Un nouveau jeu dans les profondeurs de la captivité! – Tome 2 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : L’oiseau qui ne pépie pas

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Chapitre 2 : L’oiseau qui ne pépie pas

Partie 1

« Aaah... parler de manière formelle et en ayant l’étiquette à l’esprit m’a rendu les épaules raides..., » déclara Takumi.

Le lendemain, Takumi quitta à nouveau le château et après s’être fait craquer les épaules pour se détendre, il vérifia son emploi du temps.

« Le duel aura lieu dans sept jours dans la partie Ouest des plaines d’Eltern... Je ne peux pas croire cette reine. Elle est trop autoritaire, et nous devons maintenant gérer un autre de ses caprices, » murmura Takumi.

Habituellement, des duels normaux et même des batailles magiques se déroulaient dans la capitale, mais comme ce match pouvait être plus violent que d’habitude, il avait été décidé de le déplacer en dehors de la capitale. Eluria avait ordonné l’installation de sièges spéciaux pour les seigneurs et la famille royale, autres que des sièges provisoires pour les nobles.

« Et pour empirer les choses, Elsa s’est effondrée à cause d’un mal de ventre... ce n’est pas bon, » continua-t-il.

La dernière rencontre avec Takumi avait été un coup mortel pour elle. Elle avait accepté la demande tant qu’elle pouvait avoir une journée entière de repos.

Le marchand d’esclaves y pensait encore avant de lever la tête.

« ... Aigle, peux-tu demander à Gaitsu ce qui se passe ? Le fait d’essayer de gérer ça tout seul, c’est peut-être un peu trop, » déclara Takumi.

L’homme-oiseau qui marchait avec lui avait déployé ses ailes blanches et avait redressé son dos.

« Oui, mon Monseigneur ~ ! » répondit Aigle d’une voix très forte.

« Ne crie pas comme ça. J’ai mal aux oreilles, » répliqua Takumi.

« Pardonnez-moi ! Je ferai plus attention la prochaine fois ! » répondit l’autre.

« ... Arrête de crier, c’est tout, » répliqua Takumi.

« Hahahahaha ! Croyez-vous vraiment que je vais le faire ? » demanda l’homme oiseau.

Avec une passion brûlante dans les yeux et un feu imaginaire derrière lui, il n’arrêtait pas de crier, alors Takumi appuya ses paumes sur ses oreilles en fronçant les sourcils. Puis, le drakonide qui les accompagnait s’était joint à la discussion. Ses écailles étaient noires comme du kurogane, et sa grande bouche était remplie de dents pointues.

« Dahahahahaha ! Aigle a été grondé parce qu’il est trop bruyant ! » déclara le drakonide.

« Lewin, toi aussi ne cries pas, » répliqua Takumi.

« Euh !? L’ai-je fait !? C’est quoi le problème avec ma voix si ardente ? » demanda Lewin.

« C’est que tu es sensuelle, » répliqua Takumi.

« Duh, alors c’est un éloge, donc pas un problème ! » répliqua Lewin.

Ouvrant sa bouche rouge, Lewin avait éclaté de rire alors que Takumi avait poussé un profond soupir.

D’habitude, Kunon et Karin l’accompagnaient, mais elles avaient déjà quelque chose à faire dans la ville basse, alors Aigle et Lewin étaient devenus ses gardes du corps pour la journée.

Ils faisaient partie de son escouade demi-humaine, dont les membres étaient équipés d’armes modernes et se voyaient confier différents rôles en fonction de leurs capacités. Takumi leur avait enseigné la guerre tactique moderne, et Kunon était leur tutrice, ce qui en avait fait de véritables élites. Ils n’étaient dépassés que par elle en matière de puissance.

Aigle était un homme-oiseau d’une force incroyable grâce à son énorme charpente et son corps musclé. Une seule flèche de son arc long pourrait presque couler un navire.

D’autre part, Lewin possédait des écailles particulièrement solides ce qui lui avait accordé un corps robuste. De plus, il était très fort ce qui faisait qu’il était presque sans égal dans la bataille.

Il était difficile d’amener de nombreuses personnes dans le château royal, et Takumi ne pouvait permettre à personne de voir ses employés subalternes utiliser les armes ou les tactiques qu’il leur avait enseignées.

C’est pourquoi il avait choisi d’être accompagné de ces deux-là, qui n’avaient pas besoin d’armes, mais...

« Au moins, celle de Kunon est un peu mignonne..., » déclara Takumi.

« Je suis tout à fait d’accord, mon Seigneur ! La beauté de ma professeure brille comme un trésor ! Chaque fois qu’elle verse sur moi des paroles abusives, je ressens une joie impressionnante qui réchauffe mon cœur... ! » déclara Aigle.

« Je connais ce sentiment, Aigle ! Quand Kunon me botte les fesses et me regarde comme si j’étais une ordure, je me sens trop bien ! » déclara Lewin.

... Takumi aurait dû prédire à quel point ils pouvaient être pourris, malgré leurs capacités étonnantes.

« J’en ai assez de vous deux. Fermez vos gueules. Je ne veux pas qu’on me voie marcher avec deux pervers criant dans un endroit pareil, » déclara Takumi.

« Un pervers !? Je suis si honoré d’être loué par vous, mon Seigneur ! » déclara Aigle.

« Forcez-moi à le faire ! Allez, venez, on va le faire ! Frappez-moi super fort ! » cria Lewin.

Le fait de tenter de les contrôler donna à Takumi un mal de tête pour la première fois, mais son regard tomba sur la cathédrale de la déesse qui scintillait sous la lumière du soleil.

Sur ses murs étaient gravés des textes de loi, ainsi que des motifs et des figures complexes, ce qui n’avait fait qu’améliorer son aspect artistique et beau.

Takumi se souvint du jour précédent, et se mit à marcher dans sa direction avec désinvolture.

« Aigle, va voir Gaitsu et mets-le au courant. Lewin, va voir Mirta et demande-lui d’écrire une liste de gens qui ont besoin de faire des travaux, puis va retrouver Aigle, » ordonna Takumi.

« Mais nous sommes censés être votre escorte, mon Seigneur ! » déclara Aigle.

« Il a raison, Maître ! Et si on n’est pas avec vous et qu’il se passe quelque chose, que va-t-on faire ? » demanda Lewin.

« Je vais à la cathédrale. Voulez-vous aussi venir ? » demanda Takumi.

Tous les deux avaient tout de suite fermé la bouche.

