Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 2 – Chapitre 10

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Chapitre 10 : Naissance de l’archiprêtre de la foudre !

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Chapitre 10 : Naissance de l’archiprêtre de la foudre !

Partie 1

Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’expérience de Mitsuha dans l’autre monde, et les affaires étaient en plein essor. Un flux constant de clients était venu acheter une variété de produits, tels que du shampoing, du shampoing et encore du shampoing. Avec un tel achalandage, Mitsuha s’était dit que son magasin deviendrait le sujet de conversation de la ville.

Beau travail, les filles ! se dit-elle, attribuant la hausse de popularité aux bonnes des Ryner. Vous aussi, Comte Bozes. Mitsuha avait le sentiment qu’il était la raison pour laquelle elle n’avait pas eu de visiteurs nobles étranges ou peu recommandables.

Ding-a-ling !

La cloche sonna, une jeune fille entra alors. Mitsuha ne doutait pas qu’elle voulait elle aussi un shampoing.

« Euh, est-ce le magasin général de Mitsuha ? », demanda-t-elle.

Mince, je viens de réaliser que je n’ai posé de plaque! C’est pour ça que je n’ai presque pas eu de clients jusqu’à présent ? Merde, Kunz, tu es censé me montrer des trucs comme ça ! Je vais t’en faire fabriquer une et la mettre en place pour moi plus tard !

« Oui, vous êtes au bon endroit. S’il vous plaît, prenez votre temps », dit Mitsuha en la saluant.

Son client semblait avoir une dizaine d’années. Elle avait des boucles blondes et plumeuses et une aura raffinée, malgré son adorable visage. Immédiatement, Mitsuha avait su que la fille était une noble. Il était même possible de croire que c’était une princesse tout droit sortie d’un conte de fées.

Mitsuha se rendit également compte que la plupart des filles de ce monde étaient belles. Elle imaginait que c’était parce que les hommes nobles épousaient des femmes séduisantes, et que ces femmes donnaient finalement naissance à des enfants de leur genre. Ce n’était certainement pas lié à une sorte de conspiration maçonnique ou reptilienne. Du moins, c’est ce qu’elle voulait croire.

« Je vais alors jeter un coup d’œil. »

La fille sourit et s’aventura plus loin dans le magasin.

Alors que Mitsuha observait sa cliente, son esprit s’était tourné vers la couturière dégénérée. Si elle voyait cette fille, sa tension artérielle grimperait en flèche jusqu’à ce qu’elle ait du sang qui lui sorte du nez. Mais pas assez pour s’évanouir, car elle aurait encore besoin de prendre une photo mentale. Cette dame opére à un tout autre niveau, et ce n’est pas vraiment inspirant.

Après le bal des débutantes d’Adélaïde, la couturière avait donné à Mitsuha un Blu-ray édité et un ensemble de photos de l’événement. Leur qualité était exquise. Mitsuha avait l’intention de les vendre au vicomte Ryner, mais elle n’avait pas encore décidé du prix. Elle avait brièvement envisagé de faire payer une pièce d’or par photo, mais un tel tarif aurait fait d’elle un escroc exploitant ses affections paternelles. Pour dire les choses simplement, ce n’était pas son style.

La cliente actuelle de Mitsuha semblait se réjouir de son tour de boutique. Le panier qu’elle portait était rempli d’articles, et leur valeur totale était déjà impressionnante. Alors que Mitsuha se demandait si elle pouvait se le permettre, la jeune fille s’était approchée d’elle.

« J’aimerais acheter ceci et du shampoing, s’il vous plaît ! »

« Certainement. »

Mitsuha plaça ses articles dans un sac décoré d’une mascotte animale mignonne — une chose rare dans ces régions.

« Au fait, vous pouvez garder le sac », ajouta-t-elle.

Le visage de la jeune fille s’était aussitôt illuminé. Alors que sa cliente sortait quelques pièces d’or, Mitsuha se demandait si elle pouvait se promener en toute sécurité sans garde du corps.

« C’était amusant ! Je ne manquerai pas de revenir », dit la jeune fille, pleine d’enthousiasme.

« Merci beaucoup ! » lui répondit Mitsuha tout en la raccompagnant à la porte.

Il n’y avait aucune tromperie dans ses paroles. La jeune fille avait été une excellente cliente, ce que Mitsuha apprécierait toujours.

