Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 2 – Chapitre 44 – Partie 3

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Chapitre 44 : Le roi rend son jugement

Partie 3

« Maintenant, Mlle Poisson. Pouvez-vous me dire quelles choses sont importantes pour un prince ? »

Margaret inclina la tête sur le côté pour réfléchir.

« Umm… Son visage ? »

« Autre chose ? », demanda le roi.

« Euh… L’argent ? »

« Autre chose ? »

« Il y en a d’autres ?! Uh, uhm… S’il a un cheval, il devrait être blanc. »

Le roi s’était retourné vers les autres.

« Comme vous pouvez le voir, parce que cette fille a été élevée comme une roturière, elle n’a pas l’éducation appropriée pour un noble. »

« Il me semble qu’il y a des problèmes plus importants », marmonna le Premier ministre.

Ignorant le Premier ministre, le roi pointa du doigt Margaret.

« En tant que cause de ce tumulte, je ne peux pas simplement vous laisser partir libre. C’est pourquoi nous avons décidé de vous placer indéfiniment au service d’un noble influent afin que vous puissiez apprendre les bonnes manières. »

« Quoi ?! Est-ce tout ? »

Margaret était choquée. Après avoir vu ce qui était arrivé à Elliott, elle s’était inquiétée de ce que le roi ferait à quelqu’un qui était pratiquement un roturier comme elle. Même si elle n’était qu’une mauvaise herbe, elle voyait qu’elle avait de sérieux problèmes.

« Oui. J’en ai déjà parlé au Duc Ferguson. Il va vous affecter à sa fille pour le moment. »

L’audience réfléchit aux mots du roi.

Quand Margaret comprit ce que ça voulait dire, elle hurla : « Attendez, c’est Rachel ! Vous avez utilisé un tas de jolis mots, mais en réalité vous me donnez à Rachel comme son jouet ?! »

« De quoi parlez-vous ? Il semble qu’elle ait aussi l’intention de vous apprendre les bonnes manières. », demanda le roi.

« De la façon dont vous venez de le dire, on dirait que c’est juste un truc en plus ?! Son but principal est de m’utiliser comme son jouet, hein ?! »

« Oui, vous avez raison. Peut-être qu’il est préférable de dire clairement les choses cette fois. », soupira le roi.

« Quoi ? »

« Eh bien, après ce qu’Elliott a fait, le gifler ne suffira pas à satisfaire Mlle Rachel. C’est pourquoi nous avons décidé de vous offrir à elle comme sacrifice humain. »

« Le dire clairement n’arrange pas les choses ! Je suis une mineure, d’accord ? Si vous comptez me rééduquer, ou m’offrir en sacrifice humain, il vous faut une autorisation parentale ! Maman ne laisserait jamais cela m’arriver ! »

En entendant cela, le roi donna le signal.

« Pardonnez-moi de parler malgré ma basse condition. »

Sofia, la servante de Rachel, qui se tenait près du mur, s’était avancée.

« Le baron Poisson et sa femme ont déjà donné leur permission pour que la jeune femme soit apprentie chez nous pour apprendre les bonnes manières. »

« Ce n’est pas possible ! Maman n’est pas si stupide qu’elle ne se rendrait pas compte de ce que cela signifie ! », protesta Margaret.

Et qu’en est-il de son père ?

« C’est pourquoi elle m’a confié une lettre en guise de preuve », répondit Sofia en sortant une enveloppe.

« Ahem, “À ma très chère Margaret. Sa Majesté est venue nous proposer de te mettre en apprentissage à la maison ducale de Ferguson où tu apprendras leurs manières. Nous ne savions pas quoi faire au début, mais nous avons décidé d’accepter.” »

« Pas possible ? ! C’est forcément un mensonge ! »

« “Parce que si je signe les papiers, ils ont promis de m’obtenir des billets platine pour une place en loge premium au dernier spectacle d’Adam. Je ne pouvais pas laisser passer ça, non ? À bientôt, et travaille dur sur tes leçons.” C’est ce qu’elle dit. »

Une fois que Sofia finit de lire la lettre, Margaret arrêta de se rouler et commença à claquer sa tête contre le sol.

