Strike the Blood – Tome 9 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Un vampire au travail

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Chapitre 2 : Un vampire au travail

Partie 1

D’innombrables bêtes démoniaques nageaient dans un réservoir d’eau géant d’une superficie plusieurs fois supérieure à celle d’une piscine olympique.

Des poissons monstrueux originaires d’Asie du Sud, appelés makara, dormaient au fond de l’eau. Ils avaient un corps de grenouille et des ailes de poisson volant, ce qui en faisait probablement des « Water Leaper ». En outre, des bêtes démoniaques peu connues ressemblant à des pieuvres et des anguilles s’ébattaient dans le réservoir d’eau, en nombre trop important pour être compté.

C’était le réservoir d’eau géant du parc des bêtes démoniaques — la destination touristique la plus célèbre de l’Élysium Bleu.

« Wowww… »

Les yeux de Nagisa Akatsuki brillaient tandis qu’elle penchait sa petite silhouette au-dessus de la rambarde de la passerelle. Ses longs cheveux, attachés pour ressembler à une coupe courte, se balançaient d’avant en arrière à un rythme régulier.

« C’est vraiment énorme. C’est bien le plus grand aquarium de bêtes démoniaques du monde… Euh, est-ce un cheval ? Un cheval-poisson ? »

Cette déclaration, Nagisa l’avait faite en désignant une mystérieuse créature ayant le haut du corps d’un cheval et le bas du corps d’un poisson. Il avait une nageoire argentée à la place de la crinière, mouillée par l’eau, elle scintillait et étincelait. C’était une belle bête démoniaque qui avait l’air tout à fait divine.

« C’est un hippocampus, une espèce d’hippocampe originaire des côtes de l’empire de la mer du Nord. C’est la première fois que j’en vois un en chair et en os. »

Juste à côté de Nagisa, Yukina l’avait expliqué. En tant que Chamane Épéiste de l’ Organisation du Roi Lion, Yukina connaissait bien une grande variété de bêtes démoniaques, mais naturellement, même elle n’avait pas eu la chance de voir de si près des bêtes démoniaques marines rares en voie d’extinction. Bien qu’elle ait gardé la tête froide, elle n’avait pas pu cacher son excitation pour cette expérience extraordinaire.

« Ces yeux sont si mignons, hein… Je veux aussi essayer de le nourrir…, » murmura Nagisa d’un ton mélancolique.

Au bord du réservoir d’eau, des dresseurs de bêtes démoniaques en combinaison nourrissent les hippocampus. Ils leur apprenaient des trucs en prévision de l’ouverture de l’attraction l’année prochaine.

La rumeur voulait que le parc des bêtes démoniaques ait été construit dans le but d’utiliser les droits d’entrée des visiteurs pour couvrir les coûts énormes de l’élevage des bêtes démoniaques pour la recherche. Apparemment, le premier spectacle d’hippocampus au monde devait être leur joyau pour attirer les visiteurs, ce qui expliquait le zèle des dresseurs dans leurs instructions.

Comme les vampires et les hommes bêtes, les bêtes démoniaques étaient suffisamment intelligentes pour se mettre d’accord avec les êtres humains, mais contrairement aux démons dont les droits étaient garantis par le Traité de la Terre Sainte, leurs protections étaient en retard. Dans le monde, de nombreuses bêtes démoniaques étaient encore considérées comme des monstres dangereux, avec une chasse excessive et des incidents de massacre qui ne cessaient jamais.

De plus, la réalité était que de nombreuses bêtes démoniaques possédaient de grandes capacités de combat, et que les espèces susceptibles d’attaquer les gens étaient loin d’être rares. Si des installations telles que le Parc des bêtes démoniaques se développaient et que les recherches sur leur écologie progressaient, peut-être l’humanité pourrait-elle être en mesure de coexister pacifiquement avec elles, mais une voie vers l’égalité semblait impensable.

Alors que Yukina se laissait aller à de tels sentiments, Nagisa, juste à côté d’elle, laissait échapper des cris de joie tandis que l’hippocampus jonglait avec des ballons de plage comme des artistes de rue avec des sacs à haricots. Yukina regardait en silence.

« — Yukina ? Quelque chose ne va pas ? »

Nagisa, remarquant le regard apparemment dubitatif de Yukina, avait hoché la tête et l’avait inclinée pour répondre à sa question. Yukina avait souri et avait secoué la tête.

« Nan, je me demandais juste… n’as-tu pas peur de l’hippocampus ? »

« Aie, bon sang… ! Kojou, c’est ça ? Ça ne le regarde pas d’aller te dire ça ! »

Nagisa avait levé les deux mains en l’air comme pour afficher sa colère, en expirant fortement.

« … Ça ne le regarde pas ? »

« À propos de ma démonophobie. Tu as probablement entendu que j’ai été hospitalisée à cause d’un incident, non ? »

« Oui. » Yukina acquiesça docilement.

Nagisa Akatsuki avait été gravement blessée lors d’un incident terroriste impliquant des démons, et depuis, elle avait une peur extrême du contact avec les démons. En fait, c’est Asagi qui lui en avait parlé plutôt que Kojou, mais ça n’avait pas d’importance.

Plusieurs fois, Yukina avait été témoin de la panique de Nagisa face à des démons. Il était plutôt surprenant que Nagisa ait cru que sa démonophobie était restée secrète pendant tout ce temps.

« Je ne veux pas faire de discrimination, mais j’ai toujours un peu peur. Des vampires, des hommes bêtes et tout ça, » avait avoué Nagisa d’un ton désespéré. Cependant, en regardant le visage inquiet de Yukina, elle s’était immédiatement mise à sourire joyeusement.

« Mais les bêtes démoniaques ne me dérangent pas. La peur des hommes ne te fait pas craindre les chiots mâles, non ? J’aime les animaux. J’aime même les reptiles. Mais je ne suis pas douée avec les insectes. Alors s’il y a des araignées de mer ou autres, je pense que je vais passer mon tour. »

« Insecte… ? »

Yukina avait commencé à se demander si elle devait préciser que les araignées ne sont pas des insectes. Nagisa avait regardé le visage de Yukina avec un profond intérêt.

« Hé, hé, penses-tu encore à Kojou et à Asagi ? »

« Enfin… un peu. Je me sens mal pour elle et Senpai de n’avoir que nous pour nous amuser comme ça. » Un mince sourire douloureux était apparu chez Yukina.

Environ une heure auparavant, Kojou et Asagi étaient partis rapidement pour aller travailler à temps partiel en portant des chemises de l’Élysium Bleu. Yaze s’étant enfui, prétextant qu’il devait aider l’entreprise familiale, Yukina et Nagisa, laissées pour compte, n’avaient eu d’autre choix que de visiter le parc des bêtes démoniaques par elles-mêmes.

Et bien que tout cela soit amusant, Yukina se sentait assez coupable à ce sujet, en particulier de son point de vue en tant qu’observatrice de Kojou.

« Oh, tu veux dire que… ? »

Mais Nagisa avait l’air découragée en baissant la tête. Apparemment, la réaction de Yukina n’avait pas été celle qu’elle attendait.

« Ah ? »

« Eh bien, je veux dire, il n’y a rien que nous puissions faire pour aider avec le travail. Comme Yaze l’a dit, on est encore au collège… Et de toute façon, ce n’est même pas ce que je veux dire. Je veux dire, tu sais, Asagi. »

« Et pour Aiba ? »

Les yeux de Yukina avaient clignés alors qu’elle demandait. L’expression de Nagisa était devenue grave, apparemment à dessein.

« En d’autres termes, hum, de toute façon, Yukina, que penses-tu d’Asagi ? »

« Euh… C’est une très belle personne, elle est très courageuse, et elle est gentille. »

C’était les sentiments honnêtes de Yukina. Après tout, Asagi avait sauvé la vie de Yukina deux fois. La première fois, c’était quand elles avaient été enlevées par le Front de l’Empereur de la Mort Noire. La seconde fois, c’était pendant la bataille de Yukina contre Meiga Itogami.

Dans des circonstances qui auraient laissé une personne normale paralysée par la peur, Asagi avait conçu un programme pour détruire les Nalakuvera la première fois, et piraté les pods de sécurité d’une installation pour sauver Yukina la seconde fois. Une Chamane Épéiste de l’ Organisation du Roi Lion avait été sauvée par une lycéenne sans aucun entraînement au combat. Après cela, Yukina avait témoigné à Asagi autant de respect que de prudence.

Et puis…

« Yukina, je t’aime ! »

« … Hein !? »

Yukina avait été déconcertée par l’étreinte soudaine de Nagisa, n’ayant aucune idée de ce qui se passait. Nagisa semblait très excitée, en quelque sorte, car elle serrait fortement Yukina avec ses deux bras.

« Yukina, tu es incroyable. Je savais que tu ressentirais ça. Tu as compris. Oui, Asagi est intelligente, gentille, et vraiment cool. Je le dis à tout le monde, mais ils ne comprennent pas vraiment. »

« … Ils ne comprennent pas vraiment ? »

« C’est vrai. Personne ne loue Asagi pour autre chose que son apparence. Surtout les garçons de notre classe ! Du genre : “Elle a l’air si érotique”, “Je veux qu’elle m’apprenne tel ou tel mouvement”, “On dit qu’elle sort pour de l’argent”… Argh, les garçons ! »

Nagisa semblait de plus en plus agacée à mesure qu’elle se le remémorait, presque comme si elle était en colère pour son propre compte. Yukina, hors d’elle, avait regardé Nagisa pendant un moment, mais…

« Tu aimes vraiment Aiba, n’est-ce pas ? »

Le sourire agréable accompagnant la déclaration de Yukina avait fait rougir Nagisa qui avait hoché légèrement la tête.

Pour Nagisa, qui avait été hospitalisée pendant de longues périodes depuis son arrivée sur l’île d’Itogami, Asagi était une amie précieuse, proche d’elle par l’âge, l’une des rares personnes du monde extérieur avec laquelle elle était vraiment connectée. Même sans cela, il était naturel pour Nagisa d’admirer une personne aussi intelligente et belle qu’Asagi.

« Ce serait vraiment bien d’avoir Asagi comme grande sœur, hein… Si on met de côté le fait que c’est un gâchis pour elle de se mettre en couple avec Kojou, » murmura Nagisa sur un ton qui semblait trop sérieux pour être pris pour une blague.

Yukina avait failli dire « Je suppose que oui », mais elle avait préféré ne pas dire une chose aussi grossière sur le grand frère de son amie.

« Euh… hum, c’est…, » avait bégayé la Chamane Épéiste.

« Mais c’est pareil pour toi ! »

« … Vraiment ? »

Les pensées de Yukina s’étaient figées un instant lorsque la conversation s’était soudainement dirigée vers elle.

« Eh bien, j’aime vraiment Asagi, mais ma position est neutre, donc je t’encourage aussi, Yukina ! C’est pourquoi je voulais te demander tes sentiments honnêtes et tout ça. Mais peut-être que c’est mieux de ne pas demander. Wow, maintenant je suis inquiète… »

« Euh, je pense que tu comprends mal certaines choses ici. Vois-tu, je…, » en offrant une excuse sinueuse, Yukina avait commencé à protester contre Nagisa, qui se tenait la tête avec angoisse. Elle ne pouvait pas vraiment lui dire Non, je ne fais qu’observer ton grand frère.

Mais Nagisa n’avait pas prêté attention au conflit intérieur de Yukina.

« Bien que j’hésite un peu à t’appeler grande sœur, Yukina… Tu es un peu excentrique… »

« E-Excentrique… ? »

Yukina avait été quelque peu frappée par l’évaluation étonnamment pauvre de son amie. Elle ne s’attendait pas à ce que Nagisa, parmi tous les autres, la voit de cette façon. C’était un choc pour Yukina, qui était censée être une personne toujours fiable.