Alors que Mitsuha la regardait partir, elle remarqua quelque chose de déconcertant de l’autre côté de la route. Il y avait un homme sale et suspect qui semblait correspondre à l’archétype du harceleur classique. Si Mitsuha avait pu appeler la police, elle l’aurait probablement arrêté sans poser de questions. L’homme se cachait dans l’allée entre les bâtiments, ne faisant rien de notable. En avait-il après Mitsuha ou sa boutique ? Elle ne pouvait pas le dire.

Mais avant que Mitsuha ne puisse le déclarer insignifiant, il s’était brusquement mis à marcher en direction de la fille qui venait de partir.

Une fille noble disparaît juste après avoir visité mon magasin ? Franchement, cette rumeur serait mauvaise pour les affaires !

Mitsuha se précipita à nouveau dans le magasin et sortit son « sac de contre-attaque » de derrière le comptoir — un jeu de mots qui pouvait ou non être volontaire. Elle le jeta par-dessus son épaule et quitta le bâtiment, en fermant la porte derrière elle.

La fille n’était toujours pas allée loin. Mitsuha pouvait la voir à une courte distance, complètement sans défense. L’homme de l’allée s’était approché d’elle par-derrière tandis que Mitsuha s’était rapidement et silencieusement rapprochée d’eux. Juste au moment où ils passèrent devant l’entrée d’une ruelle, l’homme sauta sur la jeune fille, mit une main sur sa bouche et l’entraîna dedans.

Bingo, pensa Mitsuha.

Elle plongea dans la ruelle, puis les poursuivit aussi vite que ses pieds le pouvaient. Ils disparurent à une intersection, et le temps qu’elle les rattrape, la fille était déjà bâillonnée et entourée de quatre hommes qui l’attachaient.

N’êtes-vous pas une bande d’ordures bien préparée ?

« Qu’est-ce que vous faites ? ! » cria-t-elle.

Les voyous paniquèrent pendant un moment avant de remarquer que leur adversaire n’était qu’une autre petite fille. Ils poussèrent un soupir de soulagement collectif.

« Heheh. Tu es courageuse, hein ? Mais si tu te pointes, ça veut dire que nous allons faire une vente supplémentaire. Merci de nous avoir facilité la tâche. »

L’homme qui avait parlé s’était rapproché de Mitsuha. Elle prit rapidement un couteau gainé dans son sac et le glissa dans sa ceinture.

« Oh ? Alors, tu vas te battre. Tu as du cran, je te l’accorde. Mais une petite fille comme toi ne peut tuer personne. Tuer un homme, c’est… »

Avant qu’il n’ait pu terminer, Mitsuha avait de nouveau pris son sac, saisit une des choses qui s’y trouvaient et le pointa vers lui.

Bang !

Un bruit traversa l’air. Le bandit s’effondra au sol et commença à convulser.

« Je peux te tuer. S’il y a une raison de laisser vivre une racaille comme toi, j’aimerais l’entendre. », dit-elle

« Hein ?! »

Les trois hommes encore debout étaient abasourdis. Malgré les paroles de Mitsuha, leur complice était toujours vivant, l’objet qu’elle avait utilisé sur lui était une arme paralysante en forme de pistolet. Il tirait des électrodes qui s’attachaient à la cible et appliquait une haute tension par l’intermédiaire de fins cordons. Afin d’éviter toute utilisation malveillante de cette arme, le fait de tirer dispersait une rafale de confettis en papier, chaque confetti contenant le numéro de série unique de l’arme. Bien entendu, cette fonction n’avait que peu d’importance si le pistolet paralysant était acquis illégalement ou utilisé dans un tout autre monde.

Bien que la vente et la possession de cette arme avaient été interdites au Japon peu après sa sortie, elle était facilement disponible dans un certain nombre de pays étrangers. Mitsuha l’avait acquise grâce à ses relations avec les mercenaires.

« Qui diable êtes-vous ? ! », s’écria l’un des hommes en panique.

J’ai cru que vous ne le demanderiez jamais ! Il est temps de faire un vrai spectacle. Sors donc de l’obscurité, Mitsuha grincheuse du collège !

« Moi ? Je suis… l’archiprêtre. »

Elle parla à voix basse pour essayer d’imiter un de ses héros, Asahi Kurizuka. Il avait joué dans un drame historique japonais des années 60 intitulé : « Je suis un garde du corps ». Cependant, pour répondre à ses goûts personnels, elle avait choisi de remplacer le titre de « garde du corps » par celui « d’archiprêtre. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

Les bandits n’avaient aucune idée de ce qu’elle voulait dire, et franchement, elle non plus. Mitsuha avait simplement envie de rayer une autre entrée sur la liste des choses qu’elle avait toujours voulu dire.