Les hommes-oiseaux adoraient le ciel, les arbres et le soleil, tandis que les drakonides adoraient leurs ancêtres, qu’ils considéraient comme des divinités.

Chaque race demi-humaine avait ses propres croyances et respectait celles des autres.

C’est pourquoi ils étaient enclins à éviter tout contact avec les autres, et la cathédrale de Filia ne faisait pas exception : ils n’y seraient entrés qu’en cas de nécessité absolue.

« Je suis sûr que vous seriez venus si je ne vous avais pas donné un autre travail il y a une minute. Mais ne vous inquiétez pas, la cathédrale est un endroit sûr, et je ne ferai rien d’imprudent, » déclara Takumi.

« Très bien ! J’accomplirai alors mon nouveau devoir ! » déclara Aigle.

« Ouais, moi aussi ! Pour nos grandes sœurs ! » déclara Lewin.

Les deux hommes avaient levé les mains dans le ciel avec des mots passionnés avant de s’éloigner. Certes, c’étaient des pervers bruyants, mais lorsqu’il s’agissait de faire une tâche, ils étaient fiables.

Takumi, maintenant seul, s’approcha des gardes stationnés devant la cathédrale et leur parla.

« Excusez-moi, je suis Takumi de la grande compagnie Suzuran. Lady Fairstadt m’a chargé de délivrer un message verbal à l’archevêque. Lise Crest est-elle là ? » demanda Takumi.

« Elle prie actuellement dans la cathédrale... Pardonnez-moi, mais êtes-vous peut-être le même Takumi qui a dénoncé les méfaits d’Amberg !? » demanda le garde.

« ... Eh bien, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de Takumis dans le coin..., » répondit Takumi.

« Oh mon Dieu ! Je n’aurais jamais imaginé faire votre connaissance, Monsieur ! » déclara le garde.

Takumi fut légèrement surpris par l’excitation du garde et attendit le bon moment pour parler à nouveau.

« J’ai participé à l’opération pour démasquer Amberg, le mois dernier ! Votre plan était parfait ! Vraiment merveilleux ! » déclara le garde.

« Oh, vraiment ? Désolé de vous avoir utilisé comme leurres, » déclara Takumi.

« N’en parlons plus ! Nous étions juste... des lâches incapables de toucher ces nobles, » déclara le garde.

Pendant un moment, le garde avait baissé la tête avec honte face à ses propres mots.

« Nous ne pouvions que regarder comme de misérables lâches... Mais nous sommes maintenant des gardes respectueux et honorable, et c’est grâce à vous, Sire Takumi ! » déclara le garde.

Le marchand d’esclaves avait vivement souri face au sourire immaculé du garde.

« Je vous ai seulement un peu poussé, mais vous avez gagné le respect que vous méritez en vous en tenant avec courage à une tactique déraisonnable, » déclara Takumi.

« Merci... ! Je chérirai vos paroles et prierai pour marcher sur le chemin de la justice pour toujours ! » déclara le garde.

« Bien. Je ferai également de mon mieux pour répondre à vos attentes, » déclara Takumi.

Le garde s’inclina profondément avant de redresser à nouveau le dos et de hocher la tête à Takumi, qui s’apprêtait à entrer.

La cathédrale était baignée par là soleil, et probablement grâce au vitrail, il n’y avait pas une seule ombre à l’intérieur. Au plus profond de la pièce, une jeune fille priait à genoux. Elle avait dû entendre le bruit de l’ouverture de la porte, car à l’instant d’après, elle s’était tournée vers elle.

« ... Baissez d’un ton, marchand d’esclaves. Je pouvais vous entendre d’ici, » déclara Lise.

« Aïe, vraiment ? Désolé, » déclara Takumi.

« ... Pas de problème. J’avais déjà terminé mes prières quotidiennes, » répondit Lise.

Après s’être débarrassée de la poussière sur ses genoux, elle l’avait regardé droit dans les yeux.

« Alors, qu’est-ce qui vous amène ici dans la cathédrale sainte ? » demanda Lise.

« Je viens de quitter le château royal et j’ai pensé à passer pour bavarder un peu... C’est quoi cette tête ? » demanda Takumi.

« C’est le miroir de mon déplaisir actuel, » répondit Lise.

Takumi avait souri amèrement face à son expression réticente.

« Ce n’est pas un endroit pour les incroyants comme vous. Rentrez chez vous, s’il vous plaît, » déclara Lise.

« C’est malpoli. Vous savez, je suis un croyant dévoué de Filia, » déclara Takumi.

« Arrêtez de mentionner en vain le nom de notre déesse. Vous n’avez même pas correctement lu le texte saint..., » déclara Lise.

« “Vous qui aspirez à être un héros, votre déesse vous accordera le sourire de la victoire,” chapitre de la déesse, douzième paragraphe. Les paroles que la déesse Filia réserve aux héros qui marchent à la guerre, » déclara Takumi.

« ... Chapitre des héros, vingtième paragraphe, » demanda Lise.

« “Pour notre choix, nous suivons le droit chemin que nous avons décidé”, » répondit Takumi.

« ... La différence entre les autres chapitres et celui de la loi ? » demanda Lise.

« Les premiers racontent l’ancienne guerre entre des héros et des dieux sans nom et sont divisés en chapitres et paragraphes, tandis que les seconds sont composés de deux cent soixante-quatre articles et quarante poèmes qui racontent la loi établie après ladite guerre, » répondit Takumi.

« ... Umpf, » Lise lâcha une bouffée d’air, incapable de trouver une erreur dans sa réponse.

« Ce qui compte, ce n’est pas le contenu, mais ce qui se cache derrière, » déclara Lise.

« Je ne peux pas vous prendre au sérieux avec ces joues gonflées... de toute façon, ne pensez-vous pas que je suis un peu mieux que ceux qui traitent le texte saint comme une simple décoration ? Ne devrais-je pas être récompensé pour ça ? » demanda Takumi.

« ... Je n’y peux rien. Le devoir de l’archevêque est aussi d’échanger des paroles avec d’autres croyants, » déclara Lise.

En parlant de son travail, Lise avait tapoté un banc de mécontentement, et Takumi s’était assis dessus face à elle pour avoir une bonne conversation.

« En y repensant, n’êtes-vous pas le génie qui a inventé la formule de loi ? » demanda Takumi.

« Oui, je l’ai fait. Y a-t-il quelque chose que vous voulez demander à cet archevêque de génie ? » demanda Lise.

« Oh, ouais, c’est bien le cas, » déclara Takumi.

« Vu votre conduite brutale, vous ne méritez pas de réponse... mais peu importe, » déclara Lise.

