Chapitre 3 : La façon d’ouvrir la cage
Partie 2
Alors qu’Elsa donnait la fessée à Kunon tout en la grondant, Takumi et les autres analysaient les détails du match.
« ... Elsa vient de commencer une séance de châtiment au lieu d’un combat de force face à la magie, » déclara Karin.
« Bon. Nous devrions dans ce cas commencer la leçon avec notre Lady Archevêque, » déclara Takumi.
« Mais franchement, ne devrait-on pas l’aider ? » demanda Karin.
« Karin, ne vois-tu pas à quel point elles s’amusent ? » demanda Takumi.
« Elles s’entendent très bien ! Ah, je vais préparer du thé ! » déclara Mirta.
« Vous êtes vraiment sans cœur..., » déclara Lise.
Takumi et Mirta appréciaient la scène, et alors que Karin savait que se mêler de la punition d’Elsa aurait eu de graves répercussions sur elle plus tard, alors elle les avait simplement ignorées.
« ... Alors, que voulez-vous savoir ? » demanda Lise.
Se sentant probablement coupée des autres, Lise attira leur attention en tirant sur leurs vêtements tout en arborant une expression de malaise, et le marchand d’esclaves avait alors réfléchi un moment à sa question.
« Voyons voir... Les chevaliers-magiciens de Richtert peuvent utiliser deux types de magie, non ? » demanda Takumi.
« Si nous le disons simplement, oui. Tu m’as dit que tu savais quelque chose, mais jusqu’à quelle ampleur va cette connaissance ? » demanda Lise.
« Je suppose que cela ne couvre que les bases. Nous pouvons manifester la magie grâce à des formules magiques et des formules de loi. Tout le monde possède l’accès au premier ainsi que le pouvoir magique, mais seule une poignée de personnes peut l’utiliser. Je n’ai pas fait que des recherches théoriques, alors j’aimerais que tu me donnes des détails à ce sujet, » déclara Takumi.
Lise hocha légèrement la tête et dessina deux cercles avec un caillou.
« Mais laisse-moi te corriger. Si seulement tu avais besoin d’étudier pour utiliser la magie, tout le monde pourrait l’utiliser librement, » déclara Lise.
« Donc... moi et Kunon, et même Takumi pourrions le faire ? » demanda Mirta.
« Exactement. Toi, cette louve, le marchand d’esclaves : tant que vous avez du pouvoir magique en vous, vous pouvez hypothétiquement utiliser la magie. Mais la magie de Richtert est un peu différente. »
Elle avait dessiné quelques figures tout en parlant.
« Les créatures intelligentes ont un pouvoir magique en elles, et les formules magiques sont gravées dans leur âme. Le mélange de connaissances, d’expérience et de la compréhension du processus permettent d’obtenir des résultats plus tangibles et plus complexes, » déclara Lise.
« Je vois... Donc, les individus ne peuvent pas l’utiliser s’ils ne comprennent pas comment tout cela fonctionne. Mais c’est aussi pourquoi, même s’ils connaissent le principe, ils ne peuvent pas manifester ce qu'ils veulent, » déclara Mirta.
« Précisément. Quelques-uns naissent avec des formules complexes en eux, dont le pouvoir n’est pas lié à leur âge ou à leur lignée héréditaire. Pour votre information, je suis l’une de ses personnes, » déclara Lise.
En voyant Lise gonfler fièrement sa poitrine, Karin avait souri avec ironie.
« C’est la principale différence entre les personnes. L’étude de la magie se transmet depuis les temps anciens... mais les formules magiques sont complexes, car nous devons tenir compte du fait que leur pouvoir est variable, et qu’il peut y en avoir des spéciales, » déclara Lise.
Elle avait tracé une figure complexe à l’intérieur d’un des cercles et avait écrit « magie prodigieuse » en dessous. Puis, elle avait tapoté sous l’autre cercle.
« Maintenant, les formules de loi sont le moyen par lequel nous pouvons manifester le phénomène magique. Ils peuvent être renforcés et aussi écrits de manière plus complexe, mais leur simplification est courante dans la magie de Richtert, » expliqua Lise.
« Et cela implique une sorte de démérite, puisqu’il s’agit de bénédictions, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.
« Exactement. Pour dire les choses simplement, considérez la magie comme un dessin, » déclara Lise.
