Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku LN – Tome 8 – Chapitre 45

Bannière de Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku (LN) ☆☆☆

Chapitre 45 : Une candidate bizarre

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Chapitre 45 : Une candidate bizarre

Partie 1

Le festival du campus du deuxième institut de magie avait démarré de manière spectaculaire.

Les portes s’ouvrirent à 9 heures, mais il y avait déjà une file d’attente. Cette scène était presque une tradition au festival.

Alus n’était pas très enthousiaste à l’idée de voir cette foule se précipiter d’un seul coup au début de l’événement. Cela dit, il n’avait pas le temps de se plaindre.

En tant que membre de l’équipe de sécurité, il se remémora la zone de patrouille qui lui avait été attribuée. Son itinéraire passait par l’avant du bâtiment principal, qui était rempli d’étals, et par la zone entourant les terrains d’entraînement. En clair, c’étaient les endroits où il y aurait le plus de monde.

Franchement, c’était pénible, mais après qu’Illumina lui ait dit qu’elle voulait que l’événement soit un succès parce que Felinella était la directrice du comité de gestion, il n’avait pas trouvé de bonne excuse pour se soustraire au travail. Sans compter qu’il n’avait pas pu refuser après avoir vu un rare sourire sur le visage habituellement inexpressif de la jeune femme. C’est ainsi qu’il avait accepté le poste de responsable de la sécurité.

En ce moment même, Alus se trouvait devant le bâtiment principal. Après l’ouverture des portes, on s’attendait à ce que la foule se déverse ici comme des taureaux enragés. « Rien de spécial à la façade du bâtiment principal. Je suis en position. »

« J’ai compris. Les portes s’ouvriront dans cinq minutes. »

En utilisant le Consensor dans son oreille, Alus fit son rapport à Illumina, qui se trouvait au quartier général. Il portait le brassard de sécurité sur son bras droit, et avait également son AWR avec lui, même s’il n’en aurait probablement pas besoin, mais avec ces choses, il avait au moins l’air d’être à la hauteur de la tâche.

Il avait mémorisé tous les points importants, et le seul problème qui subsisterait serait que des connaissances militaires le voient dans cet état. Il pouvait facilement les imaginer en train de se moquer de lui parce qu’il était devenu un étudiant assidu depuis qu’il était ici.

Il est vrai qu’il avait beaucoup apporté à la classe cette fois-ci. C’est lui qui avait résolu le problème du manque de prix dans sa classe. Mais avant que ses camarades ne puissent exprimer leur gratitude, ils avaient commencé à fouiller dans les objets extravagants, ce qui avait provoqué un tollé.

Non seulement les prix étaient précieux, mais il s’agissait également de choses précieuses que tout magicien voudrait avoir, ce qui avait donné lieu à toutes sortes de spéculations sur les origines d’Alus.

Alus lui-même n’avait pas entendu les rumeurs directement, mais à un moment donné, le fait qu’il soit un ancien militaire était devenu la supposition la plus répandue. Des prédictions similaires avaient également été faites au sujet de Loki, et cet incident les rendait d’autant plus probables.

De ce fait, les regards irrespectueux et le harcèlement flagrant à son égard avaient pratiquement cessé. En fait, il avait été traité de la manière inverse ces derniers temps, et il avait été confirmé par les filles qu’il était plutôt fort pour un magicien.

Cependant, son rang était toujours tenu secret. Et son image d’enfant à problèmes, qui avait de mauvais résultats aux examens, qui séchait les cours et qui était parfois convoqué dans le bureau de la directrice, n’avait pas changé.

Pourtant, ce côté brutal avait commencé à être perçu comme mystérieux, ce qui lui conférait une atmosphère inaccessible parmi ses camarades de classe. Bien sûr, tout cela n’avait aucune importance pour la personne en question.

Cette tangente mise de côté, Alus, arrivé à son poste, repoussa ses pensées sur les visiteurs qui se rassemblaient aux portes sur le côté et reporta son attention sur Illumina, à l’autre bout du Consensor.

L’instant d’après, elle prit la parole. « C’est l’heure de l’ouverture. Veuillez procéder comme prévu. Encore une fois, j’aimerais répéter que vous devez immédiatement signaler tout problème survenant. » Le dernier rapport qu’elle avait adressé à tout le monde avant le début de l’événement n’avait nécessité aucune réponse.

Alus regarda sans mot dire ce qui se passait devant lui. Les portes s’ouvraient lentement… et même s’il s’était préparé mentalement, le spectacle qui s’offrait à lui lui fit tressaillir les joues.

Je croyais qu’on leur avait dit de ne pas se presser.

La foule était comme une déferlante d’énergie, à tel point que le mot « déferlante » ne suffisait pas à la décrire. Même les membres de l’équipe de sécurité qui réclamaient leur attention avaient été engloutis par la vague.

Le sol avait grondé, semblant faire trembler le bâtiment principal, et tous les étudiants qui tenaient les étals avaient tressailli devant la bousculade.

En un clin d’œil, un flot de gens se trouva juste devant Alus, chacun ayant son propre objectif, et ils se divisèrent en deux autour de lui.

Une moitié se dirigea vers le bâtiment principal. Ils voulaient probablement examiner les étals un par un en commençant par là.

L’autre groupe se dirigea vers les terrains d’entraînement. Il restait encore du temps avant que les combats simulés commencent, mais ils allaient s’assurer des places de bonne heure.

Au cours de la première heure de combats simulés, les élèves s’affrontaient. Ensuite, après une courte pause, tout le monde était libre de participer.

Les magiciens et ceux qui cherchaient à le devenir avaient été autorisés à entrer afin que l’Institut puisse présenter ses réalisations et faire une démonstration à tous ceux qui souhaitaient s’y joindre.

Par exemple, de nombreux élèves de la classe d’Alus s’étaient inscrits parce qu’ils admiraient Felinella, qui avait participé au tournoi magique de l’amitié et à des combats simulés lors du festival du campus. Il n’était donc pas surprenant que Tesfia, Alice et Loki, qui avaient été les vedettes du tournoi de cette année, participent aux combats simulés.

Il n’était pas rare qu’un futur magicien admire quelqu’un et s’en fasse un objectif. Le système de classement permettait également d’accélérer les choses. C’est pourquoi la zone à laquelle Alus était affecté était la plus fréquentée de toutes.

