Chapitre 4 : Les grandes entreprises
Partie 1
La grande pièce était remplie d’une faible lumière.
Les murs étaient impossibles à voir, mais les quelques objets visibles semblaient assez précieux, y compris le sol.
En son centre se tenait un homme seul.
Son visage était pâle comme celui d’un fantôme, et des gouttes de sueur coulaient de son corps.
Il n’y avait pas trace de son odieuse expression habituelle.
« Grands dieux ! J’avais des attentes quant à toi, Gaitsu, » une voix déçue et masculine était sortie des ténèbres.
Même si Gaitsu ne pouvait pas voir qui lui parlait, il pouvait sentir la présence de plusieurs personnes autour de lui.
« Tu diriges une entreprise illégale dans les bidonvilles, n’est-ce pas ? Malgré l’environnement inférieur, maintenir quelque chose comme ça devrait valoir la peine, » alors que l’ombre prononçait ces mots, un autre soupira.
« C’est pourquoi nous avons accepté que tu nous rejoignes, mais... qui aurait pu s’attendre à ce qu’un enfant t’ait humilié comme ça ? » continua l’homme dans l’ombre.
« Je-Je vous demande pardon... mais j’ai encore des esclaves pour prendre ma revanche ! Je suis un marchand d’esclaves depuis longtemps, donc il n’y a rien à craindre..., » déclara Gaitsu.
« Tu oses dire ça, alors que tu as perdu face à ce gamin, » déclara l’une des ombres.
Gaitsu était resté silencieux après avoir subi cette remarque.
Il s’agissait d’une vérité indéniable, alors il n’avait rien à dire face à ça.
« Les rumeurs à propos du Marchand d’Esclaves au Cœur Tendre nous ont atteints même dans la partie supérieure, » continua l’ombre.
« Il-Il est vrai qu’il fournit toujours la meilleure solution pour n’importe quelle sorte de demande et qu’il est qualifié dans l’art de la conversation... mais il ne devrait pas être nécessaire de lui demander des esclaves qui seront utilisés dans les combats. »
« Nous savons cela. Les esclaves sont des vies jetables. Ce qu’il advient d’eux n’est pas pertinent. »
Les grandes entreprises de la partie supérieure développaient leurs activités et elles commençaient à organiser des paris illégaux.
Les matches n’étaient pas limités aux humains, et parfois des esclaves devaient combattre des demi-humains ou des monstres afin de divertir le public.
Il y avait une seule règle cruelle : tous les combats étaient à mort.
Les principaux spectateurs étaient des nobles ayant toujours trop de temps libre. Même s’ils savaient que c’était illégal et qu’ils pouvaient être arrêtés, les matches avaient ainsi pu diminuer temporairement leur ennui.
Le fait d’acheter des mendiants et des criminels dans des villages lointains et désertiques représentaient une ressource presque illimitée pour eux, et ensuite, grâce aux liens entre les organisations, ils corrompaient des gardes afin de créer une route illégale pour faire fonctionner l’entreprise... Gaitsu savait comment agir dans ces situations, alors il aurait dû être la personne parfaite pour les aider.
Il aurait pu gagner un poste important s’il leur avait fourni les techniques et les esclaves de Valeria.
C’est pourquoi il s’était vendu aux grandes entreprises.
Il avait même tourné le dos aux promesses qu’il avait avec son chef précédent.
Cependant, les choses ne s’étaient pas passées comme prévu.
« Bien plus que le fait de gérer correctement la salle de jeux, il est essentiel pour toi d’avoir un rythme soutenu en nous fournissant de nouveaux esclaves. Et... récemment, tu ne fais pas du bon travail, n’est-ce pas ? » demanda l’une des ombres.
« Nous manquons à la fois d’humains et de demi-humains, » Gaitsu serra les dents de frustration.
Les capacités physiques d’un demi-humain étaient généralement plus importantes que celles de l’humain, il était donc nécessaire de restreindre leurs mouvements avec des menottes spéciales, mais les capturer n’était pas difficile.
Ils avaient tendance à s’abstenir de se battre, compte tenu de leur tempérament calme, et certains n’avaient même pas résisté à leur capture. Le fait de profiter de cela en mettant en place des pièges était donc chose facile.
C’était l’une des raisons pour lesquelles leur prix était maintenant ridiculement bas.
Pourtant, les esclaves humains n’étaient pas toujours disponibles.
Des villages abandonnés remplis d’habitants affamés avaient rapidement vendu tous les enfants, et des organisations d’autres villes avaient commencé à les garder pour eux. Les guides permettant de trouver ces ressources avaient disparu, ainsi que les gardes et les bureaux de douane enclins à être soudoyés.
De plus, les demi-humains avaient lentement pris conscience des types de pièges utilisés pour les attraper, alors ils avaient commencé à se cacher dans des régions reculées inaccessibles aux personnes normales.
Rien ne se passait comme prévu.
Même Gaitsu avait compris que les personnes en face de lui avaient remarqué à quel point la situation était sombre.