***

Partie 2

J’ai vraiment besoin de réfuter ça, avait pensé Yukina, en s’empressant d’ouvrir la bouche. Mais à l’instant suivant — .

Une violente secousse, comme si elle avait été provoquée par une bombe, s’était propagée de sous leurs pieds jusqu’au-dessus de leurs têtes, faisant bruyamment trembler le flotteur.

Ayant l’impression que son pied allait se dérober sous elle, Yukina s’était instantanément agrippée à la balustrade de la passerelle.

« C’est… !? »

« Qu’est-ce que… c’était à l’instant ? »

Quand Yukina avait regardé, elle avait vu Nagisa s’accrocher à un poteau comme Yukina le faisait.

Mais c’était le seul et unique changement.

La surface du flotteur ne tremblait pas. Il n’y avait pas non plus de vagues à la surface de l’eau. Les autres visiteurs du Parc des Bêtes démoniaques avaient continué leur visite avec le sourire.

Yukina et Nagisa étaient les seules à avoir remarqué que quelque chose n’allait pas. Elles seules, toutes deux puissantes médiums spirituelles, avaient détecté l’onde de choc invisible. Il s’agissait probablement d’une poussée d’énergie démoniaque — de plus, quelqu’un libérait une telle énergie démoniaque massive pour faire trembler l’ensemble de l’Élysium Bleu.

Ce n’est pas possible, pensa Yukina alors que Kojou lui venait immédiatement à l’esprit. Si l’un des Vassaux Bestiales du Quatrième Primogéniteur se déchaînait, comme cela s’était produit plusieurs fois auparavant, cela expliquerait une telle flambée d’énergie démoniaque à grande échelle.

Cependant, Yukina avait senti que l’énergie démoniaque avait clairement des caractéristiques différentes de celle de Kojou.

En outre, elle avait le sentiment que la source de l’énergie démoniaque ne se trouvait pas dans l’Élysium bleu lui-même. Elle semblait venir d’un endroit plus éloigné — loin du flotteur, au fond de la mer.

En d’autres termes, même à une telle distance, l’énergie démoniaque semblait être à la même échelle que celle d’un Vassal Bestial du Quatrième Primogéniteur. Si c’était le cas…

Est-ce que cela fait de l’être qui dégage cette poussée d’énergie démoniaque un monstre encore plus grand que le quatrième Primogéniteur… ?

Un frisson avait parcouru l’échine de Yukina quand elle était arrivée à cette possibilité.

Puis, les pensées de Yukina avaient été ramenées à la réalité par le cri effrayant de Nagisa.

« Yukina… les bêtes démoniaques sont… ! »

Tombant dans un état de terreur, les bêtes démoniaques perdirent la tête et se déchaînèrent sous les vagues. Le monstrueux poisson makara avait percuté le côté du réservoir d’eau, créant une fissure déconcertante dans le verre renforcé. L’hippocampus, proche de la surface de l’eau, se débattit, heurtant la hanche d’un dresseur et le faisant chuter.

Mais ce n’était pas leur intention d’attaquer, ils avaient simplement peur.

Les bêtes démoniaques, encore plus sensibles à l’énergie démoniaque que les médiums spirituels comme Yukina et Nagisa, avaient senti cette puissante vague d’énergie et s’empressaient de fuir la zone.

« Arrg… » Yukina se mordit mal à l’aise la lèvre.

Même en connaissant les circonstances, elle n’avait aucun moyen de maîtriser les bêtes démoniaques pour le moment. Yukina n’avait pas le Loup des Neiges sous la main, et de toute façon, il lui était impossible de maîtriser toutes les bêtes démoniaques à l’intérieur du réservoir à elle seule. De plus, elle était réticente à tuer des bêtes démoniaques juste parce qu’elles avaient peur.

Mais à un moment ou à un autre, le réservoir d’eau se briserait et l’intérieur de l’Élysium bleu subirait sans aucun doute d’immenses dégâts. Il est probable qu’il n’y ait pas que les bêtes démoniaques dans la zone d’alimentation marine, celles des zones ouvertes à la surface devaient également être en panique. Si elles se déchaînaient à l’extérieur du Parc des Bêtes démoniaques, même les visiteurs ordinaires seraient en danger.

Que dois-je faire ? pensa Yukina, frappée par le désespoir. Alors…

« — Calmes-toi. »

La voix calme qui était sortie des lèvres de Nagisa était obsédante. Simultanément, une vague massive d’énergie démoniaque semblait refroidir le corps de Yukina jusqu’à la moelle.

Submergées par l’immense énergie démoniaque, les bêtes démoniaques enragées se turent d’un seul coup. Prisonniers de la peur, plonger leur cœur dans le désespoir les rendait au contraire tranquilles.

La lumière qui remplissait les yeux de Nagisa était aussi calme et sans émotion qu’une plaque de glace. L’aura surnaturelle qui l’accompagnait était bien supérieure à celle d’un humain ordinaire. Quelqu’un doté d’une puissante énergie démoniaque possédait Nagisa. Quelqu’un dont la puissance rivalisait avec celle d’un Vassal Bestial du Quatrième Primogéniteur — .

« Vous êtes… ? »

Yukina avait désespérément maîtrisé son sentiment de crainte, fixant Nagisa pendant qu’elle posait la question. Cependant, juste sous les yeux de Yukina, toute la force du corps de Nagisa s’était évanouie, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils.

 

 

La possession avait soudainement été levée, apparemment par crainte de mettre trop de pression sur le corps de Nagisa.

« Quoi… !? »

Ayant perdu l’équilibre, Nagisa risquait de tomber, mais Yukina l’avait rattrapée au dernier moment. Nagisa secoua la tête, apparemment inconsciente de ce qui venait de lui arriver.

« Aie, aie, aie… Euh ? Le mignon hippocampus et tous les autres… ? »

« Ils ont… ? »

Yukina s’était tue, ne sachant pas trop ce qu’elle devait dire à Nagisa. À sa place, elles avaient toutes deux entendu une voix discrète venant de derrière, une voix qu’elles n’avaient pas reconnue. C’était une voix raffinée, mais qui semblait distante, froide, abrupte.

« Il semblerait qu’ils se soient déjà calmés. »

Yukina, qui n’avait pas senti de présence avant d’entendre la voix, avait regardé en arrière avec surprise.

La voix venait d’une jeune femme. Elle était assise seule sur un banc au bord de la passerelle.

La jeune fille était jolie, et ses longs cheveux noirs, portés à l’ancienne, lui allaient bien. Son uniforme avait un fond noir, il provenait d’une école privée réputée de la ville d’Itogami. Elle tenait un appareil photo reflex à objectif unique sur ses genoux soignés. Un cylindre noir, probablement un étui pour transporter un trépied, était appuyé contre le mur.

« — Ai-je tort ? »

Devant la surprise de Yukina, la jeune fille aux cheveux noirs inclina la tête. Même si elle avait sûrement vu les bêtes démoniaques en panique de près, elle semblait extrêmement détendue — au point que son calme n’était pas naturel.

« Non… vous avez raison. »

Yukina acquiesça, toujours désemparée. Bien qu’il ne soit pas facile de lire la fille devant ses yeux, elle ne sentait aucune intention hostile. Elle semblait simplement observer Yukina et Nagisa. Presque comme si elle observait un petit animal rare qui s’était égaré dans son jardin…

Apparemment amusée par la perplexité de Yukina, la jeune fille avait demandé : « C’était effrayant tout à l’heure, n’est-ce pas ? »

Yukina avait continué à tenir Nagisa en hochant vaguement la tête. « Euh, et vous êtes ? »

« Une photo. »

« … Hein ? »

« Puis-je… vous prendre en photo ? »

La fille aux cheveux noirs avait doucement tourné l’objectif de son appareil photo vers Yukina et Nagisa. Nerveuse face à la demande soudaine de la fille, Yukina avait mis une main sur ses yeux, presque comme une célébrité écartant les paparazzi.

« Non… ah, pour le moment c’est… un moment privé, vous voyez… »

« Est-ce ainsi ? C’est dommage. »

En entendant l’excuse ambiguë de Yukina, la fille aux cheveux noirs avait visiblement légèrement expiré. Elle s’était levée, ramassant le trépied au passage. Les coins de ses lèvres s’étaient relevés, comme pour dire Adieu.

« Nous nous retrouverons. Probablement, en tout cas. Si possible, je serais heureuse que ce soit amicalement ? »

Laissant ces derniers mots derrière elle, la fille aux cheveux noirs leur avait tourné le dos. Yukina s’était mordu la lèvre en entendant les mots de la fille, qui semblaient impliquer quelque chose.

Toujours soutenue par Yukina, Nagisa avait exprimé ses sentiments d’admiration. « Cette personne… elle est si jolie. Et plus vieille que nous, hein… ? »

Un sourire spontané et tendu se dessina sur Yukina devant l’attitude insouciante de son amie. Mais les mots suivants de Nagisa avaient coupé le souffle de Yukina, car elle-même avait inconsciemment réalisé la même chose…

« Elle est un peu… comme toi, Yukina. »

+++

Au coin d’une piscine géante, sous les rayons d’un soleil brûlant…

Un sourire radieux se dessinait sur Asagi Aiba, debout à la caisse d’un petit chariot de nourriture. Elle portait un T-shirt blanc qui ne se distinguait que par le logo boiteux qu’il portait. C’était un T-shirt du personnel de la franchise Radaman Pavillionz.

« Trois yakisoba et deux thés oolong, un cola et un soda au melon. Ça fait deux mille deux cent cinquante yens ! Kojou ! »

« D’accord, les trois yakisoba arrivent ! »

Avec un rythme pratiqué, Kojou avait accepté l’ordre d’Asagi. Kojou ne portait pas seulement le même T-shirt qu’elle, mais aussi une casquette de franchise. Il se tenait devant une grille grésillante.

« Dahh ! La plaque est si chaude… Je vais mourir ! Brûler jusqu’à être croustillant ! Me transformer en cendres ! »

Kojou n’avait cessé de se plaindre en vidant la graisse de la plaque de cuisson. La vapeur dégagée par la cuisson du porc avec os et des légumes avait fait grimper l’indice d’inconfort de l’étal.

D’abord, ils étaient venus dans une station pour s’amuser, alors pourquoi devait-il vendre des yakisoba depuis un chariot de nourriture au bord de la piscine ? Il était tout à fait naturel pour lui de vouloir évacuer ses frustrations.

« Ce n’était pas l’accord. N’était-ce pas censé être une station balnéaire amusante sur la plage !? »

« Oh, tais-toi. Tu n’es pas le seul à avoir chaud ici, alors ferme-la. »

Asagi s’était emportée contre Kojou, grognant à voix haute alors même qu’il emballait les yakisoba terminés dans un récipient. Comme pour souligner ses paroles, Asagi était également couverte de sueur. L’espace laissé par ses cheveux relevés pour faire face à la chaleur exposait son cou pâle, complètement trempé de sueur.

« Oui, mais il fait vraiment chaud, hein… Kojou, assure-toi de boire plus d’eau. Tu vas t’effondrer si tu es déshydraté. »

« D-D’accord… »

Kojou avait dégluti en acceptant la boisson dans une bouteille en plastique qu’Asagi lui avait offerte.

Il ne savait pas si elle s’en rendait compte, mais le T-shirt, trempé de sueur, lui collait fortement à la peau, rendant la silhouette d’Asagi assez visible. Pour une raison ou une autre, cela le tiraillait plus que si elle se baladait en maillot de bain. En outre, ses cuisses pâles qui dépassaient de l’ourlet de son T-shirt étaient difficiles à ignorer. Il en était d’autant plus conscient que l’exiguïté du chariot les plaçait dans une position très rapprochée par nécessité.

« Kojou… qu’est-ce qui ne va pas ? »

Asagi avait remarqué le comportement inhabituel de Kojou et avait rapproché son visage de façon suspecte. Il avait hâtivement détourné son regard.

