Chapitre 4 : Le Bras Droit du Saint
Partie 4
Sur le sol où les intrus étaient passés, ils avaient vu une scène tragique.
Plus de soixante agents de sécurité étaient étendus sur toute la zone, gravement blessée, et l’odeur de leur sang se rependant sur le sol remplissait l’air. Une dizaine d’eux pouvaient se déplacer d’une manière ou d’une autre par leurs propres moyens. Cependant, ils n’avaient plus aucune capacité de combat, leurs mains étaient occupées à faire les premiers secours sur leurs camarades.
La seule personne non blessée qui restait était Asagi, regardant la tragédie d’un air hébété, à moitié absente.
C’était à ce moment-là que le téléphone portable d’Asagi avait sonné. Les installations à l’intérieur de la Porte avaient été gravement endommagées par les intrus, mais d’une manière ou d’une autre, la station de relais du téléphone cellulaire était sortie indemne.
Avec un mouvement robotique lent, Asagi avait vérifié l’écran du téléphone portable.
Quand elle avait vu le nom affiché dessus, ses yeux étaient soudainement revenus à la vie.
« — Kojou !? »
« Asagi... ! Je suis si content ! Est-ce que ça va ? » demanda Kojou.
Elle avait entendu la voix de Kojou par l’intermédiaire du téléphone portable. Sans véritable raison, cela avait fait couler des larmes de soulagement par Asagi. Sa voix s’éleva, comme si elle avait attendu pour pouvoir faire évacuer sa colère pendant tout le temps.
« Bon sang, qu’est-ce que c’est que ça... ? Je ne vais pas bien du tout ! La compagnie d’état a été attaquée, il y a beaucoup de blessés. Je suis piégée dans les décombres d’un bâtiment... Qu’est-ce qui ne va pas chez ces personnes ? » demanda Asagi.
« As-tu vu les personnes qui ont attaqué ? Un vieux dur à cuire en robe de prêtre, c’est ça ? Et aussi un Vassal Bestial humanoïde, » demanda Kojou.
« Les connaissais-tu !? » demanda Asagi, abasourdie. En même temps, une vive inquiétude l’envahissait.
Pourquoi Kojou saurait-il à quoi ressemblaient ceux qui avaient attaqué Porte de la Clef de Voûte, à moins qu’il ne les ait trouvés avant Asagi ? Si c’était le cas — .
« Ouais. J’ai failli mourir à cause de ces deux-là, » déclara Kojou.
« Presque mort... !? Kojou, tu..., » Asagi s’était simplement exclamée face à la confession brutale de Kojou. Normalement, il n’aurait fait qu’une blague banale pour s’en moquer, non pas qu’elle en aurait cru un mot, après avoir vu l’atrocité que les intrus avaient commise de ses propres yeux. Il n’y avait aucun doute que Kojou avait vraiment regardé la mort.
Mais Kojou avait parlé sur le même ton décontracté que d’habitude. « Bref, on dirait que tu vas bien maintenant. Et plus importants encore, où sont-ils allés ? »
« En bas. Ils semblent se diriger vers le niveau le plus bas de la Porte, » répondit Asagi.
Asagi avait parlé alors qu’elle revenait dans son état d’esprit normal. Elle n’était pas la seule à avoir vécu quelque chose d’horrible. Kojou l’avait aussi vécu. Elle avait l’impression que cette seule pensée l’avait sauvée.
Asagi avait ouvert l’ordinateur portable qu’elle enlaçait comme un charme protecteur pendant tout ce temps.
Elle avait accédé au serveur de la division de maintenance et avait vérifié la situation à l’intérieur de la Porte.
En perçant toutes les cloisons le long du chemin, les intrus avaient déjà atteint le treizième niveau. Ce qui les attendait était une zone structurellement renforcée, mais leur arrivée au niveau le plus bas n’était plus qu’une simple question de temps. Ça aurait pu leur prendre deux heures tout au plus.
« Le niveau le plus bas... Huh. Tu sais ce qu’il y a là, Asagi ? » demanda Kojou.
« Comme si je devais le savoir. La seule chose qui devrait être au niveau le plus bas est l’Ancre, » répondit Asagi en tapant sur son clavier.