Il repéra une jeune fille qui risquait d’être écrasée par la foule et il la sortit de la vague humaine en douceur.

Ensuite, il soutint rapidement une personne âgée qui semblait sur le point de tomber après avoir été poussée.

Ce genre de choses se produisait les unes après les autres, si bien qu’aucune des personnes qu’il aidait n’avait le temps de le remercier.

Après qu’une heure se soit écoulée. Alus travaillait sans relâche pour aider les visiteurs, lorsqu’il reçut un rapport par l’intermédiaire de son Consensor. Il semblerait qu’un incident était en train de se produire, et en réponse, il s’était immédiatement précipité sur les lieux.

Pour lui, l’affluence n’était pas suffisante pour l’arrêter dans son élan. Il se faufilait dans les interstices, empruntant le meilleur chemin entre les gens pour atteindre sa destination.

Il s’agissait d’un couloir du bâtiment principal, en plein milieu du passage. Pour une raison inconnue, deux étudiants s’affrontaient. L’un d’eux était un étudiant de deuxième année de l’Institut. L’autre semblait venir d’un autre institut, à en juger par son uniforme.

Les deux camps avaient déjà dégainé leurs AWRs de type épée. Le mana circulait dans les AWRs, ce qui rendait la situation très explosive.

Alus ne paniqua pas particulièrement, il était simplement soulagé d’être arrivé avant que la situation n’empire. « Sécurité ici, excusez-moi. Quel est le problème ? »

L’étudiant d’un autre institut tournait le dos à Alus et l’ignora, mais l’étudiant du Second Institut de Magie était clairement troublé en le voyant. Ils avaient dû entendre parler des exploits d’Alus au tournoi. Il avait pensé que sa démonstration de force involontaire avait été une gaffe, mais elle s’était avérée utile de façon inattendue, en fin de compte.

« N-Non, ce n’est rien… »

L’esprit combatif de l’étudiant de deuxième année avait presque disparu, mais l’autre étudiant cria sans même se tourner vers Alus. « N’appelle pas ça rien du tout !!! J’ai dit que je paierai ! Moi, le fils de la famille Owen ! Si tu comprends ta place, alors ne te mets pas en travers de mon chemin ! »

Alus ne put s’empêcher de marmonner « Hein ? » face aux cris du garçon.

C’est alors que Ciel surgit de derrière lui, expliquant la situation à Alus dans un murmure, « Je me fiche de savoir s’il est noble ou non, je ne l’aime pas… La vérité, c’est que… »

Mais Alus ne se retourna même pas, il leva le bras pour l’interrompre. « Désolé, mais quelles que soient les circonstances, il est interdit de dégainer votre AWRs ici. »

En fait, il n’avait même pas besoin d’écouter les explications de Ciel. L’utilisation d’un AWR était interdite en dehors des terrains d’entraînement. Normalement, il aurait pu l’embarquer sans poser de questions. Mais il ne voulait pas faire quelque chose de trop sérieux devant le public. S’ils pouvaient régler cela en discutant, ce serait mieux.

Mais à la place, le noble fauteur de troubles se moqua d’Alus avec mépris. « Tais-toi. Je parle à ce type ! Tu n’as rien à voir avec ça, alors ne te mets pas au travers de mon chemin ! »

Alus l’ignora, se tourna vers la deuxième année et lui lança un regard noir. Se rendant compte de ses intentions, le mana de l’AWR de la deuxième année se dispersa. Il ne pouvait pas vraiment l’ignorer, mais il pouvait quand même être excusé, ayant réduit tout de suite la pression quand on le lui avait demandé. Probablement, en tout cas.

En temps normal, Alus n’aurait jamais été aussi détourné, mais Felinella était la directrice du comité cette fois-ci. Il pouvait au moins y mettre du sien. « Cela n’arrivera pas. Je suis la sécurité ici. Et vous causez des problèmes aux autres visiteurs. »

« Je me fiche de savoir qui tu es, mais ne t’avise pas de me parler comme ça ! » Le fauteur de troubles regarda Alus avec mépris. Ses yeux étaient ceux de quelqu’un habitué à abuser de son pouvoir, habitué à regarder de haut ceux qui l’entourent. Ceux qui l’entouraient avaient sûrement souvent vu cette attitude autoritaire et insolente.

Ce qui signifiait qu’Alus n’avait qu’à s’acquitter de ses devoirs. Il s’adressa au garçon, poli en apparence… et déterminé à l’intérieur. « C’est pénible, mais je vais donc devoir suivre la procédure. Vous ne me laissez pas d’autre choix que d’utiliser la force. »

« Penses-tu que la famille Owen perdrait face à un lâche Alpha ? Fais de ton mieux ! Et apprends ta place ! »

« Alors je vais vous prendre au mot et c’est ce que je vais faire. »

Sans même attendre la fin de la phrase d’Alus, le garçon trancha horizontalement avec son épée enchantée. C’était un coup destiné à le prendre par surprise, un sale coup pour un noble, mais il l’avait tenté sur la mauvaise personne.

Les spectateurs retinrent leur souffle. Tout était devenu silencieux pendant un moment, comme si le temps s’était arrêté.

Alus plissa les yeux, observant calmement l’épée immobile. Il leva deux doigts et prit l’épée du garçon entre eux.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Bien sûr, seul un idiot essaierait d’attraper un AWR enchanté à mains nues. Ses doigts étaient recouverts d’une fine pellicule de mana, il n’avait donc pas pu l’arrêter avec sa seule force brute.

Et — le garçon laissa échapper un glapissement douloureux alors que son corps basculait vers l’avant. Alus lui avait enfoncé son genou dans le ventre.

Le fauteur de troubles s’était immédiatement évanoui, et Alus le soutint de son bras avant de le confier aux autres membres de la sécurité qui s’étaient précipités sur les lieux.

C’est ainsi que l’incident fut résolu. L’étudiant de deuxième année qui avait dispersé son mana sous la pression d’Alus s’en tira avec un simple avertissement. Le travail étant fait, Alus se frotta la nuque comme s’il essuyait de la sueur.

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Partie 2

L’instant d’après, les spectateurs se mirent à applaudir à tout rompre. Parmi eux se trouvaient de nombreux civils non-magiciens. C’était une bonne chose que cela ne prenne pas une grande ampleur, mais Alus fut soudain assailli par un sentiment déstabilisant. En y réfléchissant, c’était peut-être la première fois qu’il recevait des éloges sincères de la part de la population.

