Strike the Blood – Tome 13 – Chapitre 1 – Partie 1

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Chapitre 1 : Le blocus

Partie 1

Kojou Akatsuki se réveilla au son de son réveil qui sonnait pour la troisième fois.

Son dos s’était couvert de sueur sous l’effet des rayons du soleil qui passaient à travers le rideau. Il faisait assez humide pour le faire transpirer, même si c’était tôt le matin. L’air était si lourd qu’on aurait dit un jour d’été. C’était l’air de l’île d’Itogami qu’il connaissait bien.

« Le matin, hein… ? Merde… Je n’ai même pas l’impression de m’être reposé… »

La vision encore un peu floue, Kojou tâtonna pour trouver le réveil et le faire taire.

Tout son corps était lourd comme du plomb, comme s’il avait couru un marathon la veille. C’était sans doute le résultat de la fatigue accumulée. Après tout, il n’y a que quelques jours, il avait voyagé jusqu’au continent; il venait seulement de revenir sur l’île d’Itogami.

Entre ces deux événements, pour une raison ou une autre, il avait été pourchassé par Natsuki Minamiya, l’un des trois saints de l’Agence du Roi Lion, et par les Purificateurs, des terroristes; il s’était retrouvé à plusieurs reprises face à la mort. D’une manière ou d’une autre, il s’en était sorti indemne, mais l’épuisement mental accumulé et la perspective de la fin des vacances d’hiver avaient fait monter sa jauge de fatigue à son maximum. Kojou luttait désespérément contre l’envie de se recroqueviller dans son lit. Il ôta son tee-shirt et sortit de la chambre.

L’odeur du café fraîchement versé flottait dans le salon.

Les informations du matin défilaient tranquillement sur la télévision. Nagisa les regardait avec un air mystifié.

Elle devait être en train de se changer, car elle n’était vêtue que de ses sous-vêtements, caressant l’uniforme soigneusement plié sur ses genoux.

« Nagisa… ? »

Kojou avait involontairement interpellé sa petite sœur, car son silence inhabituel lui donnait l’impression que quelque chose n’allait pas.

Aujourd’hui, ses cheveux, d’habitude attachés, étaient détachés. C’est peut-être pour cette raison qu’elle semblait si différente. La lumière du contre-jour qui passait dans ses cheveux semblait leur donner une faible lueur dorée.

« Ah, Kojou. Bonjour… »

En le remarquant enfin, Nagisa lui adressa un doux sourire et se retourna.

« Salut », répondit Kojou en hochant vaguement la tête, de plus en plus perplexe. Après tout, la petite sœur qu’il connaissait n’avait pas pour habitude de lui adresser un sourire fugace. On pourrait qualifier sa personnalité de naïve, indiscrète, très aimable et turbulente; normalement, elle aurait arraché la couverture de Kojou et l’aurait poussé hors du lit avant même que le réveil ne sonne.

« Quelque chose ne va pas avec l’uniforme ? »

Kojou se garda bien de manifester sa perplexité en posant soigneusement la question. Il se demandait si elle n’avait pas fait une bêtise et si elle n’était pas au plus mal.

« Non… Non, ce n’est rien. » Nagisa fronça les sourcils.

Kojou retint sa respiration, frappé par un sentiment de déjà-vu. Il superposa le visage d’une autre personne à l’image de sa petite sœur gardant précieusement l’uniforme du collège — le visage de quelqu’un qui n’existait plus.

« Je me suis juste sentie… heureuse. À partir d’aujourd’hui, je peux à nouveau aller voir tout le monde à l’école. »

« Hmm… »

Kojou resta calme et murmura sèchement.

Nagisa cligna alors des yeux, semblant reprendre ses esprits. Elle avait l’air exaspérée en regardant Kojou qui se promenait toujours torse nu.

« D’ailleurs, Kojou, mets quelque chose. C’est criminel de se promener nu devant une jeune fille ! »

« Hé, je porte toujours mes sous-vêtements. Je n’ai pas trouvé ma chemise d’uniforme. »

« Ta chemise est sur le dessus de la chaise, à côté de la table du dîner. Je l’ai repassée et je l’ai laissée là. »

« C’est vrai ? Désolé. »

« Tu me fais vraiment travailler, ma parole ! Alors, habille-toi, vite ! »

« Tu devrais probablement aussi t’habiller. » Kojou, soulagé que Nagisa ait enfin retrouvé son état normal, répliqua.

