Une vie en prison est facile pour une Vilaine – Tome 1 – Chapitre 12

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Chapitre 12 : La jeune demoiselle soudoie le gardien de prison

Toute cette lecture lui faisant mal aux épaules, Rachel essaya alors de changer les choses en ajoutant la broderie pendant la journée. Après avoir cousu sans réfléchir sur un mouchoir pendant un moment, elle posa son aiguille pour voir comment son travail avançait.

En regardant les fleurs faites uniquement à partir de contours, Rachel murmura : « Hmm… Tout est un peu trop calme. »

Mais elle ne parlait pas de sa broderie. Rachel avait appris la fin imminente de ses fiançailles il y a un mois, à peu près au moment où le prince commença à comploter. Elle avait alors choisi de ne pas arrêter tous leurs préparatifs parce que cela semblait… plus « amusant ». Elle voulait aussi voir ce que ce prince stupide et ses laquais étaient capables de faire. De plus, si elle était en prison, elle pouvait sauter ses leçons, et ce jusqu’à ce que le roi exige l’annulation des fiançailles. Il y avait aussi une certaine excitation à l’idée que quelque chose auquel elle n’avait pas pensé puisse causer des problèmes inattendus.

Pour toutes ces raisons, Rachel était rentrée dans le jeu de la conspiration du prince, mais Elliott était encore plus superficiel qu’elle ne l’avait pensé. Cela faisait déjà une semaine, et il n’avait rien trouvé d’autre que d’essayer de l’affamer. Elle avait espéré qu’il essaierait des méthodes bien plus sournoises pour l’atteindre afin qu’elle puisse les lui faire exploser au visage.

« Si cela devait se passer d’une telle façon, alors je le laisse me faire honte pour rien. Comme c’est ennuyeux. »

Rachel, qui avait regardé dans le vide pendant un moment, prit une autre gorgée de sa boisson déjà froide. Le parfum persistant des feuilles de thé de grande qualité lui chatouilla les narines. Puis elle sourit.

« Oui, je crois que je vois le problème. Peut-être que toute cette attente passive ne me ressemble pas. J’avais pensé que le prince serait celui qui ferait les démarches, mais… oui, je pense que je vais me battre contre lui moi-même. »

*****

Les évasions ayant souvent lieu tard dans la nuit, le garde devait donc aussi patrouiller à ce moment-là.

« Il n’y a plus qu’une seule jeune femme dans le donjon du palais, et je ne la vois pas s’évader… », pensa le garde. Mais un travail est un travail.

Les pas du garde résonnaient alors qu’il descendait l’escalier menant au donjon. Et alors qu’il atteignit la cellule, il trouva la jeune femme assise sur le sol, les lumières baissées. Elle semblait être réveillée malgré l’heure tardive. Elle était appuyée contre un coussin et regardait par la petite fenêtre.

« Que faites-vous ? », demanda le garde par simple curiosité.

Son beau visage, illuminé par la lumière de la lune, se tourna pour lui faire face.

« Oh, Monsieur le Garde. C’est une belle nuit, non ? La lune vient juste de sortir… et je la contemplais. »

Elle renversa alors le verre à liqueur qu’elle tenait dans ses doigts.

Détectant une odeur familière, le garde la regarda avec méfiance.

« Oh, allons donc. Une jeune femme comme vous boit donc du whisky ? »

Le whisky est une boisson forte. Et comme elle le buvait dans un verre à liqueur, celui-ci devait être probablement pur. Si elle était un homme, cela se comprendrait. Il y en avait parmi la noblesse qui avaient un goût pour ça. Cependant, c’était généralement une boisson de la classe ouvrière, pas de la haute société.

« Oh, vous pouvez le dire juste à l’odeur ? Vous devez être un amateur. Voulez-vous vous joindre à moi pour un verre ? »

« Vous êtes déjà ivre. Attendez, quoi !? »

En voyant la façon dont Rachel lui tendait jovialement la bouteille, le garde réagit avec consternation… puis avec stupeur.

« Attendez ! C’est une bouteille de St Valentin de 30 ans d’âge, non ? »

« Eh bien, vous vous y connaissez », dit Rachel avec admiration.

« C’est une sacrée boisson que vous avez là. Elle coûte plus de deux mois de mon salaire. »

« J’ai simplement pris une bouteille scellée dans la cave de mon père. Ce n’est pas grand-chose. Tenez, prenez un verre. »

« Non, dans ma position, je ne peux pas. Mais c’est un Saint Valentin de trente ans d’âge… », dit le garde en hésitant.

« J’ai aussi des amuse-gueules pour l’accompagner. »

Elle lui proposa un plateau avec des tranches de corned beef, du beurre aux raisins, des cornichons, du fromage fumé et des crackers avec du pâté de foie.

