Chapitre 18 : Sécuriser le personnel
Partie 1
« Alors, comment voulez-vous travailler pour moi ? », demanda Mitsuha.
Les quatre mercenaires en face d’elle s’étaient figés. Ils étaient tous les cinq assis à une table du Paradis.
« Euh, vous voulez dire que vous voulez faire de nous votre armée, uhh… »
« En effet, vous serez les membres fondateurs et officiers. Vous répondrez directement à un commandant et dirigerez trente-six soldats. Votre salaire initial serait de cinq pièces d’or. »
« Alors ? Que voulez-vous que l’on fasse ? »
« Je n’arrive pas à y croire ! »
« Cinq pièces d’or ? ! C’est plus du double de ce qu’on gagnerait dans un mois si on faisait de l’escorte ! »
« On peut difficilement espérer plus de quatre pièces d’or en temps normal. Il semble qu’il n’y ait aucun moyen d’obtenir plus. Quand on pense qu’on peut se blesser ou tomber malade, et qu’on va vieillir, une source de revenu stable semble très intéressante. »
Wôw, mon offre est si bonne qu’elle a même fait parler Ilse !
« Cinq pièces d’or par mois nous permettraient de vivre confortablement. »
« Hein ? Oh, je voulais dire 5 pièces d’or pour chacun de vous. »
« Pour CHACUN ?! »
Maintenant que j’y pense, ce n’est pas l’équivalent de ce que gagnent les fonctionnaires des forces d’autodéfense japonaises ? Eh bien, peu importe. Je les ai subitement fait travailler pour moi, donc c’est bien.
Les mercenaires avaient commencé leur carrière dans un petit village rural, ils n’avaient donc pas peur de travailler dans un endroit similaire. Ils rêvaient d’économiser assez d’argent pour ouvrir une boutique dans la capitale, ce qui semblait être un objectif assez tangible, surtout avec les augmentations qu’ils pourraient obtenir à l’avenir.
◇ ◇ ◇
« Veux-tu donc travailler pour moi ? »
« Travailler pour toi ?! »
Cette fois, Mitsuha était dans la maison de Colette.
Je veux dire, je ne peux pas laisser ses talents être enterrés dans ce village paumé, hein ?!
« Mitsuha, tu es devenue vicomtesse ? »
« Oui. Le roi lui-même m’a fait devenir vicomtesse. »
Tobias et Erene frissonnèrent.
« Mais Mitsuha, Colette est encore une enfant. Si tu l’emmènes, on risque de ne plus jamais la revoir ! »
« Exact, j’ai oublié de préciser que mon comté est juste à côté de celui-ci ! D’ici, c’est même plus proche que la capitale de ce comté. »
« Oh, ne me dites pas… »
Une fille du village qui se mettait au service d’un noble, cela ne se voyait que dans les contes de fées. Cette nuit-là, le village organisa une fête somptueuse pour célébrer l’ascension rapide de Colette dans le monde. Mitsuha fit également son entrée dans le panthéon local en tant que déesse des changements terrestres. Au cours de cet événement extrêmement inhabituel, de simples villageois firent la fête aux côtés du seigneur d’un comté voisin.
Il faut également mentionner que les villageois avaient entendu parler de la bataille à la capitale, mais ils savaient seulement que la star du spectacle était une personne appelée « archiprêtresse de la foudre ». Ils ne savaient donc pas que cette archiprêtresse était devenue une noble — une vicomtesse, en plus — ou que ses terres étaient juste à côté des leurs. Les habitants du comté de Yamano étaient tout aussi ignorants, même s’ils servaient l’archiprêtresse elle-même.
« Hé, veux-tu aussi me prendre comme serviteur ? », demanda l’un des villageois.
« Ahaha, eh bien… »
« Dire que Colette va servir un noble. La vie est vraiment pleine de surprises ! », s’émerveilla un autre.
« Hein ? Euh, je ne l’engage pas comme servante. Je pense lui apprendre toutes sortes de choses pour qu’elle devienne ma vassale. »
« Ta QUOI ?! »
◇ ◇ ◇
Après avoir quitté le village de Colette, Mitsuha rassembla des gens dans la capitale. Elle n’avait cependant pas mentionné son nom, elle avait simplement dit qu’il y avait une demande de commerçants dans un comté rural. Elle avait besoin de forgerons qualifiés, de charpentiers ou de charpentiers de marine capables de construire au moins de petits bateaux de pêche, de personnel de santé, etc.
Elle était même allée voir le professeur de Yorck le scientifique, Platidus. En mettant de côté l’échec total de la mission de Yorck, elle avait noté que son professeur semblait perspicace et avait une position agréable sur les questions scientifiques. Platidus s’avérait avoir un sens aigu de la déduction, il avait déjà conclu que l’archiprêtresse et la vicomtesse Yamano étaient une seule et même personne. Il avait donc fait tout son possible pour lui parler personnellement. Ses élèves se méfiaient d’elle, probablement à cause de ce que Yorck avait pu leur dire.
