Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 2 – Chapitre 45 – Partie 2

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Chapitre 45 : Le Prince apprend que son pouvoir à des limites

Partie 2

Puisque ses acolytes ne pouvaient pas mettre la main sur elle, Elliott réfléchit jusqu’à ce qu’il ait un éclair d’inspiration.

« Hé, tout le monde, jetez-lui des pierres ! »

Il suggérait que plus de dix garçons attaquèrent une petite fille avec des armes de longues portées. Les gens avaient une façon de perdre leur conscience lorsqu’ils se retrouvaient acculés dans un coin.

Les garçons suivirent l’ordre d’Elliott et commencèrent à ramasser les pierres à proximité et à les jeter sur la fille. Même elle ne pouvait pas se défendre contre ça, elle recula donc. Quand ils virent qu’elle reculait, Elliott et les garçons poussèrent leur avantage et continuèrent à lancer.

« Oui ! On peut le faire ! »

« On peut gagner ! »

Voyant qu’elle était face à plusieurs adversaires, une différence dont les garçons auraient dû avoir honte même s’ils devaient gagner, et qu’ils s’emportaient à cause de ça, elle s’était finalement enfuie.

« On a réussi ! »

« Maintenant, coince-la et oblige-la à s’excuser auprès du prince ! »

Si elle avait perdu la volonté de se battre, il ne leur restait plus qu’à lui couper la route et la forcer à se rendre. C’est ce qu’ils pensaient en la poursuivant, des pierres à la main, mais elle grimpa à un arbre.

Lancer les pierres vers le haut était difficile, ils eurent beau essayer, ils n’avaient pas pu l’atteindre. Ils auraient dû la coincer, mais ils ne pouvaient rien faire dans cette situation.

Elliott et les garçons s’étaient rassemblés autour du pied de l’arbre et regardèrent en l’air. La fille était en haut dans les branches, peut-être en train de préparer une contre-attaque, alors que son adorable visage était empli d’un air renfrogné en les regardant.

Les garçons commencèrent à discuter de leurs contre-mesures.

« Qu’est-ce qu’on fait ? Nos pierres ne l’atteignent pas. »

« On pourrait attendre, mais on ne sait pas combien de temps elle va rester là-haut. »

Au moment où ils se disaient qu’ils ne voulaient pas que ça s’éternise, un bruit de claquement vint d’en haut.

« Hm ? »

Ils levèrent les yeux pour voir la fille suspendue à une branche épaisse et donnant de toutes ses forces des coups de pied dans une branche plus basse. Avant même qu’ils aient eu le temps de se demander pourquoi, la branche fine tomba en plein milieu de leur groupe, et la ruche plutôt impressionnante qui y était attachée, qui devait faire une vingtaine de centimètres de large, libéra un essaim massif de guêpes.

« Aaaaahh ?! »

« Heeeelp ! »

Les guêpes durent supposer que les personnes rassemblées autour de la ruche étaient les coupables, car elles s’étaient attaquées à Elliott et aux garçons, et non à la fille dans l’arbre. Folles de rage, elles poursuivirent les garçons à gauche et à droite. Les garçons s’étaient enfuis dans toutes les directions, mais les malchanceux continuèrent à hurler de douleur à chaque fois qu’ils étaient piqués. C’était le chaos.

Elliott, ayant réussi à s’échapper de la scène, s’était assis à côté de l’étang. Tout s’était passé si vite qu’il ne savait pas où il était maintenant ni ce qu’étaient devenus ses acolytes.

« Je pensais que j’étais fichu… »

Au moment où il pensait qu’il n’avait même plus la volonté de tenir debout, une ombre s’abattit sur lui.

« Huh ? »

Elliott, complètement épuisé, leva les yeux pour voir la fille qui était montée dans l’arbre. Elle était penchée en arrière, et son pied était levé.

« Quoi ? Gwuh ?! »

Elle lui donna un coup de pied dans la poitrine, et Elliott tomba. Il essaya alors de se relever, mais elle lui donna un autre coup de pied au cul. Il tomba à nouveau, se releva à quatre pattes, prit un autre coup de pied aux fesses… et tomba la tête la première dans l’étang.

« Bwarghlarghlargh ! »

Il essaya de crier « À l’aide », mais tout ce qui sortit était un tas de bulles alors que l’eau boueuse envahissait sa bouche. Il ne pouvait pas dire si sa tête était tournée vers le haut ou vers le bas. Il s’était débattu comme un fou, mais l’eau continuait à pénétrer dans son nez et sa bouche. Elle se précipitait pour remplacer l’air qu’il avait expiré sans le vouloir. Avec ses poumons pleins d’eau, Elliott ne pouvait même plus crier en se débattant.

