Strike the Blood – Tome 3 – Chapitre 4 – Partie 5

Bannière de Strike the Blood ***

Chapitre 4 : Faux Ange

Partie 5

Kojou ne comprit pas tout de suite ce qui s’était passé à cet instant.

Les ailes de Kanon s’étaient déployées et elle s’était mise à flotter dans les airs. À l’instant où l’esprit de Kojou s’en était rendu compte, un éclair de lumière argentée avait été projeté dans le coin de sa vision.

Le flash était en fait la lance de Yukina. Avec Snowdrift Wolf en équilibre, Yukina sauta en avant avec la force d’une balle, poussant sa lame vers le haut à Kanon.

C’était une lance purificatrice de démons qui niait tout pouvoir magique et qui traversait toutes sortes de barrières.

Si Kanon était un ange artificiel produit par un rituel magique, tout ce qu’elle avait à faire était de neutraliser le sort en lui-même. C’était sûrement ce que Yukina avait pensé. Et c’est ce qu’elle avait tenté de faire lors de l’ouverture momentanée avant que Kanon n’ait fini de s’activer. Mais…

« Urk... ! !? »

Dès que le bout de la lance avait atteint la chair de Kanon, Yukina s’était mise à voler à la place. Elle était revenue avec la même force avec laquelle elle avait sauté en avant, enfonçant sa lance dans le sol alors qu’elle parvenait à atterrir en toute sécurité.

« C’est… !? »

Ses mains étaient engourdies par le recul, et Yukina essaya de les protéger en murmurant dans une horreur abjecte.

Ce faisant, Kanon ne lui avait pas prêté la moindre attention, s’envolant dans le ciel comme si de rien n’était.

« Effet de l’Oscillation Divin… un Schneewaltzer, l’arme secrète de l’Agence du Roi Lion, n’est-ce pas ? » murmura Kensei avec une apparente satisfaction en regardant la lumière argentée émise par la lance de Yukina.

« Mais c’est futile. Il n’est même pas théoriquement possible qu’une oscillation “divine” d’origine humaine puisse nuire à un faux ange possédant une véritable divinité, » continua Kensei.

« Ce n’est… pas… »

Yukina s’était mordu la lèvre amèrement. La lance qui lui avait été accordée et qui pouvait même vaincre les vassaux bestiaux d’un Primogéniteur n’avait jamais été aussi complètement niée auparavant. Même Yukina n’avait pas pu cacher comment cela l’avait secouée.

Malgré tout, la décision suivante de Yukina avait été rapide. Elle s’était déplacée dans la direction de Kensei, qui tenait la télécommande, et avait frappé une fois de plus. Si elle ne pouvait pas arrêter le Faux Ange elle-même, elle n’avait d’autre choix que d’éliminer le lanceur qui le contrôlait. C’était une conclusion tout à fait naturelle, mais c’était la rapidité de la décision de Yukina qui était certainement louable.

Cependant, la lance qu’elle portait avait été déviée par un éclair cramoisi.    

« … Je te l’ai déjà dit, ton adversaire est là-bas, » déclara Béatrice.

C’était Béatrice qui se tenait devant Yukina, parlant d’un ton peu enthousiaste pendant tout ce temps.

Une lance cramoisie était apparue de ses mains avec force du sang qui coulait à flots. La longue lance était plus longue que la taille considérable de Béatrice.

La différence de hauteur entre Béatrice et Yukina était d’environ vingt centimètres. La sensuelle et belle femme vêtue d’un body rouge avait l’air beaucoup plus extravagante que Yukina dans son uniforme d’écolière. Avec une lance aussi longue dans les mains, le sentiment de domination qui émanait d’elle donnait l’impression que c’était la différence entre une adulte et une enfant.

Mais Yukina n’était pas pour autant surpassée alors qu’elle augmentait la distance entre elles. La lance cramoisie de Béatrice émettait une puissante et inquiétante vague de magie. Sans aucun doute, cette lance était une arme produite par une sorte de sort. Par conséquent, il n’y avait aucune chance qu’il puisse être un match contre la lance de Yukina. La lance qui purifiait les démons annihilerait sûrement cette arme cramoisie d’un seul coup — .

Béatrice avait ri avec force comme pour se moquer des pensées de Yukina.

« Jagra ! Embroche-la ! » déclara Béatrice.

« … !? »

À l’instant avant que la lance de Yukina ne soit sur le point de tourbillonner et de frapper la lance cramoisie de Béatrice, la lance s’était avancée comme un serpent, attaquant Yukina à un angle apparemment impossible.