C’est alors que Ciel le regarda en fronçant les sourcils. Quand Alus s’en aperçut enfin, il vit où ils se tenaient. C’est ma salle de classe, n’est-ce pas ? Il eut un étrange pressentiment lorsque Ciel ouvrit la porte et entra dans la pièce.

« Veux-tu écouter maintenant ? » demanda-t-elle en sortant la tête de derrière la porte. Elle n’était pas contente de la façon dont il l’avait repoussée tout à l’heure. Même ses grands yeux adorables s’étaient rétrécis. Elle avait dû lui proposer de s’expliquer par gentillesse.

Alus lui répondit poliment, réalisant qu’il devait changer d’attitude. « Je suis désolé. J’ai besoin de bien comprendre la situation pour mon rapport. Pourrais-tu m’expliquer ? » Il ferma les yeux et baissa la tête.

Voyant cela, Ciel s’exclama : « J’ai tout vu ! » et elle invita Alus à entrer dans la classe. Le noble étudiant de tout à l’heure avait parlé de la façon dont il paierait. C’était donc probablement lié à un certain étalage. Sans compter que c’était Ciel qui essayait d’expliquer, et que cela s’était passé devant la salle de classe d’Alus, ce qui signifiait… que c’était lié au stand de tir. En réalisant cela, Alus ne pouvait s’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment.

Lorsqu’il était entré dans la salle de classe, ses yeux s’étaient écarquillés et il s’était figé sur place. Et bien sûr qu’il le ferait.

Ce n’était qu’un stand de tir, mais les affaires étaient florissantes… alors peut-être que les badauds à l’extérieur ne s’étaient pas rassemblés à cause de l’incident, mais pour l’étalage de cadeaux.

Alus était passé l’autre jour, alors que les préparatifs étaient encore en cours, et il avait donc déjà vu la galerie de tir. Le stand était aménagé de manière à ce que les clients utilisent l’estrade surélevée d’où le professeur enseignait, tandis que la galerie utilisait l’espace qu’occupaient normalement les élèves.

Tout l’espace libre était utilisé pour présenter tous les prix. Les prix les plus précieux avaient été placés dans les endroits les plus difficiles d’accès.

Il existait un système qui classait les prix sur une échelle à cinq niveaux. D’ailleurs, ce n’était pas sur le prix lui-même que les gens tiraient, mais sur une plaque située à côté du prix, dont la taille et le poids variaient en fonction de la difficulté.

Le prototype d’AWR fourni par Alus était le premier prix, mais juste à côté se trouvait le chouchou blanc que Loki avait fabriqué.

Certes, il était bien fait pour un premier essai. Mais pourquoi était-il à côté de son AWR… ? Était-ce là la valeur de l’artisanat de Loki ? Cela semblait problématique, mais Alus choisit de ne pas trop y penser.

Un peu plus bas, au centre, se trouvait un gros objet en forme de boule de poils qui ressemblait à un serpent enroulé. Apparemment, il s’agissait de l’écharpe qu’Alice avait fabriquée. Il avait probablement été enroulé pour que les autres prix puissent être alignés à côté, mais il était manifestement assez long pour s’enrouler cinq fois autour du cou.

Mais la personnalité d’Alice transparaissait à travers lui, car il avait été méticuleusement fabriqué. En bref, bien qu’ils aient été fabriqués par des amateurs, ces prix avaient une grande valeur parce qu’ils étaient faits à la main. Même à côté des produits ridiculement chers d’Alus, il pouvait l’accepter à contrecœur.

Il n’arrivait pas à comprendre l’objet bizarre qui se trouvait à côté. Vu sa position, il devait avoir la même valeur que l’écharpe d’Alice. Qu’est-ce que c’est ? Alus supposa qu’il s’agissait d’un animal en peluche. Ou du moins, il l’espérait.

Mais quel genre d’animal était-ce ? Il fronça les sourcils, réfléchissant. « Un humain… ? Non, il a des oreilles d’animal… De plus, chaque main est d’une longueur différente. » Les jambes étaient également étranges. Il tenait à peine en équilibre sur l’étagère.

Il hésita à parler de prix. Pour certains, elle pouvait avoir un côté audacieux et underground, montrer une sorte de valeur artistique tordue, mais il n’avait aucune idée de ce que c’était.

Il avait une forme irrégulière avec un soupçon de folie. Il était probablement assis à quatre pattes, mais l’une de ses mains était anormalement longue, ce qui lui donnait un air sinistre.

Ciel observait tranquillement Alus en arrière-plan, un sourire en coin sur le visage, comme si elle pouvait deviner exactement ce qu’il pensait.

C’est ça, Alus avait soudainement réalisé la réalité. Je vois, je suppose que c’est le résultat de ses études. Il hocha la tête en regardant l’animal en peluche et parla avec assurance. « Wow… Dire qu’elle a fait un Mamono. »

« Faux !!! » Ciel le corrigea vivement.

… Et Alus s’était exclamé, par réflexe, « Ce n’est pas ça !? » par réflexe. « Allons, allons, Ciel, il y a vraiment un Mamono comme ça. C’est assez courant dans Alpha, et on en parle aussi dans les cours… »

« Bon sang, Alus, je suis contente que Fia ne soit pas là en ce moment. » Ciel s’approcha d’Alus et lui chuchota à l’oreille : « C’est un chien. Ou plutôt, une sorte de loup. »

« Tu plaisantes, non ? Dans quel monde est-ce un loup ? Personne n’y croira. »

Alus n’en revenait pas, mais lorsqu’il se tourna vers Ciel, celle-ci haussa les épaules avec un sourire heureux et doux. Elle pensait qu’Alus était parfait, alors voir une facette inattendue de lui était agréable.

Mais il avait ses raisons d’être surpris. Il avait vu un vrai loup, même si sa race avait subi quelques améliorations. Et il le comparait à cet animal. Quelle que soit la façon dont il le regardait, l’animal en peluche était terriblement mal fait. On ne pouvait même pas l’appeler un animal. C’est pourquoi elle ne m’a jamais montré la version finie. Elle est vraiment maladroite, se dit Alus.

