Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku LN – Tome 1 – Chapitre 2

Bannière de Saikyou Mahoushi no Inton Keikaku (LN) ☆☆☆

Chapitre 2 : La différence entre l’idéal et la réalité

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Chapitre 2 : La différence entre l’idéal et la réalité

Partie 1

Alus s’était retrouvé à l’intérieur d’une pièce d’un bâtiment nouvellement construit pour des expériences, regardant autour de lui avec ses bagages récemment arrivés.

Les installations de recherches étaient séparées des bâtiments de l’académie et un nouveau bâtiment avait été construit pour elles sous la forme d’un bâtiment expérimental. Une seule pièce à l’intérieur de ce nouveau bâtiment était plusieurs fois plus grande que les locaux utilisés pour l’enseignant. Il serait plus logique à la place d’appeler cela un étage. Et une certaine pièce avait été entièrement allouée à un unique nouvel élève, ce qui avait rendu tous les enseignants perplexes face à un tel privilège dont ils ne connaissaient pas la raison. Cela avait été clairement mal accueilli par les enseignants.

Sans exception possible, il existait un règlement obligeant tous les nouveaux étudiants à vivre dans les dortoirs. Cette politique avait été mise en œuvre par l’organisation de gestion afin de supprimer tous les scandales qui allaient sans l’ombre d’un doute se produire. Les magiciens novices avaient tendance à voir la magie comme quelque chose à utiliser pour eux-mêmes, en raison de leur esprit encore immature. Même les plus petits problèmes peuvent provoquer des catastrophes, ce qui s’était déjà produit à plusieurs reprises depuis le début de l’histoire de l’Institut de magie. Si le public entendait parler de tels faits, l’organisme de formation en magie devrait alors modifier ses politiques. Mais une telle chose réduirait directement la quantité d’énergie nationale dont disposerait le pays pour l’enseignement, ce qui serait dramatique.

« Tous ces équipements de pointe… Le fait d’être inscrit à l’académie était vraiment un horrible désagrément, mais même moi, je ne peux pas m’en plaindre, » déclara Alus pour lui-même.

En tant que centre de formation des maîtres magiciens, l’Académie avait naturellement des liens secrets avec l’armée. En fin de compte, Alus ne pourrait pas échapper à leur influence. Ayant été élevé comme un magicien depuis son enfance et s’étant enrôlé dans l’armée à l’âge de six ans, il se sentait quand même relativement libre.

Après avoir mis ses petits bagages dans sa chambre à coucher, il s’était mis à fouiller dans les étagères. Cette étagère était remplie de tous les livres qu’il avait demandé qu’ils lui soient fournis. Il s’agissait de livres très différents des bases de la magie, et c’était des choses qui n’étaient pas faciles à utiliser. Aucun d’entre eux ne couvrait les applications pratiques du domaine. La plupart étaient des livres anciens et rares. Il y avait un dicton qui disait que vous devriez apprendre des enseignements de vos prédécesseurs. Il s’agissait de théories qui n’étaient pas normalement trouvables, incomplètes et non testées à propos de diverses formes de magie qui s’étaient ramifiées à l’infini depuis plus d’un siècle. Il s’agissait de ces merveilleuses idées qui avaient poussé le développement de la magie jusqu’à une telle ampleur et dont Alus était le fer de lance.

Alus croyait sérieusement que ces concepts particuliers pouvaient mener au niveau suivant de la magie. Les recherches qu’il avait faites lui-même avaient donné des résultats.

Le plus extrême de ces livres absurdes sur les étagères était trois des Quatre Livres de Fegel. On disait que le dernier des quatre livres n’existait même pas. Ils étaient des livres copiés, mais même cela suffisait pour qu’Alus se sente redevable envers le gouverneur général. Il pourrait également aller à la bibliothèque et trouver les éléments utiles qui ne pouvaient pas être testés par la recherche. Quand il s’agissait de la recherche dans le domaine de la magie, il n’y avait pas d’endroit mieux adapté qu’ici.

Alors qu’Alus commençait à s’enthousiasmer pour ses projets d’avenir, il pouvait sentir de plus en plus d’idées jaillir de la source qui était son esprit curieux.

Il avait rapidement feuilleté les livres et avait déterminé qu’ils avaient tous une certaine valeur pour lui. Le fait de fournir autant de livres à une seule personne serait normalement impossible. Cependant, Alus avait présenté de nombreuses théories et résultats de recherche et était à l’avant-garde de tout le développement de la magie du pays et donc du monde. Comme le gouverneur l’avait promis, il pouvait s’attendre à une vie satisfaisante ici de ce côté-là.

Alors qu’Alus s’était dit, il semble que je puisse mener une vie épanouissante ici, comme l’a dit le gouverneur général… le son de plusieurs coups léger sur la porte venant d’un visiteur inattendu avait résonné dans la pièce, interrompant ses pensées.

« Entrez, s’il vous plaît » déclara Alus.

Après qu’on le lui ait dit, une femme en uniforme était arrivée avec un sourire, mais sans afficher la moindre émotion. Cela n’avait ainsi rien révélé d’elle. Il s’agissait d’une beauté sans pareil. De plus, elle possédait un corps élégant avec toutes les bonnes courbes au bon endroit, ce qui lui donnait le charme d’une adulte, ce qu’elle était vraiment.

« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis la directrice de cette académie, Cisty Nexophia. Meilleures salutations, Monsieur Alus » déclara Cisty.

Elle était une célébrité aussi connue sous le nom de « Sorcière ». Elle s’était retirée des lignes de front, mais en ce moment, elle laissait échapper une aura magique terriblement puissante et pleine de soif de sang.

« J’ai beaucoup entendu parler de vous, Madame la “Sorcière” Cisty. Je suis Alus Reigin. J’avais l’intention de vous saluer après avoir fini de ranger ici, » déclara Alus avec nonchalance.

Elle avait pris sa retraite du service actif et occupait maintenant le poste de directrice de l’Académie. La directrice n’était certainement pas jeune. Mais peu importe le temps que vous l’auriez observée, elle avait l’air de n’avoir qu’une vingtaine d’années. C’était peut-être l’une des raisons pour lesquelles on la surnommait la « Sorcière ». Ses cheveux bruns clairs et brillants s’étendaient avec élégance jusqu’à sa taille. On pouvait dire, même à travers ses vêtements, que la zone au niveau de sa poitrine était serrée ainsi que sa taille par son uniforme, ce qui contredisait vraiment ce que son âge réel suggérerait.

La directrice avait souri face à la sérénité d’Alus et elle fit immédiatement disparaître l’aura qu’elle libérait jusqu’à maintenant.

« Comme on peut s’y attendre d’un “Magicien Solitaire” (le chiffre est solitaire dans le nombre de classements), ou bien, devrais-je dire, du “Magicien Autonome”… Je suppose qu’avec seulement cette puissance, vous ne seriez nullement agité. Comme je l’ai dit, je suis en ce moment également la directrice de cet établissement et non pas la Sorcière, » déclara Cisty.

« Excusez-moi. Mais quand même, vous dites les choses les plus étranges, Directrice. Je me souviens que vous étiez aussi à un chiffre quand vous étiez en service actif, » répliqua Alus.

« C’est une histoire du passé. Je n’ai été que classée neuvième. De plus, c’était seulement que pour un court laps de temps, » déclara Cisty.

Avec un sourire, la directrice avait présenté cela avec une attitude modeste alors qu’elle grattait son visage comme si c’était devenu chatouilleux. Cependant, il n’y avait personne dans le pays d’Alpha qui ne la connaissait pas. Pendant son service actif, elle avait été à l’avant-garde de la défense de la nation Alpha, et même dans l’armée, elle était une figure populaire. Ainsi, lorsqu’elle avait pris sa retraite, elle avait naturellement pris la position de directrice de la deuxième institution de magie et avait produit d’innombrables magiciens talentueux depuis qu’elle avait pris cette fonction.

« En laissant cela de côté, est-ce que c’est bien d’être ici ? La cérémonie de rentrée devrait battre son plein en ce moment même, » demanda Alus.

« J’ai déjà contribué à la cérémonie, » répliqua Cisty.

Était-il vraiment correct pour la directrice de partir pendant la cérémonie de rentrée ? C’était une question à laquelle Alus n’avait pas beaucoup d’intérêt et ainsi, il l’avait gardée pour lui.

Comme elle était une ancienne Magicienne Solitaire, tous les étudiants l’admiraient profondément. Elle avait été le centre de l’attention de tout le monde au cours de la cérémonie.

Maintenant qu’il y avait réfléchi, elle avait l’air mentalement fatiguée. Peut-être que quelques mots d’appréciation seraient bienvenus, mais peut-être que c’était de la fausse lassitude qu’elle affichait devant lui. Sentant ce risque, Alus avait décidé de faire comme s’il n’avait pas remarqué l’expression de la directrice.

Assez naturellement, Alus avait fait semblant de ne pas le remarquer, mais il avait le sentiment qu’il était trop tard.

« Maintenant que vous en parlez, Monsieur Alus, vous étiez absent lors de la cérémonie de rentrée, » déclara Cisty, un peu déçue de ne pas avoir obtenu les résultats qu’elle voulait, comme Alus l’avait prévu.

« Je veux seulement faire de la recherche, donc je n’ai pas l’intention d’assister aux cours et n’ai pas le temps ou l’intérêt pour de fausses relations avec d’autres étudiants, » répliqua Alus.

« Cela ne fonctionnera pas ainsi. Le gouverneur général a dit que si vous sautez trop de cours, il y aura un ordre de retour au service actif qui vous sera donné, » répliqua Cisty.

« ― ! ! Quel vieil homme tyrannique !, » s’écria Alus.

Se retirer de l’armée était censé être la liberté d’Alus. Cela dit, il était bien conscient de l’importance de sa contribution pour l’armée et pour l’humanité tout entier. Le gouverneur général qui ne l’avait pas laissé prendre sa retraite était tout naturel. C’est exactement la raison pour laquelle ils étaient parvenus à un compromis.

Jusqu’à présent, il travaillait sans arrêt sur des missions. Il semblait qu’une fissure s’était ouverte dans son plan éphémère de passer le reste de sa vie en paix.

La directrice se couvrit la bouche de sa main et se mit à rire de façon séduisante. « Ne vous inquiétez pas pour ça. Tant que vous atteignez le nombre minimum de participations aux cours et que vous terminez vos devoirs, je vous accorde tous les crédits nécessaires. De plus, parce que votre rang de magicien pourrait causer du grabuge, gardez-le secret, s’il vous plaît, » demanda Cisty.

Le rang montrait la puissance d’un magicien… Même parmi les « Solitaires », leurs renseignements personnels étaient gardés secrets pour le public. L’ordre de se taire ne changeait pas, même maintenant.

C’est pourquoi, même si c’était l’ordre de la directrice, Alus n’avait aucune objection. « Je n’ai pas l’intention de me vanter de mon rang. C’est mieux ainsi pour attirer moins d’ennuis. »

« Fufu… Est-ce que c’est vrai ? Alors s’il vous plaît, menez une vie étudiante significative ~, » déclara Cisty.

La directrice, tout en souriant, avait continué en déclarant. « Si quelque chose arrive, n’hésitez pas à passer dans mon bureau n’importe quand. » Puis elle avait quitté la pièce.

À l’intérieur de la pièce, le malaise s’était répandu dans un silence mortel. Et c’est alors qu’Alus avait laissé sortir l’un de ses inévitables soupirs.

« Mon précieux temps libre a été…, » commença Alus.

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Partie 2

Environ 400 nouveaux étudiants suivaient tous des cours qui correspondaient à leur sujet de prédilection et assistaient à des cours magistraux. Les classes étaient normalement séparées, à l’exception des séances de formation pratique et des séances de compétences pratiques où tout le monde se réunissait dans un seul bâtiment.

Aujourd’hui marquaient la troisième semaine depuis le début des cours, et aussi la première apparition d’Alus. Alors qu’aucun des sujets ne l’intéressait, il s’était isolé dans son laboratoire.

Il pensait qu’il était à peu près temps qu’il fasse son apparition afin qu’il soit toujours en mesure de respecter le nombre minimal de participations au cours pour que le gouverneur ne lui cause pas de problème.

C’était la première fois qu’il portait son uniforme depuis qu’il avait sauté la cérémonie de rentrée. Il n’y avait pas de problème avec, même si vous le portiez tous les jours, ce qui montrait à quel point le matériel utilisé pour fabriquer l’uniforme était de haute qualité, au point que même la direction nationale de l’État le voulait ainsi. Toutefois, la conception avait été… Ce n’était vraiment pas comme si c’était agréable à porter, car la seule chose bonne là-dedans était simplement qu’ils étaient faits de matériaux de haute qualité. Mais selon lui, c’était quand même mieux que l’uniforme qu’il portait chaque fois qu’il avait une mission à accomplir, car l’uniforme de l’académie était rempli de fibres anti-magie. Mais même ainsi, il n’y avait absolument aucune réduction de la conductivité magique quand il se trouvait à l’intérieur de ses vêtements. Ce serait une bonne idée de les porter dans les cas où il y avait du travail à faire.

Mais dans ce cas, comment se sentirait-il ?

Alors qu’il était dans ses pensées à propos de l’uniforme, il s’était dirigé vers la salle de classe de première année.

Aujourd’hui, il allait y avoir de nombreuses batailles de simulation et des leçons de formation pratique. La première période était sur les fondations de base de la magie. Pour Alus, c’était quelque chose à laquelle il n’avait pas besoin d’y prêter attention. Dès l’âge de 6 ans, il avait reçu une formation spéciale et avait rapidement appris la magie par autoapprentissage après avoir dépassé ses maîtres. Mais après tout, ce qu’il avait appris au cours de sa vie concernait surtout la magie de combat.

Lorsqu’il était entré dans la salle de classe, il avait vu que des amitiés s’étaient déjà formées dans leur classe. Il y avait 40 personnes par classe avec 10 classes par année. Il était arrivé un peu avant le début du cours, mais toute la classe parlait d’un cours de la veille ainsi que de sujets concernant la magie.

Alus s’était assis dans un siège au hasard près de l’arrière, puis il avait sorti un livre massif et il avait commencé à lire.

Ses camarades de classe, qui le voyaient pour la première fois aujourd’hui, lui avaient jeté un regard de suspicion, mais Alus s’en moquait. Il n’avait jamais eu l’intention de s’entendre avec eux.

Une fille aux cheveux châtains et aux mouvements gracieux s’était immédiatement approchée de lui.

« Bonjour. Enchantée de vous rencontrer… à nouveau. Permettez-moi de me présenter à nouveau. Je suis Alice Tireik. Vous êtes Monsieur Alus, c’est ça ? » demanda Alice.

« … Hmm, oui, » répondit Alus.

Ne réalisant pas au début qu’elle lui parlait, Alus lui fit un signe retardé de la tête, alors que ses yeux étaient toujours restés concentrés sur le contenu de son livre.

L’utilisation par la jeune fille des mots « à nouveau » avait suggéré qu’ils s’étaient déjà rencontrés quelque part auparavant, mais comme il ne s’en souvenait pas tout de suite, il s’était remis à se concentrer sur son livre.

Avec une réponse aussi froide, Alice s’était débarrassée de son découragement et avait changé de sujet avant de lui reparler. « Vous avez dû être très malade. Quoi qu’il en soit, je suis contente que vous soyez guéri. »

« Non, je sautais les cours, c’est tout. Il ne semblait pas y avoir de leçons décentes. Laissons tout cela de côté, car je veux me concentrer donc pourrais-tu t’en aller ailleurs ? » demanda Alus.

« … !! Je suis désolée ! » déclara Alice.

Sans mâcher les mots, il lui avait dit ce qu’il voulait. Et en un éclair, elle s’était sentie déprimée et avait baissé la tête.

Pendant qu’elle battait en retraite, quelqu’un de l’autre côté de la classe avait crié. « Tu te prends pour qui ? »

Une rousse à la forte volonté faisait connaître sa colère. Elle avait un raffinement clair chez elle, alors qu’elle regardait Alus avec un regard inébranlable. Bien que cela manquait un peu d’impact parce qu’elle n’était pas assez grande.

La classe avait immédiatement regardé dans leur direction. Tous les yeux étaient concentrés sur les deux étudiants.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda Alus.

« Y a-t-il quelque chose de mal ? Alice s’inquiétait à propos de toi, alors elle t’a appelé, et c’est ainsi que tu réagis face à elle ? » cria la fille aux cheveux roux.

Alus était hésitant, mais il avait jugé que cela se dégraderait en quelque chose de pire s’il ne faisait rien. Il n’avait pas l’intention de se familiariser avec elles, mais il ne voulait pas non plus que son temps personnel soit gaspillé à cause de nouveaux problèmes.

Il s’était levé de son siège et avait regardé la jeune fille furieuse dans les yeux, puis avait déplacé son regard vers Alice.

« Je suis désolé pour ça. Cependant, vous n’avez pas à vous soucier de moi, » déclara Alus.

« Oui ! Je suis désolée de vous avoir soudainement dérangé ! » déclara Alice.

« Alice, tu n’as pas besoin de t’excuser ! » s’écria la fille aux cheveux roux.

Alus, après avoir entendu sa réponse, s’était immédiatement assis sur son siège et avait recommencé à lire son livre.

« Je m’appelle Tesfia Faver, » déclara la fille aux cheveux roux.

« … »

Alus était plein de pensées troublantes. Il y a un instant, il avait dit aux filles « Cependant, vous n’avez pas à vous soucier de moi » et pourtant…

Voyant qu’il n’y avait pas de réponse de sa part, l’étudiante s’était frayé un chemin en poussant des cris jusqu’à arriver devant Alus avant de lui arracher avec violence son livre.

C’était la pire chose à faire. Sa concentration avait été brisée par cet acte violent.

Alus sentit instinctivement que cette fille aux cheveux roux… était probablement le type qu’il détestait le plus. Le genre qui imposait sa propre volonté aux autres et qui exigeait l’obéissance de la part des autres. Il s’était relevé de force.

« C’est Tesfia Faver ! » répéta la fille aux cheveux roux.

« Puis-je récupérer mon livre ? » lui demanda Alus.

« Une noble telle que moi a déclaré devant toi son nom. Tu devrais agir avec courtoisie en me donnant ton propre nom, » déclara Tesfia.

« Les nobles qui forcent les autres en imposant leur étiquette sont tout à fait tyranniques, » déclara Alus.

« ― !! » Tesfia s’était retrouvée sans voix.

Le livre avait volé droit sur Alus.

Et il l’avait facilement attrapé d’une main.

« Merci. Je suis Alus Reigin. Je n’ai pas d’intérêt pour toi, alors pourquoi ne vas-tu pas ailleurs ? » demanda Alus.

« Pas d’intérêt !? Tyrannique !? Ne dis-tu pas des choses vraiment grossières ? C’est la première fois que je me sens déshonorée de la sorte, » déclara Tesfia.

Tesfia, qui était encore plus furieuse envers Alus qu’au départ, entendit à ce moment-là la sonnerie de l’école. Elle avait alors regardé autour d’elle pour voir la situation puis elle commença à retourner à son siège. Elle avait fait quelques efforts pour réconforter Alice avant de s’asseoir avec grand bruit à son siège, où elle s’était acharnée à fixer son regard dans la direction d’Alus.

Avec nonchalance, Alus s’immergea à nouveau dans son livre. De son côté, la scène concernant Tesfia avait déjà complètement disparu de sa tête.

Le professeur de la première période avait ouvert le manuel sur la table.

Alus n’avait pas apporté de manuel. Le seul livre qu’il avait apporté même si c’était évident quant à son état d’esprit était ce livre gigantesque. Il avait donc immédiatement ouvert le livre et avait commencé ses recherches personnelles.

Alus considérait tout cela comme fastidieux. Le contenu du cours ne concernait que des connaissances rudimentaires, alors naturellement il avait tout bonnement ignoré ce qu’il entendait, car cela ne pouvait être qu’un ennui mortel à écouter.

Ses camarades de classe environnants avaient naturellement exprimé leur mécontentement à l’égard de son attitude, ce qui avait rendu sa vie scolaire paisible encore plus inatteignable.

Il comprenait que déranger son entourage provoquerait des malheurs, mais il était déjà trop tard.

Il avait essayé de s’enfermer à l’intérieur de son propre monde, mais finalement il semblait incapable de résister à toute l’agitation qui l’entourait.

« Comme vous avez été accepté dans cette académie, vous devriez également avoir reçu votre licence. Ceci est donné à tous les magiciens travaillant pour la nation. Si vous y envoyez une partie de votre magie à travers elle… C’est ainsi que votre rang de magiciens apparaîtra. Ceci est calculé en fonction de la force de votre magie et de vos talents, et c’est classé en fonction de votre compétence potentielle au combat, » déclara l’enseignant.

Le professeur avait sorti sa licence et y envoyait de la magie. Pendant que la magie coulait à travers leur licence, une lumière particulière s’était mise à briller et une image en 3D s’était affichée indiquant ce qui suivit : « 778/119 550 ».

Comme les enseignants ne faisaient pas partie des civiles, la couleur qui projetait leur grade était différente de celle des élèves. Ce qui était affiché après leur rang était le caractère « 元 », comme preuve qu’il était un magicien confirmé.

Cela disait essentiellement qu’il avait l’habitude d’être un magicien.

De plus, les étudiants étaient reconnus comme apprentis magiciens par l’État, ainsi que par l’armée.

« Bien sûr, votre classement change aussi en fonction de votre entraînement et des résultats de vos missions, donc, Mesdames et Messieurs, soyez tous ambitieux et travaillez dur pour élever votre rang ! » déclara l’enseignant.

Le rang d’un magicien sur le terrain dépendait entièrement de son classement. Par conséquent, vos possibilités futures étaient également fortement dictées par votre rang. Dans d’autres mondes, votre rang était fondamentalement votre bulletin de notes. Se battre n’était pas ce que tous les magiciens faisaient. Tout comme l’enseignant dont le rang était dans les 3 chiffres, ils pourraient poursuivre un avenir dans l’éducation en tant que professeurs. Inversement, plus le rang est bas (donc grand en chiffre), plus votre salaire est bas et plus il est difficile d’obtenir un poste important.

Le classement « Triple », ce qui voulait dire à 3 chiffres de l’enseignant avait choqué la classe. C’était la preuve qu’il avait l’habitude de servir dans le service militaire, et c’était des renseignements personnels qui étaient affichés là. Il devait être un ancien soldat.

C’était quelque chose que de telles personnes pouvaient montrer et se vanter aux autres, peu importe, où et quand elles se trouvait.

Tous les élèves de la classe avaient commencé à tenir leur licence d’une main et à afficher leur rang, et l’environnement était devenu animé.

« Rang 8867 !! »

« Rang 4521 !! »

Avec les nouveaux apprentis magiciens qui obtiennent habituellement des rangs à 6 ou 5 chiffres, il y avait des individus qui avaient 4 chiffres et qui le firent savoir à la classe.

« Alice et Tesfia sont à 4 chiffres. »

« Mademoiselle Alice a vraiment beaucoup de talent. Et Mademoiselle Tesfia est vraiment quelqu’un de la famille Faver… avec un rang de 4521, il est logique que vous ayez un rang aussi élevé, » déclara l’enseignant.

« Merci beaucoup, Professeur ! » déclarèrent les deux filles.

« Cependant, vous avez tous réussi l’examen d’entrée, alors ne vous sentez pas mal d’avoir un rang à 6 chiffres. En fonction de vos efforts, vous pouvez certainement augmenter votre rang, » continua l’enseignant.

La ligne de vue du professeur s’était finalement posée sur Alus.

« Nn ? Et vous, où est votre licence ? » demanda l’enseignant.

Alus qui faisait ses propres études avait été naturellement remarqué par le professeur.