« Merci pour votre générosité, ô archevêque de génie. J’ai une question au sujet de la formule de loi, » déclara Takumi.

« ... Vraiment ? Je pensais que vous alliez demander quelque chose à propos de la magie, » déclara Lise.

Lise inclina la tête, et Takumi leva les yeux vers le plafond en répondant.

« Quelqu’un m’enseigne déjà ses bases et son utilisation au combat... et j’ai aussi fait quelques recherches à ce sujet, » déclara Takumi.

La magie était divisée en deux parties : Innée et Contrôlée.

Le premier se référait au pouvoir stocké dans l’âme, qui était la source de la magie, et le second était essentiellement l’imagination, qui servait à contrôler et à polir ce puissant pouvoir connu dans le monde entier. Les gens pouvaient créer des événements surnaturels en combinant ces deux éléments, et Takumi s’intéressait particulièrement à la partie innée.

« Innée, c’est quelque chose que l’on peut tout simplement se l’imaginer en le rassemblant sur le bout des doigts ? » demanda Takumi.

« Oui et non. Il existe de nombreuses façons de le contrôler et de l’utiliser, » Lise avait parlé en tournant la main en rond. « Imaginer le fait de le rassembler, de le faire circuler avec des mots, de l’activer en le déplaçant selon des motifs précis... Il ne s’agit pas seulement d’imagination, mais des diverses significations que les actions ont. »

« Comme ce que vous venez de faire ? » demanda Takumi.

« ... Vous avez des yeux très vifs. J’imaginais que la magie se rassemblait dans mon doigt tout en l’enrichissant de mots et en le façonnant comme un cercle. De cette façon, j’ai superposé les chants, les différents hiéroglyphes et les actions, donc peu importe comment vous le faites, ils ont le même but, » répondit Lise.

« Je vois. La dernière fois que j’ai vu quelqu’un faire de la magie, il l’a seulement chantée, » répondit Takumi.

« C’est assez courant. La magie des autres pays est faible exactement pour cette raison. Le chevauchement de plusieurs méthodes est un processus lent, mais il amplifie considérablement le résultat du sort, et le seul moyen d’accélérer le processus de préparation est de tout faire simultanément, » répondit Lise.

« Je suppose que ce n’est pas si facile, » déclara Takumi.

« En effet. Écrire quelque chose avec une main tout en traçant une forme avec l’autre et en chantant en même temps n’est pas une tâche facile, mais un vrai guerrier saint devrait chercher comment accélérer, polir et améliorer ce processus, » répondit Lise.

« Wôw... c’est assez intéressant, » déclara Takumi.

« Je suis d’accord. C’est comme essayer de résoudre un puzzle de différentes façons, » expliqua Lise.

Son expression était plus terne que jamais, mais elle balançait ses jambes avec excitation.

Au bout d’un moment, Lise avait tourné son regard vers Takumi.

« Quoi ? J’écoutais, » déclara Takumi.

« ... C’est pourquoi je suis surprise en ce moment, » déclara Lise.

« Ne me prenez pas pour un de ces adultes qui n’écoutent jamais les enfants..., » répondit Takumi.

« Il y a beaucoup d’individus comme ça parmi les nobles. Ils ne se soucient pas des effets et des points essentiels de la formule de loi qui fait fonctionner la magie, de sorte que presque personne n’a écouté ce genre d’explication, sauf Sa Majesté, » déclara Lise.

« Dans ce cas, n’est-il pas mieux d’avoir une conversation décontractée avec eux ? » demanda Takumi.

« ... Je passe tout mon temps à faire des recherches, donc je ne sais pas comment faire, » répondit Lise.

Elle avait répondu avec son ton plat habituel, mais il y avait un soupçon de solitude dans ses paroles.

Elle faisait partie de l’élite de la société, et n’était pas seulement une sainte guerrière unique grâce à ses idées distinctes et son intelligence, qui lui avaient valu le titre d’archevêque, mais elle avait même assez de prestige pour être invitée par le seigneur des Fortesea comme hôte de marque.

Takumi avait commencé à penser à ses paroles, et l’instant d’après il s’était levé.

« Lise, voulez-vous tenter le coup en sortant d’ici pendant un moment ? » demanda Takumi.

« ... Hein ? » s’exclama Lise.

Le marchand d’esclaves avait saisi sa main et il se mit après ça à marcher vers la porte.

« N-Non, attendez. Je dois reprendre mes recherches..., » déclara Lise.

« Il devrait y avoir des gondoles qui passent dans cette zone, non ? » demanda Takumi.

« Je les ai vues passer derrière la cathédrale... ne devriez-vous pas vous préparer pour votre match ? » demanda Lise.

« On s’en fout, je le ferai demain. Avez-vous déjà été dans une gondole ? » demanda Takumi.

« N-Non, jamais. Je les ai seulement regardés descendre les canaux de Listina. C’était relaxant, » répondit Lise.

« C’est encore mieux d’en prendre une, croyez-moi. Listina n’est pas la capitale de l’eau pour rien. De plus, l’aspect de la ville est étonnant lorsque..., » déclara Takumi.

Il n’arrêtait pas de parler afin d’amplifier l’intérêt de Lise alors qu’ils s’approchaient de la gondole, et une fois qu’ils s’étaient retrouvés devant l’une d’elles, Takumi l’avait aidée à entrer dans la nacelle.

***

Partie 2

Au fur et à mesure que la gondole descendait la rivière, l’élégant paysage urbain qui les entourait s’était progressivement transformé en ce qui se trouvait dans la ville basse.

Les individus avaient tendance à se détendre lorsqu’ils retournaient dans des endroits qu’ils connaissent. D’un autre côté, ceux qui s’aventuraient sur un nouveau territoire étaient généralement excités et curieux, et c’était précisément cette curiosité qui faisait disparaître leur prudence, poussant même les agneaux les plus prudents dans la gueule du loup...

« J-J’aurais dû rester à la maison, » murmura Lise.

Lise était maintenant dans la salle à manger de Suzuran, tremblant légèrement.

« Ce que Sa Majesté a dit était vrai... Des gens effrayants m’ont kidnappée quand j’étais seule..., » continua-t-elle.

« Hé, qui est effrayant ? Ne ternissez pas la réputation des autres, » déclara Takumi.

« ... Je suis sûr qu’elle parle de toi, Takumi, » répliqua Karin.

Karin, qui avait terminé son travail, faisait une pause et soupirait profondément en ce moment.

« Je n’arrive pas à croire que tu aies kidnappé l’archevêque..., » déclara Karin.