Lise avait fouillé dans ses poches et avait pris une plume et une bouteille d’encre, puis elle avait commencé à dessiner.
« Cette plume représente une formule magique, l’encre est le pouvoir magique, et la formule de loi est le dessin. Si nous devions dessiner une image complexe, nous aurions besoin de beaucoup d’encre et de temps, ce qui pourrait être fatal au combat, donc les formules magiques doivent être simples, tout en maintenant un rendement considérable, » expliqua Lise.
Alors que Lise l’avait expliqué, Karin avait rejoué dans sa tête la scène qu’elle avait vue quelques minutes auparavant.
Elsa avait jeté quelques sorts en dépit d’être en plein combat, mais elle avait été si rapide que Kunon ne pouvait rien faire pour l’arrêter.
« Les chevaliers saints comme nous suivent les enseignements des Dieux et s’efforcent de comprendre les règles qu’ils ont créées. Nous nous spécialisons dans les formules de loi, tandis que les sorciers se spécialisent dans les formules magiques... ensemble, nous avons amené la magie de Richtert à sa renommée actuelle, » expliqua Lise.
« Je vois, donc vous êtes la base de la force de Richtert, » déclara Mirta.
« Oui. Aucun de nous n’a le droit de perdre. Cela signifie que nous avons besoin de gens forts comme moi pour garder..., » déclara Lise.
Alors, Lise, qui parlait franchement jusqu’à ce moment précis, ferma la bouche.
Takumi s’était souvenu d’elle en train de faire ça avant, et avait essayé de passer à autre chose.
« D’ailleurs, que se passe-t-il si la loi ou les formules magiques sont entravées ? » demanda Takumi.
« Mmh... C’est une bonne question, mais il est difficile d’y répondre, » déclara-t-elle.
Elle avait levé la main jusqu’à sa bouche puis elle s’était mise à réfléchir.
« D’abord, la magie ne fonctionnera pas. Les formules de magie et de loi peuvent fonctionner indépendamment, mais la magie doit être composée de ces deux éléments pour pouvoir agir, » déclara Lise.
« Donc, si je dérange quelqu’un pendant qu’il lance, je peux interrompre son attaque, non ? » demanda Takumi.
« Oui, mais on ne peut pas toucher aux formules magiques, car elles sont gravées dans leur âme. Seul Dieu peut faire cela, » déclara Lise.
« Je vois... mais ça veut dire que je pourrais interférer avec les formules de loi, oui ? » demanda Takumi.
« ... C’est difficile à pouvoir l’affirmer pour un saint chevalier, mais je ne peux pas dire que c’est impossible, » déclara Lise.
Le malaise de Lise était devenu évident sur son visage.
« Une formule de loi est “une manière de matérialiser la magie dans ce monde”. C’est nécessaire si nous voulons manifester la magie, donc si elle est écrite sur quelque chose, il est possible de la perturber, » déclara Lise.
« Mais dans le cas d’Elsa, elle n’avait rien de tel, non ? » demanda Takumi.
« C’est vrai. Elle a évoqué une formule de loi en provenant de sa mémoire, puis a imaginé comment utiliser la magie, et a bougé d’une certaine manière avant d’activer son sort. Elle a en fait entrelacé certaines choses, mais nous ne pouvons pas voir le pouvoir magique, donc seul le lanceur de sorts saura à l’avance où la magie se manifestera, » déclara Lise.
L’archevêque s’arrêta après pour reprendre son souffle.
« Détruire quelque chose que tu ne peux pas voir est difficile. De plus, il est très important de saisir la structure de la formule de loi que tu essaies d’ébranler, » déclara Lise.
« ... Je vois. Dans ce cas, c’est presque impossible, » déclara Takumi.
Sans savoir où il se trouve, comment elle est tracée et comment fonctionne cette formule de loi spécifique, il était impossible de l’arrêter.
Pourtant, après avoir tapoté sur sa tempe pendant un certain temps, Takumi avait souri joyeusement.
« Euh... avez-vous fini de parler ? » demanda Mirta.
Mirta se tenait près d’eux avec une théière et des biscuits dans les mains tout en les regardant d’un air désemparé.
« Oui, on peut s’arrêter ici pour l’instant, » déclara Takumi.
« Ow... désolé d’avoir pris tout ce temps, mais je n’ai pas mis les pieds ici depuis si longtemps que je ne savais pas où tout se trouvait..., » déclara Mirta.