Les apprentis magiciens qui entraient dans cette académie avaient la responsabilité de porter le poids de l’humanité sur leurs épaules. Tout le monde ne pouvait pas avoir la fierté de devenir un magicien. C’est pourquoi tous ceux qui voulaient devenir apprentis magiciens possédaient de grandes ambitions et étaient composés dans ce premier cycle principalement d’étudiants ayant une grande volonté.

Et au milieu de tout cela, il était inévitable qu’une personne, sans même prêter attention à la leçon, lisant tranquillement son livre, se détache comme le nez au centre du visage.

Toute la classe avait alors regardé en direction d’Alus.

« Je suis désolé. Je l’ai perdue, » déclara Alus.

Bien sûr que c’était la vérité. Lors de l’obtention de la licence, il n’avait pas prêté beaucoup d’attention et son portefeuille avait été échangé. Tant qu’il avait les documents requis, il pouvait demander que la plupart des choses soient livrées par l’armée.

Quoi qu’il en soit, on lui avait dit de garder le silence sur tout cela de la part de la directrice. Du point de vue d’Alus, il était venu ici pour passer le reste de ses années en paix, donc il ne se souciait plus vraiment de son grade.

« Quoi qu’il en soit, ce doit être un chiffre embarrassant. Pas besoin d’avoir honte d’être à 6 chiffres, » en riant, Tesfia avait crié ça d’une voix méprisante.

Presque comme s’il le provoquait, les camarades de classe d’Alus l’avaient regardé de haut. Cela devait sûrement être le résultat des cercles d’amis déjà formés. Quand il y avait quelque chose comme ça vis-à-vis d’une personne qu’ils connaissaient et de l’autre qu’ils ne connaissent pas, il était évident quant à leur choix.

Sans compter qu’il ne serait pas intéressant que tout le monde soit des étudiants d’honneur.

« Comme c’est stupide, » déclara Alus.

« Cherches-tu des excuses ? Alors, pourquoi ne pas nous le montrer ? » demanda Tesfia.

Plus votre rang est élevé, plus votre mission serait dangereuse. Il semble que la plupart d’entre eux ne comprenaient pas ce simple fait, qui était le devoir des magiciens. Ces apprentis magiciens n’avaient jamais mis les pieds dans les terres dévastées et n’avaient jamais vu de mamonos. Même si leur capacité de combat était élevée, dès qu’ils sortiraient, ils mourraient sans aucun doute. C’était ce qui se produirait comme c’était arrivé si souvent avant ça.

« Haaaaaaa ~, » déclara Alus.

Un lourd soupir échappa aux lèvres d’Alus. Maintenant, il avait complètement perdu sa concentration.

Alus avait claqué son livre, s’était levé et avait commencé à quitter la classe.

« Attendez… vous ! » s’exclama le professeur.

Du côté du professeur, il n’arrêterait certainement pas la leçon juste à cause d’un seul élève et tout aurait été bon, mais il semblait que c’était dans la nature de cette fille Tesfia de s’en prendre aux gens.

Contrairement à l’enseignant bouleversé, Tesfia tourna le dos à Alus et parla à l’enseignant avec une expression triomphante. « Monsieur, traiter avec un perdant sans motivation comme lui ne sera qu’un obstacle au cours. Je vous en prie, continuez. »

Quittant la salle de classe, Alus s’était dirigé vers la bibliothèque plutôt que vers son laboratoire. Étant dans le même bâtiment que la salle de classe, il pourrait y passer son temps et revenir à temps pour la deuxième période.

Comme prévu, la bibliothèque était remplie de livres partout où il regardait. Tous ces livres portaient sur la magie, sans un seul volume inutile présent. Pour Alus, c’était une salle pleine de trésors.

Bien sûr, la triste réalité était que la plupart d’entre eux ne lui seraient d’aucune utilité. En fait, il était fort possible qu’il ait déjà mis en mémoire toutes les connaissances enregistrées dans ces livres. Cela dit, cela pourrait être amusant d’essayer de voir s’il y avait d’excellentes découvertes à faire ici. Et parce que ce serait un trésor, il y avait un sens à creuser vraiment pour la connaissance à avoir dans ces livres.

C’était l’endroit parfait selon lui pour dissiper la frustration qu’il avait accumulée en classe. Mais à la fin, Alus n’avait rien trouvé de bon.

Le temps passa vite, et le carillon qui annonçait la fin de la première période retentit impitoyablement avant qu’il ne s’en rende compte.

« Je suppose que je reviendrai plus tard. » Bien qu’insatisfait, il avait quitté la bibliothèque à contrecœur.

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Partie 3

La deuxième période avait été un entraînement sous la forme de batailles simulées.

Tout le monde s’était changé dans les uniformes d’entraînement spécifiés par l’Institut dans le vestiaire… mais le vestiaire des hommes était rempli de regards tranchants dirigés sur Alus.

« Si tu ne veux pas être ici, fous le camp d’ici. »

Alus pouvait entendre de telles remarques grossières, mais il ne ressentait pas la moindre gêne. Ayant servi dans l’armée depuis l’enfance et ayant accompli plus de choses que quiconque, des éruptions d’hostilité de ce genre avaient été pour lui un événement quotidien.

Bien sûr, au fur et à mesure que ses réalisations s’accumulaient — et son rang avec elles — les rires et le mépris avaient été réduits au silence.

Dans le passé, il avait fait semblant d’être calme, mais maintenant cela ne faisait même pas partie de son plan. Il n’avait tout simplement aucun intérêt à réagir. Il se sentait même quelque peu nostalgique lorsqu’il se baignait dans cette hostilité et ce mépris. Se changeant rapidement, il sortit du vestiaire avec un livre plus petit sous le bras.

Dans les terrains d’entraînement en forme de dôme, tout dommage physique était remplacé par la magie par un dommage mental, de sorte que même si l’évanouissement était une possibilité, aucun dommage physique ne pouvait être fait.

Les batailles simulées étaient des combats qui faisaient appel aux arts martiaux, aux armes ou à la magie. Votre adversaire dans ces batailles était affiché sur un panneau au milieu du dôme.

Un professeur était présent, mais comme les étudiants de l’Institut étaient si sérieux et dévoués, les chances que quelqu’un utilise des mouvements interdits ou triche étaient très faibles, et comme il ne s’agissait que de batailles simulées, le professeur n’y accordait que le minimum d’attention.

Le professeur avait appuyé sur le bouton de tirage aléatoire. L’afficheur montrait les noms de tous les participants qui seraient appariés les uns aux autres au hasard.

Dix groupes avaient été formés pour organiser des batailles simulées entre les 40 élèves de la classe. Afin d’empêcher les groupes d’entrer en contact les uns avec les autres, des barrières magiques avaient permis de diviser les terrains d’entraînement.

D’ailleurs, les armes étaient autorisées sur les terrains d’entraînement. Bien sûr, elles se limitaient aux armes auxquelles on appliquait du mana. Ces armes d’assistance avaient vu leur efficacité dans la conduite du mana améliorée, et étaient destinées à faire ressortir les performances originales de la magie. Ces armes ont été appelées AAR (Arme d’Assistance à la Récupération), ou dispositif.

Les épées et les lances fabriquées avec matériaux dont la seule propriété était leur dureté étaient inutiles contre les mamonos avec leurs carapaces extérieures super dures, donc aucun magicien ne les favorisait. Ce genre d’armes n’étaient destinées qu’à être utilisées contre les individus, et en porter une était comme annoncer qu’il s’agissait de civils tout à fait normaux.

Dans les terrains d’entraînement se trouvaient toutes sortes d’armes préparées par l’Institut. Étant en première année, très peu d’étudiants avaient leur propre dispositif. Ceux qui en avaient étaient ceux qui avaient été formés pour devenir des magiciens avant leur admission dans l’Institut.

Bien sûr, Alus était l’un d’eux. Mais dans ses mains, il ne se trouvait pas une arme, mais un livre sans aucun rapport avec le but de cet exercice.

« C’est vraiment d’une telle noblesse, appropriée pour toi. »

Soudain, une voix d’admiration s’éleva de quelqu’un dans l’un des coins du terrain d’entraînement.

En jetant un coup d’œil, Alus vit Tesfia au centre d’un groupe d’étudiants, avec un katana suspendu à sa taille fine.

Un katana, comme c’est vieux jeu…, pensa Alus.

Même Alus, qui avait vu toutes sortes d’armes dans l’armée, ne connaissait que quelques magiciens qui utilisaient un katana comme AAR. En ce qui concerne les AAR, une épée à double tranchant était plus utilisable qu’un katana à un tranchant, et était ainsi bien plus courante.

« Cette arme est transmise dans ma famille depuis des générations. Comme j’ai toujours utilisé ça, c’est ce à quoi je suis le plus habituée. » Tesfia était probablement la seule sur le terrain d’entraînement à avoir son propre AAR. La seule de sa classe, et peut-être même la seule de son année scolaire selon les autres.

Les étudiants en voie de devenir des magiciens à part entière allaient devoir découvrir leurs propres caractéristiques magiques tout en continuant à étudier, tout en découvrant quel type d’arme fonctionnait le mieux pour exploiter leur plein potentiel. C’est pourquoi il était courant de n’obtenir un dispositif personnel qu’à la fin de ses études à l’Institut.

Inversement, cela signifiait que presque tous les magiciens à part entière avaient leur propre AAR. Le rôle d’un AAR était d’aider à l’infusion du mana. Cela allait améliorer la conductivité.

Plutôt que de créer directement du feu ou de l’eau, le passage du mana à travers votre AAR réduit les fuites. Vous n’aviez pas non plus besoin d’utiliser une incantation pour servir de déclencheur chaque fois que vous vouliez lancer un sort.

En fait, le développement de l’AAR avait commencé avant la systématisation de la magie. Les armes traditionnelles utilisées par l’humanité, armes à feu et armes blanches, s’étaient révélées totalement inutiles contre les mamonos. Bien qu’ils soient capables de rayer leurs carapaces externes dures, ils ne pourraient pas leur infliger une blessure mortelle.

Les AARs avaient été créés en se disant selon le principe qu’il fallait être capable de percer les carapaces externes des mamonos et de les tuer.

À l’époque de leur création, un AAR n’était qu’une arme dure et incassable, dont la létalité augmentait en la dotant de mana, mais les AARs modernes s’étaient développés bien au-delà des originaux. En gravant sur toute la lame avec des formules magiques qui avaient été créées par une combinaison de caractères inintelligibles oubliés — également appelés les sorts perdus — il était possible d’utiliser l’arme comme catalyseur pour faire de la magie.

Par ce processus, l’humanité avait réussi à omettre l’étape du chant d’incantation, et elle avait gagné assez de puissance pour affronter les mamonos.

C’est pourquoi, même s’ils étaient des magiciens, aucun d’entre eux n’utilisait des baguettes en bois comme dans les contes de fées, parce qu’elles n’étaient pas pratiques à utiliser comme armes. Les AAR avaient donné la priorité à l’aide à la magie. Il était difficile de graver des baguettes avec des formules magiques, ce qui les rendait inadaptées.

Alors que l’admiration tombait sur Tesfia, elle jeta un coup d’œil à Alus et fit un bruit de claquement de lame. La lame qui sortait de son fourreau était pleine de sorts perdus gravés.

Elle semblait provoquer Alus, mais il avait l’intention de traverser cette période en paix également. Il ne voulait pas lâcher le livre qu’il lisait, ne serait-ce qu’un instant pendant les pauses.

Finalement, le mélange des noms avait pris fin et les noms de ses camarades de classe qu’il ne connaissait pas étaient apparus l’un après l’autre sur l’écran. Le nom d’Alus était apparu pour le troisième terrain d’entraînement après que les noms pour le premier terrain d’entraînement, et le deuxième terrain d’entraînement aient été révélés.

Le nom de Tesfia avait été inscrit pour le huitième terrain d’entraînement. Heureusement, ils n’étaient pas sur le même terrain d’entraînement, mais comme ils étaient proches, il était clair qu’il finirait par être comparé à elle par les spectateurs.

En le regardant de haut, ils pouvaient se rassurer sur leurs propres possibilités. L’établissement d’un classement clair avait permis à chacun de comprendre qui était supérieur.

Sans s’emparer d’une arme, Alus s’était dirigé vers le troisième terrain d’entraînement, en feuilletant les pages de son livre.

Son adversaire était un garçon qu’il ne connaissait pas. C’était un camarade de classe, mais Alus ne s’intéressait pas à lui.

Les cheveux courts et ébouriffés du garçon étaient d’un brun rougeâtre caractéristique et, comme prévu, ses yeux inclinés se remplissaient de mépris lorsqu’il regardait Alus. Dans sa main se trouvait un AAR emprunté de type sabre.

Les 20 élèves qui n’avaient pas de combats à effectuer étaient devenus des spectateurs, et c’était exactement ce qu’Alus avait prévu. La moitié d’entre eux avait choisi de regarder le match de Tesfia sur le huitième terrain d’entraînement, tandis que l’autre moitié avait regardé le match d’Alus. Ils espéraient qu’il mangerait la poussière.

D’habitude, les spectateurs se bousculaient d’attentes et d’analyses, essayant de deviner qui gagnerait, mais en ce moment, leurs yeux indiquaient qu’ils étaient tous en train de se moquer de lui.

Que faire… ?

La raison pour laquelle Alus avait réfléchi à ce qu’il faut faire, c’est parce qu’il avait senti un regard particulièrement aiguisé sur lui. Alice était parmi les étudiants qui assistaient à son match, mais il ne l’avait pas senti de sa part.

Ce regard empli de doute était collé à lui, suivant de près chacun de ses mouvements. Même si c’était quelque chose d’étrange, les inquiétudes d’Alus étaient ailleurs.

En fait, il avait déjà renoncé à ce match. Au contraire, il voulait perdre exprès pour pouvoir en finir rapidement. Bien que cacher son rang en faisait partie, il ne voulait vraiment pas perdre son temps.

Cela dit, même s’il voulait perdre, il n’avait pas l’intention de subir de dommages.

Il pensait à un moyen de perdre sans attaquer, et sans laisser les spectateurs s’accrocher à son véritable objectif… Il avait été facile pour Alus, de tromper les spectateurs et le professeur y compris Alice et Tesfia.

Le seul qui pesait sur son esprit était le propriétaire de ce regard aiguisé.

Il ne savait pas qui c’était, mais ses compétences étaient probablement à trois chiffres. Si c’était le cas, ils ne devaient pas être capables de réaliser ce qu’Alus faisait… mais il soupira à quel point c’était inconfortable d’être observé !

« Tu parles d’un coup de chance. C’est parfait pour moi pour essayer les fruits de mes efforts quotidiens à cœur joie. Ha, c’est comme frapper dans un punching-ball, » déclara l’adversaire d’Alus en se moquant de lui.

L’un des concurrents avait une épée AAR tandis que l’autre ne tenait qu’un livre. Pour les spectateurs, le résultat était déjà déterminé.

La sonnerie avait retenti pour signaler le début du match, sans donner à l’un ou l’autre le temps de confirmer l’arme de l’autre partie.

L’élève avait commencé à courir. Ses mouvements d’amateur étaient insupportables pour Alus. Il avait été impressionné par le fait que son adversaire n’était pas gêné de faire cela devant des spectateurs.

On aurait dit qu’il imbibait du mana dans son épée AAR, mais le mana qui couvrait l’épée était terriblement lent et épais. Même les fonctions d’assistance n’avaient pas pu l’aider à améliorer ça.

Alus avait égalé la vitesse trop lente de l’épée et avait fait croire qu’il l’avait à peine esquivée à la dernière seconde. Entre les attaques, ses yeux parcouraient les pages de son livre tout en continuant sa lecture. En fait, il n’avait même pas besoin de suivre l’épée avec ses yeux.

Son adversaire avait reculé, mettant de la distance entre eux, et avait versé beaucoup de mana dans son épée. En réponse à cela, la formule magique gravée sur la lame avait commencé à briller en rouge.

« Tranchant brûlant. »

Répondant à cette voix, des flammes s’étaient enroulées le long de la lame.

☆☆☆

Partie 4

Normalement, il était possible d’omettre l’incantation, mais comme l’adversaire d’Alus avait dû utiliser une incantation, il était soit au niveau des cinq chiffres soit simplement un idiot.

Bien sûr, même si elle pouvait être omise, l’utilisation du nom magique avait eu pour effet d’aider à établir le phénomène, mais le sourire satisfait sur le visage de l’élève masculin avait clairement montré qu’il ne comprenait pas ce qu’il faisait. Le fait qu’il ait pu exercer son pouvoir avec le nom magique avait été rendu possible grâce à l’aide de l’AAR.

Faire cela sans aide vous met au niveau d’un Triple Digit. Pour commencer, il ne savait probablement même pas que le Tranchant brûlant était un sort inférieur. C’était une version simplifiée du sort avancé Lame de Flammes, et sa puissance étant plusieurs niveaux en dessous.

Voir son adversaire avoir l’air si satisfait en utilisant quelque chose comme ça était pathétique pour Alus, et il se sentait presque gêné pour lui. Les spectateurs n’étaient pas particulièrement surpris, mais ils retenaient leur souffle en pensant que la conclusion était proche.

Des acclamations passionnées arrivèrent du huitième terrain d’entraînement où Tesfia se battait.

Pendant ce temps, sur le troisième terrain d’entraînement, les spectateurs murmuraient des choses comme « presque le battre » chaque fois qu’Alus évitait de peu une attaque.

Il n’y avait pas de tension ici, ce qui créait un grand écart entre les deux terrains d’entraînement. Ni cet écart important, ni même leurs voix n’avaient été enregistrés comme du bruit pour Alus.

Seule Alice veillait sans relâche sur le combat. La force se répandit dans ses doigts, et ses mains fermement serrées semblaient prier pour qu’Alus reste en sécurité. C’était un aperçu de sa gentillesse naturelle.

L’épée de l’étudiant masculin qui abritait de la magie s’approcha.

Comme rien de bon ne pouvait venir de la prolongation de la bataille, Alus avait fermé son livre, prêt à finir les choses. Il encaissa délibérément l’épée en se balançant vers lui, mais en même temps, il plaça le livre entre son corps et la lame.

L’onde de choc qui en avait résulté avait soulevé un nuage de poussière. Lorsque la poussière s’était dissipée, Alus était allongé sur le sol, face contre terre, et l’élève de sexe masculin, qui respirait lourdement, avait quitté sa position de combat.

L’alarme sonore signalant la fin du match avait retenti.

« — ! Monsieur Alus…, » Alice avait exprimé son inquiétude. Puisqu’elle croyait, qu’il avait pris l’attaque de front, il était normal qu’elle ait l’air si angoissée.

Même en voyant une charmante fille si inquiète pour le vaincu, les autres élèves qui avaient regardé ça ne pouvaient s’empêcher de ridiculiser l’erreur du perdant. Leurs expressions s’étaient transformées en mépris des faibles.

Mais contrairement aux inquiétudes d’Alice.

« — ! ! »

Alus s’était relevé comme si de rien n’était, à la grande surprise de toutes les personnes présentes. Il ouvrit alors son livre et quitta la zone d’entraînement, sans quitter les pages des yeux.

N’importe qui qui aurait vu cette scène se serait demandé qui était vraiment le vainqueur.

Remarquant l’étonnement des spectateurs, Alus s’était rendu compte qu’il avait fait une erreur en terminant le match trop rapidement. La vérité était que les étudiants étaient étonnés de la façon dont Alus avait été calme, mais il n’avait pas réussi à comprendre cela.

Alus se disait en lui-même, comment quelqu’un serait-il blessé par une attaque magique de ce niveau ? Le meilleur choix était d’encaisser l’attaque. Si le combat devait continué, il aurait pu finir par contre-attaquer par réflexe. Essayer d’égaler le niveau inférieur de l’adversaire s’était avéré très difficile. L’envie de continuer à lire avait également joué un rôle dans son empressement à terminer le combat.

Bien que j’aie agi comme si j’avais été vaincu, c’est vrai que je n’ai pas fait attention aux détails et que je n’ai pas réussi à le faire parfaitement. Après tout, ce match était une perte de temps.

Pendant ce temps, le regard empli de doute qui avait été sur Alus avait disparu dès que la bataille avait pris fin.

« Allez-vous bien, Monsieur Alus ? Êtes-vous blessé quelque part ? » Dès qu’Alus avait atteint le bord extérieur du terrain d’entraînement, Alice était arrivée en courant vers lui, examinant soigneusement son corps.

« Vous ne subissez aucun dommage physique sur ces terrains d’entraînement, » répondit Alus.

« … Ah ! Vous avez raison, » le regard sceptique sur le visage d’Alice lui avait dit que quelque chose n’allait toujours pas.

En jetant un coup d’œil à son corps, Alus s’était rendu compte qu’il avait fait une erreur insignifiante. Il avait bien sûr été celui qui avait créé l’onde de choc juste avant la fin de la bataille. Cela avait pour but d’empêcher les gens de se rendre compte qu’il prenait l’attaque exprès, mais comme il n’avait pas voulu salir ses vêtements à cause d’une telle farce, il avait inconsciemment enduit son corps de mana.

Cela dit, ce n’était rien d’étrange pour un magicien de faire cela. Chaque fois qu’il était en mission dans le monde extérieur, il avait toujours émis assez de mana pour couvrir son corps.

Par conséquent, bien qu’il ait été recouvert d’un nuage de poussière, Alus n’avait pas la moindre tache sur lui. Sur l’impulsion du moment — « Plus important encore, ne devrais-tu pas t’inquiéter pour ton amie ? »

« Fia va s’en sortir. Elle est vraiment forte, » répondit Alice.

Fia ? Alus pensait que c’était un surnom, mais comme il ne s’intéressait pas à la bataille en cours dans le huitième terrain d’entraînement, il s’était tourné vers son livre. Puisqu’il s’en était servi pour bloquer l’épée lors de la bataille simulée, il avait vérifié que la couverture n’était pas endommagée. Même s’il l’avait couvert de mana, le papier restait du papier. Heureusement, il n’y avait pas de coupures, ni même de saleté dessus.

Soulagé de le voir intact, Alus changea de rythme. « Alice, c’est ça ? Ce sera bientôt ton tour, non ? »

« Oui, » répondit Alice.

Puisqu’Alus voulait revenir à son ancienne occupation le plus tôt possible, il avait habilement changé de sujet. « J’ai peut-être perdu, mais bonne chance. J’espère que tu gagneras. »

« Bien sûr ! Je ne me retiendrai pas. Vous n’avez après tout pas beaucoup d’opportunités en première année. Et Monsieur Alus, même si vous n’avez pas blessé, ne vous forcez pas. » Alice lui avait fait un large sourire et avait retroussé ses manches, comme pour dire : « Laissez-moi faire. ».

Il avait dit des choses qu’il voulait lui dire pendant le déroulement de leur conversation, mais il ne voulait pas que cela dure plus longtemps. Il se sépara d’Alice et s’appuya contre un mur près de la porte. Il semblait un peu fatigué d’avoir parlé plus que d’habitude.

Pour les magiciens, les simulacres de batailles étaient l’une des leçons les plus passionnantes. Comme l’utilisation de la magie était interdite en dehors des terrains d’entraînement, c’était l’endroit idéal pour tester votre croissance. C’est pourquoi le jeune Alus, qui s’était déjà désintéressé de tout ça, n’avait pas rejoint le reste des spectateurs, et il avait dû être considéré par les autres comme un perdant qui se résignait à son sort.

La bataille de Tesfia semblait terminée, et les acclamations d’avant s’étaient transformées en louanges pour le vainqueur. Tandis que Tesfia quittait le terrain d’entraînement de bonne humeur, Alice s’était précipitée vers elle et avait commencé à parler de quelque chose. En même temps, les bords de ses lèvres se levèrent, et elle jeta un regard vers Alus, lui souriant.

