Strike the Blood – Tome 2 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Le Bicorne

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Chapitre 4 : Le Bicorne

Partie 1

Le dieu Nezha adoré par les taoïstes possédait trois visages et huit bras. Il était un dieu du combat avec un corps artificiel fait de racines de lotus et d’or, brandissant une lance crachant du feu et un brassard qui pouvait fracasser les têtes de ses ennemis…

Cependant, le Nalakuvera, modelé en hommage au dieu Nezha, possédait une forme beaucoup trop tordue et diabolique pour être lui-même appelé un dieu.

Enveloppé par une armure épaisse, il possédait six pattes qu’il utilisait pour piétiner l’épave d’un camion blindé et faucher les grues qui s’élevaient dans la zone. Les éblouissants rayons pourpres étaient crachés de sa tête et déchiraient facilement le sous-flotteur recouvert d’acier, créant ainsi d’énormes explosions.

Cette puissance destructrice, qui dépassait de loin le niveau des armes terrestres conventionnelles, rivalisait certainement avec celle des Vassaux Bestiales des vampires.

Kojou comprenait très bien pourquoi le Front de l’Empereur de la Mort Noire voulait cela. Cependant, cette arme ancienne avait continué à se déplacer de son propre gré, quelle que soit la volonté de son pilote.

Même sans que Yukina ne l’explique clairement, il n’y avait aucun moyen pour lui de laisser un monstre dangereux comme celui-ci entrer dans les limites de la ville.

Cependant, en regardant le Nalakuvera de près, il ne savait pas comment il devait s’attaquer à quelque chose d’aussi ridiculement énorme…

« Qu’allez-vous faire, Kojou Akatsuki ? Comment comptez-vous ralentir ce monstre ? »

Debout à contrecœur à côté de Kojou, Sayaka avait parlé d’un ton grincheux. Les yeux de Kojou s’écarquillèrent vers elle.

Il y avait au plus trente mètres, entre eux et le Nalakuvera. À en juger par la grande taille de l’arme ancienne, ils étaient tout aussi en danger que s’ils se tenaient juste en face d’elle.

« Kirasaka !? Qu’est-ce que vous venez faire ici ? » demanda Kojou.

« Yukina a dit qu’elle voulait que vous gagniez du temps, alors c’est naturel pour moi de coopérer, vous savez ! » déclara Sayaka.

« C’est… c’est pour ça ? » demanda Kojou.

Bien qu’il ne s’agisse probablement pas d’une pensée calme et rationnelle, l’affirmation vigoureuse de Sayaka fit que Kojou accepta immédiatement cette idée. Sayaka ajouta un signe de tête, avec son visage qui était très sérieux.

« Tout à fait d’accord. En plus… »

Avant qu’elle n’ait fini de parler, un rayon avait jailli de la tête du Nalakuvera.

La lance qui crachait du feu… en termes modernes, c’était un canon laser de gros calibre. La lance se déplaçant à la vitesse de la lumière possédait une température dépassant les vingt mille degrés à son point focal, et elle pourrait sans aucun doute transformer la chair d’un vampire en cendres en un instant.

Mais Sayaka avait terminé son mouvement avant même que le rayon ne soit libéré.

La Danseuse de Guerre Chamanique de l’Organisation du Roi Lion avait vu et agi un moment dans le futur à travers sa Vision Spirituelle. La défense de Sayaka était donc plus rapide que l’attaque du Nalakuvera qui allait à la vitesse de la lumière.

« … Kirasaka !? » s’écria Kojou.

« Ma Frappe scintillante  possède deux capacités… L’une d’elles est de neutraliser les attaques physiques. Soyez reconnaissant, Kojou Akatsuki. Si je n’avais pas été là, vous seriez des cendres en ce moment même ! » déclara Sayaka.

Ce n’était pas la matière physique que l’épée de Sayaka avait coupée, mais l’espace qui la maintenait ensemble. Quelle que soit la vitesse de l’attaque, quelle que soit la chaleur de l’attaque, elle ne pouvait pas infliger de dégâts dans l’espace lui-même. Pour cet instant, l’espace que la Frappe scintillante avait coupé s’était transformé en un mur de défense absolue et invincible.

Sous les yeux de Kojou, le laser de gros calibre du Nalakuvera semblait s’enfoncer dans un mur invisible qui obstruait son chemin, disparaissant dans le néant.

« Ainsi, le mur qui peut se défendre contre toute attaque est, en d’autres termes, la lame la plus résistante du monde. Il n’y a rien que ma danse de l’épée ne puisse couper, même une arme des dieux… ! » déclara Sayaka.

Le Nalakuvera ayant terminé de tirer son laser, Sayaka avait sprinté vers les pieds de l’arme ancienne maintenant sans défense, l’épée levée.

C’était une épée tout à fait trop énorme pour qu’une fille mince puisse s’en servir. Sayaka la contrôlait comme s’il faisait partie de sa propre chair et de son sang en réalisant une belle danse. Elle frappa la jambe du Nalakuvera avec la lame d’argent, la tranchant malgré son armure épaisse, puis la tranchant à nouveau dans une succession d’attaques. Pour l’œil, c’était une danse de l’épée qui contrastait la magnificence avec la férocité.

Kojou ne pouvait que regarder attentivement le spectacle. La capacité de combat de Yukina était inhumaine, mais l’art de l’épée de Sayaka ne l’était pas moins. Dans un sens, elle, qui pouvait affronter un monstre sur un pied d’égalité, était elle-même un monstre.

Sayaka avait continué ses attaques féroces. Bien qu’elle n’ait pas été en mesure de le couper en deux, ses attaques incessantes tranchantes avaient sectionné une jambe du Nalakuvera.

Sayaka avait continué, concentrant ses attaques sur les deux jambes restantes de ce côté. Finalement, les jambes endommagées du Nalakuvera n’avaient pas pu supporter son poids, et donc l’énorme corps s’était lentement effondré. Une jeune fille seule, avec une seule épée, avait mis l’arme des dieux à genoux. Kojou ne pouvait qu’appeler ça une force absurde.

Il se demandait si, à ce rythme, la jeune fille allait vaincre le Nalakuvera toute seule…

C’est un moment après que Kojou ait embrassé un tel espoir fugace que le corps de l’arme ancienne avait subi un changement soudain.

« Eh… !? » s’écria Kojou.

L’épée de Sayaka, après avoir traversé le Nalakuvera d’un seul côté jusque-là, avait rebondi soudainement sur la surface de son armure. Sayaka avait répété son attaque coupante, mais l’arme antique s’était aussi défendue contre cela.

Un symbole mystérieux émergea sur l’armure du Nalakuvera, enveloppant la machine d’une légère lueur d’énergie magique.

Sayaka s’exclama en réalisant la vraie nature de cette lueur. « Un bouclier de répulsion !? »

Les attaques utilisant la Frappe scintillante  pouvaient trancher dans l’espace des connexions. Cependant, cela signifiait aussi que la lame ne pouvait que sectionner l’espace avec lequel elle était en contact. Le champ de répulsion enveloppant la surface de l’armure du Nalakuvera avait évolué pour repousser l’épée de Sayaka avant même que la lame ne la touche.

Ses attaques ne fonctionneraient plus contre le Nalakuvera…

« C’est ce dont l’arme des dieux est capable… !? » s’exclama Sayaka.

Une arme apprenante et évolutive. Sayaka frissonna face à l’idée. C’était devenu une faille momentanée dans sa défense.

Les antennes du Nalakuvera regardaient Sayaka du dessus de sa tête.

Le temps que Sayaka s’en rende compte, il était déjà trop tard. Les pointes des palpeurs avaient projeté des rayons cramoisis. Une Sayaka réagissant tardivement n’avait pas pu les repousser.

Les jets incandescents pouvaient traverser de l’acier épais en un instant.

Sans aucun doute, si le corps de Sayaka en était baigné, il n’en resterait aucune trace.

Mais ce qui avait frappé Sayaka n’était pas un rayon incandescent, mais un simple impact physique.

Quelqu’un avait repoussé Sayaka avec un tacle maladroit.

« … Allez-vous bien, Sayaka !? » s’écria une voix d’homme.

C’était Kojou qui avait plongé la tête la première dans Sayaka, mais alors qu’il criait, elle était tombée sur le sol dur.

Le corps bien entraîné de Sayaka avait amorti la chute sans réfléchir et cela l’avait immédiatement ramenée sur ses pieds. Tous les dommages graves avaient été évités. Cependant, ses troubles mentaux étaient profonds.

« Kojou Akatsuki !? Cette blessure !? » s’écria Sayaka.

Kojou, se levant difficilement à ses pieds, présentait de la fumée blanche qui s’élevait de sa cuisse gauche creusée. Il avait été touché par le laser du Nalakuvera lorsque Kojou avait protégé Sayaka.

« Je vais bien, je vais bien. Une blessure aussi petite va se refermer en un rien de temps, » répondit Kojou.

Kojou avait souri alors même que son visage était grimacé par la douleur.

Un vampire ancien était inviolable et immortel. Cependant, la douleur qu’ils ressentaient lorsqu’ils se blessaient n’était pas différente de celle d’un humain normal.

Sayaka en était sans doute bien consciente. Sayaka avait un peu pâli, apparemment incapable de trouver les mots qu’elle devait lui adresser.

« … Bref, qu’est-ce qu’il fait, ce type ? » demanda Kojou.

Se forçant à se tenir debout sur sa jambe gauche blessée, Kojou avait tourné son regard vers le Nalakuvera. L’arme ancienne, endommagée par les attaques de Sayaka, avait apparemment cessé de bouger.

À la place, l’armure légèrement courbée sur le dos s’était lentement ouvert.

Ils avaient vu une série d’ailes qui ressemblaient à celles des coléoptères s’étirer de là. À l’intérieur de l’armure se trouvaient des tuyères de propulseur de forme cylindrique.

« Essaie-t-il de voler !? » demanda Kojou.

Les données qu’Asagi avait sur le Nalakuvera suggéraient une capacité de vol. Kojou avait serré ses dents en se rappelant ce fait.

Les buses du Nalakuvera s’étaient dispersées dans un grondement hurlant, soufflant du vent partout.

Ce n’était pas un vol ailé comme le feraient les oiseaux et les ptérosaures. C’était un vol motorisé par la force brute.

Mais les limites de l’Île d’Itogami n’étaient qu’à quelques kilomètres de là. S’il pouvait s’envoler, il pourrait sûrement atterrir à l’improviste dans la cité. Ils ne pouvaient pas permettre au Nalakuvera de s’échapper de là.

« … Frappe-le, Regulus Aurum ! » cria Kojou.

Kojou leva le bras droit au-dessus de sa tête. Du sang frais en avait jailli.

Son sang frais avait créé une masse d’une énorme puissance magique qui s’était transformée en un rayon doré d’énergie magique. Le faisceau condensé s’était formé en prenant celle d’une bête géante dans les airs — un grand lion enveloppé d’éclairs.

C’était celui de Kojou Akatsuki, alias le quatrième Primogéniteur, le Vassal Bestial, Regulus Aurum…

Bien que nominalement apprivoisé, il avait hésité à faire appel à sa trop grande puissance. Mais ce n’était plus le moment ni le lieu pour de telles préoccupations.

« Oooooooooooooooooooooo... ! » Le lion d’éclairs avait répondu à l’esprit combatif de Kojou en courant à travers les cieux.

D’une altitude supérieure à celle du Nalakuvera, il s’était transformé en éclair et avait couru vers le sol. La lumière diffusée dans toutes les directions par les éclairs dorés se rapprochait rapidement de l’arme ancienne.

Le Vassal Bestial du Primogéniteur, dit rival d’une catastrophe naturelle, avait alors frappé.

La machine Nalakuvera avait résisté. Malgré l’écrasement des deux ensembles d’ailes, la coupure de ses jambes et la perte d’environ la moitié de son armure sur tout le corps, elle avait réussi à ne pas exploser.

Cependant, il était impossible de nier tout l’impact féroce.

Le lion de foudre avait poursuivi sa descente vigoureuse, écrasant le Nalakuvera dans le sol.

La construction creuse du sous-flotteur n’avait pu résister à la force des choses. L’acier épais qui recouvrait la surface de la surface s’était retourné vers l’extérieur, brisant l’ossature d’acier tendue à l’intérieur.

L’énorme corps du Nalakuvera était devenu un boulet de canon, perçant la surface et s’enfonçant profondément en dessous.

Et tout naturellement, Kojou et Sayaka avaient été pris dans l’onde de choc qui avait suivi.

« Uoooh !? »

Le sol sur lequel se tenaient Kojou et Sayaka s’était effondré sans aucun avertissement.

Un grand trou s’était ouvert à leurs pieds qui semblaient se poursuivre jusqu’aux enfers. Kojou savait qu’il tombait quand un désagréable sentiment d’apesanteur l’avait assailli.

Sayaka était juste à côté de lui. Au milieu des échos des vents turbulents et du grondement des débris qui tombaient…

« Espèce d’idiot… !! » cria Sayaka.

… en quelque sorte, le son de son cri avait été la seule chose qui avait captée par les oreilles de Kojou comme étrangement distinctes.

***

Partie 2

Le sous-flotteur no 13, construit comme une poubelle géante, avait été conçu fondamentalement comme un pétrolier. Les seules différences étaient qu’il était destiné à stocker des déchets compactés, et non de pétrole, et qu’il était d’un ordre de grandeur supérieur en taille.

Bien que divisée par de nombreuses cloisons, il s’agissait essentiellement d’une boîte vide enveloppée d’une robuste coque en acier.

