Une elfe lesbienne et une princesse maudite – Tome 1 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : La demi-elfe fugueuse

Partie 3

« C’était dur…, » murmura Rem.

Toute une journée s’était écoulée depuis lors. Rem errait encore dans la forêt où elle s’était échappée. Bien qu’à l’origine elle avait prévu de partir en voyage pendant la nuit, la poursuite précédente lui avait pris toute son énergie, et elle s’était endormie immédiatement après s’être mise en sécurité. Rem n’arrivait pas à croire à quel point elle avait été négligente. Et si les humains l’avaient poursuivie ?

Heureusement, cela ne semblait pas être le cas. Ils étaient probablement trop occupés pour courir dans les bois à la recherche d’une elfe toute seule. Malgré cela, elle ne pouvait pas retourner en ville. Rem ne s’attendait pas à ce qu’ils soient si hostiles envers les elfes. Elle s’était totalement laissée emporter par l’atmosphère joyeuse de la ville, et elle pensait bêtement que cela n’aurait pas d’importance si sa véritable identité était dévoilée.

« J’ai eu si peur… Les humains détestent vraiment les elfes…, » murmura Rem.

Rem était devenue une victime directe de la haine qui tourbillonnait entre leurs races. Ayant ressenti une peur sincère pour la première fois de sa vie, elle s’était mise à se demander, au fond de son esprit, si quitter la maison avait vraiment été une bonne idée.

« Non… Non ! Je ne peux pas encore abandonner ! Il doit y avoir un endroit où je puisse vivre en paix, il doit y en avoir un ! » déclara Rem.

Elle avait saisi une poignée d’herbe, comme pour montrer la force de sa dévotion. Cependant, il y avait une chose dont elle devait s’occuper avant de partir en voyage, c’était de remplir son estomac qui grognait.

« Je n’ai même pas pu manger la moitié de ce fruit…, » murmura Rem.

Étant dans une forêt, Rem pensait qu’il y aurait au moins des baies ou quelque chose a mangé. Cependant, bien qu’elle en ait trouvé quelques-uns, ils étaient malheureusement tous immangeables. Elle était même prête à trahir sa morale et à manger de la viande, ce que les elfes ne faisaient pas normalement. Tous les animaux semblaient l’éviter, mais peut-être effrayés par la soif de sang qui rayonnait maintenant d’elle.

« Aïe… ! »

Pour empirer les choses, elle avait trébuché sur un rocher, tombant à plat sur le sol étonnamment dur, une erreur tout à fait honteuse pour une elfe agile telle qu’elle.

« Je suppose que je ne suis vraiment qu’une idiote…, » soupira Rem, essayant d’obtenir de la sympathie. Cependant, il n’y avait personne pour la réconforter. Et même personne pour se moquer d’elle. Ses jours au village étaient peut-être solitaires, mais ce n’était rien comparé à ça. Elle s’était enfuie pour trouver le bonheur, pas pour être encore plus malheureuse.

« Quoi ? Était-ce trop égoïste de ma part de demander, d’être heureuse ? » demanda-t-elle avec frustration, à personne en particulier. Rem s’était sentie seule dans le village, et se sentait encore seule après l’avoir quitté. Tout ce qu’elle avait toujours voulu, c’était d’échapper à ce sentiment.

Après la mort de la mère bien-aimée de Rem et son accueil par sa tante, la femme ne lui avait montré aucune affection. C’était plus comme si elle surveillait Rem, s’assurant qu’elle ne commettait pas les mêmes erreurs que sa mère. Mais Rem avait fini par s’enfuir du village. Les inquiétudes de sa tante n’étaient pas complètement déplacées.

Pourtant, elle ne supportait plus de vivre dans ce village exigu, constamment insultée par son propre peuple. Même ses proches ne lui faisaient pas confiance. Qui pourrait lui en vouloir de vouloir quitter un tel endroit ?

« Y a-t-il une seule personne qui ne me déteste pas ? » demanda Rem.

Rem roula sur son dos, et cria de frustration les yeux fermés. Dans son esprit, elle avait vu le visage d’une jeune fille. Il appartenait à la princesse, qui l’avait regardée avec une telle curiosité. Jamais personne n’avait regardé Rem avec des yeux aussi innocents. Pour cette raison, le visage de la jeune fille avait été gravé clairement dans son esprit, même si elle ne l’avait vu qu’un instant.