En la regardant une dernière fois, il pencha la tête, ne sachant s’il devait être heureux ou exaspéré. La forme mise à part, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle était surévaluée juste parce que Tesfia l’avait fabriquée, compte tenu des choses qu’il avait fournies. Étaient-ils en train de dire que cet effrayant animal en peluche valait la même chose que ses objets précieux ? L’idée que même un déchet puisse avoir une grande valeur si Tesfia l’avait fabriqué l’effrayait.

Mais c’était ainsi que se déroulait le festival du campus. Puisqu’il s’adressait aux étudiants masculins qui ne connaissaient pas le vrai visage de Tesfia, il supposait que c’était une bonne chose en soi.

Après avoir réfléchi à cela pendant un moment, il regarda discrètement autour de la classe et vit quelque chose qui ne correspondait pas tout à fait à ce qu’il pensait. Il l’avait vaguement remarqué en entrant, mais avait inconsciemment détourné le regard, espérant que ce n’était que ses yeux qui lui jouaient des tours.

Alus pouvait comprendre qu’il y ait beaucoup de parents ici avec leurs enfants dans un stand de tir, utilisant les jouets populaires que sont les fusils à sortilèges. Il comprenait aussi pourquoi il y avait tant d’étudiants masculins ici. Ils avaient dû entendre qu’il y avait des prix fabriqués par trois beautés… leur but était évident.

Mais cela n’a aucun sens.

Parmi les enfants et les étudiants, il y avait des hommes adultes, tous issus de l’armée, des magiciens en fait. De vrais adultes tenaient les jouets, prenant le jeu aussi sérieusement que possible, s’investissant pleinement dans la galerie de tir.

Ils ressemblaient à des tireurs d’élite prêts à abattre leur cible. Le front couvert de sueur, ils se tenaient en rang pour viser.

Quand Alus vit qu’ils n’en avaient pas après les bricolages des filles, mais après les marchandises qu’il avait fournies, il comprit enfin la situation. Avec un regard amer, il se tourna vers Ciel, qui arborait une expression triomphante.

« C’est vrai. Tout cela est dû à la popularité de l’AWR que tu as apporté. » Ciel pointa du doigt non pas les AWRs eux-mêmes, mais une affiche accrochée au mur. C’était une sorte de catalogue de prix.

Si l’on regarde les clients qui faisaient la queue au stand de tir, la situation pouvait être décrite comme un grand succès. Il y avait un homme qui semblait être un ingénieur d’AWR, un soldat bien bâti, et même un étudiant de dernière année portant l’uniforme du Second Institut de Magie. Bien sûr, il y avait aussi des étudiants d’autres écoles, comme le trouble-fête de tout à l’heure.

« Je vois. Ce type voulait donc acheter le prix qu’il n’avait pas réussi à obtenir auparavant. »

« Oui. Nous avons refusé, mais il a mis beaucoup d’argent et a fait du bruit… puis un élève de terminale a commencé à se plaindre. Et tu sais ce qui s’est passé ensuite. »

« C’est vrai que c’est assez cher. Cela dit, l’objectif n’était pas de faire du profit, c’était donc la bonne réponse. Si quelqu’un d’autre commence à agir de manière déraisonnable, contacte la sécurité. Je serai dans les parages pendant un certain temps. »

« Héhé, bon travail. Pourquoi ne pas faire une petite pause ? »

« Je ne peux pas me relâcher maintenant, n’est-ce pas ? » Alus avait une bonne raison de vouloir en finir. Il regarda la salle de classe, puis imagina la longue file d’attente à l’extérieur. Même si j’essayais de faire une pause, ils me demanderaient de les aider.

Le stand de tir attirait plus de monde que prévu, et huit camarades de classe avaient déjà été envoyés pour gérer la file d’attente. S’il répondait à l’invitation de Ciel, il n’aurait pas le temps de se reposer. De plus, il ne pouvait pas se permettre que les gens pensent qu’il ne faisait pas attention à son travail de sécurité.

Après avoir conclu cela, il déclara à Ciel qu’il fera ce qu’il peut et lui tourna le dos.

Cependant — .

Une étudiante se tenait devant la porte, bloquant la sortie d’Alus. Il s’était dit qu’il s’agissait d’une cliente comme les autres et s’écarta de son chemin.

Ciel lui jeta un coup d’œil. « Oh, désolée. Nous vous appellerons quand il y aura une place. »

Mais elle leur adressa à tous deux un sourire amusé, suivant Alus du regard. « Oh, je ne suis pas une cliente. » Le sourire resta sur son visage tandis qu’elle croisait le regard d’Alus. « C’est un plaisir de vous rencontrer, mon futur aîné. »

Elle s’inclina avec élégance, tout en saisissant l’ourlet de sa robe noire pour faire la révérence. C’était une robe sophistiquée et séduisante qui mettait en valeur les courbes de son corps.

La jeune fille avait des cheveux gris perle ondulés, dont les pointes s’enroulaient sous son menton. Deux bourrelets remontaient ses vêtements, les resserrant sur sa poitrine, incarnant les proportions idéales d’une femme. Malgré tous ces attraits, elle avait encore l’air d’une jeune fille.

Alus et Ciel s’étaient regardés, comme pour confirmer que c’était la première fois qu’ils rencontraient la jeune fille. Cependant, Ciel était également choquée par les mots qu’elle avait prononcés. « Non, pas du tout ! Êtes-vous plus jeune que moi !? », s’exclama-t-elle.

L’autre fille ne le nia pas. « Oui, je vais m’inscrire au Deuxième Institut de Magie. J’ai eu la chance de vous voir à l’œuvre au tournoi magique de l’amitié », ajouta-t-elle en s’adressant à Alus et en affichant à nouveau un sourire enjoué.

Alus ne savait pas trop quoi dire. Dans ces moments-là, la première pensée qui lui venait à l’esprit était que c’était une emmerdeuse. Une mauvaise habitude. « … Et vous êtes ? »

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Partie 3

La jeune fille sursauta en réalisant la situation et mit sa main sur sa poitrine. C’était un geste très noble, qui montrait sa bonne éducation. « Pardonnez-moi de ne pas m’être nommée avant. Je suis Noir Valis Oud. »

 

 

Reprenant son calme, Alus, conscient de sa position d’aîné, se présenta. « C’est un plaisir de vous rencontrer, Lady Noir. » Il répondit à la politesse par la politesse. C’était peut-être la première fois qu’il le faisait depuis son entrée à l’Institut.