De la surface à la partie la plus profonde, il y avait une trentaine de mètres…

Comme c’était l’équivalent d’un immeuble de dix étages, il était en fait plus haut que l’immeuble dans lequel vivaient Kojou et Nagisa. Naturellement, ce n’était pas une hauteur que l’on pouvait atteindre sans équipement. Étant tombé d’une telle hauteur, c’était presque miraculeux qu’ils soient encore vivants.

« D’une façon ou d’une autre, tout va bien… hein ? »

Debout sur une montagne de débris, Kojou poussa un soupir très profond.

Ce n’était pas qu’ils étaient tombés de trente mètres en ligne droite, leur descente avait été relativement indulgente, comme lors d’un glissement de terrain. Ils avaient heurté plusieurs cloisons en descendant, ce qui ralentissait encore plus leur vitesse de chute.

La santé de Kojou et Sayaka était le produit de coïncidences empilées l’une sur l’autre.

Ils avaient eu de la chance que le sous-sol du sous-flotteur soit vide.

S’il avait été plein comme les autres sous-flotteurs de type décharges, ils auraient probablement été enterrés vivants sous des dizaines de milliers de tonnes de déchets. Il pensait que même un Primogéniteur immortel ne se remettrait probablement pas d’une telle situation.

Et alors que Kojou poussait un soupir de soulagement, Sayaka avait fait entendre un « Kii ! » d’une voix aiguë.

« Nous n’allons pas bien ! Qu’est-ce qui vous a pris ? N’avez-vous aucun concept de retenue !? Vous n’aviez pas besoin de le faire passer à travers toute la construction !! » s’écria Sayaka.

« Je n’ai pas pu m’en empêcher, j’avais peur que ce monstre-crabe ne s’échappe… et qu’il n’essaie de s’envoler…, » répliqua Kojou d’une petite voix hésitante. Il avait vraiment voulu limiter les dégâts aux alentours, même si cela ne servait pas à grand-chose puisqu’il y avait une barrière. Mais…

« Bon sang ! » déclara Sayaka, semblant stupéfaite quand elle secoua la tête. « Certes, je peux accepter cette puissance digne du vampire le plus puissant du monde, mais ce Vassal Bestial n’est rien d’autre qu’un problème. Un faux pas et vous, son maître, seriez pris dedans et tué, vous aussi. »

« J’admets que c’est un problème… mais il a abattu ce monstre-crabe, alors ça a marché. »

Kojou avait jeté sa réponse alors qu’il brossait son parka poussiéreux.

Voyant que Kojou n’avait pas l’air du tout désolé, Sayaka s’était mise un peu en colère.

« Et le Nalakuvera ? » demanda Sayaka.

« Qui sait ? Mais on croirait que c’est retrouvé enterré là-dessous, » répondit Kojou.

Kojou avait montré du doigt le tas de débris tombés pendant qu’il parlait. À l’endroit où l’arme ancienne s’était apparemment écrasée, un tas de débris d’une dizaine de mètres de haut s’était empilé sur l’endroit.

Avec une telle quantité de barres d’armature et de plaques d’acier empilées sur le chemin, il n’y avait aucun signe du Nalakuvera. Cependant, Kojou n’avait rien senti non plus se tortiller en dessous.

« L’avez-vous détruit ? » demanda Sayaka.

« Probablement. Ça ou alors, il a subi tant de dégâts qu’il ne peut pas bouger sans une réparation, » répondit Kojou.

« Je vois. C’est très bien, mais… bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Sayaka.

Kojou s’était gratté la tête en réponse à la question de Sayaka.

Le sous-flotteur, construit uniquement pour le stockage d’une énorme quantité de déchets, avait un intérieur vraiment immense. De plus, comme l’installation était encore en construction, il y aurait très peu d’installations et peu d’éclairage disponible, soit le strict minimum requis en cas d’évacuation. Ils ne s’attendaient pas vraiment à ce que quelqu’un s’y aventurait, après tout.

« Si nous regardons autour de nous, nous devrions au moins pouvoir trouver une échelle d’inspection, » déclara Kojou.

Pendant qu’il parlait, Kojou regardait autour de lui et se dirigeait vers un endroit approprié.

« Attendez, ne pensez-vous quand même pas me quitter ? » demanda Sayaka.

Sayaka, qui semblait sur le point d’être abandonnée, se dépêcha de suivre Kojou.

« Ah ! » s’exclama Sayaka.

À ce moment-là, le sol sous ses jambes était devenu un problème pour elle. Alors qu’elle grimpait sur un tas de débris de forme irrégulière, le mouvement des débris avait fait perdre l’équilibre à Sayaka et cela l’avait fait tomber.

« Wo-woaahhh !? » s’écria Sayaka.

Heureusement, Kojou était là, en train de réfléchir. Il l’avait rattrapé de dos alors qu’elle allait tomber la face vers le haut. Il plissa les sourcils, car les paumes de ses mains avaient senti la présence de quelque chose d’assez ample et flexible.

« … Hya !? » s’écria Sayaka.

Alors que Kojou finissait par serrer généreusement les seins de Sayaka, elle avait poussé un cri très féminin.

Réalisant la vraie nature de ce qu’il saisissait, Kojou retira rapidement les deux mains.

En raison du pull d’été, il n’avait pas remarqué, mais Sayaka était apparemment du type bien doté. Malgré sa minceur, le volume de ses seins était incroyable.

« Euh, désolé, » déclara Kojou.

Kojou s’était senti mal à l’aise lorsqu’il s’était immédiatement excusé. Sayaka appuya ses mains sur ses propres seins tout en jetant un coup d’œil sur Kojou.

« Pourquoi vous excusez-vous ? L’avez-vous fait exprès ? Aviez-vous donc de mauvaises intentions ? » demanda Sayaka.

« Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas ça, mais… Himeragi m’en a parlé au téléphone tout à l’heure, » déclara Kojou.

Sayaka inclina la tête avec un regard perplexe.

« Yukina ? Qu’est-ce qu’elle a… ? » demanda Sayaka.

« La raison pour laquelle vous détestez tous les hommes, » déclara Kojou.

Kojou baissa les yeux vers ses propres pieds pendant qu’il parlait, baissant le ton de sa voix.

Le regard de Sayaka s’était raidi, devenant comme celui d’une poupée.

« Désolé. Je ne savais pas que vous aviez peur que les hommes vous touchent, » déclara Kojou.

Yukina n’avait pas expliqué les détails, mais Kojou avait une assez bonne idée des circonstances.

Enfant née avec d’excellentes aptitudes spirituelles, elle avait souvent été maltraitée par ses parents. Le seul et unique père de Sayaka était apparemment le genre d’homme qui recourait régulièrement à la violence contre elle. Quand son père était mort avant que Sayaka n’entre à l’école primaire, l’Organisation du Roi Lion l’avait accueillie.

Cependant, la peur qu’elle éprouvait à l’égard de son père à un si jeune âge demeurait dans son cœur sous la forme d’une haine générale envers les hommes. Kojou ne voulait pas offrir une sorte de sympathie bon marché, mais il ne pensait pas qu’on puisse en vouloir à Sayaka.

Même s’il s’agissait d’une situation d’urgence, Kojou avait réfléchi au fait qu’il l’avait attrapée, l’avait plaquée au sol et l’avait touchée de façon insensible à plusieurs endroits de son corps sans tenir compte de ça.

Pendant un moment, Sayaka fixa Kojou, avec un regard d’étonnement clairement lisible sur son visage.

Puis, elle avait soudain saisi les lèvres de Kojou, les tordant grossièrement vers le haut. Kojou, incapable de serrer les dents, s’y était opposé, mais sans opposer une grosse résistance.

« Qu’est-ce que vous faites !? Ça fait mal ! » cria Kojou.

« Je me demande pourquoi Yukina vous en a parlé…, » déclara Sayaka.

Sayaka avait parlé comme si elle se posait la question. Ses lèvres étant encore tordues, Kojou haussa les épaules.

« Elle m’a fait la morale par rapport au fait que je ne devais rien faire qui vous ferait peur. Elle s’inquiétait pour vous, » déclara Kojou.

« Ce n’est pas que j’en ai peur, c’est plutôt dégoûtant ? Dégueu ? » déclara Sayaka.

« C’est encore pire. Normalement, ça me déprimerait, » déclara Kojou.

Secouant la tête avec force, Kojou avait finalement libéré ses lèvres de son emprise. Sayaka regardait ses lèvres rouges et enflées avec le sourire. C’était un visage doux, souriant, sans aucune hostilité.

« Vous êtes vraiment un vampire étrange, » déclara Sayaka.

Sayaka toucha doucement le dos de la main de Kojou du bout des doigts de sa main droite libérée.

Elle avait augmenté la force de sa prise, comme si elle confirmait soigneusement quelque chose.

Kojou la regardait avec étonnement, n’ayant aucune idée de ce qu’elle faisait.

Mais il avait compris que pour Sayaka, toucher un garçon de son plein gré était un acte de courage.

« C’est une blessure d’avant, ça va ? » demanda Sayaka.

Sayaka regarda la jambe de Kojou d’un air inquiet. C’était la jambe blessée quand il avait protégé Sayaka.

Kojou avait légèrement fléchi son genou de haut en bas. Il lui restait encore quelques douleurs, mais il avait retrouvé presque toutes ses sensations.

« C’est au moins assez guéri pour que je puisse marcher dessus, » répondit Kojou.

« Je vois, c’est bien… Euh… merci de m’avoir sauvée, » déclara Sayaka.

Comme si elle rougissait, Sayaka baissa le visage pendant qu’elle parlait. Le cœur de Kojou avait fait un gros bruit sourd et du sang s’était répandu dans ses artères au niveau de ses joues chérubins et blanches, de l’arête raffinée de son nez et de ses longs cils soulignés.

« Froid !? » s’écria Kojou.

« Po-Pourquoi !? J’ai enfin été gentille avec vous et tout… ! » déclara Sayaka.

Les joues de Sayaka s’enflaient violemment à la réaction complètement inattendue de Kojou.

Kojou secoua la tête en levant la main dans le dos.

« Non, ce n’est pas vous… Il y a quelque chose de froid contre mon dos…, » répondit Kojou.

À ce moment, un cri délicat de « Hya ! » était sorti de la bouche de Sayaka.

Quand elle avait appuyé sur l’épaule de son uniforme, il était devenu complètement trempé. L’eau tombait comme de la pluie sur toute la structure du sous-flotteur.

« Qu’est-ce que c’est ? De l’eau de mer !? » demanda Sayaka.

« Merde… ce flotteur va aller dans les profondeurs ! » s’écria Kojou.

Peu importe la solidité de la construction d’un sous-flotteur, le Vassal Bestial de Vattler, le tir de laser du Nalakuvera et le coup de grâce de Regulus Aurum avaient apparemment dépassé ses limites, et ce, de façon impitoyable. Kojou et Sayaka n’avaient tout simplement pas remarqué comment l’eau s’infiltrait déjà de tous côtés.

« Ce n’est pas le moment de se plaindre ! Nous devons trouver un moyen de retourner à terre et vite ! » cria Sayaka.

Sayaka avait froidement souligné la situation. L’eau ne s’infiltrait pas très fortement, mais si les joints de la cloison anti-inondation se rompaient, la fuite deviendrait beaucoup plus massive. Ce n’était pas très agréable d’être mouillé et bloqué dans un endroit comme celui-ci.

« Et si on marchait le long d’un des murs comme quand on est perdu dans un labyrinthe ? » demanda Kojou.

« Tout est bon tant que c’est rapide ! » déclara Sayaka.

Alors qu’ils se livraient à de stupides bavardages, Kojou et Sayaka commencèrent à marcher en avant.

À ce moment-là, la mince obscurité dans le sous-sol du sous-flotteur avait été baignée d’une lumière cramoisie et éblouissante.

Un faisceau de lumière avait coupé l’obscurité dans toutes les directions, s’enfonçant indistinctement dans l’ossature du sous-flotteur. C’était le laser de gros calibre du Nalakuvera.

Une montagne de débris s’était écrasée avec un rugissement.

À l’intérieur de ça, l’arme ancienne émergeait, entourée d’une lumière blanc pâle. Sa forme avait été légèrement modifiée, mais le blindage et les jambes qui étaient dans tous les cas détruits avaient été réparés.

« Pas possible !? Pourquoi ça bouge après qu’on l’ait endommagé à ce point… !!? » s’écria Kojou.

« Ça ne peut pas être une transmutation !? Il a fusionné avec les matériaux de construction du sous-flotteur pour se régénérer ! Il ne semble pas avoir repris son vol, mais…, » répondit Sayaka.

L’arme ancienne avait fusionné avec les débris tout autour d’elle pour réparer les dommages qu’elle avait subis.

Ses deux palpeurs pointaient au-dessus de sa tête, il avait sans doute conclu qu’il ne pouvait pas s’échapper en montant.

Le Nalakuvera avait incliné le canon de son laser de gros calibre vers ses propres pieds.

Le mur extérieur d’un sous-flotteur s’étendait à trente mètres sous l’eau. Le faisceau incandescent avait traversé le mur d’acier allié, d’une épaisseur de plusieurs dizaines de centimètres, en un instant, ouvrant un énorme trou.

L’eau de mer accélérée par la pression de l’eau avait jailli haut comme un geyser. Cela devint soudain un ruisseau boueux qui avançait sur les pieds de Kojou et de Sayaka.

« Merde… franchement !? » s’écria Kojou.

Le Nalakuvera s’était échappé par le trou qu’il venait de faire. Cependant, ni Kojou ni Sayaka n’avaient eu le temps de s’inquiéter à ce sujet. En raison de cette attaque au laser, de violentes inondations avaient commencé dans tout le sous bassement.

Main dans la main, les deux individus s’étaient enfuis. Ils étaient entièrement trempés dans l’eau de mer de la tête aux pieds.