C’est sans espoir… pensa-t-il.

« Bwah ! »

Au moment où il sentit sa mort imminente, la tête d’Elliott surgit de l’eau. Son champ de vision s’était soudainement éclairci, et il put voir la lumière vive du soleil une fois de plus. Le fait que la tête d’Elliott s’était retrouvée hors de l’eau alors qu’il se débattait, se noyant, était une pure coïncidence.

Toussant et crachant, il cria, « Quelqu’un ! »

Maintenant que sa tête était hors de l’eau, ses poumons pouvaient enfin aspirer tout l’oxygène dont ils avaient besoin. Sa poitrine se gonflait d’air et il appelait à l’aide d’une voix nasillarde entre deux crachats d’eau.

Le rivage semblait si loin. Il avait fini par dériver en se débattant, et même ses yeux d’enfant pouvaient voir qu’il y avait une bonne distance jusqu’à l’endroit où se tenait la fille. Il agita ses bras et ses jambes, essayant de s’y rendre d’une manière ou d’une autre, mais les manches de sa chemise et de son pardessus étaient toutes emmêlées, rendant ses bras incroyablement difficiles à bouger. Malgré cela, il avait presque atteint le rivage, quand…

Pow !

La vision d’Elliott trembla. Au moment où il s’était rendu compte que quelque chose l’avait frappé, la zone frontale touchée par l’impact devint chaude.

« Huh ? Quoi ? »

Elliott ne comprenait pas ce qui se passait, mais comme il continuait à se débattre vers le rivage, la réponse vint en volant quelques secondes plus tard.

Juste après que la fille sur le rivage ait balancé son bras, une autre petite pierre le frappa à la tête. Elle jetait des pierres pour l’empêcher d’atteindre la terre ferme.

« Aaaah ?! »

Si Elliott fuyait au centre de l’étang, elle le laissait s’enfuir, mais plus il s’approchait du rivage, plus elle envoyait des pierres voler. Son but était précis, et elle atteignait toujours sa cible.

« E-Eeeeek ! »

Il était impuissant, mais il ne pouvait pas abandonner l’idée d’atteindre la rive. Même s’il restait où il était, ses petites jambes ne pourraient pas atteindre le fond.

Pendant qu’il essayait désespérément de ne pas se noyer, la bande d’Elliott se rassembla autour de la fille sur la rive, tous dans un état lamentable. Ils l’avaient supplié d’épargner Elliott, mais elle n’avait pas écouté un mot. Elle regarda Elliott, jouant avec l’une des pierres dans sa main.

Alors qu’il regardait les adultes se précipiter, la conscience d’Elliott s’effaçait progressivement.

*****

La scène autour de l’étang s’était transformée en chahut. Pendant que les servantes soignaient les garçons ensanglantés, un certain nombre de chambellans sautaient dans l’étang pour sauver le prince qui se noyait. Personne n’était gravement blessé, mais ils avaient tous besoin de premiers soins suivis d’une visite chez le médecin, ainsi les adultes avaient-ils appelé tous les médecins de la cour du palais, même ceux qui n’étaient pas en service.

Lorsque le roi et la reine arrivèrent, après avoir été informés de ce qui s’était passé, ils regardèrent ce qui ressemblait à un champ de bataille tout en écoutant un rapport sur l’incident.

« Voilà donc ce qui s’est déroulé, si l’on en croit Mlle Rachel de la Maison Ferguson, la seule qui a su garder la tête froide. »

« Hmm… »

Même s’ils n’étaient que de jeunes garçons sans capacité de décision, il était difficile de croire que plus de dix d’entre eux avaient décidé de se liguer contre une petite fille pour un manquement accidentel à la bienséance. Mais là encore, ils avaient perdu contre elle et avaient presque fait tuer le prince. C’était plus qu’un simple manque d’éducation, à la fois pour le groupe d’Elliott et pour la fille.

Le roi avait mal à la tête en essayant de comprendre comment il devait interpréter cela.

Sur le bord de l’étang, le duc Ferguson, qui était devenu très pâle, tenait dans ses bras sa fille, la jeune femme au centre de cette calamité. Les chambellans avaient beau l’implorer, elle ne cessait de lancer des pierres à Elliott, alors son père l’avait attrapée et l’avait lui-même arrêtée.

