Wortenia Senki – Tome 1 – Chapitre 3 – Partie 1

***

Chapitre 3 : Résolution

Partie 1

« Bon travail hier soir, tout le monde ! »

La voix de Rolfe résonnait à travers la place devant le portail.

« Je suis venu relayer notre nouveau plan d’action, décidé tout à l’heure. Lady Shardina, Lady Celia, Seigneur Orlando et moi-même serons capitaines et chefs de compagnie de trente à quarante soldats chacun. Nous nous dirigerons ensuite vers le sud et l’est, et nous commencerons nos recherches ! Notre formation se déroulera comme nous l’avons déjà dit. Comme vous le savez tous, le meurtrier de Sire Gaius est l’homme venant de l’autre monde. Faites preuve de la plus grande prudence. Maintenant, que chacun d’entre vous soit rapide, car nous allons partir ! »

Tandis qu’il regardait les soldats prendre leurs positions, Rolfe repensa à ce qui s’était passé hier soir. Les poursuivants de l’empire passèrent sans le savoir devant Ryoma devant les portes. Celia, Rolfe, Orlando et Shardina poursuivaient leur quête depuis midi jusque tard dans la nuit. Mais la piste du soldat qui avait quitté les portes de la ville s’était rapidement refroidie, et aucune information sur l’endroit où il se trouvait n’avait été relayée.

« En quoi ça a un sens !? Nous avons autant de soldats mobilisés, et nous ne pouvons toujours pas localiser un seul homme !? Aucun de vous ne se relâche, j’espère ! », le beuglement colérique de Celia résonnait à travers la porte de la capitale.

Elle regardait autour d’elle avec un visage digne d’un démon. Ses sourcils bien formés étaient arqués vers le haut, et ses yeux étaient teints en rouge. Ses troupes, dispersées dans toutes les directions lors de leurs recherches, étaient rentrées les mains vides jusqu’à leur point de rassemblement près de la porte. Comme prix à payer pour ne pas avoir trouvé un seul indice, ils ne pouvaient que se tenir là et s’imprégner de ses insultes verbales.

Tout ce qu’ils avaient pour l’instant, c’était un témoignage oculaire d’un homme vêtu d’une armure de soldat qui passait la porte vers deux heures de l’après-midi. C’était à peine vingt minutes avant qu’ils n’organisent leurs forces et ne passent eux-mêmes devant la porte. Après avoir cherché pendant plus de dix heures jusqu’au plus profond de la nuit, ils n’avaient rien trouvé.

Il était tout à fait naturel pour Celia d’élever la voix en réponse, d’autant plus que Gaius était son dernier parent de sang restant. Il n’était pas déraisonnable de s’attendre à ce qu’elle devienne émotive à ce sujet, mais c’était une situation problématique pour un commandant.

« Calmez-vous, Celia. Les soldats ont tous travaillé au mieux de leurs capacités. »

Une voix aussi pure que le carillon d’une cloche réprimandait doucement Celia dans son dos.

« Lady Shardina… Mes excuses. »

En se retournant pour faire face à l’oratrice, la voix de Celia baissa de ton.

Elle n’arrivait pas à se défendre contre la première princesse de l’empire.

« Je crois que nous devrions probablement nous arrêter ici pour aujourd’hui… Tout le monde a l’air fatigué. »

Shardina regarda autour d’elle.

Aucun soldat ne s’était montré fatigué de façon flagrante, mais ils étaient tous encore visiblement fatigués.

« Mais… Si on s’arrête maintenant… »

Celia avait l’intention de se disputer, mais Shardina secoua la tête.

Elle s’était rendu compte que si Celia les forçait à poursuivre les recherches comme elle le faisait maintenant, elle n’arriverait à rien.

« C’est dangereux la nuit, même dans les environs de la capitale. Nous devrions revoir nos recherches et recommencer demain. »

Rolfe, qui était venu voir ce qui se passait, avait confirmé ses dires. Il pensait probablement la même chose.

« Oui, on doit faire exactement ce que dit Lady Shardina. Vous surmener dans cette recherche ne servira à rien. Nous ferions bien de prendre du recul pour l’instant et de reprendre nos efforts. Qu’en dites-vous, Lady Celia ? »

Celia n’avait pas trouvé les mots pour s’opposer à l’idée de Rolfe, mais ses émotions, qui l’avaient poussée à poursuivre le tueur de sa famille, ne l’avaient pas laissée accepter les faits.

« Seigneur Orlando, ramenez Celia dans son manoir. Je suis sûr qu’avec la mort du Seigneur Gaius cette journée a été difficile pour elle. », dit Shardina en étreignant les épaules de Celia.

« Non. Je peux y retourner toute seule. »

Celia rejeta les inquiétudes de Shardina.

Cependant, il était évident pour tout le monde qu’elle était à sa limite.

« Vous ne devriez pas vous forcer, Celia. Seigneur Orlando, occupez-vous d’elle. »

« Oui, madame ! Maintenant Lady Celia, par ici. »

Réagissant rapidement aux paroles de Shardina, Orlando essaya d’enrouler ses bras autour de Celia.

« Lâchez-moi, Orlando ! Je peux rentrer chez moi toute seule. »

Mais dans ses tentatives pour se débarrasser d’Orlando, Celia perdit l’équilibre et s’effondra. C’était tout naturel, puisqu’elle marchait maintenant depuis plus de dix heures sans répit, à la recherche du coupable.

Finalement, Orlando l’emmena dans une voiture qu’ils lui avaient préparée, et Celia rentra chez elle, dans sa propriété.

« Haah... En fin de compte Lady Shardina, que devons-nous faire après ça ? », soupira Rolfe tout en regardant la voiture rouler.

« Je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à faire. Cela ne sert à rien de chercher plus longtemps… »

Shardina haussa les épaules à la question de Rolfe.

« Inutile, dites-vous… »

Il l’avait déjà présumé, mais en l’entendant directement des lèvres de Shardina, le visage de Rolfe se contorsionnait encore légèrement.

« Cela a été décidé au moment où ce soldat a quitté les portes. »

« Mais quand même… Nous avons organisé toutes nos forces pour cela… »

Rolfe croyait honnêtement qu’il avait fait de son mieux et doutait que quelqu’un puisse prendre le commandement dans de telles conditions mieux que lui. C’était le genre de fierté qu’un héros de guerre posséderait naturellement.

« Je suis au courant. Sire Rolfe, je n’ai rien à vous dire quant à votre commandement. Vous avez fait tout ce qui était de votre ressort. »

Le regard de Shardina se tourna vers la forêt.

« Nos chances de l’arrêter à l’intérieur des frontières de l’empire étaient déjà très minces. Après tout, nous ne savons pas à quoi il ressemble ni quel âge il a. Pourtant, s’il se promenait habillé en soldat, nous aurions eu une chance de l’attraper. »

« Ce que vous dites, c’est qu’il n’est plus habillé comme l’un des gardes royaux ? »

« C’est très probable… », dit Shardina en hochant la tête.

Si j’étais à sa place, je me changerais dès que j’en aurais l’occasion… Toute personne activement poursuivie ferait sans aucun doute la même chose…

« Alors… Qu’allons-nous faire ensuite ? »

« Nous avons déjà donné l’ordre de bloquer les frontières. Il ne nous reste plus qu’à nous diriger vers celles-ci et à poursuivre nos recherches. »

Pendant que Shardina parlait, Rolfe la regardait avec une expression anxieuse. Étaient-ils vraiment censés continuer à le chercher sans savoir qui il était ?

« Pensez-vous que nous pourrons le trouver de cette façon ? »

« En tout cas, on peut réduire les options à deux destinations possibles. »

Le visage de Rolfe montrait une expression surprise. Il avait repris confiance en entendant son ton.

« Deux destinations ? Donc croyez-vous qu’il ira au sud ou à l’est ? »

Rolfe imaginait à peine la distance entre la capitale et les frontières de l’empire. Puisqu’elle avait dit deux destinations, il avait naturellement considéré la frontière la plus proche, la frontière sud, et la frontière est, qui était la deuxième plus proches.

« Correct. Mais il ira probablement vers l’est… »

« Puis-je vous demander ce qui vous fait penser ça ? »

« Honnêtement, c’est surtout de l’intuition. Mais je doute que j’aie tort. », dit Shardina en souriant

Se tournant vers Rolfe, elle continua.