Seule la capacité de Yukina à voir un instant dans l’avenir avec sa Vision Spirituelle de Chamane Épéiste lui avait permis d’échapper à l’attaque-surprise.

La lance cramoisie dans les mains de Béatrice s’était transformée en quelque chose comme une créature vivante, attaquant les angles morts de Yukina à plusieurs reprises. Elle semblait attaquer d’elle-même, sans tenir compte de la distance, de la position ou des mouvements de la femme qui la portait.

« Ce n’est pas possible… Un Vassal Bestial en forme de lance !? » s’exclama Yukina.

« Un type d’arme intelligente… Ce n’est sûrement pas une chose si rare, » Béatrice l’avait informée d’une voix impassible, dépourvue de tout frisson de victoire. Pendant qu’elle parlait, la lance cramoisie continuait à poignarder sans pause, Yukina continuait à la dévier avec sa propre lance.

Kojou ne pouvait plus suivre les attaques à l’œil nu, il ne pouvait que se tenir en état de choc.

« Tu dis que c’est… un Vassal Bestial sous la forme d’une arme !? » demanda Kojou.

Kojou, lui aussi, avait vaguement réalisé que Béatrice était une vampire. Elle était probablement d’une lignée différente de celle de Vattler. Peut-être était-elle une descendante du Deuxième ou peut-être du Troisième Primogéniteur.

Bien sûr, ce n’était pas la première rencontre de Kojou avec un vampire autre que lui-même. Comparée à un vampire de la vieille garde comme Dimitrie Vattler, la puissance d’attaque de son Vassal Bestial était plutôt faible.

Et pourtant, Béatrice, qui ne possédait qu’un Vassal Bestial si faible, dominait complètement Yukina. Son Vassal Bestial était si menaçant à cause de la façon dont elle était à mi-chemin entre la lance et le démon familier.

En premier lieu, l’énorme puissance d’attaque des Bêtes Vassales n’avait aucun sens dans les combats en tête-à-tête. C’était comme un bombardement massif : il en avait résulté une destruction aveugle. Mais la « lance » de Béatrice pouvait déverser toute sa puissance dans un seul adversaire. Il était évident qu’elle était plus efficace.

« Et maintenant, alors… Et si je terminais mon travail ici ? » demanda Kirishima.

S’assurant que Yukina avait du mal à dominer Béatrice, Kirishima avait sauté de l’aéroglisseur.

Il s’approcha de La Folia, les mains fourrées dans ses poches tout le temps. Il avait sans doute l’intention de finir de sécuriser la princesse comme prévu à l’origine.

La Folia avait sorti une arme de sa hanche. Ce n’était pas son pistolet magique bien-aimé, mais plutôt un pistolet mitrailleur ordinaire. Il était relativement petit et léger, avec une grande partie de son cadre en bois verni, il reposait assez confortablement dans les mains minces de La Folia.

« Reculez, l’homme-bête. »

La Folia l’avait avertie et avait tiré à peu près au même moment. C’était une rafale automatique à bout portant. Elle avait réussi dix-sept tirs en un instant, mais Kirishima, debout, ne s’était pas effondré.

« Des balles d’électrum, hein ? Jolies balles. Dommage, cependant, » déclara Kirishima.

Kirishima ria quand il dispersa les balles à ses pieds, saisit d’une main bestialisée. Son corps svelte devint de la taille d’un grand tronc d’arbre et il se transforma en bête à la fourrure noire de jais.

« Pourquoi compter sur des ordures bon marché comme ça, princesse ? Ou ton pistolet à sorts est à court de balles ? » demanda Kirishima.

Kirishima avait parlé sur un ton sarcastique. La Folia n’avait rien dit lorsqu’elle avait reculé et était passée à un chargeur de rechange. Elle avait fini de recharger son pistolet mitrailleur avec une habileté que l’on n’attendrait pas d’une princesse.

Puis, elle leva les yeux vers le ciel derrière Kirishima, apparemment surprise.

Son intérêt peut-être piqué par sa réaction, Kirishima leva aussi les yeux. Ce qui flottait au-dessus d’eux, c’était Kanon Kanase, avec des runes magiques qui brillaient sur tout son corps.

« Kyriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii — ! » Un cri aigu avait jailli de la gorge de Kanon.

C’était un cri douloureux et triste, empreint d’une sainte solennité, bien au-delà de la portée vocale d’un humain. La lumière autour de Kanon devint plus intense. Son corps grotesque commença à se transfigurer encore plus.