Cependant, il avait manqué la seconde moitié du tournoi. Si c’était une question d’impression, Loki aurait dû en laisser une plus profonde. Son point de vue était cependant plausible. Quoi qu’il en soit, il semblerait que le tournoi avait eu une plus grande influence qu’il ne le pensait. Il comprenait maintenant pourquoi Berwick et Cicelnia tenaient tant à le gagner.

« Il n’est pas nécessaire d’être aussi formel avec moi. Appelez-moi simplement par mon prénom. Comme vous l’avez peut-être remarqué, je suis de la noblesse, mais mon nom suffit », fit remarquer Noir avec un petit sourire.

Alus acquiesça. « No... ir, malheureusement, je suis chargé de la sécurité, alors je n’ai pas de temps à perdre. » Ils pourraient éventuellement fréquenter le même institut, mais il était réticent à l’idée de devenir familier tout de suite.

 

 

Il avait également perçu l’atmosphère un peu particulière de la jeune femme. Pour une raison ou une autre, il voulait éviter de s’approcher trop près d’elle. « Une autre fois, peut-être. » Il passa à côté d’elle et tenta de franchir la porte lorsqu’il sentit qu’on tirait sur sa manche.

« Attendez ! Un instant, s’il vous plaît. C’est la première fois que je viens à l’Institut, alors j’espérais que vous pourriez me faire visiter…, » devant l’inaction d’Alus, Noir afficha un sourire malicieux. « Ne me dites pas que vous ignorerez la demande d’une jeune fille, Alus. »Il était clair qu’elle s’amusait de la situation.

Ciel s’est aussi habituée à moi dans le mauvais sens du terme, se dit-il. Était-ce l’influence de quelqu’un d’autre, ou était-ce simplement sa façon d’être ? Quoi qu’il en soit, cette fille, Noir, s’approchait trop près de lui pour qu’il se sente à l’aise. D’un autre côté, vu la foule, il pouvait comprendre qu’elle veuille un guide.

« Mademoiselle Noir, désolé, mais je suis en plein travail. » Lorsqu’Alus refusa, il eut l’impression de recevoir les regards de ceux qui les entouraient. Ce n’était sûrement que son esprit qui lui jouait des tours ? Peut-être que du point de vue d’un spectateur, il avait sèchement refusé la demande d’une fille élégante et délicate.

« Ne puis-je pas vous faire changer d’avis, d’une manière ou d’une autre… s’il vous plaît ? » Sentant que les gens autour d’eux étaient de son côté, Noir insista. Elle se débarrassa de son air déçu et lui offrit un sourire audacieux, avec une pointe de désespoir, alors qu’elle lui demandait une dernière fois.

Bien sûr, Alus devait faire face à ses propres circonstances, et sa demande n’était donc pas raisonnable. Mais comme il s’était fait l’ennemi du public autour d’eux, il n’avait plus d’échappatoire.

Il soupira. « Très bien. Alors je vais vérifier si je peux quitter mon poste… et si ce n’est pas le cas, vous devrez abandonner. » Il lâcha un autre soupir et lui tourna le dos, posant son doigt sur le Consensor.

Peu après, il se retourna à nouveau, les épaules tombantes. « J’ai 20 minutes… »

« Merci beaucoup », répondit Noir, le sourire aux lèvres.

En voyant cela, Ciel hocha la tête en signe de satisfaction.

Illumina était connue pour son franc-parler, aussi son consentement fut-il surprenant. Alus n’avait pas eu de chance quand il lui avait dit que c’était une noble qui cherchait à s’inscrire l’année prochaine qui voulait une escorte.

Les applaudissements qu’Alus entendait n’étaient sûrement que le reflet de son esprit qui lui jouait encore des tours. Il y avait bien quelques regards jaloux, mais c’était peut-être inévitable, vu à qui il avait affaire. Elle avait des proportions d’adulte, et le mot belle lui convenait mieux que le mot mignon.

Alus secoua la tête et, avec Ciel qui les raccompagnait, ils marchèrent dans le couloir comme s’il s’agissait d’une allée de mariage improvisée.

D’ailleurs, vu le peu de temps dont ils disposaient, Alus n’aurait jamais pu la guider à travers tout l’Institut, il devait donc limiter les endroits à lui montrer. Mais lorsqu’il lui demanda où elle voulait aller, il n’obtint qu’une vague réponse en retour.

Il se demandait donc si elle s’intéressait sérieusement à l’Institut ou non, mais elle avait dit qu’il s’agissait de sa première visite. Dans ce cas, on pouvait lui pardonner de ne pas savoir grand-chose à ce sujet. Cependant, il serait utile qu’elle puisse au moins lui indiquer une direction.

Il décida donc de lui faire visiter le bâtiment principal, puis de se rendre dans le bâtiment de recherche.

Commençant par le bâtiment principal, Alus lui donna des explications au fur et à mesure qu’ils avançaient, mais en parlant, il se rendit compte qu’il n’était pas très familier avec l’Institut lui-même. Il trébuchait sur les mots, mais Noir gardait le sourire.

Soudain, il se rendit compte de quelque chose. « Noir, vous pratiquez les arts martiaux ou un sport de compétition ? Je me disais justement que vous n’aviez pas un jeu de jambes d’amateur. Je ne pense pas que dire que cela fait partie de l’étiquette d’une famille noble soit une excuse. »

Les yeux de Noir s’écarquillèrent. Peut-être était-elle surprise, car le ton de sa voix était raide. « C’est impressionnant. Cela vous dérange si je vous demande comment vous l’avez remarqué ? » Son sourire avait disparu.

« Eh bien, vous ne faites pas de bruit inutile, et la façon dont vous déplacez votre centre de gravité est très fluide. Vous devriez réussir la partie pratique de l’examen d’entrée haut la main. »

« Je l’espère bien. »

« Votre mana sera mesuré pour tester votre aptitude à devenir magicien. Mais je suis sûr que ça ira », dit Alus, mais comme il s’était inscrit sans examen, il ne connaissait pas vraiment les détails. Il avait entendu dire que c’était difficile. Malgré tout, il trouvait que la façon dont Noir bougeait ses pieds reflétait un haut degré d’habileté.