« Je suis l’archiprêtre de la foudre ! », répétait-elle. « Ceux qui sont sur mon chemin ne méritent aucune pitié ! »

Cette fois, elle sortit son Beretta 93R et tira une rafale de trois balles sur des pots à proximité.

Ça n’aura pas l’air cool si je m’arrête pour changer le réglage, alors faisons avec.

Ba-Ba-Bang !

Les coups de feu résonnèrent autour d’eux tandis que les balles faisaient voler les pots en éclats, envoyant des fragments de céramique partout.

« EEEEEK ! »

Les bandits crièrent et essayèrent de s’échapper, mais au moment même où ils le firent, un groupe de soldats anormalement imposants était sorti de l’autre bout de l’allée.

« Princesse ! Vous allez bien ?! », cria l’un d’entre eux.

Oh, alors c’est vraiment une princesse ? pensa Mitsuha.

Pendant que les soldats étaient occupés à capturer les hommes et à récupérer la princesse, Mitsuha s’éloigna lentement de la scène. Elle se faufila dans la première allée latérale pour tenter de fuir, mais la chance n’était pas de son côté.

« S’il vous plaît, attendez, Mlle l’Archiprêtresse. »

En entendant les paroles derrière elle, Mitsuha laissa échapper un cri de frustration interne.

Il y avait des soldats aux deux extrémités de la ruelle, mais celui-ci semblait particulièrement plus important que les autres. C’était un homme plus âgé, et son visage donnait à Mitsuha l’impression qu’il avait traversé de nombreuses épreuves.

« Euh, si je peux me le permettre, depuis combien de temps écoutez-vous ? »

La réponse de l’homme l’écrasa : « Tout depuis “Qu’est-ce que vous faites ? !”, jusqu’à maintenant. »

Oh, tout ça. Super. Merci, pensa Mitsuha, quelques instants avant qu’elle ne s’effondre. Ses mains écartées l’avaient rapidement empêchée de tomber le visage le premier dans le pavé.

« Archiprêtresse ? »

Je t’en supplie, arrête de m’appeler comme ça. Je me suis emportée, je suis désolée !

« Venez avec nous au château », dit le soldat.

Mitsuha savait que les choses en arriveraient là au moment même où elle avait découvert que la fille était une princesse. Elle avait vu son visage, il n’y avait donc aucun moyen de s’en sortir maintenant.

S’il te plaît, ne me regarde pas avec ces yeux brillants, princesse, pensa-t-elle en rencontrant le regard de la jeune fille.

« Laissez-moi au moins fermer boutique. »

Elle n’avait toujours pas vérifié ses finances, ni fermé les rideaux, ni mis les systèmes de sécurité en mode « fermeture ». Il lui restait donc beaucoup à faire.

La princesse et la plupart des soldats étaient retournés au château, tandis que Mitsuha retourna à son magasin, accompagnée du soldat âgé et de deux autres personnes.

Ils n’avaient pas besoin d’être aussi tendus, ce n’est pas comme si j’allais m’enfuir.

◇ ◇ ◇

Elle acheva rapidement sa procédure de fermeture, et ses pensées s’étaient dirigées vers la façon dont elle allait préparer la visite du château.

Une robe, peut-être ? Non, c’est trop tôt pour ça. J’ai déjà une bonne ruse en cours avec le comte, alors cette fois je ne serai rien d’autre qu’une humble marchande. Et pour les armes ? Hmm, ils m’ont déjà vu tirer. En supposant que je garde le Walther PPS à mes côtés, aurais-je besoin du 93R ? Je ne peux pas m’imaginer l’utiliser.

Mitsuha avait brièvement imaginé un scénario dans lequel elle s’échappait du château tout en se frayant un chemin sous les tirs, mais elle s’était dit qu’elle pouvait revenir dans son monde en cas de danger réel. Dans ce cas, ses efforts pour mettre en place le magasin et son réseau avec les nobles seraient réduits à néant.

Finalement, elle avait mis son Walther dans l’étui à côté d’elle et mit le 93R dans son sac. Elle avait tiré avec devant les ravisseurs et n’avait pas eu le temps de le recharger.

Quant aux couteaux, elle les laissa derrière elle. Si elle pouvait prétendre que ses armes s’apparentaient à des outils religieux pour expliquer leur existence, brandir un couteau devant la famille royale était totalement interdite.