***

Partie 3

Asagi avait continué à déchiffrer les codes de commande dans la pièce qui ressemblait à un réfrigérateur. La façon douce dont elle tapait sur le clavier ressemblait moins à un programmeur qu’à un pianiste bien formé.

Libérant des souffles blancs, Asagi avait utilisé le micro pour l’appeler « partenaire » à travers le réseau.

« Mogwai, pas besoin d’autres analyses morphologiques. Applique les algorithmes ER, réévalue tous les paramètres préliminaires, exécute le processus spéculatif basé sur la distribution zêta, et après cela, tu peux commencer la comparaison des données étape par étape, » ordonna Asagi.

« Vous êtes aussi dure que d’habitude, jeune fille. Le bus système est à sa limite supérieure. Si vous faites plus, cela nuira au maintien de l’environnement de l’île Itogami. »

C’était une voix calme et mécanique qui répondait à l’appel d’Asagi. C’était la voix des cinq supercalculateurs qui tenaient à leur portée toutes les fonctions urbaines de l’Île d’Itogami. Asagi avait surnommé l’IA « Mogwai. »

Estimant que l’utilisation du Souverän Nine à l’intérieur du navire prendrait trop de temps, elle avait utilisé le réseau pour appeler Mogwai et enrôler le cerveau de l’île Itogami pour déchiffrer les codes de commande.

« Continue comme ça même si les tampons sont tous dans le chaos. On règle ça en moins d’un quart d’heure, » déclara Asagi.

« Ku-ku-ku-ku… c’est bon de vous retrouver ainsi, » répliqua Mogwai.

« Oh, tais-toi, » déclara Asagi avec un sourire féroce alors que cela lui venait à l’esprit. « J’ai enfin compris les règles de ce puzzle. Ils n’arrêtent pas de l’appeler une arme des dieux, n’est-ce pas ? C’est pourquoi les linguistes ont tous jeté l’éponge. Ils n’ont jamais imaginé un langage qui n’a pas besoin de logique ou de processus de pensée. »

La logique n’était pas nécessaire. En d’autres termes, le Nalakuvera n’avait pas évalué la situation. Après tout, c’était une arme qui n’existait que pour détruire. Les armes anciennes ne pensaient pas plus qu’un fusil ou une bombe.

Quand il avait trouvé quelque chose à détruire, le Nalakuvera le détruisait, et c’était tout. C’était la même logique fondamentale d’un dieu — « Que la lumière soit », et la lumière surgissait — les paroles des dieux qui différaient fondamentalement de celles des hommes.

« Mais si tu comprends comment tout cela est assemblé, c’est une architecture obsolète comme les autres, » annonça Asagi.

Après avoir fini de déboguer le programme d’analyse, Asagi avait fait sortir un « Hmph » par le nez.

Il y avait au total cinquante-deux tablettes de pierre contenant les codes de commande du Nalakuvera. L’analyse serait terminée en quinze minutes. Cela signifiait que l’arme ancienne redoutable tomberait sous le contrôle total des terroristes. Mais maintenant que le Nalakuvera était actif, c’était le seul moyen de l’arrêter.

Puisque le Front de l’Empereur de la Mort Noire n’était pas une bande d’idiots, ils surveillaient sûrement le travail d’Asagi de quelque part.

Dans la situation actuelle, avec Nagisa, Yukina et l’Île d’Itogami elle-même prises en otage, il n’y avait aucune raison de ralentir son travail ou d’essayer d’en faire un rapide.

Mais ce n’était pas le style d’Asagi Aiba de se laisser commander comme ça…

« Que dois-je faire maintenant, je me le demande… ? » murmura Asagi en caressant inconsciemment sa boucle d’oreille.

Comment se venger d’une bande qui avait daigné la faire travailler gratuitement ?

***

 

Alors que le visage d’Asagi était couvert d’un regard glaçant de sang, Yukina s’était glissée hors de la pièce en douce, la laissant derrière elle.

Yukina ne savait pas vraiment ce que faisait Asagi. Cependant, son génie inégalé était évident, même pour les yeux non entraînés de Yukina. Le sens et la perspicacité d’Asagi sur la programmation n’étaient pas vraiment le produit d’un processus de pensée logique, il était plus proche de la Vision Spirituelle de Yukina et Sayaka ou même de la possession divine.

À sa grande surprise, si Asagi avait été élevée par l’Organisation du Roi Lion, elle pourrait déjà être une Chamane Épéiste surpassant même Yukina. Elle aussi était une résidente du Sanctuaire des Démons.

« … Pourquoi ? » murmura Yukina.

Contre son attente, il n’y avait pas de gardes à l’extérieur de la pièce des filles.

Yukina s’était glissée hors de la pièce parce qu’elle avait des soupçons à ce sujet.

Même à bord d’un navire qui n’avait nulle part où aller, ils avaient fait preuve d’un peu trop de négligence, ce à quoi on ne s’attendait pas de la part du Front de l’Empereur de la Mort Noire, très entraîné. Alors qu’elle réfléchissait à de tels doutes, Yukina se dirigea vers un couloir le long du côté du navire. Mais elle n’arrivait pas à distinguer les gardes.

L’Oceanus Grave était si silencieux qu’il ressemblait presque à un navire fantôme.

Elle s’était rendu compte qu’une des embarcations de secours de l’Oceanus Grave était en train d’être descendue à la surface de la mer. L’équipage du navire et le personnel non combattant du Front de l’Empereur de la Mort Noire montaient à bord de l’embarcation de secours l’un après l’autre. C’est sans doute la raison pour laquelle il n’y avait pas de soldats qui montaient la garde.

« … Pourquoi évacuer des non-combattants à un moment pareil ? » demanda Yukina.

Yukina était perplexe, mais bien sûr aucune réponse ne lui venait à l’esprit. Pour l’instant, l’Oceanus Grave n’était pas particulièrement en danger. Elle ne voyait aucune raison pour qu’ils abandonnent le navire sur le point de s’emparer du Nalakuvera, créant ainsi une situation résolument favorable pour eux.

S’il y avait un danger, ce n’était pas de l’extérieur du vaisseau…

« Ce n’est pas possible… !? » s’écria Yukina.

Suivant son instinct de Chamane Épéiste, Yukina avait sprinté. Sa destination n’était pas jusqu’à la passerelle, mais vers le bas, vers la soute au fond du navire. Bien que l’Oceanus Grave soit un bateau de croisière, il avait aussi une large porte comme un cargo. En d’autres termes, il était capable de transporter une énorme quantité de marchandises.

Comme pour confirmer les attentes de Yukina, le couloir qui continuait vers la soute était garni des troupes du Front de l’Empereur de la Mort Noire qui montaient la garde : deux hommes-bêtes armés de pistolets automatiques.

Elle n’avait pas eu le temps d’hésiter. Yukina sauta dans le couloir, sprintant de toutes ses forces pour réduire la distance avec les soldats. Comme elle s’y attendait, les soldats n’y étaient pas préparés, et leurs réactions avaient été trop lentes.

Yukina s’était envolée en un vol plein avant qu’ils ne puissent pointer leurs armes.

« … Tonnerre accroupi ! » cria Yukina.

Elle avait fait un puissant coup de pied dans la tête de l’un des soldats alors qu’il se retournait.

Bien que les hommes bêtes aient une endurance exceptionnelle, leur anatomie était identique à celle des êtres humains. Si vous frappiez le cerveau, vous pourriez infliger une légère commotion cérébrale, surtout si vous l’avez fait avant qu’ils ne se transforment en bête.

« Éclair brut ! » continua Yukina.

S’accroupissant pour utiliser le soldat inconscient comme bouclier, elle avait continué avec une frappe vers le plexus solaire de l’autre soldat, libérant l’énergie rituelle à l’intérieur de son corps au cours du processus. L’homme bête soldat s’était évanoui de douleur à la suite du seul coup infligé à son corps.

Yukina se tourna vers la soute, ne jetant même pas un coup d’œil aux soldats tombés au combat. Elle poussa la lourde porte métallique, puis ses yeux s’élargirent en raison du choc de ce qu’elle voyait.

« C’est… »

La vaste soute contenait des armes blindées solides et épaisses. Chacune avait six pattes, deux bras et un œil cramoisi et luisant.

« Ce n’est pas possible… Ce sont tous des Nalakuvera !? » s’écria Yukina.

Il y avait cinq armes anciennes inactives au total. Il y avait quelque chose d’encore plus grand à l’intérieur, mais Yukina n’arrivait pas à le distinguer depuis son emplacement.

Yukina entendit alors derrière elle une voix féroce, mais calme.

« … Chamane Épéiste de l’Organisation du Roi Lion, c’est ça ? Encore mieux que les rumeurs. En Europe, peu de gens peuvent abattre un homme bête sans arme, même par surprise. C’est un magnifique travail. »

« Kristof Gardos… ! » s’exclama Yukina.

Yukina avait prononcé le nom de l’homme. L’officier âgé du Front de l’Empereur de la Mort Noire avait souri en regardant Yukina, totalement calme.

« Même Vattler n’est pas au courant. Il n’aurait peut-être pas coopéré avec nous s’il avait su, » déclara Gardos.

« C’est donc ça, votre véritable objectif ? Vous mettez la main sur une armée de Nalakuvera !? » s’exclama Yukina.

Gardos acquiesça solennellement. « La guerre n’est pas décidée par les capacités de chaque arme individuelle, mais par la force militaire combinée. La capacité de combat du Premier Primogéniteur est redoutable, mais un seul homme ne peut défendre tout l’Empire du Seigneur de Guerre. Une troupe de machines de combat qui consomment des débris pour se réparer, capables de se battre à perpétuité… un spectacle pour faire battre le cœur, vous ne trouvez pas ? »

Prenant plaisir à regarder une Yukina horrifiée, Gardos continua son explication pédante. Apparemment, bien qu’il soit le chef d’un groupe terroriste, il avait eu la chance d’avoir un don pour l’oraison.

« Même si nous ne détruisons pas le Premier Primogéniteur, l’effondrement de son Dominion rendra le Traité de la Terre Sainte insoutenable. Ce faisant, nous atteindrons notre objectif. Ce maniaque de combat Vattler ne peut sûrement pas comprendre nos raisons, » continua Gardos.

« Vous dites donc que vous sacrifierez non seulement l’Île d’Itogami, mais aussi les habitants de votre propre pays, l’Empire du Seigneur de Guerre ? » demanda Yukina.

Yukina regarda Gardos d’un air furieux. Gardos hocha la tête, alors que son expression demeurait inchangée.

« Bien sûr que oui. C’est pourquoi ils nous appellent terroristes, » déclara Gardos.

Sans un mot, Yukina avait abaissé son centre de gravité.

Même un seul Nalakuvera avait menacé de détruire la totalité de la Ville d’Itogami. Et le Front Empereur de la Mort Noire en avait cinq autres. Elle ne pouvait pas laisser un tel pouvoir leur tomber entre les mains.

Si elle pouvait faire tomber Gardos ici, même si cela signifiait se sacrifier…

« Hu-hu-hu-hu, assez ambitieux, n’est-ce pas ? C’est vraiment dommage. Si j’avais eu des individus comme vous dans mon unité, je n’aurais pas eu à regarder mon vieil ami, l’Empereur de la Mort Noire, être tué sous mes yeux…, » déclara Gardos.

En regardant Yukina se placer dans une position de combat, Gardos semblait content alors qu’il caressait la vieille cicatrice sur sa joue. Il avait sorti un couteau de son dos. Son corps s’était mis à grincer alors que ses muscles enflaient sur tout son corps. Il était en train de se transformer en bête.

Quelle que soit l’intelligence dont il avait fait preuve, son instinct était celui d’un terroriste qui avait soif de bataille et de destruction. Haussant sa voix dans la joie devant le massacre attendu, il frappa avec son couteau avec une force incroyable.

Yukina avait esquivé l’attaque bestiale d’une épaisseur de cheveux.

« Ha-haha ! Splendide. Vous avez évité mon couteau ! » déclara Gardos.

Gardos avait immédiatement modifié la trajectoire de son couteau. Mais le mouvement puissant avait créé une ouverture sur le côté. Yukina passa devant l’attaque de Gardos et posa une paume sur son flanc.

« … Distorsion ! » cria Yukina.

Elle avait déclenché une frappe de paume à bout portant.

En combat rapproché, c’était l’atout de Yukina — envoyer la force d’un impact au-delà de la chair épaisse d’un homme bête directement dans ses entrailles. Elle avait une fois utilisé la même technique pour détruire la tenue blindée de l’apôtre lothargien.

Mais le feed-back de la paume de la main de Yukina était étrange. Son visage était devenu grognon quand elle avait mis de la distance entre eux.

Le corps de Gardos n’avait pas été endommagé. La frappe de la paume de la main de Yukina n’avait pas fonctionné sur lui.

« … Biobarrière !? » s’exclama Yukina.

« C’est ce que vous appelez le qi gong, n’est-ce pas ? Vous pensiez que je n’étais pas versé dans les arts martiaux parce que je suis un homme bête, n’est-ce pas ? » demanda Gardos.

Gardos avait fait un sourire amusé en repositionnant son couteau.

Pour Yukina, le couteau n’était pas la vraie menace. La collision avec le corps de Gardos pourrait facilement briser les os de Yukina, un plaquage au sol avec cette carrure massive briserait sans doute le corps de Yukina en lambeaux.

Même en sachant cela, la retraite n’était pas une option pour Yukina.

« … Tonnerre rugissant ! » cria Yukina.

En utilisant des frappes sur le mur et le plafond pour l’accélération, Yukina avait effectué un coup de pied volant délicat, l’utilisant pour frapper le côté de la tête de Gardos.

Il n’y avait pas moyen d’échapper à l’attaque, mais Gardos l’arrêta froidement avec son front. Sa vitesse de réaction et sa rapidité de décision étaient le fruit d’une vaste expérience martiale.