« Ah, non, je pensais juste que ce look te va très bien. »

« Par ce look, veux-tu dire le T-shirt ? »

Asagi baissa les yeux sur sa chemise et expira profondément. Du point de vue d’une personne aussi soucieuse de la mode qu’Asagi, elle avait à de multiples niveaux sans doute des objections quant à ce logo stupide.

« Je n’ai pas l’impression que ce soit un compliment. Merci, cependant. »

Ce n’est pas l’aspect du T-shirt qui convenait à Kojou, mais le fait de la voir travailler au stand de nourriture. Les apparences mises à part, Asagi était une fille sérieuse au fond, quelqu’un qui travaillait dur dans tout ce qu’elle faisait. Bien qu’elle ait été embauchée comme débutante, elle s’était appuyée sur sa vivacité d’esprit et son excellente mémoire pour gérer facilement les clients, même ceux qui venaient en masse à l’heure du déjeuner. De plus, le fait que Kojou la connaissait depuis longtemps rendait le travail ensemble très facile.

***

Partie 3

Grâce à tout cela, Kojou et Asagi, des amateurs de rang, avaient si bien géré le stand de nourriture qu’ils ressemblaient à des vétérans chevronnés pour un œil non averti. Et comme pour souligner l’auto-évaluation de Kojou, la femme connue sous le nom de chef était de bonne humeur quand elle les avait appelés :

« Bon travail. Vous deux avez été incroyables. Pour être honnête, je ne pensais pas que vous seriez aussi utiles. Je dois vraiment remercier Moki pour ça. »

« Errr, Moki ? »

Kojou et Asagi étaient sur le point d’éclater de rire devant ce surnom mignon, qui ne convenait pas du tout à Yaze. D’une certaine manière, la chef était amie avec Yaze comme s’il était un frère pour elle, mais l’entendre l’appeler si facilement Moki lui donnait l’impression de l’aimer beaucoup. Nous devons suivre cette affaire, Asagi avait transmis à Kojou avec un regard significatif, Kojou avait acquiescé par un contact visuel et un hochement de tête.

La chef, ne connaissant pas les pensées de Kojou et d’Asagi, avait souri affectueusement.

« Vous n’êtes pas habitué à cela, vous devez donc être fatigué. Vous pouvez faire une pause, un à la fois. »

« Oui, merci beaucoup. Kojou, tu peux y aller en premier. »

« Désolé. C’est d’une grande aide. »

Kojou avait essuyé la sueur de son front en expirant avec soulagement. Sans surprise, il était à la limite de son endurance à force de rester debout derrière la grille stupidement chaude.

« Oh, oui. Je retourne au bureau, alors pourriez-vous faire une livraison pour moi ? Apportez-le à la station de surveillance. »

« Bien sûr. »

Kojou avait accepté sans hésiter la demande de la chef, déjà d’humeur joyeuse depuis qu’il avait pu souffler un peu. Elle lui tendit un plateau avec une douzaine de grandes boissons. C’était assez lourd à porter pour une seule personne.

« La salle de contrôle… Hein, là ? Le centre des sauveteurs… Attends, c’est vraiment loin ! »

Depuis le stand de Radaman, il pouvait voir le bâtiment où il devait livrer juste de l’autre côté des bassins. Il était bien éloigné, près d’un kilomètre à pied. Il semblait être à la fois une station de surveillance, une clinique et un centre d’objets perdus.

« Merde… Elle m’a piégé. La chef a dit qu’elle me donnait une pause, mais elle la voulait pour elle-même… ! »

En lâchant ces mots comme s’il s’agissait d’une malédiction, Kojou grommela et se dirigea vers le centre des sauveteurs. Maintenant qu’il y pense, Asagi pourrait l’avoir laissé partir en pause en premier parce qu’elle avait flairé les intentions de la chef.

Même s’il s’agissait d’une ouverture à titre d’essai, la zone de la piscine était toujours bondée. Contrairement à Kojou, qui marchait sur du béton grésillant, les personnes excitées dans l’eau semblaient très à l’aise.

Une bonne dose de jalousie et d’envie faisait peser davantage le lourd plateau dans ses bras. Se frayant un chemin à travers le labyrinthe de piscines, Kojou avait été mort de fatigue lorsqu’il arriva enfin à sa destination.

« Yo… centre de sauvetage ! Je suis venu avec vos boissons ! »

Kojou avait appelé le centre de sauvetage avec la voix forte et sans retenue qu’il avait affinée lors de compétitions sportives.

« Ohh, juste là. J’attendais ça. »

Un maître-nageur, la peau brûlée par le soleil, sortit la tête du poste de surveillance. Physiquement, il était en superbe état. Sa poitrine musclée faisait gonfler son T-shirt au point de le déchirer.

« … Hm ? »

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Le corps de Kojou était devenu rigide après avoir été minutieusement examiné. Monsieur le sauveteur était resté silencieux pendant qu’il faisait le tour du flanc de Kojou.

« Quel est ton nom ? »

« Kojou ! Kojou Akatsuki. »

« Hmm… ton corps est étonnamment beau. Voudrais-tu devenir un maître-nageur ? Je peux te présenter des entraîneurs qualifiés ici même. Il y a un studio d’entraînement entièrement équipé, juste pour le personnel. »

Pendant qu’il parlait, l’homme frotta doucement le dos de Kojou comme s’il évaluait l’état des muscles de Kojou.

« N-Non, je vais passer mon tour. Je travaille déjà à temps partiel et tout. »

« C’est ainsi. Appelle-moi si tu changes d’avis. Sauver des vies, c’est du bon travail ! »

Le Sauveteur se tapota la hanche et rit à gorge déployée. Le visage souriant de Kojou avait tressailli tandis qu’il baissait la tête et quittait le poste de surveillance pour s’échapper. S’il laissait le gars continuer, il finirait par soulever des poids avec lui en peu de temps. Ce n’était pas qu’il avait un problème avec l’exercice, mais il n’y avait aucune chance qu’il soit intéressé à faire de la musculation avec un bodybuilder autoritaire par une journée ridiculement chaude.

« … Bon sang… Tout ce soi-disant temps de pause va être utilisé… »

Kojou avait faiblement soupiré en regardant l’horloge sur le mur du centre de sauvetage.

Pour une raison inconnue, la vue d’une petite fille entrant dans son champ de vision à ce moment-là avait attiré son attention.

La jeune fille portait une parka à capuche en nylon sur un maillot de bain bleu à deux pièces. Elle devait avoir onze ou douze ans. Elle avait tiré sur la capuche volumineuse de sa parka en s’asseyant seule au poste des objets trouvés.

Réalisant que Kojou avait posé les yeux sur elle, la fille avait soudainement détourné la tête. Les cheveux voyants qu’elle portait jusqu’aux épaules se balançaient doucement.

Puis, la jeune fille s’était levée, s’était dirigée vers le comptoir et avait dit : « Merci beaucoup. J’ai trouvé la personne avec qui je suis, alors je vais bien maintenant. Vous m’avez été d’une grande aide. »

Puis elle avait formellement incliné la tête devant l’employé.

Pour une fille qui est perdue, elle se comporte très bien, avait pensé Kojou avec une touche d’admiration. Il semblerait qu’il n’avait pas besoin de s’inquiéter à ce sujet. Avec ce jugement à l’esprit, Kojou était retourné à l’étalage une fois de plus.

+

« — Tu es en retard ! »

Ce qui attendait Kojou à son retour au chariot de nourriture était un regard plein de ressentiment de la part d’Asagi. Apparemment, elle avait géré le chariot à peu près toute seule pendant que Kojou était parti faire la livraison. Et juste à ce moment-là, un groupe de clients avait rempli l’endroit, rendant la zone autour de la cuisine aussi désespérée que les conséquences d’un typhon. Asagi était complètement furieuse d’être si occupée.

« Eh bien, désolé ! La destination de la livraison était lointaine, je n’ai pas pu faire autrement ! »

« Hmmm… »

Asagi avait fixé son regard sur quelque chose pendant que Kojou se défendait. Pour une raison inconnue, son expression était celle d’un mépris ouvert.

« Alors, qu’est-ce qui se passe avec cette fille ? Tu ne vas pas me dire que tu as flirté avec elle, n’est-ce pas ? »

« … Flirter ? »

De quoi parles-tu ? pensa Kojou, perplexe, en regardant par-dessus son épaule, suivant le regard d’Asagi. Il y avait là une élève de l’école primaire qu’il avait instantanément reconnue : la fille portant la veste à capuche en nylon. Ses cheveux étaient aussi colorés que la fourrure d’un chat, combinés à ses grands yeux, elle donnait vraiment l’impression d’un chaton capricieux.

La fille se tenait immobile derrière Kojou, fixant son dos sans un mot.

« Euh ? N’es-tu pas la fille perdue près du centre de sauvetage… ? »

Lorsque Kojou s’était adressé à elle avec surprise, la jeune fille avait docilement hoché la tête. Ses grands yeux semblaient remplis d’émotions contradictoires : un mélange de méfiance et d’espoir.

« Eguchi. Yume Eguchi. »

La fille s’était nommée d’une voix raide. Kojou était un peu perplexe devant sa réaction.

« … Yume ? » demande-t-il.

« Oui. Vous pensez peut-être que c’est un nom étrange, enfantin… Je vous prie de m’excuser. »

« Ah bon ? Je pense que c’est un joli nom, ordinaire. Et c’est mignon, non ? »

Kojou avait dit ce qu’il pensait vraiment. D’abord, il avait rencontré des gens avec des noms bien plus étranges, alors un de plus n’était pas un problème, et si on devait parler de noms, « Kojou » était assez étrange.

Cependant, la réponse de Kojou avait apparemment frappé la fille comme étant quelque chose d’un peu inattendu. Ses grands yeux avaient cligné deux fois, et après cela, ses joues avaient rougi alors qu’elle baissait son visage.

« C’est — c’est ainsi. Même si ce n’est que de la flatterie, je suis heureuse. »

« Qu’est-ce que tu fais, tu baratines une petite fille comme ça !? »

L’instant suivant, Asagi avait frappé Kojou à l’arrière de la tête. Je n’ai rien fait, pensa Kojou avec des yeux larmoyants, en fixant Asagi sur l’absurdité de tout cela.

« Mais de toute façon, Yume ? Tu es dans cette échoppe à la recherche de quelqu’un ? »

« Ne vous inquiétez pas, vous êtes celui que je cherchais. Vous êtes Kojou Akatsuki, oui ? »

En disant ces mots, Yume avait levé les yeux vers Kojou et l’avait fixé. La fille tenait dans ses mains une photo qui avait été déchirée.

« Comment connais-tu mon nom ? C’est la première fois que nous nous rencontrons, non ? »

« Votre petite amie m’a parlé de vous, Monsieur Kojou, et m’a dit que je pouvais compter sur vous si jamais j’avais des problèmes. »

« Petite amie… !? » Asagi avait crié. Son regard incroyablement furieux avait fait que Kojou s’était empressé de secouer la tête.

« Non, je ne sais rien de tout ça ! Je n’ai pas la moindre idée de qui elle veut dire ! »

« Euh, ça ne me regarde peut-être pas, mais je pense que tromper est mal. Le double jeu est simplement… »

Yume, qui observait l’échange entre Kojou et Asagi, avait prononcé son admonestation d’une manière très chaste, digne d’une petite fille. Kojou avait gémi, se serrant la tête.

« Je ne le suis pas ! Qui t’a soufflé ces conneries à l’oreille ? » avait-il rétorqué.

« … Une très jolie fille âgée, grande. Elle a de gros seins, et elle portait ses cheveux comme ça. »

« … Une fille avec des seins énormes et une queue de cheval… Ce n’est pas possible… »

« Kirasaka ? »

En écoutant l’explication de Yume, les yeux de Kojou et d’Asagi s’étaient rencontrés.