« Je ne l’ai pas kidnappée, mais j’ai seulement suscité son intérêt et l’ai amenée à venir avec moi sans préciser où nous allions aller, » déclara Takumi.

« Donc, tu n’es pas seulement un escroc, mais tu as aussi piégé une enfant, hein... ? » murmura Karin.

« Je ne suis pas une enfant. Je peux y retourner seule quand je veux, » déclara Lise.

Lise avait essayé d’être courageuse, mais sa voix était plus faible que d’habitude.

« Je vous ai déjà dit qu’on vous ramènerait plus tard. Détendez-vous, » déclara Takumi.

« E-Est-ce que c’est vrai... ? Ne me mentez-vous pas ? » demanda Lise.

« Non, je ne le fais pas. Vous avez dit que vous n’avez jamais visité la ville, alors je voulais vous montrer la partie que vous n’auriez jamais pris la peine de visiter de toute votre vie, » déclara Takumi.

« V-Vous ne pouvez pas tout décider par vous-même, s’il vous plaît !? » s’écria Lise.

L’archevêque avait démontré sa colère, et Mirta aussi, qui écoutait leur échange.

« Elle a raison. Tu ne peux pas continuer à faire ce que tu veux et cesses d’impliquer les autres dans tes choix lunatiques, » déclara Mirta.

« ... Comment puis-je te prendre au sérieux ? Tu as préparé tout ça avec un énorme sourire, Mirta, » déclara Takumi.

« J-Je ne l’ai pas fait ! J’essayais seulement de cuisiner ce que tu m’as suggéré et... j’ai fini par en faire trop ! » répliqua Mirta.

Tout en pressant le bout de ses doigts, elle baissa le regard vers la longue table de la salle à manger, qui était couvert de nourriture.

Ragoût, omelettes, doria, gratin, hamburgers, frites, pizzas, curry, fritures diverses, tonkatsu, crevettes frites, udon, carbonara, napolitaine, sandwiches, pain perdu, crêpes... et bien plus encore.

Elle avait l’habitude de cuisiner de grandes quantités de nourriture, étant donné le nombre de personnes que comptait leur entreprise, mais elle avait demandé conseil à Takumi pour élargir le menu, et les choses s’étaient passées ainsi.

« On dirait un restaurant familial..., » déclara Takumi.

« Une famille... quoi ? » demanda Mirta.

« Rien, ne fais pas attention à moi. Tu as rassemblé une bonne quantité d’ingrédients, hein ? » demanda Takumi.

« Gaitsu a demandé à ses contacts de l’aider, et ils l’ont forcé à conclure un accord commercial avec une nouvelle route maritime, qui transporte beaucoup d’ingrédients étrangers. Il a dû se donner beaucoup de mal pour ça, » répondit Mirta.

Mirta avait un sourire radieux et fier. Elle était en effet une cuisinière passionnée, ce qui était merveilleux, mais ce n’était pas une grande caractéristique pour un leader.

Malgré tout, devant ses efforts, Lise avait eu l’air stupéfaite par les mets délicieux qui se trouvaient devant elle.

« Il y a beaucoup de nourriture que je n’ai jamais vue auparavant... Puis-je goûter ? » demanda Lise.

« Tout à fait. Je n’ai jamais cuisiné ça avant, mais n’hésitez pas à vous servir, » déclara Mirta.

« Je vais le faire, » répondit Lise.

Lise avait pris une cuillère et elle apporta timidement du ragoût jusqu’à sa bouche. Puis, elle avait fait le même mouvement encore et encore, en silence, comme si elle était en transe.

Voyant qu’elle aimait ça, le visage de Mirta s’illumina.

« Lise, voulez-vous des hamburgers ? » demanda Mirta.

« Hm, oui, s’il vous plaît. J’adorerais goûter beaucoup de ces plats, » répondit Lise.

« Je suis heureuse de l’entendre. Alors, laissez-moi vous en donner, » déclara Mirta.

Le chef de Suzuran avait commencé à prendre de petites portions de différentes assiettes pour son invitée.

L’allure habituelle d’un leader digne n’était nulle part visible, mais elle appréciait vraiment le moment présent, alors personne n’avait rien dit.

« Mais... la consommation de ce repas n’est-elle pas impossible pour nous seuls ? » demanda Lise.

« Probablement... Je me sentirais mal d’avoir des restes, et Karin ne mange pas beaucoup..., » répondit Takumi.

Devant eux, il y avait de la nourriture pour des dizaines de personnes, et beaucoup d’assiettes étaient des plats principaux et des plats frits, donc ils étaient assez lourds sur le ventre.

« Ah, ne vous inquiétez pas. Il y a des membres voraces dans notre compagnie, » déclara Mirta.

« Veux-tu parler de Kunon ? » demanda Takumi.

« Parles-tu de Kunon ? » demanda Karin.

« Oui, comme Kunon... Lewin m’a dit qu’Aigle et lui viendraient ici après leur travail, » déclara Mirta.

Karin et Takumi se raidirent immédiatement à ses paroles.

« Karin, as-tu compris ? » demanda Takumi.

« Parfaitement. Et si Aigle essaye de faire quelque chose ? » demanda Karin.

« Assure-toi qu’il ne puisse pas bouger. Si nécessaire, n’hésite pas à le battre jusqu’à ce qu’il s’évanouisse, » répondit Takumi.

« Roger, » déclara Karin.

« Pourquoi tu ferais ça !? » s’écria Mirta.

« Mieux vaut prévenir que guérir. On ne peut pas lui faire rencontrer l’A —, » commença Takumi.

La porte s’était ouverte, interrompant Takumi.

« Woah ! Il y a beaucoup de nourriture ! » s’exclama une première voix féminine.

« Il y en a vraiment beaucoup, Instructeur ! Cet arôme n’est-il pas un bonheur pour le nez ? » demanda une deuxième voix, cette fois, masculine.

« Baisse d’un ton, Aigle ! Sinon, je t’arrache les ailes ! » répliqua la première voix.

« Ahaaaah ! Ce serait un véritable honneur pour moi ! »

« Alors, Sis Mirta les cuisinera ! » déclara Aigle.

Les trois demi-humaines entrèrent dans la pièce, et dès que Kunon vit Takumi et Karin, elle trottina vers eux.

« Hé, Karin, Takumi ! Vous êtes déjà de retour ? » demanda Kunon.

« Oui... nous sommes revenus pour manger. D’ailleurs, pourquoi es-tu avec ces deux-là ? » demanda Takumi.