Alice était ensuite entrée dans le huitième terrain d’entraînement. Son adversaire était un étudiant masculin, mais le sexe n’avait pas d’importance dans une bataille entre magiciens. C’était parce que les compétences magiques jouaient un rôle beaucoup plus important dans le résultat que la simple force physique.

Contrairement aux étudiants qui avaient regardé Alus se battre pour se moquer de lui, Alice était la définition du sérieux. Considérant sa gratitude pour s’être inquiété pour lui, il s’était senti un peu étrange, alors Alus avait consacré un peu de son temps précieux à regarder son match.

Alice tenait un naginata dans ses mains.

C’est un autre vieux jeu.

Cependant, le maniement du naginata [1] d’Alice était un spectacle à voir. Ce n’était pas que ses attaques étaient rapides, ou ses compétences polies, mais ses mouvements étaient très fluides. Elle avait encore beaucoup de choses qu’il fallait améliorer, mais son passage de l’attaque à la défense était brillant. Cela ressemblait à de l’acrobatie, mais elle avait affiné ses mouvements pour réduire autant que possible ses ouvertures.

Le naginata était quelque chose qu’elle avait emprunté à l’Institut, mais elle ne serait pas capable de manipuler son arme comme ça si elle n’y était pas habituée. Apparemment, elle excellait dans l’utilisation d’armes longues comme les lances.

Les arts martiaux à ce niveau valaient la peine d’être vus, mais cela seul ne déciderait pas de l’issue d’une bataille entre magiciens. C’était la magie qui allait déterminer ça.

Dans une bataille réelle contre les mamonos, l’utilisation d’une technique pour imprégner votre arme de mana — aussi appelée enchantement — était efficace, mais fondamentalement parlant, elle ne se comparait pas à un coup direct d’un sort.

Il y avait aussi de nombreux mamonos qui pouvaient réduire les dommages causés par les coupures et les entailles, ou même se régénérer à la suite de telles blessures.

Lorsque vous combattiez des mamonos, vous deviez soit frapper avec précision leur point faible, leur noyau, soit le détruire entièrement par une attaque de grande puissance. À cet égard, l’utilisation de la magie était efficace tant en puissance qu’en étendue. La position du noyau variait en fonction du mamono, il était donc difficile d’avoir une idée précise de son emplacement.

L’adversaire d’Alice utilisait un gantelet en métal (coup de poing américain). C’était l’une des principales armes utilisées par les magiciens qui préféraient le combat rapproché. Une « flèche de glace » avait été créée à la pointe, puis la pointe de la flèche avait été envoyée vers son adversaire.

C’était un sort de premier rang que les magiciens débutants utilisaient souvent — des magiciens qui n’avaient reçu qu’une éducation élémentaire. C’était le premier sort qui leur avait été enseigné, et il pouvait être utilisé avec n’importe lequel des attributs de base : feu, eau, glace, vent, foudre ou terre.

Alice avait fait tourner son naginata. Alors qu’elle l’avait fait, la lame avait commencé à briller faiblement.

« … ! »

Dès que la flèche de glace avait touché le naginata, elle s’était brisée en morceaux. Mais ce n’était pas tout. Les éclats de glace avaient rebondi et avaient attaqué l’élève mâle qui avait lancé le sort.

Il avait pris un coup direct.

Ses yeux se fermèrent, et il s’effondra sur le sol, incapable même d’amortir sa chute. Le match avait été réglé en un instant.

Comme pour Tesfia, les acclamations avaient surgi après la prouesse des deux personnes classées à quatre chiffres de la classe.

Alice sortit du terrain d’entraînement avec un bond en avant, avec un « tape m’en cinq » avec Tesfia, comme si elles l’avaient décidé à l’avance.

C’était « Réflexion »… Non, c’était « Réduction », n’est-ce pas ?

La Réflexion, communément appelée Contre, était un sort de niveau intermédiaire. La Réduction, qui était une étape plus élevée, n’était pas le genre de sort que les élèves pouvaient utiliser. Les deux sorts appartenaient à l’attribut de lumière.

Cependant, il y avait peu de gens qui pouvaient utiliser la magie de l’attribut de lumière. L’affinité d’une personne avec la plupart des attributs magiques avait été acquise après la naissance, mais l’attribut de lumière exigeait une qualité innée. En tant que tel, il y avait peu de magiciens qui pouvaient l’utiliser.

Quant aux attributs magiques, outre la terre, l’eau, le feu, le vent, la glace et la foudre, il y avait aussi la lumière et l’obscurité, qui étaient aussi appelées éléments.

Notes

1 Le naginata (薙刀) est une arme japonaise, proche du fauchard à lame courbe, utilisé pour pratiquer le naginatajutsu. Cette arme, particulièrement appréciée par les moines et pouvant atteindre jusqu’à deux mètres en longueur, était utilisée autrefois sur les champs de bataille pour couper les jarrets des chevaux. C’était une arme également efficace dans le combat à mi-distance contre un guerrier à pied.

☆☆☆

Partie 5

Il y avait aussi des capacités qui n’appartenaient à rien de tout cela.

Comme ce qu’Alus avait…

Au début de la deuxième moitié de l’année, la formation était passée presque complètement à de l’autoformation. C’était le moment d’apprendre de nouveaux sorts ou de peaufiner ceux que vous connaissiez déjà. Peu importe combien vous aviez pratiqué la magie, rien de tout ça ne serait gaspillé.

Bien qu’il y ait des différences entre les gens, le simple fait d’utiliser le mana de façon répétée allait augmenter la capacité maximale de votre réserve.

Le mana était créé sans fin à l’intérieur du corps, mais il n’avait rempli votre réserve que jusqu’à ce que vous atteigniez la limite supérieure de votre capacité. Une fois pleine, la limite supérieure stopperait toute nouvelle création de mana. Mais il était possible d’agrandir votre réserve en dépensant et en récupérant du mana.

Alors que la limite supérieure était ce qu’elle était à la naissance en raison des différences individuelles, la capacité de mana pouvait être augmentée en raison de la capacité à l’augmenter par la formation.

Il était normal que les étudiants de première année n’aient pas de défis suffisamment clairs pour qu’ils puissent étudier par eux-mêmes, alors ils avaient continué passionnément leurs batailles fantaisistes même pendant la période d’autoformation.

Parmi eux — Alus se livrait sans vergogne à la lecture.

Les terrains d’entraînement étaient à peu près uniformes, avec une quantité abondante de terre répandue sur le sol. C’était par considération pour les magiciens ayant l’attribut de terre. C’était un peu poussiéreux, mais rien qu’un peu de mana ne puisse résoudre.

Pour l’instant, personne ne devrait le déranger. Ils devraient tous être trop occupés à assister à des matches ou à trouver des adversaires, de sorte que le perdant qui s’était éloigné d’eux devrait être hors de vue, et hors de l’esprit.

… Du moins, c’est ce qu’Alus pensait.

« Laisse-le tranquille ! »

« Ce sera le remède parfait pour lui. Hé, viens avec moi une minute. »

Soudain, des voix. Alus leva les yeux pour voir Tesfia le fixer, Alice essayant de l’arrêter.

Alus n’avait même pas essayé de cacher son expression emplie de lassitude. Il avait mis son doigt entre les pages et avait soupiré. « Tu es vraiment tenace. J’aimerais que tu te mettes à ma place. »

« Ne rejette pas à la légère ce que tu as fait, » déclara Tesfia.

« Hm ? Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda Alus.

« Quoi — ! Je ne te laisserai pas dire que tu as oublié que tu as insulté la famille Fable ! » s’écria Tesfia.

Je suppose que quelque chose comme ça s’est produit. Cela n’avait duré que quelques heures, mais c’était quelque chose de si mineur qu’il avait quand même fallu que Tesfia en parle pour qu’Alus s’en souvienne. « Qu’est-ce qu’il y a ? »

« — !! Qu’en dis-tu… ? Ne te fous pas de moi ! Tu n’as aucune idée de ce que c’est que de porter ce nom. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut oublier si facilement !! » déclara Tesfia.

Même si elle disait cela, c’était la vraie opinion d’Alus, et ce n’était vraiment qu’une chose mineure pour lui. Au contraire, il était plus contrarié qu’elle l’empêche de lire à cause d’un truc comme ça.

Alus commençait à perdre patience. Aujourd’hui est un jour pourri. Il se leva à contrecœur et, à cause de leur différence de taille, il avait fini par la regarder d’en haut. « C’était de ma faute. Alors, arrête de m’ennuyer. »

Après avoir craché ces excuses vides, ses yeux étaient revenus sur son livre.

« Ne me regarde pas de haut !! » Elle lui arracha le livre de la main avec colère et l’envoya voler.

Les spectateurs se tournèrent vers eux en entendant la voix en colère de Tesfia. Ils se demandaient ce qui se passait, surpris par son regard menaçant et la gravité de la situation.

Tout le monde se tut. Même les étudiants enfermés dans une bataille simulée avaient arrêté ce qu’ils faisaient. Le fait qu’ils aient été perturbés par une telle situation, même s’ils étaient en plein entraînement, était un signe de leur inexpérience.

Les pages du livre qu’il lisait voltigèrent en bougeant avant que le livre ne s’écrase sur le sol, ramassant la poussière.

« Fia !! » cria Alice, avertissant Tesfia qu’elle avait franchi la ligne et était allée trop loin.

Tesfia avait senti une sérieuse colère dans la voix aiguë de sa meilleure amie, et avait pris du recul. Mais ses yeux brillaient encore d’un ressentiment furieux à l’égard d’Alus.

Comme la rousse Tesfia s’enflammait autant contre Alus, elle devait avoir beaucoup de fierté. Cela n’avait été qu’une chose insignifiante pour lui, alors il avait l’impression qu’elle était vaniteuse. Cependant, c’était différent pour elle… quand même, cela montrait à quel point elle était immature.

Elle n’avait jamais vu de mamono et était complètement complaisante à l’idée de vivre en paix, ignorant les nobles magiciens qui empêchaient les mamonos de les envahir. Elle n’était pas consciente de la valeur et de l’importance de la barrière qui les empêchait d’entrer. Ce n’était qu’une enfant. Sa noblesse était immature et incomplète, car elle n’avait aucune idée à quel point la réalité était dure.

Après son entrée dans l’armée, Alus avait été victime de bizutage de la part d’adultes qui avaient une ou deux fois sa taille. Ces adultes s’étaient sentis jaloux ou inférieurs et avaient fait subir à Alus une épreuve par le feu. En tant que tel, il avait acquis la force mentale nécessaire pour balayer la plupart des choses. Ça n’avait certainement pas été facile pour lui.

Mais même avec sa retenue, son mécontentement pour la conduite de Tesfia l’avait emporté.

« Fais-moi face !! »

Alus avait l’impression que la situation avait évolué à un point tel qu’aucun des deux camps n’avait l’intention de reculer. Il se dirigea lentement vers l’endroit où son livre était tombé et le ramassa, essuyant la saleté qui s’y trouvait.

Ce n’était pas en renonçant à la victoire comme il l’avait fait contre l’élève de sexe masculin qu’on allait régler le problème. De toute façon, il n’avait pas l’intention de perdre. Il faudrait qu’il clarifie les choses une bonne fois pour toutes pour qu’elle ne s’en prenne plus à lui.

Dans l’armée, il y avait des méthodes de domination par la force ou la peur. Ces méthodes avaient tendance à provoquer l’antipathie, sans parler de la barbarie de la situation.

Il y avait une tendance chez les magiciens à utiliser leur classement pour déterminer qui était supérieur, et à regarder de haut ceux qui étaient en dessous. Ainsi, l’ancienneté avait été imposée à tout le monde pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’effet sur le commandement.

C’était quelque chose qu’Alus pouvait très bien faire. Et même si ce n’était pas quelque chose de louable, il pouvait s’attendre à ce que cette méthode apporte du succès. Il s’était dit qu’il pourrait au moins aller aussi loin.

En fait, s’il ne le faisait pas, il finirait par perdre beaucoup de temps au cours de ces trois prochaines années à s’occuper d’ingérences et de problèmes inutiles.

Il semblait que cette fille qui avait traité ces précieuses pages avec tant d’insensibilité aurait besoin qu’on lui enseigne la valeur de la puissance née de la sagesse de la recherche magique.

*

Alus caressa la couverture du livre avec soin, tandis qu’il levait les yeux vers la fille qui le regardait encore avec hostilité. « Après l’école. Je vais réserver les terrains d’entraînement, donc tu ne pourras pas te plaindre de ça. »

« C’est très bien, » répondit-elle.

« Fia. Pas vous aussi, Monsieur Alus…, » déclara Alice.

« Mettons quelques conditions devant un témoin. Il n’y aura que toi contre moi. N’amène pas ta bande de fans. Désolé, mais — Alice, c’est ça ? — tu seras notre témoin, » déclara Alus.

« Cela ne me dérange pas, mais…, » alors qu’il était clair, d’après l’expression d’Alice, qu’elle voulait les arrêter, elle s’était abstenue de dire quoi que ce soit d’autre.

En fin de compte, c’est ce qu’ils voulaient tous les deux. Indépendamment de la façon dont cela avait commencé, Alus avait accepté les demandes unilatérales de Tesfia, de sorte que leur confrontation avait été décidée avec le consentement des deux parties. Et à cause de ça, Alice ne pouvait que veiller sur eux.

L’option qui aurait permis d’éviter complètement cette situation s’était évanouie. La colère de Tesfia n’allait pas s’apaiser. Alus non plus… De telles situations difficiles avaient souvent conduit à des impasses.

« J’accepte un duel après l’école sur ces terrains d’entraînement. Seuls nous trois serons présents…, » déclara Alus.

*

Il restait encore une heure avant la pause déjeuner, mais Alus s’était rapidement changé et avait quitté le terrain. Sa destination était le bureau de la directrice.

Normalement, l’utilisation des terrains d’entraînement était demandée en passant par les procédures officielles à la réception, mais comme Alus avait besoin de garder son grade confidentiel, sa situation était particulière. Afin d’empêcher les curieux d’assister à l’événement, il devait réserver l’ensemble du terrain.

« Ça ne me dérange pas, mais évitez-moi de voir les choses se développer dans la pire direction possible, » déclara Cisty.

« Bien sûr que oui. Au contraire, je suis offensé que tu penses que je m’en prendrais sérieusement à une enfant, » déclara Alus.

« Une enfant, est-ce que c’est... Alors, qui est l’idiote qui a réussi à vous mettre en colère ? » demanda Cisty.

Alus traitait quelqu’un de son âge comme un enfant, mais Cisty était douloureusement consciente qu’il ne le pensait pas littéralement. Les mondes dans lesquels les étudiants et lui vivaient étaient différents, et en tant que tels aucun d’eux n’avait trouvé aucune faute à se poser la question. « Je crois qu’on l’appelle Tesfia ou autre… »

« — ! ! C’est la fille de la famille Fable ! » Les yeux grands ouverts de Cisty étaient plus remplis de malaise que de surprise. Elle avait supprimé l’envie de tenir la tête. « Je ne pense pas que… je puisse vous faire annuler ? »

« Ce n’est pas possible. C’est elle qui s’est attaquée à moi. J’aurais aimé que tu lui dises plutôt avant de ne pas le faire. De plus, les simulacres de batailles entre étudiants sont officiellement reconnus par l’Institut. Si la directrice arbitre la question, cela ne fera que rendre les choses encore plus problématiques. » Le regard d’Alus laissait entendre que son intervention serait inutile.

Il ferma alors les yeux et poussa un soupir lugubre. Quand Alus rouvrit les yeux, ils étaient pleins de découragement et d’ennui, montrant qu’il en avait assez. « Je perds déjà un temps précieux, alors j’aimerais que ce soit la seule fois. »

La directrice semblait avoir plus à dire lorsqu’elle avait ouvert la bouche, mais elle s’était résignée. Elle avait ajouté. « Les terrains d’entraînement de l’Institut ne sont pas aussi efficaces que ceux de l’armée, alors assurez-vous de ne pas être trop dur avec elle. »

Les dommages physiques subis sur les terrains d’entraînement allaient être transformés en dommages mentaux, mais si un individu à un chiffre se lâchait, cela pouvait causer de graves séquelles, même avec le champ de protection.

« Je le sais, » sur ce, Alus s’était retourné pour partir, mais en sortant, il avait trouvé une arme pratique à utiliser pour son duel après l’école. « Ça te dérange si je prends ça ? »

« Je ne sais pas, mais à quoi allez-vous l’utiliser ? » demanda Cisty.

« Pour le simulacre de bataille, bien sûr… tous les livres que j’ai en main sont précieux, vois-tu, » alors qu’il disait ça, il avait pris un pamphlet de l’Institut sur la table. Il n’avait même pas un centimètre d’épaisseur, mais cela ne devrait pas être un problème.

« Êtes-vous sûr de cela… ? » demanda Cisty.

« Ce sera suffisant. Je sais de quoi elle est capable. » Montrant le pamphlet à la directrice, Alus l’avait revêtu de mana. Le pamphlet qui avait été légèrement courbé comme le papier le ferait, s’était soudainement redressé vers le haut et était resté immobile.

En voyant ça, les yeux de la directrice s’étaient ouverts en grand. Son anxiété s’était un peu calmée. « On dirait que je n’ai pas à m’inquiéter. C’est la première fois que je vois une si belle effusion de mana. »

« Je te remercie beaucoup. Eh bien, comme tu peux le voir, ça devrait être plus que suffisant, » déclara Alus.

« C’est tout à fait vrai, » répondit Cisty.

Plus le flux et la conduction du mana étaient fluides, plus la puissance et la structure d’un sort étaient efficaces. Même les objets les plus triviaux pourraient devenir des armes puissantes avec un contrôle parfait du mana.

Donc, si Alus devait imprégner une épée commune de mana, elle serait plus puissante qu’une épée de première classe. C’est pourquoi se limiter au papier devrait lui permettre de mieux équilibrer la différence de force entre lui et Tesfia.

Cela dit, l’idée d’Alus de l’équilibre n’était pas tout à fait applicable ici. Dans une bataille, la véritable valeur des armes qui s’affrontaient n’était révélée que lorsque les adversaires étaient à peu près égaux. Dans ce cas, Alus n’utilisait qu’une arme moins performante pour réduire sa puissance d’attaque. Le papier imprégné de mana ne pourrait pas causer de graves dommages à l’esprit de Tesfia, comme l’avait craint la directrice.

Bien sûr, les choses seraient différentes si Alus n’utilisait pas le pamphlet comme catalyseur, mais la frappait directement avec de la magie.

Alus s’était arrêté alors qu’il s’apprêtait à la saluer, mais ce n’était pas parce qu’il était poli, mais plutôt à cause de son temps dans l’armée. Au lieu de cela, il s’inclina et prit congé. « À plus tard. »

« … »

☆☆☆

Partie 6

Le retour en classe avait été pénible.

Ce n’était pas parce qu’Alus était dérangé par les regards de ses camarades de classe, mais plutôt parce que les leçons étaient fatigantes. Si l’assiduité ne comptait pas pour ses crédits, il n’aurait jamais mis les pieds dans la salle de classe.

Il avait ensuite quitté le bâtiment et s’était rendu à son laboratoire. Ses mouvements de déverrouillage de la porte avaient été fluides. Cela n’avait pas non plus pris beaucoup de temps, car tout ce qu’il avait à faire était de verser un peu de mana dans le panneau à côté. Le verrouillage fonctionnait de la même façon.

Bien sûr, vous ne pourriez pas utiliser n’importe quel mana. Comme il existait des différences dans la capacité de mana que les gens avaient, il existait des informations magiques telles que l’arrangement du mana qui différait entre les gens, qui avait été utilisé pour confirmer leur identité.

Comme c’était quelque chose qu’Alus utilisait quotidiennement, dès qu’il avait touché le panneau, il avait versé assez de mana pour confirmer son identité.

Avec un sandwich écrasé à la main, Alus prit un déjeuner solitaire — bien qu’il n’en ait rien pensé — dans sa chambre. S’il allait à la cafétéria sur le terrain de l’Institut, il pourrait savourer un bon repas, mais n’y avait jamais mis les pieds. C’était parce qu’il préférait lire des livres et fouiller dans les documents, même en mangeant. Même maintenant, il n’avait même pas jeté un coup d’œil au pain qu’il mangeait.

Soudain, Alus se souvint du regard étrange qui avait été porté sur lui pendant son simulacre de combat. Qui était-ce ?

Mais encore une fois, ce n’était pas vraiment un problème. La directrice de l’école connaîtrait toute personne qui observait constamment Alus à l’Institut.

C’était peut-être une rancune ou de la jalousie, mais l’assassinat ou le terrorisme était trop farfelu. Et si l’autre partie n’avait pas l’intention de lui faire du mal, il n’était pas nécessaire de faire tout ce qui était en son pouvoir pour enquêter. Si la situation devenait urgente, il le découvrirait de toute façon. Voilà tout ce que cela représentait pour lui.

Alus avait repoussé ses pensées et jeta un coup d’œil dans la chambre voisine. Il pourrait voir un attaché-case noir là-dedans. À l’intérieur, c’était son seul partenaire avec qui il s’était battu en première ligne.

L’AAR d’Alus avait été spécialement conçu pour lui. C’était une existence unique qui était le résultat de ses recherches, et il y avait ajouté sa propre touche. Son nom était Brouillard de Nuit.

Ayant décidé de se retirer de la ligne de front, il espérait ne plus jamais avoir à s’en servir. Mais la raison pour laquelle il l’avait apporté n’était peut-être pas parce qu’il ne pouvait tout simplement pas échapper à ses habitudes acquises dans l’armée, ou parce qu’il représentait ses précieux résultats de recherche.

Ce n’était que des justifications, car Alus pourrait instinctivement sentir que le monde extérieur dur était l’endroit d’où il appartenait.

Cinquante ans s’étaient écoulés depuis la création de la Tour Blanche, et une barrière pour arrêter l’invasion des mamonos avait été mise en place. Le ciel vu de l’intérieur était faux. C’était un ciel bleu vif tous les jours, un faux spectacle filtré. C’est pourquoi ceux qui ne connaissaient pas le monde extérieur ne connaissaient pas la pluie ou la neige. Ils ne connaissaient pas l’existence de nuages épais ni d’un ciel parsemé de nuages épars.

Ils ne connaissaient même pas l’odeur de verdure que le vent dégageait. Tout ce qu’ils savaient, c’était le ciel avec les mêmes nuages qui voyagent dans la même direction chaque jour.

Le monde réel était le monde extérieur gouverné par les monstres.

Il ne savait pas combien de fois il était allé en mission dans le monde extérieur.

Mais chaque fois qu’il le faisait, il était accueilli avec des vues qui faisaient danser son cœur. Cela s’était profondément ancré dans l’esprit d’Alus.

*

Avant qu’il ne s’en rende compte, la pause déjeuner était terminée et les leçons avaient déjà commencé.

Alus était si concentré qu’il n’avait même pas entendu le carillon. Pourtant, il n’était pas pressé, car il se dirigeait à contrecœur vers la salle de classe, tenant toujours le livre qu’il n’avait pas fini de lire.

Après avoir pris son temps, le cours avait commencé au moment où il était arrivé là. Quand il était entré, bien que ce soit pour son propre confort, il avait eu assez de bon sens pour ne pas déranger les autres. Il ouvrit la porte et s’assit sur une chaise sans faire un bruit. Mais même ainsi, une personne entrant pendant l’heure des cours se détacherait.

Les regards jetés sur Alus étaient loin d’être amicaux. Ils étaient si intimidants qu’on pourrait même entendre leur claquement de langue.