D’une manière ou d’une autre, elle a eu l’idée bizarre que je suis le petit ami de cette femme qui déteste les hommes, avait pensé Kojou, en tordant le cou alors qu’il était perplexe sur cette notion étrange. En revanche, Asagi avait juste dit, « Je vois », croyant que c’était parfaitement logique.

Kojou, reprenant ses esprits, demanda. « Attends, si tu as rencontré Kirasaka, elle est aussi ici sur l’Ély Bleu ? Quel est ton lien avec elle ? »

L’expression de Yume s’était assombrie alors qu’elle répondit de façon hésitante, « Cette personne… est venue me sauver alors que j’étais enfermée. »

« Enfermée… ? »

Le regard de Kojou était devenu grave aux mots sombres sortant de la bouche de Yume. Enlèvement, séquestration, ou même trafic d’êtres humains — toutes sortes d’implications désagréables que Kojou n’avait pas spécialement envie d’imaginer s’élevaient dans le fond de son esprit l’une après l’autre. À l’exception du groupe de Kojou, toutes les personnes invitées à l’ouverture progressive de l’Élysium Bleu étaient des invités spéciaux — en d’autres termes, de riches VIP de la haute société ou des membres de leur famille. Il ne serait pas étrange que l’un d’entre eux soit la cible d’un enlèvement.

D’ailleurs, si Yume avait été impliquée dans un enlèvement, cela expliquerait pourquoi Sayaka l’avait secourue. Elle était une danseuse de guerre chamanique de l’Organisation du Roi Lion, chargée de contrer les crimes de sorciers. Il était tout à fait possible qu’ils enquêtent sur l’organisation qui avait séquestré Yume.

« Alors, où est Kirasaka en ce moment ? »

« Je ne sais pas… »

La voix frêle de Yume avait frémi à la question impromptue de Kojou. Alors que Kojou la regardait, les yeux de Yume étaient devenus larmoyants et elle avait éclaté en un déluge de larmes. Les tentatives désespérées de Yume pour retenir ses émotions s’étaient effondrées à cause d’une remarque imprudente de Kojou, et tout s’était déversé en même temps.

« Nous étions en train de nous enfuir, et les personnes qui nous poursuivaient nous ont trouvés. Elle a dit, “Yume, continue. Je te rejoindrai bientôt.” Mais peu importe combien de temps j’ai attendu, elle n’est jamais venue, et puis — . »

Yume avait parlé d’une voix faible et hésitante, en sanglotant plusieurs fois. Quand Kojou avait vu Yume commencer à pleurer, sa nervosité avait fait que tout dans sa tête soit vide.

« Ah, a-attends… ne pleure pas ! Euh, ne pleure pas, Yume ! Bon, des yakisoba, tiens, prends des yakisoba ! Il y a aussi du jus de fruits ! »

« … Sérieusement, qu’est-ce que tu crois faire ? »

Asagi s’était doucement touchée la joue en regardant Kojou qui consolait désespérément Yume.

Il semblerait qu’une fois de plus, ils aient été impliqués dans une sorte d’incident gênant.

***

Partie 4

Le service de Kojou et Asagi s’était terminé à 17 heures. La chef était quelque peu déçue de les voir partir, mais elle avait dit qu’ils serviraient des boissons alcoolisées à partir de cette heure, et qu’ils ne pouvaient pas faire travailler les mineurs plus tard.

Kojou, mort de fatigue après avoir préparé tous ces yakisoba, traîna son corps en quittant le bureau de Pavillon Radaman. Il portait sur son dos une Yume qui dormait profondément. La rencontre avec Kojou et Asagi avait semblé couper toute sa tension comme si c’était une corde fragile, Yume avait pleuré jusqu’à s’endormir.

Asagi grimaça en tapotant sur son smartphone adoré. « … Pas bon. Le nom de Yume Eguchi ne figure pas dans les registres de résidence de l’île d’Itogami. »

Asagi avait apparemment infiltré les serveurs de la Corporation de Management du Gigaflotteur et accédé à des données personnelles. Elle avait sans doute pensé qu’elle pourrait clarifier l’identité de Yume, leur permettant de contacter ses tuteurs, mais — .

« J’ai vérifié l’enregistrement de démon juste pour voir, mais aucune correspondance. Je ne trouve pas non plus d’anciens enregistrements d’elle. »

« … Ce qui signifie que Yume ne vit pas dans la cité d’Itogami ? »

« Probablement pas. Je doute qu’elle utilise un alias, après tout. »

« Oui, ça se voit. »

Kojou était d’accord avec l’hypothèse d’Asagi. La réaction de Yume à l’éloge de son nom par Kojou semblait extrêmement naturelle, ni l’un ni l’autre ne pensait que c’était un acte. D’ailleurs, ils ne voyaient aucune raison pour qu’elle utilise un faux nom avec deux personnes qu’elle rencontrait pour la première fois.

« L’Ély Bleu est un piège à touristes… donc il ne serait pas étrange qu’elle vienne en avion depuis le continent. »

« On dirait bien. Alors qu’est-ce que tu vas faire ? Vas-tu essayer de l’amener à la police ? » Asagi demanda en regardant le visage endormi de Yume.

Si ce que Yume avait dit était vrai, elle avait été victime d’un enlèvement. Il était possible que les parents de Yume aient déjà demandé à la police de la rechercher. Le bon sens dictait que la remettre à la police était plus sûr, mais…

« Non, je veux qu’Himeragi la rencontre avant d’aller voir les flics. »

« … Himeragi ? »

« Peut-être que je réfléchis trop, mais le fait que Sayaka sauve cette fille me dérange un peu. Peut-être que les gars qui ont kidnappé Yume sont hors de portée des flics normaux. »

Cependant, cela rendrait les choses beaucoup plus compliquées, pensa Kojou avec un soupir.

Si l’Organisation du Roi Lion était impliquée, il y avait de fortes chances que les ravisseurs soient des criminels démoniaques ou sorciers. S’ils venaient faire un raid pour reprendre Yume, les policiers ordinaires ne seraient guère plus que des ralentisseurs.

Si c’était le cas, elle était plus en sécurité entre les mains du groupe de Kojou. En dépit de Kojou, Yukina était une Chamane Épéiste de l’ Organisation du Roi Lion — une experte en combat anti-démon. Il ne fait aucun doute que Sayaka avait remis Yume à Kojou pour qu’il la mette sous la protection de Yukina.

« Hmmm. C’est vrai… Elle est dans le même groupe que cette fille Kirasaka, l’Organisation du Roi Lion ? »

La question d’Asagi semblait avoir un sous-entendu d’insatisfaction.

Ce n’est que très récemment qu’Asagi avait appris que Kojou était devenu un vampire et que Yukina était son Observatrice. Bien qu’il s’agissait d’une réaction tout à fait naturelle, Asagi semblait avoir encore de la rancune d’avoir été la seule à ne pas être informée du secret pendant tout ce temps.

Eh bien, je comprends ce qu’elle ressent… pensa Kojou, en haussant les épaules avec Yume toujours sur son dos.

« Elle semble être dans une autre section que Himeragi, mais, hmm, nous devrions au moins lui demander ce qu’il en est, non ? »

Bien qu’elles fassent partie de la même organisation, la Chamane Épéiste Yukina et la Danseuse de guerre chamanique Sayaka semblaient avoir des chaînes de commandement complètement distinctes. Il y avait beaucoup de choses que chacune ne connaissait pas concernant les missions de l’autre.

Kojou s’était demandé si la raison pour laquelle Sayaka appelait Kojou au téléphone de temps en temps pour lui demander comment allait Yukina était parce qu’elle n’avait pas la permission de contacter Yukina directement. Mais cela faisait que demander à Kojou, la cible de la surveillance de Yukina, semblait incorrect d’une certaine façon.

« Alors quel genre d’organisation est l’Organisation du Roi Lion ? »

« Euh, on m’a dit que c’était une agence fédérale établie par la, euh… la Commission Nationale de Sécurité Publique. Sa principale mission est d’arrêter les catastrophes de sorcellerie à grande échelle et le terrorisme, du moins c’est ce que j’ai entendu. »

Kojou exprimait les connaissances dont il se souvenait après avoir interrogé Yukina il y a quelque temps. Apparemment, une lignée directe pouvait être tracée à partir des guerriers Takiguchi Musha protégeant le trône impérial contre le surnaturel à l’époque Heian. Ainsi, ceux chargés de combattre directement les démons étaient devenus des Chamane Épéistes, ceux affectés à la répression des rébellions et à la protection des VIP sont devenus des Danseurs de guerre chamaniques.

En gros, les Chamane Épéistes chassaient les démons et les Danseurs de guerre chamaniques combattaient le terrorisme. Yukina, une Chamane Épéiste, surveillait Kojou parce qu’il était en quelque sorte considéré comme un monstre lui-même.

« Hmmm… Alors, quelle est la taille de l’organisation ? Combien de personnes travaillent pour elle ? Combien sont-elles payées ? Les avantages sociaux ? »

« Je n’ai pas demandé tout ça. D’ailleurs, c’est toi qui es spécialisée dans la vérification des choses, non ? »

« J’ai enquêté, mais je n’ai rien trouvé. C’est comme une légende urbaine. Il y a tellement de désinformation que je ne peux rien obtenir de solide. De plus, beaucoup d’organisations de ce genre ont des réseaux fermés coupés du Net, donc je n’ai pas de ligne directe. » Asagi avait fait une moue enfantine. Même un hacker de génie comme elle ne pouvait pas trouver d’informations si elles n’étaient pas sur le Net.

« Eh bien, si ça te dérange, pourquoi ne pas demander toi-même à Himeragi ? Cependant, je ne suis pas sûr de ce qu’elle sait vraiment. »

Puis il avait ajouté dans un murmure bas, « Elle est une sorte d’apprentie et tout ça. »

Ce n’était pas se vanter que de dire que Yukina était de premier ordre en matière de capacité de combat, mais il n’y avait pas de quoi cacher le fait que ses connaissances n’étaient pas très complètes. Elle semblait mal informée de la structure interne et de la politique de son organisation.

« … Plus important encore, pourquoi n’en sais-tu pas au moins autant ? Cette fille te suit depuis plus de trois mois, non ? », se moqua la cyberpirate.

« Je n’ai pas pu m’en empêcher, je n’étais pas intéressé. Quoi, ne pas savoir est-il un problème ? »

« Je dirais que ne pas savoir est dangereux »

« … Dangereux ? »

Kojou était déconcerté et perdu, mais le regard qu’Asagi lui avait lancé était anormalement sérieux.

Tu sais, quand elle ressemble à ça, elle est plutôt belle, pensa Kojou, le sentiment étant assez déplacé. Asagi avait semblé lire dans l’esprit de Kojou, soupirant bruyamment avec un air exaspéré.

« Une agence gouvernementale signifie qu’il s’agit au final d’un seul département. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de guerres de territoire avec d’autres agences lorsque leurs intérêts ne sont pas alignés. Cela ne veut pas dire non plus qu’il n’y a pas de conflits internes. »

« Yukina et Sayaka s’entendent pourtant très bien. Elles sont un peu comme des sœurs. »

« Même si deux personnes s’entendent comme ça, cela ne veut pas dire que les organisations le font. Tu n’as aucune idée de l’état des relations entre l’Organisation du Roi Lion et la police ou d’autres organisations, n’est-ce pas ? »

« … Attends, dis-tu que c’est lié à l’enlèvement de Yume ? »

Kojou avait posé la question à voix basse pour ne pas réveiller Yume de son sommeil. Il avait finalement une vague idée de ce qui préoccupait Asagi.

« Je ne sais pas si c’est lié, je pense juste que tu ne devrais pas leur faire une confiance inconditionnelle. Je veux dire, l’Organisation du Roi Lion en tant qu’organisation, indépendamment de ce que tu penses penser personnellement de Yukina et Sayaka. »

« Ce n’est pas que je leur fasse vraiment confiance ou quoi que ce soit… »

Après tout, Kojou était quelqu’un que l’Organisation du Roi Lion surveillait de près. D’ailleurs, c’était une menace permanente quant au fait de se poignarder avec une lance sacrée et de se tuer purement et simplement.

