Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 2 – Chapitre 38 – Partie 2

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Chapitre 38 : La servante est troublé par des groupes d’admirateurs

Partie 2

C’était plus qu’insensé. Eliza était sérieusement venue préparée à écraser les chevaliers ! Ce pays était en paix depuis de nombreuses années, si les chevaliers devaient se défendre contre quarante psychopathes d’élite dirigés par la grande-duchesse militariste, ils n’avaient aucune chance. Il faudrait une centaine de Martina à son niveau le plus fou pour leur tenir tête. En fait, ils n’étaient pas si différents de Martina. C’était pourquoi il faudrait autant d’elle pour compenser la différence d’expérience. Si le personnel du palais dirigé par le prince ne pouvait même pas battre un singe, ils n’avaient aucune chance contre ces gens.

Alors que Sofia pressait une main contre son front, son esprit s’emballant, Meia, qui avait un air dubitatif sur le visage, utilisait des signes de la main pour obtenir la permission de Sofia avant d’ouvrir la bouche.

« Hum, Votre Excellence… Vous êtes toutes des jeunes femmes, non ? Où avez-vous trouvé un logement pour quarante individus ? », demanda Meia.

Il ne ferait aucun doute que les Jeunes Dames en habits de deuil camperaient s’il le fallait, mais en raison des origines du groupe, il s’agissait principalement d’un rassemblement de jeunes femmes nobles. Si elles se déplaçaient sous l’apparence de civils inoffensifs, elles auraient besoin de rester dans un hôtel raisonnablement grand. Mais si un groupe de jeunes femmes de haute naissance logeait dans plusieurs hôtels de la ville, il y aurait des rumeurs à ce sujet. Pourtant, ils n’en avaient pas encore entendu parler.

Les doutes de Meia, qui étaient raisonnables pour un agent d’une agence de renseignement, firent sourire la grande-duchesse.

« Oh, vous n’étiez pas au courant ? Elles séjournent au château en ce moment en tant qu’ambassadrices culturelles du Royaume de Bakura. », dit-elle.

Elles sont là. Elles sont à tous les coups là. Il y a eu un rapport sur un groupe assez important d’émissaires séjournant au château pour les prochains jours ayant pour cadre un échange culturel. Mais allez, comment pouvons-nous savoir qu’un groupe de diplomates d’un pays complètement étranger était avec eux ?

Sofia regarda pour voir Meia, leur expert en politique, se couvrir le visage. Elle et Heidi, la responsable du château, verraient leur salaire réduit pour cette gaffe, tout comme Sofia, en tant que leur superviseur.

« Vous ne le saviez pas ? Ma vice-commandante est la troisième princesse de Bakura », se vanta Eliza.

« Je n’étais pas au courant… », marmonna Sofia.

« Les membres de la délégation et leurs accompagnateurs sont tous avec nous, nous avons donc plus d’une centaine de combattants. Avec eux déjà à l’intérieur, nous n’aurons pas besoin de percer les murs. Si nous lançons une attaque-surprise, nous sommes sûrs de gagner. »

Le prince Elliott avait laissé entrer ses pires ennemis dans le château sans même s’en rendre compte.

« Je suis étonnée du fait que vous soyez sortis du palais en habits de deuil », remarqua Sofia.

« Évidemment, nous n’avons pas montré nos armes avant d’arriver ici. Nous avons dit à nos gardiens que nous allions “aux funérailles du fiancé d’une amie”. Ha ha ha, ils n’auraient jamais deviné qu’il s’agissait de leur prince. »

La grande-duchesse sourit, mais Sofia et les siens ne pouvaient pas sourire à ce sujet. Rachel préférait qu’elles s’occupent des choses tranquillement, cela ne les amusait donc pas le moins du monde.