Alus l’avait ignoré avec une attitude posée, mais il avait cru entendre des murmures qui le maudissaient. Peut-être que les rumeurs de sa querelle avec Tesfia s’étaient répandues.

Les classements de Tesfia et d’Alice étaient déjà connus dans tout l’Institut, ce qui était tout naturel. Les étudiants de première année ayant un classement à quatre chiffres étaient plus que suffisants pour s’attendre à ce qu’ils aient un avenir prometteur.

En plus de cela, leur apparence était plus que suffisante pour les qualifier de belles.

Il n’était pas difficile d’imaginer que leur beauté n’avait fait qu’alimenter les rumeurs, leur conférant immédiatement le statut de célébrité.

L’atmosphère autour de Tesfia était noble et séduisante, ses yeux inébranlables étaient loin d’être un défaut, et n’avaient fait que mettre en valeur sa grâce. Sa taille était assez faible, mais même cela ajoutait à son charme.

Le tendre sourire d’Alice qu’elle montrait toujours sur son visage était plein d’affection. Pendant ce temps, ses longs et minces membres séduisaient, dégageant un charme d’adulte.

Ensemble, elles produisaient le tableau parfait.

Alus, ayant fini dans une confrontation contre elles, s’était fait l’ennemi de pratiquement tous les étudiants de première année. En outre, son attitude à l’égard des cours avait frotté les étudiants sérieux de la mauvaise façon. Cela ne lui convenait pas, car il n’avait causé d’ennuis à personne.

Il n’était pas assez ouvert d’esprit pour être prévenant envers les étudiants dont la motivation était affectée par l’attitude des autres envers les études. C’était du gaspillage. Un effort dans la futilité.

Alus ne se préoccupait pas des gens qui murmuraient dans son dos. Mais si cela commençait à gêner son temps de recherche, il n’avait pas d’autre choix que d’agir.

Même aujourd’hui, un bout de papier froissé était passé devant Alus.

Il était passé à côté de lui — parce que, bien sûr, il l’avait évité.

Un autre avait suivi.

Si Tesfia avait demandé aux gens de faire cela, il pouvait simplement rembourser la faveur après l’école, mais la personne en question était entièrement concentrée sur le cours en cours. Tesfia n’avait pas non plus l’air de faire semblant de ne pas remarquer. Son regard ne se posait que sur les caractères projetés sur l’écran devant elle, et elle les écrivait avec ferveur.

Alors qu’Alice avait remarqué ce qui se passait, elle ne pouvait pas se résoudre à en parler.

Trouver le coupable et le renvoyer ne ferait qu’aggraver la situation. Mais même Alus n’avait pas la peau assez épaisse pour maintenir son attention malgré les choses qu’on lui lançait.

Même s’il le pouvait, ce serait plutôt un défaut. Les magiciens avaient besoin de sens aiguisés pour survivre sur le champ de bataille. Les missions dans le monde extérieur duraient plus d’une journée. Vous aviez besoin d’endurer la peur et l’anxiété des mamonos qui attaquaient pendant que vous mangiez et dormiez.

Pour cette raison, les sens d’Alus avaient été entraînés au point de ne pas manquer le moindre détail tant qu’il restait concentré. C’est pourquoi ces étudiants étaient des criminels qui volaient le temps d’Alus.

Il redressa la première boule de papier qui avait volé vers lui, la déchirant en bandes et les froissant. Il avait ensuite versé du mana à travers eux.

Recouvrir un objet de mana était l’une des techniques les plus élémentaires, mais elle reposait fortement sur la disposition innée de chacun, et ceux qui avaient du mal à s’y habituer au début avaient de la difficulté à avancer. Mais une fois apprit, c’était comme faire du vélo et on n’oubliait pas le truc.

Alus s’y était mis et avait couvert de mana le papier brouillon.

Cette technique pouvait également être utilisée avec des armes. Lorsque vous couvriez un objet de mana, la chose la plus importante était de voir l’objet comme faisant partie de votre corps. Les magiciens étaient capables de sentir le mana généré à l’intérieur d’eux. Ainsi, bien qu’il y ait des différences dans les compétences, chacun devrait être capable de faire circuler consciemment le mana dans son corps. Mais après que le mana ait quitté le corps, il devenait difficile à percevoir.

Il était possible de le percevoir à travers le phénomène matérialisé après l’activation d’un sort, mais cela était dû au fait que le mana était converti en magie par la formule magique. S’il n’y avait aucun doute que le mana passait par des phénomènes magiques, ce n’était pas le mana lui-même.

Alus pouvait sentir la surface rugueuse des morceaux de papier, maintenant dur comme des roches dans sa paume. Avec une membrane mince et terne tendue sur eux, Alus avait manifesté un peu de magie du vent au bout de ses doigts pour que personne ne s’en aperçoive, et avait agité son pouce.

Les débris semblaient s’être envolés dans des directions aléatoires, mais ils avaient ensuite ricoché et frappé le cou de cinq élèves.

Les cinq qui avaient été catalogués comme les coupables grâce à leur chuchotement, tremblèrent comme s’ils avaient été choqués, et au moment suivant, ils s’étaient effondrés sur leur bureau d’un seul coup.

C’était vraiment au niveau d’un tireur d’élite. Quelques bouts de papier avaient rendu la tâche un peu plus difficile, mais il avait réussi à les assommer en ciblant avec précision la base du cou.

Quant à la puissance, elle se situait au niveau d’un coup du tranchant de la main à l’arrière du cou. Aucune blessure externe, la seule preuve était du papier froissé, et personne n’avait remarqué.

Même Alice, qui avait jeté des regards anxieux dans la direction d’Alus, était moins méfiante quant à la façon dont la farce s’était arrêtée et semblait simplement soulagée. Elle ne montrait aucun signe de discernement de la vérité.

Après cela, Alus avait été en mesure de passer paisiblement les deux prochaines cours jusqu’à la fin de l’école pour la journée.

Les cinq ne montraient toujours aucun signe de réveil, mais bien sûr, il ne les avait pas tués. À la fin de la classe, ils s’étaient enfin réveillés. Tous avaient des visages confus, se demandant pourquoi ils s’étaient endormis en classe en se frottant les yeux.

Mais dans l’instant qui avait suivi, leurs expressions avaient changé. Quand ils avaient réalisé qu’ils avaient manqué, toute les cours, la panique sur leurs visages avaient rendu leurs aspirations claires.

Et puis, au moment où ils avaient décidé de faire des farces stupides à Alus, leurs espoirs n’avaient pas pu être très sérieux.

☆☆☆

Partie 7

Enfin, c’était après l’école.

Peut-être parce qu’il s’agissait d’une routine quotidienne, ou peut-être que c’était tout naturel, mais les élèves, qui auraient dû rentrer chez eux, s’étaient rassemblés autour de Tesfia et Alice, pour discuter de magie.

Tesfia était l’image même d’une étudiante d’honneur pendant les cours. C’est pourquoi il était logique de supposer qu’elle était intelligente. Et ce n’est pas tout, car en plus, sa personnalité et celle d’Alice attiraient aussi tout le monde.

De plus, les classements avaient servi de hiérarchie claire pour ces aspirants magiciens. Bien que le dicton « si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez-les » ait pu être exagéré, il y avait une tendance à suivre ceux qui avaient un rang plus élevé, tout en s’efforçant d’améliorer le leur autant que possible.

Ceux qui cherchaient à devenir des magiciens s’étaient donc naturellement retrouvés dans une structure liée par le classement, donc on ne pouvait pas y faire grand-chose.

Cette fois, cependant, les deux filles avaient des projets après l’école. « Je suis désolée. Nous avons des affaires à régler, » dit tranquillement Tesfia au cercle de personnes, et Alice avait suivit avec un : « Le professeur nous appelle. On se voit demain. »

Tesfia jeta un coup d’œil à Alus et le pressa de ses yeux. Son regard puissant semblait lui dire de ne pas oublier leur promesse, mais aussi de tenter de l’intimider pour l’empêcher de s’enfuir.

Les élèves autour d’eux avaient protesté un moment, mais pour une raison légitime comme l’enseignant qui les appelait, personne n’avait arrêté le couple.

« Ne pouvons-nous pas attendre que vous ayez fini ? » L’étudiante qui disait cela tenait un manuel sur les bases de la magie. Son apparence petite et adorable ressemblait à celle d’un petit animal mignon, mais cela n’aurait probablement un effet que sur les élèves masculins.

Pourquoi ne pas simplement approcher l’enseignant directement ? Alus pensa cela, mais cela exigeait trop de sagesse mondaine de la part des étudiants magiciens. L’idée était de se rapprocher de ces deux-là avec un avenir prometteur. Bien sûr, il peut y en avoir qui voulaient aussi simplement être amis avec elles.

« Je suis vraiment désolée. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre. Mais j’ai l’intention de le finir dès que possible. » La dernière partie avait quelques implications, mais seuls Alus et Alice l’avaient remarqué. « Je vous verrai demain. » Se sentant mal à l’aise, Tesfia avait gentiment essayé d’arranger les choses.

En entendant cela, l’étudiante s’était mise à sourire et lui avait fait un « Merci » en prenant son sac.

« Allons-y, Alice, » déclara Tesfia.

Alice, qui avait été agitée tout le temps, fit un signe de tête à Tesfia et soupira.

Normalement, un seul étudiant ne serait pas en mesure de réserver la totalité du terrain d’entraînement. C’est pourquoi, même pour Alus, c’était un traitement spécial unique.

Il n’y avait donc rien d’étrange à ce que la directrice se cache dans l’un des coins du deuxième étage et veille sur le duel, et ce n’était pas à Alus d’en parler. Bien qu’elle ait pu se cacher, elle savait bien qu’Alus l’avait remarquée.

Bref, elle se cachait pour que Tesfia et Alice ne la remarquent pas.

Et encore une chose. Alus avait un pressentiment sur le regard qu’il avait ressenti pendant son simulacre de combat. C’était probablement quelqu’un qui travaillait sous la direction de la directrice.

« Pense-t-elle vraiment que je vais tout gâcher ? » Ça n’allait pas avec Alus, mais il avait supposé que c’était l’influence de la famille Fable.

Et le classement de Tesfia n’avait fait que confirmer cette hypothèse.

*

La disposition à la magie n’était pas nécessairement liée à la lignée.

Il n’y avait aucune garantie qu’un excellent magicien aurait les mêmes enfants, et vice versa.

Certaines choses avaient été héritées, comme la capacité de mana et la capacité de base, mais les compétences pour manipuler le mana et la magie avaient été en grande partie formées après la naissance.

Il était donc courant pour les enfants dont les parents étaient des magiciens exceptionnels de recevoir une formation dès leur plus jeune âge, l’idée étant que si leur réserve de mana était grande, il était plus facile d’acquérir le savoir-faire et les compétences nécessaires pour s’intégrer.

En plus de cela, les familles influentes avaient le temps et les fonds pour la formation, donc même sans un sens inné ou des talents, elles pouvaient encore élever un magicien d’élite.

*

« Désolée de vous avoir fait attendre. »

Tesfia, ayant revêtu son uniforme d’entraînement, était entrée sur le terrain avec son katana en main.

Alus s’était aussi déjà changé. Normalement, il n’était pas nécessaire de se changer. Mais s’ils s’étaient mis dans une autre querelle à cause de cela, cela aurait lui fait perdre encore plus de temps.

Tesfia et Alice regardèrent la zone du terrain d’entraînement avec un regard perplexe, ayant remarqué que personne d’autre n’était là.

Avec tous les combattants présents, la directrice devrait avoir verrouillé les entrées.

« Comme c’est inhabituel qu’il n’y ait personne dans les parages, » marmonna Tesfia, ignorant qu’Alus avait réservé l’ensemble des terrains d’entraînement. « Eh bien, peu importe. Dépêchons-nous de commencer. »

Comme il n’était pas nécessaire de diviser les terrains d’entraînement, ils pouvaient tout utiliser à leur guise. Cependant, Alus ne pensait pas que ce serait nécessaire, et Tesfia semblait s’imaginer le frapper en un instant, car elle avait un sourire moqueur sur son visage.

C’est alors que quelque chose avait attiré son regard, et son sourire s’était tourné vers le déplaisir. Elle plissa les sourcils en regardant la main d’Alus. Voyant le pamphlet, elle l’interrogea… « À quoi joues-tu ? »

« Ne t’inquiète pas pour ça, » déclara Alus.

« Tu aimes vraiment te moquer de moi…, » déclara Tesfia.

Une Alice agitée se précipita entre eux et elle parvient à faire reculer chacun d’eux de quelques pas.

Alus déclara alors tranquillement. « J’ai quelques conditions avant de commencer. Si je gagne, ne te mêle plus de mes affaires. »

« SI tu gagnes. Si tu veux, je peux même t’aider dans tes études, » déclara Tesfia.

« Non, pas besoin. Et si tu gagnes ? » demanda Alus.

« Je vais bien sûr te demander de t’excuser, » déclara Tesfia.

« Compris. » Il s’était déjà excusé une fois auparavant, mais il semblait que ce n’était pas suffisant et qu’il devrait être plus sérieux à ce sujet.

Grâce à Alice, le signal sonore du début du match avait retenti sur le terrain d’entraînement.

— Au même moment, Tesfia dégaina son katana et fonça droit sur Alus. Comparées à l’élève masculin qu’il avait affronté, ses capacités physiques étaient de loin supérieures.

Alus roula le pamphlet dans sa main et le couvrit de mana.

Lors de l’évaluation des magiciens, il existait des approximations couramment utilisées pour les capacités. L’un d’entre eux était la qualité et le degré de perfectionnement de l’AAR. Les AAR avaient une forte connotation d’armes d’assistance, et ils utilisaient tout sans acception des matériaux rares, qui excellaient dans la conduite du mana.

Le fait de les mélanger avec des matériaux spéciaux au fur et à mesure qu’il se formait avait entraîné une augmentation de la conductivité du mana. De plus, en écrivant des formules magiques directement sur la surface, les AAR pourraient aider en permettant l’utilisation immédiate de sorts complexes.

La surface du papier enroulé d’Alus était également recouverte de mana. Ce n’était pas comme si d’autres objets ne pouvaient pas conduire le mana, c’était seulement plus difficile à traverser. Et comme il n’y avait pas de formules magiques gravées sur la brochure, cela n’aiderait pas à l’utilisation de la magie.

Une autre approximation était l’habileté utilisée pour couvrir un objet avec du mana. Envelopper du mana autour d’un objet comme ce qu’Alus avait fait aux vieux papiers était fondamental pour améliorer la conductivité du mana. Et cette action avait également permis d’améliorer la résistance d’une arme.

Il était possible de mesurer l’habileté dans une certaine mesure en observant toute stagnation du mana recouvrant l’objet, le mana total autour de lui, l’état du flux, etc.

Mais cela n’avait été utile que jusqu’aux magiciens à triples chiffres. Et un double chiffre exigeait un contrôle parfait du mana.

Dans cette situation, Tesfia étant toujours dans les quatre chiffres, la mesure de la qualité de son revêtement de mana était donc parfaite pour évaluer approximativement ses compétences. Alus en avait déjà confirmé une partie au cours de son simulacre de combat.

Comme Tesfia l’avait elle-même dit, son katana était de très grande qualité. Mais son talent n’était pas à la hauteur. Dans son état actuel, le katana était un gâchis pour elle.

La façon dont elle bougeait son corps était une chose, mais son mana couvrant le katana n’était que légèrement meilleur que celle des autres élèves. Sa capacité de mana latente était plutôt élevée pour un nombre à quatre chiffres. Il y avait clairement un surplus de mana qui s’échappait du katana, déformant sa forme.

Les magiciens à deux chiffres réussissaient à limiter la production de mana au strict minimum requis, laissant le revêtement de mana à peine visible, mais… le seul avantage d’utiliser plus de mana était d’augmenter la puissance de l’AAR.

Et puisque le tranchant diminuait à la place, elle avait pratiquement mis son inexpérience en évidence pour que tout le monde puisse la voir.

Mais pire que ça, plus de mana que nécessaire avait été gaspillé.

En augmentant la puissance, vous deviez modéliser avec précision le mana après la lame, sinon il serait inutilisable. En conséquence, bien que le katana de Tesfia soit beau, elle en faisait un instrument émoussé. Son katana serait inutile dans le monde extérieur, même si c’était un AAR.

« Haaaaaaa !! »

Alus n’avait pas esquivé le katana qui frappait depuis en haut.

Immédiatement après, un sourire apparut sur le visage d’Alus.

« — !! »

Tesfia avait été étonnée que sa lame ait été arrêtée au milieu de son attaque.

Tout comme Alice, qui regardait de loin.

Après tout, le katana tranchant avait été bloqué par un simple pamphlet. Et au lieu de la déchirer, elle n’avait même pas pu l’égratigner.

Alus attendit un moment que Tesfia puisse reprendre ses esprits. Il avait préparé une peine pour son traitement brutal d’un livre, un puits de sagesse. C’est pourquoi la brochure de l’Institut avait raison.

Rapidement remise de son choc, Tesfia s’était redressée et s’était éloignée de lui. « Tu plaisantes !! … Ce n’est pas du papier normal, n’est-ce pas !? »

« Oh non, ça l’est. C’est une brochure de l’Institut. Tu en as eu un aussi, n’est-ce pas ? » répliqua Alus.

« — ! ! »

Alus déroula le pamphlet et le montra. Sur la couverture se trouvait une photo des bâtiments de l’Institut.

« C’est un mensonge ! Il n’y a aucune chance qu’un bout de papier puisse bloquer mon épée ! » s’écria Tesfia.

« Pourtant, il l’a fait…, » répliqua Alus.

Comme si elle grinçait des dents, Tesfia serra son katana plus fort. « Ce n’est pas possible ! »

Peu importe la quantité de mana qui couvrait du papier, il y avait une limite à sa durabilité, même si Alus le rendait plus dur, il perdrait facilement contre le katana de Tesfia. Mais c’était en supposant que c’était un magicien moyen qui le faisait…

Le simple fait de passer le mana à travers un rouleau de papier était un défi. Ce genre de compétences aberrantes était un signe du statut de magicien à un chiffre d’Alus, mais Tesfia était vite revenue vers lui, amenant son katana derrière elle. Cependant, peu importe le nombre de fois qu’elle avait frappé avec sa lame, chaque attaque avait été bloquée par le pamphlet dans la main d’Alus.

Elle s’était renversée vers le haut une dernière fois.

« … »

Alus poussa secrètement un soupir dans son esprit. Malgré le fait qu’elle était si près du but, Tesfia avait fait un grand pas en avant. Il devrait y avoir une limite au nombre d’ouvertures qu’elle pourrait avoir…

Et Alus n’avait pas été assez patient pour attendre son attaque.

« — ! »

Son pamphlet avait puissamment frappé la joue de Tesfia.

Un bruit fort avait traversé l’air tendu, remplissant les terrains d’entraînement. D’après la différence de son, ce n’était pas une gifle d’un rouleau de papier, mais plutôt l’impact d’une arme contondante.

Après une pause momentanée, Tesfia avait été envoyée sur le côté comme si elle avait été renversée, roulant sur le sol avant de s’effondrer. Ses cheveux roux étaient étalés sur le sol.

« Fia !! » En voyant Tesfia rouler comme ça, Alice avait instinctivement haussé sa voix.

Ce n’était pas la force d’une brochure enroulée. Même en tenant compte de la substitution des dégâts des terrains d’entraînement, il s’agissait d’un coup égal à celui que vous utiliseriez contre un mamono.

C’est pourquoi c’était plus qu’assez pour envoyer le petit corps de Tesfia voler.

☆☆☆

Partie 8

Après avoir regardé objectivement, Alice était convaincue que ce n’était pas une attaque magique. Il n’y avait pas eu d’incantation, et aucun signe d’écoulement de mana. Pourtant, un rouleau de papier n’avait pas la force nécessaire pour envoyer facilement une personne dans les airs.

Alus se sentait coupable d’avoir frappé le visage d’une femme. Mais sur les terrains d’entraînement, tout cela s’était transformé en dommages mentaux, de sorte qu’il n’y a pas eu de blessures ou de marques.

Plus important encore, il n’y avait pratiquement aucune différence de pouvoir entre les hommes et les femmes cherchant à devenir un magicien.

Il lui avait fait face, reconnaissant qu’elle était une magicienne, mais il était vrai qu’Alus s’était peut-être retenu parce que ses compétences étaient inférieures aux siennes, mais il ne l’avait pas traitée différemment à cause de son sexe.

Un court silence s’ensuivit. Alors qu’Alice commençait à courir vers son amie.

La main de Tesfia tremblait un peu. Elle leva lentement la tête et se leva faiblement. Utilisant son katana pour se soutenir, elle se frotta la joue tout en regardant avec étonnement. Elle n’avait probablement pas encore compris la situation.

Alice semblait perplexe devant ce qui était arrivé à Tesfia. « Ça va, Fia ? »

« … O-Oui. » Alors qu’elle s’était élancée dans le ciel, elle n’aurait pas dû subir de dommages physiques. En fin de compte, ce n’était qu’un rouleau de papier, même si le mana le couvrait, il y avait une limite à sa puissance.

Se souvenant qu’elle était en plein combat contre Alus, Tesfia l’avait regardé d’un air furieux et lui avait parlé d’un ton colérique : « Qu’est-ce que tu as fait ? »

« Je t’ai juste frappé avec ça, » répondit Alus.

« N’essaie pas de me berner, ça ne ressemblait pas à du papier. C’était comme si j’avais été frappée par quelque chose de dur…, » Tesfia se caressa à nouveau la joue, se souvenant de la sensation, et bouillonnant de colère.

Les magiciens étaient capables de percevoir le mana comme une lumière. Ainsi, le katana de Tesfia avait aussi une faible lumière, montrant que le mana le traversait.

Le pamphlet était également recouvert de mana, c’est pourquoi il avait bloqué l’attaque, et avait normalement un pouvoir impensable derrière lui.

Mais pour Tesfia, c’était normal que ça ressemble à du papier. En fait, cela ressemblait à une brochure normale.

Alus avait utilisé sa technique écrasante pour maximiser l’efficacité de son enchantement.

Les magiciens à quatre chiffres étaient une chose, mais c’était encore trop pour une première année comme elle, donc on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir remarqué.

Et comme il ne l’avait enchanté qu’un instant avant qu’il n’entre en contact avec son adversaire, le papier roulé ressemblait à une pierre dure qui rejetait complètement la lame tranchante. C’était une performance exquise rendue possible par la grande différence de compétence.

« Peut-être que tu comprendrais si tu avais lu ce livre que tu m’as arraché des mains, » déclara Alus, accusateur. Le livre que Tesfia avait frappé était le fruit d’un travail né de longues années d’efforts incessants de la part des chercheurs. La profanation de la sagesse que l’on pouvait en tirer était une question de morale pour les maîtres magiciens.

« Kuh... »

« Alors, vas-tu abandonner ? » demanda Alus.

« Je ne sais pas ce que tu as fait, mais ne fais pas le beau parce que tu as réussi à obtenir un résultat, » déclara Tesfia.

« Fia ! N’est-ce pas suffisant ? » Alice avait essayé de l’apaiser, mais comme prévu, Tesfia ne semblait pas s’en soucier. Comme si cela était lié à sa colère, le mana débordant de son corps avait augmenté.

« Que dis-tu, Alice ? Il n’a réussi à me frapper que par chance… Je vais le vaincre tout de suite. » Tesfia avait pris une grande respiration et plaça le katana devant elle. Utilisant deux de ses doigts, elle avait caressé la longueur de la lame. Les caractères de la formule magique gravée sur l’épée commencèrent à s’illuminer d’où elle les avait caressés.