« Mais je comprends ce que tu essaies de dire. Ça ne veut pas dire que ce que fait la bande de Sayaka est une vraie justice. Yume n’est pas non plus nécessairement une petite fille ordinaire. »

« Eh bien, oui. »

Asagi avait souri sarcastiquement, semblant rougir du fait qu’elle n’était pas du genre à avoir une discussion sérieuse comme celle-là.

« La justice et la méchanceté peuvent facilement échanger leurs places selon l’endroit où l’on se trouve. Qu’il s’agisse de personnes ou d’organisations, il y a toujours un revers à leur médaille. »

« Ouais, ça se pourrait, » dit Kojou avec un vague hochement de tête d’affirmation.

Yume leur avait dit qu’elle avait été enfermée et que Sayaka lui avait permis de s’échapper. Donc, Kojou avait fait confiance à Yume. Kojou avait supposé tout seul que Sayaka était entrée en combat avec une organisation criminelle pour sauver Yume.

Mais il avait eu tort. Il ne pouvait pas décider que c’était le cas. Après tout, l’Organisation du Roi Lion n’était pas une organisation de superhéros sauvant les gens sans condition. Les chances que Yume soit une criminelle capturée, et que Sayaka l’ait sciemment fait sortir de prison, n’étaient pas nulles.

Si c’était le cas, ça faisait de Kojou et les autres des co-conspirateurs criminels pour avoir hébergé Yume.

« Cela dit… Tout d’abord, penses-tu vraiment qu’elle puisse être une mauvaise personne ? »

Kojou avait parlé d’une voix désinvolte en désignant le visage endormi et sans défense de Yume.

« Euh. » Asagi avait hésité, semblant reprendre ses esprits en émettant ce son discret. « … Elle n’en a vraiment pas l’air, n’est-ce pas ? Même si elle était mauvaise jusqu’à l’os, abandonner la fille est un peu… »

« C’est sacrément vrai. Bref, retournons au chalet. On réfléchira à ce qu’on va faire plus tard. Yaze a dit qu’il y avait des lits en trop, non ? »

Puis Kojou avait ajouté : « Ça ne sert à rien de s’inquiéter de choses que nous ne pouvons pas savoir, » suggérant qu’ils remettent les choses pour après. Pas d’objection ici, le signe silencieux et désinvolte de la main d’Asagi semblait dire ça.

Kojou et les deux filles se dirigeaient vers l’arrêt de bus central de la zone de la piscine. On lui avait dit que les bus sans conducteur faisaient une boucle à l’intérieur de l’Élysium Bleu, et qu’en les empruntant, ils pourraient retourner gratuitement au chalet.

Cependant, juste avant qu’ils ne traversent une intersection, Asagi avait remarqué quelque chose et s’était arrêtée dans son élan en disant : « Attends. Kojou, as-tu de l’argent sur toi en ce moment ? »

« Eh bien, j’ai mon portefeuille sur moi… Pourquoi ? »

« Nous ferions mieux d’acheter à Yume des vêtements de rechange avant de retourner au chalet. On ne peut pas la laisser se balader en maillot de bain pour toujours, n’est-ce pas ? Il faut lui acheter quelque chose à porter. »

« Ahh, tu as raison… »

Elle est vive, pense Kojou avec admiration, en sortant son portefeuille de la poche de son maillot de bain.

« Attends, tu veux dire que c’est moi qui paie !? Tu as aussi ton portefeuille, n’est-ce pas !? »

« C’est toi qui l’as ramassée. Demande à Kirasaka de te rembourser plus tard. Demande-lui de le facturer comme une dépense. Hmm, c’est vrai, il y avait une boutique un peu trop belle par ici… »

« … C’est peut-être mon imagination, mais j’ai l’impression que tu vas acheter quelque chose de très cher… »

« C’est une marque haut de gamme qui vient de débarquer sur les côtes japonaises pour la première fois. On dit qu’elle approvisionne même la famille royale d’Aldegia. »

« Wôw !? »

Sans broncher, Asagi avait arraché le portefeuille de Kojou de ses mains et s’était dirigée directement vers le magasin de grande marque. Comme elle avait clairement l’intention de dépenser beaucoup plus que nécessaire, Kojou avait pâli et l’avait suivie en vitesse.

***

Partie 5

Asagi, de retour au chalet avec la grande quantité de vêtements qu’elle avait achetés, avait immédiatement commencé à trier les marchandises. Yume ne s’était pas encore réveillée, elle dormait sur un lit dans la chambre des filles.

N’ayant rien à faire, Kojou était entré dans le bain. Alors qu’il utilisait le savon pour se laver soigneusement le corps, empestant l’air salé et la yakisobasauce, il entendit un chahut proche de l’entrée. Apparemment, Yukina et Nagisa, occupées à d’autres choses, étaient retournées au cottage.

Ce qui lui paraissait étrange, c’était le silence de Nagisa. Connue pour le volume de ses paroles, elle ne disait presque rien. Au lieu de cela, il avait entendu la voix de Yukina, qui parlait avec un ton d’inquiétude.

« … Vas-tu bien, Nagisa ? La couleur de tes lèvres est plutôt… »

« Oui, je vais bien, je vais bien. Je vais rebondir dès que je me serai un peu reposée. »

Il avait l’impression que Nagisa était appuyée sur l’épaule de Yukina, souriant faiblement. Sa voix semblait frêle et tremblante, presque comme un murmure qui menaçait de s’évanouir à tout moment.

« … Nagisa !? »

Kojou était sorti de la baignoire en vitesse, ne prenant pas le temps de se sécher les cheveux. Les yeux de Yukina s’étaient agrandis quand elle avait remarqué que Kojou était toujours torse nu. Kojou était sous le choc lorsque Nagisa lui avait fait un signe de la main.

« Ah, Kojou. Tu es rentré le premier. Le travail t’a-t-il épuisé ? »

« Ce n’est pas le moment pour des salutations désinvoltes ! »

Kojou était complètement hors de lui, et sa voix était devenue stridente. Nagisa était toujours aussi vive, mais ce n’était absolument pas parce qu’elle était dotée d’une grande endurance. Elle avait fait des allers-retours réguliers à l’hôpital jusqu’à l’année dernière, et elle s’était effondrée d’anémie seulement deux semaines auparavant.

« Himeragi, dis-moi. Nagisa s’est-elle encore effondrée ? »

« Non, c’est… euh… »

Lorsqu’il avait insisté sur ce point auprès de Yukina, elle avait semblé hésiter et avait détourné les yeux.

« Tee -hee, » Nagisa gloussa, souriant comme un enfant méchant, même si Yukina la maintenait sur ses pieds.

« Er, eh bien, elle a fait les montagnes russes dans la zone du parc d’attractions trois fois de suite et cela a fini… comme ça. »

« ... ... ... Les montagnes russes ? »

« Oui, c’est cette montagne russe “Hades” qui plonge dans l’eau qui fait la renommée de l’Ély Bleu. Elle monte jusqu’à 97 mètres et se jette dans l’eau à 170 km/h. Ça donne un sacré coup. »

« Les gens normaux seraient renversés ! Pourquoi es-tu monté dans ce truc trois fois de suite !? »

Le récit impénitent de Nagisa avait fait hurler Kojou, qui l’avait regardée avec un air choqué. Nagisa avait gonflé ses joues en se faisant gronder.

« Je veux dire, on a pu y aller gratuitement, alors je me suis dit que ce serait dommage de ne pas le faire plusieurs fois. Avec Asagi et toi qui partez, même si nous allions à la piscine, nous n’aurions personne à qui montrer nos maillots de bain, et c’est ennuyeux. Je suis sûre que Yukina pensait la même chose au fond d’elle-même. »

« Hein… !? »

Yukina, prise complètement par surprise, s’était immédiatement figée sur place, incapable de placer un seul mot. Cependant, Kojou avait balayé d’un revers de main la dernière déclaration de Nagisa.

« Ne t’occupe pas de ça, va te reposer un peu. Je te réveillerai quand le souper sera prêt, d’accord ? »

« OK ! »

Toujours maussade, Nagisa répondit à contrecœur et s’affala sur le canapé du salon. Quelles que soient ses protestations, elle était vraiment épuisée, elle émettrait de petits sons de sommeil en peu de temps.

Kojou avait soupiré en regardant tout ça et s’était tourné vers Yukina, immobile dans le couloir.

« Désolé qu’elle t’ait causé des problèmes. »

« Peu importe, est-ce que c’est… est-ce que c’est… ? »

« Euh… Himeragi ? »

« Non, ce n’est pas grave. »

Le regard de Yukina ne transmettait aucune émotion.

Kojou, incapable de comprendre pourquoi elle était d’humeur maussade, était un peu décontenancé quand il déclara : « Eh bien, de toute façon, je suis désolé de te dire ça juste après ton retour, mais je veux que tu rencontres quelqu’un. Pourrais-tu venir avec moi pour un moment ? »

« Ah, oui. »

Peut-être Kojou avait-il fait comprendre à quel point il était sérieux, car Yukina avait immédiatement hoché la tête malgré son expression dubitative.

Kojou l’avait emmenée en haut de l’escalier du chalet, en direction de la chambre des filles au deuxième étage. C’est là qu’Asagi et Yume, toujours endormie, auraient dû être.

« … Écoute, Himeragi. N’aie pas l’air surpris, et écoute l’histoire de cette fille Yume gentiment et calmement. »

« D-D’accord. »

Kojou avait scrupuleusement préparé Yukina pour être aussi prévenant que possible. Pour Yukina, elle et Sayaka étaient d’anciennes colocataires et pratiquement des sœurs. Cette même Sayaka avait pu être confrontée au danger. Il n’était pas acquis que Yukina tiendrait le coup quand elle apprendrait cela, alors Kojou avait pensé qu’il valait mieux la préparer émotionnellement autant que possible avant de rencontrer Yume. Le regard que Yukina lança à Kojou était encore plus suspicieux, mais cette quantité de méfiance était une bonne chose, selon lui.

Avec ces pensées, Kojou avait atteint la poignée de la porte de la chambre des filles.

« Asagi, j’arrive. »

« — Hein !? A- Attends un peu… ! »

Lorsque Kojou avait ouvert de manière inscrite la porte, ce qui était apparu dans son champ de vision était la vue d’Asagi et Yume, assises à moitié nues sur le lit. Elles étaient en plein milieu d’un changement de vêtements.

Yume était en relativement bonne forme, le dos tourné à Kojou pendant qu’elle enfilait une robe de la tête au pied, mais Asagi venait juste de commencer à enfiler son maillot de bain. Elle avait son bikini dans sa main droite, avec seulement sa main gauche couvrant ses seins. Kojou, émotionnellement non préparé à cela, s’était figé, abasourdi, les deux filles étant toujours dans sa ligne de mire.

« Uh… uhhh ? »

« Ne me fais pas chier ! Qu’est-ce que tu fais à entrer dans la chambre d’une fille sans frapper !? »

Asagi s’était levée et avait lancé un réveil de chevet. Il avait volé tout droit, frappant Kojou directement dans le ventre alors qu’il se tenait immobile et sans défense.

 

 

« Guoah ! »

Kojou avait gémi d’angoisse alors qu’il était poussé dans le couloir.

Yukina avait fermé la porte de la chambre des filles sans un mot. Elle avait regardé Kojou, flétrie par l’agonie, et avait soupiré sincèrement.

« Senpai… »

***

Partie 6

Ce jour-là, ils avaient eu un barbecue pour le dîner, à la fois parce que le chalet était équipé de son propre gril et parce que Yaze, parti faire des choses de son côté, était revenu avec une grande quantité de viande.

