Strike the Blood – Tome 2 – Prologue – Partie 2

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Prologue

Partie 2

« Merde, merde, merde, merde, merde, merde... Vous l’avez fait maintenant, ordures humaines ! »

La voix rauque de l’homme à tête de léopard lança un torrent d’insultes alors qu’il courait à travers la ville au milieu de la nuit.

Les blessures par balle qu’il avait subies l’affectaient en lui causant une très grande douleur. La douleur dans ses yeux et son nez était sans doute les effets des gaz lacrymogènes. L’attaque par une arme à énergie rituelle infusée avait également bloqué la capacité de régénération de l’homme-animal, ce qui avait considérablement prolongé son agonie.

Cependant, ce n’était pas tout ce qui l’avait mis dans une rage folle.

Bien que ce soit une bonne chose qu’il se soit échappé de l’entrepôt en le faisant s’exploser, il avait perdu ses camarades, et la vente des armes était un fiasco. Ce n’était pas un revers suffisant pour entraver le plan, mais c’était quand même un échec. À ce rythme, il perdrait de l’influence au sein de l’organisation. Il pourrait même perdre la confiance du lieutenant-colonel.

« Je ne leur pardonnerai jamais... Ils vont payer pour ça, » déclara-t-il.

L’homme avait pivoté vers l’entrepôt derrière lui, toujours enveloppé par les flammes, en lançant un regard fixe rempli de haine. Puis il tourna les yeux vers l’horizon nocturne de la ville, éclairé par la lune.

Il était dans la zone métropolitaine de Tokyo, et plus exactement, dans la Ville d’Itogami — une île artificielle géante flottant sur l’océan Pacifique, établie en vertu du Traité de la Sainte Terre comme un idéal de coexistence entre les humains et les démons, un abominable « Sanctuaire du Démon ».

L’homme à tête de léopard était originaire de l’« Empire du Seigneur de Guerre » en Europe. Il n’en voulait pas particulièrement aux humains de la Ville d’Itogami.

Néanmoins, il avait des raisons de détruire cette ville. En détruisant un sanctuaire de démons, le Front de l’Empereur de la Peste Noire dont il faisait partie diffuserait au monde entier un message vigoureux, qui allumerait sûrement les flammes de la rébellion contre le roi usurpateur qui retenait les démons loin de leur place légitime.

Le plan était déjà en marche. Le destin de cette ville ne pouvait plus être modifié, quel que soit ce que feraient ces voyous de la garde de l’île.

Cela pouvait faire des effets mineurs dans leur emploi du temps, mais le fait d’attirer leur attention sur lui était une bonne chose. En servant de leurre et en jetant la garde de l’île dans le chaos, les chances de succès du plan ne feraient que croître. Cela aussi faisait peut-être partie du plan du lieutenant-colonel.

Quoi qu’il en soit, il aurait l’occasion de venger ses camarades tués par la Garde de l’île bien assez tôt. Même déclencher une seule bombe dans le quartier commerçant rendrait la situation hors de leur contrôle.

Il ne se souciait pas du nombre d’habitants de la ville qui pourraient être pris dans l’explosion. Cette interruption n’avait fait que modifier légèrement l’ordre dans lequel ils allaient mourir. Oui, cette ville était de toute façon destinée à périr.

Tout en conservant sa forme bestiale, il sauta sur le sommet d’un immeuble de cinq étages en un seul bond. Même chez les hommes-bêtes dits de type L, l’espèce panthère-garou se vantait d’une vitesse et d’une agilité particulièrement grandes. Il n’y avait sûrement personne pour le suivre alors qu’il courait dans une zone urbaine la nuit.

Pour l’instant, il valait mieux trouver un endroit où se cacher et attendre que ses blessures guérissent...

Mais avant ça, le pouce de l’homme s’était déplacé vers la détente du détonateur à distance.

Il avait posé deux bombes avant leur attaque. Il avait déjà utilisé la première dans l’entrepôt, mais l’autre qu’il avait installé dans un couloir sous le quartier du port.

Les renforts de la garde de l’île, appelés pour aider les blessés, auraient dû passer juste à ce moment-là. Utilisez la première attaque pour attirer les camarades de l’ennemi, puis utiliser le second pour les exterminer était une tactique ancestrale sur le champ de bataille.

« Subissez ma vengeance pour mes frères... ! »

L’homme avait saisi avec force la télécommande dans sa main.