« Hnng !! »

Gardos changea de direction en secouant la tête, renvoyant le corps léger de Yukina.

Yukina sauta en l’air comme un chat avant d’atterrir sur le sol avec grâce. Gardos avait choisi ce moment précis pour avancer avec son épaule placée à l’avant. Yukina avait à peine réussi à reculer et à l’éviter.

L’action de Gardos semblait suicidaire, mais l’officier âgé avait percé le mur extérieur de l’Oceanus Grave, se dirigeant droit dehors avec à peine une égratignure.

C’était une puissance destructrice ridicule, même selon les normes des hommes bêtes rusés.

Yukina avait poursuivi Gardos sur le pont. Elle pensait que le combat y serait plus avantageux que dans les couloirs étroits du navire. Cependant, à ce rythme, même si elle continuait à se battre, elle n’avait aucun moyen pour elle de gagner.

Leur compétence au combat était à peu près égale. Gardos avait l’avantage absolu en vitesse, Yukina avait l’avantage en réactivité. Mais la différence de puissance était trop grande.

Même si un coup de Gardos pourrait mettre Yukina hors du combat, aucune de ses attaques n’avait fonctionné sur lui.

De plus, Gardos ne se retenait pas et ne sous-estimait pas du tout Yukina.

À ce rythme, la défaite était inévitable. Dès qu’un tel sentiment de désespoir avait commencé à tenir Yukina dans ses griffes…

… Une rafale d’une force incroyable les avait frappés tous les deux.

« C’est quoi ce vent !? » s’exclama Gardos en réponse à ce changement soudain. C’était un vent violent qu’on ne pouvait appeler qu’une tempête de vent. La vitesse du vent était sûrement la rivale d’un typhon de catégorie 5. La légère Yukina risquait d’être facilement emportée par le vent à la moindre perte de concentration. Elle ne pouvait pas baisser sa vigilance face à la masse d’air qui claquait directement en elle.

Mais ce qui était vraiment surprenant, c’était la tranquillité de la mer tout autour de l’Oceanus Grave. La rafale faisait seulement rage dans les environs de Yukina et Gardos.

Quelque chose volait, avançant dans le vent. Il avait une belle lame en argent. Sa pointe avait été fendue en une triple fourchette. La silhouette ressemblait à celle d’un avion de chasse à voilure balayée. C’était une lance complètement métallique, de couleur argentée.

« Sekkarou !? » s’écria Yukina.

Dans les airs, Yukina arracha la lance volante qui avait chevauché le vent.

À ce moment-là, la tempête de vent s’était calmée, comme si maintenant que Yukina avait reçu la lance, son devoir était accompli…

« Qui a fait ça… !? » s’écria Yukina.

Elle regarda avec un regard choqué la lance qui était retournée dans sa propre main.

Le Sekkarou entièrement en métal n’était en aucun cas une arme légère. Même s’il s’était approché beaucoup plus près de la terre ferme, l’Oceanus Grave se trouvait encore à quelque quatre ou cinq cents mètres de l’île Itogami.

Pour lancer la lance de cette distance pour la livrer à Yukina… elle ne savait pas qui c’était, mais il fallait que ce soit quelqu’un d’extrêmement compétent.

Personnellement, elle ne connaissait personne capable d’un tel exploit. De plus, pour cette personne, le fait de savoir que Yukina était la manieuse de la lance signifiait qu’elle savait exactement qui et ce qu’était Yukina. Mais elle s’inquiéterait de l’identité de la personne plus tard. L’homme qu’elle devait vaincre était sous ses yeux.

« Hmm. Un Maître du Vent, c’est ça ? » murmura Gardos tout en balayant les écluses avant été envoyé par le vent.

« Comme on pouvait s’y attendre du sanctuaire des démons d’Extrême-Orient, tant de gens font appel à des talents irréguliers. Cependant…, » déclara Gardos.

Tandis que Yukina le regardait fixement, la lance en équilibre, ses lèvres se plissèrent vers le haut en se réjouissant.

« Donc ça veut dire que je vais enfin voir votre vrai pouvoir. Intéressant. Une bataille stratégique de frappe, de poussée, d’acier et de sang, voilà à quoi devrait ressembler la guerre, » déclara Gardos.

La joie du combat brûlait brillamment dans les yeux de l’homme-animal. Mais ce qui sortait des lèvres de Yukina, c’était un chant serein, le contraire polaire du rugissement féroce de l’officier âgé.

« — Moi, Vierge du Lion, Chamane Épéiste du Dieu Suprême, je vous en conjure. »

L’énergie rituelle avait surgi dans le corps de Yukina, amplifiant Sekkarou. La lueur fit rétrécir les yeux de Gardos. Il s’était rendu compte que la lance d’argent dans les mains de Yukina était extrêmement dangereuse pour les créatures démoniaques.

Gardos avait levé son couteau et avait chargé une Yukina dansant sans défense. Yukina s’était déplacée pour intercepter le coup, avec ses mouvements plutôt lents…

« Ô lumière purificatrice, ô divin loup de la dérive des neiges, par votre divine volonté d’acier, abattez les démons devant moi ! » déclara Yukina.

La victoire et la défaite se décideraient en un instant. Alors que la belle lumière argentée se croisait et disparaissait, la seule attaque que Yukina avait déclenchée avait coupé Gardos au bras supérieur, prenant avec elle la main qui maniait un couteau.

« … Magnifique, Chamane Épéiste. Mais je serai le vainqueur de la guerre, » déclara Gardos.

Alors que du sang frais jaillissait de la plaie ouverte, Gardos avait ri. Il avait pris le bras droit sectionné et avait sauté par-dessus la tête de Yukina, se dirigeant vers le pont supérieur.

Il y avait deux hommes de Gardos là-bas.

L’un tenait une tablette PC contre sa poitrine, l’autre tenait une fille en uniforme scolaire dans chacun de ses bras.

« Asagi-senpai !? Nagisa !? » s’écria Yukina.

Yukina poussa de brefs cris en voyant la vue des filles qui dormaient profondément.

Cédant à la colère, elle leva sa lance et chargea vers eux. Mais un rayon de lumière pourpre avait soudain balayé devant elle : le tir d’un laser de gros calibre.

« Nalakuvera !? Ce n’est pas possible… !? » s’écria Yukina.

Le sang avait disparu du visage de Yukina lorsqu’elle avait vu la vue inquiétante d’une arme ancienne perçant la surface de la mer à mesure qu’elle émergeait.

Même si le Nalakuvera s’accrochait à la coque de l’Oceanus Grave, il n’attaquait personne.

Quand Yukina s’en était rendu compte, elle avait vraiment connu la peur.

Cette arme ancienne n’était pas dans un état de folie. Elle se déplaçait selon la volonté de son contrôleur.

« Le décryptage de la tablette de pierre ? » demanda Gardos.

Gardos questionna ses hommes afin d’obtenir des informations. L’un d’eux avait répondu en posant Asagi et Nagisa sur le pont.

« On dirait que c’est fini. Grigore a déjà confirmé que le contenu est correct, comme vous pouvez le voir. »

« Je vois, » déclara Gardos, faisant un signe de tête satisfait. L’hémorragie provoquée par Yukina qui avait coupé le bras s’était déjà arrêtée, et pressant l’avant-bras sur ça, cela avait déjà commencé à fusionner. Sa vitalité était d’un niveau choquant même pour les hommes bêtes.

« … Alors, c’est ainsi. Rendez-vous maintenant, Chamane Épéiste de l’Organisation du Roi Lion. J’ai attendu Vattler longtemps. Je n’ai pas le temps de jouer avec des individus comme vous, » déclara Gardos.

Yukina était complètement poussée dans un coin. Même avec Sekkarou, affronter Gardos et deux autres hommes bêtes en même temps serait une bataille difficile. En plus de cela, ils avaient Asagi et Nagisa en otage, en plus, ils avaient le Nalakuvera sous contrôle. D’une façon ou d’une autre, Yukina n’avait aucune chance de victoire.

L’Oceanus Graves se déplaçait le long du sous-flotteur n° 13, avec le Nalakuvera en remorque.

Gardos et son groupe avaient sans doute pour objectif de transporter les Nalakuvera inactifs dans la soute à terre et de les activer une fois sur place. Ils voulaient combattre Vattler avec les six Nalakuvera en même temps.

Même en sachant cela, Yukina ne pouvait rien y faire. La porte arrière de l’Oceanus Grave s’ouvrait en ce moment avec le rugissement de sa pompe hydraulique.

Un instant plus tard…

Les oreilles de Yukina avaient été percées par un hurlement bestial qui résonnait dans l’air.

Et le sous-flotteur s’ébranla violemment, et d’innombrables fragments se dispersèrent, comme s’il avait été frappé par une bombe.

***

Partie 4

« Merde… c’est aussi une impasse par là, hein ? »

La voix fatiguée de Kojou résonnait dans l’obscurité. Ils se trouvaient à l’intérieur de l’un des puits d’entretien étroits répartis dans l’ensemble du sous-flotteur.

Logiquement, le chemin continuerait jusqu’à la surface, mais ce n’était pas si simple en pratique. En plus d’être dans une structure telle un labyrinthe, diverses sections avaient été bloquées par les décombres. Après plusieurs allers-retours, Kojou et Sayaka avaient complètement perdu leur chemin.

Cependant, l’eau de mer continuait de s’écouler à leurs pieds. L’eau qui venait d’un peu partout avait déjà trempé Kojou et Sayaka de la tête aux pieds.

« Ce n’est pas bon. Le niveau de l’eau monte plus vite. À ce rythme, il ne restera pas plus de dix minutes avant de couler, » Sayaka envoya un regard haineux vers les décombres qui leur bloquait le chemin alors qu’elle murmurait.

Kojou s’était placé avec une poutre en acier à côté de ses pieds.

« … Ne puis-je pas tout faire disparaître avec Regulus Aurum, non ? » demanda Kojou.

Sayaka fixa Kojou du regard.

« Si vous appeliez une masse d’électricité dans un endroit aussi mouillé, je serais brûlé avec n’importe qui d’autre présent ici… Même vous, vous seriez très malmené, n’est-ce pas ? » demanda Sayaka.

« Ouais, supposons que c’est bien ce qui arrivera, » déclara Kojou.

Kojou affaissa ses épaules. Il avait déjà eu une vague idée de cela auparavant, mais il y avait trop de situations où les Vassaux Bestiales d’un vampire n’étaient d’aucune utilité. Même le rétroéclairage de son téléphone cellulaire était beaucoup plus utile comme lampe de poche que ce lion de foudre diabolique.

« La Frappe scintillante ne peut rien faire non plus face à un tas de débris de cette taille, » Sayaka avait parlé en tenant sa lourde épée avec sa main gauche.

Je suppose que c’est vrai aussi, pensa Kojou.

« Même si un maître épéiste peut couper un rocher en deux, on ne peut pas creuser un tunnel avec un katana, hein, » déclara Kojou.

« Ouais, » répondit Sayaka.

Faisant un faible sourire pendant qu’elle répondit, Sayaka éternua, et c’était étrangement charmant.

Kojou remarqua que ses épaules trempées tremblaient un peu.

« Il doit faire froid ici, tout mouillé comme ça, » murmurant cela alors qu’il laissait sortir des bouffées d’airs blancs, les yeux de Kojou tombèrent soudain sur les seins de Sayaka.

Son chemisier mouillé à col ouvert s’accrochait à sa peau, alors son soutien-gorge était facile à voir à travers lui. Le motif floral rose clair s’enroulait autour de deux collines généreuses séparées par une vallée d’une profondeur enchanteresse.

Selon la vision nocturne d’un vampire, c’était une image beaucoup plus vivante que nécessaire.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Sayaka.

Tandis que Kojou se tut soudain, Sayaka lui jeta un coup d’œil vers son visage, comme s’il y avait quelque chose de mystérieux là-dedans.

« D-D’accord, » déclara Kojou en détournant les yeux en toute hâte. Sayaka regarda carrément Kojou, avec un regard suspicieux bien visible sur son visage, et elle avait fini par haleter avant de couvrir ses seins.

« Kojou Akatsuki… ! » s’écria Sayaka.

« Je n’ai rien fait de mal ! J’ai juste pensé qu’il faisait froid, alors je me suis dit que je devrais peut-être vous prêter mon parka…, » déclara Kojou.

« Comme si j’accepterais de porter une parka trempée d’hormones ! Je tomberais enceinte ! » cria Sayaka.

« Bien sûr que si !! Croyez-vous vraiment que les vampires sont ainsi ? » Kojou avait crié avec force. Mais pour une raison inconnue, il n’avait pas entendu la réplique attendue de Sayaka. Elle avait penché la tête sur place et s’était mise à jouer avec ses doigts.

« … Ça me fait de la peine pour Yukina, » déclara Sayaka.

« Ah ? Yukina n’a rien à voir avec ça. Tenez, commencez par mettre ça, » déclara Kojou.

Kojou avait placé de force sa propre parka sur les épaules de la fille. Elle était encore trempée, mais la chaleur du corps de Kojou l’aiderait sûrement un tout petit peu.

Comme si elle goûtait cette chaleur corporelle pour elle-même, Sayaka avait rapproché le col du parka contre elle.

« Hé, Kojou Akatsuki ? » demanda Sayaka.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Kojou.

« Croyez-vous que ça marcherait si vous utilisiez un autre Vassal Bestial ? » demanda Sayaka.

« Eh bien… dans cette situation, je suppose que oui, » répondit Kojou après y avoir réfléchi.

Kojou fronça les sourcils en se souvenant que quelqu’un lui avait posé une question très semblable il n’y a pas si longtemps.