« Hyaaa ! Viande, viande ! »

Au milieu de la faible obscurité de la soirée, Yaze éleva bruyamment sa voix excitée. Debout à côté de Kojou, qui surveillait le feu de charbon de bois, Yaze mâchait régulièrement de la viande grillée en disant : « Pourquoi n’en prends-tu pas, Kojou ? C’est de la viande fraîche, magnifique et très chère, fournie par votre serviteur ! »

« Oh, tais-toi, je vais la manger ! Aide-moi à la griller un peu plus. C’est chaud, bon sang ! Et qu’est-ce que c’est que cette merde de “viande fraîche à prix élevé”... Il y a de gros autocollants “pour vente rapide” partout sur les paquets, n’est-ce pas !? »

Est-il vraiment le fils d’une famille riche ? se demanda Kojou avec méfiance, en attisant le charbon de bois.

Et si je suis venu ici pour m’amuser dans les piscines de la station, pourquoi dois-je passer le premier jour debout devant une plaque de cuisson ? se demanda-t-il. Être de si près dans la chaleur du feu de charbon de bois épuisait son endurance plus vite qu’il ne l’avait prévu.

« Maintenant que j’y pense, Yaze, où es-tu parti tout seul pendant que nous travaillions ? »

« Hm, je te l’ai dit. J’ai dû aider l’entreprise familiale, » répondit Yaze en grignotant une côte fraîchement grillée.

Kojou lui lança un regard sceptique. « Quel genre d’aide t’a poussé à venir dans un piège à touristes ? »

« J’inspecte l’intérieur de l’île. Je devais voir à quel point il est facile pour les gens ordinaires d’utiliser les installations, d’évaluer les services fournis par le personnel, puis de prendre quelques photos pour le site Web public… »

« Des photos ? Puis-je y jeter un coup d’œil ? »

« Fgnn… !? »

Avant que Yaze, en train de manger, puisse donner une réponse, Kojou avait pris son appareil photo numérique et l’avait allumé. L’écran LCD avait affiché la vue de Kojou et Asagi travaillant harmonieusement au chariot de nourriture.

Gwah ! avait dit Kojou, se raclant involontairement la gorge.

« Pourquoi tu — quelle inspection !? C’est juste une photographie ! »

« Non, non, tu as tort, c’était juste un petit bonus. L’autre partie était le vrai travail. Il y a aussi des photos de jolies filles jouant dans la piscine — . »

« C’est encore pire ! »

Kojou avait choisi d’effacer toutes les données incriminées sans un instant d’hésitation. « Uwaaaaa », se lamenta Yaze, pleurant à moitié alors que la viande commençait à trop cuire.

« Yahoo, la viande ! »

Sans rapport avec Yaze et Kojou, Nagisa s’était enflammée avec Yume à ses côtés.

Nagisa, apparemment remise des montagnes russes qui l’avaient rendue malade, s’était apparemment prise d’affection pour Yume, ne la quittant pas des yeux depuis leur rencontre. En tant que cadette de la fratrie, elle ne pouvait s’empêcher d’être heureuse d’avoir l’impression d’avoir une petite sœur à elle.

« Mais je suis tellement surprise. Qui aurait pensé que Kojou choisirait une jolie fille comme ça ? »

Nagisa l’avait félicité avec une apparente admiration. « Hmm, » dit Yaze, croisant les bras en acceptant solennellement.

« Tu as restauré ma foi en toi. Tu es exceptionnellement doué pour baratiner les élèves du primaire. Mec, tu n’es pas un siscon pour rien. »

« Siscon n’a rien à voir avec ça, bon sang ! » Pour faire passer son message, il avait offert une réfutation, « Et je n’aime pas ma sœur pour commencer », mais toutes les personnes présentes l’avaient silencieusement ignoré. Malgré cela, Kojou n’avait pas cédé et avait forcé sa voix.

« Je vous l’ai dit plus tôt, elle est avec une amie d’Himeragi. Je m’occupe d’elle jusqu’à ce qu’elle prenne contact et vienne la chercher… »

Kojou avait continué à s’excuser tandis que Nagisa lui tournait le dos, mettant la viande grillée de côté pour Yume.

« Yume, prends-en aussi. Ne te retiens pas. »

Yume, entièrement changée dans une adorable robe en une pièce, avait baissé la tête en signe de politesse.

« Oui, merci pour la nourriture. Aussi, Nagisa, je pense qu’il est préférable que tu manges plus de légumes. Manger uniquement de la viande n’est pas bon pour une alimentation équilibrée. »

« Hmm… tu marques un point là. Pourtant, Yume, tu dis ça, mais il te reste encore des carottes. »

Nagisa avait souri de façon taquine en le faisant remarquer. Yume avait baissé les yeux en se sentant coupable.

« C’est… euh, les carottes sont les seuls aliments avec lesquels j’ai des problèmes. Je peux les manger quand elles sont râpées et mises dans du curry, par contre… »

La vue de Yume agissant avec un âge approprié avait fait se tortiller Nagisa, les yeux brillants.

« Si mignonne… ! Kojou, je vais faire du curry tout de suite ! »

« Calme-toi. Fais juste du curry pour le dîner de demain. »

Kojou, qui avait réussi à calmer Nagisa, se sentait fatigué et secouait la tête. Puis, les yeux de Kojou s’étaient tournés vers Asagi, qui était assise sur le bord d’un banc. Depuis tout à l’heure, elle n’avait même pas touché à sa nourriture, regardant la mer d’un air maussade.

En voyant Asagi comme ça, Kojou s’était levé et avait dit, « Asagi, la… viande est grillée. Voici… tes baguettes. Pour la sauce, c’est le doux et ça c’est le moyennement épicé. »

Il avait fait des efforts pour lui apporter un plateau de nourriture. Cependant, Asagi avait arraché les baguettes de Kojou sans un mot, en lui faisant un signe de la main comme pour lui dire « Va-t’en ».

Qu’est-ce qu’elle a ? Kojou était retourné vers les autres avec un regard mécontent.

Yume avait demandé d’un ton prévenant, « … Tu ne t’es pas encore excusé ? Pour tout à l’heure. »

Kojou avait baissé la tête. « Je l’ai fait, un grand nombre de fois. Mais elle m’en veut toujours et en fait tout un plat. »

« Je ne crois pas qu’Asagi soit vraiment en colère… Plutôt, tu es simplement maladroit quand il s’agit de suivre l’ambiance. »

Le conseil de Yume avait été donné sur un ton réservé.

Kojou avait effilé ses lèvres. « Je ne comprends pas. Tu parles de suivre l’ambiance… Je suis désolé d’être entré sans frapper, mais c’est elle qui a oublié de fermer la porte à clé, et elle m’a frappé dans le ventre avec un réveil, non ? »

« Je ne crois pas que tu doives adopter cette attitude. Même si Asagi portait un nouveau maillot de bain à ce moment-là, tu n’as pas dit un mot à ce sujet. Même les vêtements occidentaux qu’elle porte maintenant sont ceux qu’elle a choisis après s’être changée plusieurs fois. »

« … Hein ? Qu’est-ce que ça a à voir avec quoi que ce soit ? »

Ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire, Kojou posa la question d’un air tout à fait sérieux. D’abord, qu’aurait-il dû lui dire quand elle ne portait que le bas ?

Yume avait soupiré profondément dans une apparente résignation. Elle avait regardé Kojou avec un regard un peu rancunier.

« De plus, il n’y a pas qu’Asagi qui a été vue en train de changer de vêtements… »

« Ah… errr… D-Désolé pour ça. Vraiment désolé. »

« Compris. Je te pardonne. »

Yume sourit de façon taquine en regardant Kojou baisser la tête. Elle était encore un peu rouge sous les yeux, probablement parce qu’elle avait pleuré avant de s’endormir. Même si son comportement semblait robuste, la position de Yume était fondamentalement aussi incertaine qu’avant.

Le fait que Kojou ait brouillé les pistes en entrant dans les chambres des filles pendant qu’elle se changeait avait pour effet qu’il n’avait pas encore demandé à Yume les détails de sa séquestration. Yume elle-même semblait déchirée quant à la façon dont elle devait expliquer.

Même ainsi, Kojou et les autres ne pouvaient pas simplement continuer à griller de la viande pour toujours.

« — Senpai, merci beaucoup pour le téléphone portable. »

Après être rentrée discrètement du chalet, Yukina avait tendu le téléphone portable qu’elle avait emprunté à Kojou. Elle avait appelé l’Organisation du Roi Lion pour avoir une idée de la situation.

« Qu’en est-il ? Peux-tu entrer en contact avec Kirasaka ? » demanda Kojou à voix basse, en croisant le regard de Yukina.

Elle secoua doucement la tête et dit : « Non. Il est strictement interdit aux danseurs de guerre chamaniques de communiquer avec les autres pendant une mission. Pour commencer, ce sont des agents secrets chargés des malédictions et des assassinats… Ah, il y a plutôt peu de missions d’assassinat de nos jours, mais le travail de protection des VIP et l’infiltration et le sabotage ont augmenté dans la même mesure. »

« Je vois… Maintenant que tu le dis, il ne faut pas que des informations s’échappent quand on fait l’un de ces boulots, hein ? »

Kojou grimaça, acceptant son explication. Si même le QG de l’Organisation du Roi Lion n’avait aucun contact avec Sayaka d’après les rapports réguliers, il n’y avait probablement aucun moyen de la contacter. Cela expliquait pourquoi Sayaka n’avait pas répondu aux appels répétés de Kojou.

« Oui. C’est pourquoi je ne pouvais pas parler à Sayaka des détails de ma propre mission. »

Yukina avait baissé les yeux en murmurant avec regret. Elle était encore comme ça quand Kojou avait dit « Hey », en lui tendant une assiette avec de la viande grillée.

« Désolée, merci beaucoup pour la nourriture, » déclara Yukina en l’acceptant. « Mais le maître a dit qu’aucun danseur de guerre chamanique n’a été envoyé à la place de Sayaka. »

« … Maître… Ohh, tu veux parler du Professeur Kitty… »

Kojou se souvenait avoir rencontré le professeur de Yukina au bureau de l’Organisation du Roi Lion. Cependant, il n’avait posé les yeux que sur son familier félin que lorsqu’ils s’étaient « rencontrés »…

« En d’autres termes, Sayaka est toujours en mission ? »

« Au minimum, je crois qu’il est certain qu’elle est encore en vie. »

Yukina avait répondu d’un ton fort, presque comme si elle le disait pour son propre bénéfice.

***

Partie 7

Ils ne connaissaient pas le but de la venue de Sayaka à l’Élysium Bleu. Mais si elle était incapable de poursuivre sa mission, l’Organisation du Roi Lion aurait sûrement immédiatement envoyé un autre Danseur de Guerre Chamanique. En d’autres termes, le fait qu’un danseur de guerre chamanique de remplacement ne soit pas en route signifiait qu’ils pouvaient déduire que Sayaka était saine et sauve.

« Mais si c’est le cas, pourquoi ne vient-elle pas pour Yume ? »

« Je ne sais pas… bien qu’il soit possible qu’elle pense que Yume est en sécurité sous ta protection. Après tout, en tant que gardien d’élèves de primaire, tu es le plus puissant du monde. »

« Euh, ça semble faux, d’une certaine manière… »

Kojou fut pris au dépourvu par le jeu de mots dans la métaphore de Yukina, car cela pouvait plus que probablement causer une sorte de malentendu. Le Quatrième Primogéniteur était peut-être le Vampire le plus puissant du monde, mais parler de lui comme du protecteur le plus zélé des petites filles le mettait dans une situation délicate.

En premier lieu, Kojou ne pensait pas que Sayaka lui faisait confiance à ce point. En outre, c’était le genre de moment où Sayaka venait rendre visite à Yukina, faisant une grande entrée. Elle, qui voulait tellement rencontrer Yukina dans des conditions normales, ne manquerait jamais volontairement une occasion parfaite comme celle-ci.