« Votre Excellence, j’ai le regret de vous informer qu’à l’heure actuelle, la jeune maîtresse profite de ses vacances pour taquiner le prince et a l’intention de le rendre fou jusqu’à ce que son père, le roi, se débarrasse de lui. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais la jeune maîtresse n’est pas encline à recourir à la force. Même si vous restez là, je doute que vous ayez l’occasion d’agir. », dit Sofia en se raclant la gorge.

Eliza fronça les sourcils : « Hmm… Peut-on vraiment dire qu’être en prison c’est des vacances ? »

Je ne veux pas qu’elle me parle de bon sens, pensa Sofia, mais elle se tut.

« Quoi qu’il en soit, je comprends ce que Rachel a l’intention de faire, mais que faire s’il a d’autres idées ? Les hommes stupides ont des rancunes stupides et injustifiées. Pouvez-vous être totalement sûre que votre abruti de prince ne va pas exploser ? »

Comme on pouvait s’y attendre de la part de quelqu’un qui était un souverain et avait une expérience passée, Eliza souligna immédiatement la faiblesse de leur argument.

« Dans mon cas, je l’ai laissé s’échapper une fois, et il a fallu deux années entières pour le poursuivre et le capturer. Ne jamais sous-estimer la ténacité des déchets humains. Je pense vraiment que nous devrions éliminer votre stupide prince. Oui, faisons ça. Nous allons le tuer tout de suite. »

Pourquoi était-elle devenue folle comme ça juste après s’être débarrassée de lui ? La grande-duchesse était-elle aussi en mode vacances ?

« Non. Pour nous, les décisions de la jeune maîtresse passent avant tout. Nous avons plusieurs niveaux de surveillance sur les chevaliers et sur les autres sections du palais, et nous pouvons intervenir immédiatement pour défendre la jeune maîtresse. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. », répondit Sofia.

De toute évidence, elle ne pouvait pas dire à un groupe d’étrangers que « c’est d’Elliott et de sa joyeuse bande d’idiots dont nous parlons, il n’y a donc aucune raison de voir Rachel se faire blesser. »

« Mrgh… J’avais tellement hâte de couper la tête de cet idiot. »

Eliza fit la moue, mettant la charrue avant les bœufs. Puis elle sembla avoir un éclair de lucidité et frappa son genou.

« Je sais, Sofia, que pensez-vous de ça ? Pourquoi ne pas épargner à Rachel la peine de décapiter tranquillement votre stupide prince maintenant ? Nous lui ferions une faveur ! »

« Il lui rend visite en prison presque tous les jours. Elle le remarquerait. »

« Hmm… Je sais ! Le prince est un idiot, donc si la lame entre proprement, il pourrait ne pas remarquer que sa tête a été coupée pendant deux ou trois mois ! »

La grande-duchesse avançait maintenant des arguments qui la faisaient paraître encore plus bête que le prince.

« C’est différent du filetage d’un poisson. Et même si votre logique fonctionnait, que feriez-vous si vous ne parveniez pas à bien le découper ? », expliqua Sofia.

« Eh bien, ce serait un accident malheureux. Après tout, nous faisons tous des erreurs. »

« Vous ne croyez quand même pas à votre propre argument fallacieux ! »

Oh, ça suffit. Je veux rentrer à la maison…

S’occuper de ces gens épuisants la fatiguant trop, Sofia se fâcha : « Pourquoi êtes-vous si désireuse d’exécuter le prince vous-même ?! Le sort du prince Elliott sera décidé par la jeune maîtresse. C’est elle qui a le droit de lui couper la tête ! »

C’était en fait le roi qui devait disposer de lui.

La grande-duchesse pinça ses lèvres galbées.

« Mais je voulais le faire. »

« Faire la belle ne changera pas les choses. »

Sofia massa ses tempes palpitantes. Il n’y avait aucun doute là-dessus, la grande-duchesse était définitivement l’une des amies de la jeune maîtresse.

