Chapitre 1 : Mitsuha va dans un autre monde
Partie 1
Une jeune fille se tenait au sommet d’une falaise abrupte, les mains posées sur la balustrade en bois patinée qui la séparait des profondeurs en contrebas. Son regard était jeté sur l’horizon lointain. Oh, mais ne vous inquiétez pas, le suicide était la dernière chose à laquelle elle pensait.
Elle s’appelait Mitsuha Yamano. Ses cheveux noirs raides et longs tombant sur les épaules encadraient un visage jeune sans un soupçon de maquillage. Ne mesurant qu’un mètre cinquante, l’enfant de dix-huit ans était souvent prise pour une collégienne ou, ce qui est encore plus offensant, pour une élève d’école primaire.
Il y a six mois, Mitsuha avait perdu sa famille bien-aimée — sa mère, son père et son frère aîné — à la suite d’un accident bizarre, la laissant sans parents proches. Elle en avait des lointains, bien sûr, mais on pouvait compter le nombre de fois qu’ils s’étaient rencontrés sur les doigts d’une main, et il était probable qu’ils ne se reverraient plus jamais.
Après avoir géré les funérailles et autres formalités administratives, Mitsuha s’était retrouvée avec une grosse somme due à l’héritage et à l’assurance, et avec ceci, un bon nombre d’ennemis. Un oncle particulièrement avide et sa femme avaient cherché à lui arracher l’argent avec des mots cruels et de l’intimidation. Quelques indésirables de l’école de Mitsuha avaient même flâné à l’extérieur de chez elle pour essayer de prendre tout ce qu’ils pouvaient. Au moment où Mitsuha avait été en mesure de chasser tous ceux qui poursuivaient sa fortune, le fardeau mental l’avait conduit à échouer ses examens d’entrée à l’université.
Perdre toute sa famille avait été déjà assez dur en soi, mais le frère de Mitsuha — qui avait deux ans de plus qu’elle — était son idole. C’était sûrement la personne qu’elle avait le plus regretté de perdre. La douleur, le stress causé par la gestion des séquelles et le profond découragement qui avait suivi l’avaient empêché de se concentrer entièrement sur ces études. À ce moment-là, du moins, elle s’était presque entièrement remise de la douleur d’avoir échoué à ses examens.
Désireuse de changer d’air, elle avait décidé de visiter une destination touristique locale. En fait, l’appeler ainsi aurait pu être trop généreux — le « point d’observation », comme on l’appelait, n’était rien de plus que la pointe d’une côte déchiquetée. Un petit nombre de commodités modestes, comme des clôtures en bois, des jumelles à jetons et des toilettes publiques, ornaient le secteur. Mais Mitsuha n’avait besoin de rien de plus. Tout ce qu’elle voulait, c’était contempler la mer et profiter de sa tranquillité.
Par un après-midi de semaine aussi ordinaire, les seuls autres visiteurs du site étaient un couple d’étudiants, une paire de conjoints âgés et un trio de voyous à la tête épaisse et dont l’intelligence rivalisait avec les rochers en contrebas. Mitsuha, d’autre part, avait le potentiel académique d’entrer dans n’importe laquelle des innombrables universités à travers le pays. Malheureusement, une seule d’entre elles se trouvait suffisamment proche de la maison que ses parents lui avaient laissée, et ses normes d’entrée étaient extrêmement élevées. Peut-être qu’elle aurait pu les franchir si elle avait pu donner le meilleur d’elle-même, mais cet exploit s’était avéré trop difficile pour elle dans son état actuel.
À l’origine, Mitsuha n’était pas opposée à fréquenter une université éloignée de chez elle, mais maintenant qu’elle était seule, elle ne voulait plus quitter la maison de ses parents. Ils l’avaient construit à partir de rien, et avec l’absence des membres de sa famille, les souvenirs qu’ils avaient laissés derrière eux étaient trop précieux pour qu’elle les lâche. C’était cet attachement qui avait influencé le choix de Mitsuha de ne passer que les examens d’entrée de son université locale.
Et bien… Qu’est-ce que je fais maintenant ?
Mitsuha s’était demandé si elle devait réessayer les examens l’an prochain ou se concentrer plutôt sur l’obtention d’un revenu. L’hypothèque restante sur la maison de Yamano avait été remboursée à la mort de son père, et le paiement de l’assurance vie de ses parents l’avait rendue assez riche. Cependant, quatre années d’études universitaires et de frais de subsistance permettraient de puiser largement dans cette réserve.
Pour cette raison, Mitsuha avait pesé le pour et le contre quant à l’option d’entrer immédiatement sur le marché du travail. Bien qu’elle ne toucherait pas un salaire aussi élevé qu’avec un diplôme d’études universitaire, il n’y avait pas d’entreprises à proximité qui étaient si généreuses. De plus, un diplôme ne garantissait guère un emploi bien rémunéré à notre époque.
Mitsuha avait également envisagé la possibilité qu’elle puisse se marier et avoir des enfants à l’avenir. Il serait déjà assez difficile de jongler avec une famille et un emploi à temps plein, la dette de l’université ne ferait qu’empirer les choses. Tout bien considéré, l’université ne semblait tout simplement pas en valoir la peine quand l’autre option, plus viable, était de commencer à travailler et à épargner.