Bien que son pouce aurait dû toucher l’interrupteur, il n’avait ressenti aucune sensation.

Avec un profond malaise, l’homme regarda sa propre main droite. Il avait dégluti alors qu’il était en état de choc.

La télécommande qu’il aurait dû tenir dans sa main avait disparu sans laisser de trace.

À la place, il y avait une chaîne enroulée autour de son bras. La chaîne d’argent, s’étirant dans les airs, lui liait le poignet comme une menotte.

« Putain... C’est quoi !? »

L’homme à la tête de léopard avait mis de la force dans son bras pour arracher la chaîne. Cependant, même la force du bras d’un homme bête ne pouvait pas retirer la chaîne d’argent présente autour de lui. Au contraire, la traction de la chaîne maintenait l’homme coincé là.

À l’instant d’après, il entendit derrière lui une voix articulée qui semblait se moquer de lui. « ... Bien qu’incomplet, cela a été forgé par les dieux. Tu n’as pas le pouvoir de le casser. »

« Quoi !? » Avec un faible grognement, l’homme se tourna vers la voix inattendue.

Il s’agissait d’une femme de petite taille qui ressemblait à une enfant. Elle portait une robe ridiculement extravagante, et elle tenait un parasol malgré le fait qu’il soit au milieu de la nuit. Ses traits enfantins lui donnaient l’apparence d’une jolie poupée. Sans autre raison qu’elle avait l’air si mal à sa place, l’homme avait été empli par la peur.

« Franchement, qui utiliserait un détonateur à distance non crypté plutôt qu’une radio analogique à notre époque ? Comme c’est radin de ta part. Tu as de la chance d’être resté si longtemps sans te faire sauter. »

La femme murmura cela en le ridiculisant clairement alors que la paume de sa main contenait un petit appareil qui ressemblait beaucoup à une télécommande.

Le visage de l’homme avait tremblé en voyant la vue. L’appareil avec lequel la femme au parasol jouait était la télécommande du détonateur qui aurait dû être dans sa main. Il ne savait pas quel tour la femme avait utilisé pour s’approcher assez près pour lui arracher la télécommande sans que lui, un homme-bête, le sente.

« Un mage d’attaque anti-démon, hein ? Comment m’as-tu rattrapé ? »

Les yeux ambrés de l’homme à tête de léopard se rétrécirent et fixèrent la femme. Les lèvres de la femme étouffèrent un rire.

« Pensais-tu vraiment que tu pourrais te débarrasser de moi ? C’est très vaniteux pour un chat errant comme toi. »

« ... Ne t’emporte pas, petite fille ! »

L’homme à la tête léopard haussa la voix à la vue du sourire moqueur de la femme. Il avait sorti un couteau de la ceinture présente autour de sa taille et l’avait planté dans son bras droit. En se coupant le poignet avec la chaîne qui le liait, son corps serait à nouveau libre de bouger. La femme qui maniait le parasol déclara « Mon Dieu ! » avec une admiration apparente.

« Hmph, pour un chat errant, je dois admirer tes tripes. Un des hommes de Kristof Gardos, je présume ? Avec le Front de l’Empereur de la Peste Noire sur ses dernières jambes, vous avez certainement traversé la mer pour venir ici, avec beaucoup d’ennuis. »

« ... Je vais te tuer ! » L’homme hurla alors que du sang frais se répandait depuis son bras droit.

Même pour les hommes-bêtes, qui possédaient une grande capacité de guérison, régénérer un bras complètement coupé n’était pas chose facile. Cependant, même à ce prix-là, il avait besoin de vaincre cette femme d’origine inconnue, ici et maintenant. Pour le succès de leur plan, quelqu’un qui connaissait le nom de Kristof Gardos — le lieutenant-colonel — ne pouvait pas être laissé en vie.

En arrachant son propre poignet de son bras, l’homme avait utilisé la vitesse monstrueuse caractéristique des hommes-bêtes pour charger la femme porteuse de parasol.

Il n’avait plus besoin de compter sur le couteau. La force brute d’un homme bête était grande, même parmi les démons, plus que suffisante pour déchirer une femme humaine impuissante à mains nues.

Cependant, cette femme parasol d’origine inconnue avait fait un sourire gracieux.

« Futile. Du moins, pour toi... »

Les griffes s’étendant du bout des doigts de l’homme touchèrent son épaule mince... du moins le pensait-il. À cet instant, la forme de la femme s’était transformée en une belle ondulation, comme la surface de l’eau, ne laissant que peu d’air derrière elle.