« Bien sûr qu’elle dirait oui à ça ! C’est un spectacle d’Adam ! Je vendrais volontiers deux ou trois de mes propres filles pour avoir cette chance ! Attendez, si elle m’a vendu pour avoir ces tickets, alors ils devraient m’appartenir !!! Laissez-moi partir pour au moins un jour !!! »

« Vous comprenez donc que vous allez faire un apprentissage avec eux ? », demanda le roi.

« Ouais ! Mais je ne veux pas ! Je comprends pourquoi, mais je ne veux pas y aller ! »

Margaret s’était soudainement arrêtée et jeta un coup d’œil à Rachel. Rachel avait les bras écartés, avec le plus grand sourire sur son visage.

« Bienvenue ! », dit-elle.

« Je ne veux vraiment pas y aller !!! »

Le grand-duc Vivaldi poussa un soupir de soulagement.

« C’est fini maintenant, hein ? »

Le Premier ministre avait aussi l’air soulagé.

« Oui, c’est vrai… »

« Je ne perdrai plus Enrique ? »

« Non, vous ne le perdrez pas. »

« Il n’y aura plus de singe qui mangera mes pommes ? »

« Non, plus aucun. »

Les deux hommes s’étaient serrés l’un contre l’autre, pleurant des larmes de joie.

« Que t’est-il arrivé, mon oncle ? », demanda le roi.

Rien de tout cela n’était apparu dans les rapports.

« Hmm, je dirais que tout s’est finalement bien arrangé », remarqua le roi, satisfait. C’est-à-dire, jusqu’à ce qu’il sente quelqu’un derrière lui.

« Robert. »

« Hm ? »

Le roi se retourna pour trouver la Duchesse Somerset et la Comtesse Marlborough attendant derrière lui.

« Qu’est-ce qu’il y a, ma tante ? Je m’excuse de ne pas être venu te saluer plus tôt. »

« Ce n’est pas ce qui est important », répondit la duchesse Somerset.

Elle tenait le pointeur d’un professeur.

« Robert. Nous devons parler à couvert de certains problèmes liés à tes décisions, à tes directives et à ta capacité à communiquer. »

« Attends, écoutez ! Il y avait des raisons ! », plaida le roi.

« Nous devons parler. Dehors ! »

La duchesse balança son pointeur.

« Ou bien préfères-tu baisser ton pantalon ici ? »

*****

Le roi rendit son jugement, mais la salle d’audience était encore bruyante, Rachel regarda alors depuis une fenêtre à l’extérieur, un sourire éphémère sur le visage.

Est-ce que tout est enfin terminé maintenant ? Si tout revient à la normale après cela, ce sera le cas. Au-delà, les choses se passeront comme elles se passeront.

Rachel fit lentement un pas en arrière, essayant d’éviter de se faire remarquer par les gens bruyants.

Mon rôle ici est terminé. Alors…

En quittant silencieusement la terrasse, Rachel sourit en se retournant pour regarder la salle d’audience une fois de plus.

Je suis libre… d’aller où je veux maintenant, non ?

« Oh, ça suffit. Rachel, laissons-les faire et rentrons à la maison. Rachel ? »

Émergeant du chaos dans le hall, le duc appela sa fille, avec l’intention de rentrer déjà à la maison. C’était la première fois que Rachel sortait de prison en trois mois, la maison devait donc lui manquer. Enfin, c’est ce qu’il pensait.

« Rachel ? »

Il n’y avait personne à l’endroit où Rachel s’était tenue. Les rideaux en dentelle se balançaient tranquillement dans le vent qui soufflait par la grande fenêtre ouverte.

« Rachel ! », dit le duc.

« Mmngh. »

Rachel se retourna dans son sommeil.

« Allez, Rachel ! Réveille-toi ! »

« Ngh… Je dormais pourtant si bien. Qu’est-ce qu’il y a ? »

Duc Ferguson fit claquer les barreaux de fer.

« Non, pas “Qu’est-ce qu’il y a ?” ! Lève-toi, Rachel ! »

Même si tout le monde faisait encore du grabuge, la fille au centre de tout cela leur avait échappé. Le duc s’était empressé de partir à sa recherche, pour la retrouver dans la prison, profondément endormie.

À quoi pense-t-elle ? pensa-t-il avec colère en regardant son visage endormi.