Opportuniste qu’elle était, Mitsuha remplissait également son sac de divers articles provenant des rayons du magasin. Il n’en manquait jamais un seul, car elle veillait à les réapprovisionner en permanence. En outre, son modèle commercial privilégiait la qualité plutôt que la quantité — un article coûtant dix pièces d’argent contre dix valant une pièce. Bien sûr, elle était prête à faire des sacrifices si cela signifiait répandre le bonheur chez les filles du monde entier.

Ah, je devrais aussi vendre des objets pour cette période du mois.

Elle s’était rendu compte que beaucoup de ses objets ne se vendaient pas uniquement à cause de leur prix, mais aussi parce que les gens de ce monde ne savaient tout simplement pas comment s’en servir. Pour accroître la popularité d’un article, elle avait besoin de publicités ambulantes. Cela avait marché pour le shampoing. Mais elle s’imaginait qu’elle serait bien trop occupée si elle augmentait sa publicité. Elle en avait donc rejeté l’idée.

Une fois qu’elle mit son arme et quelques souvenirs dans son sac, les préparatifs de Mitsuha furent terminés. Elle n’avait même pas changé ses vêtements de commerçante.

« Euh, Monsieur le soldat, vous devriez faire plus attention où vous mettez les pieds. Le magasin est fermé, ce qui signifie que le système de sécurité est activé. Ne venez pas pleurer chez moi si vous êtes frappé par la foudre. »

Le jeune homme était devenu un peu pâle.

« Bravo, mon garçon. Maintenant, marchez tout droit. C’est bien ça… Ne pensez même pas à toucher les étagères. »

***

Partie 2

Je ne reconnais pas ce plafond, pensa Mitsuha, pleinement consciente d’avoir déjà répété cette blague plusieurs fois.

Elle venait d’arriver au château et se sentait un peu déçue. Une partie d’elle s’attendait à être transportée dans une voiture tirée par un nombre excessif de chevaux blancs — sûrement l’équivalent d’une limousine dans ce monde — alors imaginer donc sa déception quand elle vit qu’elle devait marcher comme la roturière qu’elle était.

Le soldat âgé resta à ses côtés, même dans la salle d’attente. Mitsuha passait le temps en réfléchissant à son penchant personnel pour les types du genre « vieux monsieur raffiné » comme lui.

Il y a ce type, le comte Bozes, Stefan le majordome… Dans une dizaine d’années, le vicomte Ryner sera probablement lui aussi sur la liste.

Ses pensées furent interrompues lorsque quelqu’un l’appela.

« Je suppose que vous êtes Mitsuha ? »

Aussitôt après avoir vu l’homme qui avait parlé, Mitsuha avait été contrainte de faire la révérence. Oui, c’est bien le roi !

« S’il vous plaît, levez la tête. Venez ici et prenez un siège. Il n’est pas nécessaire que la sauveuse de ma fille s’embête avec les formalités. Moi-même, je ne m’embêterai pas avec une attitude terriblement “royale”. Traitez-moi comme un égal. », dit le roi.

Oh, donc il n’est pas ici en qualité de « roi », hein ? Mitsuha avait compris que même les rois se comportaient différemment selon la société environnante. Ils avaient des familles, par exemple, et ce n’était pas comme s’ils avaient tous commencé leur vie en tant que rois. Certains avaient même reçu le titre sans s’y attendre.

La salle dans laquelle ils se réunissaient était loin d’être une salle du trône pleine de ministres, et elle ne contenait que peu de monde pour que cela soit traité comme une affaire officielle. Il s’agissait simplement d’une réunion informelle où un père voulait la remercier d’avoir sauvé sa fille.

Réalisant qu’elle avait été nerveuse pour rien, Mitsuha jeta son premier vrai regard dans la salle. Il s’agissait d’un espace relativement modeste abritant une table et quelques chaises. Tout était luxueux, bien sûr, mais c’était la norme dans un palais. Mitsuha aurait été plus surprise si la pièce avait été décorée avec une table pliante et des chaises bon marché.

Le roi était accompagné d’une dame mûre et digne — la reine, sans doute — ainsi que de la princesse et d’un garçon à l’allure princière. Il semblerait être plus jeune que la princesse. Si Mitsuha devait le deviner, elle lui aurait donné huit ans. Il semblait s’intéresser particulièrement à elle.

La princesse lui a-elle dit quelque chose ? se demanda-t-elle.