Ce n’est pas comme si j’allais obtenir un travail de rêve ou quoi que ce soit d’autre, se disait-elle en regardant la mer.
« Et bien, qu’avons-nous là ? Tu sèches l’école, petite dame ? »
Une voix huileuse, qui venait de derrière, l’avait fait sortir de ses pensées. Mitsuha se retourna et se retrouva coincée par trois sinistres sourires. Le délinquant qui avait parlé avait les cheveux décolorés et semblait avoir une vingtaine d’années.
« Tu veux traîner avec nous ? On va te faire passer un bon moment, t’emmener dans un endroit sympa, te chercher quelque chose à manger… et voir où ça nous mène, hein ? »
C’est reparti pour un tour. Ils pensent clairement que je suis une gamine qui sèche les cours, pensa Mitsuha, complètement dépitée. Alors que beaucoup de femmes aimaient paraître plus jeunes qu’elles ne l’étaient, Mitsuha était une adulte et ne trouvait donc aucun plaisir à être traitée comme une collégienne. Mais révéler qu’elle avait en fait dix-huit ans ne ferait que les rendre plus confiants, alors elle avait choisi de garder ce fait pour elle.
Mais était-ce vraiment important ? Le groupe d’hommes qui l’avait précédée essayait d’aller chercher une fille qu’ils croyaient être au collège, alors peut-être qu’ils ne se seraient pas du tout souciés de son âge. Bien que l’opinion de Mitsuha à l’égard de ces chasseurs de jupons était faible dès le départ, elle ne voulait pas accepter une alternative encore plus désagréable : qu’ils s’en prendraient à une élève du primaire !
Quoi qu’il en soit, ce n’était pas des gens avec qui elle voulait interagir, mais ce serait une situation difficile à fuir. Les trois délinquants assoiffés l’avaient empêchée d’avancer, et seul un plongeon vers sa mort l’attendait derrière elle. Piégée contre la clôture de bois, elle ne trouvait aucun avantage à utiliser contre eux.
Utilisant la voix la plus jeune qu’elle pouvait avoir, elle leur dit :
« Désolé, monsieur…. Je ne peux pas venir avec vous. Maman et papa viennent me chercher ! »
Mitsuha espérait que cette comédie les convaincrait, qu’elle n’était vraiment qu’une enfant qui attendait ses parents, une cible bien au-delà de la portée acceptable de ces voyous. Contre son gré, cependant, le blond scanna le périmètre pour confirmer l’absence de ses parents.
Il s’avança, la saisit par le bras et grogna :
« Viens avec nous ! »
Ses acolytes avaient également avancé, envoyant Mitsuha dans la panique. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, espérant voir l’un des passants lui donner un coup de main, mais ils faisaient tous des efforts faramineux pour ne rien voir.
Allez comprendre, personne ne veut jouer les héros. Je n’ai pas le choix. Je m’en occuperai moi-même !
Malgré son petit gabarit et son regard de chérubin, l’intelligence et la force physique de Mitsuha n’étaient pas à prendre à la légère. Et par-dessus tout, Mitsuha avait du cran. C’était cette qualité qui lui avait permis de protéger son héritage de ceux qui voulaient le saisir.
Son corps avait bougé avant qu’elle puisse penser, envoyant un coup de pied vers le haut directement dans l’aine du gars blond. Sans même faire le moindre bruit, il s’était mis à genoux, se tordant de douleur. De l’écume sortait du coin de ses lèvres, et il s’effondra rapidement, couché et immobile entre ses camarades.
« QU’EST-CE QUE TU FOUS, SALOPE ?! »
Ces paroles dignes d’un gangster étaient sorties de la bouche d’un des délinquants restants, et dans sa rage, il avait poussé Mitsuha vers l’arrière de toute sa force.
« Ah… ! »
Elle avait sursauté quand son dos était entré en contact avec la clôture en bois et qu’un bruit de fissure inquiétant avait atteint ses oreilles. Elle s’était alors retrouvée en plein vol, à la merci de la gravité.
Huuuhhhh ?!
« AAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHH ! »
Je tombe ! Je suis en train de tomber ! JE SUIS EN TRAIN DE TOMBER ! JE SUIS EN TRAIN DE TOMBEEEEEEER ! Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir ! JE NE VEUX PAS MOURIR !
Tout en criant à pleins poumons, Mitsuha avait prié du fond du cœur pour que quelqu’un l’aide.
JE NE VEUX PAS MOURIR ! JE NE VEUX PAS MOURIR !
« WAAAAAAAAAAAGHHHH ! »
Mitsuha entendit un étrange craquement, accompagné d’un cri qui n’était pas le sien, juste au moment où sa conscience la quittait.
oh? il est en français maintenant… merci beaucoup^^. (je le lisais la : https://www.readlightnovel.org/saving-80000-gold-in-an-another-world-for-retirement, mais j’ai des lacune en anglais donc c’était pas toujours simple…) je vous remercie, de le traduire^^.
hâte de pouvoir tout lire (en espérant qu’il ne soit jamais licencié^^).
Çà a l’air intéressant, merci pour le chapitre !
Merci pour ce chapitre
Le synopsis est assez original, faut voir la suite pour donner un avis. Merci pour le chapitre.