« De toute façon, le plan de vengeance est déjà bien avancé ! S’il vous plaît, rentrez chez vous sans nous causer de problèmes. »

« Bien… »

« Le fait que nous ayons pu trouver un accord me rend heureuse. »

« Cela vous dérangerait-il que je décapite en échange ce vieil homme facile à vivre que j’ai vu nourrir les oiseaux ? »

« Rentrez chez vous ! »

*****

Quelques jours plus tard, Sofia était entrée en titubant dans le bureau de Rachel et s’était effondrée sur l’un des canapés de la réception. Utiliser la propriété de sa maîtresse sans permission comme cela était punissable, mais elle avait l’impression de mériter une exception aujourd’hui.

« Je suis épuisée… », gémit Sofia.

« Tu dois l’être », dit Lisa avec un signe de tête avant de préparer du thé.

Le bruit de l’eau qui coulait de la théière à la tasse résonna dans la pièce silencieuse.

Les Chats Noirs de la Nuit Noire avaient travaillé à pleine capacité opérationnelle, surveillant la grande-duchesse et son peuple, très mécontents, depuis le moment où elle avait accepté de se retirer jusqu’à celui où la délégation culturelle pour laquelle ils s’étaient fait passer était rentrée chez elle. Lorsque l’un des membres du personnel de la grande-duchesse se rendait en ville pour une course, ils lui laissaient entrevoir que les Chats Noirs de la Nuit Noire contrôlaient en ville afin de lui dire : « Nous surveillons tous vos mouvements ».

Ils avaient aussi triplé leur surveillance sur Elliott la nuit.

Il semblait que la grande-duchesse avait du mal à abandonner. Lorsqu’il faisait nuit, des femmes vêtues de noir surgissaient de l’ombre ou sur les toits et se mettaient à dos les surveillants. Et comme ils savaient tous deux qui était de l’autre côté, aucune arme n’était sortie, mais cela restait quand même une situation délicate. Le stress avait atteint l’estomac de Meia et des autres commandants de terrain, qui n’avaient pas pu manger beaucoup. Heureusement, ils avaient tous un estomac séparé pour les sucreries, de sorte que leur apport calorique était tout à fait correct.

Heureusement, il y a quelques instants, Sofia avait reçu un rapport des espions qui les suivaient, relatant que le groupe avait franchi la frontière. On ne pouvait pas reprocher à Sofia d’être autant soulagée que ça.

« Nous étions cette fois vingt de chaque côté, tous sur le toit au-dessus de la chambre du prince. J’avais peur que nous devions sortir les armes à tout moment », déclara Sofia.

« Quand j’ai pensé qu’il était juste en dessous de nous, profondément endormi, même si nous étions au milieu d’une épreuve de force, ça m’avait paru stupide de continuer à les arrêter. Pourquoi avons-nous dû faire tant d’efforts pour protéger cet imbécile ? », s’était plainte Lisa.

« C’est tellement contradictoire. »

« On fait tout ça pour lui, et il ronfle pendant ce temps. Je ne suis pas comme la grande-duchesse, mais même moi j’ai envie de déchirer cet idiot. »

« Tu l’as dit. »

Lisa posa la tasse de Sofia sur la table et commença à s’en servir une. Après avoir bu une gorgée, celle-ci poussa un long soupir.

« Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de penser que la grande-duchesse voulait bien faire, mais elle s’y prenait mal. »

« Elle ne doit toujours pas se remettre de ce qui lui est arrivé. Je ne suis pourtant pas sûre qu’aider les autres à évacuer sa frustration soit la meilleure chose à faire. », devina Sofia.

Je comprends ce qu’elle doit ressentir, mais ça ne la concerne pas, j’aimerais bien qu’elle ne fasse pas des choses qui causent des problèmes aux gens que ça concerne.

Au moment où Sofia, qui s’était servie de l’accoudoir comme d’un oreiller, songeait à se redresser, un bruit de pas indécents retentit dans le couloir, puis quelqu’un ouvrit la porte d’un coup sec. Sofia et Lisa écarquillèrent les yeux lorsque Mimosa, dont les pas étaient inhabituellement forts pour elle, était entrée.