Il termina la visite du bâtiment principal. Mais avant de se rendre au bâtiment de recherche, ils s’arrêtèrent à l’auditorium. La cafétéria située à côté de l’auditorium était ouverte comme d’habitude. Comme c’était l’heure du déjeuner, il y avait un peu de monde.

Après un rapide coup d’œil à la cafétéria, ils se rendirent aux étages supérieurs. On y trouvait des espaces de rencontre et de discussion, ainsi que des salles d’entraînement pour les étudiants.

Mais pour l’instant… « Il y a pas mal de monde ici, » observa Alus.

« C’est ce qu’il semble. Qu’est-ce qui se passe ? »

C’était la plus grande salle de l’Institut. « On dirait que la directrice explique l’Institut aux tuteurs légaux des élèves potentiels », dit Alus. « D’après l’heure, cela doit probablement être la troisième fois qu’elle le fait. »

« Cela fait beaucoup d’étudiants potentiels. »

« Oui. Il y a eu beaucoup de changements cette année, donc l’explication couvre probablement cela aussi. Voulez-vous écouter ? Cela devrait vous être utile si vous vous inscrivez l’année prochaine. »

Noir se perdit dans ses pensées pendant un moment. Lorsqu’elle réfléchissait avec une expression aussi vide, son visage pâle et bien dessiné ressemblait à celui d’une poupée. « Vous m’escortez maintenant, alors je pense que je vais passer mon tour pour le moment. Je pourrai toujours l’entendre une autre fois. »

« Bien. » Alus avait espéré se débarrasser d’elle ici… mais il semblait devoir y renoncer. Il jeta un coup d’œil à l’horloge murale, et tous deux quittèrent l’auditorium.

Lorsqu’ils arrivèrent au bâtiment de recherche, ils se rendirent dans le hall d’exposition. Les résultats des recherches menées par des groupes d’étudiants sous la direction d’un professeur y étaient exposés. Les deux jeunes gens avaient regardé les expositions, mais lorsqu’ils étaient arrivés dans une salle du troisième étage, Alus remarqua quelque chose d’étrange.

En entrant dans la pièce, son regard fut attiré par un certain homme. L’homme avait une apparence propre et élégante. Mais la façon dont il fixait un présentoir spécifique sur le mur, avec un feu dans les yeux, était anormale.

Il ne ressemble pas à un magicien. Qui est-il ?

Parmi la vingtaine de visiteurs, en y regardant de plus près, Alus vit deux autres personnes qui ne ressemblaient pas à des magiciens ou à des chercheurs.

L’un d’eux se tenait à côté du premier homme. Le troisième se trouvait à une certaine distance des deux autres. Ce qui est étrange avec les deux premiers, c’est qu’ils semblent prendre conscience l’un de l’autre en même temps, comme s’il y avait une certaine synchronisation.

L’exposition présentait toutes sortes de choses, des machines délicates aux nouveaux équipements militaires en passant par les prototypes d’AWR. Il y avait même de nouveaux circuits magiques qui utilisaient du mana artificiel, ce qui constituait une excellente présentation académique et militaire pour les étudiants.

La photographie était interdite dans l’exposition. Des cordes avaient également été installées pour empêcher que les objets exposés ne soient touchés.

Soudain, l’homme vêtu de façon très stricte se pencha sur la cloison. Il approcha son visage d’un étrange orbe exposé et laissa échapper un son impressionné.

Alus s’arrêta dans son élan, les nerfs en alerte. Et bien sûr, l’instant d’après, un grand fracas retentit. L’homme qui s’était penché en avant avait dû s’accrocher à quelque chose, car les cloisons de corde tombèrent l’une sur l’autre.

Voyant l’homme tomber à la renverse, les invités se mirent à bavarder bruyamment.

Alus soupira. « Désolé, Noir. Laissez-moi un moment. » Normalement, il n’aurait rien fait. Ce n’était qu’un accident, et ce n’était pas comme si l’exposition avait été endommagée. D’ailleurs, ce genre d’événement se terminait généralement sans qu’il ne se passe rien de plus.

Cependant, il choisit tout de même d’utiliser une méthode plus énergique. S’approchant de l’homme en un clin d’œil pour sécuriser la scène, Alus déclara : « Désolé, mais vous allez devoir m’accompagner au quartier général de la sécurité. Bien sûr, vous êtes libre de résister, si vous le souhaitez. »

« Qui êtes-vous ? »

Alus tordit le bras de l’un des membres du mystérieux duo qui se tenait à côté de l’homme qui était tombé.

« C’est déraisonnable. Je n’ai rien fait ! » L’homme insista sur son innocence en criant et en attirant l’attention. Mais une fois qu’Alus avait ouvert sa main, révélant ce qu’elle contenait, les regards des badauds étaient devenus hostiles.

Il contenait une pièce d’équipement magique utilisée dans une nouvelle technologie précieuse. Il était interdit de le photographier, et encore moins de le toucher, et il aurait probablement atteint un prix élevé. Le crime de cet homme était donc évident.

Alus prit ensuite l’autre bras de l’homme, tenant les deux bras derrière son dos, et ramassa la preuve.

L’homme tourna sur lui-même et donna un coup au visage d’Alus. Vu qu’il s’était disloqué le bras pour le faire, ce n’était pas un amateur, même s’il n’était pas un magicien. Il était clairement habitué à ce genre de combat.

Quelques gardes étaient postés dans le bâtiment de recherche, mais ils n’auraient probablement pas été en mesure de s’en occuper. Surtout si l’on considère les compétences de ces personnes en matière de vol et leur capacité à se frayer un chemin même lorsqu’elles sont attachées.

Alus décida que même s’il esquivait l’attaque, cela lui demanderait un effort supplémentaire. De plus, casser ses bras ou ses jambes pour l’empêcher de s’enfuir ne serait pas judicieux dans une foule aussi nombreuse. Sécurité ou pas, il restait un étudiant, et il ne voulait pas endommager l’exposition.

Cela dit, ce serait bien embêtant s’il utilisait la magie. L’homme n’était peut-être pas un magicien, mais Alus n’allait pas baisser sa garde devant quelqu’un d’aussi suspect.

Il interféra légèrement avec l’espace en déviant le poing de l’homme. Ce faisant, le poing de l’homme, qui n’aurait dû être que légèrement paré, changea soudain de trajectoire, comme s’il avait heurté un mur solide.