Dans ce cas, Sayaka devait vraiment avoir une bonne raison de ne pas pouvoir retrouver Yume. D’une certaine manière, elle s’était apparemment retrouvée dans une situation plus difficile qu’elle ne l’avait prévu.

« Euh… peut-être qu’elle aurait pu essayer de rencontrer Riru ? »

Yume avait ouvert la bouche en signe de considération pour Kojou et Yukina, qui s’étaient tus. Kojou avait plissé les yeux en signe de surprise.

« Riru ? Qui est-ce ? »

« Ma grande sœur. »

« Ta grande sœur… ? »

« Oui. Elle était confinée dans le laboratoire du Kusuki-Elysée avec moi. »

Yume avait expliqué avec un minimum de mots. Kojou et Yukina avaient établi un contact visuel et avaient silencieusement hoché la tête ensemble.

Qu’il y ait une autre fille en plus de Yume dans des circonstances similaires était une information inattendue, d’un autre côté, cela expliquait quelque chose de significatif : à savoir, pourquoi Yume était capable de rester si mystérieusement calme alors qu’elle avait été enfermée, et comment elle était capable de se comporter si fermement en ce moment. L’hypothèse selon laquelle Sayaka était à la recherche de cette fille Riru pendant tout ce temps semblait être une explication convaincante, mettant ces doutes de côté.

« Kusuki-Elysée, j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ça quelque part… »

« C’est le nom d’un investisseur de l’Élysium Bleu. Je crois qu’il est le principal financier du parc des bêtes démoniaques. »

Yukina avait immédiatement répondu à la question de Kojou. Après tout, elle et Nagisa avaient visité le Parc des Bêtes démoniaques quelques heures auparavant.

« C’est vrai. C’était sur une brochure de l’Ély Bleu… C’est vrai, c’est une société qui importe, exporte et élève des bêtes démoniaques pour l’industrie… »

Après avoir entendu cela, l’expression de Kojou était devenue rigide. Si les mots de Yume étaient vrais, elle n’était pas impliquée dans un simple incident d’enlèvement. C’était un crime organisé impliquant une grande entreprise.

« Alors la société qui gère l’Ély Bleu serait le cerveau derrière l’enlèvement de Yume et Riru ? »

« Si c’est le cas, je peux comprendre pourquoi l’Organisation du Roi Lion a envoyé Sayaka. C’est à Sayaka et à ses semblables de s’occuper du crime international organisé de sorcellerie. »

L’expression de Yukina s’était également figée lorsqu’elle avait fait cette déclaration. Kusuki-Elysée était une société bien connue. Même l’Organisation du Roi Lion ne pouvait pas mettre le doigt dessus sans preuve solide. C’était sûrement la raison pour laquelle Sayaka avait été envoyée pour enquêter secrètement. Après tout, une danseuse de guerre chamanique ayant des compétences en matière d’assassinat était le genre d’individu que l’on envoyait pour infiltrer le camp de l’ennemi.

« Mais… Je ne comprends pas. »

Kojou avait choisi les légumes sur son assiette de nourriture chaude en murmurant, l’air profondément dans ses pensées.

« L’Organisation du Roi Lion sait que Yume est avec nous, non ? Alors pourquoi n’ont-ils rien dit ? Les parents de Yume ne sont pas inquiets pour elle ? »

« … Ils veulent peut-être nous utiliser comme un leurre. »

Le murmure hésitant de Yukina était d’une voix si calme que Kojou l’avait à peine entendu.

« Veux-tu dire qu’ils attendent que Kusuki-Elysée vienne reprendre Yume ? »

Kojou avait regardé Yukina d’un air grave. Yukina avait secoué la tête, presque comme si elle reprenait son opinion.

« Bien sûr, ce n’est pas gravé dans la pierre. »

« Non, mais… maintenant que j’y pense, c’est logique. »

Kojou avait accepté la pensée avec un regard amer.

Certes, il était difficile pour l’Organisation du Roi Lion d’infiltrer les installations de Kusuki-Elysée. Mais si quelqu’un de Kusuki-Elysée venait de son plein gré, c’était une autre histoire. Et doublement si c’était dans le but d’enlever une petite écolière, rien n’empêcherait une arrestation dans ce cas.

L’Organisation du Roi Lion attendait peut-être que Kusuki-Elysée passe à l’action et tente de récupérer Yume. Cela leur donnerait une carte puissante à jouer pour écraser Kusuki-Elysée. De plus, ils avaient une Chamane Épéiste de l’ Organisation du Roi Lion qui protégeait leur leurre, Yume. Il n’y avait aucune chance qu’ils n’exploitent pas cette coïncidence.

« Cependant, une telle opération pose des problèmes. Après tout, comparé à la société Kusuki-Elysée, tu es bien plus dangereux, Senpai. T’impliquer, alors que tu es une source d’ennuis bien plus importante pour les autres et une menace bien plus grande… ! »

Yukina n’avait même pas réalisé qu’elle rabaissait Kojou d’un ton ultra-sérieux. Kojou avait émis un faible gémissement. Il avait l’impression qu’elle avait dit quelque chose d’assez grossier à son égard, mais il ne pouvait pas gérer une réfutation. De toute façon, Kojou avait précédemment laissé le pouvoir du Quatrième Primogéniteur se déchaîner, infligeant de graves dommages à l’île d’Itogami, une réapparition sur l’Élysium Bleu la ferait probablement sombrer dans la mer sans laisser de trace. Yukina avait raison de s’inquiéter.

En premier lieu, le fait que Yume soit un leurre n’était qu’une hypothèse, rien de plus qu’une spéculation de leur part. Ils ne pouvaient pas exclure la possibilité que l’Organisation du Roi Lion et Kusuki-Elysée recherchent quelque chose de complètement différent.

« Hé, Yume… Au fait, pourquoi Kusuki-Elysée voulait vous enfermer toutes les deux ? » Kojou, tenant toujours la pince à servir, se tourna vers Yume. « Ahh, bien sûr, tu n’as pas à dire quoi que ce soit si tu ne veux pas répondre à cette question. Mais si ta grande sœur a des problèmes, il vaut mieux l’aider le plus vite possible, non ? Peux-tu au moins nous dire si elle est en danger ? »

« Je crois que tu n’aies pas besoin de t’inquiéter pour Riru. » La déclaration de Yume était ferme. Sa voix était pleine de certitude, ne ressemblant en rien à du bluff ou de l’esbroufe. « En premier lieu, c’est de Riru dont les gens de Kusuki-Elysée ont besoin, pas de moi. Ils ne lui feront sûrement pas de mal. De plus, Riru a coopéré avec leur expérimentation depuis le début. »

« Expérimentation ? »

« C’est… Je suis désolée… Je ne veux pas en parler pour l’instant. »

« Non, désolé de demander. J’ai dit avant ça que tu n’avais pas besoin de le dire, n’est-ce pas ? »

Kojou avait baissé la tête en vitesse. Même si elle parlait comme une adulte, il s’agissait d’une petite fille, une écolière du primaire confinée par un groupe pour une raison folle. Ce n’était pas vraiment un choc qu’elle ne veuille pas penser à une expérience désagréable. Même Kojou avait compris qu’il était mauvais d’essayer de la pousser à en parler.

« Ah… Toute cette utilisation de ma tête plus que d’habitude me donne faim. Laissez-moi manger un peu. »

Kojou avait rapidement changé de sujet avant que cela ne rende Yume déprimée. D’ailleurs, il avait vraiment faim. Il avait fait griller tellement de viande pour tous les autres qu’il n’avait pas posé un seul doigt dessus.

Mais la viande avait déjà disparu de la marmite, il ne restait que des restes de choux bouillis, mijotant tranquillement.

« — Euh, quoi — ? Où est passé le boeuf ? Hey, Yaze, n’y avait-il pas plus de viande qui n’avait pas encore été grillée ? »

Kojou interrogea Yaze, assis sur un banc et mangeant une glace en guise de dessert. C’est un peu tard pour demander ça, c’est ce que l’on pouvait lire sur le visage de Yaze, qui avait haussé les épaules et déclara : « Oh, ces trucs-là, eh bien… Asagi a grillé avant de manger tout ça. »

« Tout ça !? »

Quand Kojou avait examiné plus en détail la situation, il avait vu que le plateau de viande que Yaze avait acheté était complètement vide et avait été mis dans un sac poubelle. Et il n’y avait pas que la viande : Tous les légumes et les différentes sortes de champignons avaient aussi disparu. Kojou était resté bouche bée en comprenant cela. Pour commencer, la viande que Yaze avait achetée aurait dû être suffisante pour plus de dix personnes.

« Hmph. »

Avec Kojou stupéfait et sans voix, Asagi avait jeté un regard en biais sur lui et avait reniflé avec satisfaction. Contrairement à son apparence mince, elle avait un sacré appétit. Kojou s’était maudit de s’être permis d’oublier ce fait.

Alors que Kojou posait une main sur son ventre vide et gémissait d’agonie, Asagi était enfin de meilleure humeur. Yume avait regardé entre les deux et avait éclaté en rires.

Puis Nagisa, qui avait fini de manger sa propre glace en silence, s’était levée d’un bond et a dit : « Ouf ! … Je suis vraiment pleine. Hé, Yaze. Allons faire des feux d’artifice ! Tu as dit que tu en avais acheté tout à l’heure. J’aime beaucoup les feux d’artifice qui font beaucoup d’étincelles. »

« Oh… vous avez des feux d’artifice ? Vraiment ? » Yume avait relevé le visage, les yeux brillants.

En entendant ce que disait Yume, Nagisa s’était tournée vers elle et lui avait tendu la main.

« Viens par ici, Yume. Regardons-les ensemble. »

« Oui ! »

La lueur d’un feu d’artifice éblouissant avait illuminé le visage de Yume. Kojou fixait distraitement la vue de Yume innocemment excitée, comme n’importe quelle fille ordinaire.

Et pourtant, ce sourire semblait extrêmement fugace, voire solitaire.

La nuit s’abattit sur l’Élysium Bleu — le « paradis bleu » créé par l’homme.

***

Partie 8

Le Parc des Bêtes démoniaques s’enorgueillissait d’une vaste étendue de terrain, mais les zones ouvertes au public ne représentaient même pas 40 %. Les quelque 60 % restants étaient consacrés à l’élevage et à l’alimentation des bêtes démoniaques, ainsi qu’à une salle de recherche où leurs capacités étaient analysées.

Dans cette dernière section où étaient menées des recherches de pointe, l’accès était accordé à un nombre très restreint de personnes, même parmi Kusuki-Elysée, l’organisme de financement du Parc des Bêtes démoniaques.

Et là, dans la partie la plus profonde de la salle de recherche, se trouvait un invité imprévu.

Il s’agissait d’un homme adulte au physique bien trempé. Il portait un costume blanc coûteux d’apparence soignée — il avait environ trente ans, à quelques années près. Il passait pour un homme d’intellect qui manquait de chaleur humaine.

Dans le bureau, une fille aux cheveux noirs portant un uniforme de lycéenne était venue le saluer.

« Nous vous attendions, Président Kusuki. »

Même la vue de la jeune fille dans une tenue déplacée n’avait apporté aucun changement dans l’expression de l’homme qu’elle appelait Kusuki.

« Vous ne semblez pas surprise, Mage d’attaque Kisaki. »

« J’ai été informée de votre arrivée. »

« Je suis heureux d’avoir trouvé une partenaire aussi compétente. Quel est le statut du Serpent ? »

Après la réponse professionnelle de la jeune fille, Kusuki l’avait regardée avec un léger sourire amusé.