Kojou avait hérité des douze Vassaux Bestiales du quatrième Primogéniteur. L’un d’entre eux pourrait certainement faire exploser les débris en morceaux dans cette situation, peut-être celui qui avait été sur le point de pulvériser le toit de l’école.

« … Mais quand Regulus Aurum est venu contre ma volonté, il a brûlé une partie de l’Île Est. Si une telle chose se produisait ici, une île artificielle à bout de souffle comme celle-ci coulerait directement au fond de la mer, » déclara Kojou.

Après avoir dit cela, Kojou poussa un soupir. Pourquoi les Vassaux Bestiales du Quatrième Primogéniteur devaient-ils être si difficiles à utiliser ?

Mais Sayaka continua à regarder Kojou.

« Si vous pouvez le contrôler, c’est bon, non ? Yukina vous a laissé sucer son sang pour que vous puissiez le faire, non ? » demanda Sayaka.

« Kirasaka ? » demanda Kojou.

Kojou avait plissé les sourcils devant Sayaka qui faisant comme si elle réfléchissait a quelque chose.

Pour une raison inconnue, les joues de Sayaka étaient rouges, alors que son regard vagabondait.

« Euh, ah, vous savez, je suis vraiment… grande, n’est-ce pas ? »

Alors qu’elle posait sa question abrupte, la réponse de Kojou s’était prise dans sa gorge. Son regard s’était déplacé inconsciemment vers la façon dont ses seins sortaient des coutures du parka.

« Vous n’êtes certainement pas petite comparée à Himeragi, » répondit Kojou.

« Je suppose que non, et pas mignonne du tout, » Sayaka avait parlé avec un sourire d’autodérision.

Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? Kojou se posa cette question, perplexe. Peut-être qu’elle ne pouvait pas porter de jolis soutiens-gorge parce que ses seins étaient trop gros ou quelque chose comme ça ? On pourrait certainement dire que le corps de Sayaka était trop courbé pour ça. Mais…

« Il n’y a rien dont vous deviez vous inquiéter, » déclara Kojou.

« Hein ? » s’exclama Sayaka.

« Beaucoup de mecs aiment quand c’est ainsi, non ? Plus féminine. » Kojou parlait pendant que sa tête palpitait en se souvenant de son meilleur ami.

Mais Sayaka inclina la tête avec un regard perplexe.

« Plus féminine ? Plus petit n’est-ce pas plus mignon ? » demanda Sayaka.

« Il y a certainement des individus qui aiment ça aussi. Les gens ont des goûts différents à ce sujet. Par contre, cela peut être dur sur les épaules d’une fille, » déclara Kojou.

« … Dur sur les épaules ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? » demanda Sayaka.

Sayaka avait cligné des yeux à plusieurs reprises. Kojou inclina un peu la tête, tout comme elle.

« Euh ? N’est-ce pas ainsi ? J’ai cru voir une gravure idol en parler une fois…, » déclara Kojou.

« Une gravure idol ? » demanda Sayaka.

Le visage de Sayaka devint sérieux, alors que l’air de confusion s’évanouissait. Finalement, ses épaules commencèrent à trembler lentement et furieusement pendant qu’elle parlait.

« … Qui parle de seins ici !? Je parle de la taille, simplement de la taille ! » déclara Sayaka.

« Ah ? Pourquoi parlez-vous de la taille tout d’un coup ? » demanda Kojou.

« J’en parle depuis le début ! » s’écria Sayaka.

Sayaka grogna comme un chien féroce.

Kojou affichait un regard léthargique en regardant Sayaka de haut en bas.

« Kirasaka, de toute façon, ce n’est pas comme si vous étiez si grande. À peu près, cent soixante-six ou sept, non ? C’est tout à fait normal selon moi, » déclara Kojou.

En tant qu’ancien joueur de basket-ball, Kojou trouvait que la hauteur de Sayaka était tout à fait normale. Il pensait même que le niveau de ses yeux la rendait plus facile à approcher de près.

Peut-être que la dernière phrase avait été bien comprise, car l’humeur de Sayaka s’était légèrement améliorée.

« Malgré tout, j’étais la plus grande fille de toute mon école ! À cause de cela, j’ai continué à recevoir le traitement d’une princesse royale…, » déclara Sayaka.

« Le traitement d’une princesse royale… ? » demanda Kojou.

Kojou se souvint qu’elle avait crié désespérément : « Ça ne compte pas. » Et elle avait l’air étrangement énervée, mais pour Sayaka, qui était si sensible à sa taille, c’était une grosse affaire.

« C’est pour ça que je suis un peu heureuse. Cela ne m’était jamais arrivé avant. » Sayaka avait parlé, alors que le rouge de betterave montait jusqu’au bout des oreilles. « C’est juste que c’est vraiment bien. Ce n’est pas que je rêvais d’avoir un jour une rencontre fatidique avec un homme qui me fait tomber amoureuse de lui ou quoi que ce soit d’autre… ! »

« D-D’accord, » répondit Kojou.

Kojou était un peu soulagé que Sayaka ne soit pas en colère.

En ce moment, elle ressemblait à une lycéenne ordinaire, tout comme les camarades de classe de Kojou. On ne croirait pas qu’elle et le danseur de guerre qui avait combattu si vaillamment le Nalakuvera étaient une seule et même personne. C’était probablement la Sayaka que Yukina avait toujours considérée comme sa colocataire. Il pouvait même être d’accord avec l’idée qu’elle était mignonne.

Sayaka avait alors saisi l’uniforme de Kojou au niveau de son estomac et lui fit une légère traction. En faisant ça, elle s’était rapprochée de Kojou. Avant que Kojou ne s’en rende compte, les deux individus étaient assez proches pour que leurs respirations se mélangent.

« Alors… gardez ça secret vis-à-vis de Yukina, OK ? »

La voix de Sayaka tremblait alors qu’elle lui murmurait. C’était sans doute à cause du froid et de la peur.

Mais semblant avoir pris sa décision, son tremblement cessa dès qu’elle se pencha complètement sur lui.

« Je pense vous laisser sucer mon sang pour vous remercier, juste une fois. Ou peut-être que je ne suis pas assez bien pour vous ? » demanda Sayaka.

Kojou fut ému par la vue des yeux larmoyants de Sayaka qui le regardait ainsi.

« Non, rien de tout ça, mais ça ne vous dérange pas, Kirasaka… ? » demanda Kojou.

Sayaka avait répondu à la question de Kojou en bougeant doucement ses mains afin d’entourer le dos de Kojou.

Les corps de Kojou et Sayaka étaient encore froids et humides. Cependant, leur peau, pressée ainsi, transmettait une douce chaleur à l’autre.

 

 

« Je n’ai… pas peur de vous. C’est étrange, n’est-ce pas… ? Vous êtes le vampire le plus puissant du monde et malgré ça…, » murmura Sayaka.

Alors que Sayaka le disait, elle toucha doucement la bouche de Kojou, et les crocs pointus et effilés de Kojou…

L’écoulement de l’eau dans le couloir avait augmenté en vigueur, c’était assez fort pour qu’ils puissent être emportés s’ils ne se tenaient pas si fortement l’un contre l’autre. Enfin, leurs deux silhouettes s’étaient confondues en une seule, avec les minuscules échos de Sayaka se rependant à la surface de l’eau.

***

Partie 5

« Merde… ça ne marchera pas. »

Yaze avait une respiration difficile alors qu’il recrachait les restes de capsules qu’il lui avait enfoncées dans la gorge.

Le tourbillon chaotique d’air qui l’entourait était une conséquence de l’utilisation de ses capacités.

Cela avait permis d’envoyer le Sekkarou jusqu’à Yukina qui se trouvait sur l’Oceanus Grave qui flottait sur l’océan. C’était un travail de fortune qui n’était possible qu’avec le contrôle du vent par Yaze, mais cela avait bien fonctionné.

Yukina avait vaincu Gardos comme il l’avait espéré. Selon les calculs de Yaze, Yukina et les autres filles seraient enfin en sécurité. Il ne s’attendait pas à ce que les codes de contrôle du Nalakuvera soient déchiffrés plus vite que prévu.

« Même Himeragi ne peut rien faire contre cette arme ancienne. Bon sang, Asagi, j’ai risqué une réaction indésirable pour t’aider, mais tu as dû travailler si dur…, » Yaze avait craché des plaintes frêles en s’affalant sur le sol.

Tout en regardant Yaze comme ça avec une expression amusée, Vattler, vêtu de son costume trois-pièces voyant, avait parlé. « Je vois. En tant qu’observateur, il vous est donc interdit d’intervenir directement au combat. Ça doit être dur pour vous… »

« J’ai dû agir seulement parce que vous m’avez gêné. Cela se serait un peu mieux passé si vous ne l’aviez jamais fait, » répliqua Yaze.

Yaze tourna son regard vers Vattler, le fusillant du regard. Yaze avait réalisé que le Front de l’Empereur de la Mort Noire était monté à bord de l’Oceanus Grave juste après qu’Asagi et les filles aient été enlevées. S’il avait pu divulguer ces renseignements à la garde de l’île, ils ne seraient pas tombés dans le piège, les choses se seraient sans doute déroulées très différemment.

« Mais grâce à ça, cela a été assez amusant à voir, » Vattler avait dit ça sans la moindre honte.

Cinq unités de Nalakuvera étaient sorties hors de l’Oceanus Grave juste au moment où il se trouvait le long du sous-flotteur no 13.

Déjà que l’une des armes anciennes possédait une capacité de combat considérable, alors qu’ils en possédaient six au total. Pour Vattler, c’était sûrement une bataille fascinante. C’est pour ça qu’il avait fait tout ce chemin jusqu’à une petite île en Orient.

« Maintenant, les préparatifs de Gardos semblent terminés, alors peut-être que c’est enfin à mon tour ? » déclara Vattler.

Anticipant une bataille à mort comme il ne l’avait pas connue depuis un certain temps, Vattler s’était mis à marcher joyeusement vers l’avant.

Yaze avait fait un rire sarcastique dans son dos.

« N’en soyez pas si sûr. Permettez-moi de dire ceci en tant que meilleur ami du quatrième Primogéniteur… Je ne pense pas que vous devriez vous attendre à ce qu’il se comporte comme prévu, » déclara Yaze.

Comme pour étayer ses propos, la zone autour de Vattler et Yaze avait été baignée d’un son douloureux, à haute fréquence.

Il s’en était suivi un tremblement féroce qui avait fait grincer et trembler tout le sous-flotteur.

« … Oh mon Dieu, » murmura Vattler avec ce qui semblait être de l’admiration. Une masse incroyable de pouvoir magique avait émergé du dessous du sous-flotteur, libérant une vague inquiétante et aveugle dans toutes les directions.

C’était une masse d’énergie sauvage et violente qui surpassait même le Vassal Bestial fusionné de Vattler. Une telle chose n’existait pas sur l’Île d’Itogami, à la seule exception des Vassaux Bestiales de Kojou Akatsuki, le quatrième Primogéniteur…

« Te voilà, Kojou, » murmura Yaze avec une allure de satisfaction, les yeux fermés. Ces forces étaient apparemment épuisées.

Un bruit d’explosion avait jailli du sous-sol, devenant une onde de choc qui avait déferlé à la surface du sous-flotteur, projetant une énorme quantité de débris dans l’air. Malgré cela, le rugissement qui secoua le sol ne disparut pas.

Le tremblement avait déformé la condensation de l’atmosphère, créant un scintillement, et enfin, le scintillement s’était transformé en bête : une bête géante, portant deux cornes, avec une crinière incandescente et scintillante…

***

La manière dont Gardos s’était comporté avait été rapide et décisive.

« L’un des Vassaux Bestiales du quatrième Primogéniteur ! Grigore ! Je vais aller dans la reine. Retiens-le jusque-là, » déclara Gardos.

« … Bien reçu, lieutenant-colonel, » répondit Grigore.

Avec cette dernière phrase à la radio, le premier Nalakuvera s’était mis en route avec un rugissement. Il se dirigea vers le Vassal Bestial à deux cornes en dispersant son rayon cramoisi tout autour de lui.

« Attendez, Kristof Gardos ! » cria Yukina.

Yukina avait tourné sa lance d’argent et les avait pourchassés. Avec un regard méprisant et agacé, l’un des hommes de Gardos lui avait jeté quelque chose. C’était un cylindre métallique de la taille d’un contenant de jus en aluminium.

Yukina avait été terrifiée dès qu’elle avait réalisé que c’était une grenade.

Leurs otages, Asagi et Nagisa, avaient été laissés sur le pont supérieur. Si elles l’encaissaient à bout portant, les filles sans défense seraient tuées sans laisser la moindre chance de survie.

Yukina avait alors renoncé à poursuivre Gardos et s’était précipitée pour couvrir les filles couchées sur le pont. Son intention était d’utiliser son corps comme bouclier pour les protéger de l’explosion de la grenade.

« … ! »

Mais Yukina n’avait pas été frappée par l’impact auquel elle s’était résignée.

Un peu plus loin, un peu d’eau pulvérisée s’était envolée et s’était dispersée sur la mer.

« Hein ? » s’exclama Yukina.

Désorientée, Yukina se leva. On n’avait pas eu le temps de ramasser la grenade et de la lancer. Il n’y avait certainement pas eu assez de temps pour la lancer à une telle distance.

Mais la grenade avait été déplacée dans tous les cas, comme si quelqu’un l’avait téléporté avec l’espace qui l’entourait…

« … Il semblerait que vous soyez toutes en sécurité, relativement parlant. »

Juste devant les yeux de Yukina, l’espace vide avait formé ce qui ressemblait à une ondulation, avec une petite femme qui en sortit lentement — une femme avec une robe élégante et un parasol à volants noirs.