Derrière eux, il y avait un homme âgé qu’elle supposait être le grand chambellan, derrière elle se tenait le soldat raffiné qui l’avait accompagnée jusqu’ici.

Je ne vais pas m’enfuir, bon sang !

« Très bien, Mitsuha l’archiprêtresse de la foudre… », commença le roi.

« Mitsuha la propriétaire du magasin général », corrigea-t-elle.

« Mitsuha l’archiprêtresse de la foudre. »

« Mitsuha la propriétaire du magasin général. »

« Mitsuha l’archiprêtresse de la foudre. »

« Mitsuha la propriétaire du magasin général. »

« Mitsuha l’archiprêtresse de la foudre. »

« Mitsuha, la propriétaire du magasin général. »

« Mitsuha la… propriétaire du magasin général. »

Il avait enfin cédé.

Mitsuha était consciente que c’était une occasion en or de renverser sa réputation et d’insister sur le fait qu’elle était, en fait, l’archiprêtresse de la foudre, mais elle avait finalement décidé de s’y opposer. Une fois qu’ils s’étaient mis d’accord sur la manière de l’appeler, elle expliqua ce qui s’était passé plus tôt dans la journée.

« Après que la princesse ait acheté quelques articles dans ma boutique, je l’ai raccompagnée. C’est alors que j’ai remarqué qu’un homme à l’air suspect la suivait. Cela m’a inquiétée, alors j’ai couru après eux. Vous ne pouvez pas croire ma surprise quand j’ai trouvé un groupe d’hommes qui essayaient de la kidnapper ! J’ai rassemblé mon courage et je les ai appelés, mais comme je ne suis qu’une petite fille, je ne pouvais rien faire. C’est alors que les soldats sont venus et ils nous ont sauvées toutes les deux. »

« Hmm. On m’a raconté une histoire différente », dit le roi.

« Après que la princesse ait acheté quelques articles dans mon magasin, je l’ai raccompagnée. C’était alors… »

« Je comprends ! Pas besoin d’en rajouter ! »

Heehee. J’ai encore gagné !

Mitsuha continua à traiter l’affaire de « l’archiprêtresse » comme une sorte de conte de fées ou comme un produit de son imagination, le roi s’était donc rendu. Ce qui s’était réellement passé n’était pas clair.

Selon certains rapports reçus au cours de leur conversation, l’enlèvement n’avait pas de motivation politique — les auteurs étaient des trafiquants d’êtres humains qui voulaient simplement enlever et vendre une belle fille. La princesse avait entendu parler du magasin général de Mitsuha par l’une des servantes. Par la suite, elle s’était échappée du château, s’était débarrassée des gardes qui la poursuivaient et avait attiré l’attention des trafiquants, qui ne savaient pas qu’elle était de la royauté.

L’industrie locale de la traite des êtres humains était secrètement soutenue par quelques nobles influents, de sorte que même le roi ne pouvait pas faire grand-chose pour l’arrêter. Cependant, quelles que soient les circonstances, une tentative d’enlèvement de la princesse avait été faite. Quel que soit le pouvoir qu’ils détenaient, tout noble qui s’opposerait à une enquête officielle sur cet incident serait qualifié d’allié des trafiquants et de traître du royaume. Par conséquent, les trafiquants et ceux qui les soutenaient étaient dans une situation très difficile.

Wôw, la princesse a fait quelque chose de grand pour le pays, pensa Mitsuha.

Elle apprit que la princesse, Sabine, avait dix ans, et le jeune prince, Leuhen, huit. C’était les plus jeunes de leurs cinq enfants, et les autres — deux sœurs et un frère — étaient un peu plus âgés qu’eux. Sabine et Leuhen étaient donc plus proches l’un de l’autre que les autres. Les frères et sœurs plus âgés les aimaient, bien sûr, mais ils avaient choisi de ne pas participer aux jeux des plus jeunes.

« J’espère que vous vous entendrez bien avec mes enfants », lui dit le roi avec Sabine à ses côtés, tous deux rayonnants.

« Pareil pour moi », répondit Mitsuha avec maladresse.

Attendez, « les enfants » ? Vous avez des projets pour moi ? Attendez, le plus important…

« Votre Majesté, avez-vous l’impression de ne plus voir aussi bien qu’avant ? », demanda Mitsuha.

« Oui, en fait. Depuis un moment, j’ai du mal à lire les petites lettres, alors j’ai commencé à utiliser une lentille. »

Hein ? Vous avez ça ? ! Vous êtes plus âgé que je ne le pensais !