« Je les ai rencontrés en venant ici ! Je viens de finir d’entraîner les autres enfants ! » elle répondit avec joie et Takumi cacha son visage avec ses mains.

C’était mauvais. Il ne s’attendait pas à cette tournure des événements, et maintenant il était trop tard pour les empêcher, surtout lui, de venir ici.

À l’instant suivant, Aigle ouvrit grand ses yeux injectés de sang et renifla profondément l’air.

« Je sens une fille inconnue, » déclara Aigle.

« Bon sang, arrête de renifler les gens, » déclara Takumi.

« Je peux cibler des proies avec mes yeux et mon nez ! » déclara Aigle.

« Tu peux le faire !? Pour le bien de Filia... tes super-sens sont un casse-tête dans ces cas-là, » déclara Takumi.

Ignorant le choc de Takumi, Aigle regarda autour de lui pour trouver la source de l’odeur, et après l’avoir trouvée en train de manger nonchalamment à la table, il marcha lentement et s’arrêta près de Lise.

Sa silhouette écrasante se dressait au-dessus d’elle, qui le regardait en étant perplexe.

L’instant d’après, quelque chose avait changé dans son expression, qui était devenue plus élégante, et il s’était agenouillé.

« Pardonnez mon impolitesse, Dame aux cheveux d’argent... voudriez-vous monter sur mes épaules ? » demanda Aigle.

« ... Sur vos épaules ? » demanda Lise.

« Tout à fait. Si possible, j’aimerais que vos jambes douces et soyeuses se balancent devant mon visage... Juridiquement parlant, profiter des jambes nues ne devrait pas être un problème ! » déclara Aigle.

« Je crois que votre mort soulagera le monde, » déclara Lise.

« NHHH ! Je suis si content d’avoir été maltraité par une voix si douce ! » s’exclama Aigle.

Tandis qu’Aigle criait son torrent de sentiments dans le ciel, Lise se tourna vers Takumi.

« Marchand d’esclaves, quel est le problème de cet oiseau révoltant et tordu ? » demanda Lise.

« Pour faire court, c’est un pervers, » répondit Takumi.

« ... Merci de le dire clairement, » déclara Lise.

« Aigle est un peu dégoûtant, mais c’est aussi un type bien... Ne faites pas attention à lui et continuons à manger avant que cela ne refroidisse, » déclara Takumi.

« Lady Mirta a foiré mon service... mais ça fait du bien à sa façon ! » déclara Aigle.

Tout le monde s’était mis à manger pour ne plus penser à lui.

« Hé, Dame aux cheveux argentés ! Ce curry est vraiment bon, vous savez !? Il est si épicé qu’il atteint même mon cœur flamboyant ! » déclara Lewin.

« ... Je ne supporte pas la nourriture épicée, » répondit Lise.

« Dahhahahahaha ! Il est probablement encore trop tôt à votre goût ! » déclara Lewin.

« Madame, alors, essayez cette viande de poulet frite ! De délicieux jus se répandent dans votre bouche quand vous la mordrez ! » déclara Aigle.

« ... Oiseau, consommez-vous la chair de votre race ? » demanda Lise.

« Je descends des faucons, donc, techniquement, je ne suis pas cannibale ! » déclara Aigle.

L’intensité sonore et l’énergie des deux demi-hommes avaient adouci l’atmosphère, et cela s’était probablement répandu chez Lise, dont l’expression froide semblait un peu chaleureuse.

Alors qu’il l’observait de loin, Takumi sourit.

« Karin, assure-toi que ces deux-là ne s’emportent pas, » demanda Takumi.

« Je sais... Tu es vraiment doux, » déclara Karin.

Karin fut surprise par son choix, mais elle se rapprocha d’eux avec bonheur juste après ça.

Kunon, qui mangeait à table, se leva après avoir vu son amie s’approcher, et se dirigea vers son Maître.

« Takumi ~ ! Comme tu l’as dit, le capitaine m’a donné ça ! » déclara Kunon.

« Oh, beau travail. Es-tu sûre que ce sont deux types différents ? » demanda Takumi.

« Oui ! Ce sont les plus anciens et les plus récents objets magiques de ce style ! » répondit Kunon.

En disant cela, elle avait pris quelques bracelets dans sa pochette.

Il s’agissait des objets magiques fournis aux gardes : tous deux étaient faits d’or et d’argent et avaient une forme particulière, et des inscriptions gravées sur eux.

Takumi avait essayé de les analyser en utilisant seulement la vue.

« Je vois. Écrire le code avec de l’or sur de l’argent sacré accélère la transmission magique... et utiliser la langue du continent Veril, qui vient de l’ancien Centaria, augmente la puissance de sortie... hein ? » déclara Takumi.

« Woooah ! Peux-tu le dire seulement en le regardant ? » demanda Kunon.

« J’ai déjà analysé d’autres de ces objets magiques et de ces formules de loi, » déclara Takumi.

« N’as-tu pas dit qu’ils ressemblent à certaines des machines que tu avais dans ton pays ? » demanda Kunon.

« Ouais, juste un petit peu. Si je considère la magie comme de l’électricité et les formules de loi comme des circuits, cela correspond, » déclara Takumi.

Les objets magiques n’étaient pas si différents des machines de son ancien monde.

Ils reproduisaient la magie grâce aux matériaux dont ils étaient faits, à leur forme et à la formule de loi qui liait les composants entre eux.

Fondamentalement, ils contrôlaient le flux de la magie pour reproduire l’effet désiré.

« Mais c’est plus proche des choses occultes que des machines. Les formules de loi sont un mélange de sémiotique, d’iconographie et surtout d’herméneutique allégorique, tandis que le concept de magie est plus proche du taoïsme et de la médecine chinoise, » déclara Takumi.

« Je n’ai aucune idée de quoi tu parles ! » déclara Kunon.

« En gros, il y a beaucoup de choses confuses et ambiguës. Grâce à ce que j’ai appris dans mon pays, j’ai pu comprendre certaines parties du texte, ce qui m’a permis de créer une formule de loi que Richtert n’a pas encore trouvée, » expliqua Takumi.

« Woah... ! Tu sais vraiment beaucoup de choses ! Je ne veux pas étudier plus que nécessaire, et je préfère deviner plutôt que de me souvenir ! » déclara Kunon.

« Je pense que tu es bien comme tu es, Kunon... et alors ? Que te dit ton intuition ? » demanda Takumi en regardant les outils magiques, et le Chien Fonceur fronça légèrement les sourcils.