Les crocs incrustés dans sa bouche avaient disparu, ses traits de visage chérubins s’étaient transformés en une vision de beauté idéalisée. Ses ailes hideuses et mal assorties s’étaient transformées en trois paires d’ailes nouvelles et magnifiques qui brillaient de lumière.

Des yeux géants émergeaient à la surface de ces ailes.

Sans émotion, les « yeux » regardaient la terre comme si rien ne pouvait échapper à leur regard.

« C’est… Faux Ange… ! ? »

Kojou était abaissé alors que la pulsion d’hostilité émise par Kanon le submergeait.

Sa chair vampirique enregistrait des douleurs, comme si sa peau était brûlée. Cette énergie magique écrasante n’était même pas dans la même ligue que celle des Masqués.

Non, ce n’était plus du tout de l’énergie magique. Il méritait qu’on l’appelle une aura divine.

« Attention, Senpai ! Sa cible est…, » cria Yukina alors même qu’elle et Béatrice continuaient à se lorgner l’une sur l’autre.

Le combat terrestre s’était enlisé dans une accalmie avec l’émergence du Faux Ange.

Pour sa part, Kirishima regardait encore au-dessus de sa tête, laissant la princesse en sécurité pour plus tard, Béatrice ne semblait pas disposée à s’en prendre Yukina plus que nécessaire. Nul doute qu’eux aussi voulaient voir ce qu’il adviendrait du Faux Ange.

« Kyriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii — ! » Kanon beugla encore une fois. Simultanément, les yeux de ses ailes commencèrent à émettre une lumière aussi brillante que le soleil.

Le rayon qu’elle avait projeté était devenu une épée géante qui avait frappé le sol avec une force destructrice incroyable. Le substrat rocheux dur avait été pulvérisé et dispersé, avec des flammes cramoisies qui soufflaient tout autour.

Mais l’attaque de Kanon ne s’était pas arrêtée là. Avec un battement de ses trois ailes sur six, les yeux géants et grands ouverts lancèrent un autre faisceau à la surface du sol, celui-ci était clairement dirigé directement vers Kojou.

Pour « Faux-Ange », serviteur des dieux, une masse d’énergie vitale « négative » maudite par les dieux comme un vampire était un « ennemi mortel » qu’il fallait détruire — d’autant plus quand il s’agissait d’un Primogéniteur.

« Ugh… Viens par ici, Regulus Aurum ! Al-Nasl Minium… ! » cria Kojou.

Kojou n’avait plus d’autres options. Si Kanon continuait à l’attaquer comme ça, elle détruirait sans doute toute l’île en un rien de temps. Donc, il fallait utiliser ses Vassaux Bestials pour arrêter Kanon. S’il ne pouvait pas le faire, même Yukina et La Folia seraient prises dans les retombées et perdraient la vie.

« Kanase !! »

Le lion d’or enveloppé par la foudre et la masse de vibrations qu’était le bicorne incandescent chargea dans le ciel vers l’ange. Il s’agissait d’attaques d’un vassal bestial d’un Primogéniteur, et chacun d’eux étant censé posséder un pouvoir égal à celui d’une catastrophe naturelle.

Cependant, ces attaques, possédant une énorme énergie magique, n’avaient même pas réussi à égratigner le corps de Kanon.

Les deux attaques avaient traversé la chair du Faux Ange, avec seulement une ondulation mineure, semblable à un mirage. L’atmosphère s’était déchirée et le tonnerre avait coulé comme une flèche d’azur, mais Kanon avait continué à voler tranquillement, indemne.

« C’est futile, quatrième Primogéniteur, » appela Kensei à Kojou.

Il regardait la forme de Kanon avec un regard qui semblait philosophique. Il n’éprouvait aucune excitation ni joie à l’égard du Faux Ange qu’il avait lui-même fait naître.

« Kanon existe maintenant sur un plan d’existence supérieur au nôtre. Peu importe la puissance magique dont se vantent vos vassaux bestiaux, ils ne peuvent détruire ce qui n’existe pas dans ce monde…, » déclara Kensei.

« Argh… »

Kojou n’avait pas de mots pour répondre au regard compatissant de Kensei.

Les yeux géants des six ailes de Faux Ange se tournèrent à nouveau vers Kojou.

Leur éclat lumineux, irrésistible, semblable à celui du soleil, brillait sur Kojou, ne laissant même pas une once d’ombre.

« Kanase — ! » cria Kojou en poussant sa main au-dessus de sa tête vers Kanon. Un instant plus tard, le rayon l’avait percé.