« Mlle Sofia, nous avons un problème ! », s’exclama Mimosa.

« Que se passe-t-il encore ? », demanda Sofia avec un soupir.

« Une organisation féministe internationale appelée les Dame Lunatiques, dans laquelle la jeune maîtresse a des amies, a envoyé son unité d’opérations illégales, la Sainte Rose, pour infiltrer la capitale. Nous pensons que la princesse Zofie du royaume de Rhodésie les commande. »

Lisa laissa tomber le couvre-théière qu’elle était en train de plier.

« Princesse Zofie… Vous voulez dire celle qui a fini par craquer et a fait crucifier son mari qui la trompait sans cesse, et qui depuis s’est battu pour les droits des femmes ? »

« Oui, elle. Quand elle a entendu parler de la “tragédie” qui a frappé notre jeune maîtresse, elle a rassemblé un groupe de personnes compétentes et est venue ici en personne. »

Trop épuisée pour s’asseoir, Sofia resta allongée, criant : « Pour l’amour de Dieu, lâchez-moi un peu !!! »

*****

Rachel était en pleine lecture quand Sofia arriva pour faire le rapport habituel.

« Jeune maîtresse, j’ai une requête pour vous… », commença-t-elle.

« Qu’est-ce que c’est ? », demanda Rachel.

Sofia tendit ce qui semblait être une sorte de ticket.

« Vous voyez, j’espérais que nous pourrions fournir plus de types de compensation pour vos subordonnés. »

« Ça me paraît bien. Qu’est-ce que c’est ? Des tickets de massage ? »

« Oui. Un ticket nous donne droit à trente minutes de massage. »

Rachel posa son livre sur la table d’appoint et considéra cela pendant un moment.

« Me masser, et pas être massé par moi ? »

« C’est exact. Ne vous inquiétez pas. Cela sera limité aux femmes travaillant dans le manoir. »

« Je comprends, mais… elles veulent me masser pour se détendre ? »

« Bien sûr. »

Sofia leva alors ses deux mains et remua ses doigts.

« Je vais vous masser de toutes mes forces pour évacuer le stress. »

Voyant que Rachel s’était tue, Sofia continua à insister sur la question, le visage encore plus inexpressif que d’habitude.

« Grâce à vos amis beaucoup trop nombreux, nous avons dû faire face à toutes sortes de facteurs de stress ces derniers temps. Lorsque cet incident sera terminé et que vous pourrez revenir, nous apprécierions beaucoup votre aide pour résoudre ce stress. »

« Peut-on faire autre chose ? », demande Rachel avec hésitation.

« J’ai déjà commencé à distribuer les billets en fonction des performances. Tout le monde a vraiment hâte d’y être. »

« Ce n’est pas une demande ? Nous avons déjà dépassé le point où je peux refuser, non ? »

« J’ai particulièrement hâte d’y être. D’ailleurs, j’ai déjà trente billets de côté. », dit Sofia avec un soupir rêveur.

Sofia, qui était connue pour son visage impassible, esquissa un sourire. Rachel ne put s’empêcher de sourire elle aussi. Aucune des deux ne souriait avec ses yeux.

« Oh, je commence à vouloir rester ici pour toujours. »

Alors que Rachel essayait de se cacher, Sofia affichait un large sourire.

« Non, non, nous ne pourrions jamais laisser notre précieuse jeune maîtresse rester enterrée dans un tel donjon ! Nous allons nous démener jusqu’à l’os pour vous faire sortir le plus vite possible. J’ai vraiment hâte d’y être. »

« Sofia, espèce de flatteuse. Hee hee. »

« C’est tout naturel. Hee hee hee. »

La maîtresse et la servante, trop semblables, se souriaient de part et d’autre des barreaux.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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