« Ancre ? » demanda Kojou.
« C’est le bloc d’ancrage. Tu sais que l’Île d’Itogami est formée du gigaflotteur Est/Ouest/Nord/Sud, n’est-ce pas ? C’est un peu comme une plate-forme pour maintenir les câbles principaux reliant tout ça en place, » répondit Asagi.
« ... Et il y a quelque chose d’important là-dedans ? » Kojou avait demandé comme si quelque chose dans ses tripes ne voulait pas se calmer.
Avec un « Euh ? » Asagi s’était renfrognée. « Pas du tout. C’est juste une stupide masse d’acier. Elle absorbe tous les chocs du gigaflotteur et les vibrations des vagues et du vent pour empêcher l’Île d’Itogami de se disloquer. »
La séparation des quatre gigaflotteurs de l’Île d’Itogami était un dernier recours pour éviter la dislocation de toute l’île. De plus, les sections de raccordement présentaient des espaces et une flexibilité permettant de se protéger contre les vibrations dangereuses des tempêtes de vent et des vagues inconfortables. Cela signifiait que les quatre gigaflotteurs se soutenaient toujours l’un et l’autre, tout comme les quatre pieds d’une table le maintiennent stable.
En d’autres termes, tout le fardeau pour ainsi maintenir l’Île d’Itogami ensemble affectée à cet endroit où les gigaflotteurs étaient reliés.
« ... Dans ce cas, quel est ce précieux trésor dont le vieil homme a parlé... ? » demanda Kojou.
« Un trésor précieux ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Asagi.
« Je ne sais pas, mais apparemment le vieil homme est venu sur cette île pour la récupérer…, » déclara Kojou.
« Même s’il disait cela, personne ne mettrait une telle chose de valeur dans le bloc d’ancrage. Après tout, tu ne serais pas en mesure de le regarder ou de le reprendre... ? » demanda Asagi.
Asagi avait sombré dans ses pensées en réalisant que les mots de Kojou l’embêtent d’une manière étrange.
Le précieux trésor la dérangeait. Il était difficile de croire qu’un prêtre instruit selon les principes stricts de la religion occidentale irait faire un assaut sur le sanctuaire des démons d’un autre pays par soif de biens matériels.
Non, en premier lieu, qu’est-ce que le trésor signifiait pour un homme portant la robe... ?
« Asagi ? » préoccupé par le silence d’Asagi, Kojou l’avait appelée.
Asagi avait pris une grande respiration comme pour dissiper ses doutes. « Attends. Je vérifie quelque chose. Attends, bon sang !? C’est un pare-feu militaire de niveau top secret, n’est-ce pas ? »
Asagi avait été surprise par l’alerte rouge profond affichée sur son écran d’ordinateur. Il y avait une lueur de bonheur qui se trouvait présent quelque part dans ses yeux. Son esprit de compétition avait été piqué.
« Donc tu ne peux pas savoir ce que c’est ? » demanda Kojou.
« Bien sûr que je ne peux pas. À qui crois-tu parler ? Mogwai ! » déclara Asagi.
Asagi convoqua l’IA, qui s’était installé dans le silence, d’une seule pression d’une touche. L’avatar du superordinateur était apparu sur son écran.
« Tu es une vraie esclavagiste, mademoiselle. Franchement, j’ai été construit de telle sorte que je ne peux pas poser mes pattes sur quelque chose comme ça, mais... ma partenaire me le demande, donc je suppose que je dois le faire, » déclara l’IA.
« Ah, tu comprends, n’est-ce pas ? Alors, transperce-moi maintenant ce pare-feu ! » déclara Asagi.
L’IA avait ronchonné sur un ton apathique alors qu’Asagi insérait son code d’administrateur.
Avant que l’IA n’exécute l’ordre, son aura avait changé pendant quelques instants.
« Je vais le transpercer, mais tu le regretteras, » déclara l’IA.
Que veut-il dire ? pensa Asagi. Un instant plus tard, ses sourcils s’étaient plissés.
« Hein ? Voici... Pas possible, tu te moques de moi…, » tout ce qu’Asagi pouvait faire, c’était de murmurer en regardant l’image du bloc d’ancrage alors qu’elle était en état de choc.