« C’est pourquoi le taux d’humidité dans l’air change beaucoup en fonction de la température. »
« Je vois. »
« En prenant de l’altitude, la pression atmosphérique diminue et la température aussi. C’est ce qui provoque ce phénomène… »
« Et quand les conditions sont… »
« Oh, alors ça se passe comme ça, et… »
« Mhm, mhm. »
Mitsuha et Platidus s’étaient entendus en quelques minutes. Elle était impressionnée par tout ce que les scientifiques de ce monde pouvaient observer et discerner sans aucun équipement avancé. Elle avait même fait don de dix pièces d’or pour les aider dans leurs recherches, en leur disant de la contacter s’ils prévoyaient d’utiliser leurs découvertes pour développer quelque chose de pratique.
Au fur et à mesure que la rumeur disant que Mitsuha cherchait de nouvelles recrues se répandait, le nombre de bouffons confus et d’escrocs intrigants qui voulaient devenir vassaux ou trésoriers augmentait. Elle écarta les premiers en demandant des lettres de recommandation du roi, et chassa les seconds après avoir testé leurs compétences en mathématiques.
Soupir. Ils ne pouvaient pas en résoudre une seule.
Heureusement pour elle, il n’y avait pas de tels délinquants parmi les candidats aux postes techniques, et elle avait même organisé quelques entretiens. Cependant, chacun avait ses propres problèmes. Certains n’étaient manifestement pas compétents, d’autres ne prenaient pas l’entretien au sérieux parce que leur interlocuteur était une petite fille, et d’autres encore étaient conscients de qui elle était et ils ne pouvaient pas contrôler leur étourderie. Au final, elle n’avait pas trouvé une seule personne qui convenait pour le poste.
Si l’on y réfléchit bien, les experts qui sont à la fois compétents et sympathiques ne chercheraient pas de travail. Je suppose que je vais tenter ma chance dans mon propre pays. Oh, et je devrais ouvrir le magasin et vendre du shampoing.
◇ ◇ ◇
Quelques jours après son retour de la capitale, son majordome l’avait approchée avec une expression compliquée.
« Dame Mitsuha, vous avez un invité. »
« Qui est-ce ? »
« Euh, c’est August, le premier fils de l’ancien seigneur. »
Oh, mon Dieu. Cette rencontre va me donner un mal de crâne. Néanmoins, je ne peux pas simplement le rejeter sans le rencontrer.
« Emmenez-le dans la salle de réception. »
Une fois qu’ils s’étaient rassemblés, son invité indésirable s’était présenté.
« C’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis August von Tomsen, le premier né du baron Tomsen. »
« Hein ? »
Il n’est pas sérieux, pensa-t-elle.
« Qu’est-ce qui vous amène ici ? »
Mitsuha n’avait pas l’air impressionnée, ce qui prit August un peu au dépourvu.
« C’est vrai. Vous voyez, j’ai appris que notre terre avait été héritée par une jeune femme, alors je suis venu ici avec l’intention de vous montrer les ficelles du métier. Après tout, ça doit être difficile sans vassaux. »
Oh, j’ai compris. Il veut devenir un vassal, puis se marier dans la famille pour redevenir un noble — un vicomte, en fait — et ramener sa famille à son ancienne gloire.
« Je veux dire, je n’ai pas vraiment besoin de votre aide. J’en ai plus qu’assez avec mes serviteurs. »
« Euh, pardonnez-moi, mais vous devez vous tromper. Il y en a qui se sont avérés tout à fait inutiles, non ? Vous devez sûrement apprendre à utiliser ceux qui sont dignes de confiance, comme Gunther, pour les contrôler correctement. »
« Hein ? Vous avez fait confiance à ce serpent ? Voyez-vous, c’est pour ça que votre famille était si désespérée. Ce type était si manifestement corrompu que cela n’en était même pas drôle. Je l’ai viré avec les cinq autres indésirables il y a longtemps. »
« Vous… quoi ? »
August était à court de mots.
« Et aussi, la famille Tomsen a perdu son rang. Vous êtes juste des roturiers maintenant. Pourquoi vous dites-vous fils de baron et mettez-vous “von” dans votre nom ? Prétendre faussement être un noble est un crime, non ? »
« Oh, j’ai simplement dit cela pour vous aider à comprendre mon rôle en tant qu’ancien… »
« Silence ! Willem ! Arrêtez cet imposteur traître ! C’est un criminel qui a délibérément fait du tort à Sa Majesté le roi et à tous les nobles de ce pays ! », dit Mitsuha en criant.
August tenta de se défendre, mais un noble garçon choyé comme lui n’avait aucune chance contre un mercenaire aguerri. Il avait rapidement été capturé et ligoté.