« Grâce à votre coup de lance, la barrière autour de ce vaisseau s’est brisée, alors j’ai enfin pu me téléporter. Je dois vous remercier d’avoir protégé mes élèves, Yukina Himeragi, » déclara la petite femme.

« Mlle Minamiya !? »

Yukina fut frappée de surprise en levant les yeux vers le vide d’où Natsuki était sortie sans un bruit.

La téléportation spatiale était un type de magie de la plus grande difficulté. Même au sein de l’Organisation du Roi Lion, seules quelques personnes pouvaient l’utiliser sur un plan individuel. Elle n’avait jamais entendu parler d’un utilisateur qui pourrait l’utiliser avec la même facilité que de respirer.

Son apparence était peut-être celle d’un chérubin, mais elle était apparemment plus monstrueuse que Yukina ne l’avait imaginé.

Peut-être fallait-il s’y attendre de la part de la maîtresse de classe du quatrième Primogéniteur. Son attitude hautaine constante envers lui n’était pas pour rien.

« Je vais les emmener dans un endroit sûr. Qu’allez-vous faire, étudiante transférée ? Venez-vous avec nous ? » demanda Natsuki en prenant dans ses bras Asagi et Nagisa endormies.

Yukina secoua la tête en se levant.

« Je vais retrouver Akatsuki-senpai. Je suis son Observatrice, après tout, » répondit Yukina.

« Hmph. Un vrai bourreau de travail. Faites ce que vous voulez, » déclara Natsuki en se penchant vers l’espace tremblant. Elle y avait jeté les Asagi et Nagisa encore endormies dedans. Puis, avec un léger soupçon de malice, elle avait souri d’un petit rire. « Mais votre aide n’est peut-être même pas nécessaire. »

« Hein ? » demanda Yumina.

Laissant derrière elle ce commentaire significatif, Natsuki s’était évanouie dans les airs. Toujours confuse, elle chercha Kojou, qui était sûrement en train de combattre contre le Nalakuvera.

Au-dessus du sous-flotteur, le Vassal Bestial de Kojou dominait l’arme ancienne endommagée : un animal bicorne avec une crinière incandescente, un Vassal Bestial inconnu de Yukina.

Il n’y avait qu’une seule chose que cela pouvait signifier. Quelque part où Yukina ne pouvait pas voir, Kojou avait sucé le sang de quelqu’un.

Pour une raison ou une autre, en pensant à ce fait, Yukina était très mal à l’aise, elle était un peu perplexe devant l’irritation qu’elle ressentait.

Mais d’un point de vue rationnel, Yukina était bien sûr en colère parce qu’il suçait le sang d’une autre personne de lui-même, sans même dire un mot à son observateur. Oui, c’est tout, se dit Yukina.

C’est alors que Yukina avait entendu la sonnerie d’un appel entrant à côté d’elle. La sonnerie venait du smartphone d’Asagi.

En regardant le nom affiché à l’écran, Yukina avait répondu à l’appel.

« Hé, jeune fille. Le travail est terminé. »

La voix qu’elle avait entendue par la liaison numérique était la voix artificielle du partenaire d’Asagi.

Avec les fonctions de l’Île d’Itogami à portée de main, passer un appel à un téléphone cellulaire n’était pas un grand exploit.

« Euh… Mogwai, c’est ça ? » Yukina avait très timidement prononcé son nom.

Mogwai avait semblé identifier immédiatement l’oratrice grâce à l’analyse de sa voix.

« Oh mon Dieu. Vous êtes l’étudiante transférée, la rivale de la jeune femme, n’est-ce pas ? » demanda Mogwai.

« Hein ? Rivale ? » demanda Yukina.

« Et Asagi, où est-elle ? » demanda Mogwai.

« En ce moment, elle a été évacuée vers un endroit sûr. Elle devrait être endormie en ce moment, » répondit Yukina.

Mogwai avait fait un « Hmm » face aux mots de Yukina, comme s’il contemplait quelque chose. Pour une intelligence artificielle, c’était une action assez raffinée. Il ne faisait aucun doute que son apparence exagérée, mêlée à une réelle subtilité, était le reflet de la personnalité de son maître.

« Je vois. Qu’est-ce que je vais faire ? Elle m’a dit de l’envoyer sur son portable sans que les terroristes s’en aperçoivent, mais…, » déclara Mogwai.

« Qu’est-ce que vous racontez ? » Yukina haussa sa voix.

Asagi travaillait secrètement sur quelque chose sous le nez de Gardos. Elle pensait que ça devait être très important.

« Eh bien, vous voyez…, » Mogwai avait ouvert la bouche à contrecœur, comme intimidé par la manière menaçante de Yukina. « C’est un code de commande pour l’arme ancienne… le cinquante-cinquième. »

***

Partie 6

Kojou et Sayaka se tenaient ensemble au sommet d’une colline en pente douce.

C’était la première fois depuis longtemps qu’ils pouvaient voir le soleil brillant au-dessus de leur tête. La brise de mer de l’été faisait du bien sur leur corps froid et humide.

Derrière Kojou et Sayaka, il y avait un cratère qu’on pouvait confondre avec un lac asséché d’environ trois cents mètres de diamètre.

Dans un cercle concentrique, les plaques d’acier qui recouvraient la surface du sous-flotteur s’étaient enfoncées et, au centre de ce cratère englouti, une créature bicorne incandescente faisait vibrer les oreilles par sa seule présence.

« … Vous êtes vraiment quelqu’un de spécial, » murmura Sayaka.

Regardant le cratère, Sayaka poussa un soupir de lamentation, observant ce qui était à côté d’elle.

Mais ses paroles étaient teintées d’un ton qui semblait amusé.

« Certes, cela nous a ramenés à la surface, mais vous n’aviez pas besoin de faire ce cratère ridiculement énorme. Si je ne nous avais pas protégés des débris avec la barrière de la Frappe scintillante, nous aurions tous les deux été enterrés vivants, » déclara Sayaka.

« Si ça vous pose un problème, dites-le-lui. J’allais être bien assez content si ça faisait quelque chose à propos des débris qui bloquaient le couloir, » répliqua Kojou d’une voix qui suintait d’une grande fatigue mentale.

Eh oui, la puissance du Vassal Bestial nouvellement obtenue avait emporté les débris dans le couloir.

C’était tout ce que Kojou voulait. Cependant, ce qui s’était réellement passé, c’est que le Vassal Bestial, se disant que si le plafond est trop haut pour s’échapper, il suffisait de le baisser, alors il s’était engagé dans une destruction totale. En raison des vibrations et des ondes de choc, les piliers et les parois internes du sous-flotteur avaient été pulvérisés et le plafond s’était effondré.

Regulus Aurum était un énorme tas d’ennuis, mais ce cheval sauvage à deux cornes l’était tout autant, peut-être même pire… ou peut-être que cette impression extrêmement horrible n’était que le fruit de son imagination. Mais pour l’instant, il comptait sur cette férocité.

« Yukina est vraiment en danger d’être proche de quelqu’un comme vous, » déclara Sayaka.

Sayaka leva les yeux vers Kojou pendant qu’elle parlait. Il n’y avait rien de l’acuité de sa voix. Elle se blottissait contre lui alors qu’ils se tenaient debout côte à côte, avec un sourire sur son visage.

« C’est pourquoi, cette fois, je prendrai très bien soin de vous. Réglons ça rapidement, » déclara Sayaka.

Le regard de Sayaka se tourna à nouveau vers la direction de l’ancienne arme qui atterrissait. C’était le Nalakuvera blessé contre lequel Kojou et Sayaka s’étaient d’abord battus.

Sa forme n’avait pas changé depuis la dernière fois qu’ils l’avaient vue. Cependant, ses mouvements étaient clairement différents. Il s’agissait de mouvements intelligents reflétant la volonté d’un pilote. Il s’était servi du terrain effondré comme d’un bouclier lorsqu’il avait lancé un rayon cramoisi.

Seul, Kojou n’aurait probablement jamais pu éviter une attaque aussi peu orthodoxe.

Mais l’épée de Sayaka avait stoppé l’attaque à la vitesse de la lumière. Prenant bien soin de lui comme elle l’avait promis, elle agissait comme le bouclier de Kojou.

« Viens ici, Vassal Bestial Numéro Neuf : “Al-Nasl Minium”… ! » cria Kojou.

La chair du Vassal Bestial, en apparence chatoyante, donnait l’impression d’être comme une oscillation incroyable sans une forme donnée.

Les deux cornes qui sortaient de sa tête résonnaient comme un diapason, se propageant autour de lui en une vibration diabolique à haute fréquence. Cette vibration pourrait réduire les rochers en poussière, déchirer le métal. En termes de gêne pour les voisins, c’était sans conteste le plus affreux des Vassaux Bestiales.

Et le rugissement du cheval à deux cornes devint un barrage d’ondes de choc qui avait assailli le Nalakuvera.

L’énergie magique titanesque possédée par le Vassal Bestial du Primogéniteur avait transformé l’« oscillation » en une masse d’énergie physique et il l’avait pilonnée sur l’arme. Cela avait détruit l’arme des dieux jusqu’à ses entrailles. L’armure avait été brisée, l’endosquelette s’était fragmenté, et le changement radical de la pression de l’air avait chauffé l’air environnant à des milliers de degrés Celsius, brûlant la machine en cendre.

Frappé depuis une distance de plusieurs centaines de mètres, le Nalakuvera s’était arrêté.

« Oh, merde… Le pilote est mort à l’intérieur ? » demanda Kojou.

Il s’agissait de Kojou qui était hors de lui lors de l’attaque impitoyable du cheval à deux cornes.

Il devait y avoir un terroriste du Front de l’Empereur de la Mort Noire dans le Nalakuvera. Il ne pensait pas qu’on puisse survivre à une telle frappe, mais…

« La force vitale d’un homme bête est trop forte pour en mourir. Je ne pense pas qu’il bougera avant un moment, » cria Sayaka dans les oreilles de Kojou, troublé. « Plus important encore, les cinq unités là-bas ! Frappez-les avant que les pilotes n’entrent ! »

« C-Compris ! » déclara Kojou.

Sayaka montrait du doigt les Nalakuvera qui avaient été sortis de l’Oceanus Grave. En l’absence de pilotes, les unités étaient inertes, même maintenant. Si cela restait ainsi, il aurait dû être possible de les écraser sans aucune difficulté.

Cependant, lorsque la créature à deux cornes incandescente s’était déplacée pour attaquer l’essaim d’armes anciennes, son corps géant avait été frappé sur le côté par une explosion tout aussi géante.

« … Vraiment !? » s’écria Kojou.

Ce qui avait arrêté l’avance du bicorne, c’était un disque volant qui crachait des flammes. Il ressemblait beaucoup aux chakrams utilisés par un certain dieu de la bataille de la Chine occidentale. Et le chakram qui s’était violemment écrasé sur la créature à deux cornes explosa, l’enveloppant dans un tourbillon géant de feu.

Apparemment, le chakram fonctionnait vraiment comme un missile avec une ogive remplie d’explosifs.

Sa puissance était probablement égale ou supérieure à celle des missiles guidés pour attaquer les zones urbaines. Ce n’était pas assez de puissance pour vaincre d’un seul coup le Vassal Bestial du Primogéniteur, mais elle était certainement capable d’arrêter la charge de la créature bicorne.

Le Vassal Bestial incandescent ennuyé par l’attaque s’était débarrassé des flammes qui persistaient sur tout son corps.

La créature à deux cornes s’était ensuite dirigée vers le pont arrière de l’Oceanus Grave. Quelque chose d’énorme avait déchiré la coque du beau mégayacht et en avait émergé.

Cette chose était couverte du même type d’armure que le Nalakuvera, mais beaucoup, beaucoup plus grande. Elle avait huit pattes et trois têtes. Son torse était gonflé comme celui d’une reine fourmi. Des chakrams creusés dans les interstices de l’armure recouvrant le torse étaient présents, ressemblant à un système de lancements multiples de fusées…

Il lança une volée massive de chakrams vers la créature bicorne rugissante et menaçante.

« Kojou Akatsuki, à terre ! » cria Sayaka.

« Quoi… !? » s’exclama Kojou.

Sayaka avait déplacé son épée, créant une barrière défensive. L’air au-dessus de la barrière protégeant Kojou et Sayaka avait été rempli de flammes venant des explosions. La créature bicorne avait libéré sa propre onde d’oscillation pour contrer la volée de chakrams. Les deux puissantes forces s’étaient violemment affrontées, répandant d’incroyables destructions dans toute la région.

Tandis que le vent le secouait, Kojou leva les yeux, abasourdi.

Les dommages n’étaient pas limités au sous-flotteur no 13. Ayant perdu leur cible dans les flammes de l’explosion, plusieurs chakrams étaient tombés sur l’Île d’Itogami.

De grandes explosions avaient éclaté les unes après les autres. De la fumée noire s’était répandue de l’intérieur de la ville.

« Pourquoi… est-ce en train d’arriver… ? » demanda Kojou.

Kojou, tombant faiblement à un genou, s’était mis en colère et avait cogné fort contre le sol.

Les habitants des environs auraient dû être évacués par la garde de l’île. Mais cela n’avait pas changé le fait que des dommages s’étaient produits. Comme un véritable groupe terroriste, le Front de l’Empereur de la Mort Noire détruisait sans discernement la vie de personnes sans aucun lien de parenté.

La Reine Nalakuvera, déjà en mouvement, avait atterri doucement sur le sous-flotteur.

Les cinq autres Nalakuvera avaient également bougé.

Fonctionnant en parfaite synchronisation, ils avaient encerclé Kojou et Sayaka. Il ne fait aucun doute qu’ils étaient commandés par la reine Nalakuvera.

C’était donc la vraie forme des armes. C’était des armes destinées à combattre en tant qu’unité dans la poursuite d’objectifs opérationnels.