Elle se demanda brièvement pourquoi elle n’avait vu personne porter de lunettes, mais se souvint que sur Terre, les lentilles convexes utilisées pour la presbytie s’étaient répandues bien avant les lentilles concaves utilisées pour la myopie. Les premières lentilles utilisées pour soutenir la vue étaient soit des loupes, soit des lunettes de nez — pas du type Groucho, mais plutôt pince-nez.

Contrairement aux myopes, les presbytes n’avaient pas besoin d’utiliser des lentilles tout le temps. Les lunettes Pince-nez étaient défectueuses et pouvaient tomber facilement, de sorte qu’elles étaient surtout portées pendant la lecture, et non pas lors de promenades en ville.

Je ne sais pas si les lunettes sont populaires en ce moment, mais ça ne sert à rien d’y penser ! Quoi qu’ils aient, cela ne fera pas le poids face aux merveilles de la Terre modernes !

« Pourriez-vous essayer ça pour moi, s’il vous plaît ? » demanda Mitsuha.

Elle présenta alors au roi cinq séries de lunettes de son sac.

« Essayez de les mettre comme ceci. Chaque paire est légèrement différente, alors trouvez celle qui vous aide à mieux voir. »

« Hmm, comme ça ? », demanda-t-il, en mettant la première paire.

« Oh, mon Dieu ! Elles sont si légères ! Et je peux voir si clairement ! Elles aident mes deux yeux, et mes mains sont complètement libres. Elles ne bougent pas quand je regarde en bas ou quand je secoue la tête, je n’ai donc pas besoin de les ajuster sans cesse ! »

Il essaya ensuite les autres lunettes.

Ils ont donc des lunettes pince-nez. Mais on ne dirait pas qu’elles sont du genre à avoir une lanière.

« Saar ! »

Le roi appela le vieil homme derrière lui, qui vint en chercher une paire pour lui.

« Oh ? Ohhh ! »

« Eh bien ? Tu as dit que tu n’aimais pas utiliser une lentille ou tes lunettes. Que penses-tu de cela ? »

« Tout est si clair… Ces lunettes sont meilleures que tout ce que je n’ai jamais connu ! Elles sont légères et robustes, et je suis libre d’utiliser mes deux mains. Cela rendra les longues heures de travail beaucoup plus faciles ! »

Le vieil homme était encore plus heureux que le roi. Mitsuha n’avait pas prévu ce résultat, mais ne voyait pas d’inconvénient à s’entendre avec le grand chambellan. Le roi l’apprécierait sûrement aussi.

« Maintenant, il faudra encore quelques années avant que ce vieux chien ne cesse d’être chancelier », dit fièrement le vieil homme.

Oh, c’est donc lui le chancelier, pensa Mitsuha en remettant les paires de lunettes restantes dans son sac.

Avec ces deux paires comme publicités ambulantes, elle allait gagner encore plus de clients, surtout parmi les élites du pays — un groupe avec lequel elle comptait gagner beaucoup d’argent.

Quoi ? Vous pensez que c’est une manière de faire de la vente agressive ? Que voulez-vous dire ? Je ne fais que vendre quelque chose à un prix exorbitant, c’est tout !

« Avez-vous d’autres marchandises de cette qualité ? S’il vous plaît, ne vous retenez pas. L’argent n’est pas un problème ! », demanda le roi.

« Eh bien, je fais ça pour vivre. Tant que vous me payez, je peux vous vendre n’importe quoi. Sauf les filles, bien sûr. »

« Pas de filles, vous dites ? »

« Non. »

« Je vois. Hahaha ! »

Le chancelier et Mitsuha avaient rejoint le roi dans son rire. Bien que la plaisanterie avait pu sembler un peu sombre vu l’échec de l’enlèvement de la princesse, c’était aussi la façon de Mitsuha de dire : « Vous ne pouvez pas me contrôler, peu importe l’argent que vous avez. »

Le roi l’avait compris, tout comme le chancelier. La reine, en revanche, n’avait probablement pas compris.

Bien que cela lui aurait plu, le roi n’avait pas fourni à Mitsuha de calèche pour rentrer chez elle. Elle avait donc dû repartir comme elle était venue, à pied. Elle pensait cependant que c’était pour le mieux. Le fait d’être raccompagnée à son magasin par une calèche portant les armoiries de la famille royale aurait pu lui causer des ennuis inutiles.

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