« Fia, ça va trop loin ! » Alice avait dû deviner ce que Tesfia faisait. Mais ses cris ne l’atteignirent pas, car les doigts de Tesfia allaient jusqu’au bout de la lame.

Tesfia tourna doucement le bord horizontalement, rassemblant le mana à travers lui. Cela avait traversé depuis son corps jusqu’à l’AAR, créant graduellement de la lumière. Le mana qui rassemblait le mana résiduel de l’environnement en un seul point provoquait déjà un phénomène d’activation de sort.

Un énorme amas de glace s’était formé dans l’air, avec un bruit de craquement.

Et quand Tesfia avait légèrement balancé son katana vers le bas, la surface de la glace s’était brisée, révélant une grande épée de glace transparente.

« Épée de Glace »

Comme les noms uniques des sorts étaient enregistrés dans une encyclopédie, ce nom était déjà bien connu d’Alus. Mais comme il s’agissait d’un sort ancien qui ne convenait pas vraiment au combat, c’était la première fois qu’il le voyait de près.

Une autre raison pour laquelle il ne l’avait pas vu, c’était parce que cela faisait partie du fort de la famille Fables, et aussi parce que c’était un sort traditionnel.

« C’est incroyable. » Alus n’avait pas seulement loué l’habileté à créer le bloc de glace, mais aussi la forme de l’épée de glace. En termes pratiques, il s’agissait d’une forme naïve, avec des parties gaspillées se détachant bien trop, mais elles avaient aussi une attirance mystérieuse qui charmait ceux qui la voyaient.

Pour quelqu’un comme Alus qui utilisait la magie au nom de la létalité, c’était comme s’il témoignait de la beauté originelle de la magie.

Surtout, considérant que ce n’était pas le genre de magie qu’un étudiant de première année ordinaire pouvait utiliser, il avait fait un compliment direct à Tesfia. Bien qu’il ne soit pas certain qu’elle l’ait entendu, elle avait fait basculer son katana sans mot jusqu’au sol.

En réponse, l’épée de glace avait rapidement accéléré en direction d’Alus. Bien qu’elle ait été rapide, elle ressemblait quand même à une attaque simple et paresseuse pour lui. C’était donc facile d’esquiver.

Mais Alus n’avait eu qu’un seul but dans cette bataille simulée. C’était moins pour empêcher Tesfia d’interférer avec lui, que pour se venger d’elle pour sa profanation de la précieuse sagesse de l’humanité. Eh bien, de son point de vue.

C’était probablement le sort le plus puissant qu’elle pouvait utiliser. Pour preuve, elle avait une expression douloureuse, et ses épaules tremblaient à cause de la grande quantité de mana qu’elle avait utilisée.

Alus affronta audacieusement l’attaque. Ce n’était même pas un pari. C’était à ce point que l’attaque était faible pour lui.

« Non ! Attention ! » cria Alice, le visage pâle. Voyant l’attaque imprudente de Tesfia comme un danger pour Alus, elle semblait chanter un sort de barrière, mais elle n’avait pas assez de temps.

Les nouveaux n’étaient pas habitués à chanter, avec la popularité d’AAR et leur omission d’incantations… mais au milieu de son incantation, Alice s’était brusquement arrêtée, émettant un grand cri quand l’attaque de Tesfia était sur le point de toucher Alus.

Alus avait expulsé de l’air de ses poumons. Il avait concentré son esprit sur sa main-couteau.

Sa forme était une lame tranchante. C’était comme de l’acier robuste capable de couper à travers n’importe quoi. Le mana recouvrant la main commença à augmenter légèrement, formant une courte lame de mana.

Le mana qui coulait régulièrement avait créé une lame de mana tranchante.

L’affrontement n’avait duré qu’un instant. Alice avait détourné ses yeux, tandis que Tesfia avait une expression qui semblait regrettable d’être allée trop loin, et elle s’était résignée aux conséquences d’être allée jusqu’au bout des choses.

Cependant, le résultat que les filles attendaient n’avait pas eu lieu.

Un instant plus tard, Alice ouvrit les yeux. Non pas parce qu’elle s’était préparée à voir le pire résultat possible, mais plutôt parce qu’elle avait entendu un bruit impensable.

Alus se tenait toujours debout avec un air cool, en parfaite sécurité. Et derrière lui se trouvait l’épée de glace, coupée en deux et réfléchissant la lumière ambiante. Le mana composant l’épée avait été coupé en morceaux, et l’épée n’avait pas pu garder sa forme et avait commencé à craquer avec un bruit de claquement.

Le son devenait de plus en plus fort à mesure que les fissures traversaient l’épée, jusqu’à ce qu’elles atteignent la fin. L’épée ne s’était pas brisée, mais plutôt dispersée en fragment de mana.

« — !! Impossible…, » Tesfia exprima un étonnement, tandis qu’Alice fixait dans la confusion en poussant un soupir de soulagement.

 

 

Qu’a fait Alus ? Cisty était probablement la seule à le comprendre.

Normalement, le mana n’était que la source nécessaire pour utiliser la magie. L’utilisation du mana en lui-même exigeait quelque chose qui dépassait de loin le bon sens.

La plupart des magiciens se fixaient sur le monde tel qu’ils le voyaient, et avaient tendance à rechigner à créer quelque chose de nouveau. Puisque les érudits existaient aussi bien que les magiciens, ceci avait offert une grande excuse pour les magiciens qui avaient vu le fait de tuer des mamonos comme leur travail et qui avaient considéré la création de la magie comme étant le travail des érudits. Tout phénomène qu’un magicien rencontrait et qu’il ne comprenait pas pouvait donc être laissé aux érudits pour qu’ils le découvrent.

Ce qu’Alus avait fait était une délicate manipulation du mana. Fondamentalement, il fonctionnait sur le même principe que l’enrobage d’une arme avec du mana, ce qui impliquait d’imprégner la forme physique de l’arme pour lui donner un tranchant plus net et une plus grande durabilité. En rendant le mana indépendant de l’objet qu’il couvrait, il était possible de former une lame de mana.

D’une manière générale, c’était une contradiction. Mais c’est là qu’une faille rendue possible par Alus était entrée en jeu.

En réalité, il était impossible d’utiliser le mana par affinité sur la matière organique pour créer une lame de mana. Mais caché dans le processus se trouvait la sagesse de nier le mana.

En d’autres termes, c’était ainsi que cela avait fonctionné. Tout d’abord, il fallait temporairement altérer les propriétés du mana recouvrant l’objet en le superposant avec plus de mana. Ce faisant, le mana sous-jacent allait perdre sa propriété d’être absorbé par la matière organique et allait devenir un résidu inorganique.

D’une certaine manière, c’était une technique pour changer la nature du mana, le reste n’étant qu’une application générale d’enchantements, couvrant le résidu maintenant inorganique de la première couche de mana avec la bonne forme.

C’est tout ce que c’était… et pourtant…

Cela exigeait une maîtrise du mana pour tout générée parfaitement, et suffisamment de compétences de contrôle du mana pour le contrôler à volonté, librement et de manière décontractée.

Et Alus était probablement le seul être au monde capable de cela. Après tout, ce n’était pas basé sur le concept commun d’utilisation du mana. Pour la plupart des gens, le mana n’était considéré que comme l’énergie nécessaire pour utiliser la magie. Par conséquent, il était normal qu’ils se consacrent à la maîtrise de la magie elle-même.

C’est pour ça que les filles ne comprenaient pas ce qui s’était passé.

Au milieu du silence, Alus marcha vers Tesfia sans aucune trace d’agressivité ou d’esprit combatif.

Tesfia ne comprenait toujours pas ce qui lui était arrivé. Elle s’était vite préparée face à l’approche d’Alus.

Mais il n’y avait aucune tension dans l’air, aucune hostilité de sa part.

Le corps de Tesfia s’était immobilisé. Elle ferma les yeux quand Alus leva le bras.

Le pamphlet dans la main gauche d’Alus frappa doucement l’épaule de Tesfia.

La bataille était terminée.

Alus n’avait pas vraiment l’intention de la frapper. Tout ce qu’il voulait, c’était lui apprendre la réalité et détruire sa fierté. C’est pour ça qu’il avait fini en douceur. « Je suis désolé. »

« — !! » Prise de court par les excuses soudaines d’Alus, Tesfia était si surprise qu’elle était à court de mots.

Alus n’admettait pas sa défaite. Il s’excusait simplement. Tesfia avait compris le résultat de leur match mieux que quiconque. C’est pourquoi il n’avait pas besoin d’être clair et de le dire tout haut.

« Ce n’était pas comme si j’essayais de t’insulter, mais je suis désolé si ça en avait l’air. » Alus s’inclina devant Tesfia et lui présenta des excuses sincères.

Alors qu’il avait l’intention de dissiper tout malentendu, Alus avait aussi une arrière-pensée. Il espérait que tout serait résolu avec cela. Tesfia avait les excuses qu’elle voulait, et Alus ne voulait pas qu’elle s’en mêle davantage au prix d’une certaine fierté.

Chacun d’eux avait satisfait à ses exigences, alors maintenant ils avaient réglé les choses sans aucun problème à l’avenir.

« … Vraiment ? Je suis désolée de m’être autant énervée, » s’était excusée Tesfia, une expression encore surprise sur son visage.

Bien qu’elle ait eu un côté têtu avec elle, il semblait que Tesfia avait aussi une solide compréhension et de la grâce pour elle. C’est pourquoi elle s’était excusée malgré la fin insatisfaisante.

« Alors, je vais partir d’ici, » déclara Alus.

« Attends… »

Alus passa devant Tesfia, mais alors, elle lui avait saisi la manche. Il se tourna à contrecœur vers elle, une expression ennuyée sur son visage. « Quoi ? »

« … Comment as-tu fait ? » demanda doucement Tesfia, le visage détourné.

☆☆☆

Partie 9

C’était un accord tacite entre magiciens de ne pas fouiller dans les mystères et les spécialités des uns et des autres, même s’ils étaient camarades de classe. La connaissance qu’avait Tesfia de son propre statut de novice le lui avait quand même fait demander timidement.

Alice, tout aussi curieuse, s’était approchée pour qu’elle aussi puisse entendre la réponse d’Alus, se redressant doucement.

Alus avait essayé de secouer la main de Tesfia avec quelques mouvements légers, mais elle avait dû s’accrocher fermement, car sa main ne bougeait pas. Ne sachant pas quoi faire, Alus jeta un coup d’œil vers les sièges dans le coin.

Il n’avait pas de grands espoirs, mais ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait décider seul. S’il révélait le truc de sa technique, les filles pourraient fouiner dans son rang.

Heureusement, Cisty comprenait les circonstances. L’instant d’après, elle révéla sa présence d’une manière nonchalante, tapant dans ses mains des mains en signe de louange.

Tesfia et Alice avaient regardé Cisty. « Directrice Nexophia ! »

Cisty cessa d’applaudir et sauta avec aisance des sièges, de plusieurs étages de haut. Juste avant d’atterrir, elle ralentit graduellement sa chute, donnant l’impression qu’elle flottait pendant un moment avant de toucher le sol.

« C’est très approprié de la part de la fille de la famille Fable ! Quelle bataille simulée de haut niveau vous m’avez montrée, » déclara Cisty.

Alors que Cisty était maintenant la directrice de l’Institut, son histoire personnelle était quelque chose que tout le monde admirait dans le but de devenir magicien. Cependant, Alus était incapable de lire ses vraies intentions et il la fixa d’un air empli de doutes.

La directrice Cisty semble avoir mis de côté la réaction d’Alus, s’avançant comme pour dire « laissez-moi faire », tout en disant à Tesfia. « Penser que vous seriez capable d’utiliser un sort d’un tel niveau en étant un nouveau venu dans l’école. »

« … Je vous remercie beaucoup. Mais pourquoi êtes-vous ici ? » L’expression amère de Tesfia d’être vaincue s’était transformée en joie d’être louée par une ancienne magicienne à un chiffre.

« C’est parce qu’Alus m’a demandé de réserver le terrain d’entraînement. Et je suis venue observer, » déclara Cisty.

« — Hé ! » Alus paniqua un instant lorsque son secret fut révélé.

Les deux filles le fixaient, tout comme Cisty.

« Alus Reigin, n’est-ce pas ? Qui es-tu ? Tu as même coupé mon épée de glace en deux comme si ce n’était rien…, » demanda Tesfia.

« Ce genre de chose ne lui pose aucun problème. Je suis venue ici pour observer parce que je m’inquiétais pour vous, » déclara la directrice à Tesfia, avec un sourire radieux.

Se souvenant du regard de Cisty tout à l’heure, Alus décida de le lui laisser. D’ailleurs, c’était l’Institut qui lui avait demandé de garder son grade confidentiel. Lui-même n’était pas si obsédé que ça. Tant qu’il pouvait trouver du temps pour lui…

Cependant, la conversation semblait se diriger dans une direction turbulente.

« Qu’est-ce que vous voulez dire !? » Tesfia s’approchait du cœur du problème, et Alice s’était approchée d’elle. C’était la question qu’elles se posaient toutes les deux.

« Ce serait plus rapide pour vous de le voir de vos propres yeux. » La principale s’était tournée vers Alus, et avait sorti une carte.

« Une licence ? » demanda Alice.

« Oui. Ceci est arrivé de l’armée ce matin avec l’ordre de le remettre à Alus, » déclara Cisty.

« … »

Alice s’était rendu compte de la nature de la carte et avait posé une question à laquelle elle connaissait déjà la réponse. Mais la déclaration de la directrice l’avait amenée, elle et Tesfia, à se demander pourquoi l’armée était intervenue.

Alus, par contre, avait une idée des intentions de la directrice. C’est pourquoi il n’avait pas été particulièrement surpris lorsque son doigt avait touché le rang de sa carte lorsqu’elle lui avait remis.

« — ! ! »

Une pure lumière de mana s’était échappée de la carte, formant un écran holographique dans l’air. Sur l’écran s’affichaient les chiffres… 1 / 119 550.

« Pas possible !! » s’exclama Tesfia.

« — !! » Tesfia avait poussé un cri de surprise. Alice ne pouvait même pas faire un bruit.

« Comprenez-vous maintenant ? » demanda Cisty.

« … Hein ? … Il est… ? Mais…, » Tesfia désigna Alus d’un doigt tremblant, tout en fixant la directrice.

De tous les magiciens, au nombre de plus de 100 000, il n’était que neuf magiciens à un chiffre.

Et ce qui était devant elles était le plus grand de tous, en plus. L’actuel n° 1 de tous les magiciens du monde.

Ce n’était pas étrange que les paroles de Tesfia se transforment en gémissements.

« Haha… c’est une réaction intéressante. J’ai aussi été surprise quand j’ai vu son profil et ses réalisations. » Cisty avait l’air amusée et joyeuse, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir déprimée quand elle s’en souvenait. Elle imaginait facilement la lourde responsabilité qui pesait sur les épaules d’Alus, et sa solitude. C’était sans aucun doute un destin difficile et cruel. Elle sentait sa poitrine se serrer quand elle y pensait.

« Eh, mais on a le même âge…, » le doigt de Tesfia était toujours pointé sur le visage d’Alus.

En général, les magiciens n’entraient pas dans les détails de l’apprentissage de la magie jusqu’à ce qu’ils entrent dans l’Institut. Bien sûr, l’élite de la noblesse comme Tesfia était des exceptions à cela.

Quant à Alus, il était une exception parmi les exceptions. Même les magiciens qui progressaient le plus rapidement ne s’éveillent à leur véritable potentiel qu’après l’obtention de leur diplôme.

Il n’y avait aucune chance qu’un magicien à un chiffre ait le même âge qu’elle. C’est ce qui était apparu sur le visage de Tesfia. Pourtant, le numéro 1 sur la licence avait une présence écrasante, et avec l’affirmation de la directrice, il n’y avait pas de place pour le doute.

Alice, contrairement à Tesfia qui était à court de mots, avait réussi à un peu se calmer.

Alus ne voulait pas se vanter, mais il était curieux de la réaction d’Alice et lui avait demandé. « Alice, tu ne sembles pas trop surprise. »

« … Ah. Oui ! Qu’est-ce que ça pourrait être…, » sa réponse était pleine de respect, et elle semblait plus que surprise.

Où est passé son ton amical… ? « Tu n’as pas besoin d’être si humble, ça ne ferait que me troubler. »

« … D’accord. » Ses joues étaient devenues rouges à mesure que son expression se relâchait un peu, mais elle semblait encore un peu raide.

« Alus est une exception. Je ne sais pas quelle était la cause de cette querelle, mais il a fait beaucoup de choses en première ligne… Ses valeurs sont peut-être trop différentes des vôtres, » déclara Cisty.

Alors que la directrice disait ça, Tesfia regarda Alus d’un air soupçonneux, et avec du mépris dans les yeux. Son regard empli de doute l’avait transpercé.

Son attitude à l’égard d’Alus, qui était plus haut placé que la directrice, n’était probablement pas seulement parce qu’elle le détestait jusqu’à il y a un instant. Mais Alus avait décidé de laisser tomber, pensant que c’était une attitude typique pour Tesfia.

Il s’était tourné vers Cisty. « Plus important encore, je crois que c’est toi qui m’as dit de garder mon grade confidentiel. »

« J’ai changé d’avis. J’avais l’impression qu’on pouvait le dire à ces deux-là. C’est peut-être un coup du destin, » répliqua Cisty.

Alors la question d’Alus sur le pourquoi était claire maintenant. C’était le caprice de Cisty.

« Vous deux, ne le révélez pas aux autres élèves ou aux professeurs. Je préfère ne pas devoir punir les étudiants de l’Institut, » déclara Cisty.

« … Oui, » répondit Tesfia.

« Je comprends, » déclara Alice.

Il y avait une étrange menace mélangée là-dedans. Tesfia répondit à la directrice d’un ton encore insatisfait, tandis qu’Alice hocha la tête mécaniquement, sa réponse étant immédiate.

Ayant reçu leur parole, Cisty se tourna vers Alus. « Pour quelle raison faites-vous de la recherche ? » La question semblait soudaine, mais son ton donnait l’impression qu’elle connaissait déjà la réponse. Son but semblait être qu’Alus le dise lui-même, pour que les deux filles puissent l’entendre.

« Parce que je veux y aller doucement, » répondit Alus.

« … !! » Les deux filles avaient fait des regards stupéfaits, tandis que Cisty soupirait comme si elle s’y attendait. Les accomplissements d’Alus étaient anormaux même si vous ne teniez pas compte de son âge. Cisty le savait, bien sûr. Dans l’ère moderne, où les jeunes de 16 ans étaient traités comme des adultes, Alus venait tout simplement d’avoir 16 ans. Et il était courant pour les magiciens d’être considérés comme des professionnels à part entière à leur sortie de l’Institut.

En d’autres termes, Alus avait été jeté dehors dans le monde extérieur où les mamonos sévissaient alors qu’il n’était encore qu’un enfant aux yeux de la société. Il n’y avait pas moyen que ce ne soit pas anormal.

Dans l’esprit des hauts gradés de l’armée, la protection du domaine de l’humanité contre les mamonos et la reconquête du territoire perdu avaient toujours été la priorité absolue. Il n’y avait pas de marge de manœuvre pour laisser jouer un puissant magicien.

Alus et son talent débordant pour la magie l’avaient rapidement plongé dans le combat. Ses réalisations en étaient le résultat et, selon Cisty, sa demande de retraite en était la conséquence inévitable. Lorsqu’elle avait reçu les instructions des militaires d’enrôler Alus dans l’Institut, elle avait également reçu des instructions secrètes qui allaient à l’encontre de celles reçues d’une autre source.

En utilisant le bien de l’humanité comme justification — ces directives devaient obliger Alus à retourner sur le champ de bataille à un moment donné dans l’avenir.

Cisty avait claqué son poing sur son bureau en colère quand elle avait reçu ces instructions secrètes.

Son Institut avait produit d’innombrables excellents magiciens qui avaient l’habitude de relever les magiciens sur les lignes de front, mais les hauts gradés à tête de cochon comptaient sur un seul magicien trop puissant.

Bien sûr, c’était grâce à lui que beaucoup de ses anciens élèves n’avaient pas été poussés aussi souvent en terres hostiles et que le nombre de morts de magiciens avait diminué.

Cisty se sentait dans une situation insupportable, avec des sentiments complexes dans cette affaire. Elle comprenait le désir d’Alus, le plan de l’étudiant numéro un qui provoquait la honte chez les adultes par sa seule présence.

Elle avait donc temporairement mis de côté les directions secrètes de l’armée. Enveloppant ses bras autour d’Alus par-derrière, pressant son corps contre son corps, elle lui chuchota quelque chose à l’oreille.

Cisty avait créé cette vue sensationnelle de son propre chef, bien qu’Alus ne bougeait pas. Il entendit la douce voix qui murmurait à son oreille, mais il regarda simplement au loin, indifférent à ses charmes.

Bien sûr, Tesfia et Alice n’avaient pas eu le courage d’intervenir entre deux magiciens à un chiffre, surtout par respect pour la directrice.

Le murmure de Cisty disait ceci. « Alors, ne serez-vous pas en mesure de prendre les choses plus facilement si vous ne vous concentrez pas seulement sur votre recherche, mais… rendez également ces deux-là plus fortes ? »

Alus avait souri amèrement. C’était la vraie raison pour laquelle Cisty leur avait révélé son rang.

Bien sûr, Cisty avait aussi son propre intérêt à cœur. Même si Tesfia et Alice étaient prometteuses, elles ne pourraient pas remplacer Alus. Si l’armée insistait pour ramener Alus en première ligne, alors cultiver des liens pour qu’il ait plus de raisons de se battre n’était pas une mauvaise idée.

Cisty avait ses propres raisons de sympathiser avec Alus. Quand elle était encore dans l’armée, il y a huit ans… elle avait rencontré le jeune Alus. Mais il semblait qu’il ne se souvenait pas, et elle ne voyait pas la nécessité de le lui rappeler. Après tout, ce n’était probablement pas un bon souvenir pour lui.

Alus jeta un coup d’œil à Tesfia et Alice. Comme Cisty l’avait dit, elles pourraient avoir un talent exceptionnel, même parmi tous les étudiants de l’Institut. Il se peut qu’elles ne soient pas en mesure de gagner contre des étudiants de troisième année qui approchent de l’obtention de leur diplôme, mais elles pourraient livrer un bon combat.

Cependant… « Impossible à faire. Entraîner ces filles ne m’aidera pas à me calmer, » déclara Alus.

« Mais c’est seulement si elles vivent leur vie normalement et obtiennent leur diplôme, » répliqua Cisty.

« … Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? » Peu importe ce que Cisty avait suggéré, Alus était sûr que cela ne ferait que réduire son temps de recherche, mais il avait choisi d’écouter. Parce qu’il y avait encore une faible chance qu’il soit capable de se calmer.

« Pourquoi n’essayez-vous pas de les guider pour qu’elles puissent se battre au combat ? » demanda Cisty.

« Ce n’est pas possible. Je n’ai pas les connaissances pour y arriver. » Il n’était pas modeste. Il n’avait jamais rien appris à personne.

Mais Cisty avait insisté autrement. « Ne vous inquiétez pas. Quand il s’agit d’habileté au combat, il n’y a personne qui se compare à vous. » Les lèvres envoûtantes de Cisty s’approchèrent de l’oreille d’Alus, et elle serra les bras autour de lui.

Tesfia et Alice, en regardant, rougirent un peu de cette scène quelque peu immorale.

Ce n’était pas forcé, mais il y avait une volonté irrésistible derrière tout ça.

« Si le temps entre mes séances de recherche pouvait se faire correctement…, » Alus accepta à contrecœur. S’il ignorait la directrice, qui était la plus haute autorité de l’Institut, il pourrait perdre encore plus de temps que cela.