« Lâchez-moi ! Pour qui me prenez-vous ? Anton ! Fais quelque chose ! »
Le majordome lui répondit d’un ton aussi froid que la glace.
« Tu dois être confus. Tu n’es qu’un roturier nommé August. Je suis un fidèle serviteur de son Excellence la Vicomtesse Mitsuha von Yamano. »
« Hein ? »
Les yeux d’August parcoururent la pièce. Il vit les personnes qui servaient sa famille, le regardant au mieux sans expression, au pire avec dédain.
Son corps était devenu mou, et les serviteurs l’avaient traîné dehors.
« Hmm, je n’ai pas encore de soldats. Que dois-je faire de lui ? », murmura Mitsuha.
Oh, je sais.
« Anton, envoie un messager aux Bozes. Dis-leur que nous avons un roturier traître et qu’on a besoin de soldats pour l’escorter jusqu’à la capitale. »
« Cela sera fait. Mais… »
« Mais quoi ? »
« Le comte fera-t-il vraiment une telle chose sans compensation ? »
Oh, il ne sait toujours pas.
« Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Lui et moi sommes de proches connaissances. Envoyez juste un messager. »
« Certainement. Je m’excuse de mon impertinence. »
Le messager revint deux jours plus tard, signalant que les soldats d’escorte seraient là le jour suivant. Le comte avait également proposé d’envoyer quelques-uns de ses hommes pour lui servir de gardes du corps afin d’éviter de futurs visiteurs indésirables, mais elle avait poliment refusé.
« Dame Mitsuha, vous avez un invité. »
Anton avait l’air épuisé.
J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet.
« Qui est-ce ? »
« Il prétend être le second fils de l’ancien seigneur, Burckhardt von Tomsen. Et il l’est certainement. »
J’ai mal à la tête.
« Willem, sautons les formalités. Allez juste l’attacher. »
Le mercenaire fit un sourire : « Au moins, nous pourrons les renvoyer tous les deux en même temps. »
À ce moment-là, une question particulière lui vint à l’esprit.
« Hé, Anton, combien d’enfants a l’ancien seigneur ? »
« Trois fils et deux filles, mademoiselle. »
Vous vous moquez de moi !
◇ ◇ ◇
Finalement, le groupe de Sven arriva. Mitsuha avait supposé qu’ils auraient déjà vendu leur remorque à vélo, mais ils l’avaient en fait traînée avec eux pendant tout le trajet. Tout bien considéré, cependant, cet exploit n’était pas aussi impressionnant que celle de l’armée du comte Bozes voyageant jusqu’à la capitale et revenant en tenue de combat.
Mitsuha commença par les présenter à Willem. Elle leur donna ensuite les noms des trente-six premières recrues.
Vous pouvez vous occuper du reste ! Bonne chance !
Elle ne croyait pas vraiment qu’un peu d’entraînement suffirait aux villageois pour gagner contre les bandits. Son armée de fortune de deux cents hommes aurait pu vaincre quelques dizaines de bandits, mais ce serait une victoire à la Pyrrhus, avec de nombreuses victimes et le risque de détruire le moral et l’économie de tout le comté. Bien que les armer de fusils puisse empêcher cette issue, les munitions et l’entretien dépendraient uniquement de Mitsuha, et les fusils deviendraient rapidement inutiles si elle n’était plus présente.
Mitsuha décida d’apprendre à quelques personnes sélectionnées à manier les SMG et à changer leurs chargeurs. Ils n’utiliseraient les armes qu’en tant qu’outils d’apprentissage, elle ne les utiliserait que si cela s’avérait nécessaire. Elle avait déjà un arsenal d’urgence dans la base de Wolfgang, il lui suffirait de le transporter. Mitsuha avait même envisagé d’engager à nouveau les mercenaires si les circonstances l’exigeaient. Elle avait décidé de consulter le capitaine sur de telles possibilités à l’avenir.
Les arbalètes étaient également une option. Mitsuha se demandait s’il serait possible d’en fabriquer de simples dans ce monde.
Mince, je veux un forgeron compétent. J’ai besoin d’outils agricoles, d’accessoires de navires et d’outils à fabriquer en interne. Cela nous aidera certainement à nous développer. Je pourrais probablement obtenir du fer en le faisant venir du Japon. Je n’en ai pas besoin d’autant, et je ne veux pas nuire à l’environnement. Comme d’habitude, je privilégie la qualité à la quantité. Je vais certainement vouloir de cet acier japonais qui est fait de sable de fer. Je vais aussi avoir besoin d’un four à tatara et de beaucoup de bois, non ? Hmm, et le titane ? Non, on ne peut probablement pas travailler avec ça dans ce monde.
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
D’un village de 500 habitants, elle en ferra une mégapole industrielle d’ici la fin de la LN 🤣