« Hein… ? » Nagisa semblait confuse et regarda vers le bas pour s’inspecter.

Elle tenait son haut et son bas d’uniforme dans les mains; elle ne portait rien d’autre que de simples sous-vêtements blancs. En le remarquant, Nagisa poussa un cri à peine audible et se recroquevilla sur elle-même.

 

 

« As-tu vu quelque chose… ? »

« Hein… Je suppose que nous n’avons plus de lait. »

« Aucune réaction ?! »

Après avoir récupéré sa chemise d’uniforme, Kojou ouvrit la porte du réfrigérateur et examina son contenu. Il était évident qu’il avait accordé plus d’importance à la faim et à la soif qu’à la vue de sa petite sœur en sous-vêtements.

« Mnnn... J’ai utilisé le lait pour faire des œufs brouillés tout à l’heure ! »

« Oh ? Je ferai mieux d’en acheter sur le chemin du retour. »

Lorsque sa petite sœur maussade lui donna une réponse honnête, Kojou exprima clairement son abattement. Acheter de la viande et des légumes sur le chemin du retour de l’école était principalement la tâche de Kojou.

« Ah… En y réfléchissant, il y a eu un accident de cargo, non ? »

« Oui, il y en a eu beaucoup ces derniers temps. Ce n’est vraiment pas pratique d’être sur une île artificielle dans ces moments-là. La viande, les produits laitiers et le poisson se périment rapidement, et ils sont plus chers ici qu’ils ne le sont sur le continent… »

« Eh bien, ce n’est pas la saison des typhons, alors le prochain bateau ne devrait pas tarder », répondit Kojou, imperturbable.

Pour l’île d’Itogami, qui flotte au beau milieu de l’océan Pacifique, les expéditions lentes ou manquées étaient monnaie courante. Il n’était pas rare que le mauvais temps interrompe les importations pendant près d’une semaine.

« C’est vrai, mais… »

« Je vais m’occuper des achats courants avec Himeragi sur le chemin du retour, alors si tu as besoin de quelque chose, demande-lui, d’accord ? »

La seule chose qui restait dans le réfrigérateur était du jus de légumes vert foncé, ce qui ne plaisait guère à Kojou. Nagisa regarda en silence Kojou grimacer, sortir un pack et en verser le contenu dans sa gorge.

« Tu es avec… Yukina aujourd’hui ? »

Le murmure hésitant de Nagisa donnait l’impression qu’elle se parlait à elle-même.

« Hein ? » dit Kojou en s’essuyant les lèvres et en se retournant. Distrait par le goût du jus de légumes, il n’avait tout simplement pas bien entendu.

Cependant, Nagisa semblait tout aussi surprise que lui et secouait exagérément la tête en disant : « Ah, hmm, bien sûr que tu l’es. »

« Oui », répondit Kojou en hochant la tête, sans vraiment comprendre où elle voulait en venir.

Comme il ne s’était pas réveillé à la première alarme, il n’avait pas beaucoup de temps à perdre.

Il esquiva la conversation gênante et accepta avec gratitude le petit-déjeuner que sa petite sœur lui avait préparé.

« Qu’est-ce que c’était… ? »

Nagisa s’habillait à la hâte en regardant Kojou mordre dans son pain. Elle poussa un soupir inquiet.

« Qu’est-ce qu’il y avait… avec moi tout à l’heure ? »

Kojou n’avait pas remarqué que sa petite sœur marmonnait en se tenant la poitrine, essayant de comprendre le sentiment confus qui l’habitait.

 

***

En entrant dans la salle de classe pour la première fois depuis longtemps, Kojou trouva l’endroit particulièrement calme. Même si les cours allaient bientôt commencer, 30 % des élèves n’étaient pas encore arrivés à l’école. Peut-être étaient-ils en vacances et n’avaient-ils pas encore ouvert les yeux. J’aurais dû prendre mon temps et dormir un peu plus, pensa Kojou avec un certain degré d’envie en arrivant à sa place.

« Bonjour, Kojou. Ça fait un… eh bien, non, pas du tout. »

La voix morose provenait d’Asagi Aiba, assise à proximité.