Tous les sons avaient disparu.

La lumière qui avait traversé le cœur de Kojou, accompagnée d’un impact féroce et de flammes, avait rempli la vision de chacun d’une lumière blanche.

Dans ce monde de lumière blanche pure, le corps de Kojou tomba doucement en avant et s’effondra.

« Senpai !? »

« Kojou ! »

Yukina et La Folia s’étaient battues contre les vents furieux qui soufflaient vers un Kojou tombé au sol.

L’attaque de Kanon avait creusé un cratère avec une explosion semi-sphérique dans le sol, avec de la vapeur blanche sifflant à la surface de la roche à demi fondue. La chair de Kojou avait été fortement déchiquetée, bien qu’elle soit miraculeusement restée en un seul morceau.

« C’est déjà fini… Le vampire le plus puissant du monde est sorti en gémissant, » déclara Kirishima.

Kirishima semblait s’ennuyer alors qu’il murmurait en regardant Yukina et La Folia en état de choc se tenir au-dessus de Kojou.

Mais réalisant que les vents de l’explosion ne faisaient qu’augmenter en force, son expression bestialisée devint tendue.

Il commença à ressentir des sensations fortes mêlées au vent qui le secouait. Leur source : des morceaux de glace.

L’eau de mer soufflée par les vents avait gelé et s’était transformée en lames de glace.

« Qu’est-ce que c’est que ça… ? Le Vassal Bestial devient fou !? » murmura Kirishima, sa voix était nerveuse et tremblante.

Ayant perdu leur maître, les vassaux bestiaux du quatrième Primogéniteur avaient commencé à devenir fous, hors de tout contrôle. C’était une situation effrayante à envisager. Si de telles masses titanesques d’énergie magique libéraient leur puissance sans discernement, des dommages mortels seraient infligés non seulement à la petite île, mais aussi à toute autre chose en mer dans un rayon de dix kilomètres.

Mais la situation dépassait même ses pires attentes.

« Ooaaaaaaaaaaaaaaaaa — ! »

Ce n’était pas les Vassaux Bestials de Kojou Akatsuki dans l’œil du cyclone, mais Kanon Kanase.

Tenant sa propre tête, le faux ange gémissait alors que des larmes de sang coulaient sur ses joues.

Son gémissement avait donné naissance à une trombe marine, qui s’était propagée dans les vents violents qui gelaient maintenant l’eau de mer dans la région.

« Kensei Kanase. Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Béatrice.

Béatrice fixa l’ingénieur sorcier d’un regard empli de reproches.

Kensei secoua calmement la tête tandis qu’il fixait la télécommande qui ne répondait pas.

« Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Elle ne devrait pas encore être au point d’ascension, mais…, » répondit Kensei.

« Ah, vraiment… Haa, si irritante… J’ai perdu ma motivation, » murmurant comme si elle crachait les mots, Béatrice dématérialisa son propre Vassal bestial. Elle avait tourné le dos au Faux Ange et était partie.

« Hé, BB ? » demanda Kirishima.

« On se retire pour l’instant. Je n’ai pas envie de me faire prendre dans ce truc, » déclara Béatrice.

Béatrice parla d’une voix peu enthousiaste, regardant Kirishima qui se dépêchait de la rattraper.

La trombe qui enveloppait le Faux Ange était maintenant complètement gelée, se transformant en une gigantesque colonne de glace. Descendant en spirale jusqu’au sol, il avait déjà atteint un rayon de dix mètres alors qu’il continuait à grandir. Béatrice et les autres se réfugièrent à l’intérieur de la péniche de débarquement, ils n’avaient pratiquement aucun espoir de s’échapper de l’île.

Ce faisant, ils avaient laissé derrière eux le quatrième Primogéniteur vaincu et les deux filles avec lui, alors même qu’une violente tempête de neige faisait rage tout autour.

« Akatsuki ! Akatsuki — ! » La petite fille en uniforme de collégienne s’accrocha au quatrième Primogéniteur alors qu’elle continuait à l’appeler.

Pour sa part, la princesse aux cheveux argentés continuait à regarder le pilier de glace qui surplombait leur tête.

« Faux-Ange… Non, Kanon Kanase… Vous… »

Dans la glace transparente, l’ange fait par l’homme dormait, même si elle continuait à gémir.

La gigantesque colonne de glace et de neige ressemblait beaucoup à la tour sainte appelée Babel que les cieux avaient détruite il y a longtemps.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Laisser un commentaire