« ... Mirta, es-tu vraiment la dirigeante de Suzuran ? Je me demandais la même chose quand je mangeais chez toi, » demanda Lise.
« Oui, pourquoi cette question ? Je ne suis peut-être pas fiable, mais je suis toujours une dirigeante à part entière ! » déclara Mirta.
Elle parlait avec fierté en levant la main vers sa poitrine, mais le doux parfum des biscuits et du thé qui flottaient dans l’air avait totalement ruiné tout le sérieux de l’image qu’elle projetait.
« J’en ai apporté pour toi aussi, Lise, alors n’hésite pas à te servir, » déclara Mirta.
« Tu m’as déjà accompagnée ici, je ne peux quand même pas accepter —, » commença Lise.
Tandis qu’elle se levait, essayant de se tenir debout, son ventre grondait bruyamment.
« ... Il y a aussi des sandwichs, si tu le souhaites, » déclara Mirta.
« ... J’en prendrai, merci, » déclara Lise.
Elle avait rougi puis elle était retournée à son siège avant d’accepter sa part de nourriture et de thé.
Son expression lapidaire avait commencé à se détendre un peu pendant qu’elle appréciait son sandwich.
De la nourriture, quelle grande magie !
« Mirta n’est pas seulement une magnifique dirigeante, mais aussi une grande cuisinière, » déclara Karin.
« C’est pour ça que nous sommes fiers d’elle. C’est aussi une pleurnicheuse, et elle est si tendre dans son cœur qu’elle guérit même les demi-humains blessés, » déclara Takumi.
« N’es-tu pas connu pour être un homme au cœur tendre, Takumi !? » s’exclama Mirta.
Mirta agita les mains dans le déni, alors que son visage était rouge en raison de la gêne, tandis que Lise inclinait la tête tout en réfléchissant.
« Guérir leurs blessures... ? La sainte magie pourrait faire cela, mais la magie ne le peut pas, » déclara Lise.
« Hein ? V-Vraiment ? » demanda Mirta.
« Bien sûr. Si quelqu’un essayait de guérir des blessures ou une maladie avec la magie, le lanceur et le pouvoir magique du patient se mélangeraient et réagiraient... dans le pire des cas, ils se déchargeraient spontanément. C’est pourquoi les personnes ne peuvent pas guérir les autres en utilisant la magie, » déclara Lise.
« Pourtant, cela n’arrive pas avec la sainte magie, n’est-ce pas ? » demanda Mirta.
« En vérité, la magie sacrée est une collection de formules de loi complexes. Elle est fondamentalement utilisée sur un sujet qui ne connaît pas la magie afin d’utiliser son pouvoir magique pour se guérir lui-même, » expliqua Lise.
Tout en parlant, elle avait écrit quelque chose sur un bout de papier.
« Une formule de loi est un empilement de chiffres, de symboles et de règles... Si vous en touchiez un comme ça, vous l’activeriez. C’est ainsi que fonctionne la magie sainte, » déclara Lise.
« Donc... utiliser le pouvoir magique des utilisateurs sans mélanger les pouvoirs de différentes personnes empêche la magie de se déchaîner ? » demanda Takumi.
« Exactement. Guérir soi-même les blessures sur son propre corps n’est pas un problème, c’est pourquoi les chevaliers-magiciens sont obligés de savoir comment le faire, mais la magie sacrée est surtout utilisée sur les gens ordinaires. Maintenant, laissez-moi vous montrer un exemple, » elle avait encore écrit quelque chose sur un papier, puis elle avait marché jusqu’à Kunon.
« La Louve, laisse-moi t’emprunter ton corps un moment, » déclara Lise.
« Eeeh !? Mon corps et mon âme sont brisés en ce moment..., » déclara Kunon.
« Je veux te guérir... mais cette magie d’entrave pourrait être un problème, » déclara Lise.
Lise toucha l’endroit d’où venait la lumière rouge, et la magie se brisa en petits fragments qui disparurent dans l’air en produisant le bruit du verre qui se brisait.
Kunon s’était retrouvée en chute libre l’instant d’après et avait atterri lourdement sur le sol.
« Outche... ! Je ne pouvais pas me libérer avec ma force, mais tu pouvais la détruire si facilement... !? » s’écria Kunon.
« En fait, j’ai renversé sa structure avec une formule à loi inverse. Maintenant, s’il te plaît, » déclara Lise.