« Nous envisagions de permettre à Valeria de nous rejoindre pour ainsi améliorer nos bénéfices. En mettant de côté tes capacités de négociation, on dit que le Marchand d’Esclaves au Cœur Tendre peut répondre à n’importe quelle demande, et c’est exactement ce que nous visons en ce moment, » déclara la voix.
La haine contenue dans Gaitsu était clairement visible dans son expression. Il s’agissait de la haine envers ceux qui se tenaient au-dessus de tout le monde et se moquaient de lui de là-haut.
« Tu es inutile. Si nous ne pouvons pas avoir Valeria comme nous en avions discuté, nous allons nous charger de ça par nous-mêmes, » déclara une autre voix.
« ... Attendez, s’il vous plaît. Si c’est une question d’esclaves, je peux déjà en rassembler assez, » déclara Gaitsu.
Quelqu’un avait éclaté d’un rire méprisant.
« Si tu es ici maintenant, c’est exactement parce que tu ne peux pas faire ça ! Nous ne nous laisserons pas facilement berner par un raté comme toi ! » déclara une autre voix.
Gaitsu avait alors souri à ces mots. « Je comprends ça. Ma naïveté est la raison pour laquelle je ne pouvais pas prédire que le Marchand d’Esclaves au Cœur Tendre verrait à travers mon plan. C’est la raison pour laquelle je suis ici en ce moment. »
Il pensait que la situation actuelle en était le résultat possible.
Il n’avait aucune preuve pour confirmer que Takumi, qui avait maintenant pris sa place dans la hiérarchie de Valeria, était derrière son faible stock d’esclaves.
Pourtant, la position du jeune homme lui avait permis de connaître le réseau d’informations de l’ancien chef mandataire afin qu’il ne soit pas difficile pour lui de le saboter.
Gaitsu s’attendait à ce qu’il agisse d’une manière ou d’une autre après avoir essayé de faire entrer Valeria dans les grandes entreprises.
« Mais tant que je peux régler ça, il n’y a rien à craindre. J’ai juste besoin de préparer mon coup hors de portée du réseau de Valeria, » déclara Gaitsu.
Connaissant les mouvements de Takumi, il pouvait penser à une solution.
« J’ai déjà sécurisé des connexions personnelles fiables et des routes commerciales. Si je les utilise, je peux satisfaire votre demande d’esclaves, » continua Gaitsu.
« Pourquoi ne les as-tu pas déjà utilisées ? » demanda une voix dans l’ombre.
« Parce que c’était dangereux, mais j’ai finalement pu les rendre sûres, » répondit Gaitsu.
Gaitsu avait fait face aux hommes cachés dans l’obscurité avec un sourire filandreux sur son visage.
« En guise d’excuse pour mes erreurs, je vais vous apporter cinq fois plus d’esclaves que d’habitude avant le prochain spectacle, » déclara Gaitsu. « Cela sera possible si vous me laissez utiliser vos passages secrets. »
De l’ombre, il pouvait les entendre marmonner entre eux.
« Je suis devenu proche d’un groupe de nobles, et il m’est arrivé d’entendre qu’il y avait un chemin arrangé pour des gens importants, » expliqua Gaitsu. « Je sais aussi qu’il y en a qui l’utilisent pour le commerce illégal, en dépit de la désapprobation des combats arrangés. »
Les quatre grandes entreprises avaient été reconnues par le pays lui-même et ils avaient toujours géré les affaires commerciales dans la partie supérieure de la ville.
Les nobles utilisaient des routes secrètes en collusion les uns avec les autres afin que des marchandises illégales puissent circuler entre eux.
Ces chemins devaient rester cachés, donc seuls les quatre grandes compagnies et ceux qui les rejoignaient étaient autorisés à les utiliser. De cette façon, elles pourraient garder le profit pour elles-mêmes.
« Lorsque je faisais partie de Valeria, j’ai emprunté l’une des routes passant dans les égouts qui va de la partie haute de la ville au port de Verna, mais comme mes anciens camarades la connaissent aussi, nous devrons utiliser une route terrestre, » déclara Gaitsu, et le murmure avait augmenté pour devenir des voix. Il ne pouvait pas voir leurs visages, mais vu leur ton, il devina qu’ils n’étaient pas vraiment excités à cette idée.
« Quel est l’intérêt de le faire une fois si tu ne peux pas garder un flux régulier de marchandises ? Même si ça marche cette fois-ci, qui sait quand ce marchand d’esclaves pourrait nous déranger à nouveau ? » demanda l’une des ombres.
« Vous n’avez pas à vous inquiéter de ça, » répondit Gaitsu. « Je peux me débarrasser des membres de Valeria... et je ne permettrai à personne de nous barrer la route. Quiconque ose nous opposer sera rapidement traité. »
« Mmmh... ? Alors, écoutons ton plan..., » déclara la voix.
Il avait alors expliqué en détail ce qu’il avait en tête.
Les personnes présentes étaient toutes d’accord avec lui, et ses lèvres se recroquevillèrent en un étrange sourire.
« Merci... je ne trahirai pas vos attentes, » il avait dit cela alors que la cupidité et la vengeance étaient clairement visibles dans ses yeux.
Il réussi à sortir et c’est dommage j’aurais préféré qu’ils meurent