« Pourquoi… ? Pourquoi ne puis-je pas arrêter de penser à elle… ? » se demanda-t-elle à voix haute.

Chaque fois que Rem fermait les yeux, c’était comme si la princesse était juste là devant elle, tenant sa main.

« Soupir… C’est trop bête… »

Était-elle si seule qu’elle avait commencé à voir des choses ? Pourtant, la fille était humaine, ce qui voulait dire qu’elle détestait les elfes. Ce sourire aussi, elle était probablement juste pour s’amuser de voir à quel point les elfes étaient stupides, ou alors, c’était quelque chose de semblable. Même si ce n’était pas le cas, c’était une princesse. Les deux filles venaient de deux mondes complètement différents. Rien de tout cela n’avait d’importance. Ce n’était pas comme si les deux filles allaient se revoir.

« Je devrais arrêter… Penser à tout cela me fait mal à la tête…, » déclara Rem.

La fatigue et la faim avaient fait qu’il était incroyablement difficile pour Rem de se concentrer sur quoi que ce soit. Son corps lui criait dessus pour qu’elle dorme, mais le faire ici était tout simplement trop dangereux.

« Oh… ? »

À ce moment-là, elle remarqua quelque chose d’étrange. Pas étonnant que le sol sur lequel elle était allongée était si dur. Il ne s’agissait pas du tout d’une route de terre, mais plutôt d’une route pavée.

La route était différente des précédentes que Rem avait vues. Elle avait été incroyablement bien faite, avec la légère variation de couleur de chaque pierre formant un beau motif. Les pierres semblaient aussi assez vieilles, la route était clairement là depuis longtemps. Malgré cela, il n’y avait pas beaucoup de signes d’utilisation, seulement quelques traces de sabots et de roues. À en juger par les voies solides, il semblerait que le seul trafic que cette route ait vu ces derniers jours ait été celui d’une seule voiture faisant un aller-retour. Si la route n’était pas utilisée aussi souvent, pourquoi y avait-on consacré autant de temps ?

« Ce chemin mène au château. Mais ce qu’il y a à l’autre bout… ? » demanda Rem.

Trouvant ce mystère assez intrigant, Rem s’était mise en route pour voir où la route menait. Qui sait ? Peut-être qu’elle trouverait un endroit où passer la nuit. Ou peut-être même de la nourriture si elle avait de la chance. Cela lui donnait aussi une raison de s’éloigner de la ville du château.

Cependant, c’était plus facile à dire qu’à faire. Son estomac vide l’empêchait de courir à une vitesse raisonnable. Finalement, alors que le soleil commençait à se coucher, Rem vit la fin de la route devant elle. Elle avait soudain atteint une clairière, au milieu de laquelle se dressait une structure massive.

« Un autre château… !? » se demanda Rem.

Rem avait failli tomber sur son dos après le choc. La forêt était trop épaisse pour qu’elle puisse voir le bâtiment devant elle. Après avoir passé quelques instants à se calmer, elle s’était rendu compte qu’il ne s’agissait pas du tout d’un château, mais plutôt d’un manoir. La bâtisse était quand même haute de trois étages, cependant, avec des murs si larges que Rem ne pouvait pas voir d’un coin à l’autre sans tourner la tête.

« Pourquoi couperaient-ils un bouquet d’arbres, puis construiraient-ils quelque chose en pierre… ? » demanda Rem.

Dans le village des elfes, tous les bâtiments étaient faits de bois et de lierre. Même les pierres de la capitale des elfes avaient été taillées dans une montagne, du moins, c’est ce que Rem avait entendu dire. C’était quelque chose qu’elle ne comprenait pas chez les humains, leurs châteaux, leurs manoirs, même les maisons des roturiers, ils étaient tous construits en pierre qui avait été transportée d’ailleurs.

« Pourquoi dépenser tous ces efforts quand il y a un moyen plus facile ? Les humains sont-ils vraiment idiots ? » demanda Rem.

Quoi qu’il en soit, si ce manoir avait sa propre route privée y menant, quelqu’un d’assez important devait donc y habiter. Rem était maintenant certaine qu’elle pouvait trouver de la nourriture et un endroit pour se reposer à l’intérieur.