Sa position brisée, l’homme chancela. Pourtant, il tenta immédiatement d’enchaîner avec une autre attaque.

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Partie 4

Cependant, Alus était pressé par le temps et ne le laissa pas faire. Il lui balaya les jambes et, alors que l’homme était en l’air, il l’attrapa par le coup et le projeta la tête la première sur le sol pour l’assommer.

L’attention d’Alus se porta immédiatement sur l’autre personne qui n’avait pas semblé avoir de lien au départ. Cette personne coopérait secrètement avec l’homme qu’Alus avait capturé. Il était resté à distance pendant tout l’incident et essayait maintenant de s’échapper.

Noir se tenait à l’entrée vers laquelle il se précipitait. Elle se tenait là comme Alus le lui avait demandé et se trouvait par hasard sur son chemin.

Les yeux injectés de sang et la frustration dans la voix, il grogne à l’adresse de Noir : « Bouge ! »

Puisqu’il était complice de l’homme qu’Alus avait attrapé, il était logique de supposer qu’il avait des compétences similaires. Laissant l’homme inconscient sur le sol, Alus tenta de rejoindre Noir pour l’aider, mais…

Noir n’essaya même pas de s’écarter du chemin de l’homme. Au contraire, elle se mit en travers de son chemin. « Où allez-vous ? Vous êtes dans le coup, n’est-ce pas ? » dit-elle avec un sourire inébranlable.

Lorsqu’il comprit que Noir se mettait volontairement en travers de son chemin, l’homme ricana et la regarda de haut. Il secoua sa manche d’un petit mouvement, et un AWR de type couteau en sortit, atterrissant dans sa main. Sans mot dire, l’homme construisit un sort tout en cachant sa main dans sa manche, réduisant doucement la distance qui le séparait de Noir.

Mais l’homme se retrouva incapable de la poignarder dans l’abdomen comme il l’avait prévu. Il ne pouvait même pas lancer le sort qu’il avait préparé. Au lieu de cela, il avait l’impression que son monde tournait.

Avant que l’homme ne s’en rende compte, Noir avait saisi son poignet à deux mains et utilisé son élan contre lui pour le projeter.

On aurait pu croire qu’il allait s’écraser la tête la première sur le sol, comme Alus l’avait fait pour le premier homme, mais il continua à tourner et fut proprement déposé sur ses pieds. Il reçut ensuite un coup de poing à l’arrière des genoux, ce qui le força à s’asseoir sur ses genoux sans même réaliser ce qui s’était passé.

Derrière lui, le sourire de Noir devint obscène. Ses joues étaient d’un rouge léger lorsqu’elle lui tordit le bras. Elle lui couvrit les yeux de sa main et murmura quelque chose.

Très vite, les lèvres de l’homme se mirent à trembler et il lâcha le couteau.

Enfin, Noir écarta les doigts de la main qui lui couvrait les yeux comme un magicien, et tout le corps de l’homme trembla en baissant la tête.

Une fois cela fait, Noir fouilla son corps et trouva une autre pièce volée qu’il avait prise au moment où le premier homme avait commis son vol. Elle la brandit joyeusement devant Alus. « Je l’ai récupéré ! » Sans prêter attention à la foule médusée qui les entourait, Noir tourna son regard joyeux uniquement vers Alus.

Alus était soulagé de voir qu’elle était saine et sauve. « Bien, maintenant c’est votre tour. Sortez ce truc que vous avez mis dans votre poche et venez avec moi au quartier général de la sécurité. Dès que ces deux-là commenceront à parler, vous serez exposé de toute façon », dit-il à l’homme bien habillé qui s’était écroulé.

L’homme avait dû tomber exprès pour créer une scène et donner aux deux autres l’occasion de voler la marchandise. Il était lui aussi impliqué dans les malversations. Semblant abandonner, l’homme sortit deux petits appareils photo de ses poches. Les deux hommes les lui avaient apparemment remises avant de commettre leurs propres crimes. Ils avaient ensuite pris leurs distances l’un par rapport à l’autre et chronométré leurs vols.

En d’autres termes, pendant que ces deux-là volaient les objets, l’homme vêtu de manière élégante prenait secrètement des photos. Ils travaillaient tous les trois ensemble. Et si l’un d’entre eux pouvait s’échapper, cela aurait été suffisant.

En fait, Alus pensait que les deux voleurs étaient une distraction, et leur capture était probablement considérée comme acceptable. De son point de vue, ce sont les plans qui avaient de la valeur. Même s’ils avaient les pièces, ils ne comprendraient pas le fonctionnement interne.

En tant que grande nation, Alpha avait son lot d’espions corporatistes. Mais l’homme qu’Alus avait capturé utilisait d’étranges arts martiaux, et l’homme qui s’était précipité sur Noir avait même sorti un AWR pour utiliser la magie. Il était rare de voir des espions aussi combatifs.

Quoi qu’il en soit, ce n’était pas à Alus de s’en occuper. Il appela donc un membre de la sécurité qui se trouvait à proximité et lui demanda d’amener des renforts.

Le premier homme capturé prit la parole, frustré. « Tu es plutôt doué pour un étudiant. »

« Cela n’a pas d’importance. Dites-moi simplement qui vous a engagé. » Alus ne l’écouta même pas, il exigea sèchement une réponse.

« … »

Mais il n’avait répondu que par le silence. Il semblait que ces hommes étaient des criminels professionnels. Il ne serait donc pas facile de les faire parler.

« Vous ne savez pas quand abandonner, hein ? » dit Noir avec un sourire glacial, en s’approchant lentement de l’homme. Elle se pencha, posa sa main sur son menton et fixa le visage de l’homme, avant de se contorsionner en un rictus. « Vous ne croyez pas ? »

« — !! » Le visage de l’homme se crispa, son corps se raidit…

… Mais Alus l’arrêta d’une main sur son bras. « Désolé, Noir… mais pourriez-vous attendre une minute ? » Ce n’était pas comme s’il craignait qu’elle soit blessée. Au contraire, il pensait que ce serait une bonne idée de la tenir à l’écart des hommes, pour leur bien.

