Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku LN – Tome 12 – Chapitre 70 – Partie 8

Bannière de Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku (LN) ☆☆☆

Chapitre 70 : La marque d’un défaut

Partie 8

Malgré tous ses stratagèmes, la réalité ne dépassait le plus souvent pas le stade d’un simple jeu pour elle. C’est pourquoi elle avait tendance à penser, à analyser et à traiter toutes les choses comme telles. C’était une mauvaise habitude. Le fait qu’elle en soit consciente rendait la situation encore plus ingérable. Même les menaces des Womruinas, qui lui mettaient une lame sous la gorge, ne suffisaient pas à l’effrayer.

Mais elle n’était pas surhumaine pour autant. C’était une femme normale, capable de ressentir la peur. Parfois, elle se sentait même seule pour protéger le trône. Il se peut qu’elle ait toujours cherché quelqu’un qui puisse comprendre et partager ses sentiments, sa position et sa solitude. Pour cela, cet individu devait être de son niveau, apprécier son talent et être assez puissant pour lui ôter la vie si elle le souhaitait.

En ce moment, il y avait peut-être une personne de ce genre. Elle savait aussi que sa façon d’utiliser les gens comme des pions le mettrait en colère. Je ne voulais vraiment pas lui faire de mal. Mais si je le mets à nouveau en colère, je me demande ce que je devrais faire pour qu’il me pardonne.

Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée de chercher à savoir ce qu’Alus pourrait vouloir. Il ne s’intéressait ni à l’argent ni au pouvoir; il pourrait donc demander quelque chose d’inattendu. C’était un point d’intérêt commun que Cicelnia partageait avec Aile.

Alors qu’elle y pensait, son sourire envoûtant s’intensifia, dévoilant l’obscurité qui résidait en elle.

Soudain, une voix la ramena à la réalité et la tira de sa rêverie égoïste. « Vous avez l’air d’avoir une belle illusion, mais faites attention. Cet air méchant vous va étrangement bien. »

« Oh mon Dieu ! » Cicelnia dissimula son sourire derrière un éventail pliant. Se sentant malicieuse, elle poursuivit : « En parlant de méchants, je pense que tu as toi aussi un sacré potentiel. Tu participes à un plan qui pourrait détruire l’Aferka que tu as construite. »

Cependant, Cicelnia savait que, même si elle n’y voyait qu’un jeu, il s’agissait d’un véritable champ de bataille où l’on risquait sa vie. Après tout…

« Ne plaisantez pas. Le jeune Rimfuge qui s’en occupe maintenant, Rayleigh, est, paraît-il, un véritable monstre, le plus puissant individu de tous les temps présent dans Aferka. Il n’a même pas une once de la beauté de Lilisha que j’ai entraînée. Qui aurait pu s’attendre à ce qu’il dépasse Selva en force ? » Miltria se lamenta, une pointe de tristesse dans la voix. Son expression était nostalgique.

« Selva… Ah, c’est le majordome de la famille Fable, n’est-ce pas ? Mais je n’ai qu’une seule façon de mesurer la force. Si j’avais d’autres mesures, je serais peut-être un peu plus prudente », déclara-t-elle avec arrogance.

La seule mesure dont disposait Cicelnia était Alus. Sa personnalité était ce qu’elle était, mais il n’était pas numéro un du classement parce qu’il était excentrique. Après qu’il ait éliminé Demi Azur, elle avait été convaincue de sa puissance.

D’ailleurs, elle ne sous-estimait pas tant que ça Aferka. Mais dès qu’elle l’avait intégré à son plan, elle avait décidé que la force de l’adversaire importait peu.

En réalité, Alus s’était mêlé à contrecœur aux problèmes de la famille Fable, avait aidé Selva à s’en sortir et avait même sauvé la vie de Lilisha. Cela avait mis le feu aux poudres entre lui et Aferka, mais cela arrangeait Cicelnia. Je ne peux pas dire que tout est clair, mais il n’y a plus lieu de s’inquiéter pour la famille Fable. Maintenant, le jeu est fait. Il ne reste plus qu’à mettre le roi d’Aferka échec et mat… Je me demande ce qu’Alus fera à ce moment-là.