« Allez-y, buvez-en. »

« Oh, c’est donc ça un whisky de trente ans d’âge ! »

Rachel l’avait mené exactement là où elle le voulait. Y avait-il un garde vivant qui pouvait dire non à un tel objet légendaire ? Non, il n’y en avait pas.

Lorsque le garda céda et vida tout le verre, Rachel tendit la bouteille brune vers lui.

« Vous l’avez bu comme un champion. Maintenant, continuez avec trois autres. »

Au moment même où le garde regrettait d’avoir si vite englouti une boisson aussi exquise, Rachel lui versa un autre verre du liquide ambré parfumé. Il en but un deuxième, un troisième et un quatrième verre. Et une fois qu’il s’était habitué à la boisson, Rachel lui proposa une autre bouteille. Ayant oublié à présent ses devoirs, le garde n’avait même pas remarqué que Rachel avait cessé de boire elle-même.

« Le whisky doit vraiment être pur. La note finale est tout simplement imbattable. », remarqua Rachel.

« Vous l’avez donc aussi sentie ?! Cet arôme à l’arrière du passage nasal est le meilleur ! Vous connaissez vraiment vos boissons, jeune fille ! »

« Oh, infiniment moins que vous, Mr. Le Garde. Voulez-vous un chocolat ? »

« Ooh ! Merci ! »

Le gardien de prison était maintenant complètement intoxiqué, et il avait baissé sa garde. Alors qu’il était plein d’alcools fins et qu’il s’amusait, Rachel commença à lui parler gentiment. Elle lui donna même une bouteille non ouverte afin qu’il l’emporte chez lui.

« Ouf, maintenant qu’on parle, c’est assez facile de s’entendre avec vous ! », s’était exclamé le garde.

« Hee hee, j’aime bien penser que je suis doué avec les gens, même si je n’en ai pas l’air. Mais le Prince Elliott est toujours en train de parler de lui-même. Ce n’est pas que nous n’avions rien à nous dire, c’est qu’il était impossible d’avoir une conversation avec lui. C’est exaspérant. »

« Oh, je comprends ça. Je comprends vraiment. Je veux dire, regardez ce type. C’est clairement un idiot. »

« Ouais, vous n’avez rien fait de mal ! », dis le garde en hoquetant.

Le plaisir qu’ils eurent à boire ensemble écrasa toute suspicion que le garde aurait pu avoir. Il ne s’était pas rendu compte qu’elle était en train de l’embobiner habilement, et si bien que tout ce que Rachel lui disait alla directement à son cerveau. Au moment où ils s’étaient séparés, il était convaincu que le prince était un crétin maléfique, tandis que Rachel était pitoyable et bonne.

« Il se fait tard. Attention aux marches sur le chemin du retour. Nous ne voudrions pas que tu fasses tomber cette bouteille. », dit Rachel en bâillant.

« Oui, je vais faire ça ! Oh, c’est vrai ! Je vais faire en sorte qu’il soit facile pour vous d’entrer en contact avec le monde extérieur, alors si vous avez d’autres choses de ce genre à partager, faites-le-moi savoir, vous voulez bien ? »

« Bien sûr. Si j’ai la liberté de rencontrer des gens et d’envoyer des lettres, je pense que je pourrai obtenir de plus en plus de friandises pour nous deux. »

« Ça ressemble à un plan. OK, je vais trouver une solution. »

« S’il te plaît, fais-le. »

*****

Une fois que le garde eut fini de monter les marches en titubant tout en tenant fermement son précieux cadeau, une silhouette ombrageuse se leva dans un coin sans lumière de la prison.

« Jeune maîtresse, vous n’avez pas besoin de faire appel à un petit fonctionnaire comme lui pour vous aider. Nous pouvons vous apporter presque tout ce dont vous avez besoin… »

Rachel, qui arrangeait ses coussins avant d’aller se coucher, grimaça.

« C’est la même chose qu’avec les gardes de la porte. Il est important que les courtisans me soutiennent plutôt que le prince. Pour mon plan, en particulier, j’aurai besoin de leur sympathie et de leur coopération afin de pouvoir me moquer du prince Elliott en face. »

« Oui, madame. Il semblerait que j’ai parlé à tort et à travers. En ce qui concerne le manoir, nous allons faire les préparatifs dont nous avons discuté l’autre jour. »

« J’attends cela avec impatience. »

Alors que la silhouette dans l’ombre disparaissait une fois de plus dans l’obscurité, Rachel tira les couvertures sur elle et éteignit les lumières.

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2 commentaires :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Corruption de fonctionnaire !

  2. merci pour le chapitre

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