D’ailleurs, ce n’est peut-être pas si ennuyeux après tout… Alice était une chose, mais le vœu pieux d’Alus était que Tesfia n’était pas le genre de fille qui pouvait honnêtement lui demander de lui enseigner.

« Je pensais que vous diriez ça. » Les bras qui le retenaient l’avaient finalement laissé partir.

Grâce à cet échange, une hiérarchie claire avait été établie pour le temps d’Alus à l’Institut. Je suppose que les capacités de Cisty à changer d’âge ne sont pas seulement pour le spectacle. Alus s’était rendu compte que Cisty avait une longueur d’avance sur lui lorsqu’il s’agissait de négocier. À cause d’elle, la condition d’Alus, à savoir que Tesfia n’interfère plus avec lui, était pratiquement gâchée.

« Puis-je y aller maintenant ? » Ayant été vaincu, Alus voulait partir le plus vite possible. Il voulait aussi éviter de perdre encore plus de temps de recherche.

« Pour l’instant, oui, » répondit Cisty.

« … Pour l’instant, n’est-ce pas. » Alus en avait assez de penser à d’autres problèmes, mais il avait rendu le dépliant roulé à Cisty et avait commencé à marcher vers la sortie du terrain d’entraînement.

Alors qu’il passait Tesfia et Alice, les deux femmes avaient regardé son chemin avec beaucoup d’intérêt.

Tesfia ouvrit la bouche, apparemment sur le point de dire quelque chose, mais à la fin elle ne dit rien. Silencieusement, mais pour que la directrice puisse l’entendre, elle se murmura à elle-même. « Où va ce monde si c’est le n° 1 ? » De plus, Alus s’était retiré des lignes de front pour se détendre. Elle avait trouvé ça impardonnable.

— À cet instant, elle avait grimacé comme si quelque chose avait agressé son corps. Une intention meurtrière glaciale avait été dirigée vers elle.

C’était Cisty qui le faisait.

Une petite partie du pouvoir de l’ancienne magicienne à un chiffre avait agressé Tesfia.

Alus pouvait sentir l’intention meurtrière derrière lui. Il l’avait trouvée immature, mais avait continué à marcher.

Les deux filles étaient restées derrière. Alice se sentait aussi effrayée que Tesfia, à tel point qu’elle ne pouvait pas regarder la directrice dans les yeux.

Tesfia avait compris qu’elle avait mis en colère la directrice, mais n’en comprenait pas la cause. Ou, il était plus juste de dire que la peur avait empêché sa tête de fonctionner correctement.

« Il a traversé beaucoup de choses que vous ne pouvez même pas imaginer, non, que nous ne pouvons pas imaginer, » Cisty, après un petit soupir, brisa l’air tendu. Elle sourit ironiquement à Tesfia et Alice. « Si vous cherchez à atteindre le sommet des magiciens, vous devriez lui demander conseil. Je le lui ai déjà dit, alors ne vous retiens pas. »

« — !! » Tesfia était surprise, mais ne pouvait pas non plus vraiment se réjouir. Elle ne comprenait toujours pas sa grandeur. Et cette intention meurtrière d’avant — elle considérait en fait que la directrice était plus étonnante qu’Alus.

Alice, par contre, était enthousiaste. « Eh !? On peut vraiment ? »

« — !! Mais Alice, c’est lui qui nous apprendrait ! » s’écria Tesfia.

« N’est-ce pas incroyable ? Nous serions les seules à être formées par le plus puissant magicien au monde, » déclara Alice.

C’était un coup de chance incroyable d’être capable de recevoir des conseils du sommet du monde des magiciens. C’était rare même de recevoir des cours effectués par un magicien à deux chiffres. Même s’approcher d’un magicien à deux chiffres était difficile, à moins de s’enrôler dans l’armée et de devenir assez fort pour combattre à leurs côtés.

« C’est vrai, mais…, » il y avait toujours une partie de Tesfia qui ne pouvait pas accepter la réalité. Elle visait un rang élevé afin de ne pas faire honte à son nom de famille. Bien qu’elle n’ait jamais rêvé qu’elle pourrait devenir une magicienne à un seul chiffre, elle avait au moins voulu un classement proche des deux chiffres.

C’était l’occasion parfaite, mais elle n’était pas d’accord. Bien qu’Alus soit un magicien à un seul chiffre, Tesfia ne pouvait toujours pas s’imaginer être son élève à cause de leur dispute animée.

« Je ne vous forcerai pas. Mais il y a certainement des choses que vous pourriez gagner à ce qu’il vous enseigne. » Cisty avait vu l’expression facile à lire de Tesfia, la réprimandant comme une enfant.

« Ne pouvez-vous pas être celle qui nous apprendra à la place, Directrice Cisty ? » demanda Tesfia, en précisant que c’était son souhait le plus cher. Bien sûr, Cisty était la directrice, donc Tesfia ne pensait pas vraiment que c’était possible. La directrice lui avait demandé de se tourner vers Alus pour obtenir des conseils parce qu’Alus était un camarade de classe.

« Je suis une personne occupée, vous savez. Et même si j’écoutais votre demande, je ne peux pas vous traiter favorablement, » déclara Cisty.

« Oui… bien sûr. » Comme Tesfia le savait déjà, elle n’avait rien dit d’autre.

☆☆☆

Partie 10

Alus revint rapidement à sa lecture à son retour dans sa chambre.

Il avait prévu de se consacrer à ses recherches et de regagner le temps qu’il avait perdu, mais ne pouvait pas s’y mettre. C’était parce que la directrice lui avait dit d’apprendre à ces deux filles à se battre.

Alus n’était pas enthousiaste à l’idée. En fait, il n’aimait pas ça et se sentait mal à l’aise. Même s’il essayait de les instruire, il ne pouvait pas faire grand-chose.

La façon la plus efficace de former des magiciens était de les faire combattre des mamonos. C’était comme ça pour lui, après tout.

Il était courant pour les magiciens d’être piétinés par les monstres anormaux sans pouvoir lever le petit doigt, peu importe le genre de magie puissante qu’ils utilisaient. Il y avait beaucoup de magiciens, mais moins de la moitié d’entre eux avaient fait preuve de courage en ne reculant pas dans leur première bataille contre un mamono.

La peur de la mort était une émotion qui empêchait d’utiliser la magie. Les magiciens devaient rester calmes en toute circonstance. Tant qu’ils croyaient en leurs possibilités, il y aurait de l’espoir, même si leur situation était désespérée.

Le vrai désespoir venait du fait de ne pas pouvoir croire en soi. Dans ces cas, les magiciens ne seraient pas en mesure d’utiliser leur plus grande arme — la magie. C’était l’inexpérience, ou plutôt la faute, de ces magiciens.

Alus croyait qu’ils pourraient raffiner leurs capacités si elles amélioraient leurs compétences magiques, mais ce point de vue ne permettait pas de tenir compte de l’aptitude mentale d’une personne à être un magicien.

Il se détestait d’avoir fait une promesse sans y penser d’abord. Bien qu’il soit trop tard pour cela maintenant, il ne pouvait pas imaginer qu’il serait en mesure de l’accepter avec aisance tout en formant les filles.

« Qu’est-ce que je fais ? » Il pensait que Tesfia ne viendrait pas le supplier de lui apprendre, mais Alice, par contre, le ferait certainement. C’était une situation extrêmement pénible pour lui.

*

Le lendemain matin, Alus avait été accueilli avec les mêmes regards suspects qu’hier lorsqu’il était entré dans la classe. Le bavardage qu’il avait entendu avant d’ouvrir la porte s’était transformé en silence.

Les éruptions d’hostilité venaient surtout des autres élèves de sexe masculin. Cela signifiait simplement que les étudiantes avaient une idée plus claire des priorités à établir. Ce genre de différence entre les hommes et les femmes était également perceptible dans le comportement en première ligne. Mais ces différences étaient meilleures parce qu’il n’y avait pas de facteurs de harcèlement.

Alus, bien sûr, ignorait que le regard de Tesfia était parmi ceux qui se dirigeaient vers lui. Qu’il n’y avait pas d’hostilité dans son regard était un résultat plus que satisfaisant. Mais il ressentait aussi une sorte d’attente mélangée là-dedans. Il avait un mauvais pressentiment à ce sujet, mais avait décidé de le rejeter comme étant son imagination.

Quoi qu’il en soit, pour ne pas se dérober aux regards des gens, Alus s’était mis à étudier. Presque tous les sujets d’aujourd’hui étaient des cours standard. Aucun des sujets ne l’intéressait, alors il participait le moins possible.

*

Troisième période. Le cours avant le déjeuner.

Si Alus devait dire que c’était mieux ou pire, il le désignerait clairement comme étant pire. Parce que d’une certaine façon, tous ses cours étaient les mêmes que ceux dans lesquelles participait Tesfia et Alice.

Alus se demandait où était passé le comportement d’élève d’honneur de Tesfia. Elle n’arrêtait pas de le regarder, même si elle se trouvait plusieurs rangées devant l’endroit où il était assis, dans le coin de la rangée la plus éloignée. Cela arrivait si souvent qu’Alus se trouvait dérangé.

« Hé ! »

Malheureusement, l’appel d’Alus à Tesfia avait été capté par les oreilles acérées du professeur, qui l’avait mal interprété, pensant que c’était une réaction à un sujet du cours.

Une chaîne de malheurs s’en était suivie.

« Êtes-vous… vous êtes Alus, n’est-ce pas… ? Je vois, je vois. » Le professeur baissa les yeux vers son registre, fit une brève pause avant de continuer. « Et si vous répondiez à cette question ? » Il avait désigné l’écran à cristaux liquides.

Alus pouvait dire qu’il s’agissait d’un cours sur les mamonos d’après la créature anormale à l’écran, mais il n’avait pas écouté le cours. Il devait supposer la question en se basant sur le flux et sur l’objet de la question.

Cependant, il ne s’agissait encore que d’une conférence sur les principes de base. Avec la richesse des connaissances d’Alus, il n’y avait aucune chance que cela puisse être une question difficile pour lui. D’après ce qu’il avait pu dire, il s’agissait d’un cours sur l’origine des mamonos et la menace qu’ils représentaient.

Alus avait mis un signet dans le livre qu’il avait lu jusqu’à maintenant et s’était levé. « Les mamonos sont apparus il y a environ 100 ans. Il y a des théories quant à leur origine, mais avec une humanité si accaparée, notre technologie et nos connaissances actuelles ne suffisent pas pour pouvoir en tirer des conclusions. Cependant, la technologie de l’époque n’a pas réussi à arrêter l’avance des mamonos, et ce n’est qu’avec le déploiement de la magie dans l’armée que nous avons réussi à les en empêcher. Les mamonos sont évalués en fonction de leur force et de la menace qu’ils représentent, avec huit classes allant de F à SS. La présence d’un mamono de classe SS n’a été confirmée qu’une seule fois, il y a 50 ans. »

Alus n’était pas sûr de ce que la question avait été, mais vu que c’était un cours élémentaire, cette réponse devrait être suffisante. Il avait essayé de se rasseoir.

Cependant, l’enseignant semblait insatisfait de la réponse. « C’est insuffisant pour répondre à la question. »

L’affichage à cristaux liquides avait changé, montrant plusieurs types de mamonos. La légende disait : « Subjugation », révélant le thème de la vidéo.

Un soupir s’échappa des lèvres d’Alus. Le voici parti, abaissant le niveau de sa réponse pour qu’il corresponde au niveau élémentaire de la leçon…

Le professeur ressentait un sentiment de rivalité, probablement alimenté par l’envie face au traitement mystérieux d’Alus, et il avait déjà oublié d’utiliser des questions et réponses pour guider les élèves. Au contraire, ce fouet de malice qu’était le pointeur du professeur n’était dirigé que sur Alus.

« Selon la classe, l’armée divise les magiciens en escadrons d’asservissement et les envoie. Les escouades sont normalement formées de quatre membres ou plus. C’est le plus petit nombre de personnes nécessaires pour maintenir une formation en cas d’événement imprévu. Contre les mamonos de classe A, les escouades sont principalement composées de deux chiffres, pour les classes B et C, les trois chiffres constituent la force principale avec pour la plupart un capitaine à deux chiffres. Pour les monstres classés en dessous, les magiciens à trois chiffres et en dessous sont le plus souvent assignés. »

Le ton déjà hostile d’Alus avait maintenant complètement perdu toutes les formalités typiques d’une relation étudiant-professeur.

Les élèves avaient été laissés pour compte et stupéfaits. Ils s’étaient tous tournés vers Alus.

Le professeur avait claqué ses dents. Ses joues avaient tremblé. « Indiquez-moi alors la procédure de demande d’un magicien à un chiffre. » Vu son expression désespérée, le professeur essayait soit de protéger sa fierté en tant que professeur, soit d’essayer de se satisfaire en poussant Alus dans une impasse.

L’information concernant les magiciens à un chiffre était confidentielle et tenue secrète. Il n’y avait aucun moyen pour qu’un étudiant puisse connaître la réponse.

Mais ce n’était pas le genre de question à poser à un membre actif à un chiffre.

Tesfia jeta un regard intéressé en direction d’Alus, tandis qu’Alice avait tout son corps tourné vers lui, et était impatiente d’entendre sa réponse.

« Les neuf magiciens à un chiffre ont le même rang qu’un général, et c’est le gouverneur général qui a autorité sur eux. Normalement, on leur assigne des mamonos de classe S et plus, mais s’il n’y a pas d’ordres actifs sur eux, ils peuvent se déplacer librement. On les appelle aussi des unités de commando. Une différence entre eux et les magiciens ordinaires est que leurs missions ne sont pas principalement l’extermination de mamonos non essentiels, mais la récupération et l’expansion du domaine d’une nation, » déclara Alus.

Comme la mâchoire du professeur touchait pratiquement le sol, il n’y avait aucun doute que l’explication d’Alus l’avait complètement stupéfait.

Alus se retourna pour regarder l’écran montrant les mamonos classés différemment. « Revenons au sujet qui nous occupe… Les mamonos deviennent plus forts en mangeant du mana. C’est pour ça qu’ils visent les humains. Comme les mamonos ont aussi un organe qui génère du mana comme les humains, le cannibalisme entre eux n’est pas inhabituel. J’ai mentionné qu’il y avait huit classes, mais il y a aussi un type spécial de classe appelée Variante. C’est le moment où deux mamonos ou plus fusionnent, ou plus rarement quand un mamono cannibalise un autre mamono ou mangent un humain. Il est difficile de leur donner une classe précise, et leur classe est estimée en additionnant les classes individuelles des spécimens. Ainsi, des événements malheureux comme le fait de laisser un mamono s’échapper, pour le retrouver une fois qu’il est devenu plus fort, sont quelque chose qui arrive de temps en temps. »

Alors Alus avait laissé échapper quelque chose d’inutile.

« Pour cette raison, même les mamonos de classe inférieure peuvent atteindre une classe supérieure par le cannibalisme répété ou d’autres méthodes. Et les mamonos de haut niveau cesseront d’être bloqués par la barrière. L’avancée des mamonos est actuellement entravée par la barrière déployée par Babel au centre des sept nations, mais les chercheurs estiment que la puissance globale de la barrière s’affaiblit chaque année… »

Après avoir dit cela et regardé autour de lui, Alus avait remarqué que tout le monde l’écoutait attentivement. Et il s’était rendu compte que s’il en disait plus, il finirait par parler de secrets top secret dont même le professeur n’avait aucune idée. « Est-ce assez, monsieur ? »

« … O-Oui. Asseyez-vous, je vous en prie, » déclara le professeur.

Alus feignit le calme et s’assit silencieusement.

Il pouvait entendre des conversations emplies de curiosités autour de lui.

☆☆☆

Partie 11

C’était exact. La barrière de Babel, responsable de l’arrêt de l’avance des mamonos, s’affaiblissait d’année en année.

Il avait été dit que la raison en était que la barrière devait être élargie pour couvrir les territoires regagnés, avec comme résultat que la force globale de la barrière s’affaiblissait à mesure que la zone qu’elle couvrait augmentait.

Dans le passé, les mamonos n’avaient même pas essayé d’approcher les territoires des sept nations, mais cette tendance commençait à changer progressivement. Dans les parties de la barrière qui étaient particulièrement faibles, même les mamonos de classe B avaient réussi à la franchir.

C’était quelque chose que peu de militaires savaient. 

Bien sûr, tous les magiciens avaient remarqué le nombre croissant de missions pour faire face à l’invasion des mamonos, mais aucun d’entre eux ne spéculait à haute voix à ce sujet.

Alus avait fini par divulguer cette information, mais comme son grade était confidentiel, ses remarques seraient balayées comme les ragots oisifs d’un étudiant de première année.

Il y avait maintenant, cependant, certains connaissaient la position d’Alus… et les visages de Tesfia et d’Alice étaient devenus pâles. Elles avaient arrêté de jeter un coup d’œil vers lui.

Alus s’était réprimandé d’avoir laissé échapper quelque chose comme ça, mais comme cela l’avait libéré de leur regard, il avait décidé de laisser faire.

Cependant…

Une fois la conférence terminée, quand l’heure du déjeuner avait commencé, Tesfia s’était précipitée vers lui. Elle avait tiré de force sur son bras et l’avait traîné sur le toit, Alice suivait de près derrière eux.

Du point de vue d’un spectateur, un homme et deux femmes qui s’enfuyaient comme ça, cela avait l’air de devenir indécents… mais comme deux des trois individus étaient Tesfia et Alus, la plupart de leurs camarades de classe s’étaient dit que c’était juste une dispute de plus.

Heureusement, comme les cours venaient de se terminer, il n’y avait personne sur le toit.

Tesfia avait ouvert la porte et avait poussé Alus sur le toit. Même si ce n’était peut-être pas leur intention, la façon dont Tesfia et Alice se tenaient à côté de la porte avait bloqué sa fuite.

Tesfia avait alors dit. « Qu’entends-tu par ce que tu as dit avant ? »

« Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda Alus.

Elle n’avait montré aucun signe d’excuse pour l’avoir brutalement forcé à aller sur le toit, mais Alus n’avait pas été particulièrement offensé par cela. Il s’était déjà résigné à ce genre de chose quand il avait laissé passer l’affaire.

« À propos de l’affaiblissement de la barrière de Babel, » déclara Tesfia.

« Ai-je dit quelque chose comme ça ? » Il avait ressenti un léger mal de tête quand il s’était rendu compte qu’il devrait payer pour sa gaffe, mais il avait essayé de faire semblant d’être ignorant. En fait, c’était le seul choix qui lui restait.

« Tu l’as fait !! » s’exclama Tesfia.

Tout ce qu’il avait pu faire, c’était hausser les épaules devant l’affirmation de Tesfia.

« Monsieur Alus, est-ce vrai ? » demanda Alice.

« Alors, qu’en est-il ? Ça n’a rien à voir avec vous deux. » Il avait essayé de rendre ça ambigu, mais cela ne fait que le confirmer dans l’esprit d’Alice.

Alice le regarda d’un air triste. Le vent ébouriffa ses cheveux châtains alors qu’elle faisait un pas en avant pour clarifier sa décision. « Cela a quelque chose à voir avec nous. Nous nous efforçons de devenir des magiciens pour aussi lutter contre les mamonos… alors, ne dis pas quelque chose de si triste, » dit-elle avec audace, avec une résolution sinistre.

Mais ce n’était là que les paroles de quelqu’un qui n’avait pas encore été confronté à l’inconnu. C’était un sentiment creux, non étayé par des éléments de fond.

Mais il était trop tard pour arranger les choses maintenant.

« Encore une fois, et alors ? Ce n’est pas quelque chose que des gens comme vous peuvent faire pour l’instant, » déclara Alus.

« C’est vrai, mais…, » balbutia Alice.

La réplique d’Alus était dure, mais s’il n’allait pas aussi loin, elle ne ferait que s’accrocher. Il avait dit « des gens comme vous », mais maintenant qu’elles connaissaient ses capacités, elles n’allaient pas discuter avec lui à ce sujet.

Elles n’avaient pas d’autre choix que d’accepter calmement la différence de capacité entre eux, et de serrer les dents sur la réalité défavorable.

« Tu te trompes !! » Tesfia avait rejeté la déclaration d’Alus.

Elle n’était pas aussi téméraire et émotive qu’hier. Au lieu de cela, elle réfutait sa façon de penser avec des yeux sérieux. « S’il n’y a pas de temps, il faut avoir honte de passer les trois prochaines années dans cet Institut. Ne devrions-nous pas être prêts à nous battre à l’improviste ? »

Ses cheveux roux brillaient au soleil et ses yeux étaient empli de sérieux.

Tandis qu’Alus pensait qu’elle était déraisonnable, il trouvait son apparence rafraîchissante.

Mais quand elle avait continué vers lui en poussant le doigt contre lui, comme pour lui dire. « Qu’en pensez-vous ? » L’impression profonde qu’il avait reçue pendant un moment avait disparu, laissant derrière lui ce qui n’était qu’une fille très compétitive.

Quand on y pense, le fait qu’elle ait dit cela signifie qu’elle avait effectivement passé son temps de façon décontractée. Bien sûr, si elle avait les compétences pour le prouver, il n’aurait rien à se plaindre.

Alors qu’il se moquait d’elle dans son esprit parce qu’elle n’était qu’une simple étudiante qui n’avait jamais vu un mamono, sa conscience d’elle-même était digne d’éloges. C’était digne d’éloges, mais — .

« C’est pour ça que tu nous entraîneras à combattre les mamonos, » déclara Tesfia.

« Impossible. » Alus avait immédiatement refusé.

« — !! »

Il était évident, en le regardant objectivement, qu’il refuserait, considérant que la façon dont elle se comportait n’était pas la façon dont vous demandiez une faveur.

Cependant, pour Tesfia, cette façon de demander était le résultat d’un conflit avec sa fierté, et finalement d’en subir la honte. C’est pour ça qu’elle ne s’attendait pas à être rejetée.

La façon dont elle avait été rendue sans voix, avec ses yeux qui tournoyaient en rond, était la définition même d’être abasourdie. Elle était complètement abasourdie.

« Monsieur Alus, s’il vous plaît, » déclara Alice.

« … Je vais y réfléchir. la directrice me l’a après tout demandé, » répondit Alus.

« — !! Hé ! » Puisqu’Alice avait demandé, et que la réponse d’Alus laissait place à la considération, Tesfia était revenue à la raison et avait protesté farouchement. « Pourquoi est-ce correct si Alice te le demande ? »

« Je me fiche que tu sois noble ou quoi, mais ce n’est pas comme ça que tu demandes une faveur à quelqu’un, » répliqua froidement Alus.

« Argh… »

Il semble que Tesfia n’ait pas été en mesure de réfuter l’argument parfaitement valable d’Alus. Heureusement, il ne semblait pas qu’elle allait le condamner pour insulte à la noblesse. Pour preuve, Tesfia semblait vouloir dire quelque chose, mais elle avait ravalé ses paroles.

« Tout d’abord, consacrer du temps à des gens comme vous serait un gaspillage, » déclara Alus.

Même si ces deux-là étaient sans aucun doute les meilleurs de leur classe, elles ne pouvaient toujours rien dire à propos d’un magicien à un seul chiffre.

« … Mais la directrice a dit que tu t’occuperais de nous ! » s’écria Tesfia.

« … » Alice avait fait à Alus des yeux de chiot. Ces yeux clairs voltigeaient d’enthousiasme et d’attente, dégageant une lumière éblouissante. Le regard invitait à la compassion tout en étant étrangement doux. C’était un peu injuste.

Et elle avait raison. Cisty lui avait en effet demandé, et Alus lui avait aussi donné une réponse quelque peu affirmative.