Kazuomi Kusuki, fondateur de Kusuki-Elysée, avait la réputation d’être un homme extrêmement compétent. Bien que certains lui reprochaient de traiter les employés de son entreprise comme des outils jetables, il distribuait les postes les plus prisés à des subordonnés compétents, sans tenir compte de l’âge ou du parcours professionnel. Du point de vue d’un tel homme, il n’y avait aucune raison de se soucier de l’âge ou du sexe de ses partenaires commerciaux.

La jeune fille aux cheveux noirs actionna le panneau du bout des doigts, faisant apparaître une carte sur l’écran de la salle de bureau. Elle affichait la topographie des fonds marins sur une large zone, avec l’île d’Itogami au centre.

Il y avait un indicateur rouge clignotant dans la section inférieure droite de la carte. Il se rapprochait de l’île d’Itogami, mais à un rythme si lent qu’on pouvait presque le manquer.

« D’après la balise de suivi de l’Isrus coulé, il dérive toujours sur une ligne de dragon, s’approchant de l’est-sud-est. Nous estimons qu’il arrivera juste au large de l’île Itogami entre demain après-midi et le lendemain matin. »

« C’est ainsi. Comme prévu, plus ou moins, » dit Kusuki en hochant la tête. Cependant, son regard de satisfaction s’était immédiatement assombri.

Les yeux de Kusuki étaient fixés sur une vieille statue de pierre placée sur le bureau de la salle de travail — une statue d’une déesse portant des ailes de hibou.

« Donc son réceptacle n’est pas encore revenu ? » demanda Kusuki d’une voix qui comportait une légère pointe d’irritation.

« Vous ne devez pas vous inquiéter — il est inévitable qu’elle revienne de sa propre volonté. »

La fille aux cheveux noirs avait donné une réponse indifférente. Mais Kusuki semblait mécontent en secouant la tête.

« Ce n’est pas que je doute de vos paroles, mais je suis mal à l’aise. Si nous ratons cette occasion, il faudra encore quatre ans, à peu près, avant que le Serpent ne revienne sur l’île d’Itogami, non ? Je préférerais être pleinement préparé. »

« Compris. Dans ce cas, je vais faire un petit geste de mon côté. »

« Je n’en attendais pas moins. »

La décision rapide de la jeune fille avait finalement fait se relâcher les joues de Kusuki.

« Au fait, j’ai entendu dire que quelqu’un avait aidé le réceptacle à s’échapper ? »

« Ce n’est pas un problème. Nous avons capturé une danseuse de guerre chamanique de l’Organisation du Roi Lion pendant son infiltration de Kusuki-Elysée. En l’utilisant comme monnaie d’échange, nous nous sommes assurés que le gouvernement n’interviendrait pas. »

Pendant un bref instant, lorsqu’elle avait prononcé les mots danseuse de guerre chamanique, les lèvres de la fille aux cheveux noirs avaient formé un sourire.

« Je vois. Vous avez donc transformé une blessure en un grand succès, » marmonna Kusuki d’un ton indifférent en tournant à nouveau les yeux vers la carte de l’écran.

Son expression n’avait pas changé. Mais la jeune fille avait regardé Kusuki avec beaucoup d’intérêt et avait dit : « Vous semblez aimer cela, président. Est-ce que je me trompe ? »

« Bien sûr que j’aime ça… Je suis arrivé au point où le rêve que j’ai depuis que je suis un petit garçon est enfin à ma portée. »

Les coins des lèvres de Kusuki s’étaient retroussés pendant qu’il parlait. Il avait tendu une main vers la carte sur l’écran, comme s’il était sur le point de saisir le monde lui-même.

La jeune fille fixa sans émotion son visage souriant, qui semblait pourtant cruel, et murmura : « Je vois… Un rêve, c’est ça ? »

+

La jeune fille, maintenant sortie du bureau, avait descendu une série d’escaliers pour se rendre au sous-sol.

C’était un couloir spartiate en béton nu. De chaque côté se trouvaient des rangées de petites pièces avec d’épaisses portes métalliques. C’était des salles médicales pour isoler les bêtes démoniaques blessées.

Cependant, ce n’était pas une bête démoniaque confinée dans cette pièce particulière, mais une grande fille avec une queue de cheval.

Sayaka Kirasaka semblait bouder alors qu’elle était assise, jambes croisées, sur un lit simple et bon marché, les deux mains toujours menottées. Il y avait des cicatrices mineures sur ses bras et ses jambes, mais il n’y avait pas de blessures flagrantes en dehors de cela. Elle était simplement d’une humeur très aigrie.

La jeune fille aux cheveux noirs avait actionné un panneau numérique pour déverrouiller la porte et se laisser entrer.

« — Vous êtes réveillée ? »

Puis, ses sourcils s’étaient froncés et elle avait tourné son regard vers le sol. Deux hommes en blouse blanche étaient inconscients sous le lit de Sayaka.

« … Et ils le sont ? » demanda la jeune fille, déconcertée.

Les lèvres de Sayaka s’étaient tordues en signe de mépris et elle déclara, « Aucune idée. Ils ont probablement pensé qu’ils allaient me peloter pendant que j’étais assommée. C’est pour ça que je déteste les hommes… ! »

« Je vois. » La jeune fille soupira. Apparemment, les chercheurs de Kusuki-Elysée avaient trouvé Sayaka pendant qu’elle dormait et étaient entrés dans la chambre sans autorisation. C’était sa faute pour ne pas avoir mieux surveillé.

Les chercheurs ne savaient pas qui ou ce qu’était Sayaka Kirasaka — non pas pour la sécurité de Sayaka, mais pour la leur.

« … Les avez-vous tués ? » s’enquit la jeune fille aux cheveux noirs en s’accroupissant à côté des hommes effondrés.

Sayaka haussa froidement les épaules. « Bien sûr que non. Mais si vous ne dissipez pas rapidement les effets, cela pourrait laisser des séquelles mentales. »

« Si l’on met de côté leurs actes méchants, c’était très imprudent. Penser que l’on puisse tenter de toucher une danseuse de guerre chamanique de l’Organisation du Roi Lion, une experte en malédiction et en assassinat, même si elle a perdu connaissance… » La jeune fille s’arrêta pour soupirer.

Excellentes prêtresses, les danseuses de guerre chamaniques étaient aussi des lanceuses de sorts et des assassines. Cela restait vrai même lorsqu’elles dormaient.

Les danseurs de guerre chamaniques se couvraient inconsciemment de puissantes malédictions pendant leur sommeil. Quiconque les touchait avec de mauvaises intentions voyait ces malédictions se répercuter sur eux, amplifiées de nombreuses fois. Seul un lanceur de sorts de rang égal ou supérieur pouvait toucher le corps de Sayaka — sauf peut-être quelqu’un à qui Sayaka avait ouvert son cœur.

« On dirait que vous savez tout sur nous, Mlle Six Lames du Bureau d’Astrologie. Grâce à cela, vous m’avez bien trompée.

« Mm-hmm, » continua Sayaka, fixant la jeune fille avec des yeux froids et pleins d’abus.

« Vous êtes une Mage d’Attaque manipulant le flux du yin et du yang traitant des désastres de sorcellerie, hein ? C’est pourquoi vous utilisez l’école des Huit Dieux du Tonnerre. Six Lames du Bureau d’Astrologie et Chamane Épéistes de l’Organisation du Roi Lion sont deux pois dans une gousse, après tout. »

« … Oui, je suppose que oui. »

La jeune fille n’avait pas nié l’affirmation de Sayaka.

Comme l’Organisation du Roi Lion, le Bureau d’Astrologie était une agence gouvernementale spéciale. Et la fille que Sayaka avait appelée Six Lames était un Mage d’Attaque fédéral, tout comme les Chamane Épéistes et les Danseuses de guerre chamaniques.

Cependant, contrairement à l’Organisation du Roi Lion, dont l’objectif était d’arrêter les catastrophes de sorcellerie d’origine humaine et le terrorisme sorcier, la mission du Bureau d’Astrologie était d’empêcher les catastrophes sorcières d’origine naturelle. Pour généraliser, les Chamane Épéistes étaient des experts en combat anti-démon, et les Six Lames étaient des experts en combat anti-bête démoniaque, au point que certains les appelaient les Chamane Épéistes noirs.

« Je suis Kiriha Kisaki. »

La fille aux cheveux noirs s’était présentée discrètement. Puis, elle avait sorti une petite télécommande et l’avait utilisée pour déverrouiller les menottes qui liaient Sayaka.

« Je n’avais pas l’intention de vous tromper, mais je suppose que je dois m’excuser auprès de vous, Sayaka Kirasaka. »

« … À quel jeu jouez-vous ici ? »

Sayaka était devenue méfiante en frottant ses poignets maintenant libres. Devant la Sayaka dubitative, Kiriha tendit une longue épée en argent — l’Écaille lustrée.

« Je ne suis pas votre ennemi. Vous l’avez sûrement compris ? »

« Que vous travaillez aussi sous les ordres du gouvernement ? »

Sayaka grimaça en acceptant l’épée, l’arrachant de la main de Kiriha.

Sayaka avait pour ordre de sécuriser et protéger Yume, séquestrée par Kusuki-Elysée. Mais Kiriha avait coopéré avec Kusuki-Elysée et entravé la mission de Sayaka. Si elle agissait selon les ordres du Bureau d’Astrologie, cela signifiait que le Bureau d’Astrologie et l’Organisation du Roi Lion étaient complètement en désaccord l’un avec l’autre.

« En d’autres termes, le gouvernement n’est pas monolithique dans son opinion. Les objectifs d’une personne changent en fonction de son point de vue, non ? »

Cela dit, Kiriha avait sorti quelque chose de l’étui noir qu’elle portait sur son dos. Il s’agissait d’une arme métallique longue et fine. La pointe tournait tandis que la poignée coulissante changeait de forme, la transformant en une longue lance de près de deux mètres de long. Sa pointe était divisée en deux pour produire une lance fourchue —

Sa belle silhouette ressemblait beaucoup à un diapason.

Sayaka jeta un coup d’œil au fait que Kiriha ait soudainement sorti son arme et saisit sa propre épée.

« L’échelon supérieur du Bureau d’Astrologie a parlé à l’Organisation du Roi Lion. Quand cette mission sera terminée, vous serez libérée. Mais avant cela, vous lui servirez de réceptacle pour une courte période. »

« Elle… ? »

Ting fut la réverbération aiguë qui retentit dans l’oreille de Sayaka, figeant son expression. L’arme de Kiriha n’était pas une simple lance. C’était un amplificateur permettant de concentrer et de libérer des sorts rituels.

Mais ce n’est pas possible ! pensa Sayaka, déconcertée. Ce n’était pas l’énergie rituelle de Kiriha qui était libérée par la lance fourchue, mais plutôt quelque chose de plus distant. C’était une puissante énergie démoniaque, un pouvoir ancien, qui rivalisait probablement avec celui d’un vampire primogéniteur —

« Ce pouvoir… Ne me dites pas que c’est… la Sorcière de la Nuit !? Vous voulez dire que Yume Eguchi est son réceptacle… !? »

Réalisant le véritable objectif de Kiriha, Sayaka fit pivoter l’Écaille lustrée vers le haut.

Mais c’est là que le mouvement de Sayaka s’était arrêté. L’immense énergie démoniaque libérée par la lance fourchue avait brisé le mur mental de la danseuse de guerre chamanique, prenant le contrôle de l’esprit de Sayaka. Elle avait pris le contrôle du corps physique de Sayaka.

« Pourquoi… faites-vous… cela… !? »

Au milieu de sa conscience mince comme du papier, Sayaka tissait désespérément les mots. Kiriha sourit faiblement et secoua la tête.

« Une question stupide, Sayaka Kirasaka. Il n’y a qu’une seule raison pour que le Bureau d’Astrologie se déplace. Nous devons protéger cette nation… Non, le monde. »

Puis, Kiriha avait tranquillement baissé les yeux, et avait murmuré si faiblement qu’elle seule pouvait entendre :

« Même si l’île d’Itogami doit couler dans le processus… »

***

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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