« Je ne suis pas sûre... mais ceux-là sont un peu mauvais, » répondit Kunon.

« Mauvais ? » demanda Takumi.

« C’est comme... une goutte d’huile qui se dissout dans l’eau... quelque chose comme ça ? » répondit Kunon.

Elle avait commencé à réfléchir avec intensité, car elle ne pouvait pas exprimer clairement ses sentiments.

« Je me souviendrai qu’il y a quelque chose qui cloche. Vous, les demi-hommes, vous avez des sens incroyables et pouvez percevoir beaucoup de choses que nous ne pouvons pas percevoir, alors je vous fais confiance, » déclara Takumi.

« Yaaay ! Alors, puis-je retourner manger maintenant ? » demanda Kunon.

« Bien sûr que oui ! Il y a beaucoup d’assiettes de mon pays —, » répondit Takumi.

« Je veux manger de la viande ! » déclara Kunon.

« ... Alors, essaye le tonkatsu, » déclara Takumi.

Kunon avait pris une fourchette et elle perça la viande tendre et colorée, puis elle l’apporta à sa bouche, où elle fondit lentement pendant qu’elle la mâchait.

« Nhhhh ~ ! C’est croustillant, mais juteux, et l’assaisonnement est parfaitement réalisé ! La saveur de la sauce est plus riche et ressemble un peu à celle de la pomme, ce qui fait aussi disparaître le goût problématique de l’huile ! » déclara Kunon.

« Essaie d’exprimer ce que tu viens de ressentir de la même manière, » déclara Takumi.

« Je peux parler de bonne bouffe, mais tout le reste est ennuyeux, alors oublie ça ! Donne-m’en plus ! » déclara Takumi.

« Ouais, très bien... Mange autant que tu le souhaites, » déclara Kunon.

« Eeeh ? Je suis fatiguée avec tout ce travail, alors je veux que tu me nourrisses, » déclara Kunon.

« ... Non ? Si tu ne veux que te bourrer l’estomac, ne devrais-tu pas le faire toute seule ? » Il protesta en lui apportant à bouche ouverte de la nourriture.

« Seiiiiiignnnneur ! Je suis vraiment envieux de ce que vous faites ! »

« Maiiiiiiitreeee ! Ce n’est pas ce qu’un Maître devrait faire ! »

« Fermez vos gueules, tête d’oiseau et imbécile. Si vous voulez le faire, faites-le, » déclara Takumi.

« Hourraayyyy ! »

« Putain ouais ! »

Alors qu’ils poussaient leurs poings l’un contre l’autre et libérèrent des cris de joie, Kunon détourna son visage.

« Oubliez ça. Aigle est trop bruyant, et Lewin est trop sensuel, » déclara Kunon.

« Nnnhhhhh ! Instructeur, abusez encore plus de moi, s’il vous plaît ! »

« Sœurette Kunon, frappez-moi encore dans la bouche ! »

Alors qu’ils demandaient de leur faire du bien, ils se sentirent fermement agrippés par leurs épaules.

« Tu sais ce qui arrivera si tu oses la toucher, non ? » demanda Karin.

« Les gars... Si vous continuez à crier comme ça, vous allez gâcher notre repas, vous savez ? » déclara Mirta.

Mirta et Karin souriaient en les dominant.

« Si tu veux, je peux t’arracher les plumes du front et écrire “idiot” dessus, » déclara Karin.

« Ah, cette poêle à frire est encore très chaude... mais tu aimes les choses chaudes, n’est-ce pas, Lewin ? » demanda Mirta.

L’instant d’après, les deux demi-hommes se prosternèrent en implorant le pardon.

***

Partie 3

Le crépuscule qui approchait commençait à peindre le ciel en rouge.

Comme promis, Takumi et ses camarades ramenaient Lise à la maison, et ils marchaient actuellement dans les rues après être descendus de la gondole.

« Merci de m’avoir raccompagnée chez moi. »

L’archevêque inclina la tête et Takumi lui serra la main.

« Je tiens toujours mes promesses. Je suis désolé d’avoir interrompu vos recherches, » déclara Takumi.

« Ça ne me dérange pas. Si j’avais pu, j’aurais aimé goûter au dessert de Mirta, » répliqua Lise.

« Ouais... elle s’est enfuie précipitamment pour le “spectacle de marionnettes”, » déclara Takumi.

Mirta était contente que Lise ait apprécié la nourriture. Ainsi, elle avait même commencé à préparer un dessert, mais elle avait remarqué qu’il se faisait tard et elle était partie sans le finir.

« Le fabricant de poupées avait terminé son travail, mais elle ne pouvait pas rater la pièce, » expliqua Takumi.

« Je ne m’attendais pas à ce que vous travailliez même comme fabricant de poupées et comme compagnie théâtrale, » déclara Lise.

« Ah, eh bien, nous prévoyons de faire un peu de tout, » répondit Takumi.

« ... Vous êtes des gens étranges. J’ai entendu dire que vous étiez à l’origine une entreprise illégale de la ville basse, alors je pensais que vous ne faisiez que des boulots effrayants, » déclara Lise.

Karin affichait une expression compliquée en regardant les yeux légèrement brillants de Lise.

« ... Takumi, veux-tu vraiment qu’elle le croie ? » demanda Karin en un murmure.

« Pourquoi pas ? De toute façon, elle n’a pas demandé directement, » répondit-il.

Les deux parlaient à voix basse, de sorte que l’enfant ne pouvait pas entendre.

Il avait utilisé un code.

Le spectacle de marionnettes était en vérité une livraison de marchandises de contrebande, le fabricant de poupées était la vente, et les marionnettes étaient la méthode de commerce, qui consistait à cacher les choses dans un faux corps dans un cercueil.

Vatel avait inventé tout cela, et seuls les membres de Suzuran pouvaient comprendre le vrai sens de ces mots.

Karin était désolée de voir que Lise leur faisait confiance, mais ce genre de travail n’était pas quelque chose qu’une enfant comme elle devait savoir. Bien que le cadavre qu’ils utilisaient ne soit pas réel, elle aurait montré son indignation et les aurait grondés pour avoir utilisé des méthodes aussi blasphématoires.

« Alors, Lise, comment s’est passée votre première fois dans la ville basse ? » demanda Takumi.

Après leur repas, Takumi et les autres l’avaient emmenée faire un tour.

Elle ne pouvait pas voir la ville basse depuis la cathédrale ou le château parce qu’elle se trouvait derrière les zones supérieure et intermédiaire. C’est pourquoi, si le temps le permettait, elle voulait visiter autant d’endroits qu’elle le pouvait.