« Hmmmm… alors c’est la vraie force du Nalakuvera ? »

Tandis que Kojou broyait ses dents sans réfléchir, ses oreilles détectèrent la voix d’un homme qui venait de quelque part. C’était Vattler, marchant tranquillement au milieu de la fumée parfumée au charbon de bois.

« Tu m’as vraiment bien eu, Gardos, en gardant un atout comme ça dans ta manche. Qu’allez-vous faire, Kojou ? Je devrais peut-être le faire à votre place ? » demanda Vattler.

Vattler parla à Kojou avec ses crocs blanc sortie comme s’il s’agissait d’un défi. Même dans ces circonstances, l’homme snobinard se comportait avec une courtoisie particulière.

Kojou avait fait un bruit désagréable de sa langue et le regarda d’un air hostile.

« Je vous ai dit de ne pas vous en mêler, Vattler… ! J’en ai assez que tout le monde fasse ce qu’il veut ! » cria Kojou.

Comme s’il dépassait son point d’ébullition, le corps de Kojou avait été enveloppé d’une véritable colère. Les flammes avaient été allumées, réveillant l’esprit combatif qui se cachait en Kojou, faisant bouillir son « sang » de Primogéniteur.

« Je me fiche de savoir si c’est contre vos terroristes ou vos armes anciennes ou quoi que ce soit d’autre. À partir de maintenant, c’est mon combat ! » déclara Kojou.

Vattler regarda avec un sourire d’admiration l’aura menaçante qui enveloppait Kojou.

Et, aussitôt à droite de Kojou, une petite silhouette s’avança, comme si elle prenait naturellement sa place.

« … Non, Senpai. C’est notre combat, » déclara la fille nouvellement arrivée.

C’était une jeune fille en uniforme de collégienne, portant une lance en argent. Pour une raison ou une autre, Yukina Himeragi regardait Kojou d’un air renfrogné.

***

Partie 7

« H… Himeragi ? » Kojou avait crié son prénom en raison de la surprise.

Les yeux de Yukina étaient restés froids et sans expression alors qu’elle inclinait légèrement la tête.

« Oui, qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Yukina.

« Euh, ah… pourquoi es-tu là ? » demanda Kojou, ressentant un malaise sans fondement mélangé à des sentiments de culpabilité.

Elle devait être sur l’Oceanus Grave avec Asagi et Nagisa jusqu’à maintenant. Cela voulait dire que ces deux filles avaient été évacuées vers un endroit sûr, et qu’en plus, elle avait pu le retrouver une fois de plus. C’était un bon travail dans un délai aussi court.

« Je suis une observatrice, après tout. Ton Observatrice, » déclara Yukina.

Pour une raison quelconque, Yukina avait mis l’accent sur cette dernière partie en tournant la pointe de sa lance vers Kojou. Son visage était resté sans expression lorsqu’elle avait regardé Kojou, Sayaka et la créature bicorne incandescente qui émergeait des flammes de l’explosion.

« Alors tu as apprivoisé un nouveau Vassal Bestial, Senpai. »

Yukina l’avait dit d’une voix froide et sans inflexion. Kojou avait dégluti et hocha la tête, rencontrant les yeux de Sayaka.

« O-Ouais. D’une façon ou d’une autre, des choses sont arrivées et cela s’est passé comme ça, » déclara Kojou.

« C-C’est vrai. C’est une urgence imprévue qui s’est produite, un véritable cas de force majeure, » déclara Sayaka.

Tandis que Sayaka baissait maladroitement les yeux, le bout de ses doigts tirait sur le col du parka qu’elle portait.

Yukina regarda son comportement avec un regard quelque peu surpris visible sur son visage.

« Je vois, » déclara Yukina.

Ils sont tous les deux sans espoir, avait-elle pensé, en poussant un long soupir. Elle avait repositionné sa lance d’argent, la dirigeant vers les Nalakuvera.

« Nous reporterons donc cette discussion à plus tard. D’abord, nous devons nous rapprocher d’eux, » déclara Yukina.

« D-D’accord, » faisons ça, faisons ça, acquiesça Kojou.

Yukina avait fait un autre bref soupir, regardant la gigantesque arme ancienne ramper sur le sol pendant qu’elle parlait.

« Senpai, Kristof Gardos est à l’intérieur de la Reine Nalakuvera, » déclara Yukina.

« Reine… Donc c’est leur unité de commandement ? » demanda Kojou.

Avant même que Kojou n’ait fini sa phrase, la reine des armes anciennes lâcha une autre volée de chakrams. Le rugissement de la créature bicorne les abattit, remplissant à nouveau l’air autour d’eux d’explosions de flammes.

Les cinq plus petits Nalakuvera avaient suivi l’attaque en dispersant des rayons cramoisi autour d’eux.

Sayaka avait désespérément abattu chaque rayon incandescent alors qu’ils attaquaient la zone autour de Kojou et les filles les unes après les autres.

Les attaques avaient mis le feu à la coque de l’Oceanus Grave, et le sous-flotteur sur lequel était Kojou et les autres avaient fait un craquement inquiétant. Il n’était guère surprenant que même le mur extérieur, construit de manière robuste, ait finalement atteint ses limites.

« Merde, ils deviennent tous fous… ! », déclara Kojou.

Kojou gémissait en se couvrant les oreilles devant les bruits incessants des explosions.

Sayaka respirait amplement tout en criant, « Kojou Akatsuki. C’est de pis en pis ! »

« Je le sais ! … Viens ici, Regulus Aurum ! » ordonna Kojou.

Kojou leva le bras droit en l’air, invoquant son autre Vassal Bestial.

Les éclairs lancés par le lion d’éclair dansèrent vers la formation ennemie, balayant les cinq armes anciennes en un instant.

Puis, comme un éclair, il avait chargé vers l’unité de commandement. Le corps géant de la reine Nalakuvera plongea dans la mer.

Le lion se déplaça pour poursuivre l’unité de commandement submergée.

« Senpai, non ! Si un tel éclair frappe l’eau… ! » cria Yukina.

Yukina s’était précipitée pour maîtriser Kojou. Cependant, à ce moment-là, la créature de tonnerre avait déjà terminé sa plongée vers la surface de la mer. Son courant électrique massif s’était répandu à la surface de l’océan, la chaleur provoquant une explosion massive de vapeur.

« Gwa... ! »

Un gigantesque jet d’eau s’éleva à des centaines de mètres dans les airs alors que l’onde de choc de l’explosion secouait le sous-flotteur. Kojou s’était senti mal à l’aise face à l’impact inattendu. Apparemment, la nature de Regulus Aurum en avait fait un Vassal Bestial impossible à utiliser sous l’eau.

« Alors, je vais le faire… ! »

Les attaques du chakram ayant cessé, la créature bicorne ainsi libérée avait hurlé. Ses cornes jumelles résonnèrent, amplifiant l’oscillation. L’impact avait fait trembler le sol et avait provoqué la formation de vagues géantes. C’était comme quelque chose de l’Ancien Testament, la mer se sépara, avec le Vassal Bestial incandescent au centre.

En regardant Kojou et les autres se battre, Vattler avait applaudi en faisant un « haha ! »

« Alors vous avez séparé la mer, Kojou ! Comme prévu d’un Vassal Bestial du quatrième Primogéniteur. C’est un très beau spectacle, » déclara Vattler.

« Ce n’est pas un spectacle ! »

En lançant un cri de colère contre les agissements idiots du jeune noble, Kojou avait continué avec des attaques plus féroces. La créature à deux cornes envoya des attaques d’ondes de choc vers le corps géant de la reine Nalakuvera, maintenant exposée. Ils étaient entrés en collision avec le fond de la mer maintenant sans eau, enterrant plus de la moitié de la grande arme ancienne et la maintenant en place.

La mer qui se séparait était après ça revenue à son état antérieur, avec les vagues violentes qui recouvrèrent la Reine Nalakuvera.

« Est-ce qu’on l’a eu… ? » murmura Kojou d’un ton léthargique. Le fait de contrôler deux Vassaux Bestiales à la fois était bien sûr épuisant mentalement. S’il lâchait son contrôle une seconde, ils peuvent devenir fous à tout moment.

Mais Sayaka gronda vivement un Kojou à moitié soulagé.

« Pas encore, Kojou Akatsuki ! » déclara Sayaka.

Son épée bougea rapidement, protégeant Kojou d’un rayon cramoisi venant d’en bas.

Les cinq Nalakuvera qu’il pensait avoir détruit avec Regulus Aurum était de nouveau en mouvement. Et de l’autre côté, la première unité, détruite par la créature à deux cornes, se levait, tout en ayant son corps encore brûlé de partout.

« Autoréparation… !!? Ils peuvent revenir même de ça !? » s’écria Kojou.

« Ce n’est pas tout. Ils ont modifié la composition de leur armure endommagée pour mieux résister aux vibrations et aux impacts. Ils ont analysé vos attaques et ont pris des contre-mesures contre eux, » déclara Sayaka.

Sayaka avait évalué la situation avec une expression calme. C’était la même chose que quand il avait bloqué sa danse de l’épée. Une fois qu’il avait subi une attaque ennemie, il avait appris et s’était modifié pour résister à cette attaque.

De plus, il semblerait qu’ils aient été en mesure d’échanger instantanément des informations avec d’autres unités de Nalakuvera par le biais d’un réseau commun. Même si un Nalakuvera était retiré du combat, les autres unités s’étaient déjà armées pour faire face à la même attaque. Et grâce à l’autoréparation des unités détruites, même elles étaient retournées sur la ligne de front.

« S’ils ont résisté à l’attaque de Regulus Aurum, c’est parce qu’ils l’ont déjà appris. Ils deviennent de plus en plus fort après avoir pris des coups… comment peut-on battre une chose pareille ? » demanda Kojou.

Kojou s’était rendu compte qu’il se sentait dépassé. Peu importe le nombre qu’il aurait détruit, ils se régénéraient. De plus, plus on les attaquait, plus les armes devenaient fortes. Peut-être avaient-ils vraiment le pouvoir de vaincre les Primogéniteurs.

Mais alors que le malaise s’emparait de Kojou, Yukina leva les yeux vers lui et lui fit un doux sourire.

« Non, Senpai. C’est bon, on va gagner, » déclara Yukina.

Tandis qu’elle parlait, elle avait sorti un petit smartphone violet clair.

Elle avait fait appel à l’intelligence artificielle qui ressemblait à un ours en peluche flottant sur l’écran LCD.

« … N’est-ce pas, Mogwai ? » demanda Kojou.

« Oh ouais. La contre-attaque se déroule selon les plans de Mlle Asagi, » déclara Mogwai.

« Asagi… ? » demanda Kojou.

Kojou était surpris face à la mention d’un nom inattendu. Que pouvait faire Asagi, censée être une lycéenne sans défense, contre une arme ancienne invincible ?

« Pendant qu’Aiba analysait les codes de commande du Nalakuvera, elle mettait au point en secret un nouveau code de commande, » expliqua Yukina.

« C’est un type de virus informatique… corrompant la fonction d’autoréparation du Nalakuvera pour qu’ils se détruisent eux-mêmes. Elle l’appelle “Les derniers mots”, » continua Yukina.

« Un virus… Était-ce facile à faire ? » demanda Kojou.

Bien sûr, Kojou était bien conscient qu’Asagi était une programmeuse brillante.

Cependant, l’adversaire n’était pas un ordinateur personnel ou une machine de jeu. C’était une arme des dieux, pas quelque chose créée par l’homme. Pour elle, d’avoir analysé des tablettes de pierre qui avaient résisté aux efforts des chercheurs du monde entier et utilisé leurs faiblesses pour planter un virus dans tout ça…

Le mot génie ne semblait pas suffisant pour décrire une telle tricherie. C’était de la folie pure et simple.

« Je dirais que cette jeune femme est la seule qui aurait pu le faire… La chance des terroristes a tourné quand ils ont mis en colère la Cyber Impératrice. Assurez-vous de ne pas trop faire surgir le mauvais côté de cette jeune femme. Ku-ku-ku-ku..., » déclara Mogwai.

Mogwai avait parlé sur un ton qui semblait taquin. Kojou haussa les épaules en silence.

« Alors, qu’est-ce qu’on est censés faire, Himeragi ? » demanda Kojou.

« Les Nalakuvera sont à commande audio. Si nous entrons dans la Reine Nalakuvera et utilisons le fichier audio d’Aiba, cela devrait les arrêter tous, » déclara Yukina.

Pendant qu’elle parlait, Yukina déplaçait son regard vers la mer. La grande arme ancienne, qui aurait dû être au fond de la mer, faisait surface juste après avoir terminé sa propre réparation.

« Alors, rentrez dans la grande… Euh, comment ? Ils vont nous couper en morceaux. Si nous pouvions les empêcher de bouger un peu…, » avait gémi Kojou alors que sa prémonition désespérée le dévorait.

Les deux Vassaux Bestiales de Kojou s’étaient déjà déplacés pour les protéger. Ils avaient les pattes et les sabots occupés contre une tempête de chakras venant vers eux ainsi que les tirs incessants de lasers de gros calibre.

Les attaques des Vassaux Bestiales auraient peu d’effet maintenant que les Nalakuvera les avaient appris.

Pour l’instant, ils repoussaient encore l’ennemi avec une force brute écrasante, mais cette supériorité ne durerait sûrement pas longtemps.

Kojou pensait que lui et les filles qui s’approchaient de la reine Nalakuvera en chair et en os dans ces circonstances n’étaient rien de moins qu’un suicide.

S’ils pouvaient les détruire encore une fois, en faisant une ouverture pendant qu’ils se régénéraient, ils pourraient y arriver, mais…

Tout comme Kojou serrait ses dents sur son impuissance…

« Je vais bloquer le Nalakuvera, Yukina, » déclara Sayaka.