Sa coiffure extravagante et ses variations audacieuses sur l’uniforme de l’école, qui frôlaient l’infraction au règlement, étaient les mêmes que d’habitude. Mais, tout comme Kojou, un air épuisé semblait flotter sur elle en ce moment. Ce n’était pas étonnant : elle avait été impliquée dans l’incident de la bête démoniaque sur le continent et venait tout juste de rentrer sur l’île d’Itogami.

« Bonjour. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne t’ai pas vue en uniforme scolaire. »

« Ne m’oblige pas à me souvenir de quelque chose dont je n’ai pas besoin. Oublie ça ! »

Asagi claqua des dents en jetant un regard noir à Kojou. Ses joues étaient légèrement rougies. La combinaison de pilote ressemblant à un maillot de bain d’école avec son nom écrit dessus qu’elle avait été forcée de porter lui avait apparemment infligé de nombreux traumatismes.

« Bonjour, Asagi. Et aussi Akatsuki. »

Derrière Asagi, une grande étudiante à l’allure mature s’adressa à eux. Il s’agissait de Rin Tsukishima, la représentante de la classe. Comme on pouvait s’y attendre, elle affichait l’air déterminé et confiant qu’elle avait habituellement, même au milieu de tant d’élèves aux mines maussades en cette fin de vacances.

« Ah, Rin… Bonjour. »

« Tsukishima… »

« Vous avez tous les deux l’air plutôt… épuisés. »

Les sourcils de Rin se levèrent avec suspicion en voyant Kojou et Asagi répondre d’une voix monotone.

Asagi avait souri sans enthousiasme en réponse en secouant la tête.

« Est-ce que ça te semble être le cas ? »

« Eh bien, je viens de rentrer du continent… C’est sans doute pour ça. »

« Eh ? — Tu es aussi allé sur le continent, Kojou ? »

Les yeux de Rin clignotèrent de surprise. Une lueur inquisitrice s’alluma dans ses pupilles et elle le fixa d’un regard admiratif.

« Asagi était sur le continent jusqu’à avant-hier, non ? Serait-il possible que vous ayez été tous les deux… ? Mon Dieu, oh mon Dieu… »

« Mon Dieu, oh mon rien du tout ! C’est une coïncidence, une pure coïncidence ! » Asagi réfuta ça avec une énergie féroce.

Les épaules de Kojou s’affaissèrent avec un soupir lorsqu’il ajouta : « Je viens juste de récupérer ma petite sœur chez Mamie. »

« Je faisais des courses dans la capitale. J’avais Tanker avec moi. Tu la connais, n’est-ce pas ? Lydianne Didier. Ça n’a absolument rien à voir avec Kojou. »

« Hmm, vraiment ? — Eh bien, j’en resterai là. »

Rin tordit les lèvres en un rictus. Elle avait l’air d’une mère avisée qui ignore les excuses de sa fille.

Asagi posa sa joue sur une main et fit la moue en disant : « Qu’on en reste là ou pas, c’est la vérité. »

« Mais tu as rencontré Asagi là-bas, n’est-ce pas ? »

« Euh, je n’appellerais pas vraiment ça “la rencontrer”… »

Lorsque le regard de Rin se posa soudain sur lui, Kojou répondit sans réfléchir.

« Espèce d’idiot… ! »

Pourquoi as-tu dit ça ? se demanda Asagi en se couvrant les yeux, le visage levé vers le ciel. Rin laissa échapper un petit rire.

L’instant d’après, un élève portant des écouteurs autour du cou entra dans la classe, l’air manifestement en manque de sommeil : Motoki Yaze.

« Bonjour… — Pourquoi vous disputez-vous à cette heure-ci ? »

« Rien du tout. »

Asagi, qui se croyait peut-être incapable d’endurer davantage de ridicules, fit un signe de la main à Yaze pour lui dire d’aller se faire voir ailleurs.

Yaze n’avait pas fait attention à son geste enfantin. « Hum… — Bon, d’accord. Voici un souvenir de Tokyo. Mangez. »

Il déposa devant Kojou et les autres un sac en papier contenant des chocolats, apparemment achetés à un vendeur de l’aéroport.

« Tu es aussi allé sur le continent ? »

Asagi avait immédiatement déchiré le sac pour en extraire l’un des chocolats.

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Claramiel

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