« Putain... !? » Alors que l’expression d’un choc l’envahissait, l’homme à la tête de léopard regarda vers l’arrière.

La femme, qui tenait encore élégamment son parasol, s’était éloignée d’une dizaine de mètres sur le toit de l’immeuble voisin.

Il n’y avait eu aucun son, aucune sensation, et pas un seul cheveu sur sa tête n’avait bougé. C’était arrivé instantanément.

Il avait l’impression de regarder un mirage dans le désert, mais l’existence de la femme n’était certainement pas une illusion.

Son cœur battait. Elle respirait. Son corps était chaud. Elle avait une odeur. Tous ses sens d’homme-bête, des centaines de fois plus sensibles que ceux d’une personne normale, lui avaient dit que la femme existait vraiment. Elle était, sans aucun doute, un être humain normal en possession d’une forme physique.

« Je te l’ai dit, tu ne peux pas me tuer..., » avec un sourire taquin, la femme au parasol claqua des doigts.

Une grande ondulation s’était répandue dans tout l’air qui entourait l’homme. Quand il s’était rendu compte que ce qui ressemblait à une ondulation était en vérité un cercle magique à haute densité, il était trop tard. Un grand nombre de chaînes d’argent émergèrent du vide, assaillant l’homme comme s’il s’agissait de serpents sensibles, bloquant tout son corps.

« La magie du contrôle spatial... !? C’est de la folie ! C’est un sort que seuls les plus grands praticiens de la magie peuvent réussir ! Comment une petite fille comme toi peut-elle... !? » La voix de l’homme déchu, alors que tout son corps était retenu par des chaînes, tremblait d’étonnement.

Mais la femme ne déclara pas un mot, tapant sur son parasol avec un soupir désintéressé. Puis, regardant sur le côté de son visage illuminé par le clair de lune, l’homme à la tête de léopard avait fait un faible gémissement.

« Je comprends maintenant... tu es Natsuki Minamiya ! Qu’est-ce que tu fais ici !? Tu n’as pas assez de sang de démon sur les mains, Sorcière du Vide... ! »

« Mon Dieu, mon Dieu... le chat errant peut franchement encore parler, » la femme au parasol avait fait sa déclaration avec froideur. D’un léger signe de la main, la main soi-disant coupée de la panthère-garou était apparue du vide, se plaçant à son bras comme si elle forçait les deux à se réparer.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda l’homme, en jetant un coup d’œil à Natsuki.

Natsuki le regarda sans expression. « Ne t’inquiète pas. Je ne te guéris pas par gentillesse. C’est juste un petit coup de main pour arrêter l’hémorragie. Après tout, il serait inconvenant pour toi de mourir avant que nous n’ayons tiré l’information dont nous avons besoin de toi. »

« ... Penses-tu vraiment que je vais te donner des informations sur mes camarades ? »

« Je ne pense pas que des gens comme Kristof Gardos t’aient parlé de son vrai plan. »

« Qu’est-ce que tu veux dire... ? »

Natsuki lui tourna le dos sans donner de réponse à l’homme secoué.

« Je vais laisser l’interrogatoire sur ce que les terroristes de l’Empire du Seigneur de guerre ont l’intention de faire dans un Sanctuaire de Démons en Extrême-Orient aux individus de la Garde de l’île. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais je suis très occupée. Je dois me préparer pour les cours demain, » déclara Natsuki.

« Te préparer pour les cours... ? » demanda l’homme.

Les mots extrêmement déplacés de Natsuki avaient empli de doute l’homme panthère-garou.

Sans doute ne comprenait-il pas que cette femme, dont l’alias « la Sorcière du Vide » faisait trembler les démons de l’Europe, était professeur d’anglais au lycée le jour.

Natsuki avait disparu, laissant derrière elle une légère ondulation dans l’espace. Derrière ça, l’homme bête au sol et enchaîné avait été abandonné, tout seul.

Malgré le chapelet de malédictions qui sortait de ses lèvres, l’homme avait fait un petit rire.

Non, ça n’avait rien changé. Même le fait qu’il ait été capturé ici n’avait rien changé à la situation. Le plan était déjà en marche. Même la puissance de la Sorcière du Vide ne changerait pas le destin de cette ville. Quoi qu’il en soit, cet endroit était destiné à périr.

Cette nuit-là aussi, la ville endormie se baignait dans la lueur silencieuse du clair de lune.

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Claramiel

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