques. Mais peu de méthodes étaient aussi efficaces pour acheter la confiance des autres. Et en plus de cela, la proie sacrifiée ici était un individu envoyé pour réclamer sa vie. La suggestion de Gran était une brillante manière de faire d’une pierre deux coups.
Le seul doute était de savoir si Ryoma pouvait gagner, mais cette crainte s’était avérée être sans fondement.
Tu es un gamin effrayant. Je ne pensais pas que tu cachais des crocs aussi aiguisés…
Elle avait été informée de ce qui allait se passer, mais Lione n’avait jamais imaginé une victoire aussi écrasante. Et c’était naturel qu’elle ne le fût pas. En fait, Ryoma aurait perdu contre Branzo s’ils s’étaient rencontrés sur un champ de bataille. Seul Ryoma pouvait accepter cette tournure des événements comme si c’était la conclusion évidente.
« Ils ne font rien pour le moment… Mais je suppose qu’après avoir vu ça, ils n’auraient pas d’autre choix que de se retourner et de s’enfuir avec la queue entre les jambes… », chuchota Lione, regardant avec anxiété la foule en délire.
Même Lione, populaire parmi les mercenaires, ne croyait pas à une promesse sans garantie. Même si Ryoma et Lione n’avaient pas l’intention de commettre un acte criminel, Branzo aurait bien pu tenter d’en tirer quelque chose. Il était peut-être sûr de gagner contre Ryoma, mais n’importe quel imbécile qui ne prenait pas en compte de tels risques ne pouvait pas agir en tant que mercenaire.
Selon toute vraisemblance, certains des mercenaires présents étaient liés à Branzo, et le meneur qui l’avait engagé pour tuer Ryoma…
« Maintenant, personne ne le verra comme un amateur débutant. Tout se déroule comme prévu. »
Les lèvres de Lione se contorsionnèrent silencieusement aux paroles prononcées derrière son dos.
Elle avait parfaitement compris le sens des mots de Gran. Mais elle avait simplement répondu sans se retourner.
« Je n’ai pas le choix. Il ne reste plus qu’à entendre la réponse de vos hommes. »
« Une réponse, hein… N’est-ce pas juste une formalité à ce stade ? »
Gran haussa les épaules en plaisantant, et tout le monde autour de lui ria à haute voix.
Aucune des personnes ici présentes ne serait capable de vaincre Branzo l’Araignée Noire tout seul au combat. Les capacités de Ryoma Mikoshiba étaient évidentes pour tous.
Mais les lèvres de Lione avaient pris un sale air.
« Mais je n’ai pas besoin de t’entendre le dire haut et fort. »
Il semblerait qu’elle lui en voulait encore d’avoir douté de son jugement au pub.
« Très bien, très bien. »
Gran secoua la tête et dit en soupirant.
« Nous avions tort. Ton jugement était sain… »
C’était la preuve finale que Ryoma avait réussi à convaincre Gran et les autres mercenaires.
« Alors ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »
Lione, qui était apparue à côté de Ryoma à un moment donné, chuchota ces mots à son oreille.
« Nous gagnerons la guerre, bien sûr. Et nous ferons de Lupis le chef de ce pays. Je vais devoir faire travailler tout le monde ici de toutes sortes de façons pour y arriver. »
La réponse de Ryoma mit une lueur vive dans les yeux de Lione. Elle avait compris le sens de ses mots.
« Toutes sortes de façons… Je vois. C’est pour ça que tu as rassemblé autant de gens. »
« Oui, quelque chose comme ça. Il y a encore quelques points sur lesquels je ne sais pas trop comment utiliser tout le monde, mais je n’ai pas l’intention d’abandonner qui que ce soit avec une perte. Peu importe la façon dont les jetons tombent… Tu me comprends? »
Tandis que Ryoma rencontrait les applaudissements excités des mercenaires, un sourire froid s’étendit sur ses lèvres.
merci pour le chapitre