Miltria la regarda, et de nouvelles rides apparurent sur son front déjà plissé. Tant qu’ils atteindraient la destination prévue, la souveraine ne se soucierait pas des pertes subies en cours de route. Se débarrasser de petites choses doit être insignifiant pour elle. « Vous êtes un peu tordue. Vous ne comprenez pas, mademoiselle ? C’était un pari risqué qui mettait en jeu toute la famille Fable. Dans le pire des cas, la mort de mon élève Lilisha n’aurait pas marqué la fin de l’histoire. L’intégralité de la lame d’Aferka aurait pu les assaillir. Si la famille Fable avait été détruite, les Socalent et les autres familles qui leur sont liées n’auraient pas gardé le silence. Dans une telle situation, si les Womruinas se déplaçaient en force, l’armée d’Alpha serait divisée en deux. Aucune mission n’aurait alors été lancée vers le monde extérieur. La situation aurait été bien pire que prévu. Je commence à en avoir assez de tout cela. Je ne veux plus voir de sang à mon âge. » Elle montrait une certaine émotion humaine, signe certain qu’elle avait vieilli. Elle avait vu beaucoup trop de morts.

Cependant… « Tu as une drôle de façon de le dire. Ce n’est pas comme si j’étais une créature étrange qui se réjouit de voir du sang. Je ne veux pas que quelqu’un meure, mais c’est une triste réalité que les gens meurent si facilement. Les dirigeants se trouvent dans une position où ils doivent constamment choisir de tuer quelques-uns pour le bien du plus grand nombre. S’il existait un moyen de sauver tout le monde, je serais prête à abdiquer. » L’expression de Cicelnia s’était soudain assagie et, en baissant les yeux, elle donnait l’impression de se préoccuper sérieusement de la fragilité du monde, comme si elle s’affligeait de ses propres limites en tant qu’être humain.

Mais son ton changea. Sa froideur fit froid dans le dos, même à un vieux renard rusé comme Miltria. « La famille Fable n’est pas exempte de reproches. Après tout, ils ont recueilli l’ancien chef d’Aferka, Selva Greenus. Il est impossible d’embrasser une lame qui a versé autant de sang sans en recevoir sur soi. Mais je ne suis pas un monstre. C’est pourquoi je te tends la main. Ce n’est pas moi qui veux voir du sang, c’est eux. »

« Ah, comme c’est gentil. »

Cicelnia fronça les sourcils devant le sarcasme de la vieille femme. « Miltria, je me répète, mais j’ai besoin de garder une vue d’ensemble, une vue plus haute que celle de quiconque. D’ici, il est parfois difficile de distinguer les visages. Ils grouillent tous comme des fourmis. Il est impossible de dire qui est bon et qui est mauvais, qui doit être sauvé et qui doit être rejeté, juste d’un coup d’œil », dit-elle sérieusement. Mais ses yeux étaient froids et dépourvus d’humanité.

Puis, elle se mit à rire d’un air amusé. « Il y a encore des personnes précieuses, c’est pourquoi je n’ai pas l’intention de tout jeter. Je n’ai pas non plus les moyens de sauver tout le monde. C’est pourquoi je passerais outre Lilisha, par respect pour tes sentiments. Et je crois avoir compris ta position vis-à-vis de Selva Greenus. Tu veux changer les codes transmis à Aferka, n’est-ce pas ? Le sang doit être rendu pour le sang, c’est un code obsolète entaché de sang et de mort, n’est-ce pas ? »

Miltria acquiesça en silence. En tant que conseillère d’Aferka, elle avait empêché Selva d’être désignée comme cible. Mais à présent, son autorité s’était émoussée. Elle n’était pas seulement impliquée dans ce plan par compassion pour Lilisha, mais aussi parce qu’elle pensait qu’un changement du système d’Aferka bénéficierait à Selva.

Même si Aferka devait disparaître complètement, Miltria n’y verrait pas d’inconvénient. Si le vieil arbre ne tombait pas et ne se décomposait pas, rien de nouveau ne pourrait bourgeonner. Comme il avait poussé grâce au sang, il était d’autant plus important qu’il tombe.