Mais ces espoirs avaient vite été anéantis. Les murs blancs jadis magnifiquement gravés et les mains courantes des balcons étaient maintenant recouverts de terre et de vignes. Il y avait une fontaine dans la cour, mais des feuilles tombées l’avaient bouchée et aucune eau ne sortait. Il était plus que probable que personne ne vivait ici, ce qui signifiait au moins que Rem pourrait dormir en sécurité.

« Je voulais vraiment avoir à manger…, » déclara Rem.

Elle avait laissé ses attentes devenir trop élevées, et la déception qu’elle ressentait était immense.

« Attends un peu…, » déclara Rem.

Rem se souvint soudain des traces de roues qu’elle avait vues dans la forêt. Bien que le manoir semblait désert, il était encore possible qu’il y ait des gens ici. Si elle voulait manger, Rem n’aurait d’autre choix que d’entrer… Le risque en valait-il la peine ?

« Ça va aller, je dois juste m’assurer que personne ne me voit, » déclara Rem.

Peu de temps après, elle avait pris sa décision. Évitant l’entrée principale, Rem s’était faufilée derrière le manoir. Tout comme l’avant, ce côté du bâtiment était également infesté de mauvaises herbes. Faisant attention où elle mettait les pieds, Rem cherchait une fenêtre qu’elle pourrait utiliser pour se glisser.

« Je me sens comme un cambrioleur…, » murmura Rem.

Manger sans payer, entrer par effraction, il y avait pas mal de crimes dont elle aurait pu être accusée. Rem avait poussé un profond soupir. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle était devenue comme ces canailles au village des elfes.

« Non ! Je ne suis pas comme eux ! Je veux seulement trouver un endroit où dormir, » avait-elle crié à personne en particulier. Juste à ce moment-là, elle avait remarqué une petite fenêtre qui avait été laissée ouverte. À peine capable de s’empêcher de sauter de joie, Rem l’ouvrit et se glissa à l’intérieur aussi légèrement qu’une plume, sans faire le moindre bruit.

Ka-bam

Cependant, juste au moment où elle atterrit, le sol sous elle émit un bruit étrange et s’effondra. Après un moment d’apesanteur, mais avant que son cerveau ne rattrape son retard, Rem tomba dans la fosse qui s’était ouverte sous elle.

« Eeeeeeeeeeek ! »

Elle avait baissé sa garde trop tôt. La chute n’avait pas été assez longue pour que Rem fasse tourner son corps, ce qui l’avait fait atterrir directement sur son derrière.

« Aïe aïe aïe aïe aïe… »

Rem corrigea sa posture tout en frottant son tendre derrière. Pour un trou de piège, ce truc était étroit, elle pouvait à peine bouger les mains. Grâce à de grands efforts, surtout parce que l’arc sur son dos restait coincé sur les murs, elle avait réussi à se remettre sur pied.

« Qu’est-ce que c’est que ce truc !? » Rem avait crié, d’une voix bien plus forte qu’elle ne le pensait. Elle avait instantanément posé ses deux mains sur sa bouche. C’était un manoir humain, après tout, qui savait quelles choses horribles ils feraient à une elfe capturée.

C’était probablement un peu trop tard pour s’inquiéter de ça. Elle entendit alors le bruit d’une porte qui s’ouvrait et les pas d’une personne qui entrait dans la pièce. Au fur et à mesure que ces pas s’approchaient, un petit chandelier brilla de lumière dans l’obscurité du trou. Sachant qu’elle n’avait aucune issue, Rem retenait son souffle et tentait désespérément de se cacher dans un coin.

« Oh, mon Dieu, qu’avons-nous là ? Une jeune cambrioleuse ? »

Ses yeux étaient écarquillés alors qu’elle regardait la silhouette qui s’enfonçait dans le trou de la trappe. La faible lumière du chandelier révélait qu’il s’agissait d’une femme, ou plutôt d’une fille. Ses cheveux dorés et bouclés ondulèrent doucement dans l’air. Rem reconnut immédiatement son visage et cria : « Vous êtes cette princesse divorcée !? »

« Comme c’est grossier de votre part, mais oui, vous avez raison, » répondit l’autre.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

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