Sayaka s’avança, ses longs et beaux cheveux se balançant derrière elle.

« Kirasaka ? » demanda Kojou.

« Vous comprenez bien, Kojou Akatsuki ? S’ils évoluent en fonction de nos attaques, nous n’avons qu’une seule chance. Si Yukina et moi allons face à ça, nous brûlerons toutes deux, » déclara Sayaka.

Saisissant son épée de la main gauche, Sayaka l’avait poussée vers l’avant.

La lame d’épée argentée s’était soudainement fendue vers l’avant et vers l’arrière. En utilisant la partie reliée à la poignée comme point d’appui, la moitié de la lame fendue s’était tournée de 180 degrés. Tirant une corde d’arc en argent tendue, cela s’était transformé en une arme entièrement nouvelle.

« … Un arc !? » s’écria Kojou.

Kojou avait fait entendre une voix d’admiration. L’épée de Sayaka était maintenant transformée en un magnifique arc argenté et arqué. Il avait la forme moderne et occidentale d’un arc recourbé.

Soulevant sa propre jupe, elle avait sorti une flèche en métal à partir d’un étui en cuir enroulé autour de sa cuisse.

« Der Freischötz. C’est la vraie forme de mon arme…, » déclara Sayaka.

D’un mouvement doux et beau, elle avait placé une flèche et avait tiré sur la corde de l’arc avec force.

« … Moi, Danseuse du Lion, Archère du Dieu Suprême, je vous en conjure, » un chant cristallin coulait des lèvres de Sayaka.

L’énergie rituelle qui jaillissait dans son corps amplifiait encore la puissance de l’arc alors qu’elle pointait la flèche d’argent vers le ciel.

Sayaka avait dit que son arme avait deux capacités. La première était d’annuler les attaques physiques avec une barrière défensive absolue. Si c’était le cas, quelle était l’autre… ?

« Cheval flamboyant très brillant, illustre Kirin, celui qui gouverne le tonnerre céleste, transperce ces mauvais esprits de votre colère… ! » déclara Sayaka.

Sayaka avait lâché sa flèche d’argent.

S’envolant d’un son strident en fendant l’air, ce qui ressemblait à une voix de plainte s’était transformé en un coup de tonnerre menaçant. Ce son aigu était la véritable capacité de Der Freischötz, l’arc magique maudit.

« … Son !? »

Kojou, lui aussi, avait réalisé la calamité que la flèche magique avait causée. La flèche que Sayaka avait lâchée ne visait pas le Nalakuvera. La flèche d’argent était en réalité une flèche sifflante, une flèche rituelle libérant un grand son pour chasser les démons.

Sayaka avait chanté dans un rituel comme elle avait utilisé le projectile magique comme voix. Le cri de la flèche sifflante avait enveloppé tout le champ de bataille de son charme, dessinant un cercle magique géant et invisible sur un kilomètre de rayon.

Puis, l’énorme miasme s’était répandu sur les armes anciennes, neutralisant leurs fonctions mécaniques.

« Senpai ! » cria Yukina.

La lance d’argent de Yukina avait étincelé pendant qu’elle fonçait.

Le miasme était si puissant que même les armes des dieux ne pouvaient y résister. La vie d’un humain normal qui s’y baignait serait sûrement perdue. Il n’était pas clair si les vampires pouvaient quand même y résister. Mais la lance de Yukina, capable de couper n’importe quel pouvoir magique, avait neutralisé le miasme.

Kojou s’était aussi mis à courir en la suivant. Ils n’avaient qu’une cible : la reine Nalakuvera.

Mais elle avait déjà appris les attaques des Vassaux Bestiales de Kojou. Alors que devrait-il faire… ?

« Allez, c’est fini… Regulus Aurum ! Al-Nasl Minium ! » cria Kojou.

À cet instant, la vue de Vattler fusionnant ses deux Vassaux Bestiales s’était précipitée du fond de l’esprit de Kojou.

En l’état actuel des choses, Kojou était incapable d’un tel exploit. Mais si c’était une simple attaque simultanée…

Le lion d’éclair et le cheval bicorne incandescent se soulevèrent, résistant au miasme, et attaquèrent la reine Nalakuvera. Ce n’était pas de la foudre. Ce n’était pas une onde de choc. Il s’agissait d’une énorme pression explosive engendrée par les attaques simultanées de la gauche et de la droite. C’était le but de Kojou.

N’ayant pas appris cette attaque, même cette arme des dieux ne pouvait pas la supporter. En n’ayant nulle part où s’enfuir, la super haute pression avait écrasé l’armure de l’énorme arme ancienne, écrasant bruyamment son cadre intérieur.

Grâce à la mise hors service de la reine, les petits Nalakuveras qui les entouraient devinrent également inertes.

Ce n’était pas un coup mortel. Mais jusqu’à ce qu’il ait fini de se réparer, ce n’était rien d’autre que des tas de ferraille.

« … Ha-ha-ha-ha, la guerre, c’est tellement amusant, Chamane Épéiste ! »

Kojou et Yukina entendirent la voix de Gardos venant d’en haut. Le vieil officier bestial avait ouvert le cockpit de la Reine Nalakuvera, sortant avec le corps couvert de sang.

Sans doute voulait-il les combattre même en chair et en os. Gardos avait sorti son couteau et il le tenait dans sa main gauche.

Alors que la folie de la bataille le tenait dans ses griffes, Yukina leva les yeux vers lui et secoua la tête, comme si elle avait pitié de lui.

« Ce n’est pas une guerre. Vous n’êtes qu’un simple criminel. Quelqu’un comme vous qui n’avez pas de pays à protéger n’a pas le droit de parler de guerre ! » murmura Yukina.

Le murmure de Yukina avait fait trembler le sourire de Gardos. Kojou s’était rendu compte qu’une seule phrase d’une jeune fille « impuissante » avait gravé une défaite décisive dans le cœur de l’officier âgé.

Gardos chargea vers Yukina, rugissant de rage.

Yukina n’avait même pas bougé sa lance, ne faisant pas le moindre mouvement de son corps.

Une flèche volante et tombante perça l’épaule gauche de Gardos, l’étourdissant. Bien sûr, Sayaka avait tiré la flèche. Et de plus :

« … C’est fini, vieil homme ! » cria Kojou.

Kojou enfonça avec force son poing dans le ventre vulnérable de Gardos.

Kojou l’avait encore frappé. Et encore une fois. Il faisait le premier coup pour avoir enlevé Asagi et Nagisa, et un coup de plus, pour Yukina.

Finalement, le corps massif de Gardos tomba doucement au sol, alors que ses forces semblaient épuisées.

Les Vassaux Bestiales, eux aussi, avaient finalement atteint les limites de leur constitution robuste.

« Brisez vous par vous-même, Nalakuvera. » Yukina, en montant dans le cockpit maintenant vide, avait fait jouer le fichier audio qu’Asagi avait fourni.

Laissant derrière eux des voix frêles et pleurnichardes, toutes les armes anciennes étaient tombées au sol comme des arbres pourris.

Incapables de résister aux impacts de chutes, des fissures avaient parcouru l’armure des Nalakuveras. Ils ressemblaient à des blocs rocheux fortement érodés, produisant finalement un grand bruit quand leurs corps géants s’étaient ouverts. C’était le travail du programme qu’Asagi avait fait.

En envoyant leur fonction d’autoréparation dans la folie, les Nalakuvera s’étaient démantelés. Enfin, toutes les armes anciennes s’étaient effondrées en poussière, emportées par le vent dans la mer, disparaissant totalement.

L’ensemble du processus avait pris moins de cinq minutes.

 

***

 

« … Ça vous pose un problème, Vattler ? »

Kojou regarda d’une manière léthargique vers l’arrière lorsqu’il posa sa question. Le jeune aristocrate de l’Empire du Seigneur de Guerre, qui n’avait même pas transpiré, venait de s’approcher, tapant dans ses mains avec un « bravo ! »

« Ahh, pas du tout. Vous m’avez bien satisfait, Kojou. Je crois que je ne m’ennuierai pas avant un moment, » répondit Vattler.

« Ah ? »

La soif sanguinaire de Kojou s’était accrue lorsqu’il avait laissé entendre que lorsqu’il s’ennuierait à nouveau, il provoquait un tout nouvel incident.

Vattler n’avait rien remarqué quand il s’était approché de Gardos tombé au champ d’honneur.

« Puis-je arrêter les membres du Front de l’Empereur de la Mort Noire ? Ils seront punis selon les lois de l’Empire du Seigneur de Guerre. Ils ont coulé mon bateau après tout, je me sentirais mal si je n’en faisais pas au moins ça, » déclara Vattler.

« … Faites ce que vous voulez, » déclara Kojou.

Kojou avait accepté la déclaration égoïste de Vattler d’un geste de la main agacé. Si Kojou refusait, Vattler exigerait simplement que le gouvernement japonais extrade lui-même les criminels. S’il voulait s’occuper des retombées, il valait mieux tout laisser entre ses mains.

Ayant perdu tous les Nalakuvera, le Front de l’Empereur de la Mort Noire ne représentait plus aucune menace. Pour Kojou et les autres, leur devoir était accompli.

« Oh oui. Ne vous inquiétez pas, ils ne seront pas exécutés. Je trouverais si ennuyeux de tuer un puissant ennemi qui essaie de me tuer, ils sont si précieux, » déclara Vattler.

Alors que Vattler laissait tomber cette déclaration troublante juste avant de partir, Kojou sentit son mal de tête s’aggraver d’autant plus.

Apparemment, cet homme n’avait absolument rien appris. Il chercherait sûrement un autre ennemi pour venir lui chercher des poux et un jour, il se lancerait dans un incident similaire. Kojou ne pouvait que prier pour qu’il ne soit pas pris dedans.

Et il y avait une raison de plus pour laquelle l’esprit de Kojou était accablé…

« Alors tu as sucé le sang de Sayaka, n’est-ce pas, Senpai ? » demanda Yukina.

Yukina leva les yeux vers Kojou pendant qu’elle demandait, alors que ses yeux étaient un lac très profond.

Kojou avait retenu son souffle. C’était la situation dont il avait le plus peur. En premier lieu, en tant qu’observatrice de Kojou, Yukina avait reçu l’autorisation d’éliminer Kojou selon son propre jugement.

Il avait sucé le sang de son amie là où Yukina ne pouvait pas voir. Il serait naturel que Yukina s’enflamme à ce sujet. Il avait espéré que s’il ne disait rien, peut-être que ça ne sortirait pas, mais sans surprise, cet espoir était vain.

« Ah, euh… Non, c’est ah, eh bien…, » balbutia Kojou.

« Une situation d’urgence. Oui, c’était une situation d’urgence, Yukina, » déclara Sayaka.

Kojou et Sayaka, côte à côte, s’étaient désespérément excusés. Yukina était sans expression en les regardant.

« Est-ce que c’est le cas ? » demanda Yukina.

« C’est vrai, c’est vrai. Nous avons été ensevelis sous terre avec des débris obstruant la sortie et de l’eau arrivait sur nous, ce qui nous aurait tués d’ici peu, » déclara Kojou.

La réaction calme et inattendue de Yukina avait encore plus troublé Kojou et Sayaka.

« T-Tout a fait. À ce rythme-là, j’ai cru qu’on allait se noyer. Le fait de penser qu’on devrait te le cacher était juste…, » déclara Sayaka.

« Pourquoi êtes-vous tous les deux si nerveux ? » leur demanda Yukina d’une voix calme et posée. Puis, Yukina avait déplacé son regard de façon inattendue vers Sayaka.

« Maintenant que j’y pense, Sayaka, c’est le parka de Senpai, n’est-ce pas ? » demanda Yukina.

Sayaka avait fait un son « hiuuu » pendant que tout son corps était figé.

« Tu te trompes, Yukina. Cet homme m’a soudain imposé son parka contre mon gré…, » déclara Sayaka.

« Euh, attends, » déclara Kojou à haute voix en direction d’elle.

« Je n’ai pas eu besoin d’agir avec force pour vous le mettre sur le dos ! Et n’avez-vous pas aimé recevoir le traitement d’une princesse royale !? » demanda Kojou.

« Espèce d’idiot ! Pourquoi dites-vous quelque chose comme ça maintenant ? » s’écria Sayaka.

Avec un bruit d’ennui, Sayaka commença à frapper le front de Kojou. Yukina l’avait regardé fixement pendant un certain temps alors que les deux s’engageaient dans ce qui ne pouvait être considéré que comme une querelle d’amoureux.

« Je suis contente que vous vous entendiez si bien. Mais je serais contrariée si tu avais sucé le sang de Sayaka contre sa volonté, Senpai, » déclara Yukina.

Finalement, elle poussa un soupir très profond. Kojou tourna maladroitement la tête et regarda Yukina.

« Alors… tu n’es pas en colère maintenant… non ? » demanda Kojou.

« Non. Pas du tout. Pas même un tout petit peu, » répondit Yukina.

Yukina avait fait un sourire tendu. En le voyant, Sayaka était tellement soulagée qu’elle s’était effondrée par terre.

C’était une démonstration de faiblesse ce qui donnait l’impression que ses vaillants combats antérieurs n’étaient qu’un mirage. Tandis que Sayaka s’accrochait à elle en disant : « Je suis si contente », Yukina caressa doucement la tête en disant : « Voilà, voilà. »

Quand Kojou les avait vues en agissant d’une manière si intime, Kojou poussa un soupir de soulagement, il rencontra soudain les yeux de Yukina qui le regardait droit dans les yeux. Yukina avait un joli sourire pendant qu’elle parlait.

« … Ce n’est pas comme si je pensais à la façon dont Senpai m’a traitée de mignonne quand il a sucé mon sang ! » déclara Yukina.

***

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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