« Lilisha et Selva… Cela fait deux personnes. Me demander davantage irait au-delà de l’indulgence et relèverait de l’arrogance. Je suis très généreuse compte tenu du nombre de vies que tu as étouffées. »

« C’est exactement comme vous le dites. » Miltria baissa les yeux. Peut-être avait-elle été trop aveugle à ses propres défauts, et faire l’innocente à cet instant ne lui convenait pas.

Ignorant la réaction de Miltria, Cicelnia se souvint de quelque chose et changea égoïstement de sujet. « À propos, Miltria… »

Le visage de la belle souveraine s’illumina en plongeant son regard dans celui de la vieille femme. L’éclat de son sourire inquiéta Miltria. « Si tu savais qu’Aferka et les Womruinas travaillaient ensemble, tu comprendrais les rouages, n’est-ce pas ? Par exemple, cette drogue illégale, l’ambroisie. Et aussi, qui coopère avec eux. »

L’ambroisie était une drogue non diluée fabriquée à partir d’ingrédients inconnus. Même le Stimulant chimique, une drogue d’amélioration de la virilité redoutable, n’en serait qu’une version des dizaines de fois plus diluée. Et même si Cicelnia était restée vague, sa dernière question l’intéressait particulièrement. Elle sentait dans l’ombre la présence de quelques coopérateurs inconnus. Ce complot était trop vaste pour être l’œuvre d’un seul noble excentrique, même s’il était issu des Womruinas. Vu l’ampleur de la situation, il ne s’agissait pas d’une simple résistance, mais d’une véritable rébellion.

Cependant, elle ne pouvait pas imaginer qu’ils seraient naïfs au point de croire que sa chute leur donnerait le contrôle total d’Alpha. Cela indiquait qu’une force militaire extérieure leur apportait probablement son soutien.

« Eh bien, je suis à la retraite, alors je ne suis pas tout à fait au courant de la situation actuelle. Mais d’après ce que j’ai vu, vous menez déjà des recherches par une autre voie, n’est-ce pas ? Comme je l’ai déjà dit, je vous ai déjà révélé tout ce que je savais. »

« Je vois. — Très bien, alors. Maintenant, je me demande quand le prochain rapport de Rinne arrivera. » Cicelnia parlait de manière décontractée, même si son interlocutrice était également une cheffe et une aînée.

Miltria avait du mal à comprendre la personnalité de cette dirigeante inhabituellement jeune dont l’intelligence était bien au-delà de la norme.

 

☆☆☆

« Ouf… » Un soupir d’épuisement s’échappa de ses lèvres. Ces derniers temps, Rinne était épuisée. Elle savait pertinemment que la cause était liée à l’optimisme exacerbé de la souveraine qu’elle servait et qui agissait comme une fille innocente à chaque fois qu’elle lui présentait ses rapports.

Même pour l’un des meilleurs observateurs d’Alpha, surveiller Alus était éprouvant pour les nerfs. Après tout, même avec son Œil de la Providence, Alus avait réussi à détecter sa surveillance. Il n’y avait pratiquement aucun signe de mana, et pourtant, elle était bien consciente de la difficulté à garder les Singles sous contrôle. Elle comprenait pourquoi les gens les appelaient parfois des monstres.

Elle l’observait à plus de cent mètres de distance, mais Alus l’avait tout de même sentie alors qu’il revenait du domaine des Fables. Bien qu’elle n’ait pas été la seule à l’observer, il est possible qu’une erreur inattendue commise par un collègue lui ait également causé des ennuis.

Rinne l’avait signalé à Cicelnia, mais cette dernière « savait déjà », ce qui l’avait amenée à se demander si elle avait des capacités de précognition. C’était vraiment une personne effrayante, et sa façon de traiter les autres l’était tout autant. À cause de sa demande déraisonnable, Rinne allait devoir se rendre dans un endroit qui la rendait extrêmement nerveuse, et sa vie pourrait même être en jeu.

Pour l’instant, elle se dirigeait vers la frontière avec Clevideet. Comme il s’agissait d’une zone frontalière, c’était une région relativement isolée. Le terrain était constitué de terres stériles et de forêts d’un vert sombre. Il n’y avait ni maisons ni installations militaires en vue.

☆☆☆

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire