Chapitre 2 : La différence entre l’idéal et la réalité
Partie 4
Normalement, il était possible d’omettre l’incantation, mais comme l’adversaire d’Alus avait dû utiliser une incantation, il était soit au niveau des cinq chiffres soit simplement un idiot.
Bien sûr, même si elle pouvait être omise, l’utilisation du nom magique avait eu pour effet d’aider à établir le phénomène, mais le sourire satisfait sur le visage de l’élève masculin avait clairement montré qu’il ne comprenait pas ce qu’il faisait. Le fait qu’il ait pu exercer son pouvoir avec le nom magique avait été rendu possible grâce à l’aide de l’AAR.
Faire cela sans aide vous met au niveau d’un Triple Digit. Pour commencer, il ne savait probablement même pas que le Tranchant brûlant était un sort inférieur. C’était une version simplifiée du sort avancé Lame de Flammes, et sa puissance étant plusieurs niveaux en dessous.
Voir son adversaire avoir l’air si satisfait en utilisant quelque chose comme ça était pathétique pour Alus, et il se sentait presque gêné pour lui. Les spectateurs n’étaient pas particulièrement surpris, mais ils retenaient leur souffle en pensant que la conclusion était proche.
Des acclamations passionnées arrivèrent du huitième terrain d’entraînement où Tesfia se battait.
Pendant ce temps, sur le troisième terrain d’entraînement, les spectateurs murmuraient des choses comme « presque le battre » chaque fois qu’Alus évitait de peu une attaque.
Il n’y avait pas de tension ici, ce qui créait un grand écart entre les deux terrains d’entraînement. Ni cet écart important, ni même leurs voix n’avaient été enregistrés comme du bruit pour Alus.
Seule Alice veillait sans relâche sur le combat. La force se répandit dans ses doigts, et ses mains fermement serrées semblaient prier pour qu’Alus reste en sécurité. C’était un aperçu de sa gentillesse naturelle.
L’épée de l’étudiant masculin qui abritait de la magie s’approcha.
Comme rien de bon ne pouvait venir de la prolongation de la bataille, Alus avait fermé son livre, prêt à finir les choses. Il encaissa délibérément l’épée en se balançant vers lui, mais en même temps, il plaça le livre entre son corps et la lame.
L’onde de choc qui en avait résulté avait soulevé un nuage de poussière. Lorsque la poussière s’était dissipée, Alus était allongé sur le sol, face contre terre, et l’élève de sexe masculin, qui respirait lourdement, avait quitté sa position de combat.
L’alarme sonore signalant la fin du match avait retenti.
« — ! Monsieur Alus…, » Alice avait exprimé son inquiétude. Puisqu’elle croyait, qu’il avait pris l’attaque de front, il était normal qu’elle ait l’air si angoissée.
Même en voyant une charmante fille si inquiète pour le vaincu, les autres élèves qui avaient regardé ça ne pouvaient s’empêcher de ridiculiser l’erreur du perdant. Leurs expressions s’étaient transformées en mépris des faibles.
Mais contrairement aux inquiétudes d’Alice.
« — ! ! »
Alus s’était relevé comme si de rien n’était, à la grande surprise de toutes les personnes présentes. Il ouvrit alors son livre et quitta la zone d’entraînement, sans quitter les pages des yeux.
N’importe qui qui aurait vu cette scène se serait demandé qui était vraiment le vainqueur.
Remarquant l’étonnement des spectateurs, Alus s’était rendu compte qu’il avait fait une erreur en terminant le match trop rapidement. La vérité était que les étudiants étaient étonnés de la façon dont Alus avait été calme, mais il n’avait pas réussi à comprendre cela.
Alus se disait en lui-même, comment quelqu’un serait-il blessé par une attaque magique de ce niveau ? Le meilleur choix était d’encaisser l’attaque. Si le combat devait continué, il aurait pu finir par contre-attaquer par réflexe. Essayer d’égaler le niveau inférieur de l’adversaire s’était avéré très difficile. L’envie de continuer à lire avait également joué un rôle dans son empressement à terminer le combat.
Bien que j’aie agi comme si j’avais été vaincu, c’est vrai que je n’ai pas fait attention aux détails et que je n’ai pas réussi à le faire parfaitement. Après tout, ce match était une perte de temps.
Pendant ce temps, le regard empli de doute qui avait été sur Alus avait disparu dès que la bataille avait pris fin.
« Allez-vous bien, Monsieur Alus ? Êtes-vous blessé quelque part ? » Dès qu’Alus avait atteint le bord extérieur du terrain d’entraînement, Alice était arrivée en courant vers lui, examinant soigneusement son corps.
« Vous ne subissez aucun dommage physique sur ces terrains d’entraînement, » répondit Alus.
« … Ah ! Vous avez raison, » le regard sceptique sur le visage d’Alice lui avait dit que quelque chose n’allait toujours pas.
En jetant un coup d’œil à son corps, Alus s’était rendu compte qu’il avait fait une erreur insignifiante. Il avait bien sûr été celui qui avait créé l’onde de choc juste avant la fin de la bataille. Cela avait pour but d’empêcher les gens de se rendre compte qu’il prenait l’attaque exprès, mais comme il n’avait pas voulu salir ses vêtements à cause d’une telle farce, il avait inconsciemment enduit son corps de mana.
Cela dit, ce n’était rien d’étrange pour un magicien de faire cela. Chaque fois qu’il était en mission dans le monde extérieur, il avait toujours émis assez de mana pour couvrir son corps.
Par conséquent, bien qu’il ait été recouvert d’un nuage de poussière, Alus n’avait pas la moindre tache sur lui. Sur l’impulsion du moment — « Plus important encore, ne devrais-tu pas t’inquiéter pour ton amie ? »
« Fia va s’en sortir. Elle est vraiment forte, » répondit Alice.
Fia ? Alus pensait que c’était un surnom, mais comme il ne s’intéressait pas à la bataille en cours dans le huitième terrain d’entraînement, il s’était tourné vers son livre. Puisqu’il s’en était servi pour bloquer l’épée lors de la bataille simulée, il avait vérifié que la couverture n’était pas endommagée. Même s’il l’avait couvert de mana, le papier restait du papier. Heureusement, il n’y avait pas de coupures, ni même de saleté dessus.
Soulagé de le voir intact, Alus changea de rythme. « Alice, c’est ça ? Ce sera bientôt ton tour, non ? »
« Oui, » répondit Alice.
Puisqu’Alus voulait revenir à son ancienne occupation le plus tôt possible, il avait habilement changé de sujet. « J’ai peut-être perdu, mais bonne chance. J’espère que tu gagneras. »
« Bien sûr ! Je ne me retiendrai pas. Vous n’avez après tout pas beaucoup d’opportunités en première année. Et Monsieur Alus, même si vous n’avez pas blessé, ne vous forcez pas. » Alice lui avait fait un large sourire et avait retroussé ses manches, comme pour dire : « Laissez-moi faire. ».
Il avait dit des choses qu’il voulait lui dire pendant le déroulement de leur conversation, mais il ne voulait pas que cela dure plus longtemps. Il se sépara d’Alice et s’appuya contre un mur près de la porte. Il semblait un peu fatigué d’avoir parlé plus que d’habitude.
Pour les magiciens, les simulacres de batailles étaient l’une des leçons les plus passionnantes. Comme l’utilisation de la magie était interdite en dehors des terrains d’entraînement, c’était l’endroit idéal pour tester votre croissance. C’est pourquoi le jeune Alus, qui s’était déjà désintéressé de tout ça, n’avait pas rejoint le reste des spectateurs, et il avait dû être considéré par les autres comme un perdant qui se résignait à son sort.
La bataille de Tesfia semblait terminée, et les acclamations d’avant s’étaient transformées en louanges pour le vainqueur. Tandis que Tesfia quittait le terrain d’entraînement de bonne humeur, Alice s’était précipitée vers elle et avait commencé à parler de quelque chose. En même temps, les bords de ses lèvres se levèrent, et elle jeta un regard vers Alus, lui souriant.
Alice était ensuite entrée dans le huitième terrain d’entraînement. Son adversaire était un étudiant masculin, mais le sexe n’avait pas d’importance dans une bataille entre magiciens. C’était parce que les compétences magiques jouaient un rôle beaucoup plus important dans le résultat que la simple force physique.
Contrairement aux étudiants qui avaient regardé Alus se battre pour se moquer de lui, Alice était la définition du sérieux. Considérant sa gratitude pour s’être inquiété pour lui, il s’était senti un peu étrange, alors Alus avait consacré un peu de son temps précieux à regarder son match.
Alice tenait un naginata dans ses mains.
C’est un autre vieux jeu.
Cependant, le maniement du naginata [1] d’Alice était un spectacle à voir. Ce n’était pas que ses attaques étaient rapides, ou ses compétences polies, mais ses mouvements étaient très fluides. Elle avait encore beaucoup de choses qu’il fallait améliorer, mais son passage de l’attaque à la défense était brillant. Cela ressemblait à de l’acrobatie, mais elle avait affiné ses mouvements pour réduire autant que possible ses ouvertures.
Le naginata était quelque chose qu’elle avait emprunté à l’Institut, mais elle ne serait pas capable de manipuler son arme comme ça si elle n’y était pas habituée. Apparemment, elle excellait dans l’utilisation d’armes longues comme les lances.
Les arts martiaux à ce niveau valaient la peine d’être vus, mais cela seul ne déciderait pas de l’issue d’une bataille entre magiciens. C’était la magie qui allait déterminer ça.
Dans une bataille réelle contre les mamonos, l’utilisation d’une technique pour imprégner votre arme de mana — aussi appelée enchantement — était efficace, mais fondamentalement parlant, elle ne se comparait pas à un coup direct d’un sort.
Il y avait aussi de nombreux mamonos qui pouvaient réduire les dommages causés par les coupures et les entailles, ou même se régénérer à la suite de telles blessures.
Lorsque vous combattiez des mamonos, vous deviez soit frapper avec précision leur point faible, leur noyau, soit le détruire entièrement par une attaque de grande puissance. À cet égard, l’utilisation de la magie était efficace tant en puissance qu’en étendue. La position du noyau variait en fonction du mamono, il était donc difficile d’avoir une idée précise de son emplacement.
L’adversaire d’Alice utilisait un gantelet en métal (coup de poing américain). C’était l’une des principales armes utilisées par les magiciens qui préféraient le combat rapproché. Une « flèche de glace » avait été créée à la pointe, puis la pointe de la flèche avait été envoyée vers son adversaire.
C’était un sort de premier rang que les magiciens débutants utilisaient souvent — des magiciens qui n’avaient reçu qu’une éducation élémentaire. C’était le premier sort qui leur avait été enseigné, et il pouvait être utilisé avec n’importe lequel des attributs de base : feu, eau, glace, vent, foudre ou terre.
Alice avait fait tourner son naginata. Alors qu’elle l’avait fait, la lame avait commencé à briller faiblement.
« … ! »
Dès que la flèche de glace avait touché le naginata, elle s’était brisée en morceaux. Mais ce n’était pas tout. Les éclats de glace avaient rebondi et avaient attaqué l’élève mâle qui avait lancé le sort.
Il avait pris un coup direct.
Ses yeux se fermèrent, et il s’effondra sur le sol, incapable même d’amortir sa chute. Le match avait été réglé en un instant.
Comme pour Tesfia, les acclamations avaient surgi après la prouesse des deux personnes classées à quatre chiffres de la classe.
Alice sortit du terrain d’entraînement avec un bond en avant, avec un « tape m’en cinq » avec Tesfia, comme si elles l’avaient décidé à l’avance.
C’était « Réflexion »… Non, c’était « Réduction », n’est-ce pas ?
La Réflexion, communément appelée Contre, était un sort de niveau intermédiaire. La Réduction, qui était une étape plus élevée, n’était pas le genre de sort que les élèves pouvaient utiliser. Les deux sorts appartenaient à l’attribut de lumière.
Cependant, il y avait peu de gens qui pouvaient utiliser la magie de l’attribut de lumière. L’affinité d’une personne avec la plupart des attributs magiques avait été acquise après la naissance, mais l’attribut de lumière exigeait une qualité innée. En tant que tel, il y avait peu de magiciens qui pouvaient l’utiliser.
Quant aux attributs magiques, outre la terre, l’eau, le feu, le vent, la glace et la foudre, il y avait aussi la lumière et l’obscurité, qui étaient aussi appelées éléments.
Notes
1 Le naginata (薙刀) est une arme japonaise, proche du fauchard à lame courbe, utilisé pour pratiquer le naginatajutsu. Cette arme, particulièrement appréciée par les moines et pouvant atteindre jusqu’à deux mètres en longueur, était utilisée autrefois sur les champs de bataille pour couper les jarrets des chevaux. C’était une arme également efficace dans le combat à mi-distance contre un guerrier à pied.
Merci pour le chapitre.