La jeune fille, qui était aussi adorable qu’une poupée, n’avait aucune expression sur son visage, et avec la façon dont son père la tenait, elle avait l’air d’être une poupée. Cependant, le roi frissonna en voyant l’hostilité flagrante et l’intention meurtrière dans ses yeux.

Le duc commença à s’excuser et tenta d’expliquer, mais le roi regarda le visage calme de la jeune fille dans ses bras.

« Rachel, c’est ça ? Pourrais-je lui parler ? »

Rachel inclina la tête sur le côté.

« Est-ce que cela prendra du temps, Votre Majesté ? »

« Hm ? Qu’est-ce que tu veux dire ? », demanda doucement le roi.

Rachel, six ans, était tout à fait sérieuse quand elle répondit : « Ils vont arrêter de distribuer le gâteau au fromage et à la cerise si je ne me dépêche pas, alors cela vous dérangerait-il d’attendre que j’aie pu en obtenir ? »

Le roi fut déconcerté et ne savait pas comment réagir, mais il ordonna à un chambellan d’aller lui chercher du gâteau.

La reine hocha la tête en signe d’approbation.

« Votre Majesté », dit-elle à son mari.

« Qu’est-ce qu’il y a ? », demanda-t-il.

« Rachel est vraiment quelque chose. »

« Eh bien… Je ne vais pas le nier… »

Mais pas d’une manière que je peux approuver, pensa le roi.

« J’ai décidé. Faisons de Rachel la future épouse d’Elliott », dit la reine comme si c’était un coup de génie.

Comment est-elle arrivée à cette conclusion dans une situation comme celle-ci ?

Le roi ne comprenait pas mieux sa femme qu’il ne comprenait la jeune fille du duc et, sans réfléchir, il demanda : « Es-tu sérieuse ? »

« Absolument. De penser qu’elle puisse provoquer une telle scène et pourtant être capable de l’expliquer calmement et objectivement… Ce n’est pas une chose facile à faire. »

« Je suis sûr que non, mais peut-être qu’elle est une telle enfant qu’elle ne comprend pas ce qu’elle a fait ? »

La reine se tourna vers Rachel et lui demanda : « Que penses-tu du fait que tu as blessé Elliott, Mlle Rachel ? »

« Je suppose que je vais être exécutée ? Si c’est le cas, j’aimerais au moins manger un gâteau au fromage et à la cerise avant que vous ne me coupiez la tête. », répondit-elle.

« Qu’en penses-tu, Sire ? Regarde le courage qu’elle a pour rester si calme face à la peine capitale ! »

« Je suis plus curieux de ce gâteau au fromage et à la cerise sur lequel la jeune Mlle Rachel fait une fixation. »

*****

Au moment où Elliott s’était réveillé de son profond sommeil, ce dernier n’avait plus aucun souvenir de la garden-party. Pour être plus précis, il se souvenait que quelque chose s’était passé, mais ses souvenirs étaient fragmentaires, comme un rêve.

Profitant de cet état de fait, la reine lui présenta Rachel non pas comme la coupable qui l’avait blessé, mais comme sa fiancée nouvellement choisie. Elliott était déconcerté par la rapidité avec laquelle cette décision fut prise, mais leur mariage était prévu pour plus d’une décennie à ce stade, cela ne semblait donc pas être quelque chose dont il devait se soucier.

« Voilà, c’est fait ! Elliott a accepté, alors donnez-nous votre fille et j’oublierai l’incident de la garden-party. », leur assura la reine.

« Vous n’êtes pas raisonnable ! », protesta le duc.

Il n’y avait aucun moyen pour le duc de résister une fois que le roi et la reine avaient pris leur décision, surtout quand ils offraient d’oublier un incident où sa fille avait brutalisé le prince. Ils étaient venus prêts à toutes les objections possibles, et il n’était pas en position de s’y opposer quand cela signifiait que sa famille serait déclarée innocente.

« Quel est le problème ? Je doute que vous ayez déjà trouvé un mari pour elle. », déclara le roi.

« Eh bien, non, mais… êtes-vous sûr ? », demanda le duc.

« De quoi ? »

Le duc soupira et s’essuya le front avec un mouchoir.

« De marier dans votre famille la fille qui a fait tout ça. »

Eh bien, s’il le dit comme ça… Attendez, non, arrêtez.

Le roi secoua la tête pour chasser ces pensées.

« Je-je veux dire, ce n’est pas le genre de chose qui pourrait arriver deux fois. Mm-hm. »

« Je l’espère… », dit le duc qui finit par céder.

Il faudrait encore plus d’une décennie avant que ce duo ne cause un incident bien plus grave.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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