Peut-être étais-je trop hâtif, se dit Alus en secouant la tête. « Elle a dit que… Je pense… bien, bien, et toi ? »

« Eh !? »

Il avait entendu les intentions d’Alice et la directrice lui avait demandé. Mais la rouquine boudait et ruminait encore, alors il lui avait demandé de faire la même chose.

Tesfia avait redressé sa posture, et avait raclé sa gorge. Son regard s’éloigna d’Alus, compromettant peut-être sa fierté alors qu’elle commença à rougir. Après avoir posé une main sur sa poitrine et expiré, elle avait placé une de ses jambes en arrière et avait baissé la tête. « Pouvez-vous m’apprendre... » Elle avait ensuite levé le menton, avait effectué des yeux de chiot et avait cligné des yeux à plusieurs reprises.

« … » Alus l’avait regardée d’un air vide. Quel acte évident ! Il s’agissait clairement d’une répétition de la demande d’Alice qui avait réussi.

 

 

Après quelques secondes de silence, la fatigue mentale ou le sentiment de honte de Tesfia semblaient l’atteindre alors qu’elle se détournait et rougissait à nouveau. Ses lèvres tremblaient, comme si elle retenait à peine une tempête de plaintes.

Pendant ce temps, Alice avait décidé de se taire, se grattant la joue avec un sourire ironique.

« C’est une certaine humilité fière, » dit Alus avec sarcasme, la voyant faire preuve d’une humilité si évidente qu’elle ne pouvait pas être sincère à ce sujet.

Tesfia avait réagi brusquement, lui lançant un regard haineux en raison de la honte qu’elle ressentait.

Mais comme Alus avait vu le début des larmes se former dans ses yeux, il avait décidé de l’aider. « Je plaisantais… »

« Tu es vraiment le…, » commença Tesfia.

« J’ai dit que je m’occuperais de vous, mais je vais prioriser mes propres recherches. Il n’y a aucune garantie que vous deux deviendrez des magiciens utiles, » déclara Alus.

« Qu… »

La façon unilatérale de parler d’Alus avait dû sembler horrible aux deux filles qui s’efforçaient de devenir magiciennes.

Alice poussa un soupir maladroit et se gratta la joue, mais il était évident que Tesfia, inébranlable, n’allait pas pouvoir l’accepter. Ou plutôt, si elle ne répondait pas et n’exprimait pas ses frustrations, son visage rouge ne redeviendrait jamais normal.

« Tu ne peux pas le dire tant qu’on n’a pas essayé. Peut-être qu’on deviendra assez fortes pour pouvoir se battre aux côtés de toi. » Son ton était doux, et elle ne montrait aucun signe d’éruption d’émotion comme avant.

Alus pensait qu’elle en avait déjà assez appris. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. Vous êtes considérées comme excellentes, non ? »

Alors qu’elles avaient encore des réserves, cet éloge tout à fait inattendu venant d’Alus avait momentanément fait surgir une expression de surprise sur leur visage.

« … Bien sûr, » répondit Tesfia, en mettant autant de calme dans son visage qu’elle le pouvait.

Normalement, c’était là qu’elle le déclarerait avec confiance, mais avec le magicien numéro 1 en face d’elle, personne ne pouvait lui reprocher de défaillir.

Mais Alus soupira, et corrigea le malentendu. « Ce n’est pas ce que je voulais dire. Il n’y a aucune garantie que tous les excellents magiciens seront utiles au combat. Vous n’avez jamais vu les mamonos, n’est-ce pas ? »

Son ton de voix ne les regardait pas de haut. Il ne faisait pas non plus étalage de son propre pouvoir. C’était plutôt le ton de quelqu’un de plus âgé qui parlait aux enfants, avec une certaine prudence.

Tandis que les deux filles auraient dû voir des mamonos dans leur matériel de classe, ce n’était pas ce qu’Alus voulait dire. Les deux filles le savaient manifestement, et elles hochèrent la tête. C’était tout à fait naturel.

Il n’y avait pas que ces deux filles, dans ce cas. Il ne serait pas exagéré de dire qu’aucun des étudiants de l’Institut ne l’avait fait. Alus disait qu’elles étaient encore inexpérimentées. Il croyait que vous n’étiez pas un magicien à part entière jusqu’à ce que vous ayez au moins tué un mamono.

En fait, c’était l’événement critique après laquelle on pouvait dire si une personne serait utile ou non en tant que magicien. Une montagne que tous les magiciens avaient dû traverser.

Ce n’était pas tout ce qu’il y avait de nécessaire pour être un magicien, mais Alus avait laissé cela de côté pour l’instant et avait continué. « Il y a ceux qui ne peuvent pas utiliser la magie face à un mamono. Si cela se produit, il sera très difficile pour ce magicien de sortir dans le monde extérieur. Donc, même si je vais de l’avant avec votre formation et que vos rangs augmentent un peu, on ne sait pas si cela mènera vraiment à quelque chose. »

« Hmph… ce n’est pas un problème. C’est quelque chose qu’on découvrira quand on essaiera, » déclara Tesfia.

Tesfia avait ignoré l’affaire, mais d’après l’expérience d’Alus, c’était le genre de personne qui était inutile au combat, et il lui avait fait un regard cynique. Il n’avait rien dit à haute voix parce qu’il ne voulait pas répéter la même erreur qu’avant.

Les gens acceptaient les choses différemment. Alice, contrairement à Tesfia, accepta les mots d’Alus comme ceux du magicien n° 1 avec un regard doux sur son visage.

Quelqu’un comme Tesfia qui avait sous-estimé son adversaire était un problème. Et il n’y avait rien à gagner à agir timidement avant même le début d’une bataille, comme Alice. Il ne s’agissait pas de savoir si l’une était meilleure que l’autre, mais Alus croyait que le premier était plus susceptible de mourir tôt.

« Nous allons commencer aujourd’hui, » déclara Tesfia.

Le léger mal de tête d’Alus s’était aggravé lorsque Tesfia avait pris le contrôle. Même la dignité d’être classé premier n’avait aucune chance face à cela. Bien sûr, c’était juste limité à Tesfia.

Mon temps…

Soudain, Tesfia avait hésité, marmonnant. « Alus et Alice… » Elle s’était mise à parler toute seule, à ruminer quelque chose. « … C’est trop déroutant. »

Qu’est-ce que cette rousse dit ? Alus se déclara ça à lui-même alors qu’une envie sérieuse de retourner à la salle de classe commençait à gonfler à l’intérieur de lui. Mais avec les filles devant la porte, sa voie d’évacuation était bloquée. C’est pourquoi il attendait silencieusement qu’elle continue.

« C’est trop déroutant, alors changeons ton nom, » déclara Tesfia.

Cet ordre hors du commun lui avait été donné par quelqu’un qui le connaissait depuis deux jours.

Cette suggestion laissa même Alice abasourdie, et sa mâchoire se relâcha avant de se transformer en un sourire amer. Finalement, elle s’était excusée auprès d’Alus, comme pour dire qu’elle était habituée à l’arrivisme de sa meilleure amie.

Même si toute logique avait été ignorée, c’est Alice qui devrait changer son nom, pas lui. Ou j’aimerais le dire, mais ce n’est pas le moment. En fait, pourquoi dois-je m’impliquer dans quelque chose d’aussi illogique, Alus s’était dit qu’il en avait assez de se sentir rejeté par elle. « Continue de parler. »

Répondre à Tesfia était un gâchis… mais le dire l’énerverait. Ou peut-être pas, en posant le doigt sur son menton et en disant : « Et Al ? Tu es Alus, alors… Al. »

« Comment suis-je censé répondre à ça ? » Alus avait eu du mal à répondre à un surnom qu’il n’avait jamais reçu auparavant. Quand il avait été dans l’armée, il y avait eu une période où on l’appelait par son numéro, mais il avait été appelé par son nom bien plus souvent.

Non, il y en avait un qui l’avait appelé comme ça…

Alice, contrairement à un Alus confus, semblait heureuse. « Oui, c’est bien. Monsieur Al semble plus accessible. »

« Alors c’est décidé. » La suggestion surprenante avait été approuvée après l’implication d’Alice. Il semblait que la propre volonté et l’assentiment d’Alus n’étaient absolument pas nécessaires à la décision.

Cependant, le « Monsieur » d’Alice était quelque chose qu’il ne pouvait pas ignorer, alors il avait décidé d’arranger ça. « Alice, tu n’as pas besoin d’ajouter un Monsieur à mon prénom. Je n’ajouterai pas de Mademoiselle au tien. »

« C’est vrai, c’est un peu formel. » Alors qu’un sourire éclatait était présent sur le visage d’Alice, toute raideur d’hier disparut.

« Al, hein…, » Alus avait bougé la bouche, mais il n’était pas sûr si sa voix sortait. La seule chose dont il était sûr, c’est que Tesfia et Alice ne l’avaient pas entendu. C’était juste une syllabe de moins, mais le son était complètement différent et cela lui avait laissé une sensation étrange. C’était une émotion qu’il n’avait jamais ressentie auparavant, presque vexante ou chatouilleuse.

Peut-être parce qu’elles avaient son âge… Quoi qu’il en soit, il ne ressentait pas un fort sentiment de rejet à son égard. Tout au plus, il se sentait bêtement concerné par sa dignité en tant que numéro un apparemment en voie de disparition.

Par conséquent, Tesfia et Alice étaient probablement les seules à se sentir soulagées et rafraîchies par cela.

« Ah !! On doit se dépêcher de rentrer !! » déclara Tesfia.

Alus n’avait pas l’impression que beaucoup de temps s’était écoulé, mais Tesfia l’avait crié, puis s’était rapidement précipitée et avait posé sa main sur la poignée de la porte avant de retourner vers Alus. « Merci, Al... désolée d’avoir pris ton temps. » Ses mots de gratitude semblaient loin d’être heureux.

Eh bien, cela s’améliorerait probablement avec la connaissance de l’autre, mais si elle se sentait gênée par un surnom qu’elle avait elle-même trouvé, elle n’aurait rien dû dire au départ… Alus pensa avec exaspération à tout cela.

Mais alors qu’il pensait cela, Tesfia avait déjà franchi la porte.

Et avant qu’Alice ne la suive, elle s’inclina poliment devant Alus avec un visage plein de joie. « Merci, on se voit après l’école, Al ! »

« Qu’est-ce que tu fais, Alice ? Si tu ne te dépêches pas, l’heure du déjeuner sera passée, » déclara Tesfia.

Alice avait répondu à la voix de Tesfia de l’autre côté de la porte avec un « J’arrive » et avait quitté le toit.

Laissant Alus juste derrière. « En parlant d’égoïsme, » il marmonnait à lui-même.

Bien sûr, ces paroles s’adressaient à Tesfia. Elle l’avait forcé à monter sur le toit, et dès qu’elle avait fini, elle l’avait laissé seul. Quelqu’un qui regarderait pourrait mal interpréter la situation comme si Alus avait été rejeté par Tesfia et Alice.

☆☆☆

Partie 12

Cela avait pris un peu de temps jusqu’à ce qu’Alus songe à retourner dans l’école pour le déjeuner.

« … Je suppose que je vais aller à la cafétéria aujourd’hui. » Sa voix résignée présentait un soupçon de fatigue mentale mêlée à ça. Il s’agissait de quelque chose qu’un repas du midi n’aurait pas pu dissiper alors que cette fatigue s’était accumulée en lui.

Mais il avait manqué de chance sur la route qu’il avait choisie pour éviter toute attention.

Alus avait décidé de passer par le couloir du deuxième étage près du laboratoire de recherche de la faculté, couramment utilisé uniquement par le personnel.

« Monsieur, à propos de votre cours sur les mamonos… » La voix d’une fille qu’il avait entendue il y a quelques instants lui avait atteint les oreilles.

Avec la porte entrouverte, sa voix avait atteint le couloir. L’image d’une étudiante d’honneur passionnée était apparue dans l’esprit d’Alus. C’était des choses qu’Alus savait déjà, et elle aurait pu le lui demander, mais il était étudiant et avait des responsabilités différentes de celles d’un enseignant.

Eh bien, on n’y pouvait rien. En fait, le simple fait de l’entendre lui avait donné envie de grogner un peu.

Alus passa sans s’arrêter, jetant simplement un coup d’œil dans le laboratoire. Là, il vit la petite fille aux cheveux roux, ouvrant un texte à deux mains. Son ton était enthousiaste comme toujours, et ses yeux étaient sérieux.

Bon sang, comme c’est impatient…

Alors qu’il pensait cela, il lui vint à l’esprit qu’il pourrait devoir revoir son opinion d’elle.

En fin de compte, elle était immature et inflexible, et elle essayait d’être sincère envers elle-même tandis que sa fierté de noble et son visage d’étudiante d’honneur la pesaient.

Elle était, à sa façon — droite, pure et innocente à cause de cela.

Alus était plus loin sur ce chemin, mais il sentait qu’il ne devait pas se mettre en travers de la route pour qu’une jeune pousse puisse se développer. Mais c’était une façon de penser qui ne correspondait pas à son âge. Il se sentait même vieux, en y pensant.

Comme il n’avait vécu que 16 ans, il était trop jeune pour avoir cet état d’esprit.

« Je crois que vous en avez parlé pendant le cours, mais il y a quelque chose que je n’ai pas compris au sujet de la Classe A. Ce qui m’intrigue, c’est ce texte qui parle de “mitose”… »

« Ah, oui, à propos des clones produits par reproduction asexuée… »

Alus n’était pas resté pour écouter. Il s’en était allé avec un sourire ironique alors que le professeur semblait hésiter à parler.

Il s’agissait d’une question liée à l’origine de mamonos, en d’autres termes, l’embryologie. Et lorsqu’il s’agissait de cloner la technologie, que l’humanité n’arrivait pas à perfectionner, il n’y avait aucun moyen pour qu’un enseignant puisse répondre. S’il le pouvait, ça répondrait à de multiples mystères autour des mamonos. Il en résulterait une amélioration spectaculaire des connaissances de l’humanité sur les mamonos.

Mais cette question née du doute pur avait fait douter Alus de son sens.

Même si elle recevait gentiment une explication du professeur, elle ne comprendrait probablement rien à tout cela.

Alus avait continué à se diriger directement vers la cafétéria, mais quand il y était arrivé…

« C’est sûr qu’il y a du monde. » Mais rebrousser chemin dès l’arrivée lui avait semblé être un trop grand gaspillage. Pendant qu’il grimaçait face à la congestion, il avait choisi de l’endurer et de s’aligner pour pouvoir s’y référer à l’avenir.

La cafétéria était comme un marché alimentaire, avec des entreprises alimentaires célèbres alignées les unes à côté des autres, y compris beaucoup de restaurants bien connus adaptés pour la prestigieuse Seconde Institue de Magie.

Alus sentait qu’il perdait son temps, mais il avait quand même déplacé ses yeux sur les multiples menus du tableau lumineux. Fondamentalement, il n’avait besoin que de se nourrir, mais avec tant de choix, il ne savait pas trop quoi choisir.

Après avoir choisi le plat du jour, le tour d’Alus était arrivé. Une vieille dame bien rangée était au comptoir, portant un bandana triangulaire et un tablier, avec un large sourire sur le visage.

« Je prendrai le plat du jour, » déclara Alus.

La vieille dame avait un regard empli de doute dans les yeux alors qu’elle tendait la main.

« Quoi ? » demanda Alus.

« Où est votre ticket restaurant ? Est-ce votre première fois ? » demanda la femme.

« C’est exact, » déclara Alus.

Après avoir acquiescé d’un signe de tête compréhensif, la vendeuse avait pointé son doigt, comme pour dire « Là-bas ». Dans cette direction, il y avait un distributeur de tickets-repas, avec encore une autre ligne de personnes.

Saisissant le sens, Alus avait quitté le comptoir, la tête basse. Une expression troublée apparut sur son visage à l’idée de faire la queue à nouveau.

Dans les cafétérias militaires, il suffisait d’apporter un plateau et la nourriture était mise sur le dessus. Mais il semblait qu’un institut ordinaire était différent.

Alors que les cours de l’après-midi approchaient rapidement, Alus atteignit le distributeur automatique, mais alors il fronça les sourcils dans la confusion. Le distributeur automatique était rempli à ras bord de touches tactiles. Le simple fait de chercher le plat du jour était pénible.

« Pfft, le fait d’avoir beaucoup de choix n’est pas si génial… hm ? » murmura Alus.

Assez perplexe, peu importe combien de fois il avait appuyé sur le bouton, aucun ticket-repas n’avait été émis. Après avoir attendu si longtemps, sa frustration s’accumulant, Alus sentit une irritation s’accumuler à l’intérieur de lui.

Pour une raison ou une autre, les gens autour de lui l’avaient regardé comme s’il était un péquenaud de la campagne. Certains semblaient même se moquer de lui.

Il s’en fichait, mais comme c’était le résultat de ses efforts, les bords de sa bouche avaient tremblé. Et son index était déjà plié vers un poing.

« H-Hey ! Qu’est-ce que tu fais ? »

Quand Alus s’était retourné, il avait vu la rousse qu’il avait croisée. Et elle avait l’air un peu abasourdie.

« J’abandonne. Jusqu’à quel point essaies-tu d’attirer l’attention sur toi, en agissant de cette façon devant tant de gens ? » demanda-t-elle.

« Qu’est-ce que je suis censé faire ? Ce truc s’est cassé juste quand c’est devenu mon tour, » déclara Alus.

« Pousse-toi de là, » déclara Tesfia.

En regardant Tesfia couper à travers la ligne, Alus se plaça sur le côté.

Se tenant à bonne distance d’Alus, elle posa les mains sur ses genoux et se pencha en regardant le distributeur automatique.

Elle avait de longs cils, une peau fine et un nez droit. Objectivement, son attrait en tant que femme se détachait. Mais Alus ressentait encore un certain doute.

Juste à ce moment-là, Tesfia, sentant peut-être son regard, l’avertit d’un murmure. « La directrice t’a dit de ne pas attirer l’attention pour protéger ton secret, non ? » Après ça, elle s’était tournée vers le distributeur comme si elle n’avait pas le choix.

En voyant Tesfia examiner la machine, le spectacle s’était terminé alors que les regards le ridiculisant disparaissaient. Cependant, il n’y avait bien sûr aucun message d’erreur.

Après quelques secondes, Tesfia poussa un soupir. « N’as-tu jamais utilisé de distributeur automatique ? »

« Je les connais, mais je n’en ai jamais utilisé. Dire que j’aurais été rejeté à ma première tentative…, » déclara Alus.

« Bon sang, as-tu vécu sous un rocher ? » demanda Tesfia.

Alors que Tesfia déclara ça, elle avait montré du doigt le message « Insérez la monnaie » dans le coin de l’écran. « Comptais-tu manger sans payer ? » Elle avait l’air amusée par le comportement d’Alus, autant qu’elle avait l’air étonnée.

Cependant — .

« Hein ? Me dis-tu que ce truc veut me faire payer ? » demanda Alus.

« Hé !! » Tesfia avait tiré sur sa manche et l’avait forcé à se baisser. Elle s’était accroupie alors au même niveau, mettant sa main autour de sa bouche. « Es-tu fou ? Ce sont tous des restaurants de haute qualité, bien sûr ils ne te nourriront pas gratuitement ! Si tu veux manger, tu paies. C’est du bon sens ici. Même si tu n’as pas l’argent en main, tu peux utiliser ta carte de paiement de nos jours. Par ici, tu vois ? » Elle avait expliqué tout cela comme si elle faisait la leçon à un enfant.

« Je ne me balade pas avec ma licence, » déclara Alus.

« Hein ? N’as-tu jamais rien acheté sur le terrain de l’Institut ? » demanda Tesfia.

« Bien sûr que je l’ai fait. Mais je n’ai jamais utilisé l’argent pour me nourrir. De plus, j’avais l’intention de jeter ma licence à la poubelle quand je suis entré à l’Institut, » déclara Alus.

En entendant la remarque erratique d’Alus, Tesfia avait jeté un coup d’œil autour d’eux. Heureusement, il semble que personne ne les espionnait.

Et bien sûr, ils ne le feraient pas. Dans un autre univers, Alus aurait pu être à six ou sept chiffres. Et face à ce genre de résultat, Tesfia pourrait comprendre que quelqu’un veuille se débarrasser de sa licence par pure déception.

Non, elle ne pourrait pas non plus comprendre ça.

Le plus important, c’est qu’il avait reçu sa licence de la principale. Elle ne savait pas s’il l’avait jetée de nouveau, mais il était difficile d’imaginer que quelqu’un qui jetterait quelque chose d’aussi précieux l’emporterait avec lui.

« Ce qui veut dire…, » déclara Tesfia.

« Je n’ai même pas un sou, » déclara Alus.

« Bien sûr…, » déclara Tesfia.

Tesfia s’y attendait, mais en entendant Alus le dire à voix haute, elle avait affaissé ses épaules. Elle avait ensuite sorti sa licence de sa poche et avait froncé les sourcils pendant un moment, avant de l’appuyer contre le capteur du distributeur automatique. « Urk... !? » Un glapissement amer lui échappa de la gorge.

Après cela, ses épaules étaient tombées encore plus bas. « Qu’est-ce que tu prends ? »

Elle avait dû japper en voyant le solde restant, et Alus se souvient d’avoir vu des militaires réagir de la même façon au sujet du solde de leur compte. « Et toi, qu’en penses-tu ? N’es-tu pas venue ici pour manger ? »

« Je suis par là-bas. J’ai demandé à Alice d’acheter quelque chose pour moi pour que je l’apporte en classe, alors j’aimerais vraiment me dépêcher. » Tesfia était probablement seule parce qu’elle avait une question pour le professeur. Elle indiqua la direction d’un kiosque un peu bon marché parmi le grand nombre de boutiques somptueuses. On aurait dit le genre de kiosque où les étudiants en difficulté financière pouvaient manger.

« N’es-tu pas de la noblesse ? Es-tu à court d’argent pour le déjeuner ? » Alus s’exprima de façon réfléchie, avant de se maudire à l’intérieur. C’était la vérité qu’il n’avait pas une haute opinion de la noblesse. Mais vu la fierté de Tesfia, sa remarque était probablement imprudente.

Il avait déjà assez attiré l’attention avec le problème du distributeur automatique. Mais contrairement à ses attentes, la réaction de Tesfia avait été calme. « Hmph, bien sûr que non. J’ai demandé à ma mère l’impossible en étant autorisée à entrer dans l’Institut. Elle paie déjà les frais de scolarité, alors je fais le reste toute seule. »

Ses paroles semblaient rebelles, mais son ton n’était pas dur. Elle avait accepté sa situation à la suite de son propre choix. Tout en souriant.

Elle ne le rejetait pas non plus. Elle faisait du mieux qu’elle pouvait par ses propres forces, alors elle pouvait honnêtement se vanter.

Alus avait l’impression d’avoir vu un côté inattendu de Tesfia. Cela dit, il n’était pas du genre à être réservé. « D’accord, alors je t’emprunterai ton déjeuner. Je pourrais aussi bien manger au kiosque. »

« C’est très bien. Je te rends juste la faveur…, » déclara Tesfia.

Après avoir chuchoté cela, Tesfia avait soudain fait une expression sérieuse avant de continuer, semblant quelque peu mortifiée. « La vérité est que… je sais. Tu te retenais pendant le simulacre de bataille, n’est-ce pas ? »

« Hm ? Non, c’est —, » commença Alus, puis son regard se tourna vers le sujet inattendu.

En revanche, Tesfia sourit largement. « Je suis toujours à quatre chiffres, après tout. Eh bien, je n’ai pas pu le dire tout de suite, mais après avoir pris le temps d’y réfléchir… »

« — Je vois. Désolé. »

Il n’avait pas à s’excuser pour ça, mais Alus se sentait étrangement agité.