Tout ce qu’il avait à faire, c’était de remettre les hommes à la sécurité. Pendant qu’il était sur le Consensor, il contacta Illumina pour qu’elle renforce également la sécurité autour de sa salle de classe. Après tout, elle contenait des objets précieux comme le prototype de l’AWR. Ce n’était pas tant l’AWR lui-même que la technologie qu’il contenait qui pouvait s’avérer précieuse pour les espions industriels.

Mais Illumina répondit : « Vous n’avez pas à vous inquiéter. Nous avons déjà reçu les informations. Tout a été fait dans les règles, bien sûr. »

Il ne comprit pas très bien ce qu’elle voulait dire et lui répondit vaguement, mais il semblait qu’il n’aurait pas à s’inquiéter que la même chose se produise ailleurs.

Une fois la conversation terminée, Alus fut accueilli par Noir qui attendait et s’agitait. « Ai-je mentionné que j’ai vu votre match dans le tournoi ? »

« Oui », répondit Alus avec désinvolture. Mais il sentit une sensation de froid lui parcourir l’échine aux mots suivants.

« Alors… Quelle est votre affinité ? » Noir sourit calmement, comme si elle attendait la réponse. Malgré sa douceur, son regard fixait Alus sur place.

Elle n’était pas encore inscrite à l’Institut. Elle ne devait donc pas avoir de connaissances professionnelles dans le domaine de la magie. Il avait pensé qu’elle n’était rien de plus qu’une future étudiante, mais il s’avérait qu’il avait été naïf.

La magie utilisée par Alus pour repousser l’attaque du voleur n’avait pas d’affinité. Il avait utilisé les coordonnées spatiales pour créer un champ de force invisible qui avait dévié l’attaque. Mais même si vous l’aviez vu de vos propres yeux, ce n’était pas quelque chose qu’une personne normale aurait pu voir.

Alus n’était pas assez imprudent pour laisser quelqu’un qui n’était même pas encore un magicien novice découvrir sa magie. Même si l’homme qui avait donné le coup de poing était un magicien, il n’aurait pas dû être capable de voir à travers.

« … Eh bien, je suis sûr que vous le découvrirez si vous en avez l’occasion », dit vaguement Alus à Noir, avec un peu de sarcasme, essayant de souligner la règle tacite parmi les magiciens selon laquelle il ne fallait pas s’intéresser à la magie des autres.

« C’est vrai. Je finirai par comprendre. » Noir avait donné une réponse inattendue et compréhensive.

Cela avait coupé l’herbe sous le pied d’Alus, mais en même temps, il l’avait trouvée intéressante.

D’ailleurs, après que Noir eut magnifiquement maîtrisé l’attaque du second voleur, son âme sembla avec quitter son corps lorsqu’elle lui couvrit les yeux. De plus, elle comprenait déjà la règle tacite entre les magiciens actifs.

C’était ce côté mystérieux de Noir qui avait impressionné Alus, plutôt que les actions étranges qu’elle avait effectuées sur le voleur. En vérité, c’était effrayant dans un sens.

Finalement, l’heure de la tournée avait sonné. Et l’humeur de Noir semblait plus légère qu’avant. Mais ce n’était pas comme si elle avait oublié ce qui s’était passé. « Au fait, Alus, vous vous y connais en arts martiaux ? » Elle laissa nonchalamment son regard s’égarer, alors qu’elle franchissait délibérément un pas au-delà de la règle tacite.

Alus décida de lui donner au moins une réponse. Bien sûr, il ne révéla pas son affinité, et sa réponse ne fut pas particulièrement spirituelle. « Eh bien, juste un peu. Bien que je suppose que l’on puisse parler d’autodidaxie. Je ne pense pas que m’observer en action serait d’une grande aide. »

« Oh, quelle modestie ! Mais je ne pense pas qu’un élève ordinaire puisse maîtriser ce genre de compétences. » C’était une observation acerbe, mais peut-être que Noir maîtrisait aussi les arts martiaux. « En plus de cela… vous semblez aussi savoir comment détruire le corps humain, » murmura-t-elle.

Alus répondit par un sourire en coin, comme pour nier cette inquiétante et sombre vérité. « Oh, pas du tout. Même les magiciens ont besoin de plus que de la magie pour survivre dans ce monde, alors vous n’avez rien à perdre à entraîner votre corps. »

« Hmmm », murmura Noir en penchant la tête. Il semblait y avoir une certaine confusion dans ses yeux.

Alus commença à se sentir mal à l’aise, comme si sa bouche bougeait toute seule, mais, pour une raison inconnue, il devint un peu plus bavard. Même s’il feignait l’amabilité, il était inhabituel pour lui de parler autant avec quelqu’un qu’il venait de rencontrer.

Mais le fait qu’il ait dû escorter Noir en premier lieu était quelque chose d’inéluctable. Sans compter qu’il avait reçu l’approbation d’Illumina, et qu’il devait donc jouer le rôle d’un aîné sympathique, ce qui lui fit délier la langue plus que de coutume.

Au fur et à mesure qu’ils marchaient, leur conversation s’éloignait de l’Institut et Alus parlait de lui-même, de ce qu’il pensait et ressentait à propos de certains événements.

Il sentit un brouillard envahir ses pensées. L’atmosphère devenait vaguement douce, et il sentait son humeur s’améliorer. Il finit même par oublier l’heure en discutant avec Noir.

Avant même de s’en rendre compte, Alus se trouvait devant les portes de l’Institut. Il s’apprêtait à dire au revoir à Noir.

« Merci d’avoir pris le temps de vous occuper de votre emploi du temps chargé. »

« Ne vous inquiétez pas, j’ai aussi bien aimé. » Alus la salua en la raccompagnant.

Il y avait encore beaucoup de gens qui attendaient de pouvoir entrer dans l’Institut, mais Noir s’arrêta, interrompant le flot, et fit une profonde révérence à Alus.

Même après cela, elle se retournait de temps en temps, comme si elle hésitait à partir, jusqu’à ce qu’elle soit finalement engloutie dans la foule.

Alus se retourna et haussa les épaules. « Quelle fille étrange ! » Elle l’avait un peu impressionné pour un noble.

Mais l’instant d’après, il pensa aux nobles réunis autour de lui, et un sourire se dessina naturellement sur ses lèvres. C’est donc cela.

Le proverbe sur les oiseaux qui se ressemblent ne lui avait pas échappé.

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