« C’est le genre d’homme capable de s’échapper du château et de résister à notre poursuite jusqu’à maintenant. Il ne courra pas sans réfléchir. »

« Donc vous dites que cet homme connaît bien la géographie de l’Empire… ? Mais c’est… »

L’expression de Rolfe s’était assombrie.

Si les hypothèses de Shardina étaient correctes, la tâche consistant à attraper cet homme était beaucoup plus difficile qu’ils ne l’avaient prévu.

« Cela me semble très probable… »

« Mais ne choisirait-il pas de prendre le chemin le plus court et d’aller vers le sud ? Je ne choisirais pas la frontière est si j’étais à sa place. »

Rolfe prendrait le chemin le plus court s’il était en fuite. C’était une situation où chaque moment qu’il passait à l’intérieur des frontières de l’empire était un moment où sa vie était en danger. Selon lui, cela ne servirait à rien de choisir délibérément la voie la plus longue.

« C’est vrai. Si votre intention était de fuir, vous iriez vers le sud. Mais considérez que c’est ce qu’il avait prédit qu’on fera. »

« Vous dites donc qu’il a choisi la frontière est plutôt que la frontière sud, en supposant que l’on puisse prédire qu’il choisirait cette dernière ? Impossible… Peu importe comment vous le regardez, c’est trop… »

Shardina secoua la tête devant ses paroles.

« Seigneur Rolfe. Moi aussi, j’espère que mes soupçons ne sont pas fondés. Mais il a été plus malin que nous à chaque fois jusqu’ici. Si on le sous-estime, il pourrait passer la frontière sans qu’on s’en aperçoive. »

« C’est assez vrai… Cependant, on ne peut pas écarter l’éventualité qu’il aille au sud… », dit Rolfe en réfléchissant.

Le sens du jugement de Rolfe avait toujours été pragmatique. C’était à la fois son plus bel atout et son plus grand défaut. Pour le meilleur ou pour le pire, il n’arrivait pas à se défaire de ce qu’il percevait comme du bon sens.

« Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire. Partir vers l’Est, c’est tout simplement mon intuition… C’est pourquoi je crois que je vais vous laisser la frontière sud, à vous, Celia et le Seigneur Orlando, et je vais me diriger vers l’est. »

« Je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée… Mais ne serait-il pas plus sage de se séparer en deux groupes de deux à la place ? »

La suggestion de Rolfe était raisonnable. Dans la plupart des cas, ils diviseraient leurs forces en deux. Cependant, Shardina secoua la tête.

« Non. Aller vers l’est est mon idée personnelle. C’est pourquoi, Seigneur Rolfe, vous devriez rester derrière et soutenir Celia… Après tout, vous n’avez pas à vous inquiéter. J’ai un vice-commandant fiable à mes côtés. »

Rolfe se souvenait de la façon dont Celia, habituellement assez calme pour être connue comme la reine des blizzards, avait été vaincue par cette frénésie.

Oui… Comme le dit Son Altesse, il serait dangereux de laisser le Seigneur Orlando seul pour contenir la rage de Lady Celia… Rolfe avait pris un moment pour calculer les choses. Avec cet homme à ses côtés, je doute que Son Altesse soit blessée.

L’image du vice-commandant fiable de Shardina fit surface dans son esprit.

« Très bien. J’organiserai nos formations selon votre décision. »

« S’il vous plaît, Seigneur Rolfe. »

Rolfe força ensuite son corps fatigué à se réveiller, travaillant jusqu’à la nuit pour organiser leur formation. Tout ça pour appréhender un seul homme venu d’un autre monde.

« Seigneur Rolfe ! On a fini de déplacer les troupes ! Partons-nous bientôt ? »

La voix d’un coureur fit sortir Rolfe du souvenir de ce qui s’était passé hier soir.

« On y va, Lady Shardina ? »

Shardina répondit en agitant son épée en avant, au-delà des portes.

« En avant, marche ! »

Le cri de Rolfe poussa les deux cents soldats à cheval à partir à la poursuite de l’insaisissable homme de l’autre monde.

La colonne de cavaliers se précipita le long de la route qui menait vers l’est. Le vice-commandant, Saitou, s’était approché de Shardina, qui se trouvait en haut de la ligne.

« Votre Altesse. Comme vous l’avez ordonné, nous avons mis en place un blocus à Adelpho. »

« Je vois. Bon travail. Cela a été aussi très rapide, Saitou. »

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

Laisser un commentaire