« Si ça ne te plaît pas, pourquoi ne le vois-tu pas comme mes frais de scolarité pour tes leçons ? » demanda Tesfia.

« Hmm… »

Alus avait réfléchi un instant à cette suggestion. Cela semblait raisonnable à titre de compromis, mais normalement, les frais de scolarité pour les leçons classées actuellement au premier rang étaient beaucoup plus élevés que ceux d’un déjeuner.

Cependant, il pourrait le considérer comme un investissement dans ses faibles perspectives. Alus avait la mauvaise habitude de toujours voir ce genre de choses d’une manière pragmatique. Après s’être convaincu par la force, il avait accepté sa suggestion. « Alors c’est ce que je vais faire. »

Il pensait qu’il n’était pas nécessaire de répondre à sa bonne volonté avec cynisme.

Alors qu’il avait répondu, il s’était dirigé vers le kiosque, suivant le petit dos de Tesfia quelques pas devant lui comme guide. En regardant sa queue de cheval rebondissante, il se dit qu’elle était sincère malgré son manque d’argent.

Quand il pensait comme ça, il ne pouvait plus sentir ce côté piquant venant de son petit corps.

Pendant ce temps, Tesfia s’était arrêtée sur ses pas. « Quoi ? » Elle se retourna et son regard suspicieux montra une méfiance évidente, même si ses mouvements étaient timides et maladroits.

« Qu’est-ce que tu veux dire par quoi ? » demanda Alus.

« … Si tu as quelque chose à dire, dis-le. Tu me regardais fixement. » Apparemment, elle était très consciente du regard d’Alus.

En fait, il avait pensé à quelque chose en la regardant. « Eh bien… » Alus hésita un instant, mais la suspicion dans les yeux de Tesfia ne disparut pas. Au contraire, c’était devenu plus fort.

Mais les mots suivants d’Alus avaient provoqué une situation inattendue, bien qu’il n’ait pas beaucoup de sens pour lui. Il posa la main sur son menton et dit ce qu’il avait en tête. « Quand je te regarde, je pense, tu es plutôt mignonne. Tu es naturellement belle et tu as l’air d’être populaire auprès des garçons… voilà ce qui… j’étais en train de réfléchir. »

Les épaules de Tesfia tremblèrent, et elle se retourna comme pour s’enfuir au lieu d’attendre pour entendre tout ce qu’il avait à dire.

C’était exact — comparé à la plupart des filles, il y avait une différence claire entre sa beauté et la leur. C’était évident d’après les regards qu’elle recevait de ceux qui l’entouraient. Même ses yeux inébranlables étaient adorables.

Bien sûr, ce n’était qu’une évaluation générale et non quelque chose dont Alus lui-même était particulièrement conscient. Et c’est pourquoi il ne comprenait pas les regards jaloux qu’il recevait des étudiants masculins.

C’est probablement ainsi parce qu’Alus, ayant grandi dans le monde extérieur, ne sentait aucune attirance pour la beauté d’un bijou intouchable. Mais il sentait son cœur purifié par son sourire naïf et innocent. C’est pour ça qu’il l’avait mentionné si gentiment.

Il n’y avait pas eu de signification plus profonde en arrière-plan, c’était juste quelque chose qui était sorti de sa bouche.

La zone environnante était devenue silencieuse de façon inattendue. C’était probablement parce qu’ils avaient entendu ce qu’Alus avait dit. Alors que la cafétéria qui était pleine d’agitation était maintenant silencieuse, la voix d’Alus s’éleva jusqu’au couloir.

« Quoi — ! Qu’est-ce que tu dis… ?? » La voix de Tesfia était faible, son dos tourné vers Alus.

Voyant cela, Alus avait parlé d’un ton perplexe. « Hé, et maintenant. » Il était passé devant elle et s’était retourné. Quand il l’avait fait, il l’avait vue presser sa licence contre sa poitrine pour calmer son cœur battant la chamade. Son visage était visiblement rouge, ses yeux baissés et ses lèvres tremblaient. « Si on ne se dépêche pas, l’heure du déjeuner va se terminer. »

« Tais-toi !! … Idiot… C’est ta faute… » répliqua Tesfia, tout en se dirigeant rapidement vers le kiosque et en ramassant de la nourriture sans dire un mot. Ensuite, elle avait déposé sa licence en disant : « Tenez, madame, » et elle avait payé la facture.

« Hé, ma nourriture… »

Tesfia avait déjà terminé sa transaction, donc la voix d’Alus était vaine.

L’instant d’après… « Fia, hey ! » Une voix s’était fait entendre de loin, peut-être après s’être lassée d’attendre.

En regardant dans cette direction, Alus pouvait voir Alice agiter la main avec un sourire éclatant. « Oh, on dirait que ton amie est là — Hé ? » Alus avait encore essayé de regarder son visage.

Mais son corps avait sauté comme un diable à ressort.

Il n’avait aucune idée de ce qu’elle pensait, mais après son saut, elle avait couru vers Alice. Le visage de Tesfia était rouge betterave, mais Alus n’avait aucun moyen de le savoir.

« Euh, alors que dois-je faire ? » Il se gratta la joue avec un regard perplexe tout en observant la rousse rebondir.

Finalement, n’ayant pas d’autre choix que de la pourchasser, Alus avait déjeuné avec une Tesfia au comportement suspect et une Alice confuse qui veillait sur elle.

☆☆☆

Partie 13

Après l’école ce jour-là, Alus avait fini par s’occuper des deux excellentes novices.

Il n’était pas nécessaire de dire que cela avait bouleversé les plans d’Alus.

Il s’était déjà préparé à sacrifier ses heures de sommeil pour compenser. Cela dit, avec les événements qui s’étaient produits au déjeuner, ce n’était pas si difficile de changer de rythme. Il s’attendait à quelque chose comme ça, c’est pour cela qu’il avait séché les cours pour la 5e et la 6e heure.

Passant le temps efficacement et s’arrêtant au bon endroit, Alus avait fouillé dans les bagages qu’il avait apportés à son arrivée. « Je suis sûr de l’avoir apporté dans mes bagages… !! »

Devant lui se trouvait une valise assez grande pour contenir une personne. Quand il était arrivé à l’Institut, il l’avait farci de force avec ses articles personnels. Malheureusement, il n’y avait rien dedans qui pourrait intéresser les garçons et les filles de son âge.

Mais c’était peut-être une montagne de trésors pour ceux qui étaient profondément impliqués dans la magie.

En réalité, comme Alus avait toujours été dans l’armée, il n’avait jamais eu le temps de se consacrer à la mode, aux passe-temps ou autres loisirs. D’un autre côté, il n’avait jamais eu les dispositions ou l’envie de s’adonner à des passe-temps ou à des divertissements.

Obtenir le grade de numéro un n’était pas le fruit du hasard. Il ne pouvait pas passer du temps sur un tas de passe-temps juste parce qu’il avait du talent.

Finalement, Alus avait trouvé ce qu’il cherchait. Il était au fond de la malle, clairement visible. Certains diraient même que c’était un déchet.

Il ressemblait à un morceau de bois ordinaire. Mais sa surface était différente.

S’il n’y avait eu qu’un morceau d’écorce, ça aurait été une chose, mais personne de sensé n’aurait voulu y toucher.

« Apporter ça était le bon choix, » murmura Alus.

C’était quelque chose qu’il avait utilisé pendant son entraînement dans l’armée. Ce n’était pas quelque chose que l’armée avait fourni, et c’était un objet personnel. Il n’était pas fait de bois, et ce n’était pas quelque chose d’aussi simple qu’une arme d’entraînement.

Après tout, le matériel utilisé faisait partie d’un mamono (variante, estimée de classe A) appelé Salqueroit qu’Alus avait tué.

Alus l’avait fait fabriquer spécialement, avec la carapace du mamono comme composant principal. Il avait également eu pour effet de perturber le mana. Plus précisément, lorsqu’il détectait le mana, il allait rapidement le faire osciller et le disperser.

Quoi qu’il en soit, cela serait utile pour l’entraînement de Tesfia et d’Alice, et surtout, Alus n’aurait pas à perdre son temps précieux entre-temps.

Il s’agirait d’un menu de formation irresponsable, mais il faudrait que les deux parties considèrent cela comme quelque chose d’inévitable.

Le carillon, signalant la fin des cours pour aujourd’hui et le début de l’impitoyable assaut de l’après les cours, avait retenti.

Mais tous les élèves étaient ambitieux. Les cours étaient peut-être terminés, mais seuls quelques étudiants étaient rentrés chez eux tout de suite.

De nombreux étudiants s’étaient rassemblés sur les terrains d’entraînement après l’école. Hier, il était réservé à trois étudiants — plus une personne — mais c’était généralement un point chaud pour les étudiants, quelle que soit leur année scolaire.

Bien sûr, si l’on ne réservait pas une place bien, il n’y aurait pas de place libre. De plus, les troisièmes années proches de l’obtention du diplôme avaient été classées par ordre de priorité dans les réservations. La raison pour laquelle tant d’individus de la classe inférieure les observaient était d’étudier leurs techniques dans leurs batailles simulées.

Il était donc inévitable que la plupart des spectateurs soient des étudiants de première année.

Tesfia et Alice étaient convaincues que l’entraînement d’Alus aurait lieu sur les terrains d’entraînement, c’est pourquoi elles s’y étaient rendues directement. Cependant, les terrains étaient déjà pleins d’individus de troisième année.

« Hein !? »

Les deux filles avaient déjà revêtu leur uniforme d’entraînement. Mais en voyant les terrains d’entraînement pleins à craquer, elles avaient failli laisser tomber leurs AAR en raison d’une déception totale.

En même temps, elles étaient bombardées de regards. Bien qu’il ne soit pas clair si c’était dû au fait que les élèves de la classe supérieure étaient subjugués par les deux belles filles, ou si on les regardait de haut pour être arrivée en retard. Quoi qu’il en soit, la plupart des élèves avaient arrêté ce qu’ils faisaient lorsque les deux filles étaient arrivées.

« Ce type ne s’est pas enfui, n’est-ce pas !? » demanda Tesfia.

« Je ne pense pas qu’il le ferait. Et maintenant que j’y pense, nous n’avons pas vraiment décidé d’un lieu, » déclara Alice.

Tesfia avait des soupçons, mais Alice l’avait calmée grâce à un bon raisonnement. Mais même Alice n’avait pas pu s’empêcher de sourire amèrement à la façon dont Tesfia appelait le magicien n° 1 « ce type ». Elle pensait que Tesfia était trop gênée pour utiliser son surnom.

Eh bien, sans ce qui s’était passé entre Tesfia et Alus, Tesfia aurait pu montrer plus de respect et utiliser son propre prénom.

Bien sûr, Alice ne savait pas ce qui s’était passé à la cafétéria.

« Alors où est-il !? » demanda Tesfia.

« … » Alice n’avait pas la réponse à cette question, alors que tout ce qu’elle pouvait faire, c’était incliner la tête.

Un peu plus tard, les deux filles étaient arrivées dans un nouveau bâtiment qui avait été construit cette année sur un espace dégagé sur le vaste terrain de l’Institut. Il n’était pas loin des bâtiments principaux et semblait destiné aux nouveaux membres du corps professoral. Par conséquent, avec si peu d’enseignants présents, ce n’était pas un endroit où les élèves pouvaient s’approcher. Et il avait fallu un certain temps avant qu’elles n’atteignent le dernier étage de l’immeuble.

Ça avait été plus dur qu’elles ne l’auraient cru pour retrouver Alus. Quittant le terrain d’entraînement, elles s’étaient dirigées vers le dortoir des hommes et avaient demandé le numéro de chambre d’Alus Reigin à l’accueil. On leur a dit qu’il n’y avait pas d’étudiant de ce genre dans le dortoir.

Après s’être promenées pendant un certain temps, elles étaient passées devant le bureau de la directrice, se rendant compte qu’elles pouvaient simplement le demander à la directrice Cisty.

La directrice avait été déconcertée par le fait qu’elles n’avaient même pas frappé avant d’entrer dans son bureau, mais c’était probablement inévitable, bien que Tesfia ait fait quelque chose d’aussi irréfléchi, ce qui était indigne de la noblesse.

La directrice Cisty pouvait plus ou moins deviner leur situation et ne les avait pas réprimandées. Si cela avait été quelqu’un d’autre que Tesfia et Alice, le résultat aurait probablement été différent. Pour maintenir l’ordre dans l’Institut, elle les aurait fait subir un enfer… c’est du moins ce qu’elle voulait croire.

Elle leur avait finalement dit où se trouvait Alus et elles avaient quitté précipitamment le bureau de la directrice, ignorant que Cisty les regardait affectueusement.

« Est-ce vraiment le bon endroit ? » demanda Tesfia à Alice. C’était une question rhétorique. Après tout, personne ne pouvait se tromper sur l’endroit dont la directrice leur avait parlé.

La dernière zone de l’immeuble, tout en haut, était tout un étage fait pour une seule personne.

Il y avait une porte de sécurité de pointe, mais elles ne sentaient aucune atmosphère lourde ou oppressante devant elle. Au contraire, c’était anormalement simple. Le panneau sur le côté de la porte d’apparence normale était évidemment une serrure de sécurité. Cela allait fonctionner en plaçant la paume de votre main sur le panneau, puis il lisait ensuite les informations de votre mana. Et la porte ne s’ouvrirait qu’aux utilisateurs autorisés.

Tesfia avait enfoncé la sonnette.

Peu de temps après, la porte s’ouvrit lentement. Bien que la porte paraissait simple, elle était aussi épaisse que la main d’une personne.

Les deux filles avaient jeté un coup d’œil timidement à l’intérieur, et avaient vu des machines et des outils qu’elles n’avaient jamais vus auparavant. Contrairement à l’aspect flambant neuf de la pièce, elles sentirent l’odeur des moisissures provenir de là. En regardant de plus près, elles avaient vu de petites piles de livres si vieux qu’ils ne seraient jamais placés sur une étagère. Les murs étaient blancs et semblaient brillants.

« Tsk, donc vous êtes déjà là, » déclara une voix d’homme.

Tesfia et Alice avaient entendu un clic de langue quelque part. Elles avaient regardé autour d’elles, mais n’avaient pas trouvé Alus.

En y regardant de plus près, elles avaient constaté que la salle était quatre fois plus grande qu’une salle de classe ordinaire pouvant accueillir 40 élèves. La taille était anormale en soi, après tout, elle était beaucoup trop grande pour être utilisée par une seule personne. Même les piles de livres et les machines n’occupaient que la moitié de l’espace.

Finalement, elles avaient trouvé le propriétaire de la voix, au-delà de toutes les choses qui se trouvaient sur le chemin.

À ce moment-là, la colère de Tesfia s’était quelque peu dissipée. Au lieu de cela, une question lui était venue à l’esprit, qu’elle avait lancé grossièrement vers Alus. « C’est quoi, cet endroit ? »

Alus était assis sur un fauteuil inclinable spécial, derrière un bureau massif qui semblait aussi cher que le bureau de la directrice. Si quelqu’un qui ne connaissait pas le classement d’Alus avait vu son traitement, il se serait plaint. En fait, certains enseignants s’étaient déjà plaints à la directrice, alors Alus avait donné aux deux filles, qui connaissaient sa situation, une description brusque. « … C’est mon laboratoire, et alors ? Ça et ma chambre. »

Il inclina la tête, se demandant pourquoi elle demandait l’évidence.

« Pourquoi c’est juste toi… même moi je dois vivre dans le dortoir, » déclara Tesfia.

Le laboratoire était immense, mais la chambre d’Alus n’était pas si différente de celle d’un dortoir ordinaire. La cuisine était très avancée, mais comme Alus était le contraire d’un gourmet, elle était complètement gaspillée pour lui.

Cela dit, le point principal de la plainte de Tesfia était qu’Alus était le seul à ne pas vivre dans un dortoir.

« Tesfia, Monsieur Al est…, » Alice s’interposa, parlant en son nom et essayant de faire comprendre à Tesfia la hiérarchie en jeu.

« C’est tout à fait naturel. Vu mes réalisations, même ça, c’est rien du tout, » déclara Alus.

« Grr… » Comme prévu, Tesfia était à court de mots. Elle ne savait pas exactement quelles étaient ses réalisations, mais elle pouvait supposer qu’elles étaient supérieures à ce qu’elle pouvait imaginer, compte tenu de son classement.

« Quoi qu’il en soit, Al, nous étions sûres que les leçons auraient lieu sur les terrains d’entraînement. » Pressée par le temps, Alice revint au sujet principal.

Elles avaient déjà repris leurs uniformes habituels. Puisqu’Alus était dans sa propre chambre, il n’avait pas à se soucier de l’heure, mais il était mal vu de garder une fille dans votre chambre tard dans la nuit. C’était mal de gagner ce genre de réputation à l’Institut.

« Elle a raison. Depuis combien de temps penses-tu que nous te cherchions ? Si tu dis maintenant que l’entraînement commencera demain, je ne te pardonnerai pas. » Tesfia serra le poing fermement, comme pour se venger de lui pour l’avoir coincée verbalement. Cela ne fonctionnait pas comme une menace contre Alus, mais il était vrai que plus d’une heure s’était écoulée depuis le dernier cours de la journée.

Vu la saison, il faisait encore beau… mais comme Tesfia vivait dans un dortoir, Alus s’était dit qu’elle avait un couvre-feu. « Je sais, » dit-il, en regardant autour de lui comme s’il cherchait quelque chose.

Soudain, les expressions de Tesfia et d’Alice avaient changé. Enfin… des leçons du plus fort magicien en service actif allaient commencer. Cela avait fait battre leur cœur, et leurs attentes les avaient poussées à saisir encore plus fort leurs AAR.

« Rangez ces choses dangereuses. Que comptez-vous faire dans mon laboratoire ? » demanda Alus.

« Quoi !! » Les deux filles avaient laissé sortir des voix stupéfaites, voyant Alus tenir un étrange bâton, et n’ayant aucune idée de ce qu’il avait prévu.

Alus avait essayé de s’assurer qu’ils étaient tous sur la même longueur d’onde. « Je vais seulement vous enseigner les techniques de combat contre les mamonos. Eh bien, vos rangs peuvent augmenter en conséquence, mais si c’est tout ce que vous voulez, vous feriez mieux de vous entraîner toute seule. » C’était ses derniers mots. Le seul choix qu’il leur demandait était de savoir si elles le feraient ou non.

« Hein ? » Tesfia avait été celle qui avait parlé de combattre des mamonos, mais elle semblait déçue d’apprendre qu’elle ferait mieux de s’entraîner toute seule si elle voulait élever son rang. « … !! »

Alus frappa instinctivement Tesfia à la tête avec le morceau de bois à la main. « Es-tu une idiote ? … Pour commencer, quels sont, selon vous, les éléments permettant d’estimer le rang d’une personne ? » C’était une question qui avait même fait l’objet d’un cours, alors…

« Je crois que c’était la capacité en mana, le nombre de sorts difficiles que vous pouvez utiliser, le nombre de mamonos vaincus et le nombre de missions terminées ! » déclara Tesfia.

La réponse était beaucoup trop simple pour déterminer si quelqu’un était excellent ou non, mais Alus lui avait quand même donné une note de passage.

Alice avait ajouté à la réponse de Tesfia. « La classe des mamonos vaincus est également prise en considération. »

Avec ça, elles avaient couvert tout ce qu’on leur avait appris en classe. « Eh bien, c’est à peu près ça. Mais ce n’est pas assez. »

Les deux filles repensèrent à ce qu’on leur avait enseigné, puis regardèrent Alus d’un air interrogateur.

Il n’y avait rien à faire. Aucune conférence n’aurait abordé les informations supplémentaires d’Alus. « Vous avez raison en ce qui concerne le sujet. Alors, sur quoi pensez-vous que vous devriez insister pour élever votre rang ? »

Tesfia avait immédiatement répondu. « La capacité de mana et le nombre de sorts que vous pouvez utiliser. » Sa confiance écrasante se faisait entendre dans sa voix.

« Je le pense aussi…, » Alice, quant à elle, soupçonnait qu’il y avait plus que ça dans la question, et avait donné une réponse plus timide. Dans son esprit, elle se disait probablement. « Mais ce n’est probablement pas ça. »

Alus soupira face à la réponse prévisible. Il avait au minimum voulu qu’elles devinent qu’il ne voulait pas d’une réponse aussi simple. Eh bien, si elles l’avaient bien fait la première fois, il ne serait pas en mesure de continuer aussi bien…

Il confirma ainsi le niveau de Tesfia, la soi-disant étudiante d’honneur. En ce sens, la réaction de Tesfia n’avait pas trahi ses attentes. D’après leurs déclarations, Alus pouvait dire que Tesfia était simple et directe, et qu’Alice était plus prudente et capable d’obtenir une meilleure lecture des choses.

Mais dans le cas d’Alice, bien qu’elle puisse présumer des choses, elle ne pouvait pas utiliser efficacement ses intuitions et il n’était donc toujours pas à un niveau utilisable.

« Ce n’est pas bien. La défaite des mamonos et de leur classe est le point le plus important, » déclara Alus.

« … !! »

Tesfia était choquée, mais Alice n’était pas aussi surprise. Cela signifiait qu’elle avait l’impression que sa réponse n’était probablement pas correcte.

« Le nombre de mamonos est à noter, oui, mais ce n’est pas d’une grande importance que l’on puisse vaincre de faibles créatures. Bref, c’est la défaite des mamonos de haut niveau qui aura le plus d’impact sur votre rang, » répondit Alus.

« Mais alors nous ne pourrons pas élever notre rang ! » s’exclama Tesfia.

« Bien que ce ne soit pas complètement impossible, vous ne pourrez toujours pas rattraper les magiciens qui sont sur le terrain, » répliqua Alus.

Mais c’était pour cela que leur rang était si excellent. Sans tenir compte des mamonos vaincus, obtenir ce classement à partir de la capacité de pur mana et de la capacité magique avait démontré qu’elles avaient le potentiel pour la grandeur dans l’avenir.

C’était en partie pour cela qu’Alus avait écouté Cisty. Alus, ou plutôt Cisty, était plein d’espoir pour elles. « C’est pourquoi les techniques pour tuer les monstres vous amèneront à élever votre rang à l’avenir. Mais si vous préférez démissionner pour vous concentrer sur l’amélioration de votre classement maintenant, cela ne me dérangerait pas le moins du monde. Au contraire, j’adorerais que vous le fassiez. »

L’esprit rebelle de Tesfia s’était réveillé, mais Alice était motivée et Alus avait l’intention de veiller sur elles. Dans ce cas, il n’y avait pas beaucoup de différence entre une ou deux personnes.

« Alors, amène-toi. Si nos rangs montent en conséquence, il n’y a pas de problème. » Tesfia était toujours obsédée par le classement. Alice, par contre, semblait quelque peu inquiète.

Les magiciens qui participaient aux combats dans l’armée n’étaient pas très attentifs à leur classement. Bien sûr, un grade plus élevé signifiait plus de salaires et un meilleur traitement, et surtout — un grade élevé était un grand honneur.

Mais en retour, les magiciens de haut rang étaient affectés à des missions plus dangereuses. Considérant les espoirs et les désirs de l’humanité, ils s’étaient peut-être réjouis de ça. Mais pour Alus, cela signifiait simplement être pressé de mourir.

Comme Alus avait été affecté à l’élimination des monstres de haut rang, aucun autre magicien de haut rang n’aurait dû se voir confier des missions imprudentes.

Mais c’était les valeurs d’Alus, et il n’allait pas les imposer à Tesfia et Alice. Ce n’était pas ses affaires, donc en bref, c’était leur responsabilité. Il n’allait pas s’immiscer dans leur mode de vie et dire quelque chose d’inutile.

Alors qu’Alice acquiesçait de la tête, Alus poursuivit son explication.

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