« Vous avez vu quelque chose que vous ne pouvez pas regarder de là-haut, » déclara Takumi.

« ... Tout à fait. J’ai vu l’incarnation de l’enfer sur terre, » répliqua Lise.

Se souvenant de ce qu’elle avait vu, Lise poussa un profond et lourd soupir.

« Beaucoup de gens bourrés qui dorment dans leur vomi et leurs excréments en plein jour... des marchands et marins se battent au hasard entre eux tout en étant entourés d’individus qui les ont poussés à la violence... Les enfants en profitent pour voler des marchandises... La ville basse est-elle toujours aussi chaotique ? » demanda Lise.

« Non, d’habitude, c’est encore pire, » répliqua Takumi.

« Tout à fait. Les personnes qui dormaient crient sur les combattants pour qu’ils se taisent, et les choses finissent dans d’énormes bagarres, » déclara Karin.

« Ouaip ! Puis les gardes se joignent à nous et étouffent tout ! » déclara Takumi.

« ... Certes, je peux facilement l’imaginer, » déclara Lise.

Le ton de l’archevêque indiquait qu’elle était résignée, mais son expression s’était quelque peu détendue à mesure que son regard s’éloignait, comme si elle regardait un pays lointain.

« C’est le pire, le plus horrible endroit que j’aie jamais vu..., » déclara Lise.

Puis, sa voix était devenue un murmure.

« ... mais je ne peux m’empêcher de l’envier, » murmura-t-elle.

Elle vivait dans un monde complètement différent, et bien qu’elle admirait encore le paysage urbain autour d’elle, elle avait fini par baisser les yeux.

« Vous êtes tous si libres. Même l’oiseau pervers et le drakonide sensuel sont, bien qu’étant des demi-hommes, des existences qui ne devraient pas pouvoir s’amuser et être aussi bruyantes étant donné l’environnement hostile qui les entoure, » continua Lise.

Ses lèvres se plièrent légèrement en un petit sourire en se souvenant du comportement insouciant de ce duo.

« Les gens qui vivent dans la ville basse sont pauvres et luttent pour survivre, poursuivant les quelques choix qu’ils ont... mais tout de même, ils n’ont pas perdu la liberté dans leur cœur, » déclara Lise.

Sa réponse avait pris une direction philosophique tandis que son sourire était devenu légèrement plus grand.

« Voir des personnes agir comme ça, c’était... vraiment sympa, » continua Lise.

Sa résignation et une ombre d’envie lui peignirent le visage, ainsi que l’espoir.

En la voyant, Takumi se frotta la tête.

« Si vous êtes jalouse, pourquoi n’essayez-vous pas aussi d’agir comme nous ? » demanda Takumi.

« Parce que... Je ne peux pas le faire, » déclara Lise.

Ses paroles s’étaient répandues sur ses lèvres alors que des larmes coulaient le long de ses yeux.

« L’oiseau en cage... ne pourra jamais gazouiller librement, » déclara Lise.

Dès qu’elle avait regardé vers le bas en bougeant les mains, une voix inattendue s’était fait entendre.

« Vous vous rattrapez vite, Lise Crest. »

Tout son corps avait commencé à trembler.

« Comment cette ordure répugnante ose-t-elle emmener mon invitée faire un tour ? »

Une épaisse arrogance imprégnait ces mots, et bientôt, l’orateur était apparu.

« Lise... nous ne vous avons pas trouvée dans la cathédrale et nous nous sommes inquiétés, » continua l’homme.

« ... Je suis désolée, Seigneur Kiad, » déclara Lise.

En la voyant s’incliner en s’excusant, il lui grogna dessus.

« Maintenant... les voyous qui ont enlevé l’archevêque méritent une punition exemplaire..., » déclara Kiad.

Un simple geste de sa main, et beaucoup de soldats arrivèrent en dégainant leur épée. Ils faisaient la fierté de Richtert : les chevaliers magiques.

« S’il vous plaît, attendez une minute ! Ils n’ont rien fait de mal ! Je –, » commença Lise.

« Qui a dit que vous pouviez parler ? » demanda Kiad.

Il grogna et la saisit par son cou mince.

L’enfant avait lutté en subissant une agonie alors que ses voies respiratoires étaient écrasées.

« Vous êtes très sage malgré votre jeune âge. Je pensais que vous connaissiez votre place, et vous avez même dit tout ça il y a une minute, mais vous n’étiez probablement pas assez instruite... ! » déclara Kiad.

Il l’avait facilement soulevée et l’avait jetée de force loin de Takumi et des autres, qui avaient regardé la scène sans bouger d’un pouce.

« Oh, vous n’étiez pas de bons amis ? Je pensais que vous essaieriez de l’aider, » déclara Kiad.

« ... Croyez-vous vraiment qu’on tomberait dans le piège d’une provocation aussi minable ? Vous devez trouver quelque chose de mieux, » déclara Takumi.

« Haha... Je ne savais pas que les ordures pouvaient être intelligentes. Si seulement vous aviez essayé de me toucher, on aurait lavé les rues avec votre sang, » déclara Kiad.

Un sourire tordu se fendit sur son visage alors qu’il poussait légèrement Lise, qui était allongée sur le sol.

« Regardez ce que vous avez fait en prenant avec vous ce qui m’appartient... C’est dur de la voir faire une telle tête... personne n’a même demandé ça, » déclara Kiad.

« ... Vous avez tout à fait le statut pour la traiter comme quelque chose qui vous appartient, » déclara Takumi.

« Je sais, n’est-ce pas ? Vous appartenez tous à Fortesea. Et tôt ou tard, tout le monde le fera, » déclara Kiad.

Takumi écouta tranquillement tout en le regardant fixement.

« Lise, levez-vous et revenez vite chez vous, » déclara Kiad.

« Oui, Seigneur Kiad... Merci de les avoir épargnés, » déclara Lise.

« Eh bien, je dois considérer un plaidoyer de quelqu’un qui fait toujours ce qu’on lui demande. Aussi... J’ai enfin quelque chose sur le cœur, » déclara Kiad.

Il sourit sadiquement devant elle, dont le corps endolori tremblait de peur.

« On se reverra dans le match. Profitez de vos derniers jours, ordure, » déclara Kiad.

Crachant des mots durs, Kiad tourna les talons et commença à s’éloigner, suivi par ses hommes et Lise, qui regardèrent Takumi et ses amis pendant un bref instant. Une ombre lugubre coupait son visage meurtri tandis que ses lèvres bougeaient en silence.