« Pourquoi es-tu de retour dans le donjon maintenant que tout est réglé ?! Sors d’ici tout de suite ! »

« Je ne veux pas », répondit Rachel tout en lui coupant la parole.

« Qu… »

Rachel savoura la douceur de sa literie alors qu’elle tirait la couette sur sa tête et plongeait profondément en dessous.

« Je profite d’un rendez-vous romantique avec celui que j’aime dans un endroit où personne ne peut se mettre entre nous en ce moment. C’est grossier de ta part d’interférer. »

« Un rendez-vous ? »

Le duc regarda de travers sa fille, qui tenait des propos étranges.

Sofia intervint calmement : « Jeune maîtresse, celui que tu aimes serait-il par hasard ton doudou ? »

« Oui… Nous sommes follement amoureux… Ngh. »

« Assez de bêtises sur l’amour de ta literie ! Sors d’ici immédiatement ! », demanda le duc.

« C’est la vérité ! Au début, je dormais sur des coussins, mais après avoir changé pour un lit, j’ai réalisé quelque chose. Un édredon est vraiment plus confortable. », affirma Rachel, sa voix étouffée par la couette.

« Bien sûr que c’est vrai ! C’est même évident ! »

« Maintenant que j’y pense, les doudous me réconfortent depuis le jour de ma naissance. »

« C’est leurs rôles ! »

« Quand j’étais fatiguée ou triste, ils me prenaient dans leurs bras sans un mot. »

« Parce qu’ils ne peuvent pas parler. »

Rachel s’était retournée dans son lit, ignorant les répliques apathiques de son père.

« Tu as donc compris. Au cours de ces trois mois, je me suis réhabituée à la valeur d’un bon doudou. Je n’ai pas le temps de faire des leçons pour devenir reine. S’il te plaît, n’interfère pas dans notre temps de relation amoureuse. »

« Tu as pris l’habitude de te relâcher, n’est-ce pas ? Sofia. Dis quelque chose à mon idiote de fille ! », s’écria le duc.

À la demande du duc, Sofia regarda le lit.

« Jeune maîtresse, es-tu heureuse comme ça ? »

« Oui », répondit Rachel.

Sofia regarda dans le vide pendant un moment, en réfléchissant, et dit : « Je vois. C’est bon à entendre. »

Elle s’arrêta alors de réfléchir.

« Pourquoi l’acceptes-tu ? Essayerais-tu de la réveiller correctement ?! », interrogea le duc.

« Le bonheur de la jeune maîtresse est mon bonheur », expliqua Sofia.

« Tes servantes font semblant d’être douées, mais elles sont en fait inutiles ! Hé, Rachel ! Lève-toi ! »

« Ngh. »

Le duc se tourna alors vers le gardien de prison, qui observait de loin.

« Vous, traînez-la hors de là ! Déverrouillez la porte ! »

Le gardien de prison se gratta la tête maladroitement : « Euh, oui… À propos de ça… »

« Quoi ? »

« Quand la jeune femme est revenue, elle a dit : “Je vais gérer la serrure de l’intérieur à partir de maintenant”, et a confisqué la clé… »

« Et vous n’avez pas trouvé ça étrange ?! Quel genre de prison laisse le détenu gérer les serrures ?! »

« Euh, je pensais effectivement que c’était étrange, mais… »

Le gardien de prison détourna le regard. Il avait le regard d’un homme qui s’était fait une raison.

« Je me suis dit que discuter avec la jeune demoiselle était inutile… »

« Pourquoi tout le monde est-il comme ça autour de Rachel ?! », se lamenta le duc.

Quelque chose tapa sur le genou du duc. Tout en baissant les yeux, il vit le singe de compagnie adoré de sa fille lui offrir une pomme.

« Je te donne ça, alors fais-moi plaisir en laissant tomber ça, d’accord ? »

« Sérieusement, qu’est-ce qui se passe autour de Rachel ?! »

Avec les cris de son père et de ceux qui essayaient de l’amadouer comme bruit de fond, Rachel s’était enveloppée dans la chaude couette et s’était endormie avec un sourire satisfait sur le visage.

Il semblerait que la jeune demoiselle allait pouvoir continuer à vivre sa vie paisible en prison un peu plus longtemps.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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