 

 

« Je me suis bien amusée. »

Puis, elle s’éloigna silencieusement.

« Bravo pour t’être contrôlé, Kunon, » déclara Takumi.

« Je ne suis pas si stupide pour sauter dans une bagarre sans penser aux conséquences ! Tu parles à une louve, tu sais !? Toutefois..., » commença Kunon.

Elle avait saisi la poignée de ses poignards noirs et chuchota d’une voix basse et gutturale.

« ... ce n’était pas agréable à voir, » continua-t-elle.

Une aura de soif de sang s’était formée autour d’elle, tandis que Karin avait replacé ses cheveux vers l’arrière et avait montré qu’elle était irritée.

« Je suis tout à fait d’accord. Même si j’ai l’habitude de voir ce genre de choses, ça me tape encore sur les nerfs, » déclara Karin.

« Ouais, je sais d’où vous venez toutes les deux... mais maintenant il y a quelque chose dont on est sûrs, » déclara Takumi.

Takumi commença à tapoter sur sa tempe en répétant les paroles de Kiad.

« Bien qu’il ait dit qu’ils ne pouvaient pas trouver l’archevêque dans la cathédrale, le reste de la ville était trop calme. Il n’a pas mobilisé les gardes ou son armée personnelle pour la chercher, et ce vantard ne semblait pas du tout inquiet, » déclara Takumi.

« ... Donc, il ne la considère pas comme si précieuse que ça ? » demanda Karin.

« Non, dans ce cas, il ne serait pas venu jusqu’ici. De plus, il l’a forcée à rentrer chez elle avec violence. Tu sais mieux que moi qui est traitée comme ça, n’est-ce pas ? » demanda Takumi.

Il avait utilisé la violence pour la plier à sa volonté.

Même si elle n’était pas esclave, elle avait agi de la même façon, et cela signifiait qu’il y avait une raison pour laquelle elle devait être comme ça.

« Comment a-t-il pu nous trouver ? Une simple estimation du chemin que nous allions prendre ne serait pas exacte, et il a dit que nous étions de bons amis avec elle... Presque comme..., » déclara Takumi.

Il avait ensuite arrêté son doigt.

« Je vois... c’est pour ça que cela avait été écrit, » déclara Takumi.

« Veux-tu parler de cette demande personnelle... ? » demanda Karin.

« Oui. Ce n’était qu’une phrase, » déclara Takumi.

Quelques jours auparavant, ils avaient reçu une lettre.

Il n’y avait aucun détail d’aucune sorte, alors ils avaient dû chercher aveuglément de l’information, mais la seule chose qu’ils avaient trouvée était une phrase qui ressemblait à une demande d’aide :

L’oiselet en cage ne pourra jamais pépier librement.

Takumi n’arrêtait pas de réfléchir à ce que ça pouvait signifier.

« ... Ce n’est pas une demande facile, » déclara Takumi.

« En effet... C’est de l’archevêque dont nous parlons. Contrairement aux esclaves ou aux gens ordinaires, nous ne pouvons pas simplement l’enlever, et elle ne peut pas non plus s’enfuir seule. Quiconque l’aiderait serait considéré comme un traître du pays et exécuté, » déclara Karin.

Être archevêque signifiait avoir une certaine autorité, et aussi être soumis à des règles très strictes.

Même s’enfuir pour une courte période serait difficile, car les ombres de Fortesea peuvent apparaître à tout moment, inspirant chaque jour une peur croissante à l’évadé.

« Elle est vraiment dans une cage d’acier, » déclara Takumi.

« Et ce n’est pas tout, n’est-ce pas ? » demanda Karin.

« Ouais. Ils en tirent beaucoup de profit, » déclara Takumi.

En disant cela, Takumi avait souri d’un air amusé, et les autres le regardèrent et firent la même chose.

« Est-ce faisable, Maître ? » demanda Kunon.

« Bien sûr que oui. Je me demandais pourquoi elle avait agi de façon si détournée, mais maintenant que je l’ai compris, on peut agir quand on veut, » déclara Takumi.

Takumi avait repris le chemin de la ville en tapotant sur sa tempe.

« Karin, une fois à la maison, réorganise les informations que nous avons recueillies. Kunon, tu viens avec moi. Je vais te laisser te défouler un peu, » déclara Takumi.

« ... Tu vas me laisser tuer ce type ? » demanda Kunon.

« Quelque chose comme ça, » déclara Takumi.

« Vraiment !? Supperrrrr ! Takumi m’a enfin dit que je pouvais tuer quelqu’un ! » déclara Kunon.

« Tu sais à quel point les choses vont devenir désordonnées si tu tues l’autorité supérieure de la capitale ? » demanda Takumi.

Voyant Kunon dégainer ses épées et couper l’air joyeusement, il l’attrapa par la nuque.

« Owww... mais je veux l’écraser tellement durreeeement... »

« Je t’ai déjà dit que tuer ne ferait que mettre fin à quelqu’un. Tuer pour se venger fait d’abord du bien, mais au fond de soi, le cœur cherche toujours le pardon..., » déclara Takumi.

Alors qu’il la grondait, ses lèvres se replièrent à nouveau.

« Mais je ne pardonnerai jamais à Kiad. Je n’aurai pas pitié. Chaque cellule de son corps doit crier d’agonie et être oubliée dans le trou le plus sombre de la solitude, sinon je ne me sentirai pas à l’aise, » déclara Takumi.

Le visage douloureux de Lise, alors qu’elle s’éloignait, apparut à nouveau devant les yeux noircis de Takumi, et les mots qu’elle ne pouvait prononcer résonnaient dans ses oreilles.

« Je me suis bien amusée. »

Avec son image encore gravée dans sa vue, Takumi avait fait face aux autres.

« Ça fait un moment qu’on n’a rien à faire dans notre domaine. C’est parti. Allons-y, » déclara Takumi.

« Récemment, nous n’avons dû travailler qu’en tant que grande entreprise... Je suis contente que tu n’aies pas oublié notre activité principale, » déclara Karin.

« Je suis parfaitement d’accord pour tout détruire ! » annonça Kunon.

« N’hésite pas à le faire dans le match. Cette fois, nous devons dire à Mirta ce qui se passe. Nous devons définir certains détails, et elle sait très bien le faire, » déclara Takumi.

« Roger. Comment dois-je lui dire ? » demanda Karin.

« Je suppose que lui dire directement fonctionnera très bien, » déclara Takumi.

Un autre sourire apparut sur son visage.

« Allons sauver Lise Crest, » annonça Takumi.

***

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